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Communications orales / La Revue de médecine interne 31S (2010) S35–S83 S69 CO076 Soins dentaires et angiœdème bradykinique : état des lieux à partir d’une enquête réalisée auprès de 72 patients B. Goichot a , T. Chauvin b , F. Eglin b , F. Bornert b , E. Bui a , S. Vinzio c , A. Feki b , Centre de compétence pour la prise en charge des angioedèmes bradykiniques a Service de médecine interne, endocrinologie et nutrition, hôpitaux universitaires, Strasbourg, France b Service de soins bucco-dentaires, pôle d’odontologie, hôpitaux universitaires, Strasbourg, France c Service de medecine interne, endocrinologie et nutrition, CHU Hautepierre, Strasbourg, France Introduction.– Les soins bucco-dentaires sont un facteur clas- sique de déclenchement d’une poussée chez les patients atteints d’angiœdème bradykinique (AOB) héréditaire (AOH) ou acquis (AOA). La prévention repose sur des protocoles de préparation à base de danazol et d’acide tranexamique utilisés de fac ¸ on empi- rique depuis plus de 20 ans. Aucun consensus n’est actuellement disponible concernant les modalités de préparation et de réalisa- tion de ces soins. Patients et méthodes.– Une enquête postale a été réalisée auprès des adhérents de l’AMSAO, seule association franc ¸ aise de patients porteurs d’AOB. Le questionnaire concernait la pratique des soins dentaires et le degré d’information du patient et du dentiste sur l’AOB. Résultats.– Sur 200 questionnaires envoyés par voie postale ou élec- tronique, 72 ont été complétés. L’échantillon se composait de 24 H et 48 F, porteurs d’une AOH dans 78 % des cas. La maladie avait été diagnostiquée avant l’âge de 30 ans chez deux patients usr trois. Pour les soins dentaires, les patients sont suivis à 83 % en cabinet de ville. Un traitement prophylactique n’était effectué que chez 56 % des patients. Un tiers des patients a déjà présenté une crise après des soins dentaires, le plus souvent des soins invasifs (avul- sion dans 46 % des cas), alors qu’ils n’avaient pas rec ¸ u de traitement prophylactique neuf fois sur dix. Ces crises ont nécessité une hospi- talisation près d’une fois sur deux. Elles révélaient la maladie dans la moitié des cas. La grande majorité des malades signalent à leur dentiste qu’ils sont porteurs d’un AO mais ce dernier semble rarement informé de la gravité potentielle de l’affection et des précautions nécessaires. Conclusion.– Cette enquête, la première sur ce problème très fré- quent pour les patients porteurs d’AOB, révèle une sensibilisation insuffisante des patients et des dentistes sur les risques associés aux soins dentaires. Des recommandations claires sont nécessaires pour guider patients et praticiens et assurer les soins courants en toute sécurité. doi:10.1016/j.revmed.2010.03.422 CO077 Complications hépatiques sous danazol dans l’angiœdème bradykinique héréditaire : données épidémiologiques et cliniques des cas issus de la base nationale de pharmacovigilance E. Bui a , M. Alt b , M.C. Taquet a , S. Vinzio c , F. Grunenberger c , C. Suna d , F. Luca a , J.L. Schlienger e , B. Goichot d , Réseau des 31 centres de pharmacovigilance a Medecine interne, CHU Hautepierre, Strasbourg, France b Medecine interne, hôpital Civil de Strasbourg, Strasbourg, France c Service de medecine interne et nutrition, CHU Hautepierre, Strasbourg, France d Service de médecine interne, CHU Hautepierre, Strasbourg, France e Service de médecine interne et nutrition, hôpital Hautepierre, Strasbourg, France Introduction.– Le danazol est connu depuis longtemps. L’émergence des traitements de crise efficaces (icatibant, inhibiteur de C1 estérase) pourrait modifier les stratégies de prise en charge actuelles de l’angioedème bradykinique héréditaire (ABH). D’autant plus que les complications tumorales hépatiques sont un effet indésirable rare du danazol exposant à des adénomes voir à des tumeurs malignes primitives. Nous rapportons l’expérience franc ¸ aise à travers les données de la pharmacovigilance. Patients et méthodes.– Il s’agit d’une étude rétrospective incluant 12 notifications d’effets secondaires chez des patients sous dana- zol pour ABH. Ces patients ont été sélectionnés à partir de la base nationale de pharmacovigilance. Résultats.– Il est noté trois atteintes hépatiques sur un total de 12 notifications. Le premier cas concerne une femme de 31 ans ayant un hépatocarcinome (CHC) bifocal (15 cm et 2 cm) sur foie sain associé à deux lésions d’hyperplasie nodulaire focale et trai- tée par danazol 400 mg/jour depuis sept ans pour ABH de type I. Le deuxième cas rapporte la survenue d’un CHC chez une patiente de 35 ans traitée durant 14 ans par 400 mg de danazol par jour pour ABH de type 1 associé à un lupus cutanéo-articulaire. Le troisième cas est une hépatite cytolytique chez une patiente consommant plus de 100 g/j d’alcool. Le danazol peut être difficilement incriminé dans ce cas précis. Discussion.– Cet effet secondaire est le plus souvent retrouvé au cours d’autres pathologies (endométriose, PTI) où les posologies sont bien supérieures (400 mg à 800 mg), mais la durée de prescrip- tion est alors plus courte (entre six et 12 mois). Les doses utilisées classiquement dans l’ABH sont de l’ordre de 100 à 200 mg/jour. Les fortes doses sont peut-être plus pourvoyeuses de néoplasies hépatiques. Cependant il semble difficile de tirer des conclusions hâtives sur ces évènements rares d’autant qu’ils surviennent au décours d’une maladie, elle aussi, rare. Le peu de déclaration d’effets secondaires notifiés vient probablement d’un effet d’épuisement secondaire à l’ancienneté du danazol. Du fait de la gravité des CHC, ceux ci sont en revanche déclarés de fac ¸ on systématiques. Conclusion.– Contrairement aux données de la littérature, les don- nées de ce travail nous rendent vigilants quant à la prévention (dose efficace minimale) et à la surveillance de cet effet indésirable médi- camenteux (bilan hépatique biologique et échographique), sans remettre en cause cependant, le rôle central du danazole dans la prophylaxie des crises d’ABH. Pour en savoir plus [1] Farkas H et al. Eur J Clin Pharmacol 2009, Epub ahead of print. [2] Bork K et al. Ann Allergy Asthma Immunol 2008;100(2):153–61. doi:10.1016/j.revmed.2010.03.423 CO078 Anaphylaxie d’origine professionnelle à la chenille processionnaire du chêne J.-M. Renaudin a , M. Morisset b , S. Jaquenet c , P. Allard d , L. Guilloux e , G. Kanny f a Service d’allergologie, centre hospitalier Jean-Monnet, Épinal, France b Service de médecine D, hôpital Central, Nancy, France c Genclis Sas, Vandœuvre-Lès-Nancy, France d Msa Lorraine, Metz, France e Biomnis, Lyon, France f Service de médecine interne, hôpital central, Nancy, France Objectif.– Le but de cette étude est mettre en évidence une aller- gie parmi le personnel de l’ONF, en région Lorraine, qui présente des réactions anaphylactiques de rythme professionnel lors de l’exposition aux chenilles processionnaires du chêne (Thaumeto- poea processionaria). Sujets et méthodes.– Il s’agit d’une étude rétrospective réalisée chez 79 forestiers travaillant dans des zones forestières des sec- teurs de Sarrebourg et Lunéville, avec de fortes infestations depuis dix ans par ces chenilles. Le bilan allergologique a comporté une anamnèse, avec classification de la sévérité des réactions anaphy-

