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COMITE STRATEGIQUE DES ECO-INDUSTRIES (COSEI)
FILIERES VERTES
Groupe de travail « Eau et assainissement »
Soutenir la compétitivité de la filière
française de l’eau et de
l’assainissement
Rapport final – Juillet 2011
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
2
Groupe du COSEI « Eau et assainissement » :
Présidente : Béatrice ARBELOT – Déléguée générale de la FP2E
Rapporteurs : François LE VERGER – MEDDTL - CGDD - COSEI
Sophie COSTEDOAT – MINEFI - DGCIS - COSEI
Emilie BABUT – MEDDTL - DGALN
Annie LARRIBET – MINEFI - DGCIS
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
3
SOMMAIRE
INTRODUCTION................................................................................................................................................. 4
PROPOSITIONS D’ACTIONS ........................................................................................................................... 6
I. LE CONTEXTE DE LA FILIERE DE L’EAU ET DE L’ASSAINIS SEMENT............................... 9
A. UNE FILIÈRE MAJEURE DE LA CROISSANCE VERTE ................................................................................. 9
1. Métiers et acteurs de la filière .................................................................................................... 9 2. Poids économique des marchés de l’eau et de l’assainissement............................................... 10 3. Facteurs structurants de l’offre française................................................................................. 11
B. UNE FILIÈRE PORTEUSE DE CROISSANCE EN FRANCE ET À L ’ INTERNATIONAL ................................... 12
1. Le marché domestique est stimulé par la mise en œuvre de la règlementation et le
renouvellement des installations ............................................................................................................. 12 2. Des perspectives de croissance fortes dans les pays émergents dans un marché mondial de plus
en plus compétitif .................................................................................................................................... 13 3. Les entreprises françaises devront se positionner sur les technologies d’avenir ..................... 15
C. LA CRÉATION DES PÔLES DE COMPÉTITIVITÉ RENFORCE LA D IMENSION INDUSTRIELLE DE L ’ INNOVATION .................................................................................................................................................. 19
II. LES LEVIERS DU DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE ET PROPO SITIONS D’ACTIONS 24
A. RENFORCER LA VISIBILITÉ DU SECTEUR DE L ’EAU DANS LA POLITIQUE INDUSTRIELLE ..................... 24
B. SOUTENIR L ’ INNOVATION POUR CONSOLIDER LE LEADERSHIP FRANÇAIS ........................................... 25
1. Inscrire l’organisation de la R&D française dans une perspective industrielle....................... 25 2. Créer en France des démonstrateurs de technologies structurantes ........................................ 27 3. Soutenir un tissu d'équipementiers français sur les niches technologiques.............................. 29
C. FAIRE DU MARCHÉ DOMESTIQUE UNE VITRINE DES SAVOIR -FAIRE DE L ’ INDUSTRIE FRANÇAISE DE L ’EAU ET DE L ’ASSAINISSEMENT ...................................................................................................................... 30
1. Mettre en place des incitations pour les maîtres d’ouvrage publics à intégrer les innovations
mises à disposition par la filiere ............................................................................................................. 31 2. Favoriser les projets industriels par une réglementation adaptée et appliquée ....................... 34
D. ACCOMPAGNER LA CROISSANCE DU MARCHÉ MONDIAL PAR UNE AIDE À L ’EXPORT OPTIMISÉE ....... 36
1. Optimiser les outils publics de soutien à l’exportation............................................................. 37 2. La diffusion du savoir-faire français par la création de plateformes de formation.................. 38 3. Renforcer la veille technologique et économique sur l’eau dans le monde .............................. 39
CONCLUSION.................................................................................................................................................... 39
ANNEXES ........................................................................................................................................................... 41
ANNEXE 1 : MEMBRES DU GROUPE DE TRAVAIL ............................................................................................. 41
ANNEXE 2 : LETTRE DE MISSION ..................................................................................................................... 42
ANNEXE 3 : LES PÔLES DE COMPÉTITIVITÉ EAU ............................................................................................ 44
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
4
INTRODUCTION
Les groupes de travail du COSEI visent à accompagner le développement d'une offre
industrielle française susceptible de répondre au défi de l’économie verte, économie
qui concilie développement économique, préservation des ressources naturelles et
réduction de la dépendance aux énergies fossiles.
Le secteur de l'eau et de l'assainissement est l'un des plus concernés par les grands
défis socio-économiques, sanitaires et environnementaux actuels, et peut y apporter
des réponses pertinentes. L'époque de l'eau « facile » est remise en cause par les
tensions sur les ressources à l’échelle internationale, qu’elles soient qualitatives ou
quantitatives, qui résultent de la croissance démographique, de l’urbanisation et du
changement climatique. Les enjeux majeurs suivants se posent partout dans le
monde :
• Accès à l’eau et à l’assainissement : 900 millions de personnes n’ont pas accès à
l’eau potable et 2,4 milliards de personnes ne disposent pas d’un système
d’assainissement ;
• Amélioration de la qualité de l’eau, préservation et restauration des ressources
en eau : l’objectif de « bon état des eaux » prescrit par la Directive cadre sur
l’eau impose une meilleure gestion des eaux souterraines, la réduction voire la
suppression de substances dangereuses ;
• Défi énergétique : les services d’eau et d’assainissement devront mettre en
œuvre des procédés à faible consommation, utiliser des énergies
renouvelables ;
• Adaptation au changement climatique : la gestion de l’eau et des milieux
aquatiques devra faire face à l’impact des variations des régimes
pluviométriques sur la disponibilité de la ressource en eau ;
• Gestion et entretien d’un patrimoine qui vieillit.
Le Forum Mondial de l’Eau qui se déroulera à Marseille en 2012 s’est donné comme
objectif de trouver des pistes de solutions pour répondre à ces enjeux. Il sera
également l’occasion de souligner le rôle de l’eau comme élément clé de la
croissance verte, en prévision du Forum sur le changement climatique « Rio +20 »
quelques mois plus tard.
Dans ce contexte, la filière « Eau et assainissement » peut permettre à la France de
se positionner comme l’un des pays pionniers pour répondre à ces défis. Le secteur
français de l’eau dispose de nombreux atouts : la France a pu, grâce à des politiques
volontaires devenir un modèle en termes d’organisation, de maîtrise et de
références dans le domaine de l’eau ; les groupes français, leaders mondiaux, ont
une forte implantation à l’international dans le domaine de la gestion des services
d’eau et d’assainissement. Le secteur réalise un chiffre d'affaires de l’ordre de 17
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
5
milliards d'euros en 2010 et mobilise plus de 112 000 emplois en France, constituant
le premier secteur d’emploi environnemental et la première éco-industrie.
Cependant, la filière française de l’eau est aussi souvent considérée comme mature.
La position de leadership des entreprises françaises est souvent considérée comme
acquise, notamment dans le petit cycle de l’eau, alors que la filière fait face à de
nouveaux enjeux sociétaux et économiques. D’un côté, le marché des pays
développés est tiré par le renforcement des exigences réglementaires, notamment
dans le domaine de la qualité de l’eau et de la maîtrise de la ressource. De l’autre,
l’émergence de nouveaux marchés dans les pays émergents et en développement
créent des besoins considérables en termes de développement, d’ingénierie,
d’innovation. Ces évolutions imposent dans toute la chaîne de valeur l’intégration de
technologies de pointe, le développement de nouveaux modèles et de nouveaux
procédés, une meilleure compétitivité face à de nouveaux entrants.
La France doit donc poursuivre ses efforts pour construire un environnement
favorable au développement de ses entreprises sur les marchés nationaux et
internationaux. Dans cette perspective, le groupe « Eau et assainissement » du
COSEI a étudié les moyens de renforcer la compétitivité des acteurs économiques de
la filière. Il a rassemblé pour cela sociétés d’ingénierie, producteurs, distributeurs et
collecteurs d'eaux (syndicats et fédérations professionnelles) et les représentants
des pouvoirs publics. Il a travaillé sur les services publics d'eau et d'assainissement
dans les phases de production, de distribution, de collecte, de traitement et sur la
protection de la ressource en eau. Les activités liées à la biodiversité n’ont pas été
abordées.
Au fil de ses réunions, le groupe du COSEI a tenté, d'une part, d'identifier les grandes
tendances auxquelles sont confrontées les entreprises de l’eau et, d'autre part,
d'apporter des propositions pour soutenir l'industrie française de l’eau et de
l’assainissement. Le résultat de cette réflexion est présenté ci-dessous.
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
6
PROPOSITIONS D’ACTIONS
Notice : Les propositions phares du groupe sont inscrites en gras dans la liste ci-
dessous.
Renforcer la visibilité du secteur de l’eau dans la politique industrielle
Proposition 1 : Renforcer l’observation du secteur (analyse stratégique des
marchés et des nouvelles technologies). Etablir une cartographie de
l’industrie nationale du secteur de l’eau.
Proposition 2 : Réaliser une étude comparative des politiques de soutien aux
entreprises de l’eau dans les pays qui affichent l’eau comme secteur
prioritaire (Corée du Sud, Singapour, Allemagne, …).
Soutenir l’innovation industrielle sur les technologies et équipements à forte
valeur ajoutée
Inscrire l’organisation de la R&D française dans une perspective industrielle
Proposition 3 : Identifier un opérateur public national susceptible de
porter des travaux d’innovation et de participer à la mise en œuvre des
politiques de structuration de la filière industrielle, à l’instar de l’ADEME
dans le recyclage et l’énergie.
Proposition 4 : Assurer dès 2012, et ensuite dans le 10e programme des
agences de l’eau, la mobilisation des agences de l’eau en soutien au tissu
industriel et aux pôles de compétitivité (notamment par la participation
des collectivités locales aux projets des pôles de compétitivité).
Proposition 5 : Renforcer la lisibilité de l'innovation dans le domaine de l'eau
: consolider et pérenniser la démarche Cart’Eau de recensement des projets
de R&D et rôle des pôles de compétitivité pour établir une cartographie sur
leur territoire.
Créer en France des démonstrateurs de technologies structurantes
Proposition 6 : Engager des programmes de démonstration sur des
technologies clés, dans une perspective de développement de ces
technologies à l’international, en veillant au respect de la propriété
intellectuelle : « water grids », gestion de l’impact environnemental des
installations, réutilisation des eaux usées traitées, dessalement à basse
consommation d'énergie.
Proposition 7 : Prolonger l’appel à projets Eco-industries permettant le
développement de démonstrateurs de petite taille.
Soutenir un tissu d'équipementiers français sur les niches technologiques
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
7
Proposition 8 : Faire émerger des filières d’équipementiers français sur des
niches technologiques : membranes, UV, métrologie, diagnostic et gestion
de réseaux, phyto-épuration (expérimentation).
Faire du marché domestique une vitrine des savoir-faire de l’industrie française de
l’eau et de l’assainissement
Mettre en place des incitations pour les maîtres d’ouvrage publics à intégrer les
innovations mises à disposition par la filiere
Proposition 9 : Analyser l'adéquation du code des marchés publics avec
l'achat de technologies ne disposant pas de premières références et les
prestations intellectuelles (groupe de travail).
Proposition 10 : Mettre à jour l’état de l’art (Référentiel génie civil RGC
2010) pour adapter les spécifications dans les appels d’offres.
Proposition 11 : Intégrer une clause de « partage du risque » dans les aides
accordées par les agences de l'eau ; créer un mécanisme de garantie du
risque lié à l'innovation (fonds de garantie abondé lors de chaque
opération à destination des collectivités locales) ; Créer un groupe de
travail spécifique sur la couverture du risque de l'innovation.
Proposition 12 : Créer une base de données nationale commune à
l’ensemble des agences de l’eau sur les procédés « validés » (procédés
innovants, micro-innovations, ...).
Proposition 13 : Organiser des journées thématiques au sein des pôles de
compétitivité "Eau et assainissement" sur des nouvelles technologies à
destination des collectivités.
Proposition 14 : Créer des vitrines technologiques à partir des installations
pilotes réalisées pour des collectivités françaises qui pourraient faire l’objet
d’un label.
