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1 RAPPORT DE MISSION ENSOSP L’ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DES OFFICIERS DE SAPEURS-POMPIERS Former et préparer des officiers Donner au volontariat toute sa place Amiral Alain Béreau Membre du groupe « ambition volontariat » 1 er mars 2012

RAPPORT DE MISSION ENSOSP -  · RAPPORT DE MISSION ENSOSP L’ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE ... généralement de réfléchir à la formation humaine et à l’approche de certains

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RAPPORT DE MISSION ENSOSP

L’ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE

DES OFFICIERS DE SAPEURS-POMPIERS

Former et préparer des officiers

Donner au volontariat toute sa place

Amiral Alain Béreau

Membre du groupe « ambition volontariat »

1er

mars 2012

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SYNTHÈSE

Les travaux de la Commission « ambition volontariat », notamment les auditions, avaient

révélé une frustration certaine des volontaires quant à leur management. L’étude Mana Larès

confirmait ce constat. Le rapport de la Commission recommandait notamment d’examiner la

place accordée au volontariat dans les formations d’officiers à l’Ecole Nationale Supérieure

des Officiers de Sapeurs-Pompiers (ENSOSP), en particulier celle des lieutenants, et plus

généralement de réfléchir à la formation humaine et à l’approche de certains de ses aspects :

commandement, encadrement, management et relations avec le personnel.

Ce rapport est le fruit de nombreux entretiens, d’auditions et de plusieurs visites de Grandes

Ecoles, en particulier des Grandes Ecoles militaires pour lesquelles la formation au

commandement et à l’aptitude à l’encadrement sont des objectifs essentiels pour leurs élèves.

Il s’appuie en outre sur le souci de bien connaître l’ENSOSP, d’abord en assistant aux phases

d’intégration d’une promotion de lieutenants, puis à l’occasion de présentations des travaux

de la Commission et du groupe « ambition volontariat » à diverses formations d’officiers ; au

total une quinzaine de jours de présence sur le site de l’Ecole, ont ainsi permis de mieux

appréhender l’ENSOSP dans toutes ses dimensions.

On ne peut pas dresser un constat objectif et encore moins émettre des propositions quant à

une formation d’officiers, notamment en ce qui concerne la formation humaine, sans avoir

auparavant pris la peine d’examiner attentivement l’origine et le profil des stagiaires

concernés. Les statistiques sur les promotions de lieutenants en formation d’intégration à

l’ENSOSP sont sur ces points tout à fait importantes et révélatrices. Trois données méritent

l’attention et sont à vrai dire préoccupantes :

- la proportion de sapeurs-pompiers professionnels, très importante, près de 60 %, alors

que chaque année le nombre des lauréats du concours externe est le double de celui du

concours interne ;

- la moyenne d’âge, très élevée, 30 ans ;

- la part des titulaires d’un diplôme du niveau baccalauréat plus 3, limitée à 55 %, alors

qu’elle devrait être théoriquement de 66 %.

Une analyse plus fine révèle qu’en fait 30 % des lauréats externes sont des sapeurs-pompiers

professionnels. Il y a là en fait un véritable détournement du concours externe qui est

d’ailleurs moins sélectif que le concours interne. Cela remet en question la vocation du

concours externe à recruter des élèves officiers jeunes qui constituent un apport extérieur de

qualité présentant un potentiel indispensable pour la profession. Cet état de fait est aggravé

par l’obligation de trouver un SDIS avant de pouvoir intégrer l’ENSOSP, système baptisé

« reçu-collé », qui pénalise plus les lauréats externes et qui tend à reculer leur entrée à l’Ecole.

Il est donc absolument indispensable de revoir les modalités pratiques du concours externe

pour le rendre plus accessible aux vrais candidats externes : épreuves moins spécialisées sur

des programmes plus généraux, y compris pour les épreuves sportives. Il faut aussi envisager

de supprimer le principe du « reçu-collé » pour les lauréats externes ; les bénéfices de cette

mesure l’emporteraient très largement sur ses éventuels inconvénients.

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Bien qu’elle soit très sérieusement menée par l’ENSOSP, la formation d’intégration des

lieutenants est critiquable sur de nombreux points, tant dans ses modalités que dans son

contenu :

- d’une durée limitée, 200 jours, elle est en plus discontinue puisqu’entrecoupée de

périodes de remise à disposition dans les SDIS, principe, qui n’est guère favorable à

une pleine implication, d’autant que les anciens professionnels, qui représentent en

moyenne 60 % d’une promotion, sont dispensés des modules dont ils sont titulaires ;

- cet état de fait est aggravé par le statut des stagiaires, déjà lieutenants puisque recrutés

par un SDIS, qui n’incite guère à une totale implication ;

- dans ces conditions l’évaluation de la formation est presque anecdotique ; elle se

limite au constat d’acquisition des modules, assorti de commentaires sommaires ;

- le contenu de la formation, au demeurant très contraint par les textes, est très

déséquilibré avec près de 75 % du programme consacré à la formation technique et

professionnelle de pompier ; la part de la formation humaine est limitée, de l’ordre de

20 %, malgré l’importance des aspects humains du métier, encadrement du personnel,

commandement des équipes sur le terrain, mais aussi prépondérance du secours à la

personne qui représente aujourd’hui sous ses diverses formes 80 % des interventions ;

- la formation générale est quasi-absente ;

- enfin l’activité sportive est étonnamment limitée, là aussi en contradiction avec les

exigences du métier.

Or, dans le même temps, toutes les Grandes Ecoles, pas seulement les Grandes Ecoles

militaires, mettent aujourd’hui l’accent sur la formation humaine, jugeant de manière unanime

que celle-ci est essentielle dans la formation d’un cadre ; elles le font avec des approches

variées et novatrices. Par ailleurs les programmes de ces écoles sont toujours équilibrés entre

les trois domaines : formation professionnelle, formation humaine et formation générale ; cela

est le cas pour les écoles qui forment aussi à des métiers très techniques : ingénieurs, pilotes,

officiers de quart de la Marine. Les Grandes Ecoles militaires attachent le plus grand soin à la

formation humaine sous les aspects encadrement du personnel, commandement sur le terrain,

en particulier en situation critique et gestion du stress ; elles insistent sur les connaissances

que les futurs officiers doivent posséder sur le personnel qu’ils sont appelés à encadrer et sur

leur savoir-faire pour son management ; elles mettent aussi l’accent sur les activités physiques

et sportives en y consacrant une part très significative du temps en école.

Ces constats incitent à une indispensable réflexion sur la formation initiale des officiers de

sapeurs-pompiers. Une importante réforme semble hautement souhaitable ; celle-ci devrait

s’appuyer sur les principes suivants :

- une formation continue, de durée plus importante, dans toute la mesure du possible

deux ans et en tout cas au moins une année complète ;

- un rééquilibrage entre les trois domaines de formation ; tout en conservant une

formation professionnelle exigeante, cet allongement de la durée de formation

permettra de bâtir un programme de formation humaine de qualité qui mette l’accent

sur le commandement, sur l’encadrement et sur la connaissance du personnel, en

particulier des volontaires ;

- une part donnée à l’activité sportive significative ;

- une formation générale qui participe à préparer les officiers à leur déroulement de

carrière ultérieur ;

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- la programmation de stages et d’échanges, gages d’ouverture ;

- l’adoption du statut d’élève-officier pendant toute la formation à l’ENSOSP ;

- une véritable évaluation de cette formation.

De telles orientations permettraient de pouvoir faire homologuer cette formation initiale et

contribueraient à mieux positionner l’ENSOSP dans son souhait d’être considérée comme une

Grande Ecole, statut dont elle est aujourd’hui assez éloignée.

Les enjeux de cette réforme de la formation initiale sont donc forts : ils conditionnent à la fois

la réputation du corps, sa place dans le dispositif de sécurité civile, les perspectives de

carrière et les ouvertures possibles pour les officiers de sapeurs-pompiers.

La plus large part donnée à la formation humaine permettra de donner toute sa place au

volontariat sous différentes formes : conférences, études de cas, rencontres, échanges mais

aussi stages sur le terrain. Outre la formation d’intégration, les formations d’adaptation à

l’emploi de chef de groupement et de directeur départemental adjoint doivent aussi faire

l’objet de sensibilisation sur l’importance et les enjeux du volontariat. L’ENSOSP a d’ores et

déjà entrepris des actions dans ce sens : séminaire d’une semaine pour les lieutenants en

FILT, présentation des travaux « ambition volontariat » aux chefs de groupement.

Il serait aussi souhaitable, pour améliorer le management des volontaires, d’élaborer et de

publier un guide pratique et simple d’usage. Les armées aident leur personnel d’encadrement

avec ce type de document à la satisfaction générale.

Les activités de l’ENSOSP sont à la fois très soutenues et très variées, au total 40 formations

différentes, 220 stages environ et 4 000 officiers qui passent chaque année en formation. Dans

ces conditions, il serait difficile pour l’Ecole de ne pas faire appel à des intervenants

extérieurs, tant pour pouvoir répondre à un tel plan de charge que pour pouvoir absorber les

incontournables pics d’activités avec toute la souplesse souhaitable. Au total, l’ENSOSP

emploie un peu plus de 1100 intervenants, cadres de l’Ecole compris. Mais si l’on considère

les intervenants extérieurs qui apportent leur concours régulièrement, plus de 20 heures de

formation chaque année, ils sont environ 440, auxquels s’ajoutent les 62 cadres de l’Ecole et

les 12 instructeurs du plateau technique. Il faut aussi évoquer les instructeurs pour la partie

« gestion opérationnelle et commandement », très demandeuse en instructeurs : 226 au total

avec une part importante, il convient de le signaler, d’officiers volontaires. Le Directeur de

l’ENSOSP souhaite accroître la participation des cadres de l’Ecole pour la porter à 25 %, hors

plateau technique dont les instructeurs sont déjà tous des officiers de l’Ecole. Mais cette

ambition pose la question de l’attractivité de l’ENSOSP : comment attirer des cadres de

qualité qui viennent pour une durée de quelques années à Aix-en Provence et qui puissent

ensuite retourner dans de bonnes conditions dans un SDIS, afin d’alterner des postes

opérationnels avec un emploi dans l’Ecole qui forment les officiers. Cette problématique

dépasse le seul cadre de l’ENSOSP et pose tout le problème de la gestion des carrières des

officiers de sapeurs-pompiers.

Dans cette problématique des cadres de l’ENSOSP, la question des cadres de contact auprès

des officiers en formation initiale devrait retenir toute l’attention. Le rôle d’un cadre de

contact dans la formation d’un jeune officier est essentiel : il est le meilleur moyen de faire

passer un état d’esprit, de transmettre l’expérience sur l’approche du commandement et de

l’encadrement des hommes, de bien faire appréhender et comprendre ce qu’implique l’état

d’officier. Les Grandes Ecoles militaires l’ont compris depuis longtemps : les cadres de

contact y sont une priorité aussi bien en termes de sélection, les meilleurs sont choisis pour

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ces postes, que de rôle auprès des promotions de futurs officiers. La mise en place de cadres

de contact auprès des lieutenants en formation d’intégration à l’ENSOSP doit dès maintenant

recevoir la priorité. Il faudrait inciter les SDIS à mettre à disposition de l’ENSOSP des

capitaines ou des jeunes commandants de qualité, pour une durée de deux ou trois ans, en

faisant valoir que cette affectation sera valorisante aussi bien pour le SDIS que pour

l’intéressé et que cette disposition est porteuse pour l’ensemble des corps d’officiers de

sapeurs-pompiers. Un exemple d’officier actuellement en poste à l’ENSOSP, répondant

exactement à ce profil, démontre la faisabilité et l’efficacité de cette proposition.

Avec sa nouvelle implantation à Aix-en-Provence, l’ENSOSP représente dorénavant un très

bel outil pour le dispositif de sécurité civile, pour les officiers et pour tous les sapeurs-

pompiers. Une étroite coopération entre les différentes parties prenantes, notamment la

Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, sous la direction de la Direction

générale de la sécurité civile et de la gestion des crises doit permettre de valoriser l’Ecole,

notamment par des actions d’ouverture et de rayonnement. Il convient toutefois de garder à

l’esprit que le « cœur de métier » de l’ENSOSP doit rester la formation initiale des officiers

de sapeurs-pompiers. Les formations d’adaptation à l’emploi de chef de groupement et de

directeur départemental adjoint doivent ensuite faire l’objet de la plus grande attention ; elles

doivent notamment comporter aussi une sensibilisation aux enjeux du volontariat.

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SOMMAIRE

PRÉAMBULE

LES QUESTIONS ABORDÉES PAR LE RAPPORT

ET LA DÉMARCHE……………………………………………………………………… 11

- Les objectifs visés par le rapport………………………………………………………. 11

- La démarche…………………………………………………………………………… 12

- Le rapport……………………………………………………………………………… 13

CHAPITRE 1

LES ACCÈS À L’ENSOSP

OUVRIR LES VOIES D’ACCÈS EXTERNES…………………………………………... 15

- LES ACCÈS À L’ENSOSP. LES CONCOURS.

ANALYSE DES RÉSULTATS……………………………………………………….. 15

- Les concours externe et interne d’accès à l’ENSOSP…………………………………. 15

- Analyse des données du concours externe……………………………………………... 17

- Analyse des données du concours interne…………………………………………………… 18

- « Reçus-collés » : quelle réalité ?................................................................................... 18

- Composition des promotions de lieutenants en formation d’intégration……………… 20

- Les incidences du recrutement préalable par un SDIS sur le déroulement de la

formation à l’ENSOSP………………………………………………………………… 20

- DES PROPOSITIONS POUR FACILITER L’ACCÈS DES CANDIDATS

EXTERNES ET POUR VALORISER LA FORMATION À L’ENSOSP……………. 21

- Modifier les modalités des épreuves d’admissibilité du concours externe pour le

rendre plus accessible et plus attractif………………………………………………… 22

- Le cas échéant calquer le concours externe sur les autres concours de Grandes

Ecoles………………………………………………………………………………...... 23

- Ouvrir une filière d’accès direct aux titulaires d’un diplôme de niveau master ou

équivalent……………………………………………………………………………… 23

- Aménager le principe « reçu-collé » pour les lauréats externes……………………… 24

- Conférer le statut d’élève-lieutenant aux stagiaires en formation d’intégration……… 25

- Procéder à une réelle évaluation en fin de formation d’intégration…………………... 26

- Réflexions sur la politique d’accès aux corps des officiers de sapeurs-pompiers....….. 26

CHAPITRE 2

LA FORMATION D’INTÉGRATION DES LIEUTENANTS

RENFORCER LA FORMATION HUMAINE DONNER TOUTE SA PLACE AU

VOLONTARIAT…………………………………………………………………………… 29

- LA FORMATION D’INTÉGRATION DES LIEUTENANTS :

UNE FORMATION TRÈS TECHNIQUE DANS UN CADRE TRÈS CONTRAINT. 30

- Les textes………………………………………………………………………………. 30

- Le contenu de la formation d’intégration……………………………………………… 30

- La forte prépondérance de la formation technique professionnelle…………………... 31

8

- Un cadre très contraint………………………………………………………………... 31

- LA FORMATION HUMAINE DANS LES GRANDES ÉCOLES :

UNE PRIORITÉ ET DES APPROCHES NOVATRICES…………………………….

32

- La formation humaine dans les grandes écoles : une importance reconnue et une

place croissante………………………………………………………………………... 32

- Des approches variées et novatrices…………………………………………………... 33

- Exemples de formation humaine dans certaines grandes écoles……………………… 34

- La prise en compte dans la formation humaine d’une catégorie particulière de

personnel : l’exemple de Saint-Cyr-Coëtquidan et de l’Ecole nationale des sous-

officiers d’active pour les engagés volontaires de l’armée de Terre………………….. 37

- LE VOLONTARIAT DANS LA FORMATION D’INTÉGRATION DES

LIEUTENANTS :

METTRE EN PLACE UN MODULE COMPLET DÉDIÉ AU VOLONTARIAT…... 38

- Le volontariat dans le programme actuel de la formation d’intégration des

lieutenants……………………………………………………………………………… 38

- Le besoin d’un module complet propre au volontariat………………………………... 39

- Quelques pistes pour bâtir un module consacré au volontariat……………………….. 39

- Programmer des périodes communes de formation entre lieutenants en FILT et

officiers volontaires……………………………………………………………………. 41

- Un guide pour le management des volontaires………………………………………... 41

- Donner aussi sa place au volontariat dans les formations supérieures……………….. 43

- UNE RÉFLEXION PLUS GLOBALE ET PLUS AMBITIEUSE SUR LA

FORMATION INITIALE DES LIEUTENANTS…………………………………….. 43

- La nécessité d’une refonte plus globale de la formation d’intégration des lieutenants.. 43

- Les principes directeurs et les objectifs d’une refonte de la formation initiale des

officiers………………………………………………………………………………… 44

CHAPITRE 3

LES INTERVENANTS À L’ENSOSP

DONNER UNE PLUS LARGE PART AUX CADRES DE L’ENSOSP

PLACER DES CADRES DE CONTACT AUPRÈS

DES LIEUTENANTS EN FORMATION D’INTÉGRATION…………………………... 47

- PERSONNEL ENSEIGNANT DE L’ENSOSP : CADRES PERMANENTS ET

INTERVENANTS EXTÉRIEURS. BILAN ET PERSPECTIVES…………………… 48

- L’ENSOSP : une activité très soutenue et une très grande variété d’actions de

formation………………………………………………………………………………. 48

- Organisation de la formation : structuration et professionnalisation………………… 49

- Bilan des intervenants à l’ENSOSP : un fort appel à l’extérieur……………………… 49

- Les intervenants extérieurs. Avantages et inconvénients. Coûts………………………. 50

- Diminuer le coût des intervenants extérieurs. Rééquilibrer la répartition entre cadres

de l’ENSOSP et intervenants extérieurs……………………………………………….. 52

- Des cadres et enseignants à l’ENSOSP en nombre et qualité à la hauteur des

ambitions de l’Ecole…………………………………………………………………… 52

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- FAIRE BÉNÉFICIER LES LIEUTENANTS EN FORMATION D’INTÉGRATION

DE CADRES DE CONTACT…………………………………………………………. 54

- Cadres de contact : un rôle essentiel dans une école d’officiers……………………… 54

- Les cadres de contact dans les grandes écoles d’officiers…………………………….. 54

- De véritables cadres de contact à l’ENSOSP pour les lieutenants en formation

d’intégration…………………………………………………………………………… 56

CHAPITRE 4

L’ENSOSP: L’ÉCOLE DES OFFICIERS DE SAPEURS-POMPIERS

CONSIDÉRATIONS SUR SA GOUVERNANCE ET SON RAYONNEMENT………… 59

- L’ENSOSP : une nouvelle école dans un contexte de la sécurité civile en évolution…. 59

- L’ENSOSP : d’importants moyens et de grandes possibilités ..……………………….. 60

- La formation des officiers « cœur de métier » de l’ENSOSP………………………….. 60

- La gouvernance de l’ENSOSP : une multiplicité de parties prenantes………………... 61

- Le rôle central pour la formation des officiers de la Direction générale de la sécurité

civile et de la gestion des crises et de la Direction des sapeurs-pompiers……………. 61

- Le rayonnement de l’ENSOSP : des enjeux importants……………………………….. 62

- Une nécessaire concertation pour ce rayonnement. La place essentielle de la

Fédération……………………………………………………………………………... 63

CONCLUSION…………………………………………………………………………….

65

ANNEXES………………………………………………………………………………….

67

- Annexe 1 : lettre de mission……………………………………………………………. 69

- Annexe 2 : extrait du rapport de la commission « ambition volontariat »…………….. 71

- Annexe 3 : liste des visites et entretiens……………………………………………….. 73

- Annexe 4 : les caractéristiques des grandes écoles……………………………………. 75

- Annexe 5 : statistiques des concours de lieutenants de sapeurs-pompiers

professionnels………………………………………………………………………….. 77

- Annexe 6 : statistiques des lauréats admis en formation à l’ENSOSP (« reçus-

collés »)………………………………………………………………………………... 79

- Annexe 7 : composition et statistiques sur les promotions 2009 à 2012 des lieutenants

en formation d’intégration à l’ENSOSP………………………………………………. 81

- Annexe 8 : guide à l’usage des cadres de contact pour le commandement des engagés

volontaires de l’armée de Terre……………………………………………………….. 83

- Annexe 9 : programme de la première semaine consacrée au volontariat au profit des

lieutenants en formation d’intégration (FILT 75)……………………………………... 85

- Annexe 10 : bilan du personnel enseignant à l’ENSOSP : cadres permanents

et intervenants extérieurs……………………………………………………………… 87

- Annexe 11 : synthèse des propositions et des recommandations……………………… 89

10

11

PRÉAMBULE

LES QUESTIONS ABORDÉES PAR LE RAPPORT

ET LA DÉMARCHE

Le rapport de la commission « ambition volontariat » dans son chapitre consacré au

management du volontariat évoquait le rôle fondamental que devait tenir dans ce domaine

l’Ecole nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (ENSOSP). Il émettait en

direction de l’Ecole une série de recommandations1 visant à ce que la « culture du

volontariat » soit pleinement prise en compte et que les cadres et futurs cadres des sapeurs-

pompiers formés au sein de l’Ecole appréhendent ses enjeux et possèdent toutes les

connaissances et savoir-faire nécessaires au management des volontaires.

Les objectifs visés par le rapport

Conformément à la lettre de mission du Directeur de la sécurité civile2, ce rapport a pour

ambition d’apporter une contribution concrète, qui soit utile, quant au rôle de l’ENSOSP vis-

à-vis de cet enjeu essentiel que sont l’appréhension et la culture du volontariat dans notre

dispositif de sécurité civile. Il vise notamment à proposer des dispositions pour la prise en

compte du volontariat dans le déroulement des études et dans la formation à l’ENSOSP.

Toutefois, compte tenu du contexte, la récente implantation de l’ENSOSP à Aix-en-Provence

et l’outil exceptionnel que représente dorénavant cette Ecole avec ses installations et un projet

d’établissement ambitieux, la transformation de la Direction de la sécurité civile en Direction

générale de la sécurité civile et de la gestion des crises, comprenant une Direction des

sapeurs-pompiers, et les évolutions qui se dessinent quant à la gestion des carrières des

officiers de sapeurs-pompiers, ce rapport aborde aussi des questions qui touchent plus

généralement la place de l’ENSOSP et de la formation qu’elle délivre dans le déroulement de

carrière des officiers de sapeurs-pompiers. Comme dans tout grand corps de l’Etat, le rôle de

l’école qui forme ses cadres est en effet capital. Ce rapport traitera donc des questions

touchant aux accès à l’ENSOSP, au statut des stagiaires, à leur formation et à leur

encadrement. Ces sujets ont en effet un lien direct avec la question du volontariat : la

formation initiale des officiers sous tous ses aspects, composition des promotions, état

d’esprit, formation humaine, encadrement de contact, ouverture, participe de manière forte à

cet objectif d’un « management des hommes souple et participatif qui représente un savoir-

faire essentiel pour un officier » qu’appelait le rapport de la commission « ambition

volontariat ».

L’ENSOSP veut être désormais la grande école des officiers de sapeurs-pompiers et plus

largement de la sécurité civile. L’appellation de « grande école » s’appuie sur des

caractéristiques reconnues par l’ensemble du monde de l’enseignement : projet de l’école,

1 Extrait du rapport de la commission (chapitre 2, page 31) en annexe 2.

2 Lettre de mission reproduite en annexe 1.

12

sélection à l’entrée, niveau des élèves, durée et polyvalence de la formation, reconnaissance

des diplômes, qualité et diversité des personnels enseignants, ouvertures vers l’extérieur.3 Au-

delà de la place du volontariat, par le biais des questions traitées à cette occasion, accès à

l’ENSOSP, composition des promotions, programme de formation et encadrement de l’Ecole,

ce rapport tente d’apporter aussi un éclairage et de suggérer des évolutions quant à cette

ambition de l’ENSOSP vis-à-vis de son positionnement en grande école.

La démarche

Ce rapport a été élaboré à la suite d’une série de visites et d’entretiens4 visant à la fois à bien

appréhender le contexte et l’état des lieux, notamment à l’ENSOSP, puis à s’inspirer d’autres

écoles ou organismes, en particulier dans les armées. Les objectifs de formation des officiers

de sapeurs-pompiers comprennent l’apprentissage du commandement et du management5.

Mais il ne faut pas confondre ou assimiler les deux termes. Commander, c’est donner des

ordres en vertu de l’autorité que l’on détient, l’autorité impliquant de prendre des décisions,

de commander et de se faire obéir. Le management n’est que l’ensemble des techniques de

direction, d’organisation et de gestion. Aussi il apparaissait utile de mener des comparaisons

avec d’autres écoles qui mettent l’accent dans leur formation sur le commandement, d’autant

que celles-ci sont peu nombreuses, en pratique les seules écoles militaires, alors que toutes les

grandes écoles, quelles qu’elles soient, s’intéressent au management. Cette approche a semblé

d’autant plus intéressante que les problématiques entre officiers des sapeurs-pompiers et

officiers des armes sont en effet très similaires : le commandement d’hommes et de femmes

dans des situations à risques impliquant des prises de décisions dans l’urgence, et la mise en

danger acceptée du personnel. La comparaison peut être aussi faite lorsqu’il s’agit d’encadrer

des personnels présentant de fortes particularités, dont la présence est vitale et dont le

management réclame le plus grand soin, notamment pour les fidéliser.

Ainsi les visites menées ont comporté :

- deux séjours à l’ENSOSP, pour bien appréhender la situation de l’Ecole, rencontrer les

cadres et assister à l’intégration d’une promotion de lieutenants en formation

d’intégration (FILT) ;

- des visites de grandes écoles militaires : Ecole Polytechnique, Saint-Cyr-Coëtquidan,

Ecole navale, Ecole nationale des sous-officiers d’active ; ces visites ont été axées sur

les programmes de formation humaine, de formation au commandement et à

l’encadrement du personnel, sur les méthodes adoptées pour que les élèves-officiers

ou sous-officiers connaissent bien le personnel qu’ils sont appelés à encadrer, ainsi

que sur divers aspects tels que la cohésion, l’esprit de corps et l’esprit d’équipe.

