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ATHLAN Allison Association Urgence Afrique RAPPORT DE MISSION HUMANITAIRE Mission éducation au Burkina Faso: 1 mois de bénévolat en classe de CE1. 11 Février 2012 - 11 Mars 2012

RAPPORT DE MISSION HUMANITAIRE - Urgence Afrique · présentation de l’association Urgence Afrique puis de mes actions au sein d’une classe de soixante-quinze élèves âgés

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ATHLAN Allison Association Urgence Afrique

RAPPORT DE

MISSION

HUMANITAIRE

Mission éducation au Burkina Faso:

1 mois de bénévolat en classe de CE1.

11 Février 2012 - 11 Mars 2012

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REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier les responsables de l’association Eve Deneboude, Germaine Talato et

Jamal Tiemdore pour le temps accordé à mes questionnements.

Je remercie notamment Pouspoko, maîtresse des lieux où je résidais à Niou, village où

j’accomplissais la mission éducation.

J’ai de plus une pensée pour toute la population locale avec qui j’ai pu créer des liens sincères

et forts en dépit du peu d’affects explicités chez cette population. J'inclus parmi celle-ci, les

enfants de l’école centrale de Niou ainsi que ses membres professionnels.

Enfin, j’adresse mes remerciements les plus profonds à ma famille et à mon amie d’enfance,

« les vrais » proches qui ont su entendre ma décision et accepter mon départ. Je les remercie

pour leur soutien et leurs encouragements constants.

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SOMMAIRE

I: Introduction. p.3

II: Etre bénévole le temps d'une mission humanitaire d'éducation.. p.5

1) Présentation de l'association "Urgence Afrique". p.5

2) Mes actions au sein de l'école de Niou, village du Nord-Ouest du Burkina Faso. p.6

III: Après un mois de mission : Constat et propositions de développement. p.11

1) Prélude du constat d'un bénévole"'humanitaire" déchu.. p.11

2) Sur la voie d'une réflexion psychologique, sociologique. p.12

3) Observations et propositions d'un bénévole "humanitaire"avisé . p.15

IV: Vers une conclusion... p.16

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INTRODUCTION

Je me nomme Athlan Allison, j’ai 23 ans et suis titulaire d’un Master 1 en psychologie

clinique depuis Juin 2011. Actuellement, je prépare mon diplôme de psychologue expertale et

criminelle. Je souhaite à l’avenir travailler dans les centres de soin et les organismes

humanitaires c’est la raison pour laquelle je désirais partir effectuer une mission humanitaire

durant cette année universitaire où la situation m’était plus opportune pour un départ. Après

avoir recueilli une somme d’argent conséquente pour financer l’association et le billet

d’avion, à force de travail en tant qu’assistante d’éducation au sein d’un lycée général et

professionnel mais aussi d’économie, j’ai recherché une association humanitaire sur la toile

du net et ai discuté des résultats obtenus auprès de mon entourage afin d’évaluer la fiabilité en

toute objectivité, des propos mis en avant par chaque association. Aussi, il m'importait de

porter une attention particulière aux types d’actions proposées. Mon choix de l’association se

basait sur mes moyens financiers, sur la période de disponibilité, sur les actions réalisées sur

le terrain en lien avec mes compétences et capacités et enfin sur mes hypothèses de travail.

Le domaine de l’humanitaire m’intéresse et m’interpelle tant il fait appel à des ressources

humaines singulières, individuelles et à la fois toutes autres : budgétaires, financières,

logistiques, politiques…, et tant sa définition peut varier suivant le type d’aide apporté !

Différentes idéologies sous-tendent l’aide humanitaire, c’est pourquoi nous pouvons évoquer

une assistance, un accompagnement, une coopération, un partenariat, … Effectivement, dans

le cadre d’une mission humanitaire d’un mois, autrement dit, d’une mission à court terme,

nous pouvons nous demander quelle aide j’allais apporter dans une école primaire d’un

village du Burkina Faso? De toute évidence, l’objectif de l’aide humanitaire n’est autre que la

prévention et l’allègement de la souffrance humaine. L’aide est principalement destinée aux

personnes vulnérables. Selon J. C. Lavigne et B. Lestienne" l’aide consiste à intervenir en

faveur d’un autre et le mot a cependant une dimension unilatérale et asymétrique… ; le plus

fort aide le plus faible… ". A mon départ je ne me sentais pas supérieure et parée pour partir

aider une population " vulnérable ". J’avais conscience et connaissance autant que se peut, de

notre positionnement planétaire, du pays dans lequel j’avais décidé de partir, à savoir, un pays

en voie de développement où un tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

Cependant, de toute évidence, en cette période de l’année, compte-tenu de la situation

économico-sociale puis politique de ce pays d’Afrique du Nord, le Burkina Faso, celui-ci ne

me semblait pas victime de catastrophes d’origine naturelles ou humaines. Il ne témoignait

pas non plus de crises structurelles soutenues par une rupture politique, économique, sociale,

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comme l’estime la législation européenne dans son Règlement du Conseil du 20 Juin 1996.

