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Soja, mensonges et propagande au Magazine de la Santé Hervé Berbille, spécialiste français du soja, a regardé l'émission du 25 mars 2014 du Magazine de la Santé sur cette légumineuse. Au menu : Michel Cymes, Marina Carrère d'Encausse, accompagnés de 3 médecins "spécialistes". Au final, il a assisté à un festival d'erreurs et de désinformation. Morceaux choisis. Hervé Berbille - Mercredi 07 Mai 2014 Note : cette émission n'est plus visible en ligne dans son intégralité, mais on peut consulter des extraits sur cette page. Ça commence mal... Michel Cymes présente d'emblée le soja comme « une plante cultivée en Asie depuis 3000 ans » alors que le soja est cultivé depuis plus de 9000 ans. Michel Cymes ajoute que « ...en France [le soja] est apparu dans nos assiettes au milieu des années 90 ». Bien vu : les premiers aliments à base de soja de soja sont commercialisés en France dès le XIXe siècle. On mentionnera pour mémoire des pains au soja (Lecerf, Desvilles, Legendre, Heudebert, etc.) destinés aux diabétiques commercialisés à partir de 1892, la Caséo-Sojaïne, première manufacture d'aliments à base de soja (lait de soja, fromages, etc.), créée en Occident, aux Vallées (devenue aujourd'hui la Garenne-Colombes) en 1908, et les préparations infantiles à base de soja (Végélact), d'un usage courant dès l'entre-deux-guerres, etc.. En outre, on l'a oublié aujourd'hui, mais le soja fut d'un grand secours pendant l'Occupation et dans l'immédiat après-guerre, où il fut largement utilisé pour suppléer à l'insuffisance en apports protéiques dont souffrait alors la population. On mentionnera le Pr Hugues Gounelle de Pontanel, hôpital Foch, qui, grâce au soja, sauvera de nombreux rescapés des camps de la mort. Plus proche de nous, dès le début des années 1980, la société SOY (Nutrition & Soja) en 1982, Cacoja (devenu Sojinal, puis Alpro), Innoval, etc., relancent le soja, bientôt suivis par la laiterie Triballat qui commercialise les yaourts Sojasun dès 1988, et le fabricant de tofou Tofoulie la même année. Bref, le soja « dans nos assiettes » ne date pas d'hier. Michel Cymes voulait sans doute dire « au milieu des années 1890 »...

Soja, Mensonges Et Propagande Au Magazine de La Santé

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Page 1: Soja, Mensonges Et Propagande Au Magazine de La Santé

Soja, mensonges et propagande au Magazine de la Santé Hervé Berbille, spécialiste français du soja, a regardé l'émission du 25 mars 2014 du Magazine de la Santé sur cette légumineuse. Au menu : Michel Cymes, Marina Carrère d'Encausse, accompagnés de 3 médecins "spécialistes". Au final, il a assisté à un festival d'erreurs et de désinformation. Morceaux choisis.

Hervé Berbille - Mercredi 07 Mai 2014

Note : cette émission n'est plus visible en ligne dans son intégralité, mais on peut consulter des extraits

sur cette page.

Ça commence mal...

Michel Cymes présente d'emblée le soja comme « une plante cultivée en Asie depuis 3000 ans » alors que le

soja est cultivé depuis plus de 9000 ans.

Michel Cymes ajoute que « ...en France [le soja] est apparu dans nos assiettes au milieu des années 90 ».

Bien vu : les premiers aliments à base de soja de soja sont commercialisés en France dès le XIXe siècle. On

mentionnera pour mémoire des pains au soja (Lecerf, Desvilles, Legendre, Heudebert, etc.) destinés aux

diabétiques commercialisés à partir de 1892, la Caséo-Sojaïne, première manufacture d'aliments à base de soja

(lait de soja, fromages, etc.), créée en Occident, aux Vallées (devenue aujourd'hui la Garenne-Colombes) en

1908, et les préparations infantiles à base de soja (Végélact), d'un usage courant dès l'entre-deux-guerres, etc..

En outre, on l'a oublié aujourd'hui, mais le soja fut d'un grand secours pendant l'Occupation et dans l'immédiat

après-guerre, où il fut largement utilisé pour suppléer à l'insuffisance en apports protéiques dont souffrait alors la

population. On mentionnera le Pr Hugues Gounelle de Pontanel, hôpital Foch, qui, grâce au soja, sauvera de

nombreux rescapés des camps de la mort.

Plus proche de nous, dès le début des années 1980, la société SOY (Nutrition & Soja) en 1982, Cacoja (devenu

Sojinal, puis Alpro), Innoval, etc., relancent le soja, bientôt suivis par la laiterie Triballat qui commercialise les

yaourts Sojasun dès 1988, et le fabricant de tofou Tofoulie la même année.

Bref, le soja « dans nos assiettes » ne date pas d'hier. Michel Cymes voulait sans doute dire « au milieu des

années 1890 »...

Page 2: Soja, Mensonges Et Propagande Au Magazine de La Santé

À noter qu'en 2006, lors d'une précédente émission sur le même thème, Marina Carrère d'Encausse, toujours à

propos du soja, l’avait décrit comme une plante « dont on (« elle »?) sait pas grand-chose ». Or, en 1994, c’est-à-

dire près de dix ans auparavant, on recensait déjà de la bagatelle de 10000 articles scientifiques évaluant le soja

(en plus de 9000 ans d'utilisation donc...).

De quoi « spécialiste » est-il le nom ?

