Dominique Lecat / Généalogie et Histoire du Dunkerquois / G.H.Dk. Page 1

Saint-Pol-sur-Mer liée à Georges Guynemer héros emblématique de la Nation

Par Dominique Lecat

Nous connaissons tous l’histoire de Georges Guynemer aviateur, né à Paris le 24 novembre 1894 et mort en combat aérien le 11 septembre 1917 au dessus de Poelkapelle (Belgique).

Dernière citation à la mémoire de Georges Guynemer : « Mort au champ d’honneur le 11 septembre 1917. Héros légendaire, tombé en plein ciel de gloire, après trois ans de lutte ardente. Restera le plus pur symbole des qualités de la race : ténacité indomptable, énergie farouche, courage sublime. Animé de la foi la plus inébranlable dans la victoire, il lègue au soldat français un souvenir impérissable qui exaltera l’esprit de sacrifice et provoquera les plus nobles émulations. »

Cependant il est bon de rappeler que ce héros emblématique, non seulement de l’Armée de l’air mais aussi de la nation toute entière, a vécu sa dernière nuit à Saint Pol-sur-Mer, avant de « s’envoler si haut qu’il n’est jamais descendu ».

Georges Guynemer en 1917 (Wikipedia)

I. Historique du terrain d’aviation de Saint Pol-sur-Mer (*).

Les autorités politiques et militaires du Dunkerquois ayant perçu très tôt (dés 1910) l’intérêt civil et militaire de disposer d’un terrain apte aux évolutions des aéroplanes, leur choix ne tarda pas à se faire en faveur des terrains et bâtiments abritant l’ancien sanatorium désaffecté sur la commune de Saint Pol-sur-Mer. Cet emplacement était destiné à l’extension du port de Dunkerque.

Après l’obtention des diverses autorisations administratives, la recherche de fonds fut mise en

Dominique Lecat / Généalogie et Histoire du Dunkerquois / G.H.Dk. Page 2

route pour l’achat et l’aménagement du futur poste d’aviation. Divers donateurs et mécènes contribuèrent au financement, parmi les plus importants : Georges Wancauwenbergue, Conseiller Général du Nord et figure philanthropique locale (il était le créateur du sanatorium de Saint Pol-sur-Mer et celui de Zuydcoote) ainsi que la Société des Anciens Combattants de Dunkerque.

Le terrain, situé en bord de mer, à l’écart des habitations, se présentait sous la forme d’un carré de 400 m sur 400 m soit une surface de 160 000 m2. Doté de toutes les installations modernes pour l’époque, il pouvait accueillir les aviateurs dans de bonnes conditions de confort. Il réutilisait pour cela 2 des 3 bâtiments restants du sanatorium reliés entre eux par une grande tente qui permettait d’abriter prés de 20 avions.

Le 28 Septembre 1913, est effectuée l’inauguration du poste d’aviation de Dunkerque-Saint Pol- sur-mer. A cette occasion un meeting aérien rassemblant plus de 50 000 spectateurs eut lieu. Des avions militaires et civils venus de Douai assurèrent le spectacle. Les plus hautes autorités civiles et militaires de la ville de Dunkerque et de sa proche banlieue furent présentes. Lors de l’inauguration, Henry Terquem, Maire de Dunkerque et le Général Bidon, Gouverneur militaire de la ville effectueront alors leur baptême de l’air.

Une vue des bâtiments du camp d’aviation de Saint Pol-sur-Mer.

Dominique Lecat / Généalogie et Histoire du Dunkerquois / G.H.Dk. Page 3

On peut noter également que cet aérodrome, était constitué de simples baraquements en bois avec

différents casernements. Le terrain est dés le départ réservé aux aviateurs civils, et surtout militaires qui ne doivent pas payer de cotisations pour l’utilisation des lieux. Les militaires avaient déjà entrevus l’implantation stratégique du lieu permettant de surveiller efficacement le trafic au large de Dunkerque, caractéristique qui prendra un énorme intérêt quelques mois plus tard !

Dés le déclenchement de la guerre en 1914, le camp d’aviation prend une importance de 1er ordre.

Au mois de septembre, c’est un avion britannique en détresse qui se pose, devenant alors le premier avion militaire à utiliser le terrain dans des conditions opérationnelles. Dans les semaines qui suivirent français et anglais, avec le Royal Naval Air Service, prendront possession du terrain.

Une vue des installations. Les escadrilles présentes auront deux missions essentielles : - La protection du camp retranché de Dunkerque contre les incursions allemandes par le biais de missions de chasse et de bombardements des installations aéronautiques allemandes situées en Belgique. - Les missions de reconnaissances et d’interdiction de nuire par bombardement des unités allemandes basées en Belgique.

Actif durant toute la première guerre mondiale, on ne sait pas quand le camp d’aviation fut fermé

à toute activité militaire. Néanmoins, il n’était plus opérationnel au début de la Seconde Guerre mondiale.

II. Georges Guynemer, son dernier vol.

Sur ce terrain étaient stationnées de nombreuses escadrilles, une vingtaine entre 1914 et 1918. En

septembre 1917, le Capitaine Guynemer commandant l’escadrille des cigognes participe aux combats au dessus des Flandres. Il pilote alors un SPAD XIII (ci-dessous).

