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Societe d’Etudes Latines de Bruxelles Rodulfe de Saint-Trond et les principes de la critique historique Author(s): Jean G. Préaux Source: Latomus, T. 5, Fasc. 1/2 (JANVIER-JUIN 1946), pp. 141-153 Published by: Societe d’Etudes Latines de Bruxelles Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41516525 . Accessed: 15/06/2014 18:21 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Societe d’Etudes Latines de Bruxelles is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Latomus. http://www.jstor.org This content downloaded from 62.122.79.78 on Sun, 15 Jun 2014 18:21:44 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Rodulfe de Saint-Trond et les principes de la critique historique

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Societe d’Etudes Latines de Bruxelles

Rodulfe de Saint-Trond et les principes de la critique historiqueAuthor(s): Jean G. PréauxSource: Latomus, T. 5, Fasc. 1/2 (JANVIER-JUIN 1946), pp. 141-153Published by: Societe d’Etudes Latines de BruxellesStable URL: http://www.jstor.org/stable/41516525 .

Accessed: 15/06/2014 18:21

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Rodulfe de Saint-Tronď

et les principes de la critique historique

Parmi les sources dont on dispose pour étudier l'histoire du monastère de Saint-Trond, les Gesta Abbatum Trudonensium , dus à la plume de plusieurs religieux de cette maison bénédictine, occupent la première place.

Rodulfe, abbé de Saint-Trond de 1108 à 1138, est l'auteur de la "première partie de ces Gesta. Sa conception de l'œuvre historique et ses mérites d'écrivain l'ont placé très haut dans l'échelle de valeur des historiens médiévaux. Non seulement, son œuvre nous fournit sur l'histoire du monastère une foule de détails qui se pré- cisent et se multiplient à mesure que l'historien se rapproche de l'époque pour laquelle il dispose de sources d'information d'ex- cellente qualité, mais encore, elle a servi de modèle aux continua- tions qui lui ont été apportées par plusieurs moines. Si la qualité des écrits de ces derniers est parfois sacrifiée, il est vrai, à la quan- tité ou à la fantaisie, leur effort, stimulé par l'illustre exemple du grand abbé, ne laissa pas cependant d'être fort méritoire puisque, grâce à eux, le monastère de Saint-Trond est un des rares qui puissent se vanter d'avoir des Gesta aussi complets (*). En effet, l'œuvre de Rodulfe, très pauvre pour la période s'étendant de la naissance de S. Trudon (628) au règne de l'abbé Adélard Ier (999- 1034), offre, en sept livres, une jolie moisson de renseignements de toute première qualité pour l'époque qui va de l'an 1000 à la mort de l'abbé Thierry (1107) (2).

(1) Let Gesta Abbatum Trudonensium conduisent le lecteur du vu* siècle au XVI« siècle (628 : naissance de S. Trudon, 1558 : mort de l'abbé Georges Sarens.) (2) Rodulfe consacre cependant le septième livre au récit de ses démêlés

avec un candidat de l'empereur Henri V, ce qui mène le lecteur au 23 février 1108, date de l'élection de Rodulfe au siège abbatial. Nous utilisons l'édition procurée par C. de Bormân, comme publication n° 10 de la Société des Bi-

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142 J. G. PRÉAUX

Les événements de ce xie siècle - si important dans la genèse de la civilisation médiévale - sont exposés avec un rare souci d'objectivité : grâce à la plume distinguée de Rodulfe, maintes répercussions de la Querelle des Investitures au Pays de Liège ne sont pas tombées dans l'oubli.

Les événements du règne de Rodulfe (1108-1138) ont été retra- cés par un intime de l'abbé, dont nous ne connaissons pas le nom 0.

Quoi qu'il en soit, le premier continuateur vécut dans l'ombre de Rodulfe, à tel point qu'il s'assimila les tournures stylistiques

bliophiles Liégeois (Liège, 1877), 2 tomes. Signalons également notre recours au Cartulaire de Saint-Trond , édité par G. Piot (Bruxelles, 1870 et 1874), 2 tomes.

