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Service Public TERRITORIAL LE MAGAZINE DU CENTRE NATIONAL DE LA FONCTION PUBLIQUE TERRITORIALE N° 0 – JUIN 2011 Le tour de France des bonnes pratiques Page 15 Parcours 3 portraits d’agents territoriaux Page 24 Mieux vivre ensemble dans les transports en commun Page 28 Comment passerons- nous l’été ? Dossier page 10

Service Public · idées et leurs solutions innovantes constituent autant de ressources pour la formation des ... de finances initiale ... des chefs de service de police municipale

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Service PublicTERRITORIAL

LE MAGAZINE DU CENTRE NATIONAL DE LA FONCTION PUBLIQUE TERRITORIALE N° 0 – JUIN 2011

Le tour de Francedes bonnes pratiquesPage 15

Parcours3 portraits d’agents territoriauxPage 24

Mieux vivre ensembledans les transports en communPage 28

Comment passerons-nous l’été ?

Dossier page 10

service public territorial numéro 0 – juin 2011 2/3

éDito

sommaire n° 0 – juin 2011

4 – AcTuALITéSL’essentiel à retenir

8 – INTERVIEWcomment prévenir les risques psychosociaux ?

10 – DOSSIERcomment passerons-nous l’été ?

15 – BONNES PRATIQuESLe tour des initiatives locales

22 – DécRYPTAGELes PPRI

24 – PARcOuRSAccompagner la mobilité professionnelle dans la durée

28 – ET DEMAIN ?Les transports en commun, laboratoires du vivre ensemble ?

31 – KIOSQuEJe surfe, je lis, je regarde

une nouvelle formule, au service des agents et des collectivitésDes agents compétents et bien formés sont l’une des conditions indispensables pour des services publics efficaces. C’est avec cet objectif que travaille, au quotidien, le Centre national de la fonction publique territoriale. C’est dans cette perspective qu’a émergé l’idée d’un magazine rénové.

Un magazine au service des agents territoriaux et des collectivités qui les emploient. Un magazine au service de l’intelligence collective, du partage d’expériences, de l’information mutuelle.

Un magazine au service de la formation tout au long de la vie et tout au long de la carrière, quels que soient son métier et son lieu d’exercice professionnel.

D’un bout à l’autre de notre territoire national, dans les collectivités d’outre-mer et de métropole, les services publics territoriaux sont riches de leurs réalisations. Leurs bonnes idées et leurs solutions innovantes constituent autant de ressources pour la formation des agents. Dans Service public territorial, j’ai voulu qu’on en parle, qu’on les salue, qu’on les partage, pour que chacun puisse y trouver une information concrète, utile et utilisable.

C’est dans ce sens qu’a été conçue la nouvelle version du magazine du CNFPT, dont je suis heureux de vous présenter le « numéro zéro».

Une nouvelle formule qui porte haut les valeurs communes aux agents du service public : la qualité de prestation à nos concitoyens, la réduction des inégalités, la solidarité, pour une République durable et solidaire.

Bonne lecture à tous !

François Deluga,Président du CnFPtdéPuté-maire du teiCh

service Public TerriTorial – 80, RUe De ReUiLLy – 75012 PaRis /// Bimestriel publié par le CNFPT /// DiReCTeUR De La PUBLiCaTioN : François Deluga – CoDiReCTeUR De La PUBLiCaTioN : Jacques Goubin – RéDaCTRiCe eN CheF : alexandra Weinstein – RéDaCTioN : Bruno Cargnelli, Christophe Grauwin, Valérie Lachenaud /// CoNCePTioN eT RéaLisaTioN : /// PhoToGRaPhies : Christophe audebert, Laurent Cipriani, Nicolas Gouhier et olivier Roux pour acabapress, Corbis, Getty images, Photononstop /// aBoNNemeNTs : 01 55 27 41 36, [email protected] /// imPRessioN : corlet imprimeur /// issN : en cours /// DéPôT LéGaL : en cours /// NUméRo TiRé à : 32 000 exemplaires.

courrier Des lecteurs :-) !

« J’ai beaucoup aimé votre dernier numéro avant zéro, mais je regrette que vous n’ayez toujours pas abordé le sujet central de la polyvalence. On ne le dit pas assez, et j’espère que vous oserez écrire tout haut ce que tout le monde sait bien, sans en parler en profondeur : tout est dans tout, et principalement dans l’ensemble. »Tery TAURIAL, polyvalent global

« en tant qu’élue d’une grande collectivité, qui est aussi un bassin de vie, il est évident qu’aucune politique ne trouverait de réalisation concrète sans agents bien formés. Je vous assure de tout mon soutien pour votre nouveau magazine, Service public territorial, mais je suis au regret de décliner votre proposition d’en être la marraine, malheureusement retenue par d’autres engagements antérieurs. »France LEMAIRRE, vice-présidente de Lagrande-Agglo

« Je suis tombé par hasard sur Service public territorial durant la pause d’une journée de formation sur l’échelle indiciaire. C’est bien, cette nouvelle formule, mais j’espère que vous consacrerez régulièrement des articles à l’essentiel de nos préoccupations de fonctionnaire : le point, le majoré, le brut, le bonifié, et moi. »Pierre DELACARRIERE, expert spécialisé

« Cher journal, je m’adresse à toi comme à un ami. même si nous nous connaissons à peine, déjà tu m’es cher ; comme si j’avais toujours su au fond de moi qu’un jour, je te rencontrerai. J’aime à feuilleter tes jolies pages, pleines d’images et de mots si bien tournés qu’ils me rendent un peu plus audacieuse qu’à mon habitude. aussi osé-je caresser l’espoir que tu accepteras de me faire parvenir ta version ronéotypée ? »Anita CYVIL, employée d’ancienne mairie

« il apparaît que Service public territorial constitue une nouvelle source de ressources formatives mobilisables à plusieurs étapes du processus de capitalisation de l’adulte apprenant, en présentiel comme à distance, et, pourquoi pas, en alternance, en tant que boîte à outils de la réinterrogation des acquis, notamment dans une perspective de valorisation voire de développement, au service des compétences, du cheminement à la fois professionnel et personnel, dans un environnement en mutation constante, qui, ne l’oublions pas, impacte – souvent même sans perception immédiate. »Jean SAIGNE, pédagogue honoraire

« J’m bien l’idsa l’fet :) »Maude ERNE, retraitée

« la lecture des pages de votre numéro zéro appelle des observations qui tendent vers l’infini… mais, ayant un vrai métier, je ne peux dégager le temps nécessaire pour procéder à la rectification de la totalité des erreurs statistiques, sémantiques et stylistiques de contenus dans vos lignes. a minima, je rétablirai donc une vérité scientifique centrale, que vous avez présentée très abusivement comme relative : 7.2 !. »Parfait Duchiffre, vérificateur de classe exceptionnelle

“Vous souhaitez réagir à l’un de nos articles ?envoyez-nous directement vos commentaires à l’adresse suivante : [email protected]

service public territorial numéro 0 – juin 2011 4/5 actualités

colloques, projets de loi… l’essentiel à retenir

ils onT DiT

« un déficit historique de 148,8 milliards d’euros alors que la loi de finances initiale (2010) prévoyait une amélioration du solde budgétaire. »constate la Cour des comptes, dans son rapport de mai dernier. elle a néanmoins certifié les comptes de l’état avec sept réserves, qui portent, entre autres, sur les systèmes d’information financière et comptable, le patrimoine immobilier et les dispositifs ministériels de contrôle interne.

« Pour prévenir plutôt que guérir le phénomène du décrochage, il faut d’abord mettre l’accent sur la politique de la petite enfance. »YVes DuranD,rapporteur au Parlement, au sujet des 180 000 jeunes sortis chaque année du système scolaire sans diplôme ni qualification.

« Cette nouvelle convention est révolutionnaire dans le sens où elle reconnaît que la violence faite aux femmes constitue une violation des droits de l’homme. »FeriDe aCar,négociatrice pour le gouvernement turc de la Convention européenne pour prévenir les violences faites aux femmes, signée le 11 mai à istanbul.

la parole aux régionsLa dépendance, un risque au cœur des débats

1,13 million de personnes bénéficient de l’Allocation

Personnalisée Autonomie (APA), la principale forme de prise en charge de la dépendance. Avec la maladie, la retraite, le chômage et le veuvage, la dépendance représente un cinquième risque dont on a débattu en régions.Roselyne Bachelot-Narquin, ministre des solidarités et de la cohésion sociale, et sa secrétaire d’État et Marie-Anne Montchamp ont achevé en mars la série de consultation avec les responsables des

principaux partis politiques destinée à préparer la réforme de la prise en charge de la dépendance. Depuis, l’heure est aux débats en régions. Le 9 mai à Nantes, on a échangé sur le thème « Société et vieillissement » ; le 31 mai, le débat à Bordeaux a porté sur les « Enjeux démographiques et financiers de la dépendance » ; le 14 juin à Marseille le sujet de réflexion était « L’Accueil et l’accompagnement des personnes âgées » et le 20 juin à Strasbourg la « Stratégie pour la couverture de la dépendance des personnes âgées ».

égalité des chances

Se concentrer sur l’essentielEn 2011, l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (Acsé) se recentre sur les fondamentaux : l’éducation, l’emploi, la prévention de la délinquance et la santé, tout en poursuivant ses actions dans d’autres domaines : logement et cadre de vie ; culture et expression artistique ; lien social, citoyenneté et participation à la vie publique ; accès aux droits, prévention des discriminations… Le programme d’intervention 2011 comprend 18 fiches programmes.

instantanés

télex

le dessin de presse

REsTAURATION sCOLAIRE : DONNER LEUR ChANCE AUx PRODUCTEURs LOCAUxLa réforme de l’article 53 du Code des marchés publics, qui vise à élargir le droit de préférence aux exploitants agricoles, aux producteurs et groupements de producteurs agricoles en restauration scolaire, sera effective d’ici juillet 2011. Bruno Le Maire, ministre de l’Alimentation et de l’Agriculture, s’y est engagé lors des premières assises parlementaires de la restauration collective. Les décrets de la loi de modernisation de l’agriculture (LMA) du 28 juillet 2010 concernant la restauration collective, devront, quant à eux encore attendre.

/// Défenseur des droits. Il a pris la succession du Médiateur de la République depuis le 31 mars 2011 et celle du Défenseur des Enfants, de la Commission nationale de déontologie de la sécurité, et de la HALDE depuis le 1er mai 2011. [Loi organique n° 2011-333] /// Port du voile. Publication de la circulaire du 31 mars 2011 pour l’application de la loi du 11 octobre 2010 [dissimulation du visage dans l’espace public] /// Conseillers territoriaux. Projet de loi fixant le nombre de conseillers territoriaux des régions et départements adopté le 7 juin par le Sénat, après l’assemblée nationale. /// Police municipale. Publication du décret n° 2011-444 du 21 avril 2011 portant statut particulier du cadre d’emplois des chefs de service de police municipale.

