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Sectes nouvelles. Un regard neuf by Jean-François MayerReview by: Jean SéguyArchives de sciences sociales des religions, 31e Année, No. 61.2 (Apr. - Jun., 1986), pp. 288-289Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30191669 .

Accessed: 18/06/2014 05:32

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

aussi dans la pr6face de la 2e 6dition, parue en 1975. L'ouvrage pr6sente une analyse th6ma- tique de plus de 450 titres de la < Bibliothbque bleue a de Troyes. L'alacrit6 du style du grand historien, trop t6t disparu, et la sagacit6 de ses analyses donnent beaucoup d'int6r~t et de couleur A cet inventaire d'une litt~tature oi domine tant6t l'6vasion - les f6es, les g6ants, les miracles - et tant6t le conformisme et qui ignore tout r6alisme (ce qui montrerait, s'il en 6tait besoin, combien est complexe et sophis- tiqu6e une production romanesque qui y voit une valeur...). Il est int6ressant de comparer I'image que le pr6sent ouvrage donne de la litt6rature de colportage en France avec celle que fournit, pour l'Angleterre et le XVIIC si~cle seulement, celui de Margaret Spufford (Small books and pleasant histories, 1981, Arch., 53, no 585).

Elisabeth Labrousse.

61.324 MAYER (Jean-Frangois).

Unehonteuse exploitation des esprits etdes porte-monnaies ? Fribourg, Suisse, Les Trois Nornes, 1985, 69 p.

En 1881, l'Arm6e du Salut p6nbtre en Suisse. Dbs lors commence, de la part de la soci6t6 de ce pays, une longue crise d'intol6rance A ce nouveau venu. Les reunions salutistes se voient perturb6es de fagon parfois violentes par des groupes excit6s. Les autorit6s, d6sireuses de ( sauvegarder l'ordre public > interdisent les r6unions de l'Arm6e. Controverses, procks, emprisonnements se succtdent...

L'auteur 6tudie les themes de la controverse telle qu'elle se manifeste dans la presse et dans une production concomitante de brochures, au cours de l'ann6e 1883. Il situe d'abord les attaques anti-salutistes dans le cadre d'une intolerance plus g6n6rale de la soci6t6 suisse A

l'6gard de certaines formes de religion (Reveil, m6thodisme et momiers, catholicisme et sin- gulibrement les j6suites...) ; finalement J.-F.M. montre, citations A l'appui sur deux colonnes parallbles, que les accusations port~es contre l'Arm6e du Salut en 1883 et celles dont les Nouveaux mouvements religieux sont la cible aujourd'hui se ressemblent au point de se confondre...

Ce court travail, qu'on aurait aim6 plus fouill6 (qu'est-ce que la soci~t6 suisse defend d'elle-meme en attaquant l'Arm~e du Salut et d'autres groupes ?), se r~vble cependant plein

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d'intbr~t. L'intol6rance A la nouveaut6 reli- gieuse telle qu'elle apparait ici semble bien affecter indiff6remment des croyants et des incroyants, et relever d'une structure relati- vement invariable. L'A. n'a pas de mal A le montrer, grAce A la connaissance qu'il a de quelques travaux anglo-saxons sur le m~me theme. II serait souhaitable de pousser l'en- quote plus avant et de manibre syst6matique. Nous n'en saurons jamais trop sur la fagon dont les soci6t6s, y compris celles qui se r6clament de la rationalit6 moderne, fabri- quent leurs h6r6tiques (Arch., 47, p. 189-93).

Jean S6guy.

61.325 MAYER (Jean-Frangois). Sectes nouvelles. Un regard neuf. Paris, Ed. du Cerf, 1985, 130 p.

Pr6fac6 par Emile Poulat, cet ouvrage sur les < sectes nouvelles >> pr6sente une triple origi- nalit : d'une part il tente de comprendre la logique interne aux ph6nombnes 6tudi6s; d'autre part il a 6t6 pr6c6d6 d'une trbs longue enqu~te sur le terrain, et dans les ouvrages de tous genres traitant du sujet; enfin sa biblio- graphie renvoie A un savoir polyglotte et pluridisciplinaire. La production frangaise sur le sujet ne nous avait pas habitu6 A tant de raffinement.

L'A. s'est dejA fait connaitre par une etude d'une grande erudition sur le swedenborgisme en Suisse romande (Arch., 59, no 295). Depuis de nombreuses ann6es il travaille sur les manifestations les plus vari6es de non confor- misme religieux et publie de frequents articles sur ce theme dans la presse pdriodique suisse. Son genre se situe A la rencontre d'une volont6 vulgarisatrice du meilleur aloi et d'une science scrupuleuse.

Le pr6sent ouvrage affiche les habituelles caract~ristiques du travail de l'A. Une Intro- duction d~peint le monde des < nouvelles sectes > dans ses aspects les plus g6n6raux; un premier chapitre d6crit les tendances idbolo- giques qui y sont A l'oeuvre; suivent quinze < fiches > de longueur vari6e concernant autant de mouvements. La plupart sont non-chr6tien, ou d'un christianisme inhabituel; ils figurent, pour le plus gros, parmi les Nouveaux mou- vements religieux les plus connus en Europe occidentale. Un long chapitre de < r~flexions >> fait le tour des accusations les plus fr~quem- ment port6es contre ces groupements par

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l'opinion publique et les mtdias. La Conclu- sion exprime clairement la position irtnique de I'A. en la matibre : < Probablement devrons- nous de plus en plus nous habituer A vivre dans un monde marqu6 par la pluralit6 des croyan- ces >> (p. 105).

