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Revue "Patrimoine brestois" N°7

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La franc-maçonnerie à Brest

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Page 1: Revue "Patrimoine brestois" N°7

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La franc-maconnerie,

à Brest

Page 2: Revue "Patrimoine brestois" N°7

Un engagementdans la cité

Yannick Michel ,ancien Grand Maitre adjoint du Grand Orient de France,

ancien adjoint au maire de Brest

Lhistoire de la trene-maçonnerie moderne commence otflciel­lement à Londres le 2 4 juin 171 7 par la réunion de quatreloges qui se constituent en Grande Loge d'Angleterre , Mais lafranc-maçonnerie remonte à des temps beaucoup plus ancienset est issue vraisemblablement des loges des Maçons "opera­tifs" , bausseurs du Moyen.Aqe qui, peu à peu, admirent dansleurs rangs des Maçons "acceptés" non professionnels,Très vite la tranc.maçonnene va s'étendre en France ou unepremiè re Loge est ouverte à Paris en 1726. Elle se développetrès rapidement et parti culièrement dans les ports militaires,lieux d'échanqe de population par excellence,C'est ainsi qu'en 1772 on dénombre 41 loges à Paris , 169 enprovince, 11 aux "colonies", 5 à l'étranger et 31 loges militaires.A Brest, la franc-maçonnerie est certainement antérieure à1745 puisque cette même année, le 4 décembre. est crée"L'Heureuse Rencontre" qui réunit plusieurs loges existantes .En 1783 se crée la Loge "Les élus de SullY' du nom d'un régi.ment d'artillerie qui deviendra ensuite "Les Amis de SullY' , logequi travaillera à Brest sans interruption jusqu'à aujourd 'hui.Comme réent Jean.vves Guengant dans son livre "Brest et laFranc-maçonnerie" : "L'histoire de la loge de Sully peut parfoisse confondre avec celfe de la ville de Bresr . En effet. tout aulong de son histoire, les membres de la loge de Sully sont res­tés fidèles aux engagements du Grand Orient de France qui exi­gent de ses membres non seulement de s'améliorer sol-mememais surtout de t ravailler à l'extérieur du temple pour faire pro­gresser l'homme et la société ,De nombreux maires de Brest furent fra ncs-maçons (24), lepremier député républicain de Bretagne, Emile Goude, faisaitpar tie de la loge des "Amis de Sully", Mais les francs-maçonsbrestols ne s'engagèrent pas seulement en politique. On lesretrouve à l'origine des premiers syndicats. des œuvres de jeu­nesse, des mouvements coopératifs, des patronages laïques.Cette tradition, ces engagements perdurent . Aujourd'hui, tou­tes les obédiences sont présentes à Brest. Les femmes et leshommes qui t ravaillent dans les loges brestoises sont desmembres act ifs de la société au cote des autres organisa tionsdémocratiques et dans le respect des idées de chacun. Maisles trancs-macons restent vigilants et, avec d'autres, conti­nuent à défendre les idéaux de notre république sociale etlaïque .Le Grand Orient de France a la même devise que la France"Liber té, Egalité, Fraternité".

Brestet

la franc-maçonnerie

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L'édita

Anne-Mane Kervem . adjoi nte au maire,chargée de l'insertion par le dialogue des cultures

E n identifiant la franc-maçonneriebrestoise comme objet de patrimoine,

les services des archives, /a bibliothèqueet le musée de Brest initient un processus

qui /a fait exister comme tel. En effetle patrimoine n'existe pas en soi,

il est le résultat d'une mise en perspectivepar laquelle s'expriment une conception

du monde, un rapport à l'his toireet une idée de la société.

L'approche patrimoniale de la trene­maçonnerie brestoise consiste à rendre

lisibles et intelJigibles les contoursde cet univers social actif à Brest

depuis le milieu du xVllr""" siècle.1/ s'agit ici de réordonner les évènements,

les œuvres, les éléments instituéscomme repères pour la cité, afin d'in terpréter

ces "objets " matériels ou immatérielsen les rattachant à une construction de sens.

Oue nous le revendiquions comme notreou que nous nous en distinguions,

l'objet patrimonial nous fait pénétrer au cœurdes stratégies sociales : il nous parle

de notre rapport à l'espace et au temps,des enjeux politiques dont il est toujours

le produit. il révèle {es facettes de l'identitécollective qui le crée et atteste d'un effort

pour la protéger ou l'actualiser.Considérer la franc-maçonnerie brestoisecomme "bien U de la cité est une manière

de la reconneitre comme élément constitutifd'une vie sociale complexe et riche.

