9

Teaser Magazine L'Eperon - Mars 2013

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Une sélection de pages du magazine l'Eperon de Mars 2013

Citation preview

Page 1: Teaser Magazine L'Eperon - Mars 2013
Page 2: Teaser Magazine L'Eperon - Mars 2013

Ça bouge! Bien ou mal, c’est selon… La théorie de la relativité ! Mais ça bouge et le cavalier aime que ça bouge !Ça bouge tous azimuts sous les coups de la mondialisation, de la globalisation! Là, c’est le Hanovre qui décide, après des années de contrôle des entrées de sang « étranger » dans les

rangs de sa légendaire société, d’ouvrir soudainement ses portes, ce qui ne laisse plus que deux stud-books germains « fermés » : le Trakehner qui est totalement hermétique et le Holstein qui procède à dose homéopathique. Une ouverture pour tenter de calmer ses éle-veurs agacés par les résultats de leurs concurrents, à commencer par les Hollandais champions du « hors sol ».Ici, c’est le Selle Français qui cherche sa voie et sa place sur l’échiquier mondial sans avoir toutes les cartes en mains sur son propre territoire où la donne change pour tous, à commencer pour la Société hippique française dont il dépend pour partie. La Société mère pour sa part, sous les coups de boutoir de Bruxelles et les attentes de ses socié-taires dont les intérêts ne sont pas toujours communs, cherche sa juste définition et aussi sa route. Et comme si cela ne suffisait pas, la hausse de la TVA s’en mêle, ce qui amène certains professionnels excédés à considérer que les organismes tutélaires du monde du cheval, dépassés par les événements et rattrapés par le manque de ressources, n’ont désormais plus lieu d’être. Le Syndicat professionnel des éleveurs et cavaliers de chevaux et poneys de sport (SEC), créé et présidé par l’éleveur François Lévy, simple syndicat de socioprofes-sionnels serait à leurs yeux tout aussi efficace. Côté sport, la saison a repris, dans l’Hexagone, au Jumping de Bordeaux qui reste un grand classique du genre avec, cette année, un effort remarqué sur la robe et les tannins, garanties aussi de sa répu-tation. La jolie performance de Pénélope Leprévost avec NAYANA dans le Grand Prix Rolex a assuré à la France une présence solide lors de la prochaine finale de Coupe du monde à Göteborg puisque Kevin Staut et Roger-Yves Bost l’y accompagneront. D’ici là, les nantis du circuit auront déjà parcouru la planète de la discipline d’Abu Dhabi à Paris (Saut Hermès du 12 au 14 avril) en passant par un Masters à Hongkong (Grand Slam) du 28 février au 2 mars et un CSI-5* à Doha (28 au 30 mars), le plus souvent encouragés par les dotations sans cesse à la hausse rendues possibles par l’implication de partenaires de plus en plus convaincus par les valeurs que véhiculent le cheval et les sports équestres. Leader du genre désormais, Longines, marque embléma-tique du groupe Swatch qui a signé le plus gros contrat de partenariat jamais enregistré par la FEI. Plus de cent millions d’euros sur dix ans. Autant d’argent que de questions qui se posent bien sûr dans la foulée, notamment si l’on compare à la situation des adeptes d’autres disci-plines à commencer par le concours complet, mais aussi au regard de la souffrance de la plupart des acteurs du secteur, de la santé du tissu socioprofessionnel qui, en France particulièrement, s’use.

Ces contrastes frappent ! Comme certains constats interpellent. Puisque nous sommes lancés sur le saut d’obstacles : la nomina-

tion de Philippe Guerdat à la tête de l’équipe de France nous contrarie.

Que Philippe, que nous connaissons bien, que nous aimons bien, qui porte le prénom qui convient (Philippe du Grec «philein » aimer et « hippos » cheval), se rassure, il n’est pas en cause. Du tout ! Ses états de service en tant que coach sont au-dessus de tous soupçons. De l’Ukraine qu’il a qualifiée au milieu des années 2000 pour les plus grandes échéances mondiales (JO, JEM) à la Belgique sur le podium des Jeux équestres mondiaux à Lexington, en terminant par la plus belle des victoires, des démonstrations, le titre olympique de Steve, son fils, à Londres en août dernier, les qualités professionnelles du Suisse sont indiscutables.

Ce qui l’est en revanche moins, c’est, primo, le sketch qui a préludé à sa nomination au cours des trois derniers mois. L’expérience

vécue avec Henk Nooren, premier intermittent étranger du spectacle à assurer le capitanat de l’équipe de France, n’a pas été un succès. Et même si elle l’avait été sur un plan purement sportif, aurait-elle eu ce goût, ce piment que procure la médaille arrachée ensemble, cavaliers et cadres compris d’un même pays ? Enfin et surtout, ce choix de rai-son ne serait-il pas la conséquence que la France est désormais inca-pable de générer sa propre ressource en la matière ! L’Allemagne, les Pays-Bas, l’Angleterre, l’Irlande même, nations équestres s’il en est, vont-elles chercher ailleurs leurs guides ? Non et pourquoi ? Parce qu’au travers de leur choix c’est aussi l’ensemble d’une filière qu’elles portent : production, valorisation, commerciali-sation.