(1) Ce moine vivait déjà à Saint-Trond, lorsque Rodulfe, alors prieur du monastère, apporta une correction à un détail de la messe des morts, proba- blement aux environs de 1006 (Gesta, 1er cont., L. VIII, § 13, p. 134). Nous proposons comme identification possible sinon probable le prévôt Folcard, en nous autorisant du fait que ce moine est le seul à apparaître régulièrement dans des chartes s'étendant sur une période qui va de 1111 (ch. XXVIII, Piot, I, p. 38-39) à 1135 (ch. XXXV, Piot, I, P. 45-46). Voir aussi les ch. XXV et XXVI datées d'une façon imprécise 1108-1138 (Piot, I, p. 35-36). Il semble bien, d'autre part, que cet intime de Rodulfe se mit au travail, peu après la mort de l'imposteur Hériman, soit vers 1114-1115, (1er cont. L. X. § 12, p. 182). A cette époque, le prévôt Folcard remplissait depuis plusieurs années des fonctions importantes. Comme prévôt du monastère de Saint- Trond, il devait être au courant des questions temporelles de la maison : c'est ce qui lui permettra, sans doute, de compléter utilement le récit que Rodulfe fit à l'évêque de Metz, Étienne de Bar, sur les possessions de l'abbaye (Gesta, L. X, § 1, p. 171). C'est pourquoi, sans doute, Rodulfe lui confia le travail délicat d'écrire la relation de son propre règne, ainsi qu'il le suggère (Gesta, L. VII, § 16, p. 118-119) : Neque enim adhuc pax fuit de Herimanno ; adhuc restât inde die end a gravis inquietatio, quam Uli s cr ib end am s e г - v am us у qui gesta hujus abbatis post domnum THEODERICUM assumet sibi scribenda, qui si fidelis diligensque relator extiterit, inseret gestis hujus abbatis, quid Herimannus ei fecerit , et qualem novissime finem habuerit. Enfin, c'est ce même Folcard que la communauté porta sur le trône abbatial après la mort de Rodulfe, en 1138, ainsi que nous le rapporte le 2e conti- nuateur, dans les termes élogieux suivants (Gesta, t. II, L. I, § 1, p. 10) : ... habita fratres electione Folcardum majorem ecclesie prepositum, virum etate venerabilem probisque moribus insignem, communi elegerunt Consilio. Qui a primeve etatis indole sacris monasterii institutionibus decenter imbutus, et per multas officiorum amministrationes sapiens ab omnibus approbatus, tanquam miles emeritus laboris premio, quo pro ecclesie negotiis egregie desuda - V er at, remunerandus, ad hujus honoris culmen non immerito est provectus.

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RODULFE DE SAlNT-TRÒND 143

de l'abbé et qu'il appliqua les mêmes principes de composition historique. C'est pourquoi, cette première continuation des Gesta , écrite probablement entre 1136 et 1138 (*), offre les même garan- ties de respect de la vérité historique que l'œuvre même de Ro- dulfe.

Un deuxième continuateur poussa l'histoire du monastère jus- qu'en 1180. Cet anonyme semble avoir écrit « peu de temps après la mort de l'abbé Wiric, en 1180 » (2). Au point de vue de la fac- ture, cette œuvre est fort inférieure à celle de Rodulfe et à celle de son ami.

Vers la fin du xive siècle, sous l'abbé Zachée de Vranckenhoven (mort en 1391), un troisième continuateur poursuivit les Gesta í3). Cet écrivain qui voulait mériter le renom d'historien du monastère de Saint-Trond, conçut le projet ambitieux non seulement de met- tre à jour les Gesta , mais encore de remonter aux premiers temps du monastère. C'est ainsi qu'il crut, dans sa naïveté, réussir là où il savait pertinemment que son prédécesseur, Rodulfe, n'avait pas osé s'aventurer, par sagesse et par probité. Il en résulta une œuvre touffue et indigeste parce que les erreurs s'y mêlent aux défauts de proportion et que le style décoloré n'y soutient pas la matière à traiter, pourtant intéressante... (4).

S'il est vrai que la littérature historique du moyen âge écrite en langue latine possède de nombreuses œuvres échappant totale- ment aux exigences de la critique historique, les Gesta Abbatum Trudonensium de l'abbé Rodulfe de Saint-Trond - ainsi que quelques autres œuvres remarquables - empêchent de considérer le moyen âge comme une longue période à la fin de laquelle seule- ment l'esprit critique serait apparu (5).