Brest, qui valor ise et promeut la diversité,avait le devoir de rendre compte

de cette tradition vivante porteuse d'un systèmede valeurs et de repères éthiques, _

ta% ~lAÇ r:IOI: '2 , (lJI DI IlI\F.ST-_.:-_ - r.t... _ _ Jo .. --~~~

Loge maçonnique Or de Brest . Façade 5Ur la rue Guyot

Page 3: Revue "Patrimoine brestois" N°7

, ....r,..--..r 'r,Tabher d'Apprenti . XIX- Siêde'~""'~_r abie r de rraoc-meccn . XVIII""" siècle

Splendeur et misèrede la maçonnerie sous l'EmpireBrest, 8 germinal an XIII

Un salon transforméen temple maçonnique

Cela se passe donc à Br est le 29 mar s 180 5 . dans quelque salon de la socré­té l'Athénée , transformé en temp le maçonnique à l'occasion de la mort del'Ami ra l Etienne Eustache Bruix . survenue une dizaine de jours plus tôt. Afin der endre "au Grand Capitaine. au Marin dis tingué. à l'Homme d'Etat. au bon Pèrede Famille" que fut Bru!x tous les honneur s dus à son ra ng, une fête funèbr ea lieu ce jour-là , qui ra ssemb le les principales loges de la ville, sous les auspi­ces , sinon du Gra nd Architecte de l'Univers, du moins de Napoléon Bonapar te,Empereur. Un céno taphe est installé au cen t re de la pièce , entouré de fleurset surmonté d'une pyra mide au-dessus de laquelle "ptenott l'Aigle, symbole pré­cieu x à plus d 'un titre" . Un doc ument remarquab le, co nservé à la Bibliothèqued'Etude, retrace cet événement mémorable : il s'agi t d'un fascicule publié parla loge L'Heureuse Rencontre en 180 5 sous le titre A la mémoire du R:. F:.Bruix ' .

Un ordre inféodéau pouvoir en place

Œil maçonnique sur tom beau Normand.par J . poneu . vers 1871 Saint-Martin

Apr ès les tour mentes de la Terreur dont, exsangue, elle s'est relevée pénible­ment, la maçonnerie affic he désormais un lustre nouveau et. for te du soutiendes Cambacé rès et autres Roëttiers de Montereau. elle peut s'enorgueillir de laprésence en son sein des plus hauts digni taires de la société française de l'é­poque. A Br est, com me ailleur s, les prestig ieux corps civils et milit aires de l'Etatgarnissent donc les "colonnes" 2, à l'instar de Bruix lui-même, dont l'initi at ion àL'Heureuse Rencontre re monte à 1783, et qui fut minist re , Conseiller d'Etat etAmiral. Ce 29 mars 180 5 , les "frères" venus lui rendre hom mage sont aussises pairs. t els Gante aume . Amiral, Conseiller d'Etat et Gra nd Officier du GrandOrient de Fr ance. Après avoir accueilli nota mm ent la loge des Elus de Sully, lesloges mili tai res et les francs-maçons en visite . le "vénér able" Guilhem qui prest­de la séance prend la parole et prononce une orai son funèbre aux allures depanégyrique à la gloi re de l'Empereur : "0 NAPOLEON! toi qui pour le bonheurde la France, as fondé, sur des bases inébranlables, le seul Gouvernement quilui convient .. toi qui , dès l'aurore de ton règne, as fait cesser les haines et lesdissentions [sic] qu 'entraine eoree elle une révolution délirante (...î", Une dévo­tion similai re est exprimée à la suite par Sibert de Cornillon, "Orateur" de cettememe loge ; "0 toi Napoléon ! dont les soins pa ternels s 'étendent sur les reje­tons de ce Ministre que nous pleurons en ce jour (_..) toi que nous chérissonscomme le meilleur des Princes et le plus grand des Rois (...r . Cur ieuse imageque cette maçonnerie inféodée au pouvoir en place et qui, quelques années plustard allait s'associer corps et arne au desti n de la République, jusqu'à reprendreà son propre compte la devise "Liberté, Egalité , Fraternité" . Nous n'en sommespas là, et en ce début de siècle , l'heure est plutôt à la soumi ssion complaisan­te qu'a la révolte rép ublicaine . Encore faut-il préc iser que l'"Ordre" était alorsétroitement contrOlé : surveillance policière, institutionnalisation forcée, nomina­tion par le pouvoir aux postes à responsabilité . Il s 'agissait en effet pourNapoléon de façonner l'opinion publique par le biais de ce vaste réseau de fonc­tionnaires, de magistrats, de militaires réunis au sein de ce qu'il faut bien eppe­1er un ''par ti officiel' "

