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Teaser L'Eperon novembre 2013

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une sélection de pages de L'Eperon de novembre 2013 avec la cavalière Pénélope Leprevost en couverture.

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Paris 2e. Hôtel Intercontinental. Le texto adressé ce jeudi… à Elodie Mas, rédactrice en chef adjointe de L’EpEron en charge du sport, ne précisait pas encore le lieu, mais l’intention sous une certaine forme y était : « Bonjour, une petite invitation pour un dîner convivial à Paris le lundi 14 octobre à 19h (lieu à confir-

mer). A cette occasion, Philippe Guerdat souhaite remercier et féliciter les seize cavaliers ainsi que les propriétaires des chevaux de Coupes qui ont participé au circuit Division 1, au championnat d'Europe et à la belle victoire de Barcelone. Tu peux étendre cette invit à un membre de ton équipe ou autre. Merci de me confirmer ta présence le plus tôt possible, bonne journée! » Le « membre » s’estimant (à tort ?) désigné d’autorité, n’a, en tout cas, pas regretté sa soirée. Ne serait-ce que parce que cela faisait des dizaines d’années que pareille initiative n’avait été prise.Probablement depuis les années Caron, dit encore « le colonel ».

Rassembler propriétaires et cavaliers histoire de fêter les perfor-mances d’hier et de cimenter le groupe en vue des échéances à venir,

rien à redire. Philippe Guerdat en six mois a fait un sans-faute et s’offrait là un petit tour de piste mérité. Des succès et de la suite dans les idées. Devant une douzaine de cavaliers (les autres étant excusés) qui ont intégré, à un moment ou à un autre, l’équipe de France et contribué à ses succès, il a été « entraîneur ». Face aux propriétaires des chevaux sans qui les sportifs ne peuvent prétendre à rivaliser avec les meilleurs, il est apparu « capitaine ». Au sens où les armateurs l’entendent !Après les discours de Jacques Robert et Sophie Dubourg, récemment promue au poste de DTN en remplacement de Pascal Dubois, il prit la parole « avec son cœur et ses tripes ». Et force est d’admettre que ses propos frappaient juste. S’il court avec ses hommes comme il discourt, pas de doute : il est l’homme de la situation.Le titre de champion d’Europe de Roger-Yves Bost, comme il tint à le rappeler, la montée en puissance de l’équipe de France de saut d’obs-tacles jusqu’à cette victoire à la régulière, à Barcelone, pour la première édition de la Furusiyya FEI Nation Cup Series, furent le résultat des volontés, des ambitions, des efforts de tout le groupe réuni ce soir-là. Une ébauche de ce dont il est capable, à l’entendre ! Et de rappeler l’objectif, tout simplement aussi énorme qu’excitant : une médaille pour les Jeux équestres mondiaux FEI Alltech 2014 et, avant cela, dès le printemps, un podium pour la finale de la Coupe du monde FEI Longines à Lyon. « Je voudrais que nous ayons trois cavaliers en finale… oui, nous allons tout faire pour y parvenir ; nous allons réussir».

Un seul regret… Jamais deux sans trois Philippe ! Que dire d’un doublé donc des Bleus, dans la deuxième édition de la Furusiyya ?

Jouable, même s’il est probable que l’équipe allemande, frustrée de n’avoir pas été – par sa faute, à St Gall – de cette première, va s’y employer cette fois ! A ce propos, disons-le, nous avons bien aimé ce nouveau format raccourci, plus dense, plus nerveux, correspondant aux canons de notre nouvelle époque. Ziyad Abduljawad, le directeur de Saudi Equestrian, lequel consortium a consenti à rehausser la dotation de la finale à deux millions d’euros pour relancer l’intérêt de ce circuit centenaire des Coupes des nations, esti-mait toutefois que la formule pouvait être encore améliorée. Un point qui apparaissait nécessaire semble toutefois acquis : l’ouverture aux cava-liers des pays émergents.

