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Hiver 2013/14 UN œIL SUR LE MONDE National Geographic : 125 ans de photoreportage « grand format » APHRODITE MODERNE Portrait de la sublime Naomi Campbell APOCALYPSE ? NO ! Un manuscrit de la Renaissance longtemps perdu sur les phénomènes paranormaux À CORPS OUVERT L’œuvre redécouvert de Fritz Kahn, pionnier des illustrations anatomiques LA VOIX DU NORD Les contes et récits de Hans Christian Andersen Est. 1980 Diversity is the spice of life!

TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

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Page 1: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

Hiver 2013/14

Un œil sUr le monde

National Geographic : 125 ans de photoreportage « grand format »

APHrodiTe modernePortrait de la sublime Naomi Campbell

APocAlyPse ? no !Un manuscrit de la Renaissance longtemps perdu sur les phénomènes paranormaux

À corPs oUverTL’œuvre redécouvert de Fritz Kahn, pionnier des illustrations anatomiques

lA voiX dU nordLes contes et récits de Hans Christian Andersen

Est. 1980Diversity is the spice of life!

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Embarquez avec nous pour un voyage

autour du monde…

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P U R E S H I N E

FALKE 210x297 mm_Layout 1 27.08.13 12:32 Seite 1

C’est avec un immense plaisir que je vous présente l’une de nos plus belles publications : National Geographic – Le tour du monde en 125 ans. Un ouvrage incroyable ! Au fil de ses trois volumes, vous découvrirez notre planète de 1888 à nos jours, immortalisée par les photographes, les auteurs et les éditeurs intrépides et talentueux de National Geographic.

Nos éditeurs ont bénéficié d’un accès exclusif et inédit aux 11 millions d’images conservées par les archives de la National Geographic Society à Washington, ce qui leur a permis de sélectionner les clichés les plus pré-cieux. Le fruit de cette collaboration est un hommage unique et intemporel à l’histoire du magazine et à ses succès.

Le coffret de trois volumes sera publié en édition XL limitée à 125 000 exem-plaires numérotés. La première édition sortira sur le marché américain au cours de l’hiver, et les éditions fran-çaise, espagnole et allemande suivront au printemps 2014. D’autres sorties sont prévues dans le reste du monde.

Et puisque nous aimons tant notre pla-nète, j’ai une autre nouvelle excitante à vous annoncer : TASCHEN aura bien-tôt une empreinte carbone neutre. En investissant dans l’Instituto Terra, la fondation pour la reforestation créée

au Brésil par Lélia Wanick et Sebastião Salgado, nous pourrons compenser la totalité de nos émissions annuelles. Je suis fier d’affirmer que très bien-tôt, chaque livre TASCHEN représentera une graine plantée.

Accompagnez-nous dans ces nouvelles aventures et, comme toujours, soyez remerciés pour votre soutien sans faille.

Peace

Benedikt Taschen

Publication semestrielle de TASCHENHohenzollernring 53 D–50672 Köln

Tél. : +49-221-20 18 [email protected] publicité : [email protected]

Berlin, octobre 2013

Maillot vert : Sebastião Salgado à vélo dans les allées de l’Instituto Terra, dans l’état de Minas Gerais (Brésil). Photo © TASCHEN

Textes : Alice Pétillot et Arnaud BriandConception : Andy Disl et Benedikt Taschen Coordination : Florian Kobler, Martin Holz et Jonas SchelerProduction : Claudia Frey et Frauke Kaiser Direction et production : Benedikt Taschen

Couverture : Jeune Tibétaine de 14 ans en costume traditionnel. Photo : Alison Wright, 2008. © National Geographic Creative

Chers mordus de beaux livres,

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P U R E S H I N E

FALKE 210x297 mm_Layout 1 27.08.13 12:32 Seite 1

C’est avec un immense plaisir que je vous présente l’une de nos plus belles publications : National Geographic – Le tour du monde en 125 ans. Un ouvrage incroyable ! Au fil de ses trois volumes, vous découvrirez notre planète de 1888 à nos jours, immortalisée par les photographes, les auteurs et les éditeurs intrépides et talentueux de National Geographic.

Nos éditeurs ont bénéficié d’un accès exclusif et inédit aux 11 millions d’images conservées par les archives de la National Geographic Society à Washington, ce qui leur a permis de sélectionner les clichés les plus pré-cieux. Le fruit de cette collaboration est un hommage unique et intemporel à l’histoire du magazine et à ses succès.

Le coffret de trois volumes sera publié en édition XL limitée à 125 000 exem-plaires numérotés. La première édition sortira sur le marché américain au cours de l’hiver, et les éditions fran-çaise, espagnole et allemande suivront au printemps 2014. D’autres sorties sont prévues dans le reste du monde.

Et puisque nous aimons tant notre pla-nète, j’ai une autre nouvelle excitante à vous annoncer : TASCHEN aura bien-tôt une empreinte carbone neutre. En investissant dans l’Instituto Terra, la fondation pour la reforestation créée

au Brésil par Lélia Wanick et Sebastião Salgado, nous pourrons compenser la totalité de nos émissions annuelles. Je suis fier d’affirmer que très bien-tôt, chaque livre TASCHEN représentera une graine plantée.

Accompagnez-nous dans ces nouvelles aventures et, comme toujours, soyez remerciés pour votre soutien sans faille.

Peace

Benedikt Taschen

Publication semestrielle de TASCHENHohenzollernring 53 D–50672 Köln

Tél. : +49-221-20 18 [email protected] publicité : [email protected]

Berlin, octobre 2013

Maillot vert : Sebastião Salgado à vélo dans les allées de l’Instituto Terra, dans l’état de Minas Gerais (Brésil). Photo © TASCHEN

Textes : Alice Pétillot et Arnaud BriandConception : Andy Disl et Benedikt Taschen Coordination : Florian Kobler, Martin Holz et Jonas SchelerProduction : Claudia Frey et Frauke Kaiser Direction et production : Benedikt Taschen

Couverture : Jeune Tibétaine de 14 ans en costume traditionnel. Photo : Alison Wright, 2008. © National Geographic Creative

Chers mordus de beaux livres,

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Hiver 2013/14

40Naomi hier et aujourd’hui

54Champs de rêves

22À corps

ouvert

16Flammes

de l’enfer et dragons volants

96Superhéros et

science-fiction

8 MON LIVRE TASCHEN PRÉFÉRÉ, C’EST…

L’équipe de TASCHEN dévoile ses titres préférés

10 RESTONS NEuTRES ! TASCHEN s’engage pour

la neutralité carbone avec Lélia et Sebastião Salgado

12 HyMNE à LA NATuRE La Terre dans toute sa splendeur

14 PIERRES quI ROuLENT… Le livre de référence sur le groupe de

rock de référence

16 PROPHÉTIES, PRÉSAGES ET PRODIGES

Enluminures de la Renaissance et phénomènes surnaturels

22 ANATOMIE DES IDÉES Les trésors graphiques

de Fritz Kahn

32 LA VOIx Du NORD La genèse de Hans Christian Andersen

40 LA FORCE EST EN ELLE Le charme, la force et l’énergie

supersonique de Naomi Campbell

50 FESTIVAL DE CRÉATIVITÉ La crème de la création publicitaire

52 LANGAGE DES SIGNES Logos à gogo

54 zOOM SuR LA PLANÈTE Parcourez le monde les yeux grand

ouverts : National Geographic a ouvert ses archives à TASCHEN !

76 PROMENONS-NOuS DANS LE BOIS…

Constructions innovantes en bois des quatre coins de la planète

81 SwING IN THE CITy Jazz dans le New York des Années folles

82 LA RÉVOLuTION CONTINuE Modernist Cuisine entre dans les foyers

84 MAISON D’ART ET D’ESSAI Individualité et innovation

des intérieurs contemporains

90 DE LA LIGNE à L’ESPACE Le modernisme poétique du maître

architecte portugais Álvaro Siza

93 jE T’AIME… MOI NON PLuS Album de famille de

Jane Birkin et Serge Gainsbourg

96 COMICS COSMIquES L’âge d’argent de la maison DC

102 uN PLAyBOy, DES PLAyMATES

L’autobiographie illustrée de Hugh M. Hefner

106 DES LIVRES EN OR Les éditions épuisées de

TASCHEN ont la cote

32Le maître du conte

de fées moderne

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Hiver 2013/14

40Naomi hier et aujourd’hui

54Champs de rêves

22À corps

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16Flammes

de l’enfer et dragons volants

96Superhéros et

science-fiction

8 MON LIVRE TASCHEN PRÉFÉRÉ, C’EST…

L’équipe de TASCHEN dévoile ses titres préférés

10 RESTONS NEuTRES ! TASCHEN s’engage pour

la neutralité carbone avec Lélia et Sebastião Salgado

12 HyMNE à LA NATuRE La Terre dans toute sa splendeur

14 PIERRES quI ROuLENT… Le livre de référence sur le groupe de

rock de référence

16 PROPHÉTIES, PRÉSAGES ET PRODIGES

Enluminures de la Renaissance et phénomènes surnaturels

22 ANATOMIE DES IDÉES Les trésors graphiques

de Fritz Kahn

32 LA VOIx Du NORD La genèse de Hans Christian Andersen

40 LA FORCE EST EN ELLE Le charme, la force et l’énergie

supersonique de Naomi Campbell

50 FESTIVAL DE CRÉATIVITÉ La crème de la création publicitaire

52 LANGAGE DES SIGNES Logos à gogo

54 zOOM SuR LA PLANÈTE Parcourez le monde les yeux grand

ouverts : National Geographic a ouvert ses archives à TASCHEN !

76 PROMENONS-NOuS DANS LE BOIS…

Constructions innovantes en bois des quatre coins de la planète

81 SwING IN THE CITy Jazz dans le New York des Années folles

82 LA RÉVOLuTION CONTINuE Modernist Cuisine entre dans les foyers

84 MAISON D’ART ET D’ESSAI Individualité et innovation

des intérieurs contemporains

90 DE LA LIGNE à L’ESPACE Le modernisme poétique du maître

architecte portugais Álvaro Siza

93 jE T’AIME… MOI NON PLuS Album de famille de

Jane Birkin et Serge Gainsbourg

96 COMICS COSMIquES L’âge d’argent de la maison DC

102 uN PLAyBOy, DES PLAyMATES

L’autobiographie illustrée de Hugh M. Hefner

106 DES LIVRES EN OR Les éditions épuisées de

TASCHEN ont la cote

32Le maître du conte

de fées moderne

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Mon livre TASCHEN préféré, c’est…Des membres de notre équipe nous livrent leurs coups de cœurIllustrations : Robert Nippoldt

« J’ai découvert TASCHEN avec bauhaus. Je l’avais acheté chez Tower Records quand j’étais lycéen, lors de sa sortie en 1991. Près de 25 ans plus tard, il résiste toujours à l’épreuve du temps. »

« Sans hésiter, Moonfire. Primo, si l’extraordi-naire récit de la mission Apollo 11 livré par Norman Mailer ne vous fait pas aimer l’explora-tion spatiale, je ne sais pas ce qui le fera. Secundo, les photos constituent une capsule temporelle incroyable qui nous ramène en 1969. Tertio, j’ai rencontré mon mari sur ce projet. Vous voyez ? C’est vrai que les livres rassemblent les gens ! »

« Le Livre des Miracles. C’est magique de voir que de tels trésors sont encore mis au jour. C’est un esprit enfiévré qui a dû pro-duire ces images idylliques ou apocalyp-tiques, mais toujours spectaculaires, et l’hystérie de l’ensemble fait balancer le lec-teur entre étourdissement et ravissement. »

« Peu importent Instagram, l’iPhone ou la photo numérique, le Polaroid est la forme d’art instantané originelle, et grâce à ce livre, elle ne s’estompera jamais. »

« Un de mes préférés est Le Costume historique de Racinet. Les illustrations sont magnifiques, tout comme les reproductions, et je ne me lasse pas de regarder comment les gens s’habillaient à travers les différentes époques de l’histoire. »

« Rechercher l’équilibre parfait entre fond et forme est la partie la plus déli-cieuse du travail d’édition, et ce livre en est un merveil-leux exemple. Lélia et Sebastião Salgado ont mis la barre très haut avec leurs publications, et le monu-mental GENESIS éclipse tout ce qui a été fait auparavant. »

Directeur De proDuction

ÉDitrice, LittÉrature et cuLture popuLaire

Directeur artistique

ÉDitrice , cuLture popuLaire et Livres anciens

ÉDiteur, photographie

ÉDitrice, cinÉma et photographie« Le Livre des Miracles ! Ce manuscrit de la Renaissance, jusque-là inconnu du public, est révélé pour la première fois dans une édition fac-similé. Il retrace les mythes, les prophéties et les calamités enregistrés sur plus de deux mille ans au moyen d’illustrations qui captivent le lecteur par leur puissance d’expression et leur surpre-nante modernité. »

ÉDitrice, art et cLassiques

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Mon livre TASCHEN préféré, c’est…Des membres de notre équipe nous livrent leurs coups de cœurIllustrations : Robert Nippoldt

« J’ai découvert TASCHEN avec bauhaus. Je l’avais acheté chez Tower Records quand j’étais lycéen, lors de sa sortie en 1991. Près de 25 ans plus tard, il résiste toujours à l’épreuve du temps. »

« Sans hésiter, Moonfire. Primo, si l’extraordi-naire récit de la mission Apollo 11 livré par Norman Mailer ne vous fait pas aimer l’explora-tion spatiale, je ne sais pas ce qui le fera. Secundo, les photos constituent une capsule temporelle incroyable qui nous ramène en 1969. Tertio, j’ai rencontré mon mari sur ce projet. Vous voyez ? C’est vrai que les livres rassemblent les gens ! »

« Le Livre des Miracles. C’est magique de voir que de tels trésors sont encore mis au jour. C’est un esprit enfiévré qui a dû pro-duire ces images idylliques ou apocalyp-tiques, mais toujours spectaculaires, et l’hystérie de l’ensemble fait balancer le lec-teur entre étourdissement et ravissement. »

« Peu importent Instagram, l’iPhone ou la photo numérique, le Polaroid est la forme d’art instantané originelle, et grâce à ce livre, elle ne s’estompera jamais. »

« Un de mes préférés est Le Costume historique de Racinet. Les illustrations sont magnifiques, tout comme les reproductions, et je ne me lasse pas de regarder comment les gens s’habillaient à travers les différentes époques de l’histoire. »

« Rechercher l’équilibre parfait entre fond et forme est la partie la plus déli-cieuse du travail d’édition, et ce livre en est un merveil-leux exemple. Lélia et Sebastião Salgado ont mis la barre très haut avec leurs publications, et le monu-mental GENESIS éclipse tout ce qui a été fait auparavant. »

Directeur De proDuction

ÉDitrice, LittÉrature et cuLture popuLaire

Directeur artistique

ÉDitrice , cuLture popuLaire et Livres anciens

ÉDiteur, photographie

ÉDitrice, cinÉma et photographie« Le Livre des Miracles ! Ce manuscrit de la Renaissance, jusque-là inconnu du public, est révélé pour la première fois dans une édition fac-similé. Il retrace les mythes, les prophéties et les calamités enregistrés sur plus de deux mille ans au moyen d’illustrations qui captivent le lecteur par leur puissance d’expression et leur surpre-nante modernité. »

ÉDitrice, art et cLassiques

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TASCHEN est fier d’avoir publié Genesis, où Sebastião Salgado célèbre la beauté de la nature et encourage les humains à être ses gardiens. Nous sommes tout aussi fiers d’annoncer notre nouvelle collabora-tion avec Lélia Wanick Salgado, Sebastião Salgado et l’Instituto Terra, un remar-

quable projet environne-mental qu’ils ont initié dans leur pays natal, le Brésil. Grâce à ce nou-veau partenariat éco-logique, TASCHEN, le plus important éditeur de livres d’art du monde, accède à la neutralité carbone. L’Instituto Terra a été fondé en 1998 à Aimorés dans l’État de Minas Gerais, sur des terres appartenant à la famille Salgado. Jadis ranch

d’élevage de bétail défriché dans la forêt atlantique, la propriété s’était peu à peu transformée en une terre aride aux rivières asséchées dont la végétation se réduisait à quelques buissons. Lélia et Sebastião Salgado ont alors pris la décision de lancer la reforestation de l’ensemble du domaine.

Depuis, une transformation quasi miracu-leuse s’est produite. Grâce à un programme de plantation de jeunes arbres, les pentes et les terres basses du domaine de l’Instituto Terra sont aujourd’hui couvertes de deux millions d’arbres nouveaux issus de 300 essences différentes, dont le Pau-Brasil (le « bois de braise » qui a donné son nom au Brésil), le jacaranda caviuna (bois de rose du Brésil) et le jatoba (ou cerisier du Brésil). Ces opérations ont permis de recréer un microclimat tropical qui attire les pluies et réalimente les rivières et les ruisseaux assé-chés. Les jeunes arbres contribuent à ren-forcer la couche d’humus, si bien que le sol absorbe les précipitations des tempêtes, ce qui a éliminé l’érosion et fortement réduit le risque d’inondations subites. Cette nou-

TASCHEN CompENSE SoN EmprEiNTE CArboNEL’éditeur finance un programme de reforestation pour neutraliser ses émissions de CO2

Ci-contre : Lélia Wanick Salgado et Sebastião Salgado devant une pépinière de l’Instituto Terra à Aimorés, Minas Gerais (Brésil), 2013.

2001Le domaine des Salgado avant la reforestation. L’ancien ranch n’est plus qu’une terre aride.

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velle couverture forestière offre protection et nourriture à une grande variété d’espèces animales. Les terres de l’Instituto Terra attirent désormais plus de 170 espèces d’oi-seaux comme celles, natives, de chouettes hulottes, de grives, de fringilles et de perro-quets. De plus, quantités d’animaux, dont certaines espèces en danger que l’on n’avait

pas vues dans la région depuis des décen-nies, y ont à nouveau élu domicile – capi-baras, fourmiliers, singes, ratons-laveurs, ocelots et pumas, mais aussi serpents, sca-rabées, araignées ou fourmis. Par ailleurs, l’Instituto Terra s’est lancé dans un ambitieux programme édu-catif auprès des enfants, des enseignants et des responsables de fermes coopéra-tives et de l’environnement local. De jeunes volontaires participent ainsi à la planta-tion de nouveaux arbres. Le programme de sensibilisation de l’Institut prodigue des conseils aux fermiers, aux mineurs et à tous ceux qui travaillent dans la région boi-sée. Ce programme est devenu un modèle en termes de sauvegarde des paysages

détériorés et de lutte contre la déforesta-tion à grande échelle, repris dans de nom-breuses régions du monde, de l’Amazonie à l’Indonésie. Les arbres jouent un rôle crucial dans l’équilibre des niveaux glo-baux de dioxyde de carbone et d’oxygène. Si les êtres humains respirent de l’oxygène et rejettent du CO2, les arbres relâchent l’oxygène vital dans l’environnement et absorbent les excès de CO2 que nous pro-duisons. Cet échange est plus important quand l’arbre est en pleine croissance : l’impact écologique de la nouvelle forêt d’Aimorés est d’autant plus significatif.Aujourd’hui, ce sont nos activités écono-miques commerciales et domestiques qui génèrent cette production excessive de dioxyde de carbone, qui reste piégé dans l’atmosphère et crée l’effet de serre. Pour la plupart des scientifiques, ce phénomène est responsable du réchauffement global et des changements climatiques que celui-ci provoque. La communauté internationale tente de réduire les émissions de dioxyde de car-bone grâce à des processus industriels et des technologies environnementales inno-vants, mais aussi à travers le système dit de compensation carbone. La neutralité car-bone repose sur le principe que le climat est affecté par la quantité nette d’émissions de gaz à effet de serre dans le monde et, de même, par la diminution de ces émissions où que ce soit sur Terre. Une entreprise, ou un produit, peuvent ainsi accéder à la neu-tralité carbone par leurs propres actions ou acheter des crédits carbone en finançant

des projets qui œuvrent pour réduire la production de gaz à effet de serre. Ce sys-tème fonctionne sur une base entièrement volontaire et TASCHEN a décidé de com-penser sa production de CO2 en collaborant avec l’Instituto Terra. Après avoir consulté une entreprise réputée dans la mesure des émissions de carbone, nous avons appris que nous pro-duisions d’après le Protocole des GES environ 13 000 tonnes de dioxyde de car-bone par an dans le monde. Dans le même temps, des experts ont estimé que les arbres de l’Instituto Terra avaient déjà capté ou absorbé environ 108 000 tonnes de dioxyde de carbone. Ainsi, en achetant auprès de l’Instituto des crédits équi-valents à nos émissions annuelles, nous atteindrons la neutralité carbone pour notre processus de production et de logis-tique, tout en soutenant le programme de reforestation de l’Instituto Terra. TASCHEN, qui soutient depuis long-temps cette initiative de Salgado, se réjouit de cette opportunité d’étendre son parte-nariat avec ce remarquable Institut. En créant une nouvelle source de financement pour l’Instituto Terra, nous aurons la satis-faction de rejoindre dans le futur le petit nombre d’entreprises globales qui peuvent prétendre à la neutralité carbone.

Si vous souhaitez vous aussi apporter votre soutien à l’instituto Terra ou lui faire un don, rendez-vous sur le site www.institutoterra.org/donations.

« On peut reve-nir en arrière et retrouver ce qui semblait à jamais perdu. »— Lélia Wanick Salgado

Un livre TASCHEN, un arbre planté

2013Aujourd’hui : les flancs de coteau de l’Instituto Terra revenus à la vie. une forêt pluviale pratiquement naturelle abrite une flore et une faune abondantes.

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TASCHEN est fier d’avoir publié Genesis, où Sebastião Salgado célèbre la beauté de la nature et encourage les humains à être ses gardiens. Nous sommes tout aussi fiers d’annoncer notre nouvelle collabora-tion avec Lélia Wanick Salgado, Sebastião Salgado et l’Instituto Terra, un remar-

quable projet environne-mental qu’ils ont initié dans leur pays natal, le Brésil. Grâce à ce nou-veau partenariat éco-logique, TASCHEN, le plus important éditeur de livres d’art du monde, accède à la neutralité carbone. L’Instituto Terra a été fondé en 1998 à Aimorés dans l’État de Minas Gerais, sur des terres appartenant à la famille Salgado. Jadis ranch

d’élevage de bétail défriché dans la forêt atlantique, la propriété s’était peu à peu transformée en une terre aride aux rivières asséchées dont la végétation se réduisait à quelques buissons. Lélia et Sebastião Salgado ont alors pris la décision de lancer la reforestation de l’ensemble du domaine.

Depuis, une transformation quasi miracu-leuse s’est produite. Grâce à un programme de plantation de jeunes arbres, les pentes et les terres basses du domaine de l’Instituto Terra sont aujourd’hui couvertes de deux millions d’arbres nouveaux issus de 300 essences différentes, dont le Pau-Brasil (le « bois de braise » qui a donné son nom au Brésil), le jacaranda caviuna (bois de rose du Brésil) et le jatoba (ou cerisier du Brésil). Ces opérations ont permis de recréer un microclimat tropical qui attire les pluies et réalimente les rivières et les ruisseaux assé-chés. Les jeunes arbres contribuent à ren-forcer la couche d’humus, si bien que le sol absorbe les précipitations des tempêtes, ce qui a éliminé l’érosion et fortement réduit le risque d’inondations subites. Cette nou-

TASCHEN CompENSE SoN EmprEiNTE CArboNEL’éditeur finance un programme de reforestation pour neutraliser ses émissions de CO2

Ci-contre : Lélia Wanick Salgado et Sebastião Salgado devant une pépinière de l’Instituto Terra à Aimorés, Minas Gerais (Brésil), 2013.

2001Le domaine des Salgado avant la reforestation. L’ancien ranch n’est plus qu’une terre aride.

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velle couverture forestière offre protection et nourriture à une grande variété d’espèces animales. Les terres de l’Instituto Terra attirent désormais plus de 170 espèces d’oi-seaux comme celles, natives, de chouettes hulottes, de grives, de fringilles et de perro-quets. De plus, quantités d’animaux, dont certaines espèces en danger que l’on n’avait

pas vues dans la région depuis des décen-nies, y ont à nouveau élu domicile – capi-baras, fourmiliers, singes, ratons-laveurs, ocelots et pumas, mais aussi serpents, sca-rabées, araignées ou fourmis. Par ailleurs, l’Instituto Terra s’est lancé dans un ambitieux programme édu-catif auprès des enfants, des enseignants et des responsables de fermes coopéra-tives et de l’environnement local. De jeunes volontaires participent ainsi à la planta-tion de nouveaux arbres. Le programme de sensibilisation de l’Institut prodigue des conseils aux fermiers, aux mineurs et à tous ceux qui travaillent dans la région boi-sée. Ce programme est devenu un modèle en termes de sauvegarde des paysages

détériorés et de lutte contre la déforesta-tion à grande échelle, repris dans de nom-breuses régions du monde, de l’Amazonie à l’Indonésie. Les arbres jouent un rôle crucial dans l’équilibre des niveaux glo-baux de dioxyde de carbone et d’oxygène. Si les êtres humains respirent de l’oxygène et rejettent du CO2, les arbres relâchent l’oxygène vital dans l’environnement et absorbent les excès de CO2 que nous pro-duisons. Cet échange est plus important quand l’arbre est en pleine croissance : l’impact écologique de la nouvelle forêt d’Aimorés est d’autant plus significatif.Aujourd’hui, ce sont nos activités écono-miques commerciales et domestiques qui génèrent cette production excessive de dioxyde de carbone, qui reste piégé dans l’atmosphère et crée l’effet de serre. Pour la plupart des scientifiques, ce phénomène est responsable du réchauffement global et des changements climatiques que celui-ci provoque. La communauté internationale tente de réduire les émissions de dioxyde de car-bone grâce à des processus industriels et des technologies environnementales inno-vants, mais aussi à travers le système dit de compensation carbone. La neutralité car-bone repose sur le principe que le climat est affecté par la quantité nette d’émissions de gaz à effet de serre dans le monde et, de même, par la diminution de ces émissions où que ce soit sur Terre. Une entreprise, ou un produit, peuvent ainsi accéder à la neu-tralité carbone par leurs propres actions ou acheter des crédits carbone en finançant

des projets qui œuvrent pour réduire la production de gaz à effet de serre. Ce sys-tème fonctionne sur une base entièrement volontaire et TASCHEN a décidé de com-penser sa production de CO2 en collaborant avec l’Instituto Terra. Après avoir consulté une entreprise réputée dans la mesure des émissions de carbone, nous avons appris que nous pro-duisions d’après le Protocole des GES environ 13 000 tonnes de dioxyde de car-bone par an dans le monde. Dans le même temps, des experts ont estimé que les arbres de l’Instituto Terra avaient déjà capté ou absorbé environ 108 000 tonnes de dioxyde de carbone. Ainsi, en achetant auprès de l’Instituto des crédits équi-valents à nos émissions annuelles, nous atteindrons la neutralité carbone pour notre processus de production et de logis-tique, tout en soutenant le programme de reforestation de l’Instituto Terra. TASCHEN, qui soutient depuis long-temps cette initiative de Salgado, se réjouit de cette opportunité d’étendre son parte-nariat avec ce remarquable Institut. En créant une nouvelle source de financement pour l’Instituto Terra, nous aurons la satis-faction de rejoindre dans le futur le petit nombre d’entreprises globales qui peuvent prétendre à la neutralité carbone.

