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Situation au sein du Groupe sanofi (Document Intersyndical - juillet 2012) 1. Situation économique – chiffres clés p2 2. Evolution des effectifs – Bilan des restructurations majeures p4 3. Stratégie Sanofi 2012-2015 : quelles conséquences ? p8 4. Analyse p9 1

Situation au sein du groupe Sanofi

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Document Intersyndical - juillet 2012

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Page 1: Situation au sein du groupe Sanofi

Situation au sein du Groupe sanofi (Document Intersyndical - juillet 2012)

1. Situation économique – chiffres clés p2

2. Evolution des effectifs – Bilan des restructurations majeures p4

3. Stratégie Sanofi 2012-2015 : quelles conséquences ? p8

4. Analyse p9

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1. Situation économique – Chiffres clés

Première entreprise pharmaceutique française et européenne. Le C.A. monde sur 2011 a atteint 33,3 milliards € en progression par rapport à 2010. Il progresse d’année en année malgré les pertes de brevets successives.

Chiffre d'Affaires, Mds €source : compte de résultat

28,05 27,5729,31

30,38

33,39

0

5

10

15

20

25

30

35

2007 2008 2009 2010 2011

+ 21,1%

Le résultat net des activités est de 8,8 milliards € en 2011. Le résultat net consolidé est de 5,93 milliards €, soit une rentabilité estimée par les économistes parmi les meilleures de l’industrie pharmaceutique. Résultat Net, Mds €

source : compte de résultat

5,935,725,69

4,29

5,68

0

1

2

3

4

5

6

2007 2008 2009 2010 2011

+ 38,2% Sanofi est la deuxième entreprise en termes de bénéfice du CAC 40 en 2011 avec pour actionnaires principaux l’Oréal et Total. L’action Sanofi est en progression depuis 2009 et surperforme par rapport au CAC 40. Dans le même temps la direction a racheté pour destruction 4,5 milliards € d’actions ces 5 dernières années dans le seul but d’augmenter le BNPA.

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Le montant des dividendes versés aux actionnaires a dépassé les 3,5 milliards € en 2011 en progression de 6% par rapport à 2010.

Ponction dPonction déémesurmesuréée des actionnaires e des actionnaires

•• La direction La direction ss’’estestengagengagééee ààaugmenter le augmenter le niveauniveaudes des dividendesdividendes pour pour atteindreatteindre 50% du 50% du rréésultatsultat net en 2014 net en 2014 contrecontre 35% en 2011.35% en 2011.

En 7 ans le dividende a plus que En 7 ans le dividende a plus que doubldoubléé passant de 1,2 passant de 1,2 €€ en 2004 en 2004 àà2,65 2,65 €€ en 2011.en 2011.

0

0,5

1

1,5

2

2,5

3

2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Dividende €

En 2011, sanofi a acheté 100% de la société française Mérial spécialisée dans la santé animale de même que l’entreprise pharmaceutique US Genzyme ; cette dernière acquisition pour un coût de 14 milliards €.

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2. Evolution des effectifs – Bilan des restructurations majeures

2.1. Effectifs monde Pour bien appréhender l’évolution des effectifs il est nécessaire de raisonner à périmètre constant. Avant l’intégration de Genzyme et de Merial, les effectifs monde se situaient fin 2010 à 101575 (104867 un an plus tôt). Le document de référence 2010 ci-dessous donne des précisions. Avec l’acquisition de Genzyme et Merial les chiffres atteignent fin 2011 :

Emploi Monde et Europe

Près de 114000 emplois dans le monde dont 53000 environ en Europe Emploi en forte baisse en Amérique du Nord et en Europe de l’Ouest sur la période

2007-2012

Emploi en hausse sur la même période dans les pays émergents notamment en Chine, Brésil, Inde, Russie, Turquie et dans une moindre mesure en Europe de l’Est

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2.2. Effectifs France Les effectifs sont en baisse depuis 2007, baisse accélérée en 2009 à l’arrivée de la nouvelle Direction générale du groupe, par la mise en œuvre d’un premier plan d’économies.