3 On trouvera en annexe 4 une synthèse de ces caractéristiques qui font une grande école selon la Conférence des

grandes écoles.

4 Liste des visites et des entretiens en annexe 3

5 Toutefois le terme de « commandement » ne figure effectivement dans aucun texte officiel traitant de la

formation des officiers de sapeurs-pompiers.

13

Une série d’entretiens et d’auditions a été menée avec des stagiaires de l’ENSOSP, lieutenants

en formation d’intégration et commandants en formation de chef de groupement, ainsi

qu’avec des lieutenants sortis récemment de l’ENSOSP.

Parallèlement divers entretiens ont été menés à la Direction de la sécurité civile, à la

Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France et avec divers responsables,

personnalités qualifiées, stagiaires ou anciens élèves : président du Conseil d’administration

de l’ENSOSP, président de l’ANSDIS, sous-préfet président du jury du concours externe

2011, inspecteurs généraux de l’administration du ministère de l’Intérieur, membres d’un

cabinet ayant réalisé un audit sur l’Ecole.

Après une présentation d’un premier bilan tiré de cette série de visites et d’entretiens devant le

groupe de travail « ambition volontariat », une deuxième série de réunions et d’entretiens a

été tenue auprès de l’ENSOSP, de la Direction de la sécurité civile et de la Fédération

nationale des sapeurs-pompiers de France avant la rédaction finale de ce rapport.

L’opportunité offerte par l’ENSOSP depuis quelques mois de pouvoir présenter l’ensemble

des travaux « ambition volontariat » aux différentes promotions de formation d’adaptation à

l’emploi de chef de groupement, ainsi que lors des nouveaux séminaires sur le modèle de

sécurité civile destinés aux lieutenants en formation d’intégration, a aussi permis d’enrichir

considérablement la connaissance de l’Ecole, de son organisation, de ses cadres et stagiaires.

Le rapport

Le rapport traite successivement de trois grands domaines en s’efforçant pour chacun d’eux

d’aborder les différents aspects qui les relient à la question du volontariat et au

positionnement de l’ENSOSP en grande école :

- les accès à l’ENSOSP, notamment les concours, la composition des promotions de

lieutenants et le statut des élèves-officiers ;

- la formation d’intégration des lieutenants à l’Ecole, la prise en compte du volontariat,

mais aussi plus généralement l’équilibre général des programmes avec, en particulier

la place donnée à la formation humaine ;

- l’encadrement de l’ENSOSP, la problématique de l’appel aux intervenants extérieurs

et la situation des cadres de l’Ecole ; enfin, non moins importante pour la question du

volontariat et de l’état d’esprit vis-à-vis de celui-ci, le besoin en cadres de contact pour

les promotions de lieutenants en formation initiale sera également développé.

Un dernier chapitre aborde le positionnement de l’ENSOSP sous deux aspects, celui du

rayonnement vers l’extérieur et celui de la gouvernance dans le domaine de la formation.

L’installation récente à Aix-en Provence dans de nouvelles installations de grande qualité qui

confèrent à l’Ecole une nouvelle et indéniable dimension, la transformation de la Direction de

la sécurité civile en direction générale sont des données, parmi d’autres, qui appellent des

réflexions sur ces deux domaines du rayonnement et de la gouvernance de l’ENSOSP. Au

demeurant, la mise en application de tout ou partie des recommandations de ce rapport

impliquerait un réexamen concerté de ces questions.

Sur toutes les questions abordées, le rapport s’efforce de présenter des recommandations

concrètes et réalistes qui ressortent essentiellement de dispositions réglementaires et

14

d’organisation, qui n’auraient que peu ou pas d’implications budgétaires. Certaines des

propositions, même si elles ne concernent que des aspects réglementaires ou organisationnels,

peuvent paraître ambitieuses ou complexes à mettre en œuvre. En particulier quelques unes

des recommandations n’entrent pas, en l’état, dans le cadre des règles de la fonction publique

territoriale et pour les mettre en application, il conviendrait donc de pouvoir s’en écarter. Mais

les enjeux qu’implique la gestion des officiers de sapeurs-pompiers pour la sécurité civile,

l’ambition dorénavant affichée d’ouvrir leur carrière et de pouvoir ainsi disposer de leurs

compétences plus largement et plus aisément au sein du dispositif de la sécurité civile ou au

sein des administrations en général, appellent à des réflexions ouvertes, sans limites d’ordre

réglementaire, quant au management des carrières des officiers de sapeurs-pompiers, en

particulier des officiers supérieurs.

Quoi qu’il en soit, l’ensemble des propositions de ce rapport visent, d’une part à garantir que

le volontariat reçoive dans la formation des officiers toute la place que ses enjeux impliquent,

et d’autre part à aider l’ENSOSP dans son ambition à s’affirmer comme la « grande école de

la sécurité civile ».

15

CHAPITRE 1

LES ACCÈS A L’ENSOSP

OUVRIR LES VOIES D’ACCÈS EXTERNES

S’intéresser aux voies d’accès à l’Ecole nationale supérieure des officiers de sapeurs-

pompiers (ENSOSP) des futurs lieutenants de sapeurs-pompiers, aux concours

correspondants, à la composition des promotions et à la situation des stagiaires à l’Ecole peut

sembler a priori relativement éloigné de la question du volontariat. En réalité ces questions

sont importantes vis-à-vis de cette culture du volontariat et de l’état d’esprit qu’elle implique

et sur lesquelles le rapport de la commission « ambition volontariat » mettait l’accent. Les

filières d’accès, la composition des promotions en formation d’intégration, l’âge et le parcours

des futurs officiers sont des éléments qui ne sont pas neutres dans l’appréhension que l’on doit

avoir de cette question. De même le déroulement de la formation et l’évaluation que l’on peut

faire de chacun des stagiaires à l’ENSOSP sont des données précieuses pour un futur cadre,

afin de suivre et guider ses premières années au sein d’un SDIS, en particulier quant à ses

compétences pour l’encadrement du personnel, notamment des volontaires, puis sur le

déroulement ultérieur de son parcours.

Au-delà, plus généralement, fort des comparaisons qui peuvent être faites avec d’autres écoles

et d’autres corps dont la vocation est proche, pour lesquelles le savoir-faire dans le domaine

du commandement et de l’encadrement du personnel est essentiel, il a semblé intéressant

d’examiner ces questions liées aux accès à l’Ecole. Niveau des concours, candidatures et

sélectivité, composition des promotions, position et évaluation à l’Ecole sont autant de

questions qui interfèrent directement avec la situation du « corps » des officiers de sapeurs-

pompiers, sur son rayonnement et sur d’éventuelles évolutions qui pourraient concourir à

renforcer ce corps.

LES ACCÈS À L’ENSOSP. LES CONCOURS. ANALYSE DES RÉSULTATS

Il convient tout d’abord de remettre en mémoire les principales modalités d’accès au grade de

lieutenant de sapeur-pompier : conditions à remplir, concours d’entrée à l’ENSOSP.

Trois voies sont ouvertes pour le grade de lieutenant de sapeur-pompier, les deux premières

par concours d’accès à une formation initiale de lieutenant à l’ENSOSP, un concours externe

et un concours interne ouvert aux seuls sapeurs-pompiers professionnels. La troisième voie est

celle d’un examen professionnel ; elle est réservée aux majors âgés d’au moins 44 ans et

comptant cinq ans de grade ; elle ne donne lieu qu’à une formation d’adaptation à l’emploi

composée d’un module d’ingénierie des risques de 7 semaines.

Les concours externe et interne d’accès à l’ENSOSP

Le concours externe est ouvert aux candidats titulaires d’un titre ou d’un diplôme universitaire

de niveau II (baccalauréat plus 3) ; un arrêté liste ces diplômes. L’âge limite est élevé : 29 ans.

16

Les sapeurs-pompiers professionnels titulaires d’un des diplômes requis peuvent aussi se

présenter à ce concours externe ; ils bénéficient d’un recul de limite d’âge qui prend en

compte les années qu’ils ont accomplies en qualité d’agent de collectivité publique.

Le concours interne ne comporte pas d’exigence de diplôme et la limite d’âge est de 39 ans,

avec les mêmes possibilités de recul que ci-dessus.

Les deux concours comprennent les mêmes types d’épreuves :

- trois épreuves écrites d’admissibilité : une note de synthèse sur un dossier d’actualité

pour le concours externe ou une étude de dossier technique pour le concours interne,

un questionnaire à réponses ouvertes et courtes (QROC) portant sur la sécurité civile,

qui demande donc une préparation spécifique pour les candidats externes, en

particulier de connaissance des textes, et un questionnaire à choix multiples (QCM) de

culture générale ;

- des épreuves orales d’admission comprenant un entretien avec un jury (présentation du

candidat, motivations, exposé sur un sujet d’actualité) et une épreuve de langue

vivante étrangère (facultative pour le concours interne).

Le concours externe comporte, préalablement aux épreuves écrites d’admissibilité, des

épreuves physiques et sportives. Ces épreuves, six au total, sont techniques, inspirées des

exigences du métier de sapeur-pompier ; elles ne sont pas notées mais le candidat doit pour

chacune d’entre elles réussir la performance imposée sous peine d’élimination immédiate et

définitive.

Il convient de souligner ici le soin apporté par la section des examens et des concours

d’officiers de sapeurs-pompiers professionnels de l’ancienne Sous-direction des sapeurs-

pompiers et des acteurs du secours (SDSPAS) pour le déroulement de ces concours : choix

des sujets, en particulier des questions des QROC et des QCM, désignation des membres des

jurys et corrections des épreuves.

Quelques aménagements pourraient être apportés aux jurys et sous-jurys des deux concours

qui sont en l’état actuel très majoritairement composés de sapeurs-pompiers. Il conviendrait

d’ouvrir leur composition.

Le jury de chaque concours pourrait comprendre 6 à 8 membres :

- le président, délégué du Directeur général de la sécurité civile et de la gestion des

crises ou du Directeur des sapeurs-pompiers, sous-préfet ou administrateur civil du

ministère de l’Intérieur selon la pratique actuelle ;

- un représentant du CNFPT ;

- un ou deux élus territoriaux (non sapeurs-pompiers) ;

- deux officiers de sapeurs-pompiers, un représentant des élus et un officier de

l’ENSOSP, si possible le directeur des études (poste qui vient d’être créé) ou le

directeur des formations d’intégration ; il est tout à fait souhaitable que ces deux

officiers de sapeurs-pompiers soient des officiers supérieurs ;

- une ou deux personnalités qualifiées (non sapeurs-pompiers).

La présence dans ce jury d’un cadre de l’ENSOSP serait certainement utile, voire

indispensable : elle favoriserait le retour d’expérience entre les concours et la formation

d’intégration.

17

Les sous-jurys pour l’épreuve orale d’admission pourraient être réduits à trois membres par

sous-jury, au lieu de quatre actuellement, avec un seul officier supérieur de sapeur-pompier.

Enfin il est important pour se garantir de toute contestation ou recours que le président du jury

signe lui-même toutes les décisions afférentes aux concours (par délégation du Directeur

général de la sécurité civile et de la gestion des crises ou du Directeur des sapeurs-pompiers).

Le nombre de places ouvertes annuellement pour chacun des deux concours est fixé par

arrêté. Le nombre de lauréats du concours interne ne peut être réglementairement supérieur à

celui du concours externe. En pratique la Direction de la sécurité civile ouvre deux fois plus

de places pour le concours externe.

Les lauréats aux deux concours ne sont admis en formation d’intégration de lieutenant (FILT)

à l’ENSOSP que lorsqu’ils ont trouvé un poste dans un SDIS. Les intéressés bénéficient d’un

délai de trois ans (en pratique une année qui peut être prolongée jusqu’à trois ans sur leur

demande). Passé ce délai, les lauréats perdent le bénéfice de leur admission (principe

couramment baptisé « reçu-collé »). Pour cette recherche d’un SDIS d’accueil, ceux-ci

privilégient souvent au début une zone géographique, mais si leurs premières recherches

n’aboutissent pas, la plupart s’adressent alors à tous les SDIS, dont une partie seulement, il

convient de le noter, prend la peine de répondre. Les stagiaires admis à l’ENSOSP

appartiennent donc déjà à un SDIS et beaucoup y tiennent déjà un emploi effectif.

Analyse des données du concours externe6

Le concours externe rencontre, en première analyse, un certain succès : en moyenne 900

candidats s’y inscrivent chaque année (sur la période 2002 à 2011). Mais il convient de

tempérer ce constat a priori favorable car une proportion importante des inscrits ne donne pas

suite. Ainsi en 2010, 40 % ne s’étaient pas présentés aux épreuves et ces dernières années,

30 % en moyenne des candidats font ainsi défaut. Pour le dernier concours, celui de 2011,

cette proportion de candidats ne s’étant pas présentés sera encore à hauteur de 30 %. Il s’agit

là d’un chiffre particulièrement élevé, qui ne se rencontre pas dans d’autres concours de

grandes écoles. Il est intéressant de s’interroger sur les motivations de ce très fort taux de

renoncement qui peut s’expliquer par diverses raisons pouvant se cumuler :

- la nécessité d’une préparation spécifique d’acquisition de connaissances sur la sécurité

civile pour le questionnaire à réponses ouvertes et courtes (hormis pour les candidats

qui ont abordé ce domaine dans leurs études : gestion des risques, hygiène-sécurité-

environnement...) ; les textes correspondants sont très techniques et cette préparation

n’est utile pour aucun autre examen ou concours ;

- le barrage des épreuves préalables d’aptitude physique et sportive qui sont très typées :

plus de 15 % des candidats qui s’y présentent échouent ;

- le principe « reçu-collé » qui peut décourager nombre de candidats quand ils prennent

connaissance de cette condition ; réussir à un concours, qui plus est demandant une

préparation spécifique, mais ne pas pouvoir bénéficier ensuite de ce succès, avec

probablement le sentiment d’être désavantagé dans la recherche d’un poste par rapport

6 Les principales données concernant les deux concours, externe et interne, sont présentées en annexe 5.

18

aux pompiers professionnels, peut être pour le moins démotivant et expliquer le fort

taux de non présentation.

Dans ces conditions, si l’on prend en compte les seuls candidats se présentant effectivement

aux épreuves, la sélectivité du concours externe (ratio du nombre de candidats ayant passé les

épreuves pour une place offerte) est tout juste moyenne : de 6 à 7.

Cela explique aussi le nombre important de sapeurs-pompiers professionnels se présentant au

concours externe puisque, nous le verrons ci-dessous, le concours interne s’avère nettement

plus sélectif. Aussi la proportion des sapeurs-pompiers professionnels parmi les lauréats du

concours externe est-elle très importante, un tiers au minimum. Pour les onze dernières

promotions de lieutenants en formation d’intégration, les sapeurs-pompiers professionnels

représentaient 34 % des lauréats issus du concours externe effectivement admis à l’ENSOSP.

Il y a là en fait ce que l’on peut qualifier d’un véritable « détournement » du concours externe.

Enfin la quasi-totalité des lauréats non sapeurs-pompiers professionnels ont été ou sont

sapeurs-pompiers volontaires, ce qui est, au demeurant, une bonne chose. Moins de 10 % des

lauréats du concours externe n’ont aucune expérience de pompier.

Analyse des données du concours interne

Le concours interne rencontre également un grand succès avec près de 700 candidats par an

(680 en moyenne sur la période 2002-2011).

En pratique tous les candidats se présentent aux épreuves et le nombre de places offertes étant

deux fois moindre que celui du concours externe, la sélectivité du concours interne est bien

plus forte, de 13 à 14 candidats pour un poste, deux fois supérieure à celle du concours

externe7. Ceci explique, comme nous l’avons indiqué plus haut, que certains sapeurs-

pompiers professionnels, dès lors qu’ils ont les diplômes requis, préfèrent postuler par le biais

du concours externe.

« Reçus-collés » : quelle réalité ?

Peu ou pas de statistiques indiscutables sont disponibles sur les lauréats qui in fine ne trouvent

pas de poste dans un SDIS dans les trois années qui suivent leur succès et qui sont donc

« victimes » de ce principe « reçu-collé », certes commun aux concours de la fonction

publique territoriale, mais qui n’est pas sans effets pervers.

Pour avoir une idée du phénomène, il convient de rapprocher les listes annuelles des lauréats

de celles des admissions effectives en formation d’intégration de lieutenant à l’ENSOSP,

sachant que le décalage dans le temps peut être très important, de trois ans voire plus dans

certains cas particuliers.

Dans le cadre de ce rapport, cette tentative de rapprochement a été menée avec l’aide de

l’ENSOSP et de la section des examens et des concours d’officiers de sapeurs-pompiers

professionnels de l’ancienne Sous-direction des sapeurs-pompiers et des acteurs du secours.

7 Pour les écoles militaires d’officiers, le constat est strictement inverse : les concours externes sont au moins

deux fois plus sélectifs que les concours internes, avec une sélectivité supérieure à 10 candidats (et souvent 15)

pour une place, celle des concours internes étant de l’ordre de 4 à 5 candidats pour une place.

19

On trouvera en annexe 6 le tableau récapitulatif de ce travail portant sur les listes des lauréats

des deux concours externe et interne depuis 2006. Son analyse montre que :

- l’écueil « reçu-collé » touche peu ou pas les lauréats du concours interne, 10 % au plus

pour les lauréats des années 2008 et 2009, mais aucun pour ceux de 2006 et un seul,

sur 53, pour 2007 ;

- ce principe « reçu-collé » touche plus les lauréats du concours externe, de manière plus

ou moins importante selon les années (seulement 3 % en 2006, mais 20 % en 2007 ce

qui est très élevé) ; il aurait été intéressant de pouvoir déterminer si parmi ces « reçus-

collés » les sapeurs-pompiers professionnels sont moins touchés que les autres lauréats

externes comme on peut, a priori, le penser ; mais il n’a pas été possible de procéder à

cette recherche ; cela est regrettable ;

- au total la proportion de lauréats des concours externes victimes de ce système « reçu-

collé » apparaît deux fois plus importante que pour les lauréats des concours internes

et en nombre ils sont presque cinq fois plus nombreux : 38 contre 8 entre 2006 et

2008 ;

- le délai entre l’admission au concours et le bénéfice d’un poste dans un SDIS est

systématiquement plus long pour les lauréats externes, d’au moins un an en moyenne ;

ainsi pour les listes d’admission 2009, 92 % des lauréats internes ont trouvé un poste

dans un SDIS contre seulement 66 % des externes et pour les listes 2010, 81 % des

internes ont trouvé alors que 38 % des externes seulement sont dans cette situation

favorable8 ; d’ores et déjà sur la liste des lauréats du concours interne 2011 publiée en

mai 2011, comptant 47 lauréats, 19 (soit 40 %) ont intégré l’ENSOSP avec les deux

premières FILT ouvertes depuis cette publication (FILT 77 ayant débuté en septembre

2011 et FILT 78 entrée en janvier 2012).

Cette plus grande difficulté pour les externes de trouver ensuite un poste dans un SDIS, donc

de ne pas être victime du principe « reçu-collé », transparaît aussi au travers de la composition

des promotions de FILT. Chaque année le nombre de lauréats externes, donc titulaires d’un

baccalauréat plus 3, est systématiquement le double de celui des lauréats internes. Or on ne

retrouve pas cette proportion dans la composition des promotions de FILT : sur les onze

dernières promotions, la proportion de titulaires d’un baccalauréat plus 3 n’est que de 55 %

(298 stagiaires sur 470), alors qu’elle devrait être théoriquement au minimum de 66 %.

Il est donc évident que ce principe de « reçu-collé » est plus handicapant pour les candidats

externes, les « collés » sont plus nombreux et, quoi qu’il en soit, désavantagés en ce qui

concerne les délais d’admission effective à l’ENSOSP. Il tend notamment à retarder de

manière préoccupante les candidats les plus diplômés. Ainsi un lauréat titulaire d’un diplôme

de niveau baccalauréat plus 5 (DESS ou master), qui ne trouve un poste dans un SDIS que

deux ou trois ans après son succès au concours, ce qui n’est pas rare, a-t-il perdu quatre voire

cinq ans dans son cursus professionnel d’officier de sapeur-pompier. Ces perspectives ne sont

pas très motivantes pour les candidats les plus diplômés et les corps des officiers de sapeurs-

pompiers perdent ainsi des candidats au potentiel élevé.

8 Il convient toutefois de préciser qu’il y a un décalage de quelques mois entre les publications des deux listes

des lauréats au concours externe et au concours interne, décalage en faveur des lauréats internes .

20

Composition des promotions de lieutenants en formation d’intégration9

En raison du nombre de professionnels se présentant au concours et de l’admission en

formation à l’ENSOSP qu’après recrutement par un SDIS, la proportion de pompiers

professionnels dans les promotions de FILT est très importante. Ainsi pour les onze dernières

promotions (2009-2012, FILT 68 à 78), elle s’élève à 58 % (273 stagiaires sur 470). De même

l’âge moyen des stagiaires est-il élevé, quasiment 30 ans, au-delà de la limite d’âge fixée pour

le concours externe. La moyenne d’âge des lieutenants provenant du concours externe est

elle-même également très élevée, 27,5 ans10

. La part des titulaires d’un diplôme baccalauréat

plus 3 se limite à 55 % et 36 % des stagiaires ne sont titulaires que du baccalauréat.

Si l’on ajoute pour ces statistiques d’accès au grade de lieutenant, les recrutements par le biais

de l’examen professionnel, 209 au total pour la période 2009-2011, les trois-quarts des

lieutenants de sapeurs-pompiers recrutés sur cette période auront été d’anciens professionnels.

Ce constat n’est pas neutre vis-à-vis de la question du volontariat. Il est clair que l’état

d’esprit et l’approche des pompiers professionnels vis-à-vis du volontariat sont marqués par

leur expérience et qu’ils se sont le plus souvent forgé leur conviction personnelle. Il sera donc

parfois difficile de faire évoluer leur mentalité sur ce sujet. Il est tout aussi évident que les

« vrais » externes se montreront a priori plus ouverts et que les messages sur l’importance du

volontariat que l’ENSOSP s’efforce de faire passer seront plus aisément reçus, d’autant que

presque tous sont d’anciens volontaires.

Au bilan, l’accès à la formation d’intégration de lieutenant est marqué par une très forte

proportion de recrutement interne, près de 60 %, un niveau universitaire relativement limité, à

peine plus de 50 % de titulaires d’un diplôme baccalauréat plus 3, et une moyenne d’âge très

élevée, très proche de 30 ans.

Les incidences du recrutement préalable par un SDIS sur le déroulement de la formation à

l’ENSOSP

L’exigence d’être préalablement recruté par un SDIS pour pouvoir accéder à la formation

initiale de lieutenant n’est pas sans incidences importantes sur le déroulement des études à

l’ENSOSP, ou du moins sur le contexte général.

Si certains SDIS n’attribuent pas d’emploi effectif aux lieutenants qu’ils recrutent avant que

les intéressés n’aient achevé leur formation d’intégration, la plupart leur confient un poste

avec des responsabilités. Il est évident, dans ce cas, que cette position a immanquablement des

répercussions sur la disponibilité, sur les préoccupations, voire sur l’état d’esprit des stagiaires

pendant leur séjour à l’Ecole. Exceptionnellement il arrive même qu’un SDIS n’envoie pas un

9 Les tableaux détaillant la composition des promotions de formation d’intégration de lieutenant depuis 2009

sont présentés en annexe 7.

10 La moyenne d’âge des bacheliers s’orientant vers les classes préparatoires aux grandes écoles est de 18 ans,

celle de ceux s’orientant vers la faculté, les IUT ou vers un BTS est de 19 ans. Sur ces bases, la moyenne d’âge

des élèves obtenant un diplôme d’ingénieur est de 24 ans et celle des titulaires d’un diplôme baccalauréat plus 3

par la faculté, les IUT ou un BTS est de 23 ans, en prenant en compte dans les deux cas une année de

redoublement dans le cursus des études supérieures.

21

lieutenant qu’il a recruté en FILT, considérant cette formation superflue au regard des

qualifications et de l’expérience de l’intéressé !

En outre le programme des FILT est entrecoupé de périodes de remise à dispositions auprès

des SDIS. Dans le cas des anciens professionnels, ces périodes de remise à disposition, sont

plus fréquentes et plus longues puisqu’ils sont déjà titulaires de certains modules. Ces

interruptions hachent la formation, peuvent nuire à l’implication personnelle des stagiaires et

peuvent rendre plus délicate la cohésion au sein des promotions.

Enfin dès lors que les stagiaires admis à l’ENSOSP sont déjà lieutenants et titulaires d’un

poste dans un SDIS, voire d’un emploi, il est évident que le déroulement de la formation et

ses résultats présentent une importance relative et un intérêt limité. D’ailleurs l’évaluation en

fin de formation d’intégration est réduite au strict minimum avec le constat d’acquisition des

différents modules, complété de quelques mots de commentaires. L’ENSOSP, à juste raison,

regrette cet état de fait, car l’évaluation en école initiale d’officier s’avère toujours précieuse

pour la suite. Toutes les écoles militaires y attachent le plus grand soin et les directions de

personnel portent une grande attention dans tout dossier d’officier au déroulement de sa

formation initiale, à ses résultats mais aussi à son comportement en école.

DES PROPOSITIONS POUR FACILITER L’ACCÈS DES CANDIDATS EXTERNES

ET POUR VALORISER LA FORMATION À L’ENSOSP

L’examen de ces données sur les concours externe et interne, sur la composition des

promotions de formation d’intégration des lieutenants, montre qu’il convient de redonner

toute son importance et la place qu’il convient à l’accès par la voie externe, notamment aux

candidats les plus diplômés tout en veillant à ce que l’admission à l’ENSOSP se fasse dans

des délais raisonnables. Il s’agit en l’occurrence de prendre des mesures afin que le concours

externe soit suffisamment attractif et sélectif et qu’il attire des candidats de bon niveau qui ne

soient pas dissuadés de se présenter, en leur assurant une admission à l’ENSOSP dans de

bonnes conditions et le plus rapidement possible. Sans mésestimer les autres candidatures, le

niveau de recrutement dans un corps représente toujours un enjeu majeur en termes de

potentiel, de rayonnement et de réputation et l’apport externe est quoi qu’il en soit essentiel.