Si vous souhaitez vous aussi apporter votre soutien à l’instituto Terra ou lui faire un don, rendez-vous sur le site www.institutoterra.org/donations.

« On peut reve-nir en arrière et retrouver ce qui semblait à jamais perdu. »— Lélia Wanick Salgado

Un livre TASCHEN, un arbre planté

2013Aujourd’hui : les flancs de coteau de l’Instituto Terra revenus à la vie. une forêt pluviale pratiquement naturelle abrite une flore et une faune abondantes.

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Page 14: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

  «  Ma lettre d’amour à la planète »

Conception, édition et design par Lélia wanick Salgado, 520 p.€ 49,99 / CAD 79,99

Également disponible en édition limitée, 2 vol. au format SuMO

L’hommage photo-graphique de Sebastião Salgado à notre planète dans son état naturel

5e tirage

Page 15: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

  «  Ma lettre d’amour à la planète »

Conception, édition et design par Lélia wanick Salgado, 520 p.€ 49,99 / CAD 79,99

Également disponible en édition limitée, 2 vol. au format SuMO

L’hommage photo-graphique de Sebastião Salgado à notre planète dans son état naturel

5e tirage

Page 16: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

Ladies and gentlemen… les rolling Stones !

  L’incontournable histoire illustrée officielle des StonesExemplaires numérotés et signés par mick, Keith, Charlie et ronnie !

SUMOSIzE

POuR PLuS DE DÉTAILS, RENDEz-VOuS SuR www.TASCHEN.COM

© G

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Man

kow

itz/B

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Ladies and gentlemen… les rolling Stones !

  L’incontournable histoire illustrée officielle des StonesExemplaires numérotés et signés par mick, Keith, Charlie et ronnie !

SUMOSIzE

POuR PLuS DE DÉTAILS, RENDEz-VOuS SuR www.TASCHEN.COM

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« En l’an 1552 apr. j.-C., le 17 mai, un terrible orage accompagné de grêle s’abattit sur Dordrecht, en Hollande, à tel point que les gens crurent venu le jour du jugement dernier. Le déluge dura environ une demi-heure. Certains grêlons pesaient plusieurs livres. Et là où ils tombèrent, ils dégagèrent une affreuse pestilence. »

GRêLE à DORDRECHT

pHéNomÈNES FANTASTiQUESUn chef -d’œuvre manuscrit de la Renaissance relatant des événements extraordinaires

Page 19: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

« En l’an 1552 apr. j.-C., le 17 mai, un terrible orage accompagné de grêle s’abattit sur Dordrecht, en Hollande, à tel point que les gens crurent venu le jour du jugement dernier. Le déluge dura environ une demi-heure. Certains grêlons pesaient plusieurs livres. Et là où ils tombèrent, ils dégagèrent une affreuse pestilence. »

GRêLE à DORDRECHT

pHéNomÈNES FANTASTiQUESUn chef -d’œuvre manuscrit de la Renaissance relatant des événements extraordinaires

Page 20: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

DRAGONS DANS LE CIEL DE BOHêME

LE MONSTRE Du TIBRE

« En l’an 1533, au mois d’octobre, des dragons volants furent observés en Bohême et dans le Vogtland, notamment dans la province d’Aš, une crête sur la tête, un groin comme celui d’un cochon, et flanqués de deux ailes. Cela dura plusieurs jours et chaque jour, plus de quatre cents d’entre eux, grands et petits, volaient en groupe comme dans cette peinture. »

« En l’an 1496 apr. j.-C., au mois de janvier, à l’époque où le Tibre connut une forte et vaste crue près de Rome, une créature extraordinaire, qui fut retrouvée morte une fois que la colère et la puissance des eaux du Tibre se furent apaisées, apparut sous cette forme et cette allure, comme le montre cette peinture. »

BALEINE ET TREMBLEMENT DE TERRE à LISBONNE

BOuLE D’OR

« En l’an 1531, le vingt-sixième jour de janvier, des signes de sang et de flammes furent observés la nuit dans le ciel de Lisbonne ; puis le vingt-huitième jour, une grande baleine fut observée dans le ciel. S’ensuivirent de grands tremblements de terre qui firent s’écrouler près de deux cents maisons et provoquèrent la mort de plus de mille personnes. »

« Au pays des Romains, en l’an 73 av. j.-C., une boule d’or fut aperçue dans le ciel, qui descendit ensuite sur la Terre, roula et repartit dans les airs, vers le Levant, et recouvrit entièrement le soleil par sa grande taille. S’ensuivit la grande guerre romaine. »

Page 21: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

DRAGONS DANS LE CIEL DE BOHêME

LE MONSTRE Du TIBRE

« En l’an 1533, au mois d’octobre, des dragons volants furent observés en Bohême et dans le Vogtland, notamment dans la province d’Aš, une crête sur la tête, un groin comme celui d’un cochon, et flanqués de deux ailes. Cela dura plusieurs jours et chaque jour, plus de quatre cents d’entre eux, grands et petits, volaient en groupe comme dans cette peinture. »

« En l’an 1496 apr. j.-C., au mois de janvier, à l’époque où le Tibre connut une forte et vaste crue près de Rome, une créature extraordinaire, qui fut retrouvée morte une fois que la colère et la puissance des eaux du Tibre se furent apaisées, apparut sous cette forme et cette allure, comme le montre cette peinture. »

BALEINE ET TREMBLEMENT DE TERRE à LISBONNE

BOuLE D’OR

« En l’an 1531, le vingt-sixième jour de janvier, des signes de sang et de flammes furent observés la nuit dans le ciel de Lisbonne ; puis le vingt-huitième jour, une grande baleine fut observée dans le ciel. S’ensuivirent de grands tremblements de terre qui firent s’écrouler près de deux cents maisons et provoquèrent la mort de plus de mille personnes. »

« Au pays des Romains, en l’an 73 av. j.-C., une boule d’or fut aperçue dans le ciel, qui descendit ensuite sur la Terre, roula et repartit dans les airs, vers le Levant, et recouvrit entièrement le soleil par sa grande taille. S’ensuivit la grande guerre romaine. »

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HOMME BRANDISSANT uNE ÉPÉE, CHâTEAu ET ARMÉE DANS LE CIEL DE STRASBOuRG « En l’an 1531, une apparition ensanglantée,

tenant une épée à la main, fut observée près de Strasbourg et dans d’autres régions, ainsi qu’une citadelle embrasée et, face à elle, un régiment de cavaliers, comme dans cette peinture. »

Le Livre des Miracles Fac-similé avec livret de commentaires sous coffret de luxe, 560 p. € 99,99 / CAD 170

Contes de l’inattenduLe Livre des Miracles, réapparu il y a quelques années et récemment acquis par un collectionneur américain, est l’une des découvertes les plus spectaculaires de l’histoire de l’art de la Renaissance. Ce manuscrit presque intact, réalisé aux alentours de 1550 à Augsbourg, alors ville libre impériale de Souabe, regorge d’illustrations montrant des phénomènes célestes merveilleux et souvent étranges – conflagrations, déluges, cataclysmes – souvent perçus comme autant de présages de fin du monde.

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HOMME BRANDISSANT uNE ÉPÉE, CHâTEAu ET ARMÉE DANS LE CIEL DE STRASBOuRG « En l’an 1531, une apparition ensanglantée,

tenant une épée à la main, fut observée près de Strasbourg et dans d’autres régions, ainsi qu’une citadelle embrasée et, face à elle, un régiment de cavaliers, comme dans cette peinture. »

Le Livre des Miracles Fac-similé avec livret de commentaires sous coffret de luxe, 560 p. € 99,99 / CAD 170

Contes de l’inattenduLe Livre des Miracles, réapparu il y a quelques années et récemment acquis par un collectionneur américain, est l’une des découvertes les plus spectaculaires de l’histoire de l’art de la Renaissance. Ce manuscrit presque intact, réalisé aux alentours de 1550 à Augsbourg, alors ville libre impériale de Souabe, regorge d’illustrations montrant des phénomènes célestes merveilleux et souvent étranges – conflagrations, déluges, cataclysmes – souvent perçus comme autant de présages de fin du monde.

Page 24: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

— 22 —

Combien de fois n’avez-vous pas imaginé que de petits humanoïdes contrôlaient le moindre de vos mouvements dans les diffé-rents étages de la fabrique du corps humain ? […] La simplification métaphorique ou ana-logique est un passage obligé pour saisir les mécanismes complexes de l’existence humaine au quotidien. C’est ainsi que Fritz Kahn (1888–1968), visionnaire aujourd’hui redécouvert, homme de science, gynéco-logue et auteur, s’est retrouvé dans notre conscience et notre subconscient collectifs. Il a pris un concept somme toute absurde et l’a transformé en outil pédagogique – en un système graphique copyrighté qui a virtuel-lement donné vie à toute une métaphorique du même acabit. S’il est un rôle dans sa car-

rière prolifique et mouvementée qui reste dans nos mémoires, c’est celui d’auteur d’une affiche subversivement comique, mais réso-lument diagrammatique, intitulée « Der Mensch als Industriepalast » (L’Homme comme palais de l’industrie, 1926), dans laquelle Kahn transformait un corps humain en l’usine mécanisée qu’il est si souvent dans notre imagination. Kahn a inventé la mise en images de données des décennies avant que l’infographie devienne monnaie courante. Son « Industriepalast », représentation aussi précise qu’un Dalí, aussi iconique qu’un Duchamp, coupe schématique d’une tête et d’un torse humains, dévoilait le dédale d’ap-pareillages compartimentés et reliés entre eux par des homoncules spécialisés (les

petits humanoïdes en question), chacun étant un ouvrier visiblement qualifié, vêtu d’une blouse de laborantin, de vêtements de travail ou de bureau correspondant à son statut hiérarchique ou social au sein du corps. Ces « individus » assurent la bonne marche de toutes les fonctions vitales comme s’ils faisaient les trois-huit dans une usine. En fait, ces minutieux prodiges de l’ère mécanique sont les organes du corps, ses muscles et ses nerfs, plus intelligibles sous leur forme anthropomorphique. Chaque partie du corps avait son propre avatar : l’œil est un appareil à soufflet, les poumons sont une tuyauterie de cuivre, l’es-tomac et les intestins des tapis roulants à suspension hydrauliques. L’affiche nous

La représentation visuelle d’idées complexes est un des défis majeurs lancés à un grand nombre de graphistes contemporains. Mais à quand remontent les racines de cet art ? Cette rétrospective de l’œuvre oubliée du génie Fritz Kahn nous éclaire sur la genèse de l’infographie.

L’ANATomiE dES idéES à la redécouverte d’un pionnier du « graphisme informatif » : Fritz Kahn

CE quI SE PASSE DANS NOTRE TêTE quAND NOuS VOyONS uNE AuTO ET quE NOuS PRONONçONS LE MOT « AuTO »

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Combien de fois n’avez-vous pas imaginé que de petits humanoïdes contrôlaient le moindre de vos mouvements dans les diffé-rents étages de la fabrique du corps humain ? […] La simplification métaphorique ou ana-logique est un passage obligé pour saisir les mécanismes complexes de l’existence humaine au quotidien. C’est ainsi que Fritz Kahn (1888–1968), visionnaire aujourd’hui redécouvert, homme de science, gynéco-logue et auteur, s’est retrouvé dans notre conscience et notre subconscient collectifs. Il a pris un concept somme toute absurde et l’a transformé en outil pédagogique – en un système graphique copyrighté qui a virtuel-lement donné vie à toute une métaphorique du même acabit. S’il est un rôle dans sa car-

rière prolifique et mouvementée qui reste dans nos mémoires, c’est celui d’auteur d’une affiche subversivement comique, mais réso-lument diagrammatique, intitulée « Der Mensch als Industriepalast » (L’Homme comme palais de l’industrie, 1926), dans laquelle Kahn transformait un corps humain en l’usine mécanisée qu’il est si souvent dans notre imagination. Kahn a inventé la mise en images de données des décennies avant que l’infographie devienne monnaie courante. Son « Industriepalast », représentation aussi précise qu’un Dalí, aussi iconique qu’un Duchamp, coupe schématique d’une tête et d’un torse humains, dévoilait le dédale d’ap-pareillages compartimentés et reliés entre eux par des homoncules spécialisés (les

petits humanoïdes en question), chacun étant un ouvrier visiblement qualifié, vêtu d’une blouse de laborantin, de vêtements de travail ou de bureau correspondant à son statut hiérarchique ou social au sein du corps. Ces « individus » assurent la bonne marche de toutes les fonctions vitales comme s’ils faisaient les trois-huit dans une usine. En fait, ces minutieux prodiges de l’ère mécanique sont les organes du corps, ses muscles et ses nerfs, plus intelligibles sous leur forme anthropomorphique. Chaque partie du corps avait son propre avatar : l’œil est un appareil à soufflet, les poumons sont une tuyauterie de cuivre, l’es-tomac et les intestins des tapis roulants à suspension hydrauliques. L’affiche nous

La représentation visuelle d’idées complexes est un des défis majeurs lancés à un grand nombre de graphistes contemporains. Mais à quand remontent les racines de cet art ? Cette rétrospective de l’œuvre oubliée du génie Fritz Kahn nous éclaire sur la genèse de l’infographie.

L’ANATomiE dES idéES à la redécouverte d’un pionnier du « graphisme informatif » : Fritz Kahn

CE quI SE PASSE DANS NOTRE TêTE quAND NOuS VOyONS uNE AuTO ET quE NOuS PRONONçONS LE MOT « AuTO »

Page 26: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

— 25 —

LE CœuR PEuT FAIRE MONTER uN ASCENSEuR DE CINq ÉTAGES EN 40 MINuTES En une journée, il remplit trois camions-citernes en y déversant 10 000 litres de sang ; en l’espace de 70 ans, il pompe 250 millions de litres de sang, le volume d’un gratte-ciel.

L’INSECTE S’ExTRAIT DE SA CHRySALIDE AVEC DES AILES REPLIÉESCelles-ci se déploient alors sous l’effet de la pression sanguine ou de l’air insufflé par les voies respiratoires.

« S’il est vrai que je n’aimerais guère voir ce genre d’image dans un cabinet médical, le pionnier du graphisme d’information que fut Kahn maîtrisait tellement son art que nul n’échappe au divertissement et à l’enrichissement en voyant ce qui, sinon, resterait une information froide et clinique. »

— Steven Heller

L’HOMME COMME PALAIS DE L’INDuSTRIE

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LE CœuR PEuT FAIRE MONTER uN ASCENSEuR DE CINq ÉTAGES EN 40 MINuTES En une journée, il remplit trois camions-citernes en y déversant 10 000 litres de sang ; en l’espace de 70 ans, il pompe 250 millions de litres de sang, le volume d’un gratte-ciel.

L’INSECTE S’ExTRAIT DE SA CHRySALIDE AVEC DES AILES REPLIÉESCelles-ci se déploient alors sous l’effet de la pression sanguine ou de l’air insufflé par les voies respiratoires.

« S’il est vrai que je n’aimerais guère voir ce genre d’image dans un cabinet médical, le pionnier du graphisme d’information que fut Kahn maîtrisait tellement son art que nul n’échappe au divertissement et à l’enrichissement en voyant ce qui, sinon, resterait une information froide et clinique. »

— Steven Heller

L’HOMME COMME PALAIS DE L’INDuSTRIE

Page 28: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

— 27 —

LE CORPS HuMAIN PRODuIT CHAquE jOuR 30 MÈTRES DE SuBSTANCE CAPILLAIRE. Si l’on faisait confluer tous les cheveux en un seul cheveu, celui-ci pousserait d’un mètre toutes les 40 minutes.

LE POuMON : ÉTALÉES, LES 300 MILLIONS D’ALVÉOLES PuLMONAIRES RECOuVRIRAIENT uN TAPIS DE 75 MÈTRES CARRÉS.

LE PRODIGE DE LA MuquEuSE INTESTINALE Un cm2 de muqueuse fait passer les nutriments du bol alimentaire dans le sang à l’aide d’un milliard de minuscules tuyaux aspirants (1926).

  «  Kahn illustrait chacun de ses propos par une image susceptible de forer un trou dans le crâne de l’homme le plus fermé aux concepts. »

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LE CORPS HuMAIN PRODuIT CHAquE jOuR 30 MÈTRES DE SuBSTANCE CAPILLAIRE. Si l’on faisait confluer tous les cheveux en un seul cheveu, celui-ci pousserait d’un mètre toutes les 40 minutes.

LE POuMON : ÉTALÉES, LES 300 MILLIONS D’ALVÉOLES PuLMONAIRES RECOuVRIRAIENT uN TAPIS DE 75 MÈTRES CARRÉS.

LE PRODIGE DE LA MuquEuSE INTESTINALE Un cm2 de muqueuse fait passer les nutriments du bol alimentaire dans le sang à l’aide d’un milliard de minuscules tuyaux aspirants (1926).

  «  Kahn illustrait chacun de ses propos par une image susceptible de forer un trou dans le crâne de l’homme le plus fermé aux concepts. »

Page 30: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

— 28 —

LE NOMBRE DE BACTÉRIES DANS L’AIR DES GRANDES VILLESOù l’on comprend l’importance cruciale du nettoyage des rues à grande eau pour le dépoussiérage et la stérilisation de l’air, de même que les risques sanitaires liés à toute concentration humaine élevée.

LES FONCTIONS Du CORTEx CÉRÉBRAL Liaison entre les idées et le monde intérieur, mouvements oculaires, rotation de la tête, parole, écriture, mouve-ments des lèvres, audition (sons), audition (bruits), mouvements des muscles faciaux, mouve-ments des jambes, sensation musculaire, toucher, déchiffrage, lecture des lettres, lecture des nombres, liaison entre les idées et le monde extérieur, recon-naissance, vue.

quATRE FOIS LE

TOuR Du MONDE !

SI L’ON FORMAIT uNE CHAîNE AVEC

LES CELLuLES SANGuINES Du CORPS

HuMAIN (VINGT-CINq MILLE MILLIARDS EN TOuT),

CELLE-CI FERAIT quATRE FOIS LE TOuR Du MONDE.

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LE NOMBRE DE BACTÉRIES DANS L’AIR DES GRANDES VILLESOù l’on comprend l’importance cruciale du nettoyage des rues à grande eau pour le dépoussiérage et la stérilisation de l’air, de même que les risques sanitaires liés à toute concentration humaine élevée.

LES FONCTIONS Du CORTEx CÉRÉBRAL Liaison entre les idées et le monde intérieur, mouvements oculaires, rotation de la tête, parole, écriture, mouve-ments des lèvres, audition (sons), audition (bruits), mouvements des muscles faciaux, mouve-ments des jambes, sensation musculaire, toucher, déchiffrage, lecture des lettres, lecture des nombres, liaison entre les idées et le monde extérieur, recon-naissance, vue.

quATRE FOIS LE

TOuR Du MONDE !

SI L’ON FORMAIT uNE CHAîNE AVEC

LES CELLuLES SANGuINES Du CORPS

HuMAIN (VINGT-CINq MILLE MILLIARDS EN TOuT),

CELLE-CI FERAIT quATRE FOIS LE TOuR Du MONDE.

Page 32: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

— 30 —

O U T N O WFree samplers available on iPad with specially commissioned films.

For further information see digital.frieze.com

frieze d/e—A bilingual German/English magazine covering contemporary art and culture throughout Germany, Austria and Switzerland. frieze-magazin.de

frieze —The leading international magazine of contemporary art and culture. frieze.com/magazine

C

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CM

MY

CY

CMY

K

Frieze_apps_3.9.13-2.pdf 1 03/09/2013 16:53

Fritz Kahnune fascinante monographie pour les accros des sciences naturelles et les professionnels du graphisme uta et Thilo von Debschitz, 392 p.€ 39,99 / CAD 64,99

Fritz Kahn, photographié à Berlin vers 1914.Chassé d’Allemagne par les nazis, Kahn était médecin, enseignant, vulgarisateur scientifique et un pionnier du graphisme d’information. Son œuvre de génie a failli tomber dans l’oubli.

montre aussi les deux hémisphères céré-braux, où de studieux homoncules sont absorbés dans leur lecture, dessinent ou conversent. Plus bas, la nourriture disparaît dans les entrailles : des ouvriers la décom-posent physiquement en sucres et autres amidons convoyés le long de la chaîne de désassemblage avant d’entrer dans les salles de digestion. […] Ce diagramme et tant d’autres ont suscité un tel intérêt que l’in-fluence de Kahn s’est propagée dans le monde entier de son vivant, mais aussi, comme l’attestent de nombreux médias, longtemps après sa mort, même si son nom est resté dans l’ombre. Un spot publicitaire omniprésent dans les années 1950 pour du Bufferin montrait l’image douloureuse d’une masse cognant à tour de bras dans une tête radiographiée pour décrire un mal de tête. Il s’agissait d’un plagiat de Fritz Kahn. Mais dans l’univers de Kahn, les complexités et subtilités des fonc-tions du corps humain étaient bien plus fas-cinantes que les efforts de l’agence de publi-cité pour réduire un problème médical complexe à des coups de massue. La mission première de Kahn fut de démystifier la bio-logie et la pathologie en les présentant dans

des termes et des images susceptibles d’éclairer la plupart des gens – et même de les réjouir. Paradoxalement, ses propres mots étaient plus sibyllins. « L’État cellulaire est une république soumise au pouvoir héré-ditaire de l’aristocratie mentale. » Kahn écri-vait en usant de termes sociopolitiques abscons. « Son système économique est celui d’un communisme strict. » Kahn et Otto Neurath, le spécialiste en linguistique visuelle et fondateur d’ISO-TYPE (International System of Typo-graphic Picture Education), ont été les deux moitiés du même « camembert ». Bien qu’ils ne se soient sans doute jamais rencontrés, tous deux ont passionnément cherché à

concevoir un langage spécifique du design graphique pour raser la tour de Babel des jargons spécialisés. Neurath ne put mener à bien la création des signes et symboles qui l’ont rendu célèbre. Kahn n’était pas non plus un artiste, mais il compensa cette lacune par un sens logique très développé. Il engagea aussi des professionnels qui exé-cutèrent ses instructions et développèrent ses propres penchants. Ses choix graphiques étaient éclectiques et incluaient des méthodes comme le photocollage, la pein-ture et le dessin, des styles comme la bande dessinée, le surréalisme et le dadaïsme notamment. Le point fort de Kahn a été l’art de l’analogie : il a pu comparer une oreille à une voiture ou une plume d’oiseau à des voies ferrées, le tout pour éclairer des phé-nomènes encore plus obscurs tout en stimu-lant l’imagination du spectateur. Kahn exploitait toutes les ficelles visuelles pos-sibles pour obtenir le résultat voulu. De l’intelligence populaire pure. Si l’affiche « Industriepalast » est son travail le plus emblématique – du moins le plus visible aujourd’hui –, elle n’est pas la seule pièce remarquable de son œuvre considérable, dont une partie tient plus du dessin humoristique et du récit que de la pédagogie. L’incroyable tableau fantastique de l’homoncule féminin chevauchant une cellule et surfant dans une grotte glandulaire rappelle l’œuvre tardif de Max Ernst. L’on découvre aussi des paysages glandulaires qui rivalisent avec les meilleures illustra-tions de science-fiction, dont la narration visuelle s’appuie si souvent sur les struc-tures biologiques. Kahn a aussi été un fervent partisan du Modernisme et de ses auteurs, et l’on trouve parmi ses adeptes des artistes du Bauhaus

COMMENT LE CORPS S’ENRHuME-T-IL ? L’augmentation de la température corporelle fait aussi monter celle des fosses nasales, qui fonctionnent comme un appareil de régulation thermique. Chez la mère chaudement enveloppée, le refroidissement de la muqueuse des fosses nasales est négligeable. Mais chez sa fille, plus légèrement vêtue, la température dermique de la cavité nasale chute de 9 °C.

comme Herbert Bayer et Walter Gropius. Il a largement fait appel aux nouvelles tech-nologies comme outils de pédagogie visuelle pour expliquer le monde physique invisible, notamment dans le domaine de l’odorat et de la vue. Un de ses diagrammes les plus édi-fiants fut « Ce qui se passe dans notre tête quand nous voyons une auto et que nous prononçons le mot “auto” », orchestration complexe de fonctions physiques commen-çant par la vue : l’œil imprime un message sur une pellicule qui défile jusqu’à une cabine de projection où un homoncule pro-jette la photo de la voiture sur un écran où s’inscrit le mot « auto ». Le message est ensuite envoyé à un organiste qui claironne le mot « auto ». L’héritage de Kahn reste perceptible jusqu’à nos jours […]. La compilation de ses petites images connues et moins connues dans le présent ouvrage est un pur trésor de pensée conceptuelle.

