116
MAI 2012 - 8 e - N° 675 FOCUS GROUPE X-PAYS-BAS : LA TULIPE NOIRE Big data, un nouvel or noir Protéger les données personnelles Vers un nomadisme des identités ? REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES ANCIENS ÉLÈVES ET DIPLÔMÉS DE L’ÉCOLE ÉCONOMIE NUMÉRIQUE LES SUCCÈS DOSSIER

REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

MAI 2012 - 8 e - n° 675

Focus

G R O U P E X - PAY S - B A S : L A T U L I P E N O I R E

➔ Big data, un nouvel or noir

➔ Protéger les données personnelles

➔ Vers un nomadisme des identités ?

REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES ANCIENS ÉLÈVES ET DIPLÔMÉS DE L’ÉCOLE

ÉcoNoMIENuMÉRIQuElEs succès

dOSSIER

JR675-COUV.indd 1 26/04/12 06:57

Page 2: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

En matière de risques, il n’y a pas de petite mission

200 000 clients font appel a Apave pour reduire leurs risques, augmenter la securite des hommes et des biens et proteger

l’environnement : l’aeroport qui forme ses personnels aux nouvelles exigences de securite, l’entreprise qui souhaite un diagnostic

environnemental, la centrale nucleaire qui veut accroitre la surete de ses installations, l’hopital qui securise l’utilisation de ses

fluides medicaux... C’est une mission de confiance que les 9 800 collaborateurs d’Apave dont 7 000 ingenieurs et techniciens, en

France et dans le monde, ont la fierte de mener a bien aupres de leurs clients, quelle que soit leur taille ou leur activité. www.apave.com

Fo

nd

am

en

ti

Apave Instit 210X297-2012:Mise en page 1 5/03/12 17:44 Page 1

Page 3: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

www.qualitel.org 136, boulevard Saint-Germain 75006 Paris

Avec la réglementation 2012, les logements à basse consommation vont devenir la norme en imposant un haut niveau de performance énergétique. Ces bâtiments bouleversent notre façon traditionnelle d’habiter. Au-delà de l’énergie, il est aujourd’hui fondamental de s’attaquer à des problématiques comme la qualité sanitaire de l’air intérieur, l’impact global des logements sur l’environnement ou la maîtrise effective des charges pour les usagers. Sur la base de cette approche multicritère, QUALITEL, avec CERQUAL et CERQUAL PATRIMOINE, poursuit les développements de son activité de certification du logement afin de contribuer à pouvoir garantir à tous la performance et la qualité attendue.

Cré

dits

: ar

chit

ecte

Ch

rist

ian

En

jolr

as,

ph

oto

He

rvé

Ab

ba

die

CONSTRUIRE ET HABITER

BASSE CONSOMMATION

Résidence Le Petit Rosne, Garges-lès-Gonesse (95)

CHOIX DE CONCEPTION :

Orientation : sud-est / Isolation thermique par l’extérieur sur le béton avec enduit sur polystyrène en rez-de-chaussée et laine de roche revêtue d’un bardage en lames de pins / Chaudières gaz individuelles à condensation et ventilation

hygroréglable ÉLÉMENTS TECHNIQUES REMARQUABLES :

Chape acoustique pour les logements collectifs. Balcons mis

en oeuvre avec des rupteurs de ponts thermiques

CERTIFICATIONS :

Qualitel BBC effinergie, Habitat & Environnement

FICHE TECHNIQUE

Page 4: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

Sommairemai 2012 – n°675

GRA

ND

A

NG

LE

Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,réagir sur les forums et consulter les numéros déjà parus. http://www.lajauneetlarouge.comCourriel : [email protected]

OUREN

SAVOIR +

Économie numérique : les succès

Entreprendre dans le logicielpar Pierre Haren (73)

8 >

ÉditorialAider l’École à aller de l’avantpar Laurent Billès-Garabédian (83)

5 >

La fiscalité au cœur des stratégiespar Loïc Rivière

10 >

L’entreprise doit protéger les données personnellespar Jean-Marc Goetz

26 >

Smart grids : le logiciel au cœur des systèmes électriquespar Hervé Rannou

22 >

Comprendre la volatilité des marchés financierspar Patrice Fontaine et Bernard Rapacchi

18 >

Riposter contre la cybercriminalitépar Adeline Champagnat

20 >

Qualité des données et échanges d’affairespar Pierre Georget

16 >

Les données massives du big data, un nouvel or noirpar Michel Crestin et Hervé Dhelin

13 >

Nomadisme informatique, nomadisme des identités ?par Philippe Laurier et Claire Dufetrelle (2009)

28 >

Open savoir-faire, une innovation radicale inspirée de l’open sourcepar Tru Dô-Khac (79)

32 >

Nouveaux modes de paiement : quatre prévisions pour 2012par Alexandre Hoffmann

34 >

Stratégies pour l’innovationpar Sandrine Murcia

36 >

Logistique et livraison, clés du e-commercepar François Copigneaux

38 >

Introductionpar Jean-Pierre Dardayrol (72)

6 >

Résumé des articles7 >

P.2-3 Sommaire 27/04/12 6:56 Page 2

Page 5: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION :Laurent BILLÈS-GARABÉDIAN (83)

RÉDACTION EN CHEF :Jean-Marc CHABANAS (58), Hubert JACQUET (64)

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION :Anne-Béatrice MULLER

ASSISTANTE : Françoise BOURRIGAULT

CORRECTRICE : Catherine AUGÉ

ÉDITEUR :Association des anciens élèves et diplômésde l’École polytechnique5, rue Descartes, 75005 ParisTél. : 01.56.81.11.00Courriel : [email protected] : 01.56.81.11.01

COMITÉ ÉDITORIAL :Christian MARBACH (56), président,Pierre LASZLO, Philippe LAURIER,Denys ROBERT (E.P.), JEAN DESCHARD (E.P.),Gérard PILÉ (41), Maurice BERNARD (48),Serge RAFFET (50), Jean DUQUESNE (52),Michel HENRY (53), Michel GÉRARD (55),Charles-Henri PIN (56), Jacques-Charles FLANDIN (59),Jacques PARENT (61), François Xavier MARTIN (63),Gérard BLANC (68), Alexandre MOATTI (78),Jérôme DUPONT de DINECHIN (84)Jean-Philippe PAPILLON (90)

RÉDACTION DE LA JAUNE ET LA ROUGE :5, rue Descartes, 75005 ParisTél. : 01.56.81.11.13Courriel : [email protected]

WEBMESTRE : Jean-Pierre HENRY (64)[email protected]

ABONNEMENTS, ANNUAIRE, COTISATIONS :Tél. : 01.56.81.11.05 ou [email protected]

COMMUNICATION : Régine [email protected]

ANNONCES IMMOBILIÈRES :Tél. : 01.56.81.11.11 – Fax : 01.56.81.11.01

BUREAU DES CARRIÈRES :Tél. : 01.56.81.11.14 – Fax : 01.56.81.11.03

TARIFS 2012 :Prix du numéro : 8 eurosAbonnements : 10 numéros par an, 40 eurosPromos 2000 à 2003 : 30 eurosPromos postérieures : 01.56.81.11.15

PUBLICITÉ :FFE, 15, rue des Sablons – 75116 ParisTél. : 01.53.36.20.40

CONCEPTION, RÉALISATION : KEY GRAPHIC

IMPRESSION : GROUPE MAURY IMPRIMEUR

COMMISSION PARITAIRE n° 0114 G 84221ISSN n° 0021-5554TIRAGE : 11750 exemplairesN ° 675 – MAI 2012

PHOTO DE COUVERTURE :

© ISTOCK

Revue mensuelle del’Association des anciens élèves et diplômésde l’École polytechnique

Sur plus de 20 000 élèves, étudiants,anciens élèves et diplômés de l’Écolepolytechnique près de 70 % font par-tie de l’Association, ce qui place l’AXau premier rang parmi les associa-tions d’anciens élèves comparables.On constate cependant une baisse desmembres cotisants. Des efforts conti-nuent d’être menés pour rapprocherde l’Association les jeunes anciens,et mieux la faire connaître des élèveset étudiants présents sur le Plateau.Les activités de l’Association, qui sontdétaillées ci-après, se répartissenten trois grandes familles :– d’une part des actions de solidarité,menées principalement à l’attentiondes élèves, anciens élèves et diplômés,qu’ils soient ou non adhérents de l’AX,mais aussi au profit de leurs proches :dons, prêts et autres appuis de la Caissede Secours; conseils et séances de for-mation du Bureau des Carrières...– d’autre part des initiatives destinéesà resserrer les liens entre les membresde l’Association et à mieux faireconnaître les points forts distinctifsde notre communauté, tout en contri-buant à l’information et à la réflexionsur de grandes questions intéressantl’ensemble de la société. Par exemple :contacts internationaux et accueil desélèves étrangers ; élaboration d’unepolitique de communication; analysesportant sur la mission de l’École auregard des besoins de la Nation ;annuaire et outils de réseau infor-matique en liaison avec l’Association

X.org ; dossiers thématiques de LaJaune et la Rouge ; participation augroupe «Grandes Écoles au féminin»;liens avec la Kès des élèves ; liensavec la FX…– enfin, analyses, propositions, parti-cipations à des groupes de travail, ausein de la communauté polytechni-cienne ou de façon plus élargie, sur lesmissions de l’École et sur son organi-sation, de sorte que l’École s’adapteen permanence aux besoins de l’éco-nomie et à ceux de la Nation.Parmi les tendances et réalisations de2011, quelques points sont à souligner :– les nombreuses dispositions prisesen réaction au contexte de difficultéséconomiques : ainsi, la Caisse deSecours, rebaptisée Caisse de Solidarité,a étendu son soutien à de jeunes cama-rades provisoirement en difficulté; leBureau des Carrières a considérable-ment développé sa communicationdans La Jaune et la Rouge et le nombredes nouveaux utilisateurs de ses ser-vices a fortement augmenté;– l’organisation de la « journée poly-technicienne» annuelle lors de l’AG du14 juin 2011 au cours de laquelle ontété organisés une table ronde « Lespolytechniciens et l’entreprenariat »et un atelier « Groupes régionaux »,et au cours de laquelle a été remis leprix Dargelos ;

– la poursuite de la rénovation de laversion électronique de La Jaune etla Rouge ;– la mise en place d’un groupe deréflexion X-Jeunes au sein du Conseilde l’AX ;

– l’agrément par l’Assemblée géné-rale de cinq nouveaux groupes poly-techniciens : X-Tunisie, X-Suisse, X-Œnologie, X-Chili et X-Start up. Et lamise en place d’un groupe de réflexionau niveau du Conseil de l’AX sur sonarticulation avec les groupes X et l’ani-mation de ceux-ci ;– la décision d’une gestion plus pru-dentielle des actifs financiers del’Association;

– la participation très active et vigilantede l’AX, notamment au niveau de saprésidence, quant aux réflexions surl’évolution de l’École, à travers : 1) lesréunions de travail avec l’École, la FX,la Fondation de coopération scienti-fique de Saclay, le ministère de tutelleet le cabinet du Premier ministre ; 2)la résolution importante du Conseil del’AX du 5 juillet 2011 précisant la posi-tion de l’AX sur les objectifs de l’Écoleet l’articulation avec les projets de cam-pus de Saclay et 3) le groupe de travailAX-FX, incluant des membres de ladirection générale de l’École, présidépar François LUREAU.Toutes ces activités sont décrites plusprécisément dans les trois chapitresqui suivent. Par ailleurs, quelquesinformations intéressant les membresde l’Association, en particulier un pointsur le développement de l’École et uncompte rendu de l’action de laFondation de l’X, sont rassembléesdans une annexe.

85

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

RAPPORT MORAL SUR L’ANNÉE 2011

Le Rapport complet avec ses annexes estconsultable sur le site Internet de l’Association :http://www.polytechniciens.com

INTRODUCTION

PAGE 85

ARTS, LETTRES ET SCIENCES

EXPRESSIONS

Michel Bertrandias (81), président du groupe X-Pays-Bas«Un réseau convivial d’échanges culturels »propos recueillis par Jean-Marc Chabanas (58)

50 >

Solutions des Récréations scientifiques et du Bridge66 >

Musique en images par Marc Darmon (83)Récréations scientifiques par Jean Moreau de Saint-Martin (56)Bridge par Gaston Méjane (62)

62 >

Discographie par Jean Salmona (56)63 >

Magnan par Lady GastronomiXLivres

64 >

Notice sur la FêteExtraits d’une Notice rédigée en 1901

57 >

Éclipse de soleilExtraits d’un article du début du XXe siècle

58 >

Composer des classes raisonnablement hétérogènespar François Carn

48 >

FOCUS

X-Pays-Bas : la tulipe noire

Sept promotions sous le signe des neutronspar Daniel Suchet (2008)

47 >RENCONTRES

IN MEMORIAM

FORUM SOCIAL

Robert Bonnal (36)Apôtre de la coopération françaisepar Jacques Bourdillon (45)

46 >

ANNIVERSAIRE HENRI POINCARÉHommage numismatiquepar Claude Gondard (65)

61 >

Le 2 juin, je serai au Point Gammapar Pauline Métivier (2010)

53 >

Louis Vicat (1786-1861)Le père d’un nouvel art de construirepar Anne Bernard-Gély (74) et Laurent Izoret

42 >PORTRAIT

VIE DES ENTREPRISES

Dossier spécial réalisé par FFEpour le service commercial de La Jaune et la Rouge

67 >

POINT GAMMA

P.2-3 Sommaire 27/04/12 6:56 Page 3

Page 6: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

La Maison desP

X X

Séminaires, réceptions, évènements

Consultez propositions et tarifs sur : www.maisondesx.com

olytechniciens

Maison des X - Hôtel de Poulpry - 12, rue de Poitiers - 75007 Paris

Pour tout renseignement, contactez le 01 49 54 74 74

www.maisondesx.com - courriel : [email protected]

Restaurant Le Poulpry. Réservez au 01 49 54 74 54

[email protected]

Prix du concert : 45 € - Dîner en option : 53 €

Inscription et règlement sur : polytechnique.net/AMdX

ou auprès de Corinne, Maison des Polytechniciens

12, rue de Poitiers 75007 Paris.

Tél : 01 49 54 74 82 - Courriel : [email protected]

Les Amis de Mozart et

la Maison des Polytechniciens

présentent

un récital de piano

de

Guillaume VINCENTGrand Prix du Concours international

Long - Thibaud

Piano 2009

Mozart, Chopin,

Rachmaninovle 22 mai 2012 à 20 heures

Concert au Grand Salon Quadrille

Le concert sera suivi d’un dîner en option

Tenue de soirée

Maquette indesign_mail_ 2012 bis.indd 1 25/04/2012 07:17:31

Page 7: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

5LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

D.R

.

par Laurent Billès-Garabédian (83),

président de l’AX

ÉDITORIAL

Aider l’École à aller de l’avant

■ Dans la continuité de la motion votée à l’unanimité par son Conseil d’administration du 5 juillet 2011, l’AXaffirme à nouveau que l’École polytechnique est au service de l’intérêt général de la Nation, de son économie,de ses intérêts stratégiques et de la Défense.

Il est donc nécessaire qu’elle conserve de manière pérenne sa spécificité et son identité, c’est-à-dire son sta-tut d’établissement public et son rattachement au ministère de la Défense. Dans cet esprit, elle se réjouit dela signature avec le ministre de la Défense le 21 mars dernier du contrat d’objectifs et de performance pourla période 2012-2016 dont elle soutient les objectifs et les orientations.

La mission de l’École est de former des ingénieurs et des scientifiques de haut niveau destinés aux corps del’État, à l’économie française, à son industrie et à son rayonnement international. L’AX tient tout particuliè-rement au modèle original de formation de l’École, pluridisciplinaire, associant science, ingénierie etformation humaine avec une double vocation d’interdisciplinarité et d’innovation, assurant une forte inté-gration entre ses trois cycles de formation et avec son centre de recherche. L’École doit poursuivre lamise en œuvre déterminée de son évolution engagée avec la réforme X2000, essentiellement son ouver-ture vers l’international et vers les entreprises et la spécialisation de ses élèves en partenariat avec denombreuses institutions françaises et étrangères.

L’AX soutient la contribution active de l’École polytechnique à la création de l’université de Paris-Saclayet la poursuite des nombreuses coopérations déjà largement amorcées tant avec l’Université, qu’avec lescentres de recherche et qu’avec les grandes écoles présentes et à venir sur son campus à Saclay. L’AX contri-buera à bâtir une gouvernance efficace de cet ensemble. Mais elle demande à l’École polytechnique defaire reconnaître et de préserver les spécificités et les orientations évoquées ci-dessus. À cet effet, les dis-cussions en cours pour contractualiser, dans les années à venir, les engagements pris par la Fondationde coopération scientifique exigent une vraie concertation dans les formes requises et une validation for-melle par le Conseil d’administration de l’École.

Consciente de l’enjeu que représente l’université de Paris-Saclay pour la France et des atouts qu’appor-tent à cet ensemble la notoriété existante et les spécificités de l’École polytechnique, la communautépolytechnicienne représentée par l’AX entend être un soutien actif et vigilant pour aider l’École à se ren-forcer et à jouer le rôle moteur qui doit être le sien, tout particulièrement auprès des autres écoles d’in-génieurs qui sont et seront sur le campus de Saclay. Elle souhaite en particulier que les grandes lignesde gouvernance de l’université de Paris-Saclay qui s’esquissent pour l’horizon 2016 soient l’occasion pourl’École polytechnique de garder la maîtrise de ses formations, de développer ses atouts et de les appor-ter à l’ensemble pour contribuer à son rayonnement international. ■

Notre École est au cœur de réflexions importantes pour sa stratégie et sa gouvernance, en tant qu’Écolepolytechnique et dans le cadre de l’université Paris-Saclay. Notre Association se tient aux côtés de l’Écoleet souhaite l’aider à rester visionnaire et force de proposition pour son évolution et soutient la formida-ble opportunité d’avoir un nouveau mode de gouvernance avec un président à temps plein et un directeurgénéral. Pour l’appuyer, le Conseil de l’AX a voté le 11 avril 2012 à l’unanimité le texte suivant qu’il a par-tagé avec le Conseil d’administration de l’École.

P.5 Edito-Billès-Garabédian 27/04/12 7:04 Page 5

Page 8: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

■Haut débit, très haut débit, 4G, 5G, dividendenumérique, cloud rebaptisé « infonuagique»,malwares et botnets, fractures numériquesmultiples, neutralité, gouvernance, nouveauxgTLD : un grand nombre de débats, de polé-miques aussi, caractérisent la (longue) phasede développement du monde de l’Internet,structurent et soutiennent sa formidable crois-sance, font la Une des grands médias ou lebuzz de multiples communautés.

La couverture de ces débats est ample dansnotre pays, même si certains d’entre eux peu-vent apparaître comme trop minorés – parexemple ceux relatifs à la cybercriminalité,aux avatars futurs de l’Internet des objets età l’immobilier pour les entreprises du sec-teur –, ou au contraire trop hégémoniques.

Cependant, l’un d’entre eux mériterait uneattention plus globale au-delà des réflexions,riches et multiples, et des actions, souventréussies, qui le concernent : les données, ouplus exactement la valorisation des données.On pourrait penser que les données à valori-ser sont celles du Web immergé, c’est-à-direcelles qui, pour de multiples raisons, notam-ment leurs protections techniques, ne sontpas accessibles. Elles représenteraient plusde 90 % des informations, ce qui fait souventcomparer le Web à un iceberg.

Heureusement, le trésor caché de l’Internetest constitué de données et d’informationsaccessibles directement. Cependant, des poli-tiques visant à lever les obstacles juridiques,

culturels ou économiques à l’utilisation «opti-male» de certaines informations sont néces-saires parce que porteuses de création d’ac-tivités et d’emplois. Ces données constituentun foncier fondamental pour l’économie numé-rique, une des grandes ressources du XXIe siè-cle, à l’égal des matières minérales, énergé-tiques ou de l’eau. La capacité de chacun àles mettre en valeur pèsera dans la compé-titivité des entreprises et des collectivités :les États-Unis, l’Australie, le Royaume-Uniou les Pays-Bas montrent la voie en adoptantdes politiques volontaristes et pragmatiques.

Pour des raisons historiques, ce foncier estmalheureusement grevé de nombreuses ser-vitudes et de contraintes, toujours justifiées aumoment où elles ont été retenues mais hété-rogènes et parfois devenues inadaptées. Sibeaucoup a été fait en ce qui concerne lamodernisation du droit des œuvres de l’es-prit, des données publiques et des donnéespersonnelles, il reste encore à faire dans cessecteurs tout en abordant d’autres sujetscomme celui des données attachées aux objets.À moyen terme, le mouvement des big data,c’est-à-dire l’exploitation des grands ensem-bles hétérogènes de données – vidéo, sons, etc.– contraindra à une approche unifiée et à unepolitique d’ensemble.

C’est ce travail qui livrera aux laboureurs del’Internet son trésor caché.

* Association française pour le nommage Internetcoopératif.

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 20126

DR

Un trésor

est caché

GRAND ANGLE

par Jean-Pierre Dardayrol (72),

ingénieur général des Mines, président de l’AFNIC*

P.6 Intro Dardayrol 24/04/12 16:23 Page 6

Page 9: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

RÉSUMÉ DES ARTICLES

Économie numérique : les succès

Entreprendre dans le logicielpar Pierre Haren (73) p. 8

Sans amélioration de sa performance collective, qui ne peut

passer que par une plus grande utilisation de l’informatique

et par une bonne dose d’innovation, la France ne pourra main-

tenir ni sa place dans le monde, ni son niveau de vie.

La fiscalité au centre des stratégiespar Loïc Rivière p. 10

En France, la fiscalité a longtemps constitué un instrument

majeur entre les mains de l’action publique pour assurer l’ef-

ficacité de notre modèle républicain. L’économie numérique,

de par son caractère transnational et immatériel, s’accom-

mode mal des exigences de ce modèle.

Les données massives du big data, un nouvel or noirpar Michel Crestin et Hervé Dhelin p. 13

Comment traiter des masses considérables de données? Un

investissement massif et de nouvelles stratégies d’entreprise

accompagnent création de valeur et rapidité de service. Une

tendance lourde qui porte à considérer les données massives,

ou big data, comme un nouvel or noir pour les entreprises.

Qualité des données et échanges d’affairespar Pierre Georget p. 16

Aujourd’hui, 95% des transactions sont menées de façon élec-

tronique dans les diverses chaînes d’approvisionnement fran-

çaises. La qualité des données est devenue un enjeu majeur.

Comprendre la volatilité des marchés financierspar Patrice Fontaine et Bernard Rapacchi p. 18

Mieux étudier les marchés financiers est indispensable pour

en comprendre le fonctionnement et, en particulier, l’impact

des outils de trading automatiques. Cela implique de garder

trace des cours boursiers à des fréquences élevées.

Riposter contre la cybercriminalitépar Adeline Champagnat p. 20

L’essor du numérique rend indispensable l’adaptation des

outils législatifs, répressifs et de coopération internationale.

En France, cette action est confiée à l’OCLCTIC.

Le logiciel au cœur des systèmes électriquespar Hervé Rannou p. 22

Les réseaux intelligents d’énergie font partie de ces sujets qui

semblent éloignés des préoccupations politiques ou stratégi-

ques. Pourtant, c’est l’un des véritables sujets des prochai-

nes années tant leur impact sera majeur.

L’entreprise doit protéger les données personnellesparJean-Marc Goetz p. 26

L’actualité présente de plus en plus de cas de sociétés

confrontées à des pertes de données, ou à des transferts

d’informations personnelles mal contrôlés; des réseaux so-

ciaux invitent leurs abonnés à fournir des données qu’ils ne

maîtriseront plus. Que faire face à cette situation?

Nomadisme informatique, nomadisme des identités?par Philippe Laurier et Claire Dufetrelle (2009) p. 28

Mémoire de nos identités, de nos moyens de la confirmer, de

nos habitudes, de nos mouvements : les objets intelligents

se multiplient dans notre environnement immédiat, mais aussi

jusque dans notre corps ou dans l’isoloir du bureau de vote.

Tandis que notre intimité numérique rétrécit à l’instar d’une

peau de chagrin, il s’instaure une logique qui échappe à l’indi-

vidu, alors pourtant qu’elle touche à l’individu.

Open savoir-faire, une innovation radicaleinspirée de l’open sourcepar Tru Dô-Khac (79) p. 32

Le numérique pose un défi sans précédent à la conservation

du savoir-faire. Mais, avec de nouveaux usages du droit d’auteur

en entreprise, ce savoir-faire est source de modèles d’affaires

numériques inédits que nous désignons par open savoir-faire.

Nouveaux modes de paiement :quatre prévisions pour 2012par Alexandre Hoffmann p. 34

Quatre évolutions vont marquer le monde du paiement : l’as-

cension fulgurante du «m-commerce»; la multiplication des

appareils connectés, suscitant le besoin d’un portefeuille de

paiement «dans le nuage»; l’avènement du «t-commerce»;

et la disparition de la frontière entre commerce traditionnel et

commerce en ligne.

Stratégies pour l’innovationpar Sandrine Murcia p. 36

En matière d’innovation et d’accompagnement de l’innova-

tion, les échanges d’expérience au sein d’un réseau d’entre-

prises sont irremplaçables.

Logistique et livraison, clés du e-commercepar François Copigneaux p. 38

L’Internet a permis un essor extraordinaire de la vente à dis-

tance. Mais cet essor implique en aval la mise en place de

solutions logistiques fiables et performantes pour livrer au

consommateur sa commande.

GRA

ND

A

NG

LE

7

DOSSIER COORDONNÉ PAR JEAN-PIERRE DARDAYROL (72)

Après avoir évalué, dans son numéro précédent, les enjeux liés à l’économie numérique, La Jaune et la Rougeen analyse ici les succès.

P.7 Résumés 24/04/12 7:48 Page 7

Page 10: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

A

NG

LE

Sans amélioration de sa performancecollective, qui ne peut passer que parune plus grande utilisation de l’informatiqueet par une bonne dose d’innovationentrepreneuriale, la France ne pourramaintenir ni sa place dans le monde,ni son niveau de vie. L’entrepriseinformatique a ici un rôle essentiel à jouer.

■ Notre vie quotidienne est dépendante de

l’industrie du logiciel. Qui s’étonne encore de

pouvoir parler par Skype à un membre de sa

famille à l’autre bout de la planète, ou de regar-

der une vidéo en temps réel, alors que toute

la conversation ou la vidéo est tronçonnée en

petits paquets de données qui voyagent tous

indépendamment et sont reconstitués à l’au-

tre bout avec une qualité ahurissante? Acheter

par Internet en se faisant livrer le colis à sa

porte est souvent moins onéreux que d’aller

chercher soi-même l’objet dans un magasin.

Planète intelligenteTous les appareils qui nous entourent sont de

plus en plus intelligents, interconnectés et

autonomes grâce à des millions de lignes de

logiciel. IBM promeut le concept de « planète

intelligente», qui rassemble les concepts d’ins-

trumentation, de télécommunications et de

traitement intelligent pour fusionner et inter-

préter d’immenses quantités de données sur

différents systèmes afin d’optimiser leur per-

formance : villes intelligentes, systèmes de

distribution d’énergie plus efficaces, amélio-

ration des systèmes de santé, etc. Cependant,

l’ubiquité actuelle du logiciel ne garantit pas

pour autant l’égalité des différents acteurs

devant les avantages qui peuvent être retirés

de celui-ci. Le logiciel apporte au contraire un

formidable potentiel de différenciation de per-

formance entre les entreprises, voire les socié-

tés. Omniprésente, déterminant la perfor-

mance de nos sociétés, l’informatique est aussi

une extraordinaire source d’aventures. D’abord,

parce que l’informatique elle-même évolue

en permanence, et exige une attitude d’ap-

prentissage permanent, mais aussi parce

qu’elle mêle de plus en plus étroitement tech-

nologie et savoir dans la gestion de nos socié-

tés complexes.

Entreprendre dans le logiciel

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

PAR PIERRE HAREN (73)

vice-président ILOGchez IBM

8

ÉCONOMIE NUMÉRIQUE : LES SUCCÈS

Les appareilsqui nousentourent sontde plus en plusintelligents,interconnectéset autonomes

REPÈRESToutes les télécommunications par téléphone ouInternet n’existent que parce que des millionsde lignes de code fonctionnent correctementdans les commutateurs et tout au long du réseaupour acheminer nos conversations. Tout lecommerce électronique dépend de chaîneslogistiques d’une grande complexité, gérées parinformatique, au niveau de l’usine produisant lesbiens commandés, puis dans les différentesétapes de transport : l’ubiquité du logiciel estune évidence.

Performance et qualité de vie

Prenons l’exemple de Singapour, petit pays de 5 millions d’habitants situé sous l’équateur, sans aucuneressource naturelle, dont le PNB par habitant a dépassé celui de la France dans la fin des années 1990en grande partie du fait de la qualité de l’usage de l’informatique par la société singapourienne. Cettesociété est en permanence à la recherche d’améliorations de la performance individuelle et collectivepar un usage plus poussé et plus intelligent de l’informatique : qu’il s’agisse de l’aéroport qui optimiseen permanence les flux de passagers et de bagages pour minimiser les attentes, du port qui est le plusgrand port de transbordement de conteneurs au monde grâce à un usage très avancé de l’informatique,de l’automatisation de la validation des permis de construire des bâtiments, qui réduit les délais d’attenteet d’immobilisation du capital, de la gestion des infrastructures de transport collectif, ou du péage variablepour les véhicules individuels, qui minimisent les embouteillages tout en maximisant le confort collectif.

P.8 Haren 24/04/12 7:43 Page 8

Page 11: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

A

NG

LE

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

Une aventure du savoirJusqu'à la fin des années 1950, le savoir était

uniquement présent dans des livres ainsi que

dans le cerveau des professeurs, étudiants et

praticiens qui appliquaient un savoir techni-

que ou réglementaire. De nos jours, ce savoir

est plus en plus intégré de manière active dans

des logiciels qui effectuent des tâches de rou-

tine à la place des opérateurs. Par exemple, le

site d’enchères privées eBay n’aurait jamais

pu voir le jour sans une infrastructure informa-

tique avancée, notamment en détection de

fraude, nécessaire pour garantir à tous ses

utilisateurs un niveau acceptable de sécurité

du système. Analyser différents savoirs pour

les intégrer dans des systèmes servant des

millions d’utilisateurs en temps réel est une aven-

ture extraordinaire.

Réseaux sociauxUne nouvelle dimension dans la gestion du

savoir est en train d’émerger rapidement sous

nos yeux : celle de l’informatique des réseaux

sociaux. Depuis l’émergence du Web, l’espèce

humaine se transforme rapidement pour deve-

nir une espèce collective, dans un mouvement

incroyablement audacieux similaire à celui du

passage des organismes unicellulaires aux

organismes pluricellulaires. Nous n’en som-

mes encore qu’au début des bouleversements

qu’induira ce changement de nature. Aujourd’hui,

les groupes d’amis favorisent l’émergence

d’un produit plutôt que d’un autre grâce à

l’usage que nous faisons des recommanda-

tions de ces réseaux sociaux. Demain, les fonc-

tionnalités de ces produits seront définies par

avance par des groupes d’utilisateurs qui

influenceront en temps réel les concepteurs des

produits. La gestion du savoir et la résolution

de problèmes complexes migrent ainsi de l’in-

dividuel au collectif.

Évolution de l’humanitéDans ce contexte, l’informatique fournit à la

fois le moyen de communication et une contri-

bution unique à notre intelligence collective.

Entreprendre dans l’informatique, c’est donc

apporter sa pierre à cette phase essentielle

de l’évolution de l’humanité, pour créer de

nouveaux produits, services, résultats. Du fait

de l’intérêt financier d’un succès industriel en

informatique, qui attire les meilleurs esprits de

la planète, créer une entreprise informatique,

c’est aussi choisir d’entrer en compétition rapi-

dement avec les meilleurs Indiens, Chinois ou

Américains, ce qui devrait plaire à l’esprit com-

pétitif français.

Un levier indispensablePour une jeune pousse, le terreau initial est

déterminant. L’informatique est un levier indis-

pensable pour l’administration, qui doit four-

nir le meilleur service possible aux citoyens

au coût le plus faible, et pour les entreprises,

qui doivent en permanence offrir des services

ou des produits de meilleure qualité au meil-

leur prix. L’intégration de produits et services

innovants issus de jeunes pousses françaises

représente pour les utilisateurs une opportu-

nité unique de détenir un atout de performance,

et pour ces start-ups une nécessité absolue.

La position de la France en tant que « terreau

de jeunes pousses » est mitigée. La taille du

marché français permet de soutenir le dévelop-

pement d’une première phase de croissance,

mais requiert aussi de développer rapidement

l’international afin de financer l’adaptation des

produits aux autres langues et cultures, notam-

ment anglaises et chinoises, et de créer un

réseau de distribution.

Position concurrentielleNotre position concurrentielle dans l’informa-

tique a été longuement analysée ailleurs, avec

des points extrêmement positifs tels que le

crédit d’impôt recherche et la qualité de nos

ingénieurs, ainsi que l’appétence du grand

public pour les technologies nouvelles démon-

trée par des succès tels que ceux du Minitel et

du GSM, mais aussi des obstacles, tels que

celui de la langue ainsi que certaines lourdeurs

administratives et une image souvent négative

des entreprises et des entrepreneurs. ■

L’informatiqueévolue en

permanenceet exige une

attituded’apprentissage

permanent

9

Quand l’informatique réinventela médecineC’est le sens de l’évolution du système Watsond’IBM, qui va soutenir les médecins commesource additionnelle de conseil dans lesdiagnostics difficiles et complexes. Watson estune source connectée en permanence, disposantd’une mémoire infinie, d’une capacité toujourscroissante à détecter des similarités avecd’autres cas déjà en mémoire, et d’une constancedans la performance bien supérieure à celle quenos cerveaux humains peuvent atteindre.

P.8 Haren 24/04/12 6:48 Page 9

Page 12: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

A

NG

LE

En France, la fiscalité a historiquement jouéun rôle de premier plan : redistributive,compensatrice ou régulatoire, elle a long-temps constitué un instrument majeur entreles mains de l’action publique pour assurerl’efficacité de notre modèle républicain.L’économie numérique, de par son caractèretransnational et immatériel, s’accommodemal, à l’instar de la finance, des exigencesde ce modèle. L’élaboration de taxessectorielles n’est ici finalement qu’un autresymptôme du même mal : notre difficultéà assurer la pérennité de notre modèle dansun contexte mondialisé.

■ Le 14 février dernier, le sénateur PhilippeMarini et la Fédération française des télécomsavaient convié, avec le soutien du Conseil natio-nal du numérique, l’ensemble des représen-tants de l’économie numérique pour leur pré-senter leurs propositions en faveur d’unefiscalité du numérique rénovée. En cause, la dis-torsion fiscale entre secteur numérique et sec-teur traditionnel, mais surtout entre opéra-teurs d’infrastructures et fournisseurs decontenus ou encore entre acteurs locaux del’Internet et grands acteurs transnationauxtels Google, Amazon, Apple ou Facebook.

Quand l’industrie réclame des taxes…pour les autresSi bien que c’est une forme d’unanimité quiprévalait devant la nécessité de corriger cedéséquilibre fiscal, voire de créer de nouvel-les taxes. Devant le parterre de spécialisteset journalistes réunis, les organisateurs démon-trèrent en effet de façon étonnante leur inven-tivité à concevoir de nouvelles taxes destinéesà l’économie numérique. Non pas des ajuste-ments de taxes existantes, mais bien de nou-velles taxes jusqu’alors inexistantes. L’exerciceétait pour le moins cocasse et inédit : une

industrie dénonçant sa «surfiscalisation» et pro-posant, dans le même temps, de nouveauxmécanismes élaborés par des fiscalistes pourtaxer l’industrie numérique.Cocasse en effet, mais sans motifs sérieuxcertainement pas. Dans une tribune du jour-nal Le Monde, les dirigeants des opérateursOrange, Bouygues Telecom et Free s’étaient peuauparavant prononcés à l’unisson pour unenouvelle fiscalité numérique, en déplorant quedes géants mondiaux les concurrencent surles mêmes marchés « en échappant totale-ment à l’arsenal fiscal et réglementaire ».

La fiscalité au centre

des stratégies

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

PAR LOÏC RIVIÈRE

délégué général del’Association françaisedes éditeurs delogiciels et solutionsInternet (AFDEL)

10

ÉCONOMIE NUMÉRIQUE : LES SUCCÈS

Le business

model de

l’Internet est

celui d’un

marché biface

REPÈRESLa formidable création de richesses suscitée parle développement d’Internet a bousculé leschaînes de valeur existantes et remis en cause lespositions acquises. Et dans ce grand chambar-dement, les opérateurs télécoms ont l’impressiond’être les oubliés de la croissance. Leurs revenusd’infrastructures se tassent, les nécessitésd’investir dans le très haut débit se font pres-santes et ils versent chaque année des contri-butions significatives au financement de lacréation. Les opérateurs font de cette situation undiagnostic sans appel : « Des géants mondiauxcherchent à conquérir de nouveaux marchés ensortant de leurs métiers d’origine et en venantconcurrencer directement les activités desopérateurs, mais en échappant totalement àl’arsenal fiscal et réglementaire. »

Taxes en cascadeDepuis 2008 les opérateurs ont été «successi-vement assujettis à la taxe sur les servicesde télévision (qui alimente un compte de soutienà l’industrie de programmes [Cosip], dont lesressources ont crû de 50% en trois ans), la taxevisant à financer France Télévisions, ou encorel’impôt forfaitaire sur les entreprises de réseaux(IFER)».

P.10 Rivière 24/04/12 16:24 Page 10

Page 13: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

A

NG

LE

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

C’était dit. Et les acteurs visés, sans être nom-més, étaient bien identifiables. Les opérateurssouhaitent donc que les fournisseurs de conte-nus participent notamment au financement dela création. Ils pointent ainsi du doigt en par-ticulier la fiscalité des grands acteurs del’Internet, dits Over the top, qui ne participentpas à ce financement et assument une fisca-lité très allégée des revenus retirés de leursactivités commerciales en Europe. Bien plus,les opérateurs remettent véritablement encause le business model historique d’Internetet la place qui leur est réservée.

Business model remis en cause ?Le business model de l’Internet est grossière-ment celui d’un marché biface, composé d’unepart d’une face contenus et services, et d’autrepart d’une face utilisateurs-internautes. Cesdeux faces sont a priori économiquement décou-plées, les internautes rémunérant en fait lesopérateurs d’infrastructures pour pouvoir accé-der aux contenus. Il y a donc un phénomène desubvention croisée, les opérateurs d’infrastruc-tures pouvant vendre l’accès à des contenus etservices qu’ils n’ont pas à produire et les four-nisseurs de contenus et services pouvant distri-buer les contenus sans en assumer l’achemine-ment. Aujourd’hui, les opérateurs d’infrastructuresconstatent un tassement de leurs revenus debande passante dans les pays industrialisés etdans le même temps un essor continu de lacréation de valeur sur le réseau qu’ils adminis-trent par les fournisseurs de contenus et ser-vices. Les opérateurs souhaitent donc remé-dier à cette situation selon deux axes stratégiques.Le premier consiste à développer leurs propresoffres de services (musique, vidéo, etc.) sur le

réseau, quitte à les intégrer de façon préféren-tielle au sein de leur offre généraliste. Le secondaxe consiste à remettre en question le businessmodel historique d’Internet en proposant d’ins-taurer un Internet à péage, visant à monétiseraussi la seconde face (les fournisseurs de conte-nus) en leur demandant de payer pour accéderau réseau (outre les frais d’hébergement dontils s’acquittent déjà). Ce deuxième axe s’est cris-tallisé autour des débats sur la neutralité duNet, car l’instauration d’un Internet à péageaurait créé de facto des phénomènes d’exclusi-vité et de discrimination sur le réseau. Les opé-rateurs n’ayant pu, à ce jour, modifier cette rela-tion dans ce qu’elle a de plus visible, ils se sontrésolus à transposer sur le terrain de la fisca-lité le sujet du déséquilibre de revenus qu’ilsdénoncent.

De la difficulté de taxer le numériqueLe caractère immatériel de l’économie numé-rique lui confère la possibilité d’être commer-cialisée de façon abstraite depuis n’importequel territoire, avec une qualité de serviceconstante. Il lui vaut aussi d’être assimilée àune prestation de service immatérielle, et doncde se voir appliquer une TVA en conséquence,et non celle qui s’applique aux biens culturelsmatériels comme le livre (avant la réforme du1er janvier 2012). Son caractère transnationalen découle et conduit les prestataires de ser-vices électroniques à localiser leurs plates-for-mes en fonction des contraintes fiscales etréglementaires appliquées.

Le dumping fiscal européen en causeActuellement, le taux de TVA applicable enEurope aux services électroniques (musique,vidéo, logiciels, etc.) est celui du pays de loca-lisation du prestataire. Si bien que de nom-breux prestataires de services électroniquesse sont installés, à l’instar d’Apple, auLuxembourg, qui pratique l’un des taux les plusbas d’Europe avec 15 % et n’applique qu’un

La création

de valeur est

multiforme et

transnationale

sur Internet

11

Un modèle unique

L’absence de relation économique caractériséeentre infrastructures et contenus (quoiqueremise en cause par l’évolution de l’inter-connexion) a mis de facto tous les fournisseursde contenus et services sur un pied d’égalitépotentiel dans leur capacité à accéder au marché,c’est-à-dire aux internautes sans discrimination.C’est ce modèle qui a assuré jusqu’à présentle formidable développement du réseau,son foisonnement de contenus et de servicesinnovants. C’est également ce modèle quia encouragé l’équipement massif des internautesen box et services triple play.

Comment taxer?

A priori, l’économie numérique a vocation à êtretaxée comme les autres. Mais elle possède troiscaractéristiques qui pourraient y contrevenir etrendent en tout cas son appréhension complexe :elle est immatérielle, transnationale et difficileà valoriser.

P.10 Rivière 27/04/12 12:25 Page 11

Page 14: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

A

NG

LE

taux de 3% sur la partie droit d’auteur (75% dela valeur). Concernant l’impôt sur les socié-tés, de nombreuses voix se sont élevées pourdénoncer les niveaux d’imposition des géantsdu Web, avoisinant pour certains les 3 % seu-lement de leurs bénéfices. Ces cris d’orfraielaissent perplexe quand on sait que ces niveauxsont le résultat des mécanismes d’optimisa-tion fiscale légaux, mis en place par les gou-vernements eux-mêmes, et qui bénéficientégalement aux acteurs du CAC 40 qui ne seprivent pas d’en user. En outre, le pays qui faitles frais de cette collecte d’impôts réduite esten réalité les États-Unis, pays d’origine desacteurs visés, contraint de voter des exonéra-tions massives pour obtenir le rapatriementdes capitaux de ses acteurs. Enfin, si ces acteursne paient pour ainsi dire pas d’impôts sur lessociétés en France, en dépit des bénéficesqu’ils y engrangent, c’est l’application méca-nique des conventions fiscales qui ne permet-tent pas à l’État où le service est consommé detaxer. Là encore, c’est le défaut d’harmonisa-tion fiscale européenne qui est en cause et quifait que certains de nos voisins pratiquent undumping préjudiciable aux finances publiquesfrançaises.

L’inventivité française à l’œuvreToujours est-il que la France s’est faite cham-pionne d’une fiscalité sectorielle vouée à pré-server, à stimuler ou à corriger les évolutions

économiques souhaitées. Ce fut bien entendule cas pour préserver son exception culturelle.Selon l’étude comparative des systèmes fis-caux dans le domaine de la culture réaliséepar le cabinet Ernst & Young, la France arriveen tête, de très loin, avec 14 taxes de natureculturelle et 48 mesures fiscales incitatives.Il n’y avait donc pas de raison que la distor-sion que vit notre économie numérique yéchappe. D’aucuns échafaudent alors des dis-positifs censés remédier à cette situation, tel« l’octroi numérique ». Le Conseil national dunumérique s’est également penché sur la ques-tion, proposant la création d’un établissementstable virtuel. Une proposition qui laisse per-plexe Me Franck Le Mentec : «Pourquoi ne pasdénoncer unilatéralement les conventions fis-cales si elles nous déplaisent? Ça s’est déjà vuentre le Danemark et la France en 2008. »

L’enjeu de notre projet européenAujourd’hui mis à mal par les conséquencesde la mondialisation, le modèle fiscal fran-çais ne peut plus se penser de façon auto-nome. L’économie numérique ne peut échap-per à cette exigence, soulignant même, àl’instar de la finance, nos incohérences etinconsistances de façon éclatante. L’élaborationde taxes sectorielles, plus ou moins alambi-quées, n’est ici qu’un autre symptôme dumême mal : notre difficulté à assurer la péren-nité de notre modèle dans un contexte mon-dialisé.En voulant soutenir à tout prix les économiesde rentes de nos acteurs historiques, nousempêchons la nouvelle génération innovanted’éclore. En stigmatisant les acteurs mon-diaux qui profitent de l’inconsistance de notreprojet européen, nous manquons une nou-velle occasion de le réformer et d’en faire nonpas le garant, mais le héraut de notre excep-tion culturelle. ■

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 201212

Faire de notreprojet européenle héraut denotre exceptionculturelle

ÉCONOMIE NUMÉRIQUE : LES SUCCÈS

200 millions d’eurosCe serait le montant du manque à gagner en TVApour les économies européennes du fait de l’instal-lation au Luxembourg de grands acteurs du Web.Une situation qui devrait connaître un terme car,à partir de 2015, la TVA sera progressivementappliquée et collectée dans le pays preneurdu service.

«Taxe Google»Défendue en 2010 par le sénateur Philippe Marini, cette taxe improprement dénommée visait d’une partà remédier à la distorsion avec le secteur des médias traditionnels dont les activités publicitaires sontspécifiquement taxées, et d’autre part à imposer les revenus tirés des activités de publicité en ligne parles grands acteurs du Web. Il s’agissait de taxer les annonceurs, et non pas les régies, pour plus desimplicité de collecte. Il est apparu rapidement que seuls les annonceurs disposant d’un établissementstable en France s’en acquitteraient et que, concernant les acteurs du Web, seuls les acteurs françaisrisquaient d’être pénalisés. Une taxe qui générait d’importants risques de délocalisation d’activitéet corrélativement une perte importante de recettes de TVA pour l’État français, et donc une pertede recettes plus importantes que ce qu’elle rapporterait.

P.10 Rivière 27/04/12 12:26 Page 12

Page 15: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

AN

GLE

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

L’évolutiontechnologiquese traduit par

une diminutiondrastiquedes coûts

de stockagedes données

■La croissance des volumes d’informationsnumériques est telle que les bases de don-nées qui les gèrent ne suffisent plus. Il fautdonc imaginer de nouvelles architectures (logi-cielles et matérielles) pour traiter ces mas-ses considérables de données.

Un investissement massifL’évolution technologique se traduit par unediminution drastique des coûts de stockagedes données. Par exemple, chacun peut acqué-rir une capacité de stockage d’un téraoctetpour seulement quelques centaines d’euros.Le coût d’un gigabit de stockage s’élevait àenviron 20 dollars en 2005, à nettement moinsd’un dollar aujourd’hui. À cet aspect purementmatériel s’ajoute la diminution du coût de créa-tion, capture et duplication des données.Les investissements consentis par les entre-prises dans l’univers numérique (cloud com-puting, équipement informatique, logiciels,

services et personnel dédié à la création, ges-tion, stockage et exploitation des informations)ont augmenté de 50% entre 2005 et 2011, pouratteindre les 4000 milliards de dollars au niveaumondial. En 2012, 90 % des sociétés du clas-sement Fortune 500 auront lancé un grandchantier de gestion des données. Les entre-prises américaines de plus de mille salariésstockent, en moyenne, l’équivalent de 235 tera-bytes de données.

Une nouvelle stratŽgie dÕentrepriseLa valeur des données, et notamment la per-tinence de leur exploitation, devient très impor-tante. Une habile exploitation de ces gisementsd’information contribue à accroître les avan-tages compétitifs. Au-delà de ces aspects éco-nomiques, la croissance des volumes de don-nées remet en cause le management desentreprises et des organisations. Les dirigeantspeuvent ainsi légitimement se poser les ques-tions suivantes.Sur le plan managérial : s’il était possible detester toutes les décisions, cela changerait-illa stratégie de l’entreprise ? Probablement,

Les données massivesdu big data, un nouvel or noir

Comment traiter les masses considérables de données qui apparaissent aujourd’hui? Un investissement massif et de nouvelles stratégies d’entreprise accompagnent création de valeur et rapidité de service. C’est une tendance lourde qui porte à considérer les donnéesmassives, parfois appelées big data, comme un nouvel «or noir» pour les entreprises.

PAR MICHEL CRESTIN

partner de LOBI

ET HERVƒ DHELIN

administrateurdu Club des directeurs

marketing des TIC

ÉCONOMIE NUMÉRIQUE : LES SUCCÈS

13

REPÈRESEn 2011, on a crŽŽ et rŽpliquŽ 1,8 zettaoctet(cÕest-ˆ-dire1 800 milliards de gigaoctets), neuffois plus quÕen 2005, soit une croissancedŽpassant les prŽdictions de la loi de Moore. DÕicila prochaine dŽcennie, la quantitŽ de donnŽesgŽrŽe par les entreprises pourrait •tre multipliŽepar cinquante, et la taille des fichiers parsoixante-quinze. Concr•tement, un volume de1,8 zettaoctet de donnŽes Žquivaut au volume deplus de 200 milliards de film HD (dÕune durŽemoyenne de deux heures). Il faudrait un individupas moins de 47 millions dÕannŽes pour envisionner lÕintŽgralitŽ, si tant est quÕil sÕyconsacre vingt-quatre heures sur vingt-quatreet sept jours sur sept.

Ajuster ses prix en temps rŽelUne entreprise amŽricaine de grande distributiona constatŽ une baisse de ses parts de marchŽ.Elle sÕest aper•ue que son principal concurrentavait lourdement investi dans des outils decollecte, dÕintŽgration et dÕanalyses de donnŽes,de sorte quÕil Žtait capable dÕajuster en tempsrŽel ses prix, dÕarbitrer lÕapprovisionnemententre ses diffŽrents magasins et de reconstituerses stocks gr‰ce ˆ une Žtroite intŽgrationde son syst•me dÕinformation avec ceuxde ses fournisseurs.

P.13 Crestin et Dhelin 24/04/12 16:26 Page 13

Page 16: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

A

NG

LE

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 201214

L’analyseprédictivese révèleparticuliè-rementpertinente dansla détectiondes fraudes

ÉCONOMIE NUMÉRIQUE : LES SUCCÈS

car les managers pourraient mieux identifierles causes d’un phénomène et les conséquen-ces de leurs décisions, en fonction de diffé-rents scénarios, au-delà de l’analyse de sim-ples corrélations, et adapter leur stratégie enconséquence.Sur le plan opérationnel : dans quelle mesureles offres d’une entreprise seraient-elles trans-formées si les énormes volumes de donnéesdisponibles étaient utilisés pour personnali-ser en temps réel les solutions proposées auxconsommateurs et prévoir leur comportementd’achat? Par exemple, un e-commerçant pour-rait traquer en temps réel le comportementde ses prospects et identifier le moment oùils vont s’engager dans l’acte d’achat. Et, ainsi,pousser des offres à plus fortes marges. Lagrande distribution constitue un secteur pri-vilégié d’expérimentation dans la mesure où foi-sonnent les informations issues des achatssur le Web, des réseaux sociaux et, aujourd’hui,de plus en plus, les données de géolocalisationdes smartphones.Sur le plan stratégique : l’exploitation des gise-ments de données peut-elle donner lieu à denouveaux modèles d’affaires ? Probablementpour des entreprises qui se positionneraient

comme intermédiaires dans la chaîne de valeurpour gérer des données transactionnelles demanière exhaustive.

Une création de valeurLa profusion de données génère des opportu-nités nouvelles pour les entreprises, mêmes’il faut demeurer conscient des risques induits(intégrité des informations, menaces sur la vieprivée, droit à l’oubli, piratage, atteinte à l’image,vol d’identité, fraude, etc.). L’une des révolu-tions concerne l’analyse prédictive, approchequi étudie les données et les caractéristiquescomportementales des individus pour en tirerdes modèles prédictifs en vue d’optimiser la rela-tion avec les clients.

Mieux détecter les fraudesPour réussir sur un marché dominé par desgrands noms de l’assurance, la société amé-ricaine Infinity, spécialisée dans l’assurancedes conducteurs à risques élevés, avait besoind’accroître son parc de clients et d’améliorerson efficacité opérationnelle, notamment pourla gestion des sinistres et la réduction de lafraude. Des techniques d’analyse prédictiveont été mises en œuvre. L’objectif était, sur lemodèle des crédits bancaires, de « scorer »les sinistres de manière à mieux identifier laprobabilité de fraude.

Récupérer ses fondsIl s’agissait également d’optimiser la collectedite de subrogation, c’est-à-dire lorsque l’as-sureur se retourne vers des tiers pour récu-pérer des fonds, quand son assuré n’est pas res-ponsable. En un mois, la solution mise enœuvre par Infinity a permis d’augmenter lesfonds collectés d’un million de dollars et dedouze millions de dollars en six mois, unique-ment par une meilleure analyse des données.La prochaine étape, elle aussi fondée sur l’ana-lyse de volumes importants de données, consis-tera à étudier le contenu des documents liésaux règlements des sinistres, par exemple lescomptes rendus d’accidents, les rapports médi-caux ou les témoignages, autant d’élémentsqui sont susceptibles d’améliorer la détectionde la fraude le plus en amont possible.

Lutter contre la criminalitéL’analyse de grandes masses de données estégalement très utile pour lutter contre la cri-minalité. Par exemple, la police de New York

L’analyse prédictiveEn se fondant sur un historique des informationsdisponibles sur les clients, l’analyse prédictiveétablit, avec une analyse statistique des relationsentre les données disponibles, si elles sontde nature à prédire, avec la meilleure fiabilitépossible, le futur comportement d’un individu.Retenons seulement deux domainesdans lesquels l’analyse prédictive se révèleparticulièrement pertinente : la détectionde la fraude et le marketing.

Éviter l’effet dominoUne grande banque européenne a mis en placeun système d’analyse prédictive pour détecterles risques de faillites parmi ses entreprisesclientes, en particulier en intégrant des infor-mations relatives au contexte économique.Concrètement, la banque est également enmesure d’anticiper les conséquences d’unedéfaillance, pour elle, d’un client majeur,de manière à éviter les conséquences néfastesd’un «effet domino» sur d’autres clients.

P.13 Crestin et Dhelin 24/04/12 6:54 Page 14

Page 17: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

A

NG

LE

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

Des inquiétudessur le respect

de la vie privéeet le droit

à l’oubli

15

dispose d’un logiciel d’analyse prédictive dela criminalité. Baptisée Crush (Criminal reduc-tion utilizing statistical history), cette applica-tion regroupe une vingtaine d’années d’archi-ves et de statistiques liées à la délinquance età la criminalité, avec toutes les caractéristi-ques des délits : lieu, heure, mode opératoire, etc.L’analyse de ces données est assurée par unprogramme mathématique conçu par les cher-cheurs de l’université de Californie. Elle per-met de localiser les endroits à risque de laville, d’identifier les types de délits qui y sontcommis, en fonction de critères tels que lemoment de la journée ou le jour de la semaine.Concrètement, la police peut alors agir etenvoyer des effectifs avant que le crime ou ledélit ne soient commis.

Améliorer le marketingL’une des difficultés pour les entreprises quis’adressent à des millions de clients est de fidé-liser ceux-ci et d’en conquérir d’autres. Dansles banques anglo-saxonnes par exemple, letaux de rotation des clients atteint facilement10% à 20% par an, avec un coût par client s’éle-vant entre 200 et 3500 dollars. Une banque néer-landaise, grâce à l’analyse prédictive, a réussià accroître l’efficacité de ses campagnes mar-keting avec un taux de réponse passé de 4% à12%, d’où un retour sur investissement de sesactions amélioré de 10% à 20%.

Une tendance lourdeOn pourrait multiplier les exemples de créa-tion d’avantages compétitifs grâce à une exploi-tation intelligente de volumes de données. Lephénomène du big data va impulser un élansupplémentaire. À moyen ou long terme, onpeut discerner ce qui relève de certitudes et ce

qui constituera des incertitudes susceptiblesde freiner, mais pas d’annihiler, la tendancelourde à considérer les données, surtout si ellessont massives, comme un nouvel « or noir »pour les entreprises et les organisations.

L’analyse des donnéesDu côté des certitudes, on retiendra une crois-sance continue des volumes de données, d’au-tant que se profilent l’Internet des objets et lacivilisation des capteurs, producteurs d’énor-mes quantités d’informations ; une transfor-mation profonde des modèles d’affaires et, defait, des stratégies des entreprises; des inves-tissements massifs en outils d’analyse de don-nées à mesure que les entreprises vont pren-dre conscience de la valeur de leurs données.

Le rejet des intrusionsDu côté des incertitudes, on retiendra lesinquiétudes sur le respect de la vie privée,l’éventuelle montée en puissance de senti-ments de rejet face à ce qui peut être considérécomme des intrusions de messages commer-ciaux dans la sphère privée. De même, nousn’avons pas de certitudes sur les problémati-ques de sécurité associées au big data. Enfin,un frein potentiel réside dans l’évolution de lalégislation, susceptible de devenir plus res-trictive. Entre ces puissants facteurs accélé-rateurs et les éventuels freins, les entrepri-ses devront trouver un équilibre de manièreà concilier création de valeur et éthique. ■

L’exemple de Memphis

Déjà déployé au sein de la police de Memphis(Tennessee), le logiciel Crush a permisde réduire la criminalité de 30% et la criminalitéviolente de 15% par rapport à 2006.En janvier 2010, la police a lancé plusieursopérations dans un quartier de la ville,en se fondant sur les indications du logicielCrush. Résultat : plus de cinquante arrestationsde trafiquants de drogue et une réduction de prèsde 40% de la criminalité.

La rapidité du service

Le loueur de véhicules Avis a amélioré le résultaten Europe de ses campagnes de marketingpar courriel et divisé ses coûts par deux.En analysant les données sur ses clients, Avispropose des offres personnalisées dans plusde 18 millions d’envois de courriels chaqueannée. Avec une meilleure connaissance del’activité des clients grâce à l’historique des clicsdans les courriels et des transactions, Avispersonnalise tous les courriels. Par exemple,le loueur dispose d’une base de donnéesde «clients privilégiés» à qui elle promet uneprise en charge dans un délai de trois minutes(ils sont assurés de recevoir la clef de leurvéhicule dans un délai de trois minutes à partirdu moment où ils se présentent au guichet).La rapidité de service étant essentielle pourfidéliser les clients.

P.13 Crestin et Dhelin 24/04/12 6:54 Page 15

Page 18: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

A

NG

LE

Aujourd’hui, 95% des transactions sontconduites de façon électronique dansles diverses chaînes d’approvisionnement.Le coût du ticket d’entrée s’est considé-rablement élevé. La qualité des donnéesest devenue un enjeu majeur.

■ Le commerce électronique s’est installépeu à peu dans les entreprises. Les processusd’affaires opérés par les industriels de l’auto-mobile, de l’agroalimentaire, de la pharmacieet de l’aéronautique, les transporteurs et lesprestataires logistiques, les banques, les assu-rances, les grossistes et les détaillants aujourd’huin’ont rien à voir avec ceux des années 1990.Les échanges d’affaires sont massivementnumériques : 95% des transactions sont condui-tes de façon électronique dans les diverseschaînes d’approvisionnement françaises. Cettenumérisation a deux conséquences pour lesentreprises : le coût du ticket d’entrée dansune relation d’affaires s’est considérablementélevé, et la qualité des données est devenue unenjeu majeur.

Une hausse du ticket d’entréeLe coût unitaire d’une relation d’affaires abaissé dans un rapport de dix. Cette réductiona des conséquences très diverses comme lamultiplication du nombre de références dansles supermarchés, à surface constante, oul’approvisionnement en flux tendu. Les trans-actions financières à haute fréquence en sontl’extrême illustration. Mais cette relation demachine à machine nécessite une structura-tion des échanges, une définition et une miseen place rigoureuse de la chorégraphie desflux. Pour l’entreprise candidate à l’établisse-ment d’une telle relation, il faut un apprentis-sage, un pilotage et une industrialisation qui nes’improvisent pas. C’est pourquoi l’analyse dela population des fournisseurs connectés enéchanges électroniques de l’automobile ou dela grande distribution montre qu’un minimum

de transactions ou de chiffre d’affaires estnécessaire pour établir la liaison électroni-que. Et cela est vrai même si les outils d’échan-ges sont mis à disposition par le donneur d’or-dre. La maintenance des compétences internesprésente une difficulté plus grande pour laPME que l’acquisition des outils.

Une relation plus stableLe corollaire de l’augmentation du ticket d’en-trée est la plus grande stabilité de la relation.Ceux qui ont déjà leur «ticket électronique» sontprivilégiés par rapport aux autres. Les quel-ques jours passés à « l’embarquement » d’unnouveau partenaire comptent dans l’écono-mie du choix d’un nouveau fournisseur, toutautant que le délai de six à neuf mois pour ren-dre la liaison électronique réellement opéra-tionnelle. Cette solidité de la relation va crois-sant avec la sophistication de la collaboration,par exemple si la transaction simple com-mande-livraison-facture-paiement se com-plète par la mise à disposition d’états de consom-mation ou de ventes et d’états de stockspermettant une gestion partagée des flux. Lapart numérique de la transaction devient unecondition de la qualité de service. Le dévelop-pement du numérique en entreprise a facilitéla mise en place d’une infrastructure d’échan-ges. Celle-ci est loin d’être unifiée, elle est

Qualité des données

et échanges d’affaires

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

PAR PIERRE GEORGET

directeur généralde Global StandardOne (GS1) France

16

ÉCONOMIE NUMÉRIQUE : LES SUCCÈS

La relationde machineà machineexige unerigoureusechorégraphiedes flux

REPÈRESLa numérisation de la relation d’affaires n’a paseu comme conséquence, comme certains ont pule craindre, une déshumanisation de la relation.Le business reste le business, mais il est soutenupar une relation forte « machine à machine » dessystèmes d’information entre eux. Cette relationnumérique a pour but de réduire le coût dechaque transaction. Le ratio généralement admisest celui d’un rapport de coût unitaire de un à dixentre la conduite électronique d’une relation(commande-paiement, par exemple) et saréalisation sous forme papier.

© S

TEV

E M

UREZ

P.16 Georget 24/04/12 6:56 Page 16

Page 19: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

A

NG

LE

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

souvent faite de bric et de broc, mais elle per-met de faire circuler toujours plus de données,d’en stocker et d’en traiter toujours plus. Ce phé-nomène s’est amplifié avec la prolifération descartes de fidélité, le commerce en ligne, lesréseaux sociaux qui sont des sources infiniesde données sur les consommateurs et leurscomportements d’achat.

De la productivité à la visibilitéCette masse de données fait naître d’énormesespoirs. Un nouveau champ d’investigation pourla productivité a émergé, la visibilité. Tout dansla vie d’un produit, d’une entreprise ou d’unclient peut s’analyser comme une suite de micro-événements. La visibilité, c’est, par exemple,l’e-pedigree des produits de santé. C’est la tra-çabilité des produits de grande consommation,ou l’analyse du parcours d’un client sur un sitede commerce en ligne.

La qualité des donnéesPour être exploitable, cette accumulation de don-nées événementielles doit s’appuyer sur des«données de bases structurées» (master data).La qualité de ces données est le défi le plusimportant lancé aux entreprises pour les cinqprochaines années. L’enjeu n’est pas seule-ment dans l’entreprise mais aussi et surtout« interentreprises ». Si la qualité des donnéesde base n’est pas assurée, alors les donnéestransactionnelles sont fausses et les dysfonc-tionnements apparaissent à tous les stadesde la vie de l’entreprise, de la prévision hasar-deuse au litige de facturation, de l’affrètementde transport incohérent au calcul de longueurde facing (nombre de produits faisant face auconsommateur) aberrant. Les coûts de la mau-vaise qualité des données se répartissent entredes opérations manuelles inutiles (5 %), desdysfonctionnements administratifs (30 %) etsurtout des pertes de chiffre d’affaires (65 %).

Un risque d’atteinte à l’imageDans la relation B2B (business to business ;en français : commerce interentreprises), laqualité des données est un enjeu de produc-tivité. Dans la relation B2C (business to consu-mer [ou customer] ; en français : des entre-prises au particulier), elle est un enjeu deconfiance et d’image de marque. Elle est sou-vent un risque de défiance et d’atteinte à l’image.En dépit de la forte demande, le consomma-teur ne trouvera aucune information disponi-ble en ligne pour plus de 90 % des articlescommercialisés dans la grande distribution.Et s’il trouve des informations, aucune ne pro-viendra d’une source autorisée. Elles auront tou-tes été mises en ligne par une tierce partie,soit un consommateur dans un réseau social,soit une start-up des applications mobiles.

Des organisations nouvellesInterrogées sur leur absence sur ce terrainde la communication directe avec le consom-mateur, les marques doivent reconnaître quec’est l’absence de confiance dans la qualité deleurs propres données qui les incite à la pru-dence dans l’investissement du champ de lacommunication mobile. Il existe, bien sûr, dessolutions, mais elles requièrent la mise enplace d’organisations nouvelles pour concen-trer des données éparses dans les multiplesservices de l’entreprise, pour gérer la valida-tion de ces données et en contrôler la diffu-sion. Les ERP (Enterprise resource planning ;en français : progiciel de gestion intégré) doi-vent être complétés de modules de gestion dedonnées de base dont la mission est de rassem-bler, de qualifier et de valider les données. ■ L’enjeu

de la qualitédes données

compte surtoutdans les

relations« inter-

entreprises »

17

Au royaume du zettaoctetL’information produite par les entreprisesa augmenté de 67% chaque année de 2007à 2011, pour atteindre 580 exaoctets (1 milliardde gigaoctets). À l’horizon 2020, la quantitéd’informations numériques créée ou répliquéeannuellement va être multipliée par 44 parrapport à son niveau de 2009, pour atteindre35 zettaoctets (1000 milliards de gigaoctets).

Des données dissemblablesIBM a conduit avec Global Standard One,organisation mondiale de standardisationdes technologies dans la chaîne d’approvi-sionnement, des études sur la qualité desdonnées, dite Data Crunch. L’indicateurde mesure est l’alignement des données, c’est-à-dire la similitude des descriptions des produitsentre fournisseurs et distributeurs. Les résultatssont sans appel : 80% des données sont dissem-blables entre les partenaires pour le mêmeproduit. C’est particulièrement vrai pour ladésignation, les dimensions, les conditionslogistiques de transport et de stockage.

P.16 Georget 24/04/12 6:56 Page 17

Page 20: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

AN

GLE

Mieux étudier les marchés financiersest indispensable pour en comprendrele fonctionnement et, en particulier, l’impactdes outils de trading automatiques. Celaimplique de garder trace des cours boursiersà des fréquences élevées (plusieurs fois parseconde). Après avoir été en retard surles États-Unis, l’Europe a lancé un projetqui doit lui permettre de disposer des basesde données indispensables aux chercheurs.

■ L’Europe, et la France en particulier, ontun énorme potentiel de recherche en écono-mie et finance, grâce à une tradition d’excel-lence en mathématiques et en statistiques. Cepotentiel n’est pas encore pleinement exploitéen raison d’un manque de travaux empiriquesse concentrant sur les marchés financierseuropéens. Les récentes crises financièresont souligné la fragilité des bases empiriquesdes modèles économiques et financiers d’ana-lyse utilisés pour construire les prévisions desacteurs, les innovations financières ou lesmodalités de régulation. Ce déficit est parti-culièrement fort au niveau européen.

Bases de données homogènesPlusieurs initiatives au niveau européen ontété développées pour remédier à ce problème,notamment par l’Association française definance, avec la création d’une base de don-nées française quotidienne des Bourses, ainsique par différents centres de recherche àAnvers, Berlin et Londres avec le développe-ment de bases nationales de données de mar-ché sur les actions. L’objectif d’Eurofidai(European Financial Data Institute, unité pro-pre de service du CNRS) est de constituer desbases de données boursières européenneshomogènes. Eurofidai joue le rôle d’intermé-diaire entre les fournisseurs privés de don-nées et les chercheurs, en négociant le coût d’ac-quisition des données et en contrôlant et vérifianttoutes les données fournies afin de les rendreexploitables dans un but de recherche.Eurofidai propose actuellement, via un abon-nement sur son site Web (www.eurofidai.org),différentes bases de données quotidiennessur les actions et indices européens, les coursde change, les fonds mutuels et les opéra-tions sur titres. Ces premières réalisationsont été réalisées grâce à l’aide fournie par leCNRS et le programme de financement à long

Comprendre la volatilitédes marchés financiers

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

PAR PATRICE FONTAINE

professeurà l’universitéPierre-Mendès-Francede Grenoble (UPMF)

18

ÉCONOMIE NUMÉRIQUE : LES SUCCÈS

Les crisesfinancièresont soulignéla fragilitédes modèleséconomiques

ET BERNARD RAPACCHI

responsable dessystèmes d’informationdu laboratoireEurofidai

REPÈRESAujourd’hui, les chercheurs ont à leur dispositionles bases de données américaines produites parle Center for Research on Security Prices(université de Chicago). Ces bases enregistrenttous les jours les prix et les dividendes pour lesactions cotées sur la Bourse New York StockExchange et les autres marchés boursiers desÉtats-Unis depuis 1926. Les chercheurs nedisposent pas d’un équivalent sur les marchéseuropéens, ce qui emp•che toute compréhensiondes particularités de ces marchés et le déve-loppement des modèles analytiques et desproduits financiers adaptés.

Agrégateur de donnéesEurofidai est impliquée dans un agrégateurde données financières au niveau européenrécemment mis en place par la société IODS.Le projet, soutenu par le p™le de compétitivitémondial Finance Innovation, tend à recréerau niveau européen l’initiative développée parla Wharton School de l’université de Pennsyl-vanie. Une seule et m•me plate-forme réunitdes données sur le marché européen des actions(fournies par Eurofidai), sur les entreprises,sur les fonds d’investissement et sur l’intermé-diation financière, avec pour objectif deles mettre à disposition des projets de R&D.

P.18 Fontaine et Rapacchi 24/04/12 7:06 Page 18

Page 21: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

A

NG

LE

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

terme du ministère français de la Recherche(PPF), dans le cadre de différents accordspassés avec des fournisseurs de donnéesfinancières tels que la Bourse NYSE-Euronextpour les marchés belges, français, néerlan-dais et portugais, et la société financière suisseTelekurs.

Fréquence insuffisanteLa fréquence de toutes ces bases de donnéesest au mieux quotidienne. Or, souhaitant étu-dier au plus près la volatilité des marchésfinanciers, un nombre croissant de chercheurseuropéens comme américains ressententaujourd’hui le besoin de se fonder sur des don-nées à haute fréquence (à une fraction deseconde ou mieux encore). Ces données sonten effet l’un des moyens les plus efficacespour évaluer avec précision la façon dont fonc-tionnent les marchés de titres. Elles serontégalement utiles pour les responsables gou-vernementaux et les autorités réglementai-res pour les aider à réguler les marchés à lalumière des récentes crises financières.Malheureusement, les données de ce type sontencore rarement disponibles et ne sont passtockées sur de longues périodes en raisondu volume énorme de stockage nécessaire àlong terme.C’est dans ce contexte qu’Eurofidai a initié leprojet BEDOFIH (Base européenne de donnéesfinancières à haute fréquence), qui vise à créerune base de données à haute fréquence euro-péenne des valeurs mobilières de marchés(pour les actions ordinaires, mais aussi pourd’autres titres tels que les options et contratsà terme). L’objectif principal du projet est destocker des données, de les structurer et de lesmettre à disposition des chercheurs.

Un progrès considérablePour le monde académique et les autoritésde marché, la disponibilité de ces donnéesreprésente un progrès considérable vers lacompréhension de la façon dont fonctionnentles marchés. Entre autres, cela permettraitd’évaluer l’impact de l’emploi croissant d’ou-tils automatiques de trading utilisés dans lecadre d’activités d’arbitrage et de tradinghaute fréquence. Les transactions généréespar ces automates représentent plus de lamoitié de toutes les transactions effectuéessur les marchés réglementés. L’utilisationde ces automates a souvent été soupçonnée

d’être à l’origine de processus de cotationdivergents menant à des variations excessi-ves des prix, mais il n’y a pas de preuve for-melle à ce jour.Par exemple, l’analyse des événements du6 mai 2010, qui ont induit en quelques minu-tes seulement une chute de 5,7 % de l’indiceDow Jones, ne peut être réalisée que si l’onpossède des données historiques à haute fré-quence. Une base de données telle que BEDO-FIH devrait permettre de répondre à un grandnombre des questions posées par cette désta-bilisation brusque d’un marché et d’évaluerles risques de propagation.Ce projet rejoint les priorités de plusieursgouvernements européens sur la mise enœuvre d’un cadre de régulation des marchésfinanciers. Il s’intègre également aux réflexionsen cours sur une meilleure régulation duHigh Frequency Trading dans le cadre de larévision des directives européennes sur lesmarchés d’instruments financiers et sur lesabus de marché. Cela explique que des ins-titutions de régulation telles que l’Autoritédes marchés financiers et la direction géné-rale du Trésor du ministère de l’Économie, desFinances et de l’Industrie soient intéresséespar ce projet. ■

Les chercheursressentent

le besoin dese fonder surdes données

à hautefréquence

19

Investissement d’avenirLe projet BEDOFIH a été retenu par le gouver-nement comme un des 36 lauréats de la secondevague des Equipex (Équipements d’excellence),projets financés dans le cadre du programmeInvestissements d’avenir par le grand empruntnational.

Première mondialeLes bases de données à haute fréquencedu projet BEDOFIH seraient uniques puisquemême CRSP, qui est la référence dansce domaine, ne fournit pas encore de donnéeshistoriques à haute fréquence (intraday).Quelques initiatives privées recensentdes données à haute fréquence mais il y manquede nombreuses variables utiles pourles chercheurs universitaires et les autoritésréglementaires.

P.18 Fontaine et Rapacchi 24/04/12 7:06 Page 19

Page 22: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

A

NG

LE

L’essor du numérique rend indispensablel’adaptation des outils législatifs, répressifset de coopération internationale. En France,cette action est confiée à l’Office centralde lutte contre la criminalité liée aux techno-logies de l’information et de la communication.

■Le cyberespace a généré de nouvelles for-mes de délinquance d’autant plus difficiles àcerner qu’elles se manifestent dans la virtua-lité et dans la mondialisation des échangespar le Web. Les nouvelles attaques massivescontre des sites, institutionnels ou de gran-des entreprises, créent de nouveaux problèmes.

Atteintes et fraudesL’Office central de lutte contre la criminalitéliée aux technologies de l’information et de lacommunication (OCLCTIC) traite les affairesjudiciaires concernant les atteintes aux sys-tèmes de traitement automatisé de données,les fraudes aux télécommunications, aux car-tes de paiement et aux microprocesseurs, ainsique toutes les formes de criminalité liées auxnouvelles technologies (piratage informati-que, phishing, piratage des distributeurs debillets ou de carburant, etc.). Il est égalementcompétent en matière de lutte contre les attein-tes aux systèmes d’information gouvernemen-taux ou de sociétés sensibles économique-ment ou techniquement. En fonction desnécessités, l’Office peut effectuer une surveil-

lance active des réseaux (sites Web, forumsde discussions, etc.) et procéder à la localisa-tion de serveurs ainsi qu’à toute vérificationutile. Pour remplir ces missions, le service estcomposé de 52 policiers et gendarmes à com-pétence nationale. Un ingénieur des télécom-munications le conseille en matière d’inter-ceptions et de projets technologiques.

Quatre groupes d’enquêtesLa section opérationnelle traite soit d’affairesparticulièrement techniques ou sensibles danslesquelles il convient d’explorer un nouveautype de délit, soit d’affaires à caractère natio-nal et international dans lesquelles sont impli-quées des équipes relevant de la criminalitéorganisée. Elle est composée de quatre grou-pes d’enquête qui œuvrent, sur délégation judi-ciaire ou d’initiative, chacun dans un domainespécialisé : atteintes aux cartes de paiementet aux systèmes virtuels de paiement; fraudesaux opérateurs de communication électroni-que; piratage; escroqueries sur Internet.La section technique, spécialement équipée dematériels et de logiciels d’investigations dehaut niveau technologique, assure l’assistanceaux services d’enquête, la formation d’enquê-teurs spécialisés en criminalité informatiquerépartis sur l’ensemble du territoire national,la veille technologique et les interceptions judi-ciaires sur Internet. La section de traitement dessignalements est composée de deux plates-formes. La Plate-forme d’harmonisation, d’ana-

Riposter contre

la cybercriminalité

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

PAR ADELINE CHAMPAGNAT

présidente del’OCLCTIC

20

ÉCONOMIE NUMÉRIQUE : LES SUCCÈS

L’Office peuteffectuer unesurveillanceactive desréseauxet procéder àla localisationde serveurs

REPÈRESDès 1990, la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) a pris la mesure de la «cybersécurité» commeenjeu véritable de sécurité nationale, en proposant la création d’un office central dédié à la lutte contrela criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication. Cette structure nationaleunique, à vocation interministérielle, est chargée d’animer et de coordonner la lutte contre les auteurset complices d’infractions spécifiques à la criminalité liée à ces technologies ; de procéder à tous actesd’enquête et de travaux techniques d’investigations ; d’apporter une assistance aux services de police,de gendarmerie et de douane ; d’intervenir chaque fois que les circonstances l’exigent pour s’informersur place des faits relatifs aux investigations conduites ; de centraliser et diffuser l’information sur lesinfractions technologiques à l’ensemble des services répressifs. L’Office apporte également son soutientechnique aux enquêteurs en charge des perquisitions informatiques.

© C

ARO

LIN

E M

ON

TAG

P.20 Champagnat 25/04/12 6:46 Page 20

Page 23: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

A

NG

LE

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

lyse, de recoupement et d’orientation des signa-lements (Pharos) a pour mission de recueillir,traiter et rediriger vers les services compé-tents les traitements des particuliers et desfournisseurs d’accès. Elle permet aux inter-nautes de signaler les contenus ou les com-portements présumés illicites au regard dudroit pénal. Ce service a reçu, en 2011, la visitede près de 2500000 internautes. En 2011, plusde 100000 signalements de contenus illicitesont été traités. La plate-forme téléphoniqued’information et de prévention sur les escroque-ries sur Internet, dite «info-escroqueries», estdestinée aux victimes d’escroqueries, réellesou potentielles, qui peuvent recevoir des conseilsen termes d’information et de prévention. En 2011,elle a enregistré plus de 26000 appels, soit enmoyenne 2200 appels par mois.

Des affaires transnationalesL’Office centralise l’ensemble des demandesde renseignement en matière de nouvelles tech-nologies. Il représente la France dans diversesenceintes européennes et internationales spé-cialisées. Il est associé aux négociations de tex-tes européens relatifs à son domaine d’action.Au regard du caractère transnational des affai-res judiciaires qui lui sont confiées, il a régu-lièrement recours à des demandes d’entraidejudiciaire internationale, dont l’exécution peutêtre facilitée grâce à une coopération policièreprivilégiée instaurée avec certains pays. Samission de coordination et d’animation de la lutte

contre la cybercriminalité positionne égale-ment l’Office dans le partenariat avec l’en-semble des acteurs institutionnels, concer-nés par le phénomène.

Une progression des affaires financièresL’Office voit son activité augmenter et se diver-sifier. On constate une importante progres-sion des affaires à connotation financière,notamment en matière d’escroqueries viaInternet, ainsi qu’une plus grande utilisationde l’informatique dans le domaine du grandbanditisme et des stupéfiants. Les délinquantsdu cyberespace utilisent parfaitement toutesles caractéristiques de l’environnement numé-rique (anonymisation, extraterritorialité, dif-ficultés d’harmonisation des législations auplan international, etc.). L’emploi de l’infor-matique déborde désormais largement le cadredes piratages individuels ou autres hackings par«de jeunes internautes passionnés». La cyber-criminalité est une source de revenus du crimeorganisé et constitue une forme de crimina-lité organisée à part entière.

Les axes de riposteLa riposte consiste à suivre l’évolution desnouvelles formes de criminalité parallèlementà celle des nouvelles technologies. Il convientde maintenir un haut niveau de formation tech-nique spécialisée des investigateurs en cyber-criminalité, de favoriser des propositions d’évo-lutions réglementaires ou législatives pouradapter les outils juridiques aux évolutions dela cybercriminalité, de renforcer la coopéra-tion policière internationale avec le soutiendes actions et des groupes de travail spécia-lisés mis en œuvre par Europol et Interpol, departiciper aux actions de sensibilisation déve-loppées tant pour tout public que pour despublics ciblés en fonction des infractions; et enfinde développer des partenariats public-privénécessaires pour unifier les efforts contre lacybercriminalité. ■

En 2011, plusde 100 000

signalementsde contenusillicites ontété traités

21

La Roumanie montrée du doigt

L’expérience acquise permet de dresserune analyse des phénomènes et de situerles principaux réseaux criminels agissantdans ces domaines en Afrique de l’Ouest, en Asie,en Europe de l’Est et plus particulièrementen Roumanie, ce pays constituant un centrenévralgique européen pour la cybercriminalité.

Un réseau de 58 pays

La section des relations internationalesest le point de contact d’un réseau qui permet,dans l’urgence et dans l’attente de la miseen œuvre de l’entraide judiciaire conventionnelle,le gel et la conservation de données élec-troniques dans l’un des 58 pays membres.

400 enquêteurs spécialisés

L’Office a mis en place avec l’ensembledes directions de la Police nationale un réseaud’investigateurs en cybercriminalité (ICC),actuellement au nombre de 330. Dans le courantde l’année, ce nombre sera porté à plus de 400.

P.20 Champagnat 25/04/12 6:46 Page 21

Page 24: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

AN

GLE

Les réseaux intelligents d’énergie (smartgrids) font partie de ces sujets qui semblentéloignés des préoccupations politiquesou stratégiques. Pourtant, c‘est l‘undes véritables sujets des prochaines annéestant leur impact sera prégnant dans lesecteur de l’énergie électrique comme danscelui du numérique. Le sujet touchera aussiles collectivités et les citoyens. Enfin, il accompagnera de manièreindissociable le développement et la maîtrisedes nouvelles énergies.

Un monde de l’énergie très diversDe par la nature et les contraintes des fluxélectriques, les énergéticiens ont toujours étéamenés à devoir gérer en temps réel l’équili-bre du réseau. De la production à la consom-mation, ils ont mis en place des systèmestoujours plus élaborés pour assurer cet équi-libre. Les équipements informatiques et lesréseaux de communication ont ainsi pris uneplace de plus en plus importante dans lesannées 1980 et surtout lors de la décennie sui-vante. La France est souvent apparue commeun modèle avec une capacité à gérer les grandséquilibres à l’échelle nationale.

Oligopoles européensLa plupart des autres pays européens ont desacteurs majeurs, lesquels ne sont généralementdominants que sur une partie de leur terri-toire. C’est le cas en Allemagne, en Espagne,en Italie, en Grande-Bretagne. Souvent dotésd’une forte culture d’investissement, ces acteursont, à l’instar d’EDF, modernisé leurs réseaux,mais dans les limites que leur imposait leurprésence géographique. De sorte que les rela-tions entre ces opérateurs existent naturelle-ment, mais ne sont pas toujours des plus flui-des puisque les échanges d’énergie sontsous-tendus par des mécanismes de marché.

Opérateurs locauxCertains pays – notamment l’Allemagne etles États-Unis – vont plus loin dans la décen-tralisation avec des sociétés locales de distri-bution et de commercialisation dont une partsignificative appartient aux collectivités. Certes,cela renforce la diversité des acteurs, mais,d’un autre côté, cette situation crée des petitsmonopoles locaux dont la taille rend illusoireune quelconque segmentation entre distri-bution et commercialisation. Il n’en reste pasmoins vrai que nombre d’entre eux ne sontpas en reste en matière de numérique.

Smart grids : le logiciel au cœurdes systèmes électriques

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

PAR HERVÉ RANNOU

CEO d’ITEMSInternational(Smart GridsConsultingConsortium)

22

ÉCONOMIE NUMÉRIQUE : LES SUCCÈS

Les énergé-ticiens doiventgérer en tempsréel l’équilibredu réseau

REPÈRESBien plus qu’une simple évolution technologique,les smart grids associent deux mondes : l’un,l’énergie, fait d’enjeux stratégiques structurantsavec des cycles longs et des investissementslourds ; l’autre, le numérique, tendu vers ununivers flexible en perpétuel changementassociant infrastructures concurrentielles,composants logiciels, applications et servicesallant du fixe vers une mobilité étendue.

DiversificationPlusieurs local utilities (opérateurs locaux) ontété en pointe, non pas nécessairement dansle pilotage numérique de leur infrastructure,mais dans les services aux usagers et aussi…dans le déploiement du haut débit. Ce fut parexemple le cas de RheinEnergie avec sa filialeNetCologne qui exploite le réseau haut débitde la ville de Cologne, ou encore des sociétéslocales de Floride qui, au sein de la FloridaMunicipal Power Agency, sont impliquées dansle développement des infrastructureset des services haut débit.

P.22 Rannou 24/04/12 16:28 Page 22

Page 25: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

A

NG

LE

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

Le poids des consommateursAux États-Unis, le consommateur final est,de fait, au cœur des préoccupations des localutilities. C’est à partir de ses besoins (et dece qu’on va pouvoir lui vendre) que s’agen-cent les stratégies d’investissement. Beaucoupde public utilities ne considèrent pas que lesséparations entre services énergétiques, ser-vices de télécoms, service de télévision, ser-vices Internet sont structurantes.Soumises au contrôle exercé par les publicutility commissions (dont les membres sontélus), les local utilities disposent cependant d’unemarge de manœuvre limitée en matière d’in-vestissements lourds. Les citoyens y ont leurmot à dire. Et, dans de nombreux cas, ces der-niers freinent les investissements qui ont plusvite fait de leur faire perdre leur siège que deleur assurer leur réélection.

Garantir la stabilité des réseauxL’émergence des énergies renouvelablesoblige d’ores et déjà les différents acteurs dela chaîne à repenser les réseaux. Du fait deleur caractère intermittent, ces nouvellesénergies peuvent mettre en péril la stabilitédu réseau. Un plafond de 30 % – défini demanière plus ou moins empirique à partir detravaux menés en Grèce – limite ainsi la puis-sance instantanée issue des énergies renou-velables dans le réseau. Cette contrainte peutêtre dépassée dans les faits en stabilisantlocalement les sources d’énergies renouve-lables par des sources de production stable.Une deuxième option consiste à développerles capacités de stockage. Une troisième, quipeut se combiner avec la précédente, est degérer ce risque en mode temps réel à partirde systèmes de contrôle-commande numé-riques à grande échelle.

Consommateur et acteurÀ l’autre bout de la chaîne, le consommateurva aussi prendre part à l’évolution qui se pré-pare. Il va en devenir de plus en plus acteur.Ce dernier ne perçoit pas toujours les vertusdu compteur intelligent. Les économies d’éner-gie ont finalement un impact limité sur sa fac-ture et seuls des services véritablement inno-vants pourront l’amener à réduire saconsommation.À l’inverse, des systèmes semi-automatiquespeuvent permettre d’assister l’usager danscette marche vers l’efficacité énergétique.Et surtout, le compteur intelligent va progres-sivement devenir le composant du bout dechaîne de la gestion en temps réel de l’équi-libre, permettant d’anticiper des périodes àrisque.Cette évolution des réseaux énergétiquesne concerne pas directement les infrastruc-tures électriques mais la manière dont ellesvont être opérées en temps réel au niveau dechaque composant et optimiser leur fonction-nement.Le numérique va s’insérer dans les parties lesplus techniques de la gestion de l’énergiejusqu’à tout ce qui a trait à la mise en œuvrede services proposés aux utilisateurs.Cette réalité pose immanquablement la ques-tion du déplacement de la chaîne de valeur.Alors que l’électricité était un marché essen-tiellement vertical, le numérique et ses logi-ques d’interface vont conduire vers un sys-tème plus horizontal et segmenté.

Les grandes ambitions des acteursdu numériqueLes acteurs des télécoms et des logiciels ne selimitent pas aux smart grids. Ces groupesentendent investir le champ de la ville intelli-gente.

Le consom-mateur va

prendre partà l’évolution

qui se prépare

23

Référendum

La ville de Boulder, pionnière en matière

de smart grids, a dû organiser, en raison

de dépassements budgétaires, un référendum

pour poursuivre ou non sa politique d’investis-

sement dans les smart grids. Celle-ci n’ayant été

validée qu’à 52%, une faible majorité, la ville

a estimé qu’elle ne disposait plus de la légitimité

suffisante et a révisé sa politique.

Controverse

En Allemagne et dans les pays nordiques, le

développement des énergies renouvelables

amène la construction de centrales thermiques

fortement polluantes pour pallier les baisses de

production inhérentes aux éoliennes ou aux

panneaux solaires. D’où une controverse en

raison des rejets de CO2 induits.

P.22 Rannou 20/04/12 8:14 Page 23

Page 26: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

A

NG

LE

IBM a ainsi lancé en 2010 sa stratégie «SmarterCity » qui met la gestion des données (trans-ports, énergie, circulation, déchets, eau, etc.),au cœur des pilotages opérationnel et prévi-sionnel de la ville de demain. Orange lui aemboîté le pas avec une démarche analogue.D’autres, enfin, issus de l’électronique – STMicroelectronics, Texas Instruments, Intel,Sagemcom – développent des familles de pro-duits avec des investissements significatifsdans le logiciel. Sans oublier les coréens LG etSamsung, qui abordent le marché en partantde l’habitat intelligent.Les acteurs de l’énergie considèrent avanttout les TIC comme un outil. S’ils perçoivent

très bien que cet outil affecte les aspects lesplus stratégiques de leur métier, ils conti-nuent de les voir comme un secteur techno-logique collatéral. Ce n’est pas nécessaire-ment la vision des acteurs du numérique, quiappréhendent les smart grids comme un mar-ché très prometteur.

Le poids croissant du logicielUn peu comme le secteur des télécommuni-cations l’a connue et comme celui de la télé-vision la vit actuellement, nous allons versune « logicialisation » des systèmes techni-ques intermédiaires. L’Europe pourrait êtremal armée pour relever ce défi, car elle souf-fre d’un déficit d’acteurs majeurs de l’indus-trie du logiciel.Depuis environ deux ans, les industriels euro-péens de l’énergie affichent leur volonté d’ac-quérir une expertise logicielle. L’acquisition enjuin 2011 de la société de logiciel Telvent parSchneider Electric et celle de la société amé-ricaine UISOL par Alstom en mars 2011 sontdes exemples parmi d’autres.Outre-Atlantique, GE a créé une offre SmartGrid as a Service. En partenariat avec IBM,SAP et Teradata, ITRON lance Active SmartGrid Analytics, qui met en avant la termino-logie big data, très en vogue en ce momentdans le numérique. La mise au point de nou-veaux outils pour naviguer et exploiter lesdéluges de données bientôt disponibles devientune nécessité.Le logiciel va prendre une part majeure dansles architectures des infrastructures énergé-tiques. Cette évolution aura des conséquen-ces importantes sur la régulation du secteur(montée en puissance des interfaces numéri-ques) et sur les modèles économiques.

Guerre des standardsLes standards vont jouer un rôle essentiel dansla compétition internationale qui se met enplace. L’International ElectrotechnicalCommission joue un rôle incontestable pourharmoniser la normalisation à l’échelle mon-diale. Le CEN, le CENELEC et l’ETSI semblentvouloir de manière assez concrète y apporterleur pierre tout en souhaitant faire existerl’Europe.Mais la normalisation reste un domaine com-plexe où intérêts nationaux, poids de grosacteurs et stratégies de valorisation des bre-vets se mélangent, sans oublier les velléités de

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 201224

L’Europesouffre d’undéficit d’acteursmajeurs del’industriedu logiciel

ÉCONOMIE NUMÉRIQUE : LES SUCCÈS

Compteurs intelligents

Deux exemples illustrent les nouveaux servicesqu’on peut attendre des compteurs intelligents.L’effacement est un service de pilotageintelligent des coupures d’énergie, sur despériodes prédéterminées, éventuellementmodifiables. L’opérateur intermédiaire quicommercialise ce service à un client peut alorsrevendre un potentiel d’énergie disponible à unopérateur de réseau lorsque celui-ci en a besoinen cas de surcharge.Quant au thermostat intelligent, il est déjà trèsprésent sur le marché. L’un d’entre eux a étécréé par le fondateur de l’iPod, Tony Faddel.Simple et ergonomique, il apprend surtoutle comportement de l’usager et agit automa-tiquement en conséquence. L’utilisateur peutcontrôler son thermostat manuellement ou suriPhone, et disposer de données sur son historiquede consommation ou ses dépenses.

Des milliards de dollarsinvestis

China’s State Grid Corporation, le gestionnairedu réseau électrique en Chine, va investir250 milliards de dollars dans les infrastructuresénergétiques dont 45 pour les smart grids. Cettesomme, qui semble énorme, est relativementfaible par rapport aux 7200 milliards d’investis-sements (dont 480 milliards en Europe) annoncéssur les seules infrastructures électriques dansle monde jusqu’à 2035 (source World EnergyOutlook 2011).

P.22 Rannou 20/04/12 7:36 Page 24

Page 27: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

A

NG

LE

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

la Chine à s’imposer aujourd’hui en misant surle poids de son marché intérieur.Un jeu d’autant plus complexe que les cultu-res en matière de standardisation sont très dif-férentes dans l’énergie et dans le numérique.

États et secteur privéTandis que le secteur de l’énergie reste plu-tôt dans un marché marqué par une gouver-nance de la standardisation pilotée par lesÉtats, celui du numérique a migré progressi-vement vers des structures non étatiques (ETSI,IEEE, W3C, etc.). Mais celles-ci sont débor-dées par la standardisation de facto qui est aucœur de la bataille entre les grands acteurs. Le logiciel, et en particulier l’open source, sontpar leur caractère viral bien plus efficaces quedes tampons d’organismes de normalisationqui ne sont sollicités qu’a posteriori.

Enjeux essentielsQuelques signes peuvent conduire à penserque ce champ concurrentiel va s’étendre auxsmart grids. Pendant que les uns s’intéres-sent aux prises des véhicules électriques etaux interfaces physiques des compteurs, d’au-tres pensent déjà aux API de demain dansl’énergie. Cette évolution masque des enjeuxessentiels auxquels l’Europe devrait être atten-tive si elle ne veut pas voir, demain, émergerun Google de l’énergie.

CybersécuritéLa question de la sécurité des réseaux électri-ques face aux cyberattaques est désormaisconsidérée comme l’un des sujets majeursdes smart grids.Des rapports soulignent les risques d’ores etdéjà encourus. Aux États-Unis, le Congrès, leDépartement de l’Énergie, le NIST et d’autresinstitutions se sont emparés du sujet. L’Europes’y intéresse, mais les initiatives de l’ENISA(European Network and Information SecurityAgency) sont peu visibles.Si les énergéticiens ne sont pas en train dedécouvrir les questions de cybersécurité, ledegré d’interconnexion croissant des compo-sants logiciels, des équipements, couplés àdes automates, crée de nouvelles vulnérabili-tés, comme le soulignait récemment un rap-port du MIT.Ce sujet, traité au sein de plusieurs projetsnationaux ou européens, nécessitera des inves-tissements spécifiques encore relativementpeu programmés.

Des filières amenées à coopérerEn France, les filières énergétiques et numé-riques commencent véritablement à vouloircollaborer en matière de R & D. Les rappro-chements esquissés entre les pôles Cap Éner-gie et SCS dans le Sud, Minalogic et Tenerrdisen Rhône-Alpes ou la création d’un groupede travail sur les smart grids dans Systématicen témoignent. Une coordination entre filiè-res est en train de se mettre en place. Espéronsque les financements de projets soient à lahauteur des enjeux pour la France.Notre pays, et plus globalement l’Europe, doi-vent trouver leur place sur ce marché del’énergie dont les contours et les modèleséconomiques risquent d’être structurelle-ment affectés par le développement actueldes smart grids. ■

La sécuritédes réseauxélectriques

face auxcyberattaques

est un sujetmajeur

25

Domination américaineEn matière de standards de fait, Microsoft,Apple, Google, Amazon et d’autres préemptentle marché au travers des API (applicationprogram interface).L’Europe est la grande perdante de cetteévolution dans les télécommunications.Alors qu’elle dominait la standardisation,elle peine à trouver sa place dansce marché des API.

1800 milliards de relevésLes 35 millions de compteurs intelligentsqui seront installés en France dans les annéesà venir devraient générer 1800 milliardsde relevés par an, soit de l’ordre de plusieurspétaoctets (1015), et probablement bien plusà moyen ou long terme.Cette masse de données intéresse les grandsnoms de l’informatique, tout comme lesopérateurs télécoms qui misent, d’un côté,sur leur «box» pour développer des servicesmultimédias chez le client – et pourquoi pas,demain, comme passerelle de gestion desdonnées énergétiques – et, de l’autre, sur le cloud computing pour la gestiondes contenus qui y seront liés.

P.22 Rannou 20/04/12 7:30 Page 25

Page 28: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

AN

GLE

L’actualité présente de plus en plus de casde sociétés confrontées à des pertesde données, ou à des transferts d’infor-mations personnelles mal contrôlés ;des réseaux sociaux invitent leurs abonnésà fournir des données qu’ils ne maîtriserontplus. Face à cette situation, quelle estla bonne attitude? Des dispositifs de suiviet de marquage des données apportentune première réponse.

■ Nous sommes à tout moment amenés àfournir des données personnelles, parfoisconfidentielles, que ce soit volontairement ounon. Or, l’actualité présente de plus en plusde cas de sociétés confrontées à des pertesde données, ou encore à des transferts d’infor-mations personnelles mal contrôlés ; par ail-leurs, des réseaux sociaux invitent leurs abon-nés à fournir des données sans nécessairementleur donner les moyens de les retirer ou, au mini-mum, de les suivre. Face à cette situation,quelle est la bonne réponse individuelle et col-lective ? Faut-il adopter la position du « lais-ser faire» pour la plus grande satisfaction d’unBig Brother? Faut-il être suspicieux à la limitede la paranoïa et ne rien fournir ? Dans cettechaîne de responsabilités, qui doit faire quoi,quelles sont les responsabilités respectivesde l’individu et de l’entreprise ?

Une situation contrastéeLe paysage international est pour le moinscontrasté. L’Union européenne applique unepolitique de protection des données considéréecomme une des plus rigoureuses, or les entre-prises, notamment les multinationales, viventconstamment des situations incompatibles avecces obligations réglementaires : comment accé-der, à partir des États-Unis, à un annuaire élec-tronique de personnes d’un groupe d’origineallemande dans le respect de ces obligations?Aussi existe-t-il un système dérogatoire admispar les autorités de contrôle si un arsenal juri-dique ad hoc est instauré au sein de l’entreprise :les Binding Corporate Rules pour l’Union euro-péenne, le Safe Harbor pour les États-Unis. Laréglementation internationale évolue égalementavec des initiatives qui rapprochent différenteszones géographiques de la position européenne.

Cloud computing et dématérialisationSi les données sont soumises à la réglemen-tation en vigueur sur le lieu et le pays d’héber-gement, le cloud computing vient brouiller lescartes en donnant peu ou pas d’indications surla localisation de l’hébergement des données et,qui plus est, sur la nature de l’hébergement :s’agit-il d’un hébergement permanent ou pro-visoire? Sommes-nous dans une situation oùil n’existe qu’une seule source de production

L’entreprise doit protégerles données personnelles

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

PAR JEAN-MARC GOETZ

consultant seniorchez Parker& Williborg

26

ÉCONOMIE NUMÉRIQUE : LES SUCCÈS

L’Unioneuropéenneappliqueune politiquede protectiondes donnéesdes plusrigoureuses

REPÈRESLa réglementation protégeant les donnéespersonnelles se met en place et se renforce dansde nombreux pays. Les autorités de contrôle etnotamment la CNIL (Commission nationaleInformatique et Libertés) en France se montrentde plus en plus actives et les particuliers fontdavantage valoir leurs droits. Dans ce paysage,l’entreprise joue un rôle essentiel.

Un arsenal complexe

La Directive européenne 95/46/CE constituele cadre juridique de la protection des donnéespersonnelles et limite fortement l’accèsà ces données en dehors du périmètre de l’Unioneuropéenne, en interdisant les transfertsde ces données hors de l’Union. Les évolutionspressenties de ce texte visent à encadrerplus strictement le traitement de donnéespersonnelles : obligation de désignationd’un correspondant Informatique et Libertés,alourdissement des sanctions, etc.

P.26 Goetz 24/04/12 7:10 Page 26

Page 29: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

A

NG

LE

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

de la donnée, avec un seul hébergement? Quel

est le statut des données de sauvegarde? Mais

le cloud non maîtrisé n’est pas une fatalité : les

entreprises peuvent continuer à internaliser

leurs ressources d’hébergement de données

sensibles, quitte à mettre en place un environ-

nement de cloud computing privé.

L’entreprise, acteur cléNous sommes encore loin d’un accord mon-

dial pour la gestion et la circulation des don-

nées personnelles ; d’autre part, l’individu ne

peut pas éternellement faire de la résistance

quant à la fourniture de ses données. L’entreprise

a donc un rôle majeur à jouer car ses activités

impliquent le traitement de données person-

nelles de collaborateurs, de clients, de four-

nisseurs et autres tiers. Son rôle se révèle

déterminant pour différentes raisons. Elle col-

lecte et gère des données personnelles, elle peut

être à même de transférer ces données au-

delà des frontières; elle doit donc présenter tou-

tes les garanties de conformité à la réglemen-

tation du pays. Elle doit aussi maîtriser la chaîne

de traitement des données personnelles : s’as-

surer de la finalité des données, garantir l’usage

prévu sans détournement, gérer la sécurité

des données personnelles avec les règles de

confidentialité appropriées, ainsi que leur durée

de conservation. Enfin, elle doit assurer la meil-

leure transparence en informant les personnes,

en leur proposant des droits d’accès, de modi-

fication, voire d’opposition sur les informations

personnelles communiquées.

