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Soleo 22 - mars 2010

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Soleo 22 - nouvelle formule Le magazine de l'agence Europe-Education-Formation France

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Territoires

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Plus d'Europe

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Les métiers d'avenir

2e2f.fr

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3 L’Édito

L’entretien avec...

Rendez-vous

L’essentiel

Zoom

Orientation-Insertion

Plus d’Europe

Territoires

Langues

Brèves d’agence

Pierre Grégory, Président du Conseil d’administration Jean Bertsch, directeur de l’Agence Europe-Education-Formation France

Valérie Pécresse, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche : « La mobilité des étudiants doit être la règle »

Agenda 2010 Les projets européens développent les compétences créatrices

Du Livre vert à « Youth on the Move » Hélène Clark, Directrice générale Éducation et Culture/ Commission européenne

L’esprit mobilitéValider les acquis pour enrichir des parcours personnels et professionnelsLe stage Erasmus en entreprise. Le profil des étudiants qui partent

Les métiers en 2020 ? 3 questions à Tristan Klein, du Centre d’analyse stratégique

Suède. L’université de l’île de Gotland met en œuvre la « Liberal Education »Roumanie. Marcel Musabimana raconte son stage Erasmus en RoumanieCroatie. La Croatie compte sur un effet domino des programmes européens

Motiver les jeunes et les accompagner dans une démarche de mobilité. Trois régions ont des solutionsPour une « mobilité positive », le point de vue européen de Jean VanoyeComenius Regio. De nouvelles perspectives de coopération régionaleLa région Emilie-Romagne s’investit dans le volontariat senior

L’espace apprendre du CAVILAM reçoit le Label européen des langues

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Prochain numéro de Soleo : sortie le 21 juin 2010

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3Soleo

Éditoe magazine Soleo, comme l’Agence Europe-Education-Formation France, évolue, et cela saute aux yeux dans ce numéro de mars : il est plus grand, plus

dense, rénové dans son design, afin d’être plus lisible et plus attractif. Mais l’essentiel de ces nouveautés me semble résider dans son contenu éditorial : plus fourni, plus pratique, plus informatif, davantage en phase avec l’actualité. Soleo, acronyme formé de la fusion de deux noms qui ont porté haut l’action européenne en faveur de la mobilité internationale : « Socrates » d’une part et « Leonardo da Vinci» d’autre part, continue ainsi à véhiculer l’énergie de l’Agence pour développer « l’éducation et la formation tout au long de la vie », dans la mobilité, selon le programme arrêté par les communautés européennes pour les années 2007-2013.

Les initiatives qui en découlent traitent maintenant de nouveaux contextes (les stages en entreprises, les mobilités des personnels administratifs universitaires, le transfert de l’innovation, ou encore la mobilité des apprentis ou des salariés, des demandeurs d’emploi), venant s’adjoindre aux actions initiales - mobilités d’enseignants, de lycéens, d’universitaires et d’étudiants - qui restent

fondamentales. Cet élargissement des missions avec des partenaires nouveaux imposait de donner des informations et de communiquer de façon différente : le nouveau Soleo veut répondre à ce défi.

Chacun connaît aujourd’hui les succès remportés ces dernières années par les nombreux programmes gérés par l’Agence : Comenius, Erasmus, Leonardo, Grundtvig…, mais les objectifs affichés pour le renforcement des échanges internationaux en faveur des étudiants, des enseignants et des professionnels se remarquent par leur ambition. Il ne s’agit pas de se satisfaire de notoriété et de succès passés mais de participer à une dynamique nouvelle pour une plus forte croissance de la mobilité internationale en Europe dans chacun des programmes. Nous sommes mobilisés pour cela.

Pierre GrégoryPrésidentAgence Europe-Education-Formation France

L

hiver fut long et rude.Voici venu le temps des bourgeons, du renouveau et des

espérances.Voici venu le temps de penser à l’aventure, au voyage, à la découverte, de ressortir le Routard, le Harrap’s et le sac à dos.Voici venu le temps de finaliser un projet d’études, d’apprentissage, de formation, de stage ou d’emploi au-delà des frontières. Voici venue la chance de se remettre en cause, de se tester, de se confronter à d’autres langues, à d’autres cultures, à d’autres nationalités. Vous rêvez d’Europe, je vous réponds «Partez». Vous dites «Ailleurs», je vous réponds «Foncez». «L’Esprit Mobilité», ça vous prend dans l’escalier, à la sortie de l’amphi ou à la porte d’Italie.... Et quand on y a goûté !...

Jean BertschDirecteurAgence Europe-Education-Formation France

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lycéens, d’universitaires et d’étudiants - qui restent fondamentales. Cet élargissement des missions avec des partenaires nouveaux imposait de donner des informations et de communiquer de façon différente : le nouveau Soleo veut répondre à ce défi.

Chacun connaît aujourd’hui les succès remportés ces dernières années par les nombreux programmes gérés par l’Agence : Comenius, Erasmus, Leonardo, Grundtvig…, mais les objectifs affichés pour le renforcement des échanges internationaux en faveur des étudiants, des enseignants et des professionnels se remarquent par leur ambition. Il ne s’agit pas de se satisfaire de notoriété et de succès passés mais de participer à une dynamique nouvelle pour une plus forte croissance de la mobilité internationale en Europe dans chacun des programmes. Nous sommes mobilisés pour cela.

Pierre GrégoryPrésident du Conseil d’administrationAgence Europe-Education-Formation France

N°22-Mars 2010

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4Soleo

Ent

reti

en

« La mobilité des étudiants ne doit pas être une exception, elle doit être la règle »

Valérie PÉCRESSE, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

n proposant à mes collègues européens, pendant la PFUE*, de retenir ce principe pour développer la mobilité étudiante en Europe, c’est aussi la

feuille de route de l’agence Europe-Education-Formation France que je traçais en décembre 2008 : faire en sorte que les étudiants français recourent à la mobilité, intègrent cette dimension internationale dans leur curriculum, diversifient l’idée de leur formation, construisent un projet d’études et d’insertion professionnelle qui accepte la mobilité ; amener le plus grand nombre, et pas seulement une minorité aisée et initiée, à intégrer cette mobilité, non comme une aimable parenthèse au sein de son cursus académique, non comme une ultime digression avant l’entrée dans la vie active, mais bel et bien comme un véritable temps de formation nécessaire et original, à une époque où la mondialisation fait de l’échange international et de la mobilité une démarche quasi-incontournable. Engagé il y a 10 ans, le processus de Bologne atteint aujourd’hui à l’échelle européenne un niveau de mise en œuvre très satisfaisant. Le succès de ce pro-cessus est incontestable puisqu’il a généré des réformes coordonnées dans la plupart des pays européens et bien au-delà. Grâce à la réforme du LMD et aux crédits ECTS (unités de valeur transférables de pays à pays), les étu-diants sont désormais à l’abri des ruptures de parcours, qui précédemment étaient le prix à payer si l’on partait en mobilité à l’étranger.

Les étudiants peuvent désormais construire un parcours académique en des lieux multiples, intégrant l’acquisition de connaissances là où elles sont développées au mieux, dans les formations et les laboratoires de pointe. Ce sont

ainsi des garanties de qualité et d’équivalence qui leur sont données : les échanges communautaires et intergouverne-mentaux sont facilités, les parcours sécurisés et validés. La démarche de VAE peut, elle aussi, être engagée, en cas de besoin, pour faire valider des expériences dans des entre-prises étrangères après un « stage Erasmus» par exemple. Je n’ignore pas que le coût financier de la mobilité est élevé pour un étudiant. Le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a d’ailleurs pris de nombreuses

mesures pour aider à financer les études à l’étranger : le montant des bourses de mobilité a été revalorisé, porté à 400 euros mensuels avec les bourses sur critères sociaux. Grâce à un effort sans précédent du gouvernement, le nombre de bénéficiaires a doublé passant de 15 000 à 30 000. Le plan de relance gouvernemental, les efforts immenses consentis à l’enseignement supérieur, l’injection dans le cadre du futur grand emprunt de plusieurs milliards d’euros dans les domaines du savoir, de la recherche et de l’innovation impactent ou impacteront directement la vie étudiante et

la possibilité d’étendre la mobilité.