Proposition 15 : Adapter le tarif de rachat de l’électricité issue du biogaz des
stations d’épuration pour amorcer une filière méthanisation et étudier
l’élargissement des tarifs existants à l’électricité produite à partir de
turbines dans les réseaux d’eau potable.
Proposition 16 : Renforcer les travaux de recherche sur l'économie de l'eau
(équilibres économiques, évaluation de la performance publique et privée,
valorisation des services rendus par les éco-systèmes aquatiques, ingénierie
tarifaire).
Favoriser les projets industriels par une réglementation adaptée et appliquée
Proposition 17 : Constituer un groupe de suivi des règlementations afin
d’évaluer leur impact sur le tissu industriel et d’identifier les adaptations
nécessaires.
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
8
Proposition 18 : Mandater la DGME pour conduire un audit des procédures
existantes et leur simplification (agréments, autorisations pour projets
pilotes).
Proposition 19 : Elaborer une stratégie française de normalisation en lien
avec les travaux du Comité européen de normalisation (CEN).
Accompagner la croissance du marché mondial par une aide à l’export optimisée
Optimiser les outils publics
Proposition 20 : Renforcer la dotation des fonds d'aides à la réalisation
d'études à l’étranger (FASEP, RPE,…).
Proposition 21 : Evaluer et renforcer la cohérence des dispositifs de soutien
à l’export, (Ubifrance, chargés de mission environnement dans les
ambassades). Evaluer la pertinence des actions portées par Ubifrance dans
le domaine de l’eau.
Proposition 22 : Mettre en œuvre un programme d'actions avec Ubifrance :
zones géographiques cibles, accueil de délégations étrangères, « technical
weeks » pour les ingénieurs conseils français et internationaux, sensibiliser
les grands bailleurs de fonds internationaux aux ingénieristes français (BERD,
AFD, BM, …), mobiliser les missions économiques.
Proposition 23 : Ouvrir la réflexion sur l’élargissement du dispositif Pacte
PME International aux grands groupes de l'eau.
La diffusion du savoir-faire français par la création de plateformes de formation
Proposition 24 : Créer des centres de formation spécialisés dans les pays
émergents et les territoires d’outre-mer (Antilles, Guyane, ...) dans le cadre
des programmes européens de coopération.
Renforcer la veille technologique et économique sur l’eau dans le monde
Proposition 25 : Renforcer la veille technologique et économique sur les
perspectives de marché des entreprises ; établir un fonctionnement en
réseau sur les coopérations publiques françaises internationales dans le
domaine de l’eau.
Proposition 26 : Mettre en place un dispositif de veille sur les appels d’offres
européens auprès de l'ambassadeur de l'industrie à Bruxelles ou via le SGAE.
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
9
I. LE CONTEXTE DE LA FILIERE DE L’EAU ET DE
L’ASSAINISSEMENT
La filière de l'eau et de l'assainissement, structurée autour des grands groupes du
secteur, constitue un point fort de l'industrie française. Mais elle fait face à des
évolutions structurelles, tant dans les pays développés que dans les pays émergents,
auxquelles les acteurs industriels doivent se préparer.
A. UNE FILIERE MAJEURE DE LA CROISSANCE VERTE
La filière de l’eau et de l’assainissement est composée de nombreux métiers. Elle est
la principale filière de l’environnement par le nombre d’emploi et l’activité qu’elle
génère.
1. MET IER S E T A CT EU R S D E LA F I LI ER E
Les entreprises de l’eau interviennent sur le « petit cycle de l'eau », c'est-à-dire sur
les activités qui conduisent à forer et capter l’eau, à produire l’eau potable (pour les
municipalités, l’industrie, de façon centralisée ou non), à la distribuer, et, après
utilisation, à collecter et traiter les eaux usées avant de les rendre au milieu naturel.
Elles interviennent également de plus en plus sur le « grand cycle de l’eau », en
amont, notamment dans le cadre de la préservation de la ressource naturelle et, en
aval, pour protéger les milieux récepteurs.
Les équipements et produits développés dans le domaine de l’eau sont
principalement dédiés au captage, au transport (raccords, tuyaux, pompes, vannes,
filtres), aux traitements (filtres, membranes, aérateurs, agitateurs, bassins, procédés
chimiques, mécaniques ou biologiques), à l’assainissement (dégrillage, dessableur,
bioréacteurs, systèmes pour l’assainissement non collectifs), à la mesure
(prélèvements, analyses, équipements de métrologie, de télésurveillance et
télérelève, de suivi en continu de la qualité) et enfin à la gestion des effluents
industriels (process et procédés).
Le secteur de l'eau regroupe donc un champ très large de filières, au sens
technologique comme économique. Ces activités nécessitent l’intervention :
• des sociétés d'ingénierie qui conçoivent et construisent des stations de
production ou d'épuration (Egis, Artelia, Burgeap, Safège, Bayard, Ternois, …) ;
• des fabricants d’équipements nécessaires à la construction et au
fonctionnement de ces stations : produits et installations de traitement
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
10
physique, chimique ou biologique et de composants tels que vannes, robinets,
pompes, bouches, fontaines, …
• des entreprises spécialisées dans le domaine du captage et du forage, de la
fabrication de canalisations (Saint-Gobain PAM, Bona Sabla, ...), des sociétés de
génie civil pour les travaux et les poses de canalisations ;
• des sociétés de services pour gérer, exploiter et maintenir ces installations (des
grands groupes : Véolia Eau, la Lyonnaise des Eaux et la SAUR ; mais aussi des
PME et ETI : Sogedo, Alteau, Agur, Ternois Exploitation, SEFO, Nantaise des Eaux
Services, …) ;
Certains métiers sont spécifiques au secteur, d’autres ont une portée plus générale.
Ces derniers sont notamment rattachés aux secteurs du bâtiment, de la mesure, de
la plasturgie, de la chimie, de la mécanique.
2. POID S E CON OM IQU E D ES MA R C HE S D E L ’EA U E T D E
L ’A SSA IN I SS EM EN T
Le secteur de l’eau réalise en France un chiffre d’affaires de 17,2 milliards d’euros en
2010. La part des opérateurs privés des services d'eau et d'assainissement s’élève à
5,2 milliards d’euros. Le secteur emploie 112 000 personnes, dont la moitié dans les
activités d’exploitation.
A l’international, le chiffre d’affaires des entreprises françaises est estimé à environ
19 milliards d’euros. Les opérateurs français Veolia Environnement et Suez
Environnement sont les deux leaders mondiaux des services d’eau et
d’assainissement. Ils représentent environ 2/3 du marché mondial des services d’eau
et d’assainissement1 et desservent plus de 200 millions d’habitants dans le monde
en eau et en assainissement.
Répartition du chiffre d’affaires par activité de la filière :
Secteur d’activité2
France (Mds €)
2010
Export / étranger
(Mds €) 2010
Opérateurs de services publics d'eau et
assainissement 5,2 9
Opérations auprès de clients industriels 3 3,8
Constructions (réseaux, usines,
équipements et GC) 8,2 6,2
Divers (produits chimiques, ANC, …) 0,8 0
TOTAL 17,2 19
1 BCG, 2008, Développer les éco-industries en France
2 Source : estimation provisoire établie en février 2011 à partir des données 2010 des fédérations professionnelles FP2E,
FNTP, PROFLUID, UIE, ITEA, ISGH, IFAA, SYPRODEAU, SYNTEC
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
11
3. FA C TEU R S S TR U C TU R A N TS D E L ’O FFR E FR A N ÇA IS E
La France a historiquement adopté un modèle de gestion mixte des services d’eau et
d’assainissement. Les collectivités peuvent choisir le mode de gestion de l’eau, en
régie ou en délégation de service public, et donc faire appel à un opérateur privé
pour exploiter leurs installations. Cette structuration mixte public-privé a permis de
faire émerger des grands groupes ayant des moyens d’investir en recherche et
développement, d’industrialiser ces métiers et d’exporter leurs savoir-faire.
Aujourd’hui, les services d’eau et d’assainissement en France sont gérés par une
entreprise privée pour 71% de la population en eau potable et 56% en
assainissement.
Les règlementations européennes et françaises dans le domaine de l’eau et de
l’assainissement sont parmi les plus avancées au monde en matière de qualité et de
gestion de la ressource. Du point de vue économique, elles constituent un facteur
stimulant pour l’activité des entreprises de l’eau. Les nouvelles normes sont à
l'origine d’investissements dans les infrastructures et les installations.
Directives européennes :
• Directive traitement des eaux résiduelles urbaines (1991) : normes pour les
équipements de collecte et de traitement des eaux à mettre en place
progressivement ;
• Directive eau potable (1998) : exigences de qualité minimale à respecter pour
les eaux destinées à la consommation humaine ;
• Directive cadre sur l'eau (2000) : atteinte d'un bon état écologique des eaux et
des milieux aquatiques en 2015 ;
• Directive Eau de Baignade de 2006.
Législation française :
Les travaux de mise en œuvre des directives européennes ainsi que les lois Grenelle3
ont conduit à l’élaboration de dispositions ayant un impact à la fois sur le parc
existant et sur le développement de nouveaux marchés (Exemples) :
• Obligation pour les collectivités de faire un inventaire du patrimoine de leur
réseau de distribution d'eau et d'établir un plan d’actions si le taux de pertes du
réseau est supérieur à un taux fixé par décret selon les caractéristiques du
service et de la ressource ;
• Extension de l’utilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation dans le respect
des contraintes sanitaires mais interdiction pour l’aspersion ;
• Achèvement de la mise en place des périmètres de protection des 500 captages
les plus menacés d’ici 2012 ;
3 Loi de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l'environnement, dite « Loi Grenelle I », loi portant
engagement national pour l'environnement dite « Loi Grenelle II »
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
12
• Obligation pour les services publics de l’assainissement non collectif de réaliser
le diagnostic de l’ensemble des installations avant 2015 ;
• Attestations de Conformité Sanitaire pour les matériaux en contact avec l’eau
potable.
B. UNE FILIERE PORTEUSE DE CROISSANCE EN
FRANCE ET A L ’INTERNATIONAL
Les experts du groupe de travail ont identifié trois principales séries de perspectives
pour la filière : les évolutions du marché français orienté vers la maîtrise des
consommations et la gestion de la ressource, un marché international de plus en
plus compétitif, et le développement de nouveaux marchés sur des produits et
technologies structurants pour la filière.
1. LE MA R CH E D OM ES T IQ U E ES T S TI MU L E P A R LA MIS E EN
Œ U VR E D E LA R E GL EM E NTA T ION E T L E R E NOU V EL LE MEN T D ES
IN STA L LA T IO NS
Les marchés français et européen connaissent une croissance moyenne de 2 à 3 %
par an.
• On observe une baisse tendancielle en France des volumes d’eau distribués, qui
reflète une plus grande maîtrise des consommations et des comportements de
plus en plus économes des consommateurs (achat d’équipements
hydroéconomes, ...).
• Le modèle de gestion déléguée ne progresse pas. La tendance observée depuis
1998 à confier les services d'eau et d'assainissement au secteur privé s'infléchit
entre 2004 et 2008, avec une stabilisation de la gestion déléguée4.
Les investissements sont tirés, d’une part, par la réglementation, notamment les
nouvelles contraintes relatives à la qualité des eaux usées, d’autre part, par le
renouvellement des réseaux liés au vieillissement des installations. Ces deux
phénomènes devraient dynamiser la demande et générer de nouvelles activités.
Ces évolutions imposent aux exploitants privés de faire évoluer leur
positionnement :
• Améliorer les procédés existants dans les opérations de mise à niveau et de
renouvellement des installations permettant de mieux traiter l’eau (qualité),
4 Le Point Sur - Services d’eau et d’assainissement : une inflexion des tendances ? – CGDD - Décembre 2010
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
13
d’optimiser la gestion des ressources (quantité) via une instrumentation des
réseaux et de diminuer l’empreinte environnementale des installations.
• Entrer sur de nouveaux marchés qui seront générés par la mise en oeuvre de la
directive cadre sur l’eau qui intègre désormais le grand cycle de l’eau.