Effectifs Globaux France (CDI + CDD)source : Direction sanofi

27585

2565525824 25645

28616

28234 28079 28090

25000

25500

26000

26500

27000

27500

28000

28500

29000

2007 2008 2009 2010 2011 2012

Total Effectifs France hors Mérial-GenzymeTotal Effectifs France incluant Mérial-Genzyme acquis en 2011

2971 emplois en moins sur 4 ans 1/2 à périmètre constant

Résultant de 3758 suppressions dans la pharmacie, en partie compensées par 787 créations dans les vaccins

Au total, ce sont 2971 emplois qui auront disparu du groupe sanofi en France de fin 2007 à mars 2012, dans tous les métiers du groupe (production, recherche, fonctions support et opérations commerciales) hormis l’activité vaccins, et sans compter les suppressions en cours qui s’échelonnent jusqu’à fin 2013. Ces chiffres ne prennent pas en compte les milliers d’emplois induits supprimés. Changement de périmètre : attention piège !

La direction du groupe va surement essayer de vous présenter adroitement la situation pour vous faire croire que les effectifs se maintiennent. Il est fort probable qu’ils intègrent, pour justifier ce maintien, les effectifs des sociétés acquises en 2011 à savoir Genzyme (600 salariés en France) et Mérial (1800). Tout raisonnement sur l’emploi doit être présenté à périmètre comparable.

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En fait c’est surtout l’emploi en CDI qui chute fortement du fait des plans de restructuration, la direction augmentant sensiblement l’emploi précaire.

Effectifs détaillés France par société (CDI + CDD)source : Direction sanofi

0

1000

2000

3000

4000

5000

6000

7000

2007 2617 3902 4358 5722 6777 5240

2008 2540 3771 4259 5772 6497 5395

2009 2447 3356 4255 5516 6401 5610

2010 2064 3053 4202 5431 5345 5729

2011 2309 2677 4072 5413 5295 5889 1853 571

2012 2313 2595 3964 5462 5284 6027 1871 574

Sanofi Aventis Groupe = fonctions centrales

Sanofi Aventis France = promotion

Sanofi Chimie = prod chimique

Sanofi Winthrop Industrie = prod

pharma + distribution

Sanofi R&D = R&D hors vaccins,

Genzyme, Mérial

Sanofi Pasteur = activité vaccins

Merial Genzyme

- 11,6%

- 33,5%

- 9%

- 4,5%- 22%

+ 15%

Emploi précaire en France à fin février 2012

1843 CDD dans le groupe, dont seulement 384 liés à des remplacements

1159 intérimaires dont 591 liés à des remplacements

Soit plus de 3000 contrats précaires dont 975 liés à des remplacements.

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Au total d’ici 2014, 8 sites auront fermé en France, 2 ont été vendus avec des conséquences sociales majeures et deux sont en reconversion drastique :

Recherche : fermetures des sites de Rueil, Bagneux, Evry, Labège (31) et désengagement de Massy ; vente du site de Porcheville (78).

Production : fermeture prévue de Romainville, fermeture prévue de Neuville sur Saône chimie (69) avec reconversion partielle dans les vaccins, reconversion de Vitry chimie dans les biotechnologies, vente du site de Colomiers (31).

Sièges et fonctions centrales : fermeture du site de quai de la Râpée à Paris et d’un des deux sites de Gentilly.

Marne la Vallée

Région parisienne

Ploërmel

Compiègne

Strasbourg

Quetigny

VertolayeLyon

Neuville sur Saône

Marcyl� fÉtoile

Sisteron

Toulouse

LabègeColomiers

Aramon

Mourenx

Saint Loubès

Ambarès

Tours

Amilly

Le Trait

ElbeufLisieux

Val de Reuil

Porcheville

Evry

AlfortvilleVitryBagneux

Reuil Malmaison

RomainvilleMarly la Ville

ChillyMazarin

Maisons-Alfort

Montpellier 8 sites ferm

8 sites ferméés s

ou cou cééddéés s

depuis 2007

depuis 2007

Implantations en France (hors Genzyme et Mérial) Sans une intervention forte des pouvoirs publics, nous craignons que de nouveaux sites soient concernés par de fortes restructurations voire des fermetures ou des ventes de sites dans les tous prochains mois.

L’entreprise étant loin d’être en danger, ces plans de restructuration s’inscrivent dans le seul but d’augmenter les profits et tenir les engagements pris devant les actionnaires.

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3. Stratégie Sanofi 2012-2015 : quelles conséquences ?

La direction a présenté devant les actionnaires un nouveau plan d’économies de 2 milliards € à réaliser d’ici 2015.

Synergies suite à l’acquisition de Genzyme (700M€) + acquisition de Merial

Augmentation de 7% de la productivité par an et par salarié

Augmentation de 10% du taux d’utilisation des capacités de production

Diminution des investissements

Diminution des dépenses globales de R&D de poursuite de la stratégie d’externalisation de la recherche

Réallocation des ressources industrielles et commerciales vers les pays émergents

Poursuite de l’optimisation des coûts, des achats et de la stratégie d’externalisation des services partagés.

