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REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - SEPTEMBRE-OCTOBRE 2009 - N°415 // 9 BIO V ERBATIM Un saut en TGV… Le nouveau bâtiment impose par la pureté de ses lignes et reflète les cimes enneigées surplombant Meylan. Dommage que l’entretien n’ait pas lieu un vendredi… ! RFL : Bertrand Le Bert, bonjour. Roche Diagnostics n’est plus à présenter, cependant quelques mots sur vous peut-être ? Bertrand Le Bert ( BLB) Diplômé de l’Ecole de chimie d’Angers (ETSCO), j’ai rejoint Boehringer en 1979 pour devenir Project Manager Europe en 94, puis j’ai pris la responsabilité de la division diabète en 96. En 98, Boehringer a été absorbé par Roche. En 2001, j’ai dirigé le mar- keting de notre Division Laboratoire et je suis Président de Roche Diagnostics France depuis 2002. RFL : Vous avez récemment commu- niqué sur la « Télébiologie ». C’est une belle volonté, débattue depuis de lon- gues années. Cela s’appelait la « bio- logie délocalisée » et fut contesté par différents organismes nationaux. Vous auriez risqué un ordre de boycott de vos produits, il n’y a pas si longtemps… BLB : Effectivement, j’ai cette période en mémoire moi aussi. Mais d’un autre côté, il est indéniable que nous assistons depuis quelque temps à une tendance vers la centralisation. Nous devons chez Roche Diagnostics (comme chez d’autres fournisseurs) être vigilants par rapport à cela et conserver notre vocation de rester au service des usagers. La Télébiologie ® est une réponse à cette mouvance. Le nom est déposé. RFL : Comme quoi la raison sait se ser- vir du temps pour exercer sa gouver- nance : promouvoir les actions et les mettre en œuvre au meilleur bénéfice des usagers… le moment venu. BLB : Je soupçonne un peu d’humour dans cette formulation, mais elle me convient. RFL : Votre communication dans le numéro RFL de février 2009 indique 4 cibles : Cobas h232 Cardiologie , Coa- guChek XS Plus Coagulation, Accu- Chek Inform II Glycémie, Cobas b 221 Gaz du sang, et un logiciel de gestion centralisée : Cobas IT 1000. Mais il y a des mots clés : « Exportez votre expertise, maîtrisez les tests réa- lisés dans les unités de soins ». Autre- ment dit, vous communiquez à la fois de façon forte et consensuelle. BLB : Dans ce domaine, notre politique a toujours été très claire, la biologie est une discipline médicale, et le biologiste gouverne le processus, du pré-analytique jusqu’à l’obtention d’un résultat validé. RFL : Vous avez une vision de la bio- logie d’urgence moderne et efficiente. Est-ce la résultante d’une évaluation « bénéfice/risque » de la prise en charge du patient ? BLB : Non, d’ailleurs je ne crois pas que ce type d’étude ait été déjà effectué. Ce serait extrêmement complexe… Notre vision est plus pragmatique et fondée sur notre expérience de terrain. Lorsque les conditions environnementales sont inci- tatives, la gamme de nos produits, que vous citiez toute à l’heure, est un atout majeur pour que le diagnostic soit mieux posé, le traitement salvateur entrepris dans les meilleures conditions. Certes, les choses sont rarement aussi simples que je vous les expose brièvement, mais nous avons la preuve (retour de nos ingénieurs commerciaux) que nous répondons déjà à un besoin existant et nous sommes persuadés qu’il va s’amplifier. RFL : ( ironique, mais convivial ) Je retrouve là le chiffon rouge du déci- deur : croissance, croissance, crois- sance… BLB : M. Naudin, vous me provoquez ! Certes, la demande de ce type d’orga- nisation va probablement s’accroître, mais sur un modèle de courbe enzyme/ substrat. RFL : (compétitif bien sûr) Puisque nous sommes « au plateau », conservons de la hauteur. Quelle est votre limite à cette Télébiologie ? BLB : La biologie d’urgence, maîtrisée par le biologiste, qui offre son savoir techni- que et sa compétence scientifique à ses collègues cliniciens. Point. RFL : Tout cela au moment de la future et proche accréditation obligatoire des laboratoires… Comment mariez-vous ce concept et celui de la Télébiologie ? BLB : Je ne vois pas où il pourrait y avoir rupture. Encore une fois, notre vision reste une offre d’outils, adaptée à de nouvelles contraintes. Les acteurs, eux, ne changent pas, et chacun exercera pleinement son rôle. Un mot de plus sur ce domaine de la qualité. Notre entreprise est certifiée Qua- lité, Sécurité et Environnement : ISO 9001, ISO 14001, ISO 13485 et OHSAS 18001. Nous disposons également d’une équipe de conseillers pour aider nos clients bio- logistes à mieux franchir le pas. C’est une problématique qu’il faut considérer avec à la fois rigueur et pragmatisme, sans précipitation ni exagération. RFL : Miniaturisation des équipements, fiabilité accrue, Informatique « intelli- gente », à quel instant nos LBM vont-ils changer de métier ? BLB : N’est-ce pas déjà fait ? Au moins en partie. Roche Diagnostics France : nous innovons la santé DR Bertrand Le Bert, Président de Roche Diagnostics France. générales BIO VERBATIM

Roche Diagnostics France : nous innovons la santé

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Page 1: Roche Diagnostics France : nous innovons la santé

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - SEPTEMBRE-OCTOBRE 2009 - N°415 // 9

BIO VERBATIM

Un saut en TGV… Le nouveau bâtiment impose par la pureté de ses lignes et refl ète les cimes enneigées surplombant Meylan. Dommage que l’entretien n’ait pas lieu un vendredi… !