Des cavaliers et des propriétaires, lesquels investissent temps et argent dans leur passion, pour qui l’horizon s’éclaircit, c’est bon à

prendre, même si dans les strates inférieures du sport de l’obstacle, à l’échelon national, on souffre. Gageons que les uns tireront naturelle-ment les autres !Car le succès engendre le succès, en induit d’autres. Madame Agnès Grosz pouvait-elle imaginer, lorsqu’elle décida en 2003 de vendre Myrtille Paulois par le biais de l’Agence Fences, que, dix ans plus tard, la fille de Dollar Du Mûrier, qui n’avait que trois ans, deviendrait le meilleur cheval du monde au classement WBFSH ? Une performance qui permet à Madame Georgina Forbes, sa propriétaire depuis lors, et au stud-book Selle Français de se réjouir. Certes Agnès Grosz qui élevait au lieu-dit « la Ricordaine » dans l’Orne, a ré-orienté depuis lors son activité. Grandeur et misère de l’éle-vage ! Mais, lorsque la princesse Benedikte la récompensera le 20 novembre à Doha, en prélude à la finale du Global Champions Tour (23 novembre), lors d’un diner organisé par la WBFSH et Jaeger LeCoultre partenaire de cette Fédération mondiale des stud-books, forte aujourd’hui de soixante-dix membres, ne sont-ce pas tous les éleveurs Français qui, au travers de son aventure et de son mérite, seront reconnus ?

Il en va des spirales vertueuses, de leur dynamique, comme de celles qui s’inversent !

Le mois dernier nous nous inquiétions, tout comme Charles Trolliet, président de la Fédération suisse des sports équestres, des dérives de l’endurance –notamment dans et par les pays du Golfe – et du possible conflit d’intérêt dans lequel pourrait se trouver la princesse Haya, présidente de la FEI. Car, à cela, s’ajoutait l’inquiétude de la voir solli-citer un troisième mandat d’affilée alors qu’elle avait elle-même considéré et promis lors de sa première campagne présidentielle (Kuala Lumpur 2008) que deux suffisaient largement. Une modifica-tion des statuts aurait même été envisagée. A Barcelone, l’épouse du Cheikh Al Maktoum, patron de Dubaï, passionné de courses, cavalier et promoteur de l’endurance, mais aussi sur la sellette, expliquait, avec le charme qu’on lui reconnaît, que cette possible réécriture et mise au vote des statuts l’avait été, non pas à sa demande, mais à l’initiative de certaines fédérations. Que l’on se rassure, elle n’a qu’une parole. Affaire classée. Avisé. Habile.

Reste qu’à Montreux, du 5 au 7 novembre, où elle présidera sa dernière Assemblée générale ordinaire avant celle de l’automne 2014 qui sera

celle du changement de gouvernance, elle va avoir fort à faire. Enjeu ? Comment faire pour que le bilan globalement positif –notamment sur le plan du retour en grâce, à Londres, de l’équitation dans la famille olym-pique – qui pourrait être le sien au bout de huit ans, ne soit miné par les turpitudes des émiratis ? Il n’est pas certain qu’elle puisse s’en sortir à coup de commissions « ad hoc » ou de comité «Théodule ». Il va falloir de l’imagination, de l’exigence et du courage, notamment dans ce qui ne manquera pas d’être le choix et le soutien du candidat à sa succession et une « sortie par le haut ». C’est à ce prix qu’elle pourrait être demain, ou un peu plus tard, la première femme candidate à la présidence du Comité olympique. Mieux encore, elle pourrait être l’ambassadrice d’une région du globe en quête d’un premier rôle à jouer et à tenir dans le monde du sport. On se situe ici au-delà de l’implication permise par la capacité financière des pays du Moyen Orient, mais aux devoirs qui s’y attachent. On ne s’intéresse qu’à l’avenir du cheval et de l’équitation.

SpiralesPar Xavier Libbrecht

EDITORIAL

« Il n'est pas certaIn que la prIncesse Haya puIsse s'en sortIr à coup de commIssIons « ad Hoc » ou de comIté « tHéodule ». »

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Les opinions émises dans la revue n’engagent que leurs auteurs. Les indications éventuelles de marques, les adresses, les prix figurant dans les pages rédactionnelles, sont soumis à titre d’information. La reproduction des textes et illustrations imprimés dans ce numéro est interdite pour tous pays. La rédaction n'est pas tenue de retourner manuscrits, illustrations et photos.

