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Religions, histoires, raisons by Jean-Pierre VernantReview by: Emile PoulatArchives de sciences sociales des religions, 25e Année, No. 49.2 (Apr. - Jun., 1980), pp. 313-314Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30125151 .

Accessed: 13/06/2014 11:41

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BULLETIN DES OUVRAGES

changements 6conomiques et sociaux de ce temps, par le maitre lui-mime, Denis Twit- chett, principal sp6cialiste occidental en la matibre. Puis les rkgnes se succhdent par s6quences chronologiques, traitbs par l'6diteur et six collaborateurs. S'il ne s'y trouve pas de chapitre sp6cialement r6serv6 aux reli- gions, la lecture n'en est pourtant pas sans intir~t pour le comparatiste, ne serait-ce qu'en raison de l'importance de ces dynasties dans la maturation des formes de religions autochtones. On glanera, au passage, les caract6ristiques d'un bouddhisme 6tendu toutes les classes de la soci6t6 lors de l'arri- v6e des Sui (p. 55); la pi6t6 munificente de Wen-ti des Sui [alias Yang Chien, rigne 581- 604] et de sa femme, et la coloration boud- dhique du syncr6tisme de leur temps (p. 64- 66 et 113-14); le r6tablissement des 6coles confuc6ennes et la renaissance du rituel confuc~en sous son successeur Yang-ti [rkgne 604-617] (p. 131-33); la rivalit6 aigub entre tenants du bouddhisme, du taoisme et du confucianisme au d6but des T'ang et la mise au pas des ordres religieux sous Kao-tsu, le fondateur des T'ang [rkgne 618-628] (p. 179- 81) et sous T'ai-tsung [rkgne 626-649] (p. 217-19); les obsessions de ritualisme sym- bolique chez l'imp6ratrice Wu-tse (p. 258-60 et 302-06); la richesse des monastbres boud- dhiques au debut du VIIIe siacle et leur d~manthlement par Hsiian-tsung [rkgne 712- 756] (p. 361-62 et 411); la remise i la mode par ses soins des observances rituelles tradi- tionnelles et des grands sacrifices impbriaux (p. 387-88); son int~rdt pour le taoisme et les formes &sot~riques du bouddhisme (p. 411- 13); les motifs et les formes de la persecution du bouddhisme par Wu-tsung [rkgne 840-846] (p. 666-69) et le retour au patronage imp6- rial avec I-tsung [rkgne 859-873] (p. 711-14).

Le volume X/ 1, sous la direction de John K. Fairbank, s'&tend sur la dernibre pbriode de l'ancien regime, des d~buts du XIXe si~cle Sla rIvolution de 1911, et ii est conclu par des essais bibliographiques bien fournis en 6tudes orientales autant qu'occidentales (p. 591-614). Les grandes rdbellions du XIXe si~cle, avec leur arribre-plan de reli- gions h&trodoxes ou syncr6tiques, tiennent une place relativement modeste (deux des onze sections de l'ouvrage, p. 107-62 et 264- 317); et, traities par Philip A. Kuhn, sp6cia- liste bien connu de la strat6gie des r6voltes et surtout de la contre-r volte l'Cpoque Ch'ing, elles sont envisag~es d'un point de vue organisationnel et militaire plus que reli- gieux. Les t&tes de chapitre annoncent, par contre, un panorama th6matique plus large qu'il n'est de coutume. Ainsi, la situation sociale et culturelle vers 1800 et vers 1911 dans les pays d'Asie centrale lamaiques et

musulmans, alors partie int6grante de l'em- pire (Mongolie, Tibet, Sinkiang), est 6voqu6e avec talent par Joseph Fletcher, en deux sections solidement charpenties et documen- tees (p. 35-106 et 351-408). Et si, pour l'historien des religions, la dernibre section (p. 543-90), consacrde par Paul A. Cohen aux Missions chr6tiennes, parait trop breve, elle le doit B la diversit6 et

. l'int6rat des

problkmes qui y sont abord6s : outre l'histo- rique du mouvement d'apostolat catholique et protestant en Chine, les points de contact des missionnaires avec l'ordre 6tabli- accu- sations qu'ils encourent d'h6tbrodoxie, de menaces contre la tradition, rapports avec la classe dirigeante et avec le peuple, r6ponses qui leur sont oppos6es en violences anti- chritiennes et x6nophobie rdelle ou politique; enfin la professionnalisation du travail mis- sionnaire, la promotion des connaissances occidentales et I'action sur le mouvement rdformateur chinois, autant de questions que l'essai bibliographique final (p. 611-14) aide i r6soudre.

Frangoise Aubin.

49.534 VAN OVER (Raymond). Eastern Mysticism. New York, New Ameri- can Library, 1977, 426 p.

Anthologie des textes de base du mysti- cisme oriental, et plus pr6cis6ment celui du Proche-Orient et des Indes. On y trouve des textes choisis sur l'hindouisme, le bouddhisme, le zoroastrianisme, le jainisme, le sikhisme et l'islam. Les commentaires de Van Over sont utiles pour l'initiation h la connaissance de ces religions.

Hiroko Yamane.

49.535 VERNANT (Jean-Pierre).

Religions, histoires, raisons. Paris, Maspero, 1979, 137 p.

Un pr6cieux recueil d'articles dispers6s dont le titre conjugue, au pluriel, trois mots cl6s, trois thnmes majeurs de l'oeuvre de J.-P. V. : sa legon inaugurale au Collbge de France (Arch., 41, p. 5-24), suivie d'6tudes sur Dum6zil, sur << Langage religieux et vbrite , (A la Semaine des intellectuels catho- liques de 1969), sur < Histoire et psycholo- gie fD, sur f Morale, histoire et soci&t , (h la Semaine des intellectuels catholiques de 1966), sur les cat6gories d'agent et d'action dans la Grace ancienne, sur < Raison d'hier et d'aujourd'hui f (donnie aux Cahiers ratio- nialistes), enfin - << naissance d'images " - sur la gendse r6ciproque de l'&tre et du paraitre, oi se malent imitation et imagi- nation.

