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Si~ANCE DU 13 MARS 1971 Diagnostics d~licats en allergologie : b propos de deux observations. M. G. HALPERN rapporte deux observations illustrant la difficult~ de certains diag- nostics dans la pratique allergologique. La premiere est celle d'une femme de 55 ans, atteinte d'une dermatose prurigineuse de la face ant~rieure des poignets. Cette derma- tose, pour laquelle I'~ventualit~ d'une toxidermie m~dicamenteuse avait ~t~ invoqu~e, ~tait en fait une dermite de contact 5 la primev~re. La seconde observation est celle d'une malade venue consulter pour une sensation d'~ed&me de la partie inf~rieure du visage. Un diagnostic d'allergie streptococclque avait ~t~ port~ et el]e avait recu un nombre important d'injections vaccinales bl- hebdomadaires. Or il s'agissait d'une myasth~nie, ob]ectiv~e par l'~lectromyogramme. Une pseudo-allergie : les fi~vres professionnelles dues aux m6taux et aux mati~res plas- tiques. On sait que I'allergie tuberculinique -- et probablement I'allergie due 5 des anti- carps pr~cipitants -- peuvent ~tre responsables de ph~nom~nes f~briles. Apropos de quelques observations, M ~e A. GERVAIS, M. P. GI~RVAIS et M me P. PLANAT rappel- lent qu'une fi~vre peut 6tre provoqu~e par I'inhalation de particules m~talliques (zinc) ou de r6sidus de pyrolyse de certaines mati~res plastiques (polyt~trafluore-~thyl~ne), C'est une fi~vre r~mittente qui survient chez tousles sujets exposes, sans phase de latence initiale, et qui ne r~sulte pas d'un m~canisme immuno]ogique. La phagocytose des partieules provoque la liberation d'un pyrog~ne d'origine leuco- cytaire, actif sur I'hypothalamus. Dans les r~actions allergiques f~briles, le m~me py~ra- g~ne est d'ailleurs lib~r6 par les leucocytes, sous l'effet de la phagocytose des com. plexes immuns ou Iors du processus de la r~action de type retardS. La prevention des accidents f~briles par inhalation de particules consiste seulement dans I'am~lioration des conditions d'hygi~ne sur les lieux du travail. L'association d'une fi~vre E la s~m~iologie habituelle des manifestations allergiques est ~voqu~e par plusieurs interpellateurs. L'exemple des syndromes type ¢ Poumon de fermier ~) est eit~, mais M. GERVAIS rappelle que la radiologie reste toujours normale dans les accidents E l'inhalation de particules. La fi~vre peut d'ailleurs entrer, eomme t'ont note MM. VALLI~RY~RADOT et SCLAFER, dans le cadre clinique de I'allergie (~ r~aginique ~ la plus courante. Variations circadiennes du seuil de la r6ponse bronchique ;1 I'ac~tylcholine chez les sujets sains et chez les asthmatiques. MM. P. GERVAIS, A. REI~NBERG, M. MORIN, Ch. ABULKER et J. DUPONT ant mesur~, selon la m~thode de Tiffeneau, le seuil cholinergique bronchique de 8 sujets adultes sains et de 6 asthmatiques, synchronisms par un repos nocturne de 23 ~ 7 heu- 200 REVUE FRAN~AISE ])'ALLERGOLOGII~

Séance du 13 mars 1971

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Si~ANCE DU 13 MARS 1971

Diagnostics d~licats en allergologie : b propos de deux observations.

M. G. HALPERN rapporte deux observations illustrant la difficult~ de certains diag- nostics dans la pratique allergologique. La premiere est celle d'une femme de 55 ans, atteinte d'une dermatose prurigineuse de la face ant~rieure des poignets. Cette derma- tose, pour laquelle I'~ventualit~ d'une toxidermie m~dicamenteuse avait ~t~ invoqu~e, ~tait en fait une dermite de contact 5 la primev~re.

La seconde observation est celle d'une malade venue consulter pour une sensation d'~ed&me de la partie inf~rieure du visage. Un diagnostic d'allergie streptococclque avait ~t~ port~ et el]e avait re cu un nombre important d'injections vaccinales bl- hebdomadaires. Or il s'agissait d'une myasth~nie, ob]ectiv~e par l'~lectromyogramme.