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Le dossier(suite)

Une laïcisationprogressive

Misère de la franc-maçonnerie? Certains ont prétendu que " la maçonnerieimpériale [était} brillante, mais creuse, et vide de routes réflexions philoso­phiques" " Sans doute ce jugement peut-il être nuancé, ne serai t-ce - justement ­que par le discours de l'Am iral Bruix , prononcé initialement le 24 juin 1 79 0 . quifut lu lors de la fête funèb re de 180 5 , La "planche" 5 en ques tion revient surla significa tion profonde de l'engagement maçonnique. dep uis l'expér ience initia­tiq ue jusqu'à la prat ique active de la solidari té . celle-là même qui fait de lamaçonnerie . aux yeux de Bruix. la véritable religion. au sens étymologique 5 ,

c'est-a-orre la liaison entre les hom mes. Pour éta yer son propos , l'auteur re­prend à nouveaux frais quelques mot ifs vét érotestarnentetres - le déluge, Babel,moments désast reux auquel seuls les principes maçonniques auraient réc hap­pé. "Car; n'en doutez pas, ce petit nombre d'hommes échappes du déluge,étaient de vrais Maçons" " Dans une éto nnante r elnterpretatlon du récitbiblique, Bruix replace donc au cœur de l'aventure humaine et de ses vicissitu­des la fr anc-maçonner ie et la permanence de ses principes moraux, ce qui luipermet d'af firmer qu'elle "n'est autre que la plus ancienne et, j'ose le dire, laplus pure des religions (" ,), la seule qui, de la source des sectes. soi t venuejusqu'à nous sans altération" a, Pour autant, cette parabole n'est qu'une trypo­thèse invér ifiable, un réci t proprement fictif. un arti fice de pensée à l'auneduquel les act ions des Francs-maçons doivent, ici et maintenant, êt re mesu­rée s. Bien qu'ayant substitué le Grand Architecte de l'Univers au Dieu biblique,Bruix invite en effet ses frères à ne poin t se borner "à une stérile croyance surl'existence du Grand Arch{itecter. Il s'agi t au co nt raire pour les maçons de"prouver [leur] foi par [leurs] œuvres" 9 . Par où l'on voit, imperceptiblement, quela maçonnerie brestotse . à la charnière entre les XVIW'" et XiX·... siècles, touten plongeant ses rac ines dans la t radi tion j uoéo-cnréttenne. s'en détacha peu àpeu pour emp run ter la voie qui fut la sienne dans les décennies qui suivirent :celle de la laïcisation progressive de la pensée et du libéralisme politique. •

Nicol as Jacquer

, A la mémoire du R:. F :. BrviJI, Ex·Minis/re, Conseiller d'Etal, GrandOffiGier el Chef de la 13'""Cohortede la Lég'on d 'honnellr, Amiral dela Flollille Impéria le de Boillogne,Orateur de la R:. F:. l "HeureuseRencontre. 8MB , RES FBC51!.Les abrévatons R:. F: . et R:. F: .si9nifient respectivement -aeecec­table Frère" et "Respectable Loge".Ce document, qui contient une des'cription du temple, un comp te­rendu de la fête funêbre et les pnn­cceox clsccurs prononcés. est par.üeuerrent cité par loois Dekïurrnel,

Histoire anecdotique de Bresl à tra­vers les rues, Les Editions de laTou' Gile, 1923, réèd. 1995, p. 206$Q. , lui-même citê pal Jean-YvesGuengant. Brest et la Iraoc-maçon ­nerie, Armeline, 2006, p. 77 $Q.