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57,9 millions de Français vivent au sein d’un regroupement de collectivités territoriales (2 409 communautés de communes, 181 communautés d’agglomérations et 16 communautés urbaines).

19 variables réparties en 11 critères = 1 indice « vivre mieux » de l’OCDE. Depuis mai, l’Organisation de coopération et de développement économique a mis en ligne son premier indice complémentaire au traditionnel produit intérieur brut. S’il salue « une bonne initiative », Jean Gadey, animateur du Forum pour de nouveaux indicateurs de richesse (FAIR), regrette « une orientation vers le bien-être individuel et pas du tout sur ce que l’on pourrait appeler la qualité d’une société ».

259 012 : c’est le nombre total d’équipements sportifs (salles, terrains de sports) en France au 25 octobre 2010.

Gabs © Groupe eyrolles - 2011

Nombre de femmes élues aux élections cantonales 2011 = 280Nombre d’hommes élus aux élections cantonales 2011 = 1746

OBsERVATOIRE DE LA PARITé hOMMEs-FEMMEs

CANDIDATS AUx éLECTIONS CANTONALES 2011

éLUS AUx éLECTIONS CANTONALES 2011

Hommes élus 86,2 %

Hommes candidats 76,8 %

Femmes élues 13,8 %

(13,1 % en 2008)

Femmes candidates

23,2 %

entre le 26 février et le premier mars 2010, la tempête Xynthia a balayé l’europe, causant la mort de 59 personnes. La France a été particulièrement touchée avec une cinquantaine de victimes recensées dont 35 dans le seul département de la Vendée. en visite dans ce département le premier mars 2010, François Fillon parlait alors de « catastrophe nationale ». Les dégâts matériels ont quant à eux été évalués à environ 1,5 milliard d’euros. au-delà du drame, Xynthia a été l’occasion d’une prise de conscience des risques et d’une remise en cause de certaines pratiques jusque-là tolérées dans l’urbanisation du littoral. Chantal Jouanno, ministre de l’écologie, indiquait d’ailleurs rapidement la voie à suivre : « durcir les règles ». à la suite de Xynthia, un plan « Digues » a été décidé, et l’on a noté une intensification rapide de l’entrée en vigueur des Plans de Prévention des Risques inondation : 500 ont été adoptés en moins d’un an. (Voir l’article « Décryptage », p. 22-23.) Le projet de loi relatif au Grand Paris

a été définitivement adopté en mai 2010. il s’appuie notamment sur la création d’un nouveau réseau de transport public de 130 km autour de la capitale, interconnecté avec le réseau existant. Ce métro automatisé au tracé en « 8 » pour relier le centre de Paris aux principaux pôles urbains régionaux, offrira à terme des services accessibles 24 heures sur 24 et des liaisons à une vitesse moyenne de 60 km/h. après une concertation menée à l’automne 2010 avec le syndicat des Transports d’Île-de-France (sTiF), le projet entre désormais dans sa définition concrète. Le conseil de surveillance de la société du Grand Paris votera un tracé définitif et définira 60 gares le 26 mai prochain. Durant l’été, une convention prévoyant 1,08 milliard d’euros pour la mise à niveau des ReR devrait être signée entre l’état et la région Île-de-France. La prolongation de la ligne 14 jusqu’à la mairie de saint-ouen devrait quant à elle être réalisée pour 2017.

pôles métropolitains

un outil de coopération appréciéinstaurés par la loi du 16 décembre 2010, les pôles métropolitains seraient-ils le lieu privilégié de dialogue pour la gestion des espaces urbains et périurbains ? Ce dispositif semble en tout cas avoir convaincu les représentants de l’association des directeurs généraux des communautés de France réunis en colloque en mars dernier.

grand emprunt

L’avenir du railune boucle d’essais de 5 km, une piste d’essais de tramways, un « manège de fatigue » : dans le nord, railenium, l’un des six instituts de recherche technologique (irT) sélectionnés par le gouvernement trace la voie du chemin de fer de demain. Financé à hauteur de 88 M€ par l’État, railenium concentre aussi le soutien des collectivités locales (102 M€), d’industriels (81 M€) et d’instituts de formation (64 M€).

intercommunalité

L’outre-mer aussiau 1er janvier 2011, la France compte 35 041 communes regroupées dans les établissements publics de coopération intercommunale (ePCi), soit 267 communes concernées de plus qu’en janvier 2010 (34 774). au cours de l’année 125 communes isolées ont adhéré à des regroupements existants et l’on a enregistré la création de la première intercommunalité dans une collectivité d’outre-mer : la communauté de communes des îles marquises, en Polynésie française.

conseil européen

Violences faites aux femmes : l’Europe s’engagetreize pays européens se sont engagés à lutter contre les violences faites aux femmes, à l’occasion d’une réunion à istanbul du comité des ministres du Conseil de l’europe. Objectif : « ouvrir la voie à la création d’un cadre juridique paneuropéen pour protéger les femmes contre toutes formes de violence ».

apprentissage

un premier cFA « métiers territoriaux » en Languedoc-RoussillonLes collectivités territoriales représentent un important vivier d’emplois, mais elles n’intègrent que 3 % des 300 000 apprentis de France. La région Languedoc-Roussillon s’est engagée dans une politique volontariste afin d’arriver à terme au recrutement de 20 000 apprentis au sein des collectivités de son territoire. en septembre prochain, le premier centre de formation des apprentis « métiers territoriaux » ouvrira à montpellier en partenariat avec le CNFPT. il proposera trois diplômes : CaP maintenance des bâtiments des collectivités, travaux paysagers et petite enfance.

service public territorial numéro 0 – juin 2011 6/7 actualités

catastrophe nationale

Xynthia : les leçons d’un drame

Réseau de transport du Grand Paris : un premier calendrier

les collectiVités et faceBooK

> 89 % des collectivités présentes sur Facebook– redirection d’informations

issues du site Internet : 89 %– rédaction de contenus,

modes de communication spécifiques : 5 %

dont :publication des posts d’amis et réponse systématique aux questions = 51 %– rédaction de contenus spécifiques = 55 %– dialogue personnalisé avec les amis : 5 %

Source : étude menée entre le 18 janvier et le 7 mars 2011 par la communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines à travers le témoignage de 55 collectivités.

service public territorial numéro 0 – juin 2011 8/9 rencontre

autour d’un enjeu de société

comment prévenir les risques psychosociaux ?> WILLIAM DAB, professeur titulaire de la chaire d’Hygiène et sécurité du conservatoire national des arts et métiers (cnam), et PhILIPPE BAILBé, directeur régional à la délégation cnFpt première couronne Île-de-France, croisent leurs expériences sur un thème d’actualité pour les collectivités : les risques psychosociaux.

Que recouvre, pour vous, la notion de « risques psychosociaux » (RPs) ?William Dab : Pendant longtemps, on ne s’est préoccupé que des risques physiques du travail : accident, exposition à des agents chimiques, maladie professionnelle… avec la tertiarisation des activités est apparue une dimension nouvelle : l’impact de l’organisation du travail, des contraintes de moyens et de résultat, des relations avec ses collègues, supérieurs et subordonnés, sur la santé psychologique et physique

du salarié. Ce qu’on appelle « risques psychosociaux » désigne cet ensemble de facteurs, à l’intersection entre la perception de l’individu et son environnement de travail.

Peut-on donner quelques exemples de situations professionnelles relevant d’un RPs ?W.D. : C’est, par exemple, pour le salarié, le sentiment de ne pas disposer des moyens nécessaires à l’accomplissement de sa tâche ou de ses objectifs (ce qui définit le stress) ; le manque de reconnaissance ou d’autonomie ; des relations altérées avec son management ; une mauvaise ambiance au sein de l’équipe ; l’exposition à la violence verbale, le harcèlement… avec des conséquences diverses : depuis la « boule au ventre », en se rendant au travail, jusqu’au suicide – manifestation extrême et heureusement marginale – en passant par tous les autres symptômes de stress.Philippe Bailbé : dans les collectivités territoriales, certaines situations sont de nature à augmenter le niveau de risque : une transformation rapide de l’environnement, dans le cadre, par exemple, d’un transfert de compétences ou d’un regroupement intercommunal ; la nécessité de remplir sa mission dans un contexte de restriction financière, induisant des changements organisationnels ou procéduraux. La mission de service public est un puissant pourvoyeur de sens. Quand un agent a le sentiment de ne plus pouvoir assurer cette mission correctement, le risque psychosocial est indéniablement plus élevé.

Quelle est selon vous la bonne approche pour prévenir et gérer de tels risques ?W.D. : L’implication du management est fondamentale. il n’y a pas forcément une seule bonne manière de faire. mais sans un engagement de la chaîne

managériale, toutes les approches sont mauvaises. et notamment celles qui ne s’intéressent qu’à la dimension individuelle, aux caractéristiques de la personnalité.P.B. : tout à fait. dans l’idéal, les risques psychosociaux font l’objet d’une gestion transversale, impliquant notamment rh, management, représentants du personnel et médecine du travail. dans cette réponse collective, le manager joue un rôle crucial, à trois titres au moins : d’abord, par son aptitude à ne pas reporter sur les autres la pression qu’il ressent, à filtrer, hiérarchiser la masse d’exigences et de sollicitations qu’il reçoit ; ensuite, par sa faculté de reconnaître, dans son équipe et pour lui-même, l’émergence d’un risque, d’un stress particulier ; enfin, par sa capacité, même en situation tendue, à maintenir un esprit collectif – le risque psychosocial est d’autant plus élevé que les agents sont isolés, laissés seuls face à un problème. Pour l’exercice de ces responsabilités, éminemment complexes, le manager doit bien sûr être sensibilisé, formé, appuyé par la fonction rh.W.D. : et doté d’outils, afin de pouvoir, notamment, réaliser un diagnostic régulier des risques psychosociaux, lesquels sont très évolutifs. Ces instruments existent. Les principaux ont été recensés par le réseau francophone de formation en santé au travail. il reste à accélérer leur déploiement au sein des organisations.

Ces approches sont-elles encore valables en cas de crise aiguë ?P.B. : Plus que jamais. un exemple : en 2008, les enaCt* (écoles nationales d’application des cadres territoriaux) ont été confrontées à la fin des formations initiales d’application des cadres, qui constituaient l’essentiel de leur activité : situation de stress et de perte d’identité. dans ce cas, c’est le collectif, en recréant vite une dynamique autour d’un projet alternatif, qui a permis de surmonter la peur du vide. Le collectif et le symbolique. À montpellier, par exemple, nous avions fait installer « CnFPt », sur la façade, comme signe d’attachement à notre identité. dans les fondements du collectif, j’inclus aussi la bienveillance dans le management : l’attention portée aux autres, le fait de reconnaître publiquement un mérite, de permettre à un agent en difficulté de souffler… autant d’actes en forme d’antidote aux risques psychosociaux. tout simplement parce qu’ils réaffirment la

primauté de l’humain dans le management des organisations.