Page 33: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

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O U T N O WFree samplers available on iPad with specially commissioned films.

For further information see digital.frieze.com

frieze d/e—A bilingual German/English magazine covering contemporary art and culture throughout Germany, Austria and Switzerland. frieze-magazin.de

frieze —The leading international magazine of contemporary art and culture. frieze.com/magazine

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Fritz Kahnune fascinante monographie pour les accros des sciences naturelles et les professionnels du graphisme uta et Thilo von Debschitz, 392 p.€ 39,99 / CAD 64,99

Fritz Kahn, photographié à Berlin vers 1914.Chassé d’Allemagne par les nazis, Kahn était médecin, enseignant, vulgarisateur scientifique et un pionnier du graphisme d’information. Son œuvre de génie a failli tomber dans l’oubli.

montre aussi les deux hémisphères céré-braux, où de studieux homoncules sont absorbés dans leur lecture, dessinent ou conversent. Plus bas, la nourriture disparaît dans les entrailles : des ouvriers la décom-posent physiquement en sucres et autres amidons convoyés le long de la chaîne de désassemblage avant d’entrer dans les salles de digestion. […] Ce diagramme et tant d’autres ont suscité un tel intérêt que l’in-fluence de Kahn s’est propagée dans le monde entier de son vivant, mais aussi, comme l’attestent de nombreux médias, longtemps après sa mort, même si son nom est resté dans l’ombre. Un spot publicitaire omniprésent dans les années 1950 pour du Bufferin montrait l’image douloureuse d’une masse cognant à tour de bras dans une tête radiographiée pour décrire un mal de tête. Il s’agissait d’un plagiat de Fritz Kahn. Mais dans l’univers de Kahn, les complexités et subtilités des fonc-tions du corps humain étaient bien plus fas-cinantes que les efforts de l’agence de publi-cité pour réduire un problème médical complexe à des coups de massue. La mission première de Kahn fut de démystifier la bio-logie et la pathologie en les présentant dans

des termes et des images susceptibles d’éclairer la plupart des gens – et même de les réjouir. Paradoxalement, ses propres mots étaient plus sibyllins. « L’État cellulaire est une république soumise au pouvoir héré-ditaire de l’aristocratie mentale. » Kahn écri-vait en usant de termes sociopolitiques abscons. « Son système économique est celui d’un communisme strict. » Kahn et Otto Neurath, le spécialiste en linguistique visuelle et fondateur d’ISO-TYPE (International System of Typo-graphic Picture Education), ont été les deux moitiés du même « camembert ». Bien qu’ils ne se soient sans doute jamais rencontrés, tous deux ont passionnément cherché à

concevoir un langage spécifique du design graphique pour raser la tour de Babel des jargons spécialisés. Neurath ne put mener à bien la création des signes et symboles qui l’ont rendu célèbre. Kahn n’était pas non plus un artiste, mais il compensa cette lacune par un sens logique très développé. Il engagea aussi des professionnels qui exé-cutèrent ses instructions et développèrent ses propres penchants. Ses choix graphiques étaient éclectiques et incluaient des méthodes comme le photocollage, la pein-ture et le dessin, des styles comme la bande dessinée, le surréalisme et le dadaïsme notamment. Le point fort de Kahn a été l’art de l’analogie : il a pu comparer une oreille à une voiture ou une plume d’oiseau à des voies ferrées, le tout pour éclairer des phé-nomènes encore plus obscurs tout en stimu-lant l’imagination du spectateur. Kahn exploitait toutes les ficelles visuelles pos-sibles pour obtenir le résultat voulu. De l’intelligence populaire pure. Si l’affiche « Industriepalast » est son travail le plus emblématique – du moins le plus visible aujourd’hui –, elle n’est pas la seule pièce remarquable de son œuvre considérable, dont une partie tient plus du dessin humoristique et du récit que de la pédagogie. L’incroyable tableau fantastique de l’homoncule féminin chevauchant une cellule et surfant dans une grotte glandulaire rappelle l’œuvre tardif de Max Ernst. L’on découvre aussi des paysages glandulaires qui rivalisent avec les meilleures illustra-tions de science-fiction, dont la narration visuelle s’appuie si souvent sur les struc-tures biologiques. Kahn a aussi été un fervent partisan du Modernisme et de ses auteurs, et l’on trouve parmi ses adeptes des artistes du Bauhaus

COMMENT LE CORPS S’ENRHuME-T-IL ? L’augmentation de la température corporelle fait aussi monter celle des fosses nasales, qui fonctionnent comme un appareil de régulation thermique. Chez la mère chaudement enveloppée, le refroidissement de la muqueuse des fosses nasales est négligeable. Mais chez sa fille, plus légèrement vêtue, la température dermique de la cavité nasale chute de 9 °C.

comme Herbert Bayer et Walter Gropius. Il a largement fait appel aux nouvelles tech-nologies comme outils de pédagogie visuelle pour expliquer le monde physique invisible, notamment dans le domaine de l’odorat et de la vue. Un de ses diagrammes les plus édi-fiants fut « Ce qui se passe dans notre tête quand nous voyons une auto et que nous prononçons le mot “auto” », orchestration complexe de fonctions physiques commen-çant par la vue : l’œil imprime un message sur une pellicule qui défile jusqu’à une cabine de projection où un homoncule pro-jette la photo de la voiture sur un écran où s’inscrit le mot « auto ». Le message est ensuite envoyé à un organiste qui claironne le mot « auto ». L’héritage de Kahn reste perceptible jusqu’à nos jours […]. La compilation de ses petites images connues et moins connues dans le présent ouvrage est un pur trésor de pensée conceptuelle.

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Dans Le Vilain Petit Canard, c’est sa propre vie que raconte Hans Christian Andersen lorsqu’il écrit : « Peu importe qu’on soit né dans la cour des canards, si l’on est sorti d’un œuf de cygne. » Né dans une famille pauvre en 1805, Andersen

est un enfant avenant, excentrique, farou-chement ambitieux et bien décidé à dévelop-per ses dons artistiques pour échapper à sa condition. Au fil des années, il devint un des écrivains les plus aimés du Danemark, et passa la fin de sa vie aux côtés des grands de ce monde. Il est aujourd’hui considéré comme le plus célèbre auteur scandinave. Son ascension vers la fortune ne fut pour-tant pas sans souffrances : préjugés et bri-mades d’enfance, angoisses et peines de cœur alimentèrent ses ambitions. Ces expé-riences douloureuses attisèrent en lui un insatiable besoin de reconnaissance, et son talent évident pour la narration et le maniement d’un vocabulaire commun donnèrent naissance à un tout nouveau genre de conte de fées, si bien qu’An-dersen occupe une place unique au panthéon de millions de lecteurs depuis la publication de son pre-mier recueil, en 1835.

LA SALLE dE FiLAgE CommE LAborAToirE d’éCoUTELes vieilles femmes enfermées à l’asile de sa ville natale d’Odense dévidaient des contes pour se divertir tandis qu’elles filaient et tissaient. Le jeune Hans Christian se glissait dès qu’il en avait l’occa-sion dans cette pièce où se racon-taient toutes sortes d’histoires, une pièce qui sentait la sueur, bruissait de bavardages, de ragots et de caquetages. Là, au rythme régulier des claquements et cliquetis des rouets en révolution perpé-tuelle, Andersen entendait les contes et légendes populaires qui s’inscrivaient alors dans une tradition de transmission pure-ment orale. Typiques du folklore scandi-

nave, ces récits étaient peuplés de créatures surnaturelles – gobelins, trolls, sorcières, elfes et ondines. « Un monde aussi riche que celui des Mille et Une Nuits me fut révélé », écrira Andersen dans une de ses autobiographies. […] Cette tradition orale vivace, spontanée et chaotique fut le Graal d’un nombre crois-sant d’universitaires et d’auteurs roman-tiques européens. Comme d’autres érudits passionnés, les frères Grimm en Allemagne cherchèrent à préserver cette même forme d’art fruste et familier dans leur collection de contes allemands, publiée pour la pre-mière fois en 1812, alors qu’Andersen n’avait que sept ans. Andersen lira leurs contes plus tard, devenu jeune écrivain, et rencontrera les Grimm une fois auteur consacré.

d’UN moNdE rEmpLi dE SUpErSTiTioNS à UNE imAgiNATioN EN FUSioNContrairement à une opinion répandue, les Grimm n’ont pas sillonné la campagne alle-mande pour réunir leur corpus d’histoires ;

ils se sont appuyés sur plusieurs sources fiables, à la fois orales et littéraires. Ander-sen, en revanche, est pétri de cette tradition. Il a grandi dans une société imprégnée de

superstitions, où les contes oraux procu-raient à la fois divertissement et leçons de vie. Dans la jeunesse d’Andersen, Odense est, avec ses 8 000 habitants, la deuxième ville du Danemark, mais elle ressemble davantage à une cité médiévale où persistent les coutumes et traditions populaires qu’à un pôle urbain comme Copenhague. Ces histoires scandinaves vieilles de plu-

sieurs siècles s’intègrent dans une culture orale qui imprègne l’enfance d’Ander-

sen ; les légendes paysannes qu’il entend alors sont menacées par

l’oubli à mesure que la campagne s’industrialise et voit évoluer les mœurs des classes les plus modestes. Les folkloristes bri-tanniques Iona et Peter Opie remarquent que « Andersen, contrairement aux frères Grimm venus aux contes de par leur profession, est en fait le premier auteur de contes de fées à venir du milieu modeste

où l’oralité est une tradition vivace […] ». Sa mère, qui de

tout évidence adore son fils, consulte des diseuses de bonne

aventure et, profondément supers-titieuse, explique chaque événe-

ment ou phénomène par la magie, les esprits et les gobelins. Tous ceux

qui gravitent autour d’Andersen ont le même penchant, convaincus que les objets ont une âme, au sens littéral. Le talent avec lequel Andersen dote les objets d’une forme humaine devient sa marque de fabrique. […]Jusqu’à sa mort, le père du jeune Andersen, alors âgé de onze ans, lit régulièrement des pièces et des histoires à son fils, parmi les-quelles Les Mille et Une Nuits et la Bible. Grâce à ce père qui s’est lui-même instruit en dépit de toutes les difficultés, Andersen développe précocement un amour profond

LE CŒUr ET L’âmE dU CoNTE dE FéES modErNE

L’extraordinaire sensibilité narratrice de Hans Christian Andersen

Ci-dessus : Silhouette contemporaine par Laura Barrett commandée spécialement par TASCHEN pour son édition des contes d’Andersen, 2013. Page ci-contre : La Reine des Neiges, par Kay Nielsen, 1924.

« Andersen est en fait le premier auteur de contes de fées à venir du milieu modeste où l’oralité est une tradition vivace. »— Iona et Peter Opie

Avec

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Dans Le Vilain Petit Canard, c’est sa propre vie que raconte Hans Christian Andersen lorsqu’il écrit : « Peu importe qu’on soit né dans la cour des canards, si l’on est sorti d’un œuf de cygne. » Né dans une famille pauvre en 1805, Andersen

est un enfant avenant, excentrique, farou-chement ambitieux et bien décidé à dévelop-per ses dons artistiques pour échapper à sa condition. Au fil des années, il devint un des écrivains les plus aimés du Danemark, et passa la fin de sa vie aux côtés des grands de ce monde. Il est aujourd’hui considéré comme le plus célèbre auteur scandinave. Son ascension vers la fortune ne fut pour-tant pas sans souffrances : préjugés et bri-mades d’enfance, angoisses et peines de cœur alimentèrent ses ambitions. Ces expé-riences douloureuses attisèrent en lui un insatiable besoin de reconnaissance, et son talent évident pour la narration et le maniement d’un vocabulaire commun donnèrent naissance à un tout nouveau genre de conte de fées, si bien qu’An-dersen occupe une place unique au panthéon de millions de lecteurs depuis la publication de son pre-mier recueil, en 1835.

LA SALLE dE FiLAgE CommE LAborAToirE d’éCoUTELes vieilles femmes enfermées à l’asile de sa ville natale d’Odense dévidaient des contes pour se divertir tandis qu’elles filaient et tissaient. Le jeune Hans Christian se glissait dès qu’il en avait l’occa-sion dans cette pièce où se racon-taient toutes sortes d’histoires, une pièce qui sentait la sueur, bruissait de bavardages, de ragots et de caquetages. Là, au rythme régulier des claquements et cliquetis des rouets en révolution perpé-tuelle, Andersen entendait les contes et légendes populaires qui s’inscrivaient alors dans une tradition de transmission pure-ment orale. Typiques du folklore scandi-

nave, ces récits étaient peuplés de créatures surnaturelles – gobelins, trolls, sorcières, elfes et ondines. « Un monde aussi riche que celui des Mille et Une Nuits me fut révélé », écrira Andersen dans une de ses autobiographies. […] Cette tradition orale vivace, spontanée et chaotique fut le Graal d’un nombre crois-sant d’universitaires et d’auteurs roman-tiques européens. Comme d’autres érudits passionnés, les frères Grimm en Allemagne cherchèrent à préserver cette même forme d’art fruste et familier dans leur collection de contes allemands, publiée pour la pre-mière fois en 1812, alors qu’Andersen n’avait que sept ans. Andersen lira leurs contes plus tard, devenu jeune écrivain, et rencontrera les Grimm une fois auteur consacré.

d’UN moNdE rEmpLi dE SUpErSTiTioNS à UNE imAgiNATioN EN FUSioNContrairement à une opinion répandue, les Grimm n’ont pas sillonné la campagne alle-mande pour réunir leur corpus d’histoires ;

ils se sont appuyés sur plusieurs sources fiables, à la fois orales et littéraires. Ander-sen, en revanche, est pétri de cette tradition. Il a grandi dans une société imprégnée de

superstitions, où les contes oraux procu-raient à la fois divertissement et leçons de vie. Dans la jeunesse d’Andersen, Odense est, avec ses 8 000 habitants, la deuxième ville du Danemark, mais elle ressemble davantage à une cité médiévale où persistent les coutumes et traditions populaires qu’à un pôle urbain comme Copenhague. Ces histoires scandinaves vieilles de plu-

sieurs siècles s’intègrent dans une culture orale qui imprègne l’enfance d’Ander-

sen ; les légendes paysannes qu’il entend alors sont menacées par

l’oubli à mesure que la campagne s’industrialise et voit évoluer les mœurs des classes les plus modestes. Les folkloristes bri-tanniques Iona et Peter Opie remarquent que « Andersen, contrairement aux frères Grimm venus aux contes de par leur profession, est en fait le premier auteur de contes de fées à venir du milieu modeste

où l’oralité est une tradition vivace […] ». Sa mère, qui de

tout évidence adore son fils, consulte des diseuses de bonne

aventure et, profondément supers-titieuse, explique chaque événe-

ment ou phénomène par la magie, les esprits et les gobelins. Tous ceux

qui gravitent autour d’Andersen ont le même penchant, convaincus que les objets ont une âme, au sens littéral. Le talent avec lequel Andersen dote les objets d’une forme humaine devient sa marque de fabrique. […]Jusqu’à sa mort, le père du jeune Andersen, alors âgé de onze ans, lit régulièrement des pièces et des histoires à son fils, parmi les-quelles Les Mille et Une Nuits et la Bible. Grâce à ce père qui s’est lui-même instruit en dépit de toutes les difficultés, Andersen développe précocement un amour profond

LE CŒUr ET L’âmE dU CoNTE dE FéES modErNE

L’extraordinaire sensibilité narratrice de Hans Christian Andersen

Ci-dessus : Silhouette contemporaine par Laura Barrett commandée spécialement par TASCHEN pour son édition des contes d’Andersen, 2013. Page ci-contre : La Reine des Neiges, par Kay Nielsen, 1924.

« Andersen est en fait le premier auteur de contes de fées à venir du milieu modeste où l’oralité est une tradition vivace. »— Iona et Peter Opie

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pour la chose écrite, qui fera de lui un lec-teur vorace. Le plaisir solitaire de la lecture s’accorde parfaitement au tempérament et à l’imagination fertile d’Andersen, mais il aime aussi écouter : […] il ouvre grand ses oreilles aux personnages et aux voix parmi lesquels il évolue et développe une perception aiguë des visions et des bruits qui émanent de complexes univers imaginaires. C’est ainsi que naissent le ton hautain de l’aiguille à coudre égarée dans L’Aiguille à repriser, le monologue aux accents comiques du grand-duc qui doute de lui-même dans Les Habits neufs du grand-duc ou les clochettes d’argent accrochées aux fleurs du palais dans Le Rossignol et l’Empereur de Chine, « qui sonnaient, afin que l’on ne passât pas sans remarquer la fleur » […].

« JE vAiS dEvE-Nir CéLÈbrE »Si Andersen écrit dans son journal qu’il va « devenir célèbre » et aspire à la gloire, il pré-cise aussitôt qu’il n’est pas motivé par le narcis-sisme contenu du bour-geois bien éduqué. Sa soif de grandeur puise ses racines aux tréfonds de son âme tourmentée. […] Toute sa vie, Andersen est en quête de recon-naissance. D’après les

historiens, sa corres-pondance révèle cependant qu’il est hanté par un senti-ment d’isolement et l’impression de ne pas être à la hauteur. Andersen ne s’est jamais marié, plu-sieurs expériences douloureuses d’amours non parta-gées lui ont infligé des cicatrices pro-fondes et durables. Romantique épris de pathos, cet éternel vieux garçon aime

à partager la vie familiale chaleureuse et sécurisante de ses amis proches, mais souffre toute sa vie d’être privé d’amour réci-proque. Il s’éprend notamment de la célèbre cantatrice Jenny Lind, surnommée « le Ros-signol Suédois », dont il s’inspire pour Le Rossignol […].

grAvir L’éCHELLE SoCiALE pAr LA poéSiESi la narration orale a aidé Andersen à façonner son esprit et son style littéraire, c’est la démocratisation de la société danoise qui lui ouvre des portes jusqu’alors fermées aux gens de son milieu. Le génie d’Andersen réside en partie dans sa capacité à com-prendre, depuis son quartier natal, le plus pauvre d’Odense, que la haute société est assez versatile pour qu’il puisse s’engouffrer dans ses brèches et aller très loin. […] « Andersen comprend vite que, socialement, la poésie est une carte maîtresse », observe sa biographe Jackie Wullschlager. « C’est une époque où l’art et la littérature occupent le cœur intellectuel de la nation, parce que la vie politique y est à peine tolérée, presque

inexistante. » Au Danemark, régi par une monarchie absolue jusqu’en 1848, « la vie artistique consume toute l’énergie que d’autres pays déversent dans la politique, si bien que le pays vit un âge d’or culturel sans précédent dans son histoire et voit fleurir peinture, musique, littérature et philosophie ». Le mécénat royal conditionné par la nais-sance et les relations mondaines est hors de portée d’Andersen et de ses semblables et sa marche vers la gloire est émaillée de privations et de refus répétés. Pourtant, il

persiste. Il est finalement remarqué par le directeur du Théâtre royal, Jonas Collin, qui aide l’adolescent à acquérir une bourse royale. Suivent cinq années pénibles d’étude parmi des enfants de onze ans, alors qu’An-dersen en a dix-sept. En effet, ses mécènes exigent qu’il acquière une éducation digne de ce nom avant de poursuivre sa carrière d’auteur, ou qu’il retourne chez lui pour apprendre un métier. Cette dernière alterna-tive avait tracé le destin de son père et était inconcevable pour Andersen. Au bout du compte, cette expérience imposée lui apporte le renforcement positif et les encou-ragements qui lui manquaient et, avec le soutien vital de Collin, Andersen parvient à obtenir une allocation destinée aux artistes grâce à laquelle il dispose d’assez de temps et d’énergie pour écrire […].

UN pAUvrE pAySAN SoUS UN mANTEAU royALAndersen balance perpétuellement entre assurance, complexe d’infériorité et

« pour Andersen, chaque personne et chaque chose du monde réel offre matière à personnage. »Ci-dessus : Cette édition de 1929 du conte le

plus long d’Andersen, La Reine des neiges, offre une magnifique couverture Art déco et des illus-trations intérieures du même style par Katharine Beverley et Elizabeth Ellender. Exemple specta-culaire de l’impression en bichromie utilisée pour produire de la beauté à peu de frais, elle incarne la volonté des artistes Art déco d’inscrire un art décoratif de qualité dans la vie quotidienne.Page ci-contre : L’artiste britannique Eleanor Vere Boyle a enrichi un des premiers recueils en couleur des contes de Hans Christian Andersen de magnifiques scènes gravées sur bois, comme ce paysage féérique au crépuscule, 1872 Ci-dessous : Le Briquet, aquarelle de l’illustrateur suisse Heinrich Strub, 1956.

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pour la chose écrite, qui fera de lui un lec-teur vorace. Le plaisir solitaire de la lecture s’accorde parfaitement au tempérament et à l’imagination fertile d’Andersen, mais il aime aussi écouter : […] il ouvre grand ses oreilles aux personnages et aux voix parmi lesquels il évolue et développe une perception aiguë des visions et des bruits qui émanent de complexes univers imaginaires. C’est ainsi que naissent le ton hautain de l’aiguille à coudre égarée dans L’Aiguille à repriser, le monologue aux accents comiques du grand-duc qui doute de lui-même dans Les Habits neufs du grand-duc ou les clochettes d’argent accrochées aux fleurs du palais dans Le Rossignol et l’Empereur de Chine, « qui sonnaient, afin que l’on ne passât pas sans remarquer la fleur » […].

« JE vAiS dEvE-Nir CéLÈbrE »Si Andersen écrit dans son journal qu’il va « devenir célèbre » et aspire à la gloire, il pré-cise aussitôt qu’il n’est pas motivé par le narcis-sisme contenu du bour-geois bien éduqué. Sa soif de grandeur puise ses racines aux tréfonds de son âme tourmentée. […] Toute sa vie, Andersen est en quête de recon-naissance. D’après les

historiens, sa corres-pondance révèle cependant qu’il est hanté par un senti-ment d’isolement et l’impression de ne pas être à la hauteur. Andersen ne s’est jamais marié, plu-sieurs expériences douloureuses d’amours non parta-gées lui ont infligé des cicatrices pro-fondes et durables. Romantique épris de pathos, cet éternel vieux garçon aime

à partager la vie familiale chaleureuse et sécurisante de ses amis proches, mais souffre toute sa vie d’être privé d’amour réci-proque. Il s’éprend notamment de la célèbre cantatrice Jenny Lind, surnommée « le Ros-signol Suédois », dont il s’inspire pour Le Rossignol […].

grAvir L’éCHELLE SoCiALE pAr LA poéSiESi la narration orale a aidé Andersen à façonner son esprit et son style littéraire, c’est la démocratisation de la société danoise qui lui ouvre des portes jusqu’alors fermées aux gens de son milieu. Le génie d’Andersen réside en partie dans sa capacité à com-prendre, depuis son quartier natal, le plus pauvre d’Odense, que la haute société est assez versatile pour qu’il puisse s’engouffrer dans ses brèches et aller très loin. […] « Andersen comprend vite que, socialement, la poésie est une carte maîtresse », observe sa biographe Jackie Wullschlager. « C’est une époque où l’art et la littérature occupent le cœur intellectuel de la nation, parce que la vie politique y est à peine tolérée, presque

inexistante. » Au Danemark, régi par une monarchie absolue jusqu’en 1848, « la vie artistique consume toute l’énergie que d’autres pays déversent dans la politique, si bien que le pays vit un âge d’or culturel sans précédent dans son histoire et voit fleurir peinture, musique, littérature et philosophie ». Le mécénat royal conditionné par la nais-sance et les relations mondaines est hors de portée d’Andersen et de ses semblables et sa marche vers la gloire est émaillée de privations et de refus répétés. Pourtant, il

persiste. Il est finalement remarqué par le directeur du Théâtre royal, Jonas Collin, qui aide l’adolescent à acquérir une bourse royale. Suivent cinq années pénibles d’étude parmi des enfants de onze ans, alors qu’An-dersen en a dix-sept. En effet, ses mécènes exigent qu’il acquière une éducation digne de ce nom avant de poursuivre sa carrière d’auteur, ou qu’il retourne chez lui pour apprendre un métier. Cette dernière alterna-tive avait tracé le destin de son père et était inconcevable pour Andersen. Au bout du compte, cette expérience imposée lui apporte le renforcement positif et les encou-ragements qui lui manquaient et, avec le soutien vital de Collin, Andersen parvient à obtenir une allocation destinée aux artistes grâce à laquelle il dispose d’assez de temps et d’énergie pour écrire […].

UN pAUvrE pAySAN SoUS UN mANTEAU royALAndersen balance perpétuellement entre assurance, complexe d’infériorité et

« pour Andersen, chaque personne et chaque chose du monde réel offre matière à personnage. »Ci-dessus : Cette édition de 1929 du conte le

plus long d’Andersen, La Reine des neiges, offre une magnifique couverture Art déco et des illus-trations intérieures du même style par Katharine Beverley et Elizabeth Ellender. Exemple specta-culaire de l’impression en bichromie utilisée pour produire de la beauté à peu de frais, elle incarne la volonté des artistes Art déco d’inscrire un art décoratif de qualité dans la vie quotidienne.Page ci-contre : L’artiste britannique Eleanor Vere Boyle a enrichi un des premiers recueils en couleur des contes de Hans Christian Andersen de magnifiques scènes gravées sur bois, comme ce paysage féérique au crépuscule, 1872 Ci-dessous : Le Briquet, aquarelle de l’illustrateur suisse Heinrich Strub, 1956.