Marina Carrère d'Encausse présente Catherine Serfaty-Lacrosnière et Mariette Gerber, ses deux invitées, comme

des « spécialistes » du soja, alors que ni l'une ni l'autre n'ont publié la moindre étude à ce sujet. Même remarque

à propos de Florence Trémollières, qui apparaît plus tard lors d'un reportage. À noter que cette « expertise » très

sujette à caution n'a pas empêché Mariette Gerber de présider, en mars 2005, le rapport de l'ANSES évaluant,

éreintant devrais-je dire, le soja.

Reste que cette légitimité plus que discutable soulève un autre question : quelles sont les motivations réelles qui

ont prévalu dans le choix de ces trois « spécialistes » ?

Lors de sa présentation, Marina Carrère d'Encausse oublie de le rappeler, mais pendant que les experts de

l'AFSSA, et surtout de l'AFSSAPS, planchaient avec assiduité pour évaluer le plus sérieusement du monde les

« dangers » d'un vulgaire pois (le soja est et reste une « légumineuse »), le Mediator ne suscitait pas l’ombre

d'une inquiétude à l'AFSSAPS, alors que déjà interdit dans de nombreux autres pays. Et sans le volontarisme et

le courage d'Irène Frachon, le Mediator continuerait à faire les ravages que l'on sait. Les victimes du Mediator

pourront néanmoins se consoler d'avoir été les premiers, et à ce jour les seuls, à avoir été prémunis contre les

« dangers » du « pois oléagineux de Chine »...

Expertes du conflit d'intérêt

Si le cumul des études et articles scientifiques à propos du soja publiés par Catherine Serfaty-Lacrosnière,

Mariette Gerber, Florence Trémollières réunies frôle le zéro absolu, sur la délicate question des conflits d'intérêts,

nos trois « spécialistes » offrent une toute autre consistance... Mais sans que Marina Carrère d'Encausse et

Michel Cymes n'en pipent mot.

Catherine Serfaty-Lacrosnière : « Tout sur la volaille », mais pas grand-chose à propos du soja

Sur un site appelé Tout sur la volaille (!), Catherine Serfaty-Lacrosnière, médecin, vante avec zèle les forcément

immenses mérites nutritionnels de la viande. Cette zélatrice de la filière viande se trouve donc en situation de

conflit d'intérêt lorsqu'il s'agit d'évoquer le soja, qui est une alternative aux protéines animales.

Florence Trémollières, le GRIO, et « ses amis pour la vie »

Florence Trémollières est membre du Groupe de Recherche et d'Information sur les Ostéoporoses (GRIO). Fort

bien, se dévouer ainsi pour l’intérêt général est très méritoire et mérite d'être salué. Sauf que lorsque l'on se

penche de plus près sur les mécènes du GRIO, on peut se poser quelques questions quant à la nature

totalement désintéressée de l'entreprise.

Parmi les généreux donateurs du GRIO figurent Yoplait et Danone, grands amis du soja devant l'éternel, ainsi

que les ineffables laboratoires Servier (au fait, le Mediator® prévient-il, aussi, de l’ostéoporose ?) et de

nombreuses autres multinationales pharmaceutiques impliquées dans la commercialisation de molécules

destinées au traitement de l'ostéoporose...

Rappelons que les protéines animales peuvent être acidifiantes et pro-inflammatoires, contribuant ainsi à créer

les conditions de l'ostéoporose et surtout le marché qui va avec, alors que le soja est au contraire alcalinisant et

anti-inflammatoire, et contribue à ce titre à prévenir l'ostéoporose.

Mariette Gerber nous cause soja : le conflit d'intérêt « deux en un » !

Page 3: Soja, Mensonges Et Propagande Au Magazine de La Santé

Mariette Gerber, médecin épidémiologiste, INSERM, est ou a été liée, si l'on s'en réfère à sadéclaration publique

d'intérêt (DPI) Afssa à la multinationale Unilever. Cette multinationale se place parmi les premiers fabricants de

produits laitiers, ce qui constitue un premier conflit d'intérêt. Mais surtout, Unilever est également très impliqué

dans le négoce du soja destiné à l'alimentation animale, selon la logique de « filière intégrée » propre à cette

multinationale, d'où l’appellation de « complexe soja », terme créé par Jean-Pierre Bertrand, INRA, dans les

années 1970. Or, le « complexe soja » s'est toujours employé à entraver l'usage du soja dans l'alimentation

occidentale. Je m'explique : produire un steak de soja de 200 g par exemple nécessite une quantité de soja à peu

près équivalente, alors que produire le même steak, à base de viande de bœuf, nécessite, en amont, que l'animal

consomme environ 1400 g de soja, soit 7 fois plus !

Par conséquent, une consommation « directe » des protéines végétales par l’Homme, court-circuitant

l’intermédiaire animal, comme cela se pratique traditionnellement en Extrême-Orient, serait au premier chef

catastrophique pour le « complexe soja », qui verrait ses débouchés fondre comme neige au soleil...

Reste que cette activité d'Unilever dans le négoce du soja constitue un conflit d’intérêts sans doute encore plus

marqué que son implication dans la filière lait par exemple.

Quoi qu'il en soit, chaque mauvais coup porté au soja destiné à l'alimentation humaine, sert in fine les intérêts du

« complexe soja », en favorisant tout à la fois la consommation de viande, de produits laitiers, et, surtout, en

démultipliant la consommation de soja via les animaux dont ils sont issus...

Enfin, Mariette Gerber fait également partie des organisateurs des Journées Francophones de Nutrition. Parmi

les généreux mécènes des Journées Francophones de Nutrition, outre l’inévitable Univeler, on mentionnera

Nestlé, Lactalis, l'Association Bleu-Blanc-Cœur (alimentation animale...), le Centre d'Information (sic) des

Viandes, etc. : bref, que des amis du soja...