Une pseudo-allergie : les fi~vres professionnelles dues aux m6taux et aux mati~res plas- tiques.

On sait que I'allergie tuberculinique - - et probablement I'allergie due 5 des anti- carps pr~cipitants - - peuvent ~tre responsables de ph~nom~nes f~briles. Apropos de quelques observations, M ~e A. GERVAIS, M. P. GI~RVAIS et M me P. PLANAT rappel- lent qu'une fi~vre peut 6tre provoqu~e par I'inhalation de particules m~talliques (zinc) ou de r6sidus de pyrolyse de certaines mati~res plastiques (polyt~trafluore-~thyl~ne), C'est une fi~vre r~mittente qui survient chez tous les sujets exposes, sans phase de latence initiale, et qui ne r~sulte pas d'un m~canisme immuno]ogique.

La phagocytose des partieules provoque la liberation d'un pyrog~ne d'origine leuco- cytaire, actif sur I'hypothalamus. Dans les r~actions allergiques f~briles, le m~me py~ra- g~ne est d'ailleurs lib~r6 par les leucocytes, sous l'effet de la phagocytose des com. plexes immuns ou Iors du processus de la r~action de type retardS. La prevention des accidents f~briles par inhalation de particules consiste seulement dans I'am~lioration des conditions d'hygi~ne sur les lieux du travail.

L'association d'une fi~vre E la s~m~iologie habituelle des manifestations allergiques est ~voqu~e par plusieurs interpellateurs. L'exemple des syndromes type ¢ Poumon de fermier ~) est eit~, mais M. GERVAIS rappelle que la radiologie reste toujours normale dans les accidents E l'inhalation de particules. La fi~vre peut d'ailleurs entrer, eomme t'ont note MM. VALLI~RY~RADOT et SCLAFER, dans le cadre clinique de I'allergie (~ r~aginique ~ la plus courante.

Variations circadiennes du seuil de la r6ponse bronchique ;1 I'ac~tylcholine chez les sujets sains et chez les asthmatiques.

MM. P. GERVAIS, A. REI~NBERG, M. MORIN, Ch. ABULKER et J. DUPONT ant mesur~, selon la m~thode de Tiffeneau, le seuil cholinergique bronchique de 8 sujets adultes sains et de 6 asthmatiques, synchronisms par un repos nocturne de 23 ~ 7 heu-

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res. Ces mesures ant ~t6 faites 5 heures fixes (8, 15, 19 et 23 h), et pour cheque sujet 5 fois, s~par~s entre elias par des intervalles de 2 ~ 7 jours.

Un rythme circadien statistiquement signiflcatif a ~t~ d~tect6 dons les deux grou- pes (p < 0,0l pour les sujets sains ; p < 0,05 pour les asthmatiques). Pour [es uns et les autres, le pic circadien se situe vers t5 heures (de 12 h 47 6 17 h 01). Dons les deux cos, I'amplitude du rythme est de I'ordre de 30 p. cent de la moyenne des velours de 24 heures. En d'autres termes, le seuil ~ I'ac6tylcholine pout verier pour un m~me sujet dons la proportion de 1 (~ 3 au cours des 24 heures, de mani~re pr~visible.

Entre les su]ets sains et los asthmatiques, une difference essentielle apparalt quant au niveau de le fonction. Exprim6 en microgramme d'ac~tylcho[ine, avec son intervafle de confiance, ce niveau moyen est de 6 460 + 1360 chex les sujets sains et de 398 ± 96 pour les sujets asthmatiques.

Sur une question de M. AGACHE, M. REINBERG precise que I'activit~ branchique de I'ac~tylcholine, avec sa fonction p~riodique circadienne, est ~ distinguer de son activit~ pharmacologique g~n~rale.

Les polysensibilisatlons m6dicamenteuses : les foits, les incertitudes.

M. J.-P. GRILLIAT, M ~e D.-A. VAUTRIN, MM. P. PUPIL et C. JANET ant observe, sur un total de 670 sujets atteints d'allergle m~dicamenteuse, une proportion de 16

24 p. cent de polysensibilis~s. IIs ant not~, chez ees polysensibilis~s, un taux plus ~lev6 d'expositions professionnelles et surtout une plus grande fr~quence allergique (50 p. cent des cos). Les sensibilisations sent doubles dans 78 p. cent des cos, triples dons 16 p. cent, quadruples dons 6 p. cent.