A moins que ce ne soient d’autres raisons qui prévalent : une sorte d’incompréhension entre la vision et l’ambition des

personnalités pressenties et les attentes de la Fédération et de son président, puisqu’il semblerait bien que c’est lui qui ait géré le dossier. De Gilles Bertran de Balanda il y a quelques années à Hubert Bourdy qui fut le dernier pressenti après Henri Prudent, ils sont quelques-uns, à nos yeux, et sans que la liste ne soit exhaustive, à avoir l’expérience, le palmarès, la volonté, la passion de transmettre, chacun dans son style, aux généra-tions ce qu’ils ont eu la chance de pouvoir vivre. Ce savoir-faire français serait-il à ce point dépassé qu’il faille en douter ? Nous ne le pensons pas. Ne sont-ils pas quelques-uns à le promou-voir au-delà de nos frontières ? Jean-Maurice Bonneau au Brésil par exemple ? Et toutes proportions gardées, hier Frédéric Cottier en Turquie et aujourd’hui Philippe Rozier au Maroc ? Et si c’était le cas ? Alors la question, telle un boome-rang, revient à l’envoyeur. Cela voudrait dire tout simplement que la France ne secrèterait plus les talents, les compétences, les personnalités nécessaires à sa propre évolution, à sa répu-tation, à son ambition… Qu’elle aurait cessé d’être une grande nation équestre. La Fédération française d’équitation, mais aussi l’Ecole nationale d’équitation, qui n’est pas en mesure d’aligner ne serait-ce qu’un seul de ses cadres à l’un des postes dont nous parlons, ont quelques questions à se poser.

PhilippePar Xavier Libbrecht

EDITORIAL

« LA FRANCE NE SECRÉTERAIT PLUS DE LES TALENTS, LES COMPÉTENCES, LES PERSONNALITÉS NÉCESSAIRES À SA PROPRE ÉVOLUTION, À SA RÉPUTATION, À SON AMBITION... »

L’EPERON n°331 mars 2013 3

Page 3: Teaser Magazine L'Eperon - Mars 2013

Les opinions émises dans la revue n’engagent que leurs auteurs. Les indications éventuelles de marques, les adresses, les prix figurant dans les pages rédactionnelles, sont soumis à titre d’information. La reproduction des textes et illustrations imprimés dans ce numéro est interdite pour tous pays. La rédaction n'est pas tenue de retourner manuscrits, illustrations et photos.

SOMMAIRE N°331 mars 2013L’EPERON

Photo de couverture : Charlotte Dujardin et Valegro, médaillés d'or en équipe et en individuel, aux JO de Londres. Ph. D. Caremans

L’EPERON n°331 mars 2013 5

18 ENQUÊTE SUR LA TVA En maintenant le taux réduit de TVA pour les activités des établissements équestres, la France tient tête à Bruxelles et est bien déterminée à poursuivre son action de défense de la filière auprès de la Commission européenne. Enquête sur la situation actuelle de la France, mais aussi de l’Allemagne, des Pays-Bas et de la Belgique. Avec, hors CE, le cas de la Suisse.

3 EDITO

7 COURRIER 8 ACTUALITÉS

30 ELEVAGE ELEVAGE DU BARY

34 REPORTAGE CHARLOTTE DUJARDIN

42 SPORT CIS5*W DE BORDEAUX

46 PORTRAIT ASTIER NICOLAS

48 DÉCOUVERTE L'ANDALOUSIE

50 SALON LORENZO À CHEVAL PASSION

53 ETUDE LA DESCENDANCE DE

FASHION II

58 TECHNIQUE LES ENTRAÎNEURS AU TRAVAIL

61 DOSSIER LES FORMATIONS EN ÉLEVAGE

69 PETITES ANNONCES

83 GAZETTE D'AUTRES INFORMATIONS, NATIONALES, RÉGIONALES ET LE PROGRAMME

27 Elevage REPORTAGE À L'ELEVAGE DU BARY

SALTO DE L’ILE, URLEVENT, VICKING, ALASKA, ASTÉRIX, ALYSÉE, tous « du Bary » font la Une des concours de jeunes étalons et pouliches. Arrivés en Normandie en septembre 2000, Christian Gonsolin, le maréchal-ferrant globe-trotteur, et Marina Storgato, la pétillante Italienne ont constitué l’élevage du Bary. Reportage dans leur petite ferme, à Montgardon.

34 SPORTEn terminant 3e du Grand Prix Coupe du monde à Bordeaux, remporté par Hans Dieter Dreher (photo), Pénélope Leprévost décroche son ticket pour la finale de Göteborg. Elle rejoint ses coéquipiers Kevin Staut et Roger-Yves Bost, déjà qualifiés. Du côté du concours complet, portrait du jeune cavalier de vingt-quatre ans, Astier Nicolas.

Ph. Delaroque

61 FORMATION ÉLEVAGELe contexte économique est-il favorable pour travailler dans le domaine de l’élevage ? Quels sont les métiers proposés par la branche ? Et quels sont les cursus pour y accéder ? L’EPERON répond à ces questions dans un dossier de cinq pages.

Ph. L

es G

aren

nes

Page 4: Teaser Magazine L'Eperon - Mars 2013

ACTUALITES PROJET SPORTIF FEDERAL

L’EPERON n°331 mars 2013 11

Commando 2014

Le plan fédéral

Après des mois de rebondissements, la « tragi-comédie fédérale » a enfin

livré son dernier acte. Serge Lecomte a officialisé l’encadrement des trois

disciplines olympiques lors de la présentation du projet sportif, le 14

février. Une présentation des hommes, mais pas des moyens ni de la

logistique. Suite et fin du feuilleton.

Attendue pour le CSIW de Bordeaux (8-10 février), l’annonce du projet fédéral a finalement été reportée.

