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RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE Février 2013 | Numéro 2 Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich Production animale Engraissement de poulets et de lapins de chair suisses; rejets d’azote, de phosphore et de potassium Pages 60 et 92 Production végétale Apports en éléments nutritifs sur le blé d’automne – à partir de quand deviennent-ils limitants? Page 74 Eclairage Surfaces nécessaires à l'alimentation de l’agglomération bâloise mises en image Page 88

RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE - … · Chère lectrice, cher lecteur, En Suisse, les surfaces de colza ont augmenté de 60 % ces 15 dernières années. ... de phosphore (P) et de potassium

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Production animale Engraissement de poulets et de lapins de chair suisses; rejets d’azote, de phosphore

et de potassium Pages 60 et 92

Production végétale Apports en éléments nutritifs sur le blé d’automne – à partir de quand deviennent-ils

limitants? Page 74

Eclairage Surfaces nécessaires à l'alimentation de l’agglomération bâloise mises en image Page 88

Page 2: RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE - … · Chère lectrice, cher lecteur, En Suisse, les surfaces de colza ont augmenté de 60 % ces 15 dernières années. ... de phosphore (P) et de potassium

Dans l’engraissement de poulets et de lapins de chair, les rejets d’azote, de phosphore et de potassium sont impor-tants. Deux chercheurs (ALP-Haras et HAFL) ont analysé les teneurs en éléments nutritifs dans les aliments pour ani-maux, la viande et les rejets de poulets et de lapins de chair de production suisse. Leurs résultats sont résumés dans deux article du présent numéro. (Photo: Bell AG, Zell)

ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

EditeurAgroscope

Partenairesb Agroscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW;

Agroscope Liebefeld-Posieux et Haras national suisse ALP-Haras; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART)

b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berneb Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofenb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,

Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement

Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]

Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: [email protected]

Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP-Haras), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich)

AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch

AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]

Changement d'adressee-mail: [email protected], Fax +41 31 325 50 58

Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch

ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse

© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS

59 Editorial

Production animale

60 Performances en production cunicole suisse et

rejets d’azote, de phosphore et de potassium

Patrick Schlegel et Harald Menzi

Environnement

68 Symbiontes et arthropodes – quelles

implications pour la lutte biologique?

Alexandre Aebi et Renate Zindel

Production végétale

74 Apports en éléments nutritifs sur le blé

d’automne – à partir de quand deviennent-ils

limitants?

Lucie Gunst, Walter Richner, Paul Mäder et

Jochen Mayer

Production végétale

82 Sensibilité initiale de la septoriose du blé aux

fongicides SDHI (carboxamides)

Stéphanie Schürch et Thibaut Cordette

Eclairage

88 Surfaces nécessaires à l'alimentation de

l’agglomération bâloise mises en image

Adrian Moser et Claude Lüscher

Eclairage

92 Teneurs en azote et en minéraux des

poulets de chair

Patrick Schlegel et Harald Menzi

Eclairage

96 L’agriculture brésilienne a le vent en poupe

Urs Gantner

99 Portrait

100 Actualités

103 Manifestations

Listes variétales Encarts Listes recommandées des variétés de soja

et pois protéagineux pour la récolte 2013 Raphaël Charles et Jürg Hiltbrunner Liste recommandée des variétés de tournesol pour la récolte 2013 Didier Pellet Liste recommandée des variétés de maïs pour la récolte 2013 Alice Baux, Jürg Hiltbrunner, Jean-François

Collaud, Ulrich Buchmann et Mario Bertossa

SommaireFévrier 2013 | Numéro 2

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Editorial

59Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 59, 2013

R & D dans la culture du colza: coup d’œil dans le rétroviseur et perspectives

Chère lectrice, cher lecteur,

En Suisse, les surfaces de colza ont augmenté de 60 % ces 15 dernières années.

Si l’utilisation industrielle de l’huile de colza comme bio carburant contribue

à son expansion au niveau européen et mondial, c’est l’usage principalement

alimentaire qui soutient son développement en Suisse.

A l’heure où Agroscope organise un symposium international sur le colza

du 28 avril au 1er mai 2013 à Changins, revenons sur l’évolution de la culture

en Suisse et sur les résultats obtenus par Agroscope pour améliorer la pro-

ductivité du colza et la qualité de son huile.

Les rendements du colza ont progressé de 5 dt/ha en 12 ans et sont com-

parables à ceux obtenus en France, même si un quart des surfaces est cultivé

en Suisse en «extenso». Le choix des variétés les mieux adaptées à nos condi-

tions a significativement contribué à cette progression de productivité.

L’adoption rapide de variétés hybrides par les agriculteurs suisses (87 % des

surfaces en 2006, contre 25 % en France) a permis de réduire de 40 % les

densités de semis élevées pratiquées antérieurement. Pour tenir compte

de la progression des rendements, la norme de fumure azotée du colza a

été  relevée de 20 unités et atteint aujourd’hui, sous certaines conditions,

160 kg N/ha. Avec la baisse bienvenue des polluants soufrés dans l’air, des

apports de 30 ou 60 kg S/ha sont désormais souvent nécessaires pour éviter

les carences. Malgré l’affinement de ces techniques et d’autres succès en

protection des végétaux, des variations annuelles de rendement de plus de

30 % restent encore difficiles à maîtriser. La météo durant la période de flo-

raison du colza (rayonnement/température) explique la moitié de cette

variabilité.

En matière de qualité, la composition en acides gras de l’huile est essen-

tielle. La teneur élevée en Omega-3 (8 à 10 %) du colza classique pour la

cuisine froide est bénéfique pour la santé humaine. Le colza HOLL repré-

sente aujourd’hui 30 % des surfaces. Pour résister aux hautes températures

de la friture, son huile doit avoir une teneur en Omega-3 aussi basse et stable

que possible (actuellement 2,5 à 3 % ). On sait maintenant que le contrôle

des repousses de colza classique dans un champ de colza HOLL et la tempé-

rature durant la croissance du grain sont les deux facteurs qui influencent le

plus la teneur en Omega-3, donc la qualité et la valeur du produit.

Ces prochaines années, il s’agira d’obtenir des teneurs inférieures à 2 %

d’Omega-3 pour le colza HOLL, grâce à de nouvelles variétés, un contrôle

encore plus efficace des repousses de colza classique et une meilleure com-

préhension des effets du climat sur la synthèse des acides gras. Pour les deux

segments de marché, la proportion de colza dans la rotation devra être redé-

finie et des techniques culturales toujours plus économes en intrants déve-

loppées. A plus long terme, la R&D d’Agroscope devra contribuer à d’autres

améliorations pour une agriculture compétitive et une alimentation saine

au profit de notre société.

Didier Pellet, chef de groupe Céréales panifiables, Oléagi-neux, Pomme de terre; Agroscope ACW

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60 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 60–67, 2013

I n t r o d u c t i o n

Au cours des 20 dernières années, la détention profes-

sionnelle de lapins s’est profondément modifiée en rai-

son de la production séparée de l’élevage et de l’engrais-

sement. De plus, avec l’apparition de grandes unités de

production cunicole, le flux en éléments nutritifs de

l’azote (N), du phosphore (P) et du potassium (K) issu de

cette branche de production peut représenter une part

essentielle des flux en éléments nutritifs de l’exploita-

tion agricole. Les rejets d’éléments nutritifs s’appuient,

selon les «Données de base pour la fumure des grandes

cultures et des herbages» (Sinaj et al. 2009), sur des

calculs de 1990 effectués à partir de données provenant

d’exploitations cunicoles mixtes et sans consommation

de fourrage. Certes, des valeurs séparées pour les lapines

et les lapins d’engraissement ont été dérivées plus tard,

mais sans l’intégration de nouvelles données de produc-

tion ou d’indications relatives à l’alimentation (Agridea

et OFAG 2010).

Ce travail visait à relever, par le biais d’une enquête,

les flux en éléments nutritifs de la production cunicole

professionnelle. Les teneurs en éléments nutritifs des

rations et des lapins prêts à l’abattage ont été rééva-

luées et les rejets de N, de P et de K ont été calculés

séparément pour l’élevage et l’engraissement.

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

La présente enquête a été menée auprès de sept exploita-

tions d’élevage et douze exploitations d’engraissement,

affiliées à deux organisations de production. Sur chaque

exploitation, on a recensé des données de production

(mode de détention, génétique, alimentation et perfor-

mances) de même que le nombre d’animaux et de places

utilisées. Les  données de production suivantes ont été

relevées: a) poids vif (PV) moyen des lapines, cycle de sail-

lie, nombre de portées par an, quantité de fourrage et

d’aliment concentré distribuée par an, b) âge de sevrage

des lapereaux, PV au sevrage, quantité de fourrage et

d’aliment concentré distribuée par an, c) âge et PV des

lapereaux lors du transfert à l’engraissement, nombre

d’animaux transférés par an à l’engraissement, quantité

de fourrage et d’aliment concentré distribuée par an, d)

taux de remontes, quantité de fourrage et d’aliment

concentré distribuée par an, e) nombre de places utilisées

par des lapins d’engraissement, rotations annuelles, jours

Portée de lapereaux nouveaux-nés. (Photo: ALP-Haras)

Patrick Schlegel1 et Harald Menzi2

1Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras, 1725 Posieux, Suisse2Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen, Suisse

Renseignements: Patrick Schlegel, e-mail: [email protected], tél. +41 26 407 72 75

Performances en production cunicole suisse et rejets d’azote, de phosphore et de potassium

P r o d u c t i o n a n i m a l e

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Performances en production cunicole suisse et rejets d’azote, de phosphore et de potassium | Production animale

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Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 60–67, 2013

Ce travail visait à relever, par le biais d’une

enquête, la consommation de fourrage et les

rejets d’azote (N), de phosphore (P) et de

potassium (K) dans des exploitations d’éle-

vage et d’engraissement cunicole profession-

nel. Les lapines avaient en moyenne 6,4

portées par an. Les lapereaux étaient sevrés

entre 24 et 35 jours en fonction du mode de

détention post-sevrage. En engraissement,

5,2 rotations ont été effectuées par an, un

poids à l’abattage de 2,9 kg a été obtenu

avec un gain de poids de 42 g/jour et un

indice de consommation de 4,17. Basées sur

la matière fraîche, les teneurs corporelles en

N, en P et en K s’élevaient à respectivement

30,4, 6,5 et 3,1 g/kg et les teneurs alimen-

taires à des valeurs entre 21,4 et 23,8 g N, 5,0

et 6,0 g P et entre 13,5 et 14,9 g K selon la

catégorie animale. La part de fourrage dans

la ration était de 20 % chez les lapines, 15 %

chez les remontes et 9 % chez les lapins

d’engraissement. Les rejets annuels de N et

de P se sont révélés plus bas dans l’élevage

et plus élevés dans l’engraissement que les

valeurs utilisées jusqu’à présent. Les rejets

annuels de K étaient sensiblement plus

élevés dans la production cunicole que

supposé jusqu’à présent.

de vide sanitaire, âge et PV des animaux en début et en

fin d’engraissement, taux de mortalité. Dans chaque

exploitation, des échantillons des aliments concentrés dis-

tribués ont été prélevés et analysés quant à leur teneur en

matière sèche (MS), en N, en P et en K.

Les rejets d’éléments nutritifs (N, P et K) ont été

déterminés au moyen d’un bilan import/export pour

chaque exploitation, en tenant compte des données

relatives à l’alimentation et aux performances spéci-

fiques de chacune d’elles. Dans les exploitations d’éle-

vage, la quantité de fourrage et d’aliment concentré

distribuée aux lapines et aux lapereaux a été prise en

compte pour l’import d’éléments nutritifs. Le PV des

lapereaux lors du transfert à l’engraissement a été quant

à lui pris en compte pour l’export d’éléments nutritifs.

Dans les exploitations d’engraissement, c’est le PV de

début d’engraissement et la quantité de fourrage et

d’aliment concentré distribuée qui ont été pris en

compte pour l’import d’éléments nutritifs et, pour

l’export d’éléments nutritifs, le PV de fin d’engraisse-

ment, les jours d’engraissement et le taux de mortalité.

La différence entre import et export d’éléments nutri-

tifs représente la quantité rejetée d’éléments nutritifs

issue de la production cunicole et accumulée sur l’exploi-

tation agricole. Pour toutes les exploitations, les mêmes

teneurs ont été utilisées pour le fourrage (foin extenso

avec 69 g MA, 2 g P, 17 g K/kg MF) et pour les animaux.

Les rejets d’éléments nutritifs ont été calculés pour

quatre catégories: «lapine», «remonte âgée de < 100

jours», «remonte âgée de > 100 jours» et «lapin d’en-

graissement». Les rejets annuels d’éléments nutritifs des

exploitations d’élevage ont été indiqués, pour les

lapines, par lapine et par an ou par 100 lapereaux trans-

férés à l’engraissement et, pour les remontes, par ani-

mal ou par lapine. Quant aux rejets annuels en éléments

nutritifs des exploitations d’engraissement, ils ont été

indiqués par place d’engraissement et par an de même

que par 100 animaux vendus.

La teneur en éléments nutritifs des lapins a été

déterminée sur quatre lapins prélevés à l’abattoir (corps

entiers, y compris abats, saignés, peau séparée du corps,

congelés). Le sang n’a pas été récupéré. Avant la prépa-

ration des échantillons, les corps et les peaux ont été

pesés. Les corps ont été dépecés en petits morceaux,

congelés avec de l’azote liquide puis finement moulus

(1 mm). Chaque morceau de corps moulu a été lyophilisé

puis rassemblé en un seul échantillon par animal. Un

échantillon a été coupé dans chaque peau de lapin. Les

échantillons de corps et de peau ont été analysés quant

à leur matière sèche (MS) et leurs teneurs en cendres

brutes (CB), en N, en Ca, en P, en Mg, en K, en Na, en Cu,

en Fe, en Mn et en Zn.

par kg MS par kg MF

Ø e-type Ø e-type norme1

MS [g] 333 38

N [g] 91,3 10,8 30,4 3,6 25,0

CE [g] 113,0 19,1 37,6 6,4

Ca [g] 30,1 5,9 10,0 1,9

P [g] 19,5 3,1 6,5 1,0 5,0

Mg [g] 1,3 0,3 0,4 0,1

Na [g] 3,5 0,6 1,2 0,2

K [g] 9,2 0,9 3,1 0,3 2,0

Cu [mg] 9,0 2,7 3,0 0,9

Fe [mg] 111,9 23,1 37,2 7,7

Mn [mg] 11,2 3,9 3,7 1,3

Zn [mg] 82,1 15,3 27,3 5,11Agridea et OFAG, 2010.

Tableau 1 | Teneur corporelle de lapins d'engraissement

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Production animale | Performances en production cunicole suisse et rejets d’azote, de phosphore et de potassium

62 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 60–67, 2013

Après incinération, la teneur minérale a été analysée par

spectrométrie d’émission optique à plasma et couplage

inductif (ICP-OES, Optima 7300 DV Perkin-Elmer, Waal-

tham, USA). La teneur en N a été déterminée après diges-

tion du matériel (Digestor, Foss; Suède) au moyen de la

méthode de Kjeldahl (Kjeltec 2400/2460, Foss, Suède). La

MS et les cendres brutes ont été déterminées à une seule

reprise, les teneurs en minéraux et en N à deux reprises et

la teneur en N de la peau à quatre reprises.

R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

Performances de production

Les performances de production des exploitations d’éle-

vage figurent dans le tableau 2. Les exploitations d’éle-

vage ayant participé à l’enquête (fig. 1) se différencient,

selon l’organisation de production à laquelle elles sont

affiliées, par le mode de détention (individuel ou en

groupe) et la génétique (hybrides Zika et Hycole). Après

Figure 1 | Lapines détenues en groupe. (Photo: ALP-Haras)

unité Ø e-type Min Max norme1

Lapines

PV [kg] 4,6 0,4 4,0 5,1

Cycle de saillie [Jours] 38 7 32 51

Mises bas [N/lapine/an] 6,4 1,1 4,5 7,8

Laperaux sevrés [N/lapine/an] 45 10 33 60 40

Age de sevrage [Jours] 28 4 24 35

PV laperaux sevrés [kg] 0,60 0,18 0,45 0,90 0,60

Consommation [g/jour] 376 54 274 446 400

Lapereaux sevrés Nombre [N/lapine/an] 44 9 33 57

Consommation [g/jour] 89 28 66 128

Gain de poids [g/jour] 29 6 22 35

IC 3,17 0,98 1,89 4,04 3,20

Age début engraissement [Jours] 33 3 28 36

PV début engraissement [kg] 0,74 0,13 0,50 0,90 0,60

Remontes< 100 jours d'âge

Nombre [N/lapine/an] 0,36 0,16 0,12 0,46

Consommation [g/jour] 125 15 111 143

Remontes> 100 jours d'âge

Nombre [N/lapine/an] 0,23 0,13 0,04 0,30

Consommation [g/jour] 405 26 373 4341Agridea et OFAG, 2010.

Tableau 2 | Performances de production des élevages cunicoles

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Performances en production cunicole suisse et rejets d’azote, de phosphore et de potassium | Production animale

63Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 60–67, 2013

sa grande variabilité (22 %). Lors du transfert à l’engrais-

sement, le PV des lapins dépendait de l’âge et de la

durée de séjour dans la nurserie. La remonte de lapines

a été réalisée soit par élevage au sein même de l’exploi-

tation (taux moyen: 60 %) et/ou par l’achat de jeunes

lapines non portantes (âgées d’environ 100 jours).

Les exploitations d’engraissement ayant participé à

l’étude (fig. 3) détenaient leurs lapins en groupes avec

un système de stabulation particulièrement respectueux

des animaux (SRPA). La génétique utilisée étaient majo-

le sevrage, les lapins ont été transférés directement dans

les bâtiments d’engraissement (âge de sevrage entre 30

et 35 jours) ou détenus 6 à 11 jours supplémentaires

dans une «nurserie» (âge de sevrage entre 24 à 26 jours;

catégorie animale: lapereaux, fig. 2) avant d’être trans-

férés dans les bâtiments d’engraissement. Le nombre de

lapins sevrés par lapine et par an (Y) dépendait surtout

du cycle de saillie ou du nombre de portées (Y = 10,5 +

0,92 × cycle de saillie, P = 0,08, R2 = 0,48; Y = 5,3 + 6,3 ×

nombre de portées, P = 0,06, R2 = 0,53), ce qui explique

Figure 2 | Lapereaux détenus en nurserie durant une à deux semaines. (Photo: ALP-Haras)

unité Ø e-type Min Max norme1

Animaux vendus [N/an] 2562 1243 987 5401

Rotations [N/an] 5,2 0,2 5,0 5,5 8,0

Durée d'engraissement [jours/rotation] 53,3 6,3 42,6 63,0

Vide sanitaire2 [jours entre rotations] 17,5 5,6 10,0 28,0

PV début engraissement [kg/animal] 0,73 0,11 0,60 0,92

PV fin engraissement [kg/animal] 2,94 0,18 2,58 3,20

Gain de poids [g/animal/jour] 42,0 6,4 33,5 59,4 49,0

Consommation3 [g/animal/jour] 175 35 134 254 210

IC 4,17 0,59 3,25 5,50 4,29

Mortalité [%] 9,3 3,5 1,8 14,0

Production de PV4 [kg/place/an] 11,4 1,2 9,4 13,91Agridea et OFAG, 2010. 2Vide sanitaire = (365 - durée d'engraissement × rotations) / rotations. 3Dès la 2e semaine d'engraissement, le taux de mortalité était pris en compte pour la détermination des consommations. 4Production de PV = Gain de poids × durée d'engraissement × rotations.

Tableau 3 | Performances de production en engraissement cunicole

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Production animale | Performances en production cunicole suisse et rejets d’azote, de phosphore et de potassium

64 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 60–67, 2013

ritairement l’hybride Zika, à l’exception de deux

exploitations qui détenaient l’hybride Hycole. Les per-

formances de production des 12 exploitations d’en-

graissement figurent dans le tableau 3. La consomma-

tion, le taux de mortalité et les jours de vide sanitaire

présentent des coefficients de variation de plus de

20 %. La variation du taux de mortalité et de la consom-

mation alimentaire a été influencée par une exploita-

tion en particulier qui possédait un nouveau bâtiment

d’engraissement, dans lequel les souillures, les bacté-

ries et d’autres facteurs de stress immunitaires ne

s’étaient pas encore établis et qui ont fort probable-

ment contribué à un taux de mortalité faible et à une

consommation élevée. L’indice de consommation

(consommation alimentaire/gain de poids, IC) pré-

sente un coefficient de variation de 15 %. Celui-ci a été

influencé par une exploitation en particulier, dans

laquelle la consommation de fourrage était impor-

tante (35 g/animal/jour). La taille des exploitations

(nombre d’animaux vendus par an) n’a pas exercé d’in-

fluence sur les données de production.

Teneurs et consommation de fourrage

Les lapins pesaient 2,78 ± 0,19 kg et leurs teneurs en élé-

ments nutritifs figurent dans le tableau 1. Les teneurs

corporelles en N, en P et en K étaient légèrement plus

élevées que les valeurs utilisées jusqu’à présent (respecti-

vement 25, 5 et 2 g/kg PV, Agridea et OFAG, 2010). Ces

dernières se situent toutefois dans l’intervalle des écarts

types respectifs.

Comparées aux teneurs utilisées jusqu’à présent

pour le calcul des bilans (Agridea et OFAG 2010), les

teneurs des rations d’élevage (tabl. 4) étaient infé-

rieures de 12 % pour N et de 20 % pour P, et supérieures

Figure 3 | Lapins engraissés en groupe. (Photo: ALP-Haras)

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Performances en production cunicole suisse et rejets d’azote, de phosphore et de potassium | Production animale

65Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 60–67, 2013

Rejets des exploitations d’élevage

Les rejets annuels d’éléments nutritifs des lapines étaient

accrus en fonction de l’augmentation du nombre de por-

tées. Les rejets annuels de N et de P des lapines étaient

de respectivement 19 et 25 % plus bas que les valeurs

d’Agridea et de l’OFAG (2010), mais de respectivement

31 et 9 % plus élevés que les données communiquées par

Qualinova (2008). Il en va de même lorsque les rejets

sont exprimés par 100 lapereaux transférés à l’engraisse-

ment. Les différences des teneurs alimentaires et le PV

supérieur de 18 % des lapereaux sont les raisons princi-

pales pouvant expliquer les différences avec les valeurs

d’Agridea et de l’OFAG (2010). La part rejetée de N, de P

et de K ingérés par les lapines est de respectivement 71,

75 et 95 %. Les rejets d’éléments nutritifs et la consom-

mation de fourrage des remontes âgées de <100 jours

s’élevaient en moyenne à 16,8 kg N, 3,9 kg P 11,7 kg K et

à 1,39 dt MS par 100 animaux et correspondaient aux

rejets des lapins d’engraissement. Les rejets de N, de P et

de K et la consommation de fourrage des remontes

entre le sevrage et la 1re mise bas (remontes âgées de <

100 jours et remontes âgées de > 100 jours) ne s’élevaient

respectivement qu'à 4,9, 4,4, 5,2 et 3,1 % de ceux des

lapines et se situaient dans l’intervalle de variation des

valeurs relatives aux lapines.