En outre, il est également souhaitable d’aménager le statut des officiers en formation

d’intégration à l’ENSOSP pour conférer à cette formation toute son importance.

Dans cette perspective, plusieurs mesures possibles mériteraient d’être examinées avec soin :

- modifier les modalités des épreuves d’admissibilité du concours externe pour atténuer

le barrage des épreuves sportives et pour recentrer le questionnaire à réponses ouvertes

courtes (QROC) sur des connaissances plus générales, moins directement ciblées sur

les détails du dispositif de sécurité civile ;

- ouvrir une filière d’accès adaptée et attractive pour des candidats du niveau

baccalauréat plus 5, comme cela existait d’ailleurs il y a quelques années ;

- aménager dans toute la mesure du possible le principe « reçu-collé » pour conférer une

meilleure attractivité au concours externe tout en confortant l’importance de la

formation initiale à l’ENSOSP et en procurant ainsi aux SDIS des éléments plus

objectifs pour leur recrutement de lieutenants ;

22

- modifier le statut des stagiaires à l’ENSOSP pour qu’ils soient considérés

effectivement comme des officiers en formation ;

- d’une manière générale, opter pour une politique d’accès à l’ENSOSP qui donne

suffisamment de place à la voie externe, qui soit attentive au niveau des candidats et à

la qualité de la sélection, conditions indispensables pour conforter la position des

officiers de sapeurs-pompiers au sein de la fonction publique.

Modifier les modalités des épreuves d’admissibilité du concours externe pour le rendre plus

accessible et plus attractif

Aménager les épreuves sportives

Les épreuves sportives sont très particulières (sauf l’épreuve de natation). Inspirées

d’exigences physiques propres aux interventions des pompiers, elles ne correspondent pas aux

épreuves classiques d’athlétisme : courses, sauts, lancers. Elles éliminent plus de 15 % des

candidats. Mais le temps consacré ensuite à l’entraînement physique et sportif pendant la

formation à l’ENSOSP est faible, très inférieur aux écoles pour lesquelles l’aptitude physique

est aussi une exigence importante. En moyenne l’activité sportive en FILT représente moins

de 3 heures par semaine, contre plus du double, voire du triple, dans les écoles militaires

d’officiers. En fait ce temps à l’ENSOSP est consacré à un module pour que les lieutenants

soient capables d’encadrer des séances de sport. Aussi peut-on s’interroger pour savoir si en

fin de formation les stagiaires, quelle que soit leur origine, seraient tous capables de satisfaire

aux épreuves imposées lors du concours externe.

Il serait plus logique dans ces conditions d’abaisser les normes exigées lors de ces épreuves

sportives, ou, mieux encore, de programmer des épreuves classiques, comme pour les

concours d’autres écoles, par exemple une course de vitesse (100 mètres), une course

d’endurance (1 000 ou 1 500 mètres), un lancer du poids, un saut en hauteur et une épreuve de

natation. Ces épreuves seraient notées avec des normes éliminatoires relativement basses,

cette note sportive entrant dans le calcul du total d’admissibilité, donnant ainsi une prime aux

candidats ou candidates d’un bon niveau sportif.

Le temps consacré à l’entraînement physique pendant la formation d’intégration devrait dans

le même temps être accru et ciblé, outre sur l’encadrement de séances de sport, sur les

exigences propres au métier de sapeur-pompier. En fin de formation, tous les stagiaires, sans

exception, passeraient des tests d’évaluation du type de ceux du concours externe avec des

normes imposées.

Réorienter le programme du questionnaire à réponses ouvertes courtes (QROC)

Le questionnaire à réponses ouvertes courtes (QROC) des épreuves d’admissibilité porte sur

l’organisation de la sécurité civile et sur une série de textes traitant de celle-ci (à laquelle est

ajoutée la Constitution). Ces textes sont volumineux, très techniques pour certains. On peut

s’interroger sur l’intérêt de faire travailler des candidats externes sur de tels textes, d’autant

que pendant la formation d’intégration cette organisation est traitée par l’ENSOSP, ce qui

paraît logique. Il en résulte un bachotage, sans réelle utilité pour les « vrais » candidats

externes, les sapeurs-pompiers professionnels étant quant à eux avantagés face à ce

questionnaire. Dans ces conditions, les candidats sont capables de répondre à des questions

très pointues sur la sécurité civile, mais font preuve de lacunes graves et préoccupantes en ce

qui concerne des connaissances plus générales sur les grands principes et le fonctionnement

23

de nos institutions : pouvoirs exécutif et législatif, fonctionnement de la justice, règles

budgétaires, collectivités territoriales, etc. Ce constat est valable pour les « vrais » candidats

externes comme pour ceux qui sont déjà sapeurs-pompiers. Ainsi les candidats sont-ils

capables, par exemple, de détailler la composition d’un Conseil d’administration d’un SDIS,

voire d’une Commission administrative paritaire, mais ignorent souvent les grands principes

du fonctionnement de l’Etat, des institutions, de l’administration !

Il est donc indispensable de recentrer le QROC sur des textes de portée supérieure traitant des

grands principes de l’organisation et du fonctionnement de l’Etat. La préparation du QROC

sera plus utile à tout point de vue pour les candidats : acquisition de connaissances générales,

meilleure appréhension par la suite de leur positionnement, meilleure connaissance du

fonctionnement général des institutions. En outre ce travail de préparation pourra être utile

pour d’autres concours ou examens. Cette évolution du QROC mettra tous les candidats

externes à égalité de chances.

Le cas échéant calquer le concours externe sur les autres concours de Grandes Ecoles

Si l’on souhaitait réformer plus en profondeur le concours externe, celui-ci pourrait alors se

composer :

- d’épreuves sportives telles que proposées ci-dessus ;

- de deux épreuves écrites avec un devoir de culture générale portant sur une grande

question de société et une note de synthèse de dossier traitant d’un sujet à caractère

technique, mais pas particulièrement sur la sécurité civile ; les questionnaires type

QCM et QROC seraient donc abandonnés ;

- de deux épreuves orales comprenant un entretien avec le jury permettant de juger de la

personnalité, des motivations, de la culture générale et de la qualité d’expression du

candidat et une épreuve d’anglais.

Nous aurions alors un concours proche de ceux des autres grandes écoles, présentant le double

avantage de ne pas désorienter les candidats et ne pas exiger une préparation ciblée, tout en

étant cohérent avec la vocation de l’ENSOSP à se positionner en « grande école » de la

sécurité civile.

Ouvrir une filière d’accès direct aux titulaires d’un diplôme de niveau master ou équivalent

Une filière d’accès direct réservée aux titulaires d’un diplôme baccalauréat plus 5 (Master ou

DESS ou diplôme équivalent) était ouverte par le passé ; elle permettait aux lauréats

d’accéder directement au grade de capitaine, donc à la catégorie A de la fonction publique.

Cette voie a été fermée au début des années 2000. Il est d’ailleurs étonnant de constater que

cette fermeture a été prononcée alors même que les grandes écoles, militaires en particulier,

adoptaient une démarche inverse en ouvrant à la même époque leurs deuxième ou troisième

années de scolarité directement aux diplômés de niveau baccalauréat plus 3 ou baccalauréat

plus 5 !

Ouvrir à nouveau cette voie d’entrée à l’ENSOSP, avec une promotion au grade de capitaine

conditionnée par l’acquisition effective de la formation initiale, est indispensable pour attirer

des candidats de très bon niveau sans leur faire perdre plusieurs années dans leur cursus. Elle

24

permettrait ainsi, comme par le passé, d’enrichir le corps des officiers de sapeurs-pompiers

de jeunes au potentiel élevé ou de spécialistes intéressants. Enfin elle serait en cohérence avec

le système universitaire européen LMD dorénavant en place (L pour licence à baccalauréat

plus 3, M pour master à baccalauréat plus 5 et D pour doctorat à baccalauréat plus 7). Aucun

texte ne s’oppose, au plan légal comme au plan réglementaire, à un recrutement à un niveau

baccalauréat plus 5 (master) dans la fonction publique territoriale.

Le concours d’accès serait calqué sur le concours externe, éventuellement modifié sur les

bases des propositions formulées ci-dessus, avec une préférence pour un concours proche de

celui des grandes écoles (épreuves écrites de culture générale et de synthèse, épreuve orale de

langue étrangère et entretien avec un jury).

Aménager le principe « reçu-collé » pour les lauréats externes

Même si, a priori, cela peut paraître difficile vis-à-vis des règles de la fonction publique

territoriale, il est hautement souhaitable d’examiner soigneusement les possibilités de corriger

les effets pervers du principe « reçu-collé », en particulier pour le concours externe.

En l’occurrence cet aménagement reposerait sur l’admission effective et systématique de tous

les lauréats du concours externe en formation initiale de lieutenants à l’ENSOSP. Si la

titularisation d’un lauréat d’un concours de la fonction publique territoriale ne peut se faire

que lorsque celui-ci a trouvé un emploi, rien ne s’oppose dans le statut à ce qu’un lauréat

puisse suivre auparavant, sans condition, une formation.

Les coûts de formation de ces stagiaires seraient mutualisés et pris en charge par le biais de la

majoration de cotisation prévue à l’article 70 de la loi de modernisation de la sécurité civile11

.

Ces coûts seraient donc transférés des SDIS vers l’ENSOSP.

Les intéressés intégreraient l’Ecole avec le statut d’élève-lieutenant (cf ci-dessous) puis à

l’issue de leur formation d’intégration, postuleraient pour un emploi dans un SDIS, sans que

les SDIS aient l’obligation de recruter tous les élèves en fin de formation.

Les retombées bénéfiques et les multiples avantages de cette solution l’emporteraient

certainement sur les éventuels inconvénients. Ainsi l’admission garantie et rapide à

l’ENSOSP pour tous les lauréats du concours externe :

- redonnerait toute son attractivité au concours externe et améliorerait la sélectivité

aujourd’hui tout juste moyenne ;

- accélérerait l’entrée à l’ENSOSP, d’où un gain de temps précieux en terme de carrière

et une diminution de l’âge moyen des promotions de FILT ;

- conférerait toute sa valeur à la formation à l’ENSOSP ; la formation ne serait plus

interrompue par les remises à disposition dans les SDIS d’appartenance, son

déroulement serait plus homogène et plus harmonieux ; les stagiaires seraient plus

disponibles ; l’évaluation de cette formation à la sortie de l’ENSOSP prendrait toute

son importance et toute sa valeur ;

11

L’article 70 de la loi de modernisation de la sécurité civile a modifié la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant

dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale en introduisant un article 12-2-1 qui dispose :

« La cotisation obligatoire mentionnée au 1° de l’article 12-2 est assortie d’une majoration affectée au

financement de la formation des officiers de sapeurs-pompiers professionnels et des charges salariales relatives

aux élèves-officiers. ».

25

- pour leur recrutement de lieutenants, les directeurs de SDIS disposeraient d’éléments

objectifs : déroulement de la formation et évaluation exhaustive de celle-ci ; on peut

d’ailleurs s’interroger sur les recrutements actuels par les SDIS fondés sur de simples

entretiens de motivation, sauf bien sûr pour les candidats déjà sapeurs-pompiers

professionnels.

Le seul inconvénient, évident, réside dans le risque de non recrutement à l’issue de la

formation à l’ENSOSP, avec bien sûr dans ce cas une perte d’investissement en formation,

ainsi que de temps pour les intéressés (mais qui pourront toujours se prévaloir de cette

formation dans leurs autres recherches). On peut avancer, pour les différentes raisons

évoquées ci-dessus, formation achevée et validée, accompagnée d’une évaluation complète

par l’ENSOSP, que les directeurs de SDIS seront plus enclins à recruter sans crainte des

candidats jeunes, diplômés, déjà formés et présentant certaines garanties. Dans ces conditions,

le nombre de « reçus-collés » devrait s’avérer fortement limité.

Il faudra légitimement s’interroger sur la possibilité d’étendre ce même principe de formation

préalable à l’ENSOSP avant recrutement par un SDIS aux candidats internes, d’autant que le

taux de « reçus-collés » y est d’ores et déjà faible et que ces garanties, formation accomplie et

évaluation, ne pourront que renforcer les éléments de choix des SDIS vis-à-vis d’anciens

professionnels.

Conférer le statut d’élève-lieutenant aux stagiaires en formation d’intégration à l’ENSOSP

La notion « d’élève-lieutenant » est introduite par l’article 70 de la loi de modernisation de la

sécurité civile qui prévoit l’affectation de la majoration de cotisation « aux charges salariales

relatives aux élèves-officiers » (cf extrait de la loi au nota de bas de la page précédente).

Conférer le statut et l’appellation d’élève-lieutenant aux stagiaires en formation d’intégration

à l’ENSOSP serait plus cohérent avec la position d’un lauréat qui, certes, a réussi le concours

d’accès mais qui n’a pas encore accompli sa formation d’officier.

Ce statut conférerait l’importance qu’il convient à la formation à l’ENSOSP, à son

déroulement et à son évaluation finale.

Il convient de remarquer qu’un projet de décret en ce sens, relatif au statut des élèves-

lieutenants, avait été préparé en juillet 2005. Il avait reçu l’accord de toutes les parties

concernées. Le seul problème résidait dans la situation des sapeurs-pompiers professionnels

admis en formation d’intégration à l’ENSOSP qui, avec ce statut d’élève-lieutenant, auraient

subi une perte de rémunération (en pratique en raison de la perte d’indemnités). Il semble que

la résolution de ce type de difficulté, souvent rencontrée dans d’autres administrations, en

particulier dans les recrutements internes d’officiers, ait toujours trouvé une solution.

Les élèves-lieutenants recevraient le grade de lieutenant une fois leur formation réussie, et si

l’on retenait le principe exposé ci-dessus de recrutement par un SDIS à l’issue de cette

formation, une fois ce recrutement prononcé.

26

Procéder à une réelle évaluation en fin de formation d’intégration

Ces propositions ci-dessus concourront à donner un poids accru à la formation d’intégration à

l’ENSOSP. Elles devraient s’accompagner logiquement d’une réelle évaluation des stagiaires

en fin de formation, qui ne soit pas seulement comme aujourd’hui le simple constat

d’obtention des différents modules accompagné d’une appréciation globale lapidaire.

Une formation initiale d’officier mérite mieux : relevé complet des notes obtenues dans les

différentes épreuves, commentaires sur ces résultats et si possible classement, mais aussi des

appréciations générales sur le savoir-être, le cas échéant sur les difficultés rencontrées,

d’éventuelles recommandations quant aux premières responsabilités et bien sûr une

appréciation sur le potentiel de l’intéressé. La présence d’un cadre de contact auprès de

chaque promotion de FILT, telle qu’elle sera proposée plus loin, serait un gage de qualité pour

cette évaluation.

On peut d’ailleurs observer que les réponses au questionnaire de satisfaction proposé par

l’ENSOSP aux directeurs de SDIS en 2011 vont dans ce sens d’un meilleur suivi et d’une

évaluation plus complète des stagiaires.

Ces évaluations devront naturellement être communiquées aux stagiaires, adressées aux

directeurs de SDIS concernés, conservées en archives à l’ENSOSP et accessibles à la nouvelle

Direction des sapeurs-pompiers.

Réflexions sur la politique d’accès aux corps des officiers de sapeurs-pompiers

Un protocole d’accord relatif à la filière des sapeurs-pompiers professionnels a été conclu le

23 septembre dernier entre la Dynamique des acteurs de la sécurité civile et le gouvernement.

En ce qui concerne les accès aux trois grades de lieutenant (deuxième classe, première classe

et hors classe) et de capitaine de sapeur-pompier, il prévoit :

- la promotion de tous les majors au grade de lieutenant de deuxième classe, avec la

suppression à terme du grade de major ;

- cinq filières d’accès direct à l’un des trois échelons du grade de lieutenant, dont quatre

en interne pour les sapeurs-pompiers professionnels non officiers et une seule externe

par un concours ouvert aux titulaires d’un diplôme de niveau baccalauréat plus 2 ;

- trois filières d’accès au grade de capitaine dont une externe ouverte aux titulaires d’un

diplôme de niveau baccalauréat plus 3 auxquels seront réservés 50 % des postes

ouverts.

L’ENSOSP devra donc assurer la formation initiale de lieutenants et de capitaines issus de

huit filières de recrutement différentes (cinq pour les lieutenants et trois pour les capitaines)

ce qui rendra la programmation particulièrement délicate et augmentera encore la multiplicité

des actions de formation, nécessairement coûteuse, notamment en intervenants. Cette

multiplication des filières d’accès et des actions de formation initiale ne favorisera pas non

plus la cohésion de l’ensemble des corps des officiers de sapeurs-pompiers et le partage par

tous des valeurs et des enjeux de la sécurité civile et de la profession.

Ce projet de réforme privilégie les voies d’accès internes en particulier pour les lieutenants ;

les anciens sapeurs-pompiers professionnels représenteront plus de 80 % des effectifs de

lieutenants. En outre il consacrera :

27

- un recul pour la filière d’accès externe au grade de lieutenant, le niveau requis étant

abaissé de baccalauréat plus 3 à baccalauréat plus 2 ;

- un faible niveau pour un recrutement direct au grade de capitaine, 50 % des postes

étant réservés au recrutement interne (30 % par concours et 20 % au choix) soumis

aux seules conditions d’ancienneté de services ;

- l’absence d’offre attractive de recrutement à des titulaires d’un master.

L’ensemble se traduirait donc :

- par un accroissement du nombre de sapeurs-pompiers professionnels se présentant au

concours externe et fort probablement par une augmentation de la proportion de ceux-

ci parmi les lauréats externes, alors qu’ils sont déjà plus de 30 % ;

- par un réel appauvrissement pour les corps des officiers de sapeurs-pompiers en

termes de niveaux de recrutement ;

- par une organisation de recrutement des officiers de sapeurs-pompiers se démarquant

du système LMD de l’enseignement supérieur désormais en place (Licence, Master,

Doctorat), avec un recrutement au niveau baccalauréat plus 2 et non pas au niveau

licence et sans offre au niveau master ;

- par une différence accentuée avec les recrutements des autres grands corps en

uniforme du ministère de l’Intérieur, officiers de police, officiers de gendarmerie,

recrutés au moins au niveau de la licence et dont la formation est plus longue que celle

de l’ENSOSP ;

- par une dévaluation du grade de capitaine de sapeur-pompier ouvert au niveau

baccalauréat plus 3 et après une formation limitée (aujourd’hui à moins de 18 mois) ;

l’accès au grade de capitaine de sapeurs-pompiers pourrait donc théoriquement se faire

5 ans après l’obtention du baccalauréat, alors que le grade de capitaine quels que

soient les corps en uniforme, n’est accessible qu’une dizaine d’années après le

baccalauréat (9 ans et demi pour un officier de police, 9 ans pour un officier des

armes, 10 ans pour un officier de gendarmerie).

Pour le moins, l’accompagnement d’une telle réforme nécessiterait de favoriser résolument

les voies externes de recrutement et surtout d’augmenter les durées de formation à l’ENSOSP

avec au moins deux années de formation initiale, évolution au demeurant rendue tout à fait

souhaitable comme nous allons le voir par l’analyse de la formation délivrée actuellement aux

lieutenants et par les faiblesses qu’elle laisse apparaître. Cet allongement de la durée des

études permettrait aussi de valider à différents niveaux cette formation à l’ENSOSP12

,

condition absolument indispensable pour que le niveau des corps des officiers de sapeurs-

pompiers reste convenable en comparaison avec les autres corps en uniforme.

12

Il convient toutefois de savoir que les démarches de validation d’une formation prennent en compte l’origine

et la répartition en niveaux des stagiaires de la formation examinée ; ainsi pour les grandes écoles d’ingénieurs,

la Commission des titres de l’ingénieur, compétente pour la validation du diplôme d’ingénieur délivré par une

école, limite le pourcentage d’élèves admis par la ou les voies internes avec la prise en compte de l’expérience

mais à un niveau moindre que celui du ou des concours externes, entre 15 et 30 % maximum de l’effectif total

des élèves.

28

29

CHAPITRE 2

LA FORMATION D’INTÉGRATION DES LIEUTENANTS

RENFORCER LA FORMATION HUMAINE

DONNER TOUTE SA PLACE AU VOLONTARIAT

Avant d’examiner la place que tient le volontariat dans le programme de formation

d’intégration des lieutenants à l’ENSOSP et les aménagements qui pourraient y être apportés,

il est souhaitable de porter auparavant une appréciation globale quant à cette formation initiale

d’officier de sapeur-pompier à l’ENSOSP : répartition par grands domaines, formation

générale, formation professionnelle, formation humaine. L’examen de la part faite à cette

dernière doit retenir toute l’attention car elle est essentielle pour ce qui constituera le savoir

être d’un officier, pour son aptitude au management et pour l’exercice du commandement.

C’est notamment par le biais de cette formation humaine en école que la question du

volontariat peut recevoir une grande partie des réponses qu’appellent les enjeux qu’elle

représente.

Les comparaisons avec d’autres grandes écoles, en particulier militaires, peuvent prendre là

tout leur sens compte tenu des parallèles qui peuvent être faits entre les exigences de

formation des futurs responsables, cadres ou officiers. Quelle importance faut-il donner à la

formation humaine, quelle priorité, quelles préoccupations, quelles évolutions ?

Concernant le volontariat, la question fondamentale qui doit être posée est celle de la place

qui doit lui être donnée, puis ensuite d’examiner par quelle approche et quelles méthodes il est

souhaitable de la traiter. Là aussi les comparaisons avec d’autres écoles ou d’autres

organismes confrontés aux mêmes types d’impératifs peuvent être précieuses et sources

d’idées intéressantes.

Au-delà, l’examen attentif de la formation à l’ENSOSP peut être aussi une occasion de

réfléchir plus globalement à ce que pourrait être un dispositif de formation initiale des

officiers de sapeurs-pompiers prenant une place plus ambitieuse dans un contexte qui, ces

dernières années, a évolué : implantation de l’ENSOSP à Aix-en-Provence dans des

installations de qualité, mise en place dans l’enseignement supérieur du système LMD,

évolutions envisagées dans les autres grandes écoles du ministère de l’Intérieur, affirmation

de l’importance de la sécurité civile avec la création d’une Direction générale, ouvertures

envisagées dans le statut des officiers de sapeurs-pompiers tendant à faciliter la mobilité.

Enfin si la formation d’intégration des lieutenants est le premier stade, essentiel, pour

inculquer cet état d’esprit vis-à-vis du volontariat au sein des officiers de sapeurs-pompiers, il

est également souhaitable que le traitement de celui-ci dans les formations supérieures

ultérieures, fasse aussi l’objet d’un examen attentif.

30

LA FORMATION D’INTÉGRATION DES LIEUTENANTS : UNE FORMATION

TRÈS TECHNIQUE DANS UN CADRE TRÈS CONTRAINT

Les textes

Deux textes, principalement, définissent les modalités de la formation d’intégration des

lieutenants de sapeurs-pompiers (FILT) à l’ENSOSP :

- l’arrêté du 5 janvier 2006 relatif aux formations de tronc commun des sapeurs-

pompiers professionnels ; le chapitre 1er

du titre 1er

arrête les principales dispositions

concernant les formations d’intégration ; l’article 3 définit la formation d’intégration

d’élève-lieutenant et de lieutenant ; il liste les modules composant cette formation et

pour certains modules les unités de valeurs (UV) correspondantes du Guide national

de référence (cf ci-dessous) ;

- l’arrêté du 19 décembre 2006 relatif au Guide national de référence (GNR) des

emplois, des activités et des formations de tronc commun des sapeurs-pompiers

professionnels et volontaires ; ce guide décrit avec précision chacune des unités de

valeur qui composent les formations : objectifs, description de chacun des items

devant être abordés et pour chacun le volume horaire fixé.

Le contenu de la formation d’intégration

Sur la base de ces textes, la formation d’intégration des lieutenants est composée de huit

modules :

- un module de compréhension des emplois d’équipier, de chef d’équipe et de chef

d’agrès ; pour les deux premiers, équipier et chef d’équipe, la formation est laissée à la

discrétion des SDIS d’appartenance de chaque lieutenant, le directeur du SDIS ayant

toute latitude pour l’adapter selon l’expérience de l’intéressé ; pour la compréhension

de l’emploi de chef d’agrès, la formation comprend l’ensemble des UV du GNR, soit

un total de 18 jours de formation ;

- le module opérationnel de chef de groupe tel que défini par le GNR, dont la durée est

de 31 jours ;

- le module de management de chef de garde, d’une durée de 5 jours ;

- un module de culture générale dont le volume total est de 35 jours ;

- un module d’ingénierie des risques dont la durée est fixée à 30 jours ;

- un module relatif à l’hygiène et à la sécurité individuelle et collective des sapeurs-

pompiers de 5 jours ;

- un module regroupant diverses activités spécialisées : formateur, agent de prévention,

agent de prévision, feux de forêts, risques chimiques, biologiques et radiologiques ; la

durée totale de l’ensemble est fixée à 57 jours ;

- un module d’entraînement physique représentant 14 jours au total.

Si l’on ajoute à ces modules, 5 jours consacrés à l’accueil (présentation de l’Ecole, conférence

par des directeurs de SDIS sur leurs attentes vis-à-vis des lieutenants et deux jours de sortie de

cohésion), la durée totale de cette formation d’intégration à l’ENSOSP est de 200 jours. Mais

cette formation n’est pas continue ; elle est entrecoupée de périodes de remise à disposition

des stagiaires auprès de leur SDIS d’appartenance. En pratique, une FILT s’étale sur environ

31

18 à 20 mois (périodes de vacances et de remises à disposition incluses) pour une durée

d’enseignement de 200 jours ; en excluant ces périodes de congés et de remises à disposition,

une FILT s’étale en pratique sur 14 mois environ, soit en moyenne 13 à 15 jours de formation

par mois.