L’obligation du maintien d’un bon état écologique des eaux créera de nouveaux
besoins en vue de prévenir la pollution (mesure, traitement amont, gestion de la
ressource, suivi en continu…) et en vue de la corriger (détection, traitement
aval, analyse in situ, assainissement, …)
• Faire évoluer le modèle de gestion fondé sur la quantité vers un modèle fondé
sur la performance.
Pour les équipementiers, les opportunités de croissance se situent plutôt sur des
nouvelles technologies (UV, ozone, nano/ultra-filtration, membranes, gestion des
eaux pluviales, performance énergétique des équipements, …) que sur les
équipements matures (Filtration traditionnelle, distillation, pompes et vannes, …).
2. DES P ER SP E CT I VE S D E CR OI S SA N CE F OR T ES D A NS L ES P A Y S
EMER GEN T S D A N S U N MA R C HE MO ND I A L D E P LU S EN P LU S
COMP E TI T IF
Le chiffre d'affaires des services d'eau et d'assainissement au niveau mondial est
estimé à 369 milliards de dollars par an5. Le volume potentiel du marché est estimé à
plus de 500 milliards de dollars en 2016 soit une progression de l'ordre de 40 % par
rapport à 20076.
Plusieurs phénomènes concomitants seront à l'origine de nouveaux marchés
internationaux sur lesquels les acteurs français devront se positionner pour
conserver leur place dans l'eau :
• une raréfaction des ressources dans de nombreuses zones géographiques à
forte densité de population ;
• une pollution de plus en plus systématique des nappes phréatiques ;
• une dégradation des réseaux liés au vieillissement des installations ;
• la croissance démographique et l'urbanisation.
Le Conseil Mondial de l’Eau évalue à 180 milliards de dollars par an pour les 25
prochaines années (75 milliards de dollars sont actuellement investis chaque année)
les investissements nécessaires au niveau mondial pour moderniser l’existant, créer
de nouveaux équipements (usines de production, réseaux de distribution, stations
d’assainissement) et développer de nouveaux systèmes d'irrigation.
5 BCG, décembre 2008, Développer les éco-industries en France
6 Source : BCG, 2008, Développer les éco-industries en France
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
14
Dans les pays en développement, le défi de l'objectif du millénaire (qui prévoit de
réduire de moitié d'ici 2015 le nombre de personnes ayant accès à l'eau potable et à
l'assainissement) et l'urbanisation croissante entraînent des perspectives de
croissance considérables.
Les marchés d'Asie (Chine, Inde) et du Moyen-Orient sont appelés à connaître des
croissances particulièrement fortes.
Certains pays en situation de fort stress hydrique auront recours à des technologies
adaptées à chaque cas :
• l'utilisation des eaux usées pour l'irrigation et plus généralement pour les
cultures, par exemple aux Etats-Unis ;
• le dessalement, par exemple en Australie et sur le bassin méditerranéen ;
• la recharge artificielle des nappes phréatiques pour une gestion optimisée des
ressources en eau en situation de rareté périodique.
La présence de grands groupes au niveau international donne à la France des atouts
concurrentiels importants à l'échelle mondiale et lui permet d’occuper une position
prédominante sur l’ensemble des segments du marché. Le savoir-faire de « l'école
française de l'eau » est reconnu à l'export pour les activités d'ensemblier, de gestion
de services et de clientèle sur les filières matures de traitement : eau potable, eaux
usées, boues, eaux pluviales.
Cependant, dans le domaine des services, la compétition internationale est de plus
en plus forte. Certains « petits » pays font preuve d’un fort dynamisme (Pays-Bas par
exemple avec la mise en place du « Netherland Water Partnership »). De nouveaux
opérateurs émergent en Asie du Sud-est (Chine, Malaisie, Singapour, Corée du Sud).
Ils se positionnent sur les marchés du dessalement et de la réutilisation des eaux
usées. Le nombre de contrats incluant à la fois la fourniture d’eau potable et
l’assainissement tend à diminuer, tandis que les contrats sont renouvelés plus
souvent. Ces évolutions favorisent l’apparition de nouveaux entrants spécialisés.
Dans le domaine des équipements spécifiques à l’eau (traitement, membranes
ozone, filtration, …), les marchés sont dominés par les entreprises japonaises,
allemandes ou coréennes. Le marché des membranes est ainsi essentiellement
dominé par l’Asie, le marché de la métrologie par l’Allemagne ou Israël. Les
pays émergents tels que la Chine ou l’Inde sont également très présents sur des
produits faiblement différenciés, notamment en robinetterie.
Les opérateurs et entreprises de l’eau devront donc :
• S’appuyer sur des expériences et références en France et dans le monde ;
• Proposer une offre qui se différenciera par la maîtrise des technologies et des
procédés ;
• S’appuyer sur des outils d’accompagnement à l’export adaptés.
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
15
3. LE S EN TR EP R I SE S FR A N ÇA I SE S D E VR ON T SE P O S IT IO NN ER SU R
LE S T EC HN OL OG IE S D ’A V EN IR
Certaines filières de traitement sont porteuses de développement : pour ces filières
la demande est en forte croissance et le restera à court ou moyen terme. Le groupe
du COSEI a particulièrement identifié certaines technologies présentées ci-dessous
en encadré.
L A V A L O R I S A T I O N E T G E S T I O N D E S R E S S O U R C E S E N E A U E T L E
D E V E L O P P E M E N T D E R E S S O U R C E S A L T E R N A T I V E S
• Gestion de la demande en eau (télérelevé, gestion des allocations de la
demande, télégestion des installations)
• Suivi, analyse et prévisions de la quantité et de la qualité des ressources en eau
(modélisation, mesures en continu…)
• Amélioration et protection de la ressource pour les captages d’eau potable
• Analyse et prévision des impacts du changement climatique sur les ressources
en eau au niveau d’un territoire
• Optimisation des usages agricoles, forestiers et industriels pour une gestion
durable des ressources
• Dessalement à basse consommation d’énergie
Focus Dessalement :
Le dessalement est fondé sur des technologies de distillation ou d'osmose inverse. Il
permet la mise à disposition de ressources en eau en zone de déficit hydrique
(notamment les zones côtières à forte croissance démographique). La production
mondiale d’eau douce par ce procédé s’élève actuellement à 47 millions de m3, soit
0,45 % de la consommation mondiale. Elle croît fortement, à une moyenne de 10%
par an. Le marché est estimé à environ 17 milliards de dollars en 2020. Toutefois la
production d’eau douce nécessite des quantités d’énergie importantes
(actuellement : 3-4 kWh/m3 dans les grandes unités). La technologie devra évoluer
pour réduire la consommation énergétique et les coûts de production d’eau potable
encore élevés : il s’agit pour les acteurs industriels à horizon 2015 de développer des
techniques d’osmose inverse consommant moins de 2 kWh/m3. Ces nouvelles
solutions ouvriront de nouveaux marchés dans les pays en développement.
• Réutilisation des eaux usées traitées
Focus Réutilisation des eaux usées traitées :
La réutilisation des eaux usées consiste dans leur récupération et leur traitement
pour de nouveaux usages : agricoles, industriels, recharge de nappes, espaces verts
... Elle requiert des traitements classiques (traitements intensifs : boues activées ou
traitements extensifs : lagunage) qui doivent être complétés par des traitements par
filtration, microfiltration ou ultrafiltration, associés à des méthodes de désinfection
par UV selon l’usage qui en est fait ou des traitements par lagunage de maturation.
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
16
Elle présente un intérêt en cas de tension quantitative sur la ressource en eau. Elle
est, par exemple, très développée aux Etats-Unis, en Australie, en Asie, dans les pays
du Golfe Persique, dans le bassin méditerranéen (réutilisation agricole des eaux
usées urbaines). Elle est largement systématisée en Israël (70% des eaux d’égoûts
sont recyclées pour des usages d’irrigation). Les normes de qualité d’eau pour ces
usages sont très disparates dans le monde. La réutilisation des eaux usées urbaines
est encore très peu développée sur le territoire français du fait de l'abondance des
ressources en eau. Cependant, des localités y ont recours pour faire face à la
croissance de leurs besoins (îles, villes côtières, …) ou pour répondre aux conflits
d’usage (expérimentation de la réutilisation des eaux usées à Clermont-Ferrand pour
usage agricole par exemple).
La demande d’utilisation des eaux usées est en forte expansion dans le monde. Les
principaux acteurs du recyclage estiment que le volume d’eau recyclée aura doublé
entre 2005 et 20157. La croissance de la demande devrait varier selon les zones
géographiques : très forte (de 40 à 60% de croissance) dans les zones à fort stress
hydrique (Espagne, Italie, Australie) ou d’urbanisation intensive (Chine), importante
dans les pays industrialisés (environ 25%).
• Gestion optimisée des eaux pluviales urbaines (y compris récupération et
réutilisation collective en particulier dans les DOM TOM)
• Gestion et prévision des inondations et gestion en temps réel des évènements
extrêmes
L E T R A I T E M E N T P E R F O R M A N T D E S E A U X
La mise en place des filières de traitement nécessite de recourir à différentes
technologies : technologies de membranes pour le dessalement et le traitement des
eaux usées, technologie UV pour désinfection avant « reuse », technologie de
traitement plus performante pour éliminer les micro-polluants.
• Utilisation des nanotechnologies
• Utilisation de membranes
Focus Membranes :
Une membrane est une barrière mince et sélective entre deux phases. Ces
membranes en fonction de leurs caractéristiques de perméabilité et de diamètre de
pore apportent différents degrés de filtration : les procédés de microfiltration,
ultrafiltration et nanofiltration visent une discrimination de taille de particules. Elle
est clé dans le traitement des micropolluants émergents. Le marché des membranes
pour dessalement est dominé par le Japon et l’Allemagne. 70% des membranes
d’osmose inverse sont fournies par trois fabricants : Dow, Nitto Denko, Toray. A
contrario, le marché des technologies membranaires pour les nouvelles filières de
traitement (reuse, micropolluants, …) est plus ouvert pour des acteurs français. Des
7 Rapport de l’OPECST, La qualité de l’eau et assainissement en France, Mars 2003
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
17
PME, telles que Polymem et Orelis, sont actives sur ce marché. Aquasource est
également un acteur important.
Pour renforcer la dynamique dans le domaine des technologies membranaires et
fédérer les industriels français, un club français des membranes, MEM’P +, a été créé
en 2008 rassemblant 38 entreprises. Il prévoit d’engager des actions collectives ou
individuelles (montage de projets, marketing…) et réaliser une cartographie des
acteurs français.
• Mesures en continu (quantité et qualité) des eaux potables et eaux usées
• Utilisation des UV pour l’eau potable
Focus Désinfection UV :
Le traitement par irradiation UV est utilisé dans le cadre de la désinfection des eaux
de piscine et de l’eau potable. Les technologies utilisées sont des réacteurs équipés
de lampes à vapeur de mercure à basse pression utilisées pour les traitements
bactéricides classiques. De nouveaux procédés innovants mettant en œuvre des
lampes à vapeur de mercure à moyenne pression peinent à pénétrer le marché
français notamment du fait de la procédure d’agrément soumise à avis de l’ANSES.
• Développement dans certains cas de techniques de phyto-épuration
Focus Phyto-épuration :
Il s’agit d’une technique d’épuration des eaux usées par laquelle l’eau est traitée en
passant par une zone aménagée avec des plantes aquatiques (jardin filtrant) qui
facilitent l’aération du bassin. Aujourd’hui près de 800 plantes filtrantes ont été
recensées. De nombreuses innovations sont reconnues par des organismes publics
(CSTB, Cemagref). La filière doit cependant aujourd’hui être adaptée à d’autres
contextes climatiques que le contexte métropolitain (tropicaux, dans les DOM, par
exemple) et à des procédés adaptés aux traitements d’effluents agricoles et
industriels.