2 "Garnir les colonnelt' signifie,pour les rrarcs-rneçcns. assister ilune réunion maçonnique ou"tenue". Plus largement. l'expres­sion dési9ne l'appartenance il lafranc-maçormene.3 Pierre-f rançais pmaud , article"Empire (Premier) (1804 ·1815r. inEric Saunier (dir.), Encyclopéd'e de

la treoc-meçonoerie. Le Livre depoche,2000,p.259• Ibid, p. 260.

• Une "planche" ou "morceau d'ar"chitecture" est untexte préparé parun franc-maçon pour être lu enloge.

S En latin, reteqo, relegera, signifieleclle illir, rassembler.

' Op. cit p. 17.e Ibid. p. 19.

9 Ibid. p. 19

L'H eureuse Rencontre et Les Ami s de Sully

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L'Heureuse Rencontre est la loge la plus ancienne de Brestet l'une des premières de France , Au fil de son histoire, ellea connu plusieurs années d'interruption de ses travaux ,renaissant chaque fois tel un phénix.Sa toqe-rnere. la Loge Anglaise de Bordeaux lui accorda sesLettres Patentes en 174 5. En 1774, reconnue par le GrandOrient de France , l'Heureuse Rencontre devint alors loge"française". les années suivantes furent difficiles . De nom­breux "ateliers maçonniques" opéraient à Brest, lui faisantconcurrence , En 1823, la Loge dut interrompre ses travaux ,Ses archives furent prises en charge par "Les Elus de SullY' ,une loge brestotse issue d'une loge militaire d'un régiment deToul. en garnison à Brest dans les années 1780 .Presque un siècle plus tard , un petit groupe quitta les "Amis deSullY' . nouveau nom des "Elus de SullY' depuis 1855 - et serapprocha de la Grande Loge de France, obédience créée en1894. lors de son installation en 19 13, la "nouvelle loge"reprit le titre de r neureuse Rencontre et retrouva sa place ausein de la vie maçonnique brestotse. Ces deux ateliers seréunissent toujours aujourd'hui. •

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Une histoire maçonnique bien ancréePoin t n' est besoin d 'insis ter sur les liens importants entre Brest etla fran c-maçonnerie. Situa t ion géogra phique. présence de ports deguerre et de comme rce , e mbarqueme nts de corps ex péd itionnaires(dont les transports de troupes lors de la gue rre d 'Indépendanceamé rica ine) . tous ces facteurs expliquent le fort développement del'activit é maçonnique à Brest.

La date retenue pour la création de lapremière loge, "L'Heureuse Rencontre"est 1745. mais il est probable qu'eueremonte au début du XVIII""'" siècle .Celle des "Elus de Sullj' commence sestravaux en 1783.Par ailleurs. sur 250 ans. Jean-YvesGuenquant . auteur d'un livre somme surle sujet. dénombre pas moins de 26maires francs-maçons (Hyacinthe BizetVictor Aubert. Hippolyte Masson, LéonNardon ...).La tranc-macomerte brestotse s'est tou­jours intéressée au développement de saville ainsi qu'a son rayonnement culturel :elle ajoué un rôle important dans la créa­tion de l'Académie de Marine, dans ledéveloppement du jardin botanique del'hôpital maritime. De grands marinscomme Bougainville. ta perouse ou enco­re Fleunot de Langle y ont été initiés.Les Archives municipales et communau­taires conserven t le fonds de la loge des"Amis de Sullj' , qr ëce au don fait. voilàplus de dix ans maintenant. par l'inter ­médiaire de Jean-Yves Guenguant. Lavaleur du don prend tout son senslorsque l'on sait l'attention portée parles loges à leurs archives. Leur perteest assimilée à un drame.Ces archives. et tout particulièrem entles registres et les règlements. sontdes éléments extremement précieuxpour les fonde ments de l'histoiremaçonnique.Le don initial de 1998 a permis deconserver une série de registres desséances de 1824 à 191 1' , des occu-

monts ayant trai t à diverses tetes dontune fête solsticiale et un rite d'initiationau grade d'apprenti daté de 1785.Un don complémentaire. qui s'est étalé de2006 à 2008. rassemble essentiellementdes documents d'après-guerre: suite desregistres de séances ijusque dans lesannées 1980), bibliothèque de revuesmaçonniques ijusque dans les années2(00), un dossier sur la reconstructionde la loge et des compléments ponctuelssur les archives du XIX'""" siècle .Deux bannières constituent un autreélément important et orig inal de ce don.A ce jour. il semble que ce soit l'uniquebannière de ce type recensée dans uneinst itution publique à la différence debannières mieux connues comme lesbannières religieuses , syndicales ouencore associatives.Elles sont malheureusement en mauvaisétat. Les Archives municipales et com­munautaires réfléchissent aujourd'hui àla meilleure manière de les restaurer.Les chercheurs ont donc à leur disposi­tion une matière riche pouvant servir àde nombreuses recherches .Cependant. il est important de noterque la consultation ne peut se faire qu'a­près l'autorisation du donateur. surtouten ce qui concerne la partie la pluscontemporaine du fonds. _