Fin janvier, la valse des prétendants s’était en effet accélérée de plus belle. A son tour pressenti pour prendre les rênes de l’équipe de France suite à la consultation d’une douzaine de cavaliers, Henri Prudent avait à son tour décliné la proposition fédé-rale. « Il s’agissait d’être chef d’équipe sélectionneur cent jours par an sur deux ans… Pour moi, ce n’est pas sérieux pour faire du bon travail. Sans un poste à temps plein avec les mains libres, la tâche me paraît difficile. Je ne veux pas entrer dans le système si je n’ai pas les moyens de réus-sir », tranchait celui qui avait déjà affirmé ne pas croire à la séparation des pouvoirs entre entraîneur, coach et chef d’équipe (lire L’EPERON n°330).Quelques jours plus tard, le mardi 5 février, Hubert Bourdy était reçu à la Fédération. Un entretien au terme duquel l’ancien cavalier de l’équipe de France sortait motivé et plu-tôt optimiste. « Mon projet sportif leur a beaucoup plu, nous confiait-il dans la foulée. Reste à régler les détails. Leur proposition de cent jours n’a par exemple pas de sens : nous ne sommes pas des fonctionnaires ! » Et, comme Prudent, il refusait la dissociation des postes d’entraîneur et de chef d’équipe.

Serge Lecomte et Pascal Dubois ont présenté les nouveaux entraîneurs : de g. à dr. Jan Bemelmans, Philippe Guerdat et Thierry Touzaint. Ph. C. Bigeon

Page 5: Teaser Magazine L'Eperon - Mars 2013

ACTUALITES PROJET SPORTIF FEDERAL

12 L’EPERON n°331 mars 2013

Trois jours plus tard, le vendredi 8 février, la Fédération mettait fin aux discussions. « Ils me trouvaient trop cher, résume Hubert Bourdy. J’étais vraiment partant, mais je ne suis finalement pas déçu car je me rends compte que nous ne partageons pas du tout la même approche du haut niveau. Je regrette en revanche que les échanges aient pris tant de temps : eux comme moi avons perdu un mois ! En France, nous avons des cavaliers de très haut niveau, des propriétaires qui inves-tissent, mais le bât blesse au niveau de la Fédération, qui est davantage branchée poneys et clubs que haut niveau. »

« DEVIS SPORTIFS » / « PROJETS SPORTIFS »Des candidatures et des versions vivement contestées par le président de la Fédéra-tion, Serge Lecomte, lors de la conférence de presse du 14 février. « Nous avons échangé avec des gens remarquables, tels que Bonneau ou Caron, mais je ne suis pas disposé à travailler avec ceux qui annon-cent leurs prétentions et leurs conditions avant même de nous rencontrer ! En réalité, certains ne m’ont pas présenté des projets sportifs, mais plutôt des devis sportifs. C’est trop facile ! a-t-il déploré. De même, ça a fusé de tous les côtés sur les délais. Mais il faut se remettre dans le contexte : les élections se sont déroulées en décembre et il y avait une nouvelle équipe à mettre en place. Nous avons pris un temps raison-nable de consultation. Et le saut d’obs-

tacles, qui avait le moins de problèmes sportifs, car les cavaliers ont déjà des résul-tats et des appuis techniques, n’était pas la priorité. Il était plus urgent de se décider pour le dressage et pour le complet. »

DRÔLE D’AMBIANCE À BORDEAUX

Ce flou fédéral était palpable lors du CSI5* W de Bordeaux. Alors que l’entraî-neur des Jeunes cavaliers, Thierry Pomel, assurait consciencieusement l’intérim « juste pour le week-end » sur un poste qui l’aurait sans doute intéressé si on le lui avait proposé, Henk Nooren continuait tou-tefois à donner les dernières indications à certains Français à l’entrée de piste… « C’est ma décision d’arrêter. Je ne voulais pas laisser les cavaliers dans le vide du jour au lendemain donc j’ai proposé à ceux qui le souhaitaient de m’occuper d’eux », argu-mentait le technicien hollandais, qui, démissionnaire de son poste de chef d’équipe fin janvier, n’écartait alors pas encore la possibilité de poursuivre en tant qu’entraîneur malgré une rupture consom-mée avec certains piliers de l’équipe... Chacun y allait donc de son pronostic : éven-tuelle prolongation d’Henk Nooren (qui a finalement signé avec la Suède mi-février et qui continuera à intervenir ponctuellement pour la Fédération, notamment pour la for-mation des entraîneurs, voir p.60), change-ment de décision d’Henri Prudent qui aurait finalement accepté... Le nom de Philippe Guerdat circulait aussi déjà mais, encore

engagé pour deux ans avec les Belges, il se refusait alors à tout commentaire. Et face aux multiples questions, la DTN adjointe, Sophie Dubourg, bottait en touche : « Nous sommes bien conscients que ça fait trop longtemps que ça dure, mais nous réflé-chissons aux candidatures que nous avons reçues et sollicitées. Nous allons arriver à un consensus. En attentant, ça n’empêche pas le sport d’aller bien : la preuve avec les résultats de ce week-end (lire en p. 42) ! »

