59
Rapport de recherche de l'IIPE : INSTITUT INTERNATIONAL DE PLANIFICATION DE L'EDUCATION (créé par l'Unesco) 7-9, rue Eugène-Delacroix, 75016 Paris © LE PROGRES SCIENTIFIQUE E T TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE N. P. Ivanov Docteur es sciences économiques, Directeur de recherche, Institut de l'économie mondiale et des relations internationales à l'Académie des sciences de l'URSS 0 Unesco 1981

TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

Rapport de recherche de l'IIPE :

INSTITUT INTERNATIONAL DE PLANIFICATION DE L'EDUCATION

(créé par l'Unesco) 7-9, rue Eugène-Delacroix, 75016 Paris

© LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE

N . P. Ivanov

Docteur es sciences économiques, Directeur de recherche, Institut de l'économie mondiale et des relations internationales à l'Académie des sciences de l'URSS

0 Unesco 1981

Page 2: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

Les auteurs sont responsables du choix et de la présentation des faits figurant dans ces ouvrages ainsi que des opinions qui y sont exprimées, lesquelles ne sont pas nécessai­rement celles de l'Institut et n'engagent pas l'Unesco.

Page 3: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

(i)

ТАВШ DES MATIERES

le Rapports objectifs entre progrès scientifique et technique et qualification professionnelle

2. Un nouveau type de qualification professionnelle

3>» Cadres supérieurs : besoins et niveau d'emploi

Ц-о Conclusion

Page 4: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 1

Dans le monde entier, la qualification professionnelle est actuellement

reconnue pour être un des facteurs essentiels du développement économique et

du progrès croissant des sciences et des techniques» 11 importe donc de mettre

en lumière l'existence de rapports objectifs entre* d'une part., les indicateurs

de base du progrès scientifique et technique et d'autre part, la qualification

de la main-d1oeuvre« On procédera également à l'étude de l'influence qu'exerce

le progrès sur les modifications de la structure professionnelle et sur la

nature même de la qualification.

Celle-ci ne revêt pas uniquement un aspect économique, mais également

un aspect social. Dans la conjoncture actuelle, les possibilités d'accès à

un niveau élevé d'éducation générale et de formation professionnelle sont

ressenties par une grande partie de la population comme un vrai besoin social.

Dans la plupart des pays techniquement évolués ou en développement., l'éducation

générale a vu son cadre s'élargir sensiblement au cours des dernières

décennies. Et pourtant, tous les diplômés des universités ou de l'enseignement

supérieur ne trouvent pas, loin de là, un travail correspondant à leur

formation ou au moins répondant à la qualification élevée qui est la leur.

Dans un grand nombre de pays, se pose avec acuité le problème de l'emploi

des jeunes diplômés et celui du chômage des cadres* C'est pourquoi il est

d'une grande actualité de faire apparaître les divers facteurs qui comman­

dent l'emploi dee cadres,

La demande en la matière est déterminée non seulement par les facteurs

objectifs du développement économique mais également par les politiques

scientifiques et techniques poursuivies par les divers pays« Les événements

de ces dernières années qui ont fait apparaître les conséquences négatives

du développement scientifique et "technique, la crise de l'énergie, la prise

de conscience écologique, la poursuite de la course aux armements, le danger

toujours présent d'une catastrophe nucléaire, cet ensemble de faits a conduit

à se poser le problème d'un changement dans les priorités et le contenu même

des politiques scientifiques et techniques. Dans ce contexte, une analyse

de l'influence qu'aurait sur le niveau d'emploi des cadres la modification

des objectifs et des tendances en matière de politique scientifique et

technique s'avère d'une très grande actualité.

Certains aspects des problèmes évoqués ci-dessus seront traités dans

cet ouvrage,

Page 5: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 2 -

1. Rapports objectifs entre progrès scientifique et technique et qualification professionnelle

C'est une tâche d'une extrême complexité que la mise en lumière des —

rapports quantitatifs entre le progrès scientifique et technique et la quali­

fication professionnelle, Le progrès est, en effet, un ensemble complexe de

processus variés qui relèvent d'un grand nombre de paramètres. De leur côté,

les modifications de la qualification au sens large revêtent également des

aspects multiformes, notamment la structure professionnelle de la main-

d'oeuvre (c'est-à-dire les rapports quantitatifs entre les diverses caté­

gories dont elle se compose) et les niveaux de qualification (c'est-à-dire

l'amélioration qualitative de ces catégories par l'élévation du niveau

d'éducation générale et de formation technique)«

Il nous paraît par conséquent opportun, pour définir la relation entre

progrès scientifique et technique et qualification, d'adopter la méthode

suivante : -

examen des tendances principales du progrès scientifique et technique

et détermination des indicateurs exprimant ces tendances!

mise en lumière des rapports quantitatifs existant entre ces indi­

cateurs et les indicateurs relatifs aux modifications de la quali­

fication de la main-d'oeuvre «

(a) les tendances du progrès scientifique et technique

Il ne s'agit pas à cet égard de procéder à une simple enumeration,

mais de dégager des lois générales relatives au développement des forces

productives dans la période contemporaine«

Il est établi que la science est devenue par elle-même une force

productive ' elle contribue directement aux bouleversements continuels de la

production qui touchent à tous les domaines de la vie économique» Un des

indicateurs de l'importance croissante de la recherche scientifique est celui

des dépenses que tous les pays techniquement évolués consacrent à ce chapitre«

En URSS, d'après les données de la Direction centrale des statistiques,

le montant global des dépenses de recherche scienfique s'est élevé en 1975

à 17,4 milliards de roubles, soit 4,8 % du revenu national (l). Aux

Etats-Unis, les dépenses consacrées à la recherche et au développement se

sont élevées en 1975 à 3>4,1> milliards de dollars, soit 2,4 % du PNB.

(1) Calculs -e-ff-e&tué-s—à partir— des. données de l'ouvrage: CSU SSSR, jflarodnoé khoz.ja.lstvo SSSR y 1975 £«><> (Direction centrale des statistiques de l3URSSï l'Economie de l'URSS en 1975)= Äskva, 1976,. P° 5&3 et 744.

Page 6: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 3 -

Au Japon, ces dépenses ont atteint en 1973 1*9 du PNB, en République fédérale"

d'Allemagne 2,1 %> au Royaume-Uni 2,3 /> en France 1,8 $ (1).

La diminution permanente des délais de la mise en oeuvre des inventions

ou des découvertes, jointe à la montée en flèche de la masse des recherches,

entraîne une augmentation particulièrement rapide des dépenses consacrées

au développement expérimental et à la mise au point pour la production

en série. Ces activités^ qui constituent un maillon intermédiaire entre

la recherche et la fabrication industrielle, jouent un rôle décisif dans

l'accélération du rythme du progrès technique» C'est pourquoi, les dépenses

de développement expérimental et de mise au point pour la production sont

sensiblement supérieures à celles de la recherche fondamentale, et s'accrois­

sent parfois à un rythme plus rapide„

Les chiffres indiqués sont loin de rendre compte de toutes les sommes

allouées à ces activités. Le montant des dépenses destinées au recyclage

technique des entreprises pour fabriquer des nouveaux produits et le coût

des études de marché dépassent en ampleur ceux de la recherche de dévelop­

pement expérimental «, On peut dire que le montant total des investissements

nécessaires à la création de nouveaux produits est une sorte d'iceberg dont la R-D

(recherche et développement) ne représentent que la partie visible.

C'est apparemment ce qui explique le paradoxe bien connu selon lequel il n'y

aurait aucune relation directe entre, d'une part,la valeur relative des dépenses

de R-D (recherche et développement) et, d'autre part, le montant du PNB

et le rythme de la croissance économique«

Ce qui est important dans les dépenses de R-D, c'est leur répartition»

Alors qu'une part relativement faible est consacrée au développement de nouvelles

technologies et de techniques de pointe, l'essentiel se porte à la création de

produits entièrement nouveaux« Il faut entendre par là des produits dont l'appa­

rition est déterminée par des découvertes scientifiques récentes dont ils

constituent l'application, et faute desquelles ils ne pourraient exister.

Un "produit nouveau" est, par conséquent, fondamentalement différent d'un

produit ancien qui aurait subi des améliorations ou des transformations« La

réduction des délais de réalisation de produits nouveaux entraîne un renouvel­

lement toujours plus rapide de la structure de la production.

(1) Statistical Abstract of the United States, 1975, Annuaire statis­tique de 1'Unesco, 1975°

Page 7: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 4 -

Ces modifications rapides de la structure de la production et de la —

nature des produits fabriqués., ce processus de création incessant de produits

nouveaux qui sont la traduction des dernières découvertes de la science et

des techniques., assignent une importance particulière à ce facteur de la vie

économique actuelle qu'est le vieillissement moral d'un produit. On le

retrouve dans un grand nombre de problèmes économiques., tels que la formation

du coût, les nouvelles formes de la concurrence, etc.,,

Le progrès scientifique et technique impose en effet sa griffe à la

concurrence sur les marchés mondiaux. Si, auparavant, le facteur essentiel

de la compétitivité dfune marchandise était son prix de revient, il s'y ajoute

maintenant le facteur de la nouveauté qui devient déterminant pour sa compéti­

tivité,, Plus un produit est techniquement avancé, plus il traduit les

dernières découvertes de la science, et plus facilement, il saura conquérir

le marché. Or, le degré de nouveauté d'un produit dépend dans une grande

mesure du volume global de la recherche au sein de l'industrie (1).

Le nouveau caractère de la concurrence sur les marchés mondiaux

stimule la restructuration rapide de la production industrielle, l'apparition

et le développement accéléré de nouvelles branches d'activité et de nouvelles

productions, conformément aux tendances principales du progrès. Ce processus

se déroule d'une manière incessante, sous forme de "bourgeonnement" d'une

branche d'activité, au sein de laquelle surgissent de nouvelles productions.

En général, les points de croissance les plus nombreux se situent dans les

nouvelles branches d'activité (radio-électronique, ordinateurs, chimie des

polymères, industrie des missiles, construction d'appareils de contrôle et

de mesure qui sont à l'avant-garde du progrès technique.

La science est devenue un accélérateur puissant du développement

économique j c'est elle qui est le principal facteur d'accroissement de la

productivité du travail qui a vu ses mécanismes profondément modifiés.

Ce n'est plus tellement l'accroissement quantitatif de la production qui

est en cause (unités produites par homme et par heure) que les modifications

qualitatives affectant le produit lui-même, dans la mesure où il s'agit de

produits entièrement nouveaux.

(l) Education, Income and Human Capital, W, Hansen, edit,, New York -London, I97O,

Page 8: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 5 -

La croissance quantitative de la productivité est due essentiellement

à la modification des infrastructures techniques de la production par la mise

en place d'équipements à plus fort rendement, par le développement de la

mécanisation et de 1'automation. Au cours de la période 1971=1975^ on a

modernisé en URSS 732,000 unités de production, le nombre des chaînes de

fabrication automatique est passé de 5°9<3l en 1965 à 17»072 en 1975« L!elec­

trification des tâches s'est accrue dans l'industrie de 1,7 fois au cours de

la même période«, Le développement des systèmes de commande automatique se

fait à un rythme rapide: 414 entre I966 et 1970, mais 2.364 entre 1971 et

1975 (1).