Par conséquent, quel type d’aide pouvais-je alors fournir ? Quelle place aurai-je au sein de

l’association ? De plus, dans une telle mission, la psychologie a-t’elle a sa place ? Au-delà de

cette recherche quelque peu subjective, je tentais notamment de découvrir le fonctionnement

d’une association humanitaire et le travail d’équipe. Ceci, afin de voir si au-delà de la pratique

de ses bénévoles, une association en elle-même, de par son nom et sa présentation avait un

impact sur le terrain. Il s’agissait en quelque sorte d’observer si une organisation non

gouvernementale, en l’occurrence "Urgence Afrique" en ce qui concerne ma mission,

représente une idéologie, une action, plus encore, est-ce qu’elle endosse une identité nationale

où les valeurs de la France en ce qui nous concerne, serait un moyen de la représenter auprès

des populations locales et d’user de cette image renvoyée pour s’insérer et s’intégrer dans un

système en voie de développement totalement différent du système européen. Autre

questionnement, concernant cette fois les bénévoles acteurs sur le terrain des objectifs de

l’association : fondamentalement, ne serait-elle pas une source narcissisante impactant

prioritairement sur le type de fonctionnement psychique du bénévole, bien plus que sur son

comportement normalement dédié aux besoins d’une population ? J’entends que certaines

personnalités pourraient se perdre dans leur rattachement à l’association, et démesurer la

relation effective que recèle une mission humanitaire c'est-à-dire la relation d’aide : aidant-

aidé. Aussi bien avant mon départ pour le Burkina Faso que durant le mois passé au sein du

pays, une interrogation demeurait. En effet, je me suis demandée si certains bénévoles ne

s’abandonnaient pas derrière le signifiant d’une telle organisation estimant leur propre action

maintenue ou réalisée par les tierces membres de l’association. Leur adhésion financière étant

alors justificative de leur engagement. Par conséquent, s’ensuit un autre questionnement : de

quelle nature est l’engagement d’un bénévole à une organisation humanitaire ?

Je suppose que se voile fondamentalement sous chaque engagement une quête personnelle

mais que par définition l’humble portée d’une action « humanitaire » estompe, par les motifs

d’un engagement dit: "idéologique ", "altruiste ", "spirituel ", "expérimental ", "

professionnalisant ou professionnel ",…

Dans un premier temps ce rapport tentera de démontrer ce qu’est « être bénévole » le temps

d’une mission donné, dans une organisation humanitaire. Ceci sera explicité au travers de la

présentation de l’association Urgence Afrique puis de mes actions au sein d’une classe de

soixante-quinze élèves âgés de sept à onze ans. Dans une seconde partie, après un mois de

bénévolat, j’exposerai mon constat et mes propositions de développement. Enfin, je conclurai

apportant des éléments de réponse à mes questionnements de départ.

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Signer une convention de mission solidaire d’une durée d’un mois au sein d’une

organisation non gouvernementale représente un engagement à part entière. C’est en toute

responsabilité et avec une grande détermination que j’ai décidé de m’inscrire sur le site de

l’association " Urgence Afrique " en Novembre 2011. Après avoir démontré mes motivations,

mes intérêts et avoir présenté mon parcours professionnel lors d’un entretien avec la

responsable de l’association chargée de programmes, ma demande d’adhésion a été acceptée,

et c’est ainsi que j’en suis venue à signer la convention dite "mission solidaire ". L’association

"Urgence Afrique" a été créée le 20 Décembre 2006. Selon la loi de 1901 c’est une

association d’intérêt général à but non lucratif. Elle a pour objectif de venir en aide à des

populations isolées d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Togo, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Sénégal)

au moyen de programmes d’aide centrés sur le développement économique, la santé et

l’éducation. Ses valeurs sont le respect des communautés avec lesquelles elle travaille, le

professionnalisme de ses équipes et la transparence de ses actions. Elle propose aux bénévoles

de personnaliser leur action en fonction de leur compétence, de leur disponibilité et de leur

choix de séjour.

Ses membres se composent du président de l’association Lombart Olivier, ainsi que d’une

responsable du bureau France, Lotz. A et d’une chargée de programmes, Deneboude. E.

N’oublions pas de stipuler le conseil d’administration (15 membres) et les antennes

d’Urgence Afrique à Marseille, Amiens, Bruxelles puis au sein du continent africain, au Togo,

au Sénégal, au Burkina Faso, au Bénin.

Partir en mission humanitaire au sein de cette association résulte d’un coût financier à ajouter

au paiement personnel du billet d’avion.

La mission éducation en milieu rural au Burkina Faso avait pour thème fixé par l’association

" la solidarité internationale et les rapports interculturels ".

Adhérer à une telle association et partir à l’étranger nécessite des démarches administratives,

des consultations et certificats médicaux incluant des vaccinations, ce qui en définitive, prend

beaucoup de temps et sincèrement revient tout compte fait à de conséquentes dépenses

financières. L’association prend en charge les frais de transport aéroport-logement au sein de

la capitale du Burkina Faso dans la maison réservée aux bénévoles mais aussi les

déplacements allers-retours hebdomadaires de Ouagadougou à Niou (puisque le bénévole est

censé rentrer chaque week-end dans la capitale). Les trois repas de la journée à Niou sont pris

en charge par l’association et cuisinés par Pouspoko, la dame de référence au sein du

campement des bénévoles au village.

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Il est convenu que le bénévole s’inscrivant pour la réalisation de la mission éducation, prenne

en charge la classe ou un groupe d’élèves après avoir assisté l’instituteur(rice).

Ce rapport est selon moi destiné à exposer les faits réellement vécus sur le terrain. En

cela, je commencerai par dire qu’il est normalement prévu d’après les termes de la

convention, qu’un rendez-vous avec le directeur de l’école soit pris afin que celui-ci et le

bénévole s’accordent sur la classe attribuée à ce dernier. Le lundi 13 Février je n’ai nullement

pu m’entretenir avec le directeur puisqu’il devait me recevoir à 15h dans son bureau et qu’à

15h50 il n’était toujours pas arrivé. Quelque peu impatiente de commencer la mission, j’ai

donc décidé de faire moi-même le tour de l’école et me suis permise de me présenter au

groupe d’institutrices qui à 15h30, discutaient encore dans la cour. Précision ayant son

importance, les horaires de classe sont de 7h30 à 12h puis de 15h à 17h.