La forte prépondérance de la formation technique professionnelle

La part de la formation technique professionnelle est très importante, largement

prépondérante, 146 jours sur 200, soit 73 % du volume total de cette formation initiale

d’officier.

Le module de culture générale, 35 jours, comprend la formation humaine sous ses différents

aspects, encadrement, commandement, management ; il comporte aussi des aspects plus

techniques tels que l’administration ou les finances. Au total, ces 35 jours représentent moins

de 20 % de la formation. Certes la formation dans certains modules aborde aussi des aspects

liés à l’encadrement ou au commandement, module de chef de garde, formation « gestion

opérationnelle et commandement » (GOC), et l’ensemble est complété par quelques activités

hors modules, telles que des conférences ou encore les 5 jours d’accueil. Mais quoi qu’il en

soit, la part totale consacrée à la formation humaine dans une FILT ne dépasse guère les 20 %.

La formation physique et sportive représente au total 14 jours ; en pratique, elle est

principalement consacrée à l’acquisition des connaissances et du savoir-faire pour assurer

l’encadrement et le déroulement de séances de sport. L’activité physique et sportive

représente donc seulement 7 % du temps de formation. Cela est faible et surprenant quand on

sait (cf ci-dessus) que les épreuves physiques au concours sont exigeantes et qu’elles

éliminent plus de 15 % des candidats qui les passent. On pourrait penser que dans ces

conditions l’activité physique et sportive à l’Ecole reçoive une plus grande priorité.

Enfin force est de constater que le programme de FILT ne laisse aucune place significative à

la formation générale, que ce soit pour des matières scientifiques, en langues étrangères, en

particulier en anglais, en droit, domaine de plus en plus important ou encore en maîtrise des

techniques écrites ou orales. Il n’y a pas non plus de place pour des stages d’ouvertures ou des

« périodes d’immersion » comme le font aujourd’hui toutes les grandes écoles.

Un cadre très contraint

Outre cette forte prépondérance de la formation technique, la deuxième caractéristique de la

programmation de cette formation d'intégration des lieutenants de sapeurs-pompiers est le

cadre très étroit dans lequel elle est contrainte. A l'exception des trois modules culture

générale, ingénierie des risques, hygiène et sécurité individuelle et collective, la

programmation des autres modules, soit plus des deux tiers de la formation, est entièrement et

très précisément fixée par le Guide national de référence. Chacun des modules y est

décomposé en unités de valeur et pour chacune de ces unités de valeur, les items devant être

traités sont listés avec la plus grande précision y compris le volume de temps devant être

consacré à chacun, défini à 30 minutes près !

L’ENSOSP ne dispose donc là d’aucune latitude. Ce cadre très contraignant n’est pas en

phase avec les grands principes qui doivent présider à la programmation d’une formation de

32

cadre et d’officier : ouverture, souplesse, adaptation en fonction des besoins et des retours

d’expérience. Toutes les grandes écoles programment leur enseignement selon cette approche.

Pour les trois modules non concernés par le GNR ou du moins pour lesquels elle a reçu une

certaine latitude, l’ENSOSP a entamé une démarche afin de revoir pour chacun d’eux leur

programme selon une approche pédagogique baptisée « profil attendu après formation »

(PAAF). Cette démarche est fondée sur une analyse des activités menées puis des

compétences à acquérir. A partir de ces compétences, un programme est élaboré basé

essentiellement sur des mises en situation. Le stagiaire confronté à celles-ci acquiert ainsi les

différents savoirs : connaissances théoriques, manières de procéder, comportement, prise de

conscience des enjeux et des valeurs. Ce procédé pédagogique ne repose donc pas sur un

découpage par discipline mais sur une organisation des savoirs, savoir-être et savoir-faire, par

problématiques et mises en situation d’apprentissage. Ce processus, certes novateur, est long à

mettre au point. Les équipes de l’Ecole, renforcées de nombreux intervenants extérieurs, ont

travaillé sur l’élaboration des mises en situation depuis maintenant plus d’un an. Cette

méthode pédagogique du PAAF a été mise en œuvre pour la première fois fin octobre avec les

lieutenants en formation d’intégration dans le cadre de leur module de formation générale. Il

sera indispensable d’en évaluer rapidement les résultats tant auprès des intervenants et des

stagiaires ainsi que des responsables dans les SDIS. Il faudra veiller à ce que la mise en œuvre

de cette nouvelle pédagogie ne se fasse pas au détriment de l’acquisition vérifiée des socles de

connaissances indispensables et que les stagiaires disposent bien d’un réel bagage théorique

dans les domaines concernés.

LA FORMATION HUMAINE DANS LES GRANDES ÉCOLES : UNE PRIORITÉ ET

DES APPROCHES NOVATRICES.

La formation humaine dans les grandes écoles : une importance reconnue et une place

croissante

Les programmes de formation dans les grandes écoles sont naturellement axés sur la vocation

principale de chacune d’elles : formation scientifique et technique dans les écoles

d’ingénieurs, domaine économique et gestion dans les écoles de commerce, formation

d’officier et de combattant à Saint-Cyr-Coëtquidan, d’officier et de marin à l’Ecole navale,

d’officier et de pilote à l’Ecole de l’Air… Mais toutes les grandes écoles, sans exception, font

quoi qu’il en soit une place importante à deux domaines : la formation générale sous divers

aspects (culture générale, maîtrise des techniques écrites et orales, droit, langues

étrangères13

…) et la formation humaine. En outre, on observe depuis quelques années un

intérêt croissant pour cette dernière : le volume consacré à la formation humaine est de plus

en plus important et celle-ci est abordée selon des approches de plus en plus variées et

novatrices.

En général, les volumes consacrés à chacun des trois grands domaines, formation technique et

professionnelle, formation générale, formation humaine, sont équilibrés, soit environ un tiers

des programmes pour chacun.

13

Il convient de rappeler qu’un diplôme de master ne peut être délivré qu’après validation de l’aptitude à

maîtriser au moins une langue étrangère.

33

Dans ces conditions, la part de la formation humaine, quelle que soit l’école et sa vocation,

n’est pas inférieure à 30 %. Les objectifs précis de cette formation sont naturellement adaptés,

comme pour la formation technique et professionnelle, à la vocation des élèves, mais toutes

les écoles au travers de cette formation veulent conforter le savoir-être de leurs stagiaires et

contribuer à forger une personnalité équilibrée et ouverte. Ainsi les priorités de cette

formation visent l’éthique, le comportement, l’empathie, l’aptitude à manager des hommes et

des équipes. En outre, depuis quelques années, dans ce domaine de la formation humaine, les

grandes écoles mettent l’accent sur ce qui apparaît devoir être de plus en plus des qualités

indispensables à un futur cadre : engagement, force de caractère, leadership, analyse rapide

d’une situation complexe, prise de décision dans l’urgence, force de conviction, gestion du

stress. D’ailleurs certaines écoles prestigieuses qui ne possèdent pas dans ces domaines de

savoir-faire particulier font appel à des écoles réputées pour ce type de formation, par

exemple Saint-Cyr-Coëtquidan, pour des stages en immersion, pas forcément très longs, une

semaine au maximum, mais au rythme intense.

Des approches variées et novatrices

Quelles que soient les écoles et notamment celles pour lesquelles la formation à

l’encadrement et au commandement est un objectif prioritaire, la formation humaine repose

sur la combinaison de diverses approches pédagogiques :

- un enseignement académique à base de conférences ou de présentations, visant à faire

acquérir les connaissances indispensables aux stagiaires et à leur donner l’opportunité

d’écouter des personnalités ou des grands témoins ;

- des séquences plus participatives, plus modernes : débats, mises en situation, études de

cas, sous la direction d’instructeurs de l’école, en particulier des cadres de contact ;

elles peuvent être assurées, mais plus rarement, par des organismes spécialisés dans ce

type de prestation ;

- des rencontres et des échanges avec du personnel, des acteurs de terrain, des témoins ;

- des stages courts tournés vers le management d’une équipe, la gestion du stress, la

prise de décision dans l’urgence ;

- des stages longs, en immersion au sein d’un organisme ou d’une unité, destinés à

appréhender les réalités du terrain, à bien connaître telle ou telle catégorie de

personnel en exerçant des responsabilités d’encadrement, certes limitées, mais dans

des situation réelles.

Le recours à ce dernier type de stage, stage long dans un organisme, se généralise. Les écoles

dont les élèves ont vocation à diriger ou à commander du personnel et des équipes sur le

terrain en fin de formation, le pratiquent systématiquement avec une approche identique. La

durée doit être significative, au moins un mois et jusqu’à trois mois. Les cadres des

organismes qui recevront des stagiaires doivent être sensibilisés et parfaitement informés des

objectifs du stage ; puis ils doivent suivre le stagiaire avec soin tout en lui laissant une

certaine latitude. Les élèves doivent effectivement exercer pendant leur stage des

responsabilités, fussent-elles modestes, notamment dans l’encadrement du personnel.

L’évaluation du stage doit être soignée et les élèves de retour à l’école doivent établir un

compte-rendu et si possible en faire une présentation devant leurs camarades. Les écoles

tiennent le plus grand compte de ces stages, en particulier dans l’évaluation du comportement

34

du stagiaire qui est faite à cette occasion.

Exemples de formation humaine dans certaines grandes écoles

Il paraît intéressant d’évoquer ici pour quelques écoles les caractéristiques et les particularités

de la formation humaine qui y est délivrée, en se focalisant sur celles qui ont vocation à

former des officiers et des cadres de terrain. Il ne s’agit pas en l’occurrence de vouloir faire

des comparaisons ou des rapprochements avec l’ENSOSP qui n’auraient pas lieu d’être, mais

simplement de montrer les diverses approches de la formation humaine dans des écoles de

renom, notamment celles pour lesquelles l’aptitude au commandement est un objectif

essentiel.

Ecole Polytechnique

La plus prestigieuse d’entre elles, l’Ecole Polytechnique (l’«X »), fait une très large place à la

formation humaine. Elle considère même qu’il s’agit là de « la spécificité de l’X ». Sur les

trois années d’enseignement à Polytechnique (prolongées d’une quatrième année dans une

autre grande école ou dans une université à l’étranger), la première année est

presqu’entièrement dédiée à la formation humaine. Dès la rentrée, une période d’un mois en

milieu militaire vise d’abord à faire naître un esprit de promotion, à apprendre aux nouveaux

polytechniciens à vivre ensemble, à s’initier au travail en équipe, comme exécutant ou comme

chef, à faire prendre conscience à chacun de ses capacités mais aussi de ses responsabilités et

des valeurs qui font le citoyen et l’honnête homme. A l’issue, les élèves effectuent un stage de

formation humaine d’octobre à avril soit dans une unité militaire, soit dans une structure

civile. Ainsi sur 450 élèves que compte chaque promotion, 125 accomplissent leur stage dans

des organismes très divers : collèges situés en ZEP (conseillers d’orientation, aide aux élèves),

prisons (cours aux détenus), structures d’aide aux jeunes en difficultés (écoles de la deuxième

chance), associations à vocation sociale (aide aux plus démunis, aux personnes sans domicile

fixe). Ce stage est le temps fort de cette première année à l’X. Son objectif principal est de

développer chez les élèves polytechniciens les compétences humaines et relationnelles. Il est

considéré comme « une expérience de maturité » avec ruptures géographique, sociologique et

intellectuelle. Grâce à sa durée, sept mois, chaque élève peut être effectivement intégré dans

l’environnement d’accueil puis assumer des responsabilités. Pour l’Ecole, ce stage s’inscrit

dans une démarche citoyenne où chaque élève donne du temps et offre ses compétences au

profit d’une collectivité. Ces stages sont préparés et suivis par les cadres de contact de

l’Ecole. Chaque élève établit un rapport de fin de stage qu’il restitue par une soutenance orale.

Cette année de formation humaine est complétée d’une série de conférences à l’Ecole

(philosophie, enjeux de société, formation citoyenne) et de rencontres avec des acteurs de

terrain et des témoins.

Si l’on considère les trois années effectuées sur le site de Polytechnique, la formation humaine

occupe en pratique un tiers du temps total.

L’ensemble de cette formation humaine fait l’objet d’une évaluation individuelle soignée

comprenant des notations chiffrées et des appréciations littérales.

Une autre caractéristique de la formation à l’X est la place donnée au sport. L’organisation de

l’Ecole, répartition des élèves par sections, logement, cadres de contact, articulation des

journées, repose sur le choix que fait chaque élève lors de son intégration d’une discipline

sportive. Chaque semaine, 6 heures sont consacrées au sport, soit près de 20 % du temps.

35

Ecoles de Saint-Cyr-Coëtquidan

L’aptitude au commandement et à l’encadrement est naturellement une priorité pour la

formation des futurs officiers de l’armée de Terre dans les Ecoles de Saint-Cyr-Coëtquidan :

Ecole spéciale militaire pour les élèves issus des concours externes, Ecole militaire interarmes

pour les élèves du recrutement interne. Saint-Cyr-Coëtquidan se veut être « la grande école du

commandement qui forme des chefs capables de décider en situation difficile ». La formation

humaine et militaire y représente donc plus de la moitié de l’enseignement (57 % des

programmes contre 43 % à la formation académique). La formation humaine totalise à elle

seule 600 heures sur trois ans ; ses objectifs visent à ce que les futurs officiers sachent :

- se situer et se comporter (éthique et déontologie, connaissance des règlements et du

personnel, connaissances en droit et connaissances juridiques, relations humaines) ;

- communiquer par écrit et par oral en interne et en externe (connaissance des médias) ;

- éduquer (éthique, civisme...) et instruire leur personnel ;

- commander dans l’action (discerner dans la complexité, décider dans l’incertitude, agir

dans l’adversité).

La Direction des ressources humaines de l’armée de Terre qui assure également le

commandement des écoles adresse périodiquement ses grandes directives au général

commandant les Ecoles de Saint-Cyr-Coëtquidan. Il s’agit en l’occurrence essentiellement des

principaux objectifs de formation tels qu’ils ont été présentés ci-dessus, complétés de priorités

ou de points sur lesquels des efforts doivent être portés en fonction des circonstances ou du

retour d’expérience des unités. Ainsi actuellement l’accent est mis sur l’éthique

(comportement, cas de conscience), sur le stress (gestion des situations de stress), sur la mort

(confrontation avec la mort) et sur la gestion des médias.

La formation repose sur une combinaison des différentes méthodes pédagogiques :

- enseignement académique : conférences, cours en groupes restreints pour l’acquisition

des connaissances théoriques ;

- mises en situation en salle ou sur le terrain ;

- rencontres avec du personnel, des acteurs de terrain et des témoins ;

- exercices sur le terrain entre élèves ou avec des plastrons ;

- deux stages en corps de troupe, respectivement de 4 et 5 semaines, avec l’exercice de

responsabilités au contact du personnel pour appréhender les réalités de la vie dans un

régiment et acquérir une première expérience du commandement et de l’encadrement.

Ainsi que nous le verrons plus loin, une des priorités dans cette formation humaine est la

connaissance, l’aptitude à commander et à gérer le personnel militaire du rang, les engagés

volontaires de l’armée de Terre (EVAT).

Le temps réservé au sport tout au long de la formation à Saint-Cyr est très important, de 8 à

10 heures par semaine consacrées en priorité à l’entraînement physique et à l’aguerrissement

individuel14

. Les élèves apprennent aussi à encadrer des séances de sport. Les résultats en

sport entrent pour une part non négligeable dans les classements.

14

Soit environ quatre à cinq fois plus de temps qu’à l’ENSOSP.

36

Ecole navale

Comme dans toutes les écoles d’officiers, la formation humaine et militaire représente une

part importante de l’enseignement à l’Ecole navale, à parts égales avec la formation

scientifique et la formation maritime : un tiers des programmes pour chacune d’elles.

Les directives données au commandant de l’Ecole par le Directeur du personnel de la Marine,

également commandant des écoles de la Marine, se limite aux grands objectifs de formation, à

la durée totale de la formation et aux évolutions qu’appellent le contexte ou les observations

formulées par les grands commandants de la Marine (forces de surface, Aéronautique navale,

forces sous-marines, fusiliers marins). La Marine a mis en place une organisation de retour

d’information et d’expérience entre les écoles et les forces : des réunions se tiennent chaque

année à la Direction du personnel pour « écouter le terrain » et faire évoluer les formations.

La formation humaine s’étale tout au long des trois années à l’Ecole avec un triple objectif :

comprendre le cadre et l’environnement dans lequel les futurs officiers évolueront,

commander les hommes et savoir communiquer. L’aptitude à l’encadrement est donc un des

axes de cette formation en cherchant à donner aux élèves le goût du commandement, le sens

de la cohésion et l’esprit de combativité. L’Ecole navale a bâti, en coopération avec la Marine

britannique, un programme s’appuyant sur trois stages sur le terrain avec des exercices

pratiques faisant appel à l’esprit d’équipe et d’initiative, à la résistance et à l’aguerrissement.

Depuis peu les élèves de l’Ecole navale participent pendant deux semaines à l’intégration des

jeunes de l’Ecole de maistrance, école des sous-officiers de la Marine. Ils prennent part aux

entretiens d’accueil, à l’encadrement et aux premières séances d’instruction.

L’entraînement physique et sportif fait partie de la formation humaine de l’Ecole navale avec

environ 7 heures par semaine.

L’évaluation et la notation à l’Ecole navale est importante : elle est versée au dossier

individuel de chaque officier et la Direction du personnel de la Marine en tient le plus grand

compte dans la suite de la carrière. Cette évaluation permet aussi d’informer le commandant

de la première unité à la sortie de l’Ecole navale afin de l’aider à ajuster, le cas échéant, les

premières responsabilités, en particulier au plan opérationnel, du jeune officier.

Ecole nationale supérieure de police

L’Ecole nationale supérieure de police programme pour les élèves-commissaires de police un

stage de trois mois sur le terrain. Elle attache une grande importance à ce stage : découverte

du métier, connaissance de l’environnement et des réalités du terrain, connaissance du

personnel de la police, prise de conscience des populations et des situations auxquelles les

futurs commissaires seront confrontés.

Ecoles de commerce

Si la formation humaine n’est pas l’objectif prioritaire des grandes écoles de commerce, les

plus prestigieuses d’entre elles (HEC, ESSEC) programment dorénavant des stages de

quelques jours visant pour leurs élèves des objectifs tels que le sens du travail en équipe

(comme leader ou comme exécutant), la prise de décision dans l’urgence, la gestion des

situations de stress, ainsi que le renfort de leur résistance et de leur aguerrissement. Ces écoles

s’adressent de plus en plus fréquemment aux grandes écoles militaires pour monter ces

stages : tel est le cas d’HEC avec Saint-Cyr ou de l’ESSEC avec l’Ecole navale.

37

La prise en compte dans la formation humaine d’une catégorie particulière de personnel :

l’exemple de Saint-Cyr-Coëtquidan et de l’Ecole nationale supérieure des sous-officiers

d’active pour les engagés volontaires de l’armée de Terre

Depuis la professionnalisation des armées en 2001, les hommes du rang constituent pour

l’armée de Terre une catégorie de personnel particulièrement sensible. Ces 60 000 engagés

volontaires de l’armée de Terre (EVAT) représentent le part la plus importante des effectifs -

50 % - ce sont eux qui forment la majeure partie des combattants au sein des régiments.

L’armée de Terre doit en recruter près de 15 000 chaque année, ce qui représente déjà un

véritable défi. Mais ensuite il faut les fidéliser, afin qu’ils restent environ 8 ans dans l’armée.

Si cet objectif n’était pas atteint, les volumes annuels de recrutement dépasseraient

rapidement les possibilités effectives : il serait extrêmement difficile, voire impossible, de

trouver suffisamment de volontaires, alors que le ratio du nombre de candidats pour une place

offerte n’est déjà plus que de l’ordre de 1,5 à 1,6. En outre la formation des EVAT est longue,

au moins une année, avant de pouvoir envisager raisonnablement l’envoi d’un nouvel engagé

en déploiement à l’extérieur, et encore pas sur les théâtres les plus exigeants comme

l’Afghanistan. Une durée de service significative, au minimum 5 ans, permet de rentabiliser la

formation ; elle est aussi gage d’acquisition d’expérience et de cohésion des équipes sur le

terrain, essentielles dans les opérations dans lesquelles nos armées sont aujourd’hui engagées.

L’armée de Terre apporte donc le plus grand soin à la sensibilisation et à la formation de ses

futurs cadres pour le savoir-faire en management des EVAT. Les écoles d’officiers et de sous-

officiers font une large place dans la formation humaine à la connaissance de ce personnel,

avec systématiquement trois approches : des conférences et des présentations didactiques,

puis des mises en situation, des études de cas, des rencontres et des témoignages et enfin un

ou plusieurs stages en corps de troupe, temps forts de cette instruction et de cette

sensibilisation.

A Saint-Cyr-Coëtquidan comme à l’Ecole nationale supérieure des sous-officiers d’active

(ENSOA), les stagiaires suivent une série de présentations afin de bien appréhender tout ce

qui concerne les EVAT : sociologie de cette population, attentes et motivations, statut, règles

d’administration et de gestion, aide et protection sociales, soutien de la famille, etc. Les élèves

officiers et sous-officiers participent ensuite à une série de mises en situation et à des

réflexions sur des cas concrets sur des scénarii ciblés sur les EVAT. A Saint-Cyr, la présence

de régiments « plastrons » pour les exercices d’infanterie sur le camp de manœuvre est mise à

profit pour des rencontres et des échanges avec des engagés (en particulier ceux qui exercent

les fonctions de « président des EVAT » de leur régiment).

Les stages en corps de troupe constituent ensuite le ou les temps forts de cette formation. Les

élèves de Saint-Cyr effectuent deux stages dans un régiment au cours de leurs trois années

d’études, le premier de 5 semaines, le second de 4 semaines. Les élèves de l’ENSOA sont eux

placés en stage pendant 4 semaines sur une durée totale de formation de 8 mois. Le plus grand

soin est apporté à la préparation, au déroulement et à l’évaluation de ces stages : choix des

unités qui recevront des stagiaires, lettre de sensibilisation adressée par le commandant

d’école aux chefs de corps qui accueilleront des stagiaires, exercice effectif de responsabilités

auprès des EVAT (encadrement de séances d’instruction, de séances de sport, d’exercices sur

le terrain, gestion élémentaire), évaluation du comportement pendant ces stages par l’unité et

par les cadres de l’école, rapport de stage. Les écoles examinent attentivement les conditions

dans lesquelles se déroulent ces stages et n’envoient à nouveau des stagiaires dans une unité

que si leur encadrement et leur emploi y ont été satisfaisants. Les cadres de contact de Saint-

38

Cyr et de l’ENSOA jouent un rôle essentiel dans la formation humaine des futurs officiers et

sous-officiers, en particulier dans cette sensibilisation et instruction sur les EVAT. Ils

prennent à leur charge une partie de la formation théorique ainsi que les exercices de mise en

situation et les études de cas. Ils se rendent à plusieurs reprises dans les corps de troupe qui

reçoivent leurs élèves. Mais au-delà de ces tâches précises, ils font passer auprès de ceux-ci,

tout au long de la formation, leur expérience, leur savoir-faire et ils les sensibilisent à

l’importance fondamentale de leur futur rôle vis-à-vis du personnel, en particulier des EVAT.

Enfin pour aider les sous-officiers et les officiers dans l’encadrement et la gestion des EVAT,

l’Etat-major de l’armée de Terre a édité un « guide à l’usage des cadres de contact pour le

commandement des EVAT ». Ce guide est remis à tous les jeunes officiers et sous-officiers

sortant de leurs écoles de formation initiale. D’un format pratique (format de poche), il existe

aussi une version électronique. Il est présenté sous forme de 44 fiches synthétiques, mais

suffisamment complètes, traitant de toutes les questions touchant aux EVAT, réparties en cinq

chapitres :

- « Connaissez vos EVAT » : attentes, motivations, forces et faiblesses ;

- « Préparez vos EVAT à la mission » : préparation et déroulement d’une mission ou

d’une opération extérieure ;

- « Guidez vos EVAT : le parcours professionnel » : recrutement, statut, contrat,

parcours professionnel, notation, avancement, possibilités de promotion comme sous-

officier, reconversion au départ de l’armée ;

- « Guidez vos EVAT : le parcours personnel » : solde, budget, aides sociales, aides

familiales, logement, permissions, santé et soins ;

- Les aides du commandement : rôle des cadres, des services et des associations.

Ce guide est un document officiel préfacé par le Chef d’état-major de l’armée de Terre. Il est

régulièrement mis à jour.

L’annexe 8 présente la couverture de ce guide et la lettre d’envoi du Chef d’état-major de

l’armée de Terre.

La Marine confrontée dans les années 90 à un déficit d’encadrement et de connaissance du

personnel parmi ses jeunes officiers avait adopté la même démarche en rédigeant et diffusant

un « Guide du capitaine de compagnie », également présenté sous forme de fiches traitant de

toutes les questions touchant à la gestion du personnel. Ce guide avait pleinement rempli ses

objectifs et était rapidement devenu un outil particulièrement apprécié des officiers et des

officiers mariniers encadrant du personnel.

LE VOLONTARIAT DANS LA FORMATION D’INTÉGRATION DES

LIEUTENANTS : METTRE EN PLACE UN MODULE COMPLET DÉDIÉ AU

VOLONTARIAT

Le volontariat dans le programme actuel de la formation d’intégration des lieutenants

Le volontariat dans la formation d’intégration des lieutenants est traité dans le cadre du

module de culture générale, dans l’unité de valeur consacrée à la gestion des ressources

humaines (GRH). Dans celle-ci, le volontariat fait l’objet d’une présentation unique de deux

39

heures sur le statut du sapeur-pompier volontaire. Mais en pratique diverses questions

concernant le volontariat sont abordées au cours d’autres séances consacrées à la GRH ou

dans d’autres unités de valeur, celle de culture administrative par exemple.

