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RPCA LE RÉSEAU DE PRÉVENTION DES CRISES ALIMENTAIRES www.food-security.net 1 . Du 14 au 15 décembre 2015, environ 200 personnes ont pris part à la 31 e réunion annuelle du Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) ; représentants de gouvernements sahéliens et ouest-africains, d’organisations inter-gouver- nementales, d’organisations de la société civile et du secteur privé, des partenaires techniques et financiers, de banques régionales et internationales, etc. La réunion a été l’occasion de faire le bilan de la campagne agro-sylvo-pastorale, d’analyser la situation alimentaire et nutritionnelle et de faire des recommandations pour faire face à d’éventuelles crises. Elle a servi de cadre pour partager les principales recommandations de la première évaluation externe de la Charte pour la prévention et la gestion des crises alimentaires (Charte PREGEC) ; et pour faire le point des enseignements tirés de l’épidémie Ebola et des actions conduites pour limiter ses impacts sur la sécurité alimentaire et la résilience des populations les plus vulnérables. 2 . En dépit d’un démarrage difficile et tardif de la campagne agro-sylvo-pastorale 2015-16, le Réseau confirme une situation alimentaire et nutritionnelle globalement satisfaisante. Le Sahel et l’Afrique de l’Ouest enregistrent une production vivrière céréalière de 63,6 millions de tonnes, soit une hausse de 5 % par rapport à la campagne précédente et 12 % par rapport à la moyenne des cinq dernières campagnes. La production de tubercules, quant à elle, est d’environ 158,6 millions de tonnes, soit une hausse de 8 % et de 18 % respectivement par rapport à celle de la campagne dernière et à la moyenne quinquennale. Celle de l’arachide est estimée à plus de 7,6 millions de tonnes, soit une hausse de 10 % par rapport à la dernière campagne et de 20 % par rapport à la moyenne quinquennale. Cependant, une veille s’avère nécessaire dans les pays ayant enregistré un déficit vivrier important. 3 . Les marchés sont globalement bien approvisionnés et l’offre en produits vivriers est relativement bonne avec l’arrivée des nouvelles récoltes. Hormis quelques hausses observées dans certains pays comme le Bénin, la Gambie, le Ghana, le Tchad et le Togo, les prix des principales céréales sont globalement stables. Cette situation offre une disponibilité satis- faisante et un bon accès des ménages aux denrées alimentaires. Toutefois, le fonctionnement des marchés dans les pays les plus touchés par Ebola n’a pas encore repris son cours normal et mérite une veille particulière. RELEVÉ DES CONCLUSIONS 31 E RÉUNION ANNUELLE DU RÉSEAU DE PRÉVENTION DES CRISES ALIMENTAIRES (RPCA) - SAHEL ET AFRIQUE DE L’OUEST DAKAR, SÉNÉGAL, 14-15 DÉCEMBRE 2015 UEMOA

releve conclusions du RPCA de decembre 2015 à daka-fr_final

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RPCA

Le RÉSeAU De PRÉVeNTION DeS CRISeS ALIMeNTAIReSwww.food-security.net

1 . Du 14 au 15 décembre 2015, environ 200 personnes ont pris part à la 31e réunion annuelle du Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) ; représentants de gouvernements sahéliens et ouest-africains, d’organisations inter-gouver-

nementales, d’organisations de la société civile et du secteur privé, des partenaires techniques et financiers, de banques régionales et internationales, etc. La réunion a été l’occasion de faire le bilan de la campagne agro-sylvo-pastorale, d’analyser la situation alimentaire et nutritionnelle et de faire des recommandations pour faire face à d’éventuelles crises. Elle a servi de cadre pour partager les principales recommandations de la première évaluation externe de la Charte pour la prévention et la gestion des crises alimentaires (Charte PREGEC) ; et pour faire le point des enseignements tirés de l’épidémie Ebola et des actions conduites pour limiter ses impacts sur la sécurité alimentaire et la résilience des populations les plus vulnérables.