Christine BerthouBajot

1 - Le complément des re gistres de séances(1783 -18 13) est conservé aux Ar chives dép arte-­menta les du Finistè re. e Quim per et répe r toriésous la co te 40J _

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L'entretienJean-Yves GuengantFrancs-maçons brestoisun esprit utopique

Jean-vves Guengant est l'auteur de "Brestet la Franc·Maçonnerie", paru en 2008.Cet ouvrage se base sur le fonds d'archivesde la Loge des Elus de Sully, déposé il y a dix ansaux Archives communautaires et municipales..Jeen-vves Guengant est proviseur du lycée de l'Iroise,à Brest, depuis 2000.

Le livre "Brestet la franc-maçonnerieest publié aux éditions

Armeline . La naissancede l'école publique

communale à Brestsera le thème

du prochain ouvragede Jean-Yves Guengant.

Femmestranc-maçcnnes

A Brest.la première logeà avoir accueill i

des femmes est Iroise ,obédience Droit Humain.

Cette loge mixteest act ive,

de façon régulière,depui s 19 7 5 .

• La franc -maçonnerieest-elle active à Brest aujourd'hui ?

Brest compte aujourd'hui cinq cents Francs­maçons répar t is en quinze loges, dont une fémini­ne, trois mixtes et quatre masculines. Ils se réunis­sent dans l'un des trois temples de la ville. Huit obé­diences différentes sont représentées. La majoritédes obédiences mixtes ou féminines ont moins dedix ans d'existence. Quasiment tout l'éventail desrites connus en France se retrouve à Brest.L'activité franc-maçonne est ici ancienne. La pre­mière loge, celle de l'Heureuse Rencont re, fut crééeen 174 5, soit trois decennies après la premièreloge d'Angieterre (Londres, 171 7), et 20 ans aprèsla première loge française (Paris, 1725). Elle existetoujours et se réunit régul ièremen t.

• Quel est le lien entre la Fran c-maçonnerieet Brest ville portuaire et militaire ?

Au 18....... siècle, Brest est un por t lié au pouvoirroyal. Or, la franc-maçonnerie se développe sousla protection de l'aristocratie et du pouvoir royal.En se réunissant. les bourgeoisies m ilitaire et civi­le (financiers, négociants" .) recherchent d'unepart à être entre eux, d'au tre par t à développerun idéal de fraternité et d'égalité . A une sociétéco ntrainte, la loge subs ti tue une socié té libre, dumoi ns le temps des réunions appe lées "tenues".Pendan t longtemps, les marins de la Royalefurent majorita ires car l'appartenance à la franc­maçonnerie étai t un facteur d'in tég rat ion dans lesports. L'explorateur Bougainville, par exemple, futinitié à Brest en 176 6 . De mème La Pérouse.Cette empreinte mar ine n'a pas dispa ru. La logedes Cinq Por ts (Cherbourg, Lor ient. Toulon,Rochefort et Brest) a été réactivée en 2002.Mais les non militaires n'ont pas joué un moinsgrand rote dans la franc-maçonnerie.

• Quel rote a-t -elle jou é dans l'histoire de Brest ?

Avant 1798, la grande maj orité des personnesqui com ptaient à Brest étaient francs-maçons. Lafranc-maçonnerie brestoise s'est développée surtrois axes: un idéal de fraternité de type mutua­liste, un idéal rare. et un lien toujours étroit avecle pouvoir central. dans une ville française en paysbreton. Les loges brcstotses ont joué un roto trèsreprésentati f d 'un mouvement laïque s'étant affir­mé depuis la Révolution, face à un Léon conser­vateu r et clérical. A la fin du 19....... siècle, la franc-

maçonnerie brestolse lie son destin au mouve­ment socialiste . C'est à la fin du 20"""', avec l'et­fondrement du communisme et ra crise des mou­vemen ts politiques que la franc-maçonner ie re­trouve son lustre. Cela devient un lieu où les idéeset amitiés, qui ne pourraient se retrouver ailleurs,S'échangent sous le signe de l'égalité. L'his toir eentre la ville et la Irene-maçonnerie est longue .Sur 250 ans, j' ai dénombré vingt-si x mairesrrancs-rnecons. A savoir un sur deu x. Dans monouvrage, deux mille noms sont recensés, maispour des raisons de confidentiali té, je ne suis pasallé au-delà de 1955.

