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Spleen de Paris Presentation Handout

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Spleen de Paris

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Page 1: Spleen de Paris Presentation Handout

Chih-Wei Liu

Baudelaire’s prose poetry

1.Il [Guys] cherche ce quelque chose qu’on nous permettra d’appeler la modernité ; car il ne se présente pas de meilleur mot pour exprimer l’idée en question. Il s’agit, pour lui, de dégager de la mode ce qu’elle peut contenir de poétique dans l’historique, de tirer l’éternel du transitoire. […] La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable.

Le Peintre de la vie moderne

2.

C'est l'heure où les douleurs des malades s'aigrissent! 31La sombre Nuit les prend à la gorge; ils finissentLeur destinée et vont vers le gouffre commun; L'hopital se remplit de leurs soupirs. - Plus d'unNe viendra plus chercher la soupe parfumé,Au coin du feu, le soir, auprès s'une âme aimée

‘Crépuscule du soir’

3.

Quel est celui de nous qui n'a pas, dans ses jours d'ambition, rêvé le miracle d'une prose poétique, musicale sans rythe et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience? C'est surtout de la fréquentation des villes énormes, c'est du croisement de leurs innombrables rapports que naît cet idéal obsédant.

Préface à Arsène Houssaye

4.

Quelles bizarreries ne trouve-t-on pas dans une grande ville, quand on sait se promener et regarder? La vie fourmille de monstres innocents

‘Mademoiselle Bistouri’

Page 2: Spleen de Paris Presentation Handout

Chih-Wei Liu

5.

Mon cher ami, je vous envoie un petit ouvrage dont on ne pourrait pas dire, sans injustice, qu'il n'a ni queue ni tête, puisque tout, au contraire, y est à la fois tête et queue, alternativement et réciproquement […] Hachez-la en nombreux fragments et vous verrez que chacun peut exister à part.

Préface à Arsène Houssaye

Compared to:

Le seul éloge que je sollicite pour ce livre [Les Fleurs du Mal] est qu'on reconnaisse qu'il n'est pas un pur album et qu'il a un commencement et une fin.

6.

Je suis assez content de mon Spleen. En somme, c'est encore Les Fleurs du Mal, mais avec beaucoup plus de liberté, et de détail, et de raillerie.

Letter dated 1866

7. Des rêves! Toujours des rêves! Et plus l'âme est ambitieuse et délicate, plus les rêves l'éloignent du possible

‘L’Invitation au voyage’

8.

Au bord de la mer, une belle case en bois, enveloppée de tous ces arbres bizarres et luisants dont j'ai oublié les noms…, dans l'atmosphère, une odeur enivrante, indéfinissable…, dans la case un puissant parfum de rose et de musc…, plus loin…"

‘Les Projets’

9.

Je sais que vous gardez une place au PoèteDans les rangs bienheureux des saintes Légions,Et que vous l'invitez à l'éternelle fêteDes Trônes, des Vertus, des Dominations.

‘Bénédiction’

Page 3: Spleen de Paris Presentation Handout

Chih-Wei Liu

10.

L’Enfant déshérité s’enivre de soleilEt dans tout ce qu’il boit et dans tout ce qu’il mange Retrouve l’ambroisie et le nectar vermeil.

‘Bénédiction’

Compared to:

Vous, dans un mauvais lieu! Vous, le buveur de quintessences! Vous, le mangeur d'ambroisie!

‘Perte d’Auréole’

Page 4: Spleen de Paris Presentation Handout

Chih-Wei Liu

La Chevelure

Ô toison, moutonnant jusque sur l'encolure!Ô boucles! Ô parfum chargé de nonchaloir!Extase! Pour peupler ce soir l'alcôve obscureDes souvenirs dormant dans cette chevelure,Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir!

La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,Tout un monde lointain, absent, presque défunt,Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique!Comme d'autres esprits voguent sur la musique,Le mien, ô mon amour! nage sur ton parfum.

J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève,Se pâment longuement sous l'ardeur des climats;Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève!Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêveDe voiles, de rameurs, de flammes et de mâts:

Un port retentissant où mon âme peut boireÀ grands flots le parfum, le son et la couleurOù les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moireOuvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloireD'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur.

Je plongerai ma tête amoureuse d'ivresseDans ce noir océan où l'autre est enfermé;Et mon esprit subtil que le roulis caresseSaura vous retrouver, ô féconde paresse,Infinis bercements du loisir embaumé!

Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tenduesVous me rendez l'azur du ciel immense et rond;Sur les bords duvetés de vos mèches torduesJe m'enivre ardemment des senteurs confonduesDe l'huile de coco, du musc et du goudron.

Longtemps! toujours! ma main dans ta crinière lourdeSèmera le rubis, la perle et le saphir,Afin qu'à mon désir tu ne sois jamais sourde!N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourdeOù je hume à longs traits le vin du souvenir?

Page 5: Spleen de Paris Presentation Handout

Chih-Wei Liu

Un Hémisphère dans une chevelure

Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l'odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l'eau d'une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l'air. Si tu pouvais savoir tout ce que je vois! tout ce que je sens! tout ce que j'entends dans tes cheveux ! Mon âme voyage sur le parfum comme l'âme des autres hommes sur la musique. Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures; ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, où l'espace est plus bleu et plus profond, où l'atmosphère est parfumée par les fruits, par les feuilles et par la peau humaine. Dans l'océan de ta chevelure, j'entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d'hommes vigoureux de toutes nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l'éternelle chaleur. Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve les langueurs des longues heures passées sur un divan, dans la chambre d'un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port, entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes. Dans l'ardent foyer de ta chevelure, je respire l'odeur du tabac mêlé à l'opium et au sucre; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l'infini de l'azur tropical; sur les rivages duvetés de ta chevelure je m'enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l'huile de coco. Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs.