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t- PETITES HISTOIRES - JUKEBOX MAGAZINE - le ... dans la société. Les enfants du baby boomprennent en quelque sorte le pouvoir et im-posent leurs goûts musicaux, culturels et vesti-mentaires

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Page 1: t- PETITES HISTOIRES - JUKEBOX MAGAZINE - le ... dans la société. Les enfants du baby boomprennent en quelque sorte le pouvoir et im-posent leurs goûts musicaux, culturels et vesti-mentaires

PETITES HISTOIRES

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JOHNNYLe temps des surprises-parties

Début 1962, la jeunesse flirte, dans les sur-prises-parties, sur le nouveau succès de JohnnyHallyday, « RETIENS LA NUIT ». Gros plan surce slow langoureux, extrait d’un film-culte pourtoute une génération.Au début des années 60, la France connaît un vé-ritable bouleversement culturel avec l’émergenced’une jeunesse qui, pour la première fois, se sin-gularise dans la société. Les enfants du babyboom prennent en quelque sorte le pouvoir et im-posent leurs goûts musicaux, culturels et vesti-mentaires. Dans ce contexte naît une nouvelle gé-nération de chanteurs, influencée par la cultureaméricaine, qui devient le catalyseur d’adoles-cents en recherche de références. Parmi ces ar-tistes, il y a Johnny Hallyday, qui va devenir l’idoledes jeunes grâce à des titres rock et twist plaisantaux ados qui veulent se démarquer de leurs pa-rents. Des parents qui, justement, ont bien du malà s’intéresser à ce blouson noir qui se roule parterre, de manière provocante. Après s’être produiten première partie de Raymond Devos, à l’Al-hambra, en septembre 1960, Johnny passe un anplus tard à l’Olympia, en vedette. C’est en assis-tant à ce spectacle, que l’idée de « Retiens LaNuit », germe dans l’esprit de Charles Aznavour.A l’issue du tour de chant, Charles va dans la logede Johnny pour le féliciter en apportant un petitbémol, principalement sur la pauvreté de ses pa-roles : Tu chantes très bien sur des musiques ryth-mées, mais ce serait encore mieux avec de bonstextes sur des ballades tendres. C’est ainsi queJohnny Hallyday et Charles Aznavour vont tra-vailler ensemble. Avec son fidèle complice et futurbeau-frère, le compositeur Georges Garvarentz,Aznavour crée « Retiens La Nuit », un slow queJohnny enregistre le 4 novembre 1961, au studioBlanqui. Depuis peu chez Philips, Johnny Hally-day obtient un tube immense avec « Retiens LaNuit ». Cette fois, ce sont non seulement lesjeunes qui s’intéressent à lui, mais aussi un publicplus familial qui découvre là une autre facette dupersonnage.« Retiens La Nuit » est inclus dans une des quatreparties du film « Les Parisiennes », sorti le 17 jan-vier 1962, intitulée Sophie, réalisée par Marc Al-légret sur un scénario co-écrit par Roger Vadim.Johnny Hallyday y joue le rôle de Jean Allard quicharme la belle Sophie, incarnée par CatherineDeneuve, en interprétant « Retiens La Nuit », dansune cuisine.

B.B.Entre Montmartre & Saint-Tropez

En 1963, Brigitte Bardot enregistre « LA MA-DRAGUE », une jolie ballade romantique quiévoque sa propriété de Saint-Tropez. Retour surla création de cette chanson aussi mythiqueque son interprète.En 1956, grâce au film de Roger Vadim « Et DieuCréa La Femme », Brigitte entre dans la légende.Tout en tournant beaucoup, elle enregistre, en fé-vrier 1962, son premier disque, « Sidonie », extraitdu film « Vie Privée ». Sur ce super 45 tours, BBinterprète un poème de Charles Cros sur une mu-

sique co-écrite par Jean-Max Rivière. Aussitôt,Brigitte Bardot se singularise dans le paysagemusical français avec sa façon bien à elle dechanter. Philips lui propose d’enregistrer un 33tours. Jean-Max Rivière fait partie de cette aven-ture. En mai 1958, Brigitte a acquis une maison,sur la route des Canebiers, à Saint-Tropez. Cettepropriété baptisée La Madrague devient le théâtrede fêtes somptueuses réunissant toute la jet-setde l’époque. Jean-Max Rivière, qui fait souventpartie des happy few conviés chez BB, a l’idée deconsacrer une chanson à cette maison du bon-heur. En 1962, Jean-Max Rivière se trouve chezune amie qui habite rue Coustou, à Montmartre,et cette dernière évoque une plage abandonnée,de coquillages et de crustacés, ce qui lui donnel’idée du point de départ. Quelque temps plustard, avec son complice Gérard Bourgeois, ils seretrouvent au studio Waker, rue de Douai. Sur letexte de Jean-Max, Gérard Bourgeois composeune mélodie romantique qui donne naissance à « La Madrague ». Le tandem se rend ensuite àSaint-Tropez chez Brigitte Bardot pour lui faireécouter leur création. BB est emballée et elle l’en-registre sur son album, qui paraît début 1963. Surla pochette du 25 cm (qui suit le 30 cm), BB estplus sexy que jamais, en collant noir et pull rose.Plusieurs succès s’en détachent, « L’Appareil ASous », signé Serge Gainsbourg, « Invitango » et,bien sûr, « La Madrague » dont l’impact dépasseles frontières.Ainsi, en fin d’année 1967, quand un show télé-visé consacré à Brigitte Bardot connaît un succèsmondial, notamment aux Etats-Unis, « La Ma-drague », filmée in situ, est désormais aussi cé-lèbre que la Tour Eiffel.