Soins dentaires et angiœdème bradykinique : état des lieux à partir d’une enquête réalisée auprès de 72 patients

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O076oins dentaires et angiœdème bradykinique : étates lieux à partir d’une enquête réalisée auprès de2 patients. Goichot a, T. Chauvin b, F. Eglin b, F. Bornert b, E. Bui a,. Vinzio c, A. Feki b, Centre de compétence pour la prise en chargees angioedèmes bradykiniquesService de médecine interne, endocrinologie et nutrition, hôpitauxniversitaires, Strasbourg, FranceService de soins bucco-dentaires, pôle d’odontologie, hôpitauxniversitaires, Strasbourg, FranceService de medecine interne, endocrinologie et nutrition, CHUautepierre, Strasbourg, France

ntroduction.– Les soins bucco-dentaires sont un facteur clas-ique de déclenchement d’une poussée chez les patients atteints’angiœdème bradykinique (AOB) héréditaire (AOH) ou acquisAOA). La prévention repose sur des protocoles de préparation àase de danazol et d’acide tranexamique utilisés de facon empi-ique depuis plus de 20 ans. Aucun consensus n’est actuellementisponible concernant les modalités de préparation et de réalisa-ion de ces soins.atients et méthodes.– Une enquête postale a été réalisée auprèses adhérents de l’AMSAO, seule association francaise de patientsorteurs d’AOB. Le questionnaire concernait la pratique des soinsentaires et le degré d’information du patient et du dentiste sur