• Les technologies d'assainissement non collectif
Focus assainissement non collectif (ANC) :
Une installation d’assainissement non collectif doit assurer la collecte, le transport,
le traitement et l’évacuation des eaux usées domestiques ou assimilées des
immeubles non raccordés à un réseau public de collecte des eaux usées. Les
installations sont composées d’un système de prétraitement (fosse septique) et un
système de traitement par le sol. Avec le temps, ces procédés ne permettant pas de
répondre à certaines problématiques notamment les cas de faible surface disponible
sur la parcelle pour l’assainissement, des procédés compacts ont été développés par
les industriels. Cette évolution des solutions de traitement a été accompagnée par
une évolution de la structure professionnelle, les acteurs principaux que sont les
fabricants (dispositifs complets, éléments préfabriqués - près de 1 500 emplois) et
les installateurs (artisans plombier, paysagistes, TP, etc. - environ 10 000 emplois),
ont été rejoints par des ensembliers et des bureaux d’études.
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
18
Pour répondre aux nouvelles exigences de maîtrise des pollutions diffuses (maintien
du bon état écologique des eaux), un effort de renouvellement du parc des
installations d’assainissement non collectif doit être réalisé.
UN E M E I L L E U R E G E S T I O N P A T R I M O N I A L E D E S R E S E A U X
• Géoréférencement des réseaux
Focus Géoréférencement des réseaux :
En vue de sécuriser les travaux réalisés sur la voie publique, la géolocalisation est
rendue obligatoire par le futur décret qui abrogera le décret 91/1147. La
géolocalisation nécessite le couplage de plusieurs techniques (méthode sonore,
radio, radar) en vue non seulement de localiser la canalisation dans l’espace mais
aussi de définir la nature de fluide qui circule à l’intérieur. Les entreprises présentes
sur le secteur sont des entreprises de service telles que Réacana (du groupe NGE),
Sade (Véolia), Eiffage, Telerep, …
Les équipements utilisés pour la détection sont essentiellement fabriqués par les
Allemands, les Américains et les Italiens. Cependant, des entreprises françaises
(comme la société Ryb) se positionnent sur les nouveaux marchés des canalisations
intelligentes. Cette nouvelle approche impactera directement les métiers de service.
• Diagnostics sans tranchée
Focus Diagnostics sans tranchée :
Les collectivités devront réaliser un diagnostic qui permettra d’évaluer l’état de leurs
réseaux d’eau et d’assainissement. En fonction du degré de dégradation, la
collectivité devra établir un plan d’action de remise en état de son réseau. Ce
diagnostic peut être réalisé soit à l’aide de logiciel de calcul, soit in situ à l’aide de
caméra en utilisant des méthodes de diagnostic des réseaux sans tranchées. Dans le
futur, le diagnostic pourra être réalisé en continu grâce à l’intégration des TIC dans
les réseaux d’eaux et à l’intégration dans les réseaux de « canalisations
intelligentes ».
• Remplacement ou rénovation des réseaux
Focus Remplacement ou rénovation des réseaux :
Le réseau d’eau en France représente 906 000 km et le réseau de collecte des eaux
représente 395 000 km dont un quart concerne les seules eaux pluviales, soit
environ 95 000 km (source SOeS, SSP 2008). Deux types de technologies sont
développés selon la situation et la commande de la collectivité : la technologie sans
tranchée et à ciel ouvert. Les technologies sans tranchée sont largement utilisées
pour la réhabilitation des canalisations d’assainissement. La technique la plus
courante consiste à intégrer dans la canalisation un appareil permettant le
chemisage de la canalisation dégradée. Dans les opérations de pose ou de
remplacement de canalisations à ciel ouvert, la gestion des matériaux extraits et leur
réutilisation, ainsi que la gêne occasionnée pour les riverains, sont les principales
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
19
préoccupations ; pour ces raisons, il est important de développer des techniques
sans tranchée, qui sont plus respectueuses de l’environnement, tout en garantissant
l’intégrité des réseaux enterrés.
• Développement de nouvelles techniques adaptées pour l’accès à l’eau des
populations non raccordées
L A R E D U C T I O N D E S I M P A C T S E N V I R O N N E M E N TA U X D E S S E R V I C E S D ’E A U E T
D ’A S S A I N I S S E M E N T
• Réduction des consommations énergétiques dans les installations de traitement
• Réutilisation du biogaz sur les stations d’épuration, développement des STEP à
bilan d’énergie positif
• Production d’électricité par mini turbines dans les conduites
• Production de chaleur (et de froid) par extraction de calories (frigories) des eaux
usées et leur amplification par pompes à chaleur
• Séchage des boues par énergie solaire et pompe à chaleur
• Développement de production d’énergies renouvelable (solaire)
• Valorisation de l’eau recyclée en produit à valeur ajoutée (engrais azotés, …)
• Développement et valorisation des outils de mesure de la performance
environnementale
Focus Station d’épuration du futur :
La station d’épuration du futur est une station d’assainissement ou de production
d’eau potable qui réduit l’empreinte environnementale du cycle de l’eau, diminue
les pertes en eau et les consommations énergétiques des collectivités. Elle intègre
des solutions innovantes : production énergétique, valorisation des sous-produits, …
Le développement de ces technologies et services sera un facteur de différenciation
à l'export.
C. LA CREATION DES POLES DE COMPETITIVITE
RENFORCE LA DIMENSION INDUSTRIELLE DE
L ’INNOVATION
La recherche publique et privée dans le domaine de l’eau a longtemps été peu
« visible » et dispersée. Cependant, la dynamique insufflée par la création des pôles
de compétitivité devrait conduire à améliorer cette visibilité et renforcer les
échanges entre le monde académique et le monde de l’industrie et des services.
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
20
a) U N E I N T E N S I T E D E R&D L I M I T E E
Les activités de R&D dans le domaine de l’eau sont réparties entre les organismes
publics de recherche, les entreprises et les programmes partenariaux. Les principaux
acteurs ont été recensés par l’ONEMA dans le rapport « CART’EAU, Eau et milieux
aquatiques, Cartographie de la Recherche et Développement en France » de juillet
2010.
Le secteur privé assure un effort de recherche important. Les opérateurs privés ont
dépensé, en 2008, 140 millions d’euros dans la recherche et le développement, soit
1,1 % de leur chiffre d’affaires8. La R&D mobilise environ 600 salariés,
principalement répartis dans les trois premières entreprises (Veolia Environnement,
Suez Environnement et SAUR). Les petites entreprises répondent à des objectifs de
R&D ciblés. Il s'agit principalement de bureaux d'études spécialisés dans un domaine
(assainissement individuel, gestion de la ressource, traitement des effluents urbains,
...).
L'effort d'innovation des entreprises de l'eau associe deux approches : les
développements internes issus des services de R&D et les développements
technologiques au travers des acquisitions et des partenariats. Cette deuxième
approche est de plus en plus utilisée. Elle permet de réduire les délais de conception
et de mises à disposition des technologies. Véolia a ainsi lancé le Veolia Innovation
Accelerator qui permet de soutenir les jeunes entreprises innovantes. Suez
Environnement a également créé récemment un fonds de capital-risque, Blue
Orange. La recherche privée porte principalement sur les technologies, la gestion
des ressources et les usages.
La R&D des opérateurs privés a permis de développer des avancées technologiques :
mise au point de filières de traitement de l’eau multi barrières (traitements
membranaires, couplage membrane / charbon actif, désinfection UV), méthodes
industrielles de traitement / recyclage des boues de stations d'épuration, gestion
dynamique des réseaux d'assainissement et de traitement des eaux pluviales
(décanteurs à grande vitesse), mise au point de nouvelles techniques d'analyse pour
la recherche de micro-polluants dans l'eau, gestion active de la qualité des eaux de
baignade, développement de techniques de lutte contre les nuisances olfactives sur
les ouvrages d'assainissement, télé-relève permettant de relever les consommations
à distance et de les suivre en continu.
La recherche publique mobilise les trois quarts des 4 300 chercheurs du domaine de
l’eau. Plus de 120 organismes publics mènent des programmes de recherche dans le
domaine, dont le BRGM, le CEMAGREF, le CNRS, IFREMER, l’INRA, l’IRD. Les projets
de recherche publics portent en priorité sur la dynamique et la gestion des milieux
8 Etude BIPE 2010, Les services publics d’eau et d’assainissement en France, Données économiques, sociales et
environnementales
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
21
aquatiques, la gestion quantitative de la ressource, les pollutions et les risques
chimiques.
La recherche dans le domaine de l’eau est financée par des programmes de
recherche nationaux et européens.
• La Commission européenne finance la recherche dans l'eau au sein du
Programme cadre de recherche et développement (7e PCRD), du programme
LIFE +, des programmes de coopération territoriale européenne (INTERREG).
Toutefois, la représentation des entreprises françaises dans ces programmes
reste faible.
• Les entreprises peuvent se tourner également vers le cluster européen Eurêka
« ACQUEAU » financé par les Etats parties à Eurêka. Labellisé en mai 2010, cette
initiative vise à promouvoir et financer l'innovation et les solutions proches du
marché pour accélérer le développement de nouvelles technologies
européennes sur les marchés internationaux. Les projets thématiques retenus
par Acqueau en 2010/2011 ont porté sur les technologies membranaires et le
suivi en continu des réseaux.
• Au niveau national, un grand nombre de programmes finance des projets liés à
l'eau : 9 programmes de l’ANR , 6 du CNRS, programmes du ministère de
l’écologie, .... Ces programmes ne sont toutefois pas entièrement dédiés à l’eau
et aux milieux aquatiques.
• L’ONEMA et les Agences de l’eau soutiennent le transfert et la valorisation des
résultats issus des programmes de recherche. Ces programmes sont consacrés à
la structure et au fonctionnement des écosystèmes aquatiques, à l'évaluation
des impacts des activités humaines, à la restauration des milieux aquatiques. Le
montant total des actions soutenues par l’ONEMA et les Agences de l'eau
s'élève à environ 10 M€ par an.
L’étude Cart’Eau a évalué le financement de la recherche publique dans le domaine
de l'eau à près de 36 millions d’euros par an (en 2008).
Source : Rapport Cart’eau, Onema, Mai 2010, ne prend pas en compte les financements d’OSEO, de la DGCIS (AAP Eco-industries) et de la DGT (FASEP, …).
Le financement de la recherche et de l’innovation p ubliques dans l’eau (Cart’Eau, Millions d’euros par an)
Total ONEMALIFE INTERREGPCRD MEDDTLANR
36,1 M€
1,5
1,5
5,3
7,3
10,5
10
Financements européens :
14,1 M€
Financements nationaux :
22 M€
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
22
Il faut ajouter, en aval de la recherche, les appels à projets nationaux dans lesquels
on observe une croissance des projets innovants dans le domaine de l’eau,
notamment le FUI (pôles de compétitivité) et l’appel à projets Eco-industries de la
DGCIS.
Le panorama des dispositifs de recherche montre que, s’il existe de nombreux
programmes de recherche, l’intensité en R&D du secteur reste limitée. Peu de
programmes sont complètement dédiés au secteur.
b) L A D Y N A M I Q U E I N S U F F L E E P A R L A C R E A T I O N D E S P O L E S D E
C O M P E T I T I V I T E D E V R A I T C O N D U I R E A R E N F O R C E R L A V I S I B I L I T E
D E L ’ I N N O V A T I O N D A N S L ’ E A U
Le paysage de la recherche dans le domaine de l’eau a été profondément modifié
avec la création des trois pôles de compétitivité qui encouragent les regroupements,
les partenariats et la mise en réseau des entreprises. En juin 2010, trois clusters ont
été labellisés « pôles de compétitivité » :
• Le pôle EAU, pôle à vocation mondiale, regroupe les acteurs industriels et
scientifiques de trois régions, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées et Provence-
Alpes-Côte-d’Azur, autour d’une approche globale de la problématique de l’eau.
• Le pôle HYDREOS regroupe les acteurs industriels et scientifiques de la Lorraine
et de l’Alsace, dans une démarche visant à lever les verrous technologiques
autour d'une approche ciblée sur la qualité des eaux et son impact sur la santé
des populations et des écosystèmes.