Rejets des exploitations d’engraissement

Chez les lapins d’engraissement, les rejets annuels de N,

de P et de K présentaient des coefficients de variation

élevés (de 20 à 22 %). L’indice de consommation (IC) a

influencé ces rejets de façon linéaire (N [kg / 100 ani-

de 50 % pour K. Quant aux rations d’engraissement

(tabl. 4), les teneurs étaient inférieures de 10 % pour N

et P et supérieures de 54 % pour K par rapport aux

teneurs utilisées jusqu’à présent pour le calcul des

bilans (Agridea et OFAG 2010). Autrefois, la distri-

bution de fourrage, qui est caractérisé par des teneurs

en N et en P plus basses et en K plus élevées que les

aliments concentrés, était négligeable dans la produc-

tion cunicole, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Avec

6,0 ± 0,2 g P / kg MF dans la ration d’engraissement

(~  88 % MS), on dispose encore de suffisamment de

marge pour réduire les apports en P, car selon Lebas et

al. (1998), aucun effet négatif sur la croissance et la

résistance à la rupture de l’os n’a été observé avec une

teneur alimentaire passant de 6,6 à 3,0 g P/kg. De

même, Renouf et al. (2009) n’ont pas constaté de réper-

cussion négative sur la croissance des lapins lorsque la

ration d’engraissement était réduite de 6,0 à 3,5 g P/kg

MF (~88 % MS). En revanche, les rejets de P ont été

réduits de 50 %.

La consommation de fourrage et les rejets d’élé-

ments nutritifs des lapines (y compris les lapereaux),

des remontes (âgées de >100 jours jusqu’à la 1re mise

bas) et des lapins d’engraissement figurent dans le

tableau 5. La part de fourrage de la ration s’élevait à

20 ± 9 % chez les lapines, à 14 ± 4 % chez les remontes

âgées de >100 jours et à 8,9 ± 5 % chez les lapins d’en-

graissement. La variabilité des quantités de fourrage

distribuées était toutefois élevée: 40 % chez les lapines,

63 % chez les remontes et 51 % dans les exploitations

d’engraissement.

Ø e-type Min Max norme1

Lapines

N 23,0 1,5 20,1 24,8 26,2

P 5,6 0,3 5,0 5,9 6,7

K 13,5 1,8 10,7 14,8 9,0

Lapereaux sevrés

N 23,6 0,4 23,3 24,1

P 5,2 0,1 5,1 5,4

K 14,9 0,1 14,9 15,0

Remontes

N 21,4 1,3 20,3 23,3

P 5,0 0,2 4,7 5,2

K 14,3 1,5 11,5 15,1

Engraissement

N 23,8 0,7 22,4 24,7 26,2

P 6,0 0,2 5,5 6,3 6,7

K 13,8 1,2 10,1 14,6 9,01Agridea et OFAG, 2010.

Tableau 4 | Teneurs des rations alimentaires [g/kg MF]

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66

Production animale | Performances en production cunicole suisse et rejets d’azote, de phosphore et de potassium

Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 60–67, 2013

maux] = 3,85 × IC (P<0,001, R2 = 0,99, ETR = 1,7; P [kg /

100 animaux] = 1,03 × IC (P<0,001, R2 = 0,99, ETR = 0,48;

K [kg / 100 animaux] = 2,92 × IC (P<0,001, R2 = 0,99, ETR

= 1,25). Les rejets de N, de P et de K des lapins d’engrais-

sement (par place et par an) étaient de respectivement

31, 33 et 139 % plus élevés que les valeurs d’Agridea et

de l’OFAG (2010). Le nombre de rotations annuelles plus

élevé (5,2 contre 4,0 chez Agridea et l’OFAG, 2010)

explique ces différences. Toutefois, lorsque les rejets

sont exprimés sur la base de 100 animaux vendus, les

rejets de N et de P étaient comparables (respectivement

de + 8 et + 6 %), mais les rejets en K étaient sensiblement

plus élevés (+ 88 %) par rapport à ceux d’Agridea et de

l’OFAG (2010). Les rejets d’éléments nutritifs des lapins

d’engraissement étaient comparables aux valeurs com-

muniquées par Qualinova (2008). La part rejetée de N,

de P et de K ingérés par les lapins d’engraissement est de

respectivement 59, 65 et 93 %.

C o n c l u s i o n s

•• Les résultats de cette enquête montrent que les

teneurs corporelles en N, en P et en K des lapins

d’engraissement étaient légèrement plus élevées que

les valeurs utilisées jusqu’à présent.

•• Les teneurs en N et en P des rations étaient plus basses

et la teneur en K plus élevée que les valeurs utilisées

jusqu’à présent. La part de fourrage dans la ration cor-

respondait à respectivement 20, 15 et 9 % chez les

lapines, les remontes âgées de >100 jours et les lapins

d’engraissement.

•• Dans l’élevage, les rejets annuels de N et de P étaient

plus bas et dans l’engraissement plus élevés que les

valeurs utilisées jusqu’à présent.

•• Les rejets annuels de K étaient sensiblement plus

élevés dans la production cunicole que supposé

jusqu’à présent. n

unité Ø e-type Min Max norme1

Lapines

Par animal

N [kg/an] 2,58 0,64 1,76 3,26 3,20

P [kg/an] 0,65 0,14 0,41 0,78 0,86

K [kg/an] 2,05 0,53 1,05 2,55 1,27

Fourrage [dt MS/an] 0,363 0,158 0,147 0,585 0,000

Par 100 lapereaux transférés en en-

graissement

N [kg] 6,07 1,91 3,23 9,61 8,00

P [kg] 1,51 0,43 0,91 2,30 2,15

K [kg] 4,74 1,28 3,15 6,77 3,17

Fourrage [dt MS] 0,829 0,325 0,383 1,183 0,000

Remontes > 100 jours d'âge à 1re mise bas

Par animal

N [kg] 0,252 0,068 0,192 0,320

P [kg] 0,060 0,015 0,042 0,075

K [kg] 0,258 0,059 0,181 0,313

Fourrage [dt MS] 0,023 0,006 0,016 0,031

Par lapine

N [kg/an] 0,062 0,039 0,008 0,091

P [kg/an] 0,014 0,009 0,002 0,021

K [kg/an] 0,065 0,039 0,008 0,095

Fourrage [dt MS/an] 0,006 0,004 0,001 0,009

Engraissement

Par 100 animaux

N [kg] 15,22 3,21 8,87 20,88 14,10

P [kg] 4,12 0,91 2,51 5,77 3,90

K [kg] 12,04 2,38 8,54 16,92 6,40

Fourrage2 [dt MS] 0,820 0,467 0,221 2,086 0,000

Par place d'engraissement

N [kg/an] 0,79 0,17 0,44 1,04 0,60

P [kg/an] 0,21 0,05 0,13 0,29 0,16

K [kg/an] 0,62 0,13 0,43 0,85 0,26

Fourrage2 [dt MS/an] 0,042 0,023 0,011 0,104 0,0001Agridea et OFAG, 2010. 2Dès la 2e semaine d'engraissement, le taux de mortalité était pris en compte pour la détermination des consommations.

Tableau 5 | Consommation de fourrage et rejets en éléments nutritifs en production cunicole

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67

Performances en production cunicole suisse et rejets d’azote, de phosphore et de potassium | Production animale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Rabbit breeding and excretions of

nitrogen, phosphorus and potassium

The aim of this study was to evaluate,

by means of a survey, the forage

intake and nitrogen (N), phosphorus

(P) and potassium (K) excretions in

breeding and fattening rabbit farms.

The does produced an average of

6,4 litters a year and kittens were

weaned between 24 and 35 days. In

the fattening units, 5,2 stock rotations

were accomplished a year and a final

weight of 2,9 kg was reached with an

average gain of 42 g/d and a feed

conversion ratio 4,17. Based on fresh

matter, the N, P and K contents of

rabbits were respectively 30,4, 6,5 and

3,1 g/kg. The dietary contents ranged

between 21,4 and 23,8 g N, 5,0 and

6,0 g P and between 13,5 and 14,9 g K

depending on the animal category.

Forage intake represented 20, 15 and

9 % of total intake by does, young

breeding stock and fattening rabbits

respectively. The annual excretion of N

and P was lower than the currently

used standards in rabbit breeding but

higher in rabbit fattening. The annual

K excretion was considerably higher

than currently believed in cuniculture.

Key words: rabbit, excretion, nitrogen,

phosphorus, potassium.

Produzione svizzera di conigli e

emissioni di azoto, fosforo e potassio

L'obiettivo di questo lavoro era di

rilevare, attraverso un'indagine tra le

aziende, il consumo di foraggio grezzo

e le emissioni di azoto (N), fosforo (P) e

potassio (K) nella produzione di conigli

professionalmente ripartita tra

allevamento e ingrasso. Ogni anno le

coniglie da allevamento registravano

in media 6,4 nidiate. Gli animali

giovani, a seconda della detenzione,

sono stati venduti a un'età tra 24 e

35 giorni. Nell'ingrasso, sono stati

eseguiti mediamente 5,2 cicli con una

crescita media di 42 g al giorno,

raggiungendo un peso finale di 2,9 kg

e una valorizzazione di 4,17. Sulla base

della sostanza fresca il contenuto

corporeo in azoto, fosforo e potassio

ammontava a 30.4, 6,4 e 3,1 g/kg e nei

foraggi a dipendenza della categoria di

animale tra 21,4 e 23,8 g di N, 5,0 e

6,0 g di P e 13,5 e 14,9 g di K. La parte

di foraggio grezzo nella razione per

coniglie da allevamento, rimonte e

conigli da ingrasso è stato rispettiva-

mente del 20, 15 e 9 per cento. I valori

annuali di azoto e fosforo nelle

deiezioni erano, contrariamente ai

valori finora utilizzati, inferiori

nell'allevamento, mentre risultavano-

superiori nell'ingrasso e quelli di

potassio erano notevolmente superiori

nella produzione di conigli rispetto a

quanto finora supposto.

Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 60–67, 2013

Bibliographie b Agridea et Office fédéral de l‘agriculture, 2010. Guide Suisse-Bilanz 1.8, 1 – 24.

b Agroscope, 2009. Données de base pour la fumure des grandes cultures et des herbages (DBF-GCH). Revue suisse d’Agriculture 41 (1), 1–98.

b Lebas F., Lamboley-Gaüzère B., Delmas D. & Auvergne A., 1998. Inci-dence du taux de phosphore alimentaire sur la croissance des lapins, leurs caractéristiques à l'abattage et la résistance mécanique des os. 7èmes Journ. Rech. Cunicole, 171–174.

b Qualinova, 2008. Lettre à l’Office fédéral de l’agriculture «Anfrage Beurteilung Nährstoffbilanz Kaninchen». 12.09.2008.

b Renouf B., Mascot N. & Picot A., 2009. Réduction des apports de phos-phore et de protéines dans l'alimentation des lapins en engraissement: In-térêt zootechnique et environnemental. Cuniculture Magazine 36, 9–11.

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68 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 68–73, 2013

I n t r o d u c t i o n

De nombreux arthropodes sont responsables de pertes

économiques importantes en agriculture. L’émergence

ou la réémergence de ravageurs de cultures représente

un défi continu pour l’agriculture et l’environnement.

La lutte biologique, qui consiste en l’utilisation des

ennemis naturels (arthropodes, nématodes, bactéries,

champignons ou virus) des ravageurs de culture, est

couramment utilisée en Suisse, avec 53 espèces homolo-

guées à ce jour.

La majorité des arthropodes vivent en association

avec de nombreuses bactéries endosymbiontiques (bac-

téries vivant à l’intérieur des cellules de leurs hôtes, sou-

vent dans les tissus reproducteurs, voir fig. 1). Par

exemple, les endosymbiontes (ES) Wolbachia et Cardi-

nium infectent 66 % et 7 % (Zindel et al. 2011) des

espèces d’insectes. En outre, 52 % des espèces de cocci-

nelles (plusieurs espèces sont utilisées comme auxiliaires

contre les pucerons) seraient infectées par au moins une

des bactéries suivante: Wolbachia, Rickettsia ou Spiro-

plasma (Weinert et al. 2007). Les relations entre arthro-

podes et bactéries sont de plusieurs types. Les sym-

biontes obligatoires (ou primaires) sont impliqués dans

les fonctions vitales de leurs hôtes. La perte de ces bac-

téries signifierait donc la mort de leurs hôtes. Par

exemple, Buchnera aphidicola, le symbionte obligatoire

du puceron du pois Acyrthosiphon pisum, lui fournit des

acides aminés essentiels, absents de son régime alimen-

taire. Au contraire, les symbiontes facultatifs (ou secon-

daires), dont font partie les ES, ne sont pas indispen-

sables à leur hôte; leur présence peut avoir un effet

neutre, positif ou négatif sur la nutrition, reproduction

ou la survie de leur hôte.

Certains ES sont connus pour leur influence sur la

stratégie reproductive de leurs hôtes (O’Neill et al. 1997).

Comme ces bactéries sont transmises verticalement (de

la mère à sa descendance), elles ont développé diffé-

rentes stratégies afin de favoriser la reproduction des

femelles infectées par rapport aux femelles non-infec-

tées et de favoriser ainsi leur propre transmission. A

l’image d’une souche de Wolbachia infectant un acarien

phytophage du genre Bryobia, certains ES sont capables

de transformer une espèce se reproduisant de manière

sexuée en une espèce parthénogénétique (asexuée ou

clonale). D’autres bactéries on le pouvoir d’empêcher le

développement d’embryons issus du croisement entre

mâles infectés et femelles non-infectées en induisant

une incompatibilité cytoplasmique. Un tel phénomène a

été décrit chez le parasitoïde hyménoptère Encarsia per-

gandiella infecté par Cardinium. Toujours dans le monde

des parasitoïdes, une souche de Cardinium est capable

de transformer un individu de l’espèce Encarsia hispida

génétiquement mâle en une femelle fonctionnelle. Cet

effet est appelé féminisation. Chez les arthropodes

déposant leurs œufs de manière groupée, les individus

fraîchement éclos représentent souvent un premier

repas apprécié pour de jeunes larves. Chez la coccinelle

Adalia bipunctata, plusieurs bactéries héritées de la

mère tuent sélectivement les embryons mâles. Cet

apport de nourriture permet au femelles, issues de la

même mère infectée, de se développer plus rapidement

et de ce fait augmente leur compétitivité par rapport

aux femelles issues de mères non-infectées.

Une autre stratégie pour se propager au sein de la

population de son hôte est de se rendre indispensable à

Le régime alimentaire de l'acarien Rhizoglyphus robini dépend de la composition de son microbiome.

Alexandre Aebi1 et Renate Zindel2

1Université de Neuchâtel, 2000 Neuchâtel, Suisse2Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich, Suisse

Renseignements: Alexandre Aebi, e-mail: [email protected], tél. +41 32 718 31 47

Symbiontes et arthropodes – quelles implications pour la lutte biologique?

E n v i r o n n e m e n t

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Symbiontes et arthropodes – quelles implications pour la lutte biologique? | Environnement

69

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 68–73, 2013

La majorité des arthropodes vivent en associa-

tion avec de nombreuses bactéries. Alors que

certaines bactéries sont impliquées dans les

fonctions vitales de leurs hôtes, d’autres ne

leur sont pas indispensables et leur présence

peut avoir un effet neutre, positif ou négatif

sur la nutrition, reproduction ou la survie de

leur hôtes. Certains endosymbiontes sont

connus pour leur influence sur la stratégie

reproductive de leurs hôtes. Transmises

verticalement, ces bactéries ont développé

différentes stratégies pour favoriser la

reproduction des femelles infectées par

rapport aux femelles non-infectées et favoriser

ainsi leur propre transmission. Une autre

stratégie pour se propager au sein de la

population de son hôte est de se rendre

indispensable à celui-ci. En protégeant leurs

hôtes contre certains ennemis naturels les

endosymbiontes favorisent leur maintien et

leur propagation dans leur population. Les

endosymbiontes peuvent donc fortement

influencer le succès d’un programme de lutte

biologique. Cet article explique comment les

endosymbiontes peuvent influencer la mise en

œuvre d’un programme de lutte biologique,

donne quelques exemples pratiques et

propose une marche à suivre afin d’identifier

les potentiels problèmes liés à leur présence.

celui-ci. En conférant à leurs hôtes une protection contre

certains ennemis naturels comme des parasitoïdes

hyménoptères, des nématodes, des champignons

entomo-pathogènes, des bactéries, ou des virus, les ES

favorisent leur maintien et leur propagation dans leur

population. Certain ES seraient impliqués dans le déve-

loppement de résistances de leurs hôtes contres certains

pesticides et même dans certains mécanismes d’adapta-

tion à des conditions environnementales défavorables à

leurs hôtes (Zindel et al. 2011).

Les ES peuvent donc fortement influencer le succès

d’un programme de lutte biologique. Ces sous-loca-

taires influents peuvent non seulement affecter l’éle-

vage d’auxiliaires de luttes biologique (en modifiant le

mode de reproduction de leurs hôtes) mais également

influencer les interactions entre les agents de lutte bio-

logique et leurs ravageurs de culture cible (induction de

résistances contre certains ennemis naturels). Cet article,

basé sur une «review» de Zindel et al. (2011) publiée

dans le Journal of Applied Ecology, explique comment

les ES peuvent jouer un rôle dans la mise en œuvre d’un

programme de lutte biologique, donne quelques

exemples pratiques en lien avec la lutte biologique en

Suisse (tabl. 1) et propose une marche à suivre afin

d’identifier les potentiels problèmes liés à leur présence.

Induction de parthénogenèse et lutte biologique

Certains hyménoptères parasitoïdes et acariens préda-

teurs sont d’importants auxiliaires de lutte biologique.

Le déterminisme du sexe des certaines espèces apparte-

Des informations pour la lutte biologique

Un catalogue gratuit, décrivant les associa-

tions connues entre les agents de lutte biolo-

gique les plus utilisés en Suisse et en Europe

(EPPO Standard on Safe Use of Biological

Control -PM6/3 – Version 2010) et plusieurs ES

connus est publié sur le site internet «Sym-

bionts in Control: Un catalogue d’auxiliaires de

lutte biologique et leurs symbiontes». Accès:

http://www.symbiontsincontrol.ch. Ce site in-

ternet a été développé afin d’informer les pra-

ticiens de la lutte biologiques sur les effets

méconnus des ES sur les arthropodes et de leur

fournir des outils afin de détecter leur pré-

sence dans le matériel utilisé dans un pro-

gramme de lutte biologique.

nant à ces ordres est déterminé génétiquement. Dans

ces groupes d’organismes haplo-diploïdes, les mâles sont

haploïdes (1 set de chromosomes) et se développent à

partir d’œufs non fécondés. Les femelles quant à elles

sont diploïdes (2 sets de chromosomes) et leurs œufs

sont généralement fécondés. L’induction de parthéno-

genèse pourrait augmenter le taux d’accroissement de

population et faciliter l’élevage en masse de ces orga-

nismes en rendant les mâles obsolètes. L’induction de

parthénogenèse par des ES pourrait fortement influen-

cer le succès d’un programme de lutte biologique si les

mâles et les femelles d’une espèce d’auxiliaire diffèrent

dans leur efficacité à diminuer la population de l’espèce

cible. Dans la plupart des cas (chez les hyménoptères

parasitoïdes par exemple), seules les femelles jouent un

rôle direct dans le contrôle d’une espèce nuisible (ovipo-

sition dans ou sur un individu de l’espèce cible). Les

mâles ne seraient alors utiles que pour fertiliser les

femelles. Théoriquement, une population d’hyménop-

tères parthénogénétiques d’une taille donnée aurait

donc la capacité de parasiter deux fois plus d’hôtes

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Environnement | Symbiontes et arthropodes – quelles implications pour la lutte biologique?

70 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 68–73, 2013

qu’une population sexuée (si le sex-ratio est 50 %: 50 %).

Un agent de lutte biologique peut avoir un effet indési-

rable sur l’environnement (Bigler et al. 2006). Par

exemple, une espèce de parasitoïde sexuée introduite

dans un nouvel environnement pourrait former des

hybrides avec des espèces natives et de ce fait affecter

l’intégrité génétique de ces dernières. La formation

d’hybrides avec des espèces natives figure parmi les

effets non cibles sur l’environnement liés à l’introduc-

tion d’agents de lutte biologique. L’utilisation d’auxi-

liaires parthénogénétiques éviterait dès lors ce risque.

Toutefois, l’utilisation d’espèces parthénogénétiques

présente également des désavantages. En effet, il a été

démontré que le taux de reproduction était plus élevé

chez les lignées sexuées que chez une lignée asexuée en

raison du fort taux de mortalité des juvéniles infectés par

Wolbachia ou du délai imposé par l’ES sur le temps de

développement. Les nombreuses discussions en cours sur

l’évolution et la maintenance de reproduction sexuée et

asexuée illustrent parfaitement les avantages et désa-

vantages liés aux deux modes de reproduction.

A ce jour, nous savons que Wolbachia, Cardinium et

Rickettsia sont capables d’induire une parthénogenèse

chez leurs hôtes. Lors d’élevages industriels d’espèces

haplo-diploïdes, nous recommandons aux praticiens

d’évaluer les effets potentiels de ces ES sur les popula-

tions d’agents de lutte biologique. En effet, en présence

de parthénogenèse induite par un ES, un lâcher de

femelles uniquement s’avérerai plus efficace qu’un

lâcher de mâles et de femelles. De plus, l’utilisation d’an-

tibiotiques pour se débarrasser de bactéries pathogènes

dans un élevage pourrait affecter ces ES bénéfiques.