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3 EDITO

7 TRIBUNE, COURRIER

9 ACTUALITÉS 12 SPORT COUPE DES NATIONS DE

BARCELONE

CHAMPIONNATS DE FRANCE DE DRESSAGE ET DE SAUT D'OBSTACLES

26 REPORTAGE PÉNÉLOPE LEPRÉVOST ET LES

MÉGRET

41 ELEVAGE LES GRANDES SEMAINES DE POMPADOUR ET DE SAUMUR

70 ENQUÊTE LA SYNDICATION DES CHEVAUX

74 TECHNIQUE LE DÉBOURRAGE VU PAR

NICOLAS BLONDEAU

77 SANTÉ TRANSPORT DES CHEVAUX À L'ÉTRANGER

78 DOSSIER NOUVEAUTÉS A LA SPOGA

82 PETITES ANNONCES

99 GAZETTE D'AUTRES INFORMATIONS,

NATIONALES, RÉGIONALES ET

LE PROGRAMME

SOMMAIRE N°339 novembre 2013L’EPERON

Photo de couverture Pénélope Leprévost et Dame Blanche. Ph. D. CaremansCi-contre, Pénélope avec Nayana. Ph. Scoopdyga

32 PAGES POUR CEUX QUI EN VEULENT TOUJOURS PLUS

70 ENQUÊTE QUAND LES CHEVAUX ENTRENT EN SYNDICATS Déjà courante dans le monde des courses, la syndication se développe aussi dans les sports équestres. Acheter des chevaux à plusieurs permet de partager le rêve et les risques, mais aussi à certains cavaliers d’acquérir et/ou de conserver leurs meilleurs atouts.

12 SPORTCocorico ! Les Français ont remporté la première finale du nouveau circuit des Coupes des nations Furusiyya FEI, à Barcelone. Le même week-end, les champions de France 2013 de saut d’obstacles ont été sacrés à Fontainebleau et ceux de dressage à Saumur. En Pro Elite, les nouveaux sont Grégory Cottard pour les premiers et Catherine Henriquet pour les seconds.

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41 ELEVAGE LES GRANDES SEMAINES, SUITEAprès Fontainebleau pour le saut d’obstacles le mois dernier, place ce mois-ci à la Grande Semaine de Saumur et ses finales SHF de dressage, ainsi qu’à celle de Pompadour qui accueillait les finales jeunes chevaux de complet et le National d’élevage des Anglo-arabes.

26 REPORTAGE PÉNÉLOPE LEPRÉVOST ET LES MÉGRETRencontre avec la meilleure cavalière française, Pénélope Leprévost, qui revient sur sa saison et dévoile ses prochains objectifs. Puis visite au Haras de Clarbec pour faire la connaissance de ses propriétaires n°1, les Mégret. Leur point commun ? Une extrême exigence. Leurs ambitions ? Etoffer le piquet de chevaux capables de sauter 155-160 pour participer aux grandes échéances à venir et développer le commerce.

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Absente aux championnats d’Europe au mois d’août à Herning, Pénélope Leprévost rappelle quinze jours plus tard à Calgary (Can) qu’elle reste un pilier solide pour les Tricolores. La famille Mégret que nous avons rencontrée lui offre le choix des armes pour s’affirmer au plus haut niveau mondial. Nouveaux projets ? Organisation actuelle et à venir ? Qu’est-ce qui va prochainement changer ou continuer pour l’égérie du saut d’obstacles français et ses propriétaires ?

Meilleure cavalière française, Pénélope Leprévost s’appuie aujourd’hui essentiellement sur le Haras de Clarbec, de la famille Mégret. Photos C. Bricot

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REPORTAGE PENELOPE LEPREVOST ET LES MEGRET

Bonjour Pénélope !Tiens, un journaliste !? Autant j’étais assaillie de sollicitations et j’en ai refusé beaucoup il y a quinze mois avant les Jeux olympiques, autant vous êtes nettement plus discrets depuis un an.

