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R s stance aux an b o ques : des Heux ,~G~rer les r~sistances aux antibiotiques, en assurer la maRrise, c'est f'abord les me.surer ~, dit le Pr BenoR Schlemmer, president du comit~ le suivi du Plan pour preserver I'efficacit~ des antibiotiques, en preface t'un num~ro special ~ R~sistance aux antibiotiques ~ Ju Bulletin 6pid~miologique hebdomadaire <~>. L a progression de I'antibio-resistance bacterienne est, cela a ete dit et repete, plus rapide que la decouverte d'antibiotiques originaux. Si I'on enregistre des progres dans I'identification des mecanismes de la resis- tance et de sa transmission, dans la sur- veillance, la detection de I'emergence de nouvelles souches resistantes, il reste beau- coup A faire pour en assurer la maftrise, notamment par un meilleur usage des anti- biotiques en medecine de ville comme & I'he- pital, sans oublier la medecine veterinaire. La surveillance et le suivi de la consommation des antibiotiques dans les etablissements de sante doivent notamment etre ameliores. Le pneumocoque La resistance du pneumocoque & la penicilli- ne et aux macrolides pose un probleme serieux en Europe, car elle tend & se genera- liser, la France occupant le premier rang pour la resistance & la penicilline Get le second pour les macrolides, selon le bilan 2002 du syst4~me de surveillance europeen EARSS (European Antimicrobial Resistance Surveillance System). Cette resistance est en France la plus importante chez les enfants de 0 & 4 ans. Une recente etude de l'Unite d'epidemiologie INSERM U444 a jet(~ un froid : meme avec le developpement du vac- cin anti-pneumococcique pour I'enfant, on n'est pas sQr de voir s'attenuer la resistance du pneumocoque,~qui redeviendrait sen- sible... Meme avec une vaccination syste- matique, comme aux I~tats-Unis depuis 1999, on isole encore des souches resis- tantes aux penicillines : celles non incluses dans les vaccins, mais aussi des souches de s6rotypes en quelque sorte auto-selection- nes pour resister. La baisse de la consom- mation est donc bien indispensable : si elle restait au niveau actuel, le vaccin, meme sys- tematique, n'y ferait rien ! Or ta France reste premiere en Europe pour la consommation d'antibiotiques en ville (plus de 90 % des prescriptions), malgre les cam- pagnes de sensibilisation, meme si une bais- se relative de la consommation (5,6 %) est observee depuis 1999. ,/k I'h6pital, en moyenne 16 % des patients regoivent des antibiotiques (24 % des courts sejours et pres de la moitie en reanimation). Par ailleurs, la resistance & la meticilline du staphylocoque dore (SARM) est plus ele- vee dans les pays du sud de I'Europe (Grece 44 %, Italie 38 %, Portugal 38 %, France 33 %, Espagne 23 %) que dans le nord (Pays-Bas, Finlande, Danemark, Suede), o~ les taux restent inferieurs & 5 %. Elle progresse sensiblement au Royaume- Uni. Les pourcentages de resistance de haut niveau & la gentamicine de certains coliba- cilles (E. faecalis et E. faecium) restent ele- ves en Europe (medianes de 37-38 %), excepte en France (10-15 %), Autriche (17- 20 %) et en Finlande (< 13 %). Le message porte par ce BEH special, qui presente un bilan detaille de la situation, s'adresse & tous les professionnels de sante humaine et vete- rinaire : la lutte contre I'antibio- resistance est multidisciplinaire et concerne les professionnels libe- raux et hospitaliers, mais aussi le grand public, qui dolt etre un consommateur eclair6 de ces anti- biotiques. Leur efficacite depend de leur bon usage, et celui-ci ,, n'est pas automatique ,... J,-M. M, i1) BEll, 2004, 32-33 th~matique ,, R#sistance aux antibiotiques ,,, disponible sur www.invs.sante.fr OOPAGE Gi~H~iQUE PEROU D'AVANCE Sp6cialistes de la transfection g~n~tique de I'lnserm et biologistes du Laboratoire national de d~-tection du dopage ont publi~ au cours des Jeux Olympiques le r~sultat d'un travail prouvant que I'EPO s~cr~t~e par un athl~.te ~ qui on aurait trans- f~r~ un g~ne de I'EPO intramusculaire pourrait ~tre contr~l~e positive, I'hormone h~matopo'i~tique ainsi produite ayant de routes fa(;ons un profil ise-~lec- trique different de celui de rhormone naturellement produite. Cette possibilit& on s'en souvienl avait ~t~ montr~-e ~ rorigine par le Laboratoire du dopa- ge (J. de Ceaurriz et coiL) pour d~.tecter I'EPO exo- g~ne. 13d6e d'un ,, dopage g~n6tique ,, par trans- fection du g~ne de rEPO pmnostiqu~e par certains serait infirm~.e, la possibilitY, de d~tection de la fraude ~tant due ~ la transfection dans le muscle, tissu-cible le plus fr~quemment choisi. Ces travaux sont publi~-s dans Molecular Therapy du 8 ao~t 2004. 8 Revue Francaise des Laboratoires, septembre 2004, N ° 365

Résistance aux antibiotiques: état des lieux

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R s stance aux an b o ques : des Heux

,~ G~rer les r~sistances aux antibiotiques, en assurer la maRrise, c'est f'abord les me.surer ~, dit le Pr BenoR Schlemmer, president du comit~ le suivi du Plan pour preserver I'efficacit~ des antibiotiques, en preface t'un num~ro special ~ R~sistance aux antibiotiques ~

Ju Bulletin 6pid~miologique hebdomadaire <~>.