(1) St. De Borman, Gesta , Préface, p. v. (2) St. De Borman, Gesta , Préface, p. v. (3) St. De Borman, Gesta , Préface, p. vin. (4) Nous mentionnerons, pour mémoire, les moines qui se sont occupés de

mettre à jour les Gesta : Gérard Moringus dont le travail va de 1420 à 1532 ; Pierre Cruels qui combla la lacune des années 1366 à 1420 par un court résu- mé des faits, et composa une biographie de l'abbé Georges Sarens, en 1565 ou 1566 ; Servais Foullon, enfin, qui retraça l'histoire du monastère depuis ses origines jusqu'en 1679 (en manuscrit aux archives de l'État à Hasselt, n° 5678,2).

(5) M. HÉLiN, Littérature d'Occident. Histoire des lettres latines du moyen âge (Bruxelles, Collection Lebègue, 1943), p. 81 : « Vers la fin du Moyen Age,

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144 J- G. PRÉAUX

Les Gesta Abbatum Trudonensium de l'abbé Rodulfe constituent un chef d'œuvre du genre historique. L'auteur les a écrits au milieu des tourments que lui causait la direction ďune illustre maison bénédictine : celle-ci se relevait lentement des ruines ac- cumulées par un long interrègne (1082-1099) pendant lequel des intrus s'étaient disputé le siège abbatial en profitant de la con- fusion que jetait dans les esprits la Querelle des Investitures dé- chaînée à ce moment. On doit savoir gré à l'auteur, dans ces con- ditions, d'avoir discipliné sa plume selon les exigences de la cri- tique historique et du goût plutôt que de l'avoir laissée courir au travers de la riche histoire dont il s'était proposé de nous retracer le déroulement. Amené, au cours de ses recherches sur le passé du monastère, à constater la carence des renseignements, l'abbé Rodulfe se borna à confier au parchemin un récit circonstancié de l'époque troublée dans laquelle il vivait, ainsi que, dans la me- sure de ses possibilités, une relation des gestes de ses prédécesseurs sur le siège abbatial. C'est ce qu'il expose clairement, selon une coutume chère à beaucoup d'historiens médiévaux, au début de son ouvrage, dans Vintentio :

Haec mea in hoc opuscalo est intentio, ut quod alio - rum negligentia ferme obliteratum repperi , nostra salvum diligentia puriusque eliquatum futurae conservem posteritati. Abbates et monachos post me futuros in hoc coenobio volo sollicitos inde reddere , quatenus in anteriorum suorum ne -

gligentiam ulterius non incidant , sed suis quoque posteris de predecessoribus suis plenum fidei monumentum scripto re -

linquant. In quo dum probitas seu improbitas singulorum frequenter legi poterti, probi piorum exemplo accensi, in melius et melius semper proficianU improbi imaginata sibi vita sua confusi , a malis operibus suis vel sic saltem resi -

piscant (x). Rodulfe limitera pratiquement aux règnes des abbés Adélard Ier

(999-1034), Guntramme (1034-1055), Adélard II (1055-1082), inter-

l'esprit critique se fait jour ». L'attitude de Rodulfe, par exemple, infirme cette bpinion.

(1) Gesta , Praefatio , pp. 3-4. Certains continuateurs des Gesta se réclameront de l'exemple de Rodulfe en rappelant presque littéralement les motifs qui avaient poussé leur illustre abbé à écrire l'histoire partielle du monastère ; cf. 2e cont., prohemium, p. 9 ; 3econt., praefatio , pp. 82-84.

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RODULFE DE SAINT-TROND 145

règne et usurpateurs (1082-1099), Thierry (1099-1107), cet effort de conservation des éléments de l'histoire de son monastère. Il fournira une liste approximative des abbés ayant dirigé la maison depuis son fondateur Saint Trudon jusqu'à Adélard Ier, parce que ses sources d'information ne sont pas suffisantes et qu'il ne tolère pas que son imagination ou la légende y suppléent.

Fidèle à un procédé que l'on retrouve chez plusieurs chroniqueurs médiévaux, Rodulfe prend le soin d'énumérer dans la préface de son ouvrage, les sources qu'il utilise pour écrire ses Gesta. On peut les répartir comme suit :

10 La période qui s'étend des origines du monastère au règne d'Adélard I, soit de 628 (naissance de S. Trudon) à 999 (début du

règne d'Adélard Ier) cause de sérieux embarras à Rodulfe. Après avoir fouillé vainement la bibliothèque, il ne se trouva pas, nous dit-il ( Praef ., p. 2), un seul moine capable de l'instruire sur cette

période, soit grâce à des réminiscences de lectures, soit par des souvenirs provenant de la tradition orale, qui devait cependant exister.