C’est lors de ses présentations que j’ai témoigné " mes préférences " et illustré mes ressources

" pédagogiques " pour éventuellement intervenir en classe de CE1 car la classe de CE2 et

CM1 étaient déjà prises par deux autres bénévoles françaises. Restaient alors le CM2 ou bien

les classes de CP1 et CP2 concernant des enfants de plus jeune âge parlant très peu la langue

française d’après les enseignantes. Par conséquent, dès 16h j’assistais à l’enseignement de la

classe des CE1. Au nombre de soixante-quinze élèves âgés de sept à onze ans. Alors,

j’observe des élèves qui en présence de leur maitresse, à priori, me semblent très disciplinés.

Le cours se compose d’une lecture, de calcul rapide sur ardoise et de correction d’exercices.

Sur le bureau de l’institutrice sont entassés les cahiers de devoir des élèves. C’est avant

d’effectuer la correction collective de leur exercice que je suis surprise d’observer quelques

élèves se diriger vers le bureau sans aucun signalement de la maitresse ni même transition

entre le temps de calcul et le temps de correction. Effectivement, ils allaient retirer leur cahier

et effectuer la distribution des autres à leurs camarades. Je suppose dès ce moment là que

laisser les élèves faire ça constitue un prélude à un certain conditionnement de la part de

l’institutrice envers ces derniers, mais je me laisse du temps pour ne pas tirer de conclusion

hâtive. Cependant, dès à présent je peux vous informer que ce procédé se sera reproduit tout

au long du mois. Toutes ces fois m’ont démontré une classe qui se dissipait très rapidement et

était foncièrement désordonnée. Dès cette première vision j’envisageais de discuter de ce

procédé avec l’institutrice puisqu’au-delà de l’absence de communication entre elle et les

élèves( lorsqu’ils se mettent à se lever sans injonction aucune de la part de cette autorité et

qu’ils s’accordent entre eux, sur qui parmi tous, va distribuer les cahiers ) il y a aussi le fait

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que celle-ci ne démontre pas, selon moi, un comportement exemplaire. Effectivement,

lorsqu'elle participe à la restitution des cahiers (il y a tout de même soixante-quinze élèves

donc la restitution peut prendre du temps si elle ne se résume qu’aux mains des enfants et tout

compte fait, à leur manque d’efficacité tant ils se bousculent au milieu des rangs et

parviennent difficilement à distinguer le nom du propriétaire du cahier), celle-ci les jette au

sol après avoir appelé leur détenteur sans même attendre que les élèves aient le temps

d’arriver jusqu’à elle pour les récupérer entre ses mains. En conséquence, je soulève par cette

première observation un problème qui s’avèrera de façon répétée dans d’autres situations, il

s’agit de la transmission. La transmission de l’ordre physique comme de l’ordre verbal ! En

effet, je pense qu’il y a une absence profonde de transmission au sein de l’école et cela se

remarque non seulement par l’emploi du chicotage ( le fouet était l’outil pour toucher l’enfant

donc aucun lien direct, pas de toucher, pas de transmission ) et le manque d’informations de la

maitresse auprès des élèves, ne serait-ce pour avertir de ses absences (qui furent nombreuses).

Il y a de plus, une absence de transmission culturelle effective. La transmission finalement

assimilable à un don démontrerait donc que le don n’est pas fréquent au sein de l’école et je

peux attester que malheureusement, il est tout aussi rare au sein de la population burkinabée.

Je ne souhaite nullement généraliser mes propos mais après avoir parcouru de nombreux

villages avoisinant Niou, entamé de nombreux et variés échanges avec ses résidents, et après

avoir notamment marché au sein de la capitale, sympathisé avec des voisins, puis débattu

entre autres, sur les prix des articles au sein de Ouagadougou, j’ai pu constater

qu’inéluctablement cette observation faite à Niou se révèle tout aussi clairement en milieu

urbain. Certes, pouvons-nous dire que la vente d’articles est nullement assimilable à un don,

un commerçant se doit d’obtenir son dû. Or, comme je l’ai écrit, j’ai « débattu » longtemps

avec certains artisans, ayant même tissé des liens amicaux avec l’un d’entre eux à force de

rencontres et je n’ai en rien perçu dans leur parole, un minima de valeur du don tant ils

semblaient obnubilés par les intérêts financiers (plusieurs d’entre eux m’aborderont même

fréquemment pour me vendre leur article et me dire qu’un blanc a de l’argent il peut acheter et

payer son taxi sans toujours vouloir négocier). Bien-sûr nous pouvons tenter d’expliquer cela

par leur condition de vie, leur moyen financier, mais tout de même, un don n’est pas que

pécunier. Sa nature demeure diverse. Il peut être culturel, corporel, … L’éducation est le

principal vecteur de la transmission culturelle, elle contribue à structurer un groupe d’une

façon la plus large et la plus durable, je pense que les membres pédagogiques ont un grand

rôle à jouer dans la scolarité des enfants burkinabés.