Impact largeUn programme de protection des données

personnelles a un impact sur un large ensem-

ble de processus de l’entreprise : les ressour-

ces humaines, le juridique, mais aussi les

achats, la sûreté, les systèmes d’infor-

mations, etc. Son application peut prendre

diverses formes. D’abord, assurer des forma-

tions, des actions de sensibilisation auprès

des collaborateurs amenés à traiter réguliè-

rement des données personnelles. Ensuite,

définir des clauses et des mentions types

concernant la protection des données person-

nelles à intégrer dans les contrats. Enfin, défi-

nir un cadre méthodologique pour la concep-

tion des processus et applications d’entreprise,

avec l’application de règles pour le respect

de la vie privée dès la phase de conception

des processus et applications d’entreprise.

Is Big Brother still watching you 1?Certes, ce type de programme, mis en place

par de plus en plus d’entreprises, permet de

donner une réponse aux enjeux réglementai-

res de la protection des données personnel-

les, mais il constitue aussi une opportunité

intéressante pour l’analyse du système d’in-

formation existant et de ses données. Il offre

également un cadre méthodologique de ges-

tion de la traçabilité, en permettant de répon-

dre au mieux aux questions posées sur le

stockage et l’historique des données person-

nelles. Il permet enfin une politique de com-

munication interne et externe axée sur la

transparence et la confiance.

Ainsi, avec ce type de programme, l’entreprise

assure pleinement son rôle dans cette chaîne

de responsabilités, dans un contexte où les

autorités de contrôle montent en puissance et

où les réglementations se durcissent.Si Big Brother nous regarde, peut-être com-mencera-t-il cependant à craindre ces dispo-sitifs de suivi et de marquage des données quiapportent une meilleure traçabilité. ■

1. « Big Brother vous regarde-t-il toujours ? »

LÕindividune peut pas

Žternellementrefuser

de fournirses donnŽes

27

Règles internationalesLes Binding Corporate Rules (BCR) constituent un code de conduite définissant la politique d’une entrepriseen matière de transferts de données. Elles offrent une protection adéquate aux données transférées depuisl’Union européenne vers des pays tiers à l’Union européenne au sein d’une même entreprise ou d’un mêmegroupe. Le Safe Harbor est un ensemble de principes de protection des données personnelles, négociésentre les autorités américaines et la Commission européenne en 2001. Les entreprises établies aux États-Unis adhèrent à ces principes auprès du Département du Commerce américain. Cette adhésion les autoriseà recevoir des données en provenance de l’Union européenne.

OpacitéSi l’entreprise garde la maîtrise de ses données,en revanche l’individu a de moins en moinsle choix : une situation de recherche d’emploil’invite à fournir sans réserve des donnéesprivées; les e-services et téléprocéduresviennent l’encourager à formuler ses demandesbien fournies en données personnelles viaInternet parfois sans indication sur la localisationni le sort de ces informations.

P.26 Goetz 24/04/12 7:10 Page 27

Page 30: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

AN

GLE

■Une bande dessinée d’anticipation éditéeil y a une quarantaine d’années imaginait lacivilisation de l’autoroute (en prolongementde l’ère Pompidou avec son fameux « lesFrançais aiment la bagnole », et autres voiesexpress sur berges) où l’être humain adop-tait définitivement le camping-car, renonçaitaux maisons pour devenir éternel voyageursur des autoroutes sans fin, déléguant la pro-duction de biens aux robots. Cette bande des-sinée imaginait une sorte d’ordinateur cen-tral avec lequel nous serions en correspondancepour nos affaires administratives et compta-bles. Parfois survenait quelque dysfonction-nement tel ce conducteur solitaire retrouvépar la police motorisée dans son véhicule,mort de faim, après que l’ordinateur eut parerreur perdu toute trace de son identité, doncde son existence, et lui eut par conséquentrefusé le moindre débit bancaire, donc l’ul-time moyen d’acheter l’essentiel alimentaire.

Deux points semblaient évidents au dessina-teur, qui l’un et l’autre pourtant recelaientdes ambiguïtés de vocabulaire.

Une civilisation de la mobilitéqui recrée un centreD’abord, le grand ordinateur serait central,chose banale dans l’informatique des années1970. Sans comprendre que cette position netiendrait pas tant à la technique mais, par unevoie détournée, au simple fait qu’en être ges-tionnaire vous attribue cette place stratégi-que. Les autres étant alors « terminaux ». Ilest regrettable que nous utilisions ce mot, ter-minaux, pour désigner trivialement nos télé-phones ou nos ordinateurs sans prendreconscience de son sens spatial : nous ne som-mes plus le centre (peut-être ne l’avons-nousjamais été, mais en des temps où le centre nese matérialisait pas avec sa puissance de calcul actuelle).

Nomadisme informatique,nomadisme des identités?

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

PAR PHILIPPE LAURIER

enseignant à l’Écolepolytechnique

ET CLAIRE DUFETRELLE (2009)

28

ÉCONOMIE NUMÉRIQUE : LES SUCCÈS

Nous ne

sommes plus

le centre

REPÈRESDans l’avant-numérique, c’est-à-dire il y a peu d’années, nous pouvions nous définir en tant qu’individusà qui il était parfois demandé de justifier de leur identité, souvent par le recours à une carte ou à uncertificat dont nous serions alors porteur, dûment agrémenté de coups de tampons ou de filigranes ; nousétions l’alpha et l’oméga, l’existant et sa preuve (les registres paroissiaux ou administratifs traçaientdes chronologies et des filiations mais ne constituaient pas de véritables supports d’identification pourl’immédiateté). Demain, il nous sera demandé de correspondre à une identité préenregistrée, maisdésormais vivante hors de nous, binaire. Binaire car inscrite sur mémoire informatique. Vivante car encroissance, faite d’ajouts tantôt par des données personnelles, y compris biométriques, tantôt par notreprofil comportemental qui est partie prenante de notre identité globale, avec nos préférences, nosdéplacements journaliers, nos adresses.

Mémoire de nos identités, de nos moyens de la confirmer, de nos habitudes, de nosmouvements : les objets intelligents ou communicants se multiplient dans notre environnementimmédiat, mais aussi jusque dans notre corps ou dans l’isoloir du bureau de vote. Tandisque notre intimité numérique rétrécit à l’instar d’une peau de chagrin, il s’instaureune logique qui échappe à l’individu, alors pourtant qu’elle touche à l’individu.

P.28 Laurier 24/04/12 16:30 Page 28

Page 31: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

A

NG

LE

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

Ensuite, chaque voyageur se trouverait en cor-respondance avec cet ordinateur, au sens dedialogue administratif, par ce terme de cor-respondance désignant un courrier. Or cor-respondance avec l’ordinateur renverra dansles faits à une seconde acception du mot : êtreen conformité avec.

Être nomadisé,être en conformitéSur un mode plus humoristique que drama-tique, cette bande dessinée se livrait à ce quel’on supposait à l’époque être caricatural, sim-ple exercice intellectuel, du sous-Orwell.Pourtant, elle dressait par avance le constatmajeur que l’être nomadisé – avec ses télé-phones mobiles, son PC portable, ses tablet-tes électroniques, ses puces RFID de métro– se trouve en partie dépossédé de la gestionde son identité. Laquelle échoit à une ou plu-sieurs autorités privées ou publiques, com-merciales souvent, qui nous connaissaient ini-tialement par un identifiant et un authentifiant(un mot de passe par exemple). Mais quiprogressivement, au motif d’une insécuritéqu’elles sont du reste parfois les premières àavoir créée ou à tout le moins tolérée, nousexpliquent que notre sécurité impliqueradavantage de délégation du contrôle sur notreidentité, avec la biométrie ou avec la reconnais-sance faciale.

Être copie conformede notre propre copieL’axe suivi par cette trajectoire technologiqueest l’obligation progressive de prouver que l’onest soi, mais par le contresens de devoir mon-trer que l’on correspond à ce qu’une base dedonnées connaît de nous : notre ADN, notreiris est-il conforme à la mémoire numérique,notre visage est-il tel que répertorié? Ce n’est

plus la mémoire qui doit correspondre à laréalité, mais bien nous, réels, qui devons êtresimilaires en tout point à notre propre iden-tité clonée et virtuelle.Une seconde contradiction tient à l’effet demode autour des télécommunications, où nousnous proclamons soudainement nomades alorsque la «mémoire de nous» reste grandementstatique, hébergée sur des fermes de serveurs.Elle est sédentaire, oserait-on dire. Vieille luttequi renvoie aux origines du néolithique, maisoù le vainqueur final est généralement le séden-taire, c’est-à-dire pour l’occasion le proprié-taire des ordinateurs (pour nos données archi-vées, la traduction en bon français du conceptmarketing de cloud serait « écran de fumée »plutôt que « nuage »).

Localisation géographiqueOutre les dispositifs de reconnaissance biomé-trique intervient la localisation géographique.En 2011, deux chercheurs ont montré quel’iPhone stockait des données récoltées surnos déplacements géographiques, sans quel’utilisateur en ait été informé. Dans une étudemenée peu après, la CNIL – Commissionnationale de l’informatique et des libertés –précisait que «l’observation du téléphone pen-

L’êtrenomadisése trouveen partie

dépossédéde la gestion

de son identité

29

Contrôle d’identitéGoogle ou Facebook rivalisent de discrétion pourplacer des pions dans les secteurs techno-logiques de la biométrie ou de la reconnaissancefaciale, à coup de rachats si besoin, tel que l’anpassé celui de la jeune entreprise PittPatt(Pittsburgh Pattern Recognition), essaiméeen 2004 de l’université Carnegie Mellon.

Voiture indiscrèteOn se souvient de cette mésaventure en Malaisied’un propriétaire de grosse cylindrée allemandeéquipée d’un système antivol par lecture d’em-preinte digitale, dont les voleurs auraient prissoin de couper le doigt pour activer le démar-rage. Depuis lors, la recherche allemandes’attelle à déterminer si un doigt qui est présentéau coupe-circuit revêt ou non les caractéristiquesd’un tissu vivant. De même, plusieurs construc-teurs automobiles achèvent de mettre au pointdes sièges bardés de capteurs et aptesà détecter un endormissement ou un malaise.Chose qui intéressera à terme les assureurs.Avec pour capacité collatérale tôt ou tardde pouvoir identifier un conducteur par diverssignes physiologiques, dont son rythmecardiaque, propre à chacun. Performanceà portée de main et qui fera naître des enviesd’antivols ou mille autres usages, car on saurale qui, le où et la vitesse. Un jour peut-être aussile «avec qui» si le siège passager bénéficiede la même instrumentation.

P.28 Laurier 20/04/12 7:59 Page 29

Page 32: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

A

NG

LE

dant plusieurs nuits a permis de découvrirque l’iPhone contacte les serveurs de géolo-calisation d’Apple ponctuellement sans aucuneintervention de l’utilisateur, dès lors qu’il estallumé et connecté à un point d’accès Wifi ».Recours potentiels à la localisation dont il està craindre donc qu’elle s’accomplira non seu-lement sur l’instant, mais également par unetrace conservée de nos précédents itinérai-res : je suis Untel car présent ici et passé parlà, sans usurpation car toujours resté sousl’œil ; veuillez donc autoriser mon actuel paie-ment électronique dans cette boutique. Lespaiements par nos téléphones portables répon-dront peu à peu à cette logique.

Dérives du télépaiementLa prochaine étape est effectivement la mon-naie, via le paiement depuis nos terminauxmobiles : monnaies publiques ou nouvellesmonnaies privatives proposées par les réseauxsociaux, avec de leur part un désir de présen-ter ces monnaies qui sont leur propriété commeplus sécurisées car émises et validées surleur univers virtuel où nos identités sont peuà peu présentes – ces acteurs économiquesdeviennent l’alpha et l’oméga que nous nesommes plus. La traditionnelle carte à puceétait en comparaison plus discrète, qui cer-tes indiquait où nous – par notre authentifiant– nous trouvions à un moment donné – par le

terminal de paiement –, mais qui n’avait pasle moyen ni le besoin de savoir nos pérégri-nations entre-temps. Certains paiements surInternet, y compris depuis nos terminaux fixes,ne conservent d’autorisation que si notre télé-phone mobile confirme que nous sommes bienau même instant au lieu déclaré. En atten-dant une couche supplémentaire qui nousdemandera de prouver à notre propre télé-phone et à ses capteurs que nous sommesnous, tels qu’enregistrés par la grande mémoiresédentaire.

Les objets intelligents, entre devoirde mémoire et droit à l’oubliMémoire de nos identités, de nos moyens dela confirmer (depuis le mot de passe jusqu’àla génétique), de nos habitudes, nos mouve-ments : les objets intelligents ou communi-cants vont se multiplier dans notre environ-nement immédiat, notre maison, notre voiture,mais aussi des lieux aussi intimes que notrecorps (capteurs à usage médical) voire l’isoloirdu bureau de vote.Ces objets intelligents vont dialoguer sansnécessairement requérir notre autorisation.Qui sera le réceptionnaire, l’héritier et le ges-tionnaire de cette masse de données intimes?

Une intimité en formede peau de chagrinNotre intimité numérique s’apparente à unepeau de chagrin, rétrécissant non pas du faitdes technologies mais de l’usage qu’on enpermet. Les récentes cartes de transport pourles abonnés du métro ne nous démentiraientguère, qui de manière fréquente nous connais-sent conjointement à travers notre identité,notre photo numérisée archivable, un paie-ment mensuel usuellement effectué par cartebancaire, et nos récents passages aux bor-nes. À nouveau la CNIL s’était émue de ceque la RATP ait, lors de son lancement en2009, fait bien peu de publicité au NavigoDécouverte, l’équivalent anonyme du PasseNavigo ; dont la délivrance était quant à cedernier gratuite, tandis que la version ano-nyme était facturée 5 euros. Il s’agit là dechoix volontaires.Au nom officiellement d’une bonne gestion dela relation au client, à des fins publicitaires,policières ou autres, s’instaure une logiquequi échappe à l’individu, alors pourtant qu’elletouche à l’individu. ■

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 201230

Les objetsintelligentsvont dialoguersansnécessairementrequérir notreautorisation

ÉCONOMIE NUMÉRIQUE : LES SUCCÈS

Les vraies pratiques de Google

Alex Türk, président de la CNIL, s’était dit«inquiet de ce qu’un célèbre moteurde recherche soit capable d’agréger des donnéeséparses pour établir un profil détaillé de millionsde personnes (parcours professionnelet personnel, habitudes de consultationd’Internet, participation à des forums…)»,proclamation qui date de 2007. En 2012, lorsquela même entreprise annonce lancer la refontede sa «politique de confidentialité» en croisantplus de données issues de son moteurde recherche, de la messagerie Gmail et du sitede vidéo Youtube, la CNIL déclare à proposde «la formulation des nouvelles règleset la possibilité de combiner des données issuesde différents services» qu’elles soulèvent«des inquiétudes et des interrogations surles pratiques réelles de Google».

P.28 Laurier 20/04/12 8:00 Page 30

Page 33: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

A

NG

LE

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

Le secretdu vote

électroniquene peut être

garanti

31

Le vote électronique,ou l’improbable mariage de la transparence et du secret

Le vote électronique, ou e-vote, pose la question de lafaisabilité d’un vote sûr. Il recouvre :– le vote à domicile, sur ordinateur, via une plate-forme sur laquelle chacun s’identifie, choisit lecandidat et valide son vote. Ce vote à distance n’est pasentièrement fiable au niveau technique, car il n’existepas de système parfaitement robuste aux infections.De plus perdure une difficulté inhérente à l’utilisationd’ordinateurs personnels puisqu’il est impossibled’établir un lien sécurisé entre le terminal du réseauphysique et le dernier maillon qu’est l’utilisateurhumain. Faute d’authentification par pièce d’identité,deux options demeurent : utiliser une informationconnue uniquement de la personne ou utiliser unedonnée biométrique. Cependant aucune d’elles n’estsatisfaisante : la première permettrait de voter pourautrui en connaissant son information secrète (avecrisque d’extorsion par la force) et la deuxième sous-tend la possession par l’institution étatique d’un fichierexhaustif des données biométriques;– les machines pour recueillir les suffrages desvotants qui se déplacent jusqu’au bureau de vote. Leurunique avantage est de permettre un dépouillementplus rapide, or cette même étape constitue un pointfaible. Pour que la machine soit utilisable, il importequ’elle soit scellée mais, à l’image de l’urnetransparente1, que son fonctionnement soit visible de tous. Dans les faits, cela reviendrait à créer desappareils dont le code soit lisible par tous, consultable sur demande. Un premier problème est qu’il n’estpas possible de s’assurer soi-même du fonctionnement de la machine : «l’urne» n’est pas transparente.Une conséquence de cette opacité est que nul ne peut être certain que son vote ait été correctementenregistré. Quand bien même émettrait-elle un reçu en papier, il n’est pas assuré que celui-ci reflète cequi existe dans la mémoire de l’ordinateur. Dans le dépouillement électronique, le comptage des voix sefait de manière opaque envers l’humain. Même un homme connaissant (et comprenant) le code de lamachine ne peut être garant qu’elle donnera le résultat exact, et une erreur informatique demeurepossible2. De même qu’existent des sources de fraude.De plus, le choix de l’équipe vérificatrice est d’ordre politique : comment la choisir pour donner confianceà tous? Comment s’assurer que la machine sera bien configurée et pas modifiée avant le scrutin?Un cas intéressant est fourni par les Pays-Bas. Alors que la quasi-totalité des votes se déroulait surmachines à voter, une commission mise en place pour étudier la question a prouvé la trop grande possibilitéde fraude3. Finalement le vote électronique a été abandonné en mai 2008. Décision principalement motivéepar le fait que la machine ne produit aucune preuve papier permettant de vérifier que le vote enregistrécorrespond à la volonté du votant.De surcroît, selon cette commission, le secret du vote ne peut être garanti. Un paradoxe est résumé ici, d’unemachine dont on attend de la transparence mais tout en nous garantissant le principe du secret, et dont onattend une preuve du fidèle enregistrement de notre vote mais tout en nous garantissant que cette tracerestera confidentielle.La suppression du caractère humain de la procédure empêche le citoyen de se forger l’intime convictionqu’elle reste juste, que ce sont bien des hommes libres et conscients qui choisissent leurs représentantspar une voie éprouvée, et renouvelée à travers le temps. L’outil informatique doit rester sous l’égide dusens critique.

1. Le code électoral spécifie que l’urne doit posséder au moins quatre côtés transparents.

2. Se référer au fameux théorème de Gödel et aux travaux de calculabilité de Hilbert, qui prouventl’impossibilité de montrer qu’un programme informatique renvoie la réponse exacte en un temps fini.

3. Commission Korthals-Altes, 2007.

Boîtiers individuels de vote électroniqueà l’Assemblée nationale française.

© J

EA

N-C

HRIS

TO

PH

E J

ARD

IN

P.28 Laurier 24/04/12 16:30 Page 31

Page 34: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

AN

GLE

Le numérique pose un défi sans précédentà la conservation du savoir-faire. Mais, avec de nouveaux usages du droit d’auteuren entreprise, ce savoir-faire est sourcede modèles d’affaires numériques inéditsque nous désignons par open savoir-faire.Une démarche qui pourrait procurerdes avantages analogues à ceuxde l‘open source.

■ Le savoir-faire d’une entreprise est source

d’avantages compétitifs durables. Objet de

convoitise de la part de la concurrence, le

savoir-faire est protégé par le secret, une qua-

lité qui lui est consubstantielle. Pour une entre-

prise manufacturant des produits, on imagine

aisément que l’on puisse mener une politique

de non-divulgation de savoir-faire. L’achat d’un

produit manufacturé n’emporte généralement

pas l’accès à la conception ou au procédé de

fabrication, et l’entreprise peut tenir contrac-

tuellement ses salariés au secret des affaires

et à un devoir de réserve pendant et après leur

collaboration.

Le savoir-faire en services professionnelsEn revanche, on voit plus difficilement quels

dispositifs de protection mettre en place lors

de la fourniture de services professionnels

tels que le conseil en gestion des affaires ou

l’ingénierie de systèmes d’information.

Tout d’abord, le client bénéficiaire d’un ser-

vice peut directement observer le savoir-faire

mis en œuvre lors des prestations. Puis il peut

même participer à cette mise en œuvre lors

de pilotage conjoint et des phases de concep-

tion. Ensuite, il impose souvent des clauses

de transfert de savoir-faire. Enfin, quand bien

même les deux parties en conviendraient-elles,

il est problématique de réserver l’accès au

savoir-faire aux seuls collaborateurs habili-

tés du client alors que des fournisseurs tiers

concurrents du détenteur du savoir-faire sont

concomitamment employés.

Ainsi, une entreprise innovante de service est

condamnée, à terme, à perdre cet avantage

compétitif par l’effet même de son succès.

Encore récemment, ce terme était de plusieurs

années. Avec les réseaux sociaux numériques,

il se réduit à quelques clics de souris.

Face à ce défi inédit, les entreprises de servi-

ces professionnels porteuses de savoir-faire

doivent imaginer des politiques alternatives.

Troc entre savoir-faire et réputationPremier exemple, élémentaire, celui d’un

expert divulguant son savoir-faire dans un

ouvrage. Outre une communication de savoir-

faire, cet ouvrage en propose des représen-

tations stylisées originales et dès lors porteu-

ses de droits d’auteur. Leur utilisation impliquant

la citation de l’auteur et de la source, l’expert

offre ainsi un troc entre savoir-faire et répu-

tation. En cas d’emprunt notable à des fins

commerciales, une compensation financière

est possible.

Open savoir-faire,une innovation radicaleinspirée de l’open source

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

PAR TRU DÔ-KHAC (79)

président du groupe X-Propriété intellectuelle

32

ÉCONOMIE NUMÉRIQUE : LES SUCCÈS

Les entre-prises deservicesdoiventimaginerdes politiquesalternatives

REPÈRES« Un savoir-faire se définit comme un ensembled’informations pratiques non brevetées,résultantes de l’expérience et testées qui est :– secret, c’est-à-dire qu’il n’est pas généra-lement connu ou facilement accessible ;– substantiel, c’est-à-dire important et utile pourla production des résultats ;– identifié, c’est-à-dire décrit d’une façon suffi-samment complète pour permettre de vérifierqu’il remplit les conditions de secret et de sub-stantialité. » (Cahier des clauses administrativesgénérales applicable aux marchés publics deprestations intellectuelles, 2009.)

P.32 Tru Dô-Khac 24/04/12 16:34 Page 32

Page 35: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

A

NG

LE

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

« Référentiels SI » sous copyrightSecond exemple, complexe, celui des « réfé-rentiels SI », ouvrages en gestion informati-que publiés sous copyright. Présentés sou-vent comme des « meilleures pratiques » parleurs promoteurs, ce sont des produits imma-tériels. On peut faire remonter leur essor audébut des années 2000. À l’époque, une poi-gnée d’entreprises internationales domine deleur savoir-faire le marché des prestationsinformatiques.Opérant globalement, ces entreprises aux mar-ques prestigieuses mettent en œuvre desméthodes qu’elles ont éprouvées sur le mar-ché nord-américain et qu’elles protègent jalou-sement par le secret des affaires et le copyright.Pour leurs concurrents locaux n’ayant ni lasurface financière ni le temps d’investir dansle développement et la promotion d’un savoir-faire compétitif, il s’agit de trouver une riposte. Or, outre-Manche, il existe une offre de savoir-faire informatique. Pilotée par l’Office Govern-ment of Commerce (OGC), celle-ci confère unavantage compétitif certain à ses souscrip-teurs. Le savoir-faire en question est celui dela Central Computer and TelecommunicationsAgency (CCTA). La CCTA a consigné ses pra-tiques en gestion de systèmes d’informationdans des ouvrages, et les prestataires informa-tiques anglais les utilisent comme un guidequalité pour répondre à des consultations.Comme ces ouvrages sont rassemblés sousune marque, leurs souscripteurs en tirent unsigne distinctif de reconnaissance; et ces der-niers ont commencé à s’organiser en ligue

internationale. Pour des prestataires informa-tiques débutants, c’est une opportunité stra-tégique. Mais, pour l’OGC, c’est une opérationde valorisation de savoir-faire par la collectede royalties de copyright.

Les stratégies open savoir-fairePour éclairer les alternatives stratégiques ausavoir-faire, nous avançons une matrice à deuxdimensions : la première, désignée par share,adresse l’exposition de l’expression du savoir-faire; la seconde, désignée par protect, adressela concession des droits afférents à l’expres-sion du savoir-faire. Pour chaque dimension,nous posons deux directions : pour la dimen-sion share, cela sera non divulgué-publié; pourla dimension protect, cela sera copyright-open.

Ainsi configu-rées, ces dimen-sions sont croi-sées, faisantapparaître endamier quatrestratégies desavoir-faire : le«secret d’entre-prise », qui estun savoir-faireexclusif parfois

objet de titres de propriété industrielle, le «prag-matisme stylisé », ouvrages publiés sous copy-right par des professionnels expérimentés auxtalents d’écrivain et de graphiste, les « liguesde pratique », associations développant sousdes processus analogues à ceux du logiciel despratiques professionnelles sous copyright etsignées par des marques, et les « communau-tés de pratique », dont l’expérience est parta-gée librement et licitement via les réseauxsociaux numériques professionnels publics et desrégimes de droits d’auteur permissifs tels queles licences Creative Commons ou les licencesLibres Savoirs ParisTech.Maintenu enfermé dans l’entreprise, le savoir-faire est sous-tendu par une stratégie d’ex-clusion. Cette stratégie est celle des éditeursde logiciels propriétaires qui bloquent l’accèsaux sources et à leur savoir-faire. Inspiré parl’open source, on peut opter pour une straté-gie d’ouverture que nous avons désignée paropen savoir-faire. Cette stratégie permet debénéficier du retour d’expérience et des enri-chissements apportés par des partenaires oudes concurrents. ■

Une expériencepeut êtrepartagée

librementet licitement

33

Protection juridique

Un open savoir-faire est un savoir-faire divulgué. Sa

formulation, nouvelle et stylisée, est une création

originale et dès lors porteuse de droits d’auteur.

Nous exposons ici « HORIT ». Cette création, qui

avance une figure de l’immatériel à cinq compo-

santes, est protégée par le droit d’auteur.

Les stratégies open savoir-faire.

P.32 Tru Dô-Khac 24/04/12 7:34 Page 33

Page 36: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

AN

GLE

Quatre évolutions vont marquer le mondedu paiement : l’ascension fulgurantedu «m-commerce» (commerce mobile),familiarisant des millions d’utilisateurs avecl’utilisation de leur téléphone mobile pouracheter et payer ; la multiplicationdes appareils connectés, suscitant le besoind’un portefeuille de paiement «dansle nuage» ; l’avènement du « t-commerce»(commerce par télévision) ; et la disparitionde la frontière entre commerce traditionnelet commerce en ligne.

■Difficile de se faire une idée précise de ce

qui façonnera l’avenir du paiement, et avec lui

de notre quotidien. Il est toutefois possible

d’en préciser les contours, en étudiant en pro-

fondeur les «grappes d’innovation», ces points

d’intersection entre nouvelles technologies et

simplicité d’utilisation. Ces signes tangibles

qui montrent que l’innovation du paiement est

prête à occuper le devant de la scène.

L’ascension fulgurantedes paiements mobilesL’industrie du mobile est en train de passer

un nouveau cap, avec l’adoption massive des

téléphones intelligents, appelés à devenir en

quelques années le périphérique connecté

dominant pour plus de deux milliards de per-

sonnes dans le monde. Le véritable pouvoir

des appareils mobiles connectés réside dans

la manière dont ils changent radicalement le

comportement d’achat des consommateurs,

qui désormais saisissent la vente flash de leur

marque préférée dans le métro matinal, achè-

tent leur ticket de cinéma au café, ou paient

leur repas avant même de pénétrer dans leur

fast food favori. Grâce à son ergonomie revue

et fluidifiée, le paiement mobile contribue au

cercle vertueux de l’innovation : acheter et

payer avec son appareil mobile est devenu

simple et sécurisé, augmentant le taux de

conversion pour le marchand.

Plus fondamentalement, le m-commerce se

révèle être un puissant catalyseur pour fami-

liariser à brève échéance des millions de

consommateurs avec l’utilisation de leur mobile

pour payer à distance – vecteur de l’indispen-

sable confiance pour ensuite susciter l’utili-

sation de ce même portable pour acheter et

payer dans le monde physique.

Nouveaux modes de paiement :quatre prévisions pour 2012

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

PAR ALEXANDRE HOFFMANN

directeur général dePayPal France

34

ÉCONOMIE NUMÉRIQUE : LES SUCCÈS

Acheteret payer avecson appareilmobile estdevenu simpleet sécurisé

REPÈRESJour après jour, nous sommes témoins denouveaux comportements des consommateurset découvrons de nouvelles innovationstechnologiques pour y répondre, mais il estsouvent difficile de distinguer les effets de modedes réelles innovations. Cette tendance générales’affirme en particulier dans l’industrie despaiements : les initiatives se multiplient, venantd’horizons les plus divers. Si beaucoup d’idéesparaissent séduisantes à première vue, peupossèdent la combinaison gagnante pour susciterrapidement l’adoption d’une masse critiqued’acheteurs et de vendeurs.

2011, année clé

2011 a marqué le démarrage du commerceet paiement sur mobile à une échelle indus-trielle : plus de 17 millions d’utilisateurs ont payésur leur mobile avec PayPal en 2011 (générantun volume de 4 milliards de dollars). Rien qu’enFrance, c’est plus de 3500 commerçants quiont vendu sur le mobile grâce à PayPal l’andernier. Pour des e-commerçants comme eBayou ShowroomPrivé.com, le «m-commerce»représente désormais près de 10% des ventes.Cette tendance va encore s’accélérer en 2012 :PayPal prévoit de pratiquement doublerson volume de paiement sur mobile, visant7 milliards de dollars.

P.34 Hoffmann 24/04/12 10:21 Page 34

Page 37: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

A

NG

LE

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

Un « portefeuille dans le nuage »L’arrivée de nouveaux appareils connectés vamultiplier les opportunités de monétisation etsusciter le besoin d’un « portefeuille dans lenuage». La multiplicité de terminaux intelligentset connectés favorise la création de nouveauxmodèles économiques, dès lors que presquetout ce qui possède une adresse IP et un bou-ton marche-arrêt pourra intégrer un module depaiement. Pour le consommateur, la gestion decette multiplicité de points d’accès et de paiementengendrera inévitablement une forte demandede solutions de paiement unifiées, avec un «por-tefeuille universel » donnant accès à une expé-rience de paiement cohérente, simple et sécu-risée dans l’ensemble de sa vie numérique. En2012, les paiements se déplacent vers le «nuage».

L’avènement du t-commerceIl n’y a qu’un pas de «permettre l’accès à Internet»à «permettre le paiement sur Internet». Un pasdéjà franchi par plusieurs fabricants de télévi-seurs, lançant du même coup l’ère du t-com-merce (commerce électronique depuis sa télé-vision). Si l’on en parle depuis longtemps, lespièces et les acteurs du t-commerce se met-tront en place en 2012. Dans ce contexte, eBaya récemment mis à jour son application mobilepour iPad en donnant la possibilité de «voir aveceBay » : regarder son équipe de foot préféréejouer un match et acheter en même temps sonécharpe de supporter, sans bouger de son canapé.Depuis peu, la console XboX de Microsoft per-met également l’achat de biens virtuels tels quetalismans magiques pourfendeurs de dragons,ou semences pour sa ferme, sans devoir quit-ter son jeu vidéo. Au mois de mai 2013, il serapossible d’acheter depuis sa télévision aussifacilement que de changer de chaîne.

Réinventer la distributionLa frontière entre commerce traditionnel etcommerce online va disparaître, forçant la dis-tribution à se réinventer. Les nouvelles tech-nologies mobiles, couplées à l’explosion desréseaux sociaux, bouleversent à nouveau leparadigme de la distribution. Celles-ci fontconverger les canaux jadis cloisonnés vers descomportements consommateurs « multi-canaux » : donnant la possibilité pour lesconsommateurs d’accéder à distance au stockd’un magasin, de géolocaliser sur iPhone lespoints de vente et de détecter les bonnes affai-res, de scanner un produit dans un magasinpuis de l’acheter en ligne, ou encore de seprendre en photo dans la cabine d’essayagepour demander l’avis de ses amies sur Facebook.Le « social commerce » est un bon indicateurde cette tendance, et plusieurs initiatives ontété lancées l’année dernière, telle la boutiqueLa Redoute sur Facebook.

Et tout cela n’est qu’un début : les marchandsvont devoir s’adapter vite. Est-il encore ima-ginable en 2012 de mettre des brouilleurs deGSM dans les magasins pour y empêcherl’utilisation d’un téléphone et comparer lesprix en ligne? Trouvera-t-on encore des ache-teurs potentiels pour se présenter en maga-sin et acheter un téléviseur à écran plasmasans avoir, au préalable ou en temps réel,comparé des offres sur leur iPad ou télé-phone ? Les marques et les distributeurs quiparleront directement à leurs clients ou leursfans, les soutiendront dans leur démarchede quête d’informations et de dialogue, gagne-ront. Ceux qui garderont la tête dans le sable,sans chercher à connaître leurs clients nicommuniquer régulièrement avec eux, ver-ront leurs marges reculer dans cette écono-mie connectée. ■

Les nouvellestechnologiesbouleversent

à nouveaule paradigme

de ladistribution

35

Nouveaux «terminaux»

Nous assistons à un véritable foisonnementde nouveaux appareils connectés : l’iPad d’Apple,le réfrigérateur Wifi de Samsung, les voituresconnectées conçues par Audi ou Cadillac sontdes exemples bien réels. Et nous observonségalement des projets novateurs qui repensententièrement la chaîne de valeur, comme cesmachines à laver proposées gratuitement et qui«facturent» le consommateur à chaque lessive(à l’instar des fabricants de photocopieursqui se rémunèrent sur le toner).

Comparer les prix

Depuis décembre dernier, la «batailledu commerce» est devenue une réalité pourde nombreux petits commerçants face à Amazonet son application «Amazon Price Check».Le géant de l’e-commerce n’a-t-il pas offert àses clients un crédit de 5 dollars s’ils utilisaientson application pour scanner le prix d’un articledans un point de vente?

P.34 Hoffmann 24/04/12 10:21 Page 35

Page 38: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

AN

GLE

En matière d’innovation et d’accompa-gnement de l’innovation, les échangesd’expérience au sein d’un réseau d’entre-prises sont irremplaçables. L’expériencedécrite ici permet de mesurer l’efficacitédes politiques d’aide à l’innovationet de proposer de nouveaux modes d’action.

■Depuis dix ans a été développée, avec l’aidede Silicon Sentier, une vision dynamique del’innovation des NTIC (nouvelles technologiesde l’information et de la communication) et del’accompagnement des entreprises de la géné-ration d’idées jusqu’à la mise sur le marché.Avec le label European Living Lab (2005) ont étélancés des dispositifs à succès créés par desentrepreneurs pour des entrepreneurs.La Cantine est un des premiers espaces mon-diaux de travail collaboratif (coworking) et demutualisation de ressources hybrides. Chaqueannée, elle accueille et accompagne plus de750 coworkers, plus de 400 événements etplus de 16000 visiteurs. C’est le creuset où sestructurent et s’animent les communautésautour de thématiques technologiques pourpermettre la rencontre des acteurs, la géné-ration d’idées et le travail collaboratif.Autre dispositif mis en place : le Camping, pre-mier accélérateur de start-ups en France. Plusde 600 projets ont été déposés, 25 d’entre euxont été retenus et «accélérés». En mobilisantun réseau de 60 mentors, le Camping accé-

lère le passage de l’idée au prototype, sansperdre de vue les impératifs du développe-ment business (clients et partenaires). Enfin,Silicon Maniacs, média de diffusion et d’infor-mation (radio et Webzine), sensibilise aux nou-veaux usages et technologies, augmente lavisibilité des acteurs et des projets d’innova-tion et diffuse la culture numérique.

Faire émerger l’innovationL’expérience de terrain, au contact des besoinsde l’écosystème, et les conclusions tirées desdifférents dispositifs ont amené – un peu à lafaçon des sciences expérimentales – à formu-ler un certain nombre d’observations utilesdans le cadre d’une réflexion générale sur lesleviers de l’innovation numérique. Ce quedix ans au carrefour de l’innovation et de l’en-trepreneuriat nous apprennent tous les jours :encourager l’innovation, c’est favoriser sesconditions d’émergence.

Reconnaître l’innovation d’usageL’innovation ne se limite pas à la technologie,à la R & D. La diffusion et l’adoption des NTICsont rendues possibles par une appropriationde ces mêmes technologies grâce à des usa-ges plus rapidement adoptés par un plus grandnombre.

Faire évoluer le modèle actuelActuellement, en France, les actions dites desoutien-financement de l’innovation sont enfait centrées sur la R & D et visent à augmen-ter la performance du service. Mais ces finan-cements ne sont accessibles qu’à des projetsdéjà matures, qui peuvent s’engager dans la

Stratégies pour l‘innovation

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

PAR SANDRINE MURCIA

fondatrice et DGde Spring Lab,présidentede Silicon Sentier

36

ÉCONOMIE NUMÉRIQUE : LES SUCCÈS

Accompagnerles entreprisesdepuis lagénérationd’idées jusqu’àla mise surle marché

REPÈRESLe développement de la croissance et de l’emploien Île-de-France nécessite des dispositifs conçuspar des entrepreneurs pour les entrepreneursselon quatre principes d’action : favoriser leséchanges entre les acteurs du numérique ;soutenir l’innovation ; accroître la visibilité desentreprises et communautés émergentes, et enfindiffuser la culture du numérique. Au départ trèsmarqué développement Web et applications opensource, « l’écosystème » s’est rapidement élargiaux technologies mobiles, outils collaboratifs,réseaux sociaux, open data et jeux vidéo.

Tests précoces d’usageSilicon Xperience constitue la première plate-forme de bêta-test labellisée Living Lab.Silicon Xperience s’appuie sur un réseaude 800 bêta-testeurs issus de notre écosystème.Une équipe dédiée de chercheurs en ergonomieet sociologie des réseaux aide les porteursde projets à identifier et cerner les besoinsde leurs futurs clients.

P.36 Murcia 24/04/12 7:36 Page 36

Page 39: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

A

NG

LE

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

durée. Ils ne sont pas taillés pour les start-ups. Dans le modèle proposé, l’action de sou-tien est centrée sur l’usage. Car soutenir l’in-novation d’usage, c’est permettre aux start-upsd’augmenter rapidement leur valeur et donc demettre toutes les chances de leur côté en selançant sur le marché. L’expérimentation avecles utilisateurs a un rôle central. Il suffit dequelques utilisateurs coconcepteurs en phasede création et d’évaluation pour permettre auservice de s’améliorer rapidement et de voir enretour sa base d’utilisateurs se développer.Dans ce cas, le cycle de production devientégalement beaucoup plus rapide, favorisantune mise sur le marché accélérée.

Redéfinir les rôlesLes pouvoirs publics et les acteurs de terraindoivent agir ensemble, dans une vraie démar-che de partenariat. À l’État de créer les envi-ronnements où peuvent s’élaborer, se testerles nouveaux modes d’organisation sociétaleet entrepreneuriale ; de favoriser les démar-ches multiacteurs. Et surtout, de responsabi-liser les acteurs de terrain en les associantaux initiatives.Sur le terrain, il faut mettre en place les inter-faces entre acteurs, État et marché ; mobili-ser les savoirs et expériences ; et enfin faire

remonter les sujets en avance de phase, étapeessentielle pour le développement d’unecompétitivité internationale. Un exemple nousest donné par le mouvement open data, enjeumajeur du développement de l’économie numé-rique : quelles sont ces conditions qui permet-tront d’accélérer le développement des futursservices ? Au cœur de l’open data – et dansune semblable mesure pour les big data –, lavaleur est dans l’interfaçage des acteurs, lacapacité de collaboration : l’auteur n’est plusunique mais multiple.Les acteurs de terrain ont la capacité de s’or-ganiser pour élaborer des licences collectivesqui prennent en compte la collaboration et deles proposer à la puissance publique pour lesfaire reconnaître. Il faut mettre en place lesconditions d’échange et de collaboration entreces différents types d’acteurs.

Nouveaux modèles d’échanges de savoirsLe soutien à la formation et au transfert inter-générationnel et interdisciplinaire des savoirsest indispensable. La rapidité de progressiondes technologies et des usages nécessite uneformation continue et un transfert permanentdes savoirs. ■

L’innovationne se limite

pas à latechnologie,

à la R & D

37

27 milliards d’euros

Open data désigne un mouvement de libérationdes données. La richesse des informationsdétenues combinée à la puissance de traitementde ces mêmes informations fait entrevoirun large potentiel de développementdes technologies et des usages associés.Dès l’année 2005, un rapport financépar la Commission européenne évaluaità 27 milliards d’euros le marché européenlié à la réutilisation des informations publiques.Open data est au cœur de l’innovationet de l’économie numérique de demain.

Silicon Sentier

Silicon Sentier est un réseau français de clusters de ressources au service des entrepreneurs des NTIC.Association d’entreprises regroupant cent soixante-quinze PME et TPE qui se développent dans le domainedes technologies numériques, Silicon Sentier possède une équipe de vingt-deux permanents, avec unbudget annuel de 2,2 millions d’euros (soit 56% de fonds publics, 44% de partenariats privés). Cette équipeanime un écosystème intégré de plus de 12000 contacts mobilisés pour soutenir activement les porteursde projets, les créateurs d’entreprises à fort potentiel et les communautés de pratiques. Elle s’appuie surdes infrastructures mutualisées, mais aussi sur un réseau de mentors experts (entreprises membres,associations liées, grandes entreprises partenaires, acteurs publics) et d’investisseurs internationaux.

Combien d’utilisateurs?

Dans la filière numérique, la technologie resteun vecteur majeur d’innovation, de rupture.Cependant, le succès d’une innovation est de plusen plus évalué à l’aune de son adoption par sonmarché. La question «combien d’utilisateurs?»vient avant «combien de brevets?». Lesréussites de Facebook, Twitter, Instagram,airBnB et Google, au-delà des algorithmes,des data centers et des ingénieurs, sont duesà leurs utilisateurs.

P.36 Murcia 24/04/12 7:36 Page 37

Page 40: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

AN

GLE

L’Internet a permis un essor extraordinairede la vente à distance en créant un lien fortentre vendeurs et clients. Mais cet essorimplique en aval la mise en placede solutions logistiques fiables et perfor-mantes pour livrer au consommateursa commande, dont l’existence stimuleen retour le développement d’un mondecommercial radicalement nouveau.

La révolution de la vente à distanceAprès la Seconde Guerre mondiale, la ventepar correspondance (VPC) s’est développée,essentiellement à partir de l’industrie textiledu nord de la France, et La Poste a proposédes services de livraison de colis à domicile. Lemodèle économique reposait sur la constitu-tion de deux collections par an, sur la diffu-sion en grand nombre d’un catalogue illustré,sur des remises accordées en fonction duniveau de vente de chaque article, sur des pri-ses de commande d’abord par courrier puispar téléphone, sur des soldes pour liquiderles invendus et sur une livraison en 5 à 10 jours.

De grandes enseignes comme La Redoute, Les3 Suisses ou la CAMIF ont fait la renomméede ce mode de commercialisation. L’arrivéed’Internet a pris tous ces acteurs au dépourvu.Les nouveaux arrivants qui n’utilisaient que lecanal de l’Internet (les pure players) ont pro-posé plus de choix, des stocks en temps réelpermettant de ne pas décevoir les acheteurspar des délais de réassort, et ils ont réduitleurs charges en s’affranchissant du coûteuxcatalogue ou en n’acceptant que les comman-des payées en ligne par carte bancaire. Ils sesont également efforcés de préparer rapide-ment les commandes et ont tous opté pourune livraison rapide.

Des spécialistes aux généralistesCertains de ces nouveaux vendeurs à distanceont commencé par un positionnement de spé-cialistes (Amazon sur les livres, Pixmania surles appareils photo numériques, CDiscountsur les DVD) avant de devenir généralistes enfaisant bénéficier d’autres petits vendeurs del’audience de leurs sites à travers des « gale-ries marchandes», comme les hypermarchésont en leur temps attiré d’autres commerces.D’autres ont découvert comment Internet pou-vait étendre au monde entier leur zone de cha-

Logistique et livraison,clés du e-commerce

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

PAR FRANÇOIS COPIGNEAUX

directeur généralde La Poste-ColiPoste

38

ÉCONOMIE NUMÉRIQUE : LES SUCCÈS

L’arrivéed’Interneta pris tousles acteursau dépourvu

REPÈRESPlus de 30 millions de Français ont réalisé unachat sur Internet en 2011. Le commerce en ligneest devenu en dix ans un mode de consommationcourant. Mais, pour les biens physiques, un achaten ligne n’est réussi que lorsque le consom-mateur peut prendre possession de son acqui-sition rapidement et sans mauvaise surprise. Lalogistique et la livraison constituent ainsi desconditions clefs du développement du commercesur Internet. Et les opérateurs postaux se sontainsi trouvés au début des années 2000 sur lechemin critique du développement de ce nouveaumode de commercialisation.

Au Bonheur des damesLa vente à distance est une pratique qui étaitautrefois fondée sur la diffusion de catalogueset la communication par courrier. Émile Zoladécrit comment les premiers grands magasinsparisiens recevaient et honoraient lescommandes de leurs clientes de province.À l’époque, les colis étaient transportés parles compagnies de chemins de fer jusqu’à la garela plus proche de l’adresse du destinataire,où des petits transporteurs, les «messagers»,prenaient le relais, en facturant souvent cetteprestation «des derniers kilomètres»au destinataire.

P.38 Copigneaux 24/04/12 16:35 Page 38

Page 41: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

A

NG

LE

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

landise, et qu’ils pouvaient ainsi devenir desspécialistes mondiaux du matériel de pêche,de broderie ou des équipements de moto. Pourcertains articles, Internet a permis de com-penser la faible efficacité de la distribution tra-ditionnelle : le succès de la vente de chaus-sures en ligne s’explique ainsi en grande partiepar le fait qu’un client qui entre dans un maga-sin de chaussures a une chance sur deux de nepas trouver chaussure à son pied. De même,pour l’électroménager, vendre en ligne per-met d’économiser des surfaces d’expositioncoûteuses et bien peu utilisées. En quelquesannées, même chez des enseignes historiquesde la vente à distance, la commande en ligneest devenue majoritaire et les principes du e-commerce se sont imposés.

Une livraison en toute confianceLes e-commerçants ont redécouvert les impé-ratifs de la préparation de commande depuislongtemps maîtrisés par leurs prédécesseursde la VPC : optimisation du stockage et du par-cours de constitution du colis (picking), sécu-risation des entrepôts et du processus de trans-port, problématique des retours et de leurgestion, coût des emballages de transport,nécessité de disposer d’un bon service client, etc.En effet, un client qui attend son colis ou, pire,qui ne le reçoit pas, risque évidemment de nepas refaire d’achat en ligne. Les e-commerçantsont également découvert la variabilité durythme des commandes (saisonnalité, effetdes campagnes de promotion, charge du lundisuite aux commandes du week-end, etc.) et

la difficulté à répondre toujoursrapidement aux commandes enre-gistrées. Et ils ont bien sûr immé-diatement réalisé que leur activitédépendait intégralement de la livrai-son et donc du prestataire capa-ble de l’assurer.

Les points relais, une solutionParallèlement, les spécialistes historiques dela vente à distance ont développé en Francela livraison en « points relais », c’est-à-diredans des commerces de proximité. Cette solu-tion a d’abord été développée pour s’affran-chir des risques liés aux grèves des servicespublics, alors que le conflit de 1995 avait étédévastateur pour la vente à distance. Mais cemode de livraison a très vite répondu aux atten-tes de certains consommateurs rarement pré-sents chez eux lorsque les livreurs peuvents’y présenter. Par ailleurs, la livraison en unmême point de plusieurs colis et le dédom-magement fort modeste versé au commer-çant en ont fait un mode de livraison low-cost.

Livrer à domicile, un travail de spécialisteLa livraison aux particuliers à leur domicilese révèle en effet beaucoup plus compliquéeque celle des entreprises. Localiser un loge-ment précis dans un ensemble peut prendredu temps et le destinataire d’un envoi n’estpas toujours chez lui. Les spécialistes de lalivraison des entreprises ont donc souventévité de prendre des flux à destination desparticuliers et La Poste a longtemps confortésa position de spécialiste de livraison des par-ticuliers à domicile. Ses facteurs disposent

Un client quiattend son colis

ou ne le reçoitpas risque de

ne pas refaired’achat en ligne

39

Ventes événementielles

Grâce à Internet, le métier traditionnelde la braderie, filière historique d’écoulementsdes invendus, a même donné naissance ausecteur florissant des «ventes événementielles»avec le français Vente-Privée.com comme leadermondial.

Boîtes normalisées

L’e-commerce français bénéficie de l’initiativeprise par l’administration postale à la findes années 1970 : la boîte aux lettres normalisée(NF D 27404 ou 405), obligatoire pour touteconstruction autorisée depuis le 12 juillet 1979,a un format qui permet la livraison de colisde 260 x 260 x 340 mm même en l’absencedu destinataire. Grâce à ces boîtes aux lettresqui équipent 70% des adresses françaises,La Poste arrive à livrer directement plus de 70%des colis qui lui sont confiés. Cette méthodede distribution est évidemment particulièrementadaptée aux petits objets de faible valeur.

D.R

.

P.38 Copigneaux 24/04/12 16:43 Page 39

Page 42: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

GRA

ND

A

NG

LE

en effet d’une connaissance intime de leurscircuits de livraison, au point de s’adapterparfois aux habitudes des habitants et de pou-voir identifier un voisin de confiance pour luidemander de prendre en charge un envoi.

Cinq modes de livraisonLa Poste peut maintenant offrir le choix entrecinq modes de livraison : la livraison à domi-cile ou au bureau, la livraison le soir sur ren-dez-vous à Paris, la livraison dans une consi-gne automatique accessible 24 heures sur 24,la livraison dans l’un des 10 000 bureaux deposte proposés ou dans plus de 3 500 com-merces de proximité. Des transporteurs spé-cialisés effectuent par ailleurs sur toute laFrance les livraisons sur rendez-vous desobjets lourds et encombrants, le cas échéantavec des prestations annexes d’installation.

Il n’est donc pas étonnant que plus de 97 %des acheteurs en ligne se soient déclarés satis-faits de leur achat en 2011.

Moins de CO2

La vente à distance est fondamentalementfavorable à la préservation de notre environ-nement. Une étude réalisée par la Fédérationdes entreprises de vente à distance (FEVAD)auprès de plus de 6 000 acheteurs à distancea démontré que ce mode de consommationpermettait d’éviter des déplacements et pou-vait conduire à quatre fois moins d’émissionsde CO2 que l’achat en magasin.Aujourd’hui, tout le monde ou presque achèteen ligne et, avec Internet, chacun peut vendrede partout et vers le monde entier, à peu prèsn’importe quoi.