Les « spécialistes » changent, les conflits d'intérêt restent...

Aussi nombreux soient-ils, aucun de ces conflits d'intérêts ne sera porté à la connaissance des spectateurs de

France 5. Tout comme le 13 septembre 2006, dans une précédente émission du Magazine de la Santé, qui nous

servit du Catherine « Danone » Bennetau-Pelissero et Véronique « Nestlé » Coxam, qui pourront déverser leur

fiel ad libitum, sans le moindre contradicteur, ni impertinent pour leur rappeler le caractère, disons « lactique », de

leurs « partenaires » industriels.

Rappelons que parmi les « spécialistes » recrutées par la revue Que Choisir pour nous édifier à propos du soja,

figuraient Catherine Bennetau-Pelissero, Véronique Coxam et Mariette Gerber : les médias français ou la

« pensée unique » jusqu'à la caricature... Encore que « pensée » soit ici un bien grand mot, « l'esprit de

gramophone » comme disait Orwell serait plus approprié. Encore que « esprit »...

Le Magazine de la Santé peut traiter du soja en toute objectivité ? Quelques troublants précédents...

En 2006, je fus sollicité par un journaliste pour participer au Magazine de la Santé (diffusé le 13 septembre 2006),

émission déjà pilotée par Marina Carrère d'Encausse et Michel Cymes.

Ce journaliste me demande confectionner des aliments à base de soja. J’eus beau lui objecter que j'étais

chercheur et pas cuisinier, rien n'y fit, il tenait à toute force à me cantonner à ce rôle : mon discours serait à ce

point subversif ? Cependant, afin de lui rendre service quand il invoque son emploi du temps serré, etc., j’accepte

de bonne grâce mais en lui faisant promettre de pouvoir également m'exprimer. Ayant été informé incidemment

que participeraient également à l'émission Catherine Bennetau-Pelissero et Véronique Coxam, INRA, j’anticipais

donc le pire. Aussi, je demande à ce journaliste de pouvoir faire entendre un son de cloche sensiblement différent

de celui que n'allaient pas manquer de nous servir ces deux obligées de l'industrie laitière. Il me jure la main sur

le cœur que tel sera le cas et enregistre mon intervention dans laquelle je tente de défendre, un peu (à peine

quelques minutes me sont alors royalement accordées) le soja.

Page 4: Soja, Mensonges Et Propagande Au Magazine de La Santé

Las, malgré les belles promesses de ce monsieur, mon intervention disparaîtra corps et âme au montage, de

sorte que seules ces deux adversaires chimiquement pures du soja que sont Catherine Bennetau-Pelissero et

Véronique Coxam auront voix au chapitre. Mais de là à penser que le Magazine de la Santé fasse montre d'un

quelconque parti pris hostile au soja...

Études mal élevées

Pour Catherine Serfaty-Lacrosnière « (le soja) n'est pas conseillé avant trois ans et dans l'enfance ». Sauf que

cette assertion ne repose strictement sur aucune base scientifique et s'avère même totalement contre-productive.

On sait désormais qu'une exposition précoce aux isoflavones active des gènes anticancéreux, conférant ainsi à

terme une sorte d'immunité anticancéreuse. Mais visiblement, Catherine Serfaty-Lacrosnière ne semble guère

mieux connaître les promesses de l'épigénétique, la science qui étudie les interactions entre gènes et

environnement, que celles du soja...

Et Mariette Gerber de renchérir : « Il y a des études qui montrent bien (sic) que les hommes qui ont été élevés

avec des produits à base de soja (…), on voit ça surtout aux États-Unis, (Ah bon ? Pas dans les autres

pays ?) ont une diminution du compte de spermatozoïdes qui est significative (re-sic) ». Sauf que

évidemment strictement aucune étude ne corrobore cette mâle assertion...L'étude de Brian Strom, qui évalua

notamment l'incidence sur la fertilité chez les homme (et les femmes), alimentés pendant leur enfance avec des

préparations pour nourrissons (« laits infantiles ») à base de soja (PPS) n'a aucune incidence sur la fertilité à long

terme, entre autres...

Mariette Gerber, qui présidait le rapport « Phyto-œstrogènes », ANSES (ex-AFSSA), de mars 2005, dans lequel

cette étude est mentionnée, ne peut évidemment l'ignorer. Quoi qu'il en soit, je mets ici Mariette Gerber au défi

de produire la moindre étude attestant, chez l'homme, d'une réduction de la fertilité résultant de la

consommation de soja dans l'enfance.

De l'art de mettre le débat en impasse...

À la question posée par une spectatrice demandant si l'usage du soja est recommandé en cas de diabète,

Catherine Serfaty-Lacrosnière rétorque que les aliments à base de soja présentent l'inconvénient de nécessiter

un ajout de sucre (sic) ! En revanche, ni Catherine Serfaty-Lacrosnière, ni Mariette Gerber n'évoquent les effets

bénéfiques du soja tant dans la prévention que le traitement des diabètes (type 1 et 2), le mécanisme d'action

ayant par ailleurs été élucidé.

Cette petite manigance est rendue d'autant plus insupportable que, c'est en France, dès le XIXe siècle, que furent

obtenus les premiers succès thérapeutiques dans le traitement du diabète grâce au soja. On citera à cet égard

les travaux des Drs Ménudier, Lecerf et du Pr Dujardin-Beaumetz. Il n'avait pas échappé à ces pionniers que le

soja ne contenait pratiquement pas de glucides, ce qui en faisait un aliment particulièrement indiqué dans le

traitement du diabète. Mais deux siècles plus tard, Catherine Serfaty-Lacrosnière, et Mariette Gerber, semblent

encore l’ignorer...

