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Spiritualités à la carte ? Mark Mittelberg

Spiritualités à la carte

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Abus, scandales financiers, gourous... La spiritualité suscite la méfiance. On juge qu’elle peut être dangereuse. Faut-il, pour autant, jeter le bébé avec l’eau du bain? Ne sommes-nous pas, de toute façon, des «êtres spirituels»? Devrions-nous nous contenter des convictions que nous ont transmises nos parents ou de celles qui sont majoritaires dans notre environnement? Mark Mittelberg propose un examen des différentes approches de la spiritualité et un certain nombre de critères pour nous aider à faire un choix sage, qui soit le fruit d’une décision réfléchie, dans ce domaine.

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ISBN 978-2-940335-62-6CHF 24.90 / € 19.00

vec la mondialisation, on a parfois l’impression de se trouver dans un

supermarché et de devoir choisir, au rayon «spiritualité», entre des produits dont

on ne sait pas toujours s’ils sont de même qualité. Devons-nous nous contenter de

ce que nous connaissons ou, au contraire, goûter à l’exotique? Comment savoir

si notre choix est bon? Et, au fond, cela a-t-il une importance quelconque? Ne

pouvons-nous pas simplement nous passer de tout ce qui a trait à la spiritualité?

Mark Mittelberg montre que, même si nous avons des convictions athées, nous

avons un système de croyance sur lequel nous basons notre manière de vivre. Il

serait dommage qu’il se révèle finalement de mauvaise qualité! Par conséquent,

il propose dans ce livre un examen des différentes approches de la spiritualité et

un certain nombre de critères utiles à considérer pour opérer un choix sage – qui

soit le fruit d’une décision réfléchie et non d’une négligence coupable – dans ce

domaine.

Détenteur d’une maîtrise en philosophie de la religion obtenue à Trinity Evangelical Divinity School, Mark Mittelberg est un auteur et un orateur apprécié de beaucoup. M

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Mark Mittelberg

Spiritualités à la carte?

Choosing Your Faith, FrenchCopyright © 2008 by Mark MittelbergFrench edition © 2012 by Ourania with permission of Tyndale House Publishers, Inc.All rights reserved.

Titre original en anglais: Choosing Your FaithCopyright © 2008 Mark Mittelberg© édition française: Ourania, 2013Avec l’autorisation de Tyndale House Publishers, Inc. Tous droits réservés.

Les textes bibliques sont tirés de la version Segond 21www.universdelabible.net

Traduction: Nathalie Surre

Editions OuraniaCase postale 1281032 Romanel-sur-Lausanne, SuisseE-mail: [email protected]: www.ourania.ch

ISBN édition imprimée 978-2-940335-62-6 ISBN format epub 978-2-88913-514-1

Table des matièresPréface ............................................................................................ 9Remerciements ........................................................................... 131.  «En matière de foi, pourquoi choisir?» ......................... 172.  «A chacun sa vérité» ........................................................... 353.  «J’ai toujours cru cela» ....................................................... 514.  «On me dit de croire cela» ............................................... 715.  «J’ai le sentiment que c’est vrai» .................................... 976.  «C’est la vérité, Dieu me l’a dit» ...................................... 1177.  «J’ai besoin de voir pour croire» .................................... 1418.  Réfléchir à ma façon de penser ...................................... 1639.  Déterminer ce que je crois (1) ......................................... 17910.  Déterminer ce que je crois (2) ......................................... 20311.  Déterminer ce que je crois (3) ......................................... 22512.  «J’aimerais avoir la foi, mais…» ...................................... 24513.  Les bénéfices d’un choix sage ....................................... 275Annexes ......................................................................................... 285

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1. «En matière de foi, pourquoi choisir?»

Choisir notre foi? Pour quelle raison? La foi s’apparente dangereusement à la religion, et le groupe de rock R.E.M. semble exprimer le sentiment de toute une

génération dans son refrain entraînant: «Je suis en train de perdre ma religion» (traduction libre). Vous n’avez jamais compris de quoi parlait la chanson? Moi non plus. Michael Stipe, l’auteur du texte, a dit dans une interview que la phrase «Je suis en train de perdre ma religion» était tout simplement une figure de style qui signifiait: «Pourquoi devoir choisir une certaine sorte de foi?» «De toute façon, a-t-il ajouté, c’est une chanson profane qui n’a quasiment rien à voir avec la religion.»1

Pourtant, cela n’a pas empêché beaucoup de gens de reprendre à tue-tête ce refrain chaque fois qu’il passait à la radio:

1 Tiré d’une interview avec Michael Stipe du groupe R.E.M. sur BBC Ra-dio 2. Voir l’article et le lien vers l’interview sur www.bbc.co.uk/radio2/soldonsong/songlibrary/losingmyreligion.shtml.

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Spiritualités à la carte?