Incompatibilité cytoplasmique et lutte biologique

L’incompatibilité cytoplasmique inhibe le développe-

ment des embryons issus du croisement entre un mâle

infecté et une femelle non-infectée et peut donc être

considéré comme une stratégie de stérilisation de popu-

lation de ravageurs de culture (analogue à la technique

de l’insecte stérile). La mouche méditerranéenne Cerati-

tis capitata cause d’importants dégâts aux cultures de

nombreux pays. Des chercheurs grecs ont réussi à injec-

ter une souche de Wolbachia (obtenue à partir d’hémo-

lymphe de la mouche à fruit Rhagoletis cerasi, infectée)

induisant une incompatibilité cytoplasmique à C. capi-

tata. La bactérie s’est propagée dans la population de

laboratoire et de nombreux mâles infectés ont pu être

produits. Ainsi, en inondant une population test avec

des mâles porteurs de Wolbachia, ils ont réussi à dimi-

nuer la taille de cette population de C. capitata en labo-

ratoire (Zabalou et al. 2004). Des recherches sont en

cours afin d’évaluer le potentiel de cette nouvelle straté-

gie de stérilisation de ravageurs de cultures en condi-

tions naturelles.L’induction d’incompatibilité cytoplasmique par des

ES peut aussi avoir un effet indirect sur un programme

de lutte biologique par augmentation. Si le but est

d’augmenter la population d’auxiliaires de lutte biolo-

gique naturellement présents dans un milieu donné, la

présence de tels ES chez les individus élevés en masse et

relâchés dans la nature pourrait empêcher tout croise-

ment entre individus natifs et individus relâchés. De plus,

la présence d’ES dans certaines souches de laboratoire

d’agents de lutte biologique pourrait poser des pro-

blèmes lors d’échanges de matériel entre différents

laboratoires ou site de production. En effet, un grand

nombre d’échanges de matériel biologique ont lieu pour

répondre aux demandes du marché mais aussi afin de

rafraîchir les populations d’auxiliaires. La présence d’ES

induisant une incompatibilité cytoplasmique, dans une

des souches mises en contact, pourrait amener à une

diminution importante de la population de laboratoire.

Protection contre les stresses abiotiques

Une protection contre des stress abiotiques peut être

induite par des ES, augmentant ainsi la survie de leur

hôtes dans certaines conditions environnementales. Un

bon exemple est décrit chez la tique Ixodes scapularis,

chez laquelle la bactérie pathogène Anaplasma phago-

cytophillum (l’agent de l’anaplasmose humaine) induit

l’expression de protéines aux propriétés antigel, favori-

Figure 1 | Bactéries (en rouge) à l’intérieur d’un œuf de l’acarien Rhizoglyphus robini. La technique FISH (Fluorescent In Situ Hybridi-zation) permet de visualiser des bactéries dans les tissus de son hôte.

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Symbiontes et arthropodes – quelles implications pour la lutte biologique? | Environnement

71Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 68–73, 2013

Protection contre des parasitoïdes hyménoptères

Des microbes peuvent interagir afin de protéger leur

hôte contre ses ennemis naturels. La présence de

quelques ES chez le puceron du pois protège ce dernier

contre Aphidius ervi, un parasitoïde hyménoptère. Cet

auxiliaire est utilisé dans le monde entier pour contrôler

les populations de pucerons attaquants divers légumes

et plantes ornementales. En 2003, des chercheurs améri-

cains ont démontré que les différences de résistances

contre le parasitoïde chez différentes souches de puce-

rons étaient dues à différents niveaux d’infections par

des ES secondaires (Oliver et al. 2003). Ils ont mis en évi-

sant la survie des tiques à basse température (Neela-

kanta et al. 2010). Bien entendu, dans ce cas, la bactérie

est un pathogène favorisant sa capacité vectorielle en

influençant la survie de son hôte. Chez le puceron du

pois Acyrthosiphon pisum, le symbionte Serratia sym-

biotica protège son hôte en cas de choc thermique en

lui fournissant rapidement des métabolites essentiels

provenant de sa propre lyse cellulaire (Burke et al.

2009). Au contraire, la présence de Rickettsia chez la

mouche blanche Bemisia tabaci peut diminuer la résis-

tance de cette dernière à certains pesticides (Kontseda-

lov et al. 2008).

Espèce Taxonomie Endosymbiontes et effets connus

Insecta

Adalia bipunctata Coccinelidae, Coleoptera W , R et S: mort sélective des mâle

Anthocoris nemoralis Anthocoridae, Hemiptera Aucun ES connu à ce jour

Aphelinus abdominalis Aphelinidae, Hymenoptera Aucun ES connu à ce jour

Aphidius colemani* Braconidae, HymenopteraW: effet inconnu

Regiella insecticola: protège son hôte (puceron) contre A. colemaniAphidius ervi* Braconidae, Hymenoptera Hamiltonella defensa: protège son hôte (puceron) contre A. erviAphidoletes aphidimyza Cecidomyidae, Diptera Aucun ES connu à ce jour

Cryptolaemus montrouzieri Coccinelidae, Coleoptera Aucun ES connu à ce jour

Dacnusa sibirica Braconidae, Hymenoptera Aucun ES connu à ce jour

Diglyphus isaea Hymenoptera, Eulophidae W: effet inconnu

Encyrtus lecaniorum Encyrtidae, Hymenoptera Aucun ES connu à ce jour

Eretmocerus eremicus Hymenoptera (Aphelinidae) Aucun ES connu à ce jour

Eretmocerus mundus Hymenoptera (Aphelinidae) W: induction de parthénogenèse

Feltiella acarisuga Cecidomyiidae, Diptera Aucun ES connu à ce jour

Habrobracon hebetor Braconidae, Hymenoptera Aucun ES connu à ce jour

Lariophagus distinguendus Pteromalidae, Hymenoptera Aucun ES connu à ce jour

Leptomastidea abnormis Encyrtidae, Hymenoptera Aucun ES connu à ce jour

Leptomastix dactylopii Encyrtidae, Hymenoptera Aucun ES connu à ce jour

Macrolophus caliginosus Miridae, HeteropteraW: induction d’incompatibilité cytoplasmique démontrée chez

Macrolophus pygmaeus, une espèce souvent commercialisée sous le nom de M. caliginosus**

Metaphycus helvolus Encyrtidae, Hymenoptera Aucun ES connu à ce jour

Orius insidiosus Anthocoridae, Hemiptera Aucun ES connu à ce jour

Orius laevigatus Anthocoridae, Hemiptera W: effet inconnu

Orius majusculus Anthocoridae, Hemiptera Aucun ES connu à ce jour

Pseudaphycus maculipennis Encyrtidae, Hymenoptera Aucun ES connu à ce jour

Trichogramma brassicae Bezdenko Hymenoptera (Trichogrammatidae). W: induction de parthénogenèse

Trichogramma cacoeciae Hymenoptera (Trichogrammatidae) W: induction de parthénogenèse, diminution de la «fitness» 

Trichogramma evanescens Hymenoptera (Trichogrammatidae) Aucun ES connu à ce jour

Acarina

Amblyseius californicus Phytoseiidae, Mesostigmata Aucun ES connu à ce jour

Amblyseius cucumeris Phytoseiidae, Mesostigmata R*** : effet inconnu

Amblyseius degenerans Phytoseiidae, Mesostigmata Aucun ES connu à ce jour

Amblyseus barkeri (mackenziei) Phytoseiidae, Mesostigmata Aucun ES connu à ce jour

Phytoseiulus persimilis Phytoseiidae, Mesostigmata Aucun ES connu à ce jour

Typhlodromips swirskii Phytoseiidae, Mesostigmata R ***: effet inconnu

Hypoaspis aculeifer Laelapidae, MesostigmataS*** : effet inconnu

C*** : effet inconnu

Hypoaspis miles Laelapidae, Mesostigmata S*** : effet inconnu

*ES= endosymbionte, W= Wolbachia, R= Rickettsia, S= Spiroplasma. **Machtelinckx T et al. (2009). ***Zindel et Aebi (données non publiées).

Tableau 1 | Endosymbiontes et effets connus présents chez les espèces d’insectes et d’acariens utilisées comme agents de lutte biologique en Suisse ou chez le ravageur de culture qui lui est associé

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72

Environnement | Symbiontes et arthropodes – quelles implications pour la lutte biologique?

Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 68–73, 2013

dence que les bactéries Hamiltonella defensa et Regiella

insecticola induisent une résistance contre A. ervi en

empêchant ses larves de se développer. Des études

récentes ont montré que des toxines capables de tuer les

larves étaient produites par H. defensa et le virus bacté-

riophage qui lui est associé (Oliver et al. 2009). La pré-

sence de ces microbes peut donc influencer le taux de

résistance des pucerons et considérablement influencer

le succès d’un programme de lutte biologique utilisant A.

ervi sur le terrain.

Protection contre des nématodes

Plusieurs espèces d’arthropodes sont attaquées par

des  nématodes. Par exemple, Drosophila neotestacea

devient stérile si les femelles sont infectées par le néma-

tode Howardula aoronymphibium. Récemment, il a été

démontré que l’ES Spiroplasma confère une protection

contre le nématode en assurant le développement de

la plupart des œufs produits par des drosophiles

femelles infectées. Au vu de l’avantage sélectif conféré

par sa présence, Spiroplasma s’est rapidement propa-

gée au sein de la population de H. aoronymphibium

(Jaenike et al. 2010).

Protection contre des champignons entomo-pathogènes

Les champignons entomo-pathogènes tel que Beauveria

bassiana infectent un grand nombre d’arthropodes.

Beauveria bassiana est très utilisé comme auxiliaire de

lutte biologique contre de nombreuses espèces d’in-

sectes nuisibles appartenant à une grande variété

d’ordres. Une étude de laboratoire sur la mouche à fruits

Drosophila melanogaster a démontré que le nombre

d’individus survivant à une infection par le champignon

B. bassiana était trois fois supérieur en présence de l’ES

Wolbachia. Les individus portant cet ES étaient donc pro-

tégés contre le champignon. De plus, la présence de l’ES

était corrélée à une modification de la préférence de

substrat d’oviposition et les mâles infectés jouissaient

d’un meilleur succès reproductif (Panteleev et al. 2007).

Protection contre des virus

Plusieurs virus causent une mortalité importante chez les

insectes. Wolbachia peut également modifier la résis-

tance de son hôte contre ces agents pathogènes, utilisés

eux aussi comme agents de lutte biologique. Drosophila

melanogaster a été utilisée comme modèle pour l’étude

de la résistance des arthropodes aux virus. Deux groupes

de recherche ont indépendamment démontré une résis-

tance induite par Wolbachia contre le virus «Drosophila

C Virus», et trois virus ARN («Cricket Paralysis Virus»,

«Nora Virus» et «Flock House Virus» ; Hedges et al. 2008;

Teixeira et al. 2008). A ce jour, les mécanismes de telles

inductions de résistance n’est pas connu. Il est très pro-

bable que de telles interactions entre bactéries symbio-

tiques et virus pathogènes soient courantes dans la

nature, car les deux groupes de micro-organismes coha-

bitent dans l’espace intracellulaire.

C o n c l u s i o n s

De nombreux facteurs biotiques et abiotiques peuvent

affecter n’importe quel agent de lutte biologique ou

arthropode nuisible, et de ce fait fortement influencer le

succès d’un programme de lutte biologique.

La présence et les interactions entre microbes (bacté-

ries et virus) au sein des arthropodes impliqués repré-

sentent probablement un des facteurs les plus variables

et les plus sous-estimés. En effet, les ES sont connus pour

i) pouvoir influencer la dynamique de population de

leurs hôtes (agent de lutte biologique ou ravageurs de

culture), ii) jouer un rôle dans l’évolution de résistances

contre des agents de lutte biologique communément

utilisés, iii) induire une résistance contre les pesticides et

iv) modifier la tolérance de leurs hôtes à des conditions

environnementales stressantes.

Nous suggérons donc d’inclure des études sur la pré-

sence et l’influence éventuelles d’ES dans le développe-

ment et la mise en œuvre de programmes de lutte bio-

logique. Les microbes associés à des agents de lutte

biologique sont considérés comme des contaminants

qui pourraient influencer l’efficacité de l’agent de lutte

biologique. La forte incidence des endosymbiontes

décris dans la littérature et la grande diversité des

agents de lutte biologique suggèrent que les effets

observés pour l’instant ne représentent que la pointe

de l’iceberg. Le tableau 1 démontre que 41 % des

insectes et acariens utilisés dans des programmes de

lutte biologique en Suisse sont infecté par un ou plu-

sieurs ES et pour la moitié de ceux-ci (soit 21% des

espèces utilisées), un effet décrit ci-dessus a été démon-

tré. Pour ces raisons, nous encourageons la coopération

entre les praticiens de lutte biologique et les scienti-

fiques afin d’évaluer la présence d’ES qui pourrait affec-

ter l’efficacité d’agent de lutte biologique positivement

ou négativement. n

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73

Symbiontes et arthropodes – quelles implications pour la lutte biologique? | Environnement

Ria

ssu

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Sum

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y

Symbionts and arthropods – potential implications for

biological control

Most arthropod species live in association with numerous

bacteria. Their interactions can have different outcomes.

While some bacteria are crucial for their host’s survival,

others are facultative and their presence can have a

negative, positive or neutral effect on the nutrition,

reproduction or survival of their host. Some endosymbi-

onts (such as Wolbachia for example) are known as

reproduction manipulators. Vertically transmitted, these

bacteria developed several strategies (such as partheno-

genesis induction, cytoplasmic incompatibility) to increase

the transmission of infected females in their host popula-

tion, in comparison to un-infected females. Another way

to ensure its propagation is to become crucially needed

by its host. By protecting their host against natural

enemies such as hymenopteran parasitoids, nematodes,

entomopathogenic fungi, bacteria or viruses, endosymbi-

onts achieved this goal. Endosymbionts may then greatly

influence biological control programs. These influential

house mates may not only affect the rearing of beneficial

arthropods (by altering their reproduction mode) but also

influence their interactions with target crop pest species

(by inducing resistances for example). This paper explains

how endosymbionts may influence biological control and

provides practical examples and a protocol to follow to

identify problems associated to their presence.

Key words: symbiont, arthropod, biological control.

Simbionti e artropodi – quali implicazioni per

la lotta biologica?

La maggioranza degli artropodi vive in simbiosi

con numerosi batteri. Alcuni di essisono implicati

nelle funzioni vitali dei loro ospiti, mentre altri

non sono indispensabili e la loro presenza può

avere un effetto neutro, positivo o negativo su

nutrizione, riproduzione o sopravvivenza dei loro

ospiti. Alcuni endosimbionti sono conosciuti per

l'influenza che esercitano sulla strategia riprodut-

tiva dei loro ospiti. Trasmessi verticalmente,

questi batteri hanno sviluppato strategie

differenti per favorire la riproduzione delle

femmine infette rispetto a quelle non infette così

da agevolare la loro propria trasmissione.

Un'altra strategia per propagarsi in seno alla

popolazione del proprio ospite è rendersi

indispensabili per quest'ultimo. Proteggendolo

contro determinati nemici naturali gli endosim-

bionti assicurano contemporaneamente la loro

permanenza e propagazione in seno alla popola-

zione. Gli endosimbionti possono quindi influen-

zare significativamente il successo di un pro-

gramma di lotta biologica. Il presente articolo

spiega come gli endosimbionti possono agire

sull'attuazione di un programma di lotta biolo-

gica, fornendo alcuni esempi pratici e illustrando

come procedere per identificare i potenziali

problemi legati alla loro presenza.

Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 68–73, 2013

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74 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 74–81, 2013

Blé d'automne dans l'essai DOC. (Photo: ART)

Lucie Gunst1, Walter Richner1, Paul Mäder2 et Jochen Mayer1 1Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich, Suisse2Institut de recherche de l’agriculture biologique FiBL, 5070 Frick, Suisse

Renseignements: Lucie Gunst, e-mail: [email protected], tél. +41 44 377 74 31

Apports en éléments nutritifs sur le blé d’automne – à partir de quand deviennent-ils limitants?

I n t r o d u c t i o n

Le but de l’essai comparatif DOC mis en place depuis

1978 à Therwil BL est de comparer un système biolo-

gique-dynamique (D), un système organique-biologique

(O), un système conventionnel (C; fumure organique

minérale) et un système conventionnel-minéral (M;

fumure exclusivement minérale) dans la perspective de

la production durable et de la fertilité du sol (tabl. 1).

L’essai joue sur deux niveaux de fumure (tabl. 1).

Les rendements se différencient nettement entre les

niveaux de fumure ainsi qu’entre les systèmes de cultures

biologiques et conventionnels. Avec le blé d’automne, les

différences de rendement étaient de l’ordre de 15 %

entre les procédés biologiques et conventionnels (Gunst

et al. 2007). Les différences de rendement étaient légère-

ment moins prononcées entre les niveaux de fumure des

procédés conventionnels (C1 vs. C2) qu’entre ceux de pro-

cédés biologiques (O1/D1 vs. O2/D2; Jossi et al. 2009).

Dans l’agriculture biologique, on admet que l’azote (N)

est le facteur limitant des rendements et que les autres

éléments nutritifs essentiels comme le phosphore (P), le

potassium (K), le magnésium (Mg) et le calcium (Ca)

peuvent être réintroduits en grande partie par les engrais

de ferme ou puisés dans le sol (Berry et al. 2002).

Le projet avait pour objectif d’étudier l’approvision-

nement du blé d’automne en éléments nutritifs dans

l’essai DOC pendant les quatre premières périodes d’asso-

lement de 1978 à 2005 et de réunir des informations sur

l’effet limitant des éléments nutritifs dans les systèmes

culturaux biologiques. Pour y parvenir, les chercheurs ont

analysé et comparé l’absorption d’éléments nutritifs et

les teneurs en éléments nutritifs des grains et de la paille.

Pour compléter, les teneurs en phosphore, potassium et

magnésium disponibles pour les plantes ont également

été relevées dans la couche superficielle du sol.

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Dans l’essai comparatif DOC, l’assolement, le choix des

variétés et le travail sont identiques dans tous les procé-

dés. La fertilisation, la protection des plantes et le

contrôle des adventices sont spécifiques aux systèmes

culturaux dans les procédés conventionnels et biolo-

giques (détails de l’essai, voir Gunst et al. 2007 et tabl. 1).

Exploitation du blé d‘automne

Durant les années étudiées, les variétés de blé d’au-

tomne cultivées étaient les suivantes: Probus (1979,

1983), Sardona (1986, 1989, 1990), Ramosa (1993),

Tamaro (1996, 1997, 2000, 2002) et Titlis (2003). Les

semences des systèmes C et M ont été traitées, dans les

systèmes bio D, O et dans le procédé N0, par contre, la

quantité de semences a été augmentée de 5 à 20 %.

Seules les parcelles de blé avec des pommes de terre

comme précédent cultural ont été évaluées car cette

séquence d’assolement a pu être suivie sur l’ensemble de

la période.

En moyenne, on a épandu du compost de fumier et

du lisier (10 t/ha/an; 21 m3/ha/an) dans le système D2, du

lisier (20 m3/ha/an) dans le système O2 et des tourteaux

de ricin (763 kg/ha/an) durant les trois premières années.

Les systèmes C et M ont reçu des apports d’azote, de

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

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Apports en éléments nutritifs sur le blé d’automne – à partir de quand deviennent-ils limitants? | Production végétale

75

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 74–81, 2013

L’essai longue durée DOC visant à comparer les

systèmes culturaux a permis notamment d’étudier

les effets des apports en éléments nutritifs sur le

blé d’automne de 1978 à 2003. Il doit fournir des

informations sur le rôle joué par les éléments

nutritifs sur le niveau des rendements dans les

systèmes d’agriculture biologique.

Des différences de rendements considérables

entre les systèmes culturaux «biologiques» et

«conventionnels» et les niveaux de fertilisation

ont pu être expliquées essentiellement par

l’approvisionnement des plantes en éléments

nutritifs, notamment en azote. Le phosphore a pu

être exclu des facteurs co-limitants car l’approvi-

sionnement du sol en phosphore était suffisant

dans tous les procédés DOC pendant toute la

durée de l’essai. Les analyses de la paille et des

grains ont indiqué des valeurs élevées en phos-

phore et de faibles différences, ce qui confirme les

résultats du sol.

Le potassium par contre a pu être identifié comme

étant un facteur co-limitant de l’azote, dans les

procédés bio avec niveau de fertilisation réduit ainsi

que dans la parcelle témoin non fertilisée. La

différence entre les teneurs en potassium dans la

biomasse superficielle et le potassium disponible

dans le sol l’indiquait également. Toutefois, les

systèmes biodynamique et bioorganique montraient

un apport équilibré en potassium avec un niveau de

fumure élevé. Par conséquent, avec un niveau de

fumure de ce type, les deux systèmes biologiques

peuvent être considérés comme durables.

phosphore et de potassium sous forme minérale (tabl. 2).

Il faut savoir que la quantité d’azote minérale appliquée

dans le système C était de 65 % plus élevée que dans les

systèmes D et O. La quantité d’azote épandue lors du

premier apport a été mesurée en déduisant les réserves

de Nmin dans le sol au début de la période de végéta-

tion. Dans les systèmes D, O et dans le procédé N0, la

protection des plantes s’est limitée à la lutte mécanique

contre les adventices à l’aide d’une herse et à l’applica-

tion de produits biodynamiques dans les systèmes D et

N0. Dans les systèmes C et M, une application d’herbi-

cides et une application de régulateurs de croissance ont

été pratiquées, ainsi qu’un à deux traitements avec des

fongicides.

Prélèvement d’échantillons et analyses

Les échantillons ont toujours été prélevés lors de la

récolte. Après séchage et nettoyage des parties souillées,

des barbes et des glumes, les grains et la paille ont été

moulus et les teneurs en éléments nutritifs analysées. La

teneur en azote a été déterminée selon Dumas, les

teneurs en phosphore par spectrophotométrie et celles

de potassium, de magnésium et de calcium par ICP-OES

selon l’extraction des cendres dans HCl. Les teneurs en

éléments nutritifs disponibles dans le sol (0–20 cm) ont

été déterminées selon les méthodes de référence des

stations de recherche Agroscope pour le phosphore, le

potassium dans des extraits de CO2, pour le magnésium

dans des extraits de CaCl2 (Agroscope 2011).