11 eut recours dès lors à deux sources manuscrites, d'inégale valeur : une Vie de Saint Trudon et un libellus contenant notamment une liste incomplète des abbés de Saint-Trond.

On s'est demandé à quelle version de la Vie de S. Trudon, Ro- dulfe fait allusion. On sait, en effet, que nous possédons deux versions de la Vita , la première étant celle d'un diacre messin, du ixe siècle, Donat, la seconde, celle de l'abbé Thierry de Saint- Trond, prédécesseur de Rodulfe.

Il est vrai que le texte de Rodulfe donne peu de renseignements ( Praefatio , p. 2-3) : Domnum autem nostrum et piissimae memoriae sanctum Trudonum clericum fuisse et sacerdotem et coenobii nostri

primům edificatorem, vita ipsius docet necnon et beati Remacli

Tungrorum episcopi , ubi et aliqui leguntur de principibus regnorum et rectoribus aecclesiarum , quorum temporibus hoc nostrum sane -

tissimae puritatis lilium ef floruit. L'éditeur belge des Gesta , De Borman, se rangeant à l'avis de

Koepke, dans les Monumenta , prétend qu'il est impossible de dé- terminer s'il s'agit de la version de Donat ou de celle de Thierry. Et pourtant 1 Rodulfe nous dit qu'il lisait dans sa version des ren-

seignements sur les princes laïcs et ecclésiastiques contemporains de la fondation du monastère. Or ces synchronismes, absents dans la version de Donat, sont développés dans celle de Thierry !

Latomus V. - 10.

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i 46 J. G. PRÉÀU*

D'autre part, nous trouvons deux témoignages complémèntaires de la lecture assidue par Rodulfe de la Vita sondi Trudonis :

1) Gesta , L. X, § 7, p. 178, où le premier continuateur nous rapporte comment la lecture de la Vita inspira une réforme reli- gieuse de Rodulfe, relative à la fête de S. Quentin.

2) Epistola Rodulfi abbatis ad Waleramnum ducem , publiée dans les Gesta , I, p. 264-269, dans laquelle Rodulfe informe l'avoué principal de son monastère des droits que celui-ci possède.

Si le premier passage ne nous permet pas de déterminer avec précision de quelle version de la Vita il s'agit, parce que les ter- mes dont use le premier continuateur se retrouvent dans les deux versions, le second passage, au contraire, nous oblige à désigner la version de Thierry. En effet, Rodulfe décrit rapidement la carrière de S. Trudon en fournissant une généalogie du saint qui est absente dans la version de Donat :

... notum uobis facimus breuiter dominum nostrum sanctum Trudonem progenitum fuisse de nobiliori stirpe Francorum regum et ducum Austrasiorum...

Comme l'œuvre de l'abbé Thierry consiste essentiellement dans un remaniement et une mise au goût de l'époque de la version de Donat, en l'ornant de synchronismes et de généalogies, parfois fantaisistes, il nous semble que le second passage cité ci-dessus dé- signe incontestablement la version de Thierry comme source uti- lisée par Rodulfe dans la composition des Gesta . On peut néan- moins s'étonner qu'il ne mentionne pas expressément le nom de son prédécesseur et ami. Mais nous ne pensons pas qu'il faille en déduire l'utilisation possible de la version due à un certain Gui- chardus, intermédiaire entre celle de Donat et celle de Thierry et qui aurait contenu ces synchronismes et ces généalogies dont il est fait mention plus haut. En effet, cette version est perdue et nous n'avons même pas conservé la trace de ce Guichardus dans nos annales (1). Il semble beaucoup plus logique d'ailleurs de songer à une utilisation par Rodulfe de la version de la Vita due

(1) Nous ne connaissons que la mention faite pat Thierry de St Trond de cet aiiteur, dans la préface de sa Vita S. Trudonis. Sigebert de Gembloux l'ignore. W. Levison considère l'œuvre comme perdue (M. G. H., Script . ter. Mer., t. VI, Vita S. Trudonis..., Praefatio , p. 271).

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HODULťE DE SAINT-TROND l47

à la plume alerte de son illustre prédécesseur et ami, dont il n'a pas voulu citer le nom, sans doute pour répondre à un désir exprimé par l'abbé Thierry pour qui la modestie n'était pas un vain mot ainsi qu'on le constatera dans les vers suivants de la dédicace de sa paraphrase des Collectanea de Solin (*) :

V. 30. At si quod nolo , si forte legatur ab ulto , Qui sensu modicum non novit Theodericum Donet me venia , reputans tibi non sibi scripta : Quicquid in hoc pecco , te respicit, arbiter esto (2).

