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Supply Chain Magazine 107 - MANAGEMENT

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N°107 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - SEPTEMBRE 201668

MANAGEMENT

Pour casser l’image du camionneur et du pousseur

de palettes de la Supply Chain, n’hésitez pas à créer

du lien avec les autres départements

dans l’entreprise, avec humilité et transparence :

expliquez, collaborez, communiquez, cassez les silos.

Donnez une bonne image de la SC dans votre entreprise

A première vue, la Supply Chain peut passer pour un métier simple et basique : « Pousser

des palettes, conduire des camions » est l’image que les non-initiés peuvent en avoir, y compris dans l’entreprise. Même si les logisticiens sont bien souvent passionnés par leur métier, il faut être humble et reconnaitre que la Supply Chain ne suscite pas un intérêt naturel de la part de ses collègues ! Il est important de casser cette image en interne pour plusieurs raisons. Une bonne image va attirer l’attention, voire même susciter la curiosité et la bienveillance d’autres services, le tout au bénéfi ce de l’entreprise. Elle engen-drera naturellement de la reconnais-

sance vis-à-vis des équipes Supply Chain. Et elle permettra de motiver le collaborateur, qui sait qu’il est regardé, responsable, et si tout se passe bien, félicité et récompensé. Ensuite, la Sup-ply Chain a besoin des autres services pour réussir. « On ne peut planifi er ou faire la prévision des ventes sans coopérer avec les achats, le commer-cial et le marketing. Nous sommes donc prestataires pour certains ser-vices, mais aussi parfois clients, fait remarquer Mathias Schmeer, Directeur des Opérations du groupe Meninvest, e-commerçant spécialisé dans la mode masculine. Et nous avons un objectif commun : améliorer le taux de trans-formation. Mon job, c’est de donner

Bureaux de l’équipe logistiquede Vestiaire Collective.

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envie à l’internaute de revenir. Ainsi, tous les salariés du groupe ont une part variable de leur salaire indexée sur la note de satisfaction du client fi nal. Cela rend les gens attentifs à la Supply Chain. »

ExpliquezEncore faut-il trouver les bons leviers donnant une bonne image. Les autres services, c’est humain, ont souvent l’habitude de râler quand il y a un problème logistique, et de trouver cela normal quand tout est fl uide. La bonne image de la Supply Chain repose avant tout sur la reconnaissance qu’ont les autres départements de son effi cacité, qui repose sur une certaine complexité et technicité. Il faut donc prendre le temps de leur expliquer ce qui est compliqué, mais aussi en quoi le fait de dialoguer avec eux peut contribuer à aplanir ces diffi cultés.De plus, les autres services peuvent être considérés comme des clients dont

il faut aller au-devant des besoins. Il faut dépasser son périmètre, réaliser l’impact de ses décisions sur les autres. Il est nécessaire de se mettre à la place de l’autre et de comprendre ses pro-blèmes, afi n de proposer des solutions. La réciproque étant aussi vraie !La Direction Générale doit être sensi-bilisée au sujet. Son rôle est de s’assu-rer de la bonne coordination des ser-vices et d’être un catalyseur d’ondes positives. Elle se doit d’insuffl er cet élan de communication interservices, donnant ainsi l’occasion à la Direction Supply Chain de faire comprendre les métiers qui la composent. « Il faut se montrer pédagogue avec les autres membres du Comité de Direction », souligne également Mathias Schmeer.

CollaborezDévelopper des projets communs ren-force la solidarité entre équipes, la connaissance et la reconnaissance du travail de la direction Supply Chain.

Chez Meninvest par exemple, l’opé-ration d’asilage pour Noël est réalisée avec l’équipe commerciale, l’optimi-sation des stocks et du BFR avec la fi nance. « C’est un cercle vertueux. Nous pouvons aller voir la fi nance pour leur suggérer là où on peut gagner du cash » souligne Mathias Schmeer. Il ne faut pas hésiter non plus à marke-ter ses projets collaboratifs. Et au tra-vers de la mise en place de nouvelles technologies, d’outils digitaux colla-boratifs, le Directeur Supply Chain a une belle opportunité de valoriser ses services en interne.