Dès lors, passer de 5 % d’étudiants partant en mobilité en 2009 à 20 % en 2020, objectif que se sont assignés à Louvain en avril 2009 les 46 ministres de l’enseignement supérieur du Processus de Bologne, n’apparaît pas utopique pour la France. Les écoles d’ingénieur, les écoles de commerce, les grandes écoles ont déjà bien compris l’intérêt de la mobilité et l’inscrivent automatiquement dans les parcours de formation de leurs étudiants. Les universités leur emboîtent le pas.L’Agence Europe-Education-Formation France relaye

« Construire un parcours académique

avec des garanties de

qualité et d’équivalence »

E

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Valérie PÉCRESSEMinistre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

parfaitement ces enjeux. Avec elle, je veux inviter les étudiants - et au-delà les scolaires, les apprentis, les adultes - à développer « l’esprit mobilité » ; avec elle, je veux les convaincre que le repli sur soi, sur les fron-tières hexagonales, sur les formations françaises, quelle que soit par ailleurs leur valeur, sont aujourd’hui des attitudes à dépasser. L’absence de désir de mobilité est en effet identifiée comme l’un des principaux freins à la mobilité.

Il en va de l’attractivité de la France à l’international, de l’acquisition de compétences qui ne peuvent se développer qu’au travers de la mobilité, de la compétitivité individuelle sur le marché de l‘emploi. Car l’usage de la mobilité a changé : il ne s’agit plus de la considérer comme une étape nécessaire du processus d‘affranchissement familial ou comme un passage obligé pour l’apprentissage d’une langue étrangère courante. La mobilité aujourd’hui est un levier capital au service d’une meilleure insertion professionnelle ultérieure : elle permet, pour un jeune, d’affiner son orientation universitaire et professionnelle, elle autorise l‘acquisition de compétences nouvelles qui vont pouvoir se traduire en compétences professionnelles. Les employeurs ne s’y trompent pas, qui portent toujours un œil attentif à la mobilité des demandeurs d’emploi et qui désormais ont intégré le facteur « mobilité » comme un des éléments constitutifs des CV. Ils y voient, à raison, une preuve de la capacité d’adaptation de l’étudiant, de son ouverture, de son dynamisme, sans oublier bien sûr la valeur ajoutée que représente le fait de maîtriser une langue étrangère.

Pour toutes ces raisons, j’ai demandé à l’agence Europe-Education-Formation France de poursuivre et d’intensifier la répartition des moyens communautaires et nationaux vers les usagers (étudiants, apprentis, scolaires, enseignants, adultes) au travers du programme EFTLV (Education et formation tout au long de la vie - Erasmus pour les étudiants, Comenius pour les scolaires, Grundtvig pour les adultes, Leonardo da Vinci pour les apprentis). Mais au-delà, j’ai chargé l’agence de développer une véritable politique de

« Il en va del’attractivité de la France à l’international... de la compétitivité individuelle sur le marché de l’emploi »

promotion de la mobilité en soutien aux politiques nationales : démocratisation et normalisation de la mobilité pour tous ; information sur les mobilités par le biais de guichets uniques, par la création d’espaces de mobilité internationale permettant d’identifier toutes les opportunités possibles, développement de nouvelles formes de mobilités, comme les universités d’été par exemple ; élargissement de la mobilité à un maximum de publics de jeunes.

L’Agence Europe-Education-Formation France doit être le vecteur par lequel des milliers de trajectoires de jeunes peuvent se trouver modifiées, magnifiées, pourvues d’un sens nouveau. Je sais que je peux compter sur elle pour réussir ce challenge capital.

* Présidence Française de l’Union européenne

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Ren

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vous

2010 Année européennede lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale

L’Union européenne, en affichant cette priorité, réaffirme l’importance de la responsabilité collective et individuelle et espère un engagement des acteurs institutionnels et associatifs en Europe.Tous les indicateurs sociaux le montrent : pauvreté et exclusion sociale ont pro-gressé, même si l’Union européenne est l’une des régions les plus riches de la planète. 68 dossiers ont été retenus en France suite à l’appel à projets lancé en 2009 par la Direction générale de l’action sociale (DGAS).- A découvrir sur :www.leurope-contre-la-pauvrete.gouv.fr

28 & 29 juin 18 & 19 novembre

2010

Congrès « La mobilité internationale :la lettre et l’esprit »BordeauxCité MondialeHôtel Mercure

Organisé par l’Agence Eu-rope-Education-Formation France, le congrès s’adresse aux acteurs de l’éducation et de la formation tout au long de la vie. En premier lieu, ceux qui organisent des par-cours d’éducation ou de for-mation pour les élèves, les étudiants et d’autres appre-nants, en particulier adultes. Dans leur activité profes-sionnelle, ils prennent en considération l’opportunité des mobilités internationales et ont besoin d’en estimer la valeur ajoutée. Les 10 ans d’existence de l’agence nationale seront fêtés lors de ce congrès. - Informations sur le site : www.2e2f.fr - Contact : [email protected]

A noter sur vosagendas !ParisConférence de valorisation sur la prévention, la prise en compte du décrochage scolaire, l’illettrisme, et l’erreur d’orientation : apports de la mobilité et des projets de coopération européens.

Dans le cadre de l’année euro-péenne de lutte contre la pau-vreté et l’exclusion sociale, l’Agence Europe-Education-Formation France organise une conférence nationale en relation avec les acteurs im-pliqués dans les grands évène-ments de l’année européenne 2010.Cette conférence vise à don-ner des outils pour rendre compte de la valeur ajoutée des projets européens et à rendre visible la contribu-tion de chaque programme à l’amélioration des parcours éducatifs et de formation. Ce séminaire sera le rendez-vous anniversaire des 10 ans du programme Grundtvig qui offre aux apprenants adultes l’opportunité d’améliorer leurs connaissances et leurs compé-tences tout au long de la vie.- Contact : [email protected]

www.2010againstpoverty.eu

Grandsrendez-vous

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7Soleo

Rendez-vous

Les projets européensdéveloppent les compétences créativesRetour sur une année thématique porteuse de résultats

es projets européens du programme EFTLV constituent un terreau favorable à l’émergence de compétences créatives chez les individus. C’est ce que démontre la

récente étude d’impact2 confiée par l’agence Europe-Education-Formation France à deux universitaires toulousains, Frédéric Lagarrigue et Séverine Rouillan. Les auteurs identifient quatre compétences clés associées au processus créatif : les compétences liées à l’imagination, à la communication, à la collaboration et à la distanciation/adaptabilité. Ils remarquent par ailleurs que le cadre formel des projets européens permet de valoriser les dynamiques, collectives et transdisciplinaires, de la créativité.

Que ce soit la coréalisation d’un film entre plusieurs lycées en Europe (Comenius), la création d’un master d’excellence en urbanisme qui accueille des étudiants du monde entier (Erasmus Mundus), le suivi d’apprentis en stages dans des entreprises à l’étranger (Leonardo da Vinci) ou l’animation de débats de groupes de parents de différentes nationalités (Grundtvig), tout projet européen aide à construire des compétences qui concourent au développement de la créativité des personnes et par là, des personnes elles-mêmes.En effet, dans ce type de projet, l’équipe, par nature multiculturelle, associe des personnes de plusieurs disciplines ou de différents secteurs professionnels. Dans ce contexte, la pluralité des

approches et la diversité des pratiques professionnelles ouvrent singulièrement le champ des possibles et libèrent l’imaginaire. Sortir de son cadre de référence habituel est un des atouts des projets européens. Cependant, le projet ne peut progresser qu’en suivant une logique plus convergente, c’est-à-dire la définition de règles du jeu communes. En ce sens, savoir argumenter, intégrer d’autres points de vue, proposer des solutions inédites, illustrent les compétences collaboratives orientées vers un objectif fédérateur.

L’étude d’impact comporte une carte heuristique3détaillée de ces quatre compétences clés, déclinées en savoirs, attitudes et aptitudes. C’est un outil simple mais précieux qui permet de mieux formaliser les apports d’un projet européen en termes de développement de compétences, mais qui propose aussi une base de réflexion pour tout projet qui place la créativité au cœur de son action.

Pour répondre efficacement aux évolutions économiques et sociales, la capacité à innover est l’un des enjeux majeurs de l’Europe de demain. L’année européenne 2009, centrée sur la créativité et l’innovation, a témoigné de l’importance de cette question, notamment dans les domaines de l’éducation et de la formation. A cet égard, le programme européen EFTLV1 (Comenius, Leonardo da Vinci, Grundtvig et Erasmus) encourage depuis plusieurs années des formes novatrices d’apprentissages dans le cadre de projets de partenariats et de mobilités transnationales.