Me voici au tournantMe voici sur la selletteJe suis en train de perdre ma religionEn cherchant à te suivre.1

J’ai cherché le titre sur YouTube.com et j’ai lu les com-mentaires qui s’y rapportaient. Même aujourd’hui, une vingtaine d’années après la parution de cette chanson, les gens se posent toujours des questions:

C’est une bonne chanson parce que la religion est un leurre.

animeMMA (il y a trois mois)

animeMMA, «perdre ma religion» est juste une ex-pression utilisée dans le Sud pour dire que t’en as marre, pauvre ignorant!

Nakasi100 (il y a trois mois)

Il y de nombreuses raisons, indépendamment de cette chanson, de nous montrer sceptiques (voire négatifs) vis-à-vis de la religion, mais nous avons tous les nôtres propres. En ce qui me concerne, je dois admettre que les miennes n’étaient pas très sérieuses: je l’associais à la nécessité de me lever beaucoup trop tôt pour un enfant le dimanche matin et de me dépêcher d’être prêt, après avoir enfilé les «habits du dimanche», selon l’expression familiale. Je n’aurais jamais voulu porter de tels vêtements durant la semaine. Et pour cause: ils étaient généralement trop petits ou trop grands. «Ça ira, disait mon père. Ils finiront par t’aller.» Trop démodés (comme s’il était envisageable qu’ils puissent un jour être à la mode), ils me grattaient, bien souvent. Parfois

1 «Losing My Religion» de William T. Berry, Peter Lawrence Buck, Michael E. Mills et Michael Stipe (traduction libre). Copyright © 1991 Night Garden Music/Warner-Tamerlane Publishing Corp. (BMI). Tous droits réservés.

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«En matière de foi, pourquoi choisir?»

même, il arrivait que mes parents m’imposent le port du cos-tume avec la cravate! Je suis presque certain qu’aujourd’hui, particulièrement en Caroline du Sud où je vis, les services sociaux vous retireraient la garde de votre progéniture pour ce genre d’abus, d’autant que le col de ma chemise était si serré qu’il m’empêchait de respirer. Parfois, la pensée même d’aller à l’église me met encore mal à l’aise.

Presque chaque dimanche, lorsque j’étais enfin prêt, je dévalais l’escalier et découvrais que la maison était vide. Cela ne voulait pas dire que j’étais tiré d’affaire; cela signifiait simplement que je devais courir rejoindre ma famille déjà ins-tallée dans la voiture, en train de m’attendre impatiemment.

«Dépêche-toi, Mark, on est encore en retard!»Quand nous arrivions au culte, j’étais de si mauvaise

humeur qu’il m’était difficile de me concentrer sur des réali-tés aussi nobles que Dieu et la spiritualité.

Plus tard, alors que j’étais au collège puis au lycée, j’ai pris graduellement conscience du caractère étrange de la musique jouée à l’église. L’orgue produisait des notes proches des sons que j’avais entendus dans des films minables à propos de maisons hantées. En fait, la plupart des chants traditionnels (des cantiques, pour employer le terme correct) avaient été écrits par des gens d’une autre époque, pour les gens de cette époque-là, qui aimaient s’asseoir sur les bancs et les chanter avant de retrouver leurs amis dans le hall. J’ai le souvenir d’un culte au cours duquel aucune des neuf chansons proposées n’avait été écrite durant les 100 dernières années, et certaines remontaient même à plusieurs siècles. Je n’ai rien contre les reliques ou les antiquités, mais il y avait quelque chose d’ana-chronique, une désynchronisation culturelle touchant à ce qui constituait mon environnement religieux. C’est ainsi que j’ai commencé à opérer une dissociation dans mon existence: il y avait la vie normale et la vie religieuse. La vie normale était

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Spiritualités à la carte?

celle de tous les jours avec l’école, les amis, les parties de rigo-lade. La vie religieuse traitait de questions graves comme la foi, les croyances, les enseignements à propos du bien et du mal; elle impliquait aussi l’expérience du dimanche avec des gens très charmants (parfois trop), dont les intentions étaient généreuses mais qui semblaient venir d’une autre planète que le monde dans lequel je vivais.

Ce monde (celui de la vie normale) était de plus en plus attrayant pour moi, tandis que le religieux commen-çait à devenir… franchement ennuyeux et éloigné. J’ai rapidement perdu tout intérêt pour le domaine spirituel et réduit mon rapport à la religion en général. Cela dit, j’étais toujours tenu d’assister au culte du dimanche. Avec quelques-uns de mes amis «renégats», nous faisions de notre mieux pour rendre ces moments plus supportables. Il nous arrivait parfois de nous cacher dans la chaufferie jusqu’à la fin du culte. Nous nous asseyions sans faire de bruit et écoutions avec attention, essayant de chronomé-trer le sermon de manière à pouvoir émerger en temps voulu pour nous mélanger à l’assemblée au sortir de l’église. En d’autres occasions, nous prenions place dans la salle de culte, mais nous inventions des moyens de nous amuser pour faire passer le temps. Par exemple, à tour de rôle nous retenions notre souffle le plus longtemps pos-sible. Je me demande ce que les personnes assises autour de nous pouvaient penser lorsque nous étions en hyper-ventilation, essayant de remplir nos poumons au maximum de leur capacité, puis prenant une dernière inspiration (suffisamment audible pour que les autres puissent com-mencer à compter), avant de retenir notre souffle le plus longtemps possible. Façon étrange de passer le temps, j’en conviens, mais un dimanche, je suis quand même par-venu à dépasser la limite des trois minutes!