Communiquez La Supply Chain a besoin de commu-niquer et de faire sa propre publicité. N’hésitez pas à mettre en valeur vos réussites dans l’entreprise. Mais soyez également transparents et commu-niquez sur vos résultats, qu’ils soient bons ou mauvais. Il ne faut pas subir un manque de communication. « La

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Supply Chain est un gardien de but sur lequel le regard est attiré quand il prend un but, explique Mathias Schmeer. Nos indicateurs clefs de performance (transport/logistique/retours...) sont envoyés chaque mois aux 37 managers du groupe, avec quelques commentaires et informa-tions pour montrer ce que l’on fait. Quand il faut affronter une situation diffi cile, je communique sur le pro-blème et sur la façon de le résoudre. Et je communique sur comment nous contribuons à la réussite du groupe. »

Romain Codron, Co-Fondateur de Shiptify

« Transparence, empathie, bienveillance »« Si les autres personnes dans l’entreprise ont une bonne image de la Supply Chain, elles seront plus bienveillantes dans leurs actions. Ainsi un acheteur prendra en compte les contraintes logistiques. Il faut montrer la rigueur et l’aptitude à collaborer du service Supply Chain ». Telle est l’analyse de Romain Codron, diplômé du Master de l’Isli en Supply Chain Management, qui a débuté chez Kuehne + Nagel en 2006. Après un passage au cabinet de conseil Alis International pendant 2 ans, il devient en 2014 Directeur Logistique et Transport du site e-commerce Vestiaire Collective, spécialisé dans la mode d’occasion haut de gamme. Il vient de quitter ce poste pour lancer en juillet dernier Shiptify, plate-forme collaborative de mise en relation de chargeurs et transporteurs aériens & maritimes internationaux. Son sens de la communication paraît naturel ; il a co-créé le Palette Club en mars 2016, qui réunit une fois par mois pour un apéro des responsables transport et logistique d’e-commerçants, de la start-up locale à la multinationale. « Pas besoin de budget de la communica-tion interne pour lancer soi-même la dynamique. En 2010 chez Kuehne + Nagel, j’ai lancé ma première newsletter qui informait sur le projet Handling et dont 6 numéros sont parus. Il ne faut pas hésiter à fêter ses événements et à le faire

savoir dans l’entreprise. Chez Vestiaire Col-lective, nous avons mis en valeur Didier, historiquement le premier opérateur logis-tique dans l’entreprise, sur le groupe privé qu’avait l’entreprise sur Facebook, qui sert de réseau social d’entreprise, lorsqu’il a atteint les 200.000 produits réceptionnés. Le « vis ma vie » est aussi excellent, le Direc-

teur Général, Olivier Marcheteau, l’a fait. Nous avons aussi mis en place une ses-sion de formation à la problématique douanière ; 18 volontaires, issus de différents services, sur 150 salariés en France ont répondu présents ».Il conclut : « Transparence, empathie, bienveillance. C’est peut-être une vision utopiste, mais l’application de ces valeurs sera certainement plus productive que les silos existants dans les entreprises. Oui, la Supply Chain doit insuffl er cet esprit en montrant la direction au sein de l’entreprise. Cela doit être valorisé, encouragé par la Direction Générale ». ■

Romain Codron partage cet avis ; il a été le Directeur Logistique et Trans-port de l’e-commerçant Vestiaire Collective : « Lors d’un pic de com-mandes, nous avons vu l’indicateur de délai de traitement des commandes se dégrader. Nous n’avons pas cherché d’excuses, mais des explications afi n d’éviter que cela se reproduise ».La communication interne n’est pas réservée au service comm’. Vous pou-vez insuffl er le mouvement. La créa-tion de newsletter, le recours aux RSE (Réseaux Sociaux d’Entreprise) sont

autant de leviers à utiliser soi-même, sans créer de dépendance auprès de la communication interne. « Concep-tualisez le service apporté au travers d’indicateurs simples mais percutants que vous diffusez, conseille Romain Codron, aujourd’hui Co-fondateur de la plate-forme collaborative entre chargeurs et transporteurs inter-nationaux Shiptify, qui donne des exemples : « Toutes les 2 min, un pro-duit Vestiaire Collective traverse une frontière douanière. Tous les jours, ce sont 2 avions qui sortent des usines Airbus ».