Comment l’expliquez-vous ?Je n'ai rien modifié. Ma vie tourne tou-jours autour de deux priorités : continuer d'élever ma fille Eden (neuf ans) en menant de front une carrière sportive exi-geante, qui m'oblige à des sacrifices car je m'absente quarante-cinq week-ends par an en CSI. D'un point de vue matériel, je suis bien fixée au Haras de Lécaude (14)

avec quinze chevaux. Je n'en souhaite pas davantage. Mon équipe de six salariés est très soudée et j'ai une confiance aveugle dans son professionnalisme. Je loue un 60 m2 près d'ici et je n'ai pas de velléité de construire mes propres installations. Vous voyez, je continue de mener ma barque et j’estime que je suis toujours en cours d’apprentissage.

Pourtant 2013 a révélé quelques changements ?Sur la forme oui, avec des opportunités sensationnelles comme le renfort signi-ficatif des sept chevaux confiés par le Haras de Clarbec. Sur le fond, ma philoso-

phie reste inchangée. Je veux l’équilibre avant tout, l’adrénaline de la compétition qui m’a toujours animée et une alternance avec des phases de sérénité en Norman-die, propices à la formation de chevaux d’avenir. Je veux surtout aller au bout du système que j’essaie de mettre en place depuis que je goûte au haut niveau. Je ne dérogerai pas à mes convictions, car je veux installer un système dans lequel on prend le temps de construire la progres-sion, dans lequel on ne viole pas les che-vaux. C’est à mon sens la seule méthode qui vaille pour durer. Il y a l’art, mais il y a surtout la manière.

Diriez-vous que vous êtes sur la bonne voie ?Si je regarde la récente aventure cana-dienne début septembre au CSIO de Cal-gary avec les deux juments du Haras de Clarbec, Dame Blanche Van arenBerg (clin-ton) et nayana (royal Feu), je dirais qu’il y a des indicateurs favorables. On avance c’est sûr et j’ai des repères tangibles ! Si je compare 2013 avec les trois années écoulées, cette saison m’a apporté son lot de satisfactions, mais l’absence de mylorD carthago-hn (carthago) me pèse (voir encadré p. 28).

En quoi vous a-t-il manqué ?Il m’a manqué sportivement, économi-quement et affectivement. Son indisponi-bilité prolongée ne m’a pas permis d’être aussi présente et de peser sur le circuit des Coupes des nations comme je l’au-rais souhaité. Economiquement, mylorD contribuait à l’équilibre de ma petite entreprise. Au-delà de l’aspect financier, j’aime les chevaux pour ce qu’ils sont et pour leur capacité à progresser, pas uni-quement pour les titres qu’ils apportent ou pour l’argent qu’ils gagnent. La relation avec l’être vivant m’intéresse. Est-ce naïf ? L’argent n’est pas mon moteur. J’ignore par exemple combien j’ai gagné à Calgary.

128 000 € d’après FFE Compet. Vous êtes « bankable ».Je suis cavalière avant tout !

Qui s’est éloigné de l’équipe de France cette année ? Elle ou vous ?Une saison ne fait pas l’autre. Avec mylorD j’étais systématiquement titulaire. Courir pour l’équipe, c’est vraiment mon truc. Ces dernières années on formait une équipe soudée avec Kevin (Staut), Olivier (Guillon)… ça roulait, on se connaissait parfaitement. J’ai tout de même fait cinq Coupes en 2013, mais j’ai moins suivi Patrice Delaveau/orient express, Eugénie

Angot/olD chape tame, Aymeric de Ponnat/armitages Boy, Simon Delestre/Qlassic Bois margot et Marc Dilasser/oBiwan De pilière, pensant que mon avis était secondaire. Je ne me suis pas sentie suffisamment proche de l’équipe, excepté de silVana que je connais par cœur, tout comme lorD De theize. Les automatismes ont changé, j’étais moins sur les paddocks où Philippe Guerdat maîtrise les détentes de A à Z. Simultanément, Philippe avait été très clair en annonçant sa volonté 2013 d’ouvrir le champ des possibles à des couples émer-gents. Il a bien fait, je ne critique pas sa stratégie ni ses choix. L’équipe d’Herning était légitime. Et quand Bosty a gagné, moi aussi ça m’a émue.