• Le pôle DREAM est issu de la fusion de deux structures régionales de la région
Centre, le cluster Resonat et le cluster Dream. Il s’appuie sur les spécificités de
l'écosystème régional dans les secteurs de l'eau et des milieux naturels.
Les trois pôles impliqués dans la thématique de l’eau ont signé une « Charte de
coordination des pôles de compétitivité sur l’eau » définissant des objectifs
communs pour la structuration et le développement de la filière eau et à la mise en
œuvre d’actions coordonnées.
Cette nouvelle organisation a été complétée par la création de nouvelles
plateformes d’innovation adossées aux pôles de compétitivité dont l’objectif est
d’offrir aux entreprises et notamment aux PME une porte d’entrée rassemblant les
compétences et les installations techniques, des espaces d’accueil et de tests pour
faciliter la diffusion des connaissances de recherche amont vers le secteur industriel.
* *
*
L’examen de la filière et de ses enjeux montre que la filière de l’eau et de
l’assainissement, bien que mature, est porteuse de perspectives de croissance en
France et à l’international. Toutefois, la dimension industrielle du dispositif de
l’innovation est encore peu développée, même si elle s’établit progressivement. La
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
23
filière doit adapter ses métiers et ses offres aux marchés d’amélioration, aux
marchés spécialisés et aux nouveaux marchés émergents. Le positionnement des
entreprises de l’eau et de l’assainissement dépend de leur capacité à offrir des
solutions industrielles innovantes et de la capacité des pouvoirs publics à créer les
conditions du maintien d’une forte compétitivité de la filière.
* *
*
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
24
II. LES LEVIERS DU DEVELOPPEMENT DE LA
FILIERE ET PROPOSITIONS D’ACTIONS
Pour répondre aux évolutions décrites dans la première partie, les entreprises de
l’eau soulignent l’utilité d’une politique industrielle de l’eau. Elle doit viser à
consolider le leadership des entreprises françaises et à maintenir une offre française
compétitive pour les marchés français et internationaux. Dans cette perspective, le
groupe de travail du COSEI a identifié quatre problématiques clés pour la filière de
l’eau et de l’assainissement :
1. La visibilité du secteur de l’eau dans la politique industrielle ;
2. Le soutien à l'innovation et à la création de démonstrateurs technologiques en
France et la consolidation d’un tissu de PME innovantes dans les filières
émergentes ;
3. La création des conditions pour faire du marché domestique une vitrine des
savoir-faire français : par l’incitation des maîtres d'ouvrage publics à intégrer les
innovations et par une réglementation adaptée aux projets industriels ;
4. Un accompagnement accru à l’export.
Sur ces problématiques, le groupe de travail a établi des propositions d’actions
opérationnelles.
A. RENFORCER LA VISIBILITE DU SECTEUR DE L’EAU
DANS LA POLITIQUE INDUSTRIELLE
Malgré son poids économique et l'utilité sociale et environnementale de l'activité de
l'eau, le secteur est peu visible dans les politiques publiques :
• l'eau n'est pas identifiée en tant que telle dans les objectifs du millénaire définis
par l’ONU ;
• les investissements d’avenir n’ont pas prévu de financement dans le secteur de
l'eau au titre des investissements stratégiques ;
• la priorité est donnée aux nouvelles technologies, principalement dans le
domaine de l'énergie.
Le groupe du COSEI souligne la nécessité d’une meilleure prise en compte du
secteur dans les politiques de développement industriel.
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
25
• Un niveau de dialogue élevé entre les entreprises de l’eau, grands groupes et
PME, et les pouvoirs publics doit être maintenu à l’image de la concertation
mise en place dans le cadre du COSEI.
• Les outils d’analyse et de développement du secteur de l’eau devraient être
renforcés : une observation fine du secteur doit montrer le poids stratégique de
la filière dans l’économie française (analyse stratégique des marchés de l’eau,
études de marchés précises sur les nouvelles technologies). Une cartographie
industrielle permettrait d’identifier la répartition des acteurs, les points forts et
les faiblesses aux échelles locale et nationale du secteur. Elle permettrait le
recensement des outils mis à disposition des acteurs et de localiser les domaines
d’excellence.
Proposition 1 : Renforcer l’observation du secteur (analyse stratégique des marchés
de l’eau et des nouvelles technologies). Etablir une cartographie de l’industrie
nationale du secteur de l’eau. Constituer un groupe de travail sur la cartographie
industrielle.
• Une analyse des politiques publiques de soutien au secteur de l’eau dans le
monde permettrait aussi d’identifier les stratégies les plus offensives. Une étude
comparative sur la politique industrielle de l’eau et de l’assainissement pourrait
être conduite auprès des pays qui affichent l’eau comme secteur prioritaire
(Corée du Sud, Singapour, Allemagne, …) par l’intermédiaire du réseau français
de veille économique.
Proposition 2 : Réaliser une étude comparative des politiques de soutien aux
entreprises de l’eau dans les pays affichant l’eau comme secteur prioritaire (Corée
du Sud, Singapour, Allemagne, …).
B. SOUTENIR L ’INNOVATION POUR CONSOLIDER LE
LEADERSHIP FRANÇAIS
L'innovation est un facteur structurant de la compétitivité des entreprises de l'eau et
de l'assainissement. La description de la filière (Partie I) a montré le positionnement
du système de recherche et développement en amont de la recherche industrielle.
La politique de l’innovation dans l’eau pourrait évoluer pour donner à la R&D une
perspective industrielle et soutenir des programmes de démonstration. Elle doit
permettre de consolider le leadership de la filière française.
1. INS CR IR E L ’OR GA N ISA T I ON D E LA R&D FR A N ÇA IS E D A NS U N E
P ER SP E C TI VE IND U STR IE LL E
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
26
Une perspective industrielle doit être donnée à tous les échelons du dispositif de
soutien à la recherche, tant au niveau national qu’au niveau des agences de l’eau.
Au niveau national, le dispositif public de recherche est actuellement fragmenté
entre de nombreuses unités de recherche. Il n’existe pas de coordination de la R&D
globale dans le secteur, ni d’opérateur en charge de la mise en œuvre d’une
politique industrielle. Les projets de recherche publique portent principalement sur
la gestion des milieux aquatiques et la gestion quantitative des ressources, plutôt
que sur le développement de technologies et l’innovation industrielle.
A contrario, dans le domaine de l’efficacité énergétique, du recyclage, des énergies
renouvelables, l’ADEME joue un rôle de soutien aux filières avec un fort effet
d'entraînement sur les secteurs d’activité. L’agence apporte un accompagnement de
proximité, une expertise et un conseil au développement des entreprises.
Un tel accompagnement serait utile aux filières de l’eau et de l’assainissement. Les
entreprises de l’eau estiment qu’elles pourraient fortement bénéficier d'une agence
susceptible de coordonner des travaux de recherche et d’intervenir en soutien à
l'offre des entreprises.
Un opérateur public national pourrait être identifié. L’ONEMA, par sa mission dans le
domaine de l’eau, aurait vocation à assurer un soutien aux actions de recherche et
de développement industriel. L’une des missions données à l’ONEMA lors de sa
création est en effet de « conduire ou soutenir des programmes de recherche et
d’études communs à tous les bassins ou revêtant un intérêt général »9. Il finance
actuellement près d’un tiers de la recherche publique sur l’eau. A défaut, une
implication de l’ADEME pourrait être recherchée pour le développement de filières
de produits industriels.
Proposition 3 : Identifier un opérateur public national susceptible de porter des
travaux d’innovation et d’assurer un rôle dans la mise en œuvre des politiques
publiques de structuration de la filière industrielle, de développement et de
diffusion des meilleures technologies, à l’instar de l’ADEME dans le recyclage et
l’énergie.
Ensuite, les actions de soutien à l’innovation industrielle doivent être renforcées
dans les missions des agences de l’eau. Elles jouent un rôle majeur dans la
structuration des acteurs de l'eau dans les bassins, notamment par les soutiens
qu'elles apportent aux collectivités locales. Dans le 9ème programme d'intervention,
pour la période de 2009 – 2012, elles disposent d’un budget de 11,6 milliards
d’euros issus des redevances.
Le programme d’intervention est toutefois essentiellement centré sur le conseil
auprès des collectivités et le soutien à la demande (des collectivités, des industriels,
des exploitants agricoles). Dans le cadre des 10e programmes d'intervention des
agences de l'eau pour la période 2013 – 2015, la dimension industrielle et
technologique devrait être affirmée comme l'un des volets de leur action, en
9 Loi n°2006-1772 du 30 décembre 2006 portant création de l’ONEMA (Article 88)
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
27
intégrant les enjeux de la filière Eau dans la mission des agences. Cette intervention
des agences de l’eau pourrait résider dans le soutien aux projets de pôles de
compétitivité autant que dans l’accompagnement de l’offre industrielle.
• Intervenue en mai 2010, la labellisation de trois pôles de compétitivité dans le
domaine de l’eau et de l’assainissement doit être valorisée au mieux pour
développer les innovations tant en France qu’à l’étranger, pour le bénéfice de
l’ensemble des partenaires : entreprises de toutes tailles, structures de
recherche et de formation associées. Ces pôles doivent être des relais de
création de valeur associant les agences de l’eau et l’ONEMA pour le transfert et
l’application de ces nouveaux savoir-faire pour le bénéfice des collectivités
territoriales. Les agences de l’eau doivent participer à la sensibilisation et à
l’information des collectivités sur les pôles de compétitivité et sur les
innovations existantes. Elles doivent inciter aussi les collectivités locales à
participer aux projets collaboratifs des pôles de compétitivité. Les agences
auraient ainsi un rôle clé à jouer pour consolider le positionnement des pôles de
compétitivité de l’eau dans le soutien à l’innovation et aux PME. Ces
mécanismes à développer doivent faire l’objet de travaux complémentaires
collectifs avec les parties prenantes.
• Les agences doivent aussi participer au développement des réseaux
d’entreprises, des clusters et des actions collectives d’entreprises pour suivre et
accompagner une offre industrielle compétitive.
Proposition 4 : Affirmer dès 2012, et ensuite dans le 10e programme des agences de
l’eau, la mobilisation des agences de l’eau en soutien du tissu industriel et pour
consolider les pôles de compétitivité.
Enfin, la lisibilité de l’organisation de la R&D pourrait également être renforcée. Pour
répondre aux besoins de rapprochement entre la recherche publique et privée, il est
indispensable de mettre à disposition des industriels un état des lieux précis et
pérenne des acteurs publics de recherche et développement. La démarche
entreprise par l’ONEMA de recensement des projets et des moyens de recherche
dans le programme Cart’Eau doit être consolidée et pérennisée. De même, les pôles
de compétitivité pourraient mettre en place une cartographie des organismes de
recherche actifs sur leur territoire.
Proposition 5 : Renforcer la lisibilité de l'innovation dans le domaine de l'eau :
consolider, pérenniser et élargir la démarche de recensement des projets et des
moyens de R&D dans le domaine de l'eau (base de données "Cart'Eau") en intégrant
les projets financés notamment par le FUI et OSEO. Introduire dans les objectifs des
pôles de compétitivité la mise à jour de la cartographie des organismes publics de
recherche actifs sur leur territoire.
2. CR EER E N FR A N CE D ES D EMO NS TR A TEU R S D E T EC HN OLO GI ES
STR U C TU R A N TE S
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
28
La politique d’innovation doit consacrer des moyens aux nouvelles technologies de
l'eau et de l'assainissement.
Les entreprises françaises de l'eau maîtrisent aujourd'hui des technologies nouvelles
(dessalement d'eau de mer, réutilisation des eaux usées traitées, réduction de
l’impact environnemental des stations d'épuration, ...) mais des progrès sont encore
attendus pour rendre ces technologies plus performantes et économiques :
dessalement à très faible consommation énergétique, production d’énergie,
amélioration du recyclage des eaux usées, ... Ces nouvelles technologies doivent
toutefois être démontrées, faire preuve de leur capacité à être développées à
l'échelle industrielle. Elles doivent être expérimentées sur le marché domestique.