La croissance qualitative de la productivité est surtout liée au

développement de la R-D industrielle, ce qui permet de créer de nouveaux

produits à haut coefficient technologique« Si, en URSS, on a créé et

développé la production en série de 8.400 produits nouveaux entre 1966 et

I97O, ce chiffre est passé à 16*500 entre 1971 et 1974 (2)0 L'analyse de

ces deux aspects essentiels de la croissance'de la productivité permet de

dégager les tendances principales du progrès scientifique et technique 1

premièrement, l'accroissement des équipements techniques, en particulier

sous l'angle cybernétique, ce qui signifie non seulement l'automatisation

de la production mais la mise en place de systèmes automatiques de commande

et de gestion dans toutes les sphères de la vie économique; deuxièmement,

l'élévation du coefficient technologique de la production, entraînant une

transformation accélérée des structures économiques, la création de nouvelles

branches d'activité, la fabrication des produits entièrement nouveaux,

l'application des toutes dernières découvertes scientifiques«

Ces deux tendances exerçant une profonde influence sur les transformations

de structure de la qualification professionnelle de la main-d'oeuvre et sur

son niveau de qualification.

- Introduction de la cybernétique dans l'économie. Cette tendance est

à l'origine d'une forte augmentation de la demande de cadres spécialisés dans

la maintenance, le montage et la réparation des ordinateurs. Les nouveaux

(1) CSU SSSR5 Narodnoé khozja.istyo SSSR y 1975 g. (L'Economie de l'URSS en 1975».. )., p. 172 à 175» '~"~"" ~"~"™" •

(2) op. cit., p. 171 о

Page 9: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 6 -

métiers liés à la technique des ordinateurs demandent«, en général., un haut ~~

niveau de formation technique et de culture générale. Par ailleurs, l'intro­

duction de la cybernétique dans l'économie entraîne de grandes modifications

dans la nature des métiers traditionnels., créant des exigences nouvelles en

matière de qualification professionnelle.

L'utilisation de systèmes automatiques de commande au niveau de la

production, transforme la structure de la gestion et modifie les fonctions

du personnel de direction.

L'ancienne conception de la gestion compartimentée qui régnait jusque

là (avec des départements sans liens entre eux, recherche, production, commer­

cialisation, finances, chacun avec ses règles et ses critères d'évaluation

propres) a fait place à une approche systémique, l'entreprise étant conçue

comme un organisme autonome dont chaque partie concourt au bon fonctionnement

de l'ensemble«, Ce sont alors des règles et des normes communes qui entrent

en jeu et pénètrent tout le processus depuis le moment de la commande jusqu'à

celui de la livraison du produit fini. L'approche systémique de la gestion

des entreprises suppose l'existence d'un réseau informatique développé, intégré

en un système unifié,, Cette intégration n'est pas possible sans l'ordinateur.

La transformation de la gestion des entreprises sur la base du principe

systémique conduit à la disparition d'un grand nombre de maillons intermé­

diaires, et notamment certaines catégories de "petits chefs". Les fonctions

de collecte et, en partie, d'analyse de l'information sont transférées direc­

tement à l'ordinateur.

Parallèlement, de grandes modifications se produisent aux échelons les

plus élevés de la direction. L'intégration des informations grâce à l'ordina­

teur rend les entreprises plus faciles à gérer, elles réagissent plus rapi­

dement aux ordres d'en haut. De grandes possibilités d'analyse de leurs

activités et dsélaboration de leurs programmes de développement apparaissent.

En même temps, s'accroît la responsabilité des cadres dirigeants en

matière de prise de décision. L'ordinateur ne remplace pas le directeur. Il

ne peut que créer les meilleures conditions pour une approche créatrice en

matière de gestion. Or, le niveau des décisions dépend des capacités intellec­

tuelles et de la qualification des cadres dirigeants.

Dans l'industrie, le développement de 1'automation conduit à une nette

transformation de la structure de l'emploi. Le transfert d'une part consi­

dérable des fonctions de production de l'homme à la machine entraîne la dimi­

nution brutale, en chiffres relatifs, du personnel participant directement

Page 10: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 7 -

au processus de la production. Le centre de gravité des tâches à accomplir

est passé des machines et des mécanismes qu'il faut conduire, à des ensembles

automatisés dont il faut assurer le service technique s élaboration des

programmes et des régimes technologiques, réparation et mise au point. Il

en résulte un fort accroissement de la proportion des services techniques au

sein des entreprises parvenues à un haut degré d'automation.

Une enquête portant sur les effets de l1automation sur la structure

professionnelle de l'emploi pour des ouvriers appartenant à huit entreprises

de construction de machines en URSS, permet de faire les constatations

suivantes (1) ;

Рош

Entreprises 1 2 3 4 5 6 7 8

rcentage d

automa­tiques

100 100 » 8 --_ ~

installations

"semi-automatiques

-..

100 82 60 25 -=.

autres ---10 40 75 100 100

agents de conduite

(pourcentage à l'ensemble <

7,6

19,0

57,8

52,2

62,4

80,4

76,0

84,0

d' agents

entretien

par rapport des ouvriers,

51,0

40,0

11,8

11,5

12,7

7,0

-

-

Plus le niveau d'automation est élevé, plus la proportion des "agents

d'entretien" est grande par rapport au nombre total des ouvriers, et réduite

par rapport à celle des "agents de conduite".

Or, comme en témoignent ces chiffres tirés de la même enquête (2), le

niveau d^automation exerce aussi son influence sur le niveau de qualification

de l'ensemble du personnel»

(1) A. Osipov, I. Kovalenko, E. Petrov, SovetskiJ raboci.j i avtomatisaciña (L'ouvrier soviétique et 1'automation), Moskva, i960, p. 88.

(2) op. cit., p. 99 à 112.

Page 11: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 8 -

Pourcentage d'installations Echelons de qualification (moyennes)

semi Entre- automa- automa-prises tiques tiques autres

1 100 2 100 3 100 4 8 82 10 5 60 40 6 25 75 7 100 8 - TOO-

agents de conduite

5,0 5,0 4,7 3,9 4,0 3,7 3,6 3,6

Me d*

icaniciens entretien

6,8 6,6 6,2 5,7 5,3 5,6 4,7

- 3,8

Ensemble des

ouvriers

О , О

5,9 6,2 4,5 4,3 4,0 3,7 3,4

Plus le niveau d!automation est élevé, plus l'échelon moyen de qualifi­cation des ouvriers est également élevé (il y a huit échelons de salaires en

fonction de la qualification).

A mesure que s'élève le degré d'automation, on constate assez nettement

une tendance à la diminution relative du nombre des ouvriers par rapport aux

techniciens^ aux ingénieurs et aux employés» On observe également une autre

tendance : plus le degré d'automation est élevé, plus il y a d'ouvriers quali­

fiés par rapport à l'ensemble des ouvriers, et, ce qui est particulièrement

significatif, plus nombreux sont ces ouvriers qui ont terminé leurs études

secondaires, c'est-à-dire qui exercent un métier nécessitant un bon niveau de

connaissances générales (!) «

- Produits à haut coefficient technologique. L'influence de ce facteur

sur la structure de la qualification de la main-d'oeuvre se note, d'une part,

par l'accroissement du personnel de recherche et de développement expérimental.,

d'autre part, par les modifications de la structure et des fonctions de personnel

directement employé à la production.

(1) Profiles of Manufacturing Establishments, New York, 1968.

Page 12: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

_ 9 -

En ce qui concerne le personnel de R~D, la relation qui existe entre la-

croissance de la R-D et l'évolution de la structure des qualifications est

évidente» En chiffres absolus, le nombre des chercheurs et auxiliaires scien­

tifiques employés à la R-D est pratiquement en relation directe avec la poli­

tique scientifique et technique adoptée, et en particulier avec le montant des

dépenses affectées à ce domaine. S'il y a des variations, elles proviennent

essentiellement de la part des dépenses affectées aux salaires par rapport à

celle qui va aux équipements, et également de la différence des rémunérations

dans les différentes branches d'activité«

Si la relation en chiffres absolus entre les dépenses affectées à la R-D

et le nombre des chercheurs est d'une grande simplicité, la relation entre ces

deux grandeurs en valeur relative est plus complexe ; elle doit tenir compte du

rapport i dépenses consacrées à la R-D/produit net des ventes, ainsi que du

rapport : personnel affecté à la recherche/ensemble du personnel employé dans

la branche considérée» On aura ainsi une indication sur les effets du volume

de la recherche sur la structure de l'emploi dans la branche considérée. La

proportion des cadres scientifiques ne peut pas être en rapport direct avec le

volume de la recherche, car ici il y a d'autres facteurs qui entrent en jeu

et notamment le rendement des investissements consacrés à la recherche, La

tendance générale à l'élévation de la rentabilité de la production sociale en

fonction des investissements dans la R-D n'apparaît en effet que sur la longue

période,, Entre le moment où l'on investit dans la R-D et le résultat escompté,

il se produit un certain délai. En outre, il faut tenir compte de l'effet

d'entraînement intersectoriel,un accroissement des recherches dans une branche

d'activité donnée pouvant avoir des effets sur la branche voisine.

Il n'en reste pas moins qu'il doit y avoir un rapport objectif étroit

entre le volume de la R-D et les effectifs du personnel de recherche et d'expé­

rimentation.

En ce qui concerne maintenant le personnel employé à la production, comme

la création de nouveaux produits est à l'origine de bouleversements continuels

des processus de production nécessitant en général l'utilisation de technologies

plus complexes, on assiste à une demande relativement importante en ingénieurs-

technologues, techniciens supérieurs, mécaniciens d'entretien et de réparation

et ouvriers qualifiés en général. Il en résulte que le niveau du développement

des activités de recherche dans une branche donnée exercera aussi ses effets

sur les effectifs des cadres employés ailleurs que dans la R-D. Cet aspect est

essentiel lorsqu'on doit évaluer le rôle de la recherche j celle-ci n'exerce

pas seulement une influence ponctuelle sur la structure de l'emploi dans une

Page 13: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 10 -

branche donnée, elle est en fait un des facteurs principaux des transformations

structurelles de l'ensemble de la main-d'oeuvre sur le plan des qualifications

professionnelles. Plus le volume de la recherche est élevé dans une branche

donnée, plus il y aura proportionnellement d'emploi pour les chercheurs, les

ingénieurs et les techniciens. Et cela non seulement dans les laboratoires de

recherche, mais aussi dans les ateliers. En outre, l'organisation et la gestion

des entreprises se trouvant être plus complexes dans les branches d'activité à

volume élevé de R-D, leur appareil administratif devra être relativement plus

étoffé que celles où la nature et la structure de la production ne se modifient

que lentementс De là, découle, pour les premières, la nécessité de faire appel à une proportion relativement plus grande de personnel administratif et

d'employés.

Pour conclure cette analyse des effets, sur la structure professionnelle

de la main-d'oeuvre, des deux tendances fondamentales du progrès scientifique

et technique, que sont l'emploi de la cybernétique et la part plus grande des

découvertes scientifiques incorporées dans les produits, il convient de souligner

que ces tendances concourent à part égale à l'amélioration générale du niveau de

la qualification. Cependant, le développement de l'une n'entraîne pas néces­

sairement celui de l'autre (c'est-à-dire que l'accroissement de la recherche

n'entraîne pas nécessairement eelui de 1'automation, et réciproquement). Qui

plus est, plus les transformations de structure sont rapides au niveau de la

production, plus on rencontre de difficultés à en automatiser les processus.

Face à la création incessante de produits totalement nouveaux, il est très

difficile d'automatiser la fabrication des premières séries. C'est un problème

que connaît bien le secteur de la construction de machines et d'instruments.