• Qu'en est-il du sec ret maç onnique ?

Il Y a sans doute des exagérations autour de lafranc-maçonner ie, presque des légendes.Le seur véritable sec ret est celui de l'init iat ion,incommunicable, car personnelle. Les r ituels exis.rent pour fixer un espace, un temps, une appar­tenance. C'est une recherche individuelle, aumilieu d'autres personnes, toutes libres dans leurconscience et dans le respect des autres.Il y a un autre secret, celui de l'appartenancemaçonnique. On ne doit ne pas dévoiler qui estmaçon, mais cela ne vaut pas pour soi. On peutparler plus de discrétion que de secret . Ne pasexposer les débats et les thèmes abordés sur laplace publique est garant de liberté de pensée, etglobalement. de liberté. A ce propos, les thèmesde socié té sont t ra ités en fonction des sensibilitésde chaque obédience. Us tournent autour de l'a­venir de l'homme, de son entité physique (bio­éthique) et morale, à savoir par exemple sa liber­té dans des sociétés de plus en plus poussées àla transparence et à la surveillance ..

• Quel fut le fil conducteur de vot re recherche ?

Mon interrogation était celle -ci comment expli­quer la persistance d'un mouvement où, à traversl'his toire, co habita ient et co habi tent autant decourants de pensée? Même si tout n'est forcé­ment pas idyllique dans le mouvement, l'histoiredes idées m'intéressai t aussi: les francs-maçons,brestois notamment. sont souvent aux frontièresdes changements et des idées nouvelles. Il y asans doute là un esprit utopique fort . Brest estune ville rebelle et atypique . Elle n'est j amais là oùon l'attend! •

Monique Feree

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• Orort: Humain rose(OH) . MIXte

La franc-maçonneri eà Brest aujourd'huiObédiences. loges,nombre d"adhérents (esln'IaWl 2008)Scœce ; Jean-YvesGuer'çar1l

• Grande loge la cie de....:>ûletraditionnelle etsymbolique OpéraMascuhne

• Gran6e Loge Brl!llNationale le G<"..- et la FIar.....eFrançaise (GlNF) Etole cnuiseMir5cl.*le Sl<Jerlern a \In) secs

• Gran6e Loge EleosIsMixte de France(GlMF)

• Gran6e Loge la.oière ces, AmersFémri'lede France (GLFF)F.......

• Gran6e Loge TonnerreMilite Universelle(Gl MU)

Manifestationsmaçonniques

• Grande loge l 'arbre de vemixte Memphis-Misraim

Total : 16 loges et plus de 500 adhérents

COl I Wllén 101 ation en l'horYleI.w de JlJes LeGal , ancien Vénérable des Amis de SUIy.square JlJes Le Gal , pres ŒJcoIege 5aint-Pol

""""

Une expositiOn de œcœreots et d'OIMagesse tiendra à la médiathèque des Ursulines. enCClIaboratiex'l avec les archiYes départemen­tales SIX l'histoire des logesrnistéfilnles.l e 30 mai a 11 h. Jean-Yves Guengant yinterviendra comme conférencier à unetable ronde consacrée a rhistoire de larr ercmeccoreoe en B..-etagne.