’AOB.ésultats.– Sur 200 questionnaires envoyés par voie postale ou élec-ronique, 72 ont été complétés. L’échantillon se composait de 24 Ht 48 F, porteurs d’une AOH dans 78 % des cas. La maladie avait étéiagnostiquée avant l’âge de 30 ans chez deux patients usr trois.our les soins dentaires, les patients sont suivis à 83 % en cabinete ville. Un traitement prophylactique n’était effectué que chez6 % des patients. Un tiers des patients a déjà présenté une criseprès des soins dentaires, le plus souvent des soins invasifs (avul-ion dans 46 % des cas), alors qu’ils n’avaient pas recu de traitementrophylactique neuf fois sur dix. Ces crises ont nécessité une hospi-alisation près d’une fois sur deux. Elles révélaient la maladie dansa moitié des cas.a grande majorité des malades signalent à leur dentiste qu’ils sontorteurs d’un AO mais ce dernier semble rarement informé de laravité potentielle de l’affection et des précautions nécessaires.onclusion.– Cette enquête, la première sur ce problème très fré-uent pour les patients porteurs d’AOB, révèle une sensibilisation

nsuffisante des patients et des dentistes sur les risques associésux soins dentaires. Des recommandations claires sont nécessairesour guider patients et praticiens et assurer les soins courants enoute sécurité.

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Introduction.– Le danazol est connu depuis longtemps. L’émergencedes traitements de crise efficaces (icatibant, inhibiteur deC1 estérase) pourrait modifier les stratégies de prise en chargeactuelles de l’angioedème bradykinique héréditaire (ABH).D’autant plus que les complications tumorales hépatiques sont uneffet indésirable rare du danazol exposant à des adénomes voir àdes tumeurs malignes primitives. Nous rapportons l’expériencefrancaise à travers les données de la pharmacovigilance.Patients et méthodes.– Il s’agit d’une étude rétrospective incluant12 notifications d’effets secondaires chez des patients sous dana-zol pour ABH. Ces patients ont été sélectionnés à partir de la basenationale de pharmacovigilance.Résultats.– Il est noté trois atteintes hépatiques sur un total de12 notifications. Le premier cas concerne une femme de 31 ansayant un hépatocarcinome (CHC) bifocal (15 cm et 2 cm) sur foiesain associé à deux lésions d’hyperplasie nodulaire focale et trai-tée par danazol 400 mg/jour depuis sept ans pour ABH de type I. Ledeuxième cas rapporte la survenue d’un CHC chez une patiente de35 ans traitée durant 14 ans par 400 mg de danazol par jour pourABH de type 1 associé à un lupus cutanéo-articulaire. Le troisièmecas est une hépatite cytolytique chez une patiente consommantplus de 100 g/j d’alcool. Le danazol peut être difficilement incriminédans ce cas précis.Discussion.– Cet effet secondaire est le plus souvent retrouvé aucours d’autres pathologies (endométriose, PTI) où les posologiessont bien supérieures (400 mg à 800 mg), mais la durée de prescrip-tion est alors plus courte (entre six et 12 mois). Les doses utiliséesclassiquement dans l’ABH sont de l’ordre de 100 à 200 mg/jour.Les fortes doses sont peut-être plus pourvoyeuses de néoplasieshépatiques. Cependant il semble difficile de tirer des conclusionshâtives sur ces évènements rares d’autant qu’ils surviennent audécours d’une maladie, elle aussi, rare. Le peu de déclaration d’effetssecondaires notifiés vient probablement d’un effet d’épuisementsecondaire à l’ancienneté du danazol. Du fait de la gravité des CHC,ceux ci sont en revanche déclarés de facon systématiques.Conclusion.– Contrairement aux données de la littérature, les don-nées de ce travail nous rendent vigilants quant à la prévention (doseefficace minimale) et à la surveillance de cet effet indésirable médi-camenteux (bilan hépatique biologique et échographique), sansremettre en cause cependant, le rôle central du danazole dans laprophylaxie des crises d’ABH.Pour en savoir plus[1] Farkas H et al. Eur J Clin Pharmacol 2009, Epub ahead of print.[2] Bork K et al. Ann Allergy Asthma Immunol 2008;100(2):153–61.

doi:10.1016/j.revmed.2010.03.423

CO078Anaphylaxie d’origine professionnelle à la chenilleprocessionnaire du chêneJ.-M. Renaudin a, M. Morisset b, S. Jaquenet c, P. Allard d,L. Guilloux e, G. Kanny f

a Service d’allergologie, centre hospitalier Jean-Monnet, Épinal, Franceb Service de médecine D, hôpital Central, Nancy, Francec Genclis Sas, Vandœuvre-Lès-Nancy, Franced Msa Lorraine, Metz, Francee Biomnis, Lyon, Francef Service de médecine interne, hôpital central, Nancy, France

Objectif.– Le but de cette étude est mettre en évidence une aller-gie parmi le personnel de l’ONF, en région Lorraine, qui présentedes réactions anaphylactiques de rythme professionnel lors del’exposition aux chenilles processionnaires du chêne (Thaumeto-poea processionaria).

Sujets et méthodes.– Il s’agit d’une étude rétrospective réaliséechez 79 forestiers travaillant dans des zones forestières des sec-teurs de Sarrebourg et Lunéville, avec de fortes infestations depuisdix ans par ces chenilles. Le bilan allergologique a comporté uneanamnèse, avec classification de la sévérité des réactions anaphy-