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«En matière de foi, pourquoi choisir?»

Malgré tout, mes problèmes d’adolescent dans le domaine religieux étaient minimes, en comparaison de ceux d’autres jeunes (et des vôtres, peut-être). Pour certains, ils étaient vraiment de taille. L’un de mes amis a quitté l’église à l’adolescence, après avoir été abusé par certains de ses responsables, ceux-là mêmes qui auraient dû l’enseigner, le protéger et, surtout, lui montrer le bon exemple. Même si cela remonte à bien des années, aujourd’hui encore il ne manifeste pas la moindre envie d’y retourner un jour.

Les affaires d’abus par des membres du clergé n’ont cessé d’éclater, ces derniers temps. Aussi ignobles soient-ils, je me demande ce qui est pire: les crimes eux-mêmes ou les tentatives de les étouffer dans les hautes sphères de la hié-rarchie, les dirigeants se contentant de muter leurs auteurs pour les affecter à de nouvelles paroisses, exposant ainsi d’autres fidèles à l’activité de véritables délinquants.

Lorsque ce ne sont pas les abus sexuels qui font la une des journaux, ce sont les scandales financiers. Beaucoup trop d’histoires de ce genre ont été entendues ces dernières années. Les problèmes ne touchent pas seulement le protes-tantisme et le catholicisme: les musulmans ont été secoués par des événements tels que les attaques du 11 septembre 2001, et l’activité terroriste est en croissance un peu partout dans le monde, au point qu’islam et terrorisme se confondent dans l’esprit de beaucoup. Ce lien a beau ne pas être appro-prié pour les nombreux musulmans pacifistes, il a un impact sur notre façon de considérer la spiritualité et sur notre désir d’opérer un choix personnel dans ce domaine.

Il faut ajouter à cela les innombrables sectes et groupes religieux qui se rassemblent à chaque coin de rue ou se présentent à votre porte sans y avoir été invités, tout en

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essayant de vous vendre leur littérature ou de vous recruter pour que vous veniez grossir leurs rangs.

Les universitaires, en particulier, ont à se montrer extrê-mement prudents. Un moment de faiblesse, et ils peuvent se retrouver dans un centre de retraite spirituelle, au milieu de nulle part, entourés d’une clique de fanatiques souriants aux allures de zombies. On leur promet le bonheur mais on leur vole leur identité, leur personnalité, leurs amitiés et leurs rêves d’avenir. Alors que les disciples de ces groupes donnent tout ce qu’ils possèdent pour propager leur mes-sage, les dirigeants, eux, donnent libre cours à toutes sortes d’excès en matière d’intérêts matériels et d’immoralité, affi-chant en privé (parfois même en public), un comportement contraire au modèle de piété qu’ils prétendent défendre. Aujourd’hui, beaucoup de groupes religieux aberrants, devenus certes plus subtils dans leur approche, restent nuisibles à ceux qu’ils parviennent à séduire. L’hypocrisie et l’abus qui les caractérisent laissent un goût incontes-tablement amer, stimulant l’émergence de nouveaux mouvements d’auteurs et de penseurs qui, non contents de rejeter la religion pour eux-mêmes, enseigner qu’elle est extrêmement dangereuse et malsaine pour tout le monde1. Considérons notamment les paroles de Rosie O’Donnell lors de l’émission nationale The View : «Le christianisme fon-damentaliste constitue tout autant une menace que l’islam intégriste.»

Le message est clair: s’engager dans le domaine reli-gieux est dangereux, et s’y engager trop peut avoir des effets négatifs. Alors, à quoi bon commencer?

1 Quelques exemples: The God Delusion, de Richard Dawkins, The End of Faith, de Sam Harris, God Is Not Great: How Religion Poisons Everything, de Christopher Hitchens.

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«En matière de foi, pourquoi choisir?»

Voici néanmoins un élément intéressant: si la méfiance vis-à-vis du religieux semble faire l’objet d’un consensus général, on assiste parallèlement à un regain d’intérêt pour les questions spirituelles. Considérons quelques exemples:

•  la diffusion croissante d’émissions télévisées consacrées à la personne de Jésus-Christ, à l’histoire et au contexte culturel de la Bible, aux découvertes archéologiques, aux récits d’interventions miraculeuses, au christianisme comparé à d’autres religions;

•  le nombre croissant de films à caractère chrétien diffusés dans les salles de cinéma (voir le succès international de La Passion du Christ de Mel Gibson);

•  la forte présence des thèmes religieux sur la couverture de magazines, particulièrement aux alentours de Noël et de Pâques, ainsi que sur les blogs, les forums et les sites Internet;

•  la présence de thèmes bibliques dans les chansons de groupes connus (U2, Creed, P.O.D., Lifehouse, Switchfoot, et The Fray), avec des titres du genre: «Et si Dieu était l’un de nous».