• Grand Orientde France(GODf)-• Gran6e Logede France (GLF)-

VIClor Brauner.Antllhè':>e

Proche de Giacometti, araocus, el Tanguy.c 'est le peintre magique par excellence pourAndr é Breton . Il rompt avec le sc rreaesrre en1948 et continue d'elplorer un monde chi.me-que. insolite et cosesssooneë. empruntantau spiritisme comme à ran primIt if pour ire­duire des archétypes univer sels .Cette exposition est réalisée en retauen avecle Musée Breton à Quimper dans le cadred'une saison roumaine en Finistère (AOuimper, " Les peintres roumams enBreragne'") . _

Biblioth èque d'Etudede Brest

ExpositionHenry de Monfre idphotographe

Piatra Naemtz . Ro.m.ane, 1903 · Palis 1966

Musée des beaux-artsde Brest

Du 7 juinet au 31 octobre 2009

Exposit ionVictor BRAUNER

l e succès de l'abondante œuvre juerarred'Henry de Monfre id a large men t occultél'œuvre du photographe. Avant o'c rre ecn.vain. Monfreid fut pour tant ama teur utma.qes. Dès son arrivée en Abyssinie en , 9 1 1 ,il commença de pre ndre sur le VIf les sc ènesqui , pour des raisons documentai re s ouesthétiques, lui parurent digne s d·intérêt . Ilreur attendre 1930 et la rencontre avecJoseph Kessel pour que revea à la jnreratureait lieu chez cet homme qui n'eut d'autreambitiorl que de raire partager a ses p-o­chés. par la correspondance ou par !"image,ses émerveillements , ses aveotcres . seseepeteoces de la liberté et du voyage.L'ellposition Henry de Monf reid photographe .menée en partenariat avec le fest ivalChroniques nomades de Honfleur. rcoOl! unecinquan taine lfœuvres . •

A roccasee w recessereot des archivesmodernes (1792·1974). cen ans docunentsrelat ifs au dr~ ont l!mef"gé des liasses. Lemontage de cette expoSItion il par ailIelxS étéroccasco de se replonger dans la presse et devaIorisef~ peces ~5lJCS de ronds privés.Bon spectaele !

• l 'ensemble de l"étal -ciYil orestoe te resr-ceo­I re. Recouvrance, Saint ·Ma rc , t.emœzcsec etSaint-Pierre Quilbignon) de 1 79 3 a ' 9 0 7 esteccesseae en ligne .

Les receosemens de populatlOl1 de Brest. ettamoereaec soor dlspcJOlbles en ligne (socs­se-es 1F et , F/ l) dans le respect des délaisde communieablllté (7S ans) .

Des registres du cime ll(>re Salllt -Martin res­taur-es et numer1sés sœn en Iogne tsocs-seœ4N).

les notices de la sœs-se-e 2B1O toosse-s tJio.graphq.Jes. m.iaIes BI sor-. en igle,

ExpositionsAJ>J-"ochel et découvrez

En ligne

Archives municipaleset communautairesde Brest

• Les archives om acquis une ceoreœ deChf" (cartes publicitaires in..r.:,.tr ees j bientot c lassées et numérisées.

• l e servce études de la Direction Patrimoinelogist ique il versé environ 12 000 pl nquo de banmeras et équipements collect ifssur Bres t et Brest métropole oceane (vers1950 . ver s 2005) . Ils seron t communicablesapre s classe ment

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Classement

Acqu isitions

Le fond! dII ~ (adjoint au maire pourceccoeeoce et maire par intérim dans la premiè­re moitit:! du XIX" siècle) acquis en 2006. est enCOU'"s de classement et ses rotees seront bientoteccessoesen IigncLa seœ1(police)est en cours da reoessoroor ctles rotees scrom bientOl accessibles en ligne.La sene de œssers biograptJques est en ccursde reclassement. Actuclement les ll()lTIS COITl­

rnençaot par C sont en COIn de revi5ion.

Ont pancoe a ce numero les se-secs de la Vile de & es1 el: de Brest métropole OCéane Chnstne BefthclJBallol. el Hugues Coorarn. Archives r rarçose Oan.elMuséedes beaw ans NIColas rocœcr patec a MeYel 6lIJlIo(hèqUe (fEtude Y3fV1lC ~ MIChel Monoq.Je Fèrec JOUrnaliste IlusHaloons el fondsdocumentéllfe Archrvesmurnclpales et communautaires MUSée des beauJ arts de Brest métropole oceane 61b::othèqUe dEtude de la Ville de Brest CoordnatlOO Paula rco-œœ œectcocomrrunlCatlOO de Brest rretroooe oceane Maq.lette Amure Crédll.sphotographiques Archives Musee des beeur arts &b!loI.hèque dEtude de Brest Co~tlOO

p-eee OR Monoq.Je Feree ImpresSlOO CERIO Brest tSSN , 959 2426