Sans regrets ? Avez-vous nourri quelque amertume ? Non, je respecte les choix de l’entraîneur. nayana avait cependant toutes les qualités requises pour être sélectionnée à Her-ning, mais le choix fut différent. Depuis, la jument a encore progressé en montrant ce dont elle était capable à Calgary et c’est ce qui compte. Elle est dans le coup, j’ai des confirmations. Elle avait saigné du nez à la finale de la Coupe du monde et nous avions été contraintes d’abandonner en route. Peut-être que l’incident a pesé dans la décision de Philippe. A Aix-la-Chapelle, on m’a fait miroiter que j’allais être dans l’équipe pour finalement m’en écarter. J’étais pourtant prête à protéger nayana en lui évitant le barrage d’une grosse épreuve pour privilégier la Coupe des nations. Et là, j’ai senti qu’on ne me construirait pas un programme en vue des championnats d’Europe. J’aurais préféré qu’on joue cartes sur table. La place de 5e n’est vrai-

ment pas mon truc ! Je n’ai pas été surprise d’être écartée de la sélection

pour les Europe, je n’y avais visiblement pas ma place. J’ai hésité à aller à Her-ning. Je m’y suis rendue pour la seconde manche par solidarité avec l’équipe et parce que Kevin me l’avait demandé.

Que vous apporte Philippe Guerdat ?Je salue d’abord son engagement incon-ditionnel du matin au soir, de la visite vétérinaire jusqu’au retour au box de chaque cheval. Il ne se ménage pas pour nous. Il est parfois maladroit, mais il a du cœur. On voulait de la présence sur place, nous sommes servis. Le climat a changé, l’équipe a un peu éclaté. On avait l’habi-tude d’être les mêmes, je connais moins les chevaux maintenant. Ce n’est pas pour autant que je vis mal ces évolutions. Quant à comparer Henk Nooren (précé-

Elle a l’art, elle veut la manière

«  Je suis touJours en cours d’apprentissage »

REPORTAGE PENELOPE LEPREVOST ET LES MEGRET

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ELEVAGE GRANDE SEMAINE DE POMPADOUR

Une trêve dans la morosité ambiante, cette Grande Semaine de Pompa-dour ! On pouvait craindre un village

d’exposants un peu désert, un nombre de finalistes qui auraient osé le déplacement en berne, un commerce inexistant pour les jeunes chevaux et chevaux d’élevage anglos… Eh bien non ! Les finalistes

étaient là, le public aussi et le commerce, difficilement quantifiable, voyait tout de même Espagnols, Belges, Italiens acheter quelques chevaux et foals anglos. Sans affirmer que tout était rose, beaucoup osaient arborer quelques sourires. Les vainqueurs, bien sûr, avec le champion des 7 ans Mathieu Lemoine et le singulier

C’est une Grande Semaine de Pompadour à sa plénitude qui a fêté son vingtième anniversaire du 16 au 22 septembre, avec au programme les traditionnelles finales de complet SHF Libres et Classiques pour chevaux et poneys, ainsi que les championnats élevage de la race Anglo-arabe, le tout sous des cieux bienveillants ! Thomas Carlile cumule les bonnes places et la génétique étrangère confirme son influence.

Des Des 20 ans 20 ans joliment joliment fêtésfêtés

Mathieu Lemoine conduit vers le titre des 7 ans le KWPN Bart L (United x

Gribaldi, trak), déjà champion des 4 ans

puis des 5 ans. Pour les vingt ans de la

Grande Semaine, le Cadre Noir s’est produit le samedi

soir devant un public venu très nombreux.