(b) Relations quantitatives

Les effets sur la structure de la main-d'oeuvre des deux tendances que

l'on vient d'examiner peuvent faire l'objet d'un traitement quantitatif par

l'analyse de régression. On exprimera chacun de ces facteurs par un indicateur

quantitatif qu'il faudra ensuite mettre en rapport avec la structure de la

main-d'oeuvre par qualifications et par professions dans chaque branche

d'activité.

Par quel indicateur exprimer le degré d'automation d'une branche d'acti­

vité ou d'une industrie tout entière ? On ne peut évidemment pas se fonder

sur le type des machines ou des installations, tant elles sont différentes

selon les branches. Par ailleurs, on sait que le niveau de 1'automation est

très étroitement lié aux investissements et à la consommation d'énergie :

Page 14: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 11 -

plus une branche d'activité est automatisée, plus ces indicateurs sont eux- —

mêmes élevés. Si on prend par exemple aux Etats-Unis l'industrie de l'auto­

mobile, où seuls certains processus sont automatisés, on constate qu'en 1973*

la consommation annuelle d'énergie électrique s'élevait à I8.9OO kwh par

ouvrier et les investissements à 29«800 dollars par ouvrier : @n revanche,

dans les branches d'activité où la production a lieu en continu, avec des

systèmes automatisés intégrés, ces indicateurs sont considérablement plus

élevés : soit respectivement I67.7OO kwh et 269. 100 dollars pour l'industrie

du pétrole, toujours aux Etats-Unis»

On peut donc utiliser la consommation d'énergie et les investissements

par tête d'ouvrier comme indicateurs exprimant le niveau de l'automatisation

des diverses branches d'activité. En ce qui concerne l'importance de la

recherche dans la branche concernée,._elle peut s'exprimer en prenant le

rapport ; dépenses de recherche/produit net des ventes. Comme il s'agit

d'une unité de coût, on devra recourir aussi à un indicateur de coût pour

exprimer le niveau de mécanisation et d'automation de la branche considérée»

Venons-en maintenant à la formulation d'une relation quantitative

entre la structure de la main-d'oeuvre et les deux facteurs en question.

Actuellement, la catégorie professionnelle la plus dynamique et la plus

importante pour le développement industriel est celle des spécialistes

hautement qualifiés, scientifiques, ingénieurs et techniciens (cfotableau l).

Ce tableau fait apparaître de grandes différences dans la répar­

tition de ces cadres scientifiques et techniques au sein des diverses bran­

ches de l'industrie aux Etats-Unis. Si, on constate dans 1!aeronautique et

les missiles, dans 1'électrotechnique (électronique comprise), la construction

de machines et la chimie, un taux élevé de cadres hautement qualifiés, dans

des branches comme l'automobile, la métallurgie, les papeteries ou la

céramique industrielle, ce taux est relativement plus bas,et dans plusieurs

autres branches de l'industrie légère - alimentation, textiles, confection -

encore plus bas. Il est en outre significatif que la grande majorité des

scientifiques et des informaticiens travaillent précisément dans les branches

à haut coefficient technologique qui sont à l'avant-garde du progrès technique.

Par ailleurs, certaines de ces branches, essentiellement l'industrie chimique

et l'industrie du pétrole, se caractérisent à la fois par l'importance consi­

dérable de leurs travaux de recherche et par un haut niveau de mécanisation

et d'automation*

Page 15: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 12

-

r-li

CO

Xi

•H

> •H

xi d

•H СО ¡H

CD

-H

to •H

d

Í

со Cd p cd

eu •H

£ч p

со

•H

со cd

I

ci

•H!

d]

•S: CD

P -P 0 <o! 0)1

•H

•H

Cl

(P

о СО; i и i Ф

[

cd о

| cd Ф cd

Ф

ТЗ

Ф

'тО

cd

P d

CD

ü

3 о

(Q

ф d

d

о ю

Яч Ф

а СО

Ф -р

Ф

U

r-i О

a

Е

a

Ф

cd со

d

Ф

и

-cd I-I

a .со

гЧ

Ф

d

d

о со

ÍH

ф а з

тз

с--о\

о cu

Сч

Ü

СО СО

d

Ф ф

Р

•н w

о -ч

•н Е

со -н

>)Х1

,d

о

Сч р

ф

ЧС1> -р

•Н

>

•н

р

о СО

ф TJ

ф

1

1

1

s J

ül ° •H -И

ni

СО <ч

¡ч

Ф P

О Л

Ш

CH

О

3 СО

d

тз d

cd d

СО я< -н

<ч id -—

-Pj

ал

СО

OJ

-3-

L4-

-3-СО

со о r-i

•H со со

•н ф er •H

p cd

О 5ч SCD <

гЧ «*

^ О

«ч

о

OJ •l

m

t-«ч

f

00 <ч

-3"

ол O

k

ГА

ол оо

ГА

(Н •l

i4

о

ГА t-

n «ч

OJ O

J ОЛ

Ю

LA

О

гЧ

OJ

LA

О

OJ

h-

СО

O

J О

cu in

r4

гЧ

ал «i

OJ

ОЛ OJ

LA KO

IA

ОЛ LA

t-

r-i îA

OJ

О -=t"

СЛ гЧ

LA

ОЧ

VO LA

fA

r-l t>-

«4

«V

«

\ «4

«4

о о

о о

о

LA OJ

M

СО «ч

«ч LA

0

0 гЧ

0J

ал ал

со о

LA ал

LA cu

«N *»

*> «ч

ГА O

J CU

LA

p Ф Ф

СГ Ф

•H 3

d a

1

.d -H

о d

Ф О

P 5ч

О P

ÍH O

p

Ф

О

ÎH

Ф

V(D и

a cd E Ф xi d

о •n* -p

о d £-.

со d о о

-3-

OJ

a>

LA

о

•H

о

CJJ Г-н

U 3

О rH

Сн,

I—i

CO cd

d

ГА. LA ». ал

.ч OJ

гЧ

гЧ

СО

гЧ

0J

-=*- ал

ГА, CU

OJ

00

со

ал V

0

гЧ

о L

A

CU O

J O

J О

cu

OJ

o ал

МЭ

i4

o i4

o

o o O

J o

¡А

ГА

О гЧ

o ®

o ГА o

OJ

гЧ

LA со

LA ал

LA

LA

ОЛ •=1-

LA

,4 O

O

OJ

o

со

h

n

Ф

•d

d

ЧФ

ье d

14

-í-

o «4

гЧ

o гЧ

^T со

•4

-=*-LA

гЧ

o l'A

ич

ГА

О

гЧ

ал

ко •i

о ГА

О

VO "\

LA

OJ

к_

К-°\

со

0J

ал

ал «ч

гН

-=1-

OJ LA

,

OJ гЧ

ОЛ ал

cu ал о гЧ

ал о гЧ

IA

со ко

гЧ

OJ

>

TJ

cd

Р

VCD

s со

ф x

i г*

о "Ч

•i-'J

ей

Е

>-«

Р

ЧФ

а TS

XJ

СО

su>

>

•H

¿ч V<1í 'чЗ

-P

Ф

3 а4

•н

р :о

СО

i4

гл со

Ф

Ï4

.с; g

>

3

S 1

Бн О

ф G

и а

/Ф -ч

Р р

Ф

5ч Ф

Р Ф а cd a,

о

ф •и 5-( р

СО

а; а1

•н Е cd 5ч

-о о

о •н

р cd р d Ф Е •ч

со ф гЧ

•ч р

ф

о •ч р

о ф <+ч d о о

О ал

,cd

СО СО (X

ГА

Г>-ал

d

о р ьо

d •н со cd со! о •ч

и! Ф ф cd S

31 О

! Х

}\ ф I СО 5 Ф Д о •н cd)

о Сч

| s-) i

О |

со! со! Cl a

i о ï

со

Page 16: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 13 -

Pour formuler la relation quantitative entre, d'une part, le taux

de l'encadrement scientifique et technique par rapport à l'emploi global et,

d'autre part, l'importance de la recherche et le niveau de 1'automation et

de la mécanisation, analysons la corrélation qualitative de ces divers

indicateurs tels qu'ils figurent au tableau 2e

Le coefficient de corrélation linéaire (к) entre le taux d'enca­drement (y) et les investissements, par tête d'ouvrier (x) est de + 0,444 ; entre (y) et le rapport : dépenses de R-D/produit net des ventes (z), est

de + 0,805-

Bien que chacun de ces facteurs joue un rôle important dans la forma­

tion du taux d'encadrement, aucun d'entre eux n'est à lui seul déterminante

C'est leur interaction qui influe^ dans une grande mesure, sur le taux

d'encadrement par rapport au total du personnel. Le coefficient de corré­

lation multiple entre (y), (x) et (z), est de + 0,976 ; le coefficient

de détermination, de + 0,952»

L'indicateur d'investissements par tête d'ouvrier et le rapport :

dépenses de R-D/produit net des ventes, sont inversement proportionnels,

le coefficient de relation linéaire étant de - 0,076«,

L'égalité de la régression prend la forme 1

y = 1,330 + 0,047 x + l£222z

(ж) Le coefficient de corrélation linéaire s'obtient par la formule ; *Ñ S x ^- y _ Z. x y - • r *

R x y =

" ) ( ) / * \2 ) ( 5 2 { X v2 ) (¿x) ) ( У = ( ^- У ) )

h ) ( h )

Le coefficient de corrélation multiple s'obtient par la formule

2 2 R y x z = , ? R y x + R y z - 2 R y x * R y z * R y z

1 - R 2 x z

Page 17: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 14 -

га ф

з •H

o

Ф

-p

-p

ra

•H

<+-! •H

-p tí CD

•H

ü

03 W CD S-i X

) cd o ra CD

T3 1

.

—1

>

-p

•H

и cd ЧФ

с*]

! I raj

'S

-P

X tí?

3l

cd

cd |

4 •H

CD

S i-н

CD -P P U

l VCD

d ^ Г2 га

-H 3

\гЧ CD

-P 03

oj tí cd

&

OJ

cd

CD i-Ч

хз cd

Ен

CD

* CD

Д ü

h

©

s

i О

ф h

ф ТЗ

га

Ф

w tí Ф

о.

>си

Q

•Р

и

О

о, Q

. сб

и

и

СО

а Ф

ьо со

С! ф о È о а

га

Ф

с Ф >

га

Ф

ТЗ

Ф

С

•н

3 тз

о а

з cd

га

ф е Ф га

га

•н

га

Ф >

н

Ф

•н

гЧ

>

3 о —

Ф

Si

cd

a

с о •н

о 3 тЗ

о и

a

cd

.-i

.cd

га

и

cd

rH

i-f

о ^ ф тЗ

га

U

Ф

•н

«Н

mil

ф а1

•н tí si о ф

' -Р

-Р tí ф S Ф

и тЗ cd о tí (D

-P

- ф Ф

ф 3

тЗ а4

-н Ф

^м hO

-H cd

-P -P

tí tí

Ф о

-н о

о s., га

Ф r-i

r-i HQ

Ф

.cd з<

о !

a i

a cd

cd

i °

гЧ

•=1- 00

CO OJ

<J\

О «\

•» «ч

H

H

ол о\

со о-

LO ил

1-

ОЛ в. чо

со со

о 8Í

-=í-

IS-

LT\

гН

"\ *Ч

»к

К"\

1СЛ О

Л СУ-

'l-

V0

0J

г- ь-

о з-

^- ил

Ч

»,

с,

=,

t\

£> ол

^ ол

си си

f°l rl

OJ

П

с--о 0J

»i

о гЧ

0J

С--

ил ^J-

со

ол

гН

0J «ч

ол «ч

со

КЛ

о 0J

гН

чу

•н

>

•н

О

CD

cd

i3

Ф

•н

га

ÍH

Ф -р

xi га

-..' з

tí 43 £

Й

£-< -н е —

-~Ч с о

•Н

cd

2 ¡L¡

о чч

Ï2

cd

h

-p

-P

CD

Ф

*-* a

1

.-¡

-P

3

cd

о ГН

va) <

га

Ф

i—i

•r-í

га

га

•r-i

E

Ф

Ф 3

tí- с? а

1 -н

•н tí

tí о

Л

гН

О

Ф

О

Ф

О

гН

и -Ф

р

а

Ф

Ф

гН

W

ф

тз

о •н

о 3 Í4

га

о о

га

Ф

•н

X! о cd

S

ф l—

i

•H

л о £

О

=5

<

ад s tí

о •H

><

-p

2

cd cd S

-^ M

4D

O

S «b

i га га tí

Ф cd тЗ Î4

Ен

Ф

•н

Е

•н

х! о

Ф

r-i

о Í4

^ф а

Ü

3

тЗ

га

ЧФ

>

Яч Q3

Q

Ф Ф

=5

О*

•Н

•Р

га

cd

гН

а Ф

P-S

.ф •Н

i га

Ф

r-í

.ф ;

>

5 i—

-;

О.