Visiblement, la spiritualité se vend bien. Ce ne serait pas le cas si elle était ringarde et ennuyeuse. On a fait maintes fois le constat que les êtres humains sont «incurablement religieux». Un sondage récent a démontré que 94% de la population aux Etats-Unis croit en Dieu ou en un esprit uni-versel.1 Au cours d’une semaine ordinaire, il y a plus de gens qui se retrouvent dans les églises que dans les stades et les gymnases, tous sports confondus.2

1 Frank Newport, «Americans More Likely to Believe in God than the Devil, Heaven More than Hell», Gallup News Service, 13 juin 2007.2 Voir Robert D. Putnum, Bowling Alone: The Collapse and Revival of American Community, Simon & Schuster, 2000, p. 97-98.

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Quant à la Bible, le scepticisme dont il est de bon ton de faire preuve à propos de son message et de sa véracité historique ne l’empêche pas d’être le plus grand best-s eller de tous les temps, avec une belle longueur d’avance sur les autres. Karl Marx disait: «La religion est l’opium du peuple.» J’ai l’impression que le peuple a du mal à lâcher son opium.

Si nous faisons honnêtement le point de la situation, que devons-nous constater? Après les coups qu’elle a récem-ment subis, comment se fait-il que tant de gens trouvent la religion encore attrayante? Et comment expliquer votre propre intérêt pour la spiritualité, vous qui avez décidé d’entamer la lecture d’un livre sur le sujet… jusqu’à cette phrase au moins? Pourquoi nous arrive-t-il si souvent d’être en extase devant un coucher du soleil ou en présence d’un enfant qui vient de naître et de ressentir, au plus profond de nous-mêmes, qu’il doit y avoir quelque chose au-dessus de tout cela? Comment expliquer notre conscience (du moins lorsque nous sommes honnêtes) que l’existence devrait correspondre à plus qu’une simple tourmente d’activités propre à maintenir notre esprit occupé, tandis que nous peinons, jour après jour, année après année, à nous frayer un chemin? Comment se fait-il que nous éprouvions si sou-vent le désir d’une vie calme et posée, plus en harmonie avec «cette chose» qui nous transcende et moins accaparée par le tumulte des nécessités de l’instant? D’où vient le sen-timent de culpabilité qui nous accable parfois et comment faire pour nous débarrasser de tout cela ainsi que du senti-ment d’incomplétude spirituelle qui nous pèse?

Il est facile de critiquer ou d’enterrer certaines religions avec leurs dirigeants spirituels incompétents ou corrompus, avec leurs antiquités ennuyeuses. Et comment les ignorer? Pourtant, focaliser notre attention sur tout cela ne guérit pas les souffrances de notre âme, l’inévitable prise de conscience

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«En matière de foi, pourquoi choisir?»

que la vie telle que nous la connaissons n’est pas ce qu’elle devrait être, ni la certitude qu’une aide extérieure ne serait pas superflue pour que nous comprenions vraiment bien ce qui est en jeu. Que faire de ces nombreuses interrogations?

Ces éléments vous paraissent peut-être pertinents; tou-tefois, en raison de votre suspicion à l’égard de toute forme de croyance, vous n’êtes pas prêt(e) à en choisir une pour vous-même. Vous préférez attendre que la situation s’éclaire par elle-même, qu’elle devienne «évidente», au lieu d’avoir à placer votre confiance dans quoi que ce soit. Si telle est votre position, permettez-moi de vous apprendre quelque chose qui va sans doute vous surprendre et même vous dé stabiliser: vous adhérez déjà à une certaine foi et vous vivez chaque jour en plaçant votre confiance dans ce système de croyance. C’est une réalité!

Réfléchissez à ce que vous avez vécu aujourd’hui: ce matin au lever, vous avez rempli votre estomac… par la foi: en croyant que personne dans la maison n’avait empoi-sonné vos aliments. Vous avez fait un arrêt au café en ayant confiance que les personnes derrière le comptoir n’avaient pas (quelle drôle d’idée!) versé de substance dangereuse dans votre tasse. Sur votre lieu de travail (où vous n’avez pas eu peur d’emprunter l’ascenseur), vous vous êtes assis(e) sur votre chaise sans même vérifier qu’elle serait assez solide pour supporter votre poids. Puis, vous avez allumé votre ordinateur et avez tapé des informations confidentielles tout en sachant que les derniers virus pourraient s’emparer de vos informations personnelles et les divulguer au monde entier. A midi, vous êtes sorti(e) vous promener et avez caressé un chien inconnu en espérant ne pas vous retrou-ver parmi les nombreuses victimes annuelles de morsures

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(1008 chaque jour aux urgences aux Etats-Unis). En fin de journée, vous avez pris votre voiture pour rentrer chez vous en souhaitant ne pas croiser un fou du volant qui se croit sur un circuit de Formule  1 et circule en sens inverse sur l’autoroute.