Cassez les silos Créez du lien et engendrez un cercle vertueux, d’abord par l’échange d’in-formations Il faut éviter la réten-tion d’informations car cela renforce les silos dans l’entreprise et casse la confi ance. Développez la bonne entente par des opérations et événe-ments, souvent simples à mettre en œuvre, mais dont seule votre imagi-nation est la limite. Chez Bazarchic qui compte 200 salariés, tous les nou-veaux arrivants dans l’entreprise font le tour de l’ensemble des services, y compris de la logistique. « Quand un acheteur veut intégrer au catalogue un produit hors gabarit, il comprend ainsi mieux les contraintes logistiques qu’il engendre », explique Christophe Pou-tiers, Directeur Supply Chain du site e-commerce.La décoration d’un entrepôt aux cou-leurs de l’entreprise favorise aussi l’implication des équipes logistiques au sein d’un groupe au siège poten-tiellement éloigné, et peut donner une image positive lors de la visite de per-sonnes extérieures. L’organisation de visites de sites logistiques (potentiel-lement externalisés à des prestataires) peut être l’occasion d’échanges entre services. On peut même faire de l’in-ventaire annuel un événement. En invitant l’ensemble des services à y participer, la Direction Supply Chain peut créer un événement de team buil-ding fédérateur et mémorable au sein du groupe. Faire du sport en équipe entre services est aussi un bon moyen de créer du lien.En conclusion, la porosité grandis-sante de l’écosystème de l’entre-

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Didier, OpérateurVestiaire Collective

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Christophe Poutiers, Directeur Supply Chain de Bazarchic

« La Supply Chain, vitrine de la société »

« Le groupe a l lemand de magasins d’électronique grand public Media Saturn, que j’ai rejoint en 2000, avait vite compris que dans la distribution, la logistique est aussi importante que le com-merce, la fi nance ou les achats ». Christophe Poutiers s’engage ensuite chez les pure-players de l’e-commerce, où la logistique est au cœur de l’activité. Il rejoint Pixmania en 2008 comme Chef de projet, passe N°2 des projets Supply Chain, et Responsable des projets achats, logistique, fi nance, IT. Il est ensuite embauché par Bazarchic, site de ventes privées mode-déco-vin-voyages, début 2016 : « Si la logistique est bonne, l’entreprise est rentable. La phi-losophie s’inverse, la Supply Chain n’est plus le parent pauvre mais un acteur majeur de l’entreprise. Les achats et le commerce sont en support de la Supply Chain, vitrine de la société ».Selon lui, il faut rester très ouvert en interne comme en externe. En juillet dernier, Christophe Poutiers a invité des membres de son réseau à venir visiter l’entrepôt. En interne, il faut faire des efforts en termes de visibilité dans une approche de proximité. Eviter le cloisonnement, échanger des informations, établir de bonnes rela-tions est essentiel. Chaque service a besoin des autres pour trou-ver des solutions. Par exemple, le contrôle de gestion de Bazarchic lui a donné des pistes pour réaliser des économies, notamment sur les consommables. Avec les achats, il a décidé que le traite-ment des produits volumineux ne s’effectue plus en interne. Il est sous-traité au prestataire Vir, une solution moins onéreuse et plus rapide. Et il faut être réactif quelle que soit la situation. « Face à une demande, il faut dire oui mais aussi savoir dire non si on ne sait pas faire ». ■

prise fait que l’image en externe et en interne se rejoignent. « La Supply Chain est un vecteur stratégique de l’image d’une entreprise auprès de ses clients et fournisseurs, souligne Romain Codron. Cela est déjà bien intégré dans l’e-commerce, mais à ne pas négliger dans le B2B. Et quand les clients et fournisseurs sont plus enclins à acheter ou collaborer, cela rejaillit positivement sur l’entreprise. Ainsi, dans l’e-commerce, un bon ser-vice logistique amène du chiffre d’af-faires, allégeant le travail des commer-ciaux. » ■ CHRISTINE CALAIS