Les entreprises de l’eau et de l’assainissement souhaiteraient bénéficier d’un
programme de soutien à l'innovation et à la démonstration afin de valider ces
technologies. Il permettrait de développer et de concentrer les savoir-faire des
entreprises françaises en matière de R&D, de conception (ingénierie) et de
construction. Il doit porter en priorité sur les technologies clés pour le
développement international des entreprises.
Quatre technologies pourraient faire l’objet de démonstrateurs :
• Développement de « water grids » (gestion intelligente des réseaux et des
consommations, métrologie des milieux naturels) ;
• Réutilisation des eaux usées traitées (traitement par microfiltration,
ultrafiltration, désinfection UV et démonstration pour les différents usages :
agricoles, industriels, …) ;
• Dessalement d’eau de mer à faible consommation énergétique. Disposer en
France de démonstrateurs innovants en matière de consommation énergétique
serait un atout clé pour le développement à l’international de ces techniques. Ils
auraient principalement pour objectif de montrer la robustesse technologique
qui reste un des facteurs clés pour le choix d’une technologie de dessalement.
• Développement de technologies économes en énergie (production d'énergie
renouvelable, réutilisation du biogaz…). Les démonstrateurs pourraient
comporter deux volets. En matière d’ingénierie, ils pourraient porter sur le
développement d’outils de simulation énergétique (Etablir les bases de données
nationales sur les consommations d’énergie, modéliser les impacts des
différentes stratégies de gestion sur les consommations énergétiques,
développer un outil de gestion des réseaux d’eau intelligents combinant la
modélisation hydraulique, les consommations historiques et instantanées).
L’outil permettra une meilleure gestion de l’énergie et de limiter les pertes en
eau sur le réseau. En matière de process, le fonctionnement d’une station
d’épuration doit être revu en considérant les performances de traitement mais
également en prenant en compte la performance énergétique.
Une réflexion doit être engagée sur l’adaptation des techniques pour les pays
émergents (tropicalisation des techniques et des équipements) à travers des sites
d’essai sous régime tropical. Les DOM (Zone Caraïbes, Océan Indien) peuvent
constituer des sites de démonstration.
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
29
Les projets de démonstration doivent être réalisés dans un cadre juridique qui
garantisse le respect de la propriété intellectuelle.
Proposition 6 : Engager des programmes de soutien à l’innovation ou de
démonstration sur des technologies clés, dans une perspective de développement
de ces technologies à l’international, en veillant au respect de la propriété
intellectuelle : « water grids », gestion de l’impact environnemental des installations
(consommations d’énergie notamment), réutilisation des eaux usées traitées,
dessalement à basse consommation d'énergie.
A une échelle plus petite, l’appel à projets Eco-industries financé par la DGCIS a
permis de financer des démonstrateurs de petite taille, proches de
l’industrialisation, particulièrement adaptés aux besoins du secteur de l’eau. Cet
appel à projets, qui doit se terminer en 2011, pourrait utilement être reconduit.
Proposition 7 : Prolonger l’appel à projets Eco-industries permettant le
développement de prototypes ou de démonstrateurs de petite taille, dans le secteur
de l’eau.
3. SOU TE NIR U N TI S SU D ' EQU IP EM EN T IER S FR A N ÇA I S SU R L ES
NI CH ES T EC HN OL OGI QU E S
La filière française de l'eau et de l'assainissement doit se développer sur les
segments de marchés à forte valeur ajoutée, qui sont souvent des niches
technologiques. Si la France accuse un retard relatif dans les équipements, la
création de pôles de compétitivité marque une nouvelle étape dans la structuration
et la promotion de ces filières. En s’appuyant sur cette dynamique, un tissu
d’entreprises actives doit pouvoir émerger sur ces marchés.
Quelques filières sont identifiées comme prioritaires au regard des atouts industriels
français et des potentiels de marché : membranes, métrologie, diagnostic de
réseaux, assainissement rural. Pour ces filières, une véritable stratégie de
développement doit être mise en place.
Procédés de traitement membranaires et UV
Le marché des technologies membranaires pour les nouvelles filières de traitement
(reuse, micropolluants, …) a un potentiel important pour des acteurs français.
L’action collective MEM’P « Membranes pour PME » soutient le développement des
PME françaises positionnées sur les technologies membranaires. Elle a pour but de
favoriser l’émergence de nouveaux projets industriels et technologiques et de
structurer la filière « membrane » française. Les actions structurantes du club
MEM’P doivent être soutenues. Les UV voient de nouvelles applications sur les
marchés du REUSE, du traitement des eaux de ballast des bateaux et des résidus
médicamenteux. Cette filière étant très réglementée en France, il est nécessaire d’en
valider la performance.
La métrologie / instrumentation / modélisation / télédétection
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
30
L’équipement des milieux naturels et des réseaux en instrumentation permettant de
mieux connaitre et gérer leur qualité et la quantité de la ressource est une évolution
appelée à se développer. Les entreprises françaises sont présentes sur le marché du
suivi, de la mesure et du traitement de données (Hocer, Schlumberger, Orchid,
Neoteck-Ponsel). Cependant, les principaux producteurs de compteurs et
d'équipements sont étrangers (Israël, Allemagne, …). Un investissement en R&D
permettrait de renforcer la filière. Une stratégie pour la filière française de la
métrologie devrait être élaborée.
Diagnostics de réseaux sans tranchée
La gestion du patrimoine et la réhabilitation du réseau est un enjeu majeur, d’une
part pour la pérennité des installations, mais également pour la sécurité (le cadre
législatif et réglementaire a été renforcée sur la nécessité de positionner
précisément les réseaux pour éviter les accidents). Cela nécessite la mobilisation de
technologies nouvelles, telles que le diagnostic de réseaux sans tranchées. Sur ce
marché à fort contenu technologique, une filière pourrait être structurée.
Assainissement rural
L’assainissement rural recouvre l’ensemble des techniques de systèmes
d’assainissement individuels et d’assainissement semi-collectifs ainsi que la
phytoépuration. Dans le domaine de l’assainissement non collectif, un effort de
renouvellement du parc des installations doit être soutenu (notamment par la
structuration de la filière) pour répondre aux nouvelles exigences de maîtrise des
pollutions diffuses et de maintien du bon état écologique des eaux. La
phytoépuration doit être développée pour le traitement des eaux pluviales et des
eaux traitées. De nombreuses innovations sont reconnues dans ce domaine par des
organismes publics (CSTB, Cemagref). Cependant, ces savoir-faire doivent évoluer
pour créer une offre répondant aux besoins des collectivités et des industriels. Des
expérimentations sur l’adaptation de la filière aux différents contextes climatiques et
à de nouveaux effluents permettraient de consolider ses techniques et procédés.
Proposition 8 : Faire émerger des filières d’équipementiers français sur des niches
technologiques, en soutenant la structuration des filières industrielles : membranes,
UV, métrologie, diagnostic et gestion de réseaux, phyto-épuration
(expérimentation).
C. FAIRE DU MARCHE DOMESTIQUE UNE VITRINE DES
SAVOIR-FAIRE DE L’INDUSTRIE FRANÇAISE DE
L ’EAU ET DE L ’ASSAINISSEMENT
Autre facteur clé pour le développement de la filière, le marché national doit servir
de tremplin pour les marchés internationaux. Le développement d’un marché
domestique dans le cadre favorable de la réglementation existante, dépend d’une
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
31
part, de l’acquisition par les collectivités de technologies innovantes, et, d’autre part,
de l’application d’une réglementation qui prend en compte les enjeux industriels.
1. MET TR E EN P LA C E D E S IN C ITA T IO NS P OU R LE S MA ITR ES
D ’OU VR A GE P U B LI C S A I NT EGR ER LE S INN OVA T I ONS M IS ES A
D ISP O S IT IO N P A R LA F I L IER E
Les maîtres d'ouvrage publics représentent en France 80% des donneurs d'ordres de
services de gestion de l'eau et de l'assainissement, représentant ainsi les principaux
clients des entreprises de l'eau. La diffusion de l'innovation dépend fortement de
leur capacité à intégrer les solutions industrielles innovantes mises à disposition par
la filière.
L'intégration de l’innovation par la maîtrise d'ouvrage publique se heurte à plusieurs
freins, liés à la commande publique, au partage du risque de l'innovation, et à
l’absence d’incitation ou de sensibilisation des acheteurs publics à l’achat de
nouvelles technologies.
AD A P T E R L E S P R E S C R I P T I O N S D E S M A R C H E S P U B L I C S
Le code des marchés publics requiert des références préalables pour la sélection des
offres. Il est difficile pour les entreprises innovantes d'obtenir une première
référence et d'entrer sur un nouveau marché.
Le code des marchés publics ne doit pourtant pas être un frein à l’introduction de
technologies ne disposant pas de première référence et à l’achat de prestations
intellectuelles. Un groupe de travail pourrait être constitué sur l'accès des éco-
innovations aux marchés publics.
Proposition 9 : Analyser l'adéquation du code des marchés publics avec l'achat de
technologies ne disposant pas de premières références et les prestations
intellectuelles : créer un groupe de travail comprenant professionnels, MEDDTL,
MEIE et DAJ sur l'accès aux marchés publics pour les éco-innovations. Identifier
l’entité publique et / ou les procédures de qualification susceptibles de soutenir les
collectivités dans l’achat de produits ou services innovants.
Par ailleurs, les spécifications dans les appels d'offres publics doivent être adaptées
aux meilleures techniques disponibles. Ces techniques doivent donner lieu à des
référentiels actualisés. Ainsi, l’état de l’art est la référence des technologies et
procédés disponibles. Il devrait être mis à jour, notamment le référentiel génie civil
2010 (RGC 2010).
Proposition 10 : Mettre à jour l’état de l’art (Référentiel génie civil RGC 2010) pour
adapter les spécifications dans les appels d’offres.
RE N F O R C E R L A C O U V E R T U R E D U R I S Q U E D E L ' I N N O V A T I O N
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
32
La couverture du risque lié à l’innovation peut prendre plusieurs formes : partage du
risque entre la collectivité et l’industriel, et mécanisme de garantie souscrit par la
collectivité.
• Lorsqu’une défaillance est constatée, la collectivité se tourne vers l’industriel qui
supporte seul le risque lié à l’innovation. Il importe pour les industries de l’eau,
en particulier les PME, et pour les collectivités, que ce risque soit partagé. Les
agences de l'eau, qui aident des collectivités à investir à travers des contrats
d'aide, pourraient intégrer dans ces contrats une clause de partage du risque
industriel entre le maître d'ouvrage, l'agence de l'eau et l'industriel. Une partie
de l'aide pourrait être réservée aux financements éventuels de travaux
complémentaires.
• Un mécanisme de garantie du risque pourrait inciter les collectivités locales à
renforcer la performance de leurs installations. Un fonds de garantie pourrait
être constitué par un abondement des collectivités lors de chaque opération,
sur le modèle du système d’avance remboursable de la COFACE.
Cette problématique de couverture du risque n'étant toutefois pas spécifique au
secteur de l'eau, elle pourrait donner lieu à un groupe de travail réunissant les
acteurs publics de la garantie (DG Trésor), les collectivités et les industriels des
différentes filières.
Proposition 11 : Créer un mécanisme de garantie du risque lié à l'innovation (fonds
de garantie abondé lors de chaque opération à destination des collectivités locales) :
créer un groupe de travail spécifique sur la couverture du risque de l'innovation. En
particulier, étudier la possibilité d’intégrer dans les aides accordées par les agences
de l'eau une clause de « partage du risque » pour le développement de procédés
innovants entre agence, maître d'ouvrage et industriel.
S E N S I B I L I S E R L E S A C H E T E U R S A U X T E C H N O L O G I E S A H A U T E
P E R F O R M A N C E
Les collectivités sont souvent réticentes à tester des procédés et des technologies
innovants. Elles souhaitent minimiser les risques juridiques, sanitaires, techniques ou
financiers. Apporter la preuve de la robustesse technologique, via des évaluations ou
des vérifications par tierce partie, peut aider les entreprises innovantes à convaincre
les acheteurs.