1 - Programme Education et Formation Tout au Long de la Vie2 - Etude d’impact sur le développement des compétences liées à la créativité des personnes dans les programmes européens EFTLV 2007-2013. Synthèse de l’étude d’impact à consulter sur : http://www.2e2f.fr/creativite-innovation.php3 - Carte heuristique des compétences créatives à consulter sur le site : http://www.2e2f.fr/creativite-innovation.php

L

Sylvie ThomasAgence Europe-Education-Formation France Programme Comenius

Quatre compétences-clé, déclinées en savoirs, at-titudes et aptitudes ont émergé du séminaire « Des pépinières de créativité », des 19 et 20 novembre

2009 à Lyon :

- Compétences

collaboratives

- Liées à l’imagination

- De distanciation

et d’adaptabilité

- Liées à la communication

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Entretien avec Hélène Clark, Directrice « Éducation et Culture » à la Commission européenne

Recréer le succès d’Erasmus à une plus large échelle dans tous les contextes d’apprentissage

L’Union européenne, à travers un ensemble de programmes, d’outils et d’initiatives soutient

la mobilité des jeunes dans des secteurs tels que l’enseignement supérieur, la recherche, l’éduca-tion et la formation professionnelle, l’apprentis-sage, l’enseignement secondaire, la jeunesse et le volontariat, la sphère culturelle, les jeunes entre-preneurs et la société civile.

L’exemple le plus connu du soutien européen à la mobilité à des fins d’apprentissage est le pro-gramme Erasmus pour l’enseignement supérieur. Depuis sa création, plus de 2 millions d’étudiants européens sont partis dans une autre université eu-ropéenne. La mobilité transnationale demeure pourtant l’ex-ception plutôt que la règle – même pour l’ensei-gnement supérieur – et reste plus accessible à cer-tains groupes, comme les étudiants, qu’à d’autres,

tels que les apprentis et les jeunes en formation professionnelle. En 2006, 310.000 jeunes ont sé-journé à l’étranger dans le cadre de programmes européens, soit 0,3% de la classe d’âge des 16-29 ans dans l’Union. Cela nous dit clairement qu’on peut mieux faire dans ce domaine.L’intention de la Commission européenne est au-jourd’hui de recréer le succès d’Erasmus à une plus large échelle, et de s’adresser désormais à l’ensemble des jeunes dans tous les contextes d’apprentissage, à l’école (Comenius), en entre-prise ou en formation professionnelle (Leonardo da Vinci, Erasmus pour jeunes entrepreneurs), dans des situations de bénévolat ou d’échanges (Jeunesse en action).

Grâce à la mobilité, les établissements d’enseignement et les entreprises développent leur dimension internationale

Du Livre vert à l’initiativeeuropéenne sur la mobilitédes jeunes européens

Union européenne

«

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*Livre vert sur la promotion de la mobilité

des jeunes à des fins d’apprentissageInformations :

http://ec.europa.eu/youth/focus/focus1538_

fr.htm

Il s’agit de promouvoir une mobilité structurée, en lien avec des objectifs d’apprentissage spécifiques, se dérou-lant au sein d’un même secteur ou entre des secteurs différents (mobilité écoles/entreprises, enseignement professionnel /enseignement supérieur).La mobilité – sortir de son environne-ment habituel – est bénéfique à l’indi-vidu. Les jeunes y trouvent l’occasion d’acquérir de nouvelles connaissances académiques et professionnelles mais aussi d’améliorer leurs compétences lin-guistiques et interculturelles, d’élargir leur horizon et de développer un senti-ment d’appartenance et de citoyenneté européennes.Grâce à la mobilité, les établissements d’enseignement, les entreprises déve-loppent leur dimension internationale et rénovent leurs programmes d’enseigne-ment et de formation. Pour les écono-mies européennes, il s’agit de remettre à niveau les compétences des actifs et de mieux les préparer aux mutations ra-pides du marché du travail.Les échanges et les expériences interna-tionales peuvent être à la fois un antidote à la xénophobie et à l’isolationnisme, ce

qui est particulièrement d’actualité en cette période de crise.

3000 jeunes ont répondu à la consultation publique du Livre vertLa Commission a adopté, en juillet 2009, un Livre vert* sur la mobilité des jeunes à des fins d’apprentissage (net succès de la consultation pu-blique avec plus de 3000 réponses de jeunes). Le Président Barroso a fait de la mobilité des jeunes une des priorités de son deuxième mandat : il propose d’étendre les instruments existants tels qu’Erasmus dans le cadre d’une nouvelle initiative de l’UE pour qu’en 2020, tous les jeunes européens aient la possibilité d’effectuer une partie de leur parcours de formation dans d’autres États membres. L’initiative « Jeunesse en Mouvement » contri-buera à la promotion de la diversité culturelle, du dialogue interculturel et de l’apprentissage multilingue».

Hélène CLARK Directrice générale de l’Éducation et de la Culture Education et Formation tout au long de la vie Domaines politiques et programmeCommission européenne

L’essentiel

2 millionsd’étudiants européens ont bénéficié du programme Erasmus depuis sa création, en 1987

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Zo

om

Valider les acquis pour enrichir des parcours personnels et professionnels

Copenhague en 2002, les Ministres de l’Education ont demandé que soient

développés des Principes communs concernant la validation des appren-tissages non formels et informels « en vue d’assurer une meilleure com-parabilité entre les approches mises en place dans différents pays et à diffé-rents niveaux ». Adoptés en 2004, ils sont aujourd’hui une nouvelle étape avec la proposition aux Etats membres d’un Guide européen pour la valida-tion des acquis non formels et informels pour les ai-der à mettre en œuvre concrètement des dispositifs de validation de qualité et d’assurer un accompagnement compétent des candidats. L’impact de ces initiatives est mesuré par des points réguliers réalisés par ECOTEC, le « European Inventory »1. La progression de la validation est facilitée par la ré-férence accrue aux résultats d’apprentissages (learning outcomes) permettant d’établir des liens entre les ob-

jectifs d’un programme de formation et ce qui a été effectivement appris par un candidat, quels que soient le lieu et les modalités d’apprentissage, et par la mise en place de Cadres na-tionaux permettant de situer les cer-tifications les unes par rapport aux autres. En outre, le développement de systèmes de crédits (ECTS pour l’enseignement supérieur et ECVET pour la formation professionnelle) basés sur la langue commune que représentent les résultats d’appren-

tissage rendent plus aisées les validations partielles de certifications et l’organisation de parcours flexibles d’acquisition des compléments nécessaires à l’obtention de certifications complètes.Dans ce contexte, la France joue un rôle moteur pour les autres pays compte-tenu de la législation qu’elle a développée à partir de 1985 autorisant l’accès à tous les niveaux de l’enseignement supérieur sur la base de l’expérience. Depuis, un pas décisif a été franchi avec la

Les repères essentielspar Michel Feutrie, expert de Bologne

« Rendre possible l’attribution de la quasi-totalité

des certifications, uniquement

sur la base de l’expérience »

A

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11Soleo

Zoom

Le désir de mobilité des étudiants n’a jamais été aussi fort. Les données chiffrées Erasmus 2008/2009 montrent qu’Erasmus mobilité d’études et surtout Erasmus mobilité de stage sont en progression. + 2278 départs d’étudiants Erasmus en 2008.

28823départs d’étudiants Erasmus en2008-2009(2878 de plus qu’en 2007-2008)

loi de 2002 créant un droit à la validation pour les individus et rendant possible l’attribution de la quasi totalité des certifications, uniquement sur la base de l’expérience. La France a ainsi démontré, en vraie grandeur, la « faisabilité » d’un dispositif généralisé. Environ 60 000 dossiers sont traités chaque année par les établissements des différents ministères certificateurs, 5000 pour l’enseignement supérieur et de

plus en plus d’entreprises intègrent cette disposition dans leur gestion des ressources humaines. Mais on commence à mesurer un certain essoufflement qui est sans doute lié à l’épuisement d’une catégorie de candidats. Nous allons maintenant entrer dans une nouvelle phase où la validation va devenir davantage un instrument d’accompagnement des parcours personnels et professionnels marqués par des reconnaissances officielles

des acquis, le plus souvent partielles (par des crédits, des unités). Cette perspective s’inscrit dans un des ob-jectifs affichés par le Conseil qui souhaite le renforcement par les Etats d’ici 2020 de stratégies de formation tout au long de la vie. Pour cela, « il est nécessaire de s’employer

à établir des Cadres de qualifications natio-naux sur la base des acquis pertinents et à les relier au Cadre européen des certifications ; à mettre en place des parcours de formation plus flexibles et à renforcer la transparence et la reconnaissance des acquis de l’éduca-tion et de la formation »2.