Face aux risques psychosociaux, quel est le niveau de maturité des entreprises et des collectivités territoriales ?W.D. : La mobilisation dans les entreprises est réelle, mais un peu désordonnée, faute de modèles éprouvés. dans les collectivités, la prise de conscience est plus récente. On manque encore de retour et de partage d’expériences, ce à quoi il faut s’atteler maintenant.P.B. : Les collectivités expriment des attentes nombreuses en la matière. La détection, la prévention et la gestion des risques psychosociaux font aussi partie des champs d’action prioritaires du CnFPt pour 2011 et 2012 (voir ci-contre).

Où se situe la France, en matière de prévention et de gestion des RPs, par rapport à ses voisins européens ?W.D. : J’ai tendance à penser que notre pays n’est pas si mal placé. La mobilisation, chez les drh notamment, est forte. mais nous avons une approche particulière de la relation à l’autorité qui obéit plus à une logique d’affrontement qu’à une dialectique visant un consensus. Ce qui tend à accroître le niveau de risque psychosocial. ///

“Les collectivités doivent davantage partager leurs expériences”

William Dab

“Il faut réaffirmer la primauté de l’humain dans le management des organisations”

Philippe Bailbé

rps : le cnfpt moBilisésiège, délégations régionales, inset, inet, pôles de compétences… Les différentes structures du CnFPt travaillent ensemble à l’élaboration d’une offre de services complète pour accompagner les collectivités dans le développement de la santé au travail et la prévention des risques psychosociaux : sensibilisation, appui-conseil aux collectivités, formation, journées d’actualité… L’objectif est d’éclairer les collectivités sur les démarches possibles et les actions qu’elles envisagent de mettre en œuvre.

C’est d’ailleurs dans cette optique qu’un colloque est organisé le 16 novembre 2011 à Lyon. À cette occasion, il sera présenté un état des lieux des pratiques de prévention des rPs (fonction publique territoriale et secteur privé). des collectivités apporteront aussi leur témoignage ; William dab et d’autres experts éclaireront le débat.

Pour en savoir plus : www.evenements.cnfpt.fr/rps/

* Dans ses précédentes fonctions, Philippe Bailbé était directeur de l’ENACT Montpellier.

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Dossier

commentpasserons-nous l’été ?> EMBAuchE DE SAISONNIERS, ORGANISATION DE MANIFESTATIONS, élaboration d’activités pour la jeunesse, protection des seniors, renforcement de la sécurité… À l’approche de l’été, les communes ne chôment pas pour anticiper et satisfaire les besoins des estivants comme ceux de leurs habitants. plongée dans ce travail de l’ombre, entamé dès les premiers jours de l’hiver.

P astèque, pétanque et parasol, cigales et cartes postales, huile solaire et belvédère… La décompression estivale, pour des millions de touristes, n’a d’égal que les efforts

déployés, par des milliers de collectivités, pour préparer les « grandes vacances », avec leurs effets très divers suivant les communes : afflux de visiteurs, exode des habitants ou conjonction des deux phénomènes. dans tous les cas, c’est un complexe exercice d’anticipation qui se pose aux administrations territoriales. « Chez nous, l’été commence à la mi-octobre et se termine juste avant Pâques. Je veux dire par là que la réussite de la saison estivale se joue pour beaucoup pendant ces 6 mois, où nous travaillons toutes les dimensions de l’accueil : aménagement des lieux et de la voirie, programmation des festivités, recherche d’effectifs supplémentaires… », détaille Jean-Louis Olivier, le maire d’ars-en-ré, sur l’île de ré, dont la population passe de 1 345 à près de 10 000 habitants en juillet et en août.

Gérer les prioritésQuestions centrales pour les collectivités qui ont la chance d’exercer un attrait touristique : quels services renforcer, combien d’agents mobiliser pour bien accueillir les estivants, comment gérer les congés des personnels communaux ? Parmi les priorités, quand bien même éloignées des préoccupations premières du vacancier : police, surveillance et sécurité. « En temps ordinaire, nous fonctionnons avec trois agents de police municipale. Pour juillet et août, nous recrutons deux agents de surveillance de la voie publique (ASVP) : des jeunes habitués à nous prêter renfort, qui connaissent bien la ville et sont immédiatement opérationnels », souligne nicolas Floc’h, maire de saint-Pol-de-Léon, commune balnéaire du

Finistère. de fait, les asVP, recrutés le plus souvent en contrat à durée déterminée, constituent l’une des principales forces employées par les mairies pour étoffer leur police au moment des grandes marées touristiques. attention : bien qu’agréés par le procureur de la république et assermentés par un juge d’instance, ces agents n’ont pas le statut de policier, et ne sont habilités qu’à un nombre restreint d’opérations.

autre uniforme assez présent dans le paysage estival : celui des sapeurs-pompiers. La commune ne dispose pas d’une autorité directe sur les « soldats du feu », qui relèvent du service départemental d’incendie et de secours (sdis). elle peut néanmoins solliciter des services supplémentaires dans le cadre d’un contrat rémunéré. ainsi, la mairie de saint-Laurent-du-Var, tout près de nice, a signé une convention avec le sdis des alpes-maritimes, pour l’installation sur son territoire d’une antenne de premiers secours pendant l’été 2011. une pratique en expansion, face aux exigences croissantes des vacanciers quant à la protection de leur santé. « Nous avons conclu un contrat avec le SDIS, qui met à notre disposition trois pompiers, maîtres-nageurs sauveteurs, pour surveiller la grande plage qui borde notre commune. Une prestation “clés en main”, qui représente environ 15 % de notre investissement estival », indique nicolas Floc’h, le maire de saint-Pol-de-Léon.

Du personnel supplémentaireau-delà de la sécurité, les communes dotées d’un fort attrait touristique doivent également muscler leur jeu dans de nombreux domaines : sport et culture, animation et manifestations,

services techniques (pour les opérations de manutention liées aux manifestations, ramassage des déchets, nettoyage des sites, entretien des espaces verts…) sans oublier, bien sûr, toutes les structures municipales à vocation de loisir – camping, piscine, plan d’eau, parc d’attraction, musée, théâtre, centre et club de loisirs… « Au sein de la mairie, seize services ont demandé du personnel supplémentaire en prévision de l’été 2011. En tout, nous devrions faire appel à plus de 200 vacataires, soit environ 10 % de notre effectif permanent », observe danielle heber-suffrin, adjointe au maire de la ville de metz, dont la fréquentation touristique a progressé de 60 % entre 2009 et 2010, grâce notamment à l’effet Pompidou – le nouveau centre culturel de metz.

Pour trouver leurs recrues estivales, la plupart des mairies recourent aux petites annonces dans les journaux locaux, sur leur site Web ou

repères /// En juillet et août 2010, la fréquentation touristique globale a progressé, en France, de 5 % par rapport à l’été 2009 : + 10 % pour les touristes étrangers, + 3 % pour les touristes français. Source : ministère du Tourisme /// 47 % de la population française n’est pas partie en vacances en 2010. Source : CREDOC /// Modes d’hébergement des touristes français : famille, amis (58,8 %), location (10,7 %), hôtel (10,1 %), résidence secondaire (9,9 %), camping (5,5 %). Source : DgCiS /// Les 5 sites français les plus visités (moyenne annuelle 2006-2010) : Eurodisney (14 millions de visiteurs par an), cathédrale Notre-Dame de Paris (13,5 millions), forêt de Fontainebleau (13 millions), marché aux puces de Saint-Ouen (11 millions), armada de Rouen (11 millions). Source : tourisme.pro

“En été, nous recrutons deux agents de surveillance de la voie publique”

En temps ordinaire, la commune balnéaire de Saint-Pol-de-Léon fonctionne avec trois agents de police municipale. En juillet et août, pour leur prêter renfort, elle recrute des ASVP qui connaissent bien la ville et sont immédiatement opérationnels.

niColas FloC’h,maire de saint-POL- de-LéOn

“service public territorial

numéro 0 – juin 2011 12/13

Dossier

sur des sites spécialisés (emploi-territorial.fr, publicjob. fr, crij.org, jobdete.com…). La ville de Chaumont, en haute-marne, est allée plus loin en créant sur son site un espace dédié : « Jobs d’été 2011 – mets du beurre dans tes épinards ! », qui recense tous les emplois saisonniers proposés par la commune et ses partenaires économiques. enfin certaines mairies nouent des relations avec des écoles et universités, des centres de formation, en vue d’attirer les meilleurs profils. « Chaque été, nous recrutons des stagiaires en provenance des centres de gestion de la fonction publique territoriale, pour les services techniques de la ville, et des jeunes en formation BAFA pour le centre de loisirs et le camping municipal », précise ainsi Jean-Louis Olivier, le maire d’ars-en-ré, dont l’effectif municipal passe de 25 à 37 personnes en saison estivale.

Organiser intelligemment les congésCes embauches d’appoint sont indissociables d’une organisation intelligente des congés des agents permanents. Celle-ci repose, le plus souvent, sur le consensus. « Tout le monde, à la

mairie, est habitué à prendre ses vacances en dehors des deux mois “chauds”. Sans cela, face à l’afflux de vacanciers, nous ne pourrions pas fonctionner », témoigne Jean-Louis Olivier.

À saint-Pol-de-Léon, la même pratique est appliquée aux postes clés. « L’électricien, le régisseur du théâtre, le directeur des services techniques… tous sont indispensables au bon déroulement de la saison. Et tous sont convenus d’une présence à plein temps en été », indique nicolas Floc’h. À metz, où la taille des effectifs offre une plus grande latitude d’organisation, chaque service est configuré en fonction de son exposition aux besoins estivaux. « Par exemple, les trois quarts des policiers municipaux, et la moitié des agents du service réglementation, compétents pour les demandes d’autorisation sur le domaine public, restent à leur poste en juillet et en août. Nous tâchons de planifier les congés d’été très tôt dans l’année, afin de pouvoir trouver des compromis entre les désirs de chacun et l’intérêt du service, et nous anticipons le plus possible le travail d’organisation des grandes manifestations », remarque danielle heber-suffrin.

Accueillir et animertroisième volet de l’action municipale : l’accueil des touristes et l’animation des sites. Pour beaucoup, les communes s’appuient sur leur office de tourisme, qu’il soit en gestion directe (en régie, le plus souvent), ou indirecte (avec un statut autonome et une délégation de service public). La recherche de la meilleure organisation est une préoccupation classique pour les territoires touristiques. À Balaruc-les-Bains, dans l’hérault, la mairie vient ainsi de changer la donne. elle a transformé son office de tourisme, au statut associatif, en établissement public industriel et commercial (ePiC). Le moyen de renforcer sa dotation financière, et de développer les activités thermales de la ville. d’autres communes ont misé sur la mutualisation. La municipalité de saint-Pol-de-Léon, par exemple, s’est associée

à 32 mairies voisines pour créer un office du tourisme intercommunal, désormais le deuxième du Finistère, avec un budget d’un million d’euros, 15 salariés et 11 000 lits commercialisés (voir 3 questions à… ci-contre).