Photos PSV LdD

Parcours étonnant pour BART L, grand hollandais bai foncé fils d’UNITED (kwpn) et d’une jument kwpn fille du bon géniteur en dressage, le Trakehner GRIBALDI. Sacré champion des 7 ans 2013 sous la selle de Mathieu Lemoine lors de ces finales SHF de complet à Pompadour, il fut avant cela champion des 4 ans avec Abel Sauvat, et avait également remporté le titre à cinq ans, mais sous le selle de Mathieu Lemoine, avant de connaître un vrai passage à vide l’année suivante sous la selle de son cavalier pro-priétaire Bertrand Vuatoux (vainqueur 2012 avec le gris RISOTTO MAIL de ce même championnat des 7 ans) ! Repris en main par le très doué instructeur Mathieu Lemoine, cavalier des écuries Pierre Defrance à Sandillon(45), BART survolera les 7 ans dès le dressage où il développera avec aisance la mieux notée des reprises (38,45 pts) jusqu’à l’hip-

pique sans fautes, seulement tempéré par quelques « oh, oh » de son pilote, en passant par un cross sans hésitation : « C’est une histoire de copains, ce che-val, dira Mathieu, tellement ravi de sa victoire. C’est une vraie satisfaction pour moi et Bébert (Bertrand Vuatoux). Le cheval a passé un cap, je ne lui vois pas de limites dès lors qu’il s’entend avec son cavalier. » Un peu de repos, et, si le cheval n’est pas vendu d’ici là, le couple BART/Lemoine devait tenter le Mondial du Lion (16 au 20 octobre). Déçu, Thomas Carlile l’était un peu, car il briguait bien sûr le titre. Il réussira cependant un beau doublé dans ces 7 ans qui comptait 40 engagés en s’octroyant la 2e et la 3e place de ce championnat. Malgré une petite barre à l’obstacle, son SIROCCO DU GERS (SF par DORSAY et une Anglo fille de JALIENNY) qu’il monte depuis l’âge de trois ans, s’annonce, selon lui, « comme un cheval

d’avenir, toujours volontaire et soucieux de bien faire. » SIROCCO est né chez A. Beliard, dans le Gers comme son nom l’indique.Thomas est également 3e, avec SRS ORLANDO, ISH, par LUX Z, han et une fille du fameux CAVALIER ROYALE (ISH par COR DE LA BRYÈRE, sf), 5e des pères de che-vaux de complet au classement mondial de la WBFSH. Le couple a réalisé un excellent dressage et un bon cross. Petite déception en revanche pour Francis Clément et l’Anglo-arabe SATURNE CHAMPEIX (TUNES OF GLORY, aa), champion des 6 ans l’an passé, mais seulement 7e après un très beau tour d’hip-pique. Le couple a pris du temps au cross et fait quelques petites fautes au dressage. Au rang des déçus également, Nicolas Touzaint, 4e avant le saut d’obstacles avec SCIDJO (sf, par GALISCO DU MESNIL), mais malheureusement boiteux après le cross. D. R.

PRIX SOTHYS DES 7 ANS : BART L/ MATHIEU LEMOINE, UNE HISTOIRE DE COPAINS

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Outre un public plus nombreux que jamais, grâce à leur association avec la Grande semaine de Sau-mur, ces Masters de dressage, dont le sponsor

titre n'est plus Creed mais Pikeur, ont connu une partici-pation en augmentation dans quatre des cinq catégories, le Pro 3 restant un peu en retrait. Avec cependant un regret du côté du Pro Elite, plusieurs des meilleurs couples fran-çais ayant zappé le rendez-vous, à commencer par trois des quatre équipiers du championnat d’Europe, mais égale-ment Pierre Subileau ou encore Stéphanie Collomb. Grâce à la présence de six couples hors concours, ce champion-nat Pro Elite restait juste stable à dix-neuf partants. Les championnats intermédiaires, Pro 1, Pro 2 et celui des 7 ans étaient les plus intéressants à suivre, avec plusieurs cavaliers jeunes, de nouveaux couples et un peu plus de chevaux imaginables en épreuves internationales. « Dans le temps, il y avait des problèmes de qualité des chevaux, maintenant, il subsiste un problème de qualité d’équi-tation », notait le Dr Patrick Collard, un point qui s’est amélioré mais pas encore assez pour être performants hors frontières. Le juge, tout comme plusieurs de ses col-lègues, y compris des épreuves jeunes chevaux, déplore en particulier le pas avec trop souvent une tendance à la latéralisation : « Les cavaliers doivent donner à leurs che-vaux l’habitude de marcher au pas avec un contact. Car dès