Les évaluations apportées par les agences de l’eau peuvent être plus largement
diffusées qu’elles ne le sont aujourd’hui. Celles-ci testent et valident des
technologies innovantes (procédés innovants, micro-innovations) en vue d’une
utilisation opérationnelle, mais à l'échelle des seules agences. Les connaissances
acquises sur ces technologies pourraient être diffusées à l’échelle nationale. Ainsi,
une base de données sur les procédés validés, commune à l'ensemble des agences
de l'eau, pourrait être créée.
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
33
Proposition 12 : Créer une base de données nationale commune à l’ensemble des
agences de l’eau sur les procédés déjà « validés » (procédés innovants, micro-
innovations, ...).
Les acheteurs doivent également être sensibilisés aux nouvelles technologies et aux
installations performantes. Des événements pourraient être organisés dans le cadre
des pôles de compétitivité sur de nouvelles technologies, à destination des
collectivités (journées thématiques par exemple).
Proposition 13 : Organiser des journées thématiques au sein des pôles de
compétitivité "Eau et assainissement" sur des nouvelles technologies à destination
des collectivités.
Actuellement, certaines technologies innovantes maîtrisées par les entreprises, et
porteuses pour leur développement international, ne sont pas mises en œuvre sur le
territoire français. On peut citer le dessalement et la réutilisation des eaux usées
traitées. Les entreprises de l'eau présentent à leur prospects des installations pilotes
réalisées à l'étranger. Les groupes français pourraient renforcer leur crédibilité en
réalisant sur le marché domestique des installations qui pourront devenir des
vitrines technologiques. Elles pourraient être reconnues par un label spécifique. Ces
vitrines permettraient également à des équipementiers français de disposer de
premières installations référencées sur le territoire national.
Proposition 14 : Créer des vitrines technologiques à partir des installations pilotes
réalisées pour des collectivités françaises qui pourraient faire l’objet d’un label.
EL A R G I R L E S I N C I T A T I O N S E X I S T A N T E S A U X T E C H N O L O G I E S N O U V E L L E S
D A N S L E D O M A I N E D E L ’E A U
Les technologies nouvelles dans le domaine de l’eau ont besoin d’être soutenues
dans leur phase d’émergence. Les donneurs d’ordre doivent être incités
économiquement à recourir à de nouvelles technologies lorsqu’elles représentent
un fort investissement.
Ainsi, la production de biogaz dans les stations d’épuration doit être accompagnée
par les pouvoirs publics. La production d’énergie à partir du biogaz (méthanisation) a
véritablement démarré à partir de 2006, date d’entrée en vigueur des tarifs de
rachat de l’électricité issue du biogaz10
. Cependant, la France reste en retard dans le
développement de cette énergie. Elle serait fortement encouragée si le tarif était
revalorisé. De plus, donner la possibilité d’injecter du biogaz dans les réseaux de gaz
(en cours d’évaluation par l’ANSES) serait un facteur positif d’évolution de la filière.
Un groupe de travail pourrait être créé pour étudier l’adaptation de ces tarifs aux
enjeux de la filière. De même, la production d’électricité à partir des turbines
installées dans les réseaux d’eau pourrait être aidée, ainsi que la récupération de
10 Arrêté du 10 juillet 2006
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
34
chaleur des eaux usées. Un groupe de travail devrait être créé sur les enjeux et les
modalités de ce soutien.
Proposition 15 : Adapter le tarif de rachat de l’électricité issue du biogaz des stations
d’épuration pour amorcer une filière méthanisation en France et étudier
l’élargissement des tarifs existants à l’électricité produite à partir de turbines dans
les réseaux d’eau potable (en levant également les freins sur les risques sanitaires
soulevés par les attestations de conformité sanitaire dans les réseaux d’eau potable).
RE N F O R C E R L A R E C H E R C H E S U R L 'E C O N O M I E D E L 'E A U
Le modèle de gestion de l'eau évolue vers un modèle de rémunération de la
performance publique et privée. Les services rendus par les écosystèmes aquatiques
doivent être mieux évalués. Il conviendrait de renforcer les programmes de
recherche sur ces thématiques. Dans un contexte de baisse des consommations
d’eau et d’augmentation du coût des services, l’aspect économique doit être abordé
de façon globale sur l’ensemble des situations des collectivités, en délégation de
service public et en régie.
Proposition 16 : Renforcer les travaux de recherche sur l'économie de l'eau
(équilibres économiques, évaluation de la performance publique et privée,
valorisation des services rendus par les éco-systèmes aquatiques) ; Recenser les
réflexions sur l’ingénierie tarifaire et les problématiques de financement.
2. FA V OR I SER LE S P R OJE TS I ND U S TR IE LS P A R U NE
R EGL EM EN TA TI ON A D A P TE E E T A P P L IQU EE
Pour que le marché domestique soit un tremplin, la réglementation doit être
favorable aux enjeux industriels. Elle doit aussi être appliquée.
AP P L I Q U E R L A R E G L E M E N T A T I O N
La mise en œuvre des réglementations, telles que les directives européennes qui
prévoient de nouvelles normes pour les installations et un objectif de bon état
écologique des eaux pour 2015, est souvent insuffisamment contrôlée et suivie.
Ainsi, de nombreuses installations d'assainissement non collectif ne sont pas
conformes aux normes. Des moyens adaptés doivent garantir l'application de ces
réglementations.
Dans le domaine des réseaux, les textes règlementaires relatifs au positionnement
des réseaux, à l’inventaire du patrimoine et à la réduction des pertes d’eau vont
conduire les collectivités territoriales à définir une politique et une gestion à long
terme des réseaux d’eau et d’assainissement. Le décret pourra donc répondre à la
problématique de l’entretien et du renouvellement des réseaux. Un bilan devra
toutefois être fait pour s’assurer de sa mise en œuvre.
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
35
L E V E R L E S V E R R O U S R E G L E M E N T A I R E S E T F A C I L I T E R L ’O B T E N T I O N
D ’A U T O R I S A T I O N S P R O V I S O I R E S E T D ’A G R E M E N T S
Le développement de certaines filières est freiné par des blocages réglementaires ou
des procédures longues et coûteuses pour les entreprises. Or, les normes,
remplissant en priorité des objectifs de santé publique, doivent ouvrir la possibilité à
des expérimentations et des projets pilotes pour déboucher sur des applications
industrielles. La réglementation doit permettre de créer un environnement favorable
au développement des projets industriels français, notamment équipementiers.
Pour les projets pilotes comme pour l'obtention d'agrément, les enjeux industriels
de l’eau devraient donc être intégrés en amont dans la définition de la
réglementation et des procédures.
Verrous réglementaires :
• Sur le marché de la réutilisation des eaux usées traitées, un arrêté a été pris en
2010 mais pose de nombreuses contraintes de mise en œuvre ; il ne prévoit de
pouvoir faire de l’aspersion qu’à titre expérimental.
• Sur les rejets des unités d’équarrissage, l’ANSES11
prévoit un délai de deux ans
pour rendre un avis complémentaire.
• L’arrêté fixant les tarifs de rachat du biogaz injecté dans les réseaux de
distribution n’est pas publié, car il est en attente des résultats de l’évaluation de
l’ANSES. L’injection de biogaz issu des stations d’épuration demeure interdit.
• Les systèmes de dessalement ne peuvent se développer en France en l'absence
d'autorisation de prélèvement sur la ressource.
Certaines réglementations peuvent ainsi impacter le tissu industriel. Il est proposé
de créer un groupe de travail ayant pour objet d’identifier les réglementations qui
impactent le paysage industriel. Une réflexion pourrait alors être menée sur des
propositions d’adaptation possible des réglementations ainsi que sur leur
application.
Proposition 17 : Constituer un groupe de suivi des règlementations afin d’évaluer
leur impact sur le tissu industriel et d’identifier les adaptations nécessaires.
Autorisations provisoires pour projets pilotes
Les entreprises qui souhaitent tester de nouvelles technologies pour atteindre un
stade industriel (par exemple, les gazéificateurs, la réinjection en nappe) sont
soumises à des autorisations provisoires. L'obtention de ces autorisations semble
plus difficile en France que dans d'autres pays européens. Certains acteurs
industriels privilégient le développement de produits dans les pays où la
réglementation est plus flexible.
Agréments
11 Agence Nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du Travail, issue de la fusion
Présentation de l'AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) et de l’AFSSET (Agence française de sécurité
sanitaire de l'environnement et du travail) en juillet 2010.
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
36
De nombreuses technologies de l’eau sont soumises à des agréments qui sont
difficiles à obtenir. Le délai d'obtention d'un agrément sur une membrane d'eau
potable est estimé à plus d'un an. Le ministère de la santé prévoit de rendre
obligatoire l'obtention d'un agrément à partir de 2011 pour la désinfection UV, là où
actuellement, une autorisation de conformité sanitaire (ACS) suffit pour intégrer un
système de désinfection UV à une installation française. Celle-ci sera soumise à des
critères stricts, vraisemblablement plus restrictifs qu'en Autriche et en Allemagne.
Les délais nécessaires et les critères à remplir pour obtenir des agréments pour
certains équipements représentent un coût important pour les fabricants. Ils sont un
frein à l’innovation et à l’exportation et retardent la mise sur le marché de produits
innovants.
Un audit des procédures administratives nécessaires pour délivrer des agréments
pourrait être conduit par la DGME afin d'adapter les procédures aux meilleures
procédures européennes.
Proposition 18 : lever les obstacles réglementaires aux innovations afin de les
diffuser auprès des collectivités, faciliter l’accès aux autorisations pour les projets
pilotes, diminuer les coûts et délais d'obtention des agréments (par exemple sur les
membranes, les installations d'assainissement non collectif, les autorisations de
conformité sanitaires sur les matériaux en contact avec l’eau potable, …) : mandater
la DGME pour conduire un audit des procédures existantes et une simplification des
démarches et procédures.
L A N O R M A L I S A T I O N
La normalisation est également un levier de développement d'une technologie.
Certains Etats, tels que l'Allemagne, sont particulièrement volontaires dans le
domaine de l'eau. Les pouvoirs publics français doivent donc s'engager dans les
travaux de normalisation européens et valoriser les travaux nationaux en élaborant
une stratégie française de normalisation.
Proposition 19 : Elaborer une stratégie française de normalisation en lien avec les
travaux du Comité européen de normalisation (CEN) pour promouvoir les solutions
françaises au niveau européen. Impliquer les pouvoirs publics français dans le
Strategic Advisory Board for Environment du CEN.
D. ACCOMPAGNER LA CROISSANCE DU MARCHE
MONDIAL PAR UNE AIDE A L’EXPORT OPTIMISEE
Les marchés de l'export représentent un fort enjeu pour les entreprises françaises, la
croissance se situant principalement à l’international, notamment en Asie, au
Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Les dispositifs de soutien à l’export doivent
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
37
donc être renforcés sous leur différentes formes : de financements et
d’accompagnement, de formation, de veille technologique et économique.
1. OP T IM IS ER L E S OU TI L S P U BL I CS D E SOU TI EN A
L ’EXP OR TA TI ON
Le soutien public aux entreprises de l'eau prend aujourd’hui quatre formes :
• Cofinancement d'études et de projets à l'étranger (RPE, Fasep, Fasep Innovation
verte, financement AFD) ;
• Assurance prospection (financement des frais engagés pour prospecter un
marché) ;
• Soutien d'Ubifrance : SIDEX (soutien individualisé à la démarche export) et Green
Pass pour les éco-entreprises.
• Pacte PME international : structure de portage par laquelle les grands groupes
accompagnent des PME sur les marchés internationaux ;
Le dispositif d’Ubifrance en faveur des entreprises de l’environnement a été
complété récemment (plan d'accompagnement des éco-entreprises françaises, mai
2009). Il prévoit de renforcer la visibilité des éco-entreprises (logo France Greentech,
vitrine Internet, road shows, FASEP Innovation verte) et la lisibilité du dispositif
d’aide (Convention Ubifrance – Ademe, guide des soutiens à l'international).