Progression de la mobilité étudiante Erasmus

Michel FeutrieMaître de conférences Universitéde Lille 1Expert de BolognePrésident du réseau EUCEN(European University Continuing Education Network)

1 - Ces inventaires sont disponibles sur le site Ecotec : www.ecotec.com/europeaninventory/2 - Enseigner et apprendre : vers la société cognitive

Soleo, nouvelle formule !> Par email à l’adresse suivante : [email protected]

> par voie postale à l’adresse suivante : Agence Europe-Education-Formation France Soleo magazine 25, quai des Chartrons 33080 Bordeaux Cedex

Ecrivez à la rédaction,faites-nous part de vos remarqueset de vos suggestions :

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image « auberge espa-gnole » qui semblait coller au programme

Erasmus, et parfois jusqu’à la cari-cature, est maintenant contrecarrée par le ressenti des étudiants. Aux prétendus clichés « d’année uni-versitaire sabbatique », les étu-diants répondent plutôt «insertion professionnelle ». La chance de pouvoir se former en entreprise lors d’un stage Erasmus et la garantie d’une reconnaissance de cette mobilité dans le cursus sont devenus la priorité des étudiants. Ils savent que l’expérience à l’international est désormais un atout majeur sur leur CV pour décrocher un premier emploi. Du coup, 1334 étudiants supplémentaires se sont porté candidats à ces stages, en 2008/2009.

Au premier semestre 2009, l’agence nationale a mandaté le cabinet Europe Project pour qu’il évalue le profil de ces nouveaux stagiaires après la première année d’expérimentation du dispositif. Le questionnaire de l’étude envoyé à 1490 étudiants, avec 17 % de réponses,

fait apparaître les premières tendances.Les stages Erasmus en entreprise ont majoritairement une durée de 2 à 6 mois. Les pays les plus fréquentés sont le Royaume-Uni (pour ¼ d’entre eux),

l’Allemagne et l’Espagne ; le classicisme des destinations s’explique probablement par une proximité géographique qui ras-sure (pays les plus connus des Français pour les voyages de loi-sirs et les séjours linguistiques organisés en milieu scolaire).

40% des étudiants suivaient un Master 2 au moment de leur départ en stage. Plus le niveau d’études est élevé, plus

les étudiants partent en stage avec un doublement du nombre de jeunes partis en stage, entre le Master 1 et le Master 2.Il existe des niveaux d’études que l’on peut considérer comme professionnalisants au regard du nombre de stages effectués au cours de ces années : c’est en licence (bac + 3) et en Master 2 (bac + 5) que l’on effectue le plus de stages.

- 75% des étudiants qui partent en stage Erasmus sont inscrits dans des universités ou des écoles d’ingénieurs. Pour leurs stages, les étudiants ciblent les structures vers lesquelles ils pensent se diriger au moment de leur insertion professionnelle.

Zo

omLe stage Erasmus en entrepriseLe profil des étudiants qui partent

« Les jeunes recherchent une réelle

immersion dans les équipes de

travail »

Résultats de la première étude d’impact réalisée au premier semestre 2009

L’De 3 à 12 mois maximum, dans le cadre d’une convention de stage Erasmus signée entre l’étudiant, l’établissement d’envoi et l’entreprise d’accueil. Le stage est reconnu par l’attribution de crédits ECTS ou par le Supplément au diplôme.

Plus d’information sur ce dispositif et les bourses allouées auprès du service des Relations internationales des établissements.

Erasmusstage en entreprise

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Progression des stages étudiants en entreprise

- Un tiers des stagiaires trouvent leur stage par l’intermédiaire de leur établissement (base de données, contact avec les « anciens ») et un autre tiers par relations.- Pour 89% des stages, leur contenu avait été défini préalablement et pour 89,5% des étudiants ce contenu avait été fidèlement respecté au cours du stage. Il est clairement établi, au vu des résultats collectés, que la définition préalable du contenu du stage améliore l’impact de cette expérience pour l’étudiant.- 95% des stagiaires jugent leur stage globalement satisfaisant ou très satisfaisant. Lorsque tel n’est pas le cas, les raisons invoquées sont extraprofessionnelles ou liées au déroulement du stage (calendrier du stage décalé par une subvention arrivée en retard par exemple). A contrario, la raison

principalement citée pour expliquer un stage très satisfaisant est l’intégration du stagiaire dans l’équipe de travail ; les jeunes recherchent en premier lieu une expérience humaine et une réelle immersion dans les équipes.- 60% d’entre eux jugent leur stage formateur, notamment en matière d’amélioration du niveau dans la langue étrangère pratiquée au cours du stage (80%), d’acquisition de compétences (71%), de comportements professionnels (60%) et de confiance en soi (pour 34%) ».

4723stagiaires en 2008 / 2009au départ de la France

Zoom

2 millionsd’étudiants européens ayant bénéficié du programme Erasmus depuis sa création, en 1987.

+8,8 %

+37,41 %

d’étudiants Erasmus français en 2008/2009.

d’enseignants français du premier et du second degré ont reçu une bourse de formation continue Comenius pour partir se former en Europe, en 2008.

Laurent LascrouAgence Europe-Education-Formation FranceProgramme Erasmus

Les étudiants ont la possibilité d’effectuer un stage en entreprise en Europe. Cette mobilité de stage, initiée dans le programme Leonardo da Vinci relève, depuis 2007, du programme Erasmus.

2004 / 2005

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2062

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2005 / 2006 2007 / 2008 2008 / 2009

LEONARDO DA VINCI ERASMUS

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Evolution de l’offre de formations internationalesd’excellence financées par le programme Erasmus Mundus

« Erasmus Mundus, je connais très bien, c’est un programme renommé dans le monde entier » af-firme Caroline en souriant. Elle est australienne et vient d’être diplômée en droit à Melbourne. Dans le monde entier, oui. Mais auprès des étudiants français ?

A la rentrée 2010, l’offre de formations internationales, sélectionnées pour leur excellence et financées par le programme Erasmus Mundus, s’élève à 116 masters et 13 doctorats. Ces cursus sont ouverts à tous les étu-diants, quelle que soit leur nationalité. Avec, à la clé, des bourses plutôt attractives pour les Européens, et donc pour les Français : entre 10 000 et 23 000 euros selon la durée du cursus et les pays d’études (incluant le soutien aux frais d’inscription).

Perrine, 24 ans, a fait le choix d’Erasmus Mundus dès 2008. Elle effectue actuellement, à l’université de Wageningen aux Pays-Bas, la 2e année du master international en développement rural (www.imrd.ugent.be). Un cursus dont elle avait entendu parler par d’anciens étudiants de son école d’ingénieur (Agrocampus Ouest). Si elle a choisi Erasmus Mundus, c’est « pour obtenir un vrai diplôme international, et aussi pour perfectionner son anglais et ses connaissances en sociologie ». Son conseil : « si la sélection et l`inscription restent des moments difficiles, le reste en vaut la peine! ».

La sélection des étudiants étant basée sur l’excellence, la concurrence est rude. Il est donc recommandé de se renseigner le plus tôt possible sur les modalités de candidature au cursus de son choix, de préférence dix mois avant le début des cours.

> http://www.2e2f.fr/etudier-en-mundus.php

61cursus de master Erasmus Mundus (plus de la moitié)impliquent au moins un établissement français d’enseignement supérieur.

Masters et doctorats Erasmus Mundus

S’orienter vers un cursus d’excellence

à vocation internationale

Emmanuelle GardanAgence Europe-Education-Formation FranceProgramme Erasmus Mundus

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Trois questions à Tristan Klein,chargé de l’enquête« Les métiers en 2020 »au Centre d’analyse stratégique

Tristan Klein est chef de projet « Prospective des métiers et des qualifications » au Centre d’analyse stratégique. Le groupe interministériel et pluri-annuel « Prospective des métiers et des qualifications » (PMQ) réunit, outre la DARES1 et la DEPP2 qui produisent directement des éléments de modélisation statistique, l’INSEE, le CEREQ3 et le Pôle Emploi.

Retrouvez l’intégralité de l’entretien avec Tristan Klein sur : http://soleoweb.2e2f.fr

Orientation-Insertion

Soleo : A quoi ressemblera le marché de l’emploi dans cinq ou dix ans ?

Les métiers de demain seront pour partie les métiers d’aujourd’hui, parce que les dynamiques à l’œuvre sont assez lentes, dans la mesure où elles reposent sur les tendances démographiques. Les métiers les plus dynamiques en termes de création d’emplois se situent dans le champ du secteur médical, médico-social (infirmières, aides-soignantes, assistantes maternelles) et de l’aide à domicile, du secteur du transport et de la logistique, du secteur administratif.Au cœur des projections 2015, le point fondamental est celui des mutations démographiques. Un actif sur trois va partir à la retraite à l’horizon 2015. Cela représente un choc démographique très im-portant sur l’emploi.Viennent ensuite les métiers du commerce et de la vente, et les métiers de la construction, un secteur qui va bénéficier de la croissance verte grâce à l’impact des investissements publics même si aujourd’hui, il souffre particulièrement de la crise.