L’Ecole veille aussi à ce que les lieutenants en cours de FILT aient des occasions de côtoyer

et de rencontrer des volontaires. Tel est le cas avec la formation « gestion opérationnelle et

commandement » (GOC) pour laquelle il est souvent fait appel à des officiers volontaires

pour armer les cellules. Mais c’est le plateau technique qui offre les occasions les plus

intéressantes pour les lieutenants d’encadrer des volontaires. Pour faire fonctionner son

plateau technique, l’ENSOSP fait en effet appel à des équipes venues des différents SDIS

pour des durées de une à deux semaines. Parmi ces groupes de 10 à 30 sapeurs-pompiers,

certains SDIS envoient des volontaires ; il y a donc là des occasions de rencontres et

d’échanges entre lieutenants et volontaires, d’autant que les installations de vie à l’Ecole,

restauration, loisirs, logements, sont communes.

Enfin depuis la diffusion du rapport de la commission « ambition volontariat », l’ENSOSP

s’efforce de mettre à profit toutes les occasions de sensibiliser ses stagiaires (pas seulement

les lieutenants en FILT) sur les différents aspects du volontariat : présentation du rapport,

présentation par l’équipe de Mana Larès de ses travaux...

Le besoin d’un module complet propre au volontariat

Mais nous avons vu que face aux enjeux très forts que représente une catégorie particulière de

son personnel, les engagés volontaires, l’armée de Terre n’avait pas hésité à mettre en place

dans ses écoles d’officiers et de sous-officiers un enseignement ciblé dédié à cette population

avec toute la palette des approches pédagogiques, conférences, mises en situation, rencontres

et stages. Sans assimiler bien sûr les engagés volontaires de l’armée de Terre et les sapeurs-

pompiers volontaires, il est néanmoins évident que les enjeux représentés par le volontariat

pour notre dispositif de sécurité civile incite à se poser la question : doit-on consacrer au

volontariat une part significative et bien identifiée du programme de la formation initiale des

lieutenants ? Les conclusions du rapport de la commission « ambition volontariat » et ses

recommandations vis-à-vis de l’ENSOSP allaient dans ce sens : la mise en place d’un module

complet « volontariat » dans la formation d’intégration des lieutenants de sapeurs-pompiers

répondrait aux préoccupations exprimées par la commission.

Quelques pistes pour bâtir un module consacré au volontariat

Selon une démarche similaire à celle des écoles de l’armée de Terre, ce module

« volontariat » pourrait être articulé autour d’approches pédagogiques variées et

complémentaires avec :

- une formation académique afin que les lieutenants disposent des connaissances

théoriques nécessaires à une bonne compréhension de tout ce qui sous-tend le

volontariat et des savoir-faire nécessaires au management des volontaires ;

- des tables rondes à thèmes (le rôle du réseau associatif, le management des

volontaires, le volontariat et l’entreprise...) ;

- des mises en situations et des études de cas appliquées aux volontaires ;

- des rencontres à l’ENSOSP avec des sapeurs-pompiers volontaires de toutes

anciennetés et de tous grades ;

40

- un stage sur le terrain de durée significative dans un ou deux centres de secours.

En ce qui concerne l’acquisition des connaissances par des conférences ou des présentations

« classiques », il conviendra d’aborder tous les aspects touchant au volontariat : l’histoire, la

sociologie des volontaires (motivations, attentes) et plus généralement les questions de

société (par exemple la famille, le surendettement...), le recrutement, la formation,

l’administration, la gestion, la protection sociale, la valorisation des acquis (VAE), le monde

de l’entreprise et naturellement le milieu associatif. Pour cette formation, l’ENSOSP devrait

faire appel à des intervenants ou des organismes qui connaissent bien ces questions :

- la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (membres du Comité exécutif,

présidents d’Union départementale...), en particulier pour l’histoire, la place et le rôle

du réseau associatif, la protection sociale, les attentes des volontaires ;

- l’équipe de Mana Larès pour tout ce qui touche à la sociologie des volontaires ;

- des chargés de volontariats dans les SDIS pour les questions de gestion et

d’administration ;

- des spécialistes reconnus pour la VAE ;

- des chefs d’entreprise.

Les mises en situation et études de cas pourraient être programmées selon l’approche « profil

attendu après formation », le cas échéant dans le module GRH, mais en s’assurant que les

questions touchant aux volontaires y trouvent bien leur place.

Il serait très souhaitable que ce module « volontariat » soit regroupé par exemple sur une ou

deux périodes bloquées, d’une semaine chacune par exemple, qui pourraient ainsi constituer

en quelque sorte un séminaire sur le volontariat au profit des lieutenants (voire pour d’autres

stagiaires présents sur le site). Ces journées représenteraient aussi des occasions régulières de

rencontres et d’échanges pour les intervenants intéressés par toutes les questions qui touchent

le volontariat.

L’ENSOSP a d’ores et déjà mis en place, à titre d’expérimentation, une semaine bloquée de

sensibilisation au volontariat pour chaque promotions de FILT, intitulée « semaine du modèle

français de sécurité civile ». La première promotion à en bénéficier a été la FILT 75 dans la

semaine du 28 novembre au 2 décembre 2011. Le programme de cette première

expérimentation, présenté en annexe 9, avait été établi en concertation entre la Direction des

sapeurs-pompiers, la Fédération nationale des sapeurs- pompiers de France, le groupe de

travail « ambition volontariat » et l’ENSOSP. Cette semaine a fait immédiatement l’objet

d’une évaluation, globalement positive, par les stagiaires. La seconde semaine de ce type se

déroulera du 12 au 16 mars 2012 pour la FILT 76. Tenant compte des premiers

enseignements, cette seconde expérimentation comprendra une présentation historique du

modèle français de sécurité civile, une présentation détaillée des travaux « ambition

volontariat », de la nouvelle loi sur l’engagement de sapeur-pompier volontaire et de l’étude

Mana Larès, des tables rondes avec des directeurs de SDIS, des chargés de volontariat dans

les SDIS, des présidents d’Union départementale et des chefs d’entreprises ainsi que des

ateliers de résolution de problèmes pratiques. Il s’agit donc d’un véritable séminaire sur le

volontariat, certes limité à une semaine, mais qui va tout à fait dans le bon sens.

Comme nous l’avons vu l’unité de valeur « gestion opérationnelle et commandement » et

l’instruction sur le plateau technique procurent désormais des occasions de travail avec des

41

volontaires. Il faudrait aller au-delà en profitant de la présence de ces volontaires sur le site de

l’ENSOSP pour organiser, par exemple en soirée, des tables rondes et des échanges entre les

lieutenants en formation d’intégration et des volontaires.

Enfin la programmation, dans le cadre de ce module, d’un stage sur le terrain est

indispensable. D’une durée d’au moins deux semaines, si possible un mois, il ne doit bien sûr

pas se dérouler dans le SDIS d’appartenance du stagiaire (tant que le système actuel

perdurera). Il devra être soigneusement préparé par une lettre aux directeurs de SDIS

concernés, pour les sensibiliser sur l’importance de ce stage, sur ses objectifs et sur

l’évaluation qui devra en être faite à l’issue. Il pourrait se dérouler dans deux centres

différents par leur situation (zone rurale, zone périurbaine), leur environnement et leur

personnel (centre armé que par des volontaires ou mixte professionnels-volontaires). Ce stage

pourrait être aussi mis à profit pour que les lieutenants rencontrent à cette occasion des acteurs

locaux : directeur de cabinet de la préfecture, maires, conseillers territoriaux, chefs

d’entreprise.

La mise en place dans la formation initiale des lieutenants d’un module complet (période de

sensibilisation et de formation bloquée, mises en situation, rencontres, stage extérieur de

durée significative) consacré au volontariat est une mesure essentielle, de nature à répondre

aux préoccupations exprimées par le rapport de la commission « ambition volontariat ».

Certes il implique de revoir la programmation des FILT. Mais au demeurant, d’autres

éléments militent pour ce réexamen.

Programmer des périodes communes de formation entre lieutenants en FILT et officiers

volontaires

Une autre voie qui favorisera l’appréhension et la prise en compte du volontariat par les

lieutenants de sapeurs-pompiers professionnels en formation d’intégration est celle de la

programmation d’une ou plusieurs périodes communes avec des officiers volontaires

également en formation à l’ENSOSP. Il s’agit de planifier le suivi d’un ou plusieurs modules

en commun, par exemple dans le domaine de la culture générale, ces périodes pouvant être

assorties d’autres activités communes : sport, exercices au plateau technique...

Ces périodes de formations réunissant professionnels et volontaires seront riches en échanges,

en connaissance et compréhension mutuelles, en rencontres et débats. C’est donc une voie à

privilégier dans le programme des lieutenants en formation d’intégration, encore faut-il que la

programmation des FILT le permette, ce qui implique, comme pour la mise en place d’un

module complet consacré au volontariat, de donner plus de temps et donc de souplesse à la

formation initiale des officiers de sapeurs-pompiers.

Un guide pour le management des volontaires

Enfin une mesure, aisément réalisable, serait de nature à répondre à ce souci d’améliorer le

management des volontaires : la réalisation d’un guide à l’usage des cadres pour le

management des sapeurs-pompiers volontaires, à l’image de ce qu’a fait l’armée de Terre

pour ses engagés volontaires.

Ce guide devrait être un document officiel réalisé sous l’égide de la Direction des sapeurs-

pompiers avec la collaboration de l’ENSOSP, de la Fédération, de quelques chargés de

42

volontariat de divers SDIS. Il serait composé d’une série de fiches sur toutes les questions

touchant au volontariat : textes de référence, sociologie, recrutement, formation, statut,

gestion, protection sociale, VAE... Ces fiches doivent s’appuyer sur les textes officiels, lois,

décrets, arrêtés, constituer des synthèses précises et être complétées le cas échéant de conseils

pratiques. Il est souhaitable, compte tenu du vote de la nouvelle loi sur le volontariat, que ce

guide prenne en compte les différents textes d’application qu’appelle cette loi et qui devraient

être publiés dans l’année à venir. Il devra être, par la suite, tenu périodiquement à jour.

Un exemplaire (papier) serait remis à tous les officiers en formation initiale à l’ENSOSP. Ce

guide serait également mis en ligne (version électronique) sur le portail national des

ressources et des savoirs (PNRS) du Centre d’information et d’échanges de l’ENSOSP ainsi

que sur les sites du ministère de l’Intérieur et de la Fédération.

Une promotion de chefs de groupement en formation à l’ENSOSP a été consultée sur l’intérêt

d’un tel guide en leur présentant le « Guide à l’usage des cadres de contact pour le

commandement des EVAT » de l’armée de Terre. Ces officiers ont trouvé l’ouvrage et le

principe tout à fait intéressants, de nature à aider ceux qui n’ont pas eu l’occasion de

développer leurs connaissances sur le volontariat. Toutefois, à leurs yeux, cet ouvrage doit

bien rester un document d’information et d’aide, incitant le cas échéant à approfondir telle ou

telle question ou à aller consulter les textes officiels, mais ce guide ne devrait pas être

contraignant en termes de procédures ou de décisions.

La Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France a édité en novembre 2011 un numéro

hors série de sa revue « Sapeurs-pompiers de France » consacré au volontariat et intitulé

« Sapeurs-pompiers volontaires : guide des initiatives locales ». Ce guide comprend sept

chapitres traitant de la communication sur le volontariat, du recrutement et de la formation des

volontaires, de leur disponibilité, des relations avec les employeurs, de l’action sociale, de la

reconnaissance et de la valorisation du volontariat. Il s’agit là d’une initiative tout à fait

intéressante qui renforce les actions en faveur du volontariat.

Il convient aussi de citer l’ouvrage intitulé « Je suis SPV » du lieutenant-colonel Marc

Genovese, lui-même officier volontaire (SDIS 06), édité en avril 2011 aux éditions Papyrus

dans la Collection sapeurs-pompiers. Il traite de manière très exhaustive de toutes les

questions touchant les sapeurs-pompiers volontaires : engagement, formation, gestion,

avancement, vacation, protection sociale, récompenses, VAE, cessation d’activité, honorariat,

allocation de vétérance ou prestation de fidélisation et de reconnaissance. Tous les textes

correspondants, reproduits en annexe, sont détaillés et commentés. On peut regretter que cet

ouvrage soit paru peu avant la loi du 20 juillet 2011 relative à l’engagement des sapeurs-

pompiers volontaires et à son cadre juridique et des différents textes d’application qui vont

maintenant suivre, ce qui va rendre caduques certaines parties de l’ouvrage et nécessitera de le

remettre à jour.

S’il était donné suite à cette proposition de rédiger et de diffuser un guide officiel du

management des sapeurs-pompiers volontaires à l’usage des cadres, les deux ouvrages cités

ci-dessus devront être pris en considération. Ils seront précieux pour élaborer ce guide qui,

certes, représentera un travail très important mais qui sera certainement d’une grande aide

pour le management des volontaires.

43

Donner aussi sa place au volontariat dans les formations supérieures

La sensibilisation sur le volontariat à l’ENSOSP ne doit pas se limiter à la seule formation

d’intégration des lieutenants. Les formations d’adaptation à l’emploi de chef de groupement et

de directeur départemental adjoint doivent aussi faire une place suffisante et significative au

volontariat. Il s’agit là de deux auditoires qui sont appelés à jouer un rôle fondamental dans la

gestion et le management des volontaires.

Comme ce qui a été imaginé dans le cadre d’un futur module « volontariat » pour les FILT,

ces deux formations supérieures pourraient comporter chacune plusieurs journées, sur une

période bloquée consacrée au volontariat sous ses différents aspects, histoire, sociologie,

recrutement, textes de référence, gestion et administration, protection VAE, rôle de

l’associatif, en faisant venir à l’ENSOSP pour cette journées les intervenants compétents :

DSC, Fédération, Mana Larès, deux ou trois chargés de volontariat dans un SDIS.

Au total avec les semaines au profit des FILT, ce seraient donc plusieurs périodes

« volontariat », ouvertes le cas échéant à d’autres stagiaires présents sur le site, qui se

dérouleraient régulièrement chaque année à l’ENSOSP, ce qui irait pleinement dans le sens

des recommandations du rapport de la commission « ambition volontariat ».

D’ores et déjà, la direction de l’ENSOSP programme systématiquement une présentation

complète des travaux de la Commission et du groupe « ambition volontariat » pour chacune

des promotions de formation d’adaptation à l’emploi de chef de groupement.

UNE RÉFLEXION PLUS GLOBALE ET PLUS AMBITIEUSE SUR LA

FORMATION INITIALE DES LIEUTENANTS

La nécessité d’une refonte plus globale de la formation d’intégration des lieutenants

La programmation d’un module complet consacré au volontariat dans la formation

d’intégration des lieutenants nécessiterait un réaménagement de celle-ci. Mais au demeurant,

il apparaît opportun d’étudier aujourd’hui une refonte globale et ambitieuse de la formation

initiale des officiers de sapeurs-pompiers.

Plusieurs points du constat qui a été fait sur la programmation actuelle militent en faveur de

ce réexamen :

- le manque de continuité dans le déroulement de la formation, les remises à disposition

dans les SDIS venant « hacher » celle-ci ;

- la durée totale de 200 jours, soit 40 semaines au total mais étalées sur environ 14 à 15

mois, programmation qui n’apparaît guère optimale ;

- le déséquilibre entre le temps consacré à la formation technique et professionnelle,

plus de 70 % du programme, la formation humaine certainement insuffisante et la

formation générale réduite au minimum.

Au demeurant, la refonte des filières d’admission aux grades de lieutenant et de capitaine

imposera aussi ce réexamen de la formation initiale à l’ENSOSP.

44

Il serait essentiel dans cette démarche de viser, avec une certaine priorité, des formations

initiales des officiers professionnels de sapeurs-pompiers à l’ENSOSP dans le nouveau

système d’études supérieures. Une homologation, même partielle, serait certainement facteur

d’attractivité pour le concours externe. Elle pourrait, dans le dispositif actuel, conduire à

l’attribution du grade de master pour les élèves titulaires à l’entrée d’un niveau licence. Elle

devrait comporter l’attribution d’un niveau baccalauréat plus 3 pour les stagiaires titulaires

d’un niveau baccalauréat plus 2 qui représentent actuellement 10 % des promotions. Enfin il

serait aussi souhaitable que les titulaires du seul baccalauréat (plus de 35 % des stagiaires)

puissent se voir attribuer l’équivalent d’une année ou deux années post universitaires.

Même si l’ENSOSP se veut aujourd’hui, avec de bons arguments, une grande école, en

l’occurrence « la grande école de la sécurité », il est clair que la formation initiale des

officiers de sapeurs-pompiers ne peut être assimilée, même partiellement, à une formation de

grande école pour les raisons qui ont été exposées : niveau du concours, très forte proportion

de recrutement interne15

, durée des études, équilibre entre les différents enseignements,

reconnaissance du diplôme.

Les principes directeurs et les objectifs d’une refonte de la formation initiale des officiers

Une refonte globale et qui soit suffisamment ambitieuse de la formation initiale des officiers

de sapeurs-pompiers devrait reposer sur trois idées maîtresses qui permettent ensuite de bâtir

une programmation cohérente répondant à une série d’objectifs essentiels. Ces idées

impliqueraient :

- de se baser sur un référentiel des compétences attendues des officiers à l’issue de leur

formation initiale et non pas sur un référentiel des contenus de formation, y compris

dans les domaines techniques ou professionnels ;

- de donner suffisamment d’importance à tout ce qui concourt au savoir-être d’un

officier, adhésion aux valeurs, comportement, éthique, empathie, aptitude aux

relations humaines et au management ;

- d’anticiper sur le déroulement de carrière d’un officier en visant au-delà des

compétences requises en sortie d’école de formation initiale, pour lui donner les bases

et les atouts nécessaires à l’exercice de responsabilités croissantes avec la capacité à

s’adapter et à appréhender un environnement de plus en plus complexe, y compris en

dehors des SDIS.

Cette refonte devrait en outre s’appuyer sur deux choix forts :

- une formation à l’ENSOSP qui soit continue, qui ne soit donc plus interrompue et

« hachée » par les remises à disposition dans les SDIS ;

- une durée suffisante qui permette de mettre sur pied un programme ambitieux,

cohérent avec les objectifs majeurs d’une formation d’officier et de grande école, qui

soit équilibrée entre les différents domaines, ouverte et variée, et qui puisse être

15

A titre indicatif, la Commission des Titres de l’Ingénieur (CTI) estime que pour l’attribution d’un diplôme

d’ingénieur, la proportion de recrutement interne, non titulaire d’un niveau baccalauréat plus deux homologué,

doit normalement se situer aux alentours de 15 % et en tout cas ne pas dépasser les 30 % au maximum.

45

validée dans le dispositif de l’enseignement supérieur.

La formation initiale des officiers doit être continue. L’actuel système n’est porteur ni pour la

qualité et le niveau de formation des lieutenants, ni pour les stagiaire eux-mêmes, distraits

dans une période de formation qui réclame un fort investissement personnel, ni pour la

cohésion et l’esprit de corps qu’il est souhaitable de susciter au moment où de jeunes officiers

entament leur carrière, ni enfin pour l’Ecole, ces interruptions venant compliquer le travail de

programmation. Mais une formation continue n’exclut pas, bien sûr, des périodes hors école

de stages, de découvertes, d’immersion...

La durée de cette formation initiale, qui soit à la fois raisonnable mais suffisante, apparaît

devoir être de deux ans. Ces deux années de formation des futurs officiers permettront :

- de bâtir une programmation équilibrée entre les différents domaines de formation,

générale, professionnelle et humaine ;

- de débuter la formation par une véritable période de cohésion à l’ENSOSP puis en

dehors de l’Ecole pendant quelques jours ;

- de conserver un volume largement suffisant pour une formation professionnelle et

technique de haut niveau, conforme aux exigences ; toutefois il conviendrait de

procéder à un examen attentif de cette partie professionnelle, notamment pour ce qui

concerne le module consacré aux activités spécifiques qui représente aujourd’hui 57

jours, soit plus du quart du temps, avec une grande variété de spécialités : sont-elles

toutes indispensables aux futurs lieutenants dès leur sortie de formation initiale ?;

- de donner enfin toute l’importance et le volume souhaitables à la formation humaine

sous des approches variées, conférences, mises en situation, rencontres, stages, etc. ;

- de consacrer un temps convenable à la formation générale, notamment pour l’anglais,

pour l’acquisition de bonnes notions de droit, pour la maîtrise des techniques de

communications écrite et orale, ou encore pour des conférences d’ouvertures ;

- de réserver hebdomadairement un temps suffisant aux activités physiques et sportives,

de l’ordre de 5 heures par semaine au minimum ;

- de pouvoir inclure sans difficulté un module complet consacré au volontariat tel que

présenté plus haut ;

- de programmer des stages à caractère professionnel, notamment dans des centres de

secours dans le cadre du module « volontariat », ou dans divers organismes de la

sécurité civile, des stages d’ouverture à caractère plus général dans des administrations

ou des grandes entreprises, ou encore des stages à l’étranger ;

- de pratiquer des échanges pour certains stagiaires avec d’autres grandes écoles, en

particulier des écoles d’officiers, ou avec des écoles étrangères.

Une telle durée, portée ainsi à deux années, apportera de la souplesse dans la programmation

et des opportunités pour planifier des périodes en commun avec des officiers volontaires en

formation à l’Ecole, ou encore pour offrir à des stagiaires étrangers des périodes à l’ENSOSP

avec nos futurs officiers de sapeurs-pompiers.

Enfin cette durée de deux années sera seule à même de pouvoir défendre en bonne position les

demandes de validation de cette formation initiale des officiers de sapeurs-pompiers et

d’obtenir avec de réelles chances de succès des homologations à bon niveau, notamment en

master et licence. Alors que plusieurs colonels viennent d’accéder directement aux corps

préfectoraux, cette question du niveau de validation de la formation des officiers de sapeurs-

46

pompiers devra être considérée avec plus d’attention. Ce point est essentiel.

En ce qui concerne les lauréats des filières internes, ou ceux du concours externe sapeurs-

pompiers professionnels, déjà titulaires de certains modules, ils pourraient intégrer l’ENSOSP

en même temps que tous les lauréats externes pour y accomplir une première période de

cohésion et de début de formation d’officier, comprise entre un et trois mois. Ils

retourneraient ensuite dans leurs SDIS, avant de revenir à l’ENSOSP au début de la deuxième

année pour y achever leur formation d’officier de manière continue.

Refondre la formation initiale des officiers de sapeurs-pompiers est certainement un exercice

difficile, d’autant plus délicat qu’il passe certainement par une approche novatrice et par un

allongement de la durée des études. Une telle évolution aura certes un coût, mais cela mérite

réflexion au regard des enjeux, du bénéfice et des retombées d’une telle évolution :

programme enrichi et plus équilibré, ouvertures.

Pour entamer cette réflexion, il serait intéressant de constituer dans un premier temps un

groupe de travail restreint, piloté par la Direction des sapeurs-pompiers de la nouvelle

Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises, composé d’un tout petit

nombre de membres représentant l’ENSOSP (le directeur lui-même ou le directeur des

études), la Fédération, le CNFPT ainsi qu’une ou deux personnalités qualifiées connaissant

bien le monde des grandes écoles.

47

CHAPITRE 3

LES INTERVENANTS À L’ENSOSP

DONNER UNE PLUS LARGE PART

AUX CADRES DE L’ENSOSP

PLACER DES CADRES DE CONTACT AUPRÈS

DES LIEUTENANTS EN FORMATION D’INTÉGRATION

La valeur et la réputation d’une école se fondent en grande partie sur ses cadres et son

personnel enseignant. Le niveau des élèves leur est étroitement lié. Les instructeurs doivent

s’appuyer à la fois sur leurs connaissances théoriques de la matière enseignée, sur leur savoir-

faire pédagogique mais aussi sur leur expérience. Dès lors que l’on se situe dans des domaines

où connaissances professionnelles et expérience opérationnelle sont indissociables, comme

c’est le cas de la plupart des enseignements à l’ENSOSP, il est essentiel que les instructeurs

s’appuient sur une pratique régulière du terrain.

Dans les caractéristiques qui font une grande école, la Conférence des grandes écoles met en

avant pour le personnel enseignant deux facteurs : la variété et la mobilité. La variété exige de

faire appel conjointement à des permanents au sein de l’école, à des professeurs associés

provenant d’autres établissements, à des vacataires ainsi qu’à des praticiens. La mobilité

implique que les enseignants ne soient pas seulement d’excellents universitaires mais qu’ils

gardent effectivement le contact avec les réalités et la pratique, soit par des activités régulières

en dehors de l’école, soit par une alternance entre des postes d’enseignants et des

responsabilités sur le terrain.

S’agissant de l’ENSOSP, ces deux règles, variété et mobilité, doivent aboutir à une répartition

judicieuse entre cadres permanents à Aix-en-Provence et intervenants extérieurs. Mais tous

doivent s’appuyer sur une expérience incontestable ce qui implique en principe pour les

cadres de l’école un retour dans les SDIS ou du moins des activités régulières sur le terrain.

L’une des missions essentielles de l’ENSOSP est d’assurer la formation d’intégration des

jeunes officiers qui sont tous appelés à encadrer dans l’action, dans des conditions souvent

délicates, des équipes de sapeurs-pompiers. Ils doivent donc être autant que possible des

« entraîneurs d’hommes ». Toutes les grandes écoles militaires, confrontées à la même

problématique, s’appuient pour cela sur des cadres de contact dont le rôle dans la formation

initiale des officiers est jugé absolument essentiel. Ils sont en effet le moyen le plus sûr de

faire passer auprès des futurs cadres un état d’esprit, pour forger la cohésion et l’esprit de

corps, pour dispenser tout au long de la formation savoir-faire et surtout savoir-être, objectif

difficile à atteindre par les seules formations académiques et même pratiques.