qu’ils reprennent ce contact, leur cheval se contracte ». Les allongements souvent insuffisants dans cette allure avec une incapacité à s’étendre que l’on retrouve dans le galop, en particulier dans les changements de pied qui manquent d’amplitude, sont aussi d’autres perfectionnements pos-sibles – même si les aptitudes des chevaux varient – ainsi que l’impulsion dans les pirouettes et même dans les appuyers, « avec la tête qui a tendance à basculer et les épaules parfois à l’extérieur du sens de l’appuyer, signe que le cheval résiste parce que l’engagement interne n’est pas bon », analyse Patrick Collard. Enfin, même s’ils sont beaucoup moins nombreux dans ce cas, il y a encore pas mal de chevaux légèrement enfermés, surtout au piaffer (timide souvent) et au galop, avec la nuque trop basse. Ces chevaux ne sont d’ailleurs pas pénalisés par les juges comme ils le seraient à l’étranger (en particulier s’ils sont français ou inconnus …). Malgré ces quelques problèmes, qui subsistent mais de façon de moins en moins criante, les épreuves étaient globalement très agréables à suivre, avec dans pratique-ment chaque reprise des points de réussite. Et beaucoup de présentations affichaient une bonne activité (sans pour autant être bousculées comme cela s’était vu il y a quelques années), presque toutes plus soignées dans leur dessin, même s’il faut encore déplorer par exemple des

arrêts insuffisamment marqués. Quand s’ajoutent à cela un véritable effort vestimentaire des cavaliers valorisé par des attitudes plus élégantes et discrètes, et des chevaux au modèle et aux allures plus adaptés à la discipline, le spectateur ne s’ennuie pas, et se régale même parfois ! Encouragés à le faire toutes ces dernières années par Alain Francqueville et des mesures d’aides fédérales, la plupart des cavaliers travaillent désormais avec un entraîneur, certes de façon plus ou moins régulière, mais le principe est entré dans les mœurs. Et ça paie. MHM

Le travail commence à payer

LES MASTERS PRO PIKEUR

Catherine Henriquet était certes contente de son titre tout neuf, elle

qui n’en avait pas eu à ce niveau depuis celui d’ORPHÉE RBO en 1993. Mais la cavalière toujours modeste observait cependant l’absence de Jessica Michel et Marc Boblet. Ce fut quand même un bon championnat Pro Elite avec un podium à

plus de 70% de moyenne au total des trois reprises. Derrière, les moyennes tombent assez vite, mais avec, ici comme dans les autres épreuves, des points qui s’amé-liorent et de bonnes phases dans chaque reprise ou presque, comme les bons piaf-fers de GALLIANO ou de ZÉNITH DU PLESSEL, le passage et les 2 temps de WELFENKONIG. Le

Podium serré et disputé en Pro Elite : championne

Catherine Henriquet devant Julia Chevanne, ci-contre

avec Luciano, et Claire Gosselin.

Un Pro Elite plutôt agréable

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SAUT D'OBSTACLES MASTER PRO FONTAINEBLEAU

Ci-dessus, le nouveau couple champion de France Pro 1 Elite (ph. C. Bricot) : Grégory Cottard et Pepyt’ des Elfs a été sacré le 29 septembre sur la piste du Grand Parquet (Ph. PSV)

Pour l’amourdu titre

Ponctué par les hymnes nationaux consacrant les vainqueurs, les Masters Pro de saut d’obstacles se jouent comme une sonate d’automne, avec sa gamme en demi-teinte. La combativité des participants, leur rage à en découdre pour monter sur la plus haute marche du podium, le cadre magique du Grand Parquet, donnent des accents forts au rendez-vous fédéral bellifontain. Les questions récurrentes sur l’absence des stars du circuit du jumping international, le manque de médiatisation et de public, mettent des bémols sur une musique que tous voudraient plus pétante ! En 2014, peut-être ?