L'autre source dont Rodulfe dispose pour se documenter sur la période qui va des origines au règne d'Adélard Ier (628-999) lui

apporta bien peu de renseignements : c'était, en effet, un libellus

qui contenait, à côté d'œuvres hagiographiques, telles la Vita sancti Silvestri , la Translatio sancti Benedicti et un Sermo de as -

sumptione sanctae Mariae semper virginis , une liste - fort incom-

plète - de noms d'abbés, tantôt accompagnés de l'indication de la durée de leur règne, tantôt dépourvus de celle-ci ; pour les derniers abbés - Adélard Ier (999-1034), Guntramme (1034-1055), Adélard II (1055-1082) - Rodulfe trouva dans ce libellus l'indication de la durée du règne ainsi que celle des années.

Hue usque et ita in supradicto libello repperi (3).

2°) La période illustrée par les règnes brillants des abbés Adé- lard Ier, Guntramne et Adélard II - soit près d'un siècle - fournit à Rodulfe l'occasion de montrer ses qualités sérieuses d'historien et de conteur. Ses sources principales sont :

a) le document manuscrit : charte (L. I, § 3).

b) la tradition orale : Praefatio, p. 5 : De tribus vero supradictis abbatibus , scilicet Adelardo , Guntramno et secundo Adelardo , quod fideïium narratione didici, breviter referam.

Rodulfe, en historien conscient de ses devoirs, ne sollicitera pas son imagination pour essayer de pallier la pauvreté relative de

(1) On trouve dans les chartes XVII, Piot, vol. I, p. 24-25, (date 1072- 1075) et XX, Piot, vol. I, p. 27 (date 1088) la même profession d'humilité de la part d'un monachus Theodericus que nous identifions avec le futur abbé du même nom.

(2) Manuscrit Bruxellensisy S. XII, 1Ü615-1U7¿7, î° i /уг«, coi. (3) Gesta; Praefatio , p. 5.

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ces sources : son récit, émaillé de très rares anecdotes, se ressent de cette carence d'information par sa concision frisant parfois l'obscurité.

3°) La troisième et dernière période - de la fin du règne d'Adé- lard II à la fin du règne de Thierry (1082-1107) - offrait à l'his- torien une variété abondante de sources. Rodulfe utilise :

a) le document manuscrit (L. VI, § 11, 13 ; 1. VII, § 11). b) les souvenirs personnels. c) la tradition orale.

A secundo autem Adelardo usque ad me quicquid refer am, aut ipse vidi aut uidere potui ; et quae non vidi , eorum rela- tione qui haec viderunt didici (х).

Les nombreux témoins des événements dont l'histoire devait être retracée - encore en vie au moment où Rodulfe écrivait - et le fait que l'abbé y avait été mêlé, en personne et de très près, depuis 1091, créèrent une disproportion marquée dans la répartition de l'ouvrage ; alors que l'auteur ne consacre - à son corps défendant - que la fin d'une courte préface, un livre et 5 chapitres d'un deu- xième livre aux événements qui se sont déroulés depuis l'origine du monastère jusqu'au règne d'Adélard II (628-1082), soit quatre siècles et demi, il relate avec soin en cinq livres et demi les péripéties nombreuses de l'interrègne (1082-1099) et les réalisations de l'abbé Thierry (1099-1107).

Néanmoins, ce défaut évident dans l'économie de l'œuvre nous apparaît, dans les conditions de travail imposées à l'auteur et compte tenu de l'époque à laquelle il florissait, comme un titre de gloire bien plus que comme un objet de critique. D'ailleurs, la haute conception que se faisait Rodulfe de l'ouvrage historique explique et justifie ce défaut de proportion. Au livre IV, § 11, p. 62, de ses Gesta , l'abbé de Saint-Trond expose clairement son point de vue :

Nemo me mordeat , nemo michi detrahat , si veritatem loqui ipsa me compellat Veritas , ipse animae meae timor de men- dacio, ipsa Dei per sanctam scripturam comminatio ; nam omne mendacium a diabolo est (Joan. II, 21) et os quod

(1) Gesta , Praefatio.