Dominique Lecat / Généalogie et Histoire du Dunkerquois / G.H.Dk. Page 4

Le SPAD XIII

Le 11 septembre, il décolle de Saint Pol-sur-Mer après avoir passé sa dernière nuit au n° 192 rue de la République. Cette mission s’achèvera tragiquement au dessus du village de Poelkapelle lors d’un combat avec le pilote Allemand Wissemann. Une disparition ” en plein ciel de gloire ” à l’âge de 23 ans. A noter que le 30 septembre 1917, soit 19 après Guynemer, son ami René Fonck (surnommé l’As des As) abat Wissemann en combat aérien au dessus de Westroosebecke.

Plaque commémorative au n° 192 rue de la République à Saint Pol-sur-Mer Guynemer, pilote de chasse exemplaire avec 53 victoires homologuées, fut plusieurs fois décoré

pour ses nombreux faits d’armes, il prit le commandement de l’escadrille des cigognes dont la devise

Dominique Lecat / Généalogie et Histoire du Dunkerquois / G.H.Dk. Page 5

” Faire Face ” est devenue celle de l’Armée de l’Air et de la base aérienne de Salon de Provence. Le Général Franchet d'Espérey lui remettra la croix d'officier de la Légion d'honneur en juillet 1917.

Au Panthéon figure la citation suivante : ” A la mémoire du capitaine Guynemer symbole des aspirations et des enthousiasmes de l'armée de la Nation. ”

C’est donc un emblème immortel dont se sont inspiré des générations de pilote de l’Armée de l’air,

mais aussi, comme d’autres héros anonymes, ont guidé les actions tant militaires que civiles des personnes qui veulent donner un sens à leur vie. Mort en combat aérien à l’âge de 23 ans il doit servir d’exemple aux jeunes générations.

A une époque où l’aviation était rattachée à la cavalerie, le courage, la maîtrise du vol, mais aussi les règles de la chevalerie donnaient à ce nouveau mode de guerre une image qui s’est gravée dans la mémoire collective. A l’instar du « Baron Rouge » pour les allemands, Guynemer incarne le héros chevaleresque de cette guerre aérienne, alors qu’à terre ce premier conflit mondial était la pire manifestation guerrière que l’humanité ait connue dans son histoire. Sa disparition, dans des circonstances non encore élucidées à ce jour, fait toujours l’objet de conjectures nombreuses, mais c’est pour l’Etat français l’occasion de valoriser les vertus de courage et de sacrifice propres aux soldats de la nation.

III. Les monuments à sa mémoire.

La Belgique, sur le sol de laquelle Georges Guynemer disparut, a élevé une stèle à Poelkapelle en 1923, et son souvenir demeure toujours vivant dans la mémoire des habitants de ce calme village des Flandres. Chaque année à la date anniversaire un détachement de l’Armée de l’air française et de ses associations de réserve rejoint les troupes de l’Armée de l’air belge pour une cérémonie toujours empreinte d’émotion.

Le monument à Poelkapelle. A Malo-les-Bains en 1934 fut érigé sur la digue un monument magnifique mais provisoire à la

mémoire de Guynemer. Voici ce que disait l’actualité de l’époque : Article de l'Air n° 356 1er septembre 1934. Le 19 août a eu lieu à Malo-les-Bains l'inauguration du monument Guynemer, sous la présidence du Général Denain, ministre de l'Air, qui avait atterri dans la matinée à Saint-Inglevert. Le Ministre, qui fut accueilli par les autorités à son arrivée à Malo-les-Bains, passa en revue les troupes, à 15 heures, en présence d'une foule énorme.

Dominique Lecat / Généalogie et Histoire du Dunkerquois / G.H.Dk. Page 6

Plusieurs discours furent prononcés par MM. Drion, président du comité d'érection ; M. Schipman, maire de Malo-les-Bains ; le Colonel Brocard, ancien commandant de l'escadrille des Cigognes ; le Général Donnay de Casteau, représentant le gouvernement belge et par le Général Denain, Ministre de l'Air. Au cours de l'inauguration, plusieurs escadrilles sillonnèrent le ciel et à 16 h. 35, cette émouvante cérémonie prenait fin.

Le monument de 1934.

Après l’invasion des allemands en mai 1941, ce monument fut démonté (photo ci-dessous avant son démantèlement). Le buste en bronze fut réutilisé pour le monument érigé en 1989.

Dominique Lecat / Généalogie et Histoire du Dunkerquois / G.H.Dk. Page 7

Dunkerque – Malo-les-Bains lui rendit un nouvel hommage avec un monument érigé le 26 février

1989 prés du musée du Bastion 32 en mémoire de l’Opération Dynamo (1940).

Le monument actuel à Dunkerque – Malo-les-Bains.

Une stèle avait également été élevée en novembre 1957 devant les bâtiments administratif de la raffinerie BP, à l’endroit même où il décolla pour sa dernière mission.

Crédits : Ce document est une compilation des données recensées (textes et photos) sur les sites internet et les ouvrages suivants :

- Site internet www.anciens-aerodromes.com - Site internet www.forgottenairfields.com/ - Site Internet www.avionslegendaires.net - Site internet http://www.aerosteles.net - (*) Histoire du terrain d’aviation de Saintt Pol sur Mer par Georges Acket - Les escadrilles de l’aéronautique militaire française 1912-1920 – SHD Vincennes - Photographie des hangars, extraite du livre de d’Emile Genty : Saint Pol sur Mer, histoire,

vie et traditions populaires. Editions du Westhoek éditions 1980 Dominique Lecat 2013