Pour accroître leur rayonnement estival, les mairies recherchent également les partenariats les plus pertinents. tels ceux entre la commune d’ars-en-ré et trois associations – Comité d’ars en Fête, ars spectacle, Festival en ré des auteurs-compositeurs – suivant un schéma classique : soutien opérationnel et financier de la mairie, déploiement créatif des associations pendant l’été. « Nous pouvons ainsi démultiplier notre action et proposer des manifestations à un rythme soutenu, dans un registre éclectique : embrasement du clocher, repas de la Saint-Jean, feu d’artifice, concerts, festival des auteurs-compositeurs, marché nocturne… Avec une coordination globale au niveau du Comité d’Ars en fête », explique Jean-Louis Olivier.

Festivals, événements et feux d’artifice ne sont pas l’apanage des communes à fort potentiel touristique. C’est aussi un axe prioritaire pour toutes les villes soucieuses de leurs administrés qui ne partent pas en vacances. dans cet esprit, la mairie de metz a lancé, depuis 2008, metz Plage, qui reconstitue une

VAcANcES AccESSIBLESDans la commune d’Ars-en-Ré, les permis de construire pour l’extension ou la remise à niveau d’infrastructures et de commerces, ne sont accordés qu’à la condition de prévoir des aménagements dédiés aux personnes en situation de handicap. « Notre commission d’accessibilité est très vigilante sur la question », souligne le maire, Jean-Louis Olivier. Voici l’une des nombreuses initiatives qui, progressivement, améliorent les conditions d’accueil des personnes handicapées en vacances. Des réalisations désormais reconnues et valorisées par différents labels. En particulier le label « Tourisme & Handicap », destiné aux professionnels du tourisme ; « Destination pour Tous », un label en voie de déploiement qui s’applique à l’échelle d’un territoire ; ou encore « Handiplage », pour les collectivités qui ont doté leurs plages d’équipements et de services adaptés.

“Chaque été, nous recrutons des stagiaires pour le centre de loisirs et

le camping municipal”L’effectif municipal d’Ars-en-Ré passe de 25 à 37 personnes en saison estivale.

Jean-louis oliVier, maire d’ars-en-ré

10 000 habitants en juillet et en août à ars-en-ré, contre 1 345 le reste de l’année.

33 mairies bretonnes se sont associées pour créer un office du tourisme intercommunal, le deuxième du Finistère.

60 % C’est la progression de la fréquentation touristique à metz, grâce au nouveau centre culturel Pompidou.

100 000 personnes se sont rendues à metz Plage en 2010.

“Nous tâchons de planifier les congés d’été très tôt dans l’année”

À Metz, où chaque service est configuré en fonction des besoins estivaux, la plupart des policiers et agents municipaux restent à leur poste en juillet et août.

Danielle heber-suFFrin,adJOinte au maire de La ViLLe de metz

1- La saison estivale représente-elle, pour votre mairie, un investissement important ?Nous sommes une commune balnéaire, avec un patrimoine classé, et une fréquentation touristique assez intense en juillet et août. Aussi la saison compte beaucoup, en par ticulier pour les commerçants et artisans de la ville. Sa préparation et sa gestion représentent environ 8 % de nos dépenses courantes. Les trois-quarts de nos dépenses sont consacrés aux animations et aux manifestations. Pour le reste, nous renforçons les effectifs de la police municipale et de l’office du tourisme, grâce au recrutement de jeunes en contrat saisonnier. Et nous sécurisons la grande plage de la commune, par l’intermédiaire d’un contrat de prestation avec le Service départemental d’incendie et de secours (SDIS). Nous disposerons ainsi, pendant tout l’été, de 3 pompiers, maîtres-nageurs sauveteurs, pour surveiller la plage et la baignade.

2- Quel est votre politique en matière d’animation estivale ?Outre les manifestations traditionnelles (bal du 14 juillet, feu d’artifice, fête de la mer, expositions, conférences…), nous nous attachons à créer ou à soutenir des événements qui reviennent régulièrement et prennent un peu plus d’ampleur chaque année, en développant la n o to r i é té d e la c o mmun e . En l’occurrence : un grand concert au début de l’été ; puis, à la fin du mois de juillet, un festival de musique classique, « Le Chant de la rive », avec plusieurs concerts donnés dans les églises du village ; et deux jours d’animations, de rencontres, entre marins et paysans, dans le cadre du Festival « Entre Terre et Mer », qui réunit toutes les communes de la baie de Morlaix. Le service culture et animation est sur le pont tout l’été !

3- Quels sont à votre avis les facteurs déterminants pour le succès d’une saison estivale ?La météo… qui ne peut guère se décider en conseil municipal ! Plus sérieusement, nous croyons beaucoup à la mise en commun, aux partenariats, que ce soit avec des associations, des institutions, et bien sûr d’autres collectivités. Ainsi nous venons de créer, avec 32 autres villes et villages environnants, un office de tourisme communautaire, qui compte aujourd’hui 15 salariés, pour un budget de près d’un million d’euros. Et représente 11 000 lits commercialisés, 33 hôtels, 19 campings, 70 chambres d’hôtes, 400 locations de vacances… En unissant nos forces, nous pouvons mener une politique de communication et de promotion, de formation, de labellisation beaucoup plus ambitieuse. Et répondre ainsi de manière plus efficiente aux besoins des estivants. Un seul exemple : les 15 salariés en charge de la promotion de nos communes peuvent être affectés désormais dans les six of f ices de tourisme que compte la nouvelle structure. Il devient possible de moduler les heures d’ouverture en fonction de la fréquentation touristique des différents lieux. Dans notre cas, cela se traduit par une plus grande amplitude horaire. Pour beaucoup de mairies, l’inter-communalité , à condition d’ê tre conduite en bonne intelligence, s’avère un formidable levier. Et pas seulement pendant l’été !

3 QuESTIONS à… NIcOLAS FLOc’h,MAIRE DE SAINT-POL- DE-LéON (FINISTèRE)

service public territorial numéro 0 – juin 2011 14/15

station balnéaire au bord du plan d’eau municipal. « Un énorme succès, avec plus de 100 000 visiteurs en 2010, et deux fois plus attendus en 2011 : des habitants de la ville surtout, mais aussi des voisins, des touristes. L’opération se prépare dès l’hiver, et mobilise une cinquantaine d’agents en été », souligne danielle heber-suffrin.

tandis que metz planche à la fois sur les besoins des estivants et des habitants, d’autres villes, oubliées des guides touristiques,

se consacrent essentiellement à la demande locale. avec une action généralement renforcée dans les secteurs suivants : animation, sport, culture, jeunesse et Centre communal d’action sociale (CCas), pour le suivi des personnes âgées ou fragilisées. dans ces différents domaines, il y a d’abord les incontournables. Comme l’inscription sur un registre municipal des personnes âgées ou en perte d’autonomie, suivi de visites régulières pendant l’été. Ou encore l’organisation des colonies et séjours pour la jeunesse. et puis chaque été apporte une floraison d’initiatives et

d’innovations. La ville de roncq, dans le nord, investit 5 % de son budget dans la mise en place d’activités pédagogiques estivales pour les 3-17 ans : réalisation de courts métrages, rencontres de grands sportifs, ateliers culinaires, théâtre, séjours linguistiques en europe… Le tout présenté dans de superbes plaquettes et relayé sur Facebook. un exemple à méditer pour toutes les collectivités : préparer l’été, c’est aussi le faire savoir à ses administrés. ///

Dossier

réagir en cas de criseArts’n sports, Metz Plage, l’Art dans les Jardins, Montgolfiades, fête de la Mirabelle…Entre printemps et automne, la ville de Metz enchaîne les manifestations à un rythme soutenu, avec un dispositif de sécurité bien rodé. « En configuration maximale, nous installons un PC de crise, qui réunit tous les services compétents – préfecture, police, pompiers, mairie… – et peut réagir très vite au moindre incident », souligne Danielle Héber-Suffrin, adjointe au maire. Avant d’ajouter que les élus, même en vacances, ne sont jamais très loin.

PARTICIPATIONLa ville de Balaruc-les-Bains (Hérault), 2e station thermale française, a transformé ses Thermes, jusque-là gérés sous régie municipale, en Société d’économie mixte locale (SEML). Une opération destinée à développer les activités de l’établissement, approuvée en référendum par 79 % des salariés. Ceux-ci recevront 15 % des actions de la nouvelle société.

hANDICAPLa ville de Saint-Laurent-du-Var, dans les Alpes-Maritimes, a obtenu le plus haut niveau de labellisation « Handiplage » pour les aménagements de son bord de mer en faveur des personnes handicapées. Entre autres adaptations : places de parking réservées, personnel saisonnier dédié, main courante pour faciliter les déplacements sur la plage, guidage sonore pour baliser la baignade des mal voyants, fauteuils « tiralos » permettant l’entrée dans la mer.

hIGh-TEChL’office de tourisme de Trouville- sur-Mer (Calvados) a développé une application iPhone qui fournit toutes les informations sur la ville : actualités, agenda, hébergements, restaurants, loisirs…

FAMILLELa commune d’Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) vient d’obtenir le label Famille Plus, pour la diversité de ses infrastructures et activités réservées aux enfants, dans toutes les classes d’âge. Le label Famille Plus distingue en effet les communes les plus investies dans l’accueil des parents et de leur progéniture.

JEUNEsLa mairie de Montpellier (Hérault) propose à tous les jeunes montpelliérains, âgés de 12 à 29 ans, une « Carte été Jeunes », au prix de 25 euros, qui donne accès à une trentaine d’activités dans les domaines culturels et sportifs.

MOBILITéLe Centre communal d’action sociale de Lambesc, dans les Bouches-du-Rhône, met à disposition des personnes âgées et à mobilité réduite un service de minibus gratuit qui, pendant l’été, dessert un ensemble étendu de destinations (marché, magasins, club du troisième âge, foyer restaurant…).

JOBsLa mairie d’évry (Essonne) a organisé, le 5 mai dernier, un salon des jobs d’été, avec plus de 800 postes à pourvoir.

POLICELa mairie de La Grande-Motte (Hérault) a investi dans un poste de police municipale mobile, installé dans un camping-car, qui stationne au bord des plages pendant toute la durée de la saison estivale.

sOLIDARITéDans les Yvelines, les Centres communaux d’action sociale des mairies participent à une opération de solidarité intergénérationnelle, Yvelines étudiants Seniors (YES), mise en place par le Conseil général. Quelque 150 étudiants ont été recrutés pour rendre visite, pendant l’été, aux personnes âgées du département – préalablement inscrites auprès des CCAS – et leur offrir un accompagnement ou une aide pour leurs courses au quotidien.

TRANQUILITéDe nombreuses communes, en France, participent à l’opération « Tranquillité Vacances ». Leurs habitants, avant de partir en congé, sont invités à s’inscrire en mairie pour bénéficier d’un service gratuit : un passage régulier de la police municipale aux abords de leur domicile, visant à prévenir les cambriolages.