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RODULFE DE SAINT-TROND 149

mentitur, occidit animam (Sap., /, 11). Historiografi de- bitam est пес assentatione, пес amore , пес odio , пес timore a veritatis tramite declinare ; scribam igitur , Deo teste , sicut a multis didici , e/ ut veracius exquirere a fratribus quoque potui, qui erant apud nos tunc temporis, et qui mecum postea inde ore ad os ista sunt locuti. Sed quid rem profanam ver- bis juuat multiplicare ?

Cette profession de foi donne les raisons qui poussent Rodulfe à respecter avant tout la vérité historique. On y distingue :

1) un motif religieux . L'auteur cite deux passages de récriture sainte ; 2) un motif scientifique . Le devoir de l'historien, c'est de ne pas s'écarter de la vérité sous l'influence de la complaisance, de l'amour, de la haine, de la crainte.

Cette définition des tâches de l'historien est utilement éclairée par un passage des Sententiae d'Isidore de Séville, III, liv, 7 (Mi- gne, 83):

Quattuor modis pervertitur humanum iudicium9 timore , cupiditate, odio et amore. Timore dum metu potestatis ali - cuius veritatem loqui pavescimus. Cupiditate dum premio muneris alicuius corrumpimur . Odio dum contra quem li- bet adversari molimur. Amore dum amico vel propinquis praestare contendimus.

D'ailleurs, dès le haut moyen-âge, beaucoup d'auteurs ont es- sayé de faire preuve d'objectivité. Guibert de Nogent s'efforçait de respecter la vérité historique sans toujours y réussir, il est vrai (*) ; au xie et au xne siècle, beaucoup d'historiens s'efforcent de respecter des principes qui se rapprochent fort de ceux énoncés par Isidore de Séville et par Rodulfe (2). Ce n'est qu'au xnie

(1) Guibert de Nogent s'élève contre l'utilisation par l'historien de docu- ments qu'il sait être faux, mais excuse une erreur d'interprétation si igno- ranter in verba prolabimur (Gesta, Migne, t. 126, p. 683) ; cf. A. Lefranc, Le traité des reliques de Guibert de Nogent et les commencements de la critique historique au moyen âge dans Études d'histoire du moyen âge dédiées à G . Monod (Paris, 1896), pp. 285-307.

(2) Adalbold, Vita Heinrici II , M. G. #., SS. IV, pp. 683, sqq. : In gestis scribendis duo sunt videnda : ut et scriptor ueritatem in prolatione teneat et lector fructum in lectione capiat. Sed scriptor veritatem tenere nequit nisi haec quatuor aut potenter devitaverit aut aliquatenus a mente deposuerit : odium

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et au xive siècle que l'objectivité en matière historique déclinera pour faire place à la fantaisie (*)•

Si l'on examine la conception de Rodulfe sur les moyens qui doivent lui permettre de respecter la vérité historique, on con- state que l'auteur des Gesta abbatüm Trudonensium s'inscrit en vedette dans la longue liste des chroniqueurs médiévaux. On a vu combien Rodulfe s'attache, avant tout, à respecter la vérité historique, les proportions de son ouvrage dussent-elles en souf- frir. Isidore de Séville n'avait-il pas déjà défini l'objet de l'histoire dans ses Etymologiae , I, 44 : Historiae sunt res verae quae factae sunti D'autre part, on sait l'heureuse fortune que connut, au moyen-âge, la Vita Martini de Sulpice Sévère dans le prologue de laquelle on lit cet axiome souvent repris par les écrivains : Melius est tacere quam falsa toqui . Rodulfe eut recours, comme on l'a vu, à trois catégories de sources : les sources écrites, les sou- venirs personnels, la tradition orale. Il est curieux de constater que les premières ne furent que très peu utilisées dans les Gesta , alors que Rodulfe pouvait disposer librement des chartes données sous les règnes de ses prédécesseurs (2). En agissant ainsi, il s'in- scrit en faux contre la pratique qui commençait à se généraliser au xie et au xne siècle : l'utilisation la plus fréquente possible du document manuscrit. Sigebert de Gembloux, dans la Vita Deo - derici , écrite en 1050-1060, utilise les chartes qui sont pour lui une sorte de consécration officielle de ses paroles : privilegium quod sicut est rerum nostrarum munimentum , ita sit etiam verborum nos - trorum probamentum (3).

C'est donc surtout à ses souvenirs personnels et à la tradition orale que Rodulfe demande les informations indispensables pour

et carnalem dilectionem , invidiam et infernalem adulationem. Cf. l'auteur de la Vita Theoderici Abb. Andag., passim .