Aucun doute: vous vivez au quotidien par la foi, même dans les moindres détails. Vous avez probablement de bonnes raisons de croire en ce que vous croyez, et c’est très bien, mais vos conclusions pourraient être erronées. Et certaines de ces erreurs pourraient être lourdes de consé-quences, voire fatales.

De plus, même si vous n’êtes pas du tout religieux, vous vivez avec l’espoir que vos convictions athées sont exactes et que vous n’aurez pas, un jour, à affronter un Créateur intégralement religieux qui aurait jadis communiqué à l’homme une liste d’exigences morales auxquelles vous n’auriez prêté aucune attention.

«Oh, c’est le cadet de mes soucis!» dites-vous peut-être. Pourtant, cette affirmation même est une expression de foi: vous déclarez qu’il est tout à fait approprié de ne pas s’inquiéter de ce genre de choses. Vous ne savez pas si elles sont importantes ou non; vous croyez simplement que tel est bien le cas. C’est votre version personnelle de la foi.

Même des athées bien connus comme Richard Dawkins et Sam Harris basent leur existence sur le présupposé – dépourvu de preuves – qu’il n’y a pas de Dieu et la convic-tion que les opinions qu’ils expriment sont inoffensives, voire bénéfiques pour les autres. Ils ne savent pas s’ils ont raison ou non; ils espèrent simplement que c’est bien le cas. En réalité, Dawkins, qui est probablement le plus grand pro-sélyte de l’athéisme de notre époque, a reconnu, au cours d’une interview rapportée dans le magazine Time, qu’il «pourrait exister quelque chose d’incroyablement grand et

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incompréhensible situé au-delà de notre compréhension actuelle».

Le biochimiste Francis Collins, qui représentait la partie adverse dans l’interview, a rétorqué: «C’est Dieu.»

Dawkins a répondu: «Oui, mais ce pourrait être un dieu parmi des millions de divinités. Il pourrait s’agir du dieu des Martiens ou des habitants d’Alpha Centauri. La chance que ce soit un dieu en particulier, comme Yahvé, le Dieu de Jésus, est ridiculement faible; dans tous les cas, vous avez l’obligation de démontrer que ce que vous pensez est bien la réalité.»1

Que les chances soient grandes ou minces, ce qu’il convient de saisir ici, c’est que Dawkins ne sait pas de façon indubitable si Dieu existe ou pas; il admet même l’éventua-lité de l’existence d’une sorte de Dieu. Néanmoins, il place sa foi dans la croyance qu’il n’y en a pas.

Je suis persuadé qu’il parlerait de syllogisme à ce propos. Quoi qu’il en soit, même s’il s’avérait qu’il a raison, cela ne changerait rien au fait que sa conclusion est basée sur le prin-cipe de la foi. Autrement dit, elle lui semble bonne d’après les données qu’il a examinées. Seulement, elle va au-delà de ce qui peut être prouvé ou connu de manière certaine.

La vie est ainsi faite. Nous vivons tous en nous basant sur un système de croyance. Cela nous conduit à la question centrale: notre foi est-elle réellement fondée? S’agit-il d’une foi censée? D’une foi raisonnée s’appuyant sur des faits? Du genre de foi qui fonctionne dans la vie réelle et qui mérite qu’on lui accorde toute notre considération?

A titre personnel, avez-vous vraiment réfléchi à la foi à laquelle vous adhérez, en l’évaluant avec soin et

1 David Van Biema, «God vs. Science», Time, 5 novembre 2006.

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en la choisissant intentionnellement, ou vous êtes-vous contenté(e) de suivre le mouvement général autour de vous?

A l’université, j’ai douloureusement pris conscience que je m’étais montré très passif dans ma propre version de la foi. J’avais grandi dans la croyance en Dieu, avec une pleine confiance dans la Bible et la certitude que l’Eglise transmet-tait la vérité divine. En outre, j’avais une foi naïve et dénuée de consistance dans leur véracité. Je me suis inscrit à un cours de philosophie. L’un de mes professeurs, un homme aux convic-tions religieuses différentes des miennes, prenait un malin plaisir à démanteler les croyances simplistes de nombre de ses étudiants chrétiens, et j’avais comme l’impression qu’il me prenait pour cible. Avec beaucoup d’habileté, il mettait en relief les problèmes relatifs à la Bible, à ce qu’il appelait «les considérations traditionnelles à propos de Dieu» et à la majeure partie de ce que j’avais appris à croire.

Ses attaques intellectuelles m’ont réveillé et m’ont obligé à me confronter à la dure réalité suivante: j’avais adhéré à un système de croyance difficile à comprendre et qui n’avait jamais fait l’objet d’un examen critique de ma part.

Je savais à peine répliquer, et je dois admettre que mes tentatives de trouver de meilleures réponses auprès des responsables de mon église étaient plutôt décourageantes. Par exemple, j’ai dit à l’un d’eux que ma foi était attaquée en classe et que j’avais besoin d’une compréhension plus approfondie, non seulement de ce que je croyais mais aussi de la raison pour laquelle nous pensions que c’était la vérité.