Site et climat: Therwil BL, 300 m ü. M., 9,5 °C, 792 mmSol: terre parabrune profonde sur loess, légèrement à pseudogleyStructure de l’essai: carré latin, quatre répétitions, trois assolements identiques, mis en place parallèlement, mais décalés dans le tempsRéalisation: Agroscope ART et FiBL

Systèmes culturaux D O C M

Exploitation Biologique-dynamique Organique-biologique Conventionnel2Conventionnel2, apport d’engrais

minéraux uniquement1

Forme d’engrais de ferme Compost de fumier / Lisier Fumier décomposé / Lisier Fumier frais / Lisier Aucun engrais de ferme

Fertilisation selon les directives DBF-GCH (2), 1,4 UGBF3 D2 O2 C2 M2

Demi-fertilisation (1), 0,7 UGBF D1 O1 C1

Sans fumure N0

Tableau 1 | Site, structure de l'essai, systèmes culturaux et assolement de l'essai DOC

1Depuis 1985, auparavant sans fertilisation, 2depuis 1985 intégré et depuis 1999 exploité selon les directives des prestations écologiques requises, 31re et 2e période d’assolement

(1978–1991): 1,2 resp. 0,6 UGBF, 4Etudié: blé d’automne 1 avec précédent cultural unique, pommes de terre, 1978–2005.

Périodes d’assolement (PA) de 1978 à 2005:1re PA 1978–1984 2e PA 1985–1991 3e PA 1992–1998 4e PA1999–2005Pommes de terre Pommes de terre Pommes de terre Pommes de terre Blé d’automne 14 Blé d’automne 14 Blé d’automne 14 Blé d’automne 14 Chou blanc Betteraves rouges Betteraves rouges Soja Blé d’automne 2 Blé d’automne 2 Blé d’automne 2 Maïs ensilage Orge d’automne Orge d’automne Prairie temporaire 1 Blé d’automne 2 Prairie temporaire 1 Prairie temporaire 1 Prairie temporaire 2 Prairie temporaire 1 Prairie temporaire 2 Prairie temporaire 2 Prairie temporaire 3 Prairie temporaire 2

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Production végétale | Apports en éléments nutritifs sur le blé d’automne – à partir de quand deviennent-ils limitants?

76 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 74–81, 2013

Dépouillement des données de l’essai

A partir des teneurs en éléments nutritifs des grains et

de la paille, la teneur globale de la biomasse superfi-

cielle récoltée a été calculée d’après les teneurs moyennes

pondérées des grains et de la paille. Les systèmes D1/O1

et D2/O2 ainsi que C2/M2 n’affichaient aucune diffé-

rence de teneurs d’un niveau de fumure à l’autre. C’est

pourquoi la représentation s’appuie sur la moyenne des

teneurs. Le taux annuel de variation des éléments nutri-

tifs disponibles dans le sol (P, K et Mg) a été déterminé à

partir de la différence entre les teneurs moyennes du sol

en 2000, 2002 et 2003 après la culture du blé d’automne

et la teneur initiale en 1977. L’état des éléments nutritifs

du sol dans les différents systèmes culturaux a été évalué

selon les directives DBF-GCH 2009. Les teneurs en élé-

ments nutritifs du blé ont été évaluées à l’aide d’une

analyse de variance à deux facteurs (facteurs année x sys-

tème cultural). Les moyennes ont été comparées au

moyen du test de Newman-Keuls.

R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

Fertilisation et absorption d’éléments nutritifs

Ce sont les systèmes C2, M2 et D2 qui ont reçu les quantités

d’éléments nutritifs les plus élevées (tabl. 2). A noter que

dans le système D, les engrais de ferme plus riches en élé-

ments nutritifs, qui provenaient de fermes situées dans des

régions où les sols sont riches en calcaire, se sont traduits

par des apports moyens en azote, potassium et magnésium

plus élevés dans le procédé D2 que dans C2. En 1999, un

apport de chaux (2680 kg CaCO3 ha–1; tabl. 2) a permis de

corriger le pH dans C1, C2 et M2. Sans cet apport supplé-

mentaire de chaux, les apports de calcium par le biais des

engrais auraient également été plus élevés dans le procédé

D2. L’apport d’azote minéral dans le système O correspon-

dait à celui du système D. En revanche, les apports d’azote

total et de potassium étaient inférieurs de 50 % à ceux du

système D, ceux de phosphore de 70 %, et ceux de calcium

et de magnésium d’environ 85 %. C’est la conséquence de

l’emploi de compost de fumier dans le système D et du

lisier plutôt pauvre en éléments nutritifs dans la 3e période

d’assolement (1993, 1996, 1997) utilisé dans le système O.

De même, en ce qui concerne l’absorption d’éléments

nutritifs issus de la biomasse superficielle (grains et paille;

fig. 1 a–f), les systèmes C2 et M2 affichaient souvent les

valeurs les plus élevées et le procédé N0 les valeurs les plus

basses. L’absorption d’éléments nutritifs ne se distinguait

pratiquement pas dans les deux systèmes bio contraire-

ment à l’apport d’éléments nutritifs. En dépit des diffé-

rences de rendements, tous les systèmes ont assimilé

approximativement la même quantité de calcium et de

magnésium.

En général, tous éléments nutritifs confondus, l’absorp-

tion d’éléments nutritifs était plus importante au niveau

de fumure 2 qu’au niveau 1. Avec le système C, ce phéno-

mène était plus marqué (niveau 1: 81 % du niveau 2) que

dans les deux systèmes bio (niveau 1: 87 % de niveau 2).

Avec le procédé N0, l’absorption d’éléments nutritifs

représentait encore 65 % des systèmes D2 et O2 et 52 %

des systèmes C2 et M2. C’est pour le potassium que la

différence entre les niveaux de fumure était la plus

importante; elle était moins élevée pour l’azote et le

phosphore et faible pour le calcium et le magnésium.

Une augmentation de la fertilisation se traduisait donc

par une augmentation de l’absorption de potassium, de

phosphore et d‘azote, mais avait peu d’influence sur

l’absorption de calcium et de magnésium. Les faibles dif-

férences entre les systèmes et les niveaux de fumure en

ce qui concerne l’absorption de calcium et de magnésium

peuvent s’expliquer par le bon approvisionnement du sol

(tabl. 6). Il est possible aussi qu’avec un apport accru en

potassium, il se soit produit des interactions antago-

nistes (concurrence des ions) ; ces dernières ont conduit à

une absorption relativement limitée de calcium et de

magnésium dans les procédés C2 et M2 caractérisés par

une importante fumure en potassium. (Spiess et al. 1993).

Les calculs des rapports entre apport et absorption

des éléments nutritifs dans tous les procédés confirment

les constats précédents. Ils indiquent des corrélations

significatives pour l’azote total, l’azote minéral, le phos-

phore et le potassium avec des coefficients de corréla-

tion compris entre r = 0,53 et r = 0,65 (tabl. 3). Le rapport

était plus faible pour le magnésium et le calcium (r = 0,44

resp. r = 0,29).

Les bilans apports-prélèvements pour le blé (fig. 1 a–f)

montrent si la fumure était en mesure de couvrir le besoin

en éléments nutritifs. En cas de bilans négatifs (valeurs au-

dessus de la ligne de séparation), d’autres sources d’élé-

Quantité d'éléments nutritifs kg ha-1

N N P K Ca Mg

total minéral

N0 0 0 0 0 0 0

D1 40 10 9 56 70 9

O1 20 10 3 29 5 2

C1 30 30 18 51 88* 4

D2 80 20 18 112 139 19

O2 40 21 5 58 10 4

C2 59 59 35 101 175* 8

M2 81 81 30 118 165* 11

*Dans les procédés M2, C2, C1, un total de 2680 kg ha-1 de CaCO3 a été épandu en deux apports en 1999 sous forme de chaux d'acide carbonique (= 1070 kg ha-1 Ca).

Tableau 2 | Quantités d'éléments nutritifs apportés par les engrais (moyenne de la période 1979 – 2003) dans le blé d'automne 1 avec pommes de terre comme précédent cultural dans différents systèmes culturaux de l'essai DOC

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Apports en éléments nutritifs sur le blé d’automne – à partir de quand deviennent-ils limitants? | Production végétale

77Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 74–81, 2013

toujours positifs et O1 et O2 toujours négatifs. Cela vient

des apports de chaux dans les systèmes C et M et du com-

post riche en calcium dans le système D.

Si l’on associe les résultats de l’absorption d’éléments

nutritifs avec les soldes des bilans, il est probable que l’ap-

provisionnement en éléments nutritifs ait un effet limitant

sur les rendements, dans le cas de l’azote, du phosphore et

du potassium. Cela devrait transparaître dans les teneurs

en éléments nutritifs des produits de récolte ainsi que dans

les éléments nutritifs disponibles dans le sol.

Teneurs en éléments nutritifs dans les grains et la paille

Hormis la teneur en phosphore, les teneurs moyennes en

éléments nutritifs de la biomasse superficielle (teneurs

moyennes du grain et de la paille) se distinguaient consi-

dérablement les unes des autres pour tous les systèmes

et sur l’ensemble de la durée de l’essai (tabl. 4; fig. 2 a–e).

ments nutritifs doivent être trouvées comme les réserves

du sol ou les légumineuses fixant l’azote. Les bilans étaient

toujours négatifs pour l’azote, ce qui s’explique d’une part,

par les apports supplémentaires en azote par les légumi-

neuses fixant l’azote, apports disponibles indirectement

via l’azote fourni par le sol, et d’autre part par le dépôt

atmosphérique d’azote. Les bilans du phosphore étaient

positifs pour C2 et M2. Le niveau 1 de fumure, plus faible,

ainsi que les systèmes bio, affichaient tous des soldes

négatifs de phosphore. La situation était identique pour

le potassium et le magnésium: les systèmes C2 et M2

affichent des soldes positifs et négatifs, tandis que les

systèmes O2 et O1 affichent uniquement des soldes

négatifs. Pour D2, les bilans sont en revanche presque

toujours positifs, ce qui vient des apports d’engrais net-

tement plus élevés. Le calcium varie considérablement

entre les systèmes C1, C2, M2, D2 et D1 avec des bilans

0 20 40 60 80

100 120 140 160 180 200 220 240

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140

Abso

rptio

n en

kg

ha-¹

Fertilisation en kg ha-¹

Azote total

A0

20 40 60 80

100 120 140 160 180 200 220 240

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140

Azote minéral

B

0

5

10

15

20

25

30

35

0 10 20 30 40 50 60

Abso

rptio

n en

kg

ha-¹

Fertilisation en kg ha-¹

Phosphore

C

0 20 40 60 80

100 120 140 160 180 200

0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200

Abso

rptio

n en

kg

ha-¹

Fertilisation en kg ha-¹

Potassium

D

0

5

10

15

20

25

30

35

0 50 100 150 200 250 300 350

Calcium

E

0

2

4

6

8

10

12

14

16

0 5 10 15 20 25 30 35 40

Magnésium

M2 K2 O2 D2 K1 O1 D1 N0

FFertilisation en kg ha-¹

Fertilisation en kg ha-¹

Fertilisation en kg ha-¹

Abso

rptio

n en

kg

ha-¹

Abso

rptio

n en

kg

ha-¹

Abso

rptio

n en

kg

ha-¹

+ +

+

+

+

+

– –

––

– –

Figure 1 a-f | Quantités annuelles d'éléments nutritifs apportés et absorption d'éléments nutritifs par le blé d'automne dans différents systèmes culturaux de l'essai DOC. (le côté "+" de la ligne correspond à un bilan positif des éléments nutritifs, le côté "–" à un bilan négatif)

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Production végétale | Apports en éléments nutritifs sur le blé d’automne – à partir de quand deviennent-ils limitants?

78 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 74–81, 2013

C’est avec le potassium que les influences du système

sont les plus nettes. Là, les teneurs en potassium suivent

l’intensité d’exploitation: C2/M2 affichent la teneur la

plus élevée avec 9,3 g kg–1 de MS, tandis que les teneurs

de D2/O2 ne représentent que 82 % de C2/M2, celles de

D1/O1 68 % et celles de N0 54 %. Il est étonnant de

constater que les teneurs en phosphore ne sont influen-

cées que par C2/M2, tandis que les autres systèmes et le

procédé N0 présentent les mêmes concentrations. Le cal-

cium et le magnésium réagissent indifféremment et

atteignent les valeurs les plus élevées dans le procédé N0.

Avec l’augmentation de l’intensité de fumure, les teneurs

de calcium et de magnésium ont tendance à baisser dans

les procédés biologiques entre les niveaux de fumure 1

et 2. Les fortes teneurs en calcium dans les systèmes

C2/ M2 sont dues aux apports en chaux. Le fait que les

teneurs en calcium et en magnésium diminuent plus l’in-

tensité augmente peut s’expliquer par l’effet de dilution

suite à des rendements plus élevés en biomasse et est

sans doute associé à des effets antagonistes en cas d’ap-

port élevé en potassium (D2/O2; C2/M2).

Les teneurs en azote présentent des différences

moindres, le procédé N0 étant celui qui affiche les deu-

xièmes plus hautes teneurs. Lorsque les plantes ont

atteint la maturité nécessaire au battage, ces teneurs

ne donnent que des informations relatives sur l’appro-

visionnement des cultures en éléments nutritifs. Ainsi,

les systèmes C2/M2 étaient dans l’ensemble les mieux

approvisionnés, mais le procédé N0 non fertilisé depuis

1978 affichait des teneurs en azote relativement éle-

vées bien que les rendements en grains n’aient repré-

senté en moyenne que 67 % de ceux de C2. Cela peut

s’expliquer par la formation des rendements dans les

cultures de blé. Dans le procédé N0 et les procédés bio,

l’approvisionnement modéré des jeunes plantes de blé

en azote au début de la période de végétation s’est tra-

duit par une densité plus faible du peuplement. Aux

stades de développement ultérieurs, les plantes dispo-

saient toutefois d’une quantité suffisante d’azote. Cela

a entraîné des teneurs relativement élevées en azote

avec des rendements très faibles. On peut expliquer de

la même manière la teneur plus élevée en azote des

systèmes bio avec un niveau de fumure réduit (D1/O1)

par rapport à ceux qui affichent un niveau de fumure

plus élevé (D2/O2).

Par conséquent, les différences des teneurs de potas-

sium indiquent en premier lieu une co-limitation des ren-

dements de blé par le potassium et l’azote. Afin de confir-

mer cette hypothèse, les teneurs en phosphore, potassium

et magnésium ont été comparées avec les valeurs indica-

tives de l’agriculture suisse (DBF-GCH, Flisch et al. 2009).

Les teneurs en éléments nutritifs qui sont mentionnées

dans le tableau 60a de cette publication sont des valeurs

moyennes tirées des données compilées à l’issue des

Elément nutritif Coefficient de corrélation

N total 0,53

N minéral 0,65

P 0,62

K 0,55

Ca 0,29

Mg 0,44

Tableau 3 | Coefficients de corrélation du rapport entre la quantité d'éléments nutritifs contenus dans les engrais et les éléments nut-ritifs absorbés par le blé dans la biomasse superficielle du sol

N P K Ca Mg

g/kg MS

%g/kg MS

%g/kg MS

%g/kg MS

%g/kg MS

%

N0 13,64 b 94 2,06 b 93 5,03 d 54 2,39 a 100 0,97 a 100

D1/O1 13,22 c 91 2,08 b 94 6,27 c 68 1,94 c 81 0,92 b 95

D2/O2 12,92 d 89 2,07 b 93 7,59 b 82 1,81 d 76 0,87 d 90

C2/M2 14,51 a 100 2,21 a 100 9,28 a 100 2,04 b 85 0,90 c 92

Analyse de variance ** P<0,01; test Newman Keul: P=0,05

Procédé ** ** ** ** **

Année ** ** ** ** **

Procédé*Année ** ** ** ** **

Tableau 4 | Teneurs moyennes totales des éléments nutritifs de la biomasse superficielle, calculées comme teneurs pondérées des éléments nutritifs des grains et de la paille de blé d'automne (années 1979–2003), dans différents systèmes culturaux de l'essai DOC

Le tableau indique les moyennes des systèmes D1/O1, D2/O2 et C2/M2. Différentes lettres dans les colonnes indiquent des différences de moyennes significatives.

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Apports en éléments nutritifs sur le blé d’automne – à partir de quand deviennent-ils limitants? | Production végétale

79Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 74–81, 2013

paille qui atteignaient 5,3 g kg–1 MS dans le procédé N0 se

situaient nettement en dessous de la teneur minimale de

6,8 g kg–1 MS. Dans les procédés D1/O1 avec 7,4 g kg–1 MS

et D2/O2 avec 9,4 g kg–1 MS, elles se situaient en dessous

de la moyenne de 10,5 g kg–1 MS malgré des apports éle-

vés en potassium dans D2.

Eléments nutritifs disponibles pour les plantes dans le sol

Les éléments nutritifs disponibles dans le sol confirment

les résultats des analyses de plantes. Pour le phosphore,

essais des stations de recherche. La plage de teneurs indi-

quée montre dans quelle fourchette se situent les teneurs

des éléments nutritifs des cultures en Suisse. Le phos-

phore et le magnésium sont généralement accumulés

dans les grains, le potassium en revanche essentiellement

dans la paille. Les teneurs en phosphore et en magnésium

des grains de tous les procédés étaient proches de la

moyenne DBF-GCH, en tout cas dans la fourchette obser-

vée avec les conditions typiques de la Suisse (tabl. 5; Spiess

et al. 1995). Par contre, les teneurs en potassium de la

0.5

1,0

1,5

2,0

2,5

3,0

3,5

Pro Pro Sar Sar Sar Ram Tam Tam Tam Tam Tit

1979 1983 1986 1989 1990 1993 1996 1997 2000 2002 2003

Calcium

D

6

8

10

12

14

16

18

Pro Pro Sar Sar Sar Ram Tam Tam Tam Tam Tit

1979 1983 1986 1989 1990 1993 1996 1997 2000 2002 2003

Tene

ur e

n g

kg-¹

MS Azote

A

0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1.6

Pro Pro Sar Sar Sar Ram Tam Tam Tam Tam Tit

1979 1983 1986 1989 1990 1993 1996 1997 2000 2002 2003

Magnésium

C2/M2 D2/O2 D1/O1 N0

E

0,5

1,0

1,5

2,0

2,5

3,0

Pro Pro Sar Sar Sar Ram Tam Tam Tam Tam Tit

1979 1983 1986 1989 1990 1993 1996 1997 2000 2002 2003

Phosphore

B

0 2 4 6 8

10 12 14

Pro Pro Sar Sar Sar Ram Tam Tam Tam Tam Tit

1979 1983 1986 1989 1990 1993 1996 1997 2000 2002 2003

Potassium

C

Tene

ur e

n g

kg-¹

MS

Tene

ur e

n g

kg-¹

MS

Tene

ur e

n g

kg-¹

MS

Tene

ur e

n g

kg-¹

MS

Figure 2 a-e | Evolution dans le temps des teneurs totales en éléments nutritifs de la biomasse superficielle récoltée, calcu-lées comme teneurs pondérées des éléments nutritifs des grains et de la paille de blé d'automne dans les années 1979–2003, dans différents systèmes culturaux de l'essai DOC. Le tableau indique les moyennes des systèmes D1/O1, D2/O2 und C2/M2 par an. Pro: Probus, Sar: Sardona, Ram: Ramosa, Tam: Tamaro, Tit: Titlis.

GrainsN

GrainsP

GrainsK

GrainsCa

GrainsMg

PailleN

PailleP

PailleK

PailleCa

PailleMg

g/kg MS g/kg MS

N0 24,3 4,0 4,7 0,6 1,3 6,6 0,7 5,3 3,6 0,8

D1/O1 24,8 4,2 4,5 0,5 1,4 5,9 0,8 7,4 2,9 0,6

D2/O2 25,1 4,2 4,4 0,4 1,3 6,1 0,9 9,4 2,6 0,6

C2/M2 26,7 4,2 4,4 0,4 1,3 7,1 1,0 12,3 3,0 0,7

DBF-GCH Valeur moyenne 23,8 4,2 4,2 – 1,4 3,6 0,9 10,5 – 0,8

DBF-GCH min. 17,6 3,6 2,9 – 0,9 3,5 0,5 6,8 – 0,7

DBF-GCH max. 29,4 5,2 5,9 – 1,4 8,2 1,5 14,7 – 1,2

Tableau 5 | Teneurs moyennes des éléments nutritifs dans les grains et la paille et valeurs comparables des DBF-GCH 2009 (Flisch et al. 2009)

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Production végétale | Apports en éléments nutritifs sur le blé d’automne – à partir de quand deviennent-ils limitants?

Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 74–81, 2013

les teneurs moyennes des années 2000 à 2003 avec

niveau de fumure 2 se situent dans tous les systèmes

dans la classe de fertilité C (suffisant; Flisch et al. 2009;

tabl. 6). Avec un niveau de fumure 1, les valeurs

atteignent la classe de fertilité B (modéré) même avec le

procédé N0. Cette valeur est généralement considérée

comme suffisante pour le niveau de rendement de l’agri-

culture biologique (Kolbe et Schuster 2011). Cela n’est

pas étonnant, car les teneurs du sol en phosphore au

début de l’essai en 1977 se situaient également à un

niveau très élevé (classe de fertilité D, riche). Cependant

au niveau de fumure 2, on observe une baisse continue

par rapport à l’état initial. Ce n’est donc qu’une question

de temps pour que l’approvisionnement en phosphore

ait un effet limitant pour la croissance des plantes

(tabl. 6). Dans le procédé N0 et au niveau de fumure 1,

on a observé une nette baisse du magnésium disponible

tandis qu’au niveau de fumure 2, les valeurs sont prati-

quement restées constantes. Toutefois, les sols étaient

tellement bien pourvus en magnésium qu’aujourd’hui

encore, ils sont classés dans la catégorie C. Il n’y a que

dans le procédé N0 que les teneurs ont baissé au point

de passer dans la classe de fertilité B. La situation est

totalement différente pour le potassium. Au début de

l’essai, les teneurs en potassium disponible se situaient

déjà à un niveau bas (classe de fertilité B). Au niveau de

fumure 2, les teneurs ont même pu être légèrement rele-

vées. Il faut cependant noter que ce phénomène était le

plus marqué dans les deux systèmes bio D2 et O2. Cepen-

dant les teneurs ont considérablement baissé avec le

niveau de fumure 1 et dans le procédé N0 pour passer

dans le classe de fertilité A. Au niveau de fumure 1, elles

n’atteignaient plus qu’environ 50 % des valeurs du

niveau 2 et 30 % avec le procédé N0.