NOMINATION DE PHILIPPE GUERDAT

Le concours de langue de bois prenait fin dès le lendemain. Le mardi 12 février, on apprenait que Philippe Guerdat démission-nait du poste de chef de l’équipe belge,

après avoir finalement obtenu de la Fédéra-tion française ce qu’avaient demandé la plupart des précédents candidats : un poste de sélectionneur-entraîneur à temps plein jusqu’aux JO de Rio ! Comme en concours complet (lire encadré ci-contre), la Fédé-ration renonce donc finalement au schéma initialement imaginé et mis en place en dressage : un trio entraîneur, chef d’équipe et DTN adjoint (voir en Gazette). « Je vais rencontrer au plus vite tous les cavaliers afin de pouvoir établir un plan », annonce le Suisse, qui se décrit lui-même comme « un passionné marchant à l’émo-tionnel ». Créer un esprit d’équipe et une proximité avec les cavaliers sera donc une de ses priorités : « Quand on fait des choix, il y a toujours des mécontents, mais si on a instauré une vraie relation de confiance avec chacun et un bon état d’esprit dans l’équipe, ils sont mieux acceptés. Je suis un grand parleur avec mes cavaliers : j’ai une approche au cas par cas et je n’ai pas peur d’aller au fond des problèmes. Je serai au maximum auprès d’eux sur le terrain pour les écouter et échanger. » Après avoir entraîné les Jeunes cavaliers suisses, les Espagnols, les Ukrainiens puis les Belges, Philippe Guerdat aborde ce nouveau challenge avec enthousiasme : « Les objectifs sont beaucoup plus élevés mais je suis ambitieux et les cavaliers aussi ! » Il travaillera avec la DTN adjointe, Sophie Dubourg, et sera secondé par Thierry Pomel, l’entraîneur des couples en devenir, des Jeunes cavaliers aux CSI3/4*. Olivier Bost garde, lui, la responsabilité des Juniors et des poneys. Et comme en dressage, les premières réactions des cavaliers à ces nominations sont plutôt positives.

OBJECTIF MÉDAILLES

Les nominations bouclées, le président Lecomte pouvait enfin présenter son pro-jet sportif, baptisé « commando 2014 », le jeudi 14 février. Il s’agissait en fait essen-tiellement de la présentation de l’encadre-ment technique de chaque discipline, avec un organigramme (voir encadré ci-contre) finalement peu modifié dans son organisa-tion, mis à part un renfort de la DTN pour

ENCADREMENT SPORTIF FÉDÉRALDTN DTN ADJOINT CHEF D’ÉQUIPE ENTRAÎNEUR INTERVENANTS

SAUT D’OBSTACLES

Pascal Dubois

Sophie Dubourg

Philippe Guerdat

Jeunes cavaliers et couples jusqu’aux 3/4* Thierry Pomel

Bertrand Poisson (travail sur le plat)Juniors et Poneys Olivier Bost

CONCOURS COMPLETMichel Asseray

Thierry Touzaint Serge Cornut / Jean-Pierre Blanco (Dressage)Jeunes cav. et Juniors Pascal Forabosco

Florence Lenzini (Dressage)Poneys Emmanuel Quittet

DRESSAGEEmmanuelle

Schramm

Alain Francqueville Jan BemelmansJeunes cav. et Juniors Muriel Léonardi

Poneys Alizée FromentATTELAGE Quentin Simonet * Félix BrasseurENDURANCE

Alain SoucasseBénédicte Emond

VOLTIGE Davy Delaire Samuel Dumont / Maud BoussignacREINING Guy DuponchelPARAEQUESTRE Encadrement en cours de réflexion avec la Fédération handisport.Les chefs d'équipe/entraîneurs sont aussi sélectionneurs. * CTN (Conseiller technique national)

En haut, l'encadrement pour l'attelage, l'endurance, la voltige et le reining avec de g. à dr. Davy Delaire, Samuel Dumont, Quentin Simonet, Bénédicte Edmond, Alain Soucasse et Guy Duponchel.Ci-contre, première formée, l'équipe du dressage a montré la voie. De g. à dr. Alain Francqueville, Marina Caplain-Saint André, Jan Bemelmans, Muriel Léonardi et Emmanuelle Schramm. Photos C. Bigeon

Page 6: Teaser Magazine L'Eperon - Mars 2013

30 L’EPERON n°331 mars 2013

REPORTAGE ELEVAGE DU BARY

Inconnus en Normandie il y a peu encore, Christian Gonsolin et Marina Storgato y sont

arrivés d’Italie en septembre 2000 et ont constitué l’élevage « du Bary ». Depuis, leurs

élèves SALTO DE L’ILE, URLEVENT, VIKING, ALASKA, ASTÉRIX, ALYSÉE tous « du Bary » ont fait la Une des concours de jeunes étalons ou pouliches et commencent à se montrer

en épreuves SHF. Une réussite rapide et étonnante pour des éleveurs modestes

mais passionnés.

La réussiteEn 2008, un jeune et bel étalon de deux ans se faisait

remarquer dans les concours qualificatifs nor-mands, puis finissait 2e de la finale nationale, appro-

bation à la clef. L’année suivante, il confirmait en termi-nant 4e du championnat de France des mâles Selle Fran-çais de trois ans. SALTO DE L’ISLE (HURLEVENT DE BREKA X QREDO DE PAULSTRA) était présenté par Marina Storgato et Christian Gonsolin, qui l’avaient acheté foal, un peu par hasard, chez un éleveur manchois, Patrick Clérot.Un coup de chance, pensait-on dans le Landernau équin. Puis l’année suivante, ces mêmes éleveurs obtenaient la 4e place de la qualificative des 2 ans avec URLEVENT DU BARY, lui aussi par HURLEVENT DE BREKA et né chez eux (l’affixe vient du nom d’un petit pont situé sur l’exploitation). La chance était encore de la partie, sauf qu’en 2011, ce même URLEVENT DU BARY devenait vice-champion de France des 3 ans SF, monté par une gamine de seize ans, Mélanie Gilet, pendant que son compagnon d’écurie, le magnifique gris VIKING DU BARY, issu du même père, terminait 6e des 2 ans, approuvé étalon lui aussi. Pour aller jusqu’au bout de l’histoire, en 2012, VIKING était 7e des 3 ans et parmi les plus appréciés du testage, tandis qu’URLEVENT rem-portait, toujours à l’occasion des Journées Selle Français, le Masters L’EPERON des étalons de quatre ans après avoir gagné le Concours interrégional (CIR) d’Auvers. Ce n’était plus du hasard, mais une vraie réussite. Il fallait aller juger sur pièce, chez Marina Storgato et Christian Gonsolin à Montgar-don, petite commune du Cotentin à quelques kilomètres au nord de Lessay, célèbre pour sa grande foire annuelle.Marina Storgato et Christian Gonsolin sont arrivés en sep-tembre 2000 avec deux juments en propriété et quelques pensionnaires, dans une ferme un peu ancienne, perdue au fond de quarante hectares de terres qui ne sont pas les meilleures du département. « Nous ne connaissions per-sonne ici, hormis l’agent immobilier, et moi je ne parlais pas français. Christian, maréchal-ferrant, a proposé ses