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vulnérabilité émotionnelle. Il n’échappe pas à cette sensation de ne pas être à la hauteur des aristocrates, des célébrités et des digni-taires parmi lesquels il évolue à mesure que sa réputation se bâtit, comme il le confesse dans son journal : « J’avais et j’ai toujours le sentiment d’être un pauvre paysan sur lequel on a jeté un manteau royal. » Il tire cepen-dant une force considérable de son combat pour sortir de sa condition, dont il fait fré-quemment l’éloge auprès des autres. Il sou-ligne combien ces obstacles et ces difficultés ont été précieux, et quel rôle majeur ils ont joué dans sa construction. Pas étonnant qu’il se sente instinctivement si à l’aise dans le genre du conte, où intrigues et allégories narrent depuis des siècles des histoires de fortunes parties de rien et d’erreurs d’iden-tité, où l’idiot accède à la véritable noblesse (de caractère si ce n’est de sang) par l’effort et le combat […].Andersen s’inspira de son enfance jusqu’à sa mort. Les psychologues comportementa-listes modernes jugeront qu’il baignait alors dans le jeu imaginatif (même s’il était soli-taire), des jeux de rôle et des pantomimes qui renforcent l’imagination et les fonctions exécutives d’un enfant. Chaque jour, Ander-sen délaissait les garçons de son âge au profit de son théâtre de marionnettes et de ses cos-tumes de poupées, avec lesquels il menait des projets créatifs de la conception à la représentation, trouvant des voix pour

chaque personnage, cultivant son intérêt et son instinct pour la narration.

mEiLLEUrS ENCorE QUE LE CHoCoLAT ET LA CrÈmEAndersen a écrit ses contes pour les enfants et pour les adultes. Mais son oreille interne, celle du souvenir, s’adresse à ce que les histo-riens appellent « l’enfant écoutant ». C’est sa propre capacité enfantine à demeurer récep-tif aux visions et aux sons du monde qui lui permet d’écrire si bien pour les enfants. Il s’agit là d’une évolution radicale dans la litté-rature enfantine, qui se résumait jusqu’alors à des contes moralisateurs. Dans une édition des contes d’Andersen parue en 1928 et illustrée par le fabuleux artiste Takeo Takei, l’éditeur japonais les qualifie de « meilleurs encore que le choco-lat et la crème ». Les lecteurs contemporains

ont sans doute du mal à imaginer à quel point les contes d’Andersen tranchaient par rapport à ceux de ses prédécesseurs. Mer-veilleusement rythmés, passionnés, parfois affligés et imprégnés de pathos, à d’autres moments méchamment drôles. […] Comme l’avait pertinemment senti l’éditeur japonais, les contes d’Andersen sont arrivés sur une scène littéraire qui avait tout du désert après des siècles de didactisme indigeste et de moralisme aride […].

éCrirE poUr LES ENFANTS, dANS L’iNTérêT dES ENFANTSAndersen s’aventure dans une forme artis-tique qui n’existait nulle part ailleurs : écrire pour les enfants dans leur intérêt. Wull-schlager considère Andersen comme le pre-mier grand auteur fantastique de l’histoire : « Il fait parler les jouets et les animaux, les dote d’une voix fluide, familière et drôle, de

façon à ce que les enfants s’y identifient immédiatement. » Des contes d’Andersen naîtront toutes les histoires postérieures racontées du point de vue de l’enfant, ancrées dans un monde de faux-semblants, d’Alice aux pays des merveilles au Magicien d’Oz et à Toy Story. Cette nouvelle perspec-tive est au cœur de deux des genres les plus modernes : l’animation et la bande dessinée. Là où les frères Grimm, tous deux universi-taires et linguistes, se sont inspirés du lan-gage direct et de l’imagerie émotionnelle puissante qui donnaient leur saveur aux contes populaires, Andersen a le cœur sur la main. Se présentant comme apolitique, il écrit dans une de ses autobiographies : « Dieu m’a confié une autre mission : je l’ai

Ci-dessus : Theo Van Hoytema deviendra un des dessinateurs de la faune et de la flore les plus reconnus des Pays-Bas ; ici Le Vilain Petit Canard, 1893. Ci-contre : Cette couverture créée par l’illustre artiste japonais Takeo Takei pour son interpréta-tion des contes d’Andersen, en 1928, représente « L’intrépide soldat de plomb » tombé amoureux d’une ballerine en papier. Le talent avec lequel Andersen donne vie et voix aux objets inanimés caractérise ses histoires. L’éditeur japonais de Takei jugeait ses contes « meilleurs encore que le chocolat et la crème ». Page ci-contre : La Petite Sirène par l’artiste britannique Jennie Harbour, extrait de Hans Andersen’s Stories, 1932.

« Les contes d’Andersen sont arrivés sur une scène littéraire qui avait tout du désert après des siècles de didactisme indigeste et de moralisme aride. »

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vulnérabilité émotionnelle. Il n’échappe pas à cette sensation de ne pas être à la hauteur des aristocrates, des célébrités et des digni-taires parmi lesquels il évolue à mesure que sa réputation se bâtit, comme il le confesse dans son journal : « J’avais et j’ai toujours le sentiment d’être un pauvre paysan sur lequel on a jeté un manteau royal. » Il tire cepen-dant une force considérable de son combat pour sortir de sa condition, dont il fait fré-quemment l’éloge auprès des autres. Il sou-ligne combien ces obstacles et ces difficultés ont été précieux, et quel rôle majeur ils ont joué dans sa construction. Pas étonnant qu’il se sente instinctivement si à l’aise dans le genre du conte, où intrigues et allégories narrent depuis des siècles des histoires de fortunes parties de rien et d’erreurs d’iden-tité, où l’idiot accède à la véritable noblesse (de caractère si ce n’est de sang) par l’effort et le combat […].Andersen s’inspira de son enfance jusqu’à sa mort. Les psychologues comportementa-listes modernes jugeront qu’il baignait alors dans le jeu imaginatif (même s’il était soli-taire), des jeux de rôle et des pantomimes qui renforcent l’imagination et les fonctions exécutives d’un enfant. Chaque jour, Ander-sen délaissait les garçons de son âge au profit de son théâtre de marionnettes et de ses cos-tumes de poupées, avec lesquels il menait des projets créatifs de la conception à la représentation, trouvant des voix pour

chaque personnage, cultivant son intérêt et son instinct pour la narration.

mEiLLEUrS ENCorE QUE LE CHoCoLAT ET LA CrÈmEAndersen a écrit ses contes pour les enfants et pour les adultes. Mais son oreille interne, celle du souvenir, s’adresse à ce que les histo-riens appellent « l’enfant écoutant ». C’est sa propre capacité enfantine à demeurer récep-tif aux visions et aux sons du monde qui lui permet d’écrire si bien pour les enfants. Il s’agit là d’une évolution radicale dans la litté-rature enfantine, qui se résumait jusqu’alors à des contes moralisateurs. Dans une édition des contes d’Andersen parue en 1928 et illustrée par le fabuleux artiste Takeo Takei, l’éditeur japonais les qualifie de « meilleurs encore que le choco-lat et la crème ». Les lecteurs contemporains

ont sans doute du mal à imaginer à quel point les contes d’Andersen tranchaient par rapport à ceux de ses prédécesseurs. Mer-veilleusement rythmés, passionnés, parfois affligés et imprégnés de pathos, à d’autres moments méchamment drôles. […] Comme l’avait pertinemment senti l’éditeur japonais, les contes d’Andersen sont arrivés sur une scène littéraire qui avait tout du désert après des siècles de didactisme indigeste et de moralisme aride […].

éCrirE poUr LES ENFANTS, dANS L’iNTérêT dES ENFANTSAndersen s’aventure dans une forme artis-tique qui n’existait nulle part ailleurs : écrire pour les enfants dans leur intérêt. Wull-schlager considère Andersen comme le pre-mier grand auteur fantastique de l’histoire : « Il fait parler les jouets et les animaux, les dote d’une voix fluide, familière et drôle, de

façon à ce que les enfants s’y identifient immédiatement. » Des contes d’Andersen naîtront toutes les histoires postérieures racontées du point de vue de l’enfant, ancrées dans un monde de faux-semblants, d’Alice aux pays des merveilles au Magicien d’Oz et à Toy Story. Cette nouvelle perspec-tive est au cœur de deux des genres les plus modernes : l’animation et la bande dessinée. Là où les frères Grimm, tous deux universi-taires et linguistes, se sont inspirés du lan-gage direct et de l’imagerie émotionnelle puissante qui donnaient leur saveur aux contes populaires, Andersen a le cœur sur la main. Se présentant comme apolitique, il écrit dans une de ses autobiographies : « Dieu m’a confié une autre mission : je l’ai

Ci-dessus : Theo Van Hoytema deviendra un des dessinateurs de la faune et de la flore les plus reconnus des Pays-Bas ; ici Le Vilain Petit Canard, 1893. Ci-contre : Cette couverture créée par l’illustre artiste japonais Takeo Takei pour son interpréta-tion des contes d’Andersen, en 1928, représente « L’intrépide soldat de plomb » tombé amoureux d’une ballerine en papier. Le talent avec lequel Andersen donne vie et voix aux objets inanimés caractérise ses histoires. L’éditeur japonais de Takei jugeait ses contes « meilleurs encore que le chocolat et la crème ». Page ci-contre : La Petite Sirène par l’artiste britannique Jennie Harbour, extrait de Hans Andersen’s Stories, 1932.

« Les contes d’Andersen sont arrivés sur une scène littéraire qui avait tout du désert après des siècles de didactisme indigeste et de moralisme aride. »

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senti et je le ressens encore. » Romantique par nature et non par choix, la vie ne lui est pas tendre. Alors qu’il gagne en maturité lit-téraire, il découvre dans la poésie et la vul-nérabilité émotionnelle des romantiques allemands qui essaiment alors en Europe un baume dont il oint son âme introspective, sombre et tourmentée. Si les contes d’Andersen et les romantiques allemands ont en partage une poésie révéla-trice des émotions les plus profondes et troubles, ils sont aussi terriblement moder-nes de par leurs sujets et leur style […]. Sa rupture avec ce que son biographe Reginald Spink nomme les « conventions acadé-miques » rappelle les failles creusées à l’aube de l’ère moderne par les artistes européens d’avant-garde fatigués des restrictions sans âme imposées par les vieux gardiens d’une pratique artistique académique. Le peintre Van Gogh, contemporain d’Andersen, fut si ébahi par la précision visuelle de ses contes qu’il affirma qu’Andersen devait être un artiste de l’œil autant que de l’oreille et de la

plume […]. Le style d’Andersen est onirique mais sensuel, et les univers qu’il dépeint constituent un écosystème émotionnel cohé-rent et abouti né de sa logique intime.

EN QUêTE d’immorTALiTéEn 1835, [Andersen] publie un petit recueil de ses quatre premières compositions. D’après le spécialiste danois des contes populaires Bengt Holbek, seulement sept de plus de deux cents contes d’Andersen s’ins-pirent d’intrigues préexistantes. Quand un ami proche lui prédit que si son premier roman à succès, L’Improvisateur (1835), a fait connaître son nom, ce seront ses contes qui le rendront immortel « parce qu’ils sont la chose la plus parfaite [qu’il ait] écrite », Andersen lui répond : « Personnellement, je ne suis pas de cet avis. » Andersen a pourtant trouvé sa forme de prédilection, même s’il l’ignore encore. La psychologie qui imprègne ses contes est novatrice et rafraîchissante et touche littéralement l’Europe prémoderne au cœur. Si son caractère introverti et sen-

sible s’accorde mal avec les exigences de sa propre vie, Andersen sait comme nul autre articuler les désirs, qu’ils soient insignifiants ou profonds, et les transcender pas le verbe. Les contes d’Andersen ont eu depuis une telle influence sur la littérature enfantine que les deux principaux prix récompensant les auteurs et illustrateurs du genre portent son nom, et que le jour de son anniversaire, le 2 avril, a été désigné Journée internatio-nale du livre pour enfant. Entre les superstitions de sa mère, la bouli-mie de lecture de son père, le théâtre de

marionnettes et les jouets qu’il lui fabrique, les images et branchages rassemblés par sa mère et l’amour débordant du jeune Ander-sen pour la lecture, les activités cérébrales et visuelles ne manquaient pas dans la pièce unique que constituait son foyer. Pas éton-nant qu’il ait été un rêveur, qui s’échappait et se retranchait souvent dans ses pensées. Le monde intérieur sécurisant de son imagi-naire devient le puits auquel son écriture créative s’abreuve, et son esprit le déclen-cheur infaillible de son inspiration. Wull-schlager cite la manière dont Andersen lui-même décrivait son fonctionnement : « Les idées reposent dans mes pensées comme un blé de semence, qui n’a besoin que d’un fluide ruisseau, d’un rayon de soleil et d’une goutte puisée à la coupe de mon amertume pour jaillir et fleurir. »

« Les deux principaux prix récompensant les auteurs et illustrateurs du genre portent de nom d’Andersen, et le jour de son anniver-saire a été décrété Journée internationale du livre pour enfant. »

Ci-dessus : Tom Seidmann-Freud, nièce de Sigmund Freud, révolutionna l’art des livres pour enfants. Son ouvrage de 1921, Kleine Märchen (Petits contes), inclut une version précoce de son travail pour La Princesse au petit pois.Ci-contre : « Elles dansaient en rond à la clarté de la lune sur la rive du lac. Ce n’étaient pas des elfes, c’étaient des enfants des hommes. » Une touche supplémentaire d’élégance Art déco dans cette illustration pour La Reine des neiges de Katharine Beverley et Elizabeth Ellender, 1929. Page ci-contre : En illustrant Les Habits neufs du grand-duc en 1916, l’artiste irlandais Harry Clarke a démontré un sens de la texture et du détail décoratif qui lui ont valu la réputation d’un des plus grands maîtres peintres-verriers d’Irlande.©

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SA) I

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UN ApErçU dE L’iNCoNSCiENT à L’AUbE dE LA modErNiTéD’après nombre d’historiens, les contes d’Andersen offrent en fait une plongée dans l’inconscient, annonciatrice des mouve-ments artistiques du début du 20e siècle,

puis du surréalisme. Alors que dans l’ère moderne des penseurs emmenés par Freud tenteront de saisir et définir l’inconscient ou, comme de nombreux artistes modernes, d’en libérer le potentiel créatif, Andersen l’aborde en laissant à son propre esprit la liberté d’intervenir dans son inspiration

débridée. Son enfance tumultueuse et le chemin cahoteux qu’il doit emprunter pour se faire une place dans le monde auraient pu le rendre amer, le décourager et lui faire abandonner ses rêves, mais sa volonté farouche, que certains historiens ont décrite comme une foi indéboulonnable en son destin particulier, lui permet de surmon-ter tous les obstacles. Si la critique juge ses pièces, ses récits de voyages et ses romans assez inégaux, ses contes exposent de façon flagrante la fertilité de son imagination, ainsi que son aisance et sa maîtrise des mondes fantasmatiques qui habitent son esprit, un lieu sûr où il se réfugie encore et toujours face à l’adversité. C’est là qu’il intègre ses émotions dans le réel. Pour l’historien Jack zipes, qui a décrit la fonction de socialisa-tion des contes, « ses contes de fées sont de l’ordre de l’existence qu’il n’a pas pu mener, ils expriment ce qu’il aurait voulu dire tout haut sans jamais l’avoir osé. Ses écrits sont des actes majestueux d’affirmation de soi et d’aveuglement ».

« Ce qu’il n’a pu accomplir pour lui-même, il l’a mis en scène pour des millions de lecteurs, dans l’espoir que leurs vies seraient peut-être différentes de la sienne. »— Jack Zipes

Les contes de Hans Christian Andersenun ouvrage d’art qui trouve toute sa place dans la bibliothèque des enfants et des adultes Noel Daniel (Éd.), 320 p.€ 29,99 / CAD 49,99

AFFrES ET déLiCES dE LA SUbJECTiviTéSous la plume d’Andersen, un simple encrier, un soldat de plomb, un oiseau, un pois ou une toupie se trouvent dotés de motivations, de faiblesses, de désirs, de prétentions ou de courage. Les personnages d’Andersen res-semblent aux humains par leurs passions comme par leurs fragilités et considèrent souvent le monde selon une perspective légèrement distordue qui les empêche de percevoir leur destin ou leur statut, comme si Andersen cherchait à mettre en lumière les limites de notre propre subjectivité. De ce point de vue, le vrai sujet de ses contes est peut-être la subjectivité inhérente à toute expérience humaine, à laquelle nul ne peut échapper. Or c’est justement cette subjectivité qui permet de tomber amoureux, d’être obsédé par sa propre expérience, de se trouver sub-mergé, voire consumé par l’attention qu’on porte à un autre être. Pour Andersen, elle représente à la fois un puissant moteur créatif et une source potentielle de souf-france et de déception. Ses contes montrent la profondeur et l’intensité des sentiments dont il était capable et qu’il n’a jamais pu exprimer durant sa vie. À propos de la façon dont Andersen considérait sa propre histoire personnelle, zipes note : « Andersen tenta désespérément de donner à sa vie la forme et le contenu d’un conte de fées, précisément parce qu’il était un artiste perturbé, seul et névrosé à l’extrême, qui sublimait dans ses œuvres son incapacité à accomplir ses désirs et à réaliser ses rêves. Sa gloire littéraire repose sur cet échec et cette frustration : ce qu’il n’a pu accomplir pour lui-même, il l’a mis en scène pour des millions de lecteurs, jeunes et vieux, dans l’espoir que leurs vies seraient peut-être différentes de la sienne. » Les imperfections et les carences psycholo-giques qui animent les paysages émotionnels des contes pour enfants, ce monde où le cœur et l’âme d’Andersen trouvaient refuge, sont le cadeau légué aux générations futures.

Noel Daniel

Page 41: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

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senti et je le ressens encore. » Romantique par nature et non par choix, la vie ne lui est pas tendre. Alors qu’il gagne en maturité lit-téraire, il découvre dans la poésie et la vul-nérabilité émotionnelle des romantiques allemands qui essaiment alors en Europe un baume dont il oint son âme introspective, sombre et tourmentée. Si les contes d’Andersen et les romantiques allemands ont en partage une poésie révéla-trice des émotions les plus profondes et troubles, ils sont aussi terriblement moder-nes de par leurs sujets et leur style […]. Sa rupture avec ce que son biographe Reginald Spink nomme les « conventions acadé-miques » rappelle les failles creusées à l’aube de l’ère moderne par les artistes européens d’avant-garde fatigués des restrictions sans âme imposées par les vieux gardiens d’une pratique artistique académique. Le peintre Van Gogh, contemporain d’Andersen, fut si ébahi par la précision visuelle de ses contes qu’il affirma qu’Andersen devait être un artiste de l’œil autant que de l’oreille et de la

plume […]. Le style d’Andersen est onirique mais sensuel, et les univers qu’il dépeint constituent un écosystème émotionnel cohé-rent et abouti né de sa logique intime.

EN QUêTE d’immorTALiTéEn 1835, [Andersen] publie un petit recueil de ses quatre premières compositions. D’après le spécialiste danois des contes populaires Bengt Holbek, seulement sept de plus de deux cents contes d’Andersen s’ins-pirent d’intrigues préexistantes. Quand un ami proche lui prédit que si son premier roman à succès, L’Improvisateur (1835), a fait connaître son nom, ce seront ses contes qui le rendront immortel « parce qu’ils sont la chose la plus parfaite [qu’il ait] écrite », Andersen lui répond : « Personnellement, je ne suis pas de cet avis. » Andersen a pourtant trouvé sa forme de prédilection, même s’il l’ignore encore. La psychologie qui imprègne ses contes est novatrice et rafraîchissante et touche littéralement l’Europe prémoderne au cœur. Si son caractère introverti et sen-

sible s’accorde mal avec les exigences de sa propre vie, Andersen sait comme nul autre articuler les désirs, qu’ils soient insignifiants ou profonds, et les transcender pas le verbe. Les contes d’Andersen ont eu depuis une telle influence sur la littérature enfantine que les deux principaux prix récompensant les auteurs et illustrateurs du genre portent son nom, et que le jour de son anniversaire, le 2 avril, a été désigné Journée internatio-nale du livre pour enfant. Entre les superstitions de sa mère, la bouli-mie de lecture de son père, le théâtre de

marionnettes et les jouets qu’il lui fabrique, les images et branchages rassemblés par sa mère et l’amour débordant du jeune Ander-sen pour la lecture, les activités cérébrales et visuelles ne manquaient pas dans la pièce unique que constituait son foyer. Pas éton-nant qu’il ait été un rêveur, qui s’échappait et se retranchait souvent dans ses pensées. Le monde intérieur sécurisant de son imagi-naire devient le puits auquel son écriture créative s’abreuve, et son esprit le déclen-cheur infaillible de son inspiration. Wull-schlager cite la manière dont Andersen lui-même décrivait son fonctionnement : « Les idées reposent dans mes pensées comme un blé de semence, qui n’a besoin que d’un fluide ruisseau, d’un rayon de soleil et d’une goutte puisée à la coupe de mon amertume pour jaillir et fleurir. »

« Les deux principaux prix récompensant les auteurs et illustrateurs du genre portent de nom d’Andersen, et le jour de son anniver-saire a été décrété Journée internationale du livre pour enfant. »

Ci-dessus : Tom Seidmann-Freud, nièce de Sigmund Freud, révolutionna l’art des livres pour enfants. Son ouvrage de 1921, Kleine Märchen (Petits contes), inclut une version précoce de son travail pour La Princesse au petit pois.Ci-contre : « Elles dansaient en rond à la clarté de la lune sur la rive du lac. Ce n’étaient pas des elfes, c’étaient des enfants des hommes. » Une touche supplémentaire d’élégance Art déco dans cette illustration pour La Reine des neiges de Katharine Beverley et Elizabeth Ellender, 1929. Page ci-contre : En illustrant Les Habits neufs du grand-duc en 1916, l’artiste irlandais Harry Clarke a démontré un sens de la texture et du détail décoratif qui lui ont valu la réputation d’un des plus grands maîtres peintres-verriers d’Irlande.©

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UN ApErçU dE L’iNCoNSCiENT à L’AUbE dE LA modErNiTéD’après nombre d’historiens, les contes d’Andersen offrent en fait une plongée dans l’inconscient, annonciatrice des mouve-ments artistiques du début du 20e siècle,

puis du surréalisme. Alors que dans l’ère moderne des penseurs emmenés par Freud tenteront de saisir et définir l’inconscient ou, comme de nombreux artistes modernes, d’en libérer le potentiel créatif, Andersen l’aborde en laissant à son propre esprit la liberté d’intervenir dans son inspiration

débridée. Son enfance tumultueuse et le chemin cahoteux qu’il doit emprunter pour se faire une place dans le monde auraient pu le rendre amer, le décourager et lui faire abandonner ses rêves, mais sa volonté farouche, que certains historiens ont décrite comme une foi indéboulonnable en son destin particulier, lui permet de surmon-ter tous les obstacles. Si la critique juge ses pièces, ses récits de voyages et ses romans assez inégaux, ses contes exposent de façon flagrante la fertilité de son imagination, ainsi que son aisance et sa maîtrise des mondes fantasmatiques qui habitent son esprit, un lieu sûr où il se réfugie encore et toujours face à l’adversité. C’est là qu’il intègre ses émotions dans le réel. Pour l’historien Jack zipes, qui a décrit la fonction de socialisa-tion des contes, « ses contes de fées sont de l’ordre de l’existence qu’il n’a pas pu mener, ils expriment ce qu’il aurait voulu dire tout haut sans jamais l’avoir osé. Ses écrits sont des actes majestueux d’affirmation de soi et d’aveuglement ».

« Ce qu’il n’a pu accomplir pour lui-même, il l’a mis en scène pour des millions de lecteurs, dans l’espoir que leurs vies seraient peut-être différentes de la sienne. »— Jack Zipes

Les contes de Hans Christian Andersenun ouvrage d’art qui trouve toute sa place dans la bibliothèque des enfants et des adultes Noel Daniel (Éd.), 320 p.€ 29,99 / CAD 49,99

AFFrES ET déLiCES dE LA SUbJECTiviTéSous la plume d’Andersen, un simple encrier, un soldat de plomb, un oiseau, un pois ou une toupie se trouvent dotés de motivations, de faiblesses, de désirs, de prétentions ou de courage. Les personnages d’Andersen res-semblent aux humains par leurs passions comme par leurs fragilités et considèrent souvent le monde selon une perspective légèrement distordue qui les empêche de percevoir leur destin ou leur statut, comme si Andersen cherchait à mettre en lumière les limites de notre propre subjectivité. De ce point de vue, le vrai sujet de ses contes est peut-être la subjectivité inhérente à toute expérience humaine, à laquelle nul ne peut échapper. Or c’est justement cette subjectivité qui permet de tomber amoureux, d’être obsédé par sa propre expérience, de se trouver sub-mergé, voire consumé par l’attention qu’on porte à un autre être. Pour Andersen, elle représente à la fois un puissant moteur créatif et une source potentielle de souf-france et de déception. Ses contes montrent la profondeur et l’intensité des sentiments dont il était capable et qu’il n’a jamais pu exprimer durant sa vie. À propos de la façon dont Andersen considérait sa propre histoire personnelle, zipes note : « Andersen tenta désespérément de donner à sa vie la forme et le contenu d’un conte de fées, précisément parce qu’il était un artiste perturbé, seul et névrosé à l’extrême, qui sublimait dans ses œuvres son incapacité à accomplir ses désirs et à réaliser ses rêves. Sa gloire littéraire repose sur cet échec et cette frustration : ce qu’il n’a pu accomplir pour lui-même, il l’a mis en scène pour des millions de lecteurs, jeunes et vieux, dans l’espoir que leurs vies seraient peut-être différentes de la sienne. » Les imperfections et les carences psycholo-giques qui animent les paysages émotionnels des contes pour enfants, ce monde où le cœur et l’âme d’Andersen trouvaient refuge, sont le cadeau légué aux générations futures.