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La première semaine du mois mes actions se réalisaient essentiellement dans l’assistance à la

maitresse, puis à partir de la seconde semaine cette dernière s’est absentée devant corriger un

examen des CM2 avec les autres instituteurs de l’école. En conséquence, elle m’avait donc

averti de cette absence mais une absence de deux jours était prévue et non d’une semaine

entière. Au final, durant cette semaine où j’ai endossé le rôle de l’institutrice j’ai suivi les

recommandations de la maitresse consistant en " ce sont des élèves de CE1, vous leur faites

faire surtout la lecture, un peu de vocabulaire et beaucoup de calcul. Et ça devrait aller. ".

Lorsque je lui ai demandé si parmi " ce programme ", des activités plus ludiques pouvaient

aussi se faire, celle-ci m’a répondu que le coloriage pourrait trouver sa place parmi la lecture

et le calcul mais que de toutes façons il serait " compliqué de les faire dessiner étant donné

que la plupart n’ont pas de crayons de couleur ou feutres ". En définitive, j’ai compris qu’il

fallait que je suive la ligne directrice donnée par l’institutrice mais qu’il était à moi de faire

preuve de pragmatisme, d’initiative et de professionnalisme pour être utile aux élèves. Voici

alors les actions que j’ai accomplies avec les enfants durant ce mois :

- La lecture : Lecture de texte suivant leur manuel et lecture à partir de livres empruntés à

la bibliothèque de l’école. A partir de ces derniers comme du premier, nous travaillons le

vocabulaire. Je tentais avec les contes ou atlas empruntés à la bibliothèque de leur faire

travailler leur imagination et leur imaginaire dans le but de dévoiler leur système de

représentation et d’identification.

- Le calcul : Addition, soustraction, division, multiplication rapide sur ardoise.

Pose et solution d’opération puis de problème.

Récitation des tables de multiplication (3, 4).

Apprentissage des tables de multiplication 5, 6 et 7.

- La dictée : J’ai inventé une histoire reprenant des éléments de leur vie quotidienne ( le

champ, le marché, le mil, papa, maman, apprendre les leçons, …), incluant leur culture et

coutume afin qu’ils sachent orthographier ce qu’ils prononcent très bien mais ne savent

écrire. En effet, j’ai remarqué une grande discordance entre leur parlé, l’émission d’un

mot et l’orthographe qu’ils en font menant parfois même chez nombre d’entre eux à se

demander s’ils n’auraient pas des problèmes diagnosticables d’un corps professionnel

para-médical tels l’orthophoniste et dans une autre mesure, la psychologie afin d’y

repérer un retard mental ou un traumatisme influant sur les capacités d’apprentissage de

l’enfant. Après avoir inventé un ensemble de phrases pour constituer la dictée, je leur ai

dicté et ensemble, nous avons fait la correction. Plusieurs élèves venaient à tour de rôle

au tableau.

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- Exercice de grammaire : Trouver les adjectifs qualificatifs dans le texte de la semaine.

Préalablement, la maitresse leur avait fait une leçon sur les adjectifs qualificatifs, j’ai

donc repris un support qu’ils semblaient bien maitriser, à savoir la lecture de la semaine

(texte lu chaque matin et chaque début d’après–midi durant 1h15) estimant qu’il serait

plus agréable et moins difficile pour eux de travailler sur une matière connue. Que nenni,

cela n’a fait que me montrer combien les enfants une fois sortis du texte, ne parviennent

pas à reprendre la lecture d’une phrase en plein milieu de texte et ont un problème

évident avec la sémantique. Alors comment remédier à cela ? Si une classe de CE1

démontre tant de lacunes s’imposent d’inquiétants questionnements sur leur éducation

lors des classes de maternelle et de CP1, CP2. Quant à l’impact de l’éducation que sont

censés transmettre les parents, nous pouvons nous demander si eux-mêmes connaissent

les valeurs d’un système scolaire et si un minimum de langue française est parlée entre

membres de la famille. Les élèves de la classe de CE1 de 2011-2012 à un tiers ne parlent

pas un mot de français mais uniquement de mooré. .

- Leçon sur les pronoms « on et ont » avec exemples inscrits au tableau suite à ceux

donnés oralement par les élèves. Leçon substituée d’un exercice à trous.

- Leçon de géographie sur la nature et le ciel (l’arbre et sa composition, le ciel et ses

astres). Leçon accompagnée d’illustration au tableau et incluant un exercice à répondre

dans leur cahier.

- Chant : « Sur le pont d’Avignon » avec une petite chorégraphie et à inscrire avec une

illustration dans le cahier de leçon. La maitresse annoncera un jour aux élèves que c’est

ce chant qu’ils exposeront lors de leur évaluation de fin d’année. Je fus surprise du choix

et émue d’entendre cette annonce car jusqu’à cette troisième semaine de bénévolat, elle

n’avait jamais daigné me demander ce que j’enseignais aux élèves. Soudainement, un

jour où elle devait faire effectuer le temps de chant hebdomadaire aux enfants, ceux-là se

sont exclamés " Sur le pont d’Avignon ". L’institutrice les a alors écoutés et de la joie se

lisait sur son visage. Pour moi, ceci s’apparentait à un signe de contentement.

- Dessin : Sur une moitié de feuille A4 blanche, chaque élève devait se dessiner, se

représenter et notifier son identité en haut de la feuille.

Coloriage.