services dans la région et cela a facilité notre intégra-tion », raconte Marina.Depuis cette époque, les choses ont bien changé, leur sim-plicité et leur convivialité leur ont permis de constituer un tissu dense d’amis et ils sont aujourd’hui parfaitement intégrés.

Christian, marechal-ferrant globe trotterNé en 1954 dans les Hautes Alpes près de Gap, fils et petit-fils de maréchal-ferrant, Christian Gonsolin a la carrure d’un pilier de rugby, mais des yeux bleus calmes qui s’illuminent lorsqu’il parle de ses chevaux. Il a appris le métier à l’Ecole de maréchalerie de Marseille. Parallèlement, il monte à che-val mais plutôt dans l’optique de dresser des jeunes chevaux que de faire de la compétition. Il part ensuite faire son tour de compagnonnage qui le mène en différents endroits de France, en Charente, en Normandie où il est maréchal privé de l’écurie Jean Couétil au Haras de la Boscraie à Canapville (14). « Un peu fatigué de la pluie normande, à l’époque je suis parti pendant trois ans au Sénégal au Cercle de l’étrier de Dakar, dont le président avait des chevaux de CSI chez Hubert Parot. Je ferrais, je m’occupais des chevaux et on les préparait pour les vendre, essentiellement à des Européens qui tra-vaillaient là-bas. J’y ai passé de bons moments. Je suis ensuite revenu en France pour la naissance de mon fils Reynald et me suis installé à Aix en Provence. Au programme, ferrure, et pré-paration et vente de chevaux. Puis la mère de mon fils et moi nous sommes séparés et je suis parti à la frontière italienne dans un manège à Clavière près de Montgenèvre. On vendait des chevaux en Italie. J’ai alors connu un industriel milanais, Sergio Tramontana, qui m’a proposé de venir m’installer en Italie. J’ai trouvé des boxes à côté de Milan et je suis allé là-bas avec mes six chevaux. C’était en 1985, j’y suis resté quinze ans », précise Christian, qui se souvient avoir été à l’origine

Cherbourg-Octeville

Vallognes

Ste-Mère-Eglise

Coutances

Carentan

Villedieu-les-Poêles

Le Mt-St-Michel Avranches

Bayeux

Vire

Flers

Ouistreham

Falaise

Argentan

Sées

Le Havre

Deauville

Lisieux

Domfront

MANCHE

SAINT-LÔ

CAEN

CALVADOS

ORNE

BASSE-NORMANDIE

50

14

61

Montgardon

Page 7: Teaser Magazine L'Eperon - Mars 2013

L’EPERON n°331 mars 2013 31

REPORTAGE ELEVAGE DU BARY

d’une des premières opérations de sponsoring. « J’étais ami avec un industriel qui avait un entreprise de cachemire. Je lui ai suggéré de sponsoriser des chevaux de jumping. C’était Loro Piana qui, plus tard, sponsorisera Pessoa ».

Marina, la pétillante italienneMarina Storgato, la compagne de Christian, Italienne à la volu-bilité méditerranéenne, yeux noirs et cheveux grisonnant tirés vers l’arrière en queue de cheval, s’exprime d’une voix rapide avec un fort accent, mais une bonne maîtrise du fran-çais. « Je suis née il y a cinquante et un ans dans une famille modeste qui n’avait rien à voir avec les chevaux. Je ne montais pas, ce n’était pas possible financièrement. Je me contentais de les caresser dans les champs... A la fin de l’école, j’ai tra-vaillé dix ans dans une usine de lingerie entre Milan et Turin. Je me suis mariée, j’ai eu un fils, Cristian, et on a pris avec mon mari et son frère qui était agriculteur une petite écurie de pro-priétaires. C’est là que j’ai commencé à monter et à m’occuper de chevaux. Puis je me suis séparée de mon mari, je connais-sais Christian qui m’avait vendu un cheval. On s’est retrouvés en 1990, on a pris ensemble une écurie, on venait acheter des chevaux en France, on les préparait pour les concours et on les revendait. »Cela a duré quinze ans, période au cours de laquelle Marina assure les soins quotidiens, Christian mène de front la maré-chalerie, la préparation (il monte bien à cheval même s'il n’a fait que très peu de compétition) et le commerce des che-vaux, une double activité qui lui permet de rencontrer beau-coup de gens dont un certain Giuseppe Forte, cavalier de Varèse qui monte des chevaux pour lui et devient un ami. Depuis qu’ils sont en France, Giuseppe leur trouve des juments de concours de bonne qualité en fin de carrière et leur achète ensuite des produits.