Noel Daniel

Page 42: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

modÈLE dU gENrEUn hommage à l’emblématique et novatrice Naomi Campbell

«  Nous n’avons jamais rien vu de semblable. C’est une chose de regarder une photo de Naomi. C’en est une toute autre de la contempler en mouvement ; vous en restez bouche bée. »— Vivienne Westwood

Page 43: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

modÈLE dU gENrEUn hommage à l’emblématique et novatrice Naomi Campbell

«  Nous n’avons jamais rien vu de semblable. C’est une chose de regarder une photo de Naomi. C’en est une toute autre de la contempler en mouvement ; vous en restez bouche bée. »— Vivienne Westwood

Page 44: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

— 42 —

De tous les clips dans lesquels j’apparais, le plus excitant à tourner à été « Is This Love » de Bob Marley. J’avais à peine sept ans. C’était l’homme le plus beau que j’aie jamais vu, avec une structure osseuse sublime, des gestes élégants et une voix douce, et un fort accent jamaïcain que j’entendais déjà à la maison. Notre famille adorait le reggae ; même aujourd’hui, je devrais en écouter plus souvent. Le reggae, c’est mes racines.

«  J’ai eu une enfance formidable. mais je me sentais comme une adulte dans un corps d’enfant. »

«  Naomi est l’une des amies les plus fidèles et les plus généreuses que j’ai jamais connues ! » — Kate Moss

Double-page précédente : Naomi photographiée à Knysna, en Afrique du Sud, pour le Harper’s Bazaar amé-ricain, septembre 2009. © Jean-Paul GoudeEn haut à gauche : Naomi bébé, 1970. Avec l’aimable autorisation de la collection Naomi Campbell.En haut à droite : Bob Marley et une toute jeune Naomi Campbell sur le tournage du clip pour « Is This Love » au Keskidee Centre, Londres, 1978. © Adrian Boot / 56 Hope Road Music Ci-contre : Naomi Campbell et Kate Moss à Paris pour le Vogue améri-cain, 1996. © Ellen von Unwerth

«  Je n’ai jamais prévu d’être mannequin ; c’est une chose à laquelle je n’avais jamais pensé. Adolescente, je voulais danser. »

En tant que mannequin, j’ai toujours aimé qu’un photo-graphe me dise ce qu’il veut. J’adore être remodelée pour devenir quelqu’un d’autre. Une grande partie du plaisir réside dans le fait de voir comment chaque photographe va me réinventer. En 1988, Peter Lindbergh m’a prise en photo pour le Vogue italien dans une série inspi-rée de Josephine Baker. Peter communique ses instructions haut et fort, et il me fait souvent rire. Mes cheveux étaient plaqués en arrière et Peter voulait que je me com-porte de façon aussi excentrique que Josephine Baker. Alors je me suis mise à danser le charleston, à lever la jambe et faire tout ce qu’il fallait pour traduire son intention.

Naomi photographiée à Deauville pour le Vogue italien, juillet/août 1988. © Peter Lindbergh

Page 45: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

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De tous les clips dans lesquels j’apparais, le plus excitant à tourner à été « Is This Love » de Bob Marley. J’avais à peine sept ans. C’était l’homme le plus beau que j’aie jamais vu, avec une structure osseuse sublime, des gestes élégants et une voix douce, et un fort accent jamaïcain que j’entendais déjà à la maison. Notre famille adorait le reggae ; même aujourd’hui, je devrais en écouter plus souvent. Le reggae, c’est mes racines.

«  J’ai eu une enfance formidable. mais je me sentais comme une adulte dans un corps d’enfant. »

«  Naomi est l’une des amies les plus fidèles et les plus généreuses que j’ai jamais connues ! » — Kate Moss

Double-page précédente : Naomi photographiée à Knysna, en Afrique du Sud, pour le Harper’s Bazaar amé-ricain, septembre 2009. © Jean-Paul GoudeEn haut à gauche : Naomi bébé, 1970. Avec l’aimable autorisation de la collection Naomi Campbell.En haut à droite : Bob Marley et une toute jeune Naomi Campbell sur le tournage du clip pour « Is This Love » au Keskidee Centre, Londres, 1978. © Adrian Boot / 56 Hope Road Music Ci-contre : Naomi Campbell et Kate Moss à Paris pour le Vogue améri-cain, 1996. © Ellen von Unwerth

«  Je n’ai jamais prévu d’être mannequin ; c’est une chose à laquelle je n’avais jamais pensé. Adolescente, je voulais danser. »

En tant que mannequin, j’ai toujours aimé qu’un photo-graphe me dise ce qu’il veut. J’adore être remodelée pour devenir quelqu’un d’autre. Une grande partie du plaisir réside dans le fait de voir comment chaque photographe va me réinventer. En 1988, Peter Lindbergh m’a prise en photo pour le Vogue italien dans une série inspi-rée de Josephine Baker. Peter communique ses instructions haut et fort, et il me fait souvent rire. Mes cheveux étaient plaqués en arrière et Peter voulait que je me com-porte de façon aussi excentrique que Josephine Baker. Alors je me suis mise à danser le charleston, à lever la jambe et faire tout ce qu’il fallait pour traduire son intention.

Naomi photographiée à Deauville pour le Vogue italien, juillet/août 1988. © Peter Lindbergh

Page 46: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

— 45 —

«  Ce qui me frappe dans la beauté de Naomi, c’est qu’elle est le seul mannequin qui nous fasse contempler la beauté dans tout son art : puissante, attirante, métaphysique, élégante, incomparable. Une couverture avec Naomi est éternelle. »

— Stefano Pilati Naomi photographiée pour Interview, octobre 2010.

© Mert Alas et Marcus Piggott

Naomi et le couturier Azzedine Alaïa, pour une campagne Alaïa, 1987. © Arthur Elgort / Art + Commerce

à 16 ans, j’ai reçu mon premier coup de fil de Paris. « Mon premier jour là-bas… je me suis fait voler tout mon argent. Personne ne m’avait prévenue de faire attention à mes affaires et j’ai perdu tout ce que ma mère m’avait donné. Je ne connaissais personne. Amanda Cazalet, qui shootait aussi ce jour-là, m’a proposé de rentrer avec elle […]. C’est comme ça que j’ai rencontré Azzedine Alaïa. À cette époque, je n’avais pas encore d’agent français : les séances photos qui se déroulaient à Paris étaient organisées directement depuis Londres, si bien que personne ne s’occupait de moi sur place. Azzedine a dit qu’il parlerait à maman… et le lendemain je me suis installée dans sa maison. Ensuite, à chaque fois que j’étais à Paris, je faisais en sorte de loger chez Azzedine […]. En tant que couturier, je pense que c’est un génie. Ses robes sont comme une seconde peau. Lorsqu’on les porte, on se sent élégante, sexy et féminine, exactement ce qu’une femme devrait être. Peu m’importe combien de temps je passe debout pendant qu’il assemble une robe sur moi, épingle par épingle, parce que le regarder créer est époustouflant. »

«  J’ai toujours eu le sentiment qu’elle avait quelque chose de très spécial, de très particulier. Elle est comme un cheval de course. L’élite incarnée. » — Azzedine Alaïa

Page 47: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

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«  Ce qui me frappe dans la beauté de Naomi, c’est qu’elle est le seul mannequin qui nous fasse contempler la beauté dans tout son art : puissante, attirante, métaphysique, élégante, incomparable. Une couverture avec Naomi est éternelle. »

— Stefano Pilati Naomi photographiée pour Interview, octobre 2010.

© Mert Alas et Marcus Piggott

Naomi et le couturier Azzedine Alaïa, pour une campagne Alaïa, 1987. © Arthur Elgort / Art + Commerce

à 16 ans, j’ai reçu mon premier coup de fil de Paris. « Mon premier jour là-bas… je me suis fait voler tout mon argent. Personne ne m’avait prévenue de faire attention à mes affaires et j’ai perdu tout ce que ma mère m’avait donné. Je ne connaissais personne. Amanda Cazalet, qui shootait aussi ce jour-là, m’a proposé de rentrer avec elle […]. C’est comme ça que j’ai rencontré Azzedine Alaïa. À cette époque, je n’avais pas encore d’agent français : les séances photos qui se déroulaient à Paris étaient organisées directement depuis Londres, si bien que personne ne s’occupait de moi sur place. Azzedine a dit qu’il parlerait à maman… et le lendemain je me suis installée dans sa maison. Ensuite, à chaque fois que j’étais à Paris, je faisais en sorte de loger chez Azzedine […]. En tant que couturier, je pense que c’est un génie. Ses robes sont comme une seconde peau. Lorsqu’on les porte, on se sent élégante, sexy et féminine, exactement ce qu’une femme devrait être. Peu m’importe combien de temps je passe debout pendant qu’il assemble une robe sur moi, épingle par épingle, parce que le regarder créer est époustouflant. »

«  J’ai toujours eu le sentiment qu’elle avait quelque chose de très spécial, de très particulier. Elle est comme un cheval de course. L’élite incarnée. » — Azzedine Alaïa

Page 48: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

Photographiée pour le Vogue américain, mars 1998. © Ellen von Unwerth

«  Naomi est comme une vedette de cinéma muet dans une époque de bruit. Elle est unique. »

— Bono

Page 49: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

Photographiée pour le Vogue américain, mars 1998. © Ellen von Unwerth

«  Naomi est comme une vedette de cinéma muet dans une époque de bruit. Elle est unique. »

— Bono

Page 50: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

— 49 —

XXLFormAT

Naomi photographiée pour le magazine américain V, mai 2007. © Nick KnightReproduit avec l’autorisation des Archives Trunk

Naomi photographiée pour le magazine allemand Max, juin 1997. © Ellen von Unwerth

Édition limitée et dédicacée ; pour plus d’informations, rendez-vous sur www.taschen.com

Naomi par Naomi : une vie fabuleuse en mots et en images

Naomi CampbellAlbum photo format géant accompagné d’un texte autobiographique, 508 p.

Par cet hommage en deux volumes composé de photos et d’un texte autobiographique, TASCHEN célèbre la beauté et l’énergie uniques de Naomi Campbell : top-modèle, femme d’affaires, militante et provocatrice, celle qui règne sur la mode depuis l’âge de 15 ans a écrit l’histoire en devenant le premier mannequin noir à faire la une du Vogue français et du TIME ; elle a travaillé avec les meilleurs photographes des années 1980 à nos années 2010 et figuré sur plus de 300 couvertures de magazine, ainsi que dans d’innombrables campagnes de publicité et séquences de mode.Cette rétrospective éblouissante est jalonnée de confidences sur son enfance, ses premiers pas dans la mode, ses collaborations avec les plus grands couturiers, ainsi que de clichés personnels inédits et de photos de mode parmi les plus éblouissantes du dernier quart de siècle.

Page 51: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

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XXLFormAT

Naomi photographiée pour le magazine américain V, mai 2007. © Nick KnightReproduit avec l’autorisation des Archives Trunk

Naomi photographiée pour le magazine allemand Max, juin 1997. © Ellen von Unwerth

Édition limitée et dédicacée ; pour plus d’informations, rendez-vous sur www.taschen.com

Naomi par Naomi : une vie fabuleuse en mots et en images

Naomi CampbellAlbum photo format géant accompagné d’un texte autobiographique, 508 p.

Par cet hommage en deux volumes composé de photos et d’un texte autobiographique, TASCHEN célèbre la beauté et l’énergie uniques de Naomi Campbell : top-modèle, femme d’affaires, militante et provocatrice, celle qui règne sur la mode depuis l’âge de 15 ans a écrit l’histoire en devenant le premier mannequin noir à faire la une du Vogue français et du TIME ; elle a travaillé avec les meilleurs photographes des années 1980 à nos années 2010 et figuré sur plus de 300 couvertures de magazine, ainsi que dans d’innombrables campagnes de publicité et séquences de mode.Cette rétrospective éblouissante est jalonnée de confidences sur son enfance, ses premiers pas dans la mode, ses collaborations avec les plus grands couturiers, ainsi que de clichés personnels inédits et de photos de mode parmi les plus éblouissantes du dernier quart de siècle.

Page 52: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

LES gENS QUi SoNT ASSEz FoUS poUr CroirE QU’iLS pEUvENT CHANgEr LE moNdE SoNT CEUX QUi y pArviENNENT.

Game Changers 60 ans de Festival international de la Créativité Cannes Lions – Les campagnes qui ont révolutionné la publicité, 312 p.€ 49,99 / CAD 79,99

Blanc, noir, jaune united Colors of Benetton, 1995 Le photographe italien Oliviero Toscani a chapeauté avec une créativité sans précédent la communication de United Colors of Benetton et réalisé les campagnes de la marque de 1982 à 2000. Il est à l’origine de publicités connues pour avoir provoqué le scandale autant que la réflexion autour de sujets de société. Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme ont demandé à utiliser les clichés de Toscani pour appuyer leur propos et atteindre leurs objectifs, comme SOS Racisme en France. Depuis le travail de Toscani sur les couloirs de la mort, par exemple, Benetton est clairement considéré dans le monde entier comme partisan de l’abolition de la peine capitale. « Tout ce que j’ai fait, c’est placer des photos d’actualité dans les publicités », déclarait Toscani dans une interview au magazine TIME. En 1993, David Bowie commentait d’ailleurs le recours du photographe au reportage dans une chanson : « Getting my facts from a Benetton ad » (Je tiens mes infos d’une pub Benetton).

Page 53: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

LES gENS QUi SoNT ASSEz FoUS poUr CroirE QU’iLS pEUvENT CHANgEr LE moNdE SoNT CEUX QUi y pArviENNENT.

Game Changers 60 ans de Festival international de la Créativité Cannes Lions – Les campagnes qui ont révolutionné la publicité, 312 p.€ 49,99 / CAD 79,99

Blanc, noir, jaune united Colors of Benetton, 1995 Le photographe italien Oliviero Toscani a chapeauté avec une créativité sans précédent la communication de United Colors of Benetton et réalisé les campagnes de la marque de 1982 à 2000. Il est à l’origine de publicités connues pour avoir provoqué le scandale autant que la réflexion autour de sujets de société. Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme ont demandé à utiliser les clichés de Toscani pour appuyer leur propos et atteindre leurs objectifs, comme SOS Racisme en France. Depuis le travail de Toscani sur les couloirs de la mort, par exemple, Benetton est clairement considéré dans le monde entier comme partisan de l’abolition de la peine capitale. « Tout ce que j’ai fait, c’est placer des photos d’actualité dans les publicités », déclarait Toscani dans une interview au magazine TIME. En 1993, David Bowie commentait d’ailleurs le recours du photographe au reportage dans une chanson : « Getting my facts from a Benetton ad » (Je tiens mes infos d’une pub Benetton).

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SigNES dE NoTrE TEmpSMonumentale compilation de logos

LogobookLudovic Houplain

776 p.€ 39,99 / CAD 64,99

Le court métrage d’animation Logorama (2009), récompensé par un oscar et essentiellement construit sur l’utilisation de logos et de marques, est devenu une référence en matière de culture corporate. Les archives monumentales constituées par Ludovic Houplain, qui dirige l’atelier de design H5 à Paris et a coréalisé le film, ont permis de réunir près de 7 000 logos accompagnés d’informations précieuses : créateurs, année de création, pays, marque et entreprise.

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SigNES dE NoTrE TEmpSMonumentale compilation de logos

LogobookLudovic Houplain

776 p.€ 39,99 / CAD 64,99

Le court métrage d’animation Logorama (2009), récompensé par un oscar et essentiellement construit sur l’utilisation de logos et de marques, est devenu une référence en matière de culture corporate. Les archives monumentales constituées par Ludovic Houplain, qui dirige l’atelier de design H5 à Paris et a coréalisé le film, ont permis de réunir près de 7 000 logos accompagnés d’informations précieuses : créateurs, année de création, pays, marque et entreprise.

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Accueilli par une flottille lui souhaitant la bienvenue, le Mayflower II, réplique exacte de l’original, entre dans le port de New york toutes voiles dehors. Bien qu’il ait traversé l’Atlantique uniquement à la voile comme son illustre prédécesseur, un dirigeable ne tardera pas à lui couper le vent et il devra être remorqué sur les derniers mètres jusqu’à son poste d’amarrage.Photo : B. Anthony Stewart, New york, 1957

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Accueilli par une flottille lui souhaitant la bienvenue, le Mayflower II, réplique exacte de l’original, entre dans le port de New york toutes voiles dehors. Bien qu’il ait traversé l’Atlantique uniquement à la voile comme son illustre prédécesseur, un dirigeable ne tardera pas à lui couper le vent et il devra être remorqué sur les derniers mètres jusqu’à son poste d’amarrage.Photo : B. Anthony Stewart, New york, 1957

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Le Taj Mahal miroitant au loin est un spectacle banalpour ces cheminots qui font entrer les trains dans la gare d’Agra, mais ce ne fut jamais le cas pour son bâtisseur, Shâh Jahân, cinquième empereur moghol de l’Inde, qui fit construire ce mausolée en marbre pour sa chère épouse défunte. On dit qu’il le contemplait tous les jours lorsqu’il fut plus tard emprisonné dans le Fort rouge d’Agra par un usurpateur. Photo : Steve McCurry, Inde, 1983

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« Viva zapata », leur cri de guerre, résonnait encore dans leurs oreilles vieillissantes chaque fois que ces vétérans de la révolution mexicaine (1910–1920) évoquaient leur leader, Emiliano Zapata. Défenseur des opprimés, Zapata est toujours vénéré par les péons du sud du Mexique et par tous ceux qui conviennent avec lui que « mieux vaut mourir debout que vivre à genoux ». Photo : Thomas Nebbia, Mexique, 1977

Des forêts entières de derricks envahissaient jadis les villes californiennes telles que Long Beach et Huntington Beach. Dans le numéro de juin 1941, Frederick Simpich écrivit : « Dans les villes-champignons, les derricks fleurissent jusque dans les cuisines des particuliers. » Photo : B. Anthony Stewart, Californie, 1940

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Le Taj Mahal miroitant au loin est un spectacle banalpour ces cheminots qui font entrer les trains dans la gare d’Agra, mais ce ne fut jamais le cas pour son bâtisseur, Shâh Jahân, cinquième empereur moghol de l’Inde, qui fit construire ce mausolée en marbre pour sa chère épouse défunte. On dit qu’il le contemplait tous les jours lorsqu’il fut plus tard emprisonné dans le Fort rouge d’Agra par un usurpateur. Photo : Steve McCurry, Inde, 1983

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Des forêts entières de derricks envahissaient jadis les villes californiennes telles que Long Beach et Huntington Beach. Dans le numéro de juin 1941, Frederick Simpich écrivit : « Dans les villes-champignons, les derricks fleurissent jusque dans les cuisines des particuliers. » Photo : B. Anthony Stewart, Californie, 1940

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Des centaines de jeunes japonais célèbrent le nouvel an lunaire de 1946 par un saut intrépidedans le noir absolu (la seule lumière provenant du flash du photo-graphe) afin de récupérer des bâtons parfumés au camphre lancés par un prêtre. Selon Horace Bristol Jr., qui a photographié le célèbre Hadaka Matsuri (« Festival de l’homme nu ») qui se tient tous les ans dans le sanctuaire Saidaiji à Okayama, « il est clair que les participants à cette cérémonie doivent tous être jeunes, athlétiques et en excel-lente condition physique car la mêlée est extrêmement féroce ». Photo : Horace Bristol jr., japon, 1946 Ph

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Des centaines de jeunes japonais célèbrent le nouvel an lunaire de 1946 par un saut intrépidedans le noir absolu (la seule lumière provenant du flash du photo-graphe) afin de récupérer des bâtons parfumés au camphre lancés par un prêtre. Selon Horace Bristol Jr., qui a photographié le célèbre Hadaka Matsuri (« Festival de l’homme nu ») qui se tient tous les ans dans le sanctuaire Saidaiji à Okayama, « il est clair que les participants à cette cérémonie doivent tous être jeunes, athlétiques et en excel-lente condition physique car la mêlée est extrêmement féroce ». Photo : Horace Bristol jr., japon, 1946 Ph

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Lorsqu’ils émergent des ténèbres du tunnel de wawona, les touristes ne peuvent s’empêcher de descendre de voiture pour admirer cette vue somptueuse de la vallée de yosemite.Sur la gauche, El Capitan se dresse dans toute sa splendeur de granit ; au loin, Half Dome pointe derrière une crête arrondie ; à droite, la cascade Bridalveil se déverse sur près de 200 m au pied des Cathedral Rocks.Photo : B. Anthony Stewart, Californie, 1965

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Encadré par les œuvres de l’Homme et de la nature, un moine stoïque se tient sur le seuil de Ta Prohm, l’un des nombreux temples en ruine du complexe d’Angkor, au Cambodge. Photo : Robert Clark, Cambodge, 2009

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Profitant au maximum de leur bref été, des passagers d’une croisière dominicale jouent au ballon sur les berges de la Léna. Dans l’édition du National Geographic de mars 1967, le photographe Dean Conger observe : « Les migrants qui viennent du Sud ont du mal à s’habituer à ces étés sans nuits et à ces hivers sans lumière. Les Sibériens hibernent pendant l’hiver puis vivent à fond, pratiquement sans dormir, pendant les nuits d’été. » Photo : Dean Conger, union Soviétique, 1966

Ce berger menant ses moutons dans la rue Georges Picot, une artère animée, illustre les contrastes du Beyrouth des années 1950 : il porte une tenue arabe sous une veste occidentale.À la fois musulmane et chrétienne, orientale et occidentale, la capitale du Liban était surnom-mée le « Paris du Moyen-Orient », aussi célèbre pour ses luxueux cafés que pour ses banques, ses bazars et ses maisons de commerce. Photo : Thomas j. Abercrombie, Liban, 1957

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Encadré par les œuvres de l’Homme et de la nature, un moine stoïque se tient sur le seuil de Ta Prohm, l’un des nombreux temples en ruine du complexe d’Angkor, au Cambodge. Photo : Robert Clark, Cambodge, 2009

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Profitant au maximum de leur bref été, des passagers d’une croisière dominicale jouent au ballon sur les berges de la Léna. Dans l’édition du National Geographic de mars 1967, le photographe Dean Conger observe : « Les migrants qui viennent du Sud ont du mal à s’habituer à ces étés sans nuits et à ces hivers sans lumière. Les Sibériens hibernent pendant l’hiver puis vivent à fond, pratiquement sans dormir, pendant les nuits d’été. » Photo : Dean Conger, union Soviétique, 1966

Ce berger menant ses moutons dans la rue Georges Picot, une artère animée, illustre les contrastes du Beyrouth des années 1950 : il porte une tenue arabe sous une veste occidentale.À la fois musulmane et chrétienne, orientale et occidentale, la capitale du Liban était surnom-mée le « Paris du Moyen-Orient », aussi célèbre pour ses luxueux cafés que pour ses banques, ses bazars et ses maisons de commerce. Photo : Thomas j. Abercrombie, Liban, 1957

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Il n’y a qu’à Hawaii qu’on peut s’offrir le luxe de dévaler à ski la plus haute montagne du monde.Si le mont Everest culmine à 8 848 m au-dessus de la surface de la Terre, les versants glacés du Mauna Kea, un volcan endormi depuis près de 3 600 ans, s’élèvent à 1 0 211 m au-dessus de leur base, profondément enfouie dans le Pacifique, ce qui en fait la plus haute montagne du monde, même si les deux tiers sont immergés. Photo : Robert w. Madden, Hawaii, 1974 Ph

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Il n’y a qu’à Hawaii qu’on peut s’offrir le luxe de dévaler à ski la plus haute montagne du monde.Si le mont Everest culmine à 8 848 m au-dessus de la surface de la Terre, les versants glacés du Mauna Kea, un volcan endormi depuis près de 3 600 ans, s’élèvent à 1 0 211 m au-dessus de leur base, profondément enfouie dans le Pacifique, ce qui en fait la plus haute montagne du monde, même si les deux tiers sont immergés. Photo : Robert w. Madden, Hawaii, 1974 Ph

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un étrange spectacle dans une pirogue mexicaine…Deux jaguars captifs allongés au milieu de l’embarcation accueillent le photographe en feulant, à moins qu’ils ne bâillent ? Photo : Steve winter, Mexique, 2000

une canne sur une épaule, un arc de chasse sur l’autre, un Bochiman observe des parents en train de franchir des dunes près du parc national Kalahari Gemsbok. Bien que leurs ancêtres aient chassé dans ces déserts pendant des milliers d’années, les Bochimans, ou San, ont dû lutter pour pouvoir continuer d’accéder à ce sanctuaire créé en 1931 pour protéger les troupeaux migratoires d’oryx et d’autres herbivores, ainsi qu’au Gemsbok National Park qui le jouxte de l’autre côté de la frontière avec le Botswana. Photo : Chris johns, Afrique du Sud, 1995

un Tchokwé masqué pose devant un arbre fétiche orné de crânes, de cornes et d’os d’animaux.Autrefois l’une des tribus les plus puissantes d’Angola, les Tchokwés ont créé parmi les plus beaux masques rituels d’Afrique. Sculptés dans le bois ou confectionnés avec des écorces sur des structures en osier, ils sont utilisés lors de cérémonies initiatiques et, parfois, pour des spectacles impressionnants. Photo : Volkmar K. wentzel, Angola, 1960