Les outils publics fonctionnent et sont utilisés par les entreprises de l'eau, mais les
entreprises estiment que leurs effets multiplicateurs pourraient être renforcés. Les
FASEP sont soumis à des critères restrictifs (champ géographique restreint aux pays
émergents, nombre limité de thématiques) et le montant de ces aides est limité
(environ 22 millions d’euros dont un tiers dans le secteur de l'eau). Les contraintes
pourraient être desserrées pour soutenir des initiatives, par exemple en direction des
pays africains. Un dialogue stratégique devrait être conduit entre les industriels de
l'eau et l'agence française de développement (AFD). La prise en compte de critères
type RSE pourrait être favorisée prenant ainsi en compte les efforts consentis par les
industriels français à la différence des industriels de pays émergents.
Proposition 20 : Renforcer la dotation des fonds d'aides à la réalisation d'études à
l’étranger (FASEP, RPE,…).
Si les grands groupes sont bien implantés à l’international, les bureaux d’études, qui
ont un rôle d’éclaireurs sur les marchés internationaux, et des PME et TPE
innovantes restent toutefois peu visibles. Les PME et les bureaux d’études du
secteur de l'eau souhaiteraient améliorer leur visibilité à l'étranger. Les entreprises
s’interrogent sur les rôles respectifs d’Ubifrance et des chargés de mission
environnement en ambassade. Elles souhaiteraient une évaluation de la pertinence
des actions portées par Ubifrance dans le domaine de l’eau et permettant au secteur
de mieux cibler leurs besoins d’accompagnements.
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
38
Proposition 21 : Evaluer et renforcer la cohérence des dispositifs de soutien à
l’export, notamment en consolidant les réseaux publics présents à l'international
(Ubifrance, chargés de mission environnement dans les ambassades) pour assurer
un rôle de veille réglementaire et promouvoir le savoir-faire des PME françaises.
Evaluer la pertinence des actions portées par Ubifrance dans le domaine de l’eau.
Par ailleurs, des actions de promotion des PME françaises dans les filières
spécifiques du secteur pourraient être organisées sur des technologies et pays
cibles.
• Sur ces filières, des événements pourraient être organisés pour les ingénieurs
conseils internationaux (« Technical Weeks ») afin de faire connaître les
technologies françaises.
• Il conviendrait aussi de sensibiliser les grands bailleurs de fonds internationaux
(BERD, AFD, Banque Mondiale, …) à l'expérience et au savoir-faire des
ingénieristes français, ceux-ci jouant un rôle de prescription en amont des
marchés auprès des donneurs d'ordres internationaux. Les ingénieristes français
doivent également associer en amont les équipementiers et les autres acteurs
français.
• Les chargés de mission en ambassade pourraient promouvoir les entreprises
avec Ubifrance. Ceux-ci pourraient venir rencontrer les industriels en France
(par exemple à Pollutec).
Proposition 22 : Mettre en œuvre un programme d'actions avec Ubifrance : actions
de promotion des entreprises françaises dans le domaine de l'eau dans les zones
géographiques cibles, accueil de délégations étrangères autour de vitrines
d’excellence, organiser des « technical weeks » pour les ingénieurs conseils français
et internationaux, sensibiliser les grands bailleurs de fonds internationaux aux
ingénieristes français (BERD, AFD, BM, …), mobiliser les missions économiques.
Les grands groupes de l'eau restent hors du pacte PME international. Une réflexion
pourrait être ouverte sur leur participation à ce dispositif.
Proposition 23 : Ouvrir la réflexion sur l’élargissement du dispositif Pacte PME
International aux grands groupes de l'eau.
2. LA D I F FU S ION D U SA VO I R-FA IR E FR A NÇA IS P A R LA CR EA TI ON
D E P LA TE FOR M ES D E F O R MA T IO N
La France a développé des plateformes de formation sous l’égide de l’OIEau. Des
plateformes ont également été réalisées dans le cadre de programmes européens de
coopération dans le domaine de l’eau, par exemple en Pologne et au Mexique. Elles
permettent la diffusion du savoir-faire français. La création de centres de formation
spécialisés dans les pays émergents et dans les territoires d’outre mer permettrait
de favoriser la diffusion du savoir-faire français et de résoudre les difficultés de
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
39
recrutement dans certaines professions (électromécaniciens par exemple). Les
crédits européens devraient être utilisés dans cette perspective.
Proposition 24 : Créer des centres de formation spécialisés dans les pays émergents
et les territoires d’outre-mer (Antilles, Guyane, ...) dans le cadre des programmes
européens de coopération.
3. REN FOR CER LA VE IL LE TE C HNO LOG IQU E E T EC O NOM IQU E SU R
L ’EA U D A NS LE MOND E
Les PME soulignent également un besoin de veille réglementaire et économique sur
les principaux marchés. Aujourd'hui, le secteur de l'eau et ses principaux marchés
sont peu connus alors que l'entrée sur de nouveaux marchés nécessite une
connaissance fine des marchés locaux, des contraintes réglementaires, du contexte
socio-économique et politique. Une description stratégique du secteur
accompagnée d'études de marché précises sur les nouvelles technologies donnerait
une meilleure connaissance des marchés aux PME du secteur.
Proposition 25 : Renforcer la veille technologique et économique sur les perspectives
de marché des entreprises : étudier et recenser les besoins et les dispositifs existants
de veille stratégique et économique (intelligence économique). Etablir un
fonctionnement en réseau pour permettre de diffuser des informations concernant
les coopérations publiques françaises internationales dans le domaine de l’eau.
Les PME peinent à assurer la veille nécessaire sur les appels d'offres européens. Il
convient d'identifier en amont ces appels d'offres. Le pôle Entreprises placé au sein
de la Représentation permanente à Bruxelles doit assurer ce rôle. Une rencontre
pourrait être organisée sur le secteur de l'eau.
Proposition 26 : Mettre en place un dispositif de veille sur les appels d’offres
européens auprès de l'ambassadeur de l'industrie à Bruxelles ou via le SGAE en lien
avec le pôle Entreprises placé au sein de la Représentation Permanente à Bruxelles.
Les entreprises de l’eau, et notamment les bureaux d’études et les PME, doivent
donc être soutenues à l’international par des outils adaptés.
* *
*
CONCLUSION
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
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Il ressort de cet état des lieux des enjeux et des leviers du secteur de l’eau, que les
entreprises de l’eau font face à des mutations profondes : le marché mondial est de
plus en plus compétitif, les marchés des pays développés se caractérisent par de
nouvelles exigences normatives de gestion de la ressource et de maîtrise de la
consommation, les offres industrielles et de services doivent intégrer les
technologies structurantes pour le marché français autant que pour les marchés des
pays émergents. Face à ces évolutions pour la filière, le groupe du COSEI souligne
ainsi la nécessité d’une politique industrielle dédiée à l’eau, conçue autour du
soutien à l’innovation, du développement du marché domestique et du soutien à
l’export.
Les actions proposées sur ces thématiques doivent contribuer à faire progresser la
filière industrielle de l’eau et de l’assainissement en France et à l’export.
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
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ANNEXES
ANNEXE 1 : MEMBRES DU GROUPE DE TRAVAIL
Nom Prénom Société
ANDREINI Jean-Claude PEXE
ARBELOT Béatrice FP2E
ARFI Véronique Phytorem
BABUT Emilie MEEDDM / DGALN / DEB
COSTEDOAT Sophie MEIE / DGCIS
DARI Karine AFNOR
DUPONT Philippe ONEMA
FAISQUES Patrick VEOLIA
CAILLARD Jean-François SUEZ ENVIRONNEMENT
GUASP Pascal L'Eau Pure
HELARD Laure Profluid
LAPLAUD Christian EA Image
LARRIBET Annie MEIE / DGCIS
LE VERGER François MEEDDM / CGDD
LIEVYN Florence SYNABA
MIDY Vincent L'eau pure
MUNIER Cédric EA Image
NAULEAU Fabrice SAUR
NOTIN Yves Canalisateurs de France
RENAUDET Dominique SAFEGE / Institut de l’Ingénierie (IdéI)
RIDEAU Jean-Pierre MEEDDM / DGALN / DEB
SACHON Gérard ONEMA
TREGUER Arnaud St Gobain PAM
VENES Maria UIE
VERNIER Nicolas BRL
VILLESSOT Daniel SUEZ ENVIRONNEMENT
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
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ANNEXE 3 : LES POLES DE COMPETITIVITE EAU
Le pôle EAU, pôle à vocation mondiale, regroupe les acteurs industriels et
scientifiques de trois régions, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées et Provence-
Alpes-Côte-d’Azur12
, autour d’une approche globale de la problématique de l’eau
avec une focalisation spécifique sur :
• l’identification et la mobilisation des ressources en eau,
• la gestion concertée de la ressource en eau et des usages dans des contextes
exacerbés par les changements globaux,
• la réutilisation des eaux de toutes origines,
• les approches institutionnelles et sociétales en matière d’acteurs et de décisions.
Le pôle HYDREOS regroupe les acteurs industriels et scientifiques de la Lorraine et de
l’Alsace13
, dans une démarche visant à lever les verrous technologiques autour d'une
approche ciblée sur la qualité des eaux et son impact sur la santé des populations et
des écosystèmes, avec trois domaines opérationnels prioritaires :
• la maitrise des polluants (micropolluants et précurseurs chimiques, résidus
médicamenteux, pollutions agricoles,...),
• les réseaux et le transport (biofilm, gestion des réseaux,...),
• l'eau et les écosystèmes (prévention, traitement par les zones humides,
restauration écologique,...).
Le pôle DREAM est issu de la fusion de deux structures régionales de la région
Centre, le cluster Resonat et le cluster Dream14
. En s'appuyant sur les spécificités de
l'écosystème régional dans les secteurs de l'eau et des milieux naturels, il se
positionne sur les thématiques suivantes :
• Eau et assainissement (gestion intégrée, outil d’aide à la décision,
phytoremédiation),
• Gestion, traitement et recyclage des déchets (éco conception),
12 Partenaires : Vers'eau développement, Swélia, ILEE (,AgroParisTech/Engref, BRGM, CEMAGREF, Cirad, CNRS, École des
Mines d’Alès, IAM.M, INRA, IRD, SupAgro, Universités Montpellier I et II) BRL, Région Languedoc-Roussillon, …
13 Partenaires : Veolia eau, Suez Environnement et SAUR, Nestlé Waters et Saint Gobain, Conseil Général des Vosges,
Régions Alsace et Lorraine…
14 Partenaires : Ville d’Orléans, Conseil Général du Loiret, région Centre, DRIRE Centre, GÉOHYD, DSA, LVMH RECHERCHE,
ECOLOGISTIQUE, EDF, RIVES, AUTEM, ANTEA, LYONNAISE DE EAUX, EDREE, CEMEX, GSM GRANULATS, SCA TERR’LOIRE,
IDDEA, GINGER, AROMATECHNOLOGIES, GROUPE SCAEL, TLGPRO, BEAUCE GÂTINAIS CÉRÉALES, EAU ET INDUSTRIE, CFG
SERVICES, SAFEGE, CALLIGÉE, ASPEO,… Universités d’Orléans et de Tours (incluant plusieurs Laboratoires & Polytech),
cluster RésoNat, BRGM, INRA, CNRS, CEMAGREF, LEGPA des Barres, …
Rapport du groupe « Eau et assainissement » du COSEI
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• Énergie : biomasse,
• Procédés microbiologiques à des fins environnementales et biogéochimie,
• Métrologie, y compris utilisation des systèmes d'information géographique.
Les trois pôles EAU, Hydreos et Dream, impliqués dans la thématique de l’eau, ont
signé une « Charte de coordination des pôles de compétitivité sur l’eau ». Le pôle à
vocation mondiale EAU est le chef de file de cette coordination. Cette charte vise à
définir des objectifs communs pour la structuration et le développement de la filière
eau, et à la mise en oeuvre d’actions coordonnées : veille scientifique et technique,
recherche de projets structurants, labellisation interpôles, renforcement des
relations avec les PME notamment à l’export, coordination des relations extérieures.