а

га

о -н

Í4

Ф

Ф

а

cd

03

•ri

о л

ri •�

ф •H

¡ч

4

>

га

з тЗ

M

i elle и

-p

га

3 тЗ

•H

ф 3 a4

•H

E

cd

k

4)

о

r; O

•H

-P

cd

-p

Ф

E

•H

гЧ

<

ction Ф

<+-)

о a

-p

b

И

Ф

f-(

•H

-p

X ф Рн

1 °

! Ф

?

<+н

i

Ф »

!

OT

"-• !

з i

и •H

cd

; о u\

cd

Ф га?

CDS

Й| •>

г<Л

IS-

С7\

r-i

Page 18: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 15 -

Ainsi, le taux d'encadrement scientifique et technique par rapport au

niveau général de l'emploi dans l'industrie est plus fortement tributaire du

volume de la recherche que de l'ampleur des investissements. Gela s'explique

par le fait que scientifiques et ingénieurs sont de moins en moins affectés

aux tâches directes de la production et pénètrent dans le domaine de la

recherche, de l'expérimentation et de la construction de projets. On pourrait

retenir encore plusieurs autres indicateurs techniсо»économiques moins signi­ficatifs, mais traduisant divers aspects du progrès scientifique et technique

contemporain, et qui influent d'une manière ou d'une autre sur la structure

professionnelle, par exemple le niveau d'organisation et de gestion des

entreprises. Mais, le progrès scientifique et technique se manifeste par

des processus si diversifiés et si dynamiques que^ bien entendu, aucun

ensemble déterminé d'indicateurs ne- pourra l'épuiser complètement.

Nous avons donc pu définir les effets des tendances principales du

progrès sur les modifications de la structure professionnelle de la main-

d'oeuvre, et cela dans l'industrie, et plus particulièrement en ce qui

concerne cette catégorie essentielle : les cadres scientifiques et techni­

ques» Comment la situation se présente-t-elle dans les autres domaines

de la vie économique, transports, communications, recherche scientifique

(non-industrielle), formation des cadres, etc.? On peut logiquement émettre

l'hypothèse que, là aussi, le niveau de l'emploi pour les ingénieurs et les

scientifiques est en fin de compte déterminé par les tendances définies

plus haut, et que le taux d'encadrement par rapport à l'ensemble des actifs

dépend dans une grande mesure du niveau des équipements et du volume de

la R-D. On pourra vérifier cette hypothèse en procédant à la comparaison

de ces indicateurs pour un certain nombre de pays.

Ce type de comparaison se heurte, certes, à des difficultés inéluc­

tables qui tiennent au caractère spécifique des statistiques nationales.

On est loin de trouver partout, des données sur l'effectif global des scien­

tifiques et des ingénieurs, et même lorsqu'elles sont disponibles, les

niveaux de qualification ne sont pas toujours équivalents.

Les données concernant l'URSS proviennent de l'ouvrage Narodnoe

khozjajstyo SSSR v 1975 gfl (L'économie de l'URSS en 1975) émanant de la

Direction centrale des statistiques. Comme base de comparaison avec' les

autres pays, on a utilisé l'étude de l'OCDE sur La structure de la main-d'oeuvre

Page 19: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 1б -

par profession et par niveau d'éducation dans 53 pays (l) ainsi que les —

données de l'Annuaire statistique de l'Unesco (2)0

Or, les données de l'OCDE sur les ingénieurs et les scientifiques

diplômés de l'enseignement supérieur se réfèrent à l'année I96O/6I0 Pour

obtenir les chiffres correspondants pour l'année 1973* nous avons dû procéder

comme suit ;

évaluer le nombre des ingénieurs et des scientifiques (médecins

exclus) qui ont été formés dans chaque pays entre i960 et 1973 J

émettre une hypothèse selon laquelle une proportion d'environ 5 %

de chaque promotion d'ingénieurs ou de scientifiques travaillerait

en dehors de sa spécialité ;

émettre une seconde hypothèse selon laquelle en 1973* environ 10 %

des effectifs de 1960/61 auraient pris leur retraite]

- additionner aux données de I96O/6I le total des effectifs formés

ultérieurement, en prenant soin de soustraire le nombre estimé des

retraités et des diplômés travaillant en dehors de leur spécialité.

Lorsque, les statistiques nationales ne font pas de distinction entre

les diplômés de l'enseignement supérieur et les autres, on a eu recours à

une autre méthode, plus indirecte»

à partir des données de l'Unesco sur la proportion de diplômés de

l'enseignement supérieur parmi les personnes âgées de plus de

25 ans«, et celles des cadres /"professionnels" (ж}/ en général parmi la population active, on a calculé quelle pouvait être

parmi ces derniers la proportion de ceux qui détenaient un

diplôme d'enseignement supérieur j

c'est cet indice qui, après correction, a été retenu pour exprimer

la catégorie des ingénieurs et des scientifiques.

(1) Statistiques relatives à la structure de la main-d'oeuvre par profession et par niveau d'éducation dans 53 pays, OCDE, Paris, 1969=

(2) Annuaire statistique de l'Unesco, 1975°

(Ä) En anglais dans le texte (Ndï).

Page 20: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 17 -

lé s données utilisées sur l'effectif global des ingénieurs et des

scientifiques issus de l'enseignement supérieur n'ont donc qu'un caractère

approximatif et ne prétendent pas à une exactitude absolue. On n'a pas

tenu compte* notamment^ du phénomène de migration des scientifiques et des

ingénieurs« Cependant, dans le cadre de notre étude, ce ne sont pas les

chiffres absolus qui présentent de l'intérêt, mais les taux relatifs, et plus

spécifiquement la proportion de cette catégorie de cadres par rapport à

l'ensemble de la population employée (cfo tableau 3).

L'indicateur choisi pour mesurer le niveau technologique de la produc­

tion est celui des investissements par personne employée, exprimés en

dollars« Pour les calculs, on a utilisé, d'une part, les données de la

Direction des statistiques de l'URSS selon lesquelles, dans ce pays, le

montant global des investissements aurait légèrement dépassé en 1975 celui

des Etats-Unis (1), et, d'autre part, les données statistiques des

Nations Unies (2) (cf. tableau 4).

L'indicateur choisi pour mesurer l'importance de la R-D par pays est

celui du pourcentage des dépenses de R-D par rapport au PNB (3).

On peut alors établir pour les 17 pays choisis la corrélation suivante

entre, d'une part, le taux des ingénieurs et des scientifiques et, d'autre

part, les indicateurs du progrès scientifieo-technique (cf. tableau 5).

Le coefficient de corrélation linéaire entre l'indicateur du niveau

technologique de la production (x) et le taux d'encadrement (ingénieurs et

scientifiques) (y), est de + 0,705, et entre le pourcentage des dépenses

de R-D par rapport au PNB (Z) et le taux d'encadrement (y), de + 0,792.

Le coefficient de corrélation linéaire entre (x) et(z) est de + 0,403.

Quant au coefficient de corrélation multiple Ryxz, il est égal à + 0,897.

(1) CSU SSSR, Narodnoe khoz.ia.jstvo SSSR v 1975 g, (L'Economie de l'URSS en I975 . . . ) , p. 121.

(2) Monthly Bulletin of Statistics, 1977, No. 9.

(3) Annuaire statistique de l1Unesco, 1975»

Page 21: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 18

-

с о fi -p

i •н -p со 0)

Ф

su о i -О

с о •н -р со

H 3 о. о Û

, сС

ф 43 Ф

г-( s 0) со с ф

-со

о а а со

а §

1 и ф -О

Р Ф со ф б

1

•Hl

-Р!

¡-I ф •н о и к' о

8 гЛ

со Ф

г-i Л

> сС

-р а>

о »и • со S

ш

ф

< 3

со 0

4 с

•Н

Ф

«к-•Н

г—

(

-р ф •Н

О

Í4

СО О

а

и а Ф со тз: ь Ф

f-t ьо ев ев

а -р Cl ф о и з о cu

а

СО

h 3 ф

•н С

i rige Ф • Ы

X

U

ф >

5 О

гН

ф r-î JD

Е

Ф

со с M

тз со с О

•rt

агч е Ф

С О

•н .и

popula Ы

•И

Е

tí Ф

со U

ф

v0

3 Е

ф

со <о -н 1)

H

^ з

ачФ

с

-н а

•и тз з

Сн

СО

•н со

+» Ь

с 3

с Ф

Ф о Е

О

С

! Ф

СО

ЧФ

С

ЬО

ЬО

С -н

•н Ф

со с ф

ел

СО PU

о СМ

0\

О

г-1 СМ

Ю

CA

N

^

«Ч

"к H

O

l (\1

-=d- '—

' -=*-

CJ СМ

Г

ЛС

О

СЛ

"\

OJ

СМ

Г<"\ О

H

н

О

О

О-

-•ч

IV

гЧ

-3-•>

ОЭ

1Л"

•> СМ

1Г\ "С

М

VD

СМ

<0Л

О см

\о см

ь-СО

m

(V

•s ГЛ

0\ •*

гЛ

IV •4

гЧ

со о*

[Г\

о ^ КЛ

-3-ъ

см

см «л

ГЛ

см «ч

см

а-«ч ГЛ

мо о О

Л

о tv о

со ГЛ

tv

о о <п о 0J -з-

о о -=з-

о LH

см о см

•-Ч

о �

\ о со

со чо

то

ir\ о

¡V

Lf\

КЛ

Г

Л

К\

СМ

С

М

г-Н

со

со -н с I со -р СО

•р

с о а со »-3

со Е Ф

гН

ТЗ

си

N1)

ф о с со

È

5 О Е 3 cd

о 8

со

S i W

>

1 СО

cu

ф 3 сг •н ьо гН

я ф

чЗ -о 3 со

ф ьо »ф

> и о

ф •н 3 О

4

Í-! 3

H

ф

s: о

•H

ÍH

P 3

<

^ ь et E

с с cd

Ф о

•Ф

fi

ф

•о с СО

гН

с: S

гН

СО

ьо 3

4-3

iu О

cu

Page 22: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 19 -

1 Ф

W

С

о с

> о

Ф

^ >s О

а

ю >н

•н su о

со о*

® .

тз ь cd

а) о«

ВД „

со w

-р tí

Cl 0)

0) о

S и

Ф

3

со о

w

а, -н -р В«

s CD !