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un étrange spectacle dans une pirogue mexicaine…Deux jaguars captifs allongés au milieu de l’embarcation accueillent le photographe en feulant, à moins qu’ils ne bâillent ? Photo : Steve winter, Mexique, 2000

une canne sur une épaule, un arc de chasse sur l’autre, un Bochiman observe des parents en train de franchir des dunes près du parc national Kalahari Gemsbok. Bien que leurs ancêtres aient chassé dans ces déserts pendant des milliers d’années, les Bochimans, ou San, ont dû lutter pour pouvoir continuer d’accéder à ce sanctuaire créé en 1931 pour protéger les troupeaux migratoires d’oryx et d’autres herbivores, ainsi qu’au Gemsbok National Park qui le jouxte de l’autre côté de la frontière avec le Botswana. Photo : Chris johns, Afrique du Sud, 1995

un Tchokwé masqué pose devant un arbre fétiche orné de crânes, de cornes et d’os d’animaux.Autrefois l’une des tribus les plus puissantes d’Angola, les Tchokwés ont créé parmi les plus beaux masques rituels d’Afrique. Sculptés dans le bois ou confectionnés avec des écorces sur des structures en osier, ils sont utilisés lors de cérémonies initiatiques et, parfois, pour des spectacles impressionnants. Photo : Volkmar K. wentzel, Angola, 1960

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Long de 15 cm, ce dragon de mer feuillu peut jouer les terreurs devant les minuscules crustacés, mais l’évolution lui a joué un mauvais tour…Rusée, sa femelle a déposé entre 100 et 250 œufs sous sa queue avant de disparaître dans les algues, le laissant les féconder puis protéger la petite masse rose pendant trois à cinq semaines jusqu’à leur éclosion. Photo : Paul A. zahl, Australie, 1977 Ph

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Long de 15 cm, ce dragon de mer feuillu peut jouer les terreurs devant les minuscules crustacés, mais l’évolution lui a joué un mauvais tour…Rusée, sa femelle a déposé entre 100 et 250 œufs sous sa queue avant de disparaître dans les algues, le laissant les féconder puis protéger la petite masse rose pendant trois à cinq semaines jusqu’à leur éclosion. Photo : Paul A. zahl, Australie, 1977 Ph

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un escalier de Hong Kong fourmille d’activité.Vue depuis le port, la ville se dresse si abruptement vers le pic Victoria perdu dans la brume que les bâtiments semblent perchés les uns sur les autres. Les artères principales de la colonie britannique sont horizontales, reliées entre elles par des ruelles transversales raides comme des échelles. Certaines sont tellement escarpées qu’elles se transforment en escaliers et ne peuvent être empruntées qu’à pied ou en chaise à porteurs. Photo : w. Robert Moore, Hong Kong, 1931

Nous adressant un regard tragique à travers son voile, l’actrice italienne Benedetta Buccellato s’apprête à monter sur une scène sicilienne pour interpréter son rôle dans Prométhée enchaîné d’Eschyle. Photo : william Albert Allard, Italie, 1995

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Nous adressant un regard tragique à travers son voile, l’actrice italienne Benedetta Buccellato s’apprête à monter sur une scène sicilienne pour interpréter son rôle dans Prométhée enchaîné d’Eschyle. Photo : william Albert Allard, Italie, 1995

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Des Kenyans avancent péniblement sur une route sous un nuage de criquets pèlerins. Nés dans les vastes déserts du nord, ces insectes forment périodiquement des essaims ravageurs, dévorant les récoltes, les herbages et les forêts, formant parfois des couches si épaisses sur les chaussées que les voitures dérapent. Lors d’une invasion en 1954, un essaim comptant environ 50 milliards d’individus recouvrit 200 km2 de campagne kenyane. Photo : Gervais Huxley, Kenya, années 1940

une jolie chevrière joue une mélodie à la flûte dans le désert du Sinaï. Ce no man’s land aride et sauvage (occupé à l’époque par Israël à la suite de la guerre des Six Jours) est revendiqué par l’égypte depuis des millénaires mais, en réalité, c’est surtout la terre de tribus nomades bédouines. Photo : David Doubilet, Égypte, 1981

une flamme éternelle brûle au cœur du monument Al-Shaheedou Monument du martyr, dont le dôme fendu commémore ostensiblement la victoire des Arabes sur les Perses à Cadésie (al-Qadisiyya) en 637. Saddam Hussein invoqua longuement cette bataille en 1980 avant d’envahir l’Iran. Lorsque, huit ans plus tard, avec l’aide de l’Occident, des états du Golfe et des armes chimiques, il mit un terme à la guerre Iran-Irak (1980–1988), le monument devint également celui du demi-million d’Irakiens tués pendant le conflit (le million de morts iraniens ne comptant pas). Tout cela en vain : pas un centimètre de territoire ne fut conquis. Photo : Steve McCurry, Irak, 1984

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Des Kenyans avancent péniblement sur une route sous un nuage de criquets pèlerins. Nés dans les vastes déserts du nord, ces insectes forment périodiquement des essaims ravageurs, dévorant les récoltes, les herbages et les forêts, formant parfois des couches si épaisses sur les chaussées que les voitures dérapent. Lors d’une invasion en 1954, un essaim comptant environ 50 milliards d’individus recouvrit 200 km2 de campagne kenyane. Photo : Gervais Huxley, Kenya, années 1940

une jolie chevrière joue une mélodie à la flûte dans le désert du Sinaï. Ce no man’s land aride et sauvage (occupé à l’époque par Israël à la suite de la guerre des Six Jours) est revendiqué par l’égypte depuis des millénaires mais, en réalité, c’est surtout la terre de tribus nomades bédouines. Photo : David Doubilet, Égypte, 1981

une flamme éternelle brûle au cœur du monument Al-Shaheedou Monument du martyr, dont le dôme fendu commémore ostensiblement la victoire des Arabes sur les Perses à Cadésie (al-Qadisiyya) en 637. Saddam Hussein invoqua longuement cette bataille en 1980 avant d’envahir l’Iran. Lorsque, huit ans plus tard, avec l’aide de l’Occident, des états du Golfe et des armes chimiques, il mit un terme à la guerre Iran-Irak (1980–1988), le monument devint également celui du demi-million d’Irakiens tués pendant le conflit (le million de morts iraniens ne comptant pas). Tout cela en vain : pas un centimètre de territoire ne fut conquis. Photo : Steve McCurry, Irak, 1984

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En posant son trépied sur une corniche du « Point de vue » de Toroweap, le photographe Michael Nichols s’apprête à photographier le Grand Canyon. Son défi est de fixer sur la pellicule quelque chose d’aussi célèbre et archiconnu que le Grand Canyon, mais avec un œil neuf, et de « se battre avec les clichés jusqu’à saisir l’instant magique », comme il l’expliquera. « C’est un exercice terriblement difficile sur le plan technique, mais je ne tiens pas à ce que la difficulté technique transparaisse sur les photos. Elles sont censées être spirituelles. »Photo : john Burcham, Arizona, 2005

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Le tour du monde en 125 ansdepuis cinq générations, le magazine National Geographic fascine ses lecteurs avec ses photos, ses illustrations et ses reportages aux quatre coins de la planète. mêlant tour à tour le voyage, la science, l’histoire, la culture, la faune et la préservation de l’environnement, le magazine pionnier de la National geographic Society a fait naître chez des millions de lecteurs des envies de voyage et de découverte de notre planète.

à l’occasion de son 125e anniversaire, National Geographic a accordé à TASCHEN un accès illimité à ses archives pour voir naître un ouvrage en trois volumes retraçant en images plus d’un siècle de photoreportage. Notre voyage transcontinental commence ainsi sur le continent américain et en Antarctique (vol. 1), traverse l’Atlantique pour jeter l’ancre en Europe et en Afrique (vol. 2) et termine son périple dans l’océan indien et en océanie (vol. 3). 

depuis les clichés en noir et blanc jusqu’à l’ère du numérique en passant par l’âge d’or du kodachrome, la collection montre l’inven-tion de l’esthétique du photoreportage par le magazine National Geographic, avec des maîtres et des pionniers du genre comme Frans Lanting et Steve mcCurry. Au fil des pages, le lecteur suit l’évolution du magazine, depuis sa vision idyllique du monde – avec ses sujets posant tout sourire devant l’objectif – jusqu’aux témoignages poignants sur fond de tourmentes politiques, de problématiques sociales et de menaces environnementales.

Ce coffret de trois volumes est un investissement culturel à préserver, à partager et à transmettre aux générations futures.

édition limitée de 125 000 exemplaires, traduite en un grand nombre de langues.pour en savoir plus sur l’édition spéciale accompagnée d’un tirage original, rendez-vous sur www.taschen.com

National Geographic. Le tour du monde en 125 ansReuel Golden (Éd.)3 vol. dans des coffrets individuels convertibles en lutrins, 1 468 p.€ 399 / CAD 525

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En posant son trépied sur une corniche du « Point de vue » de Toroweap, le photographe Michael Nichols s’apprête à photographier le Grand Canyon. Son défi est de fixer sur la pellicule quelque chose d’aussi célèbre et archiconnu que le Grand Canyon, mais avec un œil neuf, et de « se battre avec les clichés jusqu’à saisir l’instant magique », comme il l’expliquera. « C’est un exercice terriblement difficile sur le plan technique, mais je ne tiens pas à ce que la difficulté technique transparaisse sur les photos. Elles sont censées être spirituelles. »Photo : john Burcham, Arizona, 2005

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Le tour du monde en 125 ansdepuis cinq générations, le magazine National Geographic fascine ses lecteurs avec ses photos, ses illustrations et ses reportages aux quatre coins de la planète. mêlant tour à tour le voyage, la science, l’histoire, la culture, la faune et la préservation de l’environnement, le magazine pionnier de la National geographic Society a fait naître chez des millions de lecteurs des envies de voyage et de découverte de notre planète.

à l’occasion de son 125e anniversaire, National Geographic a accordé à TASCHEN un accès illimité à ses archives pour voir naître un ouvrage en trois volumes retraçant en images plus d’un siècle de photoreportage. Notre voyage transcontinental commence ainsi sur le continent américain et en Antarctique (vol. 1), traverse l’Atlantique pour jeter l’ancre en Europe et en Afrique (vol. 2) et termine son périple dans l’océan indien et en océanie (vol. 3). 

depuis les clichés en noir et blanc jusqu’à l’ère du numérique en passant par l’âge d’or du kodachrome, la collection montre l’inven-tion de l’esthétique du photoreportage par le magazine National Geographic, avec des maîtres et des pionniers du genre comme Frans Lanting et Steve mcCurry. Au fil des pages, le lecteur suit l’évolution du magazine, depuis sa vision idyllique du monde – avec ses sujets posant tout sourire devant l’objectif – jusqu’aux témoignages poignants sur fond de tourmentes politiques, de problématiques sociales et de menaces environnementales.

Ce coffret de trois volumes est un investissement culturel à préserver, à partager et à transmettre aux générations futures.

édition limitée de 125 000 exemplaires, traduite en un grand nombre de langues.pour en savoir plus sur l’édition spéciale accompagnée d’un tirage original, rendez-vous sur www.taschen.com

National Geographic. Le tour du monde en 125 ansReuel Golden (Éd.)3 vol. dans des coffrets individuels convertibles en lutrins, 1 468 p.€ 399 / CAD 525

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UNE groTTE EN boiS CommE poSTE d’obSErvATioNun refuge « organique » chez les derniers caribous sauvages d’Europe

«  Le bâtiment incarne l’essence même du concept de refuge. »— Snøhetta

wILD REINDEER CENTER, NORVÈGESNØHETTALe pavillon est situé à proximité du Parc national de Dovrefjell, à une altitude de 1 220 m. Il est ouvert au public toute l’année pour l’observation des rennes. La structure a été conçue avec une « coque extérieure rigide et un noyau intérieur organique ». En raison de la rudesse du climat, l’accent a été mis sur la qualité et la durabilité des matériaux. Les formes « organiques» en bois, réalisées en poutrelles de pin de 25 cm2, ont été créées au moyen de modèles numériques 3D. Pour les architectes, « le bâtiment incarne l’essence même du concept de refuge. La grotte en bois et les bancs qui y sont creusés constituent une interprétation toute en douceur de l’intimité qui s’instaure entre l’Homme et la nature ».

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UNE groTTE EN boiS CommE poSTE d’obSErvATioNun refuge « organique » chez les derniers caribous sauvages d’Europe

«  Le bâtiment incarne l’essence même du concept de refuge. »— Snøhetta

wILD REINDEER CENTER, NORVÈGESNØHETTALe pavillon est situé à proximité du Parc national de Dovrefjell, à une altitude de 1 220 m. Il est ouvert au public toute l’année pour l’observation des rennes. La structure a été conçue avec une « coque extérieure rigide et un noyau intérieur organique ». En raison de la rudesse du climat, l’accent a été mis sur la qualité et la durabilité des matériaux. Les formes « organiques» en bois, réalisées en poutrelles de pin de 25 cm2, ont été créées au moyen de modèles numériques 3D. Pour les architectes, « le bâtiment incarne l’essence même du concept de refuge. La grotte en bois et les bancs qui y sont creusés constituent une interprétation toute en douceur de l’intimité qui s’instaure entre l’Homme et la nature ».

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«  J’ai ressenti le besoin de faire naître une prise de conscience de l’espace environnant. »— Go Hasegawa

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n MAISON à KOMAzAwA, jAPONGO HASEGAwALa maison en bois répartie sur deux niveaux possède un mur extérieur en eucalyptus et un toit à deux pentes caractéristique des constructions voisines. Le plancher à lattes crée un lien surprenant entre les deux niveaux. « J’ai ressenti le besoin d’y faire naître une prise de conscience de l’espace environnant », affirme Hasegawa.

BIBLIOTHÈquE DE yuAN, CHINELI xIAODONG« Nous ne pouvons concurrencer la splendeur de la nature », dit Li Xiaodong à propos de la bibliothèque située dans un village à deux heures de route du centre de Pékin. En quête d’une struc-ture discrète diffusant une ambiance « expressive », l’architecte a utilisé du bois local et joué sur les niveaux et les espaces intérieurs inondés de lumière.

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«  J’ai ressenti le besoin de faire naître une prise de conscience de l’espace environnant. »— Go Hasegawa

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n MAISON à KOMAzAwA, jAPONGO HASEGAwALa maison en bois répartie sur deux niveaux possède un mur extérieur en eucalyptus et un toit à deux pentes caractéristique des constructions voisines. Le plancher à lattes crée un lien surprenant entre les deux niveaux. « J’ai ressenti le besoin d’y faire naître une prise de conscience de l’espace environnant », affirme Hasegawa.

BIBLIOTHÈquE DE yuAN, CHINELI xIAODONG« Nous ne pouvons concurrencer la splendeur de la nature », dit Li Xiaodong à propos de la bibliothèque située dans un village à deux heures de route du centre de Pékin. En quête d’une struc-ture discrète diffusant une ambiance « expressive », l’architecte a utilisé du bois local et joué sur les niveaux et les espaces intérieurs inondés de lumière.

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Wood Architecture Now! 2Plus de 50 habitations en bois innovantesPhilip jodidio, 416 p.€ 39,99 / CAD 64,99

CASA INGRID, CHILIwMRBalayé par les vents, ce refuge sophistiqué sur une falaise de la côte offre une vue à 360° avec des terrasses abritées conçues pour profiter des différents moments de la journée. À l’exception des châssis de fenêtres en métal et du large vitrage, la maison est construite essentiellement en bois. Elle intègre des éléments d’une grande élégance tels que cet escalier qui semble flotter à travers l’espace salle à manger.

«  La Casa ingrid n’est guère plus qu’un refuge sophistiqué sur une falaise de la côte avec une vue à 360°. » — Philip Jodidio

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SWING IN THE CITYGrands orchestres et grosses pointures de la scène jazz new-yorkaise des années 1920

«  Aucun livre sur le Jazz ne peut égaler celui-ci. Un délice pour les yeux et les oreilles. »— Roger Willemsen, Allemagne

Jazz dans le New York des Années folles Robert Nippoldt, 144 p. € 39,99 / CAD 59,99

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Wood Architecture Now! 2Plus de 50 habitations en bois innovantesPhilip jodidio, 416 p.€ 39,99 / CAD 64,99

CASA INGRID, CHILIwMRBalayé par les vents, ce refuge sophistiqué sur une falaise de la côte offre une vue à 360° avec des terrasses abritées conçues pour profiter des différents moments de la journée. À l’exception des châssis de fenêtres en métal et du large vitrage, la maison est construite essentiellement en bois. Elle intègre des éléments d’une grande élégance tels que cet escalier qui semble flotter à travers l’espace salle à manger.

«  La Casa ingrid n’est guère plus qu’un refuge sophistiqué sur une falaise de la côte avec une vue à 360°. » — Philip Jodidio

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SWING IN THE CITYGrands orchestres et grosses pointures de la scène jazz new-yorkaise des années 1920

«  Aucun livre sur le Jazz ne peut égaler celui-ci. Un délice pour les yeux et les oreilles. »— Roger Willemsen, Allemagne

Jazz dans le New York des Années folles Robert Nippoldt, 144 p. € 39,99 / CAD 59,99

Page 84: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

— 83 —— 82 —

Cuisine de pro, festin de roiquand l’art culinaire s’invite à vos fourneaux Modernist Cuisine at Home

Pour tous les professionnels et les passionnés de cuisine, carnet de recettes inclus, 676 p.€ 99,99 / CAD 170

Modernist Cuisine « L’ouvrage le plus important dans le domaine des arts culinaires depuis Escoffier » (Tim zagat)6 vol., 2 478 p.€ 399 / CAD 650

NOuVEAu

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Cuisine de pro, festin de roiquand l’art culinaire s’invite à vos fourneaux Modernist Cuisine at Home

Pour tous les professionnels et les passionnés de cuisine, carnet de recettes inclus, 676 p.€ 99,99 / CAD 170

Modernist Cuisine « L’ouvrage le plus important dans le domaine des arts culinaires depuis Escoffier » (Tim zagat)6 vol., 2 478 p.€ 399 / CAD 650

NOuVEAu

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mAiSoN d’ArT ET d’ESSAiL’habitat créatif dans le monde

SHELTER ISLAND, ÉTAT DE NEw yORKjONATHAN ADLER &SIMON DOONANquI ? Basé à New York, Adler (ci-dessous, à gauche), gourou du mobilier, des acces-soires de maison et de la décoration, a com-mencé comme potier. Ambassadeur créatif hors pair des grands magasins new-yorkais Barneys, il est égale-ment l’au-teur de plusieurs livres sur l’art de vivre. quOI ? Une maison récente de 307 m2 avec trois chambres à coucher. OÙ ? Sur la côte atlan-tique de Shelter Island. COLLABORATEuRS Le couple a travaillé avec le cabinet Gray Organschi Architecture, basé dans le Connecticut (« des âmes sœurs ») et Carlos Routh, entrepreneur dans les Hamptons (« enthousiaste, intelligent, patient »). HONNEuRS En 2009, Doonan a été invité par le président Obama et la First Lady à déco-rer la Maison-Blanche pour les fêtes. STARS

DE LA TÉLÉ Adler fut juré dans l’émission Top Design de la chaîne Bravo. Les mémoires de Doonan, Beautiful People, ont été adaptés pour la télé par la BBC. TOuTOu Le couple (qui s’est marié en Californie en 2008) n’a pas baptisé son fringant Norwich Terrier « Liberace » innocemment : « Il est impor-tant d’entretenir le souvenir des boute-en-train excentriques », confie Adler. (Photographie : Powers / production : Dominic Bradbury)

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mAiSoN d’ArT ET d’ESSAiL’habitat créatif dans le monde

SHELTER ISLAND, ÉTAT DE NEw yORKjONATHAN ADLER &SIMON DOONANquI ? Basé à New York, Adler (ci-dessous, à gauche), gourou du mobilier, des acces-soires de maison et de la décoration, a com-mencé comme potier. Ambassadeur créatif hors pair des grands magasins new-yorkais Barneys, il est égale-ment l’au-teur de plusieurs livres sur l’art de vivre. quOI ? Une maison récente de 307 m2 avec trois chambres à coucher. OÙ ? Sur la côte atlan-tique de Shelter Island. COLLABORATEuRS Le couple a travaillé avec le cabinet Gray Organschi Architecture, basé dans le Connecticut (« des âmes sœurs ») et Carlos Routh, entrepreneur dans les Hamptons (« enthousiaste, intelligent, patient »). HONNEuRS En 2009, Doonan a été invité par le président Obama et la First Lady à déco-rer la Maison-Blanche pour les fêtes. STARS

DE LA TÉLÉ Adler fut juré dans l’émission Top Design de la chaîne Bravo. Les mémoires de Doonan, Beautiful People, ont été adaptés pour la télé par la BBC. TOuTOu Le couple (qui s’est marié en Californie en 2008) n’a pas baptisé son fringant Norwich Terrier « Liberace » innocemment : « Il est impor-tant d’entretenir le souvenir des boute-en-train excentriques », confie Adler. (Photographie : Powers / production : Dominic Bradbury)

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BERLINMICHAEL FuCHSquI ? Un marchand d’art. quOI ? Un appartement de 450 m2 avec deux chambres. OÙ ? Au dernier étage de l’Ehemalige Jüdische Mädchenschule (ancienne école juive de filles), construite par l’architecte Alexander Beer en 1927–1928 sur l’Auguststraße, dans le quar-tier de Berlin-Mitte. Fuchs a restauré le bâtiment en briques rouges avec Grüntuch Ernst Architekten. RESTAuRANT L’ancien gymnase accueille l’élégant restaurant-bar Pauly Saal. Au rez-de-chaussée se trouve également le Mogg & Melzer Delicatessen. VIVRE Au-DESSuS DE LA

BOuTIquE Dans sa galerie au 4e étage, Fuchs expose, entre autres, Howard Hodgkin, Frank Stella et Bernar Venet. Le bâtiment accueille également le Museum The Kennedys, la CWC Gallery et Eigen + Art Lab. RENCONTRE DESIGN LA PLuS MÉMORABLE « Autour d’une bou-teille de vin avec Verner Panton dans son salon à Bâle qui ressemblait à un vaisseau spa-tial. » ROI DE LA PÉDALE Juste après avoir emménagé, Fuchs a fait de la bicyclette dans son couloir long de 40 m. « J’avais l’impression d’avoir huit ou neuf ans et de faire quelque chose en cachette de mes parents », raconte-t-il en riant. (Photographie : Hiepler, Brunier / stylisme : Stephan Meyer)

PARISBERNHARD wILLHELMquI ? Le styliste allemand Bernhard Willhelm. quOI ? Un studio de 40m2 avec une terrasse de la même taille dans un immeuble de 1972. OÙ ? Dans le 11e arrondis-sement, près de l’église Saint-Ambroise. CONCEPT « “Meine Welt”– mon monde comme volonté et représentation, pour citer Schopenhauer », résume Willhelm. SES COMPLICES Efe Erenler, un décorateur basé à Berlin, un ancien de chez Erenler Bauer, qui contracta très tôt le virus de la construction. « Mon père me dit : “Efe, à trois ans, tu tentais déjà de me prendre la perceuse des mains.” » Caspar Muschalek, architecte à Paris, qui apprécie la nature collaborative du projet. « Notre rôle était de veiller à ce que les nombreuses idées de M. Willhelm prennent forme, se cristallisent puis se concrétisent d’une manière profession-nelle. » Muschalek et Erenler ont également travaillé sur la décoration des boutiques Sessùn de Paris et de Berlin. TOuT A DES

LIMITES Wilhelm proposa de hisser l’énorme dalle en marbre de la salle de bain par héli-coptère. Erenler : « Je lui ai répondu : “Il nous faudrait Daniel Craig comme pilote pour obtenir l’autorisation !” » [rires]. IL FAuT

CuLTIVER SON jARDIN Contre toute attente, l’extravagant Willhelm a créé une délicate roseraie sur sa terrasse avec l’aide d’une amie artiste, Nadine Stich.(Photographie : Jan Bitter / portrait : Juergen Teller)

SÃO PAuLOPAuLO MENDES DA ROCHAquI ? Un des principaux tenants de l’architecture pauliste et le lauréat du prix Pritzker en 2006. quOI ? Une maison de 400 m2 avec quatre chambres, construite en 1969 et restaurée entre 2008 et 2010. OÙ ? Blottie contre une pente escarpée dans le quartier chic et luxuriant de Pacaembu. LE CLIENT Houssein Jarouche, propriétaire du grand magasin de design MiCasa, qui occupe trois bâtiments (dont un commandé au cabinet d’architecture branché Triptych et un autre à Marcio Kogan). FIDÈLE à SES RACINES Pratiquement tous les grands projets de Mendes da Rocha se trouvent à São Paolo, dont le Musée brésilien de la sculpture et la chapelle Saint-Pierre. uNE âME jEuNE « Paulo a 45 ans de plus que moi, mais il est si moderne que j’ai l’impression qu’on a le même âge », déclare Jarouche. MENDES à PROPOS Du STyLE « Tout ce qui est superflu m’irrite. » MENDES à PROPOS DE LA VIE « Se rendre à l’école à pied est la première leçon de civisme. Y conduire ses enfants en voiture est un crime. » (Photographie : Piero Gemelli / stylisme : Beatrice Rossetti / portrait : Mendes da Rocha Jr.)