–  Comment savons-nous que la Bible est vraie et qu’il s’agit réellement de la Parole de Dieu? lui ai-je demandé.

Je n’oublierai jamais sa réponse:

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«En matière de foi, pourquoi choisir?»

–  Oh, c’est très simple: il est dit dans le Nouveau Tes-tament que «toute l’Ecriture est inspirée de Dieu, utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice».1

–  D’accord, mais comment savons-nous que ce qui est dit est vrai? ai-je continué.

– Parce que c’est ce qui est dit, a-t-il répondu, et c’est la Parole de Dieu.

–  Mais c’est exactement la question à laquelle nous essayons de répondre, ai-je rétorqué. Si vous vous conten-tez d’utiliser des déclarations de la Bible pour prouver que la Bible est vraie, vous renoncez à tout raisonnement péri-phérique et vous ne prouvez rien, en fin de compte.

Il m’a regardé, persuadé que je n’allais pas tarder à m’enfoncer dans les sables mouvants du libéralisme ou du scepticisme et que j’étais déjà un incroyant. Puis, prenant une profonde respiration, il est revenu à la charge:

– Mais tu dois prendre conscience qu’il n’existe pas de plus grande autorité que la révélation de Dieu. Si Dieu dit que c’est vrai, tu peux parier ta vie dessus.

– D’accord, ai-je répondu péniblement, mais comment sait-on que c’est bien lui qui parle ici? Il y a des tas de livres religieux qui prétendent aussi être la voix de Dieu, et pour-tant vous ne croyez pas à ce qu’ils disent.

–  C’est tout simplement parce que ces autres livres ne sont pas la Parole de Dieu! a-t-il dit triomphalement.

A ce stade, j’étais si frustré que je me serais bien laissé aller à imiter Indiana Jones dans la scène des Aventuriers de l’arche perdue où le héros, fatigué des simagrées de son adversaire, décide d’utiliser son arme à feu face à l’épée désuète de son rival. Evidemment, je ne fais que plaisan-ter (du moins, à ce moment-là!), mais il m’est apparu tout à

1 Citation de 2 Timothée 3.16.

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fait clair que la logique de cette conversation ne mènerait à rien. Je me suis donc résigné à laisser tomber, malgré les questions qui m’obsédaient encore.

Plus tard, j’ai rencontré des personnes et découvert des ouvrages qui m’ont éclairé. Je reviendrai par la suite à mon histoire, mais cet échange exaspérant (il n’était pas le seul) m’a permis de prendre conscience que beaucoup accordent du crédit à toutes sortes d’idées, bonnes ou mauvaises sur la base de raisons insuffisantes, pas assez solides, ou, du moins, sans les avoir soumises à un examen minutieux. J’ai donc décidé que la foi à laquelle j’adhérerais (qu’il s’agisse de celle qui m’avait été transmise par mes parents ou d’une croyance totalement différente) serait basée sur des critères beaucoup plus solides que ceux auxquels se référaient les responsables et enseignants de mon église.

Récemment, j’ai fait l’acquisition d’un vélo tout terrain. Cela peut vous paraître tout à fait anodin, mais pour moi, c’était un grand événement. Peut-être parce que je viens d’un plat pays, mon Midwest natal, où l’absence de côtes n’en justifie pas vraiment l’usage. J’habite aujourd’hui les basses collines des formations montagneuses de Santa Anna, en Californie. Conscient qu’il était temps d’inves-tir dans l’achat d’un vélo adapté, je me suis abonné au magazine Mountain Bike Action ; j’ai fait des recherches sur Internet et j’ai commencé à lire toutes sortes de revues et d’articles à ce sujet. Je savais que mon choix porterait sur un outil à la fois léger et résistant. J’ai donc étudié le pour et le contre des diverses options concernant les matériaux du cadre, y compris l’acier, l’aluminium, le titane et la fibre de carbone. La dernière option me semblait la plus risquée, du moins au début, étant donné mon intention de m’attaquer

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«En matière de foi, pourquoi choisir?»

à des parcours difficiles marqués par les rochers, les virages en épingle et une multitude d’obstacles. Je n’avais aucune intention de faire reposer ma sécurité sur une nouvelle matière composée de verre synthétique, de plastique ou de quelque chose qui ne m’inspirait pas confiance. Néanmoins, j’ai continué mes lectures et mes recherches, surfant sur Internet et discutant avec tout expert disposé à me consa-crer du temps. Savez-vous ce que j’ai appris? La fibre de carbone est plus solide que l’aluminium ou l’acier, tout en étant plus légère que le titane. Elle est coûteuse mais offre le parfait alliage de la robustesse et de la légèreté, sans par-ler de son apparence très design. Inutile de vous dire que j’ai fini par me décider à acheter un vélo en fibre de carbone. Après des mois de recherche, j’ai finalement fait l’acquisi-tion du meilleur cadre, au meilleur rapport qualité-prix. J’ai aussi recherché soigneusement les meilleurs composants à ajouter au cadre. J’ai lu des magazines et je me suis ren-seigné auprès de spécialistes au sujet de la fourche, des amortisseurs, des chaînes, des dérailleurs, des leviers de vitesses, des freins à disques (hydrauliques, s’il vous plaît!), du guidon, de la tige, de l’assise de la selle, de la selle, des ensembles de roues, des pneus, et j’ai même passé pas mal de temps à me renseigner sur les meilleures pédales et san-dales existant sur le marché.