J’ai notamment encadré des groupes en difficultés de 14h à 15h afin d’établir un suivi

individualisé mais le projet n’a pu réellement se concrétiser puisqu’au bout de deux semaines,

certains ne venaient plus ou bien d’autres étaient trop dissipés. Je finissais donc par les punir

en les faisant sortir de classe pour ne pas déranger et fatiguer davantage leurs camarades lors

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de ce temps supplémentaire aux heures d’école inculquées. Je tiens à préciser que suite à ma

proposition de venir une heure de plus dans la journée, l’institutrice m’avait adressé son

accord et même soumis de prendre la classe entière pour lui faire faire essentiellement la

lecture du texte de la semaine. Ceci sachant que de 15h à 16h environ, les enfants effectuaient

la lecture à tour de rôle. Après quelques jours à tenter d’accomplir au mieux sa préférence,

j’ai finis par lui faire remarquer l’incohérence de cet emploi du temps et du contenu de cette

heure donnée en plus. Je lui soumettais donc mon avis, à savoir : face à l’urgence de certains

niveaux d’élèves, ils seraient bien plus judicieux de constituer des sous-groupes de suivi. Non

pas pour stigmatiser les élèves mais bien pour leur apporter un soutien nécessaire,

individualisé, adapté. Cela s’est réalisé. Au bout d’une semaine je remarquais déjà une

certaine prise de confiance chez certains d’entre eux, quelques progrès dans l’articulation, la

reconnaissance des mots, leurs sens et l’écriture. En effet, une dizaine d’élèves n’écrivaient

nullement sur la ligne, et hachurer facilement leur encre. Il fut pour moi qui me dirige

nullement dans le milieu éducatif, touchant de constater leur concentration lors de la lecture

en classe entière et la pratique de mes conseils (ne serait-ce suivre la lecture à l’aide du doigt,

à l’oral reprendre la phrase sur laquelle on a butté afin de la lire d’une façon plus censée et

agréable pour les locuteurs, etc…).

Lors des heures de présence de la maitresse en classe, mes actions ont principalement consisté

en l’accompagnement et au soutien d’élèves en difficultés, en demande, ou simplement, à ma

participation lors d’une vision d’erreur sur leur cahier ou d’un conseil à leur véhiculer. Je

passais donc à plusieurs reprises dans les rangs. Enfin, lors des leçons ou interrogations orales

de la maitresse, j’observais avec grande attention et plaisir ces enfants. L’institutrice leur

adressait des leçons de grammaire, de symétrie, d’observation sur des thèmes tels que les

animaux sauvages, le corps, mais aussi des leçons d’histoire (sur la temporalité,..).

Faire une mission humanitaire d’éducation nécessite une certaine adaptation, et

acculturation de la part du bénévole sans omettre bien-sûr, des compétences personnelles,

telles que la patience, la discipline, la diplomatie, la création, le sens de la responsabilité, de

l’initiative… De plus je pense que pour mener à bien sa mission il doit tenir compte des codes

sociaux de la population qu’il rencontre, respecter aussi leurs pratiques d’apprentissage en

dépit d’une éventuelle atteinte psychologique (le choc) et d’un désaccord avec celles-ci.

J’entends par là que le chicotage ou l’agressivité verbale de l’institutrice envers les élèves

telle que " Tu ne sais même pas t’asseoir correctement avec tes gros yeux là…On ne voit que

ça tes billes de gros yeux " ou encore " Avec ta tête de rat, nul tu seras toujours comme ça,

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imbécile va!" produisent un effet castrateur chez l’enfant ayant pour but de limiter sa

jouissance ( à entendre dans ce contexte comme principalement, calmer ses désobéissances et

saupoudrer de manque une nouvelle fois, sa faille narcissique originelle). Voyons alors dans

cette seconde partie de rapport mes propositions quant au développent tant éducatif,

psychologique que socio-économique de l’école centrale de Niou.

« Humanitaire » déchue, si l’on peut dire tant je me suis retrouvée face à du vide. Le

vide de l’association humanitaire, à savoir, aucune donnée matérielle à observer et à utiliser

sur le terrain. L’association semble n’avoir aucun lien avec l’école et ses membres si ce n’est

celui de la frustration selon certains dires d’enseignants. Effectivement ils attendent depuis un

an une trace concrète et effective des actions que défend l’association. Ceci peut se justifier

d’après les dires de cette dernière, par la construction de projets à long terme et la récolte

financière de plusieurs adhésions. Cependant malgré le discours tenu par les pédagogues

présents, il est important de noter notamment chez eux-mêmes, un vide, vide de

communication et de connaissances sur les bénévoles de l’association et son adhésion à

l’association. Remarquons donc que l’absence de signature " Urgence Afrique ", l’absence de

matériel nie à l’image que mériterait l’association compte-tenu de sa défense à ce sujet en

prévalent l’argument d’une action à long terme. Il n’empêche que l’équipe pédagogique,

d’après ses dires, tend aujourd’hui à revoir son partenariat avec cette association. Lorsqu’elle

m’a évoqué cette donnée j’ai tenté de l’en dissuader essayant de lui reporter les garanties

prônées par l’association mais quel poids peut avoir la parole d’un bénévole placé là comme

messager et ayant peu de moyens entre ses mains pour apporter ce que rechercherait

davantage l’équipe, à savoir du matériel plus que du subjectf ?

Le vide je l’ai de plus ressenti jusqu’au sein de moi-même parce que cette culture et les

conditions de vie demandent tout de même un certain équilibre psychique et une force

mentale tant elles peuvent être lointaines et différentes de la nôtre nécessitant rapidement des

capacités d’adaptation (climat, nourriture, habitude de vie, distance de ses proches en France,

usage de la langue française car par exemple, nous n’avons pas les mêmes emplois de mot.