CLO-CLOPas Tino Rossi !

C’est parce que Philips souhaite faire reprendredu Tino Rossi à Claude François que ce dernieradapte en français un tube d’été d’outre-Manche. Ainsi, aux premiers jours de l’hiver1963-64, des milliers d’enfants reprennent enchœur « EN RÊVANT A NOËL », sur un disquevendu à plus de 540 000 exemplaires.

Durant l’été, Claude sillonne la France, interpré-tant ses premiers tubes et partageant l’afficheavec Sylvie Vartan. Il est rejoint à Nice, le 22 août1963, par son directeur artistique Jean-JacquesTilché. Après le concert, au cours du dîner, Tilchépropose à la jeune vedette de reprendre le célèbre« Petit Papa Noël » créé par Tino Rossi en 1946.A cette époque, les ventes de disques en périodede Noël sont importantes. Mais Claude ne veutpas du standard de Tino, il veut imposer le sien,un hymne de Noël moderne. Quelques jours plustard, il propose d’adapter « In Summer », un suc-cès anglais de Billy Fury, classé outre-Manche.Après avoir obtenu les autorisations de Valérie &Elaine Murtagh et de Roy Adams, les auteurs etcompositeurs, Claude François cherche l’inspi-ration. Il repense à son enfance, à ses Noëls mer-

veilleux, où en Egypte il fêtait ce jour sacré. A safidèle parolière Vline Buggy, Clo-Clo raconte sessouvenirs. Ensemble, ils écrivent un texte sur me-sure et autobiographique. Avec l’orchestre deJacques Denjean, « En Rêvant A Noël » est enre-gistré aux premiers jours de septembre et figuresur son quatrième super 45 tours avec son in-contournable tube « Si J’Avais Un Marteau ». Ledisque sort le 12 octobre 1963 et se place trèsvite en tête des hit-parades. Claude François in-terprète à la télévision une seule fois « En RêvantA Noël », à Demandez Le Programme, émissionproduite et présentée par Suzanne Gabriello le 24décembre 1963. « En Rêvant A Noël » devientainsi son titre le plus connu et le plus diffusé aumoment des fêtes de fin d’année. Destin oblige !Pour la petite histoire, onze ans plus tard, ClaudeFrançois enregistre « Petit Papa Noël ». Hélas, ledisque n’est jamais paru, écrasé par l’immensesuccès de « Le Téléphone Pleure ».

GAINSBOURGN’en déplaise à Minouche...

En 1963, Juliette Gréco enregistre « LA JAVA-NAISE », écrite par Serge Gainsbourg. Si, aumoment de sa sortie, cette chanson a un suc-cès mitigé, le temps l’a transformé en standard.Retour sur sa gestation... qui ne plaisait pas à lachatte persane de Juliette.Si beaucoup connaissent « La Javanaise » parSerge Gainsbourg, ce morceau a d’abord été créépar Juliette Gréco. En 1959, Serge rencontre pourla première fois celle qui est déjà la muse deSaint-Germain-des-Prés. Après dix ans de car-rière, elle est au zénith au théâtre, au cinéma etdans la chanson. Fraîchement revenue des USA,où pourtant une carrière prometteuse d’actrices’ouvrait à elle, Juliette souhaite enregistrer denouveaux titres pour sa rentrée. Jacques Canetti,pilier incontournable du métier de l’époque, luiparle du talentueux musicien qu’il a découvert,Serge Gainsbourg. Rendez-vous est pris chezelle, au 33 rue de Verneuil, dans le magnifiquehôtel particulier qu’elle s’est acheté après avoirgagné six millions de francs, au casino, un soir desolitude. Serge Gainsbourg est très impressionnénon seulement par le lieu mais surtout par lafemme-star qu’il a en face de lui, à qui il offre unerose. Tétanisé, il a les mains si moites qu’il laissetomber le beau verre de cristal gravé avec sonwhisky. Serge fait écouter à Juliette ses compo-sitions. Elle est très attentive et sensible à sa mu-sique. Elle avouera : Ce qui m’a plu dans seschansons, c’est lui. C’est un homme passionnant,séduisant et d’une grande tendresse. Peu après,le 14 mars 1959, Juliette remet à Serge le Grandprix du disque de l’Académie Charles Cros. Cettemême année, elle enregistre un super 45 toursavec pour la première fois quatre titres écrits parGainsbourg dont « L’Amour A La Papa » et « LesAmours Perdues ». Leur collaboration continueet, en 1963, Serge conçoit pour Juliette ce véri-table joyau, « La Javanaise ». En s’inspirant deBoris Vian qui a signé plusieurs chansons avec le

PETITES HISTOIRESFabien Lecœuvre poursuit

son inventaire de ces chan-

sons symboles d’émotion,

de souvenirs, de bouts de

vie. La magie d’un tube ré-

side souvent dans sa con-

ception. Comment un au-

teur, un compositeur et un

interprète ont-ils réussi à

toucher le cœur de millions

de gens ? Le livre « Petites Histoires des

Grandes Chansons, Vol. 3 » (Du Rocher)

vous entraîne au-delà du miroir. En voici

une sélection qui dévoile le cheminement,

souvent hasardeux, de ces fleurons de

notre patrimoine.

Brigitte Bardot aux studios

de la Victorine à Nice.

Après JulietteGréco, SergeGainsbourgécrira pour Françoise Hardy, ici en 1968.