Les connaissances nutritionnelles des détracteurs du soja ne font pas le poids...

À la question d'une spectatrice « Inclure le soja dans mon alimentation peut-il m'aider à maigrir ? », Catherine

Serfaty-Lacrosnière rétorque que le « soja contient 20 % de graisses », mais sans la moindre allusion aux

nombreuses études qui indiquent que, oui, effectivement, le soja est un aliment particulièrement indiqué pour

lutter contre le surpoids.

Mais le plus navrant reste que Catherine Serfaty-Lacrosnière (médecin nutritionniste...) semble croire que la

valeur calorique d'un aliment est prédictive de son incidence sur la prise de poids, sans prise en compte de la

charge glycémique, le critère le plus important avec l'activité pro-inflammatoire, ces deux paramètres étant par

ailleurs liés.

Page 5: Soja, Mensonges Et Propagande Au Magazine de La Santé

Tout aussi inquiétant, Catherine Serfaty-Lacrosnière semble croire que les fruits sont à déconseiller chez les

diabétiques... (23'53").

Catherine Serfaty-Lacrosnière manque de savoir-fer

Selon Catherine Serfaty-Lacrosnière, on ne peut remplacer un steak de bœuf par un steak de soja car pour « ...le

fer, on est très loin ». Outre cette pauvre élocution, ceci appelle deux remarques sur le fond. Le fer héminique de

la viande est pro-oxydant et à ce titre pro-carcinogène.

Le fer présent dans les fabacées, la « phyto-ferritine », cumule deux avantages : une bonne biodisponibilité, mais

sans activité pro-oxydante. Si nos brillantes « spécialistes » feront des gorges chaudes tout au long de l'émission

des « œstrogènes Canada-Dry », de la « phyto-ferritine », en revanche, il ne sera jamais question...

Autre oubli de Catherine Serfaty-Lacrosnière, et pas des moindres, la consommation de viande rouge augmente

fortement le risque de cancer colorectal, mais également d'autres cancers, tels que le cancer du poumon, de la

prostate, etc., comme l'indique un quantité innombrable de publications scientifiques ou bien encore l'OMS, alors

que la consommation de soja protège au contraire de ces affections.

Mais motus, pas la moindre allusion à ces broutilles sur le plateau !...

« Les germes de soja que l'on trouve en France n'ont rien à voir avec le soja ! » - Catherine Serfaty-Lacrosnière

Eh bien si justement, et pas qu'un peu. Si je relève cette incise de Catherine Serfaty-Lacrosnière ce n'est pas

parce qu'elle présente un quelconque intérêt en soit, mais parce qu'elle fournit une illustration supplémentaire de

sa méconnaissance du sujet, de cette pensée de survol dont elle fera preuve tout au long de cette émission.

Face au désaccord inconciliable entre les intervenants de cette émission et moi-même à propos des intérêts

nutritionnel et sanitaire du soja, le profane peut être tenté de renvoyer les protagonistes dos-à-dos. Aussi, j’insiste

ici sur ce point particulier, car il illustre bien le manque d'expertise des « expertes » recrutées par Carrère

d'Encausse et Cymes.

En l'espèce, si je puis dire, on peut difficilement faire plus proche que l'ambérique (Vigna radiata), encore appelée

« haricot mungo », et le soja proprement dit (Glycine max). En Chine et en Corée, on consomme respectivement

les « huang tou ya » et les « kongnamul », c'est-à-dire les germes de soja (Glycine max) proprement dits, comme

on le fait en France avec ce que l'on appelle improprement les « germes de soja » (Vigna radiata).

En Indonésie, « kecambah », désigne indifféremment les germes obtenus à partir de Glycine maxou de Vigna

radiata, deux aliments d’ailleurs très difficiles à distinguer, tant par l'apparence, le goût, ou bien encore la façon

d'être accommodés, comme j'ai pu le constater sur place.

De même, en Chine et en Indonésie, on consomme également du lait d'ambérique, respectivement appelés

« dòuzhī » et « sari kacang hijau », à la façon du lait de soja.

En Corée, on fabrique également le « chongpo muk », un tofou obtenu à partir de Vigna radiata.

Point commun, plus objectif, ces deux plantes appartiennent à la même famille botanique, celle des fabacées

(« légumineuses ») en l'occurrence.

Une autre réalité biologique suggère également une très grande proximité phylogénique entreVigna

radiata et Glycine max. Alors que les fabacées ont la particularité s'associent à une bactérie symbiote (fixatrice

d'azote) spécifique à leur genre, Vigna radiata et Glycine max partagent la même espèce de bactérie nodulante, à

savoir Bradyrhizobium japonicum.

Page 6: Soja, Mensonges Et Propagande Au Magazine de La Santé

Notons également que l'ambérique contient, comme le soja et les fabacées en général, des « phyto-

œstrogènes »...

Et Michel Cymes de parachever cette laborieuse intervention en ajoutant « C'est rassurant ! » ; au moins en ce

qui concerne le degré de maîtrise et la qualité des « spécialistes » qu'il nous sert, rien n'est moins sûr...

Catherine Serfaty-Lacrosnière nous fend le cœur...

« Le soja est bon pour la prévention cardiovasculaire, mais ça ne passe pas par l’hypertension mais ça passe

plutôt par le cholestérol ». Une fois de plus, Catherine Serfaty-Lacrosnière fait preuve de beaucoup de légèreté,

car de nombreuses études, plus d'une centaine (!), je ne puis donc ici toutes les citer, indiquent clairement que le

soja combat efficacement l'hypertension.