Chaque consommateur peut devenire-commerçantInternet a non seulement permis à de nou-veaux acteurs pure players de développer leuractivité, mais concourt aujourd’hui au déve-loppement d’un commerce « multicanal ». Onpeut choisir son produit en ligne et l’acheter enmagasin, ou repérer un modèle en magasinsans trouver la bonne taille et finalement larecevoir en 48 heures à domicile. Si Internet afacilité la désintermédiation et ouvert la voieà un contact direct entre consommateur etproducteur ou distributeur, sans passer pardes commerces locaux, il a surtout créé denouvelles opportunités commerciales.Tout un chacun peut ainsi proposer sur la Toileses créations ou ses objets inutilisés. Ce com-merce entre particuliers se développe et rem-place les brocantes d’autrefois tout en favo-risant le recyclage ou l’usage multiple decertains objets, comme les livres, par exem-ple. Il peut même constituer une solution pourmonétiser ses possessions dans un momentdifficile, remplaçant ainsi le prêt sur gage de« Ma Tante ». ■

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 201240

Internet a crééde nouvellesopportunitéscommerciales

ÉCONOMIE NUMÉRIQUE : LES SUCCÈS

Réseau de proximité

La Poste bénéficie, avec son réseau de plusde 17000 points de contact, d’une solutionde grande proximité pour mettre à dispositionles colis qu’elle n’a pas été en mesure de livrerà domicile, faute de présence du destinataire.En 2011, plus de 88% des envois ont été effecti-vement livrés à l’adresse de destination, et plusde 80% des destinataires ayant retiré un envoidans un bureau de poste se sont déclaréssatisfaits ou très satisfaits de cette solution.

Moins de déplacements

La Poste mutualise fortement les livraisonsde colis et de courrier : lorsqu’une camionnettejaune livre 100 colis, ce sont peut-être 100 parti-culiers qui n’ont pas eu à se déplacer.L’e-commerce contribue ainsi à limiterla congestion urbaine.

D.R

.

P.38 Copigneaux 24/04/12 16:43 Page 40

Page 43: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

41LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

FORMATION « CARRIÈRES AU FÉMININ : HANDICAP OU ATOUT ?»

Mercredi 6 juin 2012

Aujourd’hui encore, le top management des entreprises et des administrations reste très masculin.

Amenées à faire carrière dans ces univers, les femmes peuvent y vivre des situations favorables ou

difficiles, spécifiques des carrières des femmes.

Pour accompagner les polytechniciennes dans ces difficultés présentes ou potentielles, le Bureau

des Carrières propose un atelier transversal consacré spécifiquement à cette problématique. Cet

atelier a pour objectif de permettre aux polytechniciennes en début et milieu de carrière d’anticiper

des difficultés possibles, d’échanger sur ces situations et de développer des stratégies pour évoluer

sereinement dans les organisations.

L’atelier, animé par Julia MOUZON (2004) et Michel PRUDHOMME (64),

aura lieu le mercredi 6 juin 2012 de 9 h 30 à 12 heures

à l’AX, 5, rue Descartes, 75005 Paris.

Il est ouvert aux polytechniciennes des promotions 1995 à 2006.

Aucune participation financière n’est demandée.

Cela vous permettra de savoir où va l’argent de vos impôts grâce aux défiscalisations(crédit d’impôt sur le revenu ou réduction d’impôt sur la fortune)

Investissez dans une jeune entreprise innovanteet soyez associé à sa réussite

Vous n’aviez jamais osé le faire !C’est le moment de passer le relais

en donnant un sens à votre épargne

Vous pouvez également nous contacter au 01 42 22 67 35ou par courriel : [email protected] – Site Web : xmp-ba.org

NOS ACTIVITÉS 2011Nombre d’adhérents : 190

Projets reçus : 350 – Projets instruits : 50 – Projets investis : 28 – Total investi : 1 815 421€

DATES DE NOS PROCHAINES RÉUNIONS• LUNDI 11 JUIN 2012 À 17 H30• LUNDI 9 JUILLET 2012 À 17 H30

Présentation de projets d’entrepreneurs prêts à être financés

INSCRIPTIONSMerci d’envoyer votre CV à [email protected]

P.41 Carrières au féminin et XMP-BA 27/04/12 7:15 Page 41

Page 44: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

PAR ANNE BERNARD-GÉLY (74)

déléguée générale du Syndicat françaisde l’industrie cimentière

ET LAURENT IZORET

directeur de l’École françaisedu béton

Louis Vicat (1786-1861)

Le père d’un nouvel artde construire

■ Louis Vicat se présente à l’Écolepolytechnique en 1804, à l’âge dedix-huit ans, sur les conseils du ma-thématicien Joseph Fourier, alorspréfet de l’Isère, et réussit leconcours d’entrée.En 1806, son rang de classement luipermet d’intégrer l’École des pontset chaussées.

À la recherche de nouvellestechniquesNommé en 1809 ingénieur ordinairede deuxième classe à Périgueux, ilparticipe aux travaux d’aménage-ment du département et se voitconfier la construction du pont deSouillac.Celle-ci avait été suspendue, l’Em-pire napoléonien étant financière-ment exsangue. Ce concours de cir-

constances va inciter Louis Vicat àrechercher de nouvelles techniquespour assurer le plus économique-ment, et le plus solidement possi-ble, les fondations du pont.

Ce n’est qu’en 1817 qu’il redécou-vre, grâce à sa curiosité scientifiqueet sa culture technologique, les pro-priétés hydrauliques des liants : encherchant un mortier de pouzzolanecapable d’améliorer la constructiondu pont de Souillac dont il a la

charge, il isole un liant artificiel, le« ciment », et élabore la théorie del’hydraulicité des chaux.On pense bien sûr au Panthéon deRome, au Colisée ou au Pont duGard qui témoignent, aujourd’hui en-core, de la durabilité de ce premiermatériau composite. Mais ce prin-cipe resta inexpliqué et la technolo-gie du béton se perdit complè-tement.

Une révolution dans l’artde construireCette découverte est à la base de laproduction industrielle du ciment quia marqué une ère nouvelle révolu-tionnant complètement l’art deconstruire.Près de deux cents ans plus tard, cesdécouvertes demeurent le socle àpartir duquel se développent les plusrécents progrès en matière de lianthydraulique et de béton.

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

Le nom de Louis Vicat a été inscrit une nouvelle fois, en 2011,dans la liste des personnalités honorées, dans le cadredes commémorations nationales à l’occasion du 150e anniversairede sa mort. Cet article rappelle l’importance de sa découvertescientifique et technique.

42

PORTRAIT

Une technique perdueLes Chinois, les Grecs, les Égyptiens, les Mayas élevaient des constructionsavec des mortiers à base d’une chaux obtenue par cuisson de roches calcaires,suivie d’une extinction à l’eau. Les Romains fabriquaient des liants hydrauliques,comme en témoigne Vitruve dans ses dix livres d’architecture. Ils mélangeaientde la chaux à des cendres volcaniques de la région de Pouzzoles qui, en présenced’eau, fixaient la chaux pour constituer un liant susceptible avec le sable deformer un mortier, et inventèrent ainsi le « béton romain » qu’ils coulaientdans des coffrages en bois.

En 1817, il isole un liant

artificiel, le « ciment »,

et élabore la théorie

de l’hydraulicité des chaux

D.R

.

P.42 Bernard-Gely Vicat 24/04/12 8:05 Page 42

Page 45: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

EXPRESSIO

NSJusque-là, les fondations des piles

de ponts étaient réalisées empiri-quement selon un procédé coûteux àpartir de poudre de tuileaux ou depouzzolane et de chaux pour formerun mortier propre à durcir sousl’eau. Face à ces questions à la foiséconomiques et techniques, LouisVicat entreprend une série d’étudessur les mortiers, au cours desquel-les il fait de manière systématiquel’analyse chimique des roches sus-ceptibles de donner par cuisson unbon liant.

Un principe encore appliquéDe cette approche, il tire un indicehydraulique (dit de Vicat), rapportdes éléments acides aux élémentsbasiques : il permet de composerdes mélanges de roches qui donne-ront par cuisson un produit qui, fi-nement broyé, durcira sous l’eau. Ceprincipe de composition quantitativedes matières premières de cimen-terie est encore appliqué aujourd’hui.

Louis Vicat applique ensuite cesprincipes en vraie grandeur; il mon-tre alors sa qualité d’entrepreneuren contrôlant en permanence lescoûts de fabrication et poursuit lamise au point de la fabrication avecle souci constant d’en minimiser lecoût.

Les ciments artificielsLe résultat de ces études lui permetde découvrir en 1817 de nouvelleschaux, les chaux hydrauliques artifi-cielles, qui peuvent à volonté sur-passer en qualité les meilleureschaux naturelles, et d’établir la loide la fabrication du ciment artificiel :l’hydraulicité des chaux, c’est-à-direle durcissement des liants sousl’eau, est due aux proportions d’argi-les contenues dans les calcaires età la température de cuisson, ce quevingt siècles d’usage n’étaient pasparvenus à élucider.

Pas de brevetsDurant plus de quarante ans de car-rière, Louis Vicat, précurseur de larecherche expérimentale, poursui-vit son œuvre scientifique. Chez lui,le savant rejoint réellement l’ingé-nieur, l’observation et l’interpréta-tion se renforcent d’indications pra-tiques rigoureuses.Louis Vicat ne déposa pas de brevet,considérant qu’il était redevable à lacollectivité de sa formation d’ingé-nieur, donc de son invention.

Une reconnaissancescientifique et historiqueLa publication du travail de Vicat eutun très grand retentissement. Aussi,le Conseil général des ponts etchaussées et l’Académie royale dessciences, après avoir chargé de sonexamen certains de leurs membresqui, par leurs travaux antérieurs,semblaient les plus aptes à appré-cier le mérite des découvertes an-noncées par Louis Vicat, permirentune reconnaissance scientifique ethonorifique de son œuvre.

Le béton arméEn 1853, son fils, Joseph Vicat, éga-lement polytechnicien (1841), créela société Vicat et se lance dans laproduction industrielle du ciment ar-tificiel inventé par son père. Paral-lèlement, la production industrielle

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012 43

Le bon dosageEn suivant de près la construction dupont de Souillac et en contrôlantavec minutie les gâchées desouvriers maçons, Vicat a pu montrerque le bon dosage en eau condi-tionnait la qualité du mortier. Il amême inventé un instrument demesure pour tester la résistance duproduit qui devint « l’aiguille Vicat ».En 1822, le pont de Souillac estachevé et entre dans l’histoire :première construction au monderéalisée avec du ciment artificiel, ilmesure 180 mètres de long sur9 mètres de large et compte 7 archessurbaissées reposant sur 6 piles.

D.R

.

Le pont de Souillac, première construction au monderéalisée avec du ciment artificiel.

Portland et la suiteEn 1824, à la suite de la décou-verte de Louis Vicat, l’ÉcossaisJoseph Aspdin dépose un brevetde ciment artificiel, appeléPortland (comme la roche griseextraite de la presqu’îlede Portland).Puis, en 1833, un polytechnicien,Léon Pavin de Lafarge, installedes fours à chaux au Teil en Ar-dèche, et en 1848, la premièreusine de ciment, créée par Dupontet Demarle, s’installe à Boulogne-sur-Mer.

Il préféra la gloire d’être utile

à celle d’être riche

La reconnaissancedu monde littéraireTous les rapports ont misen exergue le caractère durableet économique des inventionsde Vicat et les possibilités offertesaux concepteurs, architecteset ingénieurs par le matériaunaissant, le béton.Même le monde littéraires’intéressa à ces découvertes,puisqu’en 1839 Honoré de Balzacécrivit dans Le Curé de village :« Quelle sera la récompensede Vicat, celui d’entre nousqui a fait faire le seul progrès réelà la science pratique desconstructions ? »

P.42 Bernard-Gely Vicat 24/04/12 8:05 Page 43

Page 46: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

d’acier débute avec l’invention dufour Bessemer, permettant ainsi lemariage des qualités de traction del’acier et de compression du béton.Le béton armé naît d’abord avec labarque expérimentale de JosephLambot en 1848 et les caisses horti-coles du jardinier paysagiste JosephMonier en 1849, puis avec FrançoisCoignet en 1852 qui réalise les pre-mières applications en bâtiment àSaint-Denis.

Le symbole de la modernitéAlors que l’Exposition universelle de1889 était celle du métal, celle de1900 consacre le béton armé et sonapplication généralisée dans lemonde de la construction. Le bétondevient alors le symbole de la mo-dernité.

L’administration française accompa-gne cette tendance et publie en 1906le premier règlement de calcul, of-ficialisant ainsi la technique du bétonarmé dans la construction qui trouveainsi son plein épanouissement dansla première moitié du XXe siècle,avant d’être fortement concurren-cée par la technique du béton pré-contraint.

La précontrainteLe principe même de la précon-trainte est très ancien puisque lesÉgyptiens construisaient déjà descoques de bateaux constituées deplanches de bois dont les jointsétaient serrés sous l’effet du refroi-dissement de lames de fer posées àchaud. Dans les années 1900, l’idée

vint aux ingénieurs d’appliquerce principe au béton qui ne ré-siste guère à la traction pourlimiter les fissurations : auxendroits où les charges déve-lopperont des tractions, ils’agit de comprimer le bétonde façon artificielle, préalableet permanente.Les premières rechercheséchouèrent et ce n’est que vers1930 qu’un autre polytechni-cien, Eugène Freyssinet (1879-1962), également ingénieurdes Ponts – et, comme Vicat, àla fois théoricien, scientifiqueet praticien – sut appliquer ceprincipe de la précontrainte aubéton et mettre au point desprocédés visant à donner uneredistribution intelligente dessollicitations dans la matière.Les premières applications de

son brevet furent la fabrication depoteaux électriques puis la consoli-dation de la gare maritimedu Havre, dont le succès entraînala diffusion rapide de la précon-trainte dans les ouvrages d’art.

Les bétons à hautesperformancesC’est dans les années 1980 qu’unnouveau saut technologique permetde donner de nouvelles propriétésconstructives au béton, matériaudésormais devenu universel. Ainsiapparaît une nouvelle génération debétons, appelés pour la premièrefois bétons à hautes performances(BHP) par Roger Lacroix, lui aussipolytechnicien (46) et ingénieur desPonts et Chaussées, et le profes-seur Yves Malier, précurseurs re-connus en Europe et aux États-Unisde ces nouveaux bétons, utilisés en-suite largement et en particulierdans la construction d’ouvragesemblématiques comme le pont del’île de Ré ou la Grande Arche de LaDéfense.

La course à la résistancemécaniqueAujourd’hui, les progrès dans les bé-tons ne se situent plus seulementdans la course à la résistance mé-canique mais se déclinent à l’échelleglobale de la construction, en pre-

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 201244

PORTRAIT

Hennebique et le bureau d’étudesEn matière de ponts, le démarrage fut plus tardif et les premiers ouvrages

d’art en béton armé datent de l’extrême fin du XIXe siècle ; c’est à François

Hennebique que l’on doit la construction d’un premier grand pont, celui

de Châtellerault sur la Vienne avec ses 144 mètres de long.

Après des années de conception empirique, Hennebique met au point

des règles de dimensionnement du béton armé et ouvre la voie du calcul

et de la conception modernes. En se concentrant sur les études et

la rationalisation du béton armé, il professionnalise la conception

des structures et crée le bureau d’études, figure dominante de la maîtrise

d’œuvre française.

L’Exposition universelle de 1900

consacre le « béton armé »

Les débuts du bétonprécontraintLe phénomène de la précontrainte

est apparu à Eugène Freyssinet

en 1912 au pont du Veurdre,

ouvrage audacieux en béton armé

sur l’Allier. Peu de temps après

sa construction, la voûte s’abais-

sait progressivement et ce dépla-

cement devenait si dangereux

que Freyssinet décida en pleine

nuit de relever, avec quelques

ouvriers, les arcs sans faire

interrompre la circulation.

Cet incident lui permit de

comprendre les déformations

différées du béton et de déposer

en 1928 son premier brevet

de précontrainte en utilisant

des câbles en acier pouvant

supporter des tensions initiales

élevées.

Le viaduc des Usses (A 41)avec ses piles majestueuses.

D.R

.

Comprimer le béton de façon

artificielle et permanente

P.42 Bernard-Gely Vicat 24/04/12 8:05 Page 44

Page 47: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

EXPRESSIO

NS

nant en compte son utilisation et sonanalyse de cycle de vie, depuis laconception, la réalisation jusqu’à ladémolition.À partir d’une large gamme de ci-ments que l’on compose à l’aided’ajouts maîtrisés en cimenterie, laformulation de ces bétons moder-nes permet, en plus des aspects derésistance mécanique, de créer desmatériaux et des systèmes construc-tifs aux qualités adaptées aux be-soins : ductilité, esthétique jusqu’àla transparence, durabilité, isolationet inertie thermique, performancesenvironnementales et sanitaires, ef-ficacité énergétique, réduction desconsommations de matières et descoûts de la construction.

Un jeu de constructionPour l’architecte et le concepteurd’ouvrages, c’est un véritable jeu deconstruction qui s’offre à eux, jeucomplexe mais pour des solutionsmultiples et adaptées avec l’aidedes maîtres de l’art (ingénieurs,fournisseurs de matériaux, entre-prises, etc.).

La communauté polytechnicienneest très largement impliquée danscet art de la conception, que ce soitpour des constructions « couran-tes » qui consomment plus de 85 %du béton produit, ou d’autres

constructions plusexceptionnelles –comme le viaducde Millau, l’opérade Pékin ou d’au-tres ouvrages re-marquables pourlesquels nos ca-marades MichelVirlogeux, Paul An-dreu et tous lesconcepteurs inno-vants orchestrentl’utilisation de cesnouveaux maté-riaux.

De la résistanceà la performanceToute cette nouvellegénération de bé-tons a profondé-ment modifié laconstruction nonseulement dansson aspect techno-logique, réductiondes coûts et desdélais de mise enœuvre, qualités en-vironnementales etsanitaires, mais

aussi dans son aspect humain et so-cial comme l’amélioration du confortet l’augmentation du niveau de qua-lification des opérateurs.Le béton n’est plus seulement « ré-sistance », il est maintenant « per-formances », intégrant les défis dela construction durable, soutenanttoujours plus d’audace dans laconception des ouvrages et des bâti-ments.Et son histoire n’est pas finie, unautre saut technologique est proba-blement en train de s’amorcer avecles nouvelles approches du béton àl’échelle nanométrique qui permet-tront d’encore mieux maîtriser larhéologie du matériau et d’en opti-miser la formulation pour continuersur les traces de Louis Vicat às’adapter aux nouveaux défis denotre société. ■

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012 45

La tour Oxygène à Lyon, réalisée suivant la démarcheHaute Qualité Environnementale.

Bétons modernesLes bétons modernes sont formulés par extension de la notionde composite : par association avec les molécules organiques qui apportentdes qualités de plus en plus spécifiques comme la rhéologie ou l’incor-poration de fibres de natures variées, on maîtrise aujourd’hui des bétonsqui se mettent en place sous le simple effet de la gravité sans avoir recoursà la vibration bruyante et pénible (bétons autoplaçants), ceux devenusductiles par l’utilisation d’une large gamme de granulométrie de leurscomposants, les « autonettoyants » par action photocatalytique de micro-particules, les bétons dépolluants qui purifient l’air, les bétons phoniquesdestinés aux écrans acoustiques, les bétons isolants, les bétons drainants,les bétons isolants qui laissent passer la lumière, ceux à faible niveaud’émissions, les bétons de granulats légers, ceux qui résistent à de trèshautes températures et même des bétons flexibles, voire rebondissants.

D.R

.

Toujours plus d’audace

dans la conception

des ouvrages et des bâtiments

L’École polytechnique compteLouis Vicat parmi ses élèvesqui ont fait honneur à la Franceentre 1794 et 1994 en le repré-sentant aux côtés de Cauchysur le triptyque du Bicentenairede l’École situé dans le grand hallà Palaiseau.

Le groupe cimentier internationalVicat, entreprise française, a sugarder à la fois une traditionfamiliale, une vocation industrielleet un management humaintout en réussissant à s’implanterdans onze pays à travers le mondeet à s’imposer comme un desfleurons français à l’international.

P.42 Bernard-Gely Vicat 24/04/12 8:05 Page 45

Page 48: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

PAR JACQUES BOURDILLON (45)

Robert Bonnal (36)Apôtre de la coopération française

■ Après un bref séjour en Tuni-sie, Robert Bonnal, mobilisé à la finde la Seconde Guerre mondiale, ar-rive à Dakar en 1947. Olivier Bigor-gne lui offre le poste de directeurdes travaux publics de la Guinéefrançaise ; il rejoint donc Conakryet devient l’un des principaux col-laborateurs du gouverneur RolandPré dont il restera un ami fidèle.

De la Guinée à la rue MonsieurCeux qui ont lu le livre de Roland Préécrit au début des années 1950L’avenir de la Guinée française sa-vent que ce pays avait (et a toujours)d’immenses ressources potentiellesdans les domaines les plus divers(riz, bananes, quinquina, fer, bauxite,or, diamant, énergie hydraulique).Point de vue confirmé vingt ansaprès par le gouverneur Masson, pa-tron de l’éphémère MARG (Missiond’aménagement régionale en Gui-née). Ceux qui ont lu le livre deClaude Abou Diakité La Guinée en-chaînée, le livre noir de Sékou Tourésavent que ce dictateur a non seu-lement massacré nombre de sesconcitoyens, mais aussi compromispour longtemps le développementexceptionnel de ce pays. Robert Bon-nal savait tout cela lorsqu’il a com-mencé une seconde carrière ens’installant à Paris, rue Monsieur,pour devenir le pilier de la coopéra-tion de la France en faveur de sesanciennes colonies, à un triple titre :ministère de la Coopération, minis-tère de l’Équipement, et BCEOM(dont il était devenu président).

Trente ans au serviced’une causeRobert Bonnal consacre quelquespages aux trois décennies de coopé-ration : « Pendant les annéessoixante, le taux de croissance estbon, voire brillant (plus de 5 % enmoyenne), le développement paraîtbien parti (malgré le cri d’alarme deRené Dumont L’Afrique noire estmal partie), il y a l’euphorie des indé-pendances […]. Au seuil des annéessoixante-dix, les défauts structurelsdes États, plus ou moins masquésjusque-là, apparaissent au grandjour, il devient clair que la majoritéd’entre eux fonctionnent à un trainde vie qui excède leurs moyens […].À partir des années quatre-vingt, leschoses se gâtent sérieusement pourtout le monde (ou presque) à causenotamment des effets du 2e choc pé-trolier (1979), les pays qui s’étaientmis à vivre sur un grand pied ne sontplus en état d’honorer le rembour-sement des emprunts et sont obli-gés de freiner brutalement. »Je terminerai par quelques mots deRobert Bonnal sur la coopérationfrançaise : «Il faut d’abord dire sansfaire preuve de fierté nationale dé-placée que la France s’est constam-ment portée aux premières lignesde front en faveur du Tiers monde[…] un des points sensibles du

débat : monoculture ou diversifica-tion? Il ne s’agit pas d’opposer l’uneà l’autre, il faut au contraire combi-ner partout où on le peut culturesde rente et cultures vivrières […].La coopération française s’est tou-jours imposé comme ligne deconduite de ne pas discriminer sesinterventions en fonction des régi-mes politiques adoptés par les payspartenaires […]. ■

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

Nous venons de perdre l’un de nos prestigieux amis en la personnede Robert Bonnal (36), Ponts 42, qui joua un rôle fondamentaldans l’histoire des relations franco-africaines au même titrequ’Olivier Bigorgne, Roger Lantenois, André Lauraintet Jean Millier.

46

IN MEMORIAM

« La France s’est portée

aux premières lignes de front

en faveur du Tiers monde »

L’amour de l’AfriqueRobert Bonnal se caractérisaitpar de solides convictions reli-gieuses qui lui faisaient considérerson métier comme un apostolat,un amour de l’Afrique dont ila souhaité le développementharmonieux au-delà des indé-pendances qu’il a toujourssouhaitées, un sens aigudes réalités (il était parfaitementconscient des défauts et des qua-lités des hommes avec qui il tra-vaillait), une grande générositéà l’égard de ses collaborateurs,une volonté farouche d’améliorerle vaste domaine qui lui étaitconfié.

D.R

.

P.46 Bonnal 24/04/12 10:22 Page 46

Page 49: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

EXPRESSIO

NS

■ La passion pour la science n’apas d’âge et s’il fallait encore leprouver, la visite à Grenoble du binetBoson, dont l’objectif est de rappro-cher étudiants et chercheurs, en se-rait une démonstration irréfutable.Invités par Yves Bréchet (81) et enca-drés par leurs anciens de la 2006,des élèves des promotions 2008,2009 et 2010 ont eu la chance depouvoir visiter l’Institut Laue Lange-vin et l’European synchrotron radia-tion facility en compagnie de Frédé-ric Livet (67), membre de la Sociétéfrançaise de physique, et de RobertDautray (49), membre de l’Académiedes sciences.

Aussi uniqueque son concepteurL’Institut Laue Langevin (ILL) est néd’une collaboration franco-alle-mande dans le milieu des annéessoixante et compte aujourd’hui plusd’une trentaine de nationalités parmises utilisateurs. Il permet à deséquipes de recherche de sonder etd’analyser des échantillons de ma-tière grâce à un flux de neutrons gé-néré par un réacteur nucléaire. Cesexpériences couvrent un spectre ex-trêmement large entre physique fon-damentale et diagnostic industriel.Comme l’ont expliqué J.-L. Marti-nez, directeur adjoint de l’ILL, etH. Guyon, chef de la division réac-

teur, l’ensemble représente une vé-ritable prouesse technique, non seu-lement sur le plan du génie nu-cléaire (l’ILL délivre le flux deneutrons le plus intense dans lemonde de la recherche) mais aussisur le plan du génie civil (il est situéau confluent de l’Isère et du Drac etsubit les efforts des massifs de laChartreuse, de Belledonne et duVercors).Malgré cela, il peine à étonner au-tant que son concepteur, RobertDautray, dont les explications et lescommentaires tout au long de la vi-site ont vivement impressionné l’au-ditoire. Quarante ans après les der-niers coups de crayons sur les plansdu réacteur, Robert Dautray est, à80 ans passés, toujours animé d’unemême passion communicative, voirecontagieuse.

Des polytechnicienssous rayons XL’European synchrotron radiationfacility propose lui aussi de sonderla matière, mais avec des photonsplutôt qu’avec des neutrons. Un an-neau long d’un kilomètre accélèredes électrons dont le rayonnementest utilisé pour étudier des structu-res de protéines, analyser des œu-vres d’art ou déterminer les proprié-tés d’un métal. Guidés par FrédéricLivet, Guillaume Beutier et Jean

François Bérar, les visiteurs ont puexplorer l’intérieur du long tunnelcirculaire du synchrotron ainsiqu’une des lignes de lumière utili-sée pour la recherche, avant de re-joindre Philippe Nozières, de l’Aca-démie des sciences, pour unpassionnant échange de physiquethéorique.

Un passage de relaisCette visite marque également lepassage de relais du binet Boson dela promotion 2009 à la promotion2010 : c’est à présent Loïc Herviouet Thomas Strebler qui reprennentle flambeau et seront en charged’assurer les liens entre polytechni-ciens et monde de la recherche. Ilsont d’ores et déjà prévu d’organiser,dans la voie ouverte par GeorgesCharpak, une séance de démystifi-cation des superstitions par la pres-tidigitation. ■

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012 47

PAR DANIEL SUCHET (2008)

Sept promotionssous le signe des neutronsLa dernière expédition insolite organisée par le binet Boson a permis à sept promotions de polytechniciens de se retrouver au polygone scientifique de Grenoble pour une plongée dans le royaume des neutrons et des rayons X.

RENCONTRES

Aussi massifs que les noyaux

atomiques et dépourvus dÕinter-

actions électromagnétiques,

les neutrons sont des sondes

privilégiées pour analyser,

non seulement la composition

structurale, mais aussi la dyna-

mique de la matière condensée

sous toutes ses formes.

Toute particule chargée accélérée

dans un champ électromagnétique

émet un rayonnement ; cÕest sur

cette propriété fondamentale que

repose un synchrotron.

D.R

.

P.47 Suchet 24/04/12 16:38 Page 47

Page 50: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

PAR FRANÇOIS CARN

principal du collège René-Descartes(Le Blanc-Mesnil – 93), établissementclassé en ZEP et RAR

L’envers du décor

Composer des classesraisonnablement hétérogènes

■ Il est évidemment plus faciled’enseigner dans une classe homo-gène d’élèves ayant un bon niveaumais, confronté à une classe hété-rogène, il est illusoire de penser àdes solutions consistant à singula-riser les élèves en grande difficultéen les faisant bénéficier de mesuresindividuelles.En effet, ces mesures sont perçuescomme des stigmatisations qui lesisolent de leurs camarades, desorte que les intéressés n’en veu-lent pas. Il ne peut non plus êtrequestion de regrouper ces élèvesdans des classes de relégation quiles marginaliseraient définitive-ment. Il faut donc maîtriser l’hétéro-généité pour la rendre gérable parles enseignants, une première me-sure étant de se donner les moyensde constituer des classes raisonna-blement hétérogènes.

Les trois critèresde l’organisationAu lieu de laisser les classes seconstituer au hasard, il faut organi-ser leur hétérogénéité.

Le collège René-Descartes a définitrois critères lui permettant de clas-ser les élèves : le comportementstudieux ; la motivation et la capa-

cité cognitive. Chaque élève estclassé sur une échelle à cinq niveauxpour chacun de ces critères. Au troi-sième trimestre de chaque année,les professeurs principaux sont in-vités à les utiliser pour préparer lacomposition des classes de la ren-trée suivante. L’utilisation de ces cri-tères est également recommandéeaux écoles primaires du secteur,avec lesquelles des réunions sontorganisées au troisième trimestre

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

Le collège unique est-il, comme l’écrivait l’an dernier un de nosauteurs, « une création utopique dont le maintien revêt le caractèred’un crime », les victimes étant à la fois les mauvais élèves, écraséspar la supériorité des bons, et ces derniers pénalisés par la nullitédes mauvais ? Le problème n’est-il pas, plutôt, celui de la concen-tration dans certaines classes d’élèves de très faible niveau,l’hétérogénéité des classes restant maîtrisable en prenantcertaines précautions ?

48

FORUM SOCIAL

Voir aussi : « Violences scolaires :responsables et coupables »par Gilbert Castellanet (52),dans le n° 663 de mars 2011et « La ségrégation scolaire :responsables et coupables »,par François Gaudel (66), dansle n° 666 de juin-juillet 2011.

Il faut maîtriser l’hétérogénéité

pour la rendre gérable par les

enseignants

Le collège René-Descartes, Le Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis).

D.R

.

P.48 Forum social 24/04/12 16:39 Page 48

Page 51: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

EXPRESSIO

NS

pour préparer les affectations desélèves de CM2 dans les neuf clas-ses de sixième du collège.Pour l’ensemble des classes, le col-lège impose une parité entre gar-çons et filles et un équilibre sur lestrois critères. Les enseignants sontassociés à la procédure de compo-sition de ces classes hétérogènes.

L’équité de participationIl faut ensuite se donner les moyensd’enseigner efficacement dans lesclasses ainsi constituées. Il faut in-sister sur «l’équité de participation».Il s’agit de susciter la participationde tous les élèves à la vie de leurclasse. Les outils numériques jouentun rôle important. D’une part les ta-bleaux numériques interactifs (TNI)avec répondeurs, présentés dans un

précédent article de La Jaune et laRouge, mais surtout les vidéopro-jecteurs à commande numérique quisont installés dans toutes les clas-ses et qui, déroulant le cours, per-mettent au professeur de s’occuperdes élèves qu’il voit en difficulté.

S’insérer dans le milieu urbainUne autre dimension du fonctionne-ment du collège est son insertiondans le milieu local urbain. Le Prin-cipal se rend disponible pour ac-cueillir les parents.À l’initiative des conseils de parentsd’élèves, ceux-ci sont appelés cha-que fois qu’un incident de disciplinele justifie. Chaque année, tous lesparents d’élèves de troisième sontindividuellement contactés pour pré-parer l’orientation de leurs enfants.De façon plus générale, le collègeréunit régulièrement son « Comitéd’éducation à la santé et à la citoyen-neté» auquel participent notammentles représentants d’associations œu-vrant dans le quartier.L’instauration d’un meilleur climatdans le collège a coïncidé avec la find’une « situation de guerre » entredeux quartiers qui sévissait il y aquatre ans. ■

Propos recueillispar Jacques Denantes (49)

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012 49

Les outils numériques jouent un rôle important dans la participation des élèves.

CDI. Tous les deux ans en moyenne, un élève de troisième est admis au lycée Henri-IV.

ZEP et RARLes zones d’éducation prioritaires (ZEP), créées en 1981, sont des zonesdans lesquelles sont situés des établissements scolaires (écolesou collèges) dotés de moyens supplémentaires et d’une plus grandeautonomie pour faire face à des difficultés d’ordre scolaire et social.En 2007, le Réseau ambition réussite (RAR) a été mis en place. Il s’agitd’un plan de relance à l’éducation prioritaire, disposant de moyensrenforcés. On comptait en 2011 plus de 250 réseaux. À la rentrée 2011,ils ont été intégrés dans le programme Éclair (Écoles, collèges, lycéespour l’ambition, l’innovation et la réussite).

Deux classes bilinguesÀ la demande des parents,le collège maintient deux classesbilingues dans chaque niveau,lesquelles n’accueillent quedes bons élèves. Cette exceptionnécessaire signifie une ouverturedu collège vers l’excellence.Tous les deux ans, en moyenne,un élève de troisième est admisau lycée Henri-IV.

Susciter la participation de tous

les élèves à la vie de leur classe

D.R

.D

.R.

P.48 Forum social 24/04/12 16:39 Page 49

Page 52: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

X-Pays-Bas : la tulipe noire

50

FOCUS

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

Michel Bertrandias (81), président du groupe X-Pays-Bas

«Un réseau conviviald’échanges culturels »

■ Comment échanger dans unpays étranger entre camarades,alors que ceux-ci sont souvent depassage pour quelques annéesseulement ? Avec la patience et lafoi de Cornelius Van Baerle, lehéros de Dumas en quête de la tu-lipe noire, Michel Bertrandias (81)œuvre depuis sept ans au dévelop-pement du groupe X-Pays-Bas, enassociation avec d’autres grandesécoles.

Une taille critique« C’est à l’occasion de la créationdu réseau Grandes Écoles Pays-Bas (GEPB), en 2004, que j’ai prisla décision de fonder un groupe Xaux Pays-Bas, rappelle-t-il.« En effet, je connaissais d’autresgroupes d’anciens de grandes éco-les, comme HEC, et l’adhésion auGEPB devait se faire via un groupeexistant et non en tant qu’individu.«Ce groupement a vu le jour car laplupart des écoles comptent peud’anciens élèves ici et les groupesn’atteignent pas une taille critiquesuffisante pour fonctionner régu-lièrement. »

Le triangle d’or« Le groupe compte en moyenneune quinzaine de camarades ré-partis sur tout le territoire néer-landais, dont les promos s’éche-lonnent entre 1970 et 2008. Lespôles d’attraction sont Amsterdamet La Haye, où je réside moi-même.Même si le pays n’est pas trèsgrand, les déplacements peuvent

prendre pas mal de temps. La plu-part des manifestations sont orga-nisées dans le Randstad (triangleAmsterdam-Rotterdam-Utrecht, in-cluant La Haye).« Les camarades peuvent être icipour de longues durées, commeceux qui travaillent à l’Office euro-péen des brevets ou à l’Estec (Eu-ropean space research and tech-

Le groupe X-Pays-Bas, à vocation essentiellement culturelle et festive, s’adosse à un réseau plus larged’anciens de grandes écoles françaises. Il permet aux camarades qui résident là-bas, pour des périodesplus ou moins longues, d’être bien accueillis et de se rencontrer dans des endroits sympathiques.

PORTRAIT

Le musée Frans-Hals à Haarlem, Pays-Bas.

© J

.-M.

CH

ABA

NA

S

P.50 Focus 24/04/12 16:45 Page 50

Page 53: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

51

FO

CU

S

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

nology Centre), Centre européende recherche et de technologiespatiales, situé à Noordwijk.«D’autres ne restent que quelquesannées, trois ans en moyenne,comme ceux travaillant chez lespétroliers. Enfin, nous accueillons

de jeunes camarades venant enstage pour une année environ. »

Réseau et relais« Les contacts se font presque ex-clusivement par courriel, car nousfonctionnons à budget et cotisation

zéro. Les activitéssont doubles : il ya celles, peu nom-breuses, organi-sées en propre etcelles du groupeGEPB que nousrelayons auprèsdes membres dugroupe X.«Récemment, unepartie des X pré-sents aux Pays-Bas s’est retrou-vée à l’occasion dela Chandeleurdans une crêperieà Noordwijk.

« Quand un camarade arrive et mecontacte, je m’efforce de l’aider etde répondre à ses questions. J’ha-bite en effet à La Haye depuis dix-huit ans et mon épouse est vice-présidente de l’Accueil desFrancophones de La Haye. Nousconnaissons donc assez bien cepays et de nombreuses personnes.»

Trop proche de la France« Les deux principales difficultés,estime Michel Bertrandias, sont lapetite taille du groupe et le turn-over des membres. Certains ne dé-couvrent l’existence du groupe quepeu de temps avant de repartir. Laproximité de la France fait aussique bon nombre de membres, sur-tout ceux qui sont ici pour untemps relativement court, partentfacilement en week-end, soit auxPays-Bas pour visiter, soit enFrance. Il est parfois difficile detrouver une date commune. »

Des satisfactions ?«J’aime bien rencontrer de jeunescamarades car cela me permet, enéchangeant avec eux, de suivre lesévolutions de l’École. » ■

Propos recueillispar Jean-Marc Chabanas (58)

X-Pays-BasPrésident : Michel Bertrandias (81)

Paulinaastraat 192595 GG Den Haag

Tél. : 00 31 (70) 382 5937

michel.bertrandias@

polytechnique.org

Grandes Écoles aux Pays-BasLe réseau Grandes Écoles Pays-Bas (GEPB) regroupe des anciens élèvesde Centrale, l’ENA, l’ESCP, HEC, l’Insead, les Mines, Polytechnique,Sciences-po, etc. Dans une perspective interculturelle et européenne,il propose chaque année un certain nombre de rencontres et de visites.Avec 41 528 km2, dont le quart en dessous du niveau de la mer,les Pays-Bas comptent environ 16,5 millions d‘habitants.

D.R

.

Michel Bertrandias (81) choisitle corps de l’armement à lasortie de l’X. Après l’Ensta,travaillant dans le domaine dela simulation, il a l’opportunitéde partir aux Pays-Bas en tantqu’officier de liaison et expert àl’Otan. En 1998, il est embauchéà l’Otan pour travailler sur lessystèmes d’information.Marié depuis vingt-sept ans, il atrois enfants dont deux résidentactuellement en France pourleurs études supérieures.Joueur de football durant l’an-née, sa grande passion est leski nautique qu’il pratique à unbon niveau l’été. « À cet égard,dit-il, la Floride serait plusadaptée que les Pays-Bas ! »

© J

.-M

. C

HA

BA

NA

S

© J

.-M

. C

HA

BA

NA

S

Noordwijk, haut lieu de la recherche spatiale.

La Haye (Den Haag).

P.50 Focus 24/04/12 16:45 Page 51

Page 54: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,
Page 55: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

53LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

Le 2 juin, je serai au Point GammaPauline Métivier, trésorière du Point Gamma 2012

Le Point Gamma, événement phare pour les promotions en place sur le campus, se déroulera cette annéeencore en plein cœur de l’École polytechnique. Il marque de son sceau le court mais intense passage despolytechniciens au sein de l’institution. Regroupant plus de 7000 personnes, le gala de l’X est la plusgrande soirée étudiante de France.

■ Organiser un événementd’une telle ampleur requiert demultiples moyens. Le binet PointGamma est composé de trenteétudiants qui ne comptent pasleur temps pour permettre auxmilliers de participants de pas-ser une soirée inoubliable. Cha-cun joue un rôle particulier ausein du binet ; voici ces postesen quelques mots.

Les Spectos sont chargés dela programmation musicale(que vous découvrirez pagesuivante) ainsi que des activi-tés lors de la soirée (saut àl’élastique, combat de catch,espace mousse, etc.).Les Sponsos doivent trouverles fonds nécessaires pour as-surer le caractère grandioseet unique de la soirée tout enmaintenant un prix d’entréeabordable pour les étudiants.La cellule Sécu a la lourde respon-sabilité d’éviter tout débordementpendant la soirée et d’assurer lasécurité de chacun. Elle supervisel’ensemble du dispositif déployépour permettre à tous de profiterpleinement de l’événement.La Technique transforme le GrandHall en véritable discothèque et lacour Vaneau en espace musical deplein air.La BarBouffe est responsable du ra-vitaillement en boissons et nourri-ture de tous les bars, très actifs pen-

dant la soirée. Elle sera appuyée parprès de quatre cents X de la promo2011 pour servir dans ces bars.La Manute supervise l’installationde tout le matériel non techniquede la soirée, mais aussi et surtoutla préparation des trente bars. Ellemet en place un défilé de chars enplein cœur de Paris, le 24 mai, au-quel participeront activement lesX 2011 nouvellement arrivés.La Com' doit faire en sorte quetous les étudiants de la région pa-risienne entendent parler du PointGamma. Ses membres sont res-

ponsables de l’impression etde la distribution des af-fiches, des partenariats pu-blicitaires, du site Internet etde la promotion de l’événe-ment en général. Ils sontceux qui doivent faire le plusavec le moins d’argent ; leurrôle est capital.Enfin le Bureau, composé duprésident, du vice-présidentet de la trésorière, est chargéde coordonner le travail detoutes les cellules et des re-lations avec les différents ser-vices de l’École, l’AX, ainsiqu’avec les autorités pu-bliques.

Vous l’aurez compris, le PointGamma est l’accomplisse-ment d’un grand projet (plusde 300 000 euros de budget)et la suite de longs mois de

préparation intense. Son déroule-ment sur le campus même del’École est l’un de ses points fortset un atout majeur pour que lespromotions puissent s’y investirfermement. Son organisation surle site de l’École dans les années àvenir est pour autant remise enquestion. Nous avons besoin dusoutien de la communauté poly-technicienne pour que cet événe-ment majeur demeure à l’École,garde son empreinte polytechni-cienne et ne devienne pas unesimple soirée étudiante. ■

CETTE ANNÉE ENCORE, VENEZ NOMBREUX LE 2 JUIN AU POINT GAMMA

© C

OLL

ECTI

ON

S É

CO

LE P

OLY

TEC

HN

IQU

E

P. 53-60 Point Gamma_JR Focus.indd 24/04/12 16:49 Page53

Page 56: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

Bob SinclarChristophe Le Friant, alias Bob Sinclar, a produit des tubes dance floord’envergure internationale. Né en 1967 en Bretagne, il fait ses premièresarmes dans des clubs parisiens au début des années quatre-vingt-dix.Après un album remarqué en hommage au pape de l’electrodanceCerrone, sorti en 2000, Bob Sinclar produit les DJ’s Kid Loco ou Dimitrifrom Paris, et s’impose comme un fleuron de la french touch avecl’album III, qui contient les tubes The Beat Goes on et Kiss my Eyes.Bob Sinclar le Magnifique donne une suite à son célèbre album Africanism,en y apportant les beats afro susceptibles de compléter la panoplie funket soul qui a contribué à sa notoriété.Le king de la disco soul compose le générique de la Star Academy 2006,Love Generation, avant de livrer le mix Soundz of Freedom et de réaliserla compilation Dancefloor FG Winter 2008.Le lundi 30 janvier 2012, Bob Sinclar sort son nouvel album intituléDisco Crash. Dans cet album il est en featuring avec de nombreuxartistes : Sean Paul, Snoop Dogg, Sophie Ellis Bextor et Pitbull entreautres.

Michael CalfanMichael Calfan, la nouvelle priorité du label YellowProductions, est un condensé de talent, decréativité et un travailleur acharné. « Cela faisaitlongtemps que je n’avais pas ressenti un tel talentchez un jeune artiste », dixit Bob Sinclar. MichaelCalfan dévoile en 2011 son tube Resurrection,produit par Axwell. Le succès est immédiat et lachanson se hisse en tête de toutes les playlistsélectro.

Pablo DenoisVenu tout droit de Leverkusen, Pablo Denois fait partie de lanouvelle vague de DJ’s allemands qui déferle sur l’Europe. À toutjuste 19 ans, il s’est déjà forgé une véritable identité à travers destubes comme Shunky Fit ou Rockin’Well. Majoritairementinfluencé par Hardwell et Nicky Romero, Pablo Denois mêle à lafois mélodies entraînantes et beats dévastateurs dans seschansons.

54

POINT GAMMA

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

D.R

.D

.R.

D.R

.

P. 53-60 Point Gamma_JR Focus.indd 24/04/12 16:50 Page54

Page 57: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

Alexandra StanJeune artiste roumaine pleine de talent,Alexandra Stan est née le 10 juin 1989 àConstanta. Elle participe à différentescompé titions de chanson, pour fina lementsortir en 2009 son premier single, Lollipop.Elle connaît ensuite un succès planétaireavec ses tubes Mr Saxobeat et Get Back. Samusique sensuelle, aussi envoûtante queson physique doré, rencontre un triomphefracassant dans les clubs à traversl’Europe.

ExampleElliot John Gleave, plus connu sous le pseudonymeExample (né le 20 juin 1982), est un rappeur britannique.Chanteur aux influences rap-électro-pop, il se démarqueen 2009 avec le tube Watch the Sun Come Up qui le placenuméro un des charts en Angle terre. Son troisième album,Playing in the Shadows, sorti en sep tembre 2011, sepropulse directement en tête des charts britan niques, avecnotamment deux singles classés numéro un, dont lecélèbre Changed the Way You Kiss Me.

UffieUffie est une chanteuse de musique électronique américaine. Lajeune artiste est devenue presque malgré elle une égérie de sagénération. Révélée sur Internet, l’Américaine née en Floriden’est pas, comme beaucoup aujourd’hui, un symptôme del’époque, elle en est un visage. Et la sortie de Sex Dreams &Denim Jeans vient brillam ment le prouver. Avec cet album, Uffiesigne le manifeste d’une jeunesse dont elle saisit mieux quepersonne les espoirs et les doutes.

Electric Suicide ClubVitesse et légèreté : voilà qui pourrait bien qualifier le rockdébridé d’Electric Suicide Club. Et de cet esprit frondeur etagité, le groupe n’en manque pas sur scène. Un vrai bonheurà partager sans modération tant leur Indie punk s’approchede l’essence même du rock : à fond et en deux minuteschrono.

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

PO

INT G

AM

MA

55

D.R

.

D.R

.

D.R

.

D.R

.

P. 53-60 Point Gamma_JR Focus.indd 24/04/12 16:51 Page55

Page 58: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

POINT GAMMA

56

© C

OLL

ECTI

ON

S É

CO

LE P

OLY

TEC

HN

IQU

E

P. 56 Point Gamma_essai_JR Focus.indd 27/04/12 13:42 Page56

Page 59: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

PO

INT G

AM

MA

57LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

■ En 1861, j’étais jeune et beau,la jeunesse n’est plus, j’aime àcroire en revanche que personnene me démentira quand je dis quela beauté est restée, tout en chan-geant légèrement de caractère,donc j’étais jeune et beau, et deplus j’avais pour professeur degéodésie, ainsi qu’à peu près tousmes cocons d’ailleurs, le capitaineLaussedat (depuis colonel et an-cien directeur du Conservatoire,sinon de Musique, au moins desArts et Métiers), savant bien connuet que j’ai l’honneur de compterparmi mes meilleurs amis. Il avaittrente-cinq ans environ, ce qui nenous empêchait pas de l’appeler lePère Laussedat.

De l’ennui à la fêteNe digressons pas trop. La géodé-sie est une noble science, capti-vante quand on la cultive, utileentre toutes, seulement l’appren-dre au tableau en trente leçons, semettre dans la tête des formules,les repères, les précautions de lapratique, etc., oh ! Jamais pourautre chose l’ennui ne se concentreà un tel degré.Le point γ avait un beau rôle danstoute une partie du cours où cettelettre fatidique apparaissait àchaque instant, et je ne sais quelleidée me vint (par antinomie sans

doute, puisqu’il nous avait tant en-nuyés) de célébrer le passage dePhoebus Apollon au point γ par unefête renouvelée des peuples ado-rateurs du soleil.

S’amuser le plus possibleJe précisai mon idée, elle mûrit ra-pidement dans l’austérité silen-cieuse de mes méditations, j’esquis-sai un plan, je fis passer un topo,d’abord dans notre promotion où laproposition eut le succès qu’elleméritait ; puis nous honorâmes nosconscrards, ces conspuables glandsjaunes, en leur communiquant leprojet ; ils n’avaient qu’à s’inclinerrespectueusement, mais ils le firentavec enthousiasme.Le plan était simple : s’amuser leplus possible dans le cadre d’unefête avec ouverture musicale, chan-sons, grand défilé costumé, ban-nières illustrées et danses.

Le père et la moucheC’était donc décidé, mais de lacoupe aux lèvres quelle distance !Obtenir l’autorisation pour unechose sans précédent et aussi peuréglementaire, ou au moins avoirl’assurance de l’obturation oculairede l’autorité de l’École pour les pré-paratifs et pour l’exécution ; trou-ver les éléments d’un orchestredans les deux promotions, avoir une

musique originale pour l’ouverture,répéter, fournir aux camarades lesmoyens de se costumer en les leurprésentant de manière qu’ils n’aientplus qu’à les mettre en œuvre, pré-ciser tous les détails, etc.C’était ma besogne obligatoire, cardans toute chose qui se crée, il fautune mouche du coche qui bour-donne sans relâche et surtoutagisse. Père du Point γ, j’en fusaussi la mouche.

Un costume pour chacunPendant cinq semaines, à toutes lessorties du mercredi et du diman-che, je me fis courtier ; je prenaisles commandes des cocons et desconscrits : masques, papiers dorés,chinés, gaufrés, coloriés, oripeaux,étoffes, objets biscornus, selon lafantaisie de chacun. Je les cher-chais dans Paris aux endroits idoi-nes et je les rapportais à l’École oùje les livrais aux clients le lende-main dans leurs salles respectives.Avec cela et divers objets emprun-tés au matériel de l’École, grandsrideaux rayés de bleu qui entou-raient les lits, rideaux gris des fe-nêtres, abat-jour des lampes, etc.,chacun de nous se composa uncostume.Cornu se chargea de composerl’ouverture, un pot-pourri des airsde l’École.

Notice sur la FêtePar Émile Lemoine (1860), premier organisateur du Point γExtraits d’une Notice rédigée en 1901.Le choix des passages et les intertitres sont de l’actuelle Rédaction.

À mes chers camarades, à leurs dames, à leurs demoiselles, etc.Le soleil passe ordinairement au point vernal sur l’équateur, c’est-à-dire au point γ, à l’équinoxe deprintemps. Cette année, c’est le 21 mars à 7h 32min 11s, temps moyen civil de Paris ; mais lespolytechniciens sont assez forts, par définition, en astronomie, pour modifier cette date avec effet rétroactif,s’il en est besoin, voilà pourquoi nous pouvons célébrer la fête du Point γ le 24 avril.

P. 53-60 Point Gamma_JR Focus.indd 24/04/12 16:53 Page57

Page 60: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

58 LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

POINT GAMMA

Cueille le jour présentJ’aurais été heureux aussi de re-prendre mon bâton de chef d’or-chestre et de conduire devant vous,à trente-neuf ans de distance, l’ou-verture du Point γ. Mais il y a pourmoi, dans ce rôle, des impossibili-tés de santé devant lesquelles jem’incline avec philosophie (ne pou-vant faire autrement) ; je cède laplace au jeune Protée, réincarnésous les apparences de notre ami

Gariel, j’admirerai sa maestria etvous vous direz : voilà commentétait jadis le comparable Lemoine.Je ne suis pas du tout de l’avis deBoileau quand il prétend que le moiest haïssable; je m’aime beaucoupet je juge le mien tout à fait char-mant. J’espère d’ailleurs trouverprès de vous de l’indulgence, parceque je suis persuadé que ceux quime connaissent pensent de moibeaucoup de bien que je n’en puis

dire, tant à cause de ma modestieque pour ne pas humilier les ca-marades.Sur ce, je vous confie commeconclusion ma maxime favorite :… dum loquimur fugerit invidaAetas, carpe diem, quam minimumcredula postero 1. ■

1. «Pendant que nous parlons, le temps jalouxs’enfuit. Cueille le jour présent sans trop croireà l’avenir » (Horace, Odes).