Cette stratégie a déjà vu ses premiers effets avec plusieurs milliers de suppressions de postes annoncées dans toute l’Europe et des fermetures, cessions ou transferts de sites, notamment dans la filiale de médicaments génériques Zentiva en Slovaquie. Pour l’instant, en pleine période électorale ce deuxième plan d’économies n’a pas encore été décliné en France, et l’impact sur l’emploi devait faire l’objet d’annonces en comité de groupe le 13 juin finalement repoussé au 5 juillet. Parallèlement, le 6 septembre 2011, confirmé le 4 mai 2012, lors de l’assemblée des actionnaires du groupe, le conseil d’administration a pris un engagement fort vis-à-vis des actionnaires :

« Porter le niveau des dividendes de 35% du résultat net en 2011 à 50% du résultat net en 2014 ». Par contre, aucun engagement n’a été pris par la direction pour le maintien des sites et des emplois dans notre pays. Et pour cause, le 5 juillet 2012, la direction a annoncé 3 nouveaux plans de restructuration touchant la recherche, les vaccins et les services support de tous les sites (achat, comptabilité, informatique, RH). Au total entre 1500 et 2500 salariés seront concernés. Les sites de recherche de Toulouse et Montpellier seraient particulièrement touchés. Toutes les activités en aval de la recherche (développement, production, promotion, services généraux) sont en grande partie dépendantes de la recherche et seront impactées dans un futur proche si les plans de restructuration ne sont pas stoppés. C’est pourquoi la bataille essentielle porte sur le retrait des plans de restructuration.

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4. Analyses

Arguments développés par la Direction

La direction explique que les temps sont de plus en plus durs pour l’industrie pharmaceutique et pour sanofi; la perte de brevet de médicaments générant un chiffres d’affaire de plusieurs milliards € l’obligerait à restructurer et à diminuer les coûts. Elle met également en avant la pression des autorités réglementaires qui sont de plus en plus exigeantes pour obtenir l’autorisation de mise sur le marché (AMM) d’un nouveau médicament. Enfin elle insiste lourdement sur les problématiques de compétitivité vis-à-vis d’autres producteurs dans d’autres pays, et sur la nécessité de rééquilibrer l’appareil productif en le développant dans les pays émergents afin de pouvoir fournir des médicaments et vaccins « low-cost ». Certes, le C.A. généré en France par sanofi est en baisse, mais représente tout de même près de 10% du C.A. monde. Par ailleurs, les résultats économiques à l’étranger sont réalisés en grande partie via des médicaments qui sont issus de la recherche en France. C’est ce potentiel de recherche interne en France que la direction attaque gravement avec comme prétexte une moindre efficacité. Celle-ci est liée en fait aux restructurations et réorganisations successives décidées par les responsables, les sapes successives opérées dans les projets de recherche. L'expertise en France a été affaiblie mais reste réelle. Les chercheurs ne veulent qu’une chose, travailler efficacement à la découverte de nouveaux traitements, et pour ce faire il est nécessaire de renforcer et de redonner confiance au potentiel existant.

La recherche : un coût ou un investissement ?

La part du C.A. consacrée à la R&D diminue ces dernières années pour passer sous la barre des 15% contre plus de 17%, quatre ans plus tôt. La baisse concerne essentiellement la recherche interne. Pour la Direction, l’innovation en recherche serait à l’extérieur du groupe. L’objectif est simple, externaliser les risques de la recherche puis intégrer les molécules en développement avancé quand les risques d’échec sont mineurs pour obtenir la meilleure rentabilité financière. Cette stratégie ne marche pas et participe à la fragilisation de la recherche interne et du développement de l’emploi et du potentiel scientifique dans notre pays. En fait, les deux dernières molécules sorties en 2010 par sanofi (Multaq et Jevtana) sont issues de la recherche interne en France.