гЧ ч OJ

/СО «

a з СО

Ф

И

MD

О

со

Е -ja

Ф d

о тз

-р ев 3

О

гЧ О

н -Н

s

и со

С cd

CD г-1

S пЧ

Ф

О

W тз

СО •Н

Ф

-Р тЗ

со Ф

СО

> тЗ

С h

M

сб

tí Ф ^1 со

о-.

о\ со

о m

•*

см t 4-

00 ГЛ

00 ГЛ

СО

•I «Ч

«» ">

^ •»

СМ

CU

ГЛ CU

гН

ГЛ

CU О

ГЛ

ол m

OJ

о со •> см

ил ГЛ

ГЛ

CU

о

о иЛ OJ

О

VO

0J

о\

о i-H

L4-

CU

чо о

ГЛ CU

ЧЭ

I х- -si"

гН

00 гН

CU ил

VO

си о си

0J

I s-в»

со ил -=1-

L4-

сгч г>-

со е

\ с\

е\ о

ГЛ

ГЛ

i ил

о ГЛ

-3-си OJ

ГЛ

си си

«ч

ГЛ

00 0Л

L4-

Ь-

О

ГЛ M

D

VO

г>- о

о ил

си m

t 4-

-=í-0J

/cd

1СЛ ГЛ cu

О

VO

ил со

гН

ол ил

гл гл

гл ол

ГЛ ГЛ

н ил

гл t 4-

чо гЛ

си си

со

со

со •И tí р ! СО

-р cd -Р

j2 О

а cd

d'Allemagne • *Ü

<н • a

ЧФ

Ф о tí cd

Ê

•H

tí P

i ф E 3 cd >> о

cd ТЗ cd С cd

О

со í i со >J cd

Ф

3 а* •н ьо r-i

я ф

•о •

ф 3 со

ф ьо /ф > и о a

Ф

•н 3 er 5ч

g

ф -tí о •н 5ч -р 3 <

^ Î4 cd s ф tí cd

ф о •

ф S4

Ф

чЗ с cd

гН С

Й

гН cd ьо ^

-р h о CL,

Page 23: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 20 -

m U Ф -p со о

•H

•а

•н

ф

•р

Ф 03 О) о

4

•н

чн

•н

Ф

•H

ü

w

(Л d)

ТЗ

-P 0)

03

и

W

CQ

Ф

¡2

; 03

Он

Cl

Ф 3

a

cd

ЧФ

тЗ

-P

su

w о

cu a TJ

a ce

(D

ьо cd

SU

-P

cd

й

а <D O

Q

SU

I

3 P

i о

PL, CD

—»S C/3

SU

Ф

CG

CD

СО

Ч

Ф

SU

43

a >

з со

О

п

Н

ф 02

гЧ

t-i

ад -р а

о со

tí Е чЗ

-P CD

CD с: s

CD

Ф

Ф

ф

ТЗ

О

02

03 O

h

O

-P

02 CU

P-t

W

SU -H

<D

(D

H

>

a<

-¡ tí

-H

•H

S

tí CD

SU 0

3

D

-H

•H

Ф

-P

tí •P

CD

-H

CD ! O

i

Й

ffl к

О (В

ífl

|тз чз а

Ф

Ш

! ьо Ф

Ф

Ctí

3

-P

«

о+

! tí

5ц -

н

О 3

in

ф

Ф

SU -H -

P

I 3

tí О

ЧФ

ф

Р

н hO

-H

} tí

О

•н и

3 a о a cd

i—

i

-со -P

¡U

О

a a C�

Ф >

"H

-p

Ü

ccî

d

о •H

-p

СЙ

r-l

tí о •H

-p

cd

гЧ

h

и о о

w 1 W

| ,0) >u

О

?.. a з 43

LH

cd

ф .H

¿

2

cd

со

гл

o\ -H

oo

«4 O

S

<N

<N

ЕЧ

4- ai

н

ai н

OJ

КЛ

O

J

OJ

H

(il H

гЧ

OJ

rf\ и

л

о <з

OJ

ON

1°\

о о"

4 о

"

OJ

.cd

а 03

сг\о

з

о

ил

-=f см

ги-о

\ о

ил

-=*-

о

о

ел

s 4

С

*- 0

0

КЛ

СО

1

Л

00

О

LT\

СО

Г<Л

0J

ИЛ

V

O

О

гЧ

VC

O

J 0J

К\

OJ

f^

^O

IW

^O

OJ

Ol

OJ

о О

Л е>

гЧ

О »»

C\i

VO ч

гЧ

0\ ч*,

СМ

с-«ч

см

т í%

0J

<-! «ч

см

^-е*

ГЛ

0J ^ о

0J г<л

оо

ол

ил

«Ч

C

S

«i °»

гН

О

О

О

00

со

02

Еэ J 02

-Р cd -P

W

tí о а cd

h

i

Ф

tí ьо id

43

чз M

D

ЧФ

с«

ф Ü • с cd

а

•H

3 cd ¡>> о

Pi'

cd

тЗ

cd

cd

о

оз.

cd '

Ф c1

•H hü

i—I

Ф

со

Ф ЬО

•Ф

>

SU

о

er su

5-

Ф

& О

•H

su -p

.y

Ф tí cd

Q

Ф о •

Ф

SU

ф "С

tí cd

гЧ

tí •н fe

О

0-

с 3 о а 03 Ф

<н ¿

э

о Ф

ТЗ

03

тЗ

¡и

cd

•H

LH

-3-

-p

ф

VO

ил

а

иЛ

ол

tí ф

03

ф ТЗ

ф •н

s о

tí о о

"¡-3

bfl!

id ! si ! -J

!

CO

со CO

о >

+^ 02 "-: cd "-: N

О

X

! -*¡

ф о tí тЗ О

2 0Í,

GO

С

О

со ;г> со о

Page 24: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 21 -

L'équation de la régression s'écrit :

y = 0,1^8 + 0,4l9X + 0,524z

Le coefficient de détermination est de + 0,805«

On peut donc conclure que les tendances du progrès scientifique et

technique définies plus haut exercent une influence notable sur l'emploi

des cadres scientifiques et techniques non seulement dans l'industrie mais

dans tout l'ensemble de la vie économique.

Si on aborde maintenant la question du rapport entre les investisse»

ments et le progrès, on peut définir les deux relations suivantes, à savoir

le rapport entre d'une part, les investissements destinés à la formation

des cadres et, d'autre part, les investissements dans la R-D et dans les

infrastructures nouvelles.

Il n'est pas possible d'augmenter le volume de la recherche sans

procéder à des investissements accrus pour la formation des cadres scien­

tifiques et techniques., C'est là une évidence, mais qui ne touche pas

encore à l'essentiel» Allons plus loin. Les dépenses consacrées à la

recherche sont la source potentielle de transformations qualitatives de

la production industrielle (nouvelle technologie et nouveaux produits).,

Ces transformations nécessitent à leur tour une amélioration du niveau de

la qualification, c'est-à-dire un accroissement des investissements consa­

crés à la formation professionnelle. C'est de cette manière que l'augmen­

tation des dépenses de R-D stimule l'accroissement des investissements

consacrés à la formation des cadres.

L'autre relation est celle entre les investissements consacrés à la

formation des cadres et un autre facteur d'importance, à savoir les inves­

tissements en équipements nouveaux, à forte productivité qui s'accroissent

donc à un rythme plus rapide„ La relation la plus évidente est celle que

l'on peut constater entre les investissements consacrés aux équipements

nouveaux et à la formation professionnelle dans le domaine industriel»

Une partie des investissements consacrés à la technologie et aux

équipements nouveaux vise à créer de nouvelles entreprises ou à agrandir

des entreprises anciennes ; elle est par conséquent créatrice d'emplois

nouveaux qui entraîneront à leur tour des investissements pour la formation

professionnelle des ouvriers qui occuperont ces emplois., Une autre partie

de ces mêmes investissements vise à modifier les postes de travail existants

afin de les doter d'une technologie plus avancée« Ces modifications

supposent des investissements pour recyclage de la main-d'oeuvre en cours

d'emploi.

Page 25: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 22 -

On sait que l'élévation du niveau technologique de la production —

entraîne une augmentation des dépenses d'équipement par poste de travail.

On constate la même tendance en matière de formation professionnelle ;

plus la technologie est complexe, plus la qualification des ouvriers s'amé­

liore, et plus les investissements consacrés à la formation sont en

accroissement.

Or, pour améliorer les qualifications, les investissements ne doivent

pas être seulement consacrés à la formation professionnelle proprement dite,

mais aussi à l'éducation générale« C'est pourquoi on observe aussi un lien

objectif entre les investissements dans la technologie avancée et dans

l'éducation en général.

Les corrélations objectives mises en lumière entre le niveau techno­

logique, le volume de la recherche et le taux des ingénieurs et des scienti­

fiques (par rapport à l'ensemble de la main-d'oeuvre) interviennent direc­

tement dans la planification de la formation des cadres scientifiques et

techniques. Un lien étroit doit être maintenu entre les plans de formation

des ingénieurs et des scientifiques, le plan de croissance de la R-D et la

planification des investissements» En l'absence d'une telle planification,

il peut se produire de dangereux phénomènes de distorsion qui ont pour effet

de réduire les possibilités d'emploi des cadres.

Les corrélations mises en lumière permettent d'aborder d'une manière

nouvelle le problème de la rentabilité d'une politique d'amélioration des

qualifications» Les investissements que l'on y consacre ne peuvent avoir

d'effet direct sur l'économie que s'ils entretiennent un rapport étroit

avec la création de nouvelles techniques de production visant à fabriquer

des produits nouveaux qui traduisent les dernières découvertes de la science.

On ne pourra étudier correctement ce problème que si l'on examine très

attentivement les conditions indispensables nécessaires à l'emploi optimal

des cadres. Il faut évidemment adopter une approche globale et considérer

l'amélioration des qualifications comme un élément constitutif du progrès

technique considéré comme moteur de la croissance.

C'est un problème sur lequel les économistes se sont abondamment

penchés ; ils construisent en général des modèles de croissance fondés sur

la fonction productive où ils intègrent le facteur de qualification ou

d'éducation (1).

(l) Education, Income and Human Capital, W, Hansen, edit, New York -London, 1970« American Economie Review, No,2, I966.

Page 26: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 23 -

Or, la fonction productive est une abstraction macro-économique dont —

le point faible est précisément son trop grand degré d'abstraction j la réalité

du processus modélisé risque de s'en trouver déformée., Si le facteur de

qualification est introduit dans la fonction productrice comme une variable

indépendante sans relation avec le niveau de la technologie et de la recherche«

la fonction productrice réduit l'économie à un système simple dont la crois­

sance dépend de plusieurs facteurs indépendants les uns des autres« Or,,

l'économie est un système intégré dont tous les éléments sont en interaction;

le système lui-même connaît un développement incessant au cours duquel se

modifient non seulement les indicateurs quantitatifs mais sa structure elle-

même. Dans ces conditions., toute tentative pour évaluer l'action d'un des

facteurs^ par exemple l'éducation, sur la croissance économique en général

en l'isolant des autres éléments du système et sans tenir compte des modifi­

cations que subit la structure économique dans son ensemble, est vouée à

l'échec.