Pour mémoire, on retiendra cette étude publiée en 2008 dans le Journal of Nutrition, l'une des plus prestigieuses

revues en la matière, a priori, difficile de passer à coté, dans laquelle on peut lire que « la consommation de

protéines de soja est inversement associée à une pression sanguine élevée ». Dont acte.

En outre, l'efficacité du soja dans la prévention coronarienne tient bien davantage dans sa capacité à réduire

l'hypertension, le « tueur silencieux », que dans la réduction de la cholestérolémie, autre point de divergence

notable entre Catherine Serfaty-Lacrosnière et votre serviteur.

Les connaissances de Catherine Serfaty-Lacrosnière sont-elles « au niveau » ?

Catherine Serfaty-Lacrosnière indique que « les protéines de soja sont presque au même niveau que les

protéines animales ». En réalité, les protéines de soja affichent un supériorité nutritionnelle et sanitaire nette sur

les protéines animales. Les protéines animales présentent un ratio en acides aminés soufrés (méthionine et

cystéine) excédant de plus d'un tiers nos besoins physiologiques. Il faut savoir que la méthionine est un acide

aminé sur le « fil du rasoir ». Si une insuffisance d'apport affaiblit la réponse immunitaire, un excès augmente la

cholestérolémie, le risque de cancer (la méthionine est un véritable « engrais » à tumeurs...), et acidifie

l'organisme, la méthionine étant éliminée sous forme d'acide sulfurique. Selon les (véritables...) spécialistes de la

FAO notamment, l'aminogramme des protéines de soja est parfaitement ajusté à nos besoins physiologiques, à

savoir 25 mg/g de protéines pour...25 mg/g de protéines recommandés. Remarque également valable pour les

autres acides aminés essentiels apportés par les protéines de soja.

Cette supériorité manifeste des protéines de soja fut établie par Vernon R Young, MIT, l'un des plus grand

chercheurs dans le domaine de la nutrition.

Nous sommes notamment redevables à Vernon R Young d'avoir démontré que le rat n'était pas un modèle

adapté pour l'évaluation des protéines, les besoins en acide aminés soufrés de cet animal étant 50 % plus

importants que ceux de l'Homme ! Mais ceci n'empêchera pas Mariette Gerber de fonder ses avis sur des études

conduites sur l'animal, le rat, un animal qui de surcroît métabolise différemment les isoflavones du soja de

l'Homme, ce qui en fait probablement le modèle expérimental le moins approprié pour une évaluation de ces

composés chez l'Homme...

Mariette Gerber (arthr)ose tout, c'est même à ça qu'on la reconnaît...

À la question d’une spectatrice : « Est-ce que le soja est conseillé en cas d'arthrose ? », Mariette Gerber

rétorque, péremptoire, « Alors là, il y a vraiment pas d'étude ». « Vraiment pas » ? Et ça, c'est quoi ?

Les isoflavones semblent à ce point efficaces que certains chercheurs suggèrent même leur utilisation dans le

traitement de la polyarthrite rhumatoïde !

Il faut savoir que l'arthrose est un maladie inflammatoire. Or, les flavonoïdes, classe de composés à laquelle

appartiennent les isoflavones (du soja), figurent parmi les composés naturels les plus puissamment anti-

inflammatoires. La requête Medline « flavonoïdes » « inflammation » produit près de 3000 réponses !

« Vraiment »...beaucoup !

Page 7: Soja, Mensonges Et Propagande Au Magazine de La Santé

Ces lacunes de Mariette Gerber sont d'autant plus surprenantes que, au moins en France, on prescrit

couramment un médicament à base de soja destiné au traitement...de l'arthrose ! Si Mariette Gerber n'est pas

capable de consulter correctement une base de données scientifiques, qu'elle prenne au moins la peine d'aller

demander conseil à son pharmacien...

« En Asie, on ne mange pas de yaourts au soja » - Mariette Gerber

Mariette Gerber répète, avec insistance, « Mariette Gerber insiste toujours » aurait (presque) dit Albert Camus...,

« En Asie on ne mange pas de yaourts au soja ». Certes, Mariette, certes. Mais question : que prouve cette

remarque qui se veut sans doute très maligne ? Quelle est son degré de pertinence ? En Extrême-Orient (et non

pas en Asie), on ne consomme pas davantage d'huile d'olive : la consommation d'huile d'olive est-elle pour autant

nocive ?

En outre, on fera observer à Mariette Gerber que, traditionnellement, en Extrême-Orient, et en Asie..., on ne

consomme pas, non plus, de produits Unilever : faut-il pour autant se défier des glaces Ben & Jerry's ? Je le

crois, mais sans doute pas pour cette raison...

Et si le yaourt au soja n'est guère connu en Extrême-Orient, on y consomme néanmoins en abondance du lait de

soja (le yaourt au soja n'est rien d'autre que du lait de soja fermenté...), auquel il convient d'ajouter le natto, le

sufu, le tempé, le tofou, le yuba, le shoyu, le doenjang, le chungkoukjang, l'edamamé, le kinako, etc., etc., etc.

À noter que dans le même élan, Mariette Gerber reconnaît que les Asiatiques consomment des aliments comme

le miso, un aliment présenté par elle comme sans inconvénient car s'inscrivant dans leur tradition alimentaire.