C o n c l u s i o n s

Pour le blé d’automne de l’essai DOC, les différences

autant dans les systèmes culturaux (D, O, C, M) que dans

les niveaux de fumure ont une influence capitale sur les

rendements. Ils dépendent avant tout de l’approvision-

nement des plantes en azote, sachant que ce sont sur-

tout les formes minérales d’engrais azoté qui contri-

buent à différencier les rendements. Le phosphore a pu

être exclu des facteurs co-limitants, car l’approvisionne-

ment en phosphore se situait à un haut niveau au début

de l’essai. Malgré une baisse continue des éléments

nutritifs disponibles dans le sol, en 2003, l’approvision-

nement en phosphore est resté correct avec le niveau de

fumure élevé et suffisant avec le niveau de fumure bas.

La faible différence des teneurs en phosphore de la

paille et des grains confirme ce constat.

Par contre, le potassium a pu être identifié comme

étant un facteur co-limitant de l’azote dans les cultures

de blé, en cas d’apport réduit dans les procédés bio au

niveau de fumure 1 et dans le procédé N0. C’est ce qu’in-

dique la différence entre les teneurs de potassium dans la

biomasse superficielle et les teneurs de potassium dispo-

nible dans le sol. Oberson et al. (2012) aboutissent à des

résultats comparables dans leur étude sur la fixation bio-

logique de N2 et le caractère limitant des éléments nutri-

tifs dans la croissance du trèfle dans la prairie temporaire

de l’essai DOC. Il faut toutefois souligner que les procé-

dés bio au niveau de fumure 2 (soit 1,4 UGBF/ha) pré-

sentent un approvisionnement équilibré en potassium et

que les deux systèmes biologiques peuvent être considé-

rés comme durables avec ce niveau de fumure. Dans ce

cas, l’amélioration des rendements passe essentiellement

par une amélioration de l’alimentation en azote. n

P: K: Mg:

1977Classede fer-tilité

2003Classede fer-tilité

Variati-on

taux/an1977

Classede fer-tilité

2003Classede fer-tilité

Variati-on

taux/an1977

Classede fer-tilité

2003Classede fer-tilité

Variati-on

taux/an

mg/kg mg/kg mg/kg mg/kg mg/kg mg/kg

N0 2,4 D 0,3 B -0,08 7,1 B 3,0 A -0,15 95,4 C 60,6 B -1,29

D1 2,4 D 0,5 B -0,07 7,0 B 5,7 A -0,05 100,2 C 82,0 C -0,67

O1 2,7 D 0,4 B -0,08 8,1 B 5,5 A -0,10 94,3 C 79,8 C -0,54

C1 2,8 D 0,6 B -0,08 7,8 B 5,0 A -0,10 94,2 C 72,3 C -0,81

D2 2,5 D 1,0 C -0,05 6,9 B 10,7 B 0,14 101,5 C 97,8 C -0,14

O2 2,6 D 0,9 C -0,06 7,7 B 10,3 B 0,10 92,9 C 99,0 C 0,23

C2 2,6 D 1,4 C -0,04 7,5 B 8,8 B 0,05 94,2 C 91,7 C -0,09

M2 2,4 D 0,9 C -0,06 6,8 B 9,8 B 0,11 98,3 C 101,3 C 0,11

Tableau 6 | Teneurs en éléments nutritifs du sol en mg/kg et classe de fertilité selon DBF-GCH 2009 (Flisch et al. 2009) pour 1977 et pour la moyenne des années 2000–2003 ainsi que variation annuelle des teneurs 1977–2003

L'approvisionnement du sol en éléments nutritifs a été représenté à l'aide des classes de fertilité A=pauvre, B=modéré C=suffisant D=riche; teneur moyenne en argile 15–20%.

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Apports en éléments nutritifs sur le blé d’automne – à partir de quand deviennent-ils limitants? | Production végétale

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DOC trial: nutrient supply in winter wheat –

where is the deficit?

The nutrient supply of winter wheat was one of

the topics investigated by the DOC long-term

system comparison from 1978 to 2003. The aim of

this trial is to provide evidence of nutrient-related

yield limitations in organic farming systems.

Substantial differences in yield between «organic»

and «conventional» farming systems and different

fertilisation intensities were primarily attributed to

the delivery of nutrients – in particular, nitrogen – to

the plants. Because the soil phosphorus supply was

adequate in all DOC systems over the entire trial

period, phosphorus was ruled out as a co-limiting

factor. The plant analyses of straw and grain

exhibited high figures and a low differentiation for

phosphorus, thus confirming the soil findings.

By contrast, potassium was identified along with

nitrogen as a co-limiting factor in the organic

systems at the low fertilisation intensity and in the

unfertilised control. This was indicated by the

differentiation of potassium content in the

above-ground biomass and the available soil

potassium content. Despite this, both the bio-

dynamic and bio-organic system exhibited a

balanced potassium supply at the high fertilisation

intensity. Both bio-systems may therefore be

considered sustainable at this fertilisation intensity.

Key words: farming systems, organic farming,

wheat, plant nutrition, nutrient limitation.

Esperimento DOC: approvvigionamento in

sostanze nutritive nelle colture di frumento

autunnale - dove si evidenziano limitazioni?

Il confronto tra sistemi su lungo periodo DOC si è

concentrato anche sull'analisi dell'approvvigiona-

mento in sostanze nutritive delle colture di

frumento autunnale dal 1978 al 2003, al fine di

fornire indicazioni sulle limitazioni di resa ricondu-

cibili alle sostanze nutritive nei sistemi agricoli

biologici.

I notevoli scarti di resa tra sistemi agricoli «biolo-

gici» e «convenzionali» e il livello di concimazione

hanno potuto essere essenzialmente ricondotti

all'approvvigionamento in sostanze nutritive delle

piante, soprattutto in azoto. È stato escluso il

ruolo di fattore co-limitante del fosforo, poiché il

tenore di fosforo del suolo risultava sufficiente

per tutta la durata dell'esperimento in tutti i

processi DOC. Le analisi effettuate su paglia e

chicchi indicano valori elevati di fosforo e una

bassa differenziazione, confermando quindi i

risultati ottenuti dall'analisi del suolo.

Il potassio, invece, è stato identificato quale fattore

co-limitante dell'approvvigionamento in azoto nei

processi biologici a basso livello di concimazione e

nelle superfici di controllo non concimate. Ciò è

confermato dalla differenziazione dei tenori di

potassio nella biomassa superficiale e quelli

disponibili nel suolo. Tuttavia il sistema biologico-

dinamico e quello biologico-organico indicavano

un approvvigionamento di potassio equilibrato a

un livello di concimazione elevato. Entrambi i

sistemi biologici possono pertanto essere ritenuti

sostenibili a questo livello di concimazione.

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82 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 82–87, 2013

En Suisse, la moitié des céréales panifiables sont protégées contre les maladies foliaires par une application de fongicide.

I n t r o d u c t i o n

La septoriose est une des plus importantes maladies fon-

giques du blé sous nos latitudes. La gestion de cette

maladie est basée sur la culture de variétés peu sensibles,

sur le travail du sol et sur l’application de fongicides. En

Suisse, la moitié de la surface dédiée aux céréales pani-

fiables est cultivée en mode conventionnel et est donc

protégée contre les maladies foliaires par pulvérisation

d’un produit fongicide. L’un des agents pathogènes de

la septoriose est Mycosphaerella graminicola (Fuckel)

J. Schröt., aussi connu sous le nom de sa forme asexuée,

Septoria tritici Rob. in Desm. Jusqu’à récemment, deux

groupes de matières actives étaient utilisés pour lutter

contre cette maladie: les Qol (Quinone Outside Inhibi-

tors; strobilurines) et les DMI (Demethylation Inhibitors;

dont les triazoles). Une mutation ponctuelle conférant

la résistance aux QoI est rapidement apparue dans les

populations de M. graminicola, rendant l’efficacité de

ce groupe aléatoire. Le pathogène s’est aussi adapté

Stéphanie Schürch1 et Thibaut Cordette2

1Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon, Suisse2Université de Picardie Jules Vernes, 80000 Amiens, France

Renseignements: Stéphanie Schürch, e-mail: [email protected], tél. +41 22 363 43 75

Sensibilité initiale de la septoriose du blé aux fongicides SDHI (carboxamides)

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

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Sensibilité initiale de la septoriose du blé aux fongicides SDHI (carboxamides) | Production végétale

83

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 82–87, 2013

Une nouvelle famille de fongicides, les

carboxamides (ou SDHI), est disponible

depuis peu pour lutter contre la septoriose

du blé. Le risque de développement de

résistances chez Mycosphaerella graminicola

vis-à-vis de cette famille est estimé moyen à

élevé. Des précautions d’utilisation sont

donc nécessaires pour conserver le plus

longtemps possible l’efficacité des carboxa-

mides. Un suivi de la résistance pourrait être

nécessaire si l’efficacité au champ n’est plus

satisfaisante. Dans ce but, un protocole a été

établi pour tester la sensibilité des souches à

grande échelle. La sensibilité initiale de

117 souches de ce pathogène vis-à-vis de

trois matières actives de la famille des SDHI

a été évaluée in vitro. Ces données forment

une «ligne de base» et pourront au besoin

servir de point de comparaison. Dans un

premier temps, pour prévenir et freiner le

développement des résistances, les carboxa-

mides ne sont appliquées sur céréales

qu’une fois par culture et ne sont utilisées

qu’en mélange avec des matières actives

appartenant à un autre groupe de résistance.

aux DMI par une perte de sensibilité graduelle, ce qui

peut se traduire au champ par une érosion de l’effica-

cité des produits. Pour gérer ces phénomènes de résis-

tance, le chlorothalonil, une matière active multi-sites,

est régulièrement utilisé comme partenaire de mélange.

Dès 2010, des fongicides à base de SDHI (Succinate

Dehydrogenase Inhibitors) sont apparus sur le marché

pour lutter contre la septoriose. Les SDHI, aussi appelés

carboxamides, sont en fait une ancienne famille de fon-

gicides utilisés depuis les années 1970 pour traiter les

semences contre les Basidiomycètes (agents du charbon

ou de la carie, par exemple; Rheinheimer 2012). La plus

ancienne molécule de cette famille encore utilisée

aujourd’hui est la carboxine, mise sur le marché en 1968.

La découverte du boscalid en 2003 a donné un nouvel

élan à cette famille puisque cette molécule est aussi

active contre les Ascomycètes. Cet élargissement du

spectre d’activité a rendu possible l’utilisation des SDHI

contre les maladies foliaires des céréales. Ceci a suscité un

regain d’intérêt consécutif des firmes phytopharmaceu-

tiques pour cette famille et conduit au développement

de nouvelles molécules, comme l’isopyrazam ou le

bixafen. Vu le développement de résistances aux QoI et

DMI, disposer d’un nouvel outil pour lutter contre la sep-

toriose est intéressant. A ce jour, aucune souche de M.

graminicola résistante aux carboxamides n’a été détectée

en champ (FRAC 2012), mais des mutants résistants ont pu

être obtenus en laboratoire (Skinner et al. 1998; Fraaije et

al. 2012). De plus, des souches résistantes ont été trouvées

au champ pour plusieurs autres pathogènes comme

Botrytis cinerea ou Sclerotinia sclerotiorum (FRAC 2012).

Les carboxamides inhibent au niveau des mitochon-

dries un enzyme de la chaîne respiratoire (complexe II);

un maillon indispensable de la production d’énergie

dans les cellules fongiques. Chez les souches résistantes,

cet enzyme est légèrement modifié (substitution d’un

ou plusieurs acides aminés) de façon à ce que la molé-

cule fongicide ne puisse plus se lier correctement à son

site d’action. Le risque de développement de résistance

chez M. graminicola vis-à-vis des SDHI est estimé moyen

à élevé. Pour suivre l’évolution de la résistance chez ce

pathogène, la sensibilité initiale (ligne de base) doit être

connue. Ce point de départ est important pour évaluer

l’efficacité des mesures de gestion de la résistance.

Le but de la présente étude était de mettre au point

dans notre laboratoire un test de sensibilité à grande

échelle et de définir la ligne de base pour trois molé-

cules appartenant aux SDHI: le boscalid, le bixafen et

l’isopyrazam. Si, à l’avenir, une analyse de la résistance

s’avérait nécessaire suite à d’éventuels doutes sur l’effi-

cacité de ces molécules, un point de comparaison est

disponible.

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Production végétale | Sensibilité initiale de la septoriose du blé aux fongicides SDHI (carboxamides)

84 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 82–87, 2013

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Un total de 127 souches de M. graminicola ont été iso-

lées à partir de lésions foliaires. En 2008, le matériel

végétal (variété Arina) provenait de Changins (VD) et

Goumoëns-la-Ville (VD); en 2011, de ces deux mêmes

lieux (variétés Arina et Tapidor) ainsi que de Satigny

(variétés Zinal et Levis). Pour les tests de sensibilité

(méthodologie d’après G. Stammler BASF, modifiée), les

souches ont été incubées 7 jours sur yeast-malt-agar

(YMA: 4 g d’extrait de levure, 4 g d’extrait de malt, 4 g

de saccharose, 15 g d’agar, dans 1 l d’eau bidistillée,

50 mg d’auréomycine). La croissance levuriforme a été

encouragée par exposition aux UV proches. Des spores

prélevées à l’aide d’un coton-tige ont été mises en sus-

pension dans un milieu liquide yeast-bacto-glycerol dou-

blement concentré (YBG: 20 g d’extrait de levure, 20 g

de bacto peptone, 40 ml de glycérol dans 1 l d’eau bidis-

tillée). La concentration des spores a été ajustée à

1,6 × 104 spores/ml.

Chacune des trois matières actives (Fluka) a été dis-

soute dans du diméthylsulfoxyde (DMSO) pour obtenir

une solution mère à 1 g/l. Les concentrations finales des

substances actives étaient de 0, 0,03, 0,1, 0,3, 1, 3, 6,5 et

10 µg/ml avec une concentration constante de DMSO à

1 %. Dans des plaques de microtitration 96 puits, 50 µl de

suspension de spores ont été mises en contact avec 50 µl

de solution fongicide. Chaque test comportait un

témoin négatif (milieu YBG sans spores) et a été répété

trois fois. Après 7 jours d’incubation à 18 °C dans l’obscu-

rité et sous agitation constante, la croissance a été éva-

luée par mesure de l’absorbance à 405 nm à l’aide d’un

lecteur de plaque (MRX Reader, Dynex technologies). La

sensibilité aux fongicides a été définie par la quantité de

substance inhibant la croissance de 50 % (EC50), elle-

même déterminée par une régression logistique à

quatre paramètres (fig. 1) effectuée avec XLSTAT (Ver-

sion 2011.2.04, Addinsoft 1995 – 2011).

R é s u l t a t s

La méthodologie a été adaptée afin d’obtenir des résul-

tats fiables et reproductibles. Les tests de sensibilité ont

été effectués en plaques de microtitration ce qui a rendu

possible l’étude d’un relativement grand nombre (117)

de souches de M. graminicola. Une plus grande quantité

de boscalid était nécessaire pour inhiber la croissance de

50 % (EC50 entre 0,093 et 0,919 µg/ml, moyenne 0,388 µg/

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1

1,2

1,4

1,6

1,8

0,01 0,1 1 10

Dens

ité o

ptiq

ue à

405

nm

Concentration en boscalid (µg/ml)

EC50 = 0,395 µg/ml

Figure 1 | Croissance de Mycosphaerella graminicola (souche 11-02) à sept concentrations de boscalid (ronds bleus) et EC50 (triangle jaune), calculée par régression logistique (modèle = ligne noire).

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Sensibilité initiale de la septoriose du blé aux fongicides SDHI (carboxamides) | Production végétale

85Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 82–87, 2013

ml) par rapport aux deux autres matières actives (Krus-

kal–Wallis K = 98,3, P < 0,0001; fig. 2). Le bixafen (EC50

entre 0,030 et 0,638 µg/ml, moyenne 0,217 µg/ml) était

un peu moins efficace in vitro que l’isopyrazam (EC50

entre 0,018 et 0,626 µg/ml, moyenne 0,161 µg/ml). Il n’y

avait pas de différence significative entre les deux

années de prélèvement, 2008 et 2011. La résistance aux

strobilurines des 46 souches collectées en 2008 était pré-

alablement connue. Les souches résistantes et les souches

sensibles aux strobilurines ne présentaient pas de profil

de sensibilité aux carboxamides significativement diffé-

rent. Entre carboxamides, par contre, la sensibilité était

corrélée. La sensibilité au bixafen était liée le plus forte-

ment à celle à l’isopyrazam (R2 = 0,47, P < 0,0001; fig. 3),

alors que la corrélation entre boscalid et isopyrazam (R2

= 0,31, P < 0,0001) était un peu moins forte et celle entre

bixafen et boscalid (R2 = 0,17, P < 0,0001) la plus faible.

D i s c u s s i o n

Un protocole adapté à notre laboratoire et la sensibilité

initiale aux carboxamides de souches suisses de M. gra-

minicola ont été établis. Cette ligne de base est un point

de comparaison indispensable à toute étude de sensibi-

lité future. La fourchette de concentration de fongicide

utilisée était adaptée à la sensibilité de la population.

L’ajout de deux concentrations supplémentaires entre

0,1 et 1 µg/ml permettrait une estimation plus précise

des EC50. Réunir les conditions induisant une croissance

levuriforme et homogène (conditions indispensables à

une mesure quantitative) de M. graminicola dans des

puits de 6,5 mm de diamètre est relativement délicat.

Les EC50 obtenues (moyennes et fourchettes) corres-

pondent à celles décrites pour des souches de M. grami-

nicola d’autres provenances (Sierotzki et al. 2010; Fraaije

et al. 2012). Les fourchettes sont relativement larges.

Une plus grande quantité de boscalid que de bixafen ou

d’isopyrazam est nécessaire pour inhiber la croissance

des souches. Selon un modèle structural des interactions

entre les carboxamides et leur cible, l’affinité (force de

liaison) du boscalid avec les protéines du complexe II

serait inférieure à celles des deux autres molécules

(Fraaije et al. 2012). Nous n’avons pas observé de résis-

tance croisée entre les strobilurines et les carboxamides;

deux familles de fongicides ayant un mode d’action dif-

férent. Par contre, la sensibilité aux carboxamides était

intercorrélée, ce qui s’explique facilement vu que les

trois molécules ont la même cible et le même mode

d’action. On parle de sensibilité croisée. Pratiquement,

cela signifie que si une souche venait à développer une

résistance à une molécule, elle serait aussi résistante aux

deux autres.

Changins Goumoëns Changins Goumoëns Satigny 0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9

1

EC50

Bos

calid

(µg/

ml)

2008 2011

n=22 n=24 n=21 n=19 n=31

A

Changins Goumoëns Changins Goumoëns Satigny 0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0.8

0,9

1

EC50

Bix

afen

(µg/

ml)

2008 2011

n=22 n=24 n=21 n=19 n=31

B

Changins Goumoëns Changins Goumoëns Satigny

EC50

Isop

yraz

am (µ

g/m

l)

2008 2011

C

n=22 n=24 n=21 n=19 n=31

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9

1

Figure 2 | Sensibilité de cinq populations de M. graminicola au (A) boscalid, (B) bixafen et (C) isopyrazam. (Boîtes à moustaches: 50 % des données dans le rectangle, ligne horizontale = médiane, croix rouge = moyenne).

Changins Goumoëns Changins Goumoëns Satigny 0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9

1

EC50

Bos

calid

(µg/

ml)

2008 2011

n=22 n=24 n=21 n=19 n=31

A

Changins Goumoëns Changins Goumoëns Satigny 0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0.8

0,9

1

EC50

Bix

afen

(µg/

ml)

2008 2011

n=22 n=24 n=21 n=19 n=31

B

Changins Goumoëns Changins Goumoëns Satigny

EC50

Isop

yraz

am (µ

g/m

l)

2008 2011

C

n=22 n=24 n=21 n=19 n=31

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9

1

Changins Goumoëns Changins Goumoëns Satigny 0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9

1

EC50

Bos

calid

(µg/

ml)

2008 2011

n=22 n=24 n=21 n=19 n=31

A

Changins Goumoëns Changins Goumoëns Satigny 0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

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0,9

1

EC50

Bix

afen

(µg/

ml)

2008 2011

n=22 n=24 n=21 n=19 n=31

B

Changins Goumoëns Changins Goumoëns Satigny

EC50

Isop

yraz

am (µ

g/m

l)

2008 2011

C

n=22 n=24 n=21 n=19 n=31

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9

1

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86

Production végétale | Sensibilité initiale de la septoriose du blé aux fongicides SDHI (carboxamides)

Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 82–87, 2013

Des mesures ont été prises pour limiter le risque de déve-

loppement de résistance dans les populations naturelles

de M. graminicola. Les carboxamides ne sont pas

employées seules pour lutter contre la septoriose, mais

en mélange avec des triazoles qui ont un mode d’action

différent et avec lesquelles il n’y a pas de résistance croi-

sée. L’application est limitée à un seul traitement contre

les maladies foliaires sur céréales. Ces deux mesures

devraient être suffisantes pour limiter le risque de proli-

fération des souches résistantes et conserver à long

terme l’efficacité des carboxamides. n

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7

EC 50

Isop

yraz

am (µ

g/m

l)

EC50 Bixafen (µg/ml)

Figure 3 | Sensibilité croisée entre bixafen et isopyrazam chez M. graminicola (régression linéaire y = 0,55x + 0,04; n = 111).

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87

Sensibilité initiale de la septoriose du blé aux fongicides SDHI (carboxamides) | Production végétale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 82–87, 2013

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Baseline sensitivity of septoria leaf

blotch to SDHI fungicides

Since recently, a new class of fungi-

cides is available to control Septoria

leaf blotch of wheat, the so-called

carboxamides or SDHI. The risk of

resistance development in

Mycosphaerella graminicola to SDHI

fungicides is estimated to be medium

to high. Therefore the implementation

of an anti-resistance strategy is

necessary to preserve the efficacy of

these fungicides. Sensitivity studies

may be necessary in case field efficacy

weakens. Thus, a method was estab-

lished to conduct large-scale sensitivity

tests in our laboratory. The sensitivity

to three SDHI active substances

(boscalid, bixafen and isopyrazam) of

117 Swiss M. graminicola strains was

measured in vitro. These data describe

the «baseline sensitivity» (initial

sensitivity level prior to the introduc-

tion of the fungicides) and may be

used in case of control failures to

detect potential shifts in sensitivity. At

the moment, to prevent resistance

emergence and build up, SDHI fungi-

cides are applied on cereals only once

per crop and are used only in mixtures

with partners having a different mode

of action.