48

PERSONNEL ENSEIGNANT DE L’ENSOSP : CADRES PERMANENTS ET

INTERVENANTS EXTÉRIEURS. BILAN ET PERSPECTIVES

L’ENSOSP : une activité très soutenue et une très grande variété d’actions de formation

L’activité de l’ENSOSP est dorénavant marquée par le très important volume de formation

dispensée : 83 000 heures en 2010. Ce volume est en forte, voire très forte, augmentation, sur

les dernières années : ainsi il a doublé entre 2007 et 2010 ; il était de 76 000 heures en 2009. Il

devrait toutefois se stabiliser aux alentours de ce chiffre dans les années à venir.

Le bilan exprimé en journées/stagiaires est également éloquent, de l’ordre de 80 000 par an16

.

L’activité de l’ENSOSP est aussi marquée par la multiplicité et la variété des actions de

formation et, par conséquent, des disciplines enseignées. Les formations peuvent être

regroupées en plusieurs grandes catégories :

- des formations d’intégration (FI), dont la formation d’intégration des lieutenants de

sapeurs-pompiers qui représente la formation phare de l’Ecole, à laquelle s’ajoutent de

nombreuses autres formations initiales : lieutenants de sapeurs-pompiers volontaires,

formations destinées aux personnels du service de santé et de secours (SSSM) ;

- des formations d’adaptation à l’emploi (FAE) : majors de sapeurs-pompiers

professionnels, lieutenants de sapeurs-pompiers professionnels, issus de l’examen

professionnel, formations destinées au personnel SSSM (niveaux chef de groupement

et chefferie) ;

- des formations spécialisées dans divers domaines : prévention, avec trois niveaux,

NRBC avec 7 formations différentes, éducation physique et sportive, transmissions,

etc. ; ces formations spécialisées représentent au total une quinzaine d’actions de

formations différentes ;

- des formations supérieures d’adaptation à l’emploi, principalement celles de chef de

groupement et de directeur départemental adjoint, qui constituent avec la formation

d’intégration des lieutenants, les trois actions de formations majeures qui structurent la

carrière des officiers de sapeurs-pompiers professionnels ;

- des formations opérationnelles de gestion des opérations et commandement (GOC)

comprenant trois niveaux ;

- deux masters, « droit et management de la sécurité civile » et « gestion des risques et

des crises de sécurité civile ».

Ainsi l’ENSOSP délivre plus de 40 formations de référence dont beaucoup font l’objet de

plusieurs sessions dans l’année. Cela représente au total 220 stages différents (dont 56 au titre

des formations d’intégration et 32 de celles d’adaptation à l’emploi). Près de 4 000 officiers

passent ainsi chaque année dans les murs de l’ENSOSP17

.

Les matières enseignées dans le cadre de toutes ces actions de formation sont naturellement

très nombreuses. Elles sont regroupées en disciplines, une trentaine au total, elles-mêmes

regroupées en quatre grands domaines. Si l’on considère les seules unités de valeur (UV) de

tronc commun, ce sont 44 UV différentes du Guide national de référence qui sont

programmées à l’ENSOSP, auxquelles s’ajoutent bien sûr les modules spécialisés tels que

16

81 550 journées/stagiaires en 2010.

17 3 755 officiers en 2010.

49

prévisions, prévention, NRBC, feux de forêts, etc.

Organisation de la formation : structuration et professionnalisation

Pour chacune des disciplines enseignées, l’ENSOSP a mis sur pied l’organisation suivante :

- un coordonnateur pédagogique qui est un cadre de l’Ecole ;

- des référents spécialistes reconnus dans leur discipline, qui sont soit des cadres de

l’ENSOSP, soit, le plus souvent, des intervenants extérieurs ;

- des experts, tous extérieurs à l’Ecole ;

- des intervenants, soit de l’ENSOSP, soit extérieurs, certains civils, mais la grande

majorité officiers de sapeurs-pompiers, y compris des volontaires, provenant des

différents SDIS, de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris, notamment pour la

prévention, ou encore du Bataillon des marins-pompiers de Marseille.

Par ailleurs, pour chaque action de formation, l’ENSOSP désigne un « responsable de

formation ».

Cette organisation est destinée à garantir la qualité de la formation délivrée par l’Ecole :

contenu de la formation, objectifs et méthodes pédagogiques, conception de la formation,

mise en œuvre et délivrance des cours.

Les intervenants extérieurs sont recrutés soit à la suite d’une recherche ciblée menée par

l’Ecole elle-même, soit à la suite d’une candidature spontanée. La candidature est examinée

en interne par le coordonnateur pédagogique. Si elle est acceptée, le recrutement fait l’objet

pour les officiers de sapeurs-pompiers d’un accord avec le SDIS d’appartenance.

L’intervenant bénéficie d’une phase de tutorat avant d’être placé seul en face-à-face avec des

stagiaires. Une véritable politique de professionnalisation des intervenants, qu’ils soient

cadres de l’Ecole ou intervenants extérieurs, se met en place à partir de la rentrée 2011 :

savoir-faire pédagogique, évaluation…

Bilan des intervenants à l’ENSOSP : un fort appel à l’extérieur

Le grand nombre d’actions de formation, la multiplicité des matières et disciplines enseignées

entraînent des besoins en personnels enseignants, cadres permanents et intervenants

extérieurs, particulièrement importants.

Ainsi, début 2011, l’ENSOSP comptait-elle un effectif total de 1 178 enseignants. Ce chiffre,

très élevé, appelle naturellement des questions et mérite d’être détaillé et explicité. L’annexe

10 présente ce bilan détaillé par origines, internes et externes, par vocation d’interventions

ainsi que les volumes d’heures dispensées selon les données fournies par l’ENSOSP.

La répartition de ces 1 178 instructeurs peut être décomposée et analysée ainsi :

- 383 intervenants occasionnels qui assurent chacun moins de 20 heures chaque année

de prestations au profit de l’Ecole : conférences spécifiques (en général moins de 10

heures), corrections d’épreuves, rédaction de documents ou participation à un jury ;

cela représente un volume total de 3 000 heures de prestations ;

- 53 moniteurs, tous extérieurs à l’ENSOSP et provenant de SDIS très proches, qui

50

encadrent les séances de sport (APS) ; ils assurent au total 2 500 heures ;

- 226 instructeurs pour les modules « gestion opérationnelle et commandement »

(GOC), tous externes, dont une partie d’officiers volontaires, pour un total de 12 000

heures de formation ;

- 12 instructeurs pour le plateau technique ; ils appartiennent tous à l’ENSOSP et

assurent 20 000 heures ;

- 504 formateurs répartis en 62 cadres de l’Ecole et 442 intervenants extérieurs, qui

délivrent chacun plus de 20 heures de formation sur l’année ; ils assurent

respectivement 12 000 heures et 33 500 heures de formation.

L’effectif total d’intervenants extérieurs auxquels fait appel l’ENSOSP est donc de 1 104.

Ce sont les 504 formateurs délivrant plus de 20 heures de prestations annuelles (62

appartenant à l’ENSOSP et 442 intervenants extérieurs) qui constituent le noyau dur du

personnel enseignant de l’ENSOSP et qui représentent la part la plus importante en nombre

comme en volume d’heures de formation délivrées : 45 500 des 83 000 heures totales, soit 54

%. Les 442 intervenants extérieurs assurent chacun en moyenne 75 heures de prestations par

an, contre 60 heures pour tous les intervenants extérieurs confondus (occasionnels, GOC,

APS).

Les cadres de l’ENSOSP dans leur ensemble (conférenciers, instructeurs, y compris ceux du

plateau technique) assurent 32 000 des 83 000 heures totales soit 38,5 % de la charge de

l’Ecole.

Il s’agit là d’une « photographie » de l’ensemble des intervenants à l’ENSOSP prise début

2011. Bien sûr, ces chiffres évoluent régulièrement, en fonction des besoins de l’ENSOSP et

des actions entreprises pour rééquilibrer la charge entre intervenants extérieurs et cadres de

l’Ecole. Globalement, on peut retenir que l’ENSOSP compte environ 1 000 intervenants,

extérieurs ou appartenant à l’Ecole mais que l’essentiel de cet effectif, celui qui assure plus de

20 heures de prestations par an, est d’environ 675.

Les intervenants extérieurs. Avantages et inconvénients. Coûts

61,5 % des actions de formation sont donc assurées par les 1 104 intervenants extérieurs, soit

51 000 heures en 2010.

L’ENSOSP considère que ces intervenants représentent une véritable richesse pour l’Ecole.

Outre qu’ils sont absolument indispensables, en l’état actuel des effectifs de permanents, pour

honorer le plan de charge de l’Ecole, ils assurent le contact avec les réalités du terrain, ils

apportent leur expérience des opérations et ils sont à même de faire évoluer la formation en

fonction des dernières techniques. Ils représentent aussi un lien fort avec l’ensemble de la

profession et avec les SDIS, l’ENSOSP s’attachant à faire appel à des intervenants provenant

de tout le territoire. Ainsi moins d’une dizaine de SDIS n’envoient pas d’instructeurs à Aix-

en-Provence et la répartition des départements est homogène : elle n’est pas particulièrement

marquée par le Sud-est de la France (sauf pour les instructeurs de sport). Enfin l’appel aux

intervenants extérieurs apporte une certaine souplesse pour l’exécution du plan de charge de

l’Ecole qui comporte inévitablement des pics et des creux de répartition. Les cadres de

l’ENSOSP ne permettraient certainement pas d’absorber ces pics et ils seraient sous-employés

pendant les périodes creuses.

Toutefois ce très grand nombre d’intervenants extérieurs peut poser problème quant à

51

l’homogénéité des méthodes pédagogiques et de la formation, voire pour la qualité de celle-ci

car il est naturellement difficile de contrôler et d’évaluer un tel effectif, même si l’Ecole

s’efforce de mettre en place, comme nous l’avons vu, une véritable politique de formation et

de suivi des intervenants.

Mais l’interrogation majeure concernant ces intervenants extérieurs porte bien évidemment

sur leur coût. Ce rapport n’a ni pour vocation, ni pour ambition d’aborder en détail cette

problématique ; des audits récents ou en cours comme celui de l’Inspection générale du

ministère examinent plus particulièrement cette question.

Toutefois après avoir indiqué les principales données quant à ce coût, il peut être intéressant

d’évoquer ici quelques pistes qui permettraient de rééquilibrer les charges de formation entre

cadres permanents de l’ENSOSP et intervenants extérieurs.

Le budget total consacré par l’ENSOSP aux intervenants extérieurs s’est élevé en 2010 à

2 478 355 euros se répartissant en18

:

- vacations de formation : 1 146 355 € ;

- frais de déplacement : 962 000 € ;

- prise en charge de l’hébergement et de la restauration : 370 000 €.

L’ENSOSP considère que si elle devait assurer avec ses propres cadres les 51 000 heures qui

ont été faites par les intervenants extérieurs, elle devrait recruter et payer 51 cadres en prenant

pour base de calcul qu’un permanent peut assurer annuellement 1 000 heures de cours sur

1 600 heures travaillées. Avec un salaire moyen annuel chargé de 70 000 € (officiers du grade

de capitaine ou de commandant, cadres administratifs ou techniques de catégorie A), le coût

total de ces 51 cadres supplémentaires s’élèverait à 3 570 000 €, soit environ un million de

plus que les intervenants extérieurs.

Mais il s’agit là d’une approche du seul point de vue de l’ENSOSP. Si l’on examine le coût

des intervenants extérieurs d’un point de vue plus global, il faut aussi prendre en

considération que les déplacements et les prestations à l’Ecole d’un intervenant extérieur sont

pris sur son temps de travail (sauf si l’intéressé le fait pendant ses temps de repos ou ses RTT)

et qu’il continue pendant ce temps d’être payé par son SDIS. D’ailleurs certains directeurs de

SDIS limitent le volume de cours que leurs officiers peuvent donner chaque année sur leur

temps d’activités, par exemple à 40 heures19

: cette disposition semble justifiée. Quoi qu’il en

soit, le coût réel des intervenants extérieurs à l’ENSOSP doit donc être évalué au travers de

cette double considération : coûts pour l’ENSOSP (paiements des heures de formation, des

déplacements, prise en charge de l’hébergement et de la restauration) mais aussi coût pour les

SDIS de l’absence de ces intervenants.

Toutefois, on ne peut nier que la participation d’un officier d’un SDIS à la formation à

l’ENSOSP n’est pas sans intérêt pour le SDIS lui-même : nécessité de se tenir au courant dans

les disciplines enseignées, rencontres avec les cadres et les stagiaires de l’ENSOSP, même si

ces bénéfices ne peuvent être quantifiés en valeur.

18

Données fournies par l’ENSOSP.

19 Par exemple le directeur du SDIS de la Gironde a pris cette mesure et a fixé ce volume à 40 heures.

52

Diminuer le coût des intervenants extérieurs. Rééquilibrer la répartition entre cadres de

l’ENSOSP et intervenants extérieurs

L’ENSOSP, à la demande de son Conseil d’administration, examine toutes les voies pour

réduire autant que possible le coût de ses intervenants extérieurs.

Parmi les actions entreprises, l’Ecole s’efforce de rentabiliser au mieux la venue de chaque

intervenant, d’autant plus si son SDIS est éloigné d’Aix-en-Provence, en regroupant ses

interventions avec pour objectif une durée optimale sur le site de l’Ecole de 3 à 5 jours afin de

diminuer la part relative des frais de déplacement qui s’élève actuellement à prés de 40 %. De

même l’Ecole s’attache à réduire le coût des transports, une des possibilités étant de

s’affranchir d’agences de voyages aux tarifs onéreux.

D’autres pistes d’économies sont possibles. Ainsi on peut songer à :

- faire appel à des anciens sapeurs-pompiers qui ne sont plus en activité (retraités,

réservistes) et surtout à des sapeurs-pompiers volontaires, le recours à ces derniers

présentant plusieurs points positifs : participation de volontaires à l’instruction,

disponibilité, expérience opérationnelle variée ; l’ENSOSP agit déjà dans ce sens ;

- réduire le nombre des actions de formation, mais ceci implique pour l’Ecole des pertes

de revenus ; il s’agit en l’occurrence d’un véritable choix politique qui ne peut être

arrêté qu’en Conseil d’administration, en concertation avec la Direction générale de la

sécurité civile et de la gestion des crises ;

- restreindre ou annuler certains déplacements sur l’Ecole, notamment ceux de jurys

pour lesquels on peut s‘interroger sur l’intérêt de les réunir effectivement dès lors que

l’attribution ou la validation d’un module ou d’une formation ne pose pas de difficulté

particulière et que le jury joue alors le simple rôle d’une chambre d’enregistrement.

Mais l’action la plus efficace, et aussi la plus emblématique, consiste bien sûr à transférer une

part de plus en plus importante de la charge de formation aux cadres permanents de l’Ecole.

Dès à présent, le directeur de l’ENSOSP prévoit d’accroître cette part à 25 % contre 19 %

aujourd’hui (hors plateau technique). Aller au-delà pose deux questions :

- celle de la répartition des effectifs de l’ENSOSP entre cadres pouvant assurer des

actions de formations et le personnel de soutien administratif ou technique ; sur un

effectif de 200 personnes, l’ENSOSP compte actuellement une soixantaine d’officiers

ou de cadres en mesure de participer à la formation, soit 30 % de ses effectifs20

;

- celle de la capacité de l’Ecole à attirer des officiers de sapeurs-pompiers pour être

enseignants ou instructeurs à l’ENSOSP.

Des cadres et enseignants à l’ENSOSP en nombre et qualité à la hauteur des ambitions de

l’Ecole

Si l’on souhaite aller au-delà de cet objectif de 25 % des actions de formation assurées par les

cadres de l’ENSOSP eux-mêmes, il faudra savoir attirer à l’ENSOSP des officiers en nombre

20

A titre indicatif la répartition entre les instructeurs et le personnel de soutien dans les écoles de la Marine est

inverse : environ 60 % de personnel formateur pour 30 % se consacrant au soutien ; ainsi l’Ecole navale compte

470 instructeurs sur un effectif total de 780 personnes et le Centre d’instruction naval de Saint-Mandrier, école la

plus importante de la Marine, comprend 980 personnes dont 610 sont des formateurs.

53

et qualité. Il sera aussi nécessaire d’assurer une certaine mobilité afin qu’après un certain

temps à l’Ecole, par exemple 5 ans, ceux-ci puissent retourner dans un SDIS dans les

meilleures conditions possibles afin qu’ils ne perdent pas le contact avec le terrain, conservent

leur expérience opérationnelle à bon niveau et bénéficient de perspectives correctes dans le

déroulement de leur carrière, notamment en accédant à des niveaux satisfaisants de

responsabilités dans les SDIS, sans que leur affectation à l’ENSOSP s’avère un handicap mais

bien au contraire un plus dans leur cursus.

Or force est de constater que cela n’est pas le cas et que l’ENSOSP n’a pas aujourd’hui

l’attractivité souhaitable. Ces derniers temps, les appels à candidatures pour un poste de cadre

se sont révélés infructueux, hormis pour le plateau technique qui attire des candidats par son

côté opérationnel et sa modernité, ainsi que récemment pour le poste de directeur des études.

Il ne sera pas aisé de remédier à cet état de fait. Cela passe par plusieurs conditions :

- qu’un poste à l’ENSOSP s’avère non seulement attractif par l’intérêt des fonctions

exercées, mais aussi par la qualité de l’environnement professionnel offert par l’Ecole,

ce qui implique notamment des actions de rayonnement et d’ouvertures qui

contribueront à attirer à l’Ecole des candidats de bon niveau ;

- qu’un temps d’affectation à l’ENSOSP soit considéré par les SDIS comme valorisant ;

cela pose la question de l’image de marque de l’ENSOSP dans le dispositif de la

sécurité civile et au sein de la profession ;

- qu’un passage par l’ENSOSP soit considéré comme un atout dans le déroulement de

carrière.

- que la mobilité des SDIS vers l’ENSOSP, puis de l’Ecole vers les SDIS, soit facilitée

et qu’après un temps consacré à la formation des officiers, les cadres de l’ENSOSP

soient ensuite volontiers accueillis, voire recherchés par les SDIS ; des projets sont en

cours qui tendraient à faciliter l’affectation d’officiers à l’ENSOSP, ainsi d’ailleurs

que dans d’autres organismes dont la nouvelle Direction générale de la sécurité civile

et de la gestion des crises ; mais en l’occurrence, l’objectif à atteindre est bien de

faciliter, voire de favoriser les allers-retours entre les SDIS et des organismes hors

SDIS (Direction générale, états-majors de zone, ENSOSP, etc.) et pas seulement le

passage d’un SDIS vers un de ces organismes sans possibilité aisée de retrouver à

nouveau un poste dans un SDIS ; cette notion d’allers-retours et d’échanges entre

SDIS et organismes extérieurs est essentielle.

Mais ne nous y trompons pas, il s’agit là d’une ambition difficile à réaliser et qui touche à la

gestion et au statut des officiers de sapeurs-pompiers. Les enjeux derrière cette question de la

mobilité vont en effet bien au-delà de cette seule problématique des cadres de l’ENSOSP.

Mettre en place les moyens et une politique pour faciliter cette mobilité permettrait d’offrir de

véritables plans de carrière aux officiers avec acquisition de compétences et d’expérience

ainsi que progression et variété dans les responsabilités exercées au fil des ans. Cela donnerait

aussi la possibilité à l’ensemble du dispositif de la sécurité civile, SDIS bien sûr, mais aussi

nouvelle direction générale, cabinets ministériels, états-majors de zone et divers autres

organismes, de pouvoir disposer aisément des officiers de sapeurs-pompiers à la compétence

et à l’expérience reconnues à un moment où les enjeux de la sécurité civile sont devenus une

priorité nationale.

54

FAIRE BÉNÉFICIER LES LIEUTENANTS EN FORMATION D’INTÉGRATION DE

CADRES DE CONTACT

Cadres de contact : un rôle essentiel dans une école d’officiers

Former un officier c’est délivrer une formation scientifique, technique, professionnelle et

opérationnelle. Mais c’est aussi préparer l’élève au statut et au rôle d’officier. C’est faire

appréhender l’importance de cette fonction, faire passer un état d’esprit, faire acquérir un

comportement et des aptitudes en ce qui concerne l’encadrement du personnel, un certain

savoir-faire dans l’art du commandement et enfin c’est obtenir une véritable adhésion quant

aux valeurs et aux enjeux de l’institution dont le futur officier sera l’un des cadres.

La formation générale et surtout la formation humaine contribuent à l’acquisition de ce

savoir-être d’un futur officier ou d’un futur cadre ; toutes les grandes écoles l’ont bien

compris et mettent dorénavant l’accent sur ces domaines, sur la formation humaine en

particulier.

Mais l’expérience montre que cela ne suffit pas et que les seules formations académiques ou

pratiques, aussi performantes soient-elles, ne parviennent pas à faire acquérir de manière

pleinement satisfaisante tout le savoir-être nécessaire à un officier. Aussi les écoles d’officiers

ont pris l’habitude de longue date de s’appuyer sur des cadres de contacts placés auprès de

leurs élèves. Ces cadres, à la valeur reconnue, sont relativement jeunes et proviennent d’unité

opérationnelle : ils peuvent donc faire valoir une expérience récente du terrain et de

l’encadrement des hommes. Ils sont choisis pour leur sens du contact, leur dynamisme et leur

charisme. Ils suivent leurs élèves pas-à-pas tout au long de la formation, participent à toutes

les activités, instructions théorique et pratique, sport, stages, activités de cohésion. Ils assurent

eux-mêmes une partie de la formation, notamment dans les domaines humain et militaire, et

contribuent à l’instruction opérationnelle sur le terrain. Ils font passer au fil des mois une

approche et une pratique du métier d’officier. Ils répondent aux interrogations de leurs élèves

et leur prodiguent des conseils, forts de leur expérience personnelle. Ils observent les élèves,

les guident et les évaluent. Ils sont les garants de l’esprit de corps, de la cohésion, de

l’adhésion à l’institution, aux valeurs et aux enjeux de celle-ci. Ils servent d’exemple et bien

souvent resteront ensuite une référence pour ces jeunes officiers.

Les cadres de contact dans les grandes écoles d’officiers

Ecole Polytechnique

Bien que les polytechniciens ne soient plus appelés pour la plupart d’entre eux à exercer le

métier d’officier, l’Ecole Polytechnique attache la plus grande importance à garder auprès des

élèves un encadrement de contact de qualité. Ces officiers provenant des différentes armées et

de la Gendarmerie jouent un rôle fondamental, en particulier en première année pour l’accueil

et l’intégration des X ; ils assurent l’encadrement du stage initial en milieu militaire à l’entrée

à l’Ecole puis suivent de près la période de formation humaine de 7 mois : qualité de l’accueil

et des activités proposées par les organismes, évaluation des élèves et retour d’expérience de

cette période.

Les sous-officiers chargés d’une discipline sportive sont, compte tenu de l’organisation

pratique de l’Ecole, au contact permanent des élèves ayant choisi cette discipline : ils jouent

aussi un rôle important auprès des élèves polytechniciens tout au long des trois années à

Massy-Palaiseau au plan de la cohésion et de la motivation.

55

Ecole navale

L’Ecole navale répartit chaque promotion par escouades d’une vingtaine d’élèves ; chacune

de ces escouades a à sa tête un « capitaine d’escouade », du grade de capitaine, ayant environ

dix ans de plus que les élèves. Il participe à toutes les activités des élèves, formation militaire

et maritime, sport, partiels. Il assure lui-même l’instruction concernant l’organisation de la

Marine ainsi que la connaissance et l’encadrement du personnel. Il embarque

systématiquement à la mer avec ses élèves et il concourt à bord des bâtiments-écoles à la

formation de chef de quart en passerelle. Depuis quelques années, l’Ecole navale a renforcé

l’encadrement de contact avec un commandant de promotion, chaque promotion comptant

trois escouades. Commandant de promotion et capitaines d’escouade, choisis parmi les

officiers sortis dans les premiers de leur promotion et très bien notés pendant les premières

années de leur carrière, sont les rouages essentiels de la cohésion et de l’esprit de promotion.

Ils sont responsables de l’évaluation de leurs élèves tout au long de la formation, évaluation

qui, nous l’avons vu plus haut, suit ensuite un officier tout au long de sa carrière.

Ecoles de Saint-Cyr-Coëtquidan

C’est certainement dans l’armée de Terre, dans les écoles d’officiers comme dans les écoles

de sous-officiers, que le rôle des cadres de contact revêt un rôle essentiel et reçoit la plus

extrême attention.

A Saint-Cyr-Coëtquidan, les cadres de contact se situent à trois niveaux : commandant de

promotion, capitaine de compagnie et lieutenants chefs de section. Ce sont ces derniers qui

jouent le rôle le plus important : ils encadrent une vingtaine de Saint-Cyriens et « vivent »

avec eux pendant les deux premières années de formation ; ils les suivent dans toutes leurs

activités. Ils contribuent à la formation militaire sur le terrain et participent aux stages

d’aguerrissement : stages commandos, séjour en Guyane, stage parachutiste, etc. Ils reçoivent

également pour mission de faire appréhender par leurs élèves toute l’importance des Engagés

volontaires de l’armée de Terre (EVAT) et de les aider à savoir encadrer leurs futurs hommes

dès la sortie d’école. Les cadres de contact sont les garants de l’esprit de corps et de la

cohésion de la promotion, des traditions et de l’adhésion aux valeurs de l’armée de Terre.

Depuis quelques années, la sélection de ces cadres de contact a été renforcée. Pour chaque

poste, une première liste de cinq officiers est établie sur dossier par la Direction des

ressources humaines de l’armée de Terre (DRHAT). Ces officiers sont ensuite reçus en

entretien par les gestionnaires de la DRHAT, par des psychologues et par des cadres de Saint-

Cyr-Coëtquidan. A l’issue de ces entretiens, le directeur de l’enseignement de l’Ecole arrête

lui-même ses choix. Après leurs deux ou trois années à Saint-Cyr les cadres de contact

expriment auprès de la DRHAT leurs souhaits d’affectation : 85 % d’entre eux obtiennent leur

premier choix.

