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76 J Chir 2008,145, N°1 • © 2008. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Revue de Presse C. Mariette 1 , S. Benoist 2 , Ph. De Mestier 3 1. Service de chirurgie digestive et générale, hôpital Claude-Huirez – Lille. e-mail : [email protected] 2. Service de chirurgie digestive et oncologique, hôpital Ambroise-Paré – Boulogne. e-mail : [email protected] 3. Unité de chirurgie viscérale, clinique Saint-Jean de Dieu – Paris. e-mail : [email protected] Résection hépatique après traitement par agents ciblés de métastases hépatiques initialement non résécables n’ayant pas répondu à une chimiothérapie conventionnelle R. Adam, T. Aloia, F. Levi, D.A. Wicherts, R.J. de Haas, B. Paule, M.P. Bralet, M. Bouchahda, D. Machover, M. Ducreux, V. Castagne, D. Azoulay, D. Castaing Hepatic resection after rescue cetuximab treatment for colorectal liver metastases previously refractory to conventional systemic therapy. J Clin Oncol 2007;25:4593-4602. La chimiothérapie d’induction à base d’oxaliplatine ou d’iri- notécan permet de rendre résécables des métastases hépati- ques d’origine colorectale (MHCCR) initialement non résé- cables dans 14 % des cas [1]. Les MHCCR qui n’ont pas suffisamment répondu pour devenir résécables sont de mau- vais pronostic. Les auteurs rapportent leur expérience sur 151 malades avec des MHCCR initialement non résécables, n’ayant pas répondu à une chimiothérapie conventionnelle et traités par une nou- velle ligne de chimiothérapie utilisant une thérapie ciblée, le cetuximab (anti EGFR). Vingt-sept de ces 151 malades (17 %), du fait d’une bonne réponse, ont eu une laparotomie dans le but d’une résection à visée curative. Ces 27 malades avaient eu en moyenne 17 cycles de chimiothérapie avant de démarrer le traitement par cetuximab qui était donné dans la majorité des cas en association à l’irinotécan. Une réponse suffisante per- mettant une laparotomie à visée d’exérèse était obtenue en moyenne après 6 cycles de chimiothérapie à base de cetuximab. À la laparotomie, 25 malades ont pu avoir une résection complète de l’ensemble de leur MHCCR si bien que le taux de résécabilité sur l’ensemble de la série était de 16 %. Le taux de mortalité opératoire était de 3,7 %. Le taux de morbidité était de 55 % avec en particulier un taux d’insuffisance hépati- que postopératoire de 30 %. La résection était R0 dans 10 cas (40 %), R1 dans 12 cas (48 %) et R2 dans 3 cas (12 %). Avec un suivi médian de 16 mois à partir de l’introduction du ce- tuximab, les médianes de survie globale et sans récidive étaient respectivement de 20 et 13 mois. Les auteurs concluent qu’en cas de MHCCR non résécables n’ayant pas répondu à une chimiothérapie conventionnelle, une chimiothérapie à base de cetuximab permet à certains ma- lades d’être candidats à une chirurgie d’exérèse. Commentaires 1) Il s’agit de la première étude qui montre qu’une chimiothé- rapie à base de cetuximab, par rapport à une chimiothérapie conventionnelle, permet d’augmenter la résécabilité des MHC- CR initialement non résécables. 2) Cette étude confirme que des MHCCR ne répondant pas à une chimiothérapie à base d’irinotécan ou d’oxaliplatine peu- vent répondre à un traitement à base de cetuximab [2, 3]. 3) Se pose maintenant la question de savoir si une chimio- thérapie à base de cetuximab ne devrait pas être prescrite en première ligne pour tenter de rendre résécables des MHCCR initialement non résécables (étude Crystal). Dans cette étude, le suivi est cependant trop court pour pouvoir affirmer que cette approche thérapeutique a été bé- néfique pour les malades en termes de survie, ce d’autant qu’une résection R0 n’a été possible que chez 40 % des malades réséqués. Mots-clés : Foie. Traitement. Métastases. Chimiothérapie. Résécabilité. Cetuximab. 1. Ann Surg 2004;204:644-657. 2. J Clin Oncol 2004;22:1201-1208. 3. N Engl J Med 2004;351:337-345. Résultats fonctionnels de la myotomie étendue pour maladie des spasmes diffus de l’œsophage M. Leconte, R. Douard, M. Gaudric, I. Dumontier, S. Chaus- sade, B. Dousset Functional results after extended myotomy for dif- fuse oesophageal spasm. Br J Surg 2007;94:1113-1118. La maladie des spasmes diffus de l’œsophage (MSDO) est rare et caractérisée par des troubles du péristaltisme et des spasmes thoraciques douloureux souvent pour des pressions dépassant 30 mm Hg. Le traitement de première intention reste discuté, comme les inhibiteurs calciques, les dérivés nitrés, les anticho- linergiques voire les antidépresseurs. L’injection de toxine bo- tulique ou les dilatations pneumatiques sont plutôt réservées aux patients avec dysphagie sévère et clearance altérée. Après échec des traitements médicaux ou endoscopique, une myoto- mie chirurgicale peut être indiquée, dont les caractéristiques (longueur de la myotomie, voie d’abord, association à un pro- cédé antireflux) sont encore débattues, ce d’autant que des ré- cidives après myotomie ont été décrites [1]. Cette étude prospective a inclus 20 patients porteurs d’une MSDO sévère, ayant eu d’une myotomie oesophagienne, soit d’emblée pour une pression de sphincter inférieur de l’œsopha- ge (SIO) élevée 70 cm H 2 O (N = 25 cm H 2 O), soit après échec du traitement endoscopique. L’intervention était réalisée par laparotomie avec une myotomie étendue sur 12 à 16 cm au dessus du cardia et 2 cm en dessous, une fundoplicature anté- rieure partielle de type Dor fixée aux piliers et un calibrage de l’orifice hiatal. La morbidité postopératoire était de 5 % avec une mortalité nulle. Les patients étaient évalués à 1, 3, 6 et 12 mois après l’intervention. L’évaluation fonctionnelle était fondée sur la dysphagie, la douleur thoracique, un pyrosis, un reflux, avec l’établissement d’un score de 0 à 3. Un transit oe- sogastroduodénal était réalisé systématiquement un mois après l’intervention et une réévaluation par pH-métrie et manomé- trie était faite en cas de troubles postopératoires. La dysphagie et la douleur thoracique ont été évaluées séparément avec le même score. La reprise moyenne de poids à 6 mois était de 2,5 kg. Au terme d’un suivi moyen de 50 mois, les résultats étaient ju- gés excellents ou satisfaisants chez 16/20 patients en consi- dérant le score clinique global, de 18/20 pour la dysplasie