RFL : Bertrand Le Bert, bonjour. Roche

Diagnostics n’est plus à présenter,

cependant quelques mots sur vous

peut-être ?

Bertrand Le Bert (BLB) Diplômé de l’Ecole de chimie d’Angers (ETSCO), j’ai rejoint Boehringer en 1979 pour devenir Project Manager Europe en 94, puis j’ai pris la responsabilité de la division diabète en 96. En 98, Boehringer a été absorbé par Roche. En 2001, j’ai dirigé le mar-keting de notre Division Laboratoire et je suis Président de Roche Diagnostics France depuis 2002.

RFL : Vous avez récemment commu-

niqué sur la « Télébiologie ». C’est une

belle volonté, débattue depuis de lon-

gues années. Cela s’appelait la « bio-

logie délocalisée » et fut contesté par

différents organismes nationaux. Vous

auriez risqué un ordre de boycott de vos

produits, il n’y a pas si longtemps…

BLB : Effectivement, j’ai cette période en mémoire moi aussi. Mais d’un autre côté, il est indéniable que nous assistons depuis quelque temps à une tendance vers la centralisation. Nous devons chez Roche Diagnostics (comme chez d’autres fournisseurs) être vigilants par rapport à cela et conserver notre vocation de rester au service des usagers. La Télébiologie®

est une réponse à cette mouvance. Le nom est déposé.

RFL : Comme quoi la raison sait se ser-

vir du temps pour exercer sa gouver-

nance : promouvoir les actions et les

mettre en œuvre au meilleur bénéfi ce

des usagers… le moment venu.

BLB : Je soupçonne un peu d’humour dans cette formulation, mais elle me convient.

RFL : Votre communication dans le

numéro RFL de février 2009 indique

4 cibles : Cobas h232 Cardiologie , Coa-

guChek XS Plus Coagulation, Accu-

Chek Inform II Glycémie, Cobas b 221

Gaz du sang, et un logiciel de gestion

centralisée : Cobas IT 1000.

Mais il y a des mots clés : « Exportez

votre expertise, maîtrisez les tests réa-

lisés dans les unités de soins ». Autre-

ment dit, vous communiquez à la fois

de façon forte et consensuelle.

BLB : Dans ce domaine, notre politique a toujours été très claire, la biologie est une discipline médicale, et le biologiste gouverne le processus, du pré-analytique jusqu’à l’obtention d’un résultat validé.

RFL : Vous avez une vision de la bio-

logie d’urgence moderne et effi ciente.

Est-ce la résultante d’une évaluation

« bénéfi ce/risque » de la prise en charge

du patient ?

BLB : Non, d’ailleurs je ne crois pas que ce type d’étude ait été déjà effectué. Ce serait extrêmement complexe… Notre vision est plus pragmatique et fondée sur notre expérience de terrain. Lorsque les conditions environnementales sont inci-tatives, la gamme de nos produits, que vous citiez toute à l’heure, est un atout majeur pour que le diagnostic soit mieux posé, le traitement salvateur entrepris dans les meilleures conditions. Certes, les choses sont rarement aussi simples que

je vous les expose brièvement, mais nous avons la preuve (retour de nos ingénieurs commerciaux) que nous répondons déjà à un besoin existant et nous sommes persuadés qu’il va s’amplifi er.

RFL : (ironique, mais convivial) Je

retrouve là le chiffon rouge du déci-

deur : croissance, croissance, crois-

sance…

BLB : M. Naudin, vous me provoquez ! Certes, la demande de ce type d’orga-nisation va probablement s’accroître, mais sur un modèle de courbe enzyme/substrat.

RFL : (compétitif bien sûr) Puisque nous

sommes « au plateau », conservons

de la hauteur. Quelle est votre limite à

cette Télébiologie ?

BLB : La biologie d’urgence, maîtrisée par le biologiste, qui offre son savoir techni-que et sa compétence scientifi que à ses collègues cliniciens. Point.

RFL : Tout cela au moment de la future

et proche accréditation obligatoire des

laboratoires…

Comment mariez-vous ce concept et

celui de la Télébiologie ?