Dans le cadre de la révolution scientifique et technique, les inves­

tissements consacrés à la formation des cadres jouent un rôle économique

essentiel, à la fois comme transformateurs de la technologie et de la struc­

ture de la production et comme source de passage de l'économie à un stade

qualitatif plus élevé»

Lorsqu'on aborde la phase de production de produits entièrement

nouveaux issus des découvertes de la science, c'est toute la structure de

la production qui se trouve modifiée= On doit nécessairement procéder à

certains investissements dans la recherche et la construction de projets,

dans la création de nouveaux matériaux et de machines pour les fabriquer,

enfin dans la formation de cadres à qualification professionnelle plus

élevée« Il n'est plus possible de créer de nouvelles branches d'activité

sans que se développent en même temps des branches auxiliaires et voisines,

surtout lrélectronique, la construction d'instruments de controle et de véri­

fication, certains produits chimiques, etc., de telle sorte que se

produisent nécessairement des modifications de la structure de l'industrie

dans son ensemble, la création de nouvelles branches d'activité, le rééqui­

librage et l'intégration de toute la vie économique. En même temps, se

produisent nécessairement des modifications importantes dans la structure

professionnelle de la main-d'oeuvre, tandis que le niveau général sfélève

en matière d?éducation. Ces phénomènes concernent non seulement la branche

nouvelle, mais également les branches d'activité voisines. Il en résulte

Page 27: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 24 -

que l'industrie tout entière s'élève et atteint un nouveau degré de develop^

pement technologique ainsi que de qualification de la main-d'oeuvre.

Les corrélations objectives mises en lumière entre les investissements

consacrés à la recherche, au renouvellement des équipements et à l'éducation,

permettent d'aboutir à des conclusions définitives sur les conditions

nécessaires à l'emploi optimal des cadres qualifiés ainsi que sur Isinter­

act! on entre croissance économique et niveau de qualification professionnelle„

L'amélioration de la qualification de la main-d'oeuvre n'aura aucun

impact économique si la production conserve un aspect routinier et que l'on

fabrique d'année en année les mêmes produits sans en modifier la nature.,

et par conséquent la technologie de la production

Pour être capable d'assimiler un degré donné de technologie ou le

processus de fabrication d'un produit déterminé, on a besoin d'acquérir une

certaine qualification ; une amélioration de cette qualification qui ne serait

pas accompagnée d'une modification de la technologie et de la nature des

produits, ne peut avoir aucun effet positif sur la productivité«

Si, en revanche, la production est dynamique et se développe au

rythme même du progrès technique, la constante amélioration des qualifica­

tions est une condition indispensable pour parvenir à assimiler les processus

de fabrication de produits nouveaux obtenus grâce à une technologie de pointe«,

Et, cela va sans dire, plus le rythme du progrès technique augmente, plus

on crée rapidement de produits nouveaux, techniquement plus avancés,

- et plus le niveau de qualification du personnel connaîtra une amélio­

ration rapide»

Il nous faut parler ici d'un autre aspect de la qualification profes­

sionnelle qui témoigne de son étroite imbrication avec le progrès technique!

il s'agit de l'apprentissage qui se produit par l'obligation où on se trouve

de résoudre des problèmes scientifiques et techniques complexes» En raison

de la révolution scientifique et technique, le développement économique est

à la source d'un processus eontinu d'auto-format!on pour les cadres qui

doivent assimiler, dans le cours de leur travail, les technologies de pointe,

les processus de création de nouveaux produits, plus complexes, l'organi­

sation de nouvelles branches d'activité. Cette auto-formation, qui élève

le niveau des qualifications, ne concerne pas uniquement les ingénieurs

et les ouvriers pris individuellement, mais des collectifs entiers de

production» Ceux-ci acquièrent des qualités précieuses telles que la

perméabilité aux idées nouvelles, la rapidité des décisions en présence

Page 28: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 25 -

de problèmes techniques complexes. Plus le rythme du progrès technique^ —

est rapide5 plus l'effet de l'auto-formation est important. En revanches

lorsque la production est routinière^ que les produits restent pratiquement

inchangés dans leur nature et leurs méthodes de fabrication,, la formation

sur le tas n'est pas possible.

Le rythme du progrès technique et le niveau de qualification des

cadres sont donc très étroitement liés. Plus l'économie et le rythme du

progrès technique procèdent à des bonds en avant rapides et plus les connais­

sances potentielles des cadres«, leur compétence technique^ facteurs de

souplesse et d'agilité d'esprit«, seront nécessairement élevés«, plus le

niveau d'éducation de la main-d'oeuvre devra dépasser les besoins dictés

par la technique en cours., plus l'éducation devra être tournée vers l'avenir«

Tous ces éléments entraînent des modifications dans la nature même de la

qualification professionnelle dans le monde d'aujourd'hui,

2, Un nouveau type de qualification professionnelle

Dans le cadre du progrès scientifique et technique, il se produit

non seulement des modifications de la structure professionnelle de la

main-d'oeuvre^, mais des sauts qualitatifs importants dans le contenu même

des qualifications«, sauts qualitatifs qui correspondent à chacune des

grandes étapes de l'évolution de la technologie et de la production.

Le passage de la manufacture artisanale au machinisme industriel a

entraîné«, comme on sait.«, la disparition du "maître d'atelier" avec son

expérience et sa compétence en matière de travail manuel«, et son rempla­

cement par l'ouvrier qualifié avec son expérience et sa compétence en matière

de travail sur machine. Le contenu de la qualification s'est sensiblement

élargi«, l'ouvrier devant désormais bien connaître sa machine-, savoir l'ajuster

et 1'adapters ce qui demande du savoir-faire,, mais aussi un minimum de

connaissances techniques. L'évolution du machinisme connaît à son tour

plusieurs étapes distinctes qui entraînent chacune une évolution du niveau

général de la qualification et de la structure professionnelle de la

main-d'oeuvre. Ainsi^ dans l'industrie de transformation des métaux, une

étape déterminante a été franchie lorsqu'on est passé«, vers les années

vingt et trente«, de la machine-outil universelle aux machines de production

en grande série reliées par chaîne-transferts ce qui a été à la base de

l'essor de la production de masse, Or., l'apparition des machines de produc­

tion., la standardisation et le passage à la production en grandes séries«,

ont rendu nécessaire une élévation du niveau technique de la plupart des

Page 29: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 26 -

catégories professionnelles» On a vu sensiblement croître l'importance

du groupe des ouvriers qualifiés appartenant aux services techniques, tels

que vérificateurs, outilleurs, modellers, spécialistes du réglage, etc..

Pourtant, la proportion des ouvriers qualifiés en général par rapport à

l'ensemble a notablement décru au cours de cette même période, ce qui

s'explique par les modifications enregistrées par les formes d'organisation

de la production j celles-ci jouent en effet un rôle essentiel elles aussi

en matière de structure professionnelle de la main-d'oeuvre,

La mécanisation s'accompagnant de formes telles que le remplacement

de la machine universelle par la machine de production, leur liaison par

la chaîne-transfert, le remplacement du travail du métal en force par

l'emboutissage et le moulage de précision, la large utilisation du système

de la chaîne de montage, a abouti à une division maximale du processus de

production en opérations élémentaires» La place de l'ouvrier qualifié

"universel" a été prise par l'ouvrier "spécialisé" destiné à accomplir

un nombre d'opérations strictement limité» Ce processus de division du

travail n'est pas sans rappeler quelque peu l'organisation du travail de

la manufacture, où les ouvriers étaient également spécialisés. Seulement,

l'infrastructure technologique y était évidemment totalement différente j

au règne du travail manuel, a succédé celui du machinisme. Comme la grande

masse des fonctions de conducteurs de machines et de monteurs a été confiée

à des ouvriers qui avaient subi une formation accélérée et qui étaient par

conséquent considérés comme "semi-qualifiés", la tendance générale, depuis

les années vingt jusqu'à la guerre, se caractérise par une certaine baisse

de la proportion des ouvriers qualifiés.

Il faut en outre tenir compte du changement qui s'est produit dans

le contenu de la qualification des ouvriers. Les machines modernes de produc­

tion réclament de la part des ouvriers moins d'habileté manuelle et de

création personnelle que les anciennes machines universelles, mais plus

de précision dans le travail et des connaissances techniques plus poussées.

La culture technologique d'ensemble s'élève ; la production en série, avec

des composants interchangeables qui la caractérise, exige la plus grande

précision dans l'usinage des pièces.

On ne peut donc plus faire aveuglément usage de la vieille classi­

fication des ouvriers par degrés de qualification. Certaines catégories

d'"ouvriers semi-qualifiés" travaillant sur des machines de production ont,

sous certains rapports, une qualification plus poussée que des "ouvriers

qualifiés" que l'on trouve dans des ateliers de type semi-artisanal.

Page 30: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 27 -

L'automation représente une étape nouvelle dans l'évolution des

techniques de production et, par conséquent, dans la transformation du

contenu de la qualification. la différence essentielle de 1'automation

par rapport à la mécanisation sous ses formes diverses, tient à la présence

d'un système de rétroaction à qui est dévoluée la fonction de conduits

directs du travail de production. Dans un milieu complètement automatisé

ou à "automation intégrée", l'homme ne participe plus directement au travail

de production. Ses fonctions se limitent à l'élaboration de programmes

et de régimes technologiques pour la machine automatique, à la surveillance

et au contrôle général de son fonctionnement^ à son ajustement, à son

réglage et à son entretien. Dans les branches de l'industrie à automation

intégrée, la proportion des ouvriers qualifiés croît inévitablement.

Aussi inévitablement décroît la part des ouvriers non-qualifiés qui

se voient écartés du processus de production. Dans certaines entreprises

à fort coefficient d'automation, les ouvriers qualifiés constituent même

la majorité absolue des travailleurs. Cependant, à côté de 1'automation

intégrée, subsistent des formes d'automation partielle ou incomplète] ce

n'est pas l'ensemble du cycle de production, mais certaines opérations

seulement qui bénéficient de 1!automation. Or, le rapide essor de 1?auto­

mation qui s'est produit dans l'industrie à partir du milieu des années

cinquante n'a pris en général que des formes partielles ou incomplètes.

Si des éléments comme la chaîne de fabrication automatique ou la machine

à commande automatique sont assez largement répandus, Isautomation intégrée

ne fait quant à elle que commencer. Elle n'apparaît que dans les branches

qui fonctionnent en cycle continu, comme dans l'industrie chimique ou

du pétrole, ou encore dans la métallurgie, les industries alimentaires ou

productrices d'énergie. Dans d'autres branches d'activité, transfor­

mation des métaux, electro-technique automobile, aéronautique et missiles,

etc..., qui emploient la majeure partie des ouvriers de l'industrie, le

niveau d'automation est relativement faiblej la mécanisation sous ses

diverses formes y est encore largement représentée, avec malgré tout

l'introduction d'éléments d'automation partielle.

Pour étudier l'effet des diverses formes d'automation sur les modi­

fications de la nature du travail, les économistes soviétiques opèrent une

distinction entre opérations à dominante intellectuelle ou physique

et analysent l'évolution des rapports entre ces deux types du travail.

Ainsi, dans l'industrie des machines-outils, les opérations à

Page 31: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 28 -

dominante intellectuelle représentent 50 % du temps de travail d'un -

conducteur de machine semi-automatique, 68 % pour un conducteur sur chaîne-

transfert, environ 90 '% pour un ajusteur de chaîne-transfert. Cette propor­

tion peut atteindre 88 % dans la métallurgie pour un conducteur d'unités

automatiques de coulés de l'acier en continu (1).

L'accroissement de 1'automation opère par conséquent une intellec­

tualisation du travail pour les ouvriers.

Aux Etats-Unis, à la suite d'enquêtes effectuées dans les années

soixante dans diverses branches industrielles, on a dégagé les relations

suivantes entre le degré d'automation et la répartition, en fonction de

l'éducation, du personnel d'entretien des installations automatiques (2).

Si, à un degré élevé d!automation, correspond un personnel hautement quali­

fié, qui, pour la plupart, compte plus de 12 années d'études (c'est-à-dire

a poursuivi au-delà de l'enseignement secondaire), les systèmes semi-

automatiques font appel en revanche à des ouvriers relativement moins

qualifies»

Répartition du personnel d'après le nombre d'années d'études (en pourcentage)

Type de système moins de de 8 à plus de sans de commande 8 ans 11 ans 12 ans 12 ans réponse total

Commande logique avec système d'auto-contrôle 1 б 24 69 - 100

Commande automatique sans auto­contrôle 5 25 35 33 2 100

Commande serni-automatique 16 40 31 12 1 100

Commande effec­tuée par le conducteur 10 40 33 15 2 100

(1) Naucno-tekhniceskij progress i proizvoditel nost trouda (Le progrès scien­tifique et technique et la productivité de travail), Moskva, 1972, p. 221.

(2) E, Mueller, Technological Advance in an Expanding Economy ; its Impact on a Cross Section of the Labor Force, Ann Arbor, 19б9л р. 162»

Page 32: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 29 -

Les diverses formes d'automation exercent chacune des effets différents

sur la structure professionnelle de la main-d'oeuvre. Si 1'automation intégrée

permet de libérer l'homme complètement des tâches de production, les formes

partielles entraînent en revanche le maintien d'opérations qui impliquent la

participation directe de l'ouvrier à la production j l'organisation rationnelle

du travail vise alors à rendre ces opérations aussi élémentaires que possible.,

de manière à être accessibles à des ouvriers hâtivement formés. Ce sont

précisément ces processus qui se sont manifestés très nettement aux Etats-Unis

dans les années cinquante et qui ont conduit de nombreux experts américains

à cette conclusion que 1'automation entraînerait une baisse de la qualification

des ouvriers (1). Or* ce phénomène ne concerne 1'automation que dans ses

formes partielles, celles qui permettent précisément aux industriels de rem­

placer abondamment les cadres qualifiés que sont les conducteurs de machines,

par des préposés spécialisés hâtivement formés, que l'on range dans la caté­

gorie des ouvriers semi-qualifiés. Tel est le cas notamment des ouvriers

chargés de la mise en place et de l'enlèvement des pièces sur la chaîne-

transfert.

Plus complexe est la question de la qualification des préposés chargés

du contrôle direct des installations automatiques. Doivent-ils être hautement

qualifiés ou bien la commande "presse-bouton" simplifie-t-elle leurs fonctions

au point qu'ils ne nécessitent qu'une formation de courte durée ?

La réponse à cette question relève de l'analyse concrète des diffé­

rentes formes de technologie que l'on englobe toutes sous le terme général

d!"automation".

On trouve des systèmes de commande "presse-bouton" dans différentes

formes de mécanisation ou d'automation, mais le processus est chaque fois

différent.

Dans les cas d automation partielle, les fonctions du prépose se

ramènent à des mouvements simples et répétitifs, l'ouvrier étant alors non

pas le responsable du processus de production de l'unité automatique, mais

un simple maillon de ce processus lui-même. Sa tâche se borne à attendre

qu'apparaissent quelques signaux lumineux ou nons et à donner les ordres

correspondants.

(1) New Views on Automation, New York, I96I

Page 33: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- зо -

Lorsqu'il s 'agit d'automation intégrée, le rôle du préposé prend ~~

une signification radicalement différente. Au lieu d'être le simple appen­

dice d'une installation semi-automatique, il devient le responsable de

l'ensemble du processus de production. Pour remplir des fonctions de ce

type, il faut des professionnels à l'esprit ouvert et connaissant bien tous

les détails de la production.

Le développement naturel de 1'automation entraîne objectivement la

disparition de la division du processus de travail en opérations élémen­

taires, et donc de la notion d'ouvrier "partiel". A I5automation complète,

correspond la notion d'ouvrier qualifié au large diapason, qui en fait n'est

qusun technicien«,

Au lieu de l'ouvrier spécialisé dans un seul métier, à l'horizon

étroit, on est en présence d'un ouvrier connaissant plusieurs métiers, d'un

professionnel au large diapason. "Un travailleur qui n'a appris qu'un seul

métier est insuffisamment armé pour faire face aux multiples exigences de

l'entretien des installations modernes» L'existence de professions diffé­

renciées est de plus en plus genante lorsqu'il s'agit d'assurer des travaux

d'entretien impliquant la mise en oeuvre de plusieurs spécialités". Ce

jugement est extrait d'un rapport de l'Organisation internationale du

travail sur l'industrie du pétrole (1). Lorsque le processus de production

s'effectue en continu,toutes les installations sont reliées en un seul

système fonctionnel et toute modification du régime, tout arrêt du travail

d'une de ces unités risquent de perturber Is ensemble о II importe alors au premier chef que les réparations soient effectuées rapidement., On s'achemine donc vers le règne du "travailleur polyvalent", capable d'exercer jusqu'à

trois métiers différents, ceux: de mécanicien, d'électricien et d'ouvrier

d'entretien. Bien entendu, ces "travailleurs polyvalents" devront parvenir

à un haut niveau de qualification dans chacun de ces trois métiers.

Le cumul de plusieurs métiers ne concerne pas uniquement les fonctions

d'entretien«, Il affecte même, et c'est cela qui est important, les fonctions

de conduite directe des installations. L'automation dans l'industrie du

pétrole a libéré le préposé de sa participation directe au processus de

(l) Commission du pétrole ; conséquences sociales des changements de structure et de technique dans l'industrie du. pétrole, OIT, Genève, 1966, p. 76.

Page 34: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 31 -

production en lui laissant pour l'essentiel une fonction de contrôle des

tableaux de bord» Il peut ainsi cumuler les fonctions de conduite et

d'entretien des installations» C'est dans cette conjoncture qu'est apparue

la notion de "conducteur d'installation", appliquée à un homme qui possède

un niveau élevé de qualification dans plusieurs spécialités, qui a été

formé à la conduite d'une installation ou d'une unité et doit également y

effectuer un certain nombre de travaux d'entretien. En dehors de l'économie

de main-d'oeuvre que permet ce système, on peut espérer qu'il contribuera

dans une large mesure à délivrer le travailleur de l'ennui. En effet, d'une

part, les tâches du préposé sont plus variées et, d'autre part, il est amené

à prendre plus d'intérêt au fonctionnement de l'unité dont il a la Charge,

par suite de 1''augmentation de ses responsabilités (l).

Il en résulte que les ouvriers- hautement qualifiés, cumulant les fonc­

tions de conduite et d'entretien sont considérés comme des techniciens et

entrent dans la catégorie des employés«, Ils bénéficient de tous les avan­

tages accordés à ces derniers et, en général, au personnel administratif,

et notamment d'une rétribution de base fixe.

Ainsi, à mesure que progresse la révolution scientifique et technique

contemporaine, de nombreux métiers sortent du cadre de la formation profes­

sionnelle courante ; ils supposent une formation technique spéciale d'un

niveau comparable à celle de techniciens. Cette situation ne concerne pour

le moment que les ouvriers les plus qualifiés, et cela essentiellement dans

les branches d'activité économique en développement rapide. Mais, il est

indubitable que ce processus traduit une tendance objective du développement

et s'appliquera bientôt aux principaux métiers de la plupart des branches

d'activité.

Tout ce que l'on vient d'indiquer montre que, dans les conditions

actuelles, les notions d'ouvrier "qualifié", "semi-qualifié" ou "sans

qualification", qui sont celles que l'on utilise en matière de statistiques,

ont subi de prodondes modifications au cours des quinze à vingt dernières

années. Il s'agit, d'une part, de l'apparition de métiers nouveaux, d'autre

part, de modifications de nature affectant plusieurs métiers traditionnels.

On peut donc parler d'un type nouveau de qualification, qui se caractérise

par les traits suivants :

(1) Ibidо

Page 35: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 32 -

(1) La qualification de type nouveau se définit en premier lieu par

son ouverture, par son large profil» A l'ouvrier étroitement spécialisé

pour remplir une opération bien définie, succède un "professionnel" doté

d'une formation technique qui lui permet de ssy retrouver dans le vaste

champ des. techniques connexes.

Il va de soi que cette ouverture nfest pas en elle-même une qualité

entièrement nouvelle» Les "maîtres d'atelier" avaient des compétences

similaires dans le domaine qui était le leur, celui du travail manuel.

La révolution scientifique et technique contemporaine met à l'ordre du jour

cette ouverture dans un contexte entièrement nouveau qui suppose que l'on

ait assimilé de profondes connaissances dans le domaine technique«

Cette exigence "de profil large" paraîtra., au premier abord, aller à

1"encontre de la tendance observée dès le début du machinisme : à des techni­

ques de production de plus en plus complexes, répondait un processus de

spécialisation qui se traduisait par l'apparition de spécialités toujours

plus nouvelles,, Il s'agit là non pas d'une évolution universelle vers une

plus grande division du travail, mais uniquement d'un phénomène lié à une

forme déterminée d'organisation du travail* Dans le contexte de la révolu-

tion scientifique et technique, l'apparition de nouveaux métiers connaît

un développement accéléré, tandis que l'organisation de la production fondée

sur la spécialisation du travail s'avère de moins en moins rentable. N'intégrer

l'homme à la chaîne de production qu'en tant qu'élément pourvu d'un ensemble

d'unités automatiques, c'est limiter sensiblement les possibilités d'accélé­

ration du processus de production» C'est pourquoi, dans ses formes les plus

élaborées, 1'automation exclut totalement l'homme du processus et ne lui laisse

qu'une fonction de contrôle général et de maintenance technique„

Allons plus loin, l'élargissement du contenu des qualifications - résulte

du cumul de plusieurs activités spécialisées qui se trouvaient jusque—là

séparées les unes des autres« On a donné plus haut des exemples de cumul

des activités de conduite et d'entretien d'installations automatiques dans

l'industrie du pétrole* On assiste à une évolution semblable dans d'autres

branches d'activité, ce qui est conforme à la nature de l'industrie contem­

poraine qui passe par une phase de bonds en avant et de bouleversements qui

entraînent des modifications fréquentes et parfois totales de la technologie,

Page 36: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 25 »

et, par conséquent, la mise en route constante de nouveaux systèmes automa­

tiques«, L'ouvrier qualifié d'aujourd'hui doit s'adapter en cours de route

à ces nouveaux matériels et contribuer à leur perfectionnement.

Etant donné la rapidité du rythme auquel apparaissent des produits

nouveaux réalisés à l'aide d'une technologie plus complexe, il faut pouvoir

constamment recycler la production pour faire face à ces problèmes ; la

spécialisation étroite devient alors un gros inconvénient. La qualification

au large diapason joue un role important pour l'accélération du progrès

technique et permet d'accroître la compétitivité du produit fabriqué»

Elargir le diapason de la qualification professionnelle, c'est donner

une extension horizontale aux métiers devenus essentiels dans la plupart

des branches d'activités économiques,tels qu'opérateurs sur ordinateurs et

programmateurs, réparateurs d'équipements électroniques, mécaniciens des

services d'entretien, e t c .

(2) La qualification de type nouveau se définit en second lieu par

son dynamisme« Dans un environnement économique caractérisé par des modi­

fications rapides de la nature des produits, de plus en plus sophistiqués,

les connaissances techniques nécessaires voient leur volume s'accroître.