Soleo : L’esprit mobilité et les compétences transversales seront-ils appréciés ?

Il est encore difficile d’identifier les compétences transversales et leurs débouchés opérationnels sur le marché du travail. Je par-lerai plutôt de « compétences transférables » dans une perspec-tive de mobilité professionnelle. Le véritable enjeu est celui de l’identification, de la transférabi-lité (en France et sur le marché du travail européen, internatio-nal) et du signalement de ces compétences transversales. La mobilité géographique reste aujourd’hui très largement concentrée dans des moments bien ciblés de la vie d’un indi-vidu : au moment des études ; à la sortie immédiate des études ; à la retraite. Elle est beaucoup plus rare au milieu de la vie profes-sionnelle.On manque de données sur les populations qui ont connu une mobilité dans le cadre de leur parcours d’études. Il faudrait effectuer un suivi de cohortes, mais le phénomène n’a pas encore suffisamment d’ampleur pour être repéré par les appareils statistiques usuels.

Soleo : Qu’apporte la mobilité dans une démarche d’insertion ?

Dans la mobilité étudiante, il y a toute la capacité à s’ouvrir, à découvrir une autre culture, à ap-prendre une autre langue. La ca-pacité des jeunes Erasmus à être mobiles géographiquement est le signe d’une capacité d’adap-tation, de compétences transver-sales permettant de se position-ner sur différents métiers. Mais il y a un équilibre à trouver entre l’expertise et l’adaptabilité. C’est tout le dilemme de la mobilité et de l’employabilité. Une expé-rience à l’étranger dans la durée et dans un parcours académique cohérent, construit, donnera une image claire et démontrera une capacité d’insertion. Il faut évi-ter le saupoudrage, les mobilités courtes et multiples qui donnent une image d’instabilité et d’in-certitude aux employeurs.

Propos recueillis par Emmanuelle Gardan,Agence Europe-Education-Formation France, programme Erasmus Mundus.

1- DARES : Direction de l’Animation, de la Recherche, des Etudes et des Statistiques2 -DEPP : Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance3 -CEREQ : Centre d’Etude et de Recherche sur les Qualifications

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Plus d’Europe et d’international,c’est « l’esprit mobilité »

L’éducation libérale nous prépare à vivre en tant que personnes responsables, productives et créatives dans un environnement en changement perpétuel.

C’est un mode éducatif qui encourage la résilience intellectuelle, le goût pour l’apprentissage tout au long de la vie et l’acceptation de nos responsabilités face aux conséquences éthiques de nos actions. L’étudiant apprend à réfléchir, à s’exprimer de manière rigoureuse, à composer avec la complexité, la diversité et le changement ».

L’université de Gotland (Suède) met en œuvrele concept humaniste de

Explication de la Vice-Chancelière de l’université, le professeur Karin Bengtsson

« Liberal Education »

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Île de Gotland, Suède

« Aider les étudiants à comprendre

la complexité du monde et à se préparer à leurs futures

responsabilités sociétales »

ernière née des universités suédoises, créée en 1998 sur une île du même nom,

à 90 km de Stockholm, Gotland offre actuellement un enseignement de niveau « undergraduate » dans diverses disciplines. Elle attire les étudiants qui recherchent à la fois une expérience éducative et une expérience de vie communautaire où chaque individu est pris en compte selon le modèle américain du « Liberal Arts Education ». Il faut dire que l’île viking a de quoi attirer. Inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, elle possède les remparts médiévaux les mieux préservés au monde et des sites naturels à couper le souffle. Mais ce n’est pas tout. Les étudiants étudient aussi. Beaucoup.

Dans un large éventail de disciplines scientifiques, littéraires, culture et société, dont les plus recherchées sont l’archéologie et la conception de jeux éducatifs et ludiques, l’étudiant peut choisir des cours à la carte, tout en suivant des enseignements obligatoires, comme les exercices systématiques pour renforcer ses compétences, apprendre à s’ouvrir à de nouvelles perspectives personnelles, maîtriser parfaitement l’art de l’expression écrite et orale. L’implication des enseignants est forte.

L’étudiant est suivi hebdomadairement dans son projet d’apprentissage par un plan de développement individualisé qui rend compte de ses progrès et de ses réalisations. Il quittera l’université muni d’un portfolio affichant ses compétences, sur le mode de l’Europass, pour poursuivre des études ou rechercher un emploi. « L’éducation libérale » a été mise en place sur l’ensemble du campus à l’au-tomne 2009 avec le défi majeur de mener simultanément plusieurs réformes : évo-lution du rôle et des responsabilités des enseignants, de la structure et du calen-drier des enseignements, modifications

des équipes pédagogiques et ce, avec un budget inchangé, ce qui représente aussi un vrai challenge.7000 étudiants sont inscrits à Gotland. 2600 vivent sur le campus et 4400 suivent des enseignements à distance, un mode d’apprentissage où l’université a joué un rôle très actif depuis sa création.

> Plus d’informationshttp://game.hgo.se/liberal-education

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Karin BengtssonVice-chancelière de l’université de Gotland

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epuis 1988, le programme « Un an en France », permet à des élèves suédois du second degré d’effectuer une année de scolarité dans un lycée français. Internes la semaine, ils sont accueillis

durant le week-end et les vacances scolaires dans une famille française pour vivre en direct sa langue et sa culture. De l’avis de ces élèves, si le programme permet l’amélioration de leur français dans les disciplines fondamentales de leur cursus, il conduit avant tout à un véritable développement personnel. Les élèves l’affirment :« nous y avons gagné en maturité et en une certaine indé-pendance et du point de vue social, nous savons aborder les situations imprévues de manière plus originale. Et puis, nous nous sommes trouvé des amis pour la vie. »

En 1988, « Education européenne », était une initiative des ministres français et suédois de l’éducation ainsi que de deux associations de professeurs de langues (FLF www.fransklararforeningen.com et LMS www.lms-riks.se). Vingt-deux ans plus tard, le programme aura envoyé près de mille élèves étudier en France. L’élève, qui doit maîtriser la langue française, suit la classe qui correspond à son curriculum et son séjour est totalement validé.

Lena MilaniCoordinatrice du programme à l’agence nationale suédoise (Internationella programkontoret för utbild-ningsområdet)

> Les lycées français qui souhaitent accueillir un élève suédois doivent contacter le CIEP (www.ciep.fr).

PaulineAssistante Comenius

Echanges franco-suédoisdans le second degré

FrançoisAssistant Comenius

Ma première impression fut que les élèves ne travaillaient pas vraiment, pourtant les résultats sont bons et l’intérêt porté aux cours est plus grand que celui que j’ai pu observer en France lorsque j’étais moi-même élève. Le second point qui diffère beaucoup de la France est que les élèves ne sont pas poussés au travail par la présence de l’enseignant. Je crois que c’est la raison pour laquelle le travail en autonomie fonctionne vraiment mieux qu’ici.

Les élèves suédois semblent être trop « couvés », poussés trop tardivement vers une autonomie. Cela est peut-être dû au fait qu’ils restent dans un schéma de type école primaire jusqu’à l’âge de 13-14 ans. Jusqu’à cet âge ils n’ont qu’une enseignante, une salle de classe unique, un emploi du temps établi quotidiennement par l’enseignante.

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« une expérience humaine inestimable »

C’ est Marcel Musabimana qui le dit. Il a été élu, cette année, 2 millionième étudiant Erasmus.À 23 ans, après le succès de son stage Erasmus en Roumanie, chez Total, Marcel Musabimana est rentré en France poursuivre sa formation de responsable de production, en alternance, à Paris, dans l’entreprise Bostik-Coubert, filiale de Total. On lui a confié des responsabilités d’animateur en « Lean and manufacturing » qui implique le personnel dans des processus d’amélioration continue.

Pour Soleo, il revient sur son expérience roumaine.