Key words: EC50, baseline sensitivity,

resistance, septoria leaf blotch, wheat.

Sensibilità iniziale ai fungicidi SDHI

(carbossamidici) della septoriosi del

frumento

E’ da poco disponibile una nuova

famiglia di fungicidi, i carbossamidici o

SDHI per lottare contro la septoriosi

del frumento. Il rischio di sviluppare

delle resistenze nella Mycosphaerella

graminicola verso questa famiglia è

stimato da medio a elevato. E’ dunque

necessario prendere delle precauzioni

nell’uso per conservare il più lungo

possibile l’efficacia dei carbossamidici.

Un monitoraggio delle resistenze

potrebbe essere necessario se l’effica-

cia in campo non è più soddisfacente.

A questo scopo è stato stabilito un

protocollo per testare su larga scala la

sensibilità dei ceppi. La sensibilità

iniziale di 117 ceppi di questo pato-

geno verso tre sostanze attive della

famiglia dei SDHI è stata valutata in

vitro. Questi dati formano una «linea

di base» e potrebbero, al bisogno,

servire come punto di confronto. Per

prevenire e frenare, in un primo

tempo, lo sviluppo di resistenze, i

carbossamidici sono applicati su cereali

solo una volta per coltura e sono

utilizzati unicamente miscelati con

delle sostanze attive appartenenti a un

altro gruppo di resistenza.

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88 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 88–91, 2013

La question de l’approvisionnement en denrées alimen-

taires joue de nouveau un rôle plus important. La Suisse

peut-elle nourrir sa population actuelle de façon suffi-

sante sur la base de l’alimentation actuelle? Quelle est

la surface nécessaire moyenne pour nourrir une per-

sonne en Suisse? Cette surface peut-elle être optimisée

par un régime alimentaire adapté? Comment se réparti-

raient les surfaces nécessaires pour nourrir la popula-

tion de l’agglomération de Bâle, si toutes les denrées

alimentaires devaient être produites localement? Tel

était en résumé le thème d’un travail de Master à la

Haute école spécialisée de la Suisse du nord-ouest. Une

grande importance a été accordée sur la visualisation de

la surface nécessaire, donc sur des cartes.

Hypothèses

Des calculs effectués par la Haute école spécialisée ont

démontré qu’une personne aurait besoin d’une surface

agricole de 1’800 m² pour son alimentation actuelle

(sans boissons). Ceci est valable pour les denrées pro-

duites en Suisse sur la base de rendements actuels

moyens. Ainsi, l’alimentation d’une personne nécessite-

rait 47 % de la surface pour la production herbagère,

51 % pour les grandes cultures et 2 % pour l’approvision-

nement en fruits. Au total et en incluant les surfaces her-

bagères, près de 80 % de la surface nécessaire seraient

voués à une production fourragère (fig. 1).

D’emblée, il a fallu développer un modèle basé sur

des méthodes de géoinformatique et des dates géoma-

tisées, pour pouvoir répartir correctement la surface

agricole à disposition sur la population locale. Faute de

données plus précises quant à l’aptitude du sol, le

modèle est basé sur des données fournies par la statis-

tique suisse de la superficie. Les surfaces répertoriées

ont été allouées de façon itérative en se basant entre

autres sur les distances afin de minimiser les transports.

Dans le cas de l’agglomération de Bâle, une surface

nécessaire pour nourrir 500 000 personnes a dû être

allouée. Il fallait s’attendre à ce que la surface nécessaire

dépasse de loin l’étendue de l’agglomération elle-même.

Le nouveau modèle a permis de dresser des cartes

qui montrent assez bien quelle serait l’étendue de la sur-

face nécessaire si l’on se basait sur l’alimentation actuelle.

La figure 2 montre donc l’extension de cette surface

nécessaire pour nourrir un demi-million de personnes

vivant dans l’agglomération bâloise. Il faut préciser que

les personnes vivant en dehors de l’agglomération n’ont

pas été prises en considération. Le modèle considère

que les surfaces extérieures à l’agglomération sont inha-

bitées... En outre, la limite du système a été définie

(frontières avec la France et l’Allemagne), car sans cette

restriction le modèle se serait dispersé au nord. Il s’avère

que le modèle peut être transposé sur d’autres régions.

Deux scénariosDans la deuxième partie du travail, il s’agissait d’optimiser

le régime alimentaire actuel, essentiellement, en rédui-

sant la surface individuelle tout en respectant les aspects

nutritionnels physiologiques. Deux scénarios ont été cal-

culés; le premier avait pour but de réduire la surface indi-

viduelle nécessaire au strict minimum. En réduisant la part

de produits animaux et en les remplaçant par des cultures,

la surface nécessaire individuelle a pu être réduite de près

Adrian Moser1 et Claude Lüscher2

1Service de géoinformation Bâle-Ville, 4001 Bâle, Suisse2Haute école spécialisée de la Suisse du nord-ouest (FHNW), 4132 Muttenz, Suisse

Renseignements: Adrian Moser, e-mail: [email protected], tél. +41 61 267 92 67

Surfaces nécessaires à l'alimentation de l’agglomération bâloise mises en image

E c l a i r a g e

Pour nourrir une personne, la surface d'une table ne suffit pas. (Photo: Christian Koch/Ruth Schürmann tiré du Magazin Umwelt 2/2010)

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Surfaces nécessaires à l'alimentation de l’agglomération bâloise mises en image | Eclairage

89Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 88–91, 2013

de 40 % à quelques 1100 m2 par personne (fig. 3). C’est

surtout la surface herbagère qui s’est vue réduite.

La figure 4 montre la surface nécessaire pour nourrir

la population de l’agglomération de Bâle sur la base

d’un régime alimentaire optimisé (visant une surface

minimale). La surface herbagère de l’agglomération-

même suffirait presque pour couvrir les besoins en pro-

duits laitiers et en viande, tandis que la surface néces-

saire pour les grandes cultures s’étendrait toujours bien

au-delà des limites de l’agglomération.

Ce régime alimentaire presque végétarien ne corres-

pond pas vraiment aux coutumes suisses. C’est pourquoi,

dans un deuxième scénario, on a essayé d’atteindre une

meilleure utilisation des surfaces agricoles à disposition.

Etant donné la situation géographique dans le Jura

tabulaire, la Suisse du nord-ouest possède beaucoup de

surfaces qui ne peuvent être utilisées raisonnablement

que pour la production herbagère. Un régime alimen-

taire adapté devrait forcément prévoir une partie plus

importante de produits laitiers et de viande, puisque

dans le cas contraire on ne respecterait pas vraiment le

potentiel producteur des monts jurassiens. Ceci ne cor-

respondrait pas non plus à une politique de sécurité ali-

mentaire judicieuse.

grandes cultures

22%

fruits1%

produits laitiers30%

viande bovine

23%

viande de porc17%

volaille3% œufs

4% !"#$%&'()*"+,-./%0+Surface totale 1764m²

Figure 1 | Parts des surfaces pour la production des divers pro-duits agricoles par rapport à la surface totale nécessaire pour l’ali-mentation actuelle d’une personne.

Figure 2 | Surfaces nécessaires pour nourrir la population de l’agglomération bâloise sur la base de l’alimentation actuelle, la surface totale étant divisée en surfaces herbagères, surfaces de grandes cultures et vergers. Les surfaces résidentielles, les forêts ainsi que les surfaces non agricoles ont été éclipsées. Mise à part la frontière avec l’étranger, aucune autre restriction n’a été prise en compte.

grands cultures44%

fruits2%

produits laitiers38%

viande bovine

1% viande de porc

12% volaille

0% œufs3%

!"#$%&'()*"+,-./%0+Surface totale 1087m²

Figure 3 | Parts des surfaces pour la production des divers produits par rapport à la surface nécessaire totale pour une personne, sur la base d’un régime alimentaire optimisé (visant une surface minimale).

Régime alimentaire actuel en Suisse

aucune restriction spatiale

totalpar

personne

utilisation [ha] m2

grandes cultures 45 377 918surfaces herbagères 40 399 816arboriculture 1236 25Surface totale 86 952 1759

Légende

grandes cultures

surfaces herbagères

vergers

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Eclairage | Surfaces nécessaires à l'alimentation de l’agglomération bâloise mises en image

90 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 88–91, 2013

La ration de produits laitiers a donc été augmentée de

10 %, et la consommation de viande a été réduite de

25 %. Seule la viande de bœuf a été choisie, parce que la

race bovine est particulièrement adaptée à une utilisa-

tion judicieuse des pâturages souvent très raides.

La surface totale a été augmentée de 15 % environ à

2000 m2 par personne, en respectant autant que possible

les exigences d’une alimentation physiologiquement

acceptable basée sur des recommandations officielles.

En comparaison avec le régime alimentaire actuel, la part

des surfaces nécessaires à la production de viande aug-

mente, ainsi que celle des cultures légèrement. Les sur-

faces nécessaires pour la production de viande porcine et

pour la volaille se voient fortement réduites (fig. 5).

La figure 6 démontre que la surface cultivée atteint

à peu près la même étendue que celle du calcul de base

(fig. 2). Ceci s’explique par le fait, que tant qu’il reste

de la surface herbagère pour couvrir les besoins de

consommation en viande, une partie de la surface

cultivée doit servir comme prairie artificielle (sinon il

faudrait importer du fourrage). C’est seulement à par-

tir du moment où toute la surface herbagère aura été

allouée que les terres cultivées pourront être utilisées

exclusivement à la production des cultures. Même si la

surface totale augmente de 15 %, les régions recou-

vertes par l’utilisation agricole demeurent à un niveau

semblable à celui d’aujourd’hui; donc ce régime ali-

mentaire adapté respecte beaucoup mieux les condi-

tions de production naturelles sans occuper davantage

de surfaces.

Optimisation possible de l’utilisation des surfaces

L’étude montre de manière exemplaire où se situerait la

surface agricole nécessaire pour la population de l’agglo-

mération de Bâle, si tous les produits alimentaires étaient

cultivés en Suisse. De plus, ces produits devraient être culti-

vés à proximité de l’agglomération pour éviter de longs

transports. Le régime alimentaire actuel pourrait donc être

amélioré en ce qui concerne l’utilisation des surfaces ainsi

Figure 4 | Surfaces nécessaires pour alimenter la population de l’agglomération bâloise sur la base d’une alimenta-tion minimale, divisées en surfaces herbagères, cultures et vergers. Les surfaces résidentielles, les forêts ainsi que les surfaces non agricoles ont été éclipsées. Mise à part la frontière avec l’étranger, aucune autre restriction n’a été prise en compte.

grandes cultures

18% fruits2%

produits laitieres28%

viande bovine38%

viande de porc12%

volaille1% œufs

1% !"#$%&'()*"+,-./%0+Surface totale 2025m²

Figure 5 | Parts des surfaces pour la production des divers produits par rapport à la surface nécessaire totale, sur la base d’une alimentation avec optimisation de la surface.

Régime alimentaire visant une surface minimale

aucune restriction spatiale

totalpar

personneutilisation [ha] m2

grandes cultures 36 430 737surfaces herbagères 15 347 310arboriculture 1236 25Surface totale 53 013 1072

Légende

grandes cultures

surfaces herbagères

vergers

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Surfaces nécessaires à l'alimentation de l’agglomération bâloise mises en image | Eclairage

91Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 88–91, 2013

Le modèle a ses défauts: les données de la statistique

suisse de la superficie étaient les seules à disposition

pour évaluer le potentiel de production, en raison d’un

manque de données pédologiques plus détaillées. La

production de viande bovine ne correspond pas à la réa-

lité suisse, où normalement on engraisse les bêtes.

Quant aux ruminants, seule la race bovine a été abordée,

toute autre race aurait compliqué les choses. Malgré

tout, le modèle permet une approche réaliste et peut

être transposé à d’autres régions.

C’est important puisqu’il faut rendre conscients les

hommes au sujet de la surface cultivable nécessaire pour

produire du pain et de la viande. n

que d’un point de vue alimentaire (par exemple réduire la

consommation de viande). Un deuxième point concerne

l’optimisation des surfaces nécessaires à un régime alimen-

taire défini et les conditions de production agricole locales.

Les terres cultivées en Suisse sont limitées. En rédui-

sant la part des prairies artificielles dans la rotation des

cultures, en minimisant les pertes ou en modifiant le

régime alimentaire, on arriverait à nourrir davantage de

personnes avec la même surface agricole. Un point impor-

tant concerne l’adaptation des modes de productions

actuels, surtout par un régime de fourrage des ruminants

basé sur de l’herbe et une réduction de la ration en four-

rages concentrés (cultures, mais ensilé): on pourrait donc

utiliser le potentiel producteur de la surface donnée de

façon plus judicieuse.

Tous les calculs ont été effectués sur la base d’une pro-

duction conventionnelle. Une comparaison entre celle-ci

et la production biologique par exemple ne faisait pas

partie de la thèse.

Perspectives

Le nouveau modèle permet de calculer et de visualiser

des modes d’alimentation divers et d’imaginer des scé-

narios variés, avec des régimes alimentaires très diffé-

rents, et pour des régions et des populations plus ou

moins grandes. Il est possible de «diriger» la production

agricole dans l’une ou l’autre direction.

La thèse de Master d’Adrian Moser, ingénieur en géomatique et Master of Advanced Studies Umwelttechnik und –management, a été réalisée dans le cadre d’une formation post-grade en matière de protection d’environnement à la Haute école spécialisée de la Suisse du nord-ouest à Muttenz, Bâle-Campagne. Un groupe de travail a accompagné cette étude dont faisaient partie des spécialistes de l’Office fédéral de l’agriculture OFAG et des deux Office d’agriculture des can-tons de Bâle-Ville et de Bâle-Campagne. Claude Lüscher enseigne au sein de cette formation et a accompagné l’étude.

Bibliographie b Adrian Moser; Ernährungsfläche der Agglomeration Basel – ein Versuch

der Visualisierung: Masterthesis, Fachhochschule Nordwestschweiz, MAS-U, Muttenz, 2011/2012 (non publiée).

Figure 6 | Surfaces nécessaires pour alimenter la population de l’agglomération bâloise avec un régime alimentaire optimisé, respectant le potentiel d’utilisation du Jura. Les surfaces résidentielles, les forêts ainsi que les surfaces non agricoles ont été éclipsées. Aucune restriction n’a été prise en compte à l’exception de la frontière.

Régime alimentaire avec optimisation de la surface

aucune restriction spatiale

totalpar

personneutilisation [ha] m2

grandes cultures 37 418 757surfaces herbagères 61 341 1241arboriculture 2224 45Surface totale 100 983 2043

Légende

grandes cultures

surfaces herbagères

vergers

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92 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 92–95, 2013

Figure 1 | Pesée du matériel frais pour la détermination de la matière sèche. (Photo: ALP-Haras)

Patrick Schlegel1 et Harald Menzi2

1Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP Haras, 1725 Posieux, Suisse2Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen, Suisse

Renseignements: Patrick Schlegel, e-mail: [email protected], tél. +41 26 407 72 75

Teneurs en azote et en minéraux des poulets de chair

E c l a i r a g e

Ce travail avait pour objectif de déterminer les teneurs

en minéraux et en azote des poulets de chair. Les don-

nées de 27 poulets de chair élevés selon 4 programmes

d’engraissement indiquent que les teneurs corporelles

en matière sèche et en azote augmentent en fonction

du poids vif des animaux, tandis que celle en sodium

baisse. Pour un poulet de 2 kg, correspondant à un

poids usuel d’abattage des poulets âgés d’environ

37 jours, les teneurs corporelles en azote, en calcium,

en phosphore et en potassium s’élèvent à respective-

ment 29,1, 7,1 et 5,8 g/kg de poids vif et les teneurs en

cuivre et en zinc à respectivement 1,7 et 21,3 mg/kg de

poids vif.

Les rejets d’azote (N), de phosphore (P) et de potassium

(K) des poulets de chair ont été récemment réévalués

(Menzi et Schlegel 2009; Agroscope 2009). Cette évalua-

tion s’effectue par un bilan import-export. La quantité

d’éléments ingérés moins la quantité d’éléments fixés

par les poulets de chair lorsque ceux-ci sont vendus par

l’exploitation, donne la quantité d’éléments rejetés par

les animaux. Les teneurs en N, en P et en K de poulets

utilisées jusqu’à présent pour les calculs de bilans nutri-

tifs s’élevaitent à respectivement 26, 5,2 et 2,4 g / kg de

poids vif (Agroscope 2009). Ces données proviennent

d’une étude réalisée en 1974 (Furrer et Stauffer 1975).

Or, la production de poulets de chair s’est profondément

modifiée au cours des 40 dernières années (génétique,

alimentation, performances,…), ce qui justifie de nou-

velles analyses pour déterminer les teneurs corporelles

des poulets. La production de poulets de chair suisse est,

pour l’essentiel, effectuée de manière contractuelles

selon des programmes d’engraissement prédéfinis, tels

que coquelets, engraissement court et engraissement

normal. Les poulets engraissés selon ces programmes

sont abattus à un poids vif de respectivement 800, 1650

et 2150 g. L’engraissement extensif représente 8,5 % de

la production suisse (Aviforum 2010).

Ce travail avait pour objectif de déterminer les

teneurs en azote et en minéraux des poulets de chair.

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Vingt-sept poulets de chair engraissés ont été utilisés

pour cette étude. Les critères de sélection des poulets

étaient les suivants: programme d’engraissement, orga-

nisation de production et exploitation agricole. Les pou-

lets prélevés étaient en bonne santé et avaient un poids

vif représentatif de l’élevage dont ils étaient issus. Les

animaux provenaient de 14 exploitations agricoles, affi-

liées à quatre organisations de production et ont été

engraissés selon quatre programmes (coquelets, engrais-

sement court, normal et extensif). Les teneurs en énergie

métabolisable (EM), en matière azotée (MA) et en P des

aliments distribués ont été communiquées par les orga-

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Teneurs en azote et en minéraux des poulets de chair | Eclairage

93Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 92–95, 2013

nisations de production. La teneur en N des aliments a

été calculée en divisant la teneur en MA par 6,25.

Les poulets tués ont été pesés alors qu’ils étaient

chauds ou légèrement refroidis (ce qui correspond au PV).

Ils ont ensuite été broyés dans un hachoir à viande, pesés

puis congelés (fig. 1). La masse congelée a été lyophilisée

et la teneur en matière sèche de celle-ci déterminée (fig.

2). Chaque masse corporelle lyophilisée a été moulue

(1 mm) afin d’obtenir une poudre homogène destinée à

la réalisation des analyses chimiques. La teneur en eau

résiduelle a été déterminée par gravimétrie (THG 601,

LECO). La teneur en N quant à elle a été dosée par la

méthode de Kjeldahl (Kjeltec 2400/2460, Foss, Suède)

une fois le matériel digéré (Digestor, Foss; Suède). La

teneur corporelle en MA a été obtenue en multipliant la

teneur en N par 6,38. Après incinération, les minéraux (Ca,

P, Mg, K, Na, Cu, Fe, Mn et Zn) ont été déterminés par

spectrométrie (ICP-OES Optima 7300 DV Perkin-Elmer,

Waaltham, USA). Toutes les analyses ont été effectuées à

deux reprises, à l’exception de celles de la matière sèche

(une seule fois) et de N (quatre fois).

Pour chaque animal, les éléments nutritifs analysés ont

été calculés par kg de PV en matière sèche (MS) et en

matière fraîche (MF). Une analyse de régression a été

effectuée pour évaluer l’effet du poids vif sur les teneurs

corporelles (Systat 2007).

R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

Les teneurs moyennes en EM, en MA et en P des aliments

distribués (aliment de démarrage, de croissance et de fini-

tion) figurent dans le tableau 1 selon les programmes

d’engraissement. Les teneurs étaient semblables entre

organisations de production.

Les races Hubbard et JA étaient représentées en

engraissement extensif alors que seule la race Ross

(Hybride 308 et PM3) figurait dans les autres programmes

d’engraissement. Le poids vif moyen des coquelets (n = 6),

des poulets en engraissement court (n = 7), normal (n = 8)

et extensif (n = 6) était de respectivement 0,84 ± 0,05 kg,

1,47 ± 0,22 kg, 2,09 ± 0,20 kg et 2,19 ± 0,27 kg. Le PV mini-

mal et maximal était de respectivement 0,80 kg et 2,44 kg.

Programme d'engraissement

EM [MJ/kg] MA [g/kg] P [g/kg]

Dém. Croiss. Fin. Dém. Croiss. Fin. Dém. Croiss. Fin.

Coquelets

12,6 13,0 13,0

225 189 190 6,5 5,7 5,5

Court 223 205 198 6,5 5,6 5,4

Normal 223 191 192 6,5 5,6 5,5

Extensif 216 198 200 6,4 5,5 5,5

Tableau 1 | Valeur nutritive des aliments démarrage, croissance et finition pour poulets de chair

Par kg PV en MS Par kg PV en MF

Ø e-type Min Médiane Max Ø e-type Min Médiane Max

MS [g] 350 19 323 346 391

MA [g] 523 28 473 517 583 183 10 169 181 200

N [g] 82,0 4,3 74,2 81,0 91,4 28,7 1,5 26,4 28,4 31,4

CE [g] 81,6 6,9 70,0 80,8 98,7 28,6 2,7 24,0 27,8 34,8

Ca [g] 19,8 2,3 15,7 19,4 25,2 6,9 0,9 5,2 6,7 8,9

P [g] 16,4 1,9 13,8 16,0 21,8 5,7 0,7 4,7 5,6 7,7

Mg [g] 0,98 0,06 0,87 0,97 1,11 0,34 0,02 0,31 0,35 0,39

K [g] 7,50 0,56 6,18 7,55 8,48 2,62 0,11 2,36 2,60 2,83

Na [g] 3,16 0,32 2,61 3,12 3,76 1,10 0,07 0,92 1,09 1,23

Cu [mg] 5,15 1,41 2,83 5,08 7,41 1,80 0,49 0,97 1,69 2,79

Fe [mg] 236 155 106 168 654 82 53 40 59 218

Mn [mg] 9,7 4,0 3,5 10,5 17,3 3,4 1,4 1,3 3,5 6,2

Zn [mg] 60,5 5,7 50,9 60,2 76,0 21,8 4,0 17,8 21,0 39,8

Tableau 2 | Statistique descriptive de la teneur en matière sèche, en matière azotée et minérale du poulet

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Eclairage | Teneurs en azote et en minéraux des poulets de chair

94 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 92–95, 2013

Les teneurs moyennes en éléments nutritifs des poulets

de chair figure dans le tableau 2, indépendamment du

programme d’engraissement et du PV. Etant donné que

les PV ne présentaient pas de distribution normale

(Anderson-Darling: P = 0,045; Shapiro-Wilk: P = 0,02),

une distorsion des teneurs moyennes est possible

Figure 2 | Matériel séché et moulu prêt pour les analyses chimiques. (Photo: ALP-Haras)

Selon la matière fraîche Selon la matière sèche

Modèle PV PV2 R2 ET PV PV2 R2 ET

MS [g]Coeff. 313 22

0,998 30,7P *** *

N [g]Coeff. 26,5 1,3

0,998 2,1081,3

0,997 0,91P *** * *** n.s.