Ecole nationale des sous-officiers d’active

A l’Ecole nationale des sous-officiers d’active (ENSOA) de Saint-Maixent chargée de

l’intégration et de la formation initiale de l’ensemble des sous-officiers de l’armée de Terre,

les cadres de contact assurent une fonction capitale. Ce sont soit des officiers (lieutenants),

soit des sous-officiers supérieurs (majors ou adjudants-chefs) dont l’expérience opérationnelle

et la valeur sont reconnues. Ils jouent un rôle essentiel dans l’intégration à l’arrivée à l’Ecole,

dans la formation militaire sur le terrain, dans l’acquisition des connaissances et du savoir-

faire nécessaire à l’encadrement des EVAT, dans le suivi des stages dans les régiments. Ils

connaissent parfaitement leurs élèves, savent les guider et les conseiller pour leurs choix et le

déroulement de leur début de carrière. Ils sont chargés de leur évaluation.

56

Les cadres de contact apprécient une affectation à l’ENSOA, généralement de trois à cinq ans,

bien qu’il ne s’agisse pas d’un poste dans un régiment opérationnel, car ils savent toute

l’importance de leur rôle auprès des futurs sous-officiers de l’armée de Terre, notamment

pour leur faire passer le savoir-faire pour l’encadrement du personnel.

De véritables cadres de contact à l’ENSOSP pour les lieutenants en formation d’intégration

Actuellement chaque promotion de lieutenants en formation d’intégration (FILT) dispose

d’un responsable appelé « officier régulateur », du grade de lieutenant ou de major, le plus

généralement d’une ancienneté certaine21

. La dénomination de cet officier montre bien qu’il

ne s’agit pas d’un cadre de contact tel que présenté ci-dessus. Il s’agit plutôt en l’occurrence

d’un « facilitateur » chargé du bon déroulement pratique de la FILT dont il est responsable

(suivi du programme, horaires, lieux, changements dans la programmation, reconfigurations)

ainsi que de toute la partie administrative : formalités diverses, déplacements, congés... Sans

remettre en cause la qualité et le sérieux, ni l’utilité de ces officiers régulateurs, il est clair

qu’ils ne jouent pas le rôle d’un vrai cadre de contact ; d’ailleurs dans les écoles d’officiers,

les tâches de cet officier régulateur sont remplies par un sous-officier supérieur, adjudant ou

adjudant-chef.

En fait l’ENSOSP comptait de vrais cadres de contact jusque dans le milieu des années 90,

mais cette disposition a été abandonnée en 1996 ou 1997, car il semble que le niveau et le rôle

joué par ces cadres ne répondaient plus aux attentes. Il convient donc de s’interroger sur les

conditions à respecter pour que des cadres de contact remplissent avec succès à l’ENSOSP ce

rôle essentiel dans la formation d’officiers, pour qu’ils répondent aux attentes des stagiaires et

qu’ils apportent également à la direction de l’Ecole un précieux concours.

Il est souhaitable que le profil des officiers qui seraient appelés à tenir ce rôle de cadre de

contact auprès des lieutenants en formation d’intégration réponde à plusieurs impératifs :

- la qualité de leurs services dans les SDIS où ils ont servi ainsi que l’appréciation lors

de leur formation initiale à l’ENSOSP22

;

- la valeur de leur personnalité, en particulier le sens du contact, le dynamisme ;

- des qualités d’entraineur d’hommes ;

- une bonne expérience opérationnelle sur le terrain, si possible variée que ce soit dans

les différents types d’interventions comme dans divers milieux ;

- un certain savoir-faire pédagogique ;

- une adhésion forte aux valeurs qui fondent le métier de sapeur-pompier ainsi qu’au

rôle et aux responsabilités d’officier ;

- une bonne appréhension des messages qui doivent être passés aux stagiaires,

notamment en ce qui concerne le volontariat.

Le bon niveau de ces cadres de contact serait celui de capitaine ou de « jeune » commandant.

Il faut aussi, qu’au fil du temps, cette fonction de cadre de contact à l’ENSOSP soit reconnue

comme une responsabilité valorisante attribuée à des officiers de qualité, au potentiel certain

21

Toutefois la dernière promotion de lieutenants en formation d’intégration (FILT 77) dispose d’un capitaine.

22 Ce qui implique qu’une réelle évaluation soit faite lors de la formation à l’ENSOSP.

57

et comme une ouverture dans le cursus de carrière. Il est donc souhaitable que cette

affectation soit par la suite porteuse aussi bien en terme de responsabilités au sein des SDIS

comme en terme d’avancement.

Chaque promotion de FILT doit bénéficier d’un cadre à temps plein qui suive toutes les

activités des stagiaires : formation théorique et pratique, plateau technique, gestion

opérationnelle et commandement, sport, activités extérieures. Ce cadre doit pouvoir délivrer

lui-même une partie de la formation, notamment de la formation humaine et le cas échéant, en

fonction de l’expérience acquise, des formations spécialisées.

Ces cadres de contact devront s’appuyer sur leur expérience personnelle et sur les

responsabilités qu’ils ont exercées auparavant dans les SDIS. Ils devront avoir le souci de la

cohésion au sein de la promotion dont ils ont la charge, de contribuer à forger l’esprit de corps

que tout officier doit posséder. Ils devront s’attacher à bien connaître chacun de leurs élèves, à

être à leur écoute, à leur délivrer des conseils. Ils doivent suivre leurs résultats et seront les

premiers responsables de leur évaluation. Enfin ils doivent être un maillon essentiel pour

assurer auprès de la direction de l’Ecole le retour d’expérience permettant d’évaluer la

formation et de faire évoluer si nécessaire les programmes et les méthodes.

L’intérêt de placer un vrai cadre de contact auprès de chaque promotion de FILT apparaît

indéniable. Mais il est certain que la mise en place de cette mesure peut rencontrer des

difficultés pratiques. Si l’on adopte le principe d’un cadre de contact « jeune » capitaine placé

à plein temps auprès de chaque FILT, l’ENSOSP doit pouvoir disposer à cet effet de quatre

capitaines, soit détachés d’un SDIS, soit affectés à l’ENSOSP puisque se déroulent

simultanément, au plus, quatre formations d’intégration. L’ENSOSP devra donc dégager dans

ses effectifs quatre postes pour régulariser la présence de ces quatre capitaines, à l’occasion de

départs ou de mutations de cadres. Cela ne devrait pas poser de difficulté majeure pour

l’Ecole de devoir ainsi redéployer quatre postes d’encadrement23

. Il faudra ensuite trouver au

sein des SDIS des candidats de qualité pour cette fonction de cadres de contact à l’ENSOSP.

Ce pourrait être des capitaines mis à disposition par leur SDIS afin d’encadrer une seule

promotion, donc pendant une année environ. Cette mise à disposition pourrait coïncider avec

une mobilité interne au SDIS telle que la pratiquent dorénavant certains directeurs, en se

situant ainsi entre deux postes au sein du SDIS, donc avec la garantie pour l’intéressé de

revenir ensuite dans son SDIS pour y occuper de nouvelles fonctions. L’autre possibilité

réside naturellement dans une affectation à l’ENSOSP de deux à cinq ans pour encadrer

successivement, et non pas simultanément, deux ou trois FILT, puis le cas échéant pour

assurer ensuite d’autres fonctions à l’Ecole avant de retourner dans un SDIS. Mais il est

évident que la réputation et la valorisation de cette affectation comme cadre de contact auprès

des élèves-officiers seront la condition sine qua non de réussite de cette démarche.

Il y a d’ailleurs actuellement à l’ENSOSP un commandant qui répond exactement à ce profil.

Il a été mis à la disposition de l’Ecole par son SDIS pour une durée, en principe, de trois ans.

Après avoir débuté comme coordinateur pédagogique, il encadre maintenant une promotion

de FILT. A l’évidence officier de valeur, le directeur de son SDIS a jugé que cette affectation

comme cadre à l’ENSOSP, serait tout à fait valorisante. L’intéressé a pu bénéficier à cette

occasion d’une promotion au grade de commandant. Il rejoindra son SDIS à l’issue de ce

temps à l’ENSOSP. Il remplit en l’occurrence parfaitement les objectifs que l’on attend d’un

23

Cela donnerait l’occasion à l’Ecole, comme elle le souhaite, d’augmenter le nombre de cadres assurant

effectivement de la formation.

58

tel cadre de contact : excellente connaissance des lieutenants dont il a la charge et précieux

concours à l’Ecole pour l’évaluation de la formation ; l’intéressé juge que c’est pour lui une

expérience de qualité très enrichissante.

Cette proposition de mettre en place des vrais cadres de contact à l’ENSOSP peut sembler

difficile à réaliser. Mais l’exemple évoqué ci-dessus montre sa faisabilité et son efficacité.

Elle serait d’ampleur modeste, puisqu’elle ne concernerait seulement 4 ou 5 capitaines sur un

effectif global de près de 1 600 capitaines de sapeurs-pompiers. Elle constituerait un réel plus

dans l’enjeu que représente la formation initiale des lieutenants de sapeurs-pompiers pour le

fonctionnement des SDIS et pour l’ensemble de la profession.

59

CHAPITRE 4

L’ENSOSP : L’ÉCOLE DES OFFICIERS

DE SAPEURS-POMPIERS

CONSIDÉRATIONS

SUR SA GOUVERNANCE ET SON RAYONNEMENT

La nouvelle implantation de l’ENSOSP sur Aix-en-Provence dans des installations de grande

qualité, offrant des moyens pédagogiques de haut niveau et d’importantes capacités d’accueil,

entraînait implicitement un véritable changement de dimension pour l’Ecole. Aussi

l’ENSOSP se veut aujourd’hui, avec de bons arguments, « la grande école de la sécurité

civile ». Mais elle est avant tout l’Ecole qui forme les officiers de sapeurs-pompiers. Cette

vocation doit rester à la fois la priorité et le fil directeur des préoccupations et de la gestion de

l’ENSOSP. C’est notamment le cas pour la gouvernance de l’Ecole qui se fait dans un

environnement complexe et multiforme, mais pour laquelle cette vocation à former des

officiers doit être la préoccupation majeure. Il en est de même pour tout ce qui touche aux

actions de rayonnement de l’Ecole qui profitent au dispositif de la sécurité civile, à la

profession de sapeur-pompier et à l’Ecole elle-même. Cette politique de rayonnement doit être

menée en concertation avec tous les grands acteurs de la sécurité civile.

L’ENSOSP : une nouvelle école dans un contexte de la sécurité civile en évolution

L’installation de l’ENSOSP à Aix-en-Provence a certainement marqué un tournant pour

l’Ecole mais aussi pour la sécurité civile. Dorénavant notre dispositif de sécurité civile et les

sapeurs-pompiers disposent d’un outil de formation de grande qualité représentant un

potentiel important.

Cette installation, définitivement marquée par l’inauguration officielle de l’Ecole par le

Président de la République le 17 mars 2011, intervient alors que d’autres évolutions, certaines

annoncées par le Président à cette occasion, sont en cours ou se profilent :

- le décret n° 2011-988 du 23 août 2011 relatif à l’organisation de l’administration

centrale du ministère de l’Intérieur et de la décentralisation a transformé depuis

septembre 2011 la Direction de la sécurité civile en une grande Direction générale de

la sécurité civile et de la gestion des crises comprenant notamment une Direction des

sapeurs-pompiers ;

- des réflexions sur la gestion de carrière des officiers de sapeurs-pompiers afin de

favoriser une certaine mobilité et de rendre plus aisées les affectations en dehors des

SDIS, notamment au sein de cette direction générale, dans les états-majors de zone

ainsi qu’à l’ENSOSP, et donc de tendre vers de véritables plans de carrière qui

seraient offerts aux officiers ;

- les récentes nominations de plusieurs colonels de sapeurs-pompiers, l’un comme

préfet délégué à la sécurité en Région, les autres comme sous-préfets, qui marquent

pour la première fois des possibilités d’ouverture de haut niveau pour la profession ;

60

- l’élaboration d’une nouvelle filière pour les sapeurs-pompiers professionnels, avec la

signature d’un protocole d’accord arrêtant les grands principes de celle-ci.

L’ENSOSP : d’importants moyens et de grandes possibilités

L’ENSOSP dispose donc maintenant d’installations de haut niveau : infrastructures, plateau

technique sans équivalent, moyens pédagogiques très importants (salles de conférence,

moyens audiovisuels et informatiques, salles pour la formation « gestion opérationnelle et

commandement », etc.) avec des capacités d’hébergement et de restauration en nombre et

qualité. L’ensemble se situe certainement à la hauteur de ce qu’offrent d’autres grandes écoles

modernes et réputées dans leurs domaines. L’ENSOSP s’attache naturellement à valoriser ces

investissements mais aussi à rentabiliser ses installations. Actions de formation, nombre de

journées/stagiaires, heures délivrées sont en forte progression et l’activité de l’Ecole est aussi

dorénavant marquée par une très grande diversité.

L’appellation « grande école de la sécurité civile » se justifie certainement par ces aspects:

qualité et possibilités offertes par ces nouvelles installations, nombre et variété des actions de

formation, effectifs des officiers passant chaque année à l’ENSOSP, liens et ouvertures

notamment avec l’étranger. Il reste que dans le vocabulaire de l’enseignement, le terme de

« grande école » revêt une signification précise et correspond à un certain nombre de critères

évoqués plus haut : niveau de recrutement, durée de formation, niveau des diplômes délivrés...

Une autre possibilité de dénomination propre à marquer la vocation et les ambitions de la

nouvelle ENSOSP aurait pu être « l’académie de la sécurité civile », le terme « académie »

étant souvent employé, notamment dans le monde anglo-saxon, dans le sens du lieu où se

concentrent les enseignements, les savoirs, les réflexions et les rencontres dans un domaine

donné.

La formation des officiers : « cœur de métier » de l’ENSOSP

Mais le « cœur de métier » de l’ENSOSP doit être la formation des officiers de sapeurs-

pompiers : formations initiales dont celle, fondamentale, des lieutenants mais aussi celles des

majors, sans oublier toutes celles des officiers volontaires, formations d’adaptation à l’emploi

et formations supérieures dont celles de chef de groupement et de directeur départemental

adjoint qui constituent toutes les deux des étapes essentielles dans la carrière des officiers. Les

priorités de l’Ecole doivent donc être tournées vers ces formations et l’ENSOSP doit être

avant tout « une école de formation d’officiers ». Ces priorités doivent aussi bien concerner la

qualité de la formation, le niveau des intervenants extérieurs et des cadres de l’Ecole, les

ouvertures sur le monde de l’enseignement ainsi qu’à l’international, les liens avec d’autres

organismes de formation, notamment d’autres grandes écoles et plus particulièrement celles

dont la vocation est de former et de préparer aussi des officiers. Cette formation des officiers

doit également être une priorité pour les cadres de l’Ecole et pour le Conseil de

perfectionnement en termes de réflexions, d’études et de propositions, notamment en ce qui

concerne les programmes, le déroulement des formations, les approches pédagogiques et la

prise en compte du retour d’expérience auprès des SDIS.

61

La gouvernance de l’ENSOSP : une multiplicité de parties prenantes

Ce rapport n’a pas vocation à émettre des recommandations dans le domaine de la

gouvernance de l’ENSOSP, domaine à l’évidence sensible et complexe. Toutefois en émettant

une série de recommandations sur la formation des officiers de sapeurs-pompiers qui

appelleront le cas échéant des études et des propositions d’évolutions, ce rapport touche à la

question de la gouvernance dans ce domaine prioritaire pour l’ENSOSP de la formation des

officiers.

La gouvernance de l’ENSOSP est particulièrement complexe ; elle est en effet marquée par la

multiplicité des acteurs et donc des interlocuteurs de l’Ecole. Interviennent dans la gestion de

l’ENSOSP, formellement ou informellement :

- l’Etat, par la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises mais

aussi le ministère du Budget ;

- les SDIS et leurs directeurs, notamment par l’ANDSIS ;

- les SDIS et leurs conseils d’administration notamment par la Conférence nationale des

services d’incendie et de secours ;

- les élus locaux, principalement par l’intermédiaire de l’ADF ;

- le CNFPT ;

- la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France ;

- les représentants de la profession, en particulier les syndicats d’officiers ;

- la représentation du personnel de l’Ecole.

Concrètement cette gouvernance se fait essentiellement par le Conseil d’administration et par

le Conseil de perfectionnement, tous deux marqués par le nombre et la diversité des membres

qui les composent.

Toutes ces parties prenantes n’ont pas nécessairement à connaître ou à intervenir dans chacun

des domaines qu’impliquent la gestion et le fonctionnement d’une école comme l’ENSOSP :

infrastructures, personnel, budget, fonctionnement au quotidien, programmation des activités

et bien sûr formation.

Le rôle central pour la formation des officiers de la Direction générale de la sécurité civile

et de la gestion des crises et de la Direction des sapeurs-pompiers

La formation des officiers de sapeurs-pompiers nécessite évidement une harmonisation

globale et un pilotage centralisé. La départementalisation ne saurait être un obstacle à ce

besoin indispensable de cohérence s’agissant d’un domaine aussi important que la formation

des officiers qui constituent la ressource humaine essentielle de notre dispositif de sécurité

civile. Il est évident que seule la nouvelle Direction générale de la sécurité civile et de la

gestion des crises est à même de pouvoir jouer ce rôle de pilote et d’assurer cette cohérence.

D’ailleurs le décret mettant en place cette direction générale attribue explicitement dans son

article 5 ce rôle de pilotage pour la formation des officiers à la nouvelle Direction des sapeurs

pompiers24

.

24

Nouvel article 6 bis 1° du décret du 2 octobre 1985 :« Il (le Directeur général de la sécurité civile et de la

gestion des crises) dispose notamment de la direction des sapeurs-pompiers qui assure la cohérence et définit la

62

Pour tout ce qui touche à la formation des officiers de sapeurs pompiers, formations initiales,

formations d’adaptation à l’emploi et formations supérieures, c’est bien la Direction générale

de la sécurité civile et de la gestion des crises qui doit définir la doctrine, fixer les grands

principes et les objectifs de formation, arrêter les priorités et « passer la commande » à

l’ENSOSP. C’est donc elle, par l’intermédiaire de la Direction des sapeurs-pompiers, qui doit

mener les réflexions et les études correspondantes, arrêter les décisions puis piloter les

évolutions. Elle doit naturellement le faire en concertation avec tous les acteurs effectivement

concernés par ce domaine de la formation des officiers.

A partir des objectifs retenus par la Direction générale, notamment sur la base des

compétences requises, assortis d’éventuelles priorités, l’ENSOSP doit être ensuite responsable

de définir le contenu détaillé des formations, de choisir l’ingénierie pédagogique, d’arrêter les

modalités de déroulement de chaque formation et de les mettre en œuvre.

La Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises doit être en mesure de

contrôler si les objectifs ont été atteints. Elle doit pouvoir juger notamment auprès des

« utilisateurs », les SDIS et les officiers, des modifications et des évolutions à apporter aux

formations en fonction des enseignements de ce retour d’expérience mais aussi selon les

évolutions du contexte : nouvelles priorités, axes d’efforts. Cette mission de contrôle devrait

être exercée prioritairement par la Direction des sapeurs-pompiers et par l’Inspection générale

de la sécurité civile. Le directeur de l’ENSOSP dans ce domaine du retour d’expérience a mis

en place un questionnaire de satisfaction auprès des directeurs de SDIS. Il s’agit là d’une

démarche essentielle pour pouvoir apprécier les formations délivrées et les faire évoluer.

On peut imaginer que la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises,

pour être à même d’assumer au mieux ses responsabilités dans ce domaine de la formation des

officiers, s’associe un « comité stratégique de la formation » au format restreint, comprenant

des représentants des grandes entités directement concernées par la formation et l’emploi des

officiers de sapeurs-pompiers. Ce comité pourrait à la fois exploiter le retour d’expérience,

constituer un outil de veille, piloter les réflexions et les études et constituer une force de

propositions pour la direction. La proposition, présentée plus haut, de constitution auprès de la

Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises d’un groupe de travail

restreint pour étudier une éventuelle refonte de la formation initiale des lieutenants s’inscrivait

dans cette perspective.

Le rayonnement de l’ENSOSP : des enjeux importants

L’ENSOSP constitue aujourd’hui un indéniable et remarquable outil de rayonnement pour la

sécurité civile, comme pour tout le « corps » des officiers de sapeurs-pompiers et pour toute la

profession. Il serait regrettable de ne pas utiliser les possibilités tout à fait intéressantes

qu’offre dorénavant l’Ecole dans ce domaine.

L’ENSOSP a d’ores et déjà bien saisi cet aspect et cet enjeu : elle s’attache à initier et

promouvoir depuis son installation à Aix-en-Provence de multiples actions de rayonnement.

Elle organise ainsi des colloques, des séminaires, des rencontres, des journées d’études et de

réflexions, des attributions de prix, etc. Conformément aux textes, elle organise des actions de

doctrine appliquée aux services territoriaux d’incendie et de secours, élabore les textes régissant les corps de

sapeurs-pompiers et pilote la formation des officiers de sapeurs-pompiers ».

63

sensibilisation des élus et responsables, même si le volume de ces actions est encore loin

d’être à hauteur de ce qui pourrait être souhaitable. Les visiteurs sur le site sont nombreux. La

qualité des installations et les possibilités d’accueil et d’hébergement vont de pair avec cette

volonté de rayonnement. L’accueil de quelques chercheurs va aussi dans le bon sens, il

permettra à l’Ecole de se faire connaître dans le monde, fermé, des enseignants chercheurs.

De même la mise en place du portail national des ressources et des savoirs (PNRS) a marqué

une étape importante : il est de grande qualité et il constitue un outil très utile pour le

dispositif de la sécurité civile et pour tous les sapeurs-pompiers.

Ce rayonnement est aussi nécessaire pour l’Ecole elle-même : il est indispensable pour asseoir

l’image de l’ENSOSP dans le monde des établissements d’enseignement supérieur et des

grandes écoles. Il favorise les échanges de savoir-faire ou de stagiaires. Il sera aussi un moyen

d’attirer les cadres de bon niveau dont l’Ecole a besoin.

Si l’on compare avec les grandes écoles militaires, celles-ci (Saint-Cyr, Ecole navale, Ecole

de l’air) jouent indéniablement et depuis longtemps un rôle important quant au rayonnement

de leur armée respective, à la réputation et au prestige des corps d’officiers qu’elles forment.

Leur contribution et leurs actions dans ces domaines sont supervisées par le cabinet du Chef

d’état-major, la Direction du personnel et le Service de relations publiques de chacune d’elles.

Une nécessaire concertation pour ce rayonnement. La place essentielle de la Fédération

Il reste que ce rayonnement de l’Ecole se fait dans un contexte parfois compliqué, marqué

comme pour la gouvernance, par la multiplicité des intervenants et des parties intéressées.

Il est tout à fait souhaitable qu’il y ait, dans ce domaine du rayonnement, une véritable

concertation entre les grands acteurs de la sécurité civile. Cela ne donnera que plus de force et

d’ampleur aux actions de l’ENSOSP, tout en évitant les éventuelles dispersions ou

redondances.

La Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises doit naturellement jouer,

comme pour la formation des officiers un rôle central en la matière : définir la politique et

les objectifs, arrêter les priorités, assurer la concertation et la cohésion d’ensemble et piloter

les actions majeures.

Dans ce domaine du rayonnement, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France

joue bien évidemment un rôle majeur, voire un rôle clef. Son histoire, le poids qu’elle

représente dans le monde des pompiers, son audience auprès des autorités et des élus, ses

moyens et les actions qu’elle mène traditionnellement dans de très nombreux domaines

impliquent tout naturellement que la Fédération soit partie prenante étroitement impliquée et

acteur majeur de ce rayonnement.

Il est certain que dans cet aspect du rayonnement, l’ENSOSP vient prendre une place qu’elle

n’occupait que peu ou pas auparavant et qu’en tout cas son action a pris là de l’ampleur. Cela

ne doit pas empêcher, bien au contraire, la concertation de manière formelle ou informelle

entre acteurs, en particulier avec la Direction générale et la Fédération. Il ne s’agit pas en

l’occurrence de brider les uns ou les autres, mais bien de mettre à profit les possibilités

offertes par chacune pour donner un maximum d’impact aux actions de rayonnement tout en

évitant les redondances ou les messages qui se contrediraient.

64

La Fédération a toujours été le puissant moyen de communication et de rayonnement pour les

pompiers et la sécurité civile ; sa nature, sa position, sa portée sont sans équivalent.

L’ENSOSP, dans sa nouvelle dimension, doit bien sûr trouver sa place pour apporter sa

contribution au rayonnement, en concertation et en harmonie avec la Fédération ; cette

approche commune paraît absolument nécessaire et ne peut être de toute façon que porteuse.

65

CONCLUSION

S’intéresser à la place faite au volontariat dans les formations à l’ENSOSP, en particulier dans

la formation des lieutenants, conduit en fait à examiner tout ce qui touche à la formation

initiale des officiers de sapeurs-pompiers, aux accès à cette formation, à son programme et à

son déroulement, au statut des stagiaires et à leur encadrement.

Au-delà de l’impact de ces aspects sur la question du volontariat et sur sa prise en compte

dans les formations, la nouvelle dimension de l’ENSOSP, les évolutions en cours concernant

la sécurité civile, notamment les orientations sur le déroulement de carrière des officiers de

sapeurs-pompiers, incitent à envisager une réforme globale et ambitieuse de la formation

d’intégration des lieutenants pour la mettre en cohérence avec ces nouvelles perspectives.

Cette réforme devrait être mise à profit pour mieux ouvrir tout d’abord les accès externes à

l’ENSOSP, avec un concours aux épreuves moins typées et une voie directe offerte aux

titulaires d’un diplôme du niveau master. Elle serait ensuite mise à profit pour refondre le

programme avec une période de formation continue et mieux équilibrée, garantissant une

formation professionnelle de qualité, conforme aux compétences exigées d’un officier de

sapeur-pompier, mais donnant aussi plus de place à la formation humaine, essentielle pour

préparer un futur officier à ses responsabilités, tout en ménageant une certaine place à la

formation générale dans la perspective des ouvertures de carrière qui devraient être offertes

aux officiers dans le futur. Enfin cette réflexion doit aussi concerner le statut des élèves à

l’ENSOSP pour lui conférer plus de cohérence, leur encadrement par des cadres de contact en

mesure de leur faire passer expérience et approche du métier d’officier, sans oublier une réelle

évaluation en fin de formation.