Les a priori cèdent« Je m’attendais à découvrir un pays de l’ex URSS, sous-développé, comme on s’en fait l’idée via les médias de manière générale : des gens habillés de façon traditionnelle dans un pays d’un froid glacial, à l’affût des touristes pour faire de petites affaires et avec des « Renault 12 » partout. La réalité fut tout autre et quant aux R12, je n’en ai pas vu du tout, plutôt des voitures européennes de dernière génération. Au fond de moi, en fait, sans me l’avouer, je savais que j’y allais aus-si un peu pour bousculer les idées reçues, d’autant que la Roumanie n’étant pas un pays de « l’immigration », je savais que les Roumains n’avaient probablement pas eu l’occasion de côtoyer des personnes de couleur. J’étais curieux de connaître leurs réactions. La majorité des gens étaient estomaqués de me voir et n’avaient qu’une envie : me par-ler et même me toucher pour certains. »

L’entreprise en direct« Cette expérience professionnelle n’était pas tout à fait la première. J’avais déjà effectué, en 2008, un stage de 3 mois, suivi d’un contrat de 4 mois dans une entreprise de construction de navires militaires français à Brest. Mes deux tuteurs roumains, respectivement responsables de production et directeur général adjoint, m’ont mis à l’aise tout de suite en me confiant une mission d’ordre managérial et technique, avec de vraies responsabilités, ce qui m’enchantait. Pour l’honneur, je me sen-tais obligé de la mener à bien. Je me suis donc beaucoup investi ce qui m’a aidé à mon retour « à vendre » mon expérience pour décrocher ma formation en alternance.

Fontaine du centre-ville de Bucarest

Pourquoi la Roumanie ?« Je voulais faire un stage à l’étranger dans un pays atypique. Le genre de pays auquel on ne pense pas forcément comme l’Espagne ou la Grande Bretagne.Je ne me faisais aucune idée du pays. Quand, par l’intermédiaire de l’IPI (Institut Supérieur de Promotion Industrielle – Châlons-en-Champagne) où j’effectue mes études, j’ai appris qu’il y avait une occasion d’y effectuer un stage, je me suis dit que j’y serais dépaysé et c’est ce qui me plaisait. »

Marcel Musabimana

TémoignageMon stage Erasmus en Roumanie :

Petite maison bleue de Sighet, Roumanie

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Savoir-faire et savoir-être« J’ai découvert qu’occuper les postes à responsabilités pouvait se résumer, à mon échelle, à la résolution de problèmes humains : impliquer le personnel, le motiver, l’encourager et reconnaître son travail. Quand on a 23 ans, il faut paraître crédible face aux salariés plus âgés, qui connaissent le métier, ne parlent pas la même langue, malgré l’anglais qui rapproche. D’une manière générale, être « diplomate » et « compétent » m’a été très utile. En septembre 2010, j’aurai les compétences et l’expérience de terrain nécessaires pour rechercher un poste de responsable de production qui est le chef d’orchestre de l’entreprise, celui qui garantit les délais, le coût et la qualité des produits.

Convaincre les étudiants qu’il faut partirOn a tout à gagner en partant à l’étranger en stage Erasmus. C’est une façon efficace et rapide de mûrir, par la débrouille, par la rencontre d’une autre culture et de gagner en esprit d’autonomie de manière générale, avec une bourse qui permet de vivre. C’est une expérience humaine inestimable, la seule bonne occasion dans la vie d’avoir droit à l’erreur et de tirer parti de ces erreurs. Il reste ensuite à savoir bien « vendre » ses acquis. »

Tina Saric, directrice de l’agence pour la mobilité et les programmes européens à Zagreb, confirme que le LLP* insuffle force et vitalité sur tout le système éducatif.La dynamique a commencé.

Le système éducatif croate s’est considérable-ment modifié et amélioré au cours de ces der-

nières années. La plupart des réformes engagées cher-chent à améliorer la qualité de l’enseignement en offrant aux équipes éducatives la possibilité de se former en continu. La participation de la Croatie aux programmes communautaires – Education et Formation tout au long de la vie (LLP) et Jeunesse en action (Youth on the move) est un des leviers de ce changement.En Croatie, la mise en œuvre des programmes européens a commencé en 2009, de manière restreinte, en impliquant

les équipes éducatives dans différents types de forma-tions professionnelles, ce qui est complètement en phase avec la politique éducative croate qui considère qu’in-vestir sur le capital humain est l’une des clés de réussite d’une éducation de qualité.

Notre première année de participation au programme LLP a eu des effets très positifs, même si elle n’a concerné que quelques organismes et les premiers bénéficiaires ont très vite partagé, avec leurs collègues, leurs expériences et compétences nouvellement acquises. L’information sur

La Croatie compte sur un effetdomino des programmes européens, dans tous les secteurs

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Église orthodoxe de ClujNapoca,Roumanie

* Lifelong Learning Programme

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urope« Investir

sur le capital humain est une clé de

réussite dans l’éducation »

ces nouvelles opportunités de formation a bien circulé de même que leurs effets bénéfiques sur les institutions, ce qui fait que les candidats au programme LLP sont de plus en plus nom-breux, même s’il subsiste encore des craintes quant aux procédures de candidatures pour l’obtention de financements.

Avec ce nouveau programme européen, la coo-pération internationale est maintenant perçue, aussi bien par les bénéficiaires potentiels qu’au niveau politique, comme un moyen d’apporter de la plus-value aux enseignements, aux institutions et aux individus. Il est synonyme de financements et de progrès ; il stimule les équipes, éveille l’intérêt des étudiants et apporte des bénéfices en termes de savoirs, de savoir-faire et de compétences.

Avec la crise économique où personne n’est à l’abri, avec le nombre croissant de personnes sans emploi, les financements européens vont nous permettre d’investir dans l’acquisition de nouvelles compétences profession-nelles pour favoriser l’employabilité pour tous, tout au long de la vie.

Nos attentes sont ambitieuses. Depuis que les programmes touchent tous les secteurs, de l’école aux adultes, il faut s’attendre à des changements à tous les niveaux de notre système éducatif. La vie de chacun en sera plus dynamique, plus intéressante, plus active et productive et tous les secteurs sociaux tireront parti de ce développement professionnel. Il

suffit d’une personne pour enclencher le changement. Un seul enseignant peut changer la vie de nombreux étudiants et la vie d’une institution tout entière. Une personne peut en influencer des centaines. Une bonne idée suffit pour commencer.

C’est ce que nous attendons : un effet domino des bonnes idées apportant vitalité et force dans notre sys-tème éducatif et par là même dans toute la société.

Tina Saricdirectrice de l’Agence pour la mobilité et les programmes européens à [email protected] - www.mobilnost.hr

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Panorama de la ville de Zagreb, Croatie

> Sur internet à l’adresse suivante :www.2e2f.fr/publications.php

CivilitéNomPrénomFonctionNom de l’organismeAdresse CPVilleAdresse email

> par voie postale à l’adresse suivante :Agence Europe-Education-Formation FranceSoleo magazine25, quai des Chartrons33080 Bordeaux Cedex

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Motiver et accompagner les jeunes dans une démarche de mobilité

Les régions ont trouvé des solutionsa mobilité internationale est un champ que les Conseils régionaux ont investi depuis longtemps.

Outre des aides financières croissantes, plusieurs Régions se sont lancées dans la mise en place de structures d’accompagnement de la mobilité.SOLEO a choisi de présenter trois initiatives : en Aquitaine, Auvergne et Rhône-Alpes.Ces trois dispositifs ont en commun de viser prioritairement les publics relevant directement des compétences régionales, apprentis et stagiaires de la formation professionnelle ; d’agir sur la sensibilisation et les motivations des jeunes ; et de mieux accompagner les établissements par la mise en

place de « référents mobilité » maillant le territoire.D’ouest en est, tour d’horizon de ces approches régionales – qui ne se résument plus seulement à des bourses mais s’attachent à créer les conditions de proximité pour donner envie et accompagner jeunes et encadrants dans leurs démarches.

> Pour aller plus loin :- Aquitaine – [email protected]://cap-mobilite.aquitaine.fr (en construction)- Auvergne – [email protected] Rhône-Alpes – [email protected]

> Aquitaine Cap MobilitéLa plateforme de la Région Aquitaine vise à décupler le nombre de jeunes en mobilité dans le cadre d’un projet de for-mation visant l’insertion professionnelle. Aquitaine Cap Mobilité concerne les pu-blics des Missions locales, les apprentis, les demandeurs d’emploi en formation professionnelle continue. L’enjeu : le développement économique du territoire aquitain. Porté par le Conseil régional avec l’aide d’un prestataire, Aquitaine Cap Mobilité agit sur l’envoi et l’accueil de ces publics en s’appuyant sur les secteurs écono-miques clés du territoire : aéronautique, tourisme, TIC, agroalimentaire.Le dispositif fait appel à un cofinancement FSE et aura permis en 18 mois à près de 850 jeunes de bénéficier d’une mobilité à l’étranger.