D’AuTRES INITIATIVES estivales

ports

Formation obligatoire pour les surveillants> DePuis l’arrêTÉ Du 27 noVeMbre 2009, les surveillants de ports doivent recevoir une formation obligatoire. Le CNFPT Bretagne a la responsabilité de former les agents de l’ensemble du littoral ouest. La première promotion (appelée « Brigantin ») devrait avoir fini le cursus à la fin de l’année. Un enjeu majeur, car ces agents assument des responsabilités très importantes, principalement en matière de police des ports, de conservation du domaine maritime, de lutte contre les sinistres. ///

bonnes pratiquesle tour des initiatives locales

breTagne

Des formateurs nomades pour les petites collectivitéscomment former efficacement les agents des petites collectivités ? la Franche-comté a trouvé sa solution : en misant sur l’analyse des besoins et la mobilité des formateurs, elle a réussi à tripler le nombre de stagiaires.

L’illettrisme sort de l’ombreLa délégation corse a mis sur pied une action originale pour les agents en situation d’illettrisme. objectif : leur redonner confiance et déverrouiller leur rapport à l’écrit.

service public territorial numéro 0 – juin 2011 16/17 bonnes pratiques

Corse FranChe- CoMTÉ

UN RIsQUE POUR LEs COLLECTIVITésil existe au moins deux bonnes raisons de lutter contre l’illettrisme. non seulement ce phénomène est source de souffrance et de mal-être pour les personnes concernées, mais il génère aussi des risques pour les collectivités (déperdition de l’information, mauvaise application des consignes et du planning, etc.). imaginons un agent d’entretien qui ne saurait pas lire le mode d’emploi de produits dangereux, et qui en ferait un mauvais usage dans une crèche…

UNE FORMATION sPéCIFIQUEen 2008, la délégation Corse du CnFPt décide de bâtir une formation de « réactualisation des compétences de base ». À l’origine, elle répond à une demande directe d’agents du service des ordures ménagères, qui bien que passés par les bancs de l’école, n’y ont pas acquis une

LE GARANT DE LA VITALITé DEs TERRITOIREsen Franche Comté, 95 % des collectivités territoriales ont moins de 2 000 habitants. Face à cette grande dispersion de la population – donc des territoriaux, le CnFPt a dû s’adapter. « Si nous nous étions contentés de former le personnel de la centaine de grandes et moyennes collectivités, nous n’aurions tenu compte, ni de la réalité du territoire, ni de ses enjeux, ni des souhaits des habitants », analyse Guy Grosdemouge, conseiller formation à la délégation Franche-Comté. La formation du personnel des petites communes est un enjeu d’autant plus important qu’elle est le garant de la vitalité des territoires. « Ceux qui repeuplent les villages aujourd’hui, les “néoruraux”, souhaitent habiter à la campagne comme à la ville : ils veulent des

services publics de qualité. C’est à ce prix, et à ce prix seulement, qu’ils restent dans les campagnes », poursuit Guy Grosdemouge.Face à cette problématique majeure, la délégation du CnFPt a mis en place une politique de formation spécifique pour les petites collectivités, avec des plans de formation départementaux. ses axes forts ? Partir des besoins des territoires et jouer la carte de la proximité, en délocalisant les formations.

DEs CURsUs ADAPTésPour mieux connaître les problématiques des collectivités de moins de 2 500 habitants, le CnFPt a commencé par mener l’enquête. « Nous nous sommes notamment aperçus que celles-ci opéraient des recrutements importants, et attendaient beaucoup de polyvalence de leurs

nouvelles recrues », explique Guy Grosdemouge. La délégation régionale du CnFPt conçoit donc des modules d’accompagnement des nouveaux agents. Comme leurs profils et leurs expériences professionnelles antérieurs sont très variés, il est impossible d’imposer un cursus identique pour tous.Le CnFPt propose ainsi aux nouveaux embauchés de se créer leur propre parcours de formation (un parcours contractualisé à trois : le CnFPt, l’employé et l’employeur). À la carte, sur deux ou trois ans, il permet de compléter ces apports théoriques par un tutorat technique, avec un-e secrétaire de mairie expérimenté-e, par exemple. « L’intérêt du tutorat est double : il favorise la montée en compétences et la mise en relation d’agents de différentes collectivités », avance Guy Grosdemouge.

DEs FORMATIONs DéLOCALIséEsPour plus d’efficacité, les formations sont délocalisées. « Ce ne sont plus les agents qui font 100 km pour se rendre dans un lieu de formation, mais les formateurs qui se déplacent, par exemple dans les salles des fêtes ou les salles de conseil municipal », précise Guy Grosdemouge. un renversement loin d’être anecdotique, qui explique peut-être le succès des formations. « En changeant notre organisation, nous avons triplé la participation aux stages », pointe Guy Grosdemouge. Le CnFPt a mis en place un dispositif similaire pour accompagner les agents expérimentés et les aider à s’adapter aux évolutions de leur métier. ///

maîtrise suffisante de l’expression écrite, ou l’ont perdue au cours de leur vie. La formation prévoit un réapprentissage de la lecture et de l’écriture et l’utilisation d’internet. « Un point important, car la non-maîtrise de l’outil informatique aggrave la situation de l’illettré, en créant une deuxième exclusion », note nicole Giuseppi, responsable régionale de formation.

MARQUER LEs EsPRITsPour réconcilier les agents avec l’expression écrite, nicole Giuseppi cherche une idée originale, susceptible de marquer les esprits et de créer un déclic. « Il fallait sortir des sentiers battus. Quand on a connu une relation plutôt difficile avec l’école, il est plus difficile de suivre une formation. » nicole Giuseppi imagine alors de leur faire réaliser une petite campagne d’affichage pour parler de la formation qu’ils ont suivie et de ce qu’elle leur a apporté. Chaque agent est photographié par un photographe professionnel et construit le slogan qui va avec

– par exemple : « avec la formation, j’aide ma fille à faire ses devoirs », etc.

ChANGER LA VIE DEs AGENTsen deux ans, quinze agents ont suivi cette formation qui contribue pour certains à changer leur vie. « Certains ont repris confiance en eux, prennent plus facilement la parole, d’autres ont décidé de suivre d’autres formations, etc. », raconte Carole Orsini, responsable formation de la communauté d’agglomération du pays ajaccien. une expérience rendue possible par le président d’agglomération et la direction générale des services, qui ont joué le jeu en autorisant le recrutement de remplaçants pour ces travailleurs postés indispensables à la vie de l’agglo. Le ramassage des ordures n’attend pas ! ///

9 % de la population touchéeL’illettrisme toucherait 9 % des personnes âgées de 18 à 65 ans ayant été scolarisées en France, selon l’agence nationale de lutte contre l’illettrisme. il s’agit de personnes pour lesquelles le « recours à l’écrit n’est ni immédiat, ni spontané, ni facile, et qui évitent et/ou appréhendent ce moyen d’expression et de communication » (définition du Groupe permanent de lutte contre l’illettrisme).

“les néoruraux veulent des services publics de qualité”La lutte contre la désertification passe donc par le développement de la formation des agents des petites collectivités.

guY grosDeMouge,COnseiLLer FOrmatiOn À La déLéGatiOn FranChe-COmté

service public territorial numéro 0 – juin 2011 18/19

un kit contre la précarité énergétiqueL’écologie peut-elle également être solidaire ? le ccas de roubaix le prouve en offrant à 600 foyers roubaisiens précaires une mallette destinée à réduire leur facture énergétique.

Le développement durable passe par les agentsDepuis sa création, la communauté d’agglomération du centre de la martinique multiplie les actions en faveur du développement durable auprès de ses agents. objectif ? en faire des ambassadeurs exemplaires de l’écocitoyenneté.

roubaiX

bonnes pratiques

PRéCARITé éNERGéTIQUE« La plupart des actions en faveur du développement durable prennent bien en compte les dimensions économiques et environnementales, mais elles ont souvent tendance à oublier le troisième volet, le social. Nous avons voulu nous recentrer sur celui-ci, mais aussi être très concret et ne pas nous limiter à des actions de communication ou de sensibilisation », explique Ludovic Fonck, directeur du CCas de roubaix. Être concret, donc, et partir notamment d’une réalité de plus en plus prégnante sur le territoire : la montée de la précarité énergétique.« L’habitat est souvent dégradé sur Roubaix, et les dépenses énergétiques grèvent de plus en plus les budgets des familles, notamment pour les 11 000 bénéficiaires du RSA. Nous sommes bien placés pour percevoir ce phénomène : nous sommes saisis de demandes de dons en charbon

PRésERVER UN JOyAU« Si l’on veut sensibiliser les personnes à l’écologie, il vaut mieux leur donner à voir la beauté de ce que l’on doit préserver… Pour apprendre à l‘aimer donc à le protéger. En Martinique, on ne se rend pas compte que notre île est un joyau. Quand on vit à deux pas d’une mer bleu azur, cela devient presque banal », analyse dominique dérond, responsable valorisation des projets infrastructures et environnement à la Communauté d’agglomération du centre de la martinique (CaCem). C’est dans cet esprit que la CaCem a organisé lors de la dernière semaine du développement durable, du 1er au 7 avril dernier, une ballade en mer pour faire découvrir à une soixantaine de ses agents la beauté des espaces naturels, notamment les îlets de la baie de Fort-de-France.

LE DéVELOPPEMENT DURABLE, UNE éVIDENCECette initiative prend place dans tout un programme d’actions de sensibilisation auprès des agents. « Le développement durable est une priorité absolue pour la CACEM, une évidence. Nous sommes une petite île, et toutes ces problématiques se posent encore plus crûment qu’ailleurs. Nous avons des ressources limitées, que nous devons économiser, la grande majorité de nos déchets sont exportés pour être traités, etc. », explique dominique derond. un enjeu porté vigoureusement depuis sa création par sa présidence, assurée aujourd’hui par Pierre samot, également maire du Lamentin.en 2005, la CaCem se lance dans un projet de déménagement sur

et de financement de factures EDF-GDF impayées au sein des commissions de secours », témoigne Ludovic Fonck. et d’ajouter… « Avec le maire de Roubaix, René Vandierendonck, nous avons voulu donner un coup de pouce à ces ménages pour les aider à réduire leur facture. » La ville de roubaix s’est pour cela rapprochée d’edF et a cofinancé avec elle la distribution d’un kit énergie solidaire auprès de 600 foyers roubaisiens en situation de précarité. Coût total : 20 000 €, répartis à 50/50 entre les deux partenaires.

UN kIT COMPLETson contenu ? Cinq ampoules basse consommation, trois mousseurs de robinet dotés d’une clé de montage, une multiprise, un thermomètre, un livret de conseils pour faire baisser la consommation (du type « fermer les volets la nuit », « dégivrer le réfrigérateur », etc.)

un site hQe, grâce aux compétences d’un groupe d’agents, notamment, Fabienne Bordeau et Grégory démaret. Parallèlement, elle décide de faire de ses agents des ambassadeurs du développement durable auprès de la population et initie une démarche écocitoyenne. 80 % des 163 agents font l’objet d’une formation aux éco-gestes et la totalité d’entre eux sont sensibilisés chaque année à l’occasion de la semaine du développement durable.