Cette refonte doit permettre de prendre en considération avec tout le soin nécessaire la

question du volontariat, notamment en programmant un véritable module consacré à celui-ci

et des périodes communes de formation avec les officiers volontaires Le même souci du

volontariat doit être aussi pris en compte dans les autres formations d’officiers, en particulier

celles de chef de groupement et de directeur départemental adjoint.

Les recommandations et les propositions de ce rapport ressortent essentiellement de décisions

d’organisation. Elles n’auraient que peu ou pas d’impact financier ; toutefois elles impliquent

d’adapter pour les officiers de sapeurs-pompiers certaines règles de la fonction publique

territoriale, mais de manière limitée, sans remettre en cause les principes statutaires. La

plupart ont fait leur preuve dans des écoles dont la vocation est aussi de former des officiers.

D’ailleurs certaines étaient en vigueur par la passé au sein même de la sécurité civile. Si elles

ont été abandonnées, c’est qu’elles s’étaient probablement montrées inadaptées ou peu

efficaces à un moment donné, mais les évolutions en cours ou le retour d’expérience les

remettent à l’ordre du jour.

L’ENSOSP représente aujourd’hui un outil de formation exceptionnel pour la sécurité civile

et pour les sapeurs-pompiers. Les possibilités offertes sont indéniablement étendues et de

qualité ; elles autorisent à se montrer ambitieux. Toutefois la formation des officiers doit

rester la priorité absolue de l’Ecole, celle vers laquelle doivent se tourner toutes les réflexions

et tous les efforts.

66

67

ANNEXES

ANNEXE 1 : Lettre de mission

ANNEXE 2 : Extrait du rapport de la commission « ambition volontariat »

ANNEXE 3 : Liste des visites et entretiens

ANNEXE 4 : Les caractéristiques des grandes écoles

ANNEXE 5 : Statistiques des concours de lieutenants de sapeurs-pompiers professionnels

ANNEXE 6 : Statistiques des lauréats admis en formation à l’ENSOSP (« reçus-collés »)

ANNEXE 7 : Composition et statistiques sur les promotions 2009 à 2011 des lieutenants en

formation d’intégration à l’ENSOSP

ANNEXE 8 : Guide à l’usage des cadres de contact pour le commandement des engagés

volontaires de l’armée de Terre

ANNEXE 9 : Programme de la semaine consacrée au volontariat au profit de la formation

d’intégration des lieutenants FILT 75

ANNEXE 10 : Bilan du personnel enseignant à l’ENSOSP : cadres permanents et intervenants

extérieurs

ANNEXE 11 : Synthèse des propositions et des recommandations

68

69

ANNEXE 1

LETTRE DE MISSION

70

71

ANNEXE 2

EXTRAIT DU RAPPORT

DE LA COMMISSION « AMBITION VOLONTARIAT »

EXTRAIT DU CHAPITRE 2

UN MANAGEMENT MODERNE DU VOLONTARIAT

(page 31)

« DONNER SA PLACE AU VOLONTARIAT À L’ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE

DES OFFICIERS DE SAPEURS-POMPIERS

Les problèmes que rencontre le volontariat ressortent beaucoup d’une prise de conscience et

d’un changement d’état d’esprit vis-à-vis de celui-ci, ce que nous avons appelé ci-dessus « la

culture du volontariat ». Au delà des actions qui seront prises à la suite des propositions et des

recommandations de cette commission « ambition volontariat », les choses ne progresseront à

l’avenir, notamment en termes de management, que si les cadres des sapeurs-pompiers, les

jeunes officiers en particulier, adhèrent pleinement au choix du volontariat et en appréhendent

bien toutes les implications. Aussi la commission émet-elle quelques recommandations en

direction de l’École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (ENSOSP).

Le chantier, en cours, de définition d’un nouveau projet d’établissement et de réexamen des

programmes de cette école, doit être impérativement mis à profit pour :

- inculquer à l’ensemble des cadres qui suivent des formations à l’ENSOSP une

véritable « culture du volontariat » ;

- prendre pleinement en compte dans toutes les formations les problématiques liées au

volontariat ;

- mettre en place un module afférent au volontariat : place de celui-ci, historique,

aspects sociologique, corporatif, associatif ;

- mettre l’accent sur la formation au management des ressources humaines, celle des

volontaires en particulier ;

- programmer pour les futurs officiers des stages dans des centres composés de

volontaires ;

- mener une politique d’ouverture de l’école, notamment en faisant plus largement appel

à des enseignants et des intervenants extérieurs ;

- dans cet esprit d’ouverture et afin de sensibiliser et d’informer les élus et les décideurs,

programmer également des stages dans les préfectures, les collectivités territoriales ou

les communes. »

72

73

ANNEXE 3

LISTE DES VISITES ET ENTRETIENS

ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DES OFFICIERS DE SAPEURS-POMPIERS

Entretiens avec les cadres de l’ENSOSP

Colonel Philippe Bodino, directeur

Colonel François Pradon, directeur adjoint

Lieutenant-colonel Thierry Chabas, directeur des formations d’intégration

Lieutenant-colonel Gilbert Pascal, directeur des formations de professionnalisation

Lieutenant-colonel Bruno Beausse, directeur du département « prospective et

développement »

Médecin colonel Vasseur, directeur des formations « santé et secours à personne »

Programme des séjours à l’ENSOSP

Visites de l’école, du plateau technique et du simulateur de médecine d’urgence (SMURGE)

Premiers jours d’intégration de la promotion de formation de lieutenants de la FILT 75

Séances de formation au management et présentation des projets de la FILT 74

Journée des chefs de groupement « formation » des SDIS

Présentation du projet PAAF (« profil attendu après formation »)

Entretien avec des volontaires en séjour à l’ENSOSP (plastron au plateau technique)

Entretien avec des officiers volontaires en formation « gestion opérationnelle et

commandement »

Présentation du rapport « ambition volontariat » à trois promotions de formation d’adaptation

à l’emploi de chef de groupement (FAE CDG 2011-01, 2011-02 et 2012-01) et à une

promotion de FILT (FILT 75) à l’occasion de la première semaine consacrée au « modèle

français de sécurité civile » (séminaire sur le volontariat)

VISITES D’ECOLES

Ecole polytechnique

Présentation de la formation humaine et de la période de formation humaine initiale

Entretien avec un commandant de promotion

Entretien avec des élèves terminant leur période de formation humaine initiale

Ecoles de Saint-Cyr-Coëtquidan

Relation entre l’Etat-major de l’Armée de terre et les écoles de Coëtquidan

Statut de l’Ecole

Présentation de la formation humaine et au commandement

74

Connaissance du personnel de l’armée de Terre. Stages en corps de troupe

Sélection et rôle des cadres de contact. Entretien avec des cadres de contact

Ecole Navale

Relation entre la Direction du personnel de la Marine et l’Ecole navale

Statut de l’Ecole

Formation humaine

Entretien avec des cadres de contact

Ecole nationale des sous-officiers d’active (Saint-Maixent)

Formation humaine et au commandement

Connaissance des engagés volontaires de l’armée de Terre (EVAT). Stages en corps de

troupe.

Documentation sur les EVAT

Cadres de contact

ENTRETIENS

Direction de la sécurité civile

Sous direction, des sapeurs-pompiers et des acteurs du secours (SDSPADS)

Monsieur Jean Benet, sous-directeur

Monsieur Philippe Deschamps, adjoint

Section des examens et des concours des officiers de sapeurs pompiers professionnels

Bureau formation

Autorités. Personnalités qualifiées

Monsieur Pascal Pertusa, président du Conseil d’administration de l’ENSOSP

Le colonel Jean-Philippe Vennin, président de l’ANSDIS

Madame l’inspectrice générale Hélène Martini, directrice de l’Ecole nationale supérieure de

de Police

Messieurs les inspecteurs généraux de l’administration Philippe Cannard et Xavier de Fürst

du ministère de l’Intérieur

Monsieur le sous-préfet François Pesneau, secrétaire général de la préfecture de la Vendée,

président du jury d’admission du concours externe 2010 de lieutenant de sapeur-pompier

professionnel

Monsieur Mathieu Lamotte du cabinet François Lamotte de conseil auprès des collectivités

territoriales

Trois lieutenants de la FILT 68 sortis de l’ENSOSP au premier semestre 2010

Quatre commandants en formation de chefs de groupement (FAE CDG 02-2011)

75

ANNEXE 4

LES CARACTÉRISTIQUES DES GRANDES ÉCOLES

Selon le ministère de l’Education nationale une « grande école » est un « établissement

d’enseignement supérieur qui recrute ses élèves par concours et qui assure une formation de

haut niveau » (arrêté du 27 août 1992 relatif à la terminologie de l’éducation).

Les grandes écoles se sont regroupées dans la Conférence des grandes écoles, association des

grandes écoles d’ingénieurs, de management et de haut enseignement multiple ou spécifique,

toutes reconnues par l’Etat et délivrant un diplôme national sanctionnant au moins 5 années

d’études après le baccalauréat.

Selon cette Conférence, quelles caractéristiques ces écoles présentent-elles en commun ?

Elles se distinguent d’abord par une large autonomie et un projet pédagogique propre, dont la

cohérence globale est assurée par le directeur de l’école. Elles ont ensuite en commun :

- la reconnaissance par l’Etat de l’établissement et des diplômes qu’il délivre (pour les

écoles d’ingénieurs, cette reconnaissance intervient après examen par la Commission

des titres de l’ingénieur qui dépend du ministère de l’Education nationale et qui

contrôle chacune des écoles à intervalles réguliers) ;

- une forte sélection à l’entrée, soit par concours, soit sur dossier, qui rend les grandes

écoles très compétitives ;

- une formation longue, plutôt polyvalente et généraliste, privilégiant l’acquisition de

méthodes et d’outils de travail et l’enseignement de connaissances pluridisciplinaires ;

- la variété et la mobilité des personnels enseignants ; à côté des permanents spécialistes

de leur domaine, on doit trouver des professeurs associés d’autres établissements, des

vacataires, des cadres d’entreprise, des praticiens ;

- une pédagogie souple et évolutive faisant appel conjointement aux cours magistraux,

au travail en petits groupes, à la méthode des cas, aux travaux et aux projets de

groupe ;

- une coopération étroite avec le monde du travail et le monde universitaire sous

diverses aspects : composition du conseil d’administration, du conseil de

perfectionnement, organisation de stages, projets de fin d’études, équipes de

chercheurs ;

- une ouverture à l’international : enseignement des langues, stages ou séjours longs à

l’étranger, accueil de stagiaires étrangers.

76

77

ANNEXE 5

STATISTIQUES DES CONCOURS DE LIEUTENANTS DE SAPEURS-POMPIERS PROFESSIONNELS

Année de concours 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

CONCOURS EXTERNE

Candidats inscrits 439 763 1016 1080 1026 948 865 1045 1008 850

Candidats absents aux épreuves sportives 180 317 404

Taux d’absentéisme aux épreuves sportives 21 % 30 % 40 %

Candidats aux épreuves sportives 685 728 604

Candidats éliminés aux épreuves sportives 110 112 100

Taux d’élimination aux épreuves sportives 16% 15,5% 16,5%

Candidats présents aux épreuves d’admissibilité 575 616 504

Lauréats 46 85 100 80 100 107 140 128 94 94

Sélectivité globale : lauréats / candidats inscrits 10,5% 11% 10% 7,5% 9,5% 11,5% 16% 12% 9,5%

Sélectivité réelle : pourcentage lauréats / candidats présents

aux épreuves d’admissibilité (épreuves sportives inclus)

20 % 18% 16 %

CONCOURS INTERNE

Candidats inscrits 428 381 489 565 701 786 841 981 918 724

Lauréats 23 42 50 40 50 53 70 64 47 47

Sélectivité : pourcentage lauréats /candidats aux épreuves

d’admissibilité25

5,5% 11% 10% 7% 7% 7% 8,5% 6,5% 5%

25

Rappel : le concours interne ne comporte pas d’épreuves sportives ; sauf très rares exceptions tous les candidats inscrits se présentent aux épreuves d’admissibilité.

78

79

ANNEXE 6

STATISTIQUES DES LAURÉATS ADMIS EN FORMATION À L’ENSOSP (« REÇUS-COLLÉS »)

LAURÉATS DES CONCOURS EXTERNES

depuis 2006 et jusqu’à la FILT 78 entrée à l’ENSOSP en janvier 2012

CONCOURS EXTERNES

2006 2007 2008 2009 2010

Nombre de lauréats 100 107 140 128 94

Arrêté d’admission publié en :

Admission valable jusqu’en :

2006

Admissions

closes

Mars 2008

Admissions

closes

Mars 2009

Admissions

closes

Mars 2010

Mars 2013

Mars 2011

Mars 2014

Entrés à l’ENSOSP en FILT 97 86 126 85 36

Proportion entrée à l’ENSOSP

(au 01-03-2012)

97 % 80 % 90 % 66 % 38 %

Définitivement « collés » 3 (3%) 21 (20 %) 14 (10 %)

Etalement des entrées

à l’ENSOSP

En promotions de FILT :

En années :

FILT 64 à 72

2007 à 2009

FILT 66 à 76

2008 à 2011

A partir de

la FILT 69 (2009)

A partir de

la FILT 74 (2010)

A partir de

la FILT 76 (2011)

Proportion de lauréats du concours externe « collés » trois ans après leur succès pour la période 2006-2008 : 11 %

80

ANNEXE 6 (suite)

STATISTIQUES DES LAURÉATS ADMIS EN FORMATION À L’ENSOSP (« REÇUS-COLLÉS »)

LAURÉATS DES CONCOURS INTERNES

depuis 2006 et jusqu’à la FILT 78 entrée à l’ENSOSP en janvier 2012

CONCOURS INTERNES

2006 2007 2008 2009 2010 2011

Nombre de lauréats 50 53 70 64 47 47

Arrêté d’admission publié en :

Admission valable jusqu’en :

2006

Admissions

closes

Juillet 2007

Admissions

closes

Mai 2008

Admissions

closes

Mai 2009

Mai 2012

Dernière FILT possible en mai

Mai 2010

Mai 2013

Mai 2011

Mai 2014

Entrés à l’ENSOSP en FILT 50 52 63 59 38 19

Proportion entrée à l’ENSOSP

(au 01-03-2012)

100 % 98 % 90 % 92 % 81 % 40 %

Définitivement « collés » 0 1 (2 %) 7 (10 %) L’effectif maximal des « collés »

sera de 6 soit 8 %

Etalement des entrées

à l’ENSOSP

En promotions de FILT :

En années :

FILT 62 à 71

2006 à 2009

FILT 64 à 69

2007 à 2009

FILT 66 à 72

2008 à 2011

A partir de

la FILT 69

2009

A partir de

la FILT 74

2010

A partir de

la FILT 77

2011

Proportion de lauréats du concours interne « collés » trois ans après leur succès pour la période 2006-2008 : 4,5 %

81

ANNEXE 7

COMPOSITION ET STATISTIQUES SUR LES PROMOTIONS 2009 À 2012

DES LIEUTENANTS EN FORMATION D’INTÉGRATION À L’ENSOSP

CONCOURS D’ORIGINE - EXPÉRIENCE DE POMPIER - SEXE

FILT

68

FILT

69

FILT

70

FILT

71

FILT

72

FILT

73

FILT

74

FILT

75

FILT

76

FILT

77

FILT

78

Statistique

totale

FILT

68 à 78

Année entrée 2009 2009 2009 2009 2010 2010 2010 2011 2011 2011 2012

Nombre stagiaires 48 40 48 48 36 24 48 48 42 40 48 470

Origine concours externe 28 17 35 28 20 17 29 32 27 25 32 290

Dont sapeurs-pompiers

professionnels (SPP)

15 7 13 10 8 7 6 11 10 8 3 98

Proportion SPP dans les externes 54 % 41 % 37 % 36 % 40 % 41 % 21 % 34 % 37 % 32 % 9 % 34 %

Origine concours interne 20 23 13 18 16 7 18 16 11 13 14 169

Admission par détachement-

intégration (VAE)

0 0 0 2 0 0 1 0 4 2 2 11

Total SPP (SPP du concours

externe, tous origine interne et

VAE anciens SPP ou militaires SP)

35 30 26 28 24 14 24 27 23 23 19 273

Proportion SPP dans la FILT 73 % 75 % 54 % 58 % 67 % 58 % 50 % 56 % 55 % 57 % 40 % 58 %

NI SPP, ni SPV 1 2 3 3 4 3 5 5 7 1 6 40

Femmes 2 5 6 3 3 0 3 2 3 4 5 36 (8 %)

82

ANNEXE 7 (suite)

COMPOSITION ET STATISTIQUES SUR LES PROMOTIONS 2009 À 2012

DES LIEUTENANTS EN FORMATION D’INTÉGRATION À L’ENSOSP

NIVEAU D’ÉTUDES - ȂGE

FILT

68

FILT

69

FILT

70

FILT

71

FILT

72

FILT

73

FILT

74

FILT

75

FILT

76

FILT

77

FILT

78

Statistique totale

FILT 68 à 78

Année entrée 2009 2009 2009 2009 2010 2010 2010 2011 2011 2011 2012

Nombre

stagiaires

48 40 48 48 36 24 48 48 42 40 48 470

Niveau

DUT/BTS

5 4 4 5 3 4 4 5 7 4 4 49

Niveau licence 10 13 15 11 6 6 15 19 11 16 19 141

Niveau

Master/DESS

12 7 12 12 10 8 8 9 14 11 14 117

Bac+3 et plus :

Nombre

Proportion

22

46 %

20

50 %

27

56 %

23

48 %

16

44 %

14

58 %

23

48 %

28

58 %

25

60 %

27

67 %

33

69 %

258

55 %

Age moyen 26

origine externe

26,5 30,3 26,3 Non

disponible

26,6 Non

disponible

26,6 28,8 28,6 25,6 27,7 27,5 ans

Age moyen

promotion totale

29,5 30 27,7 30 29 29 30 30 31 32,4 30,1 29,9 ans

26

Ages à l’entrée en formation d’intégration à l’ENSOSP

83

ANNEXE 8

GUIDE À L’USAGE DES CADRES DE CONTACT

POUR LE COMMANDEMENT

DES ENGAGÉS VOLONTAIRES DE L’ARMÉE DE TERRE

Couverture du guide

84

Lettre d’envoi du Chef d’état-major de l’armée de Terre

introduisant le guide

85

ANNEXE 9

PROGRAMME DE LA PREMIÈRE SEMAINE CONSACRÉE AU VOLONTARIAT

AU PROFIT DES LIEUTENATS EN FORMATION D’INTÉGRATION (FILT 75)

(Expérimentation du 28 novembre au 2 décembre 2011)

86

87

ANNEXE 10

BILAN DU PERSONNEL ENSEIGNANT À L’ENSOSP

CADRES PERMANENTS ET INTERVENANTS EXTÉRIEURS

Selon éléments début 2011 communiqués par l’ENSOSP EFFECTIFS VOLUME HEURES DISPENSÉES

CADRES PERMANENTS ENSOSP

Conférenciers. Instructeurs 62 12 000

Instructeurs plateau technique 12 20 000

TOTAL CADRES PERMANENTS ENSOSP 74 32 000

38,5 % des heures

INTERVENANTS EXTÉRIEURS

Occasionnels (participation aux jurys, correction épreuves,

rédaction de document, conférences spécifiques)

Moins de 20 heures par an

383 3 000

Éducation physique et sportive 53 2 500

Instruction « gestion opérationnelle et commandement »

(GOC)

226 12 000

Intervenants réguliers

Plus de 20 heures par an

442 33 500

Moyenne annuelle par intervenant : 75 heures

TOTAL INTERVENANTS EXTÉRIEURS 1 104 51 000

61,5 % des heures

TOTAL GÉNÉRAL 1 178 83 000

88

89

ANNEXE 11

SYNTHÈSE DES PROPOSITIONS ET DES RECOMMANDATIONS

ACCÈS À L’ENSOSP. LES CONCOURS. LE STATUT DES STAGIAIRES À

L’ÉCOLE

- Modifier la composition des jurys des concours pour mieux équilibrer la

représentation des officiers de sapeurs-pompiers : deux officiers seulement mais tous

deux officiers supérieurs

- Réduire le nombre des membres des sous-jurys à trois

- Rendre le concours externe plus attractif et plus accessible aux candidats non sapeurs-

pompiers professionnels :

. aménager les épreuves sportives avec des épreuves plus classiques et avec

l’attribution d’une note de sport entrant dans le classement des épreuves

d’admissibilité et une note éliminatoire relativement basse, mais en

augmentant corrélativement le temps consacré au sport dans la formation à

l’ENSOSP

. réorienter le questionnaire à réponses ouvertes et courtes (QROC) sur les

textes de portée générale traitant de l’organisation de l’Etat et du

fonctionnement des administrations

- Le cas échéant calquer le concours externe sur les concours types des Grandes Ecoles

avec à l’écrit un devoir de culture générale et une note de synthèse sur dossier puis à

l’oral une épreuve de langue étrangère et un entretien avec le jury

- Ouvrir une filière d’accès direct pour les titulaires d’un master ou d’un diplôme

équivalent si possible au grade de capitaine

- Aménager le principe « reçu-collé » en admettant systématiquement tous les lauréats

externes en formation d’intégration à l’ENSOSP, mais sans obligation ensuite pour les

SDIS de les recruter

- Conférer aux stagiaires en formation d’intégration à l’ENSOSP le statut d’élève-

lieutenant (ou d’élève-capitaine) ; n’attribuer le grade qu’une fois la formation initiale

achevée avec succès

- Procéder à une évaluation complète des stagiaires en formation initiale à l’ENSOSP :

notations et appréciations littérales ; cette évaluation sera communiquée aux intéressés

et accessible aux SDIS concernés et à la Direction des sapeurs-pompiers

- Mener une réflexion globale au niveau de la Direction des sapeurs-pompiers sur la

politique d’accès aux corps des officiers de sapeurs-pompiers : filières d’accès,

niveaux de recrutement, durée de formation et homologation de celle-ci

LA FORMATION INITIALE DES OFFICIERS

- Examiner une refonte globale de la formation initiale des officiers reposant sur

quelques principes directeurs énumérés ci-dessous

- Programme bâti à partir d’un référentiel des compétences attendues et non pas sur un

référentiel des contenus de formation

90

- Formation continue sans remise à disposition dans les SDIS

- Durée de la formation initiale portée idéalement à deux années, durée qui permettra :

. d’établir une programmation ambitieuse et équilibrée

. de conserver une formation professionnelle et technique de qualité

. de donner suffisamment d’importance à la formation humaine (commandement

management, cohésion)

. de donner une place convenable à la formation générale notamment dans

la perspective de déroulement de carrière et des ouvertures possibles

. de consacrer un volume important aux activités physiques et sportives

. de programmer des stages extérieurs de durée significative (stages à caractère

professionnel, stages d’ouverture, échanges avec d’autres écoles ou avec l’étranger)

. de planifier des périodes communes de formation avec des officiers volontaires

- Obtenir l’homologation dans le système de l’enseignement supérieur de cette

formation initiale, en particulier aux niveaux licence et master

LA PRISE EN COMPTE DU VOLONTARIAT À L’ENSOSP

- Bâtir et programmer un module complet consacré au volontariat dans la formation

initiale des officiers avec acquisition des connaissances théoriques nécessaires, tables

rondes, mises en situation, études de cas, échanges et rencontres, stages de durée

significative dans différents centres de secours

- Programmer des périodes communes de formation entre lieutenants professionnels en

formation d’intégration et officiers volontaires en formation à l’ENSOSP

- Rédiger et diffuser un guide du management des volontaires à l’usage des cadres de

sapeurs-pompiers : guide officiel émanant de la Direction des sapeurs-pompiers avec

une version papier distribuée à tous les officiers en formation à l’ENSOSP et une

version électronique

- Programmer une période de quelques jours consacrée au volontariat dans les

formations d’adaptation à l’emploi de chef de groupement et de directeur

départemental adjoint

CADRES ET INTERVENANTS À L’ENSOSP

- Accroître à 25 %, dans un premier temps, la part des cadres de l’ENSOSP dans le

volume des formations délivrées à l’Ecole puis tendre si possible vers 50 %

- Limiter officiellement le volume d’heures annuelles pour un intervenant extérieur, en

concertation avec les directeurs de SDIS

- Faire plus largement appel pour les intervenants extérieurs aux volontaires et aux

officiers en retraite

- Mener une réflexion pour susciter des candidatures pour être cadre à l’ENSOSP puis

pour faciliter le retour dans un SDIS de ces cadres après quelques années à l’Ecole

- Placer systématiquement auprès des officiers en formation initiale des cadres de

contact, capitaines ou jeunes commandants, mis à disposition de l’ENSOSP par un

SDIS pour deux à trois ans ; ces cadres suivent toutes les activités de leurs élèves,

participent à leur formation et sont responsables de leur évaluation

91

GOUVERNANCE ET RAYONNEMENT DE L’ENSOSP

- Le « cœur de métier » de l’ENSOSP doit rester la formation des officiers, en priorité

la formation initiale des officiers, ainsi que les formations d’adaptation à l’emploi de

chef de groupement et de directeur départemental adjoint et bien sûr la formation des

officiers volontaires

- Le cas échéant mettre en place auprès de la Direction des sapeurs-pompiers « un

comité stratégique de la formation des officiers »

- Favoriser les actions de rayonnement de l’ENSOSP et les échanges avec d’autres

Grandes Ecoles et universités tendant notamment à faciliter l’homologation des

formations initiales d’officiers et à rendre attractifs les postes de cadres à l’ENSOSP

- Cette politique de rayonnement de l’ENSOSP doit être élaborée par la Direction

générale de la sécurité civile et de la gestion des crises en étroite concertation avec la

Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France et naturellement l’ENSOSP

92