AQUITAINE AUVERGNE RHÔNE-ALPES

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> Schéma régional pour le Développement de la Mobilité européenne en AuvergnePiloté en direct par le Conseil régional d’Auvergne, le Schéma s’appuie sur un large partenariat (chambres consulaires, ANFA1, CARIF-OREF2, Pôle Emploi, Rectorat, AGEFOS-PME3, etc.). Il ac-compagne 46 lycées professionnels, CFA, organismes de formation et missions lo-cales de tous secteurs d’activité, volon-taires pour s’engager dans une démarche de mobilité. La Région a fait le choix d’un accompagnement de proximité en formant des référents – aujourd’hui un réseau actif de soutien des établissements dans leurs démarches de mobilité – et mis l’accent sur la sensibilisation des entreprises. La phase expérimentale du Schéma, cofinancée par le programme européen PROGRESS, a été relayée début 2010 par un cofinancement FSE pour le déploiement du dispositif.

> Plateforme régionale pour la mobilité internationale des apprentis en Rhône-AlpesRhône-Alpes est connue pour ses efforts en faveur de la mobilité des étudiants. A la suite de travaux menés avec des Régions européennes partenaires, le Conseil régional a souhaité également dynamiser la mobilité des apprentis. La plateforme régionale vise à enrichir le parcours de formation des apprentis tout en contribuant à lever les freins qui existent encore sur les plans pratique, linguistique, juridique ou psychologique.La plateforme, agissant comme point de contact unique, associe les différentes compétences présentes dans la région, des chambres consulaires, de la DRAAF aux branches de l’automobile, du bâtiment et de la métallurgie, et s’inscrit dans le cadre du projet cofinancé par le fonds d’expérimentation du Haut Commissariat à la Jeunesse.

1 - ANFA : Association Nationale pour la Formation Automobile 2 - CARIF-OREF : Centre d’Animation et de Ressources d’Informations sur la Formation - Observatoire Régional sur l’Emploi et la Formation 3 - AGEFOS-PME : premier gestionnaire privé des fonds de la formation professionnelle en France

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Jean Vanoye s’appuie sur son expérience au CESR et au sein de la FREREF pour livrer un regard inhabituel sur la mobilité. Terme polysémique, « Mobilité » caractérise plus fréquemment des moments d’un parcours personnel ou professionnel souvent subis : décrochage scolaire, chômage, etc. Or, il y a un continuum à créer de la mobilité géographique aux multiples mobilités qui jalonnent nos trajectoires – pour construire une « mobilité positive ».

Le rapport à la mobilité, comprise de façon large, varie selon les cultures et les sociétés. En France, ce rapport est difficile, voire négatif, parce que la mobilité est généralement subie : elle correspond le plus souvent à une situation personnelle ou collective de crise – ce qu’aggrave la crise économique et sociale actuelle. Malgré la création du CIF2, du bilan de compétences, de la V.A.E., nous peinons à développer la vision d’une mobilité positive qui consisterait à faire le point, évoluer et rebondir dans sa carrière et son parcours de vie.

Pourtant, lors de rencontres récentes en Catalogne, Andalousie, Malpolska, ou encore Picardie et Champagne-Ardenne – régions très atteintes par la crise – j’ai été frappé par la volonté des acteurs de construire cette mobilité positive, non réduite à sa seule dimension géographique, et moins encore au passage par la « case chômage ». Comment les personnes peuvent-elle alors maîtriser la mobilité dans leur parcours de vie ? Cela tient bien sûr aux individus eux-mêmes, mais aussi aux garanties et dispositifs collectifs créés pour sécuriser ces trajectoires. C’est la façon moderne de poser le problème de l’orientation tout au long de la vie.

Pour ce qui est de l’économie française et d’une sortie positive de la crise, le cœur des solutions porte sur le passage à un management PAR les compétences au sein des entreprises, des branches, des territoires, qui va bien au-delà du management DES compétences. Il s’agit aussi d’impulser le changement : des expérimentations concluantes ne doivent plus rester isolées, et au final enlisées, mais être au contraire démultipliées. Pour la FREREF, cela signifie que nos travaux de mutualisation des bonnes pratiques intègrent les politiques régionales de droit commun en synergie avec la politique de l’Europe. C’est le sujet de l’Université des Régions à Bruxelles, les 8-9 et 10 septembre 2010.

Cette construction d’une mobilité positive ne doit pas seulement s’adresser aux personnes hautement qualifiées. Elle doit concerner les CDD, les intérimaires, les premiers niveaux de qualification. Elle doit prendre une dimension internationale prometteuse d’évolution des cultures et des mentalités personnelles et collectives. C’est tout l’intérêt de la Déclaration de Barcelone2 autour de la mobilité des apprentis encore trop peu connue. Ce sont aussi les conclusions du séminaire Mobivet qui a réuni à Paris en décembre 2009 M. Joao Delgado, de la Commission Européenne et Mme Ursula Mannle, Membre du Comité des Régions. C’est enfin le chantier que nous lançons avec l’APCM3 à travers le projet Euroapprentissage qui croise les approches régionale et sectorielle au service de la mobilité des apprentis.

La mobilité constitue désormais une priorité majeure de l’Union européenne et imprégnera fortement les futures stratégies et programmes européens consacrés à l’éducation, à la formation et aux compétences.

1 - Fondation des Régions Européennes pour la Recherche en Education et en Formation. www.freref.eu.2 - Congé Individuel de Formation.

3 - L’Assemblée permanente des chambres de métiers et de l’artisanat.

Le point de vue européen de Jean Vanoye,Président de la Freref1

« Pour une mobilité positive »

Jean Vanoye,président de la FREREF.1er Vice-président du Conseil Économique et Social Régional de Rhône-Alpes (CESR)

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Comenius RegioDe nouvelles perspectives de coopération régionale en matière d’enseignement scolaire

De quoi s’agit-il ?Lancée à l’automne 2009, l’action Comenius Regio doit aider les régions participantes à développer et à échanger leurs pratiques en matière d’enseignement scolaire dans le cadre de projets bilatéraux d’une durée de deux ans. Ce sont les collectivités territoriales, en France (conseils régionaux et généraux, municipalités et regroupements de communes), qui soumettent la candidature et pilotent le projet. Elles doivent, au préalable, construire un partenariat local avec au moins une association impliquée dans l’éducation informelle, et un établissement scolaire. La subvention européenne peut atteindre 45 000 euros pour le consortium français.

L’exemple du projet EcotwinsDeux villes européennes consolident leur coopération grâce à Comenius Regio autour du développement durable

Les villes de Sunderland (Royaume-Uni) et Saint-Nazaire, ville dynamique, ont tissé des liens depuis longtemps, y compris en matière de partenariat éducatif. Comenius Regio est arrivé au moment opportun pour leur permettre de sceller une coopération sur le thème du développement durable. La municipalité de Saint-Nazaire avait défini un projet de développement durable (Saint-Nazaire ville dynamique, ville pour tous et ville à vivre) en lien avec le projet local éducatif encourageant la préservation de l’environnement naturel. De son côté, Sunderland avait signé la déclaration Eurocities*, et s’était engagée au niveau européen sur des objectifs permettant de réduire la consommation d’énergie. Le projet Comenius Regio ECOTWINS, en partenariat avec deux associations et six établissements scolaires, leur permettra d’élargir leurs perspectives en matière d’éducation et de partager leurs meilleures pratiques dans le domaine des transports et du tourisme. Le financement européen contribuera aux frais de rencontres, de séminaires et d’activités avec les élèves, en particulier via l’utilisation des technologies de l’information et de la communication.* Regroupement de plus de 130 grandes métropoles de 30 pays européens pour permettre des échanges sur des questions communes de gouvernance

31pays participent

au programme Comenius Regio

Patrice Delègue AgenceEurope-Education-Formation France Programme Comenius

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Lutter contre les risques d’exclusion des seniors

es tendances démographiques en Europe conduisent à devoir examiner plus attentivement la

question des populations vieillissantes. Même si la majorité des personnes de plus de 50 ans vit aujourd’hui mieux qu’hier, les risques d’exclusion liés à l’âge s’accroissent.Promouvoir une citoyenneté active à tous les âges de la vie, c’est notamment se concentrer sur les seniors afin qu’ils continuent à s’impliquer dans la vie de la cité après avoir quitté le monde du travail. Il s’agit ainsi de réaliser les conditions du passage d’un mode passif à un mode actif : celui de citoyens contribuant à construire l’Europe.Dans cette perspective, et grâce aux dimensions sociales et interculturelles qu’apportent la participation et la solidarité, le volontariat européen représente, pour les seniors et pour leur entourage, une expérience enrichissante, qui se traduit en outre par une contribution optimale en termes de promotion de la citoyenneté active. Dans le projet SEVEN (Senior European Volunteers Exchange Network), les seniors sont les volontaires qui apprennent et transmettent tout en aidant les autres.La première opportunité d’échanges dans ce domaine est apparue à l’occasion de la réunion de lancement du projet qui s’est tenue en janvier 2008 à Ferrara (Italie), ville membre du réseau. A cette réunion organisée par la ville et par l’association Lunaria, ont participé des représentants d’institutions régionales et européennes, d’organisations de la société civile et de structures éducatives provenant de 14 Etats européens.A cette occasion a été prise la décision de mener une expérience d’échanges de volontaires seniors, en s’appuyant, dans un premier temps, sur les partenariats existants entre autorités locales, comme celui liant les villes de Ferrara (Italie), Giessen (Land de Hesse, Allemagne) et Lleida

(Generalitat de Catalogne, Espagne). L’Union Montagnarde d’Acquacheta (Province de Forli-Cesena, Italie) et la ville allemande de Hofbieber (Land de Hesse, Allemagne) ont également pris part au projet sur fonds propres, ainsi que la coopérative sociale Kara Bobowski (Modigliana, Italie). Ces initiatives ont pu être lancées grâce au soutien du Centre de Service pour les Volontaires (CSV – Community Service Volunteers).