Éclipse de soleilExtraits d’un article du début du XXe siècle.Le choix des passages et les intertitres sont de l’actuelle Rédaction.

■ En 1878, Dou représentait lesoleil, Humbert était chef d’orches-tre, la paysanne court-vêtue étaitHomolle. Ces trois camarades sontaujourd’hui ingénieurs des Pontset Chaussées. Quant à la sédui-sante Italienne, elle est devenue lerévérend père Marchal, de la Com-pagnie de Jésus.

Premières lampes électriquesLes salles de billard, transforméespour la circonstance en galerie desglaces, sont éclairées par la lu-mière électrique.Signalons, parmi les principauxtravestissements, le vrai kiosque àjournaux de la salle 16, un majes-tueux grand prêtre, un sous-pré-fet, un artilleur de la garde, unjuge, un postillon, un officier demarine, un zouave, un pompier, unjockey et la foule des pierrots, dé-bardeurs, gentilles soubrettes, élé-gants toréadors, etc.Ajoutons que les musiciens de l’or-chestre étaient couverts, plutôt que

vêtus, de défroques bigarrées. Leurchef seul portait correctement l’ha-bit noir.C’est ainsi qu’on va se tenir en joiejusqu’à l’heure du souper, auquell’indulgence paternelle du généralpermet d’ajouter quelques dou-ceurs, douceurs militaires bien en-tendu.

Deux ou trois cents costumesEn 1879, le soleil était Belot, ingé-nieur des tabacs; le chef d’orches-tre Vallet, capitaine d’artillerie.Citons, parmi les nouveaux cos-tumes, un véritable cardinal sur samule, un obélisque couvert de hié-roglyphes, un poireau monstre ac-compagné d’une carotte géante, devrais pauvres en haillons, une im-mense cocotte en papier, des as-trologues, des magiciens, etc.Deux ou trois cents costumes tour-billonnent dans la cour. Les mai-sons voisines, avec leurs façadesroussies et lézardées qui surplom-bent, semblent grimper les unes

sur les autres pour mieux voir. Maisle soleil est deux fois de la fête. Àl’heure où il ira se coucher, sonsubstitut terrestre aura encorequelques heures de royauté éphé-mère. Le bal se prolonge jusquebien avant dans la soirée, dans unetente construite ad hoc et décoréede pochades fantaisies.

Trop, c’est tropMaintenant, faut-il le dire? Les pre-miers essais de Point γ nous pa-raissaient plus gais. C’était l’en-fance de l’art, mais l’enfance avecses jolies naïvetés et son rire so-nore. Le bal du 15 mars 1879 rap-pelle ses aînés, comme l’arlequinmoderne, brodé et passementérappelle le héros de la comédie ita-lienne dans ses loques bigarrées.Trop de soie, trop de perruquesblondes, trop de lumière. À forcede vouloir se surpasser, on en étaitarrivé à des excès. L’autorités’émut et la fête du Point γ fut in-terdite. ■

Lancé en 1862, le Point γ fut interrompu en 1870. Il fit sa réapparition en 1877, pour être de nouveaususpendu en 1880, au motif du temps excessif que les élèves y consacraient. Nous décrivons ici les deuxdernières éditions de 1878 et 1879. La tradition fut reprise quelques années plus tard.

P. 53-60 Point Gamma_JR Focus.indd 26/04/12 07:02 Page58

Page 61: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

Médaille d’or au challenge

de l’UMF 2012 dans la

catégorie “Renouvellement

Urbain”.

Simplifiez-vousla construction durable

www.pro-eco.fr

Accessible, belle, citoyenne et facilement duplicable, la maison à énergie positive

en béton ABCD+ répond dès aujourd’hui aux exigences de la ville de demain.

• Consommation : - 3.3 kWhep/m2.an

• 26 m2 de panneaux photovoltaïques

• Prête pour la RT 2020

Les solutions Lafarge Bétons

• Bloc béton en pierre ponce

• Agilia® Mi Fondations Métal

• Agilia® Mi Plancher

• Agilia® Sols C SPC

Chiffres clés

ABCD+, la maison à énergie positive en béton

annonce presse ABCD+ X.indd 1 16/04/2012 15:56:40

Page 62: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

C

M

J

CM

MJ

CJ

CMJ

N

Pub_Rail_A4.pdf 12/01/09 12:32:37

Page 63: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

CENTENAIRE DE LA DISPARITION D’HENRI POINCARÉNANCY 1854 – PARIS 1912

Hommage numismatique

C’est une médaille qui a fait connaître Henri Poincaré au public : la médaille en or attribuée en1889 au lauréat du concours organisé par le roi de Suède Oscar II sur la stabilité du Systèmesolaire.

Bien entendu, la notoriété de cet immense savant a été honorée de plusieurs médailles ouplaques en bronze. Celles que je connais ont été frappées ou fondues par la Monnaie de Paris.Georges-Henri Prud’homme (1873-1947) a réalisé une jolie plaquette, de style Art nouveau, qui montre, à l’avers, Poincaré de profil et, au revers, la Science éplorée qui dépose une gerbede fleurs sur une stèle funéraire qui porte l’inscription : «À Henri Poincaré la science reconnaissante, MDCCCCXII.»

Plus récemment, Raymond Corbin (1907-2002) a gravé une médaille qui représente HenriPoincaré de face, à l’avers, et, au revers, la porte de sa maison natale à Nancy; y figure également cette belle citation : «La pensée n’est qu’un éclair au milieu d’une longue nuit… mais c’est cet éclair qui est tout.»

Mentionnons également l’important médaillon, d’une soixantaine de centimètres de diamètre,modelé par Aleth Guzman-Nageotte (1904-1978), sans doute pour le centenaire de la naissancede Poincaré qui est, ici aussi, représenté de profil. Ce médaillon se trouve à l’entrée de l’InstitutHenri Poincaré.

Pour ma part, j’ai eu l’honneur de me voir confier plusieurs commandes de travaux en hommageà Henri Poincaré. En 1993, tout d’abord, à l’occasion du Bicentenaire de l’École polytechnique,j’ai réalisé une série de douze petites médailles en maillechort (frappe monétaire, qualitéépreuve) consacrées à des polytechniciens qui ont marqué leur époque. Bien entendu, HenriPoincaré était l’un d’eux.

En 2010, l’Institut Henri Poincaré m’a commandé une grande plaque en bronze pour son entrée.Elle représente Henri Poincaré au milieu d’une évocation de ses travaux : le problème des troiscorps, la topologie, les probabilités, la théorie du chaos, etc.

Aujourd’hui, la célébration du centenaire de sa disparition me donne l’occasion de créer une nouvelle médaille, en bronze, qui s’inscrit dans une collection consacrée aux grands mathématiciens. À l’avers de ces médailles figure une effigie du mathématicien dont les œuvres sont évoquées au revers.

Claude Gondard (65),artiste médailleur

61LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

MÉDAILLE DU ROI DE SUÈDE

CORBIN (1971), BRONZE, 7

2M

M.

GUZMAN (1954), BRONZE, 6

00M

M.

GO

NDARD (1993), MAILLE

CHO

RT,

41

MM

.

GONDARD (2012), BRO

NZE

, 72

MM

.

PRUD’HOMME (1934), BRONZE, ENV. 58 X 78 MM.

GONDARD (2010), BRONZE,410 X 500 MM.

P.61 Poincaré 24/04/12 16:56 Page 61

Page 64: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

■ Les talents depédagogue de Jean-François Zygel sontdésormais unanime-ment connus. Avec sesconférences toutd’abord, rapidementfilmées et diffusées àla télévision et en DVD,puis ses émissionsdidactiques égalementà la télévision, il estdevenu le symbole dela musique classique« expliquée », et doncde la musique classique rendue acces-sible à tous. Après une série consacréeaux plus grands compositeurs (tous sesDVD sont à conseiller, mais ses ana-lyses des Français Debussy et CésarFranck nous paraissent particulière-ment passionnantes), Zygel a entaméune belle collection plus ambitieusequi consiste à décortiquer une œuvresymphonique, avec l’appui de l’Or-chestre philharmonique de RadioFrance et de son chef coréen Myung-Whun Chung. Après la Symphonie duNouveau Monde, la Symphonie pas-torale, le Boléro de Ravel, Zygel nousprésente ici le Concerto pour orches-tre de Béla Bartók.

Ayant fui le nazisme aux États-Unis,Bartók, à soixante-deux ans, estmalade et sans subsistance à partirde 1942. La Société des auteurs amé-ricains, sous l’influence du chef d’or-chestre Serge Koussevitzky, lui com-mande ce Concerto pour orchestre.Le titre Concerto pour orchestre estévidemment un oxymore, puisquehabituellement un concerto fait inter-venir un ou plusieurs solistes pourconcerter justement avec l’orches-tre. Le titre montre le besoin de vir-

tuosité de l’orchestredans cet œuvre, vir-tuosité comme celled’un soliste de concer-to, et signifie aussi queBartók fait intervenirdes soli de la plupartdes instruments, oumême de pupitresentiers, tout au longde l’exécution.Les explications linéai-res de Zygel, avec lesoutien de son pianoou de tout l’orchestre,

maintiennent l’intérêt et restent conti-nûment pertinentes. Elles analysentnotamment les thèmes du Concerto,et mettent l’accent sur les signesreconnaissables du style de Bartók,tels que les mélanges de rythmes etd’atmosphères, thèmes folkloriques,et son constant hommage à Bach(ostinato, contrepoint, canons et fugue,choral, etc.). Ces explications sontparfois agrémentées des commen-taires de Myung-Whun Chung quiparle un français parfait (il dut rem-placer Daniel Barenboïm à la tête del’Opéra Bastille à la fin des années1980). De plus, les commentaires dulivret, très riches et très documen-tés, permettent d’aller encore plusloin dans l’analyse du contexte decomposition de l’œuvre.

Le DVD contient naturellement aussil’exécution intégrale de l’œuvre. Grâceaux images très bien réalisées, avecdes gros plans pertinents (les bois,les pupitres de cordes) et aux expli-cations de Zygel, cette œuvre emblé-matique devient aussi accessible quedu Beethoven ou du Mozart. ■

Marc Darmon (83)

ARTS, LETTRES ET SCIENCES

62

MUSIQUE EN IMAGESBÉLA BARTÓK : CONCERTO POUR ORCHESTREOrchestre philharmonique de Radio France,dir. Myung-Whun ChungPrésenté par Jean-François Zygel, « Les clés de l’orchestre »

1 DVD Naïve

BRIDGEGaston Méjane (62)

1) ÉNONCÉSCe mois-ci une donne de la division natio-nale par paires 2.

Ouest entame le 7 de ♦.Quel est votre plan de jeu?

Solutions page 66

RÉCRÉATIONSSCIENTIFIQUES

Jean Moreau de Saint-Martin (56)[email protected]

1) POSITIF EN TOUT ESPACEMontrer que AB 2 + BC 2 + CD 2 + DA 2 – AC 2

– BD 2 ≥ 0, quels que soient les pointsdonnés A, B, C, D, pas nécessairementdans le même plan.

2) D‘UNE DIFFÉRENTIELLE L‘AUTRESoit y une solution de l'équation différen-tielle ay''+by'+cy = 0, où a, b, c sont desfonctions données de x. Montrer que z = y 2

vérifie une équation différentielleAz''' + Bz''+Cz'+ Dz = 0, A, B, C, D étantdes fonctions de x, les mêmes quelleque soit la façon dont on a choisi y.

3) COMBINAISON CACHÉEDans une variante simplifiée d'un jeu deréflexion bien connu, Jules doit devinerune combinaison de 5 couleurs choisie parRomain (sans répétition) dans un ensemblede 8 couleurs. Jules propose des combi-naisons de 5 couleurs, et obtient deRomain, en réponse, les scores correspon-dants (nombre de couleurs de la combinai-son proposée qui sont présentes dansla combinaison à deviner).De combien d'essais Jules a-t-il besoinpour être sûr d'identifier la combinaisoncherchée parmi les = 56 possibles?a) s'il doit donner un programme completde combinaisons avant que Romaincommence à répondre,b) s'il obtient les réponses une à uneet peut ajuster la question suivanteen fonction des réponses reçues.

Solutions page 66

NORD♠ D 8 6 3

♥ 5

♦ A R D 10 9

♣ V 7 4

SUD♠ V 10 2

♥ A D 9

♦ 8 5

♣ A 9 8 6 3

O

1♥

N

X

E

S

3SA

LES ENCHÈRES

C 58

P.62-66 Arts et Lettre 26/04/12 7:34 Page 62

Page 65: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

ARTS, LE

TTRES E

T S

CIE

NC

ES

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

■ Il est tentant de distinguer celuiqu’une force irrépressible pousse àcréer sans souci de trouver un public,comme Rimbaud, Van Gogh ou Monk,de celui dont le but premier est deparvenir à vendre le produit de sontravail, comme Monet, Balzac ouEllington. Mais y a-t-il une réelleopposition entre les œuvres « spon-tanées» et les œuvres dites alimen-taires ? À l’écoute, peut-on faire ladifférence entre un interprète habitépar ce qu’il joue et un autre dont lejeu est dicté par le souci de séduirele public? Une œuvre de commandeest-elle moins sincère qu’une piècecomposée pour soi-même ?

BachPour Bach, cette distinction est vaine,comme le montre un enregistrementrécent de l’ensemble Le Banquet célestedirigé par le contre-ténor DamienGuillon : deux très belles cantates avecvoix d’alto solo, Geist und Seele wirdverwirret et Vergnügte ruh, beliebte

Seelenlust, com-positions heb-d o m a d a i re sa u x q u e l le sBach étaittenu par soncontrat demaître de

chapelle de Leipzig; lamonumentale Fantaisie et fugue pourorgue en sol mineur, écrite sans douteen mémoire de sa femme MariaBarbara, et la transcription pour orguede la Sonate en trio n° 3, avec MaudeGratton à l’orgue de l’église réforméedu Bouclier à Strasbourg 1. Aucunedifférence de niveau, est-il besoin dele dire, entre ces quatre œuvres – maispeut-on parler de niveau pour Bach?

Les VariationsGoldberg sontl’exemple mêmede l’œuvre de com-mande – pour meu-bler, dit-on, lesinsomnies du comte de Kaiserling –qui est en même temps un chef-d’œu-vre intemporel. Le claveciniste fran-çais Frédérick Haas les a enregis-trées sur un clavecin Hemsch de 1751pour l’ambitieuse collection La DolceVolta 2, qui veut faire du CD un objetde luxe, démarche courageuse pourrenouveler et sauver l’édition pho-nographique menacée par les télé-chargements et le piratage. Comparéeaux versions de référence jouées aupiano par Glenn Gould et MurrayPerahia, cette interprétation sur unclavecin d’époque se situe sur unautre registre, si l’on peut dire, moinsabstraite, plus fragile, plus humaine.

ExceptionsJohn Cage aurait eu cent ans cetteannée. Schoenberg, dont il fut l’élève,ne le considérait pas comme un com-positeur, mais comme un « inven-teur de génie ». Cédric Pescia vientd’enregistrer l’intégrale des Sonateset Interludes pour piano préparé 3,pièces qui méritent la découvertepour ceux qui ne sont pas familiersde la musique de cet artisan minu-tieux et profondément original, quioccupe une place à part dans la musi-que du XXe siècle. Il s’agit de piècestrès courtes (de deux à quatre minu-tes en général), qui mettent à profitles timbres multiples que l’on peutextraire des cordes du piano en lepréparant. Le résultat est une musi-que au pouvoir apaisant et presquehypnotique, semblable, d’une cer-

taine manière, aux musiques tradi-tionnelles tibétaines ou balinaises.Avec l’album Va et reviens, notrecamarade pianiste François de Larrard(78) a enregistré le troisième et der-nier opus de son quintette de jazzcontemporain Rose Vocat 4. Les afi-cionados du jazz, les familiers desconcerts Jazz X connaissent bien lejeu aérien et rigoureux de notre cama-rade (qui touche également du cla-vecin et joue aussi bien Couperin).Ce dernier disque, qui rassemble descompositions de François de Larrardet de son trompettiste Evans Gouno,a les mêmes caractéristiques queles précédents : arrangements rigou-reux, rythmes complexes, structu-res modales, un jazz sans conces-sion, presque austère, plus prochede Bartók que des Jazz Messengers,et qui surtout est parfaitement origi-nal, même s’il avoue quelquesemprunts à Monk.Enfin un interprète qui ne se prend pasau sérieux et qui nous donne unepetite merveille de musique pure,sans ambition autre que de réjouirl’âme : sous le titre Banalités, le ténorThomas Blondelle, accompagné aupiano par Daniel Blumenthal, a enre-gistré trente et une chansons dePoulenc, Satie, Ravel, Rossini, Brahms,Mahler et bien d’autres, en passantpar Richard Strauss, Copland, Berio 5,sans oublier l’inoubliable CathyBerberian et son Stripsody, hilaranteplaisanterie musicale. Des piècesexquises et jubilatoires, sur des tex-tes qui se veulent banals : Hôtel, Surl’herbe, Lob des hohen Verstandes,Schlechtes Wetter, The Lady whoLoved a Pig, Red Roses and RedNoses, Amor marinato, etc.Au fond, si l’on excepte quelques raresmoments d’exaltation ou de gravité,que nous soyons artistes ou artisans,nos vies elles-mêmes ne sont-ellespas tissées de ces banalités que nouspouvons, pour peu que nous ayonsla grâce, sublimer en autant de petitsbonheurs ? ■

Jean Salmona (56)

1. 1 CD ZIG ZAG.

2. 1 CD DOLCE VOLTA.

3. 1 CD AEON.

4. 1 CD [email protected].

5. 1 CD FUGA LIBERA.

63

DISCOGRAPHIE

ARTISTES INSPIRÉS OU ARTISANS APPLIQUÉS

La sincérité est un calcul comme un autre.JEAN ANOUILH, Becket

P.62-66 Arts et Lettre 26/04/12 7:34 Page 63

Page 66: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

LES GRANDS ENSEMBLESPierre Merlin (57)

Paris – La Documentation française,direction de l’information légaleet administrative – 2010

On parle aujourd’hui des cités ou desquartiers sensibles. Ils ont été construitspendant les trente glorieuses et onles appelait alors les grands ensem-bles. Ils constituaient la principaleréponse à la crise du logement de

l’après-guerre. Pour la première fois,l’État investissait massivement dansle logement social. Les architectesprétendaient mettre en œuvre la charted’Athènes (inspirée par Le Corbusier).Les premiers habitants y ont trouvéun logement correspondant à la taillede leur famille et doté de tout le confortsanitaire, ce qui n’était le cas que de2% des logements français au sortirde la guerre. Dès les années1960, on a fustigé la mono-tonie de l’architecture, l’ab-sence d’emplois, de com-merces et d’équipements àproximité, etc. À partir de1978, la réforme du finance-ment du logement incita lesménages à revenus moyens

à acquérir une maison individuelle enpériphérie des villes. Ils furent rempla-cés par des familles plus pauvres, sou-vent d’origine étrangère (on était àl’époque de la résorption des bidonvil-les et du regroupement familial). Onconnaît la suite : paupérisation, chô-mage, montée du racisme, sentimentd’exclusion, trafics, violence, émeu-tes. Depuis les années 1970, les gou-

vernements ont multiplié lesplans, tantôt pour améliorer lecadre bâti, tantôt pour aider àcréer des emplois. Ces plans,dont le dernier avatar est le pro-gramme national de rénovationurbaine, n’ont pas été inutiles.Ils ont ralenti la spirale néga-tive, mais sans l’interrompre.

ARTS, LETTRES ET SCIENCES

64

LIVRES

■ Le magnan de La Jaune et laRouge, ça se passe chez Cartouche.Aussi ai-je suivi le bouclage du jour-nal qui s’achève, chaque dernier ven-dredi du mois, dans ce restaurantpour un rituel de détente. Il va sansdire que ce nom de Cartouche n’estpas sans provoquer une certaineappréhension de ma part : repairede brigands? Tire-laine prêts à déro-ber mon portefeuille ? Gargote àétouffe-chrétiens? Notre arrivée dansla sombre taverne évoque un refugeconfortable et discret, à la mesurede personnages ambigus tel notreterrible Rédac-Chef. Dans ce monded’hommes, la secrétaire de rédac-tion, aux yeux innocents et cheveuxblonds, fait figure de Constance parmiles mousquetaires.Le tavernier (comment l’appeler autre-ment) nous accueille de sa haute taillechaleureuse, on sent les habitués.Dès que nous sommes installés, uneaccorte servante nous apporte un vinblanc qui chatouille agréablement lepalais. Il est accompagné d’amuse-gueule, crème de pissenlits et rillet-

tes, propices àséduire aussi biennos solides gail-lards que les inof-fensifs convivesque nous som-mes. Dans unecarte aux platsvariés, évoquantun terroir dompté par les idées moder-nes, je choisis une terrine de veau quimalheureusement ne tiendra pas toutà fait ses promesses (un peu tropgrasse, comme devaient l’apprécier,sans doute, les bandits d’antan). Jeregrette de ne pas avoir choisi (goû-tée dans l’assiette de ma voisine) lagrecque tiède de champignons à lacoriandre, plus subtile. Heureusement,le sancerre me trouble et m’enivre desa gouleyante palette et le pain, uncampagnard à la parisienne, est déli-cieux. Soucieux d’échapper à la crisede goutte, nous continuons par un filetde bar de ligne sur son lit de bette-raves râpées, honorable. Malgré cesagapes, je n’ai pas pu résister à l’élé-gance sucrée du macaron blanc orné

de quartiers de mandarine, qui m’estservi en fin de repas; très spectacu-laire à l’œil, un peu moins au palais.En sortant du lieu, un peu étourdie, jeme dis que l’essentiel de ce repaire,c’est la gentillesse de l’accueil, lecaractère reposant du lieu, la bonnehumeur du groupe avec lequel j’aidéjeuné – et la bonne tenue des vins.Après cette halte conviviale, j’ai décidéde mettre mon grain de sel dans tousvos repas de groupes. Alors chers Xgourmands ou gourmets, n’hésitezdonc pas à m’inviter. ■

Lady GastronomiX

Le Repaire de Cartouche,8, bd des Filles-du-Calvaire, Paris XIe.Vendredi 30 mars 2012.

MAGNANCARTOUCHE D’ENCRE

D.R

.

P.62-66 Arts et Lettre 26/04/12 7:34 Page 64

Page 67: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

ARTS, LE

TTRES E

T S

CIE

NC

ES

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

Le livre de Pierre Merlin replace cesquartiers en difficulté dans la lon-gue durée. Ils sont nés d’un mouve-ment d’idée (le mouvement moderne)né entre les deux guerres, qui a ral-lié tous les acteurs après la guerre.Après la satisfaction des débuts, ilsont subi une longue descente auxenfers. La crise des grands ensem-bles ne serait que le reflet exacerbéde la crise actuelle de la société fran-çaise. Une solution est-elle possi-ble ? Il faudra beaucoup d’argent,beaucoup de temps (au moins unegénération) et surtout beaucoup devolonté collective.

Madeleine JullienConservatrice générale

des bibliothèques

29, quai Voltaire, 75007 Paris.www.ladocumentationfrançaise.fr.

LA ONZIÈME HEUREIsabelle Pestreépouse de Gilles Pestre (76)et mère de Renaud Pestre (2008)Belfond – 2011

Ce premier roman est de ceux dontle souvenir vous habite longtempsaprès l’avoir refermé.L’histoire est simple,sinon ténue. Lisbeth aonze ans, ce sont lesvacances au bord de lamer. Elle est sensible etdélaissée par son entou-rage. Une amitié commeun coup de foudre la lie àun jeune homme étrange;l’enfance bascule à jamais.Elle deviendra une femmesecrète, insaisie (selon le

mot du poète), au seuil d’elle-même.Lisbeth vit sans exister, comme cesouvriers de la parabole qui attendentavant d’être embauchés par le Maîtrede la vigne. (La parabole se trouvedans le Nouveau Testament au cha-pitre 20, versets 1 à 16 de l'Évangileselon saint Matthieu.) Certains sont

pris dès le matin, d’autresplus tard. Quand arrive lesoir, à la onzième heure,alors qu’il ne reste plusqu’une heure de travail,le Maître vient encore unefois chercher des ouvriers.Bien des hommes sontpartis, certains n’ycroient plus, d’autresrefusent son appel. Demême, quand sonnerapour Lisbeth « laonzième heure», l’ac-

65

MANIFESTE POUR UNE SANTÉ ÉGALITAIRE ET SOLIDAIREAndré Grimaldi, Didier Tabuteau (78), François Bourdillon, Frédéric Pierru, Olivier Lyon-CaenOdile Jacob – 2011

Le système français de santé était classé premier dans le monde en 2000, une nouvelleanalyse a été faite en 2011. En une décennie, nous avons subi plusieurs crises : crise éco-nomique 2008-2011 (ralentissement de la croissance mondiale), crise de la santé en France(sang contaminé, canicule 2003, hormone de croissance et on oublie la prévention), crised’identité professionnelle (accroissement de l’écart entre mission et moyens, coût des moyens),crise démographique (réduction de 1970 à 1990 du nombre des médecins formés). Nous avonssubi une déconstruction des services publics de santé (les sept points suivants) : la distinctionpublic-privé est progressivement effacée ; la tarification à l’acte a eu des inconvénients (aggravation des inégali-tés) ; la dérive des dépassements d’honoraires ; des hésitations entre avancées et renoncements : pas assez desécurité routière et d’IVG, trop d’alcool et de tabac; l’insuffisance de la place accordée aux associations de patients;l’augmentation du « reste à la charge du patient » (forfaits, franchises, dépassement d’honoraires) ; le débat surla « dépendance » est enfin amorcé mais il l’est à peine.Six propositions en vue d’une nouvelle politique : solidarité (entre malades et bien portants, riches et pauvres) ;égalité (accès à des prestations identiques) ; prévention (nous n’y consacrons que 7 % des dépenses de santé ;domaines à développer) ; qualité des soins (d’abord guidage par les généralistes et les pharmaciens, évaluationdes résultats) ; éthique médicale (autonomie du médecin, prescription du juste soin au juste coût) ; démocratiesanitaire (la part des richesses à consacrer à la santé peut résulter d’un choix démocratique).Il faut donc conforter et développer les quatre services publics de santé :– service public d’assurance maladie (pour un accès universel) : améliorer les remboursements,– service public de médecine de proximité à reconstruire (délégué aux médecins libéraux éventuellement regroupés),– service public hospitalier à refonder (réduit aux hôpitaux et aux cliniques avec des dépassements),– service public de sécurité sanitaire et de prévention collective à instituer (police sanitaire, veille épidémiologi-que, vigilance sanitaire, médecine du travail, médecine scolaire, médecine de PMI, promotion de la santé).Nous ne pouvons, faute de place, citer les 123 signataires, mais nous croyons utile cependant d’évoquer : OlivierBernard (Médecins du monde), François Bourdillon, Rony Brauman, André Grimaldi, Stéphane Hessel, Évelyne Lenoble,Olivier Lyon-Caen, Frédéric Pierru, Didier Tabuteau (78), Pierre Tartakowsky (droits de l’homme), Michel Tubiana.

Jacques Bourdillon (45)

15, rue Soufflot, 75005 Paris. www.odilejacob.fr

P.62-66 Arts et Lettre 26/04/12 7:34 Page 65

Page 68: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

cueillera-t-elle ? Consentira-t-elleenfin à vivre ?Isabelle Pestre écrit ici son premierlivre. Dans ce roman, elle donne librecours à un authentique talent d’écri-vain. L’histoire est menée solidement,l’écriture magique, profuse, boule-versante.Le lecteur aimera ce livre, je le luipromets.

Henri Brunel, écrivain

Belfond, 12, avenue d’Italie, 75013 Paris.

ANTOINE-RÉMYPOLONCEAU(1778-1847)Un homme libreUn ingénieur au parcourséclectique

Denis Hannotin et Christine MoissinacPresses des Ponts – 2011

Que faut-il au fond transmettre, etcela, quelle que soit l’époque, il y adeux cents ans comme maintenant,sinon la force d’imaginer, la capa-cité d’analyse, la volonté d’entrepren-dre et de servir, la force d’initiative,

même dans desdomaines horsdes compé-tences initia-les, et enfinl’esprit derigueur ?Telle est laquestion,plus quej a m a i sd’actua-

lité, que poseClaude Martinand (64) dans

l’introduction de cette biographie.X1796, une des toutes premières pro-motions de l’École polytechnique,Antoine-Rémy Polonceau, ingénieurdu corps des Ponts et Chaussées, per-sonnifie la réussite de cet objectif.Ce livre très documenté s’apparenteà un travail universitaire par sa rigueuret ses sources mais c’est, surtout,le récit d’aventures d’un ingénieurhaut fonctionnaire n’hésitant pas àintervenir dans le développement dupaysage industriel français : intro-

duction en France de techniques rou-tières (de Mac Adam), création deroutes et de canaux, développementde voies ferrées, conception de pontsen fonte, création de la premièreécole d’agriculture de France(Grignon).Sa marque reste visible : viaduc deMeudon, tracé de la route du Simplon,conception du pont de Triana à Séville,itinéraire des voies Paris-Versailleset Paris-Rouen et, bien sûr, l’Agro oùla grange Polonceau existe toujours.

Charles-Henri Pin (56)

15, rue de la Fontaine-au-Roi,75127 Paris Cedex 11.

ARTS, LETTRES ET SCIENCES

66

1) POSITIF EN TOUT ESPACE Factorisons les éléments de la somme comme produit scalaire de vecteurs, dansun espace (à 2 ou 3 dimensions) contenant les 4 points.AB 2 – BD 2 = (AB + BD) (AB – BD) = AD (AB – BD), CD 2 – AC 2 = (CD + AC) (CD – AC) = AD (CD – AC), d'où la somme BC 2 + DA 2 + AD (AB – BD + CD – AC) = CB 2 + AD 2 +AD (2CB) = (CB + AD) 2.C'est le carré d'un vecteur CB + AD = AB + CD qui s'annule si et seulement si ABCDest un parallélogramme, cas où l'inégalité de l'énoncé devient égalité.

2) D‘UNE DIFFÉRENTIELLE L‘AUTRENotons F l'expression ay'' + by' + cy. Les 7 expressions z, z', z'', z''', yF, y'F, yF' sontfonctions linéaires des 6 monômes y 2, yy', yy'', yy''', y' 2, y' y''. Éliminant ces derniers,on obtient a 2z'''+ 3abz''+ (4ac + ab' +2b 2 – ba' )z' + 2 (2bc – a'c + ac' )z = 2ayF'+ 6ay'F +2yF(2b – a' ) d'où l'équation différentielle demandée, le second membre étant nul.

3) COMBINAISON CACHÉENotant abcdefgh les 8 couleurs, on peut tester abcde, puis (si le score n'est pas 5)remplacer successivement a, b, c,... par h : dès qu'apparaît un changement du scoreinitial, on connaît la nature (bon ou mauvais) de h, de la couleur que h remplaceà ce moment, et des couleurs déjà comparées à h. Un 6e test peut être nécessaire pourconnaître la nature de f et g.Mais on peut faire mieux : 5 questions bien choisies suffisent, dans le cas a) comme dansle cas b). Solution dans un prochain numéro.

POST-SCRIPTUM À POLYGONE EN RÉSEAU(LA JAUNE ET LA ROUGE DE FÉVRIER 2012)Christian Stéfani (69) et Pierre Ranvier (47) forment, à partir d'un polygone régulierconvexe A 1 A 2 ... Ap de p > 4 côtés, le polygone B 1 B 2 ... Bp dans lequel Bi complètele parallélogramme Ai –1 Ai Ai +1 et appartient au réseau si c'est le cas des Ai.Ce polygone est homothétique au premier par rapport au centre O, dans le rapport2cos(2π/p) –1 (strictement compris entre –1 et 1), et ne se réduit pas au point O si p ≠ 6.D'où, en répétant l'opération, une infinité de polygones de plus en plus petits,impossibles à inscrire dans un réseau sauf si p = 3, 4 ou 6.

POST-SCRIPTUM À INTÉGRITÉ HYPERBOLIQUE(LA JAUNE ET LA ROUGE DE FÉVRIER 2012)Roger Lassiaille (54) a étendu l'étude de la récurrence des coordonnées au cas de d nonentier. Quand 0 < |d| < 2, la courbe est une ellipse où la suite des coordonnées peut être(ou non) périodique.

SOLUTIONS DES RÉCRÉATIONS SCIENTIFIQUES

Il faut jouer ♣ du mort et couvrir lacarte d’Est. Ouest est en main et n’apas de retour, vous allez faire 5♦,3 ♣ et 1♥.

Malheureusement mon partenaireDumazet a joué ♠ et a fini par chuterd’une – il ira cependant en DN1 l’anprochain.

SOLUTIONS DU BRIDGE

OUEST

♠ A R 9

♥ R V 7 6 4

♦ 7 6 4

♣ D 2

EST

♠ 7 5 4

♥ 10 8 3 2

♦ V 3 2

♣ R 10 5

P.62-66 Arts et Lettre 26/04/12 7:34 Page 66

Page 69: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

la jaune et la rouge • décembre 2011 1

vie des entreprises

Dossier réalisé par FFE pour le service commercial de La Jaune et La RougeContacts : Michel Baratta ([email protected]) - Tél. : 04 94 51 06 09 – Fax : 04 94 51 61 60 Mickael Guetta ([email protected]) - Tél. : 01 73 04 78 43 – Fax : 01 43 73 81 60

Les thèmes de ce numéro

> CONSTRUCTION DURABLE

QUALITEL - Raphaël Slama (60) (p.68)

SoLETAnchE FrEySSInET - Bruno Dupety (75) (p.69)

BoUyGUES conSTrUcTIon - Christian Gazaignes (78) (p.70)

APAVE - Van Phuc Lê (64), Marc Granier et Michel Baravalle (p.72)

cSTB - Bertrand Delcambre (72) (p.74)

LAFArGE - Pascal Casanova (87) et Rachid Benyakhlef (79) (p.76)

SocoTEc - Vincent Oudin (83) (p.78)

EUroVIA-GroUPE VIncI - Jacques Tavernier (70) (p.80)

LA FnTP - Jean-Louis Marchand (69) (p.81)

GroUPE GA - Samir Rizk (70) (p.82)

la jaune et la rouge • mai 2012 67

Page 70: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

vie des entreprises

68 la jaune et la rouge • mai 2012

Comment statue-t-on aujourd’hui sur la qualité

d’un habitat ?

La qualité de l’habitat repose bien évidemment sur des critères de solidité, de sécurité et de confort, car il est avant tout un abri pour l’homme. D’autres exi-gences se sont greffées sur celles-ci depuis quelques années. Nous parlons désormais de bâtiment durable. Cette durabilité se mesure selon quatre critères : l’empreinte écologique (toutes les ressources consom-mées et les pollutions émises pour la réalisation des équipements, de l’infrastructure, etc.), les consom-mations pendant la durée d’exploitation du bâtiment, la santé environnementale (pour laquelle est paru un arrêté qui oblige les fabricants à communiquer les émissions en substances indésirables des produits de construction), et enfin la sensibilisation de l’oc-cupant qui doit être au fait des efforts en la matière.

Qu’implique l’évolution de la législation en

matière de réglementation thermique pour les

professionnels et les usagers ?

Depuis le choc pétrolier de 1973, l’État mène une politique active de réduction de la consommation d’énergie, et, depuis quelques années, il s’intéresse de près aux gaz à effet de serre. La nouvelle régle-mentation RT 2012, qui fait suite à la RT 2005, sera appliquée à tous les secteurs à partir du 1er janvier 2013. Pour y préparer les maîtres d’ouvrage, les auto-rités publiques ont lancé des labels, dont le BBC (Bâtiment à basse consommation), qui permettent d’anticiper les réglementations et de préparer sa mise à niveau. L’association Qualitel intervient durant cette phase via les certifications pour accompagner les maîtres de l’ouvrage vers les bonnes solutions.

La certification procure une mesure de la performance du bâtiment et permet aux maîtres d’ouvrage d’étayer leur dossier de financement auprès des ins-tances publiques. D’autre part, cette évolution de la législation est l’occasion pour le preneur d’adopter des reflexes intelligents pour l’exploitation de ces bâtiments. Celui-ci est partie prenante de la chaîne de durabilité. Pour ce faire, nous avons mis en place deux outils. Le premier est un guide de la qualité, utile pour l’acquisition, la réhabilitation, etc., dis-ponible gratuitement sur le Web. Le second est un CD-ROM, le Guide pour l’information sur les équipe-ments du logement et leur entretien (GISELE), réalisé conjointement avec le promoteur et que l’on remet aux particuliers ayant acquis le logement. Ce guide apporte toutes les informations sur le matériel, l’en-tretien, etc. Nous ambitionnons d’en faire un guide de la vie de la copropriété sur internet, qu’il sera possible de mettre à jour régulièrement.

Quelles sont les certifications proposées ?

Actuellement, pour le logement neuf, nous proposons trois types de certifications : Qualitel, Habitat & Envi-ronnement, et enfin, NF Logement. Cette dernière, appréciée des promoteurs, nécessite l’application d’une démarche qualité. Pour les autres, l’accent est mis sur la qualité du bâtiment, sans prérequis sur le système qualité.

Aussi bien l’usager que le maître de l’ouvrage sont aujourd’hui

parties prenantes dans les enjeux de qualité de l’habitat.

Raphaël Slama (60), président de l’association Qualitel, nous

explique l’importance de cette double vision dans la promotion

des constructions durables.

Renforcer le rôle des particuliers

Raphaël Slama (60),

président de

l’association Qualitel

BIO EXPRESS

Diplômé de l’École polytechnique et de l’École des Ponts-et-Chaussées et titulaire d’un master de l’université de Berkeley, Raphaël Slama (60) a consacré sa carrière au domaine de la construction, notamment dans son impact sur l’environnement, en dirigeant, entre autres, le Centre d’études techniques de l’équipement Nord-Picardie à Lille puis le Centre scientifique et technique du bâtiment. Il préside l’association Qualitel depuis 2002.

COnstrUCtiOn dUrABLe

En BREf

Qualitel est une association indépendante à but non lucratif créée en 1974 dont la mission consiste à promouvoir la qualité de l’habitat au moyen de la certification auprès des professionnels et de la sensibilisation du public.

Page 71: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

la jaune et la rouge • mai 2012 69

vie des entreprises

Quels sont les enjeux et les grands axes de votre politique de déve-

loppement durable ?

Depuis le lancement de sa politique de développement durable en 2010,

Soletanche Freyssinet s’engage à modifier ses pratiques environnementales

et sociales, mais également à en faire le moteur de ses innovations. Pour

cela, le groupe s’est fixé 4 axes de travail, communs à l’ensemble de ses

filiales : l’évaluation, l’anticipation et la réduction des impacts environ-

nementaux des activités ; la poursuite du développement de procédés

plus économes en matières premières et moins impactants ; le dévelop-

pement de services à dimension durable et enfin la consolidation de son

engagement social et citoyen.

Comment parvenez-vous à réduire l’impact environnemental de

vos activités ?

Il y a plusieurs façons de réduire l’impact environnemental. Cela peut

aller de la prévention des pollutions à la préservation des ressources

naturelles, jusqu’à la gestion et au recyclage des déchets. Soletanche

Freyssinet travaille aussi à la conception de matériaux, d’équipements et

de procédés moins impactants, comme par exemple le soil mixing. Cette

technique développée par Soletanche Bachy permet de réduire l’apport

de matériaux grâce à une réutilisation du terrain en place. On peut éga-

lement agir sur la résilience des matériaux. Conçue par Freyssinet, Foreva®

est une gamme de solutions qui permet de prolonger la durée de vie des

ouvrages en béton en limitant, par exemple, les effets de la corrosion

par un procédé de protection cathodique. Accroître la résistance des

éléments, tel est également l’objectif des travaux R&D de Terre Armée sur

les armatures synthétiques, adaptées aux environnements alcalins.

Le groupe propose également des outils d’éco-conception et des

services à dimension durable…

Basés sur le principe de l’analyse du cycle de vie d’une infrastructure, les

outils d’éco-conception permettent de choisir parmi plusieurs alternatives

la solution technique la plus adéquate. PRISM, notamment, est un logi-

ciel de réalisation de bilans environnementaux mis au point par Soletanche

Bachy qui permet de comparer les impacts sur l’environnement de dif-

férents procédés techniques grâce à la mesure de nombreux indicateurs :

production de déchets, consommation d’eau, émission de gaz à effet de

serre, etc. Pour accompagner ses clients tout au long du processus de

développement durable, Soletanche Freyssinet a développé des services

spécialisés tels que la dépollution de sol par le biais de sa filiale Sol

Environment ; le traitement des déchets nucléaires et le démantèlement

des installations, une expertise de la société Nuvia ; ou encore le suivi

d’infrastructures qui permet d’optimiser la maintenance des ouvrages et

les réparations éventuelles, un savoir-faire développé par ses filiales

Advitam et Soldata.

Face aux exigences de plus en plus marquées en matière de développe-

ment durable, nos activités d’innovation et de R&D sont tout orientées

sur ces problématiques pour proposer des solutions toujours plus per-

formantes, plus économiques et plus durables.

Le développement durable, moteur d’innovations

Présent à la fois dans les métiers du sol, des structures et du

nucléaire, Soletanche Freyssinet est l’un des groupes leaders

mondiaux du génie civil spécialisé.

Sa politique de développement durable, mise en place à

l’échelle globale en 2010, est aujourd’hui au centre de sa

dynamique de croissance. Le point avec Bruno Dupety (75),

administrateur-directeur général du groupe.Bruno Dupety (75),

administrateur-directeur général

en Bref

Le groupe Soletanche Freyssinet est constitué de 5 marques Soletanche Bachy, Menard et Terre Armée, trois entreprises spécialisées dans les métiers du sol ; Freyssinet, dédiée aux structures, et Nuvia, spécialisée dans les métiers du nucléaire. Ensemble, elles forment un groupe multiculturel de 18 000 collaborateurs, implanté dans près de 80 pays. En 2011, le groupe a réalisé un CA de 2,4 Mds €.

Bio express

Ancien élève de l’Ecole Polytechnique (75) et de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées et titulaire d’un Master de Sciences de l’Université de Berkeley, Bruno Dupety est administrateur-directeur général de Soletanche Freyssinet. En 2010, il est nommé Directeur Général Délégué de VINCI Construction. Il est membre du Comité Exécutif de VINCI.

COnstrUCtiOn dUrABLe

Page 72: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

vie des entreprises

70 la jaune et la rouge • mai 2012

Quels sont les enjeux à prendre en compte dans le domaine de la

construction durable ?

L’important, pour nous, est de rester à la pointe des évolutions du mar-

ché afin de proposer à nos clients des produits de haute qualité envi-

ronnementale. Nous distinguons deux domaines : le bâtiment et les

travaux publics. La technologie en maîtrise de la consommation d’éner-

gie dans le secteur du bâtiment se perfectionne pratiquement tous les

mois. L’objectif est de réaliser des bâtiments autonomes et exploitables

de façon économe. Nous mettons par exemple aujourd’hui en place des

systèmes de chauffage avec des échanges de chaud et de froid en fonc-

tion de l’exposition au soleil. En matière d’ouvrages de travaux publics,

on constate, pour l’instant, que c’est encore très balbutiant. Il n’y a pas

vraiment eu d’évolutions dans ce secteur mais il existe des idées, notam-

ment sur la façon d’utiliser les tunnels pour récupérer la chaleur ou

favoriser les échanges thermiques entre l’eau du terrain et la surface.

D’autre part, la recherche de nouvelles énergies nous offre, de manière

indirecte, de travailler sur des projets liés au développement durable.

La France a ainsi proposé un programme de construction de champs

d’éoliennes en mer. Cela a des conséquences pour nous au niveau des

procédés de construction à développer et des modèles que nous pour-

rions industrialiser. Un appel d’offres pour l’installation de parcs éoliens

a été lancé sur cinq champs et il a fallu travailler avec les propositions

d’Areva, d’EDF, de Suez, d’Alstom. Nous devions en fonction de leurs

propositions inventer des procédés de construction pour poser 250 ou

300 éoliennes. Notre mission a été de créer des supports en béton fabri-

qués à terre, remorquables en mer avant d’être posés par 40 ou 50 m

de profondeur. Etant donné le grand nombre d’éoliennes, il a fallu

imaginer des méthodes économiques et multipliables. Pour faire face à

ce type de demande, il est indispensable d’anticiper les techniques.

Comment Bouygues Construction intègre-t-il l’éco-conception et

l’environnement dans ses projets ?

Nous avons développé des services, des bureaux d’ingénierie particuliers

qui se sont spécialisés sur les problématiques d’environnement et sur

les stratégies de compensation. Ces bureaux mesurent l’impact, l’em-

preinte des constructions sur leur environnement. Il s’agit de dévelop-

pements internes mais également de partenariats avec des organismes

spécialisés extérieurs. Nous avons ainsi créé la société Biositiv dont

l’objectif est de favoriser la biodiversité commune : par exemple, l’im-

pact d’un autoroute sur la faune, la forêt, les écosystèmes qu’il traverse.

Comment Bouygues Construction procède-t-il à la diminution de

l’émission de CO2 ?

Nous avons mis en place des logiciels de calcul et de mesure. Nous

évaluons ainsi en permanence l’impact CO2 global de nos ouvrages en

limitant par exemple les transports, les besoins en matériaux… Une des

difficultés de notre métier est que 80 % de notre émission carbone

provient de la fabrication de l’acier et de la fabrication du ciment que

nous intégrons dans nos ouvrages. Cela échappe donc à notre effort.

En revanche nous pouvons en exploitation diminuer l’empreinte carbone

en utilisant des stratégies de développement durable sur les équipements

installés dans les bâtiments. 20 % de notre empreinte CO2 provient de

notre propre activité : le transport de nos matériaux, le transport des

personnels, la consommation des chantiers et des engins. Nous avons

L’art et la manière

Acteur reconnu depuis cinquante ans dans le secteur de la

construction d’écoles, d’hôpitaux, de logements, de

stades, de réseaux haut-débit, d’éclairages publics et

d‘infrastructures, Bouygues Construction a aujourd’hui pour

objectif d’être leader en construction durable. Entretien

avec Christian Gazaignes (78), Directeur Général de la

filiale Bouygues Travaux Publics.

de construire durablement

Christian Gazaignes (78), Directeur Général de la filiale

Bouygues Travaux Publics

Bio exPress

Christian Gazaignes (78), est également diplômé des Ponts et Chaussées en 1980. Il a débuté il y a trente et un ans

chez Bouygues en tant qu’ingénieur au bureau d’Etudes de structures. Il est devenu en 2003 Directeur Général de

l’activité Travaux Publics de Bouygues Construction.

COnstrUCtiOn dUrABLe

Page 73: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

la jaune et la rouge • mai 2012 71

vie des entreprises

des stratégies pour diminuer ces impacts mais ce sont des stratégies à

faible impact par rapport à l’empreinte globale qu’implique une construc-

tion.

En quoi la promotion d’une construction durable auprès de vos clients

est-elle une priorité ?

Nous répondons avant tout aux besoins de nos clients. Aujourd’hui, la

tendance s’est inversée et nos clients souhaitent construire des immeubles

à haute qualité environnementale, des immeubles à basse consommation

en exploitation... Ces demandes ont dépassé 50 % des demandes du

marché en l’espace de cinq ans. En revanche, en ce qui concerne l’in-

frastructure de génie civil, nos clients peinent à se convertir à la construc-

tion durable à cause du coût induit. Ainsi, les administrations gouver-

nementales sont, par exemple, peu intéressées par des éco-variantes

sur des autoroutes.

Bouygues Construction rénove actuellement son siège social, Chal-

lenger. Pouvez-nous nous en dire plus sur ce chantier ?

Challenger servira de vitrine commerciale pour les clients et de terrain

d’expérimentation de solutions dans le domaine de l’économie d’éner-

gie. Nous sommes la première division à occuper les bureaux modifiés.

C’est une opération qui va s’étaler sur à peu près trois ans. Challenger

consommera à la fin de la rénovation 10 % de ce qu’il consommait avant

le début des travaux.

Pouvez-vous nous donner des exemples des nouvelles techniques

mises en place au sein du site ?

Nous avons des façades intelligentes avec des stores automatiques qui

s’ouvrent et se ferment en fonction de l’ensoleillement, nous avons des

systèmes de pompes à chaleur qui transfèrent la température des façades

chaudes vers les façades froides et réciproquement avec des systèmes de

connexions à des sources de températures constantes qui sont à 100m de

profondeur, c’est le principe des puits canadiens. Tout le système de bureau

est réfléchi de façon à ce que la climatisation de toutes les parties soit

particulièrement efficace Nous avons aussi tout un système de traitements

des eaux usées en circuit fermé et une station de traitements des eaux

naturelles dans notre parc. Tous les éclairages de plateaux ont été repen-

sés avec des éclairages individuels commandés manuellement beaucoup

plus proches. L’éclairage général est quant à lui beaucoup plus léger. Les

systèmes d’éclairage dans les parties communes s’allument et s’éteignent

automatiquement en fonction du passage. Tous ces mécanismes ont été

conçus afin de mieux gérer les consommations et de les optimiser

en Bref

Bouygues Construction, filiale du groupe Bouygues, est spécialiste dans les secteurs du bâtiment, des travaux publics, des services et de l’énergie. Ses 52 000 collaborateurs sont présents dans 80 pays. En 2011 la société a réalisé un chiffre d’affaires de 9,8 milliards d’euros. Bouygues Travaux Publics fait partie des sept entités complémentaires du groupe. Cette filiale a représenté 12 % du chiffre d’affaires global de Bouygues Construction en 2011.

COnstrUCtiOn dUrABLe

Page 74: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

vie des entreprises

6 la jaune et la rouge • décembre 2011

vie des entreprises

Entreprise spécialisée dans la maîtrise des risques, pouvez-vous

présenter l’activité bâtiment d’Apave ?

L’activité bâtiment et génie civil représente environ 20 % des activités du groupe, soit plus de 1 500 personnes en France et dans le monde. Les enjeux de nos clients portent sur la solidité, la sécurité, la performance des ouvrages lors de leur conception et de leur réalisation, sur l’impact du processus de construction lui-même, en terme de sécurité ou d’en-vironnement, ou encore sur le maintien en service ou l’évolution opti-male des ouvrages existants, constitutifs d’un patrimoine ou utiles à une exploitation commerciale, industrielle ou autre. Le métier d’Apave consiste à évaluer les risques d’ordre notamment technique en vue de leur maîtrise, permettant ainsi à des maîtres d’ou-vrages, des exploitants, des responsables d’établissements ou des ges-tionnaires de patrimoine de prendre des décisions en connaissance de cause, éclairés par une tierce-partie compétente et indépendante.Apave intervient ainsi comme contrôleur technique de constructions pour contribuer à prévenir les aléas techniques tels que, par exemple, la solidité des bâtiments, la sécurité des personnes, l’accessibilité des personnes handicapées, l’isolation acoustique, la performance énergé-tique.Apave assure des missions de coordonnateur SPS (Sécurité et Protection de la Santé) afin de prévenir les risques d’accidents liés à la co-activité des différentes entreprises intervenant sur un chantier.Enfin, les équipes d’Apave interviennent comme conseil et aide à la

décision du maître d’ouvrage et du gestionnaire immobilier, afin d’op-timiser la performance de son patrimoine, de relever les nouveaux défis énergétiques et environnementaux (HQE, BBC- Bâtiments Basse Consom-mation, BEPOS-Bâtiments à Energie Positive) au regard des aspects réglementaires et des performances techniques.