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70 L’EpEron n°339 novembre 2013

En France, la fin des mesures de défiscalisation et la hausse de la TVA bousculent les mentalités en

limitant les ressources de la majorité des propriétaires, la question devient donc urgente. Ceux qui ont franchi le pas sont ravis, comme Timothée Anciaume. « Tout a commencé  sur  internet,  sur  un  simple forum, expose Marie-Hélène Blanchet, copropriétaire de Quarnac du Mesnil (Jar-nac), la monture de Timothée Anciaume. On était choqués que la plupart des grands chevaux partent à l’étranger, alors on s’est décidé à acheter. » On ne parle pas ici d’in-vestissement mais de plaisir, avec une démarche professionnelle. « On a d’abord choisi notre cavalier, Timothée, un cava-lier prometteur sans cheval de tête, à qui fournir un étalon de trois ans. » Le syndi-cat réunit des amateurs et des membres éminents du milieu comme Danièle Mars, Jean-Maurice Bonneau ou Marc Dilasser, qui a détecté Quarnac, mais c’est Timo-thée qui a arrêté son choix et il reste le patron de l’opération. Avec les frais de conseils juridiques, les copropriétaires

ont déboursé 35 000 € au départ et appor-tent 350 à 400 € par an pour l’entretien et les frais de compétition. L’assemblée générale annuelle décide du budget primi-tif, approuve le déroulement de la saison sportive et les partenaires doivent régler leur quote-part à l’avance. « Certains ont abandonné,  car  ils  tenaient  surtout  aux saillies  de  Quarnac,  mais  notre  objectif étant plutôt sport qu’élevage, ils sont sor-tis. » Les fidèles adorent. « On s’est offert un petit bout de rêve. Voir Quarnac sur son premier  CSI  est  une  joie  inouïe, exulte Marie-Hélène. Même si  je suis cavalière, habituée du haut niveau, c’est autre chose de voir SON cheval glisser sur un parcours sans-faute, quel bonheur ! »

Mécénat, investisseMent ou spéculation ?D’autres formules existent : une simple association à but non lucratif gère Quer-cioso d’aurois (Plafiat) pour Donatien Schauly. « Fin 2012, vingt-cinq coproprié-taires ont accepté de verser 800 € sans rien 

espérer gagner, juste pour aider un cavalier de complet à préparer les prochains JO. Le cheval  est  en  contrat  avec  l’Armée  et  se doit d’emmener son cavalier  le plus  loin possible.  Il  ne  sera  pas  vendu,  précise Anne-Sophie Schauly qui a monté l’opéra-tion. La communication est la clé de l’his-toire. » Il a donc fallu qu’elle se mette à l’informatique pour gérer un site spécial, diffuser des photos, tenir les adhérents au courant, les inviter à visiter l’écurie et à venir en concours. « Cela me prend beau-coup  de  temps  pour  bien  communiquer avec ces personnes inconnues, mais il est indispensable de cultiver  la convivialité. On  se  retrouve  sur  les  terrains,  chacun apporte sa quiche et on partage le repas en discutant.  Avis  aux  amateurs,  il  reste quelques parts à saisir ! »L’idée vient des courses où elle se déve-loppe, puisque de nouvelles sociétés vien-nent de naître, prouvant qu’il existe donc bien ces temps-ci une ferveur autour de l’achat de chevaux. Ainsi, la première com-pagnie française de ventes aux enchères de chevaux de course, Arqana, se positionne

Co-propriété, syndication, simple association ou constitution d’une société d’investissement dans les chevaux, beaucoup de cavaliers se posent la question. Certains ont fait le pas pour partager les frais d’achat, d’entretien et de compétition. D’autres cherchent comment s’y prendre. Si l’idée vient des courses, dans le domaine du sport, les expériences restent rares, on se contente ici de présenter des cas, sans tirer de conclusion sur une tendance ou une exemplarité.

Partager le rêve et les risques

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