PRIsE DE CONsCIENCE« Nos différentes initiatives ont accentué la prise de conscience par nos agents de l’importance de ces enjeux, mais beaucoup reste à faire pour changer les comportements. Le plus difficile dans ce domaine est toujours le passage à l’acte. Il faut toujours faire des piqûres de rappel, trouver de nouveaux moyens de les toucher et les impliquer », avance dominique dérond. Parmi les points très concrets à améliorer, l’économie de l’énergie au siège par des petits gestes simples et systématiques, comme éteindre l’ordinateur et la climatisation en quittant le bureau. une habitude à la portée de chacun.

UNE MOBILIsATION ACCRUELa CaCem fait donc monter d’un cran sa mobilisation. en avril dernier, la semaine du développement durable est l’occasion de cinq éco-actions : la ballade de découverte des espaces naturels, déjà citée, mais aussi la réalisation de minifilms d’initiation aux éco-gestes par un petit groupe d’agents, l’organisation d’un challenge interservices visant une réduction de 5 % de la consommation

et une plaquette d’information sur le dispositif « tarif de première nécessité », qui permet à certains foyers d’économiser entre 80 et 100 euros par an sur leur facture. Objectif ? Les informer sur un dispositif mal connu des citoyens. « Un certain nombre de foyers sont éligibles, mais ignorent qu’ils peuvent en bénéficier », témoigne Ludovic Fonck.

ChANGER DURABLEMENT LEs COMPORTEMENTstesté sur deux quartiers de roubaix où sont concentrées le plus grand nombre de demandes de fonds de solidarité pour le logement (les quartiers de l’alma et de l’epeule), le kit a été distribué aux ménages identifiés par des assistants sociaux et par des associations caritatives comme les restos du cœur ou le secours populaire. L’objectif est de leur faire prendre conscience des économies possibles et de les aider à changer durablement leur comportement, alors que les prix de l’électricité ne cessent d’augmenter chaque année. un tableau remis avec la mallette leur permet de noter les consommations et d’évaluer le progrès. « Si les consommations diminuent effectivement, nous pourrions renouveler l’opération », avance Ludovic Fonck. et élargir le dispositif à d’autres quartiers en cas de bilan positif, ou envisager d’autres initiatives encore… « Il y a beaucoup d’autres actions possibles dans ce domaine. Par exemple, dresser une cartographie des déperditions de chaleur pour repérer, toit par toit les pertes, etc. », conclut Ludovic Fonck. ///

de papier, l’adoption d’une filière de piles usagées à l’échelle de la CaCem et la signature d’une charte de l’agent éco-responsable.élaborée par des agents, cette charte formalise les engagements de chacun en matière de développement durable (respect des processus économes en énergie, tri des déchets, limitation de la consommation de papier, etc.). en juin, chaque agent sera invité à cliquer sur la charte pour formaliser son engagement personnel. ///

un phénomène qui s’accentueen 2010, 300 000 Français auraient subi une coupure de gaz pour cause d’impayés, soit 30 fois plus qu’en 2008. La précarité énergétique s’accroît, notamment dans le nord-Pas-de-Calais, où 16 % des ménages souffrent de ce phénomène, soit 3 % de plus que la moyenne nationale. Florence aubenas, dans son livre témoignage Le Quai de Ouistreham, a décrit le froid qui règne dans certains logements de travailleurs précaires.

un maillon clé du déVeloppement duraBleLa CaCem réunit 4 communes du centre de la martinique, Fort-de-France, Lamentin, saint-Joseph et schœlcher (soit 40 % de la population martiniquaise). depuis sa création, le développement durable a été adopté comme un des fondements de la politique et de sa stratégie. elle est un maillon essentiel du développement durable en martinique.

MarTinique

service public territorial numéro 0 – juin 2011 20/21 bonnes pratiques

LA CULTURE DANs LA RUEsamedi 14 mai, un vent de folie et d’insouciance envahit Clichy. deux chauffeurs-crieurs déambulent à travers la ville à bord d’un vaisseau donnant le programme de deux jours de festivités. au menu ? un char paré des cinq couleurs des quartiers confectionné par les habitants, des trapézistes qui feignent l’amateurisme, des bulles de savon géantes, les bombardes

et cornemuses du Bagad Keriz, l’orchestre breton de Clichy, etc.Pour Clichy, c’est la dixième édition du festival « Bains de rue », un événement initié par Gilles Catoire, maire de Clichy-la-Garenne et mireille Gitton, son adjointe à la culture et au patrimoine, pour favoriser l’accès à la culture de toutes les couches de population. en reprenant le mot d’ordre des arts de la rue : si toute la « rue » ne va pas naturellement vers les

plutôt modeste (120 000 euros), le festival a mis à l’affiche vingt-cinq troupes parmi les plus créatives du théâtre de rue, dont par exemple la prestigieuse compagnie japonaise sivousplait. Quant au volet participatif, il était largement développé, grâce à des projets montés en partenariat avec les différents services de la ville et les associations : construction du char avec les comités de quartier, danses urbaines par les jeunes

lieux de culture, pas de souci : la culture ira dans la rue.

LEVER LEs FREINs à LA CULTURE« À l’origine de ce type d’initiatives, on retrouve toujours le même constat. Malgré tous les efforts de démocratisation, les pratiques culturelles ont évolué inégalement depuis vingt ans. Les musées, les théâtres, les conservatoires sont toujours beaucoup plus fréquentés par les CSP + que par le reste de la

de Clichy, dessins d’enfants autour de la convention internationale des droits de l’enfant, à l’occasion du démarrage de la semaine de la citoyenneté et de la convivialité. « C’est un axe que nous comptons approfondir dans les prochaines éditions du festival, en créant notamment des événements dans les différents lieux culturels de la ville, pour faciliter leur appropriation par tous les habitants », annonce Françoise decooninck. ///

population », analyse Françoise decooninck, directrice des affaires culturelles. Ceux qui n’ont pas baigné dans un milieu culturel dès l’enfance hésitent à franchir la porte des lieux de culture. Quand les artistes viennent dans la rue, en revanche, le frein est levé.événement festif, Bains de rue est aussi un moment clef de convivialité, un temps fort qui fédère les habitants et change le regard qu’ils portent sur la ville. Pour cette dixième édition,

la première qu’elle mettait en œuvre avec Claire andrieu, chargée d’action et de médiation culturelles, organisatrice du festival, Françoise decooninck avait pour consigne d’accentuer la participation des habitants.

UNE FORTE MOBILIsATIONLa dixième édition (10 000 participants sur les deux jours) a trouvé un bon équilibre entre exigence culturelle et implication des habitants. avec un budget

culture pour touscomment favoriser l’accès de tous à l’art ? en mettant les artistes dans la rue. un pari relevé avec bonheur par clichy-la-Garenne (92), et son festival « bains de rue ».

CliChY- la-garenne

“Clichy est une ville très mélangée”Une importante population émigrée côtoie les Parisiens attirés par le prix de l’immobilier. Bains de rue est un moyen de toucher et réunir tout le monde.

Françoise DeCooninCk,direCtriCe des aFFaires CuLtureLLes de CLiChy- La Garenne

service public territorial numéro 0 – juin 2011 22/23 DécryptaGe

les clés pour tout comprendre

nous vivons avec la fausse idée d’un risque zéro. on doit prendre nos responsabilités en adoptant les dispositions excluant la répétition d’un tel drame”bruno reTailleau, rapporteur de la proposition de loi visant à mieux prendre en compte le risque de submersion marine votée le 3 mai par le sénat, et président de la mission d’information sénatoriale sur les conséquences de la tempête Xynthia

chiffres clés

8 418 communes sont couvertes par un plan de prévention des risques naturels approuvé à la fin de janvier 2011.

85 % intègrent le risque inondation, soit une augmentation de près de 500 PPri en moins d’un an.

4 300 communes concernées doivent encore élaborer un PPrn. des dispositions ont été prises dans la loi Grenelle 2 afin d’accélérer ce processus.

anticiper pour préVenir

Depuis 1995, la loi dite « Barnier »* impose l’élaboration de plans départementaux de prévention des risques naturels et industriels (PPRN et PPRT). Le PPRI en constitue un volet essentiel.Sous l’autorité du Préfet, qui détermine le périmètre à étudier, les services de l’État mènent des études d’aléas et dressent une cartographie des risques à l’échelle d’un bassin versant. En lien avec les collectivités locales et après enquête publique, un règlement contraignant est défini. Il s’applique aux constructions existantes et futures dans ces zones.* Article L562-1 et suivants du code de l’environnement.

DE QuOI SE cOMPOSE uN PPRI ?• Un rapport de présentation.• Des documents cartographiques délimitant les zones réglementées.• Un règlement fixant les mesures de prévention et d’interdiction.

À quoi serT un PPri ?Le plan de prévention des risques inondations a pour but :• d’établir une cartographie aussi précise que possible des zones à risques ;• d’interdire les implantations humaines dans les zones les plus dangereuses et les limiter dans les autres zones inondables ;• de prescrire des mesures pour réduire la vulnérabilité des installations et des constructions existantes ;• de prescrire les mesures de protection et de prévention collectives ;• de préserver les capacités d’écoulement et d’expansion des crues.

zoom sur

SES cONSéQuENcESinstaLLatiOns CLasséesL’implantation des installations classées pour l’environnement peut être interdite ou limitée dans certaines zones. des mesures de protection en cas de submersion prolongée peuvent être exigées : mise en sécurité des produits polluants par exemple.

inFOrmatiOn des POPuLatiOnsdans les communes disposant d’un PPri prescrit ou approuvé, propriétaires et bailleurs sont tenus de fournir aux locataires et acquéreurs une information sur les risques encourus, ainsi qu’une indication des dommages ayant fait l’objet de déclaration « catastrophe naturelle ».

rePères de CrueLes communes doivent poser des repères correspondant aux plus hautes crues connues visibles depuis la voie publique et organiser des réunions d’information tous les deux ans.

PLan COmmunaL de sauVeGardeLes communes dotées d’un PPri approuvé doivent rédiger et le cas échéant mettre en œuvre un plan communal de sauvegarde.

europeLa directive européenne relative à l’évaluation et à la gestion des risques d’inondation* en complément de la directive sur l’eau, prévoit un objectif d’évaluation systématique des risques d’inondation.

Les états doivent…• avant le 22 décembre 2011 : identifier les zones pour lesquelles il existe un risque important d’inondation ;• avant le 22 décembre 2013 : établir des cartes pour les zones identifiées ;• avant le 22 décembre 2015 : élaborer des plans de gestion pour réduire les risques d’inondation et leurs conséquences.

* Directive n° 2007/60 du 23 octobre 2007

Les plans de prévention des risques inondations (ppri)

Le préfet détermine les zones à étudier1 Comment

se construit un PPRI ?