« Parmi nos relations en Italie, il y a un véto, Stéfano Donati, cavalier de complet à l’origine, puis maintenant de saut d’obs-tacles (il montait le GP du CSI de Saint-Lô en 2012, ndla) qui voulait investir dans une ferme en France », raconte Christian. « Nous sommes venus ensemble en Normandie, nous avons visité plusieurs fermes et celle de Montgardon, au lieu dit “ Les Coeuries ”, lui a plu. Il l’a achetée, a fait des travaux (boxes) et nous sommes venus vivre ici. Nous sommes locataires des installations et de la moitié des terres. C’est Marina qui est l’éleveuse et moi j’ai continué mon métier de maréchal pen-dant quatre à cinq ans. Après, il y avait trop de boulot à la ferme et puis mon âge avançait. La base de notre activité,

surtout au départ, c’était la pension de chevaux en retraite, pour pas mal de propriétaires italiens. Nous en avons actuel-lement une bonne vingtaine et c’est cela qui assure la base financière de notre activité. Avec l’élevage, au total, on a une centaine de chevaux », précise Christian. Et Marina d’ajouter avec amusement « et quatre vaches, Emilie, Quouette, Isette et Marguerite, ainsi qu’un taureau qui s’appelle Fernandel… »La ferme s’étend sur quarante hectares, mais Christian com-plète l’approvisionnement avec des achats de foin enrubanné à des voisins et a adopté la formule locale de mettre des che-vaux au marais. Ainsi, une vingtaine d’entre eux passe la sai-son estivale dans un marais communal situé à une quinzaine

de gens modestes

Ci-dessus, entre l’accueil de chevaux à la retraite et ceux de leur élevage

du Bary, Marina Storgato et Christian Gonsolin

s’occupent d’une centaine de chevaux. Ph. Delaroque

Les premiers succès sont venus rapidement. Ci-

contre, Viking du Bary, 7e des 3 ans mâles SF et étalon

approuvé l’an dernier. Page de gauche, Perle

Grise de Beaumont (BWP par Skippy II, sf) est la mère

d’Urlevent du Bary, étalon, excellent sauteur, vainqueur

des 4 ans du Masters des étalons 2012. Elle est

accompagné du foal Comète du Bary (Salto de l’Isle).En bas Achrima du Bary

(Salto de l’Isle), 3e du championnat de France des

foals en 2009.Photos coll, Delaroque et

Les Garennes

d’d’ddd ununununeeeeavec

Page 8: Teaser Magazine L'Eperon - Mars 2013

L’EPERON n°331 mars 2013 35

de fées

deviendrait une star, notamment grâce à sa volonté de gagner et à sa maîtrise incroyable. Les méthodes pédago-giques de Jane ont peut-être été déterminantes dans les succès de Charlotte : elle ne cesse de lui répéter qu’elle n’a aucune raison de s’inquiéter, que tous les concours se res-semblent et que « ce n’est jamais qu’une autre carrière ». Charlotte le confie, cette phrase deviendra « un mantra qui continue à m’accompagner aujourd’hui ».

Le premier chevalLa jeune surdouée découvre la discipline du dressage grâce à son ami Ian Cast et se perfectionne avec Debbie Thomas, puis travaille pendant quatre ans chez Judy Harvey, cavalière et aujourd’hui juge internationale de dressage basée dans le Buckinghamshire. Charlotte continue à accumuler les suc-cès, mais sa mère en est consciente, sa fille ne pourra faire une véritable carrière en compétition sans un bon cheval. L’année 2002 marque un véritable tournant dans la vie de Charlotte, alors âgée de seize ans. Elle décide d’abandonner

son école de Leighton Buzzard « pour faire de ma passion une carrière (car elle) n’a jamais imaginé faire autre chose », raconte-t-elle en admettant volontiers ne pas avoir été « une adolescente facile ». Quelque temps plus tard, un événement familial fait basculer son destin au décès de sa grand-mère maternelle. La mère de Charlotte décide d’investir l’héritage qui lui revient dans l’achat d’un cheval. En 2004, lors des ventes aux enchères de Brightwells au Manoir d’Addington, un Westphalien alezan fait son entrée sur le ring : « Il avait trois ans à l’époque. Nous ne l’avons même pas essayé, mais j’ai immédiatement su que c’était lui. Nous l’avons acheté 20 000 €.» FERNANDEZ (FLORESTAN X WEINBERG) deviendra quelques années plus tard le premier partenaire de Grand Prix de Charlotte. En 2007, Charlotte, très motivée par le dres-sage grâce à sa coach Judy, décide d’aller prendre quelques leçons chez l’un des cavaliers les plus talentueux du circuit, Carl Hester, basé à Newent dans le Gloucestershire. C’est en février que tout bascule. Carl appelle la mère de Charlotte : « Votre fille est-elle disponible ? L’une de mes cavalières est en congé. Je cherche quelqu’un pour dix jours. » Folle de joie,

Charlotte accepte. Il ne faudra que très peu de temps au champion pour repérer les qualités de sa nouvelle recrue à laquelle il propose d’emblée un emploi à temps plein au sein de sa structure.