Les autochtones emploieront "gâté" pour dire "finit ou abîmé " " parti " pour signifier le décès

d’une personne,... De surcroit, il importe de préciser notamment que le coût de la vie n’est pas

le même, il faut donc avoir une certaine maitrise des changes financiers et une certaine

connaissance des valeurs marchandes. Enfin, la religion et l’approche de l’islamisme et du

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christianisme puis de l' animisme, est différente de la française .). J’ai vite senti en mois le

vertige des pensées et des sentiments… Je ne parvenais plus à les réfléchir, à les palper

toutefois, je les savais juste en dessous de moi, en osmose… peut-être était-ce un mécanisme

de défense mis en place de ma part inconsciente, sachant l’importance de la maitrise de soi et

de l’ouverture à l’autre dans un pays de surcroit, étranger. Probablement, oui, était-ce une

façon de me protéger dans l'objectif de bien vivre cette expérience humanitaire.

Le rationnel est peu exploité, les affects très peu démontrés que ce soit lors de plusieurs coups

de fouet reçu par un enfant ou simplement d’une preuve d’attachement et d’affection au sein

même d’une famille. La communication est très pauvre, ne serait-ce par l’usage encore massif

du dialecte mooré. Les enfants scolarisés, comme les familles des villages, les commerçants et

habitants de Ouagadougou semblent avoir des difficultés ou bien sont simplement inintéressés

par le fait de créer une discussion avec un bénévole. Je dirai même avec tout discernement et

sans jugement aucun, mais bien plutôt avec regret que la population burkinabée semble de

prime abord complètement indifférente à la présence d’un bénévole, autrement dit, d’ " un

être aidant "son pays. Alors nous pouvons nous demander si c’est par orgueil ou par racisme

ou par une simple différence de conception de l’aide humanitaire,… La question reste

ouverte. En revanche, à l’indifférence pour la personne en action humanitaire, se note un

intérêt particulier pour la personne endossant l’apparat du touriste. Délicat pour les burkinabés

de le reconnaître lorsqu’on a la volonté de leur faire remarquer leur attitude désinvolte à notre

égard. En somme dès les premiers jours tout cela peut donner l’impression d’être inutile sur

ce morceau de terre africaine et plus encore, de ne pas être acceptée, de ne pas être voulue, et

encore moins attendue. Se révèle alors fondamentale une compétence interculturelle à avoir

pour qu’un remaniement culturel et de repositionnement identitaire puisse avoir lieu mais

aussi, pour que le missionnaire n’ait pas le sentiment d’être dévalorisé, menacé. En effet, il

s’agit d’une compétence à vivre l’étranger ou autrement dit, à développer une compétence à

l’étrangéité. C’est donc la capacité de maitriser l’étrange, de le situer dans son propre système

de coordonnées, de supporter l’angoisse liée à laisser exister à côté de soi ce qui est étranger

dans le but de pouvoir le découvrir ensuite, comme une source d’enrichissement. De toute

évidence, ce qui est étrange et étranger nous laisse toujours un peu à distance, jusqu’à

connaitre le gout de l’exclusion. C’est justement la compétence interculturelle du bénévole

qui va consister à accepter cette incommunicabilité, cette exclusion au point de se l’approprier

et d’y remédier par des stratégies de remaniement culturel. Les enfants crient et poursuivent

" le français " sur des kilomètres l’appelant voire " l’injuriant ", " Nassara ". La population

des villes dans ce pays en voie de développement ne m’a pas frappé par sa pauvreté et je n’ai

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entendu ni chez elle ni dans la parole des villageois, les plaintes d’une souffrance due à un

éventuel faible niveau de vie. Pourtant indéniablement, il s’agit d’une population en besoin,

besoin de soin, besoin d’éducation, besoin de développement technologique, écologique,…

Au besoin à formuler s’est amorcée une demande fondée sur le désir. Or, il s’agit selon moi

d’une demande manifeste pouvant être reçue de prime abord, comme incohérente, insolente.

En effet, lorsque des enfants du village viennent jusqu’à la maison des bénévoles, se cachent

derrière la barrière de paille délimitant la propriété de la maison aux chemins du village, et

espionne le bénévole jusqu’à ce qu’ils finissent par être vu et que le bénévole lui demande ce

qu’il fait là, celui-ci répond d’emblée: «- Je demande un bic "( à savoir qu’un bic est le nom

donné à tout stylo). Plus encore, des enfants comme des adolescents de tout âge peuvent

suivre nos pas sur des kilomètres jusqu’à nous rattraper et ne rien dire une fois face à nous. Il

faut alors savoir accueillir cette attitude parfois déroutante. En ce qui me concerne, je saluais

la personne, lui demandais comment elle allait et ce qu’elle désirait pour me suivre comme

ceci. Elle me répondait: " - Je veux un bic ". De la part de l’institutrice de la classe des CE1

la demande est aussi à analyser parce qu’en son cas il s’agit là davantage d’une demande qui

se doit d’être formulée étant donné son rôle. Or, comme je l’ai dit plus haut, aucune question

n’a été posée par celle-ci sur le contenu de mes interventions. Lors de ses absences prévues

pour cause de session de correction avec ses collègues par exemple, ou pour rendez-vous

médical, celle-ci ne m’a jamais demandé d’intervenir de telle et telle façon auprès des élèves

hormis à sa première absence sur une quinzaine, lorsqu’elle ne me demanda pas mais

m’imposa, de faire travailler la lecture et le calcul aux enfants. Aux vus de ces éléments puis

des comportements et réactions des bénévoles présents lors de ma période de mission, je

pense qu’il est important de préciser que la demande est à étudier chez cette population. Il ne

s’agit pas seulement d’entendre la demande manifeste et d’y répondre avec empressement, il

s’agit aussi d’entendre la demande latente! Autrement dit, le bénévole doit chercher le sens de

la demande, c'est à dire le caché, le non dit, permettant ainsi un échange et très probablement

une intervention plus efficace sur le terrain. Mais face à la dissemblance de l’usage de la

langue française, au recours au mooré pour les burkinabés, ainsi que bien souvent aux

problèmes de temps pour les bénévoles, puis parfois même aussi, à une formation

professionnelle trop limitée, la réponse peut être faite sur la demande manifeste, ignorant la

demande latente et ne permettant pas une ébauche de prise en compte du désir apparent.