Mais partant, Mariette Gerber réfute elle-même son discours alarmiste à propos des « phyto-œstrogènes »

puisque le miso contient en effet 2,6 fois plus d'isoflavones que les yaourts de soja : respectivement 42,55 contre

16,30 mg/100 g.

De plus, les aliments à base de soja, tels que le miso, subissent une fermentation poussée, transformant ainsi les

isoflavones natives « glycosylées » en isoflavones « aglycones », ce qui a pour conséquence de les rendre

davantage assimilables par l'organisme !

Par conséquent, si comme le prétend Mariette Gerber, les « phyto-œstrogènes » présentaient un quelconque

risque, il faudrait précisément se garder des aliments traditionnels, tels que le miso, et s’orienter

préférentiellement vers des aliments tels que les yaourts au soja...

Mariette Gerber croit encore au père « NOAEL »...

Mariette Gerber, entre deux gargarismes aux « phyto-œstrogènes », n'aura de cesse de radoter qu'il ne faut pas

excéder 1 mg/kg de poids corporel en isoflavones par jour, pardon en « phyto-œstrogènes », sans d'ailleurs

préciser s'il s'agit d'isoflavones glycosides ou aglycones, les aglycones, telles que celles des aliments à base de

soja fermenté (miso, tempé, shoyu, etc.), présentant une biodisponibilité plus élevée.

Sauf que le mantra de Mariette Gerber ne repose sur aucune base scientifique. L’innocuité des isoflavones,

même péjorées en « phyto-œstrogènes », est telle qu'il n'a jamais été possible d'établir un quelconque seuil

toxicologique, ce que les toxicologue appellent la « dose sans effet toxique observable » (« NOAEL », de l'anglais

« no observable adverse effect level »).

En outre, Mariette Gerber lâche qu'en Asie (sic), l’exposition aux isoflavones est de 45 mg/j, mais « oublie » de

préciser que 10 % de la population est exposée à une dose de 100 mg/j, ce qui en Extrême-Orient, et a fortiori

« en Asie », représente somme toute pas mal de monde...

Reste que si l'on s'en tient au mantra gerberien, ne pas dépasser 1 mg/kg de poids corporel, il faut donc que ces

10 % de la population « asiatique » deviennent obèses toutes affaires cessantes afin d'atteindre les 100 kg de

poids corporel qu'exigent pour cette exposition aux isoflavones les injonctions de Mariette Gerber. Et sachant que

le soja protège par ailleurs de l'obésité, il y de fortes chances que ces 10 % d’inconscients dérogent encore pour

quelques temps à cette recommandation aussi sage que désintéressée.

Page 8: Soja, Mensonges Et Propagande Au Magazine de La Santé

L'étude (oubliée des médias français...) qui ridiculise les recommandations de Mariette Gerber...

En 2008, une rigoureuse étude clinique évalue, pendant deux ans (!), des femmes ingérant quotidiennement une

dose de 900 mg d'isoflavones. Je précise que cette dose d'isoflavones est prodiguée sous forme d'isoflavones

purifiées, une telle dose étant impossible à atteindre avec des aliments traditionnels. Il faudrait par exemple

consommer 10 litres de lait de soja par jour pour atteindre un tel seuil d'exposition aux isoflavones : autant dire

qu'à ce niveau de consommation, vous risquez davantage la noyade que le début du commencement d'une

quelconque « œstrogénisation »...

Quoi qu'il en soit, à l'issue de cette (longue) étude, aucun effet délétère n'est constaté. À noter que si l'on s'en

tenait au mantra de Mariette Gerber, il faudrait peser 900 kg pour supporter une telle dose sans encourir de

risque...

Il est certains esprits dont les sombres pensées / Sont d'un nuage épais toujours embarrassées (24'33")

En toute fin de l'émission que Mariette Gerber nous livre une description bien confuse des œstrogènes et des

isoflavones, laissant planer quelques doutes quant à sa capacité à appréhender correctement la nature exacte de

ces composés, je cite : « ...les œstrogènes du traitement hormonal substitutif y (sic) vont se fixer essentiellement

sur le récepteur α des estrogènes et les autres (les isoflavones) sur le récepteur β, donc c'est pas tout à fait les

mêmes. »

Il faut savoir que notre organisme exprime deux type de récepteurs à œstrogènes. D'une part, les récepteurs à

œstrogènes dits « α » (« ER-α »), pro-inflammatoires, et d'autre part, les récepteurs à œstrogènes dits « β »

(« ER-β »), anti-inflammatoires quant à eux.

Or, nos œstrogènes activent de la même façon les « mauvais » ER-α et les « bons » ER-β, un aspect crucial que

Mariette Gerber omet de préciser.

En revanche, les isoflavones inhibent les « mauvais » ER-α (« effet compétitif ») et activent les « bons » ER-β.

Par conséquent, au moins ce qui concerne l'activation des ER-α, œstrogènes et isoflavones renvoient à des

réalités biologiques diamétralement opposées, à tout le moins bien éloignées du bancal et bien approximatif

« pas tout à fait les mêmes » de Mariette Gerber.

De l'audace en science en général et en nutrition en particulier...

Au cours de l’émission, Mariette Gerber se laisse aller à une stupéfiante confession qui justifierait presque à elle

seule le visionnage de ce pensum, je cite : « Je suis pour une bonne alimentation ». De la part d’un médecin,

membre de l'INSERM et expert à l'ANSES, on serait tenté de dire « encore heureux ! ». Sans compter que si

Mariette Gerber, poussant l'audace conceptuelle dans ses ultimes retranchements, allait jusqu'à préciser qu'elle

est également contre la guerre et d'ajouter, pourquoi pas, soyons fous, pour la paix dans le monde, les portes du

prochain concours Miss France lui seraient grandes ouvertes...