Ca [g]Coeff. 7,10

0,987 0,15919,8

0,988 0,43P *** n.s. *** n.s.

P [g]Coeff. 5,83

0,990 0,11416,3

0,989 0,33P *** n.s. *** n.s.

Mg [g]Coeff. 0,35

0,997 0,0040,97

0,996 0,012P *** n.s. *** n.s.

K [g]Coeff. 2,62

0,998 0,0228,19 -1,22

0,996 0,318P *** n.s. *** *

Na [g]Coeff. 1,20 -0,06

0,997 0,1163,82 -1,11

0,995 0,139P *** * *** ***

Cu [mg]Coeff. 1,74

0,929 0,0984,87

0,936 0,260P *** n.s. *** n.s.

Fe [mg]Coeff. 84

0,727 10,1232

0,716 28,7P * n.s. *** n.s.

Mn [mg]Coeff. 3,36

0,844 0,2839,37

0,841 0,799P + n.s. *** n.s.

Zn [mg]Coeff. 21,3

0,990 0,4259,5

0,990 1,18P *** n.s. *** n.s.

R2: Coefficient de détermination; ET: Erreur type; ***: P < 0,001; **: P<0,01 *: P<0,05; +: P<0,10; n.s.: P>0,10

Tableau 3 | Export en éléments nutritifs de poulets de chair en fonction du poids vif [kg]

0

20

40

60

80

0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0

Expo

rt e

n N

[g]

Poids vif [kg]

0

4

8

12

16

20

0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0

Expo

rt e

n P

[g]

Poids vif [kg]

Figure 3 | Export en azote et en phosphore en fonction du poids vif.

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Teneurs en azote et en minéraux des poulets de chair | Eclairage

95Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 92–95, 2013

(tabl. 2), raison pour laquelle les teneurs corporelles ont

été converties en quantité exportée (en g/animal) et

reportées en fonction du PV en MS ou en MF (tabl.3,

exemple avec N et P sous fig. 3). Basés sur la MS, les

exports en K (effet quadratique, P < 0,001) et en Na

(effet quadratique, P < 0,05) s’abaissaient avec un PV

croissant. Basé sur la MF, l’export en MS et en N aug-

mentait avec le PV croissant alors que celui en Na

s’abaissait (effets quadratiques, P < 0,05). Ainsi, les

teneurs en MS et en N augmentent et celle en Na baisse

avec l’accroissement du PV des poulets, tandis que celles

d’autres éléments, tels que le P et le K, restent constantes

(fig. 4). Un poulet de 2 kg PV, correspondant à un poids

de vente usuel d’un engraissement normal (environ 37

jours d’âge) exporte 58,2 g de N (26,5 g N/kg PV × 2,0 kg

PV + 1,3 g N / kg PV2 × 2,02 kg PV = 58,2 g N, tabl. 3), ce

qui représente 29,1 g N/kg PV (58,2/2 = 29,1 g N/kg PV).

La teneur corporelle en N selon Hadorn (1994), Bregen-

dahl et al. (2002), Hemme (2004), Fatufe et Rode-

hutscord (2005) et Javadi et al. (2007) est légèrement

supérieure à la valeur utilisée jusqu’à aujourd’hui en

Suisse, soit 26 g/kg PV (Agroscope 2009), et légèrement

inférieure aux données de la présente étude. La teneur

corporelle en P de 5,8 g/kg PV (tabl. 3) est d’environ

35 % plus élevée que celle de coquelets légers (530 g),

selon Hemme (2004), ou de poulets de chair de 40 jours

d’âge (Nys et al. 1997).

Bibliographie b Agroscope, 2009. Données de base pour la fumure des grandes cultures et des herbages (DBF-GCH). Revue suisse d’Agriculture 2, 1–100.

b Aviforum 2010. Informations personnelles. b Bregendahl K., Sell J. L. & Zimmerman D. R., 2002. Prediction of whole-body composition from the whole-body dry matter percentage of three-eek-old broiler chicks. Poultry Sci. 81, 1168–1171.

b Fatufe A. A. & Rodehutscord M., 2005. Growth, body composition and marginal efficiency of methionine utilization are affected by nonessential amino acid nitrogen supplementation in male broiler chicken. Poultry Sci. 84, 1584–1592.

b Furrer O. J. & Stauffer W., 1975. Menge und Zusammensetzung des in der Geflügelhaltung anfallenden Düngers. Schweiz. Landw. Monatshefte 53, 368–376.

b Hadorn R., 1994. Einfluss unterschiedlicher Nahrungsfaserträger (Soja und Hirseschalen) im Vergleich zu Weizenquellstärke auf die Nährstoff- und Energieverwertung von wachsenden Schweinen und Broilern. Disser-tation ETH, N° 10946.

100

150

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0

5

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0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0

Tene

ur e

n N

, P e

t K [g

/ kg

PV]

Poids vif [kg]

N P K MS

Tene

ur e

n M

S [g

/ kg

PV]

Figure 4 | Teneurs en MS, N, P, K [g/kg PV] de poulets de chair en fonction du poids vif.

C o n c l u s i o n s

La présente étude sur les teneurs corporelles de poulets

de chair a démontré que:

•• basées sur la MS, les teneurs en K et en Na s’abais-

saient en fonction de l’accroissement du PV;

•• la teneur en MS augmentait en fonction de l’accroisse-

ment du PV;

•• basées sur la MS, les teneurs en N et en Na s’abais-

saient en fonction de l’accroissement du PV;

•• la teneur en N, en P et en K de poulets de chair pesant

2 kg s’élevait à respectivement 29,1, 5,8 et 2,6 g / kg

PV. Ces valeurs sont supérieures de respectivement

12 %, 12 % et 8 % à celles utilisées jusqu’à présent. n

b Hemme A., 2004. Untersuchungen an Broilern zum Einfluss verschiedener anorganischer P-Quellen im Futter auf Leistung, P-Retention, P-Gehalte im Blut sowie die Zusammensetzung und Bruchfestigkeit von Knochen. Thesis, Hannover, Deutschland.

b Javadi M., Geelen M. J. H., Everts H., Hovenier R., Javadi S., Kappert H. & Beynen A. C., 2007. Effect of dietary conjugated linoleic acid on body composition and energy balance in broiler chickens. Brit. J. of Nutr. 98, 1152–1158.

b Menzi H. & Schlegel P., 2009. Neue Hofdüngernormen für das Geflügel. Schweizerische Geflügelzeitung 4, 14–15.

b Nys Y., Guivarc’h F. & Chadi M., 1997. Variation de la composition des carcasses de poulets de chair en phosphore, en fonction de l’âge, du sexe et de la lignée. Journées de la Recherche Avicole 2, 177–180.

b Systat, 2007. Systat version 12.02. Systat Inc., Chicago, U.S.A.

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96 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 96–98, 2013

L’agriculture brésilienne, axée sur les exportations,

est moderne, efficiente et compétitive. Ce pays d’Amé-

rique du Sud est le troisième exportateur mondial de

produits agricoles. Le Brésil dispose de 338 millions

d’hectares de terres fertiles, dont 90 millions d’hec-

tares encore en friche. L’agriculture brésilienne

contribue notablement à la création de valeur ajou-

tée dans les régions rurales. En revanche, la défores-

tation à grande échelle et l’affectation à la culture

des terres défrichées sont écologiquement contes-

tables. L’atout majeur de l’agriculture brésilienne est

qu’elle repose sur une recherche agronomique dyna-

mique1.

En été 2012, j’ai participé à la Conférence internationale

des agro-économistes, qui s’est tenue au Brésil, et j’ai

ensuite parcouru le pays. Le présent rapport est basé sur

les documents de la conférence.

Le secteur agroalimentaire brésilien

En 2010, le secteur agroalimentaire brésilien a contri-

bué pour 22 % au produit intérieur brut (PIB), employé

37 % de la main-d’œuvre du pays et constitué plus de

38 % des exportations.

Ces dernières années, le Brésil a considérablement élargi

sa production agricole. En 1991, la production céréalière

s’est élevée à 60 millions de tonnes sur environ 38 millions

d’hectares. Pour 2012, on s’attend à une production de

162 millions de tonnes sur 51 millions d’hectares. Le gain

pour la production agricole devrait excéder 150 milliards

US$. La production de viande, en particulier de viande de

volaille, a elle aussi considérablement augmenté.

Ces dernières années, l’énergie agricole s’est elle

aussi remarquablement développée. L’utilisation des

biocarburants progresse, au Brésil comme dans d’autres

pays, ce qui explique l’essor de la demande de canne à

sucre et, parallèlement, de bioénergie. La plantation

d’essences à croissance rapide sur une surface de 6,5 mil-

lions d’hectares soutient l’approvisionnement énergé-

tique et permet de couvrir en premier lieu la demande

de l’industrie sidérurgique en charbon de bois.

En 2011, le secteur agroalimentaire a exporté pour

près de 95 milliards US$ et en 2012, le total des exporta-

tions devrait dépasser les 100 milliards US$ en termes de

valeur, chiffres qui confirment la compétitivité du sec-

teur agricole brésilien.

Pâturage dans le Pantanal. (Photo: Urs Gantner, OFAG)

Urs Gantner, Office fédéral de l’agriculture, 3003 Berne, Suisse

Renseignements: Urs Gantner, e-mail: [email protected], tél. +41 31 322 25 74

L’agriculture brésilienne a le vent en poupe

E c l a i r a g e

1Geraldo Bueno et al., Brazilian agriculture, development and changes, Embrapa, Brasilia, DF 2012.

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L’agriculture brésilienne a le vent en poupe | Eclairage

97Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 96–98, 2013

Le Brésil s’est hissé au rang de premier exportateur mon-

dial de sucre, de café, de jus d’orange et de bioénergie.

Entre-temps, ce pays est également devenu le principal

exportateur de viande de volaille.

Le potentiel de production de l’agriculture brési-

lienne est jugé considérable. On estime ainsi que par-

tant de la période 2008/2009, la production de canne à

sucre, de maïs et de soja augmentera de près de 2,5 %

par an d’ici 2019/2020. Grâce à l’intensification de la pro-

duction, on peut escompter deux, voire trois récoltes par

an, et une augmentation des rendements par hectare.

Selon les données officielles fournies par le Ministère de

l’agriculture, de l’élevage et de l’alimentation, l’exten-

sion des surfaces cultivables ne sera désormais plus que

de 0,7 % par an. L’intention est ici clairement de limiter

la déforestation.

Source de valeur ajoutée dans les régions rurales

La part de l’agriculture au PIB du Brésil s’élève actuelle-

ment à environ 6 %, ce qui correspond approximative-

ment à 180 milliards R$ (1 euro = 2,38 R$). Les ressources

sont toutefois très inégalement réparties: 0,4 % seule-

ment des exploitations agricoles génèrent près de 49 %

des recettes de l’agriculture. La taille des exploitations

familiales est en moyenne de 18 hectares (2006), alors

que celle des exploitations non familiales est d’au moins

313 hectares. Aussi, 90 % des exploitations familiales sont

qualifiées de «très pauvres».

Protection du climat

Le Brésil a promulgué une loi sur la protection du climat

en 2009. D’ici 2020, le secteur agricole (y compris la pro-

duction de biocarburants) devra réduire ses émissions

polluantes de 226 mégatonnes d’équivalents-CO2, ce qui

correspond à 21,5 % de la diminution totale envisagée.

Une série d’objectifs ont été fixés, entre autres l’intensi-

fication de l’économie pastorale aux fins de stopper la

déforestation et le développement de systèmes climat-

compatibles de gestion forestière, d’élevage et de

culture des champs intégrée (sans labour).

Le déboisement a régressé de 75 % entre 2003/2004

et 2008/2009. Il est actuellement d’environ 7000 km2 par

an. Le Brésil veut réduire la déforestation de 80 % d’ici

2020, promouvoir l’utilisation des biocarburants et

développer les énergies renouvelables.

Production durable

La question de la durabilité fait l’objet de discussions

intensives, principalement au sujet de la production

d’éthanol. Au Brésil, le carburant produit à partir de la

canne à sucre est ainsi jugé clairement plus durable que

celui tiré du maïs (US). L’éthanol tiré de la canne à sucre

est le biocarburant qui a le rendement énergétique le

plus élevé à l’hectare. Neuf litres au moins de bioéthanol

peuvent être extraits par litre d’éthanol utilisé pour la

production de canne à sucre. Aucune autre matière pre-

mière agricole ne permet actuellement d’obtenir un tel

gain énergétique. La production d’éthanol à partir de la

canne à sucre génère ainsi près de deux fois plus d’éner-

gie qu’investie dans la production de canne à sucre. Le

Brésil prévoit de couvrir plus de 70 % de ses besoins en

carburant avec de l’éthanol et d’augmenter ses exporta-

tions d’éthanol à 8,3 billions de litres d’ici 2017. Le pays

attend de la production d’éthanol qu’elle génère des

emplois et des recettes supplémentaires ainsi qu’une

meilleure répartition des revenus dans le secteur agri-

cole. Les autres avantages mis en avant sont la diversifi-

cation de la production d’énergie et la réduction des gaz

à effet de serre.

Le rôle clé de la recherche agronomiqueLe Brésil attache une grande importance à la recherche

agronomique appliquée, la science et la technologie

ayant pour mission de dynamiser la production agricole.

Produit Production Exportation Principal acheteur

Sucre 1 1 Russie

Café 1 1 USA

Jus d’orange 1 1 Belgique

Soja 2 2 Chine

Viande de bœuf 2 3 Russie

Alcool 2 1 USA

Viande de volaille 3 1 Japon

Maïs 4 4 Iran

Viande de porc 4 4 Russie

Source: Ministério da Agricultura, Pecuária e Abastecimento (Mapa, AGE; Brésil).

Tableau 1 | Importance du Brésil en termes de production mondiale et d’exportations

Page 42: RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE - … · Chère lectrice, cher lecteur, En Suisse, les surfaces de colza ont augmenté de 60 % ces 15 dernières années. ... de phosphore (P) et de potassium

Eclairage | L’agriculture brésilienne a le vent en poupe

98 Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 96–98, 2013

Le Brésil peut ainsi être qualifié à juste titre de pays pion-

nier en matière d’agriculture tropicale.

Le Brésil investit 1,6 % de son PIB dans la recherche,

dont 12 % dans la recherche agronomique, ce qui sou-

ligne l’importance de cette dernière. La recherche agro-

nomique brésilienne mise sur les innovations qu’elle vise

à imposer sur le marché également. Elle accorde une

importance particulière au développement des connais-

sances technologiques, de même qu’à la collaboration

bilatérale et aux accords multilatéraux dans ce domaine.

Une importance nettement accrue est également accor-

dée à la protection de l’environnement. Les scientifiques

prônent ainsi la nécessité d’une agriculture «plus verte».

L’agriculture doit devenir économe en ressources

(resource-saving), climatiquement plus ingénieuse (cli-

mate smart) et les émissions de dioxyde de carbone

doivent être réduites. Il convient de plus d’exploiter

durablement les forêts. Les autres défis que le pays se

propose de relever sont l’amélioration de la compétiti-

vité, l’augmentation de la production, la promotion de

la recherche et du développement ainsi que le transfert

des technologies et l’échange et la mise en application

des connaissances.

C o n c l u s i o n s

L’agriculture brésilienne va poursuivre son développe-

ment, grâce surtout à l’augmentation de la productivité.

La recherche scientifique remplit à cet égard une mission

essentielle: contribuer à l’élargissement de la production

des denrées vitales food, feed, fiber et biofuel (produits

alimentaires, aliments pour animaux, fibres et biocarbu-

rants). L’intensification des systèmes pastoraux aura une

importance capitale dans ce contexte. Selon les déclara-

tions officielles, cela se fera dans une perspective de

durabilité.

Au cours de ces dernières années, le Brésil a prouvé

qu’une agriculture efficiente et compétitive est possible

dans les tropiques. Il est aujourd’hui en mesure de faire

bénéficier d’autres pays de sa riche expérience, notam-

ment l’Afrique subsaharienne. Le Brésil a pris la décision

d’orienter son agriculture vers la durabilité et aussi

d’améliorer la formation de sa population rurale.

Le potentiel de production de l’agriculture brési-

lienne est considérable. Le Brésil va continuer de s’affir-

mer sur les marchés mondiaux et augmenter ses parts de

marché. Ce faisant, il va apporter sa contribution à la

réduction de la faim dans le monde et à la stabilisation

des prix mondiaux. n

Capacité de production agricole

Les principaux facteurs influant sur la capacité

de production sont le capital humain, les nou-

velles technologies et leur diffusion, ainsi que

des ressources naturelles en quantité suffi-

sante et des conditions climatiques et météo-

rologiques favorables. Aussi le Brésil met-il

l’accent sur la formation, initiale et continue.

Les conditions météorologiques permettent

au moins une, et parfois jusqu’à trois récoltes,

dans les régions climatiquement favorisées du

pays. Grâce à de nouvelles technologies, la

production a pu être considérablement aug-

mentée, ce qui est illustré ci-après par deux

exemples.

Fixation biologique de l’azote: dans le cadre

du programme brésilien de sélection des sojas,

les variétés de soja utilisées sont sélectionnées

depuis les années 60 en fonction de leur possi-

bilité de fixation biologique de l’azote. La sé-

lection de nouvelles variétés a permis de dimi-

nuer les coûts de production et la charge envi-

ronnementale. C’est grâce à la sélection de ces

nouvelles variétés plus performantes que le

Brésil est passé au rang de deuxième produc-

teur mondial de fèves de soja.

Développement de la savane brésilienne (Cerrado): grâce à la mise en œuvre judi-

cieuse de nouvelles technologies, le Cerrado

est devenu une région de premier plan en ma-

tière de production céréalière et d’élevage de

bovins. L’amélioration de la fertilité des sols,

de nouvelles variétés végétales et de nou-

veaux hybrides végétaux, le choix de systèmes

de culture sans labour ainsi que de systèmes de

culture et d’élevage intégrés ont joué un rôle

clé dans ce développement. De 1970 à 1990, les

efforts ont surtout porté sur l’extension de la

surface agricole utile. Par la suite, c’est la pro-

duction qui s’est accrue, principalement grâce

à l’augmentation des rendements. Les repré-

sentants des milieux agricoles font aussi valoir

que des rendements plus élevés permettent de

préserver la végétation et la forêt tropicale

d’origine.

Page 43: RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE - … · Chère lectrice, cher lecteur, En Suisse, les surfaces de colza ont augmenté de 60 % ces 15 dernières années. ... de phosphore (P) et de potassium

99Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 99, 2013

P o r t r a i t

Enfant de l’Ajoie, Patrick Schlegel a grandi dans une

ferme à proximité de Courgenay. Dès sa plus tendre

enfance, il développe une forte affinité avec le milieu

agricole qui l’a tout naturellement amené à faire des

études d’agronomie à l’EPFZ.

Esprit optimiste, aiguisé par la curiosité, il témoigne

très tôt d’un féroce appétit de découverte, en particulier

du monde. Tout jeune étudiant au lycée de Porrentruy, il

saisit l’occasion qui lui est offerte de faire une année

d’échange linguistique au Texas. La confrontation avec

l’art de vivre texan est un choc culturel saisissant pour le

jeune gymnasien. Pendant ses études d’agronomie

entre 1994 et 1999, la fièvre du voyage et la passion de

la découverte le reprennent et le conduiront en Austra-

lie pour un stage dans une exploitation agricole avec

vaches allaitantes et moutons mérinos. Son diplôme

d’ingénieur agronome en poche, Patrick Schlegel

débute sa carrière professionnelle dans une entreprise

active dans le développement d’additifs alimentaires

pour animaux de rente, notamment des oligo-éléments.

Pour coordonner la recherche en alimentation animale

et rencontrer ses clients, il sillonne l’Europe, l’Amérique

du Nord et l’Afrique du Sud, conjuguant ainsi sa passion

des voyages et son activité professionnelle.

Après huit ans de «pérégrinations professionnelles»,

Patrick Schlegel désire relever un nouveau challenge. La

recherche l’attire. Il débute alors un travail de doctorat à

l’INRA et, parallèlement, entre au service d’Agroscope

en 2008. Il y conduit des projets portant sur l’alimenta-

tion minérale et vitaminique des animaux de rentes,

principalement de la vache laitière et du porc. Actuelle-

ment, il travaille sur la détermination des teneurs miné-

rales du fourrage et sur les antagonismes entre miné-

raux qui peuvent affecter les recommandations

d’apports, par exemple, l’influence du calcium sur le

statut en phosphore chez les porcs. Une autre responsa-

bilité de Patrick Schlegel consiste à revoir les normes en

matière de rejets en éléments nutritifs par les animaux

de rente. Les derniers travaux en date sont publiés dans

cette revue (lire articles en pages 60 et 94). Son activité

de chercheur au service de la communauté agricole lui

procure une grande satisfaction, surtout lorsqu’il s’agit

de réaliser des essais avec les animaux et de mettre en

valeur les données obtenues.

Ayant grandi dans la campagne jurassienne, Patrick

Schlegel a choisi de s’établir, avec sa famille, dans la cam-

pagne fribourgeoise, dans la Veveyse plus précisément.

Très adroit de ses deux mains, il passe actuellement son

temps libre à l’aménagement de sa maison et consacre

beaucoup de temps à ses deux enfants. Côté hobby, son

sport de prédilection est le snowboard qu’il a enseigné

à une kyrielle de petits Jurassiens à l’occasion de nom-

breux camps de ski.