Résultat: je dispose à présent d’un vélo agréable à manœuvrer, qui me rend bien des services. (Honnêtement, ce doit être le vélo le plus cool sur terre. Le contraire m’éton-nerait: il m’a coûté le prix d’une moto, sauf que je n’ai pas le moteur. Pire encore, j’ai découvert que le moteur, c’était… moi!)

Où est-ce que je veux donc en venir? La majorité d’entre nous consacrons beaucoup de temps à faire des investiga-tions et à rechercher des conseils pour des décisions qui

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sont d’une importance toute relative: l’achat d’un vélo ou d’une voiture, la tenue vestimentaire à porter pour une occasion spéciale, les arbustes ou les fleurs à planter dans le jardin, le genre d’université à fréquenter, etc. En revanche, nous avons tendance à laisser de côté les questions capi-tales qui sont au centre de notre foi. Nous négligeons de nous interroger sur le bien-fondé de ce que nous croyons et sur la nécessité éventuelle d’accorder plus de crédit à des objectifs et des doctrines qui en valent la peine.

Ne pensez-vous pas qu’il vaille la peine de consacrer du temps à réfléchir aux fondements de votre foi?

Permettez-moi de me joindre à vous. Mon objectif est de nous aider à réfléchir aux croyances qui méritent d’être considérées et de comprendre quels sont les critères qui se révèlent utiles ou inutiles, en vue d’un choix. En d’autres termes, je ne cherche pas à vous indiquer ce qu’il convient de croire (tout le monde le fait constamment). Je suis juste là pour vous aider à y voir plus clair, à évaluer les diverses approches permettant de prendre une décision et à ana-lyser les informations factuelles qui doivent être prises en compte.

Tout cela est crucial, car l’approche à laquelle vous recourez pour faire votre sélection aura une importance colossale sur les résultats de votre choix. Vous vous devez à vous-même non seulement de penser à votre décision finale, mais aussi de commencer par prendre du recul et de réfléchir à votre façon de considérer la situation.

La plupart des gens n’y prêtent jamais attention. Ils se contentent de choisir arbitrairement une démarche (ou acceptent simplement celle qui leur a été transmise) et en font usage sans esprit critique pour adopter un système de croyance qui sera ou ne sera pas le meilleur choix. Je suis certain que vous ne souhaitez pas suivre leur exemple.

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«En matière de foi, pourquoi choisir?»

C’est pourquoi nous allons examiner six approches diffé-rentes, ou ce que nous pouvons décrire comme les «six approches de la spiritualité» empruntées de façon carac-téristique par ceux qui cherchent à prendre une décision en matière de foi.

Dès le moment où vous aurez identifié le chemin de foi que vous avez emprunté, vous serez à même d’évaluer s’il vous sert bien ou si vous devriez considérer d’autres routes plus fiables en vue de découvrir ce qui est vrai et réellement digne de confiance.

J’ignore où vous conduira cette aventure, mais il est impératif que vous investissiez du temps et de l’énergie dans ce domaine essentiel de votre vie afin d’avoir la certi-tude de choisir votre système de croyance avec sagesse. Et, je n’en doute pas un instant, vous ne regretterez pas d’avoir fait le bon choix.

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2. «A chacun sa vérité»

Pragmatisme, relativisme et réalité

L’athée Richard Dawkins  : «Vous avez l’obligation de prouver la raison pour laquelle vous croyez en quelque chose. Il existe un nombre infini de divinités

qui pourraient être l’objet de votre foi. Je suppose que vous ne croyez pas en Zeus, Apollon ou Thor; vous croyez vraisemblablement dans le Dieu chrétien…»

Le commentateur O’Reilly : «Jésus! Jésus-Christ était un être réel, on pouvait le voir…»

Dawkins : «Ouais…»O’Reilly : «Je sais ce qu’il a fait. Même si je ne suis pas sûr

que Jésus soit Dieu, je préfère croire en lui qu’en vous, qui êtes incapable de me dire ce que nous faisons ici. Vous n’en savez rien.»

Dawkins : «On y travaille. Les physiciens sont…»O’Reilly  : «Quand vous y serez arrivés, peut-être vous

accorderai-je mon attention.»Dawkins : «Eh bien, si vous considérez l’histoire de la

science au fil des siècles, les progrès effectués au cours de chacun d’eux ont été stupéfiants. A l’aube du 21e  siècle, nous ne savons pas tout, nous devons être humbles. Nous

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Spiritualités à la carte?

devons, en toute humilité, dire qu’il reste encore beaucoup à découvrir…»

O’Reilly  : «Très bien. Quand vous aurez trouvé, reve-nez m’en parler. En attendant, je garde ma philosophie judéo-chrétienne et ma religion catholique, car cela m’aide personnellement…»

Dawkins : «Ah, voilà autre chose! Tant mieux si cela vous aide, mais cela ne veut pas dire que ce soit vrai.»