2 . En dépit d’un démarrage difficile et tardif de la campagne agro-sylvo-pastorale 2015-16, le Réseau confirme une situation alimentaire et nutritionnelle globalement satisfaisante. Le Sahel et l’Afrique de l’Ouest enregistrent une

production vivrière céréalière de 63,6 millions de tonnes, soit une hausse de 5 % par rapport à la campagne précédente et 12 % par rapport à la moyenne des cinq dernières campagnes. La production de tubercules, quant à elle, est d’environ 158,6 millions de tonnes, soit une hausse de 8 % et de 18 % respectivement par rapport à celle de la campagne dernière et à la moyenne quinquennale. Celle de l’arachide est estimée à plus de 7,6 millions de tonnes, soit une hausse de 10 % par rapport à la dernière campagne et de 20 % par rapport à la moyenne quinquennale. Cependant, une veille s’avère nécessaire dans les pays ayant enregistré un déficit vivrier important.

3. Les marchés sont globalement bien approvisionnés et l’offre en produits vivriers est relativement bonne avec l’arrivée des nouvelles récoltes. Hormis quelques hausses observées dans certains pays comme le Bénin, la Gambie, le Ghana,

le Tchad et le Togo, les prix des principales céréales sont globalement stables. Cette situation offre une disponibilité satis-faisante et un bon accès des ménages aux denrées alimentaires. Toutefois, le fonctionnement des marchés dans les pays les plus touchés par Ebola n’a pas encore repris son cours normal et mérite une veille particulière.

ReLeVÉ DeS CONCLUSIONS31e RÉUNION ANNUeLLe DU RÉSeAU De PRÉVeNTION DeS CRISeS ALIMeNTAIReS (RPCA) - SAheL eT AfRIqUe De L’OUeST DAkAR, SÉNÉgAL, 14-15 DÉCeMbRe 2015

UEMOA

À propos du rpCA

Le Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) est une plate-forme internationale de concertation et de coordination s’appuyant sur le leadership politique des Commissions de la CEDEAO et de l’UEMOA.Il est animé par le CILSS avec l’appui du Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest. Créé en 1984, son action repose sur des concertations, dialogues et analyses. Elle renforce la cohérence et l’efficacité globale des interventions des parties prenantes par le biais de l’application de la Charte pour la prévention et la gestion des crises alimentaires. Le Réseau réunit les trois organisations régionales ouest-africaines (CEDEAO, UEMOA, CILSS), les systèmes d’informations régionaux et internationaux, les agences de coopération bi- et multilatérales, les agences humanitaires et ONG internationales ainsi que les organisations professionnelles agricoles et de la société civile et du secteur privé. www.food-security.net

Club DU SAHEL ET DEL'AFRIQUE DE L'OUEST

Secrétariat du

SÉCURITÉ ALIMeNTAIRe eT NUTRITIONNeLLe AU SAheL eT eN AfRIqUe De L’OUeST31e RÉUNION ANNUeLLe DU RPCA DAkAR, SÉNÉgAL, 14-15 DÉCeMbRe 2015

4 . En dépit des efforts des États et de leurs partenaires, la situation nutritionnelle demeure préoccupante et les analyses réalisées pendant la période de soudure 2015 révèlent une dégradation de la situation dans

certains pays (Mali, Mauritanie, Tchad), avec une augmentation du nombre de zones au-dessus du seuil d’alerte et d’urgence comparativement à celle de l’année 2014. Entre janvier et octobre 2015, plus de 910 000 enfants souffrant de malnutrion aiguë sévère ont été dénombrés et ont bénéficié d’un traitement adéquat dans les pays du Sahel.

5 . Sur le plan de la vulnérabilité alimentaire et nutritionnelle, l’analyse du Cadre harmonisé révèle environ 7,9 millions de personnes en situation de crise au cours de la période octobre-décembre 2015 dans les