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Deux autres molécules issues de la recherche interne devraient être mises à la disposition des malades en 2012. Nous sommes évidemment favorables à des collaborations, plus particulièrement avec la recherche publique mais dans une logique de développement réciproque et de coopération où chaque entité se renforce du travail en commun. C’est ainsi que les connaissances scientifiques et l’innovation médicale seront au rendez-vous. De plus, vous n’êtes pas sans savoir qu’une recherche interne forte en France c’est aussi l’assurance du maintien d’un tissu industriel fort dans notre pays. Aujourd’hui la Direction du groupe compromet l’ensemble de la filière présente dans notre pays. Ainsi à titre d’exemple, sanofi a signé des contrats de partenariats pour 10 ans avec l’entreprise US Covance, spécialisée dans les travaux de sous-traitance en R&D pour 2 milliards €. Ce sont autant de travaux qui ne seront pas réalisés en interne. La traduction officielle de la direction concernant les 3 critères pris en compte dans l’évaluation des projets de recherche démontrent à eux seuls la stratégie du groupe :

Medical value = montant potentiel de vente Scientific quality = probabilité de succès Operational Effectiveness = coûts et durée par projet

Crédit d’impôt recherche – aides publiques

Sanofi a touché ces 3 dernières années environ 130 millions € de crédit d’impôt recherche par an en France, via ses différentes sociétés. Dans le même temps sanofi a supprimé 1300 postes de Recherche et Développement en France en 2 ans soit 20% de son potentiel compromettant par là même son efficacité et le devenir de l'entreprise. Ceci est inadmissible. Des aides publiques ont également été versées, par exemple, pour la dépollution des sites. En contre partie de toute aide publique devrait être exigé un engagement de développement scientifique, industriel et en emplois.

Quel avenir pour les sites industriels en France ?

Les plans drastiques annoncés démontrent que la stratégie de désengagement de la France se poursuit. Une molécule ou un vaccin découvert dans nos centres de recherche, c’est l’assurance que le développement industriel sera fait dans notre pays et par voie de conséquence une grande partie de la production du principe actif et de mise en forme pharmaceutique; c'est pourquoi grâce à l’efficacité de notre recherche, nous avons encore 16 sites de production de sanofi en France (médicaments et vaccins hors genzyme et merial). Avec la stratégie actuelle, que restera-t-il dans 5 ans ?

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De plus, le groupe, comme la Direction le précise a réalisé de nombreuses acquisitions d’entreprises à l’étranger ces dernières années (Zentiva en Europe de l’est spécialisée dans la production, Brésil, Chine, Inde, Mexique, …) ou dernièrement Genzyme qui comprend plus de 10000 salariés dans le monde avec plus de 14 sites de production dont 1 en France à Lyon. Il ne peut être contesté la nécessité pour des pays étrangers d'avoir leurs propres usines. Mais nous sommes très inquiets car les risques de délocalisation sont majeurs toujours dans le seul but d'augmenter les profits. Les besoins en santé dans le monde sont si importants qu’il est possible de créer de l’emploi à l’étranger et dans notre pays.

Industrie pharmaceutique : des besoins fondamentaux

Les besoins en santé dans le monde sont énormes. Plus de 50% des maladies n'ont pas de thérapies adaptées et toutes les populations n'ont pas le même accès aux soins. En dépit des effets négatifs des restructurations sur le potentiel scientifique, les chercheurs internes de sanofi ont des compétences fortes reconnues dans la recherche de traitements thérapeutiques majeurs (médicaments comme vaccins) La productivité et la compétence de nos sites de production ne sont plus à prouver, même si la pression de la rentabilité nous fait craindre des problèmes de qualité.

Interpellation du gouvernement

L'industrie pharmaceutique est une industrie stratégique pour le pays. L'indépendance thérapeutique est indispensable. Son financement via la sécurité sociale en France donne des motifs et des moyens supplémentaires d'intervention des élus de la Nation. L’industrie pharmaceutique est une industrie d’avenir à condition qu’elle ne soit pas dirigée par des financiers. Où les jeunes diplômés trouveront-ils un emploi scientifique si la première entreprise pharmaceutique française continue à supprimer des milliers de postes de travail ?

Les organisations syndicales du groupe ont été reçues par les ministères du travail, de l’industrie et de la recherche en 2010 pour leur expliquer la situation. Malheureusement, il n’y a eu aucune intervention probante de leur part visant à stopper la stratégie actuelle des dirigeants. Si la Direction peut s’engager dans un contrat de 10 ans avec un tiers, elle peut s’engager de la même manière pour le maintien des sites. Ce ne sont ni les travaux de recherche, ni les besoins en termes de production de médicaments ou de vaccins qui manquent. Lorsqu’une direction d’entreprise s’engage à augmenter le niveau de dividendes aux actionnaires, quels que soient les résultats économiques du groupe, elle doit avoir l’obligation de s’engager de la même manière pour le maintien des sites, des activités et des emplois.

Permettre le maintien et le développement de ce potentiel indispensable pour la santé publique, pour l’emploi, nos régions, la nation, constitue un enjeu majeur.