O’Reilly : «Eh bien, c’est vrai pour moi. Voyez-vous, je crois que…»

Dawkins : «Vous voulez dire que ce qui est vrai pour vous ne l’est pas nécessairement pour quelqu’un d’autre?»

O’Reilly : «Oui, absolument.»Dawkins : «Pourtant, soit quelque chose est vrai, soit il ne

l’est pas!»O’Reilly : «Non, non. Je ne peux pas vous prouver que

Jésus-Christ est Dieu, voilà pourquoi c’est ma vérité. Mais vous ne pouvez pas me prouver que Jésus-Christ n’est pas Dieu. Aussi devez-vous rester dans votre système de croyance étriqué.»1

Tel a été le bref mais fascinant échange entre deux indi-vidus au franc-parler, dans le cadre de l’émission télévisée intitulée The O’Reilly Factor. Cela m’a fait penser à deux navires qui croisent de nuit. Bien qu’ils aient utilisé le même langage, le sens du mot vérité avait une connotation bien différente pour chacun de ces deux hommes. La question de la nature de la vérité remonte au moins à une époque aussi lointaine que celle des philosophes grecs Platon et Aristote. Nous le constatons aussi au cours du procès de Jésus. Pilate, le gouverneur romain, lui pose la simple question: «Qu’est-ce

1 D’après la vidéo de l’échange entre Bill O’Reilly et Richard Dawkins dans l’émission télévisée The O’Reilly Factor, le 23 avril 2007, sur Fox News, visible sur www.youtube.com/watch?v=wECRvNRquvl (consulté en 2008).

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«A chacun sa vérité»

que la vérité?» (Jean 18.38). Nous aurions tellement apprécié que Pilate attende la réponse avant de sortir de son palais! En effet, nous voici, 2000 ans plus tard, confrontés à la même interrogation. Réfléchissons un instant: si nous considérons les répliques de Bill O’Reilly, nous le voyons déclarer que la vérité, c’est ce qui fonctionne ; il adopte donc une approche pragmatique. Il affirme en effet: «Je garde ma philosophie judéo-chrétienne et ma religion catholique, car cela m’aide personnellement… C’est vrai pour moi… Je ne peux pas vous prouver que Jésus-Christ est Dieu, voilà pourquoi c’est ma vérité…» Cet ensemble de croyances est satisfaisant et semble fonctionner pour lui. Par conséquent, il déclare qu’il s’agit de sa vérité.

Les êtres humains s’expriment fréquemment ainsi: «Ce que vous croyez est vrai pour vous.» Cela revient à dire que nous pouvons tous avoir une croyance qui nous est propre: «Vous avez votre vérité; j’ai la mienne.» Dans cette perspective, dans la mesure où vous êtes sincère et où vos croyances «fonctionnent pour vous», ce que vous croyez est votre vérité, même si c’est en contradiction avec ce que je crois ou avec ce que quelqu’un d’autre croit. Comme l’a résumé un scénariste d’Hollywood: «Quelle que soit votre vérité, vous devez lui être fidèle.»1

Cette approche pragmatique et relativiste de la spiritua-lité est si populaire de nos jours que nous la plaçons en tête des six que nous avons choisi d’aborder dans ce livre. On peut parler d’une approche relativiste. Elle n’est pas la plus facile, mais elle permet de choisir un système de croyance sur la base de ce qui fonctionne le mieux pour chacun et qui correspond à sa façon de voir les choses.

1 Ronald Harwood, scénariste du film Le Pianiste (dans «Story of Survival» [une histoire de survie], sur le bonus du DVD, à partir de 7:20 minutes), Limited Soundrack Edition, 2003.

9 782940 335626

ISBN 978-2-940335-62-6CHF 24.90 / € 19.00

vec la mondialisation, on a parfois l’impression de se trouver dans un

supermarché et de devoir choisir, au rayon «spiritualité», entre des produits dont

on ne sait pas toujours s’ils sont de même qualité. Devons-nous nous contenter de

ce que nous connaissons ou, au contraire, goûter à l’exotique? Comment savoir

si notre choix est bon? Et, au fond, cela a-t-il une importance quelconque? Ne

pouvons-nous pas simplement nous passer de tout ce qui a trait à la spiritualité?

Mark Mittelberg montre que, même si nous avons des convictions athées, nous

avons un système de croyance sur lequel nous basons notre manière de vivre. Il

serait dommage qu’il se révèle finalement de mauvaise qualité! Par conséquent,

il propose dans ce livre un examen des différentes approches de la spiritualité et

un certain nombre de critères utiles à considérer pour opérer un choix sage – qui

soit le fruit d’une décision réfléchie et non d’une négligence coupable – dans ce

domaine.

Détenteur d’une maîtrise en philosophie de la religion obtenue à Trinity Evangelical Divinity School, Mark Mittelberg est un auteur et un orateur apprécié de beaucoup. M

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