Suite au Grenelle de l’environnement I et II, la réglementation va évoluer

pour aller vers des bâtiments qui intègrent la notion de développement

durable. Pouvez-vous nous faire un point sur la situation ?

L’énergie et les gaz à effets de serre sont un enjeu majeur du développement durable. Or, le secteur du bâtiment est le plus gros consommateur d’éner-gie en France, environ 70 millions de tonnes d’équivalent pétrole, soit plus

Apave : accompagner les acteurs du bâtiment dès l’amont

Alors que la RT 2012, (règlementation thermique 2012) dont l’objectif est de réduire fortement

les consommations énergétiques des bâtiments, entre en vigueur, messieurs Van Phuc Lê (64),

vice-président d’Apave, Marc Granier, directeur Bâtiment et Génie civil Apave et Michel

Baravalle, directeur de la région Sud-Est au sein de la filiale Apave Sudeurope SAS

répondent à nos questions sur le bâtiment et les enjeux de cette nouvelle réglementation.

Van Phuc Lê (64), vice-président d’Apave, président d’Apave Développement, directeur

général d’Apave International (Asie et Afrique de l’Ouest)

72 la jaune et la rouge • mai 2012

COnstrUCtiOn dUrABLe

Marc Granier, directeur Bâtiment et Génie civil Apave

L’activité bâtiment et génie civil représente environ 20 % des activités du groupe, soit plus de 1 500 personnes en France

et dans le monde.

Michel Baravalle, directeur de la région Sud-Est

au sein de la filiale Apave Sudeurope SAS

Page 75: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

vie des entreprisesvie des entreprisesvie des entreprises

de 40 % de l’énergie finale totale, et génère plus de 120 millions de tonnes de CO

2 soit plus de 20 % des émissions nationales.

Ce secteur représente plus de 400 000 entreprises et 3 millions d’actifs et il associe un très grand nombre d’acteurs : maîtres d’ouvrages, architectes et maîtres d’œuvre, bureaux d’études, bureaux de contrôle, entreprises de travaux, fabricants de produits de construction, équipementiers, sociétés de services et exploitants.Le Grenelle de l’environnement et ses lois du 3 août 2009 et du 12 juillet 2010 imposent aux maîtres d’ouvrages et aux professions qui conçoivent, construisent, réhabilitent ou gèrent les parcs immobiliers d’économiser les ressources énergétiques, les matières premières et de réduire les émissions de gaz à effet de serre en gardant un habitat sain et confortable. Il est aussi demandé de préserver le pouvoir d’achat des ménages face à l’augmen-tation du prix de l’énergie.Pour le seul secteur des logements existants les objectifs sont de réduire de 40 % les consommations d’énergie des bâtiments et de rénover, entre autres, les 800 000 logements sociaux les plus énergivores d’ici 2020. Ces objectifs sont aussi valables pour tous les types de logements, pour l’in-dustrie et le tertiaire.

Quelles sont les actions d’Apave pour répondre à ces enjeux ?

L’enjeu fondamental de la filière bâtiment est l’atteinte des exigences de performance globale et sa pérennité, lors de la construction ou de la rénovation d’un bâtiment, passant d’une culture de moyens à une culture de performance et de résultats. Au cœur de cet enjeu, le maître d’ouvrage, constructeur de bâtiments neufs ou le propriétaire à la recherche de l’amélioration optimale d’un patrimoine existant et qui a besoin de se situer et d’obtenir des informations clés lui permettant de prendre des décisions en temps opportun. Apave est à ses côtés pour l’accompagner dans cette démarche. Nous fournissons pour cela plusieurs propositions dont la première est l’accompagnement lors de l’innovation. Nous évaluons la faisabilité de l’innovation en amont de la réalisation afin d’établir le caractère réaliste des solutions techniques innovantes, du budget alloué et du délai imparti avec les différentes parties prenantes. Nous orientons les différents acteurs dans les multiples systèmes de reconnaissance de la performance des produits et de leur adéquation avec l’ouvrage (exemples : marquage CE, certifications, avis techniques CSTB, etc.). Apave accompagne aussi les PME, TPE qui mettent en place ces techniques notamment pour que les assurances puissent couvrir la responsabilité décennale des constructeurs.

Une de vos propositions est aussi de renforcer la coopération entre les

différents acteurs de la construction. Pouvez-vous nous expliquer ?

Apave développe ses missions de maîtrise des risques en y intégrant le management de la performance, en complément et en prolongement du contrôle technique. Elles permettent de mobiliser les acteurs de la construction dans le processus de maîtrise de la qualité et de la perfor-mance de leurs ouvrages. Comment ? Par une sensibilisation aux points critiques et le suivi de leurs propres dispositifs de supervision de leur production, mais aussi par des évaluations et des contrôles spécifiques et préventifs.

Vous êtes des leaders de la formation dans le bâtiment, est-ce un volet

important de vos propositions ?

Bien évidemment, s’il est un domaine où Apave a un véritable savoir faire c’est bien le domaine de la formation des acteurs de l’acte de construire. Une bonne formation et la qualification des acteurs sont nécessaires car la mise en œuvre est déterminante dans l’atteinte des niveaux de performance recherchés.

Face à l’enjeu de la performance des bâtiments, comment accompagnez

-vous les maîtres d’ouvrages et les équipes de construction ?

L’important, nous l’avons déjà dit, est le respect des objectifs sachant qu’une obligation de résultat pèse sur la performance des ouvrages et équipements réalisés par les constructeurs. Cela est possible en accom-pagnant les acteurs dès l’amont lors des phases de conception puis de réalisation. Apave intervient à travers des missions d’analyses de risques, de mesures, d’essais, de contrôles externes, d’inspection. Si ces actions sont effectuées dans une optique préventive, suffisamment en amont, elles limitent les risques de non-conformité et les éventuels dérapages en termes de coûts et de délais.

En BrEf

Née sous l’impulsion d’industriels, en 1867 à Mulhouse, sous statut associatif, Apave est aujourd’hui un Groupe avec près de 10 000 collaborateurs en France et dans le monde. En France : 130 agences, 31 laboratoires et centres d’essais, 143 centres/espaces de formation. A l’international : plus de 45 implantations.

www.apave.com

la jaune et la rouge • mai 2012 73

COnstrUCtiOn dUrABLe

Les équipes d’Apave développent les missions de maîtrise des

risques en y intégrant le management

de la performance, en complément du contrôle

technique.

Page 76: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

vie des entreprises

Pouvez-vous retracer l’histoire du CSTB ?

Le CSTB a vu le jour en 1947 pour animer, super-viser et codifier la reconstruction de la France dévastée par la guerre. Dès lors, il s’est impli-qué dans de grands projets de société, grâce à l’élargissement de ses compétences et domaines d’expertise, mais aussi à son internationalisa-tion : contribution à l’édification de l’espace européen, reconstruction de pays du tiers monde, élaboration de nouvelles règles ther-miques suite aux chocs pétroliers, etc. En 1980, j’ai été chargé de créer un site à Sophia-Anti-polis pour travailler sur les énergies solaires. Mais l’avènement du nucléaire a interrompu nos travaux. Nous nous sommes donc spécia-lisés dans le développement d’applications liées aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, appliquées au bâti-ment, pour faciliter l’accès à la réglementation technique. Nous avons également travaillé sur l’intelligence artificielle et la robotique. À la fin des années 1990, grâce à l’ADEME, nous avons relancé nos recherches sur le solaire thermique et photovoltaïque. Et aujourd’hui, forts de notre expertise, nous avons posé les bases d’un parcours ambitieux pour demain, à portée du monde du bâtiment, à condition que tous les acteurs du secteur – État, profes-sionnels, chercheurs, etc. – restent mobilisés autour d’une cause : l’édification de bâtiments durables, économes et sains. Un important travail est également réalisé pour la mise sur le marché d’une offre globale pour les bâtiments collectifs résidentiels permettant de répondre aux exigences de la future régle-mentation thermique 2012, et de réaliser des bâtiments basse consommation (BBC) sans surcoût par rapport aux matériaux tradition-nels. Un Pass Innovation est en cours d’ins-truction auprès du Centre Scientifique et Tech-nique du Bâtiment.

Comment s’articulent vos différentes mis-

sions ?

Quatre piliers forment la base de toutes nos actions.

• La recherche appliquée, le CSTB couvre un large spectre de disciplines et de technologies, s’appliquant à tous les domaines de la construc-tion, y compris l’environnement urbain, la santé, les sciences de la communication, l’éco-nomie et le social. Il accompagne ainsi les politiques publiques et permet de développer un savoir-faire valorisant l’ingénierie française dans de grands projets communautaires et internationaux.

• L’évaluation et la certification, cœur histo-

rique du métier du CSTB, qui évalue les risques des produits, logiciels, ouvrages, acteurs du bâtiment dans des domaines d’intervention aussi nombreux que diversifiés.

• L’expertise de haut niveau qui concerne deux pôles d’activités : la résolution de probléma-tiques d’intérêt général – sécurité incendie dans les tunnels, légionellose, réhabilitation de l’habitat social, etc. –, et l’accompagnement des dynamiques d’innovation industrielle, architecturale et sociologique.

• Enfin, dernier volet et non des moindres : la diffusion du savoir. L’information, au sens large du terme, des professionnels de la construction est une mission intrinsèque du CSTB, depuis sa création. Il s’y emploie à travers, d’une part, des produits d’édition (papier, électronique), d’autre part, grâce à une offre de formation professionnelle complète ainsi que des logiciels métier.

Quels sont les grands enjeux de demain en

matière de développement durable pour le

bâtiment ?

Le développement durable englobe quatre enjeux essentiels. Il y a d’abord la maîtrise de l’énergie. Le bâti-ment est le secteur le plus consommateur d’énergie, ce qui représente un défi sociétal majeur. Comment la réduire ? On a considéré qu’il était possible de diviser par trois la consommation réglementaire. Voilà pourquoi les pouvoirs publics ont légiféré en ce sens, avec de nouvelles règles en matière d’énergie. Deuxième enjeu : la réduction des émissions de gaz à effet de serre, de l’ordre de 25 % dans le bâtiment. Cette question est intiment liée à l’énergie. En utilisant des énergies renou-velables plutôt que fossiles, ces émissions seront aussi considérablement réduites. Troisième enjeu : la consommation d’eau et le

Parce que le « savoir-vert » est au cœur des constructions de demain, les missions du Centre

Scientifique et Technique du Bâtiment sont axées sur la recherche, l’expertise, l’évaluation et

la diffusion du savoir pour le bâtiment durable. Rencontre avec Bertrand Delcambre (72),

président du CSTB.

Bâtiment durable : construire le monde de demain

COnstrUCtiOn dUrABLe

bio express

Diplômé de l’École polytechnique

(72) et de l’École nationale des

Ponts et Chaussées (77), Bertrand Delcambre a débuté au CSTB en qualité de chargé de recherche sur les applications de l’énergie solaire au bâtiment. En 2001, il est nommé directeur général du CSTB puis président en 2008.

bertrand Delcambre (72), président

74 la jaune et la rouge • mai 2012

Page 77: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

en bref

Établissement public au service de l’innovation dans le bâtiment, le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment exerce quatre activités clés : la recherche, l’expertise, l’évaluation, et la diffusion des connaissances pour répondre aux enjeux de développement durable. Son expertise couvre les produits de construction, les bâtiments et leur intégration dans les quartiers et les villes.

Avec ses 909 collaborateurs, ses filiales et ses réseaux de partenaires nationaux, européens et internationaux, le CSTB est au service de l’ensemble des parties prenantes de la construction pour faire progresser la qualité et la sécurité des bâtiments.

vie des entreprises

COnstrUCtiOn dUrABLe

traitement des déchets. Enfin, la santé notamment concernant la qua-lité de l’air à l’intérieur des bâtiments. L’air respiré en espace clos est « pollué ». Il faut donc être vigilant sur les déterminants de cette qualité d’air intérieure pour ne pas avoir à constater ses dégâts sur la santé. Mais développement durable veut dire égale-ment économie et social. On a donc des enjeux, notamment sociaux, relatifs à la précarité énergétique. En effet, de plus en plus de foyers n’ont plus les moyens de se chauffer correcte-ment. Il faut donc proposer des solutions éner-gétiques vertes qui répondent aux normes du confort actuel. En outre, avec le vieillissement de la population, il faut adapter les logements et développer les services d’accompagnement de ces populations.Tous ces besoins débouchent sur de nouveaux métiers et la transformation des professionnels du bâtiment. Les besoins en formation sont immenses, et la création de nouvelles filières d’enseignement indispensable. Mais tout cela prendra beaucoup de temps. Car nous n’avons pas encore en France le dispositif qui serait pleinement rassurant. Malheureusement, nous sommes déjà dans une course contre la montre.

La R&D en matière de construction durable

s’intensifie. Quelles sont les grandes inno-

vations que le CSTB a lancées ?

Le CSTB a longtemps travaillé sur les produits de construction. En effet, ce qui compte au final, c’est l’utilisateur. Il faut donc que la per-formance globale du bâtiment (confort, risque, santé), telle qu’elle va être vécue par l’utilisa-teur, puisse être appréciée.Cet assemblage de connaissances des produits à l’ouvrage a nécessité un certain nombre de travaux, qui ont donné des outils à l’intention des professionnels, et qui permettent de réa-

liser des ouvrages qui attei-gnent cette performance globale. De nombreux pro-grès ont du reste été enre-gistrés sur le volet santé avec l’étiquetage sanitaire des produits de construction, rendu obligatoire à partir du 1er janvier 2013. Si les pou-

voirs publics sont capables aujourd’hui de légiférer sur ces points, c’est que le CSTB a été capable d’identifier les matières dangereuses (substances organiques volatiles), de définir des seuils et des protocoles de mesure, qui permettent de mesurer l’émission des produits de construction. Une ingénierie nouvelle se met en place pour qualifier ces produits. Toutes ces recherches débouchent sur des appli-cations et des publications destinées aux pro-fessionnels (guides pratiques, logiciels, DVD, formation). Le CSTB accompagne réellement les professionnels dans les mutations en cours liées au Grenelle. Grâce à toute cette matière, tous les constituants sont normalisés, et l’ensemble des professionnels travaillant sur un même projet disposent des mêmes données. C’est un progrès majeur, car ainsi on passe d’une ingé-nierie séquentielle à une ingénierie concou-rante.

la jaune et la rouge • mai 2012 75

Prélèvements de COV pour l’étiquetage réglementaire des produits de construction.

Page 78: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

vie des entreprises

10 la jaune et la rouge • décembre 2011 10 avril-mai 2010 • hommes et commerce

vie des entreprises

COnstrUCtiOn dUrABLe

Les bâtiments sont la source de près d’un

tiers des émissions mondiales de CO2. Quelles

solutions peut-on imaginer pour réduire leur

empreinte environnementale ?

Pour préserver les ressources naturelles et réduire nos émissions de CO

2 nous agissons sur plusieurs

leviers.Dans le cadre de nos procédés industriels, nous développons depuis plusieurs décennies une approche d’écologie industrielle avec l’utilisation de combustibles alternatifs (pneus usagés, farines animales, etc.) en substitution aux combustibles fossiles dans nos fours de cimenteries. Avec, à la clé, une réduction de notre consommation d’énergie et de nos émissions de CO

2.

Par ailleurs, l’énergie consommée par un bâti-ment pendant sa phase d’utilisation représente près de 85 % de sa consommation sur tout son cycle de vie. Afin d’améliorer les performances d’un bâtiment tout au long de ce cycle, Lafarge investit en R&D pour développer de nouveaux produits aux performances environnementales prouvées. Ces produits permettent une écono-mie des consommations d’énergie du bâtiment et une réduction des émissions de gaz à effet de serre, tout en assurant des coûts de construc-

tion les plus bas possibles. Nos efforts pour améliorer les performances thermiques des bâti-ments et l’empreinte des matériaux s’inscrivent parfaitement dans les réglementations françaises

actuelles ou futures (« Réglementation thermique 2012 » et « Règlement Bâtiment responsable 2020 »).Nous avons également mis au point en France, depuis 2010, la démarche « Pro Eco » qui met

en valeur nos initiatives, solutions, produits et innovations en faveur de constructions durables plus efficaces. En effet, par la combinaison de différents matériaux, il est possible de réduire la consommation énergétique des bâtiments tout en réduisant leurs coûts. Ce qui permet d’aboutir à des systèmes constructifs durables et accessibles à tous. Fort de cette initiative réussie en France, le Groupe Lafarge l’a d’ailleurs dupliqué dans le monde sous le nom d’« Efficient BuildingTM ».

Quels matériaux préconisez-vous pour la

construction durable ?

Le béton est le matériau le plus consommé au monde. Il a accompagné les constructions majeures du XXe siècle et le développement économique de nombreux pays, dont la France. Nous sommes convaincus qu’il a sa place dans le XXIe siècle, tant dans les pays mûrs que sur les marchés émergents. Ses atouts sont nom-breux : il est robuste, disponible partout, facile à utiliser par tous, durable et abordable. Le béton est donc le matériau qui apporte une solution confortable et durable, tout en étant économique à construire et à entretenir, avec un impact

Des matériaux innovants au service d’une construction durable et efficace

76 la jaune et la rouge • mai 2012

Leader mondial des matériaux de construction, Lafarge œuvre au quotidien pour

réduire l’impact environnemental des matériaux, améliorer la performance énergétique

des systèmes et informer pour une construction durable et efficace. Rencontre avec

Pascal Casanova (87), directeur général de Lafarge France, et Rachid Benyakhlef (79),

directeur général de Lafarge Ciments.

Pascal casanova (87), directeur général de lafarge France

rachid Benyakhlef (79), directeur général

de lafarge ciments

Bio exPress

Pascal Casanova diplômé de l’École Polytechnique (87) et de l’École nationale des ponts-et-chaussées, et titulaire d’un doctorat au laboratoire central des ponts-et-chaussées, Pascal Casanova a rejoint Lafarge en 1999.

Rachid Benyakhlef diplômé de l’École Polytechnique (79) et de l’École des Mines de Paris, et titulaire d’un doctorat ingénieur de l’Ecole des Mines de Paris, Rachid Benyakhlef a rejoint Lafarge en 2000.

Le béton est le matériau qui apporte

une solution confortable et durable,

tout en étant économique à construire et à

entretenir, avec un impact maîtrisé sur l’environnement.

Page 79: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

la jaune et la rouge • mai 2012 77

vie des entreprises

maîtrisé sur l’environnement.Nous développons des gammes de ciments et de bétons à taux de CO

2 réduit. D’ici fin 2012, 47 %

des ciments produits par Lafarge en France seront à bas taux de CO

2. L’emploi de tels ciments per-

met de réduire de 25 à 30 % les émissions de CO2

liées à l’emploi de bétons dans une construction de maison individuelle à base de blocs béton.Nous avons également mis au point la gamme Thermedia™ : des bétons isolants et résistants qui permettent de limiter significativement les déperditions thermiques des bâtiments. Nous développons aussi des blocs béton légers avec les préfabricants d’éléments en béton. Ces blocs bétons plus isolants permettent de répondre aux nouvelles et aux futures réglementations.

Vous vous êtes associés au constructeur Cécile Robin pour créer un nouveau concept de maison individuelle : la maison ABCD+. Pou-vez-nous nous en parler ?C’est un parfait exemple de ce que l’on peut faire en matière de construction durable à partir des matériaux Lafarge. La maison de ville ABCD+ (« accessible, belle, citoyenne, duplicable et positive ») est une maison à énergie positive en blocs béton pierre ponce pour assurer de meilleurs performances thermiques aux murs. Végétalisée et équipée de panneaux solaires, elle offre aux primo-accédants la possibilité d’acquérir un logement individuel, à moins de 1400 €/m², tout en répondant aux enjeux éco-nomiques et sociologiques d’un éco-quartier. La maison présente donc un excellent rapport performances-prix.

Le chantier de la maison ABCD+ a démarré en janvier à Roanne et sera livré fin juin.

Comment votre formation à l’École polytech-nique vous a-t-elle aidé à faire carrière dans ce secteur et à imaginer des solutions pour la construction de demain ?Pascal Casanova : Être diplômé d’une grande école comme l’X est une sorte de label qui atteste de notre potentiel et nous permet d’avoir accès à de nombreuses opportunités. A nous ensuite de nous en montrer dignes et responsables dans nos actes. Cette formation me permet aujourd’hui d’aborder des sujets complexes et très variés. Grâce à cela, je sais qu’il y a toujours des solutions aux problèmes : il faut s’entourer des bonnes équipes et ne pas reculer face à ce que l’on ne connaît pas.

Rachid Benyakhlef : L’Ecole Polytechnique apporte une culture générale et une formation diversifiée qui permettent d’atteindre l’ouverture d’esprit nécessaire dans un monde de la construction qui se complexifie et qui évolue rapidement. Par ailleurs, l’X dispense une for-mation managériale de qualité qui répond bien aux exigences de plus en plus pointues des entreprises d’aujourd’hui.

en BreF

La France est le berceau historique du Groupe depuis 1833 et compte plus de 5 500 salariés répartis sur 450 sites Lafarge. Leader mondial des matériaux de construction, Lafarge occupe une position de premier plan dans ses activités Ciment, Granulats & Béton, avec une présence dans 64 pays et 68 000 collaborateurs. Le Groupe a réalisé en 2011 un chiffre d’affaires de 15,3 milliards d’euros. Doté du premier centre de recherche au monde sur les matériaux de construction, Lafarge place l’innovation au cœur de ses préoccupations, au service de la construction durable et de la créativité architecturale

vie des entreprises

La Maison ABCD+ Lafarge - Cécile Robin

COnstrUCtiOn dUrABLe

Chantier Thermedia de logements collectifs à Avrillé (49). Camion toupie en livraison sur le chantier.

© Lafarge

© Lafarge

Page 80: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

vie des entreprises

Quelle est votre conception de la construction durable et de ses

enjeux ?

On a souvent tendance à réduire la question de la construction durable aux aspects énergétiques, mais la question, il me semble, est plus large. Elle intègre les aspects architecturaux, la qualité des matériaux, la façon dont on peut recycler les matériaux, etc. En tant qu’organisme tierce partie, nous intervenons sur toutes ces dimensions, et sommes donc à la croisée des chemins de tous les acteurs de la construction, avec lesquels nous abordons l’ensemble des thématiques qui touchent à la construction durable. Il est certain que l’on s’oriente vers une construction plus res-ponsable, où des questions comme le bilan carbone, les déchets, l’utili-sation de matériaux renouvelables seront primordiales. Le Grenelle 2, bien connu du public, prépare ces changements, notamment sur les deux axes majeurs que sont l’énergie et le transport. Selon nous, ces deux thématiques se rejoignent dans la conception de l’aménagement urbain de demain. En effet, ce dernier se fera sur un modèle plus recentré, ce qui permettra d’un côté de faire des économies d’énergie, et de l’autre de favoriser les transports en commun et d’éviter le développement de périphéries urbaines complètement embouteillées car trop éparpillées.

Quels sont les impacts de l’entrée en vigueur de la RT 2012 ?

La règlementation thermique 2012 (RT 2012) impose 3 exigences de per-formance énergétique portant sur les besoins bioclimatiques, la consom-mation conventionnelle et le confort d’été.

La notion de besoins bioclimatiques est ancienne, elle se traduit par l’impératif de construire des ouvrages qui sont par eux-mêmes peu gour-mands. Les constructions doivent être thermiquement performantes au niveau de la conception et des matériaux employés. On revient parfois à des techniques un peu oubliées, comme le fait d’orienter les habitations dans une certaine direction, ou d’utiliser des parois à forte inertie ther-mique. L’objectif, à terme, et au-delà de la RT 2012, est d’arriver à des ouvrages à énergie positive, produisant davantage d’énergie qu’ils n’en consomment.

La notion de consommation conventionnelle est théorique, calculée sur la base de la consommation d’énergie primaire, elle peut varier selon les zones climatiques. Le seuil moyen est fixé à 50 kWh/m² et par an, sachant qu’aujourd’hui la réglementation fixe ce seuil à 150 pour les bâtiments neufs, et que le parc existant est à des taux bien plus élevés. Ce point est un garde-fou, sachant que l’objectif est l’énergie positive.

La notion de confort d’été, enfin, vise à couvrir le risque qui consiste à réaliser des ouvrages qui posent des problèmes de surchauffe en été, du fait de l’utilisation de techniques d’effet de serre, comme des grandes baies vitrées.

Pour un organisme tierce partie comme Socotec, n°1 du contrôle technique en construction, cela signifie plusieurs choses. Très impliqués auprès des ministères, nous avons anticipé la réglementation, et pris en compte la RT 2012 en amont de son entrée en vigueur. Nous avons préparé et formé nos équipes pour harmoniser nos missions de contrôle technique avec la nouvelle réglementation. Mais en matière de construction durable, notre rôle va plus loin. Notre expertise nous permet d’élargir notre offre et de nous positionner, auprès des maîtres d’ouvrages, comme un facilitateur et un partenaire pour l’atteinte des performances énergétiques.

Construction durable :

Face aux exigences du marché de la construction, axé

aujourd’hui sur la réduction de la consommation d’énergie, les

maîtres d’ouvrage doivent construire des ouvrages de plus en

plus performants. Vincent Oudin (83), président du directoire du

groupe Socotec, explique en quoi le rôle des acteurs de la

maîtrise des risques s’en trouve renforcé.

Vincent Oudin (83), président du directoire du groupe Socotec

BiO expreSS

X.83, Vincent Oudin a complété sa formation à l’Ecole des Ponts et Chaussées et à l’Université de Stanford, avant de commencer sa carrière aux États-Unis, dans l’ingénierie. Directeur Général de l’entreprise Giraud, il intègre Degrémont en 1995 et devient Directeur Général de Ondeo Industrial Solutions (Suez Environnement) en 2001. Directeur général de Socotec Industries en 2004, il devient le président du directoire de Socotec en 2009.

le rôle des organismes tierce partie

78 la jaune et la rouge • mai 2012

COnstrUCtiOn dUrABLe

Page 81: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

aVril-mai 2010 • hOmmeS et cOmmerce 13

vie des entreprises

COnstrUCtiOn dUrABLe

la jaune et la rouge • mai 2012 79

Comment un organisme tierce partie tel que Socotec contribue-t-il

à sécuriser l’atteinte de performances énergétiques ?

La recherche de performances de plus en plus élevées des bâtiments

conduit à un risque accru de défaillances. De plus, les nouvelles régle-

mentations et thématiques liées à la construction durable complexifient

les aspects techniques de la construction. Des technologies innovantes

font leur apparition, et des interactions nouvelles entre acteurs de la

construction se dessinent. Prenons l’exemple du panneau solaire : il fait

intervenir l’expertise du couvreur, de l’électricien et de l’ingénieur ther-

mique. Les différents corps de métier ne peuvent donc plus fonctionner

de façon séparée. Cela donne un rôle plus important qu’auparavant aux

organismes de tierce partie tels que Socotec dans la gestion de ces inte-

ractions, ceux-ci devant s’assurer que cette intégration se déroule bien.

En effet, on observe qu’une grande part des défaillances est due à des

problèmes de gestion d’interfaces en phases de conception et de réali-

sation, à une insuffisance du suivi de performance à l’avancement du

chantier et à des choix non appropriés de produits ou de procédés. Grâce

à son expertise de la maîtrise des risques, Socotec est en mesure d’assis-

ter le maître d’ouvrage à la mise en place du dispositif de management

des risques, et à s’assurer de son efficacité. Cette intervention d’assistance

à l’obtention d’une performance énergétique d’un projet de construction

se complète par des missions d’attestation en fin de construction, défi-

nies par la réglementation.

En quoi cette prestation se différencie-t-elle du contrôle technique ?

Cette prestation diffère du contrôle technique tout d’abord par l’étendue

de l’analyse des risques qui intègre les interactions entre les intervenants,

le contrôle technique étant lui davantage centré sur le risque lié au choix

des produits ou aux techniques mis en œuvre. Ensuite, par une action

forte d’animation des acteurs au travers de réunions de coordination.

Notre position de tierce partie, nos 60 ans d’expérience dans la construc-

tion, notre maillage national avec nos 200 agences, et notre capacité à

mener des approches globales nous donnent des atouts incontestables

pour accompagner les maîtres d’ouvrage dans l’atteinte de nouvelles

performances.

en Bref

Tierce partie indépendante et N°1 du contrôle technique en construction, le groupe Socotec

contribue à la maîtrise des risques et à l’optimisation des performances de ses clients, en matière de qualité, sécurité, santé et environnement. Avec un chiffre d’affaires consolidé de 437 M€, 5 000 collaborateurs et un réseau de 200 implantations en France, Socotec est un acteur majeur du conseil en prévention des risques.

Notre expertise nous permet d’élargir notre offre et de nous positionner, auprès des maîtres

d’ouvrages, comme un facilitateur et un partenaire pour l’atteinte des

performances énergétiques.

Page 82: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

vie des entreprises

Actuellement, quels sont les besoins en termes

d’aménagements urbains et d’infrastructures

de transport ?

Ils sont toujours très importants mais diffèrent selon la maturité des pays. En Europe, nous sommes à la fois sur des besoins récurrents de modernisation, d’entretien des infrastructures existantes et sur des besoins liés aux grands pro-jets d’infrastructures nouvelles (tramways, lignes à grande vitesse …) ; l’Europe de l’Est est encore tournée vers de la création de réseaux, d’où notre forte activité dans cette zone.Les pays émergents – Chine, Inde… - sont parti-culièrement demandeurs en ce moment et déve-loppent de nombreux projets de construction d’infrastructures de transport à l’échelle de leur pays ; leurs besoins dépendent étroitement du développement de l’économie, du parc automo-bile et de l’urbanisation galopante.

Comment intègre-t-on le développement

durable dans une activité telle que la construc-

tion d’infrastructures routières ?

C’est une réflexion qui est complexe car la concep-tion relève du maître d’ouvrage et de sa façon de concevoir l’ouvrage. En tant que constructeur, nous intervenons en aval sur un certain nombre de points et avons, bien sûr, des préoccupations environnementales et sociétales plaçant le déve-loppement durable au cœur de notre stratégie. Notre rôle est de faire en sorte que la route ait le moins d’impact possible que ce soit dans sa construction, dans l’organisation du chantier, dans sa maintenance. Nous travaillons autour de trois grandes priorités :

• Les économies d’énergies : depuis plus d’une

décennie, nous développons une gamme d’en-robés tièdes permettant de réduire la température habituelle des enrobés et de réaliser ainsi des économies d’énergie et une baisse de 20 % des émissions de gaz à effet de serre et de CO². Actuel-lement, nous poursuivons un travail de conviction auprès de nos clients pour utiliser davantage ces techniques qui offrent également de meilleures conditions de travail pour nos collaborateurs.

• Le recyclage des matériaux : un constructeur de routes est par définition consommateur de gra-nulats. La nécessité d’économiser les ressources naturelles et les réglementations nous conduisent à recycler et valoriser les matériaux de déconstruc-tion (chaussées, équipements…) pour les réutili-ser dans des produits de technique routière. Très développées aux Etats-Unis et en Allemagne, ces techniques de recyclage ont été introduites en France récemment ; Ainsi, notre ambition est de passer à 15 % la part d’agrégats recyclés dans la production totale d’enrobés fin 2012.

• La biodiversité concerne principalement les installations de carrières et leur exploitation. Nous veillons particulièrement à éviter toute pollution sur site et à remettre en état les carrières en fin d’exploitation.

Quelle est la part de recherche et d’innovation

pour soutenir de tels engagements ?

Nous nous appuyons sur une politique de recherche et d’innovation offensive. Notre centre de recherche à Mérignac travaille sur toutes les tech-

niques routières pour apporter des solutions et des techniques innovantes en intégrant les enjeux du développement durable et en promouvant les meilleures pratiques. L’éco-efficacité est un sujet qui nous mobilise ; A ce titre, nous avons, par exemple, développé un éco-comparateur qui permet d’avoir une réflexion sur l’ensemble de l’ouvrage dès sa conception et de choisir la meilleure variante du point de vue environne-mental.

Essentielles au développement de multiples secteurs clés de

l’économie d’un pays, les infrastructures de transport satisfont à

un besoin de plus en plus croissant de mobilité des personnes et

des marchandises tout en prenant en compte les enjeux du

développement durable. Entretien avec Jacques Tavernier (70),

président-directeur général d’Eurovia – Groupe Vinci.

Les infrastructures de transport faceaux enjeux du développement durable

Jacques Tavernier (70), président-directeur

généralBIO EXPRESS

Jacques Tavernier (70) a débuté sa carrière au ministère de l’Equipement avant de rejoindre, en 1998, le groupe Autoroutes du Sud de la France (ASF) en qualité de directeur général. Il était depuis 2006 directeur général de VINCI Concessions et président directeur général d’ASF. Depuis janvier 2008, il est Président -directeur général d’Eurovia.

EuROvIa En chIffRES

Eurovia, pôle routier du groupe Vinci, est l’un des principaux acteurs mondiaux de la construction, de l’entretien et de la maintenance d’infrastructures de transport routier et ferroviaire. L’entreprise propose son savoir-faire à travers 4 métiers : les travaux d’infrastructures de transport et d’aménagement urbain, l’exploitation de carrières, la production industrielle, la maintenance et les services. Eurovia réalise un chiffre d’affaires de 8.7 milliards d’euros dont 45 % à l’étranger et emploie 40 000 personnes.

80 la jaune et la rouge • mai 2012

COnstrUCtiOn dUrABLe

Page 83: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

vie des entreprises

À quelle demande la FNTP a-t-elle répondu ?La FNTP s’est associée à la signature de conven-tions d’engagement volontaire liant maîtresd’ouvrage, maîtres d’œuvre et fédérations pro-fessionnelles, fixant et déclinant aux niveauxdépartementaux et régionaux des priorités et des objectifs précis, en ligne avec les conclusions du Grenelle.

Des partenariats sont-ils nécessaires ?Le travail en partenariat est indispensable, car c’est à l’analyse systématique de tout le cycle de vie des ouvrages que nous sommes désormais appelés ; d’où la nécessité de repenser les modes de collaboration entre les différents acteurs de la chaîne de construction, chacun ne détenant souvent qu’une partie du savoir-faire, de la conception de l’infrastructure à son exploitation, sa maintenance, son entretien, voire sa déconstruction et son recyclage.Les partenariats public-privé (PPP), trop souvent réduits à leur seule souplesse financière, offrent un cadre privilégié de travail pour rechercher l’optimum sur la durée des ouvrages. Ils peuvent aider à la nécessaire évolution des rapports entre les parties prenantes que sont les donneurs d’ordre, les autorités administratives, les entre-prises, les fournisseurs, les sous-traitants, voire les associations, citoyennes ou environnemen-tales.

Quels sont les enjeux d’une telle démarche ?Au-delà de l’optimisation de l’ouvrage en lui-même sur toute sa durée d’usage, c’est à son acceptabilité par la collectivité que nous sommes également appelés à travailler, et surtout à l’acceptabilité du chantier qu’il va générer. Les nouvelles technologies numériques amèneront très certainement des solutions, tant dans la conception et l’organisation du chantier, que dans la communication faite tout au long de

son déroulement, pour en anticiper ou en atté-nuer les nuisances.Une complexité grandissante marquera les activités de travaux publics dans les années à venir. Les entreprises s’y préparent, notamment par la formation et la recherche : « Écoconcep-tion des espaces bâtis et des infrastructures », « Bâtir durable et innover », « Biodiversité, environnement et grandes infrastructures » sont les intitulés des chaires créées par des écoles de ParisTech et Paris-I Panthéon-Sorbonne en collaboration avec Vinci, Bouygues et Eiffage. Un Institut de recherche en constructibilité a aussi été créé au sein de l’ESTP (École spéciale des travaux publics).Mais l’enjeu important des années à venir reste l’entretien du patrimoine existant. Les contra-dictions seront difficilement tolérables, entre les ambitions du Grenelle et l’incapacité à ne serait-ce que maintenir le niveau de service actuel ; sauf à trouver dans une gouvernance à cinq, telle qu’initiée par le Grenelle de l’en-vironnement, associant administrations, élus, syndicats, entreprises et associations, les fon-dements d’arbitrages explicites et acceptés.

Un ambitieux projetd’infrastructures

Cinq ans déjà que le Grenelle de l’environnement a fixé une feuille de route à la société

française, pour préserver les ressources naturelles et la biodiversité et pour réduire les

émissions de CO2. Un programme d’infrastructures a été engagé, tant pour les réseaux

de transports que pour la production, le stockage et la distribution d’énergies, renouvelables

si possible. Entretien avec Jean-Louis Marchand, président de la commission développement

durable de la Fédération nationale des travaux publics.

en brefLa FNTP (Fédération nationale des travaux Publics) représente 8 033 entreprises et 265 945 salariés. En 2010, la Fédération a réalisé 38,8 milliard d’euros de chiffre d’affaires en France, et 23 milliards d’euros de chiffre d’affaires à l’exportation.

bio express

Jean-Louis Marchand (69) est diplômé de l’École nationale supérieure des télécommunications. Il a débuté sa carrière à la Direction générale des télécommunications (aujourd’hui France Télécom). Après avoir été directeur général délégué d’Eurovia, il est devenu président de la commission développement durable de la FNTP, président du conseil de perfectionnement de l’ESTP, et membre du conseil de l’Université franco-allemande.

la jaune et la rouge • mai 2012 81

COnstrUCtiOn dUrABLe

jean-Louis Marchand (69), président

de la commission développement

durable

Page 84: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

vie des entreprises

82 la jaune et la rouge • mai 2012

vie des entreprises

Quels sont les différents secteurs intégrés par le groupe GA ?

Nous avons mis en place depuis les années 1970 des systèmes construc-tifs qui permettent de fabriquer en usine les composants essentiels des bâtiments (les structures et les façades) pour ensuite les monter sur les chantiers. Le groupe GA a ainsi l’avantage de maîtriser la qualité et les délais, la fabrication se faisant à l’abri des intempéries. L’intégration commence dès la conception, nous travaillons à ce stade avec un archi-tecte. Nous disposons ensuite d’un bureau d’études qui détaille tous les produits du bâtiment. Nous fabriquons les éléments en usine (nous en avons trois : une en région parisienne, une à Toulouse et une à Colmar). Nous montons ensuite les composants sur le chantier avec des ouvriers GA. Nous avons également intégré dans la fabrication des façades une filiale spécialisée dans la menuiserie aluminium. Nous nous sommes, depuis les années 1980, penchés sur les problématiques thermiques dans le bâtiment. Comment définir une construction durable ?

Une construction durable consomme peu d’énergie et nécessite peu d’entretien pendant son fonctionnement. En fin de vie du bâtiment, ces éléments ne demanderont pas beaucoup d’énergie à recycler ou à déconstruire.

Que propose le groupe GA pour réduire la consommation d’énergie

dans le bâtiment ?

Nous construisons des bâtiments avec des équipements très performants qui sont pilotés par le système GAPEO® : Gestion Active de la Performance Energétique par Ordinateur. GAPEO® est un superviseur qui règle tout. Les équipements sont entre autres les pompes à chaleur réversibles que nous fabriquons nous-mêmes et les luminaires fluo-compacts à ballast électronique que nous avons mis au point et qui sont très peu consom-mateurs d’énergie. Nous fabriquons également nos propres menuiseries double baie à triple vitrage et store motorisé intégré qui constitue une protection active. Tous ces équipements sont pilotés par l’utilisateur lui-même : il peut modifier la température de consigne de sa pompe à

chaleur, allumer ou éteindre son luminaire, baisser ou non son store. Ces équipements peuvent aussi être activés à distance par le système GAPEO® grâce à une clé électronique. Nous avons lancé au début de l’année une déclinaison de GAPEO® au niveau individuel : My GAPEO®. Chaque utilisateur de bureau peut, à partir de son ordinateur, régler tous ses paramètres de confort. Il peut également suivre sa consommation immédiate ou sur une durée hebdomadaire, mensuelle et annuelle. L’utilisateur peut alors comparer ses consommations à la moyenne du bâtiment et vérifier ses performances par rapport aux autres. Cela induit donc des comportements vertueux. Tout cela se contrôle par Internet et donc à distance avec un Smartphone ou une tablette. Quels sont les gains énergétiques ?

Les gains énergétiques sont importants. En faisant la chasse au gaspillage, on peut réduire de 30 à 50 % la facture énergétique. GAPEO® nous permet de prendre des engagements de performance énergétique sur les bâtiments. Nous signalons ainsi à l’utilisateur l’énergie qu’il consom-mera au maximum. S’il s’avère qu’il dépense plus que ce que nous lui avions annoncé, nous nous engageons à payer l’excès de consommation.

Immobilier d’entreprise

Société toulousaine spécialisée dans la construction, la

promotion, la gestion et l’investissement dans le domaine de

l’immobilier d’entreprise, le groupe GA a été créé en 1875

et s’est développé en industrialisant sa production. Depuis les

années 1980, l’entreprise a fait de la maîtrise de l’énergie

son cheval de bataille. Entretien avec Samir Rizk (70),

président de GA.

Samir Rizk (70), président de GA

Bio expReSS

Né en 1950 à Beyrouth, Samir Rizk (70) est aussi

diplômé de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées

(1974). Il débute sa carrière au sein de l’entreprise

Freyssinet au Liban en tant qu’ingénieur puis poursuit

en tant que directeur régional chez Freyssinet Saoude

Arabia. Il intègre le groupe GA en 1987 en tant que

Directeur de Projets et devient en 1996 Directeur

Général de la société puis Président du Directoire

en 2005.

Les performances énergétiques d’un « constructeur intégré »

COnstrUCtiOn dUrABLe

Page 85: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

la jaune et la rouge • mai 2012 83

vie des entreprisesvie des entreprises

COnstrUCtiOn dUrABLe

Le groupe GA répond-t-il aux exigences environnementales ?

Oui bien sûr. J’ai même signé en 2009 en présence de Jean-Louis Borloo, à l’époque Ministre de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de la Mer, une charte où nous nous engageons à promouvoir une politique de développement durable à travers nos réalisations.

Avez-vous suivi ces engagements ?

Nous avons effectivement construit beaucoup de bâtiments de haute qualité environnementale et BBC. Nous avons par exemple dans la région toulousaine avec le programme Héliopole de Gramont réalisé plus de 40 000 m2 de bâtiments labélisés HQ et HQE. Les utilisateurs sont AXA, Pôle Emploi, Natixis, Egis… Nous avons aussi construit des bâtiments pour EDF labélisés BBC. Actuellement, nous réalisons sur Technolac au Bourget du Lac un programme de trois bâtiments labélisés MINERGIE.

Les investisseurs institutionnels sont-ils intéressés pas la construc-

tion durable ?

Depuis 3 ans, il y a un fort intérêt pour les bâtiments dotés des labels HQE et BBC et je dirai même qu’il y a une petite prime : les investisseurs

institutionnels sont prêts à investir plus pour des bâtiments construits avec cette notion de durabilité.

Sur quels grands chantiers êtes vous actuellement engagés ?

Nous travaillons sur un très gros dossier à Gennevilliers : 88 000 m2 de bâtiment où Thalès Communication sera locataire. Ce chantier a démarré en novembre 2010 et sera livré en juillet prochain. C’est un contrat à la base d’un montant de 150M€ mais qui comprend désormais des travaux preneurs. Nous sommes également entrain de construire un immeuble de bureaux pour Aéroports de Paris à Roissy qui sera livré au mois de juillet prochain. C’est aussi un bâtiment locatif.

Accordez-vous une attention particulière à sensibiliser vos salariés

et partenaires aux enjeux du développement durable ?

Absolument. Nous distribuons notamment un livret à tous nos salariés qui explique ce qu’est un chantier aux qualités environnementales et développement durable. Ce carnet décrit en particulier les traitements des nuisances et le recyclage des déchets-chantiers.

Quels sont vos prochains engagements dans la performance éner-

gétique ?

Je vous parlais tout à l’heure d’un programme de trois bâtiments que nous développons sur Technolac ; nous allons sur ce projet pour la première fois prendre un engagement global : loyer et charges. Cela va devenir notre cheval de bataille commercial. Nous allons ainsi nous engager sur tout ce qui est entretien du bâtiment, nettoyage, maintenance des équi-pements, nettoyage des façades… Cela apportera une véritable sécurité aux locataires qui raisonnent de plus en plus en coût par poste de travail (loyer, dépenses énergétiques et maintenance du bâtiment).

en BRef

GA construit chaque année 115 000 m2 de bureaux

environ. En 2011 le groupe a réalisé 200M d’euros

de chiffre d’affaires. GA emploie aujourd’hui plus

de 400 collaborateurs. 25 % ont moins de 30 ans

et 35 % moins de 5 ans d’ancienneté.

la jaune et la rouge • mai 2012 83

La promesse My Gapéo® : pilotez votre bâtiment, quand vous voulez, où que vous soyez. Copyright GA © 2012

Page 86: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

84 LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

Ne dites pas à mon père que je suis entrepreneur

il me croit toujours ingénieur en chef au ministère des Transports !

Venez vous débarrasser

des idées reçues sur l’entrepreneuriat

et vaincre une dernière hésitation

Ne restez pas seuls

Propose à ses adhérents et à tous les camarades intéressésun cycle de six sessions sur :

«Maîtriser la pratique et les fondamentaux de la finance »Retours d’expériences illustrés de nombreuses études de cas concretstirés de situations rencontrées sur le terrain. Témoignages d’experts.

Animé par David BRAULT

Ces ateliers seront animés par David BRAULT, fondateur et président d’Objectif Cash, Cabinet indépendantde direction financière opérationnelle & management de transition. Auteur notamment chez Dunod

de Réussir son Business Plan, Objectif Cash : gestion financière opérationnelle et Profession directeur financier.

à la Maison des Mines, 270, rue Saint-Jacques, 75005 Paris.

■ SESSION 1 – MERCREDI 23 MAI DE 18 H 30 À 20 H 30

Le BFR : l’équation qui tue ? Au commencement il y a le bilan…

■ SESSION 2 – MERCREDI 30 MAI DE 18 H 30 À 20 H 30

50 questions à se poser ou à poser au directeur financier

■ SESSION 3 – MERCREDI 6 JUIN DE 18 H 30 À 20 H 30

Construire la prévision de trésorerie

■ SESSION 4 – MERCREDI 13 JUIN DE 18 H 30 À 20 H 30

Le retour des fondamentaux !

■ SESSION 5 – MERCREDI 20 JUIN DE 18 H 30 À 20 H 30

Négociation entre dirigeants et fonds d’investissements : du bon sens au bon deal !

■ SESSION 6 – MERCREDI 27 JUIN DE 18 H 30 À 20 H 30

Les 100 premiers jours d’une opération de fusion-acquisition

Tarif adhérent XMP-Entrepreneur pour six sessions groupées : 180€ TTCTarif adhérent G2E pour six sessions groupées : 250€ TTCTarif non-adhérent pour six sessions groupées : 320€ TTC

Prochaine réunion générale : lundi 18 juin à 18 heures à la Maison des X

POUR TOUT RENSEIGNEMENT :www.xmp-entrepreneur.fr

P.84 XMP-Entrepreneur 27/04/12 7:24 Page 84

Page 87: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

Sur plus de 20 000 élèves, étudiants,anciens élèves et diplômés de l’Écolepolytechnique près de 70 % font par-tie de l’Association, ce qui place l’AXau premier rang parmi les associa-tions d’anciens élèves comparables.On constate cependant une baisse desmembres cotisants. Des efforts conti-nuent d’être menés pour rapprocherde l’Association les jeunes anciens,et mieux la faire connaître des élèveset étudiants présents sur le Plateau.Les activités de l’Association, qui sontdétaillées ci-après, se répartissenten trois grandes familles :– d’une part des actions de solidarité,menées principalement à l’attentiondes élèves, anciens élèves et diplômés,qu’ils soient ou non adhérents de l’AX,mais aussi au profit de leurs proches :dons, prêts et autres appuis de la Caissede Secours; conseils et séances de for-mation du Bureau des Carrières...– d’autre part des initiatives destinéesà resserrer les liens entre les membresde l’Association et à mieux faireconnaître les points forts distinctifsde notre communauté, tout en contri-buant à l’information et à la réflexionsur de grandes questions intéressantl’ensemble de la société. Par exemple :contacts internationaux et accueil desélèves étrangers ; élaboration d’unepolitique de communication; analysesportant sur la mission de l’École auregard des besoins de la Nation ;annuaire et outils de réseau infor-matique en liaison avec l’Association

X.org ; dossiers thématiques de LaJaune et la Rouge ; participation augroupe «Grandes Écoles au féminin»;liens avec la Kès des élèves ; liensavec la FX…– enfin, analyses, propositions, parti-cipations à des groupes de travail, ausein de la communauté polytechni-cienne ou de façon plus élargie, sur lesmissions de l’École et sur son organi-sation, de sorte que l’École s’adapteen permanence aux besoins de l’éco-nomie et à ceux de la Nation.Parmi les tendances et réalisations de2011, quelques points sont à souligner :– les nombreuses dispositions prisesen réaction au contexte de difficultéséconomiques : ainsi, la Caisse deSecours, rebaptisée Caisse de Solidarité,a étendu son soutien à de jeunes cama-rades provisoirement en difficulté; leBureau des Carrières a considérable-ment développé sa communicationdans La Jaune et la Rouge et le nombredes nouveaux utilisateurs de ses ser-vices a fortement augmenté;– l’organisation de la « journée poly-technicienne» annuelle lors de l’AG du14 juin 2011 au cours de laquelle ontété organisés une table ronde « Lespolytechniciens et l’entreprenariat »et un atelier « Groupes régionaux »,et au cours de laquelle a été remis leprix Dargelos ;– la poursuite de la rénovation de laversion électronique de La Jaune etla Rouge ;– la mise en place d’un groupe deréflexion X-Jeunes au sein du Conseilde l’AX ;

– l’agrément par l’Assemblée géné-rale de cinq nouveaux groupes poly-techniciens : X-Tunisie, X-Suisse, X-Œnologie, X-Chili et X-Start up. Et lamise en place d’un groupe de réflexionau niveau du Conseil de l’AX sur sonarticulation avec les groupes X et l’ani-mation de ceux-ci ;– la décision d’une gestion plus pru-dentielle des actifs financiers del’Association;– la participation très active et vigilantede l’AX, notamment au niveau de saprésidence, quant aux réflexions surl’évolution de l’École, à travers : 1) lesréunions de travail avec l’École, la FX,la Fondation de coopération scienti-fique de Saclay, le ministère de tutelleet le cabinet du Premier ministre ; 2)la résolution importante du Conseil del’AX du 5 juillet 2011 précisant la posi-tion de l’AX sur les objectifs de l’Écoleet l’articulation avec les projets de cam-pus de Saclay et 3) le groupe de travailAX-FX, incluant des membres de ladirection générale de l’École, présidépar François LUREAU.Toutes ces activités sont décrites plusprécisément dans les trois chapitresqui suivent. Par ailleurs, quelquesinformations intéressant les membresde l’Association, en particulier un pointsur le développement de l’École et uncompte rendu de l’action de laFondation de l’X, sont rassembléesdans une annexe.

85LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

RAPPORT MORAL SUR L’ANNÉE 2011

Le Rapport complet avec ses annexes estconsultable sur le site Internet de l’Association :http://www.polytechniciens.com

INTRODUCTION

P.85-96 Rapports 27/04/12 6:50 Page 85

Page 88: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

I. LES ACTIVITÉS SOCIALES

DE SOLIDARITÉ DE L’ASSOCIATION

Les principales actions de solidaritéde l’Association sont menées par laCaisse de Solidarité et par le Bureaudes Carrières.

LA CAISSE DE SOLIDARITÉ(ANCIENNEMENT CAISSE DE SECOURS)En 2011 la Caisse de Secours, prési-dée par Yves PÉLIER, et renomméeCaisse de Solidarité, a connu une acti-vité stable. Le nombre de camaradesconfrontés à des problèmes d’emploicompliqués n’a pas augmenté et celamalgré la crise. L’année 2012 risqued’être plus difficile. Les difficultés finan-cières s’aggravent et durent beaucoupplus longtemps qu’auparavant. L’aideapportée entraîne donc toujours uneaugmentation des attributions de sou-tien en complément de l’action duBureau des Carrières.Le cas des camarades de 40 à 55 ansen difficulté professionnelle, certainssouffrant de problèmes psychologiques,est particulièrement préoccupant. Ilsarrivent à l’AX après de longues périodesde chômage indemnisées, générale-ment à bout de ressources financières,ayant vendu une partie de leur patri-moine ou lourdement endettés. Lessolutions tant professionnelles quesociales sont difficiles à mettre en œuvre.Certaines actions menées par le Bureaudes Carrières et par la Caisse deSolidarité ont été développées pourmieux traiter ces cas, en particulier enrenforçant l’accompagnement à larecherche d’emploi. La prise en chargefinancière d’outplacement ou de coa-ching a été accordée pour certainscamarades très endettés et depuislongtemps au chômage. Fragilisés parleur situation, ils ont besoin d’aideautant financière que psychologiquepour reprendre le cours de leur vie.Les jeunes étrangers sortant de l’Écoleont toujours du mal à se loger fauted’avoir un garant se portant cautionpour eux. L’AX continue à prendre encharge cette caution. L’encours de cau-tion est stable, de l’ordre de 1000000€,sans qu’il n’y ait à ce jour, et ce n’est évi-demment pas une surprise, de sinistre.Les jeunes élèves étrangers rencon-trent des difficultés administrativesaccrues pour le maintien de leur auto-risation de séjour en France à la fin de

leurs études, même avec une offred’emploi.La Conférence des Grandes Écoles s’enest fait l’écho, les actions entreprisesont donné quelques résultats.Avec l’internationalisation la Caisse estaussi amenée à soutenir des famillesde camarades étrangers résidant àl’étranger.L’aide apportée aux familles (veuves,veufs, enfants) est en légère diminu-tion. Les épouses ont très souvent uneactivité professionnelle et les couver-tures d’assurances mises en place parles entreprises leur permettent de faireface aux difficultés entraînées par ledépart de leur conjoint. Le recours àl’AX leur apporte essentiellement sou-tien psychologique et accompagne-ment aux démarches administratives.L’encours de prêts est passé de1 073 000 € fin 2010 à 1283 000 € fin2011 (318000 € de prêts nouveaux et107 000 € de remboursement) dont605000 € provisionnés.À leur retour à l’emploi les bénéficiairesd’un prêt de la Caisse contractent unemprunt auprès de leur banque grâceà la caution de Crédit X-Mines, ce quipermet le remboursement de l’AX dèsle retour à une situation profession-nelle stable.Les secours incluant la variation deprovision sur les prêts ont été stablesen 2011 (177 000 € de secours et165 000 € de variation de provision).Cette somme inclut les subventionsversées à des associations pour unmontant de 26000 €. En contrepartieces associations mettent à dispositionde l’AX des logements ou nous don-nent accès à des services pour descamarades en grande difficulté.Comme les années passées, et avec leconcours de l’assistante sociale, lesrapporteurs aident les familles à trou-ver les moyens d’améliorer leur situa-tion, à obtenir l’appui nécessaire auprèsdes services sociaux, à recouvrer leursdroits, à rechercher des établissementsd’accueil de personnes âgées, enfin àaméliorer leur situation et trouver dessolutions pour passer ces périodes dif-ficiles en obérant le moins possible lespatrimoines familiaux. (Les coordon-nées de l’assistante sociale sont :Madame Véronique Mary-Lavergne,5, rue Descartes, 75005 Paris.Téléphone : 01 56 81 11 16. Accueil etpermanence au téléphone le mardi,

jeudi et vendredi de 9 heures à 12 heures.Madame Mary-Lavergne reçoit égale-ment sur rendez-vous.)En 2011, le nombre total de dossierssuivis s’élève à 166 dont 149 sont confiésà des rapporteurs en raison de l’im-portance des situations à gérer que cesoit au plan financier, professionnel oumoral. 31 nouveaux dossiers ont étéouverts cette année.La baisse du nombre de dossiers s’ex-plique par le changement de gestiondes dossiers de caution logement quine sont pas suivis par la Caisse quandils ne comportent pas de dépenses(dépôt de garantie par exemple).Les camarades qui auraient connais-sance, par leur famille, leurs amis, leurvoisinage, de personnes ayant desattaches polytechniciennes et se trou-vant dans le besoin sont invités à enfaire part, dans les conditions qui leurparaîtront les plus appropriées, à ladélégation générale.La Caisse de Solidarité accueilleraitvolontiers des candidatures, notam-ment féminines, à son Comité de ges-tion. Elle recherche également des cor-respondants pour les départementsqui n’en sont pas encore pourvus (voirpages bleues de l’Annuaire). La Caissea en effet des difficultés à soutenirdepuis Paris des camarades habitant enprovince.

LE BUREAU DES CARRIÈRESL’évolution du nombre de nouveauxutilisateurs des services du Bureau desCarrières reflète celle de la conjonc-ture. Il était passé de 195 en 2008 à 302en 2009, puis est revenu à 256 en 2010pour retomber à 223 en 2011.Les séminaires «Gestion de Carrière»ont été poursuivis : 75 X, 4 docteurs et5 masters en 2011 contre 106 X, 3 doc-torants et 5 masters en 2010 et 150 Xet un docteur en 2009 ont bénéficié d’uneformation d’une douzaine d’heures. Une évolution semblable a été consta-tée pour les ateliers «Début de Carrière»qui ont été suivis par 43 personnes dont5 masters, doctorants ou docteurs en2011 contre 60 en 2010 et 96 en 2009.Un nouvel atelier réservé aux «Cher-cheurs» a été suivi par 5 X et 5 docteurs.De plus, quatre ateliers ont eu lieu àPalaiseau.4 camarades ont été accompagnéscontre 10 en 2010 et 9 en 2009. Lesfonds consacrés à cette action sont

Vie de l’Association

86 LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

P.85-96 Rapports 26/04/12 7:45 Page 86

Page 89: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

passés de 67 k€ en 2009 à 76 k€ en2010 et 51 k€ en 2011.Au niveau de l’École, X-Forum a étél’occasion d’une conférence du Bureaudes Carrières devant un amphi assezplein et de l’intervention de six consul-tants qui ont aidé près de 300 X à mieuxprésenter leur CV.

«MANAGEURS.COM»

Le rajeunissement et l’amélioration dusite de «Manageurs.com» sont termi-nés ; ils permettent notamment unecommunication facile entre les utili-sateurs.Plus de 60 % des diplômés des pro-motions 1999 à 2005 ont utilisé le siteau cours des douze derniers mois. Finfévrier 2012 le site offrait 25000 CV vali-dés dont 4100 CV de diplômés de l’X.Le nombre d’offres déposées chaquesemaine est passé de 500 au début2008 à 300 au début 2009 puis à 500 fin2009, puis il a dépassé 800 au qua-trième trimestre 2010 et 1200 au pre-mier semestre 2011 pour revenir à 800au quatrième trimestre 2011. Cetteévolution est due partiellement à unplus grand nombre d’écoles et surtoutà la conjoncture.68 % des offres sont destinées à descadres de moins de cinq ans d’expé-rience alors que 45% des CV déposéspar les camarades concernent desdiplômés de l’X ayant la même expé-rience.Le Bureau des Carrières est animé parNicolas ZARPAS sous la houlette d’YvesSTIERLÉ.

ACTIONS VERS LES MILIEUX

DÉFAVORISÉS

L’ASSOCIATION TREMPLIN

Tremplin propose tout un dispositif detutorat scientifique dans 17 lycées dezones défavorisées en Île-de-Franceafin de permettre aux élèves de choi-sir des études supérieures longues.L’AX accompagne ces activités par unsoutien logistique pérenne, un soutienfinancier de 10000 € en 2011 et grâceau suivi administratif d’une assistante.Les ateliers Tremplin «Construire sonProjet», «Préparation aux entretiens desconcours niveau bac», «Expression desoi, Confiance en soi » se déroulentdans la salle de réunion de l’AX et ontpermis l’accueil de plus d’une ving-taine de jeunes.

Sur les 35 bourses attribuées en 2011aux élèves pour leurs études supé-rieures ou pour leur stage, 6 boursesl’ont été par l’intermédiaire de laFondation de l’X. La volonté de l’Asso-ciation de ne pas réduire cette aide à unsimple chèque mais d’accompagner lejeune boursier via un parrainage aconduit Tremplin à chercher autant deparrains polytechniciens.L’ensemble du dispositif Tremplin estreconnu par les pouvoirs publics depuis2011 par la labellisation des cordées«Tremplin-Polytechnique» et «Tremplin-ENSAE» qui concernent 300 élèves enpremière S et terminale S et près d’unecentaine en postbac.

SOUTIEN SCOLAIRE

L’AX, dans le cadre du groupe X-Actionen coopération avec l’Association «UnAvenir Ensemble» de la Grande Chan-cellerie de la Légion d’honneur etl’Institut Paul-Delouvrier, organise tousles mercredis, dans ses locaux de larue Descartes, des cours de soutienscolaire. Ces cours s’adressent à desjeunes gens remarqués pour leur poten-tiel et ne disposant pas de conditionsd’études favorables.Ces cours de soutien sont assurés pardes retraités ou préretraités qui consa-crent à cette tâche deux heures tousles quinze jours. Cette activité, qui esten place depuis plus de sept ans,concerne environ 40 élèves par an eta déjà donné des résultats.Par ailleurs, dans le cadre des rela-tions avec l’Association Tremplin, descours de pédagogie sont donnés auxjeunes polytechniciens avant leur stagedans les lycées de Seine-Saint-Denis.L’évaluation de cette action commen-cée l’année dernière montre son effi-cacité.Les camarades qui souhaiteraient par-ticiper à cette opération peuvent prendrecontact avec Jacques BOUTTES (52).

II. LES ACTIVITÉS

DE COMMUNICATION

ET D’ANIMATION DE L’ASSOCIATION

LA COMMISSION «INTERNATIONAL»

Les actions menées dans le domainede l’internationalisation sont élabo-rées et coordonnées par la Commission«International» chargée de :– promouvoir et aider la création denouveaux groupes X à l’étranger, de

faciliter les contacts avec les réseauxdes autres écoles, d’assurer la liai-son avec les groupes professionnelsnationaux et d’animer la communautépolytechnicienne à l’international,– mettre à la disposition des groupesinternationaux les moyens de com-munication et de fonctionnementd’X.org,– développer la liaison avec l’Écoleimpliquée par le développement à l’in-ternational et le recrutement des élèvesétrangers,– faciliter l’accueil des élèves étran-gers,– faciliter l’accomplissement par lesélèves qui le souhaitent de leur 4e annéeà l’étranger.Au plan des actions 2011, il faut noterle succès continu de l’opération deparrainage des élèves étrangers dela voie EV2 et l’élargissement à desélèves de la voie EV1. Cette opérationconcernait cette année les élèves dela promotion 2010. Encore plus queles années précédentes elle a connuun fort succès. La quasi-totalité desélèves avait souhaité être parrainéece qui a été largement possible grâceà la mobilisation de la communautépolytechnicienne qui une fois de plusa répondu présent.Notons également la montée en puis-sance de X-USA-Canada avec une orga-nisation par secteur d’activité et parzone géographique et la structurationdes échanges avec XMP-BusinessAngels et XMP-Entrepreneur autourde la création et du développementinternational d’entreprises.Animée par Laurent BILLÈS-GARA-BÉDIAN, puis par Hortense LHERMITTE,la Commission «International» conti-nue d’avoir parmi ses priorités le niveaude notoriété de l’École et des poly-techniciens à l’étranger et travailleavec l’École, la Fondation et les équipesde la levée de fonds pour organiserdes opérations de nature à faire pro-gresser la situation.

LA COMMISSION «COMMUNICATION»

La Commission «Communication» a toutd’abord la responsabilité de promou-voir les activités de l’Association vis-à-vis des membres de la communautépolytechnicienne. Elle doit leur mon-trer que l’AX constitue un réseau dyna-mique, très engagé dans la défensede l’image de l’École et de ses anciens,

Vie de l’Association

87LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

P.85-96 Rapports 26/04/12 7:45 Page 87

Page 90: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

et qui est structuré suivant plusieursaxes : activités professionnelles etculturelles, localisation géographique,promotions. Elle doit également leurmontrer qu’être membre de l’Asso-ciation, c’est manifester une solida-rité permanente avec des camaradesqui peuvent se trouver temporaire-ment ou durablement dans des situa-tions difficiles; c’est aussi aider certainespersonnes qui ne font pas partie de lacommunauté polytechnicienne, tellesque des lycéens issus de milieux défa-vorisés.Des actions différenciées suivant lescibles sont nécessaires : même si lecontenu des messages est commun, onne s’adresse pas exactement de la mêmemanière et avec les mêmes argumentsà des élèves à l’École, à de jeunes anciensqui viennent d’en sortir, à des anciensd’âge moyen ou à des retraités.Vis-à-vis du monde extérieur à la com-munauté polytechnicienne, la missionde la Commission «Communication»est de contribuer à faire reconnaîtrele caractère spécifique et la qualité dela formation polytechnicienne et lehaut potentiel professionnel des diplô-més de l’X auprès de diverses cibles :• étudiants et de professeurs du mondeentier,• responsables du personnel et diri-geants d’entreprises françaises etétrangères et cabinets de recrutement(en particulier internationaux),• journalistes spécialisés,• responsables politiques et adminis-tratifs pouvant prendre des décisionsayant une influence sur l’organisationde l’enseignement supérieur français.Ces dirigeants étant actuellement par-ticulièrement sensibles à la nécessitéde diversifier le recrutement de cha-cune des composantes de notre sys-tème d’enseignement, il est importantde mettre en valeur les différentesactions menées depuis plusieurs annéespar des élèves et des anciens en faveurde jeunes issus de milieux défavori-sés. Il est également souhaitable dene plus focaliser l’essentiel de notrecommunication sur la réussite d’an-ciens ayant accédé à la direction degrandes entreprises, mais de mettreégalement en valeur des camaradesresponsables d’innovations impor-tantes, en particulier quand celles-ciont débouché sur la création de nou-velles entreprises.

La politique de communication inclutdes actions purement polytechnicienneset d’autres menées en commun avecdes partenaires, par exemple dans lecadre de ParisTech, ou des différentesentités du futur grand campus de Saclay-Palaiseau, ou d’organismes tels quel’IESF ou la Conférence des GrandesÉcoles. Les actions correspondantess’appuient à l’étranger sur les anciensétablis hors de France, accessiblesgrâce au réseau des groupes X inter-nationaux (en tirant parti des outilsfournis par le réseau X-Net).La Commission «Communication» estanimée par François Xavier MARTIN.

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 2011

L’Assemblée générale 2011 de l’AX aattiré plus de 120 camarades, parmi les-quels de nombreux présidents degroupes X et des chercheurs, un suc-cès dû en partie aux trois événementsorganisés en marge :1) une table ronde « Les polytechni-ciens et l’entrepreneuriat» qui a réunicinq représentants de groupes X :Nicolas HERNANDEZ de X-Start up,Henri CESBRON-LAVAU de X-MinesConsult, François CHERRUAU de XMP-Entrepreneur, Jacques-CharlesFLANDIN de XMP-Business Angels,Charles-Édouard VINCENT de XMP-Entrepreneuriat social, ainsi que RobertMIZRAHI du Collège de Polytechnique.Ils ont transmis leurs retours d’expé-rience autour de l’innovation et dufinancement des entreprises. BrunoMARTINAUD, enseignant à l’École poly-technique, a exposé les grandes lignesdu nouveau master sur la créationd’entreprise à l’École, qui a démarréà la rentrée 2011. Cet événement, quia attiré un certain nombre de jeunes X,dont quelques-uns avec une expérienceaméricaine, a impulsé un élan, avecdes propositions d’actions collectives;2) un atelier « Groupes régionaux »,où Christine GRIESMAR, vice-prési-dente de Télécom-ParisTech alumni,a donné des exemples de coopérationdes groupes X avec d’autres groupesrégionaux d’associations de grandesécoles.Ont participé à cet atelier : YvesDEMOULIN et Gilles MOREAU du GPX,Bernard DUCONGÉ, de X-Provence,Benoît EYMARD, de X-Léman, ThierryLEBLOND, de X-Bordelais, FrançoisRAFFIN, de X-Dauphiné-Savoie et Jean-

Pierre TINGAUD de X-Hérault et Gard;3) la remise du prix Dargelos à notrecamarade Philippe COUSSOT (84),chercheur au laboratoire Navier (ENPC-CNRS-IFSTTAR) à Champs-sur-Marne,pour ses travaux sur la rhéophysiquedes pâtes.Ce prix, créé par la veuve de notrecamarade Pierre Dargelos, X 1909,d’un montant de 40000 €, est attribuétous les deux ans.La table ronde « Les X et l’entrepre-nariat » et la remise du prix Dargelossont toujours en ligne sur le site del’AX, rubrique Actualités et événe-ments – Récemment – Vidéos de lajournée du 14 juin 2011 à la Maisondes X. Environ 300 téléchargementsde ces vidéos ont été enregistrés surla plate-forme Vimeo, en particulieraux USA.

LA COMMISSION MIXTE AX-X.ORG

La «Commission mixte» a pour missionde coordonner les actions des deuxassociations AX et Polytechnique.org(X.org). X.org a pour objectif de fournirà la communauté polytechnicienne lesoutils de réseau les plus performantspossible, et la Commission permet desynchroniser les actions des deux asso-ciations pour offrir à nos camaradesle meilleur service.Elle réunit, tous les deux mois environ,d’une part des membres de la déléga-tion générale, un administrateur del’AX, d’autre part un nombre égal d’ad-ministrateurs de Polytechnique.orgL’action 2011 a été totalement dédiéeà la finalisation de la fusion desannuaires. La décision de basculementa pu être prise en 2011.Les différents sites Internet sont main-tenant cohérents.Après dix ans d’existence de la conven-tion X.org-AX, qui précise les relationsentre les deux associations, 2011 a vula conduite d’une analyse pour faireévoluer cette charte et la rédaction d’unrapport. Ce rapport a été accepté parl’AX et devrait être appliqué en 2012.

LA JAUNE ET LA ROUGELa Jaune et la Rouge, outil de cohésionet d’identité de la communauté poly-technicienne, a publié dix numéros en2011, tant sous forme imprimée quesous forme électronique.Le Comité éditorial de La Jaune et leRouge s’est réuni quatre fois en 2011,

Vie de l’Association

88 LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

P.85-96 Rapports 27/04/12 7:09 Page 88

Page 91: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

sous la présidence de ChristianMARBACH (56), dont une fois àPalaiseau, à l’invitation de l’École.Deux nouveaux membres ont rejoint leComité en cours d’année, Serge RAFFET(50) et Philippe LAURIER.Les dix dossiers thématiques de larubrique « Grand angle » ont consti-tué comme chaque année le point fortde la revue. Ces dossiers restent sanséquivalent parmi les revues compa-rables, tant par leur contenu que parleur style, à la fois propre aux poly-techniciens et accessible au mondeextérieur. Leur qualité est reconnue,aussi bien par les lecteurs que par lesannonceurs. En 2011, deux dossiersont été consacrés aux « Formationsscientifiques» : Regards sur la Franceet Regards sur l’international. Lesquestions d’actualité ont concernél’industrie : « Automobile, les nou-veaux horizons»; «Industrie chimique,un renouveau ? » et l’économie : « Lebicentenaire du corps des Mines » ;« Les challenges de la crise » ;« L’assurance face aux nouveauxrisques ». Les sciences et techniquesont fait l’objet de deux dossiers : «Géo-information et société » ; « Épidémio-logie, au service de la santé ». Le tra-ditionnel dossier annuel surl’Environnement, « Premiers bilans »est paru cette année en novembre.La rubrique « Focus » a porté l’éclai-rage sur : les coulisses du Bal de l’X,le GPX, les groupes X (X-Alsace, X-Achats, X-Vinicole, X Environnement,X-Patrimoine) et les binets X-Entre-prises, Jumping et Escrime.De nombreuses prises de position,points de vue, hommages à de grandsanciens, informations sur la vie del’École, etc., ont émaillé la rubrique«Expressions». Enfin, la vivacité intel-lectuelle des lecteurs s’est largementexprimée dans la rubrique « Arts,lettres et sciences », qui présenteégalement les nouveaux livres rédi-gés par des camarades.Le cahier mensuel consacré à la «Viede l’Association» a rappelé les grandesdécisions du Conseil et les épisodesprofessionnels ou familiaux de la viede la communauté polytechnicienne.À signaler enfin deux numéros horssérie, tirés en un nombre limité d’exem-plaires, reprenant des articles déjàparus sur les groupes X et sur lesCarrières.

Le tirage moyen de la version impri-mée s’est établi à 10000 exemplaires.Les nouvelles générations d’abonnésse substituent à celles qui disparais-sent. Les recettes publicitaires, bonindicateur de la qualité de la revuedans un contexte économique diffi-cile, ont poursuivi leur progression(12 % environ cette année).La version électronique de la revue acontinué son essor entrepris l’annéeprécédente. Mise en ligne quelquesjours avant la sortie de la revue impri-mée, elle a vu son taux de consultationpasser de 2 800 par mois en janvier àplus de 16 000 à la fin 2011.Simultanément, la lettre d’informa-tion de La Jaune et la Rouge est expé-diée à environ 16000 exemplaires tousles mois.Largement bénéficiaire, notre revuecontribue à sa manière aux actions desolidarité de notre Association.Les deux rédacteurs en chef sont Jean-Marc CHABANAS et Hubert JACQUETet le président du Comité éditorial estChristian MARBACH.

LE BAL DE L’XLa Commission du Bal de l’X présidéepar Alain BORIES (76) s’est réunie neuffois en 2011 pour l’organisation du Bal2011 puis pour la préparation du Bal2012.La 120e édition du Bal s’est tenue àl’Opéra Garnier le 18 mars 2011. Lafréquentation a été du même ordre degrandeur que les années antérieures.Le nombre de tables «Privilège» ven-dues aux entreprises partenaires acependant été légèrement inférieur àcelui du précédent Bal. En raison dela jauge du Palais Garnier qui limitele nombre de participants, des com-mandes de particuliers n’ont pu êtrehonorées. Ont assisté au Bal desanciens élèves d’Oxford, Cambridge,Harvard et Stanford, renforçant ainsile caractère international que l’AXsouhaite donner à cette traditionnellemanifestation polytechnicienne.Les dépenses directes ont été conte-nues dans les limites fixées par le bud-get. Après imputation de 110000 € defrais généraux et de quote-part demasse salariale du personnel parti-cipant à l’organisation du Bal, le totaldes dépenses s’élève à 539000 €. Avecun montant de 518000 €, les recettessont inférieures de 23 000 € par rap-

port à l’objectif du budget. Comme lesannées précédentes le résultat finan-cier est donc bénéficiaire en coût directmais reste déficitaire en coût complet(4 % du chiffre d’affaires).La Commission a préparé le 121e Balprogrammé le 16 mars 2012 toujoursà l’Opéra Garnier mais avec un spec-tacle d’opérette (La Veuve joyeuse deFranz Lehar). Le coût de ce spectacleétant supérieur au coût d’un spectaclede danse, les tarifs pour les entre-prises et les particuliers ont été ajus-tés en conséquence.

LE GROUPEPOLYTECHNIQUE AU FÉMININLe groupe Polytechnique au fémininpoursuit ses activités en fédérant denombreuses écoles d’ingénieurs dansle cadre de Sciences ParisTech auféminin. À son actif en 2011 :– création d’un groupe en PACA quis’est déjà rencontré deux fois,– 9 conférences et manifestationsdiverses parmi lesquelles :• des manifestations conviviales, typespeed networking,• des conférences professionnelles,comme celles sur le tour du mondedes énergies renouvelables, femmesingénieurs administrateurs,• une formation sur «faites de votre voixun atout pour votre carrière »,– présentations de carrières de femmesdans nos écoles (à l’X le 12 décembre),– préparations de la célébration du40e anniversaire de l’admission desfemmes à l’X,– élargissement de notre groupe àl’ENSTA, Arts et Métiers et Télécom.Polytechnique au féminin est aussile relais auprès des polytechniciennesde Grandes Écoles au Féminin (GEF).En 2011, GEF a organisé cinq petits-déjeuners avec des grands patrons :Augustin de ROMANET (Caisse desdépôts), Clara GAYMARD (GeneralElectric), Thierrry de LA TOUR d’AR-TAISE (SEB), Henri de CASTRIES (AXA)et une philosophe Michela MARZANO.Tous ont exposé leur vision de lafemme dans l’entreprise devant uneassemblée d’anciennes élèves desécoles GEF : occasion de prendreconscience du rôle des femmes et dese pencher sur la question de la placedes femmes et de leur évolution dansl’entreprise.

Vie de l’Association

89LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

P.85-96 Rapports 26/04/12 7:45 Page 89

Page 92: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

Les vidéos de ces petits-déjeunerssont disponibles sur le site :www.grandesecolesaufeminin.net/GEF a lancé en 2011 une étude sur«Quel dirigeant, quelle dirigeante pourdemain?» qui a posé aux 150000 diplô-més des dix écoles membres de GEF,hommes et femmes, des questions surl’accès et l’exercice du pouvoir et les évo-lutions souhaitées dans ce domaine.GEF remercie l’AX pour son aide dansla diffusion du questionnaire aux anciensde l’X (via la base d’adresses de la lettrede l’AX) en septembre.La présidence du groupe Polytechniqueau féminin est assurée par MichèleCYNA tandis que Anne-BéatriceBRÉCHEMIER est la représentante del’AX au bureau de GEF.

LE GROUPE DES Y

Le groupe des Y rassemble les cais-siers et délégués de toutes les pro-motions. Chacun connaît le rôle quejouent les caissiers pendant la périodede formation à l’École, mais leur mis-sion se poursuit tout au long de la viedans les domaines de l’animation dela promotion (notamment par l’orga-nisation des magnans de promo), lasolidarité ou plus simplement le par-tage d’information. Les caissiers jouenten effet un rôle de relais important ausein de chaque promotion pour lesprincipales actions de la communautépolytechnicienne (campagne de levéede fonds, activités de l’AX, évolutionde l’École, etc.). Le groupe des Y leurfournit alors un cadre pour échangerleurs expériences et leurs réflexions.C’est par ailleurs toujours au titre dela solidarité et du partage que les dif-férents membres du Bureau partici-pent à de nombreuses activités, notam-ment à la Caisse de Secours et auConseil de l’AX, ou encore au parrai-nage des élèves étrangers.En 2011, les Y se sont réunis lors desdeux événements traditionnels : lemagnan des Y et l’Assemblée géné-rale. Le premier a eu lieu commechaque année en janvier à Palaiseauet a permis d’accueillir au sein de lacommunauté des Y la nouvelle Kèsfraîchement élue. C’est toujours l’oc-casion pour les anciens de conserverun lien avec l’École et d’échanger direc-tement avec les élèves, notamment endécouvrant les images de la dernièrecampagne Kès. Mais c’est aussi pour

les plus jeunes une opportunité de seretrouver peu après la sortie et d’échan-ger avec leurs successeurs. Le secondrassemblement, l’Assemblée géné-rale, a été tenu le 30 mai et a rassembléune soixantaine d’anciens. Ce fut l’oc-casion d’échanger les idées, les recetteset les bonnes pratiques pour l’organi-sation des magnans de promo, qu’ilssoient rares (tous les cinq ans) ou rap-prochés (tous les mois!) selon les for-mules. L’Assemblée générale a éga-lement fait un point d’information surle projet du plateau de Saclay.Le Bureau des Y s’est réuni quatrefois au cours de l’année 2011. Sa pré-occupation principale de l’année a étéde renforcer les liens entre ancienset élèves, en liaison avec l’AX et la Kès2009, notamment au travers de l’opé-ration N/N-10 qui rapproche les élèveset leurs aînés d’une décennie.

L’AX ET LES JEUNES

La mission du groupe de réflexion« Jeunes », qui regroupe tous lesmembres les plus jeunes du Conseil,est d’améliorer l’image que l’AX donneaux élèves comme aux camaradesissus des jeunes promotions diplô-mées. Ce groupe s’est réuni à quatrereprises pour faire un point des diffé-rents services que propose l’AX etd’étudier la manière la plus efficacepossible de les mettre en valeur.Le groupe a pu s’appuyer sur la délé-gation générale et aussi tiré les conclu-sions des discussions avec la Kès, l’as-sociation des masters et celle desdoctorants. Ainsi une nouvelle pla-quette de présentation de l’AX a étédistribuée aux promotions 2008 à 2011.Un mail de sensibilisation a aussi étéadressé à ces jeunes promotions parle président de l’AX, après un travailconjoint avec la délégation générale.De nombreux sujets et thèmes ont étéabordés, mais celui qui a fait l’objetd’une attention particulière est l’ani-mation des groupes X. À ce titre, ungroupe de réflexion « Groupes X » aété mis en place.

LES GROUPES X

Les groupes X, en liaison avec l’AX,réunissent par profession, par centred’intérêt, par pays, ou par région, desmembres de l’Association qui souhai-tent établir entre eux des liens et deséchanges.

L’Assemblée générale du 14 juin 2011a ratifié l’agrément des groupes X-Tunisie, X-Suisse, X-Œnologie, X-Chiliet X-Start up. Aucun nouveau groupeX n’a demandé son agrément au coursdu second semestre.Un groupe de réflexion «Groupes X»a été créé au niveau du Conseil d’ad-ministration de l’AX en septembre 2011qui a pour objectifs :– animer la communauté des groupes X;– identifier les besoins des groupes;– favoriser un enrichissement mutuelAX – groupes X.Au plan des actions 2011, un audit aété établi afin de prendre contact avecles présidents de tous les groupes dela communauté dans le but d’identi-fier les services de l’AX qui sont utilesà l’activité des groupes ainsi que lesmanques éventuels. Un premier contacta été établi avec une grande majoritédes présidents des groupes X. Cela anotamment permis de mettre à jourtoutes les données concernant lesgroupes contactés.L’année 2012 sera l’occasion de faireune restitution du bilan de l’audit réa-lisé, afin d’en déduire les actionsnécessaires à mener pour assurerune cohésion plus forte entre lesgroupes et l’AX.

AUTRES INITIATIVES

La gestion des actifs financiers del’Association a fait l’objet d’un examenet le Conseil a pris la décision d’unegestion plus prudentielle. Le trésorierde l’Association, assisté de la déléga-tion générale, procède donc en 2012 àune réallocation des actifs en consé-quence.Par ailleurs, deux actions menées encollaboration avec différents parte-naires peuvent être signalées.D’une part, l’AX pilote une opérationdite « N/N-10 » de parrainage d’unepromotion par la promotion de dix ansantérieure. Cette opération est menéeavec le concours des Kès des pro-motions N et N-10 ainsi qu’avec lecomplet appui de l’École et de laFondation de l’X.D’autre part l’AX, en étroite collabora-tion avec l’École et la Fondation, s’estattachée à favoriser deux types d’ini-tiatives complémentaires, à partir duconstat que l’image du polytechnicienest plutôt celle du cadre supérieur dansles grandes entreprises que celle du

Vie de l’Association

90 LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

P.85-96 Rapports 27/04/12 7:10 Page 90

Page 93: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

créateur d’entreprise, alors que cettedernière est aujourd’hui très positive :• tout d’abord mieux faire connaîtrece qui existe : de nombreux camaradescréent leur entreprise, souvent avecde très beaux succès. Les revuesinternes de l’École et La Jaune et laRouge se sont appliquées à les mettrerégulièrement en exergue. Par ailleursl’enquête réalisée début 2010 et pré-sentée lors de l’AG a inclus une sériede questions afin de mieux connaîtrele nombre de nos camarades créa-teurs d’entreprises. La communica-tion de la FX pour la levée de fondsprend désormais en compte cettedimension. La commission tripartite(X-AX-FX) veille, dans ses plans decommunication, à puiser dans ces suc-cess stories et bientôt dans les statis-tiques pour enrichir l’image du poly-technicien sur ce plan;• ensuite prendre des mesures coor-données entre École, FX et AX pourfavoriser la création d’entreprise enlui donnant les meilleures chances desuccès : – inscription systématique de la créa-tion d’entreprise dans les valeurs del’École,– mise en place d’un prix de l’innova-tion et de la création d’entreprise avecZodiac Aerospace (prix Jean-LouisGERONDEAU) pour encourager la créa-tion d’entreprise et dont les premierslauréats ont été primés en 2011,– intervention, dans les conférencesaux élèves, de jeunes camarades quiont réussi leur projet d’entreprise,– favoriser les échanges d’expérienceentre camarades entrepreneurs oudésirant le devenir (missions d’XMP-Entrepreneur et XMP-Entrepreneuriatsocial),– aider à trouver des fonds propres etdes actionnaires qui souhaitent accom-pagner une aventure entreprenariale enlui apportant conseils, crédibilité etréseaux de relations (XMP-BusinessAngels et XMP-Entrepreneuriat social).Il est prévu que ces efforts soient pour-suivis ces prochaines années par l’ins-cription de la création d’entreprise dansla pédagogie (chaire de Managementde l’innovation puis de la Création d’en-treprise), la création d’un environne-ment favorisant l’éclosion de start-ups(Incubateur) et le redéveloppement del’activité d’X-Création (Filiale communede l’École et de la Fondation).

III. L’AX ET L’ÉVOLUTIONDE L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE

L’année 2011 a été marquée par uneavancée continue dans les réflexionsconcernant l’évolution de notre École,en particulier dans le contexte du pro-jet de campus de Saclay.Un important groupe de travail AX-FX,incluant des membres de la directionde l’École, présidé par François LUREAU,a travaillé et rendu un rapport sur lefutur de l’X. Enfin, l’AX, représentéepar son nouveau président LaurentBILLÈS-GARABÉDIAN, a participé auxréflexions avec le ministère de la Défensequant aux missions et à l’organisationde l’École.

LA RÉSOLUTION DU CONSEIL

DU 5 JUILLET 2011

Dans le contexte de la constructionde l’université Paris-Saclay et des«Initiatives d’excellence» (IDEX) pourle financement des grandes universi-tés, le président Laurent BILLÈS-GARABÉDIAN a pris l’initiative de fairevoter par le Conseil d’administrationune résolution capitale sur la positionde l’AX quant à la mission de l’Écolepolytechnique, son statut, sa tutelle, soninsertion et son rôle dans la construc-tion de Paris-Saclay.Cette résolution adoptée le 5 juillet2011 à une très large majorité a étéla suivante :« L’AX affirme à nouveau que l’Écolepolytechnique est au service de l’inté-rêt général de la Nation, de son éco-nomie, de ses intérêts stratégiques etde la Défense. Il est donc nécessairequ’elle conserve sa spécificité et sonidentité, notamment pour son cycleingénieur, c’est-à-dire son statut d’éta-blissement public et son rattachementau ministère de la Défense.Sa mission est de former des ingé-nieurs et des scientifiques de hautniveau pour l’ensemble des activitésvers lesquelles ils s’orienteront. L’Écoledoit poursuivre la mise en œuvre déter-minée de sa réforme, essentiellementson ouverture internationale et la spé-cialisation des élèves.L’AX soutient la contribution active del’École polytechnique à la création d’uncampus d’enseignement et de recherched’ambition mondiale de Paris-Saclayet le rapprochement ultérieur en sonsein de l’X avec des écoles de ParisTech,

afin de développer une visibilité inter-nationale en termes de formation –notamment pour sa graduate schoolet son école doctorale –, d’innovationet de recherche.Afin de pouvoir s’engager davantage,l’AX demande que la gouvernance de cetensemble soit précisée et correspondeà celle des meilleures institutions d’en-seignement et de recherche au planmondial.»

GROUPE DE TRAVAIL AX-FX

SUR LE FUTUR DE L’X

Après la remise de son rapport enoctobre 2010 précédant le rapport dugroupe présidé par Marion GUILLOU,le groupe de travail AX-FX (GT AX-FX)a accompagné les discussions au seindu ministère de la Défense – avec deuxchangements de ministre – et de l’Éco-nomie et des Finances pour en expli-citer les recommandations.La décision de mise en œuvre était envi-sagée pour le début de l’été 2011. À cemoment-là, la perspective d’IDEX pourle financement des grandes universi-tés au titre des investissements d’ave-nir a conduit le gouvernement à mettrela priorité sur la préparation de cetteopération.Le président de l’AX a fait voter dansce contexte la résolution du Conseil,le 5 juillet 2011 (voir chapitre précé-dent). Il a demandé que le groupe detravail AX-FX, élargi à 15 membres dontun participant de l’École polytechnique,reprenne formellement ses travauxsur la base d’un nouveau mandat éta-bli conjointement avec la FX.Les thèmes principaux retenus pourlancer la réflexion ont été :– la contribution avec l’École à la réno-vation du cycle ingénieur pour unemeilleure satisfaction des besoins desemployeurs, les possibilités de syner-gie avec les autres écoles implantéesà Palaiseau, les liens avec le pôle ingé-nierie de Paris-Saclay, l’évolution desspécialisations dans ce nouveaucontexte,– la définition du contour et les condi-tions d’une composante de l’univer-sité de Paris-Saclay (UPS) et les évo-lutions souhaitables de l’X et des grandesécoles d’ingénieurs devant se locali-ser autour de l’École (mutualisationspossibles), la constitution du pôle ingé-nierie de Paris-Saclay et ses implica-tions pour l’X et ParisTech,

Vie de l’Association

91LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

P.85-96 Rapports 26/04/12 7:45 Page 91

Page 94: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

– l’évolution, dans ce cadre, avec notam-ment la création d’une école doctoralemultidisciplinaire à vocation interdis-ciplinaire, en veillant à l’employabilité.Compte tenu du contexte, le GT AX-FXa retenu deux axes de travail : 1) lecycle ingénieur et 2) la question du pôleingénierie de l’UPS ou School ofEngineering (SoE).S’agissant du cycle ingénieur le groupeformule les recommandations et obser-vations suivantes : clarifier la commu-nication sur la formation multidiscipli-naire, dense en formalisme, réexaminerla question des diplômes et notammentcelle du double master au bout de quatreans, recentrer et piloter les formationsde 4e année, mettre en place des par-cours (recherche, ingénierie et inno-vation, management des technologies)et développer les qualités comporte-mentales (soft skills).La perspective de la participation del’École à l’UPS, avec ses avantages etinconvénients, la met en fait en com-paraison directe avec toutes les autresgrandes écoles de l’UPS et notamment

Centrale-Supélec, et faute d’une visi-bilité plus grande sur ce qui la diffé-rencie (une formation polyscientifiqueapprofondie notamment) pose de sérieuxproblèmes de positionnement au seinde l’UPS. C’est en cela que les deuxthèmes retenus se rejoignent : mieuxdifférencier le cursus ingénieur, 4e annéecomprise, et trouver un positionne-ment original reflétant l’apport de cetteapproche multi-interdisciplinaire etscience-based.Compte tenu de cette observation, legroupe recommande une approchemultischools, avec une présence fortedans la SoE à condition d’avoir aupréalable pu rapprocher au moinsl’ENSTA et Télécom-ParisTech. Legroupe regrette enfin que le conceptd’université confédérale paraisseabandonné pour l’UPS fondée surune intégration forte, même si lastructure de départ – un Établissementpublic de coopération scientifique(EPCS) – ressemble à un Pôle derecherche et d’enseignement supé-rieur (PRES).

Enfin, il paraît particulièrement impor-tant de souligner une grave préoccu-pation du groupe, unanimement par-tagée, sur la direction prise par leprocessus de structuration de l’UPS.En effet, l’abandon progressif des prin-cipes fondateurs d’août 2011, souventen dehors de toute démarche partici-pative, le risque de voir la tutelle del’École abandonnée par le ministèrede la Défense accroissent de jour enjour l’éventualité pour notre commu-nauté de se retrouver confrontée à unprojet ne répondant plus du tout à savision de la mission de l’École.Le groupe de travail AX-FX estime qu’ily a probablement lieu d’alerter dèsmaintenant notre autorité de tutellesur ces préoccupations et cela, avantqu’une situation conflictuelle ne secrée, situation dont la probabilité d’oc-currence croît sensiblement depuis lafin de l’année 2011. ■

Le 19 avril 2012Jean-Marc DAILLANCE,

Secrétaire général de l’AX

Vie de l’Association

92 LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

P.85-96 Rapports 26/04/12 7:57 Page 92

Page 95: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

FORMATION

ACCOMPAGNEMENT

Sciences

et Techniques

Innovation

et Business

Développement

Projets

et Systèmes

Communication

Leadership

et Management

Le Collège

de Polytechnique

ı 23, rue Taitbout ı

ı 75009 Paris ı

ı Tél. 01 55 80 50 60 ı

ı Fax. 01 55 80 50 69 ı

Nouveautés Scientifi ques

et Technologiques

« Renforcer, renouveler, croiser les savoirs scientifi ques est un enjeu

que l’accélération technologique rend majeur »

Nos formations phares

Ñ MEMS et MNT : Enjeux Technologiques et perspectives industrielles Les 16 et 17 octobre 2012

Ñ L’éco-conception, facteur d’innovation et de compétitivité Les 18 et 19 octobre 2012

Ñ Smart Grids : Ingénierie des systèmes et modélisation Les 12 et 13 décembre 2012

Ñ Batteries et stockage électrochimique de l’électricité

Les 15 et 16 décembre 2012

Plus d’information, sur notre site : www.collegepolytechnique.com

© Fotolia

Page 96: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

LES COMPTES de l’exercice 2011 del’AX ont été supervisés par le cabi-net d’expertise comptable «Fidu-

ciaire Prony » dirigé par Alain MARTIN(67). Ils ont été certifiés par Pierre LOE-PER (65), commissaire aux comptes.Ils sont présentés selon les normes duPlan comptable des associations appli-cable à toutes les associations sou-mises à des obligations légales ou régle-mentaires d’établissement de comptesannuels (arrêté du 8 avril 1999, publiéau Journal officiel du 4 mai 1999). Lecompte de résultat est présenté enannexe 1 et le bilan en annexe 2. Lebudget 2012, approuvé par le Conseild’administration du 15 décembre 2011,est en annexe 3.

1. ANALYSE

DU COMPTE DE RÉSULTAT

L’exécution du budget 2011 approuvépar l’Assemblée générale du 14 juin2011 fait l’objet de l’annexe 1 qui donnele compte de résultat de l’exercice éta-bli selon les normes du plan comptabledes associations.

PRODUITS D’EXPLOITATION

La production vendue (abonnements àLa Jaune et la Rouge, recettes publi-citaires, recettes du Bal de l’X) est enhausse de 4% par rapport à l’exercice2010 (1 317 k€ contre 1 267 k€). Lesrecettes publicitaires de La Jaune etla Rouge sont nettement supérieuresà celles de 2010 à 448k€ contre 409k€(+10%), tandis que celles de l’Annuairese maintiennent au niveau des annéesprécédentes à 140 k€. Les abonne-ments à La Jaune et la Rouge se main-tiennent au niveau de 210 k€ en 2011.Les recettes du Bal ont atteint 96 %de l’objectif fixé dans le budget soit519 k€. Le résultat est bénéficiaire encoût direct mais déficitaire de 22 k€en coût complet. Les cotisations sontà peine supérieures à celles récoltéesl’année dernière (794 k€ contre 792 k€en 2010), le tarif de base n’ayant pasété modifié (120 €) et le nombre d’ad-hérents cotisants étant resté constantà 7 500. Les autres produits (ventesd’annuaires, petites annonces...) sonten repli de 10 % (88 k€ contre 98 k€).

Les contributions bénévoles sont dumême ordre que celles de l’exerciceprécédent (96 k€ contre 94 k€), la plu-part des donateurs étant des membresP de l’Association (promotions anté-rieures à 1959).

PRODUITS FINANCIERS

Les intérêts et produits assimilés sonten légère baisse par rapport à l’andernier (37 k€ contre 40 k€) tandis queles plus-values réalisées se révèlentnettement inférieures à celles consta-tées en 2010 (58 k€ contre 127 k€).

PRODUITS EXCEPTIONNELS

Les produits exceptionnels compren-nent pour 298 k€ la part de la ristournesur la prime de l’assurance groupedécès qui revient à l’AX, calculée confor-mément à la résolution prise enAssemblée générale de juin 2010.

CHARGES D’EXPLOITATION

Les charges d’exploitation sont enhausse d’environ 13 %, passant de2 707 k€ en 2010 à 3 052 k€ en 2011.Les achats et charges externes sui-vent l’inflation passant de 1 370 k€ à1399 k€ (+ 2,1%). La masse salarialeest supérieure à celle de l’exercice2010 (765 k€ contre 669 k€ en 2010 et713 k€ en 2009) en raison de deuxcontrats en CDD, celui de l’assistantedu Président auquel il a été mis fin enseptembre 2011 et celui d’une rédac-trice pour renforcer l’équipe de LaJaune et la Rouge. La dotation auxprovisions de 605 k€ est en augmen-tation de 34 % par rapport à 2010, ladotation complémentaire de l’année2011 revenant à environ 165 k€. Ellecorrespond aux prêts de la Caisse deSolidarité, dont les bénéficiaires pré-sentent un risque sur leur capacité deremboursement. Le nombre de cama-rades ou de familles de camaradessecourus est en effet en très netteaugmentation pour la deuxième annéeconsécutive (31 dossiers ouverts pen-dant l’année). Les autres chargesconcernent essentiellement les secoursdirects. Elles sont elles aussi en netteaugmentation pour les mêmes rai-sons (236 k€).

CHARGES FINANCIÈRES

Les frais financiers et les pertes survente de valeurs mobilières se main-tiennent au même niveau que l’exerciceprécédent, tandis que les provisions pourmoins-values latentes sur les valeursmobilières accusent une très nette aug-mentation (326 k€ contre 159 k€) en rai-son du contexte monétaire et financier.En fin d’année, l’exposition au seul risqueaction était proche de 20 % pour l’en-semble des portefeuilles de l’Associationet proche de 30% sur le fonds de réservede l’Association.

CHARGES EXCEPTIONNELLES

ET IMPÔTS

Les autres postes de charges (chargesexceptionnelles et impôts) n’appellentpas d’observation particulière.

RÉSULTAT

L’augmentation importante des pro-visions pour moins-values latentessur les valeurs mobilières et l’aug-mentation du coût du risque pour lesprêts de secours de la Caisse deSolidarité font que le résultat de l’exer-cice 2011 est déficitaire (174 k€) mal-gré l’apport d’une partie de la ristournede l’assurance décès.

2. ANALYSE DU BILAN

Le bilan fait l’objet de l’annexe 2, avecrappel du bilan de l’exercice précédentavant affectation du résultat. Il est pré-senté selon les normes du Plan comp-table des associations. Les valeurs mobi-lières (titres) sont évaluées à l’actif (brut)à leurs valeurs d’origine. Les moins-valueslatentes, dont le total est de 325 989 €,sont prises en compte en provision. Leportefeuille Dargelos ayant fait l’objetd’un reclassement en immobilisationsfinancières, le montant net de l’ensembledes titres est de 7819919€dont 1434320€pour le fonds Dargelos et 6385599 € endiminution de 5,6 % par rapport à 2010(6764357 €) alors que le CAC40 a chutéde près de 20 % sur l’année 2011. Lesmoins-values et les plus-values latentesglobales au 31 décembre 2011 sont por-tées sur le tableau ci-contre qui reprendla répartition entre la dotation et le fondsde réserve (hors dotation).

Vie de l’Association

94 LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

RAPPORT DU TRÉSORIER SUR L’EXERCICE 2011ET LE BUDGET 2012

P.85-96 Rapports 26/04/12 7:46 Page 94

Page 97: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

Les autres lignes du bilan n’appellentpas de commentaire particulier.

3. AFFECTATION DU RÉSULTATDE L’EXERCICE

Il est proposé d’affecter le résultat del’exercice, soit une perte de 174218€au report à nouveau, qui s’élèverait ainsià 2046811€ contre 2221029€ à fin 2010.

4. BUDGET 2012Le budget de l’exercice 2012 a étéarrêté par le Conseil du 15 décembre2011. Il est repris en annexe 3. Lesproduits d’exploitation sont en haussede 6 %.Le revenu des cotisations et des abon-nements a été calculé « à effectifsconstants » et tient compte des nou-veaux tarifs de cotisations approuvéslors du Conseil d’administration denovembre 2011 (hausse de la cotisa-tion plein tarif à 125€).Le budget du Bal a été approuvé enseptembre dernier par le Conseil : ilest en hausse de 22 % par rapport à2011 du fait de la nature du spectacleenvisagé (opérette) et vise un résul-tat de 5 000€ en coût complet.Le budget de La Jaune et la Rouge esten augmentation en recettes par rap-port au budget 2011 (sans reproduirele niveau de recettes publicitaires de2011 néanmoins) et vise un résultatpositif à 64 k€.Pour la première année est prévue aubudget une augmentation de 100000€des provisions pour les prêts de laCaisse de Solidarité. Dans les produitsexceptionnels, la prévision de la ris-tourne de l’assurance CNP tient comptedes risques encourus.Dans les charges exceptionnelles, onnotera la hausse du poste Commu-nication qui permettra de financer lesdépenses liées au 40e anniversaire del’entrée des femmes à l’X.Au total, les charges de fonctionne-ment de la délégation générale ontété réduites de 16 %. Cette diminu-tion est due notamment à la réductiondes dépenses de la présidence. Lescharges de fonctionnement répartiessur les sections diminuent quant àelles de 6 %.Le résultat de l’exercice est prévulégèrement bénéficiaire mais commeles années précédentes, le résultatfinal de l’exercice dépendra des réa-lisations de moins-values ou de plus-

values sur valeurs mobilières, de l’évo-lution des portefeuilles de titres en2012 et de la situation des engage-ments de la Caisse de Solidarité.

5. RÉSOLUTIONSSOUMISES PAR LE CONSEILAU VOTE DE L’ASSEMBLÉE

PREMIÈRE RÉSOLUTION

L’Assemblée générale, après avoirpris connaissance des comptes del’AX arrêtés au 31 décembre 2011 telsque présentés dans le Rapport dutrésorier et le Rapport du commis-saire aux comptes, approuve cescomptes ainsi que l’affectation de la

perte de l’exercice pour un montantde 174 218€ au report à nouveau.

DEUXIÈME RÉSOLUTION

L’Assemblée générale approuve lebudget de l’exercice 2012 arrêté parle Conseil du 15 décembre 2011 etdonné en annexe 3.