Les services déconcentrés de l’État définissent les zones à risques

(étude d’aléas intégrant les plus hautes crues)

2

Les enjeux économiques et humains sont évalués avec les collectivités concernées en comparant la carte des zones urbanisées et celle des zones à risques

3

Le projet est soumis à enquête publique

4

5 Approuvé par arrêté préfectoral il aboutit à un règlement contraignant dans les zones concernées

on peut tirer parti de tout, même d’un accident de la vie”MarJorie sXaY, assisTaNTe De GesTioN aU seRViCe FoRmaTioN à saiNT-DeNis (93)“

Quand elle parle de son accident, Marjorie ne dit jamais « à cause de l’AVC », elle dit toujours « grâce à ». « Sans cet accident, je serais sans doute aujourd’hui encore animatrice, je n’aurais pas franchi la porte des services RH, je n’aurais pas connu le champ des possibles qui s’offre à nous dans la fonction publique territoriale », témoigne-t-elle.

en 2005, marjorie sxay est animatrice enfance depuis plus de dix ans à saint-denis quand elle est victime d’un aVC. Pendant deux ans, elle connaît ce qu’elle appelle le grand brouillard. « Paralysée du côté droit, j’ai dû tout réapprendre : à parler, à penser, à lire, à bouger… » retour à la case départ… « Heureusement, j’ai été immédiatement rassurée sur le plan professionnel. J’étais déclarée inapte au métier d’animatrice, mais j’ai reçu un courrier me disant que j’allais bénéficier

d’une procédure de reclassement. J’ai compris que je ne serai pas laissée sur le bord de la route ! » Convoquée à un entretien à la direction des ressources humaines de la ville de saint-denis, marjorie se voit très vite proposer un poste d’assistante au service de formation.

« Au bout de dix-huit mois d’inactivité, j’étais ravie de retravailler, de me resocialiser. Même si j’ai dû faire beaucoup d’efforts au départ pour arriver à me concentrer sur les tâches, à mémoriser les choses. » après deux ans en binôme, marjorie se voit proposer un poste d’assistante de gestion au service formation. elle gère les budgets de formation, les inscriptions, aide les collaborateurs à préciser leurs projets. un métier qui l’amène à rencontrer énormément de personnes et qui satisfait son goût des relations humaines.

« Ce qui était un accident s’est finalement avéré une seconde chance. Cela m’a forcée à m’ouvrir à d’autres horizons. Je ne me voyais pas animatrice jusqu’à 50 ans. C’est un métier qui demande beaucoup de vigilance et de forme physique. » Pour marjorie, qui n’a que 37 ans, une nouvelle vie s’est ouverte. elle vient d’avoir des jumeaux et a réussi un nouveau challenge qu’elle s’était fixé, pour se prouver qu’elle était à nouveau à 100 % de ses facultés intellectuelles : l’examen de rédacteur… ///

> 1994 : débute dans l’animation, comme animatrice enfance à saint-denis.

> 2005 : accident vasculaire cérébral, suivi de dix-huit mois de convalescence.

> 2007 : reprend un travail dans l’administratif, comme assistante de formation à la mairie de saint-denis.

> 2008 : passe et réussit l’examen de rédacteur.

formations :

> Bac B.

> formation en informatique avec le cnfpt.

> formation « Être acteur de son changement » (« Cela m’a beaucoup aidé à prendre confiance en moi ») et secrétariat, mis en place par le service formation de la mairie de saint-denis.

mini-cV

service public territorial numéro 0 – juin 2011 24/25 parcours

les agents témoignent

Accompagner la mobilitéprofessionnelle dans la durée> L’uNE A REBONDI APRèS uN cOuP DuR, l’autre a multiplié les expériences professionnelles, la troisième a réussi une reconversion. portraits de trois femmes volontaires qui ont saisi au vol toutes les opportunités (formations, ateliers mobilité, etc.) pour réinventer leur travail.

service public territorial numéro 0 – juin 2011 26/27

Pour rebondir, il faut parfois accepter de tomber de haut et avoir une bonne dose d’humilité”PaTriCia VeYrenC, aDJoiNTe aU ResPoNsaBLe DU seRViCe eNViRoNNemeNT De La CommUNaUTé D’aGGLoméRaTioN PoRTe De L’isèRe (38)“

« On est amené à travailler de plus en plus longtemps… Pour certains métiers très physiques, comme celui de maître-nageur sauveteur (MNS), cela pose un vrai souci. Personnellement, je me voyais mal en tongs et en short au bord d’une piscine jusqu’à 60 ans ! », explique Patricia Veyrenc. un problème d’autant plus aigu que les mns doivent repasser leur certificat d’aptitude tous les cinq ans… avec le risque grandissant de « rester sur le carreau » un jour et de devoir gérer une reconversion dans l’urgence.

À la cinquantaine, Patricia décide d’anticiper les choses. elle prend rendez-vous avec sa drh et se voit proposer la participation à un atelier de la mobilité. une chance qu’elle saisit au vol… deux conseillères, dont une psychologue, l’aident à construire son projet de reconversion. L’environnement fait partie des pistes envisageables, Patricia ayant un bagage scientifique (un deuG de géologie et trois ans d’études pharmaceutiques) et la fibre écologiste.

Patricia apprend, à l’occasion de ces ateliers, à peaufiner son projet, à écrire CV, lettre de motivation et à passer des entretiens. « Il y a eu des moments difficiles, notamment ce jour où je me suis vue en vidéo et où j’ai compris qu’il y avait un énorme décalage entre l’image que je croyais donner, et celle que je renvoyais effectivement », témoigne-t-elle. elle se croit avenante, détendue, chaleureuse. elle se découvre à l’écran sur la défensive. « J’avais tellement envie de me sortir de cette piscine, je voulais tellement donner une image dynamique, que j’en oubliais d’être moi-même… »

Cette prise de conscience fait figure d’électrochoc. Patricia apprend à lâcher prise, reprend confiance en elle et décroche un poste au service environnement de la communauté d’agglomération Porte de l’isère. « J’ai accepté de tomber de “haut”. J’avais une parfaite maîtrise de mon métier de MNS, mais dans ce nouveau poste, j’avais tout à apprendre. Il faut avoir une bonne dose d’humilité. » deux ans plus tard, les efforts sont plus que récompensés. Patricia s’est complètement intégrée dans son poste, se passionne pour ses missions, comme la création d’un réseau de 150 km de sentiers de randonnée. « C’est simple, je ne vois plus les journées passer. J’adore ce que je fais ! » ///

parcours

> 1980 à 2009 : entraîneur de natation synchronisée.

> 1987 à 1988 : maître-nageur sauveteur à lyon.

> 1997 à 2009 : intervenant formation Beesan à lyon et grenoble.

> 1988 à 2009 : éducateur des activités physiques et sportives à la capi.

> 2009 : adjointe au responsable du service environnement développement durable à la capi.

formations :

> 1976 : Bac d.

> 1978 à 1984 : deug B, 3e année de faculté de pharmacie, maître-nageur sauveteur.

> 1988 : Beesan option natation synchronisée et nage avec palmes.

> 1995 : tronc commun Bee2 natation synchronisée.

> 1998 : gestion et organisation d’un service des sports, bases comptables et budgétaires, au cnfpt.

> 2001-2002 : préparation de l’examen professionnel d’éducateur hors classe au cnfpt.

> 2009 : méthodologie et conduite de projet au cnfpt.

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« Pouvoir évoluer tout au long de la vie professionnelle, c’est le grand luxe de la fonction publique territoriale. On a tendance à oublier la chance que l’on a ! On travaille au service des autres, ce qui n’est pas rien. On peut être mobile géographiquement, sans repartir de zéro. Et dès lors qu’on en a les capacités, la volonté, et que l’on fournit les efforts adéquats, on peut évoluer et accéder à une très grande diversité de métiers. Cela n’est pas vrai dans tous les univers professionnels ! », affirme dominique Bourouf-Basdevant.

dominique Bourouf-Basdevant fait partie de ces « atypiques » qui font toute la richesse des collectivités territoriales. en 1974, elle rentre dans la fonction publique, attirée par le secteur social. elle débute comme animatrice socioculturelle

dans les villes de Versailles et de Plaisir. depuis 2003, elle est directrice générale adjointe des services à la population à rueil-malmaison. entre ces deux dates, un long parcours truffé d’expériences professionnelles « tout terrain » (animation d’un centre social, accueil des gens du voyage, direction de la politique culturelle d’une ville, mise en place de contrats action prévention, etc.), mais aussi de formations, examens et concours.

« L’envers du décor, c’est le goût de l’effort… J’ai passé un concours (d’attaché) et un examen (attaché principal), sacrifié beaucoup de soirées et de week-ends, avec la complicité bienveillante de mon conjoint et de mes deux enfants ! », précise-t-elle. aujourd’hui encore, elle reste une inconditionnelle des formations.

« J’essaie toujours d’y consacrer quelques jours chaque année. C’est souvent dur de dégager du temps pour cela, mais on ne le regrette jamais : on apprend toujours quelque chose, on échange des expériences, on prend du recul. C’est une bouffée d’oxygène. »

rétrospectivement, dominique Bourouf-Basdevant croit que son profil « atypique » a plutôt joué en sa faveur. « Je connais intimement la plupart des métiers du terrain, et je complète l’approche de mes collègues, qui ont un bagage universitaire plus conséquent. Avec eux, je forme semble-t-il un tandem intéressant pour l’action locale. » ///

on a tendance à oublier la chance que l’on a”DoMinique bourouF-basDeVanT, DiReCTRiCe GéNéRaLe aDJoiNTe Des seRViCes à La PoPULaTioN, RUeiL-maLmaisoN (92)“

> 1985 à 1990 : directrice de l’office municipal de la culture et des loisirs à montigny-le-Bretonneux.

> 1990 à 1997 : directrice des affaires sociales à la celle-saint-cloud.

> 1997 à 2003 : directrice générale adjointe des services de la vie sociale et de la famille à la celle-saint-cloud.

> depuis 2003 : directrice générale adjointe des services à la population à rueil-malmaison.

formations :

> diplôme d’état à la fonction d’animateur (defa).

> niveau deug, lettres modernes.

> Baccalauréat sciences économiques.

> préparation du concours d’attaché territorial au cnfpt.

> préparation de l’examen professionnel d’attaché territorial principal au cnfpt.

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et Demain ?

Les transports en commun,laboratoires du vivre ensemble ?> DANS LES ANNéES 90, ce secteur est devenu le terrain d’action privilégié pour de nombreuses initiatives visant à restaurer le lien social. une expérience qui intéresse désormais les autres lieux publics, comme les écoles et les hôpitaux.