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BERLINMICHAEL FuCHSquI ? Un marchand d’art. quOI ? Un appartement de 450 m2 avec deux chambres. OÙ ? Au dernier étage de l’Ehemalige Jüdische Mädchenschule (ancienne école juive de filles), construite par l’architecte Alexander Beer en 1927–1928 sur l’Auguststraße, dans le quar-tier de Berlin-Mitte. Fuchs a restauré le bâtiment en briques rouges avec Grüntuch Ernst Architekten. RESTAuRANT L’ancien gymnase accueille l’élégant restaurant-bar Pauly Saal. Au rez-de-chaussée se trouve également le Mogg & Melzer Delicatessen. VIVRE Au-DESSuS DE LA

BOuTIquE Dans sa galerie au 4e étage, Fuchs expose, entre autres, Howard Hodgkin, Frank Stella et Bernar Venet. Le bâtiment accueille également le Museum The Kennedys, la CWC Gallery et Eigen + Art Lab. RENCONTRE DESIGN LA PLuS MÉMORABLE « Autour d’une bou-teille de vin avec Verner Panton dans son salon à Bâle qui ressemblait à un vaisseau spa-tial. » ROI DE LA PÉDALE Juste après avoir emménagé, Fuchs a fait de la bicyclette dans son couloir long de 40 m. « J’avais l’impression d’avoir huit ou neuf ans et de faire quelque chose en cachette de mes parents », raconte-t-il en riant. (Photographie : Hiepler, Brunier / stylisme : Stephan Meyer)

PARISBERNHARD wILLHELMquI ? Le styliste allemand Bernhard Willhelm. quOI ? Un studio de 40m2 avec une terrasse de la même taille dans un immeuble de 1972. OÙ ? Dans le 11e arrondis-sement, près de l’église Saint-Ambroise. CONCEPT « “Meine Welt”– mon monde comme volonté et représentation, pour citer Schopenhauer », résume Willhelm. SES COMPLICES Efe Erenler, un décorateur basé à Berlin, un ancien de chez Erenler Bauer, qui contracta très tôt le virus de la construction. « Mon père me dit : “Efe, à trois ans, tu tentais déjà de me prendre la perceuse des mains.” » Caspar Muschalek, architecte à Paris, qui apprécie la nature collaborative du projet. « Notre rôle était de veiller à ce que les nombreuses idées de M. Willhelm prennent forme, se cristallisent puis se concrétisent d’une manière profession-nelle. » Muschalek et Erenler ont également travaillé sur la décoration des boutiques Sessùn de Paris et de Berlin. TOuT A DES

LIMITES Wilhelm proposa de hisser l’énorme dalle en marbre de la salle de bain par héli-coptère. Erenler : « Je lui ai répondu : “Il nous faudrait Daniel Craig comme pilote pour obtenir l’autorisation !” » [rires]. IL FAuT

CuLTIVER SON jARDIN Contre toute attente, l’extravagant Willhelm a créé une délicate roseraie sur sa terrasse avec l’aide d’une amie artiste, Nadine Stich.(Photographie : Jan Bitter / portrait : Juergen Teller)

SÃO PAuLOPAuLO MENDES DA ROCHAquI ? Un des principaux tenants de l’architecture pauliste et le lauréat du prix Pritzker en 2006. quOI ? Une maison de 400 m2 avec quatre chambres, construite en 1969 et restaurée entre 2008 et 2010. OÙ ? Blottie contre une pente escarpée dans le quartier chic et luxuriant de Pacaembu. LE CLIENT Houssein Jarouche, propriétaire du grand magasin de design MiCasa, qui occupe trois bâtiments (dont un commandé au cabinet d’architecture branché Triptych et un autre à Marcio Kogan). FIDÈLE à SES RACINES Pratiquement tous les grands projets de Mendes da Rocha se trouvent à São Paolo, dont le Musée brésilien de la sculpture et la chapelle Saint-Pierre. uNE âME jEuNE « Paulo a 45 ans de plus que moi, mais il est si moderne que j’ai l’impression qu’on a le même âge », déclare Jarouche. MENDES à PROPOS Du STyLE « Tout ce qui est superflu m’irrite. » MENDES à PROPOS DE LA VIE « Se rendre à l’école à pied est la première leçon de civisme. Y conduire ses enfants en voiture est un crime. » (Photographie : Piero Gemelli / stylisme : Beatrice Rossetti / portrait : Mendes da Rocha Jr.)

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LISBONNEjAVIER CARRASCO GONzALEz & juAN DE MAyORALGOquI ? Deux décorateurs espagnols basés à Lisbonne. quOI ? Baixa House, un bâtiment du 18e siècle rénové par l’architecte lisboète José Adrião et trans-formé en hôtel de 12 appartements avec services faisant entre 55 et 90 m2. OÙ ? Au cœur du vieux quartier de Baixa. CLIENT Jesús Moraime, un paysagiste espagnol et le propriétaire de l’hôtel. FANAS D’ARTISANAT De Mayoralgo, en bas à droite, s’est formé aux techniques traditionnelles de tissage dans une usine de la région d’Alentejo. Son compagnon a perfectionné ses talents de couturier chez un tailleur de Lisbonne. PROjETS ACHEVÉS Des appartements à Madrid et dans les Alpes suisses, une villa sur l’île de La Palma aux Canaries, ainsi que

le restaurant Altair au chic sobre à Mérida, en Espagne. CONSEILS Aux TOuRISTES Pour une première visite à Lisbonne, Carrasco Gonzáles recommande une soirée de

fado dans un cabaret d’Alfama. « Rien n’incarne mieux l’esprit du peuple portugais. » De Mayoralgo conseille « une promenade en bateau sur le Tage pour voir la ville sous un angle tout à fait nouveau ». (Photographie : Ana Paula Carvalho / stylisme et portrait : Maria Ulecia)

NEw yORKDOuG MEyERquI ? Décorateur basé à New York. quOI ? Un duplex de 167m2 loué par la styliste Sylvia Heisel et son mari, le sculpteur Scott Taylor. OÙ ? Dans un immeuble récent à Chelsea. COMPLICES Heisel et Taylor créent des installations néo-dadaïstes, notamment un dédale de grands ballons blancs conduisant à une « chambre nuage » lors d’une exposition en 2012 au Pacific Design Center à West Hollywood. VIE ANTÉRIEuRE Dans les années 1990, Meyer tenait un kiosque à journaux à South Beach (Miami). Gianni Versace venait régulièrement lui acheter son Corriere della Sera. VIE ACTuELLE Avec son frère Gene, Meyer crée également des accessoires de mai-son et de mode. ROI

DE LA POP Dans la plupart de ses autres projets, Meyer privi-légie les couleurs vives. Enfant, il a demandé à sa mère de lui peindre sa chambre en rose. ARTISTE TRANSFORMISTE Il refait chaque année le décor de son appartement new-yorkais. Récemment, il a tapissé ses murs d’un collage de 3 000 feuilles de papier coloré. (Photographie : Mark Roskams / Tripod Agency)

Interiors Now 334 résidences sophistiquées du monde entier, Margit j. Mayer (Éd.), 356 p. € 39,99 / CAD 64,99

LONDRESSALLy MACKERETHquI ? Une associée du cabinet d’architecture londonien Wells Mackereth. quOI ? Une maison de 330 m2 avec une chambre, qui s’étend sur deux bâtiments très diffé-rents, l’un flambant neuf et l’autre qui fut sans doute une remise à l’époque victorienne. OÙ ? Dans le quartier de Little Venice. CLIENT Fils d’un magnat des télécoms

soudanais, Hosh Ibrahim est un ancien acteur devenu promoteur immobilier et un fou d’architecture contemporaine. Toujours tiré à quatre épingles, il paya un jour une petite fortune lors d’une vente de charité pour embrasser Kate Moss. INSPIRATION MODERNISTE Mackereth admire les constructions audacieuses de l’architecte John Lautner qu’elle a rencontré en Californie lorsqu’elle était étudiante. ADMIRATEuR MINIMALISTE John Pawson a qualifié la maison de Little Venice de « magique et inventive ». FIDÈLE à SES PRINCIPES Wells Mackereth cherche « à créer des espaces inspirants qui stimulent et donnent de la force ». Mackereth et son mari ont ainsi converti un phare à Norfolk en leur résidence secondaire.(Photographie : Simon Upton ©The World of Interiors / portrait : Simon Bevan) Bevan)

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LISBONNEjAVIER CARRASCO GONzALEz & juAN DE MAyORALGOquI ? Deux décorateurs espagnols basés à Lisbonne. quOI ? Baixa House, un bâtiment du 18e siècle rénové par l’architecte lisboète José Adrião et trans-formé en hôtel de 12 appartements avec services faisant entre 55 et 90 m2. OÙ ? Au cœur du vieux quartier de Baixa. CLIENT Jesús Moraime, un paysagiste espagnol et le propriétaire de l’hôtel. FANAS D’ARTISANAT De Mayoralgo, en bas à droite, s’est formé aux techniques traditionnelles de tissage dans une usine de la région d’Alentejo. Son compagnon a perfectionné ses talents de couturier chez un tailleur de Lisbonne. PROjETS ACHEVÉS Des appartements à Madrid et dans les Alpes suisses, une villa sur l’île de La Palma aux Canaries, ainsi que

le restaurant Altair au chic sobre à Mérida, en Espagne. CONSEILS Aux TOuRISTES Pour une première visite à Lisbonne, Carrasco Gonzáles recommande une soirée de

fado dans un cabaret d’Alfama. « Rien n’incarne mieux l’esprit du peuple portugais. » De Mayoralgo conseille « une promenade en bateau sur le Tage pour voir la ville sous un angle tout à fait nouveau ». (Photographie : Ana Paula Carvalho / stylisme et portrait : Maria Ulecia)

NEw yORKDOuG MEyERquI ? Décorateur basé à New York. quOI ? Un duplex de 167m2 loué par la styliste Sylvia Heisel et son mari, le sculpteur Scott Taylor. OÙ ? Dans un immeuble récent à Chelsea. COMPLICES Heisel et Taylor créent des installations néo-dadaïstes, notamment un dédale de grands ballons blancs conduisant à une « chambre nuage » lors d’une exposition en 2012 au Pacific Design Center à West Hollywood. VIE ANTÉRIEuRE Dans les années 1990, Meyer tenait un kiosque à journaux à South Beach (Miami). Gianni Versace venait régulièrement lui acheter son Corriere della Sera. VIE ACTuELLE Avec son frère Gene, Meyer crée également des accessoires de mai-son et de mode. ROI

DE LA POP Dans la plupart de ses autres projets, Meyer privi-légie les couleurs vives. Enfant, il a demandé à sa mère de lui peindre sa chambre en rose. ARTISTE TRANSFORMISTE Il refait chaque année le décor de son appartement new-yorkais. Récemment, il a tapissé ses murs d’un collage de 3 000 feuilles de papier coloré. (Photographie : Mark Roskams / Tripod Agency)

Interiors Now 334 résidences sophistiquées du monde entier, Margit j. Mayer (Éd.), 356 p. € 39,99 / CAD 64,99

LONDRESSALLy MACKERETHquI ? Une associée du cabinet d’architecture londonien Wells Mackereth. quOI ? Une maison de 330 m2 avec une chambre, qui s’étend sur deux bâtiments très diffé-rents, l’un flambant neuf et l’autre qui fut sans doute une remise à l’époque victorienne. OÙ ? Dans le quartier de Little Venice. CLIENT Fils d’un magnat des télécoms

soudanais, Hosh Ibrahim est un ancien acteur devenu promoteur immobilier et un fou d’architecture contemporaine. Toujours tiré à quatre épingles, il paya un jour une petite fortune lors d’une vente de charité pour embrasser Kate Moss. INSPIRATION MODERNISTE Mackereth admire les constructions audacieuses de l’architecte John Lautner qu’elle a rencontré en Californie lorsqu’elle était étudiante. ADMIRATEuR MINIMALISTE John Pawson a qualifié la maison de Little Venice de « magique et inventive ». FIDÈLE à SES PRINCIPES Wells Mackereth cherche « à créer des espaces inspirants qui stimulent et donnent de la force ». Mackereth et son mari ont ainsi converti un phare à Norfolk en leur résidence secondaire.(Photographie : Simon Upton ©The World of Interiors / portrait : Simon Bevan) Bevan)

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Une complexe simplicitéHommage au maître portugais Álvaro Siza

«  Ce qui compte, c’est la rencontre entre la géométrie et les éléments naturels, et la transformation du paysage. »— Álvaro Siza

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Álvaro Siza – Complete Works 1952–2013Réalisé en étroite collaboration avec l’architecte Philip jodidio, 500 p. € 99,99 / CAD 170

MAISON à OuDENBuRGBELGIquECe projet portait sur l’extension et la rénovation de bâtiments d’une exploitation agricole existante pour créer une résidence et une galerie d’art. Alvaro Siza a conçu des volumes simples, « sans prétention », en s’inspirant du vocabulaire formel de l’architecture agricole. Une des caractéristiques inhabituelles du projet est le parement de cette nouvelle construction à toiture en plomb avec des bardeaux verticaux en cèdre rouge. Le nombre limité d’ouvertures – fréquent dans son œuvre – évoque également les anciens bâtiments présents sur le site, mais est en fait soigneusement adapté à l’environnement et à l’éclairage naturels, évidemment différents en Belgique et au Portugal.

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Une complexe simplicitéHommage au maître portugais Álvaro Siza

«  Ce qui compte, c’est la rencontre entre la géométrie et les éléments naturels, et la transformation du paysage. »— Álvaro Siza

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Álvaro Siza – Complete Works 1952–2013Réalisé en étroite collaboration avec l’architecte Philip jodidio, 500 p. € 99,99 / CAD 170

MAISON à OuDENBuRGBELGIquECe projet portait sur l’extension et la rénovation de bâtiments d’une exploitation agricole existante pour créer une résidence et une galerie d’art. Alvaro Siza a conçu des volumes simples, « sans prétention », en s’inspirant du vocabulaire formel de l’architecture agricole. Une des caractéristiques inhabituelles du projet est le parement de cette nouvelle construction à toiture en plomb avec des bardeaux verticaux en cèdre rouge. Le nombre limité d’ouvertures – fréquent dans son œuvre – évoque également les anciens bâtiments présents sur le site, mais est en fait soigneusement adapté à l’environnement et à l’éclairage naturels, évidemment différents en Belgique et au Portugal.

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Page 94: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

behind the coverdiscover art through artcurial’s catalogues,

French leading auction house

visit www.artcurial.comemail [email protected]

Je t’aime… moi non plusun album de famille de jane Birkin et Serge Gainsbourgpar le frère de jane, Andrew

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behind the coverdiscover art through artcurial’s catalogues,

French leading auction house

visit www.artcurial.comemail [email protected]

Je t’aime… moi non plusun album de famille de jane Birkin et Serge Gainsbourgpar le frère de jane, Andrew

Page 96: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

Jane & Serge. Un album de Famille Avec affiche, sticker et divers bonus Alison Castle (Éd.), 172 p. € 39,99 / CAD 64,99

Coup de foudreÀ l’instant où Andrew me montra ses photographies de Jane et Serge, ce fut le coup de foudre. Tout le contraire du sentiment de Jane, lorsque, très jeune, elle rencontra Serge : elle le trouva d’abord grossier et même — d’après Andrew — « horrible ». L’Anglaise à l’esprit libre et le sardonique poète-musicien, fumeur invétéré, de 18 ans son aîné, formaient un couple dépa-reillé. Ce fut une histoire d’amour très médiatisée : Jane et Serge partagèrent leur passion avec leurs fans dans des chansons tor-rides, un album-concept et une inépuisable couverture de presse. L’accent de Jane, son innocence, contrastent à merveille avec le personnage ténébreux de Serge : le couple est idolâtré.Toute une mythologie entoure Jane et Serge, mais dans les pho-tographies d’Andrew, elle trans-paraît peu. Ce sont les clichés de sa sœur, de son petit ami fran-çais, de leurs famille et amis, pris par un frère aimant : rien de plus, rien de moins. Jane est jeune fille, jeune femme, puis femme amou-reuse et enfin mère, mais tou-jours Jane. Elle irradie, tout comme la tendresse d’Andrew à son égard. Serge est chaleureux, impulsif et audacieux ; l’affection d’Andrew pour ce dernier est éga-lement manifeste. Le sujet du livre est l’amour. Un amour pré-sent devant l’objectif et dont nous percevons également la source. C’est cela, un album de famille.Alison Castle, Paris, 2013

Page 97: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

Jane & Serge. Un album de Famille Avec affiche, sticker et divers bonus Alison Castle (Éd.), 172 p. € 39,99 / CAD 64,99

Coup de foudreÀ l’instant où Andrew me montra ses photographies de Jane et Serge, ce fut le coup de foudre. Tout le contraire du sentiment de Jane, lorsque, très jeune, elle rencontra Serge : elle le trouva d’abord grossier et même — d’après Andrew — « horrible ». L’Anglaise à l’esprit libre et le sardonique poète-musicien, fumeur invétéré, de 18 ans son aîné, formaient un couple dépa-reillé. Ce fut une histoire d’amour très médiatisée : Jane et Serge partagèrent leur passion avec leurs fans dans des chansons tor-rides, un album-concept et une inépuisable couverture de presse. L’accent de Jane, son innocence, contrastent à merveille avec le personnage ténébreux de Serge : le couple est idolâtré.Toute une mythologie entoure Jane et Serge, mais dans les pho-tographies d’Andrew, elle trans-paraît peu. Ce sont les clichés de sa sœur, de son petit ami fran-çais, de leurs famille et amis, pris par un frère aimant : rien de plus, rien de moins. Jane est jeune fille, jeune femme, puis femme amou-reuse et enfin mère, mais tou-jours Jane. Elle irradie, tout comme la tendresse d’Andrew à son égard. Serge est chaleureux, impulsif et audacieux ; l’affection d’Andrew pour ce dernier est éga-lement manifeste. Le sujet du livre est l’amour. Un amour pré-sent devant l’objectif et dont nous percevons également la source. C’est cela, un album de famille.Alison Castle, Paris, 2013

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«  Si les superhéros existaient, il faudrait qu’ils ressemblent à ceux que j’ai dessinés. » — Neal Adams

Neal Adams est entré dans la légende grâce à une carrière qui a changé la face des comics en accentuant l’influence de l’illustration dynamique et réaliste (par opposition à l’approche qui dominait dans les premiers magazines de bd). Auteur de dessins qui ont radicalement redéfini

Batman, il a insufflé au Chevalier noir le style qui a marqué toute une génération d’artistes et de réalisateurs. En exposant des commentaires sociaux visuellement spectaculaires dans Green Lantern / Green Arrow avec le scénariste denny o’Neil, il a mis son influence, son énergie et son éternel sourire au service des droits des auteurs et des artistes.

paul Levitz a rencontré Neal Adams pour cet entretien exclusif à son atelier de Continuity Associates le 6 janvier 2012. L’atelier Continuity est une véritable mecque du comics, en raison du nombre faramineux de talents qui y ont été décou-verts et formés, des collaborations ami-cales incroyables qu’il a vu naître et, surtout, de son mythique propriétaire, dont l’œuvre a oscillé entre comics, publi-cité et nouveaux médias pour revenir, plus récemment, aux cases qu’il aime tant.

Vous étiez tellement plus jeune que tous les autres quand vous avez débuté chez DC…J’ai l’impression que j’étais beaucoup plus jeune que toute autre personne sur Terre.J’entendais parler de gars comme Joe Kubert qui avaient débuté très tôt, mais

quand je suis arrivé dans le métier, tous ces jeunots étaient devenus adultes. J’ai com-mencé à dessiner des comics et d’autres trucs quand j’avais 18 ans.

Comment était-ce d’entrer dans l’univers des comics en 1960 ?Je suis rentré par la porte de la BD publici-taire parce que celle des comic books était fermée. Si j’ai franchi celle d’Archie [Comics], c’était pour essayer de montrer mon travail à Jack Kirby ou à Joe Simon, qui n’étaient jamais là. Je réalisais des échantillons que je passais déposer, mais je n’arrivais jamais à les voir. J’ai essayé trois fois et au bout du compte, ils m’ont passé

Les superhéros à l’ère spatialeInterview exclusive de Neal Adams par Paul Levitz

Tous les personnages et éléments présentés sont des marques déposées de et par © DC Comics. (s13)

Page ci-contre : Photographie, page intérieure du rapport annuel de National Periodical Publications, 1964. « Dans 48 pays, les enfants les achètent pour quelques pennies, pence, centavos, drachmes, pfennigs, lires, roupies, marks, cruzeiros ou dinars. On voit ici, de gauche à droite, de jeunes lecteurs venus d’Ita-lie, des états-Unis, du Mexique, de Suède, de Grèce et du Liban. » — Jack Liebowitz dans le Message du Président du rapport annuel.Ci-dessous : STRANGE ADVENTURES no 208. « How Many Times Can a Guy Die ? » (« Le sinistre mort-vivant »), Neal Adams, janvier 1968.

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«  Si les superhéros existaient, il faudrait qu’ils ressemblent à ceux que j’ai dessinés. » — Neal Adams

Neal Adams est entré dans la légende grâce à une carrière qui a changé la face des comics en accentuant l’influence de l’illustration dynamique et réaliste (par opposition à l’approche qui dominait dans les premiers magazines de bd). Auteur de dessins qui ont radicalement redéfini

Batman, il a insufflé au Chevalier noir le style qui a marqué toute une génération d’artistes et de réalisateurs. En exposant des commentaires sociaux visuellement spectaculaires dans Green Lantern / Green Arrow avec le scénariste denny o’Neil, il a mis son influence, son énergie et son éternel sourire au service des droits des auteurs et des artistes.

paul Levitz a rencontré Neal Adams pour cet entretien exclusif à son atelier de Continuity Associates le 6 janvier 2012. L’atelier Continuity est une véritable mecque du comics, en raison du nombre faramineux de talents qui y ont été décou-verts et formés, des collaborations ami-cales incroyables qu’il a vu naître et, surtout, de son mythique propriétaire, dont l’œuvre a oscillé entre comics, publi-cité et nouveaux médias pour revenir, plus récemment, aux cases qu’il aime tant.

Vous étiez tellement plus jeune que tous les autres quand vous avez débuté chez DC…J’ai l’impression que j’étais beaucoup plus jeune que toute autre personne sur Terre.J’entendais parler de gars comme Joe Kubert qui avaient débuté très tôt, mais

quand je suis arrivé dans le métier, tous ces jeunots étaient devenus adultes. J’ai com-mencé à dessiner des comics et d’autres trucs quand j’avais 18 ans.

Comment était-ce d’entrer dans l’univers des comics en 1960 ?Je suis rentré par la porte de la BD publici-taire parce que celle des comic books était fermée. Si j’ai franchi celle d’Archie [Comics], c’était pour essayer de montrer mon travail à Jack Kirby ou à Joe Simon, qui n’étaient jamais là. Je réalisais des échantillons que je passais déposer, mais je n’arrivais jamais à les voir. J’ai essayé trois fois et au bout du compte, ils m’ont passé

Les superhéros à l’ère spatialeInterview exclusive de Neal Adams par Paul Levitz

Tous les personnages et éléments présentés sont des marques déposées de et par © DC Comics. (s13)

Page ci-contre : Photographie, page intérieure du rapport annuel de National Periodical Publications, 1964. « Dans 48 pays, les enfants les achètent pour quelques pennies, pence, centavos, drachmes, pfennigs, lires, roupies, marks, cruzeiros ou dinars. On voit ici, de gauche à droite, de jeunes lecteurs venus d’Ita-lie, des états-Unis, du Mexique, de Suède, de Grèce et du Liban. » — Jack Liebowitz dans le Message du Président du rapport annuel.Ci-dessous : STRANGE ADVENTURES no 208. « How Many Times Can a Guy Die ? » (« Le sinistre mort-vivant »), Neal Adams, janvier 1968.

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Joe au téléphone. Il m’a dit : « Gamin, j’ai vu ton travail. C’est bon. Il faut que je te dise : je pourrais te faire bosser, mais je vais te rendre le plus grand service qu’on t’ait jamais rendu, même si tu ne le prends pas comme un service pour l’instant, et te conseiller de trouver un boulot dans la pub.

Tu me remercieras plus tard […].  » J’ai répondu : « Merci, M. Simon », et j’ai raccroché. Victor Gorelick était avec moi. Il a lu le désespoir dans mes yeux et a dit : « Peut-être qu’Archie Comics pourrait

t’intéresser ? » J’ai dit : « Oui, je ferai n’im-porte quoi. » Voilà comment j’ai commencé à écrire et dessiner des Archie Comics. Je réalisais des BD commerciales pour Johnstone & Cushing, et des story-boards […]. Je me suis aussi chargé de la série Ben Casey pendant trois ans et demi. Puis j’ai envisagé de tenter ma chance chez DC Comics, mais l’idée d’être assis dans un bureau à dessiner des mecs en collants me répugnait.

Si ce n’était pas chez DC, alors où ? Je suis allé chez Warren, sur le conseil d’Archie Goodwin, un type adorable. Je me suis tellement investi dans le travail pour Warren… Si vous regardez mes dessins pour lui, chacun est réalisé dans une technique et un style différents. En les examinant de près, vous verrez qu’ils prennent une direction radicalement différente […]. C’est très exci-tant de pouvoir vivre ça, mais ce n’est pas le meilleur moyen de gagner sa vie.

Mais vous n’êtes pas resté longtemps chez Warren… Qu’avez-vous fait ensuite ?Je suis allé voir un certain Kanigher [chez DC], et j’ai commencé à travailler sur des histoires de guerre, ce qui m’avait tou-jours plu. Quand j’étais adolescent, les meil-leures plumes du métier étaient Russ Heath, Joe Kubert et Mort Drucker, qui ont tous signé des histoires de guerre incroyables. Là, j’avais l’opportunité de combiner tous ces styles dans des histoires de guerre. Il se trouve qu’en face du bureau de Kanigher, il y avait celui de Julie Schwartz. Le truculent, le teigneux, l’acariâtre Julie Schwartz… Je ne sais pas si c’est par esprit de contradic-tion, mais il m’a proposé une histoire de l’Homme élastique. Une aventure de super-héros. Personne n’en voulait. C’était très ris-qué, mais Marvel commençait tout juste à marcher. Il y avait cette idée dans l’air que DC devait réagir, mais personne ne franchis-sait le pas. Julie a été le premier à le faire en me laissant réaliser une histoire de l’Homme élastique […].

Et ensuite, il y a eu Deadman…Le truc avec Deadman, c’est que la série a été démarrée par Arnold Drake. Arnold n’était

« Carmine – culotté, mais si ample. J’ai dit ample ? Ses ambiances vous poursui-vaient à jamais. Totalement incorrectes, évidemment, mais somptueuses. ça cla-quait comme un art à part. » — Neal Adams

Ci-contre : STRANGE ADVENTURES no 207.Illustration de couverture, Neal Adams, décembre 1967. Page ci-contre : Photo de plateau, Sammy Davis Jr. avec Burt Ward et Adam West sur le tournage de Batman, 1966.