17 pays de l’espace Sahel et Afrique de l’Ouest, dont 5,2 millions de personnes au nord du Nigeria en raison de la situation sécuritaire. Si des mesures vigoureuses ne sont pas prises, la situation de crise alimentaire et nutritionnelle pourrait toucher, en juin-août 2016, environ 10,5 millions de personnes dans la région. Cette situation est due à la dégradation des moyens d’existence des populations vulnérables, à l’épuisement de leurs stocks, à la hausse localisée des prix des denrées alimentaires et à la détérioration des termes de l’échange bétail/céréales pour les pasteurs en raison de la baisse sensible des prix du bétail. À cela s’ajoute la situation de milliers de réfugiés et de déplacés internes en raison de la situation sécuritaire dans les zones du Lac Tchad, en République centrafricaine et au Soudan. Les conséquences de cette situation sécuritaire sur la sécurité alimentaire méritent une attention particulière. Au regard de la situation, plusieurs recommandations ont été faites par les participants dont : i) le renforcement de la surveillance et de la prise en charge de la malnutrition, ainsi que la recherche de remèdes structurels aux causes profondes de ce fléau ; ii) le soutien à la production vivrière de contre-saison dans les pays et zones déficitaires ; iii) la mise en œuvre de plans nationaux de réponse en faveur des populations en insécurité alimentaire et nutritionnelle, notamment au Tchad, pays ayant enregistré un déficit vivrier de 12 % et connaissant par ailleurs une situation sécuritaire préoccupante dans la région du Lac Tchad ; iv) la facilitation de la transhumance transfrontalière et des échanges régionaux de produits vivriers ; et v) le renforcement des mesures d’assistance humanitaire et alimentaire aux populations réfugiées et déplacées internes en raison des crises sécuritaires, notamment dans les régions du Lac Tchad.

6 . Faisant suite aux recommandations du Réseau en mars 2015 à Lomé, les enseignements tirés de l’épi-démie Ebola, ses impacts sur la sécurité alimentaire et la résilience des populations les plus vulnérables,

ont fait l’objet d’un examen approfondi par les participants. Ils saluent la mobilisation des organisations inter-gouvernementales, la CEDEAO, l’UEMOA, l’Union du Fleuve Mano, des organisations professionnelles agricoles et de la société civile, des partenaires techniques et financiers en vue d’atténuer les effets à long terme de la maladie. Au regard du risque élevé de la maladie sur la résilience des populations et l’économie des pays affectés (Guinée, Liberia et Sierra Leone), le Réseau recommande notamment une accéleration de la mobilisation des financements pour la mise en œuvre des programmes de réhabilitation économique et sociale.

7 . Les principales conclusions et recommandations de la première évaluation externe de la Charte PREGEC, adoptée en 2011, ont fait l’objet d’un examen par les parties prenantes, gouvernements,

organisations inter-gouvernementales, organisations de la société civile et du secteur privé et parte-naires techniques et financiers. Le Réseau insiste sur le fait qu’une grande attention doit être portée sur les messages clés de l’évaluation, notamment : i) l’urgence de renforcer la gouvernance régionale de la sécurité alimentaire et nutritionnelle sous le leadership des États et de leurs organisations régionales (CEDEAO, UEMOA et CILSS), d’une part, en évitant la multiplication des cadres et centres de décision et d’autre part, en s’inscrivant résolument dans la plateforme de construction du consensus créée par le RPCA ; ii) l’engagement politique, technique et financier des États pour la mise en place de systèmes d’information pérennes et efficaces, à considérer désormais comme des biens publics nationaux et régionaux ; à cet effet, il exhorte la CEDEAO à accélérer le processus d’institutionnalisation visant à faire du Cadre harmonisé un règlement communautaire ; iii) le renforcement de la cohérence et de la coordination des politiques sectorielles contribuant à la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

8 . Rappelant le fait que la Charte constitue la colonne vertébrale du dispositif de gouvernance régionale de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, les participants exhortent l’ensemble des parties prenantes à

respecter la Charte, à mettre en œuvre un plan de communication et de vulgarisation de la Charte et à s’engager résolument dans la mise en œuvre des recommandations de l’évaluation. Ils recommandent une accélération de l’institutionnalisation des mécanismes de suivi-évaluation de la Charte dans les pays et au plan régional.

9 . Réaffirmant la nécessité de poursuivre le renforcement du Réseau, les participants recommandent l’accélération de la mise en place d’un mécanisme de suivi-évaluation des réponses et prévention aux

crises alimentaires et nutritionnelles et des activités dédiées et demandent au Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO/OCDE), de coordonner, de suivre et de rendre compte de leur mise en œuvre.

10 . Les Membres du Réseau ont décidé que la 32e réunion annuelle aura lieu les 12-14 décembre 2016 à Abuja (Nigeria), avec comme thème central « Nutrition et protection sociale ». La 33e réunion annuelle

se tiendra en décembre 2017 à N’Djaména (Tchad).

Fait à Dakar le 15 décembre 2015 Les participants