(1) L'époque des Sommes et des Miroirs est aussi celle où foisonnent le plus les erreurs et les interprétations fantaisistes. Rappelons pour notre sujet que c'est la contribution du 3e continuateur des Gesta (fin xiv® s.) qui s'écarte le plus de la vérité historique.

(2) On ne relève dans la partie des Gesta écrite par Rodult'e que quatre re- cours au document écrit : L. I, § 3 ; L. VI, § 11 ; L. VI S 13 : L. VII 8 11.

(3) Sigebert de Gembloux, Vita Deoderici , M. G. H., S.S., IV, p. 470, § 14. Que l'on consulte la longue liste d'ouvrages utilisés par Sigebert que S. Ba- lau a dressée dans ses Sources de l'histoire de Liège (Bruxelles, 1903), pp. 276-281,

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KODULFE DE SAINT-TROND 151

écrire ses Gesta. Mais si ces deux sources peuvent être utilisées par lui pour la période qui s'étend du moment de son arrivée à Saint-Trond (1091) à la mort de l'abbé Thierry (1107), il n'en va pas de même pour la période qui embrasse les règnes d'Adélard I**, de Guntramne, d'Adélard II et l'interrègne jusqu'à 1091, soit le gros de l'œuvre. Dès lors, on constate que Rodulfe s'est appuyé essentiellement sur la tradition orale pour retracer l'histoire d'une

période presque égale à un siècle (999-1091). Ce procédé pouvait se réclamer d'illustres précédents puisque les évangélistes Luc et Marc rédigèrent leurs évangiles sur la foi des on-dit et que Bède y eut recours dans son Historia ecclesiastica (x). Mais Horace, très écouté pendant le moyen âge, n'avait-il pas prodigué le sage conseil :

Segnius irritant ânimos demissa per aurem Quam quae sunt oculis subjecta fidelibus et quae Ipse sibi tradit spectator (2).

D'autre part, dès la seconde moitié du xie siècle, le recours aux documents manuscrits devenant plus fréquent, l'utilisation de la tradition orale se limita de plus en plus au domaine de l'ha-

giographie. Lorsque le Continuateur de Sigebert de Gembloux dit de lui-

même, aux environs de 1174, qu'il a rapporté des faits transmis

par la tradition orale plutôt que par le témoignage personnel (®), il a soin d'ajouter : Litterati enim nostri seculi his intendere pro nichilo dtícunt et huius modi scripturam uilipendunt ( Coni . Aqui- cinct, M. G. H., SS.,, VI, p. 406,16).

Quant à la forme qu'il convient de donner à l'œuvre historique, Rodulfe ne paraît pas avoir professé une opinion personnelle à ce

sujet. Il se range naturellement dans la catégorie des nombreux

chroniqueurs soucieux de concision qu'ils s'efforcent d'obtenir en donnant à leur récit un caractère de brièveté exprimé souvent par les expressions telles que : brevitas , breuiter, strictim, swnmatim , succincte scribere , decurtare ... (4).

(1) Bède, Historia ecclesiastica , Praefatio : Lectoremque suppliciter obsecro si qua in his quae scripsimus aliter quam se Veritas habet , quia, quod vera lex historiae est , simpliciter ea quae fama vulgarité collegimus ad instruetionem pos - teritatis litteris mandare studuimus.

(2) Art Poétique, vv. 180-183. (3) audita magis quam visa scripsit. (4) Rodulle prend garde constamment à ne pas fatiguer son lecteur par lç

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K>2 J. G. PRÉAUX

Cette manière d'écrire l'histoire ne laisse pas d'entraîner quelque obscurité ou quelque défaut de construction par suite du manque de liens logiques dans la succession des événements dont certains sont passés sous silence. Quant à cette succession des événements, elle nous est présentée dans l'ordre chronologique qui facilite la compréhension des faits. Rodulfe évite le plus possible les di- gressions (*) et les récapitulations (2) chères à ses contemporains. Malgré toutes ces précautions, il faut croire qu'il ne parvint pas à satisfaire ses lecteurs qui déjà n'avaient pas une intelligence parfaite des faits exposés, puisque le premier continuateur des Gesta - peut-être ce Folcard agissant sur les conseils mêmes de son abbé et ami Rodulfe ! - prend la peine de commenter large- ment un important document du règne de l'abbé, la lettre que Ro- dulfe écrivit en 1136 à l'évêque de Metz, Étienne de Bar, sur la question de son bien : cette épître avait été rédigée dans un style tellement concis - identique d'ailleurs à celui des Gesta - que le continuateur, craignant qu'il ne soit trop peu clair, consacre de nombreux chapitres à l'élucider (L. X, § 1) :