Ci-dessus : Illustration de couverture, Neal Adams, décembre 1967. Le talent d’Adams pour le portrait ressemblant s’illustre à merveille sur cette une de ces Strange Adventures, où on retrouve les visages de ses collaborateurs de chez DC, parmi lesquels Joe Letterese (1), Jay Scott Pike (2), Ira Schnapp (3), Jerry Serpe (4), Jack Miller (5), Jack Adler (6) et Ed Eisenberg (10). D’autres sont dessinés à la manière de Lee Elias (7), ou présentent les traits de personnages ulté-rieurs, comme Rā’s al Ghūl, l’ennemi de Batman (8). D’après Adams, on y trouve même Dieu (9).

pas toujours dans les bonnes grâces de DC… Il voulait créer un syndicat dans la boîte... Si j’avais été au courant, s’ils étaient venus me voir, j’aurais sans doute résolu le problème, parce que je suis assez doué pour ces trucs. Je suis très apolitique, de façon politique. Je me montre amical, diplomate […].

Vous avez repris en main Deadman quand Carmine Infantino est passé à la direction artistique et a effectué des changements dans la boîte. Deadman, plus encore que le Spectre, a été un carnet d’expérimentation visuelle, qui enfreignait toutes les règles qui avaient régi DC jusqu’alors, notam-ment en composant les pages et les tableaux de manières nouvelles.Prises séparément, ces innovations sont intéressantes, mais dans Deadman, elles se sont combinées au service d’une histoire ; des histoires individuelles qui se suffisaient

à  elles-mêmes et s’enchaînaient, dans les-quelles le lecteur pouvait plonger. Les épi-sodes étaient des vrais romans graphiques, un format long qui était rare dans les comics à cette époque.

Ils m’ont laissé utiliser une pièce du haut, dans laquelle j’ai installé un projec-teur. Les gens entraient, passaient devant ma porte ouverte, et je les confiais à diffé-rents éditeurs. « Julie, voici Bernie Wrightson ; c’est un bon illustrateur, tu devrais l’utiliser quelque part. » — « J’ai tout ce qu’il me faut. » Ensuite Joe Orlando a été embauché, et je lui ai présenté Bernie.

Une partie de ce qui se jouait à ce moment-là, comme vous l’expliquiez à propos de Dick et Joe, c’est que DC, qui était une mai-son gérée par les auteurs et les commer-ciaux, est devenue une maison principale-ment dirigée par des illustrateurs… De

Carmine Infantino à Orlando, en passant par Kubert et Dick.Je ne considère pas Julie comme un auteur, mais plutôt comme un éditeur. Quand Dick est arrivé de Charlton au poste d’éditeur, il était aussi illustrateur […]. Chez Charlton, il contrôlait toute l’entreprise. Quand Carmine a fait venir Joe Orlando, j’ai juste vu ça comme un Italien qui embauche un Italien, et après quelques conver-sations avec Joe, j’ai compris que son esprit était

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Joe au téléphone. Il m’a dit : « Gamin, j’ai vu ton travail. C’est bon. Il faut que je te dise : je pourrais te faire bosser, mais je vais te rendre le plus grand service qu’on t’ait jamais rendu, même si tu ne le prends pas comme un service pour l’instant, et te conseiller de trouver un boulot dans la pub.

Tu me remercieras plus tard […].  » J’ai répondu : « Merci, M. Simon », et j’ai raccroché. Victor Gorelick était avec moi. Il a lu le désespoir dans mes yeux et a dit : « Peut-être qu’Archie Comics pourrait

t’intéresser ? » J’ai dit : « Oui, je ferai n’im-porte quoi. » Voilà comment j’ai commencé à écrire et dessiner des Archie Comics. Je réalisais des BD commerciales pour Johnstone & Cushing, et des story-boards […]. Je me suis aussi chargé de la série Ben Casey pendant trois ans et demi. Puis j’ai envisagé de tenter ma chance chez DC Comics, mais l’idée d’être assis dans un bureau à dessiner des mecs en collants me répugnait.

Si ce n’était pas chez DC, alors où ? Je suis allé chez Warren, sur le conseil d’Archie Goodwin, un type adorable. Je me suis tellement investi dans le travail pour Warren… Si vous regardez mes dessins pour lui, chacun est réalisé dans une technique et un style différents. En les examinant de près, vous verrez qu’ils prennent une direction radicalement différente […]. C’est très exci-tant de pouvoir vivre ça, mais ce n’est pas le meilleur moyen de gagner sa vie.

Mais vous n’êtes pas resté longtemps chez Warren… Qu’avez-vous fait ensuite ?Je suis allé voir un certain Kanigher [chez DC], et j’ai commencé à travailler sur des histoires de guerre, ce qui m’avait tou-jours plu. Quand j’étais adolescent, les meil-leures plumes du métier étaient Russ Heath, Joe Kubert et Mort Drucker, qui ont tous signé des histoires de guerre incroyables. Là, j’avais l’opportunité de combiner tous ces styles dans des histoires de guerre. Il se trouve qu’en face du bureau de Kanigher, il y avait celui de Julie Schwartz. Le truculent, le teigneux, l’acariâtre Julie Schwartz… Je ne sais pas si c’est par esprit de contradic-tion, mais il m’a proposé une histoire de l’Homme élastique. Une aventure de super-héros. Personne n’en voulait. C’était très ris-qué, mais Marvel commençait tout juste à marcher. Il y avait cette idée dans l’air que DC devait réagir, mais personne ne franchis-sait le pas. Julie a été le premier à le faire en me laissant réaliser une histoire de l’Homme élastique […].

Et ensuite, il y a eu Deadman…Le truc avec Deadman, c’est que la série a été démarrée par Arnold Drake. Arnold n’était

« Carmine – culotté, mais si ample. J’ai dit ample ? Ses ambiances vous poursui-vaient à jamais. Totalement incorrectes, évidemment, mais somptueuses. ça cla-quait comme un art à part. » — Neal Adams

Ci-contre : STRANGE ADVENTURES no 207.Illustration de couverture, Neal Adams, décembre 1967. Page ci-contre : Photo de plateau, Sammy Davis Jr. avec Burt Ward et Adam West sur le tournage de Batman, 1966.

Ci-dessus : Illustration de couverture, Neal Adams, décembre 1967. Le talent d’Adams pour le portrait ressemblant s’illustre à merveille sur cette une de ces Strange Adventures, où on retrouve les visages de ses collaborateurs de chez DC, parmi lesquels Joe Letterese (1), Jay Scott Pike (2), Ira Schnapp (3), Jerry Serpe (4), Jack Miller (5), Jack Adler (6) et Ed Eisenberg (10). D’autres sont dessinés à la manière de Lee Elias (7), ou présentent les traits de personnages ulté-rieurs, comme Rā’s al Ghūl, l’ennemi de Batman (8). D’après Adams, on y trouve même Dieu (9).

pas toujours dans les bonnes grâces de DC… Il voulait créer un syndicat dans la boîte... Si j’avais été au courant, s’ils étaient venus me voir, j’aurais sans doute résolu le problème, parce que je suis assez doué pour ces trucs. Je suis très apolitique, de façon politique. Je me montre amical, diplomate […].

Vous avez repris en main Deadman quand Carmine Infantino est passé à la direction artistique et a effectué des changements dans la boîte. Deadman, plus encore que le Spectre, a été un carnet d’expérimentation visuelle, qui enfreignait toutes les règles qui avaient régi DC jusqu’alors, notam-ment en composant les pages et les tableaux de manières nouvelles.Prises séparément, ces innovations sont intéressantes, mais dans Deadman, elles se sont combinées au service d’une histoire ; des histoires individuelles qui se suffisaient

à  elles-mêmes et s’enchaînaient, dans les-quelles le lecteur pouvait plonger. Les épi-sodes étaient des vrais romans graphiques, un format long qui était rare dans les comics à cette époque.

Ils m’ont laissé utiliser une pièce du haut, dans laquelle j’ai installé un projec-teur. Les gens entraient, passaient devant ma porte ouverte, et je les confiais à diffé-rents éditeurs. « Julie, voici Bernie Wrightson ; c’est un bon illustrateur, tu devrais l’utiliser quelque part. » — « J’ai tout ce qu’il me faut. » Ensuite Joe Orlando a été embauché, et je lui ai présenté Bernie.

Une partie de ce qui se jouait à ce moment-là, comme vous l’expliquiez à propos de Dick et Joe, c’est que DC, qui était une mai-son gérée par les auteurs et les commer-ciaux, est devenue une maison principale-ment dirigée par des illustrateurs… De

Carmine Infantino à Orlando, en passant par Kubert et Dick.Je ne considère pas Julie comme un auteur, mais plutôt comme un éditeur. Quand Dick est arrivé de Charlton au poste d’éditeur, il était aussi illustrateur […]. Chez Charlton, il contrôlait toute l’entreprise. Quand Carmine a fait venir Joe Orlando, j’ai juste vu ça comme un Italien qui embauche un Italien, et après quelques conver-sations avec Joe, j’ai compris que son esprit était

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«  La liberté artistique de pouvoir composer une page entière, de me saisir de la page entière pour m’exprimer, écrire, dessiner, créer des histoires ; elle m’a donné des ailes. » — Neal Adams

orienté vers l’édition et la rédaction […]. D’après moi, ce qui s’est passé, c’est que DC a changé – sous mon influence, et sous l’in-fluence de Carmine. Carmine était en quête de jeunes talents, mais les personnes que j’ai fait venir à DC Comics étaient excep-tionnellement douées. J’ai fait entrer la jeune génération d’illustrateurs chez DC ; certains sont partis pour rejoindre Marvel. […] C’était une coterie de personnes qui savaient dessiner et écrire. Je n’y étais pour rien, mais nous faisions tous partie d’un même groupe, et Carmine était à l’origine de cela.

Y a-t-il un lien avec la croissance des ventes de Marvel au milieu des années 1960 ?Marvel avait lancé le défi. Ce que faisait Kirby, c’était prendre les histoires d’horreur sur six pages de Stan Lee et les étirer pour en faire des bouquins entiers. En fait, c’est la différence entre les comics DC et Marvel : à cause de leur histoire, tous les personnages de DC étaient des Américains bon teint aux dents étincelantes ; ils souriaient, ils avaient de bons boulots, des identités secrètes… Chez Marvel, Jack a vendu à Stan cette his-toire de quatre personnages envoyés dans l’espace, bombardés de rayons cosmiques, qui reviennent sur Terre sous forme de monstres : cela a donné des héros monstrueux !

Toutes les vedettes de Marvel étaient des monstres changés en superhéros. Chez DC, on avait des mannequins pour dentifrice : le pilote d’essai ou le scientifique de labora-toire. C’est toujours la différence fonda-mentale entre les deux maisons. Quand les gens parlent de Spider-Man, de ses failles, cela aussi fait partie de la problématique du monstre développée par Marvel. Le person-nage de DC qui se rapproche le plus de cette conception du superhéros est sans conteste Batman.

Quand vous avez franchi le seuil de DC, de quoi rêviez-vous ?

D’en sortir. Je voulais faire des comics pen-dant un temps, trouver un moyen de dévier vers l’illustration et quitter la boîte. Les comic books, ça ne m’intéressait pas, c’était un niveau en dessous, artistiquement. Je voulais qu’une agence me confie une nou-velle série de BD – ou devenir illustrateur.

J’ai mis six mois à me constituer un port-folio. Je l’ai laissé dans une agence de pub, et quand je suis venu le reprendre, il avait disparu. Six mois de travail. Alors j’ai conti-nué les comics, j’ai fait quelques piges dans la pub, je me suis occupé de ma famille. Ensuite, quelque chose est arrivé : […] je suis tombé amoureux des comic books. Je ne m’y attendais pas. La liberté. La liberté artistique de pouvoir composer une page entière, de me saisir de la page entière pour m’exprimer, écrire, dessiner, créer des his-

toires ; elle m’a donné des ailes. Je suis tombé amoureux. Sans le vouloir. Je n’avais aucune envie d’aimer ces trucs de gosse. J’avais une carrière d’adulte à mener, j’avais des responsabilités, une famille à entrete-nir, et voilà que la passion des comics me tombe dessus. Et aujourd’hui, je les aime plus que jamais.

The Silver Age of DC ComicsLes superhéros à l’ère spatiale Paul Levitz, 396 p.€ 39,99 / CAD 64,99

Page ci-contre : George Barris avait été mandaté pour imaginer et fabriquer – en trois semaines seulement – la Batmobile du feuilleton télévisé. Ci-dessus : MAD no 105. Ci-contre : Photographie de Paul Levitz lisant le MAD no 105, été 1966.

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«  La liberté artistique de pouvoir composer une page entière, de me saisir de la page entière pour m’exprimer, écrire, dessiner, créer des histoires ; elle m’a donné des ailes. » — Neal Adams

orienté vers l’édition et la rédaction […]. D’après moi, ce qui s’est passé, c’est que DC a changé – sous mon influence, et sous l’in-fluence de Carmine. Carmine était en quête de jeunes talents, mais les personnes que j’ai fait venir à DC Comics étaient excep-tionnellement douées. J’ai fait entrer la jeune génération d’illustrateurs chez DC ; certains sont partis pour rejoindre Marvel. […] C’était une coterie de personnes qui savaient dessiner et écrire. Je n’y étais pour rien, mais nous faisions tous partie d’un même groupe, et Carmine était à l’origine de cela.

Y a-t-il un lien avec la croissance des ventes de Marvel au milieu des années 1960 ?Marvel avait lancé le défi. Ce que faisait Kirby, c’était prendre les histoires d’horreur sur six pages de Stan Lee et les étirer pour en faire des bouquins entiers. En fait, c’est la différence entre les comics DC et Marvel : à cause de leur histoire, tous les personnages de DC étaient des Américains bon teint aux dents étincelantes ; ils souriaient, ils avaient de bons boulots, des identités secrètes… Chez Marvel, Jack a vendu à Stan cette his-toire de quatre personnages envoyés dans l’espace, bombardés de rayons cosmiques, qui reviennent sur Terre sous forme de monstres : cela a donné des héros monstrueux !

Toutes les vedettes de Marvel étaient des monstres changés en superhéros. Chez DC, on avait des mannequins pour dentifrice : le pilote d’essai ou le scientifique de labora-toire. C’est toujours la différence fonda-mentale entre les deux maisons. Quand les gens parlent de Spider-Man, de ses failles, cela aussi fait partie de la problématique du monstre développée par Marvel. Le person-nage de DC qui se rapproche le plus de cette conception du superhéros est sans conteste Batman.

Quand vous avez franchi le seuil de DC, de quoi rêviez-vous ?

D’en sortir. Je voulais faire des comics pen-dant un temps, trouver un moyen de dévier vers l’illustration et quitter la boîte. Les comic books, ça ne m’intéressait pas, c’était un niveau en dessous, artistiquement. Je voulais qu’une agence me confie une nou-velle série de BD – ou devenir illustrateur.

J’ai mis six mois à me constituer un port-folio. Je l’ai laissé dans une agence de pub, et quand je suis venu le reprendre, il avait disparu. Six mois de travail. Alors j’ai conti-nué les comics, j’ai fait quelques piges dans la pub, je me suis occupé de ma famille. Ensuite, quelque chose est arrivé : […] je suis tombé amoureux des comic books. Je ne m’y attendais pas. La liberté. La liberté artistique de pouvoir composer une page entière, de me saisir de la page entière pour m’exprimer, écrire, dessiner, créer des his-

toires ; elle m’a donné des ailes. Je suis tombé amoureux. Sans le vouloir. Je n’avais aucune envie d’aimer ces trucs de gosse. J’avais une carrière d’adulte à mener, j’avais des responsabilités, une famille à entrete-nir, et voilà que la passion des comics me tombe dessus. Et aujourd’hui, je les aime plus que jamais.

The Silver Age of DC ComicsLes superhéros à l’ère spatiale Paul Levitz, 396 p.€ 39,99 / CAD 64,99

Page ci-contre : George Barris avait été mandaté pour imaginer et fabriquer – en trois semaines seulement – la Batmobile du feuilleton télévisé. Ci-dessus : MAD no 105. Ci-contre : Photographie de Paul Levitz lisant le MAD no 105, été 1966.

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imaginez un peu…… que vous ayez suivi les conseils de Playboy aux collectionneurs d’art en 1962 !

Nous avons posé la question à Amy Cappellazzo, patronne du département « Art contempo-rain » chez Christie’s et experte mondiale du marché de l’art :

La photo qui accompagne l’article de Sid Tillims intitulé « De l’art d’acqué-rir de l’art », paru dans le maga-zine Playboy en 1962, montre des hommes et des femmes à l’élé-gance aujourd’hui

désuète en train de se recueillir devant une sélection de peintures abstraites incarnant un des moments de gloire de la scène artis-tique new-yorkaise. Pollock, de Kooning, Guston, Kline—l’Expressionnisme abstrait dans toute sa splendeur – traduisent alors le temps et l’espace au moyen d’une gestuelle énergique, radicale. Le Jackson Pollock proposé au prix de 40 000 $ (ce qui n’était déjà pas une petite somme à l’époque) s’est joliment bonifié, puisqu’il vaut 1 250 fois plus aujourd’hui. Le  Duck Pond (huile sur papier entoilé) de Kooning était estimé à 20 000 $ en 1962 et 35 ans plus tard, il s’est vendu 530 500 $ chez Christie’s, à New York ; la toile a d’ailleurs appartenu à Hugh Hefner en personne. Aujourd’hui ? Je pense qu’elle partirait pour 15 millions de dollars, selon le moment où la vente interviendrait dans ce marché mondial chauffé à blanc. Si les deux poulains de Leo Castelli dans les années 1950, Jasper Johns et Robert Rauschenberg, figurent aussi dans l’article, la scène se situe clairement avant que les pillards du Pop Art et de la velvet mafia aient pris les rênes du monde de l’art à New York. Le Factum II de Rauschenberg, alors estimé à 4 000 $, a depuis longtemps les honneurs du MoMa de New York. Une version actualisée de cette scène avec des artistes et des mécènes actuels aurait une toute autre allure. Il est bien sûr toujours tentant de mesurer le goût et l’élégance à l’aune d’un passé éblouissant. Dans l’en-semble, cependant, il est plus important de croire en l’art de sa propre époque. Alors, à la santé de notre époque !

«  Le pollock affiché 40 000 dollars à l’époque s’est joliment bonifié, puisqu’il vaut 1 250 fois plus aujourd’hui. »

Page 105: TASCHEN Magazine Hiver 2013/14 (Édition française)

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imaginez un peu…… que vous ayez suivi les conseils de Playboy aux collectionneurs d’art en 1962 !

Nous avons posé la question à Amy Cappellazzo, patronne du département « Art contempo-rain » chez Christie’s et experte mondiale du marché de l’art :

La photo qui accompagne l’article de Sid Tillims intitulé « De l’art d’acqué-rir de l’art », paru dans le maga-zine Playboy en 1962, montre des hommes et des femmes à l’élé-gance aujourd’hui

désuète en train de se recueillir devant une sélection de peintures abstraites incarnant un des moments de gloire de la scène artis-tique new-yorkaise. Pollock, de Kooning, Guston, Kline—l’Expressionnisme abstrait dans toute sa splendeur – traduisent alors le temps et l’espace au moyen d’une gestuelle énergique, radicale. Le Jackson Pollock proposé au prix de 40 000 $ (ce qui n’était déjà pas une petite somme à l’époque) s’est joliment bonifié, puisqu’il vaut 1 250 fois plus aujourd’hui. Le  Duck Pond (huile sur papier entoilé) de Kooning était estimé à 20 000 $ en 1962 et 35 ans plus tard, il s’est vendu 530 500 $ chez Christie’s, à New York ; la toile a d’ailleurs appartenu à Hugh Hefner en personne. Aujourd’hui ? Je pense qu’elle partirait pour 15 millions de dollars, selon le moment où la vente interviendrait dans ce marché mondial chauffé à blanc. Si les deux poulains de Leo Castelli dans les années 1950, Jasper Johns et Robert Rauschenberg, figurent aussi dans l’article, la scène se situe clairement avant que les pillards du Pop Art et de la velvet mafia aient pris les rênes du monde de l’art à New York. Le Factum II de Rauschenberg, alors estimé à 4 000 $, a depuis longtemps les honneurs du MoMa de New York. Une version actualisée de cette scène avec des artistes et des mécènes actuels aurait une toute autre allure. Il est bien sûr toujours tentant de mesurer le goût et l’élégance à l’aune d’un passé éblouissant. Dans l’en-semble, cependant, il est plus important de croire en l’art de sa propre époque. Alors, à la santé de notre époque !

«  Le pollock affiché 40 000 dollars à l’époque s’est joliment bonifié, puisqu’il vaut 1 250 fois plus aujourd’hui. »

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Only The Art Newspaper fully illuminates the world in which art happens. It reports on everything from antiquity to the contemporary. Every month we bring you the important stories from around the globe.

You can also fi nd out more about the personalities, the artists, the events, the sales and the latest market trends. You will have a front-row seat for debates and controversies. You will be stimulated by strong opinions from our new art market and business section within The Art Newspaper 2, and will be able to plan your visits to forthcoming events using our new exhibitions section.

SUBSCRIBE NOW FOR £85 A YEAR Contact us, quoting code TASCH2013Phone: 0844 322 1752 (UK), +44 (0)1604 251495 (RoW)Visit: www.theartnewspaper.com/subscribeEmail: [email protected]

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Hugh Hefner’s PlayboyAutobiographie illustrée en six volumes, avec les faits marquants des heures de gloire de Playboy, 1 910 p.€ 99,99 / CAD 170

Qui a bien pu investir 100 000 dollars dans l’art en 1962 et empocher la coquette somme de 120 millions 50 ans plus tard ?Le lecteur de Playboy !Cette splendide anthologie en six volumes célèbre la décadence, la sophistication et l’esprit du pre-mier magazine masculin et de son créateur, Hugh M. Hefner. Dans une autobiographie illustrée par les meilleurs articles publiés par Playboy entre 1953 et 1979, Hefner met en lumière les facettes cultu-relles de son magazine sans négli-ger ses célèbres pages centrales coquines. Des articles ciselés par les plus grandes plumes de l’époque – Gore Vidal, Norman Mailer, Jack Kerouac – côtoient des débats lit-téraires, des articles consacrés au design ou au jazz, des critiques d’art, et des interviews fleuves qui ont fait date, notamment celles de Martin Luther King, John Lennon, Richard Nixon et Roman Polanski. Enrichi de nombreux documents inédits issus des archives person-nelles de Hefner, voici l’ouvrage qui fera désormais autorité sur l’his-toire d’un magazine qui a libéré les mœurs de plus d’une façon.

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90 €(450 %)

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avec leur valeur de marché actuelle comparée à leur prix d’origine.

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100 €(666 %)

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2 450 €(4 900 %)

des livres à prix abordable qui prennent de la valeur, beaucoup de valeur ! il n’y a pas que les éditions limitées de TASCHEN qui voient leur cote monter en flèche. Ces chiffres correspondent aux prix moyens constatés en août 2013 auprès des quatre principaux sites de vente en ligne de livres d'occasion pour les ouvrages à l'état « neuf » et « comme neuf ».

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The

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20

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Fox

Film

Cor

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éser

vés.

TASCHEN débarque à Springfield !J’ai compris que mon âge était en train de me rattraper en douce quand, il y a une vingtaine d’années, mes enfants ont commencé à me dire que je ressemblais au gars de la télé, Homer Simpson. Comme je n’avais pas la moindre idée de qui ils par-laient, j’ai fait ma petite recherche et je suis tombé amoureux de ce per-sonnage ! Cet imbécile inepte, c’était moi ! Une des créations les plus abou-ties et représentatives de la culture populaire moderne. Quelques années plus tard, j’ai eu l’occasion de ren-contrer le génial créateur de mon alter ego, Matt Groening, et à ma grande surprise j’ai découvert qu’il avait intégré ma nouvelle maison de Hollywood Hills, la Chemosphere, dans un épisode de 1996 des Simpson (« Un Poisson nommé Selma », 19e épisode de la saison 7). Je fus plus ravi encore lorsque Matt m’offrit une reproduction sous verre de la maison pour mon anniversaire, qui est depuis accrochée dans la vraie Chemosphere. Ce cadeau, aussi merveilleux qu’il soit, est cependant éclipsé par l’ouverture d’une vraie librairie TASCHEN à Springfield. WOO HOO ! Là, j’ai senti que j’étais adoubé par la culture populaire !

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TASCHEN débarque à Springfield !J’ai compris que mon âge était en train de me rattraper en douce quand, il y a une vingtaine d’années, mes enfants ont commencé à me dire que je ressemblais au gars de la télé, Homer Simpson. Comme je n’avais pas la moindre idée de qui ils par-laient, j’ai fait ma petite recherche et je suis tombé amoureux de ce per-sonnage ! Cet imbécile inepte, c’était moi ! Une des créations les plus abou-ties et représentatives de la culture populaire moderne. Quelques années plus tard, j’ai eu l’occasion de ren-contrer le génial créateur de mon alter ego, Matt Groening, et à ma grande surprise j’ai découvert qu’il avait intégré ma nouvelle maison de Hollywood Hills, la Chemosphere, dans un épisode de 1996 des Simpson (« Un Poisson nommé Selma », 19e épisode de la saison 7). Je fus plus ravi encore lorsque Matt m’offrit une reproduction sous verre de la maison pour mon anniversaire, qui est depuis accrochée dans la vraie Chemosphere. Ce cadeau, aussi merveilleux qu’il soit, est cependant éclipsé par l’ouverture d’une vraie librairie TASCHEN à Springfield. WOO HOO ! Là, j’ai senti que j’étais adoubé par la culture populaire !

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