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MANAGEMENT

Mes news Ressources Humaines

Une promotion ? Non, merci

Savoir dire non est une chose, le faire comprendre à son inter-locuteur en est une autre. Il arrive que des salariés déclinent

une promotion et l’augmentation qui va (souvent) avec. Selon une étude de Robert Half, cabinet auprès de 200 DRH français, ces derniers assimilent ceci à une peur du changement (36 %), à un refus d’investissement (24 %) et à un manque d’ambition (20 %). Seuls 14 % perçoivent la décision de refus positivement quand elle est argumentée. Les raisons sont d’évaluer ses com-pétences comme encore trop peu développées par rapport au nouveau périmètre de responsabilité, une incompatibilité avec la vie privée, une incohérence avec son plan de carrière. En effet, le rôle des ressources humaines est de s’assurer que les salariés peuvent donner à leur carrière l’impulsion qui leur convient. Pour ne pas être mal perçu et donc éviter de pénaliser sa vie au sein de l’entreprise, même si le salarié n’a aucune obligation légale de se justifi er, Robert Half recommande d’élaborer un argumentaire clair, de demander un entretien en privé avec son manager, de le remercier en rappelant son engagement pour l’entreprise, son attachement à son poste. Enfi n, selon le cabinet, il est préférable de rester dans une perspective positive en signalant que ce refus n’a rien de défi nitif. ■ CC

Bien gérer les compétences rend les salariés plus heureux

Entre les 2 extrêmes, les Indiens, 89 % à être satisfaits au travail, et les Japonais qui ne sont que 44 % à l’être, la moyenne mondiale

se situe à 71 % selon le baromètre Edenred-Ipsos 2016, réalisé au-près de 14.400 salariés dans 15 pays. Les Français sont en-dessous de la moyenne, à 67%. Comme les Belges et les Allemands, ils regrettent un défi cit d’attention de leur hiérarchie et de gestion des compétences. L’enquête montre que le Chili, la France, le Royaume-Uni, la Belgique et la Pologne ont des politiques favorables et recon-nues sur la diversité et l’intégration des jeunes, mais se préoccupent moins de la gestion des seniors et du développement des compé-tences. Or selon l’étude, la gestion des compétences est la politique susceptible d’avoir le plus d’impact sur le bien-être des salariés avec en priorité la transmission et le renouvellement des compétences puis la gestion des fi ns de carrière. Elle constitue la 1ère attente des salariés.Les Français sont aussi préoccupés par le niveau de leur salaire (47 %) et le maintien de leur emploi (33 %), 56 % étant insatisfaits de leur pouvoir d’achat. Ils attendent de leur employeur qu’il s’implique dans l’aide à la santé, aux transports et à la restauration lors de la pause-déjeuner (respectivement 43 %, 40 % et 36 %). ■ CC

Mathias Schmeer, Directeur des Opérations de Meninvest

« Chaque service et chaque collaborateur doit connaître sa place dans la chaîne de valeur. »

Diplômé de l’Essec, Mathias Schmeer a débuté sa carrière en 2005 comme Consultant en stratégie chez Kea & Partners pour des enseignes de distribution et des marques de produits de grande consommation. En 2012, il poursuit son activité de conseil à Londres chez PatelMiller, accompagnant des enseignes de distribution et d’e-commerce dans le développement ou l’optimisation de leurs activités. Depuis 2014, il est Directeur des Opérations du groupe français Meninvest, qui rassemble 3 sites de mode homme avec différentes cibles – Menlook qui compte 4,5 M de visiteurs uniques par mois, oki-ni.com, Frontline.com – et 150 salariés dans 4 pays. Il a fallu intégrer opérationnellement les acquisitions du site britannique oki-ni.com au printemps 2013 et du site allemand frontline.com 2 ans plus tard. Un modèle opérationnel centralisé a été créé en partant de zéro, en réorganisant tous les processus progressive-ment. Le pôle opérationnel est mis en place à Barcelone à partir de l’été 2015. Depuis juillet 2016, il compte une quarantaine de personnes et comprend la logistique amont et aval, le service de shopping personnel, digitalisation-image. Le service client va les rejoindre. Le pôle est en open space et favorise la mixité des équipes. Les opérations logistiques sont

déléguées à Viapost, à Saint-Quentin-Fallavier. « Chaque service et chaque collaborateur doit connaître sa place dans la chaîne de valeur. J’ai une vision plus client que technique de la Supply Chain. Certes, la Supply Chain est un coût et c’est à nous tous les jours de démontrer que nous contribuons largement aux ventes. En e-commerce, la livraison de colis fait que la valeur de la Supply Chain est montrée dans chaque interaction client. Amazon a démontré que la Supply Chain est un avantage comparatif fort. Chez Meninvest, la Supply Chain est la clef de la qualité, améliorer sa visibilité est donc naturel ». ■

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