Une rencontre décisiveElle ne reviendra jamais chez elle. A peine sortie des jeunes cavaliers, Charlotte est intégrée à l’équipe de compétition avec FERNANDEZ qui continue à progresser, mais aussi avec un jeune cheval hollandais du nom de VALEGRO. Pour ses co-pro-priétaires, Carl Hester et Roly Luard, le projet est de laisser ce jeune cheval inexpérimenté faire ses armes avec Char-lotte, puis de le confier aux aides expertes de Carl lorsqu’il aura atteint un certain niveau. La première fois que Charlotte rencontre VALEGRO, surnommé Blueberry, il n’a que quatre ans. Elle se souvient encore de cette « impression de puis-sance incroyable » qu’elle a ressentie en le montant pour la première fois. Certains pensaient que ce bai d’1,66 m aurait toujours des difficultés à se rassembler en raison de son

Page 9: Teaser Magazine L'Eperon - Mars 2013

REPORTAGE CHARLOTTE DUJARDIN

36 L’EPERON n°331mars 2013

gabarit plutôt solide et compact, mais son tempérament exceptionnel et sa volonté de bien faire auront tôt fait de leur donner tort. « C’est un cheval exceptionnel, confie Charlotte. J’ai une chance incroyable. Carl pense que VALEGRO est un sur-doué, qu’il savait déjà lire le dictionnaire quand il était petit. Il était très chaud lorsqu’il était jeune, mais tout au long de son éducation, il n’a jamais refusé de travailler ni d’apprendre. Moi-même je n’étais pas encore tout à fait au point technique-ment, mais il a toujours fait preuve d’une exceptionnelle bonne volonté. » Les mois passent, le couple ne cesse de progresser grâce aux conseils de Carl, qui choisit de ne pas rompre la magie qui s’installe progressivement et de laisser VALEGRO aux mains de sa protégée.

Un duo en orAprès plusieurs résultats encourageants, le nouveau couple remporte le championnat national du Petit Tour en 2010, et participe au Sunshine Tour espagnol où il gagne le St Georges et l’Intermédiaire I dès la première semaine. C’est au concours d’Addington, en janvier 2011, que ce duo totalement inconnu du grand public fait son apparition en Grand Prix national, et s’adjuge sa première victoire à ce niveau avec un score de 74 %. Au CDI3* de Vidauban, en avril, Charlotte réi-

tère la performance et s’impose dans quatre épreuves (Grand Prix et Grand Prix Spécial) en deux semaines, avec des scores de près de 75 %. Son mentor enlève quant à lui la Reprise libre en musique avec FERNANDEZ grâce à une moyenne de 77,10 %. Les performances de Charlotte et de VALEGRO leur ouvrent les portes de la sélection pour le cham-pionnat d’Europe de Rotterdam, où Carl Hester s’adjuge le Grand Prix avec UTHOPIA (82.56 %), tandis que son élève score à 78.83 %. L’équipe britannique, soutenue par Laura Bech-tolsheimer, remporte l’or. Fin avril 2012, Charlotte et VALEGRO continuent sur leur lancée et obtiennent le record de 88.02 % dans le Grand Prix Spécial au CDI4* de La Haye (Pays-Bas), détrônant ainsi Edward Gal et le célèbre TOTILAS, détenteurs du précédent record, 86,46 %, au championnat d’Europe de 2009. Le 8 juillet, à Hart-pury (G.-B.), le couple inscrit à nouveau son nom dans l’his-toire du dressage moderne en obtenant la moyenne de 90,65 % dans la Reprise libre en musique. Après les Jeux, lors du CDIW5* de Londres en décembre 2012, Charlotte accroche un nouveau record mondial à son palmarès en signant un Grand Prix à 84,44 %. « Je crois que mes records du monde m’ont laissé des souvenirs encore plus forts que les médailles olympiques », avoue-t-elle. Ni le jeune âge de la cavalière, ni le relatif manque d’expé-rience de sa monture n’ont fait un seul instant hésiter les sélectionneurs britanniques, Charlotte et VALEGRO méritaient amplement d’intégrer l’équipe pour défendre le drapeau de l’Union Jack lors des Jeux olympiques de Londres ! Le miracle s’est effectivement accompli. Ayant conquis les juges dès sa première apparition le second jour du Grand Prix, Charlotte s’impose dans cette première qualificative avec 83,66 % tan-dis que son mentor et UTHOPIA avaient remporté le groupe de la veille avec 77,72 %. Laura Bechtolsheimer soutient les per-formances de ses coéquipiers avec MISTRAL HOJRIS (76,83 %). L’équipe se qualifie donc haut la main et confirme sa supério-rité lors du Grand Prix Spécial. Charlotte et VALEGRO prennent une fois encore la tête de l’épreuve avec 83,28 %, tandis que Carl et Laura terminent respectivement à 80,57 % et 77,79 %. Il n’en fallait pas davantage pour que les Britanniques empo-chent une première médaille d’or olympique par équipes, historique, et viennent enfin détrôner l’Allemagne. Dans la Libre en musique, support de l’épreuve individuelle, nouvel exploit pour Charlotte qui établit un record olympique avec un score de 90,08 %, s’adjugeant une médaille d’or incon-