La région Emilie-Romagne s’est impliquée dès le lancement du projet en s’appuyant sur des relations partenariales établies de longue date avec le Land de Hesse. Des personnels de la région ont ainsi pris part à des visites de contact pour établir les conditions d’accueil de volontaires seniors à Giessen en juin 2008, Lleida en octobre 2008 et Hofbieber en février, mars 2009. Le département du Développement des Services Sociaux et le département des Politiques européennes et des relations internationales de l’Emilie-Romagne ont conjointement œuvré à la coordination de l’opération. L’intérêt et le succès de ce projet auront déclenché parmi les protagonistes la volonté de poursuivre dans cette voie, tant par la coopération avec les villes et autorités régionales partenaires de l’Emilie-Romagne et du Land de Hesse, qu’en élargissant progressivement à d’autres collectivités locales et territoriales en Europe.

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La région Emilie-Romagne s’investit dans le volontariat sénior en Europe grâce au projet Grundtvig “SEVEN”

Claudia CaneServizio Politiche Europeee Relazioni Internazionali,Regione Emilia-Romagna

L’agence s’engageen Europe pour le volontariat

L’Agence Europe-Education-Formation France, aux cô-tés d’autres agences natio-nales (Allemagne, Estonie, Hongrie, Finlande, Autriche et Lituanie) et organismes européens, s’engage dans une candidature pour un projet de mesure d’accom-pagnement « Dissemination Intercultural Voluunteering Actions for Seniors » coor-donné par LUNARIA, asso-ciation coordinatrice du réseau Grundtvig SEVEN.

> http://www.seven-network.eu

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L’Espace « Apprendre » de Canal Académie a reçu le Label européen des langues en 2009

Apprendre le Français par sa culture sur Canal Académie. Près de cinq millions d’émissions téléchargées en 2009 en accès libre

partir d’un choix d’émissions réalisées avec des spécialistes francophones (académi-ciens, chercheurs, universitaires), l’inter-

naute peut suivre, à distance dans toutes les disciplines, des activités d’apprentissage et de réflexion, d’échange d’idées et de recherche. Le français y est vecteur de transmissions des connaissances, en approches orales et écrites, à partir d’activités fondées sur la connaissance linguistique et sur la gradation intellectuelle de la dif-ficulté. Entre 4000 et 8000 visites et téléchargements sont effectués chaque mois.Les publics bénéficiaires sont les enseignants des collèges et des lycées français, les professeurs et élèves de français langue étrangère ou des disciplines non linguistiques enseignées en français, les élèves francophones éloignés de France, les instituteurs africains dans le cadre de coopérations.

Le CAVILAM, plus de 45 ans au service de l’innovation pédagogiqueCrée par l’université de Clermont-Ferrand et la ville de Vichy en 1964, le CAVILAM (Centre d’Approches vivantes des Langues et des Médias) est un des centres de référence dans le domaine de l’enseignement du français aux étrangers de France. Tourné dès sa création vers l’innovation pédagogique, il reçoit chaque année plus de 3 500 stagiaires de plus de 110 nationalités, dont plus de 950 professeurs de français en stage pédagogique.

Canal Académie, la première radio académique francophone sur InternetFondée en 2005 par Jean Cluzel, avec le soutien de Pierre Messmer, la radio abritée par l’Institut de France et dirigée par Hélène Renard, diffuse les interventions et travaux des Académiciens de l’Institut de France (Académie française, Académie des Inscriptions et des Belles Lettres, Académie des Sciences, Académie des Beaux-Arts, Académie des Sciences morales et politiques). Plus de 4 000 émissions sont à ce jour en téléchargement gratuit et près de cinq millions d’émissions auront été téléchargées en 2009.C’est en 2007, que Canal Académie et le CAVILAM se sont associés pour créer l’Espace « Apprendre » avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie, la sous-direction de la diversité linguistique et du français du ministère français des Affaires étrangères et européennes et la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF).

> L’espace est accessible gratuitement partout dans le monde : www.canalacademie.com/apprendre.

L’Espace Apprendre développé par le CAVILAM en 2007, offre un itinéraire d’écoute active de la web radio Canal Académie, pour apprendre le français par une approche large de la culture francophone.

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Michel BoironDirecteur du [email protected]

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Des étudiants talentueux de toutes nationalités à Bordeaux

Les 29 et 30 marsUniversité Bordeaux 2Erasmus Mundus joue un rôle important dans l’amélioration de l’attractivité de l’enseignement supérieur en Europe. L’Université de Bordeaux et l’Agence Europe-Education-For-mation France s’apprêtent à ac-cueillir, les 29 et 30 mars, le congrès annuel de l’association EMA-Erasmus Mundus Students and Alumni sur le thème fédéra-teur de la communication, en pré-sence des responsables de la Com-mission européenne.

Brèvesd’agence

L’Agence en missioninternationale en SyrieHélène Pinaud, de l’Agence Europe-Educat ion-Formation France a participé le 7 février 2010, à Damas, à la «5ème journée d’information Tempus » organisée par le ministère syrien de l’enseignement supérieur et son bureau Tempus. Il s’agissait de présenter aux universitaires syriens les offres de coopération avec les établissements français d’enseignement supérieur dans le cadre des programmes Tempus et Erasmus Mundus. L’objectif étant d’accroître le nombre de consortia impliquant les deux pays dans ces deux programmes.

... en BulgarieLe Professeur Jean Bertsch et Patrice Delègue se sont rendus à Sofia, du 11 au 13 février, pour renforcer la coopération de l’agence avec l’Institut français de Sofia et l’agence nationale de Bulgarie pour le programme EFTLV. Outres les dirigeants de ces institutions, ils ont rencontré l’ambassadeur de France et le vice-recteur de l’université de Sofia. Plusieurs actions ont été initiées sur le thème du patrimoine dans les disciplines scientifiques (histoire, philosophie, urbanisme, architecture, arts, droit,…), en y associant les biens symboliques et culturels. Une nouvelle rencontre est prévue début juin.

SoleoDirecteur de la publication : Jean Bertsch. Rédactrice en chef : Dominique Ardiller. Comité de rédaction : Patrice Delègue, Rachel Duigou, Emmanuelle Gardan, Marie-Geneviève Picart. Véronique Piot. Sébastien Thierry. Maquette : Julia Robisco. Presse : Lydie Lagouarde. Ont participé à ce numéro : Karin Bengtsson. Michel Boiron. Claudia Cane. Hélène Clark. Michel Feutrie. Tristan Klein. Laurent Lascrou. Lena Milani. Marcel Musabimana. Tina Saric. Sylvie Thomas. Jean Vanoye. Crédit photo : Shutterstock Images. Diffusion gratuite. Édité avec le soutien financier de la Commission européenne. Le contenu de cette publication et l’usage qui pourrait en être fait n’engagent pas la responsabilité de la Commission européenne. Impression : LAPLANTE, 33700 MERIGNAC - ISSN 1634 - 443X

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... et en Outre-mer- Le Ministre de l’Education du gouvernement de Polynésie, Mr. Moana Greig, souhaite que son territoire participe activement à la politique de mobilité. Il a rencontré, à cet effet, le directeur de l’Agence Europe-Education-Formation France, Jean Bertsch, le 28 février à la délégation polynésienne de Paris.- Une délégation de Nouvelle Calédonie conduite par Mme Chloë Calvignac, représentante du gouvernement de Nouvelle Calédonie en France et auprès de l’UE, s’est rendue à l’Agence Europe-Education-Formation France à Bordeaux, le 13 janvier, pour travailler au dépôt de projets européens.

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