TROISIÈME RÉSOLUTION

L’Assemblée générale exprime sesremerciements aux camarades et parentsde camarades auteurs de libéralités etde dons en faveur de l’AX au cours del’année 2011 ainsi qu’aux membres duComité de la Caisse de Secours pourleur activité et leur dévouement. ■

Vie de l’Association

95LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

VALEURD’ORIGINE

2 645 871 €

4 109 829 €

Total affectéà la dotation

Total affectéau fonds de réserve

VALEURBOURSIÈRE

3 218 287 €

3 883 797 €

MOINS-VALUESLATENTES

0 € 572 416 €

99 957 €325 989 €

AFFECTATIONDES VALEURS MOBILIÈRES

PLUS-VALUESLATENTES

• 1997 et avant

COTISATION

MEMBRE SEUL

PROMOTIONS ABONNEMENTJAUNE ET ROUGE

TOTAL

2E MEMBRED’UN COUPLED’ADHÉRENTS

(SANS ABONNT JR)

125 € 40 € 165 € 60 €

• 1998-2000 110 € 40 € 150 € 55 €

• 2001-2004 80 € 30 € 110 € 40 €

• 2005 50 € 20 € 70 € 25 €

• 2006-2007 30 € 10 € 40 € 15 €

• 2008 10 € 5 € 15 € 5 €

• 2009-2011 1 € gratuit 1 € 1 €

• Titulaire d’un master 2008et avant 80 € 30 € 110 € 40 €

• Doctorat en 2004 et avant 125 € 40 € 165 € 60 €

• Doctorat 2005-2011 80 € 30 € 110 € 40 €

• Doctorants 50 € 20 € 70 € 25 €

• Titulaire d’un master 2009 50 € 20 € 70 € 25 €

• Titulaire d’un master2010-2011 30 € 10 € 40 € 15 €

• Master étudiant 1 € gratuit 1 € 1 €

COTISATION 2012

Nota : il convient d’ajouter à ces valeurs mobilières de placement les valeurs mobilières de l’actifcirculant pour un montant de 419768€. Il s’agit en particulier du placement de la trésorerie engendréepar les primes d’assurance décès AX-CNP récoltées en fin d’exercice pour être reversées globalementà la CNP au mois d’avril de l’exercice suivant.

P.85-96 Rapports 26/04/12 7:46 Page 95

Page 98: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

En exécution de la mission qui m’a étéconfiée par votre Assemblée générale,je vous présente mon rapport relatif àl’exercice clos le 31 décembre 2011,sur :• le contrôle des comptes annuels del’Association des anciens élèves etdiplômés de l’École polytechnique-AX,tels qu’ils sont joints au présent rapport,• la justification de mes appréciations, • les vérifications et informations spé-cifiques prévues par la loi.Les comptes annuels ont été arrêtéspar le Conseil d’administration. Il m’ap-partient, sur la base de mon audit, d’ex-primer une opinion sur ces comptes.

I. OPINIONSUR LES COMPTES ANNUELS

J’ai effectué mon audit selon les normesd’exercice professionnel applicablesen France; ces normes requièrent lamise en œuvre de diligences permet-tant d’obtenir l’assurance raisonnableque les comptes annuels ne compor-tent pas d’anomalies significatives. Unaudit consiste à vérifier, par sondagesou au moyen d’autres méthodes desélection, les éléments justifiant desmontants et informations figurant dansles comptes annuels. Il consiste éga-lement à apprécier les principes comp-tables suivis, les estimations signifi-catives retenues et la présentationd’ensemble des comptes.J’estime que les éléments que j’ai col-lectés sont suffisants et appropriéspour fonder mon opinion.Je certifie que les comptes annuelssont, au regard des règles et principescomptables français, réguliers et sin-cères et donnent une image fidèle durésultat des opérations de l’exerciceécoulé ainsi que de la situation finan-cière et du patrimoine de l’Associationà la fin de cet exercice.Sans remettre en cause l’opinion expri-mée ci-dessus, j’attire votre attentionsur le point suivant exposé page 4 de l’an-nexe aux comptes et relatif au contratd’assurance décès, groupe géré par laCNP et dont l’adhésion est proposéeaux membres de l’Association.

Le compte d’exploitation CNP fait appa-raître un excédent depuis 1997. Cetexcédent est composé de la sommedes participations bénéficiaires ver-sées annuellement par CNP Assuranceset des plus-values sur Sicav moné-taires réalisées sur la trésorerie géné-rée par le paiement des primes.Chaque année, et pour la première foisà compter de l’exercice 2010, ledit excé-dent de l’exercice majoré de la réserveconstituée au 31 décembre de l’exer-cice précédent est réparti en trois tiers,à savoir un tiers en réserve dans lecompte CNP (ouvert dans les comptesde l’AX), un tiers pour les assurés sousforme de ristourne de leur prime et untiers en résultat exceptionnel pour l’AX.Cette répartition a été décidée lors del’Assemblée générale de l’AX tenue le21 juin 2010.L’incidence sur le résultat 2011 de l’AX(résultat exceptionnel) est de + 298421€.

II. JUSTIFICATIONDES APPRÉCIATIONS

En application des dispositions de l’ar-ticle L. 823-9 du Code de commercerelatives à la justification de mes appré-ciations, je vous informe que les appré-

ciations auxquelles j’ai procédé ontporté sur le caractère approprié desprincipes comptables appliqués.Les appréciations ainsi portées s’ins-crivent dans le cadre de ma démarched’audit des comptes annuels, pris dansleur ensemble, et ont donc contribué àla formation de mon opinion expriméedans la première partie de ce rapport.

III. VÉRIFICATIONSET INFORMATIONS SPÉCIFIQUES

J’ai également procédé, conformémentaux normes d’exercice professionnelapplicables en France, aux vérifica-tions spécifiques prévues par la loi.Je n’ai pas d’observation à formulersur la sincérité et la concordance avecles comptes annuels des informationsdonnées dans le rapport du Conseild’administration et dans les docu-ments adressés aux membres sur lasituation financière et les comptesannuels. ■

Paris, le 30 mars 2012Pierre LOEPER,

commissaire aux comptes,membre de la Compagnie de Paris

Vie de l’Association

96 LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

RAPPORT DU COMMISSAIRE AUX COMPTESSUR LES COMPTES ANNUELS

RAPPORT SPÉCIALMESDAMES, MESSIEURS,

En ma qualité de commissaire aux comptes de votre Association et en applicationde l’article L. 612-5 du Code de commerce, je vous présente mon rapport sur lesconventions réglementées.Il m’appartient de vous communiquer, sur la base des informations qui m’ont étédonnées, les caractéristiques et les modalités essentielles des conventions dontj’ai été avisé ou que j’aurai découvertes à l’occasion de ma mission, sans avoir à meprononcer sur leur utilité et leur bien-fondé. Il vous appartient, selon les termes del’article R. 612-6 du Code de commerce, d’apprécier l’intérêt qui s’attachait à laconclusion de ces conventions en vue de leur approbation.Je vous informe qu’il ne m’a été donné avis d’aucune convention soumise auxdispositions de l’article L. 612-5 du Code du commerce.

Fait à Paris, le 30 mars 2012

Pierre LOEPER, commissaire aux comptes,membre de la Compagnie de Paris

P.85-96 Rapports 26/04/12 7:46 Page 96

Page 99: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

Au programmedes activités du GPX

• Tournois, homologués par la FFB,tous les mercredis à 14h30 à la Maisondes X.

YOGALes cours ont lieu à la Maison des X :• le lundi matin de 10 heures à 12 heures,• le mercredi matin de 10h30 à 12h30,• le jeudi en fin de journée de 17 h 30 à19 h 30.

PROMENADE À PIED■ Dimanche 12 juin avec Jacques GÉNIN (64).De Vaucresson à Garches par le parc etla machine de Marly, la forêt de laMalmaison (Saint-Cucufa) et le parc deSaint-Cloud, trajet de 20 km, parfois pentu.Départ : de Paris Saint-Lazare à 9 h 32,arrivée à Vaucresson à 9 h 55.Retour : de Garches à 17 h 40,arrivée à Paris Saint-Lazare à 17 h 59.(Un train toutes les 30 minutes de 16 heuresà 20 heures.)

CONFÉRENCES-DÎNERSEn liaison avec le groupe X-Histoire etArchéologie• Mercredi 23 mai 2012 à 18h30 «Maza-rin et les Français, histoire d’un ma-lentendu tenace» par Simone BERTIÈRE,historienne.• Mardi 5 juin 2012 à 18h30 «Un muséedans le fleuve, les fouilles du Rhôneà Arles » par Claude SINTES, conser-vateur en chef du patrimoine, directeurdu musée départemental Arles antique.

ASSEMBLÉE GÉNÉRALEMardi 16 octobre à 17 heures à la Maisondes X.

DÎNER-CROISIÈRE SUR LA SEINEMardi 16 octobre à partir de 19 heuressur un bateau privatisé pour le GPX.

THÉÂTRE• Le Fils au théâtre de La Madeleine.• Bernard Mabile sur mesure au théâtreSaint-Georges.• Concert Colonne à la Salle Pleyel.

VISITES CULTURELLES• Le crépuscule des Pharaons au muséeJacquemart-André.• Beauté animale, d’Albrecht Dürer àJeff Koons au Grand Palais.• Degas et le nu au musée d’Orsay.• Le corps découvert à l’Institut du Mondearabe.

VISITE TECHNIQUE• Le pic du Midi du lundi 10 septembre2012 au mercredi 12 septembre avecnuit au Pic.

ESCAPADES TECHNICO-CULTURELLES■ MONACO ET NICEdu 23 au 25 octobre 2012.■ BORDELAIS ET SAINT-ÉMILIONdu 13 au 15 novembre 2012.

BRIDGE• Tournois officiels, homologués parla FFB, tous les lundis à 14 h 30 sousl’égide du GBX à la Maison des X.

12, rue de Poitiers, 75007 Paris.

Téléphone : 01 45 48 52 04

Courriel : [email protected]

Site Internet : gpx.polytechnique.org

L’adhésion au GPX est ouverte

statutairement non seulement

à tous les polytechniciens mais aussi

à leur famille, au sens large du terme.

Pour plus de détails

sur toutes les activités du GPX,

consultez notre site.

et adresse ci-joint un chèque de ........................ eurosau GPX, 12, rue de Poitiers, 75007 Paris.

La cotisation de membre est valable pour le couple.

BULLETIN D'ADHÉSION AU GPXSAISON 2011-2012

DU 01.09.2011 AU 31.08.2012

Nom, Prénom : ...................................................................... Promo : ................

Prénom du conjoint : ............................................................................................

Adresse : ............................................................................................................

..........................................................................................................................

Courriel : ............................................................................................................

Tél. : .................................................... Portable : ..............................................

*34 euros pour les veuves, gratuit pour les élèves de l‘École.N. B. : seuls les Sociétaires bénéficient d‘une admission prioritairepour les manifestations à effectif limité.

Membre Sociétaire (avec droit de priorité) 68 euros *Membre Associé 32 euros

Réception du bulletin GGPPXX CCoonnttaaccttpar courriel par envoi postal

RALLYE TOURISTIQUELe prochain Rallye touristique

automobile aura lieu

le samedi 16 juin 2012.

Vie de l’Association

97LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

P.97 GPX 27/04/12 7:26 Page 97

Page 100: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

98 LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

Vie de l’Association

COMPTE DE RÉSULTAT AU 31 DÉCEMBRE 2011(EN €)

PRODUITS 31/12/11 31/12/10

Produits d’exploitation

Ventes de marchandises

Production vendue 1 316 777 1 266 551

Total I 1 316 777 1 266 551

Production stockée

Production immobilisée

Subvention d’exploitation

Reprise sur provisions amortissements et transferts de charges 452 144 252 998

Cotisations 794 999 792 284

Autres produits 88 128 97 630

Dons 96 062 93 922

Legs 15 264 5 091

Total II 1 446 596 1 241 925

Produits financiers

Différences positives de change

Intérêts et produits assimilés 37 368 40 210

Produits nets sur cessions de valeurs mobilières de placement 57 901 126 528

Reprise sur provisions pour dépréciation VMP 159 086 267 708

Total III 254 355 434 445

Produits exceptionnels

Sur opérations de gestion 303 298 352 433

Sur opérations en capital – –

Reprise/provision dépréciation créance – –

Total IV 303 298 352 433

Total des produits I+II+III+IV 3 321 026 3 295 354

Report des ressources non utilisées des exercices antérieurs

Résultat - Perte

TOTAL GÉNÉRAL 3 321 026 3 295 354

Tablos Bilan_Mise en page 1 27/04/12 08:05 Page98

Page 101: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012 99

Vie de l’Association

CHARGES 31/12/11 31/12/10

Charges d’exploitation

Achats de marchandises

Achats de matières premières

Autres achats et charges externes 1 399 268 1 369 817

Impôts, taxes et versements assimilés 38 364 29 788

Salaires et traitements 525 180 462 207

Charges sociales 240 221 206 602

Dotations aux amortissements et aux provisions

sur immobilisations : dotations aux amortissements 9 501 6 817

sur immobilisations : dotations aux provisions 604 826 449 829

sur actif circulant : dotations aux provisions

pour risques et charges : dotations aux provisions

Autres charges 235 545 181 487

Total I 3 052 904 2 706 547

Quote-part de résultat sur opérations faites en commun (II)

Charges financières

Différences négatives de change

Intérêts et charges assimilées 26 062 25 007

Charges nettes sur cessions de valeurs mobilières de placement 65 452 65 038

Dotations aux provisions pour dépréciation VM 325 989 159 086

Total III 417 503 249 131

Charges exceptionnelles

Sur opérations de gestion – 12 450

Sur opérations en capital 3 259 –

Dotations aux amortissements et aux provisions – –

Total IV 3 259 12 450

Impôt sur les sociétés (V) 21 577 11 522

Total des charges (I II III IV V) 3 495 244 2 979 650

Engagements à réaliser sur ressources affectées

Résultat - excédent – 174 218 315 704

TOTAL GÉNÉRAL 3 321 026 3 295 354

Tablos Bilan_Mise en page 1 27/04/12 08:05 Page99

Page 102: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

100 LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

Vie de l’Association

31/12/11 31/12/10ACTIF BRUT AMORT. ET PROV. NET NET

ACTIF IMMOBILISÉ

Immobilisations incorporelles 158 709,47 125 951,51 32 757,96 34 498,20

Concessions brevets licences logiciels 97 729,86 64 971,90 32 757,96 34 498,20

Autres 60 979,61 60 979,61

Immobilisations corporelles 200 685,32 77 550,34 123 134,98 125 625,56

Terrains 0,15 0,15 0,15

Constructions - - -

Installations techniques matériels outillage 93 970,86 77 550,34 16 420,52 18 911,10

Autres 106 714,31 106 714,31 106 714,31

Immobilisations financières 9 582 861,15 935 814,59 8 647 046,56 7 529 601,70

Participations 136 634,08 5 000,00 131 634,08 131 634,08

Prêts 1 300 318,14 604 825,56 695 492,58 633 610,65

Titres 8 145 908,93 325 989,03 7 819 919,90 6 764 356,97

Total I 9 942 255,94 1 139 316,44 8 802 939,50 7 689 725,46

ACTIF CIRCULANT

Créances usagers et comptes rattachés 326 000,77 9 923,24 316 077,53 237 548,92

Valeurs mobilières de placement 419 767,88 419 767,88 1 786 648,60

Disponibilités 343 026,87 343 026,87 307 541,60

Charges constatées d’avance 23 026,61 23 026,61 29 765,66

Total II 1 111 822,13 9 923,24 1 101 898,89 2 361 504,78

TOTAL GÉNÉRAL 11 054 078,07 1 149 239,68 9 904 838,39 10 051 230,24

BILAN 2011(EN €)

Tablos Bilan_Mise en page 1 27/04/12 08:05 Page100

Page 103: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012 101

Vie de l’Association

PASSIF AVANT AFFECTATION DU RÉSULTAT 31/12/11 31/12/10

FONDS ASSOCIATIFS

Fonds associatifs 3 949 864,76 3 970 966,46

Réserves 2 673 997,58 2 673 997,58

Report à nouveau 2 221 028,90 1 905 325,18

Résultat comptable de l’exercice – 174 217,55 315 703,72

Total I 8 670 673,69 8 865 992,94

DETTES

Dettes fournisseurs et comptes rattachés 237 707,70 264 467,60

Dettes fiscales et sociales 162 255,47 144 750,93

Autres dettes 580 562,53 571 026,77

Produits constatés d’avance 253 639,00 204 992,00

Total II 1 234 164,70 1 185 237,30

TOTAL GÉNÉRAL 9 904 838,39 10 051 230,24

Tablos Bilan_Mise en page 1 27/04/12 08:05 Page101

Page 104: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

102 LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

Vie de l’Association

PROJET DE BUDGET 2012(EN €)

BUDGET RÉALISATION BUDGETCHARGES 2011 2011 2012

CHARGES D’EXPLOITATION COURANTE

Fonctionnement 830 293 823 672 740 413dont répartition sur sections 460 287 479 123 450 958Délégation générale 370 006 344 549 289 455

– 16%

Caisse de Secours 265 589 259 280 266 272Bal de l’X 537 637 540 607 629 358Bureau des Carrières et Manageurs.com 224 078 199 988 230 487La Jaune et la Rouge 550 932 595 388 586 073Service de l’annuaire 146 056 148 785 152 291Annuaire (impression et routage) 175 000 180 000 180 000

Divers (CNISF, gestion CNP...) 73 634 77 904 77 107

Total des charges d’exploitation courante 2 342 932 2 346 501 2 411 044

CHARGES FINANCIÈRES

Pertes sur valeurs mobilières pm 65 452 pmFrais financiers 24 000 24 198 25 000Provision prêts Caisse de Secours 434 400 604 826 705 000Provision pour dépréciation des valeurs mobilières pm 325 989 pm

Total charges financières 458 400 1 020 465 730 000

CHARGES EXCEPTIONNELLES

Projet associatif (évolution eJR) 20 000 11 000 8 000Communication 70 000 59 166 100 000Subventions (FX, KÈS, SHX, SABIX, XMP-Entrepreneur …) 57 400 58 112 58 400

Total charges exceptionnelles 147 400 128 278 166 400

TOTAL DES CHARGES 2 948 732 3 495 244 3 307 444

Tablos Bilan_Mise en page 1 27/04/12 08:05 Page102

Page 105: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012 103

Vie de l’Association

BUDGET RÉALISATION BUDGETPRODUITS 2011 2011 2012

PRODUITS D’EXPLOITATION COURANTE

Cotisations 820 000 794 999 840 000

Contributions bénévoles 95 000 86 064 90 000

Bal de l’X 540 596 518 578 635 785

La Jaune et la Rouge 561 000 665 197 650 000

Annuaire (publicité et vente) 155 000 151 325 155 000

Divers 95 500 92 918 84 300

Total des produits d’exploitation courante 2 267 096 2 309 081 2 455 085

Résultat d’exploitation courante (perte) – 75 836 – 37 420 44 041

PRODUITS FINANCIERS

Profits sur valeurs mobilières pm 57 901 pm

Revenus mobiliers 50 000 37 368 50 000

Reprise provision prêts Caisse de Secours 434 400 439 905 605 000

Reprise provision pour dépréciation des valeurs mobilières pm 159 086 pm

Total produits financiers 484 400 694 260 655 000

PRODUITS EXCEPTIONNELS

Dons et legs 15 000 15 279 pm

Produit exceptionnel 259 590 302 406 212 000

Total produits exceptionnels 274 590 317 685 212 000

TOTAL DES PRODUITS 3 026 086 3 321 026 3 322 085

Résultat de l’exercice 77 354 – 174 218 14 641

Tablos Bilan_Mise en page 1 27/04/12 08:05 Page103

Page 106: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

Tombola du Bal de l’X 2012TIRAGE DU 10 AVRIL 2012,

À LA MAISON DES X, 12, RUE DE POITIERS, 75007 PARIS

La tombola du Bal de l’X est tirée chaque année, depuis près d’un siècle,au bénéfice de la Caisse de Solidarité de l’Association des anciens élèves

et diplômés de l’École polytechnique.En 1931, on pouvait y gagner 1000 km en avion,

100 carnets de tickets de métro et 500 kg de boulets de charbon aggloméré.

L’AX REMERCIE

LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

POUR LE VASE DE SÈVRES

ET TOUS LES GÉNÉREUX DONATEURS QUI ONT DOTÉ

LA TOMBOLA DU BAL DE L’X 2012 DE LOTS DE GRANDE QUALITÉ :

LE POULPRY

Vie de l’Association

104 LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

ET PRÉSENTE SES REGRETS À CEUX DONT LES NOMS ONT PU ÊTRE, BIEN INVOLONTAIREMENT, OMIS.

P.104-105 Tombola Bal de l'X 2012 25/04/12 6:49 Page 104

Page 107: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

Tombola du Bal de l’X 2012Les lots sont à retirer à l’AX, 5, rue Descartes, 75005 Paris

Tél. : 01 56 81 11 00 – Fax : 01 56 81 11 01

AVANT LE 31 JUILLET 2012

(À partir de cette date, les lots non retirés restent propriété de l’Association.)

Le Bureau n’étant ouvert qu’à temps partiel,veuillez prendre la précaution de téléphoner avant de vous déplacer.

LISTE DES NUMÉROS GAGNANTS

8095 Vase de Sèvres offert par le président de la République

N° billet N° lot

872931

1094230

1267028

57605

838000

18095

1168180

1419619

9610232

14010343

4310462

9710479

12910935

13011004

7211085

12111468

6911673

6711674

7711923

11112003

5512361

9512655

9113270

12413284

2714149

4615424

N° billet N° lot

5115749

2115956

11216145

5216151

13216323

8816965

3017239

12717248

6817403

2017416

11817541

4217680

3517744

13517950

14517989

618186

3918578

11918628

5019394

13820103

14820207

1220248

13322241

13422242

13122309

4022356

5322454

9022581

N° billet N° lot

8622762

12324168

12824201

3624537

14424538

3424630

12224654

6424763

14326250

12526285

3126440

10027076

1827218

7127295

4527961

2928062

8228670

5628981

329766

10129785

730030

9830045

2830187

14230338

4130540

4830600

2230700

7830749

N° billet N° lot

6658919

10558983

8959315

10459897

13760303

7460759

1061100

9262330

6162465

1463257

N° billet N° lot

10847672

3348291

3748707

5948774

4949687

449688

10250232

15050260

1350478

2350544

11350731

6051082

7051084

1151376

9951387

3851934

952002

852090

10752189

9352526

8153019

2653276

10354632

7554970

14955860

6258327

2558596

5858784

N° billet N° lot

1630852

1930857

231977

8431978

4732083

6532673

6332678

10632767

3232805

13933073

14733353

7635203

8535597

9436665

7936864

4437246

1537876

11539027

5439279

8039532

5739834

14643083

11743117

11443356

1744908

13645495

11045781

12045819

7315594

2415511

Vie de l’Association

105LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

L'AX doit rappeler aux heureux gagnants de bouteilles de vins et spiritueux que ceux-ci doivent être consommés avec modération.

P.104-105 Tombola Bal de l'X 2012 27/04/12 12:48 Page 105

Page 108: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

Vie de l’Association

106 LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

X-INFORMATIQUE,

Animer les camarades qui s’intéressent à titre professionnelou personnel à l’informatique et aux télécommunications.

Le groupe X-Informatique est membre fondateur du Groupedes 9 + (ou G9 +), créée en 1995, qui rassemble les clubs,commissions et groupes « informatique, télécoms,multimédia » constitués par les anciens élèvesde 21 grandes écoles.

■ LE BUREAU

Président : Jean-Paul Figer (62)Site : www.cyberix.org/Inscription : www.cyberix.org/adherer.aspCotisation : Non, participation aux fraisde chaque manifestation.

■ ACTIVITÉSOrganisation régulière de réunions (conférencesou dîners-débats, tables rondes).Le G9 + organise une trentaine de manifestations par an,ouvertes à tous.

■ PROCHAINES MANIFESTATIONS

Le calendrier complet de l’activité se trouve sur les sitesrespectifs de Cyberix et du G9 + (www.g9plus.org/).Généralement le compte rendu est mis en ligne.

GROUPE TOULOUSAIN DES X (GTX)

Rassembler et représenter les anciens élèves de l'Écolepolytechnique de la région de Toulouse et Midi-Pyrénées.

Le groupe est adhérent à l’URISMIP « Union régionaledes ingénieurs et scientifiques en Midi-Pyrénées »(http://www.urismip.com/) et certains membres sont fortementinvestis dans IES : Initiative pour une économie solidaire(http://www.ies.coop/).

■ LE BUREAU

Présidente : Dominique Poquillon (90)Site : http://gtx.polytechnique.orgInscription : en ligneCotisation : 22 €, participation aux fraisde chaque manifestation.

■ ACTIVITÉS

Dîners-conférences et visites sur des thèmes culturels,scientifiques ou touristiques.Sorties sportives (raquettes, randonnées, canyoning),rallye Pistonix.

■ PROCHAINES MANIFESTATIONS

Voir le programme 2012 :http://gtx.polytechnique.org/programme_2012/

XMP-ENTREPRENEURIAT SOCIAL

Réunir des anciens de grandes écoles qui souhaitent facili-ter l’éclosion, le développement et la réussite de projets quirecherchent un fort retour sur investissement en termesd'impact social :– entrepreneurs sociaux ; social angels ; personnesintéressées susceptibles de rejoindre ces deux catégories.

Liste de membres avec un lien vers leur projet :http://xmp-es.polytechnique.org/

■ LE BUREAU

Groupe collégial d’animateurs : Pascal Corpet (01),Alain Goyé (85), Olivier Lebel (80), Hakara Tea (95),Romain Tribalat (05), Charles-Édouard Vincent (91).

Site : http://xmp-es.polytechnique.org/Inscription : en ligne sur www.polytechnique.net/XMP-ES/ou par courriel à [email protected]

■ ACTIVITÉS

Échange d’information par liste de diffusion, rencontresbimestrielles autour d’un thème ou d’un entrepreneur social,organisation d’événements avec les groupes homologuesd’autres écoles.

ARPLASTIX

Ce n’est pas parce que nous sommes des ingénieurs,que nous ne sommes pas sensibles à la beauté. (GUSTAVE EIFFEL)

Permettre aux camarades, qu’ils soient élèves de l’X, actifs ouretraités, et à leurs proches, de pratiquer ensemble les artsplastiques et faire connaître au public leur « talent caché jus-qu’alors » à l’occasion d’expositions annuelles.

■ LE BUREAU

Président : Phuc Nguyen-Xuan (58) Site : http://arplastix.polytechnique.org/Inscription : auprès du président, [email protected] : 15 euros (20 euros en 2013).

■ ACTIVITÉS

Atelier des lundis après-midi, avec modèle vivantet conseil d’un professionnel ; création récente d’un atelierdu soir ; pratique de l’aquarelle, en extérieur à Paris parbeau temps ; visites de musées ou expositions temporaires.

■ PROCHAINES MANIFESTATIONS

Un voyage annuel.Assemblée générale à la Maison des X en fin d’année.Exposition des œuvres des membres une fois par andans un lieu public, en permanence sur le site.

PARTAGER DES MOMENTS

DE CONVIVIALITÉ

103 membres

VERS L’INTELLIGENCE

COLLABORATIVE

810 membres

RÉVÉLER

LES TALENTS CACHÉS

100 membres

INNOVER AU SERVICE

DE LA SOCIÉTÉ

118 membres (dont 18 non X)

AX AX

AX

P.106 Page des groupes X 27/04/12 7:55 Page 106

Page 109: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

■ 1936

Décès de Denis Monjoin le 15.4.2012.

Michel Siméon, père de BernardSiméon (65), fait part du décèsde son épouse, née Paule Casalta,le 23.3.2012, mère de BernardSiméon (65).

■ 1941

Décès d’André Roche le 29.1.2012.

■ 1942

Décès de Jean Rigaud le 29.3.2012.

■ 1958

André Soubeiran fait part dela naissance de son treizièmepetit-enfant, Bastien, chez Françoiset Marion Soubeiran, le 11.1.2012.

■ 1959

Daniel Robequain fait part dela naissance de ses deux petites-

filles : Sofia chez Étienne et Sarale 24.3.2012 ; Alice chez Bertrandet Sophie le 1.4.2012.

■ 1965

Bernard Siméon, fait part du décèsde sa mère, née Paule Casalta,épouse de Michel Siméon (36).

■ 1968

Décès de Jean-Pierre Equios

le 4.4.2012.

■ 1994

Anne-Sophie et Damien Lavergne

font part de la naissance de leurquatrième enfant, Tiphaine,le 25.11.2011.

■ 1995

Olivier de Montlivault Guyon fait partde la naissance de sa deuxième fille,Louise, le 27.2.2012.

Vie de l’Association

Carnet polytechnicien

Vous n’êtes pas polytechnicienRenvoyez le bulletin ci-dessous, accompagné d’un chèquede 40 € à l’ordre de l‘AX, à l’adresse suivante :AX - Service de l‘Annuaire5, rue Descartes, 75005 Paris. Tél. : 01 56 81 11 15Courriel : [email protected]

Vous êtes polytechnicienDes tarifs préférentiels sont consentis en fonction de votre promotion.Il vous est également possible de régler votre abonnement par prélè-vement bancaire. Consultez l’Association :AX - Service de l‘Annuaire - 5, rue Descartes, 75005 Paris.Tél. : 01 56 81 11 15 - Courriel : [email protected]

Pour tous, possibilité d’abonnement avec paiement en ligne par carte bancaire :www.ax.polytechnique.edu

❏ Vous désirez être abonné à La Jaune et la Rouge. Tarif 2012 : 40 €, 10 numéros (année civile).

❏ Vous désirez souscrire à un abonnement de soutien : 80 €, 10 numéros (année civile).

Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code postal – Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Courriel : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Téléphone : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Abonnement à La Jaune et la Rouge

107LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

CAISSE DE SOLIDARITÉParce que la vie, parfois, n'épargne

pas certains de nos camarades, la

solidarité est un combat quotidien

pour l'AX.

Le 6 juin 2012, l'AX recevra Florence

LUSTMAN (80), inspecteur général

des finances chargée par le président

de la République du pilotage inter-

ministériel du Plan Alzheimer 2008-

2012, pour un déjeuner-débat sur le

thème « Politique publique et soli-

darité, Alzheimer, bien plus qu'une

maladie».

Cette manifestation est placée sous le

parrainage de la Caisse de Solidarité,

bras armé de l’Association sur les

sujets de solidarité.

Le déjeuner aura lieu le mercredi

6 juin 2012 à 12h30 à la Maison des X,

12, rue de Poitiers, 75007 Paris.

La participation aux frais s’élève à

35 euros (15 euros pour les promo-

tions 2000 et ultérieures).

Inscription et règlement :

ax.polytechnique.edu

P.107-111 Cahier (suite et fin) 27/04/12 8:00 Page 107

Page 110: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

Groupes XX-HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE

■ PROCHAINES CONFÉRENCES• Mercredi 23 mai 2012 à 18h30 à laMaison des X, 12, rue de Poitiers,75007 Paris.

«MAZARIN ET LES FRANÇAIS : HISTOIRED'UN MALENTENDU TENACE»Par Madame Simone BERTIÈRE, his-torienne.Mazarin dirigea la France avec com-pétence pendant dix-huit ans, dans desconditions très difficiles. Il triomphade tous les obstacles et transmit à sonfilleul Louis XIV un royaume en parfaitétat de marche dans une Europe paci-fiée, désormais dominée par la France. Or, loin de lui en savoir gré, les Françaisle vouèrent aux gémonies de son vivantet la postérité, quasi unanime, a conti-nué de l'accabler de son mépris.Comment s'explique ce double rejet?L'enquête menée sur cette questioninvite à réfléchir sur la façon dont s'écritl'histoire.

• Mardi 5 juin 2012 à 18h30 à la Maisondes X, 12, rue de Poitiers, 75007 Paris.

« UN MUSÉE DANS LE FLEUVE :LES FOUILLES DU RHÔNE À ARLES »Claude SINTES, conservateur en chefdu patrimoine, directeur du muséedépartemental Arles antique.Les fouilles conduites depuis plus devingt ans dans le Rhône par leDépartement des recherches en archéo-logie subaquatiques et sous-marines ontpermis de découvrir de nombreusespièces antiques confiées par l’État aumusée départemental Arles antique.Le patrimoine archéologique ainsi misau jour connaît un succès extraordi-naire, comme en témoignent l’exposi-tion César le Rhône pour mémoire, quia atteint les 400000 visiteurs ou la ver-sion actuellement en présentation aumusée du Louvre.

Vie de l’Association

108 LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

En partenariat avec

Alain Bravo est nommé présidentde l’Association Pasc@line.

Paul Hermelin est nomméprésident-directeur général deCapgemini.

Philippe Courtier est nommédirecteur général d’EMLYON BusinessSchool.

Bertrand Galtier est nommédirecteur du Parc national des Écrins.

Bernard Lemoine est nomméprésident du pôle Énergie d’Eiffage.

Jacques Delort est nommé directeurcentral des systèmes d’informationsdu groupe CMA CGM.

Marie-Joseph Malé est nomméprésident d’Air Austral France.

Bernard Barrère est nommédirecteur des opérations et duchangement d’Aviva France.

Philippe Van de Maele est nomméprésident du directoire de l’UESL-ActionLogement (UESL).

Hubert Bouxin est nommécodirecteur de la banquede financement et d’investissementde HSBC France.

83

81

81

80

80

78

78

78

72

65

CARNET PROFESSIONNEL Olivier Dambricourt est nommédirecteur délégué de la division sous-marins de DCNS.

Pierre François est nommédirecteur général de SwissLifePrévoyance et Santé.

Jean Ferré est nommé membredu conseil d’administration de l’Afdel.

Arnaud Jacquemin est nommédirecteur délégué des risques du groupeSociété générale.

Frédérique Ville est nomméedirecteur innovation Voyages-sncf.com(groupe SNCF).

Nicolas Prego est nommé directeurinternational, secteur Ville et Transportd’Artelia.

David Bouchoucha est nomméresponsable des ventes institutionnellesEurope du Sud de BNP ParibasInvestment Partners (BNP IP).

Jean-Philippe d’Issernio est nommé se-crétaire général de la Préfecture du Gard.

Bertrand de Singly est nomméassocié d’ESL & Network France.

Élodie Ziegler-Perthuisotest nommée directeur de France Billetet de Fnac Voyages au sein de la Fnac.

Grégory Kron est nommé directeurassurances dommages individuels desparticuliers de Groupama.

Virak Nou est nommé associéet directeur du pôle Vie d’Actuaris(Adding Group).

00

99

96

95

95

94

91

90

88

88

87

87

MAISON DES XASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE

Tous les actionnaires sont convoquésen Assemblée générale ordinaire, mercredi 30 mai 2012 à 17h30,

12, rue de Poitiers, 75007 Paris.

ORDRE DU JOUR1. Rapport de gestion du Conseil d’administration

2. Rapports du commissaire aux comptes

3. Approbation des comptes de l’exercice 2011

4. Affectation du résultat

5. Nominations et renouvellement d’administrateurs

• Président : Maurice BERNARD (48),tél. : 06 83 69 45 [email protected]

• Secrétaire : Jacqueline POTTIERtél. : 01 42 50 65 [email protected]

P.107-111 Cahier (suite et fin) 27/04/12 8:00 Page 108

Page 111: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

Les expertises de 2004 ont en outre per-mis de repérer une épave fluviale dechaland romain, baptisée Arles-Rhône3,datée du premier siècle de notre ère etlongue d’une trentaine de mètres, enexcellent état de conservation.La conférence donnera un bref résuméde ces fouilles puis évoquera le chan-tier de fouilles, relevage et restaura-tion de ce chaland, de même que lechantier d’extension du Musée, en coursde construction. Cette nouvelle aile de900 m2 abritera une bonne partie desobjets découverts afin d’évoquer diversaspects de l’activité du port antiqued’Arles (métiers et services portuaires,installations, produits transportés,outils du commerce, navigation rho-danienne…), avec en son centre l’épaverestaurée du chaland Arles-Rhône3.

X-CÔTE BASQUE

Déjeuner traditionnel des résidentsdu Pays basque – au sens large,

géographiquement – permanentsou estivants, et de leurs conjoints,

samedi 25 août 2012.

Renseignements et inscriptions :Armand BOUTTIER (50)

6, impasse de la Grenouillette31170 TOURNEFEUILLE

Tél. : 05 61 86 25 [email protected]

X-NUCLÉAIRE

André-Claude LACOSTE (60),président de l’Autorité de sûreté

nucléaire (ASN),animera notre dîner-débat

du lundi 25 juin 2012à la Maison des X.

Contact :[email protected]/x-nucleaire/

Vie de l’Association

109LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

PROPRIÉTÉ À VENDRE

Magnifique maison (7 pièces, 180 m2 +dépendances) sur 900 m2 de terrain closde mur, dans village recherché etprotégé à proximité du château deChantilly.

Entrée, cuisine, séjour cheminée, salle àmanger, 3 chambres, 2 salles de bain,1 salle d'eau avec sauna, terrasse cou-verte et vitrée offrant vue imprenable.Possibilités d'extension (COS de 1). Sys-tème d'alarme.

À proximité : forêt, crèche, écoles,collège-lycée, commerces, golfs, gare deChantilly à 15 minutes.

Prix de vente 450 000 €.

Contact : [email protected]

CHALLENGE BOROTRA

Événement traditionnel de la vie associative et sportive polytechnicienne, leChallenge Borotra aura lieu à Palaiseau du 7 mai au 14 juin.

Cette année, le Binet Tennis a choisi d’organiser le Challenge en partenariat avecl’association caritative La Chaîne de l’Espoir, qui vient en aide aux enfants les plusdémunis, en leur apportant soins et éducation. Elle intervient actuellement dansdes pays tels que l’Afghanistan, Haïti ou le Bénin.

Sensibles à l’action humanitaire et humaine, et ayant à cœur de donner une portéesociale à cet événement, nous avons choisi de devenir partenaire de cette Asso-ciation. Ainsi, l’organisation du Challenge Borotra s’engage à faire un don à LaChaîne de l’Espoir.

Il est important de noter que La Chaîne de l’Espoir nous offre l’opportunité d’orga-niser un match de gala, opposant Olivier PATIENCE, ancien 100e mondial, àNicolas DEVILDER, ancien 74e mondial.

Ce match de très haut niveau aura lieu le jeudi 14 juin sur les terrains de l’Écolepolytechnique.

Plus d’informations sur La Chaîne de l’Espoir : www.chainedelespoir.org

Informations supplémentaires sur le Challenge Borotra :Antoine ENGERAND (2010), président du Binet Tennis,

[email protected]

PETITS-DÉJEUNERS POLYTECHNICIENS

Nous recevrons à 8 heures à la Maison des X,12, rue de Poitiers, 75007 Paris

Mercredi 23 maiAlain DUHAMEL, chroniqueur politique

Lundi 25 juinÉric BOUSTOULLER, président de Microsoft France.

Inscriptions sur pdx.fr ou au 06 72 89 02 17.

122e BAL DE L’XL’AX vous informe

que le prochain Bal de l’X est fixéau vendredi 22 mars 2013.

Pour recevoir la plaquette de pré-sentation « Entreprises » du prochainBal de l’X ou le bulletin de réser-vation « Particuliers », merci decontacter [email protected]

P.107-111 Cahier (suite et fin) 27/04/12 8:00 Page 109

Page 112: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

Vie de l’Association

110 LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

Le Bureau des Carrières peut t’aider à piloter ta carrière professionnelle au mieuxde tes intérêts dans les périodes agitées que nous traversons actuellement :évolution, réorientation, changement de secteur, de métier…

Le cas échéant, nous pouvons t’aider à préparer et à réussir une recherched’emploi.

Pour cela, nous te proposons les services suivants :

ENTRETIENS PERSONNALISÉSIl est de ton intérêt de prendre conseil le plus tôt possible, dès que certains signesavant-coureurs se manifestent : ambition contrariée, envie de changer, ennui,impasse, climat difficile, retrait des responsabilités, incompréhension, mutationnon désirée…

Nicolas ZARPAS (58) et Michel PRUDHOMME (64) sont à ta disposition pour enparler. Ils ont l’habitude, et peuvent t’éviter des réactions trop hâtives ou inefficaces.

Nicolas, ancien cadre supérieur de Péchiney, est responsable du Bureau desCarrières depuis 2002. Il a déjà conseillé près de 1 000 camarades à ce titre.

Michel, quant à lui, professionnel du Conseil en transition de carrière, a accompagnéplus de 250 cadres et dirigeants dans des Cabinets internationaux, puis dans sonpropre Cabinet.

SÉMINAIRES & ATELIERSEn fonction de ton cas, il te sera proposé un ou plusieurs séminaires organiséspar le Bureau des Carrières, afin de t’aider à préparer ton plan d’action. Cesséminaires peuvent intéresser aussi bien les camarades en poste (qu’il s’agissede leur premier poste ou qu’ils soient expérimentés) que ceux qui ne le sontplus.

Les appréciations des camarades nous ont montré que ces séminaires étaientbien appréciés, et qu’ils se sont souvent révélés très utiles.

RÉSEAUXUne fois ton projet finalisé, tu pourras accéder à divers réseaux polytechniciens :• correspondants et contacts du Bureau des Carrières en entreprise,• parrains et mentors,• le groupe X-Évolution professionnelle, formé de camarades en recherche quise retrouvent périodiquement au 5, rue Descartes pour y échanger sur leursexpériences.

LOGISTIQUELes moyens suivants te seront aussi accessibles :• le site de petites annonces www.manageurs.com• des listes de chasseurs de têtes, conseils en évolution professionnelle, avocats…• la documentation disponible à l’AX, à Palaiseau et sur Internet• un bureau équipé situé 5, rue Descartes.

En conclusion, si tu ne t’occupes pas de ta carrière, personne d’autre ne s’enoccupera, si ce n’est pour prendre des décisions te concernant à ta place. Il vautmieux prévenir que guérir.

Le Bureau des Carrières est là pour t’aider dans cette démarche proactive.

Contacte Nadine MÉLISSE qui s’occupe de toute la logistique du Bureau desCarrières au 01 56 81 11 14.

OFFRES

DE SITUATION

Elles sont sur le site Web:www.abcdx.com

ANNONCES PERMANENTES

■ 3527 - CNIM - Groupe français, lea-der en conception et réalisation de sys-tèmes et solutions industrielles inno-vantes, CNIM et sa filiale BertinTechnologies (3 000 personnes dont1300 ingénieurs, 600 millions d'eurosde chiffre d'affaires) sont présents dansles secteurs de l'Énergie, de la Défenseet de l'Environnement. Nous recherchons des ingénieursexperts, des chefs de projets et desresponsables d'activités à haut poten-tiel (management d'équipes, conduited'études et développement d'équipe-ments à forte valeur ajoutée).Esprit d'équipe, innovation technolo-gique, professionnalisme dans laconduite des projets sont nos meilleursatouts pour garantir la satisfaction denos clients.Vous partagez ces valeurs? Rejoignez-nous pour accompagner le dévelop-pement du Groupe CNIM et de BertinTechnologies, en France et à l'inter-national.Contact : Philippe DEMIGNÉ X82Tél. : 01 39 30 61 00Courriel : [email protected]

DEMANDES

DE SITUATION

■ 3472 - Formation X 84 ENSTACEDEP. 20 ans d’expérience majori-tairement dans l’équipement auto-mobile en France et en Tunisie, chercheposition de direction générale en

AX - BUREAU DES CARRIÈRES

5, rue Descartes, 75005 ParisTél. : 01 56 81 11 14Fax : 01 56 81 11 03

[email protected] Web : www.abcdx.com

Les annonces à publier dansle numéro de juin-juillet 2012

devront nous parvenir au plus tardjeudi 14 juin 2012

Le règlement s’effectueen fin d’année.

TARIFS 2012annonce permanente :

9 euros la ligne par mois

P.107-111 Cahier (suite et fin) 27/04/12 8:00 Page 110

Page 113: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

Vie de l’Association

111LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

France ou à l’étranger, de préférencedans le domaine de l’équipementautomobile ou de la mécanique.Curriculum vitæ disponible surmanageurs.comContacter Ismail Kamounau + 21620528698

■ 3475 - X76+MBA, forte expériencede projets internationaux en systèmes d'information. Je recherche un postede direction de SI ou de direction deprogramme (transformation, transi-tion, outsourcing). Anglais excellent.Expérience USA.

■3476 - X60 - Armement - ENA, rési-dant à Bruxelles, bonne connaissancede l’industrie, des institutions poli-tiques et administratives françaiseset européennes, anglais courant,recherche missions correspondant àces compétences.

AUTRES ANNONCES

5, rue Descartes, 75005 ParisTél. : 01 56 81 11 11 – Fax : 01 56 81 11 01

Courriel : [email protected] Internet : www.polytechniciens.com

OFFRESDE LOCATIONS

PARIS/BANLIEUE

■ LA599 – PARIS XVIe - Jardin Sainte-Périne, environnement calme. Famillecamarade loue chambre environ 20 m2,dans appt. Prix raisonnable 300 €.Tél. : 01 45 24 53 12 - 06 61 97 42 35.

■LA600 - PARIS XVIe - Camarade louestudio 26 m2 meublé - 750€/mois ch.comprises. Tél. : 06 79 69 03 06.

■ LA601 - PARIS XIVe - Denfert-Saint-Jacques. Camarade loue 2 p. 36 m2

refait, 1er étage, clair, calme et agréable.Proche RER B Denfert. 1050€ ch. comp.Tél. : 06 09 02 02 47 (laisser message).

PROVINCE

■ LB587 - COURSEULLES (Calvados).X 61 loue maison de famille, front demer, 8 à 10 pers. Contact :[email protected]

ÉTRANGER

■ LC107 - X52 - Riad dans Médina deMarrakech proche grande Medersa.Personnel permanent. Nombreux ser-vices : excursions, repas, Internet, etc.www.riad-sekkat.com

VENTES D‘APPARTEMENTSET PROPRIÉTÉS

PROVINCE

■ VB550 - CANNES - Centre, quartierFortville, rue Louis Blanc. Frère Muller(54) vend 3 p., 70,62 m2 (loi Carrez), au1er étage avec ascenseurs, dansimmeuble années 60. Box fermé dansgarage. Cave. Travaux à prévoir.Classement D (énergie), E, pour CO2.267500€ (FAI). Tél. à sa fille à Paris :06 15 43 42 26.

DIVERS

■D668 Benoît RICHARD, Sciences Po(fils RICHARD 42), conseil immobilier,RECHERCHE APPARTEMENTS etPROPRIÉTÉS (vente, location). AgenceInternationale ÎLE SAINT-LOUIS,75004 Paris. Tél. : 06 09 74 38 37 (et01 43 26 22 63). [email protected]

■D669 - Épouse BOLLIER (64) cherchebelles maisons ou beaux appts VIDESou MEUBLÉS pour étrangers en séjourParis ou environs - 6 mois à 2 ans -garanties financières - loyers intéres-sants - conditions préférentielles. QualityHomes Internat. Tél. : 01 44 71 35 44ou 01 47 57 32 00. [email protected]

TARIFS 2012 (la ligne)

Demandes de situation: 7 euros

Offres d’emploi: 10 euros

Immobilier: 14 euros

Divers: 16 euros

Les annonces à publier dans le numéro

d’août-septembre 2012devront nous parvenir

au plus tardle jeudi 16 août 2012

■D670 - X74, ingénieur ENST 80, donnecours à domicile, de mathémathiques(niveau seconde à terminale S ou mathssupérieures). 06 43 42 59 65 ou01 42 71 81 97.

■ D671 - GIBERT (64) propose la réa-lisation de biographies (personnelle,famille, entreprise, club ou associa-tion), sous la forme « brochure » ou«livre», à partir d’interviews et de docu-ments existants (textes ou photos).06 80 03 61 92 ou [email protected] http://www.alaingibert-biographe-redacteur.fr/

Les annonces sont publiéesà titre de service rendu aux camarades

et n’engagent pas la responsabilité de l’AX.

Elles sont publiées sur le site Internetwww.polytechniciens.com

dès le tout début du mois de parutiondans la revue.

P.107-111 Cahier (suite et fin) 27/04/12 8:00 Page 111

Page 114: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

Un autre visage de la FranceLe président de l’AX, Laurent Billès-Garabédian (83), a souligné l’impor-tance de ces échanges, essentiels dansles deux sens. Les parrains et mar-raines, rappelle-t-il, doivent partagerles valeurs de camaraderie et de soli-darité, symboles de l’X, mais aussimontrer un autre visage de la France.Le général Xavier Michel (72), direc-teur général de l’École, s’est félicitéde cette opération commune avec l’AXqui témoigne d’une unité de penséeet de communication vers l’extérieur.Il a tenu à redire aux élèves interna-tionaux le plaisir que l’École prend àles recevoir.

De la Chine au PérouLancé en 2005, comme l’a rappeléHortense Lhermitte (83), présidente dela Commission «International», le par-rainage touche en 2012 les trois quartsde ces élèves venus d’ailleurs, issusdes quatre continents. Ils sont, cetteannée, soixante-quinze filleuls de dix-sept nationalités différentes, dont21 Chinois, 13 Brésiliens, 7 Chiliens etun Péruvien.Les parrains, eux, couvrent un largespectre de promotions, allant de 1956à 2008. Ce sont souvent des fidèles, ani-més depuis huit ans par FrançoiseCombelles (72) qui souhaite aujourd’huitransmettre le flambeau.

Des mathémati-ciens avertisChaque table comp-tait son contingentde parrains et defilleuls dont certainss’expriment encoredans un françaishésitant. Mais leursélection, différenteselon les pays, est

intransigeante sur les connaissancesde mathématiques, de physique, de bio-logie, ou même d’histoire. Par exemple,qui se rappelait exactement qui étaitLiouville dont le nom avait été attribuéà l’une des tables? À la surprise géné-rale, c’est un jeune convive brésilien,Gomes de Oliveira Brunetti, qui a rap-pelé qu’il s’agissait d’un mathémati-cien français du XIXe siècle, qui fut lepremier à prouver l’existence desnombres transcendants. ■

Jean-Marc Chabanas (58)

Vie de l’Association

112 LA JAUNE ET LA ROUGE • MAI 2012

Le parrainage 2012 est lancé

Grosse affluence pour le lancement officiel du parrainage 2012. Soixante-quinze élèves « internationaux » ontfait connaissance avec leurs parrains et marraines. Ils ont découvert la Maison des X, ses salons de réception etles repas accélérés si chers aux polytechniciens, avant d’aller visiter le musée d’Orsay ou Saint-Germain.

Quelques conseilspratiques

Ne pas hésiter à prendre l’initiativedans un sens ou dans l’autre.Ne pas laisser passer plus d’un moissans prendre contact.Respecter les rythmes de travaildes élèves et des parrains.Passer progressivement de la phased’échange culturel à un véritableaccompagnement professionnel.

Bonne humeur autour de la table.

Hortense Lhermitte, présidentede la Commission « International ».

Laurent Billès-Garabédian (à gauche) et le général Xavier Michels’adressent à l’ensemble des convives.

© A

AX

© A

X

P.112 Parrainage 27/04/12 14:43 Page 112

Page 115: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,
Page 116: REVUE MENSUELLE DE L’ASSOCIATION DES … TECHNIQUE Sommaire mai 2012 – n 675 GRAND ANGLE Rendez-vous sur le site de La Jaune et la Rouge pour accéder aux informations complémentaires,

OFFSET280