Résection hépatique après traitement par agents ciblés de métastases hépatiques initialement non résécables n’ayant pas répondu à une chimiothérapie conventionnelle

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Page 1: Résection hépatique après traitement par agents ciblés de métastases hépatiques initialement non résécables n’ayant pas répondu à une chimiothérapie conventionnelle

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J Chir 2008,145, N°1 • © 2008. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Revue de Presse

C. Mariette 1, S. Benoist 2, Ph. De Mestier 3

1. Service de chirurgie digestive et générale, hôpital Claude-Huirez – Lille. e-mail : [email protected]. Service de chirurgie digestive et oncologique, hôpital Ambroise-Paré – Boulogne. e-mail : [email protected]. Unité de chirurgie viscérale, clinique Saint-Jean de Dieu – Paris. e-mail : [email protected]

Résection hépatique après traitement par agents ciblés de métastases hépatiques initialement non résécables n’ayant pas répondu à une chimiothérapie conventionnelle

R. Adam, T. Aloia, F. Levi, D.A. Wicherts, R.J. de Haas,B. Paule, M.P. Bralet, M. Bouchahda, D. Machover, M. Ducreux, V. Castagne, D. Azoulay, D. CastaingHepatic resection after rescue cetuximab treatmentfor colorectal liver metastases previously refractoryto conventional systemic therapy.J Clin Oncol 2007;25:4593-4602.

La chimiothérapie d’induction à base d’oxaliplatine ou d’iri-notécan permet de rendre résécables des métastases hépati-ques d’origine colorectale (MHCCR) initialement non résé-cables dans 14 % des cas [1]. Les MHCCR qui n’ont passuffisamment répondu pour devenir résécables sont de mau-vais pronostic.Les auteurs rapportent leur expérience sur 151 malades avecdes MHCCR initialement non résécables, n’ayant pas réponduà une chimiothérapie conventionnelle et traités par une nou-velle ligne de chimiothérapie utilisant une thérapie ciblée, lecetuximab (anti EGFR). Vingt-sept de ces 151 malades (17 %),du fait d’une bonne réponse, ont eu une laparotomie dans lebut d’une résection à visée curative. Ces 27 malades avaient euen moyenne 17 cycles de chimiothérapie avant de démarrer letraitement par cetuximab qui était donné dans la majorité descas en association à l’irinotécan. Une réponse suffisante per-mettant une laparotomie à visée d’exérèse était obtenue enmoyenne après 6 cycles de chimiothérapie à base de cetuximab.À la laparotomie, 25 malades ont pu avoir une résectioncomplète de l’ensemble de leur MHCCR si bien que le taux