L'ouvrage est d'un essayiste (peut-Ctre meme d'un moraliste) inform6, habitu6 A la rigueur du raisonnement et de la pratique scientifique. Sa connaissance de la litttrature interne aux mouvements qu'il dtcrit et des recherches sociologiques et psychologiques les concer- nant garantit le sTrieux de son information.

Jean S~guy.

61.326 MEES (Imre). Die Hui. Eine moslemische Minderheit in China. Assimilationsprozesse und politis- che Rolle vor 1949. Munich, Minerva Publi- kation Saur, 1984, XII-131 p., 1 ill. (sans carte), bibliogr.

Cette mosaique consciencieuse des idtes reques en matibre d'islam chinois peut, A la rigueur, servir comme un aide-msmoire commo- de de tout ce qui a dejA Ct dit sur le sujet. Et encore, il manque A la bibliographie des travaux aussi essentiels que ceux d'Iwamura Shinobu (dont un article au moins, trbs riche, a paru en anglais). Mais que peut-on 6crire A I'heure actuelle d'intdressant sur l'islam chi- nois si l'on ne se prboccupe ni des sources, ni des 6tudes en chinois ? Si l'on ne sait pas qu'il a existb un systhme dit qadim (chinois gedimu) des communautes de mosqu~e, oppos6 au syst~me des men-huan, ou sous-groupes soufis A direction centraliste htrtditaire? Si l'on ignore meme l'existence du soufisme dans la litttrature et la pratique chinoise, et l'impor- tance des r66ditions des grands auteurs musul- mans chinois des XVIP-XVIIP si~cles, ceux-ci n'&tant meme pas mentionnts ? Et tant d'au- tres choses encore...

Frangoise Aubin.

61.327 MESLIN (Michel), 6d. Actes du colloque Mystique, culture et soci6tt. Paris, Universit6 de Paris-Sorbonne, Groupe d'histoire comparte des religions, 1983, 107 p.

Les communications rtunies dans ce fas- cicule reltvent de genres h~ttrog~nes, plu-

BULLETIN DES OUVRAGES

sieurs sont domintes par une intention apo- logttique, mais l'ensemble ttmoigne d'un vif int~r~t pour des experiences mystiques vtcues dans des cadres socio-historiques et religieux tr~s diversifis : ce parcours est jalonn6 avec les noms de Appar (mystique tamoul shivaite du VIP si~cle), Ibn'Arabi (1165-1241), Hade- wijch d'Anvers et Marguerite Por~te (b6guines des XIIP-XIV' sidcles), Swedenborg (pour le XVIIIC si~cle su~dois), Thtr~se de l'Enfant- Jesus (pour la fin du XIX" si~cle franrais) et Simone Weil (1909-1943).

Carl A. Keller montre le paradoxe d'Appar : < Ce ne sont passes rapports A la socitt6 qui dominent la pratique du mystique mais ses rapports A la Divinit6 ; < Shiva est le fon- dement de toutes les valeurs sociales ; Appar < est, par la grAce de Shiva, un propagandiste de son Dieu, propuls6 dans la soci~t6 par l'Absolu > (p. 21). Quant A la filibre mystique qui aboutit A Appar, il est trbs significatif de voir les anciens cultes autochtones de posses- sion se prater A l'acculturation de la bhakti shivaite ou krishnalte, < dtsir quasi-pulsion- nel de se donner A la divinit6 dans un l61an irresistible de ferveur amoureuse >.

La communication de Michel Chodkiewicz pose la question de savoir si l'existence d'une mystique dans l'islam n'est finalement pas malgr6 l'islam, dans la mesure oA le soufisme serait en rupture avec la Loi et avec la Lettre, meme A une 6poque < oA le soufisme entrait dans sa phase d'institutionnalisation et allait, d~s lors, intervenir de fagon A la fois plus ample et plus visible dans le fonctionnement de la umma > (p. 29). Une 6tude philologique serr~e de l'extgise professte par Ibn'Arabi conduit A invalider les polemiques classiques en islam contre cet auteur et a dessiner les contours de la wildya, saintet6 oi la pratique des obligations 16gales (religieuses) ouvre une voie unitive dans le rapport A Dieu.

Le travail de Marie-Madeleine Davy sur les btguines tient compte des 6tudes rtcerrtes sur des figures aussi marquantes que celles d'Ha- dewijch (trad. frangaise en 1954 et 1972 par J.- P. Porion), et de Marguerite Por~te (edition en frangais moderne parue en 1984). L'A. souli- gne l'influence d'Hadewijch sur Eckart, et plus largement l'influence exercte sur les grands mystiques rh~nans par les experiences des b~guines, femmes, laiques, 6crivant dans leur langue maternelle. Si Marguerite finit bralte A Paris en 1310, I'&cho de sa virtuosit6 mystique s'est perpttu6 grAce aux chartreux qui ont sauv6 son livre, Le Miroir des dmes simples.

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