Derrière ce désir apparent s’origine bien souvent un besoin… Ce qui signifie que c’est par ce

moyen là que le bénévole pourra percevoir le besoin de la population et retrouver une raison

de portée humanitaire à sa présence sur un territoire étranger. En définitive, il me semble que

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derrière la demande se dissimule souvent bien des choses concernant la réassurance, le besoin

d’aide ou la demande d’amour! Délicate attention que doit donc porter le bénévole à la

population et d’autant plus aux enfants de l’école dans laquelle il intervient. Mon expérience

m’amène à dire que le bénévole n’a plus seulement le statut de bénévole sur le terrain car on

lui octroie le rôle (de substitution) de l’institutrice ou de l’enseignant tant ces derniers peuvent

se reposer sur leur présence. L’association "Urgence Afrique" est donc finalement représentée

par la présence d’un bénévole. Seul effet pour l’instant, de son partenariat avec l’école et cette

dernière d’après moi, sait très bien en jouer...

A défaut d’ambition (effectivement l’école pourrait d’elle-même entreprendre des actions de

développement, créer et proposer des projets. Personne ne m’en a fait part.) puis à défaut

d’user de matériel adapté à ses besoins, de consacrer de son énergie pulsionnelle à l’entretien

des locaux et des fournitures scolaires, l’équipe pédagogique de l’école de Niou consume la

personne actrice et représentative des valeurs prônées par l’association. En ce sens je veux

dire qu’elle laisse une totale autonomie et indépendance au bénévole, ne l’encadrant

nullement ou que très peu dans son programme d’éducation. Je ne m’étendrais pas sur les

absences répétées des institutrices et le fait que le bénévole se retrouve seul dans une classe

d’environ (au minimum !) soixante élèves. Je ne m'étendrais pas non plus sur la non

ponctualité de celles-ci, sur leur agressivité verbale en supplément d’une agressivité physique

qu’elles disent souvent, ne pas aimer. J’ai vu l’institutrice de la classe des CE1 dès mon

deuxième après-midi de présence, fouetter soixante-trois élèves sur soixante-quinze, leur

attribuant plusieurs coups suivant le niveau de note obtenue à un devoir. Ce temps de

chicotage a duré quarante-cinq minutes. Le lendemain alors qu’elle s’énervait sur un enfant

dissipé et de plus, en difficultés d’apprentissage, elle me disait ne pas supporter fouetter les

élèves mais qu’il n’y a que comme ça qu’ils se calment et apprennent un peu" donc " elle va

" recommencer". Je lui ai répondu : "- Si vous le jugez nécessaire… mais peut-être y aurait-il

une autre manière de leur faire apprendre leur leçon et comprendre la discipline".

- J’ai tout essayé avec eux, il y en a qui redoublent pour la troisième fois, il y en a qui ne

savent même pas écouter, qui viennent en classe pour dormir, il y en a qui comprennent et

apprennent en classe mais qui une fois rentrés à la maison oublient tout parce qu’ils ne

pensent qu’à s’amuser, ils partent s’amuser. Si vous savez quoi faire pour les rendre plus

sages, dites moi ce qu’il faut faire car moi, je ne sais plus. Vous, vous devez savoir en plus

avec vos études. » argumentait-elle.

Je lui conseillais alors de punir les enfants à travers des pages de rédaction, de recopiage de

tables de multiplication par exemple, sur des pages et des pages afin qu’ils apprennent à se

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concentrer d’une part, sur un espace donné et d’autre part, qu’ils finissent par mémoriser leur

leçon à force de répétition. Sans oublier que par ce moyen ils pourraient notamment s’attacher

à rendre un travail propre, compréhensible, lisible. L’institutrice paraissait conquise par ce

conseil. Elle a essayé de l’appliquer dès les minutes qui ont suivi. Une fois aura été sa

première et dernière tentative de changement de punition…

En supplément du coût d’adhésion à l’association, le bénévole dans la plupart des cas, amène

des fournitures scolaires à l’école centrale de Niou, et là encore, je pense que cet apport est à

développer car les fournitures sont soient mal distribuées, soient stockées dans l’attente d’en

recevoir davantage du même type. Les élèves quant à eux, mordillent, dessinent sur leur peau,

jouent et finalement perdent les stylos. Ils consument eux aussi, et bien trop vite, ce que le

bénévole français leur donne pensant subvenir à leurs besoins éducatifs primaires. Car

effectivement, les élèves ont besoin de stylos et si possible de stylos à encre bleu, rouge, vert,

noir. Ils ont notamment besoin de crayons de couleur et/ou de feutres ainsi que de règle et

d’équerre. Ensuite, je pense qu’il y aurait grand intérêt à revoir les tables (leur structure et leur

agencement) et la lumière dans les classes. Enfin, il serait fort judicieux d’envisager la

construction de salles avoisinantes aux salles de cours. Elles seraient alors réservées au temps

de soutien et de suivi pour les élèves. Pourquoi ne pas inclure au sein d’elles-mêmes, même si

le mieux serait d’y séparer, un espace médiathèque. Mais la priorité reste selon moi, un

endroit isolé, insonorisé à mettre à disposition des élèves suivis par des institutrices ou des

bénévoles. Je pense que pour construire des projets et les réaliser il faut avoir en tête la racine

même du problème afin de remédier à celui-ci dans ses profondeurs et non dans sa

superficialité. Dans l’immédiat, à la construction spécifique d'une bibliothèque comme

l'envisage l'association, prime d'après moi, la nécessité de classes correctement agencées,