de résécabilité sur l’ensemble de la série était de 16 %. Le tauxde mortalité opératoire était de 3,7 %. Le taux de morbiditéétait de 55 % avec en particulier un taux d’insuffisance hépati-que postopératoire de 30 %. La résection était R0 dans 10 cas(40 %), R1 dans 12 cas (48 %) et R2 dans 3 cas (12 %). Avecun suivi médian de 16 mois à partir de l’introduction du ce-tuximab, les médianes de survie globale et sans récidive étaientrespectivement de 20 et 13 mois.Les auteurs concluent qu’en cas de MHCCR non résécablesn’ayant pas répondu à une chimiothérapie conventionnelle,une chimiothérapie à base de cetuximab permet à certains ma-lades d’être candidats à une chirurgie d’exérèse.

Commentaires1) Il s’agit de la première étude qui montre qu’une chimiothé-rapie à base de cetuximab, par rapport à une chimiothérapieconventionnelle, permet d’augmenter la résécabilité des MHC-CR initialement non résécables.2) Cette étude confirme que des MHCCR ne répondant pas àune chimiothérapie à base d’irinotécan ou d’oxaliplatine peu-vent répondre à un traitement à base de cetuximab [2, 3].3) Se pose maintenant la question de savoir si une chimio-thérapie à base de cetuximab ne devrait pas être prescrite enpremière ligne pour tenter de rendre résécables des MHCCRinitialement non résécables (étude Crystal).Dans cette étude, le suivi est cependant trop court pourpouvoir affirmer que cette approche thérapeutique a été bé-néfique pour les malades en termes de survie, ce d’autantqu’une résection R0 n’a été possible que chez 40 % des maladesréséqués.

Mots-clés : Foie. Traitement. Métastases. Chimiothérapie. Résécabilité.Cetuximab.

1. Ann Surg 2004;204:644-657.2. J Clin Oncol 2004;22:1201-1208.3. N Engl J Med 2004;351:337-345.

Résultats fonctionnels de la myotomie étendue pour maladie des spasmes diffus de l’œsophage

M. Leconte, R. Douard, M. Gaudric, I. Dumontier, S. Chaus-sade, B. Dousset

Functional results after extended myotomy for dif-fuse oesophageal spasm.Br J Surg 2007;94:1113-1118.

La maladie des spasmes diffus de l’œsophage (MSDO) est rareet caractérisée par des troubles du péristaltisme et des spasmesthoraciques douloureux souvent pour des pressions dépassant30 mm Hg. Le traitement de première intention reste discuté,comme les inhibiteurs calciques, les dérivés nitrés, les anticho-linergiques voire les antidépresseurs. L’injection de toxine bo-tulique ou les dilatations pneumatiques sont plutôt réservéesaux patients avec dysphagie sévère et clearance altérée. Aprèséchec des traitements médicaux ou endoscopique, une myoto-mie chirurgicale peut être indiquée, dont les caractéristiques(longueur de la myotomie, voie d’abord, association à un pro-

cédé antireflux) sont encore débattues, ce d’autant que des ré-cidives après myotomie ont été décrites [1].Cette étude prospective a inclus 20 patients porteurs d’uneMSDO sévère, ayant eu d’une myotomie oesophagienne, soitd’emblée pour une pression de sphincter inférieur de l’œsopha-ge (SIO) élevée ≥ 70 cm H2O (N = 25 cm H2O), soit aprèséchec du traitement endoscopique. L’intervention était réaliséepar laparotomie avec une myotomie étendue sur 12 à 16 cm audessus du cardia et 2 cm en dessous, une fundoplicature anté-rieure partielle de type Dor fixée aux piliers et un calibrage del’orifice hiatal. La morbidité postopératoire était de 5 % avecune mortalité nulle. Les patients étaient évalués à 1, 3, 6 et12 mois après l’intervention. L’évaluation fonctionnelle étaitfondée sur la dysphagie, la douleur thoracique, un pyrosis, unreflux, avec l’établissement d’un score de 0 à 3. Un transit oe-sogastroduodénal était réalisé systématiquement un mois aprèsl’intervention et une réévaluation par pH-métrie et manomé-trie était faite en cas de troubles postopératoires. La dysphagieet la douleur thoracique ont été évaluées séparément avec lemême score.La reprise moyenne de poids à 6 mois était de 2,5 kg. Auterme d’un suivi moyen de 50 mois, les résultats étaient ju-gés excellents ou satisfaisants chez 16/20 patients en consi-dérant le score clinique global, de 18/20 pour la dysplasie