Bien des incertitudes demeurent quant au m~canisme de ces polysensibilisations. Trois types peuvent en ~tre proposes : celui des sensibilisations suceessives, tr~s fre- quent, celui des sensibilisations de groupe, tr~s rare, et eelui de la polysensibilisation simultan~e, essex rare, difficile 5 affirmer. Trois observations de ce dernier type sent rapport~es. Elles permettent de discuter le r61e du mode d'administration et I'activit~ des pseudo-polym~res et des conjugu6s plurivalents.

Les outeurs ant utilis~ le test de Shelley et le test de transformation lymphoblasti- qua. Celui-ci donne lieu d divers commentaires de MM. CANY, G. HALPERN, P. GER- VAIS, MIGUf:Rf:S, TABARD et THI~ROND : il existe encore bien des discordances entre sos r~sultats et les donn~es les plus ~videntes de la clinique. II arrive qu'il se positive trap lentement ou au contralto, dens d'autres cos, qua los t~moins soient eux~m~mes positifs et interdisent route discrimination. Ces divergences sent apparues ~ M ~e VAUTRIN, qui e ~t~ plusieurs fois amen~e 6 refaire des tests de transformation deux

trois mois apr~s I'accident 6tudi~, et donc ~ suspendre l'administration d'un m~dica- Tent suspect, bien avant de d~tenir la preuve de so responsabilit&

Ind~pendamment de cette question, MM. PINON, P. GERVAIS et RELYVELD ~vo- quent celle de la composition des excipients, dent la d~claration n'est taujours pos obligatoire. II est vrai qua I'~tude toxologique ~ laquelle i[s sent soumis ne peut prati- quement pas d~celer le pouvoir allerg6nique d'une substance.

R6sultots obtenus ovec !e crornoglycate dlsodique darts le traitement de I'asthme de I'en- font.

M. J. VIALATTE et M m° H. DELAYEUN ant utilis~ le cromoglycate disodique chez 110 enfants attaints d'allergie respiratoire : 95 asthmas, 8 trach6ites spasmodiques et 7 pollinoses. Les r6sultats des trois premiers mois de traitement ant ~t~ satisfaisants

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dons 81 p. cent des cos d'osthme, malgr8 la sSv~rit8 de la p lupart d 'entre eux. La moit i6 des ~checs semble avoir 8t6 li~e 6 une mauvaise tolerance ou 6 une mauvaise prise du m~dicament. Cinquonte des 77 asthmatiques ayant ~prouv8 une amel iorat ion ont pu ~tre suivis pendant une p6riode plus Iongue : I 'heureux effet du produit s'est maintenu sur 32 d'entre eux.

L'opinion des outeurs est que le cromoglycate trouve son application la plus oppor- tune clans I'asthme s~vSre, di:~ficile ~ d~sensibiliser. Gr&ce b son action preventive court terme, il permet de r~duire la symptomatologie et de r~organiser I'ensemble du t ra i tement de fond, au sein duquel la d~sensibilisation sp~cifique garde une place privil~gi~e. En debars de I'asthme, I 'ef fet du produit est dif f ic i le ~ ~valuer dons la pollinose ou la toux spasmodique.

L'act ion du cromoglycate dons la pollinose motive les interventions de MM. DENIS, GRILLIAT et BEZIAN : tel qu' i l est presentS; le produit se disperse real dons les voies respiratoires sup~rieures et il est n~cessaire de prSvoir un appareil pour inhalat ion nasale. Dons I 'asthme, M. VIALATTE estime que le cromoglycate est un m6dicoment f inalement d 'autant plus pr~cieux que le syndrome est plus s~v~re ; en tout cos, son activit~ n'est pas perturb6e par une ~ventuelle cort icoth~rapie et il ne semble pas g6ner la raise en route ou Je remaniement d'une d~sensibilisation. M ~ BRUNET insiste d'ai l leurs sur la n~cessit6 du relai cromoglycate-d~sensibil isation.

M m~ DONAT, de son c6t~, est parvenue ~ des conclusions similaires sur un lot de malades suivis dons le service de M. A. MEYER. Ind~pendamment de I'am61ioration clinique, I 'effet du produit peut 6tre 8valu~ par 1'Stude de la fonction respiratoire,

Michel PLANES.

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