éclairées, puis spacieuses afin de permettre aux élèves de s’asseoir et s'installer avec un

minimum de confort. Actuellement, beaucoup sont debout et se gênent tant ils sont serrés

pour recopier leur leçon. Après discussion avec les bénévoles (en classe de CE2 et CM1)

présentes à cette même période, il s’avère que plus d’un quart des élèves ont des difficultés à

parler la langue française et à la lire. Résolvons donc ce problème au moyen de classe

réajustée et d’instruction avisée de la part du corps professoral avant de miser sur une

bibliothèque. Celle-ci ne semble pas être la racine du problème, elle ne fait que le recouvrir.

L’urgence au sein de cette école reste selon moi, l’apprentissage et non les activités ludiques.

Si comme elle le prétend, l’association "Urgence Afrique" a de conséquents projets à réaliser

et s’applique à les mettre en œuvre, je lui conseillerai de se consacrer dans une première

mesure aux principaux besoins de l’école et non aux désirs « manifestes » des personnes.

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VERS UNE CONCLUSION...

Effectuer une mission humanitaire dans le domaine éducatif est indéniablement une

source d’enrichissement. Le bénévole a pour objectif de venir en aide à une population où les

conditions de vie et d’apprentissage sont précaires. Par son bénévolat il participera à la

modification de ces conditions et apprendra beaucoup sur lui-même au-delà d’apprendre sur

une population étrangère. En effet, au-delà de ses connaissances, ce sont aussi ses savoir-être

et faire qui se verront nourris par ce contact avec l’autre. L’autre "cet étranger burkinabé " et

l’autre, bénévole français présent sur la même période. Je pense qu’il ne faut pas perdre de

vue que le bénévole est celui qui arrive de l’étranger que c’est donc à lui seul de tenir compte

du contexte dans lequel il va s’inscrire même si c’est lui qui apporte son aide. Il doit donc

respecter les règles et les codes du pays et ne pas imposer ses connaissances et compétences.

De plus, j’ai pu me rendre compte qu’il fera lui-même très vite l’expérience de son ignorance

quant à la langue et aux différentes coutumes du lieu. Il aura donc besoin d’aide lui aussi, et

cet aide viendra de celui qu’il vient aider! Il ne faut pas omettre le fait que le bénévole

représente l’étranger pour le burkinabé, qui d’ailleurs, le fait souvent ressentir par son

appellation " Nassara ".Dans cette rencontre de culture, dans cet interculturel, le risque est de

tomber facilement dans les préjugés et stéréotypes, justifiant ce " Nassara " par un racisme

des burkinabés à l’égard des européens. Une idéologie sur la hiérarchie des races ne me

semble pas expliquer cela. En effet, je suppose que derrière cette appellation de l’étranger doit

s’entendre l’objet de curiosité, de fascination et d’attirance que nous pouvons représenter

pour le sujet burkinabé. Je pense que la personne rentre toujours grandie d’un exil

géographique quelque soit son vécu et son ressentit : joyeux, triste, difficile,... En ce qui me

concerne ce mois passé au Burkina Faso a été un plaisir. J’ai pris du plaisir à interagir avec les

élèves de l’école, à fonder de belles relations avec des jeunes adolescents et femmes du

village, à entendre les différents discours des burkinabés, à découvrir leurs conditions de vie,

à fouler une terre sauvage et aride mais combien captivante par sa diversité et sa lumière.

J’espère que ma présence a été bénéfique aux enfants de l’école centrale de Niou car ma

volonté d’agir efficacement, concrètement et rationnellement n’a jamais cessé au cours de ce

séjour. La patience est de rigueur, la patience auprès de ses nombreux élèves et la patience

envers le Temps, afin de voir des projets enfin se réaliser. Je compte sur l’association pour

démontrer sa détermination et ses valeurs à l’équipe professionnelle de Niou qui semblait si

catégorique sur une rupture envisagée de son partenariat lors de nos aux-revoirs. Autre point

important à ne pas négliger, je conseillerai aux prochains bénévoles de garder une lucidité sur

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ses ambitions et actions ainsi que sur " la pensée magique " souvent exprimée par les

burkinabés. En effet, une grande majorité a aveuglément recours à la croyance religieuse pour

justifier ses comportements et ses désirs ainsi que soutenir ses attentes. Ma propre expérience

ne m’a permis de voir les mirages tant alloués au sol africain… En effet, je crois que la

brutalité de la réalité sur le terrain ne permet pas l’illusion.

Cette mission humanitaire m’a apporté un regain d’intérêt pour la psychologie et une soif de

découverte d’autres horizons et ethnies. Ayant beaucoup d’estime pour l’action humanitaire je

considère que de nombreuses problématiques complexes et délicates sont à étudier avant de

s’engager. Je pense par exemple, à la personnalité d’un humanitaire, à la structure d’une

association, au regard de la population aidée sur l'aidant.

Une partie des élèves de la classe CE1