Necesse est nos amodo ad priorem narrationis ordinem redire , ut, si quid forte omisit aut obscurius quia brevius po - suit (3), nostra narratio restituât et elucidei .

récit d'événements étrangers à son monastère. Ex. Gesta , Praefatio , p. 4 : Quae me presente aut me jam juvene quoque existente acta sunt , aliquantula fidelissimae quidem memoriae mandabo , plurima pudore nostri ordinis et nimio tedio longae relationis preteribo. Ces mots rappellent une autre préface, celle de la Vita Karoli où Eginhard nous dit qu'il écrit : ut de his quae ad meam notitiam pervenire potuerunU nichil omitterem ñeque prolixitate narrandi nova quaeque fastidientium ánimos offenderem.

(1) Au L. III, § 12, p. 47, après une digression sur les malheurs de Saint Trond en 1087, Rodulfe esquisse une comparaison avec la situation nouvelle du monastère et dit : Sed de his satis hic dictum sit ; ad narrationis ordinem recurramus .

(2) Au début du L. II, §§ 1 à 4, pp. 22 à 26, Rodulfe passe en revue les principaux événements décrits dans le livre I et dit : ... quae in hoc secundo libro altiori repetenda dignum duxi principio , ut directa per ordinem veritat is semita viantem gravatum longo plano relevei vestiqio.

(3) Scilicet Rodulf us. Signalons ici l'erreur de M. Schultz, Die Lehre von der historischen Methode bei den Geschichtschreibern des Mittelalters dans Abhandlungen zur mittleren und neueren Geschichte , Heft 13 (1909), p. 114, qui attribue à Rodulfe l'intention de compléter ses prédécesseurs là où ceux-ci ont été obscurs par suite d'une concision trop grande, alors qu'il est évident

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RODULFE DE SAINT-TROND 153

Cette obscurité provenant ďune trop grande concision dans le récit des événements historiques est sans doute le défaut majeur que l'on peut imputer à la conception que se faisait Rodulfe de la forme qu'il convient de donner à un ouvrage historique.

Plusieurs chroniqueurs avaient cependant signalé le danger résultant d'une trop grande brièveté dans l'expression. Ainsi Ro- dulfe de Fulda notamment juge la biographie de Lioba par Ma- gon (ca 836, S.S., XV, p. 122,26) de la façon suivante :

Hic breviter quidem adnotare curavit , sed nimis obscura reliquit, quia dum succinctae brevitati studuit , in nonnullis locis ita dubia reddidit9 ut quamuis cognoscendi praeferrent imaginem , non referrent tarnen intellegendi vigorem (1).

En conclusion, il appert d'une lecture attentive des Gesta ab - batum Trudonensium de l'abbé Rodulfe de Saint-Trond que les lois sévères d'une saine critique historique ont conditionné cette œuvre remarquable servie par un style, dont la monotonie foncière s'anime parfois et s'émaille de quelques jolies descriptions (2).

C'est là une œuvre qui, avec quelques autres, suffit pour dé- truire ce préjugé classique d'une littérature médiévale latine con- fuse et pédante.

Bruxelles . Jean G. Préaux.

que c'est le premier continuateur de Rodulfe qui a nourri le projet d'élucider les passages obscurs de Rodulfe.

(1) M. Schulz, op. cit., p. 112, n. 2) rapproche avec raison un passage d'OROSE, Adv. paganos , Praef. : Brevitas autem atque obscuritas immo ut est semper obscura brevitas , etsi cognoscendi imaginem praefert , aufert tamen intel- ligendi vigorem.

(2) Que Rodulfe se soit efforcé de donner un style à ses Gesta ressort de ce passage intéressant, L. III, § 1, p. 33-34 : Dum gravi sollicitudinum mearum pressura urgeor , tenue nimis viliterque scissum ipse reprehendo , quicquid in hac ordita tela texuisse videor. Sed quidl Si talis non fuerit res perada , ut digna sit ita permanere , tantum saltem conferei ex sua vilitate , quod quandoque coget eru- bescentem se in melius stilum commutare. Interim , lector , animadverte quod seri - bitur non quam bene scribitur . Cf. L. III, § 4, p. 38,

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