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

Longtemps, la religion a 6t6 le langage du monde, un langage dont le sens 6tait de l'ordre non du concept mais de la puissance: < Si aujourd'hui se pose le problbme du langage religieux et de la v6rit6, c'est qu'il existe d'autres types de langage que celui de la religion et qu'h travers eux s'est 6labor&e une notion d6finie du vrai >... L'historicit6 est une dimension constitutive de la religion comme de la raison : < Dans sa langue, son objet, son champ d'expirience, le ph6nomhne religieux n'a jamais cess6 de se transformer. Que seront demain la religion, l'homme reli- gieux 7...

Emile Poulat.

49.536 WADE (Ira O.). The Structure and Form of the French Enlightenment. Vol. I : Esprit Philosophique. Vol. II : Esprit Rdvolutionnaire. Princeton (N.J.), Princeton University Press, 1977, 690 et 456 p.

Doyen des dix-huitibmistes ambricains, 1.O. Wade a construit une oeuvre imposante, d'oil se d6tache en particulier son etude de 1938 sur la diffusion clandestine des id6es philosophiques et que viennent couronner ces deux gros volumes magnifiquement 6dit&s (luxe qui laissera riveur le Frangais aujour- d'hui : la mime bibliographie et les mfmes index cumulatifs sont repris a la fin de chaque tome). Ils prolongent l'enquate prec6demment entreprise (v. The Intellectual Origins of the French Enlightenment, Princeton, Princeton Univ. Press, 1972), afin de montrer comment des idees, dont l'6mergence a 6t6 suivie de- puis le debut de la Renaissance, prennent forme et s'organisent. Ils proposent de la pens~e des Lumibres en France un ample panorama qui B la d6marche historique veut joindre une approche plus synth&tique des oeuvres majeures, pour degager les compo- santes de l'esprit philosophique et les pro- dromes de l'esprit rdvolutionnaire.

Une rapide revue ne peut que donner une idle insuffisante de la richesse et de la v~rit des analyses. La premiere partie - Tran- sition et changement > - suit I'6volution des concepts de a philosophie > et de < philo- sophe > du XVIPI au XVIIPI sidcle, caract~rise, B partir de Fontenelle, l'esprit philosophique, evoque le climat de la R6gence et l'influence anglaise. La seconde montre comment s'ophre la < reconstruction des cat6gories de la vie >, certaines de celles-ci - mais non toutes, et il y a peut-&tre 1l une oscillation significative - aboutissant i une oeuvre donn~e comme representative de l'esprit du temps : religion (d'Holbach et Helv~tius), 6thique (Rousseau), esth~tique (Diderot), politique, a moeurs, lois

et 6conomie , science (Buffon), exploration du moi. Changeant de perspective, I'A. 6tudie ensuite la construction de l'unit6 orga- nique, chez Voltaire, Rousseau, Diderot et dans l'Encyclopddie. Une dernibre partie est consacr6e au passage a de l'Esprit philoso- phique i l'Esprit rdvolutionnaire (Morelly, Helv~tius, le d6bat sur l'ath6isme, Mably, les r6percussions de la R6volution am ricaine, Condorcet).

Le lecteur frangais aurait tort de chercher ici ce i quoi il est surtout accoutum6 : un essai brillant qui pr6tend ouvrir aux moindres frais des perspectives a nouvelles , ou un travail drudit d6frichant un secteur encore mal connu. Mais, destin6 d'abord au public universitaire de langue anglaise, ce monu- mental 6tat pr6sent des 6tudes sur l'esprit philosophique en France lui sera pr6cieux, tant I'information est ample et d'un < aecum&- nisme > rare (s'il r6sume scrupuleusement les grandes theses r6centes, I'A. ne craint pas de se rif6rer i Lanson, voire i Taine, Brune- tibre ou Faguet). Ce bilan d'une vie de re- cherches inspire le respect et la sympathie, en particulier quand, sans souci de la mode, il exprime discrbtement une foi toujours vivace en l'esprit des Lumibres. Faut-il dire enfin que, du fait m~me qu'il en met admi- rablement en oeuvre les vertus les moins contestables, il rend plus manifestes les limites d'une certaine histoire litt6raire ? Les < id6es > paraissent vivre dans les oeuvres des grands auteurs > comme dans un univers clos, n'ayant de relations qu'entre elles, le plus souvent pour se combiner selon un processus de coalescence. Splendide isolement particuli&- rement sensible dans le chapitre sur la reli- gion - en fait sur la diffusion de l'incr6- dulit6 : m~me si l'on se garde de confondre esprit des Lumibres et mentalit6s majoritaires, peut-on amputer le premier de ce qu'il doit a une religion < sensible > et i une religion < 6clairbe ?

Emile Goichot.

49.537 WALLISCH-PRINZ (Biirbel). Religionssoziologie. Eine Einfiihrung. Stutt- gart, W. Kohlhammer, 1977, 120 p. (Urban- Taschenbiicher, 258).

Cette introduction t la sociologie reli- gieuse, 6crite d'une plume ferme, doit beau- coup i la fagon dont N. Birnbaum (Arch., 29, no 173, et 37, nf 207) envisage notre sp~cialitf.

B. W.-P. pr6sente un historique de la sociologie des religions, montrant comment elle a pris naissance dans la critique sociale des Lumibres puis s'est ensuite d6velopp6e au centre de la science des soci6t6s pour,

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