CHARLOTTE, LE QUIZZ. Depuis sa performance olympique, Charlotte est devenue une véritable star en Grande-Bretagne. Elle est donc harcelée par les medias et se prête de temps à autre aux jeux d’interviews, quizz et émissions télévisées. Au chapitre des anecdotes, Charlotte se souvient qu’au retour de sa première victoire en Grand Prix, elle était un peu distraite, et a embouti un camion avec sa voiture. Le fait de devoir rembourser une somme importante pour réparer les dégâts l’a rapidement ramenée à la réalité. Le grand public a aussi découvert sa superstition pour les tenues qu’elle porte le jour de grandes échéances : « J’ai ma culotte de cheval porte-bonheur et je n’aime pas mettre des vêtements neufs le jour des grandes compétitions ». Elle révèle également le nom de ses cavaliers préférés : Carl Hester bien sûr, mais aussi Isabell Werth pour son enthousiasme, la motivation et la confiance en elle dont elle fait preuve. Ses concours favoris sont l’Olympia de Londres et Aix la Chapelle. Les spectateurs de Horse and County TV ont également appris que si elle n’avait pas été cavalière, elle aurait sans doute dirigé un refuge pour animaux, alors que Carl l’imaginait infirmière en chef dans un hôpital. Ce dernier ajoutait avec un large sourire que Charlotte est diabolique, autoritaire, et oublie parfois de dire merci. Charlotte se reconnaît un petit défaut, celui de jurer facilement. VALEGRO ET TOTILAS. Ils étaient tous les deux âgés de dix ans et avaient débuté leur carrière internationale treize mois auparavant lorsqu’ils ont signé leur record respectif en Grand Prix Spécial à savoir 88,022 % pour VALEGRO et 86,46 % pour TOTILAS. CHARLOTTE ET MARK TODD. Depuis maintenant trois ans, Charlotte Dujardin s’est constitué sa propre clientèle d’élèves qu’elle entraîne régulièrement, dont le champion néo-zélandais de concours complet Mark Todd qu’elle admire tout particulièrement. Elle précise que c’est quelqu’un de formidable, mais qu’elle n’hésite pas à lui « crier dessus » comme sur n’importe qui d’autre si nécessaire ! LES SPONSORS. Outre le soutien de British Dressage à qui elle rend hommage (« le World Class Programme est très efficace »), Charlotte peut compter sur divers fabricants et fournisseurs tels que Equipe Supply pour les selles (www.zebraproducts.co.uk), l’association Classic Dressage (www.classicdressage.com), les produits de soins Supreme Products Professional (www.supremeproducts.co.uk), les protections céphalées Charles Owen (www.charlesowen.co.uk), les gants Roeckl (www.roeckl.de), les couvertures Bucas (www.bucas.com), et les aliments Saracen (www.saracenhorsefeeds.com) DÉCORÉS PAR SA MAJESTÉ. La jeune championne a été nommée officier de l’Ordre de l’Empire britannique par Sa Majesté Elisabeth II pour ses médailles aux Jeux olympiques de Londres. « J’ai été très honorée. Jamais je n’aurais pensé que cela m’arriverait un jour. » Nick Skelton avait reçu la même distinction quelques semaines auparavant pour sa contribution au sport britannique. Carl Hester et Laura Bechtolsheimer sont nommés membres du même Ordre, de même que Mary King, Ben Maher, Peter Charles, Scott Brash, le directeur de la Fédération équestre britannique, William Connell, et les cavaliers paraéquestres Natasha Baker, Deb Criddle et Sophie Wells. Lee Pearson, cavalier paraéquestre, était déjà commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique. La cérémonie officielle aura lieu en mars. B. F.

CHARLOTTE, EN BREF

Jean-Michel Roudier, juge international confirmé, officiait à Greenwich Park. Selon lui, « c’est essentiel-lement la fluidité de l’ensemble et l’harmonie entre le cheval et la cavalière qui ont fait la différence par rapport à Adelinde Cornelissen (médaille d’argent individuelle, ndla). Même si la chorégraphie de Charlotte était un peu plus simple, et que quelques erreurs lui ont fait perdre des points, la majorité des notes a été supérieure à celles de la Hollandaise en raison de l’élasticité du cheval et de la communion du couple. Ce type d’équitation dans la légèreté et l’harmonie correspond parfaitement à ce que recherchent les juges. Elle est devenue la référence sur la scène du dressage international ». Jean-Michel Roudier se souvient avoir félicité Carl Hester pour l’aisance et la fluidité dont son cheval avait fait preuve lors de son Grand Prix au championnat d’Europe de Rotterdam en 2011. Ce dernier lui avait répondu : « Je suis heureux que cela donne une impression de facilité, mais c’est le résultat de vingt-cinq ans de travail ». Le juge ajoute : « Charlotte a bénéficié d’une éducation et d’un entraînement de longue haleine grâce à son coach. Ses per-formances sont le fruit de tout ce travail. Toutefois, on ne peut nier qu’elle est très douée, car à ce niveau de compétition, le talent et la technique sont indispensables. Rien ne peut être laissé au hasard, qu’il s’agisse de la gestion du cheval ou de la technique pure ». Concernant le programme libre de Charlotte, Jean-Michel Roudier observe : « Cette reprise libre lui va très bien. Elle est dynamique, assez jeune, et était parfaitement adaptée à la circonstance des Jeux olympiques de Londres. Mais si elle souhaite conserver sa couronne, elle va sans doute devoir en augmenter légèrement le niveau de difficulté. Il est tellement difficile de créer une reprise libre adaptée à un cheval, de la rôder pour ne pas faire de fautes et gagner des points au fil des présentations que les cavaliers n’en changent pas facilement ». Si l’on peut considérer que la prestation de Carl Hester et UTHOPIA au championnat d’Europe de Rotterdam ont provoqué une sorte d’électrochoc dans le microcosme de l’équitation de dressage moderne, Jean-Michel Roudier se dit aussi « très admira-tif de l’équitation allemande qui a réussi en un an à reformer une jeune équipe aussi performante (Helen Langehanenberg avec DAMON HILL et Kristina Sprehe avec DESPERADOS, ndla). Cette nouvelle équitation est désormais internationale et n’est pas l’apanage des seuls Britanniques ». B. F.

LE POINT DE VUE DU JUGE

Charlotte chez un de ses sponsors, le sellier Equipe, aux côtés de Edda et Tania Rigon, Ivano et Doriano Dalle Mese. Ph LdD