En ce qui me concerne, je suis également « pour une bonne alimentation » (et pour la paix dans le monde...),

mais je doute fortement que nos définitions d'une « bonne alimentation » coïncident un jour...

Autre perle de Mariette Gerber, selon elle, le traitement de la ménopause à base d'isoflavones de soja serait

« subjectif ». Si tel est le cas, comment le dépassement de 1mg/kg de poids corporel d'une substance

« subjective » pourrait-il présenter un quelconque risque ? Sans parler des difficultés à doser, comme elle le

préconise, des composés « subjectifs »...

À propos de subjectivité justement, sans un terme à haute intensité émotionnelle comme « phyto-œstrogène », je

suis convaincu que jamais la cabale ourdie contre le soja, je pense en particulier au rapport ANSES (ex-AFSSA),

n'eut jamais été rendue possible. Il suffit de remplacer ce terme par d'autres termes moins connotées, mais plus

Page 9: Soja, Mensonges Et Propagande Au Magazine de La Santé

précis à bien des égards, comme « flavonoïdes » ou « phyto-SERMs/modulateurs » pour s'en convaincre. Le

« phyto-œstrogène » relève de surcroît du contresens puisque dans l'organisme les isoflavones se comportent

essentiellement comme des « anti » œstrogènes...

« Flavonoïdes » vs « phyto-œstrogènes » : le double langage de Mariette Gerber

Lorsqu’il s'agit d'évoquer, aux Journées Francophones de Nutrition par exemple, les forcément considérables

bienfaits nutritionnels des thés Lipton (marque appartenant à Unilever, coïncidence sans doute), les mots qui

fâchent tels que « phyto-œstrogènes » disparaissent comme par enchantement.

cf. page 5 : http://www.fnamn.fr/pdf_public/Programme-SFN09.pdf

Il n'est désormais plus question que d'anodins, et bienfaisants, « flavonoïdes » et autres « catéchines », bien que

le thé exerce, comme la plupart des aliments d'origine végétale, une activité « phyto-œstrogénique », (c'est-à-

dire, une fois dans notre organisme, anti œstrogénique...) précisément liée à la présence de ces composés...

Pour l'anecdote, quoique, les catéchines furent d'ailleurs identifiées la premières fois dans une espèce d'acacia

(Acacia catechu, d'où leur nom), c'est-à-dire une fabacée, comme le soja... Rappelons enfin et surtout que les

isoflavones du soja ne sont rien d'autre que des flavonoïdes parmi d'autres, beaucoup d'autres...

Soja et cancer du sein : les recommandations sidérantes de Mariette Unilever et Florence Yoplait

Florence Trémollières assène que les compléments alimentaires à base d'isoflavones de soja (destinés au

traitement de la ménopause) sont « surtout contre-indiqués chez les femmes chez qui ont vient de découvrir un

cancer du sein ». Eh bien non justement ! Strictement aucune étude ne corrobore cette sortie aussi péremptoire

que hasardeuse, bien au contraire. Toutes les études évaluant l'incidence des isoflavones (de soja) sur risque de

cancer du sein concluent invariablement à une réduction de ce risque, et notamment une amélioration des

chances de survie chez les femmes atteintes d'un cancer du sein.

Ainsi, dès 2004, une première évaluation clinique montre qu’une supplémentation en isoflavones chez des

femmes atteintes de cancer du sein réduit la tumorisation.

Je souligne que cette étude sera fort opportunément « oubliée » dans le rapport ANSES (ex-AFSSA) que

présidait une certaine Mariette Gerber. À ce sujet, je serais très curieux d'apprendre de la bouche de l'intéressée

les raisons qui ont conduit à cet escamotage, surtout lorsque Mariette Gerber fait par ailleurs si grand cas d'une

étude conduite chez une souris transgénique : les rongeurs « OGM » seraient-ils un modèle expérimental plus

fiable que la femme elle-même ?

Quoi qu'il en soit, depuis la publication du rapport ANSES (ex-AFSSA) en mars 2005, toutes les articles et études

scientifiques publiées n'ont eu de cesse de retoquer les recommandations émises dans ce rapport scélérat, au

point de rendre proprement intenable cette recommandation de l'ANSES.

Ce constat soulève un réel problème de santé publique. Si toutes les études concluent unanimement que le soja

réduit le risque de récidive, améliore les chance de guérison, que faudra-t-il produire pour que les impavides

Mariette Gerber et Florence Trémollières prennent un jour acte de cette réalité ? Et aux intéressées de bien en

assumer les conséquences. En décourageant l'usage du soja, ces recommandations ne contribuent-elles pas à

réduire les chances de guérison chez les femmes atteintes d'un cancer du sein, et à augmenter le risque de

récidive ?

À ce première recommandation, déjà bien désastreuse, de l'ANSES, s'ajoutent celle toute aussi calamiteuse du

PNNS qui conseille « 3 produits laitiers par jour », y compris chez les patients atteints de cancer, alors que le lait

contient de véritables œstrogènes, notamment le redoutable œstradiol 17-β.

Je rappelle que toute la stratégie thérapeutique en cas de cancer du sein repose précisément sur une réduction

de la synthèse en œstrogènes. Et comme si cela ne suffisait pas, le lait contient également de l'IGF-1, et surtout

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provoque son augmentation dans l’organisme. L’IGF-1 est un facteur de croissance, le genre de composé à éviter

en cas de cancer...