Evelyne Fasnacht, station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux

ALP-Haras

Patrick Schlegel: le plaisir de la découverte

Page 44: RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE - … · Chère lectrice, cher lecteur, En Suisse, les surfaces de colza ont augmenté de 60 % ces 15 dernières années. ... de phosphore (P) et de potassium

100

A c t u a l i t é s

Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 100–103, 2013

Actualités

Eléments fertilisants et utilisation des engrais dans l’agriculture

Un module de l’aide à l’exécution pour la protection de

l’environnement dans l’agriculture

La présente aide à l’exécution explicite les bases légales

applicables pour la protection des eaux et de l’air en lien

avec la gestion des éléments fertilisants et l’utilisation des

engrais. Elle concrétise les notions juridiques non précisées

en relation avec les éléments fertilisants dans l’agriculture

comme le bilan des engrais, les valeurs limites maximales,

les restrictions d’utilisation, l’épandage d’engrais azotés

comme le lisier et les liquides riches en azote, les mesures

contre les pertes par lessivage, ruissellement et volatilisa-

tion de l’ammoniac, la détention des animaux en plein air

ou l’entreposage provisoire de fumier. Elle est destinée

avant tout aux autorités d’exécution, conseillers agricoles,

agro-entrepreneurs, ainsi qu’aux agriculteurs intéressés.

Hans Ulrich Gujer, Office fédéral de l’environnement OFEV

Markus Hardegger, Office fédéral de l’agriculture OFAG

L’aide à l’exécution «Eléments fertilisants et utilisation des engrais» sera publiée

uniquement sous forme électronique.

Téléchargement: www.umwelt-schweiz.ch/uv-1225-f

2012

> Eléments fertilisants etutilisation des engrais

dans l’agricultureUn module de l’aide à l’exécution pour la protection

de l’environnement dans l’agriculture

> L’environnement pratique > Agriculture

Problèmes plus nombreux et nouveaux avec les mycotoxines

Lors de la conférence du World Mycotoxin Forum à

Rotterdam (NL) du 3 au 9.11.2012 qui a réuni plus de

400 participants représentant la recherche, la branche et

l’industrie, un large éventail de thèmes ont été discutés:

les nouvelles mycotoxines, les conséquences sur la santé,

des stratégies de prévention et de réduction, le prélève-

ment d’échantillons et des nouvelles méthodes d’analyse,

ainsi que les facteurs biotiques et abiotiques qui in-

fluencent la formation des toxines comme le change-

ment climatique et des facteurs culturaux. De nouvelles

études montrent qu’outre les toxines de Fusarium bien

connues, dans les conditions culturales européennes, les

toxines hautement toxiques des champignons Aspergil-

lus, comme les aflatoxines, peuvent déjà se former au

champ comme on en a détecté récemment dans des lots

de maïs provenant de la vallée de Po en Italie. Il est donc

nécessaire d’étudier l’apparition de ces champignons,

l’écologie et l’épidémiologie, ainsi que le développe-

ment de stratégies culturales adaptées tout comme l’uti-

lisation des antagonistes afin de minimiser le risque de

contamination de nos denrées alimentaires et de nos ali-

ments pour animaux par ces substances très toxiques.

Susanne Vogelgsang et Hans-Rudolf Forrer

Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART

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101

A c t u a l i t é s

Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 100–103, 2013

N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s

Rapport ART 754

L’élevage de moutons est

une branche de produc-

tion répandue en région

de montagne. Les mou-

tons servent non seule-

ment à la production de

viande d’agneau, mais aussi au maintien du paysage

rural typique. Toutefois, la demande de viande d’agneau

est en baisse et la viande importée, de bonne qualité, est

d’un prix plus abordable. Par conséquent, la production

suisse doit relever un défi de taille. Sur la base de trois

groupes d’exploitations de différentes tailles, des ana-

lyses de coûts complets ont été établies. Elles oscillent

entre CHF 1619 et 3414 par 100 kg de viande d’agneau.

On constate que pour un troupeau allant jusqu’à 200

brebis, il n’y a pratiquement pas d’effets d’échelle. En

revanche, dans les effectifs plus importants, le potentiel

de réduction de coûts est considérable. Ainsi, les exploi-

tations qui comptent plus de 200 brebis affichent des

coûts complets de CHF 1619 par 100 kg de poids vif

d’agneau à viande, soit environ la moitié moins que les

exploitations qui ont moins de 200 brebis. En outre, le

canal de commercialisation exerce également une

influence. Les exploitations de moins de 200 brebis com-

mercialisent souvent la viande directement à leurs clients,

tandis que les exploitations de plus de 200 brebis ne

commercialisent leur viande que dans le canal tradition-

nel (revendeurs et marchés publics). La vente directe

implique des coûts plus élevés (principalement des coûts

calculés), mais aussi des recettes plus élevées par 100 kg

de poids vif d’agneau à viande. Le calcul des coûts et

profits indique qu’aucun groupe d’exploitations n’est en

mesure de couvrir ses coûts complets avec le produit de

la viande et les paiements directs. Par conséquent, le

salaire horaire supposé de CHF 28.– n’est pas atteint. Le

salaire horaire moyen est de CHF 13.–.

Lorenz Büchel et Victor Anspach,

Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART

Rapport ART 754

Rentabilité de la détention de moutons à viandedans les régions de montagne suisses

Une analyse des coûts complets basée sur trois groupes d’exploitations de différentes tailles

Impressum

Edition:Station de recherche AgroscopeReckenholz-Tänikon ART,Tänikon, CH-8356 Ettenhausen,Rédaction: Etel Keller,ARTTraduction: RegulaWolz,ART

Les Rapports ART paraissentenviron 20 fois par an.Abonnement annuel: Fr. 60.–.Commandes d‘abonnementset de numéros particuliers:ART,Bibliothèque, 8356 EttenhausenT +41 (0)52 368 31 31F +41 (0)52 365 11 [email protected]: www.agroscope.ch

ISSN 1661-7576

Auteurs

Lorenz Büchel und Victor Anspach,Forschungsanstalt AgroscopeReckenholz-Tänikon ART,Tänikon 1, CH-8356 Ettenhausen;E-Mail:[email protected] L’élevage de moutons est une branche de

production répandue en région de mon-tagne. Les moutons servent non seule-ment à la production de viande d’agneau,mais aussi au maintien du paysage ruraltypique. Toutefois, la demande de vianded’agneau est en baisse et la viande impor-tée, de bonne qualité, est d’un prix plusabordable. Par conséquent, la productionsuisse doit relever un défi de taille.Sur la base de trois groupes d’exploita-tions de différentes tailles, des analyses decoûts complets ont été établies. Ellesoscillent entre CHF 1619 et 3414 par 100 kgde viande d’agneau. On constate que pourun troupeau allant jusqu’à 200 brebis, iln’y a pratiquement pas d’effets d’échelle.En revanche, dans les effectifs plus impor-tants, le potentiel de réduction de coûtsest considérable. Ainsi, les exploitationsqui comptent plus de 200 brebis affichentdes coûts complets de CHF 1619 par 100 kg

de poids vif d’agneau à viande, soit envi-ron la moitié moins que les exploitationsqui ont moins de 200 brebis. En outre, lecanal de commercialisation exerce égale-ment une influence. Les exploitations demoins de 200 brebis commercialisent sou-vent la viande directement à leurs clients,tandis que les exploitations de plus de 200brebis ne commercialisent leur viande quedans le canal traditionnel (revendeurs etmarchés publics). La vente directe impliquedes coûts plus élevés (principalement descoûts calculés), mais aussi des recettes plusélevées par 100 kg de poids vif d’agneau àviande.Le calcul des coûts et profits indique qu’au-cun groupe d’exploitations n’est enmesurede couvrir ses coûts complets avec le pro-duit de la viande et les paiements directs.Par conséquent, le salaire horaire supposéde CHF 28.– n’est pas atteint. Le salairehoraire moyen est de CHF 13.–.

Fig. 1: L’élevage de moutons est une branche de production répandue dans l’agriculturedes régions de montagne. (Photos: Christian Gazzarin, ART)

Decembre 2012

Rentabilité de la détention de moutons à viande dans les régions de montagne suisses Rapport ART 758

Depuis la révision de la

législation sur la protec-

tion des animaux en 2008,

les aires de repos présen-

tant un petit pourcen-

tage de perforations pour

l’écoulement des liquides

sont autorisées dans la

production porcine. Pour les porcheries d’engraissement

existantes, ce pourcentage de perforations ne doit pas

dépasser 5%. Jusqu’à présent, aucune étude n’a été faite

pour savoir si ce type d’aires de repos convenait pour la

propreté des logettes et des animaux. L’étude réalisée

par ART en collaboration avec Suisseporcs avait pour but

d’examiner si les aires de repos avec un pourcentage réduit

de perforations étaient adaptées aux porcs à l’engrais. Par

conséquent, différentes aires de repos ont été installées

dans quatre exploitations équipées de boxes à caillebotis

intégral. Ces aires de repos présentaient des pourcentages

de perforations variables et étaient construites dans des

matériaux différents. Il s’agissait de grilles en béton d’un

pourcentage de perforations de 5%, 6%, 6,4% et 8%, de

tapis en caoutchouc d’un pourcentage de perforations de

5% et 10% ainsi que du système Click In (éléments en plas-

tique pour obturer les fentes) avec un pourcentage de per-

forations de 5%. Les chefs d’exploitation eux-mêmes ainsi

qu’un collaborateur d’ART ont évalué la propreté des sols

et des animaux à intervalles réguliers pendant une année.

Les résultats de l’étude montrent que les aires de repos et

les animaux sont d’autant plus sales que le pourcentage

de perforations est bas. Dans les boxes équipés de tapis en

caoutchouc avec 10% de perforations, la saleté des aires

de repos et des animaux était au même niveau que dans

les boxes avec caillebotis intégral. De même avec les revê-

tements ayant 5% de performations, la saleté des aires de

repos et des animaux se situait entre le niveau «propre» et

le niveau «peu sale». Le pourcentage de perforations maxi-

mal prescrit par la législation sur la protection des animaux,

à savoir 5%, n’a par conséquent pas conduit à un niveau

de saleté qu’il faudrait considérer comme inacceptable du

point de vue du bien-être des animaux.

Roland Weber et al., Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART

Impressum

Edition:Station de recherche AgroscopeReckenholz-Tänikon ART,Tänikon, CH-8356 Ettenhausen,Rédaction: Etel Keller,ARTTraduction: RegulaWolz,ART

Les Rapports ART paraissentenviron 20 fois par an.Abonnement annuel: Fr. 60.–.Commandes d‘abonnementset de numéros particuliers:ART,Bibliothèque, 8356 EttenhausenT +41 (0)52 368 31 31F +41 (0)52 365 11 [email protected]: www.agroscope.ch

ISSN 1661-7576

Rapport ART 758

Aires de repos perforéesdans l’engraissement porcin

Propretés des boxes et des animaux

Auteurs

RolandWeber1, BeatWechsler2,Urs Marolf1, Felix Grob3,WernerHumbel3, Edi Peterhans3, UrsThalmann41Station de recherche AgroscopeReckenholz-Tänikon ART, Centrespécialisé dans la détentionconvenable des ruminants et desporcs, CH-8356 Ettenhausen2Office vétérinaire fédéral, OVF,Centre spécialisé dans la déten-tion convenable des ruminants etdes porcs, CH-8356 Ettenhausen3Suisseporcs, Fédération suisse deséleveurs et producteurs de porcs,Allmend 8, CH-6204 Sempach4Krieger AG, Rütmattstrasse 6,CH-6017 Ruswil

Novembre 2012

Depuis la révision de la législation sur laprotection des animaux en 2008, les aires derepos présentant un petit pourcentage deperforations pour l’écoulement des liquidessont autorisées dans la production porcine.Pour les porcheries d’engraissement exis-tantes, ce pourcentage de perforations nedoit pas dépasser 5%. Jusqu’à présent,aucune étude n’a été faite pour savoir si cetype d’aires de repos convenait pour la pro-preté des logettes et des animaux. L’étuderéalisée par ART en collaboration avec Suis-seporcs avait pour but d’examiner si lesaires de repos avec un pourcentage réduitde perforations étaient adaptées aux porcsà l’engrais. Par conséquent, différentesaires de repos ont été installées dans quatreexploitations équipées de boxes à caillebo-tis intégral. Ces aires de repos présentaientdes pourcentages de perforations variableset étaient construites dans des matériauxdifférents. Il s’agissait de grilles en bétond’un pourcentage de perforations de 5%,6%, 6,4% et 8%, de tapis en caoutchoucd’un pourcentage de perforations de 5% et

10% ainsi que du système Click In (élémentsen plastique pour obturer les fentes) avec unpourcentage de perforations de 5%. Leschefs d’exploitation euxmêmes ainsi qu’uncollaborateur d’ART ont évalué la propretédes sols et des animaux à intervalles régu-liers pendant une année.Les résultats de l’étude montrent que lesaires de repos et les animaux sont d’autantplus sales que le pourcentage de perfora-tions est bas. Dans les boxes équipés detapis en caoutchouc avec 10% de perfora-tions, la saleté des aires de repos et des ani-maux étaient au même niveau que dans lesboxes avec caillebotis intégral. De mêmeavec les revêtements ayant 5% de perfor-mations, la saleté des aires de repos et desanimaux se situait entre le niveau «propre»et le niveau «peu sale». Le pourcentage deperforations maximal prescrit par la législa-tion sur la protection des animaux, à savoir5%, n’a par conséquent pas conduit à unniveau de saleté qu’il faudrait considérercomme inacceptable du point de vue dubien-être des animaux.

Aires de repos perfo-rées dans l’engrais - sement porcin

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102

M e d i e n m i t t e i l u n g e n

www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen

Actualités

Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 100–103, 2013

C o m m u n i q u é s d e p r e s s e

31.01.2013 Publication du BEEBOOK – un standard pour ren-forcer la recherche apicole internationale Le «BEEBOOK: standard methodologies for Apis melli-

fera research» (BEEBOOK: guide des méthodes standard

pour la recherche apicole), dont la rédaction a été coor-

donnée et supervisée par Vincent Dietemann (Centre de

recherche apicole, Agroscope), Peter Neumann (Univer-

sité de Berne) et Jamie Ellis (Université de Floride, Etats-

Unis), a été mis en ligne sur le site du journal scientifique

Journal of Apicultural Research. Il sera aussi imprimé

sous forme de livre pour être utilisé en laboratoire.

24.01.2013 Potentiel élevé des grandes cultures et de la production fourragère biologiques En Suisse, la demande de denrées alimentaires issues de

la production biologique va croissant. Sachant qu’à

peine six pourcents des terres assolées sont exploitées de

cette manière, l’offre de produits de grandes cultures bio

doit être complétée par des importations. Les derniers

résultats de recherche d‘Agroscope, par exemple sur le

travail du sol et la rotation des cultures ou encore la

sélection d’Arcturus, la première graminée fourragère

bio en Europe, renforcent l’agriculture biologique en

Suisse dans les domaines des grandes cultures et de la

production fourragère.

21.01.2013 Compensation écologique: les surfaces suffisent, mais pas la qualité L’agriculture doit fournir une large contribution au

maintien et à la promotion de la biodiversité. En Suisse,

il existe suffisamment de surfaces de compensation éco-

logique pour y parvenir. Leur qualité est cependant

insuffisante, de la région de plaine jusqu’à la zone de

montagne II. C’est ce que montre la nouvelle étude réa-

lisée sur l’opérationnalisation des objectifs environne-

mentaux pour l’agriculture dans le domaine de la biodi-

versité.

18.12.2012 À la découverte du profil d'arômes de pommes Peut-on toujours parler d'amour dès la première bou-

chée? Ou la pomme dévoile-t-elle au contraire son pou-

voir de séduction progressivement, lorsqu'on lui en laisse

le temps? Des experts sensoriels Agroscope ont analysé

le développement des arômes des pommes. Et ce qu'ils

ont découvert est surprenant: lorsque l'on prend le

temps de la savourer jusqu'à la dernière bouchée, la

pomme offre un véritable feu d'artifice d'arômes.

17.12.2012 Des codes-barres pour identifier les parasites A l’aéroport de Zurich, Paris ou Berlin, le contrôleur des

douanes pourra désormais identifier l'empreinte géné-

tique (code-barres d'ADN) d’un organisme inconnu

dans un arrivage de plantes et, grâce à une base de

données, savoir s'il s'agit ou non d’une espèce nuisible

en agriculture. Depuis 2009, vingt organisations issues

de quinze pays se sont attelées à concrétiser ce scéna-

rio. Aujourd'hui, le projet de recherche de l'Union

européenne «QBOL» (Quarantine Barcoding of Life) a

abouti et la base de données ADN est fonctionnelle.

Des chercheurs d’Agroscope ont dirigé le groupe de

travail «Nématodes».

www.agroscope.admin.ch/communiques

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103

Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen

Actualités

Recherche Agronomique Suisse 4 (2): 100–103, 2013

M a n i f e s t a t i o n s

Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations

L i e n s i n t e r n e t

Un site pour s’orienter dans les marchés agricoles

www.marktkompass.com

Le site «Marktkompass» (uniquement en allemand) four-

nit des informations utiles sur tous les produits et les sec-

teurs de production agricoles les plus importants. Il permet

par ailleurs de consulter pour tout produit les prix actuels,

des analyses du marché et des prévisions économiques.

Février 2013

21. – 24.02.2013Agroscope ART à Tier&TechnikAgroscope Reckenholz-Tänikon ARTSt.-Gall

22.02.2013Schweizer Obstkulturtag 2013ACW, Agridea, NWW, Obstverbände SG et TG, SKOF, SOV, SwisscofelSt.-Gall

Mars 2013

20. – 21.03.20134. Täniker MelktechniktagungAgroscope Reckenholz-Tänikon ARTEttenhausen

Avril 2013

25. April 20138e réunion annuelle du réseau de recherche équine en SuisseHaras national suisse HNSAvenches

28.04. – 01.05.2013GCIRC technical meeting 2013Agroscope Changins-Wädenswil ACWNyon

Mai 2013

07.05.2013Frühjahrstagung: Sind hohe Leistungen «Bio-kompatibel»? Herausforderungen für die TierernährungManifestation commune de ETH Zurich, Vetsuisse Berne et Zurich, et d‘Agroscope ETH Zentrum, Zurich

30.05.2013AGFF-TagungAGFF / AgroscopeInnereriz BE

Juin 2013

07. – 08.06.2013Journées porte ouverte 2013Agroscope Changins-Wädenswil ACWWädenswil

Mars 2013 / Numéro 3

•• Efficience économique des alpages suisses,

Thomas Blättler et al., HAFL

•• ALPIS – Un concept pour un système d’information sur

l’économie alpestre, Bernadette Oehen et al., FIBL

•• Situation sociale de la population agricole en Suisse,

Sigrid Haunberger, ART

•• PRAMIG: un projet de développement pour mieux

valoriser les prairies au sud des Alpes, Emiliano Nucera

et al., Agridea, ACW, Ufficio Consulenza Agricola

Canton Ticino et Scuola ed azienda agraria cantonale di

Mezzana

•• Grandes cultures bio sans bétail: observations après

12 ans de suivi de la ferme pilote de Mapraz,

Josy Taramarcaz, Agridea

•• Foodle.ch – La plateforme suisse sur les denrées

alimentaires et l’alimentation, Judith Valentini,

ALP-Haras

Les pâturages d’alpage et d’esti-vage façonnent le paysage agri-cole suisse. Les changements économiques, politiques et sociétaux en cours, de même que le changement climatique, en-traînent une modification dans l’utilisation des régions d’esti-vage. Le programme de recherche AlpFUTUR est axé sur cette théma-tique. Dans le numéro actuel de la Recherche Agronomique Suisse et dans les numéros suivants pa-raîtront des articles sur le projet transversal AlpFUTUR. (Photo: Gabriela Brändle, ART)

D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o

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April 28th – May 1st

Nyon / Switzerland

Will be held under the patronage of theFederal Office for Agriculture, FOAG

Federal Departmentof Economic Affairs FDEAAgroscope Changins-WädenswilResearch Station ACW

Schweizerische EidgenossenschaftConfédération suisseConfederazione SvizzeraConfederaziun svizra

The International Consultative Group of Research on Rapeseed, GCIRC,is interested in scientific and technical advances made in the produc-tion and uses of oilseed rape and cruciferous crops. Participants to thetechnical meeting will be informed about the last progresses in thefields of economy, genetics/breeding, phytotechnics, analysis and usesof rapeseed, with oral presentations and poster papers.

Information : www.agroscope.admin.ch/GCIRC

with the support of :

Eidgenössisches Departement für Wirtschaft, Bildung und Forschung WBFAgroscope

Schweizerische EidgenossenschaftConfédération suisseConfederazione SvizzeraConfederaziun svizra

Agroscope und die Zukunft, 11.45 Uhr, AgroscopeReferat von Bernard Lehmann, Direktor des Bundesamtes für Landwirtschaft

Gemeinsamer Apéro der Branchen, 12.15 Uhr, Agroscope.Freier Rundgang Tage der offenen Tür, ab 13 Uhr

Anfahrt mit dem Auto:Ausfahrt Wädenswil und Wegweiser Parkplatz Geeren folgen. Shuttle-Bus zur Hoch-schule (Gemüsebau), zur Forschungsanstalt (Weinbau) und zum Sandhof (Obstbau).

Anfahrt mit dem Zug:Bis Bahnhof Wädenswil, Bus 123, 126 oder 150 bis «Hochschule»(Gemüsebau); Bus 123 oder 126 bis «Forschungsanstalt» oder Bus 150 oder 160 bis «Mühlebach» (Weinbau); Bus 150 oder 160 bis «Sandhof» (Obstbau).

www.agroscope-forschung-erleben.ch

Gemüsebau, 8.30 – 11.30 Uhr, Aula der ZHAW, Wädenswil Grundlagen sowie phytopathologische und pfl anzenbau-liche Aspekte der Gründüngung.

Weinbau, 9.00 – 11.20 Uhr, Festzelt, Agroscope18. Hefe- und Weinbautagung: Hefeversuche bei Riesling-Silvaner und Blauburgunder. Blauburgunder-Klone im Vergleich. Anmeldung erforderlich: www.agroscope.ch

Obstbau, 9.15 – 11.20 Uhr, Sandhof, WädenswilPfl anzenschutzstrategien zur Rückstandsvermeidung, Totaleinnetzung, Einfl uss von Pfl anzenschutzstrategien auf Lagerung und Qualität.

Branchentreffen

Obst, Gemüse und WeinAgroscope in WädenswilFreitag, 7. Juni, 8.30 – 13 Uhr

im Rahmen der Tage der offenen Tür

Forschung erlebenLandwirtschaft – Lebensmittel – Umwelt

Agroscope in Wädenswil, 7. und 8. Juni 2013

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