BLB : Je ne vois pas où il pourrait y avoir rupture. Encore une fois, notre vision reste une offre d’outils, adaptée à de nouvelles contraintes. Les acteurs, eux, ne changent pas, et chacun exercera pleinement son rôle. Un mot de plus sur ce domaine de la qualité. Notre entreprise est certifi ée Qua-lité, Sécurité et Environnement : ISO 9001, ISO 14001, ISO 13485 et OHSAS 18001. Nous disposons également d’une équipe de conseillers pour aider nos clients bio-logistes à mieux franchir le pas. C’est une problématique qu’il faut considérer avec à la fois rigueur et pragmatisme, sans précipitation ni exagération.

RFL : Miniaturisation des équipements,

fi abilité accrue, Informatique « intelli-

gente », à quel instant nos LBM vont-ils

changer de métier ?

BLB : N’est-ce pas déjà fait ? Au moins en partie.

Roche Diagnostics France :

nous innovons la santé

DR

Bertrand Le Bert, Président de Roche Diagnostics France.

généralesBIO VERBATIM

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RFL : Quels dispositifs organisationnels

vous semblent appropriés pour que

les biologistes « exercent leur exper-

tise » dans ce domaine particulier com-

me dans les autres d’ailleurs ?

BLB : J’aime cette question ! Notre métier, lui aussi a changé. « Fournisseur » est un mot au sens trop limité et je lui préfère celui de « concepteur ». Puis-je justifi er ?

RFL : Pour tout vous dire, je suis même

là pour cela !

BLB : (sourire) Nous avons créé chez Roche, une « cellule Ingénierie ». Cette structure réfl échit, analyse et propose des solutions à tout projet qui lui est soumis. Les acteurs de cette cellule sont com-pétents en organisation logistique, en organisation du système d’informations, en mise en œuvre des applications. C’est, pour chaque cas analysé, des séances de réfl exion d’une grande richesse et toujours

également dans les services de diabé-

tologie « hôpital de semaine ». La prise

en charge des patients comprend un

volet équilibre du diabète et éducation

du patient. L’autosurveillance utilise

des systèmes moins sophistiqués, et

cela complique les choses pour les

soignants et les usagers.

BLB : Je comprends l’argument, mais je ne partage pas votre analyse. En hospi-talisation, l’élément fondamental au-delà de la prise en charge globale réside dans la traçabilité des gestes accomplis. Nos systèmes de surveillance de l’équilibre glycémique répondent à ce cahier des charges. À domicile, il s’agit d’une toute autre fi nalité.

RFL : (j’insiste) De plus les algorithmes

de calcul aboutissent parfois à des

résultats différents…

BLB : Pour nos produits, nous respectons les recommandations de « l’IFCC Scientifi c Division Working Group », donc ce souci que vous évoquez n’est pas le nôtre.

RFL : Deux questions « personnalisées »

pour terminer. Votre fi lm préféré ? Votre

musique préférée ?

BLB : (nouveau sourire, et réponses spon-tanées) Le fi lm : « Fargo » et la musique « Dire Straits ».

RFL : Sans doute « Private Investiga-

tions »… ■■

Entretien conçu, conduit et rédigé

par Claude Naudin.

[email protected]

Société Roche Diagnostics 2, av. du Vercos - B.P. 59

38242 Meylan cedexTél. : 04 76 76 30 00

Courriel : pré[email protected]

Président : Bertrand Le BertResponsable Ventes : Gilles ChanutResponsable Marketing : Frank WillemseService Clients : Laurette SébilleResponsable Business Development : Frank LeenhardtResponsable Communication :

Sophie de Leiris

Statut juridique : SASActionnariat : 100 % fi liale du groupe Roche (Suisse)Effectif au 31/12/08 : 527 (France)CA 2008 : 322 000 k€

inspirée par le pragmatisme. Cette étude de cas se fait en concertation permanente avec le biologiste demandeur. Ce que je vous dis là, M. Naudin, résume le potentiel de cette cellule et la compé-tence de nos consultants. Nos modèles d’organisation sont fl exibles, s’adaptent et s’appliquent à chacun des cas étudiés : du plateau technique centralisateur à l’unité de soins intensifs, de la mise en place des « chaînes Modular » à l’IT 1000 pilotant une dizaine d’Accu-Chek Inform II Glycémie et un Cobas b 221 Gaz du sang dans un établissement de soins à taille humaine, comme le vôtre par exemple.

RFL : Le message est clair ! Et vos pro-

jets ?

BLB : La « médecine personnalisée » dans laquelle le diagnostic joue et jouera de plus en plus un rôle primordial.

RFL : « Personnalisée ? »

BLB : (Re sourire) Ne faîtes pas semblant ! Nous avons une large gamme de para-mètres en biologie moléculaire, et l’axe pharmacogénétique est fondamental : le bon médicament, le bon récepteur, … pour le patient ad hoc (variants des cytochromes par exemple). La puissance future de l’analyse du gène, la pathologie à l’échelle moléculaire sont des sources de progrès prometteuses pour mieux soi-gner, personnellement, chaque patient.

RFL : (Je décide que je suis un « opé-ron lactose », et je change de brin).

Revenons à la Télébiologie. En dehors

des USI, cette démarche s’applique