Outre l'IGF-1 qu’il fait monter, le lait de vache accumule d'autres composés tout aussi inquiétants, les « myco-

toxines », sorte de « phyto-œstrogènes » « à l'envers ». Les « myco-toxines » activent les « mauvais » ER-α, pro-

inflammatoires, donc favorisant la prolifération cellulaire, et comme si cela ne suffisait pas, inhibent les

« mauvais » ER-β, anti-inflammatoires qui protègent de à ce titre cancérisation.

Parmi ces mycotoxines auxquelles nous exposent « nos amis pour la vie », on citera en particulier la charmante

zéaralénone, qui en plus d'être elle-même carcinogène, a pour effet d'inhiber l'apoptose des cellules

cancéreuses...

Rappelons que les isoflavones tant décriés dans le rapport présidé par Mariette Gerber provoquent l'apoptose

des cellules cancéreuses et exercent une activité anti-angiogénique, les isoflavones empêchent la vascularisation

des tumeurs, provoquant littéralement leur mort par asphyxie. À la seule aune de ces propriétés extraordinaires

des isoflavones, on mesure toute pertinence des recommandations déconseillant leur usage chez les femmes

atteintes d'un cancer du sein...

En outre, d'autres travaux suggèrent que les isoflavones pourraient aider à juguler les tumeurs résistantes aux

traitements anti-cancéreux ou renforcer leur efficacité.

Mais en France, c'est la consommation de lait que l'on encourage, et le soja sur lequel on jette l'opprobre.

Le soja à géographie variable

Autre bobard entendu à ce sujet, dans la bouche de Catherine Serfaty-Lacrosnière, les effets protecteurs du soja

vis-à-vis du cancer du sein dépendraient de « la région du monde dans laquelle on se trouve ». Selon elle, à

Shanghai, l'exemple qu'elle cite, le soja protégerait du cancer du sein, mais pas ailleurs. Eh bien, disons alors

que, par exemple, cette étude conduite en Allemagne en 2012, qui conclut que la consommation de soja prévient

le risque de cancer du sein chez des femmes ménopausées, allemandes donc, n'a jamais existé, et n'est que le

produit de mon imagination. Au moins en ce qui me concerne, le soja n'a pas d'incidence sur la fertilité. De mon

imagination.

De l'écrasante supériorité nutritionnelle du lait de soja sur le lait de vache...

Catherine Serfaty-Lacrosnière déconseille également les aliments à base de soja au prétexte qu'ils ne

contiennent pas suffisamment de calcium, la vieille antienne de l'industrie laitière.

Outre le fait que la consommation de produit laitiers n'améliore en rien la qualité et la santé du tissu osseux, le lait

de soja ne contient pas, contrairement au lait de vache, d'acides gras trans. Je rappelle ici que, si les acides gras

trans, dans l'esprit du public, restent associés aux huiles végétales hydrogénées, en France, l'exposition aux AG

trans est revient, et de de très loin, à la consommation de produits laitiers, et dans une moindre mesure à la

viande rouge. Or, les AG trans sont pro-inflammatoire et favorisent donc à ce titre l'inflammation et par

conséquent l’ostéoporose, une maladie attribuable à l'inflammation chronique et non pas à une manque de

produit laitiers, comme voudrait nous en convaincre la propagande de l'industrie laitière financée aux frais du

contribuable.

En outre, les produits laitiers sont de pourvoyeurs de mauvais acides gras saturés (il existe de « bons » acides

gras saturés...), notamment l'acide palmitique, l'acide gras caractéristique de l'huile de palme, également pro-

inflammatoire. Le soja contient quant à lui des oméga 3 cis (« non trans »), anti-inflammatoires quant à eux.

Le lait de soja contient davantage de magnésium que le lait de vache. Or, tout porte à croire que le magnésium

est plus important que le calcium pour le maitien du tissu osseux.

Enfin, le protéines de lait apportent des quantités de méthionine excédant nos besoins physiologiques, un acide

aminé acidifiant, la méthionine est éliminée sous forme d'acide sulfurique.

Page 11: Soja, Mensonges Et Propagande Au Magazine de La Santé

Enfin, là où le soja contient des modulateurs œstrogéniques (« Phyto-SERMs »), et pas l'ombre d'un œstrogène,

le lait contient, naturellement (en plus de ceux ajoutés frauduleusement...), de véritables œstrogènes, dont le

redoutable œstradiol-17. Pour une consommation courante, telle que celle recommandée en France (« trois

laitages par jours »), les œstrogènes de produits laitiers sont susceptibles de perturber l'équilibre hormonal chez

l'homme, et ce contrairement aux aliments à base de soja, n'en déplaise Catherine Serfaty-Lacrosnière et

Mariette Gerber.

Preuve du parti pris anti soja des pouvoirs public français, seule la dénomination « lait de soja » est interdite,

alors que la dénomination « lait de coco » reste autorisée. Or, à ma connaissance, le lait de coco ne s'obtient pas

davantage au pis de la Prim'Holstein que le lait de soja (tant mieux!).

La mauvaise haleine

Marina Carrère d'Encausse mettra enfin un terme au supplice en annonçant le thème de l'émission du lendemain,

« la mauvaise haleine ».

Après une demi-heure d'éructations ininterrompues contre le soja, la transition semblait toute indiquée...

Hervé Berbille

Déclaration de conflit d'intérêt : néant. Ne travaille pas et n'a jamais travaillé pour la filière soja. Cet article,

comme ceux publiés précédemment, n'a fait l'objet d’aucune rémunération, de quelque nature que ce soit.

http://www.lanutrition.fr/bien-dans-son-assiette/aliments/le-soja/soja-mensonges-et-propagande-

au-magazine-de-la-sante.html