L es transports en commun sont un reflet fidèle de la société. dans ce lieu de cohabitation obligatoire et provisoire, on retrouve toutes les composantes de la vie urbaine : la proximité,

la mixité générationnelle, mais aussi le sentiment d’insécurité, nourri à la fois du réel et de l’imaginaire, l’individualisme, l’incivisme. rien d’étonnant à ce que cet espace public soit devenu dans les années 90, un des laboratoires des politiques de médiation sociale et du « Vivre ensemble ».Lamine thiam, directeur général de Promévil (une association présente depuis vingt ans dans le paysage de la médiation sociale), se souvient des

balbutiements du métier. il entre en 2000 dans l’association, comme simple médiateur, à cette époque pionnière où la médiation est encore l’affaire des « grands frères ». « Les “médiateurs” avaient une posture de caïds de quartier. Ils allaient voir les jeunes auteurs d’incivilités en leur disant “arrêtez !”. Les gamins arrêtaient effectivement, mais uniquement parce qu’ils avaient peur. »aujourd’hui, on mesure le chemin parcouru… La médiation sociale est devenue un métier à part entière, avec une charte de référence établie en octobre 2001, des formations diplômantes et un réseau, France médiation, qui structure depuis 2008 les différents acteurs (voir encadré).

rendez-vous/// Le CNFPT, en partenariat avec le Forum français pour la sécurité urbaine et France Médiation, organise en novembre un colloque d’une journée sur le thème « Transports en commun : restaurer le vivre ensemble ». Au programme : la place du transport public dans les interactions sociales et territoriales, les métiers pour réussir le vivre ensemble, etc.Pour en savoir plus, rendez-vous à l’automne sur le site du cnfpt

service public territorial numéro 0 – juin 2011 28/29

l’avenir en questions

Je surfe

> sur www.anact.frLe site de l’agence nationale pour l’amélioration des conditions de travailtrès riche, le site regorge d’informations avec les dernières actualités, les chiffres clés en France et en europe pour mieux cerner le contexte, des vidéos et dossiers très complets… de plus, la rubrique « Cas et accords » qui recense les bonnes pratiques réalisées dans les entreprises et les derniers accords conclus.

> sur www.cepri.netLe site du Centre européen de prévention du risque d’inondationPratique et pédagogique, ce site s’adresse essentiellement aux intervenants publics concernés. au-delà des principales missions et objectifs du CePri, le site regroupe toutes leurs compétences pour vous accompagner dans votre stratégie et vos enjeux au quotidien. de plus, la rubrique « Centre de ressources » regroupe toutes les informations et outils utiles à vos démarches.

> sur www.familleplus.frLe site du label national « Famille Plus » pour les stations de vacances (montagne, mer, nature…)Fruit de la collaboration entre 3 associations de communes touristiques, le site du label reprend les principaux engagements communs pour favoriser l’accueil des petits et grands. une carte de France interactive est également disponible avec toutes les stations labellisées ou sinon, trouvez directement votre destination grâce à un module de recherche accessible dès la page d’accueil.

Je lis> Frapper n’est pas aimerDe Natacha Henry, aux éditions Denoël, novembre 2010.avec une approche très actuelle, la question de la banalisation des violences faites aux femmes en France trouve un véritable parallèle avec d’autres situations

tout aussi violentes dans certains pays ou zones de conflit. au travers de cette enquête sur les violences conjugales, l’auteure s’est plongée dans le quotidien de femmes battues et rend des hommages appuyés à celles et ceux qui aident les victimes avec intelligence et souvent peu de moyens.

> Les transports, la planète et le citoyen. En finir avec la galère, découvrir la mobilité durableDe Ludovic Bu, Marc Fontanès et Olivier Razemon, dans la collection « Les petits ruisseaux » et édité par Rue de l’échiquier, février 2010.en une centaine de pages,

les auteurs (dont Ludovic Bu, président de Voiture & Co) dressent un état des lieux très détaillé des transports en commun français. non dénué d’humour ni d’ironie, ce livre raconte nos petites (et grosses) galères quotidiennes de façon très documentée : les chiffres, exemples concrets et anecdotes ne manquent pas ! d’ailleurs, les auteurs proposent de nouvelles idées et appellent à un vrai « changement de paradigme » pour repenser la mobilité.

> Le guide pratique pour Favoriser une cuisine collective de proximité et de qualitéÉdité par la préfecture de la région Rhône-Alpes, Jacques Gérault.dans le cadre du Grenelle et de la politique de l’alimentation, pour appuyer au

mieux ces initiatives et volontés, la direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt de rhône-alpes a souhaité publier un guide qui permet d’explorer de manière très concrète toutes les possibilités pour faciliter l’accès à des entreprises locales et pour intégrer des critères sociaux, de qualité ou de développement durable attachés aux produits, aux entreprises ou aux circuits de distribution.en particulier destiné aux acteurs de la restauration collective publique, ce guide présente les facteurs de réussite d’un projet régional face à ses nouveaux enjeux, les procédures les plus adaptées et des cas concrets exemplaires.http://draaf.rhone-alpes.agriculture.gouv.fr/iMg/pdf/guide_mise_en_ligne_cle8d5ec4.pdf

Je regarde

> « Tranquillité Vacances »avant de partir pour vos prochaines vacances, vous souhaitez plus de renseignements sur cette solution ? aucun problème, avec ce reportage vidéo, retrouvez toutes les informations dont vous avez besoin et les modalités pratiques avant de boucler les valises en toute sérénité !http://www.wat.tv/video/tranquilite-vacances-operation-2m991_2eyxv_.html

> 9 courts métrages pour prévenir l’illettrismeréalisés par l’agence nationale de lutte contre l’illettrisme, les films sont directement accessibles sur leur site internet. Loin d’être moralisatrices, ces vidéos présentent différentes situations de la vie courante pour favoriser les échanges et valoriser les bonnes pratiques.http://www.anlci.gouv.fr/index.php?id=actualite&tx_ttnews %5btt_news%5D=417&tx_ttnews%5bbackPid%5D=486&chash=dc671f69df

> la vidéo « handiplage »disponible sur www.handiplage.fr, cette vidéo met en avant les démarches réalisées pour favoriser l’accessibilité des handicapés sur la page comme dans l’eau. très concret, on y découvre le parcours type d’accès à une plage pour un handicapé, des témoignages de personnes en situation de handicap et d’handiplagistes, ainsi que les différents équipements mis à disposition.http://www.handiplage.fr

service public territorial numéro 0 – juin 2011 30/31

Citéo, créée par Caroline Le dantec à Lille en 1998, fait partie de ceux qui ont inventé et imposé la médiation sociale. inventé, ou réinventé, d’ailleurs… La médiation est en fait une tradition ancestrale repérable sur de nombreux continents : on recourt aux voisins, aux amis, aux chefs de famille, aux religieux ou aux anciens pour régler les conflits à l’amiable. Les difficultés économiques des vingt dernières années et la montée des violences urbaines ont donné naissance à une nouvelle forme de médiation, formalisée et professionnalisée. Le point commun avec les médiateurs d’antan ? sans doute cette position de tiers impartial.

Créer la cohésion socialeÀ Lille, par exemple, impossible de confondre les médiateurs de Citéo qui sillonnent depuis 1998 le réseau transpole avec des contrôleurs. La couleur de l’uniforme, le mode opératoire, le style, la nature de leurs interventions… tout les en distingue. habillés en orange, ils entrent dans le bus, informent les passagers sur les itinéraires ou les tarifs, rappellent les règles du bien vivre ensemble (plier les poussettes, laisser les places aux personnes âgées, ne pas générer de nuisances sonores, etc.), interviennent pour gérer les conflits, repèrent les personnes en difficulté et les mettent en relation avec les associations ou organismes qui peuvent les aider. « Ils assument trois grandes missions : la sécurisation, la prévention, l’animation », explique antonio Furtado, directeur de l’exploitation projets et qualité de Citéo.un dernier axe que Citéo compte encore plus développer dans les années à venir… : « Développer le Vivre Ensemble dans les transports, c’est aussi concevoir des événements qui créent de la cohésion sociale et rassemblent tous les publics : des rallyes citoyens pour inciter les enfants à sortir de leur quartier, des forums de discussions, des paris lors de la Coupe du monde », poursuit antonio Furtado. Ce n’est pas Karim aït-youcef, directeur du pôle mobilité durable et solidaire de l’association Voiture & Co, qui le contredira. « Les transports publics sont un endroit extraordinaire, où l’on peut rencontrer des gens venus de tous horizons, se déstresser, rêver, lire, prendre du temps pour soi. Pourtant, ces aspects ne sont jamais mis en avant. Ce sont toujours les aspects négatifs qui le sont. Toutes les initiatives qui prennent le contre-pied de ces clichés sont bonnes à prendre », analyse-t-il.

La médiation joue aussi un rôle de conseil en mobilité, tel qu’il est pratiqué par les plateformes « Bougez vers l’emploi » de Voiture & Co dans les Bouches-du-rhône (9 plateformes aujourd’hui, 4 en création). Leur objectif ? Favoriser la mobilité des personnes en cours d’insertion, sachant que la question du transport est l’un des principaux freins au retour à l’emploi. « Ce type de public est très mal informé sur les transports. Il ignore souvent qu’il a droit à la carte de solidarité, ne connaît pas les possibilités du réseau, et a plein d’a priori sur les transports, sur les grèves, les dysfonctionnements, les agressions », témoigne Karim aït-youcef. Les conseillers mobilité lèvent ces freins en cherchant le meilleur itinéraire associé à une offre d’emploi et en levant un à un tous les préjugés. « Nous allons même jusqu’à accompagner les personnes dans leur trajet, pour les guider, surmonter leurs peurs éventuelles, comme la claustrophobie ou l’agoraphobie. »

Faire des transports publics un lieu agréabletoutes ces initiatives vont dans le même sens : lever les freins au développement des transports publics (un enjeu qui réunit toutes les dimensions du développement durable, l’économique, l’environnement, le social), pour en faire un lieu agréable du « Vivre ensemble », où cohabitent avec moins d’appréhension et d’a priori, toutes les composantes de la société.une utopie ? C’est oublier que la médiation sociale est déjà (et c’est sa nouvelle bataille) entrée dans l’ère de l’évaluation. Citéo peut notamment se targuer de résultats chiffrés : une fréquentation en hausse de 40 % depuis 2002, un sentiment de sécurité maintenu à plus de 85 % depuis 2002, une baisse des coûts de dégradation de 50 % (4,5 millions d’euros en 2002, contre 2,5 millions d’euros en 2007), une diminution du taux de fraude (de 24 % en 2002 à 13,5 % en 2008). et si ça marchait ? en tout cas, l’heure est plutôt à l’extension de la médiation sociale à d’autres domaines, comme les écoles, ou par exemple les services d’urgence des hôpitaux, autres domaines où la présence d’un tiers médiateur peut tout changer. ///* À consulter à l’adresse suivante : www.francemediation.fr/index-module-orki-page-view-id-219.html

“La médiation sociale est d’autant plus vitale qu’avec l’automatisation, on voit de moins en moins de personnes humaines dans les transports publics. or, l’humain, c’est le seul « élément » qui peut ouvrir un espace de dialogue, réduire la violence.”

Caroline le Dantec, directrice générale de Citéo

et Demain ?

le rôle fédérateur de france médiationen 2008, France médiation, réseau des acteurs de la médiation sociale voit le jour. un pas important est franchi pour ces derniers. ses missions ? La promotion des métiers, la poursuite de la professionnalisation du secteur (formations, ateliers, catalogue de bonnes pratiques), la mise en place d’outils d’évaluation, etc.

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