L a progression de I'antibio-resistance bacterienne est, cela a ete dit et repete,

plus rapide que la decouverte d'antibiotiques originaux. Si I'on enregistre des progres dans I'identification des mecanismes de la resis- tance et de sa transmission, dans la sur- veillance, la detection de I'emergence de nouvelles souches resistantes, il reste beau- coup A faire pour en assurer la maftrise, notamment par un meilleur usage des anti- biotiques en medecine de ville comme & I'he- pital, sans oublier la medecine veterinaire. La surveillance et le suivi de la consommation des antibiotiques dans les etablissements de sante doivent notamment etre ameliores.

Le p n e u m o c o q u e

La resistance du pneumocoque & la penicilli- ne et aux macrolides pose un probleme serieux en Europe, car elle tend & se genera- liser, la France occupant le premier rang pour la resistance & la penicilline Ge t le second pour les macrolides, selon le bilan 2002 du syst4~me de surveillance europeen EARSS (European Antimicrobial Resistance Surveillance System). Cette resistance est en France la plus importante chez les enfants de 0 & 4 ans. Une recente etude de l'Unite d'epidemiologie INSERM U444 a jet(~ un froid : meme avec le developpement du vac- cin anti-pneumococcique pour I'enfant, on n'est pas sQr de voir s'attenuer la resistance du pneumocoque,~qui redeviendrait sen- sible... Meme avec une vaccination syste-

matique, comme aux I~tats-Unis depuis 1999, on isole encore des souches resis- tantes aux penicillines : celles non incluses dans les vaccins, mais aussi des souches de s6rotypes en quelque sorte auto-selection- nes pour resister. La baisse de la consom- mation est donc bien indispensable : si elle restait au niveau actuel, le vaccin, meme sys- tematique, n'y ferait rien ! Or ta France reste premiere en Europe pour la consommation d'antibiotiques en ville (plus de 90 % des prescriptions), malgre les cam- pagnes de sensibilisation, meme si une bais- se relative de la consommation (5,6 %) est observee depuis 1999. ,/k I'h6pital, en moyenne 16 % des patients regoivent des antibiotiques (24 % des courts sejours et pres de la moitie en reanimation). Par ailleurs, la resistance & la meticilline du staphylocoque dore (SARM) est plus ele- vee dans les pays du sud de I'Europe (Grece 44 %, Italie 38 %, Portugal 38 %, France 33 %, Espagne 23 %) que dans le nord (Pays-Bas, Finlande, Danemark, Suede), o~ les taux restent inferieurs & 5 %. Elle progresse sensiblement au Royaume- Uni. Les pourcentages de resistance de haut niveau & la gentamicine de certains coliba- cilles (E. faecalis et E. faecium) restent ele- ves en Europe (medianes de 37-38 %), excepte en France (10-15 %), Autriche (17- 20 %) et en Finlande (< 13 %). Le message porte par ce BEH special, qui presente un bilan detaille de la situation, s'adresse & tous les professionnels de sante humaine et vete-

rinaire : la lutte contre I'antibio- resistance est multidisciplinaire et concerne les professionnels libe- raux et hospitaliers, mais aussi le grand public, qui dolt etre un consommateur eclair6 de ces anti- biotiques. Leur efficacite depend de leur bon usage, et celui-ci ,, n'est pas automatique ,...

J,-M. M,

i1) BEl l , 2004, 32-33 th~matique ,, R#sistance aux antibiotiques ,,, disponible sur www.invs.sante.fr

OOPAGE Gi~H~iQUE PEROU D'AVANCE Sp6cialistes de la transfection g~n~tique de I'lnserm et biologistes du Laboratoire national de d~-tection du dopage ont publi~ au cours des Jeux Olympiques le r~sultat d'un travail prouvant que I'EPO s~cr~t~e par un athl~.te ~ qui on aurait trans- f~r~ un g~ne de I'EPO intramusculaire pourrait ~tre contr~l~e positive, I'hormone h~matopo'i~tique ainsi produite ayant de routes fa(;ons un profil ise-~lec- trique different de celui de rhormone naturellement produite. Cette possibilit& on s'en souvienl avait ~t~ montr~-e ~ rorigine par le Laboratoire du dopa- ge (J. de Ceaurriz et coiL) pour d~.tecter I'EPO exo- g~ne. 13d6e d'un ,, dopage g~n6tique ,, par trans- fection du g~ne de rEPO pmnostiqu~e par certains serait infirm~.e, la possibilitY, de d~tection de la fraude ~tant due ~ la transfection dans le muscle, tissu-cible le plus fr~quemment choisi. Ces travaux sont publi~-s dans Molecular Therapy du 8 ao~t 2004.

8 Revue Francaise des Laboratoires, septembre 2004, N ° 365