Il s'ensuit que simplement pour rester au niveau de sa spécialité, l'ouvrier

qualifié doit continuellement parfaire son instruction. Toute pause en ce

sens entraîne un dépérissement de sa qualification : on estime que la durée

de vie moyenne d'une qualification professionnelle est de dix ans. Et dans

les branches les plus dynamiques qui se situent à 1'avant-garde du progrès

technique - industrie aéronautique et des missiles, matériel électronique

et ordinateurs - cette durée est sensiblement plus réduite,

La nature de la qualification étant plus dynamique, tout le système

de l'organisation de la production s'en trouve modifié, avec pour effet

immédiat des modalités de formation continue des ouvriers en cours d'emploi.

Ce type de formation devient actuellement une des conditions essentielles

du développement de la production,

(3) La qualification de type nouveau que l'on vient de décrire

ne peut être assimilée sans une éducation générale de base, celle que les

jeunes ouvriers reçoivent dans les écoles d'enseignement général. Cet

enseignement général, base indispensable d'un apprentissage des spécialités

industrielles modernes, voit son niveau s'élever rapidement! il correspond

actuellement à celui des études secondaires. Tel est donc le niveau qu'il

faut avoir atteint pour pouvoir assimiler des connaissances techniques

Page 37: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

« 34 -

aussi larges que possible et pour continuer à se perfectionner, faute de voir

sa qualification dépérir rapidement. Alors qu'auparavant, la formation

professionnelle consistait surtout en l'acquisition d'un savoir-faire pratique

sans rapport avec l'enseignement général«, celui-ci est devenu actuellement

la condition indispensable et la base de toute formation professionnelle«,

la qualification professionnelle de type nouveau se caractérise donc en

troisième lieu par ce trait essentiel qu'est l'acquisition d'un haut niveau

d'enseignement général«

En URSS., l'élévation du niveau d'éducation générale des ouvriers peut

s'illustrer par les données suivantes : si, en 1959* 396 ouvriers pour 1000

avaient fait des études secondaires (complètes ou non) et supérieures«, en 1970*

il y en avait 586/IOOO et en 1976* 715/1000 (1).

La qualification de type nouveau engendrée par la révolution

scientifique et technique entraîne une conception nouvelle de la formation

professionnelle«, qui peut se caractériser comme suit ;

(1) La formation professionnelle ne peut plus être conçue indépen­

damment d'une éducation générale» Les études secondaires sont indispensables

pour assurer la base théorique nécessaire à la formation technique et profes­

sionnelle о (2) A la spécialisation étroite, succède une formation polyvalente

préparant à un ensemble de spécialités voisines et impliquant des connais­

sances techniques de grande ampleur.,

(3) La nature des professions se modifiant rapidement, le recyclage

périodique qui était un phénomène exceptionnel, doit être organisé d'une

manière systématique et continue pour l'ensemble du personnel«,

En URSS, la formation des ouvriers qualifiés a lieu essentiellement

dans les "écoles d'apprentissage professionnel et technique" dont les effec­

tifs sont passés de 1.064.000 en I96I à 3.08I.OOO en 1976 (2). Le problème

qui consistait à associer enseignement général et formation professionnelle

a été réglé ici par l'institution d'écoles "secondaires" d'apprentissage

(1) CSU SSSRjiNarodnoe khozjajstvo SSSR v 1975 . g,(. • . L'Economie de l'URSS en 1975eoo), P. 38,

(2) op.cit., p. 555»

Page 38: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 35 -

professionnel et technique, où l'on procède à l'apprentissage d'une profession

tout en poursuivant des études secondaires jusqu'à l'attestation de fin d'études.

En 1976, sur les 3„081.000 élèves de l'enseignement professionnel et technique.,

il y en avait 1.19L00Q dans le cycle secondaire (1)» Quant aux jeunes ouvriers

qui n'ont pas fait d'études secondaires, ils bénéficient du système des cours

du soir prévus à cet effet.

La formation d'ouvriers hautement qualifiés est assurée par l'assimi­

lation de connaissances de haut niveau dans les disciplines fondamentales

de l'enseignement général, associée à l'acquisition d'un savoir-faire et de

compétences d'ordre professionnel. C'est ainsi que les écoles "secondaires"

d'apprentissage professionnel et technique forment en 3 ou 4 années d'études

des ouvriers qui accèdent à des spécialités aussi sophistiquées que celles

de réparateurs de systèmes automatiques, d'ajusteurs de machines automatiques,

d'électro-mécaniciens, de mécaniciens pour installations électroniques, de

conducteurs d'appareils chimiques, etc.,,

Un autre type important d'établissements scolaires destinés à la

formation d'ouvriers qualifiés est, en URSS, celui de 1'"école d'apprentis­

sage technique" de deux ans qui se situe après la fin des études secondaires.

La nécessité d'avoir terminé ses études secondaires s'explique par la comple­

xité croissante des fonctions assignées aux ouvriers d'aujourd'hui et à leurs

responsabilités accrues. Ainsi, un ouvrier qualifié affecté à une chaîne

de fabrication automatique doit connaître tout le cycle technologique, les

types de machines, la caractéristique des pièces, les propriétés des maté­

riaux utilisés. Il doit être capable de faire rapidement des calculs à

partir de formules physiques, avoir des connaissances d!électrotechnique,

d'hydraulique, de mécanique des fluides. Il est responsable du contrôle,

de la mise au point et du réglage de la chaîne de fabrication automatique(2).

Aux Etats-Unis, le rythme de développement de la formation profes­

sionnelle dans l'industrie est illustré par les données suivantes Î les

effectifs du personnel en cours d'apprentissage étaient de 805.000 en 1950,

(1) Ibid »

(2) S. Ja. Batyshev, Formirovanie kvalificirovannykh rabocikh kadrov v SSSR. (La formation de cadres ouvriers qualifiés en URSS), Moskva, 197^°

Page 39: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 36 -

de 938eOOO en i960 et de 2.702»000 en 1973* D'après les estimations du Bureau

de la formation professionnelle du HEW (Ministère de l'éducation, de la santé

et du bien-être social), ces effectifs devraient atteindre les 4.300-000

individus en 197<3 (1) »

L'enseignement professionnel s'est accru à un rythme particulièrement

rapide depuis une dizaine d'années.

Outre cette rapide augmentation sur le plan quantitatif il a sutoi

de profondes mutations d'ordre qualitatif» La proportion des ouvriers quali­

fiés formés dans des cours pour adultes de brève durée est en relative dimi­

nution 1 la majeure partie d'entre eux bénéficie d'une formation dans des

écoles secondaires professionnelles ou dans d'autres établissements d'un

niveau plus élevé« C'est ce qui ressort des données officielles du Centre

national de statistiques de l'éducation des Etats-Unis,

La formation des ouvriers de l'industrie (l) (en milliers d'individus)

1966 1973

100 100 Total 1,2б9 (pourcentage) 2,702 (pourcentage)

Ecoles secondaires profes­sionnelles 319 25 I.I34 42

Etablissements de niveau plus élevé . 116 9 345 13

Cours de formation pour adultes 804 63 1.223 45

Autres types de formation 30 3 _

(1) Digest of Educational statistics,, Washington, 1974, p. 43°

La majeure partie des intéressés est formée dans des écoles profession­

nelles dispensant un enseignement secondaire complet. D'autre part,, pour un

certain nombre de spécialités, la formation d'ouvriers hautement qualifiés

doit se faire dans des écoles d'apprentissage technique spéciales* après la

fin des études secondaires, sous forme d'un enseignement à plein-temps d'une

durée de quelques années. Comme le niveau de qualification des ouvriers

(1) Trends in Vocational Education, Washington, 1974, p. 11,

Page 40: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 37 -

travaillant dans les industries de pointe se rapproche de celui du personnel

technique., on assiste à un rapprochement des modalités de formation de ces

deux catégories professionnelles«

Ce n'est pas uniquement pour les ouvriers et les techniciens que l'on

observe ces modifications du niveau et de la nature des qualifications» Ce

phénomène se manifeste également chez les "professionnels" ou cadres

supérieurs«

Jusqu'à présent., lorsqu'on abordait la question de l'enseignement

supérieur., on s'intéressait surtout à l'aspect quantitatif de son évolution ;

effectifs des étudiants , nombre de diplômés par spécialités» On s'est beaucoup

moins intéressé à l'aspect qualitatifs celui du niveau de formation des

diplômés. L'explication tient avant tout à l'absence d'indicateurs sûrs

permettant de mesurer les modifications d'ordre qualitatif. Or., cet aspect

qualitatif revêt une grande importance . plusieurs ingénieurs de qualification

faible ne peuvent remplacer un spécialiste particulièrement bien qualifié pour

traduire en termes techniques le résultat d'une découverte scientifique et

modifier de fond en comble un processus de production.

Le progrès économiquea scientifique et technique entraîne une dimi­

nution continue de la routine au niveau de la production accélère des modifi­

cations périodiques et de plus en plus radicales des techniques^ de la techno­

logie et de la nature des produits^ ce qui conduit à doter la fonction d'ingé­

nieur d'une part créatrice plus grande. On exige donc de tous les ingénieurs

formés de nos jours une qualification supérieure : ils se doivent d'être des

cadres supérieurs hors pair. Le niveau de qualification requis comporte

essentiellement trois traits caractéristiques i

(1) Cette formation doit viser à développer l'esprit inventifj outre

une connaissance approfondie des techniques modernes,, le jeune cadre supérieur

doit avoir acquis le goût du travail individuel dans la recherche ou la cons­

truction de projets.

(2) Celui-ci doit avoir assimilé les techniques de pointe et la techno­

logie propre à son futur domaine d'activité.

(3) Il doit avoir acquis des connaissances de base dans un nombre

varié de disciplines5 condition essentielle pour réaliser du bon travail de

construction ou d'expérimentation en matière de procédés techniques nouveaux

ou de technologies nouvelles.

Page 41: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 38 -

Une analyse des exigences que requiert la formation des ingénieurs ~~

et les programmes conçus dans ce sens (l), fait apparaître en premier lieu

combien il est nécessaire d'initier aussitôt que possible les futurs ingé­

nieurs au travail de construction ou d'élaboration de projets«, Celui-ci

doit faire partie intégrante des programmes d'études. On doit comprendre

ce travail d'une manière large s outre l'expérimentation de nouveaux systèmes

de machines ou d'appareils de contrôle., il s'agit d'une manière générale

d'appliquer à la production de nouveaux principes ou de nouvelles méthodes

scientifiques, et cela dans le but de créer de nouveaux produits ou de

nouveaux services. On doit donc concevoir la formation professionnelle de

l'ingénieur en tenant compte de son rôle nouveau dans le processus de la

production sociale, qui consiste à être le maillon central reliant la recher­

che et la production de masse.

la révolution scientifique et technique impose aux ingénieurs des

tâches nouvelles qui dépassent largement le cadre de la spécialisation

technique. L'ingénieur moderne doit traiter de systèmes informatiques

complexes, de réseaux nationaux de transport ou d'approvisionnement d'énergie.

La prise de conscience des problèmes écologiques qui met au premier plan

la question de la protection de l'environnement naturel ou celle de la

planification urbaine, impose aux ingénieurs d'assumer des tâches extrême­

ment complexes sur le plan social г il leur faudra élaborer des plans de lutte contre la pollution de l'atmosphère, des eaux et du sol, ou contre

le bruit, les nuisances dans les transports, ou encore contre la surpopu­

lation, etc.. L'activité de l'ingénieur le conduit par conséquent à

envisager des problèmes de plus en plus complexes qui requièrent la colla­

boration étroite de spécialistes appartenant à des domaines aussi variés

que la physique, la biologie, la médecine, la sociologie ou la psychologie.

De là, découle cette nécessité nouvelle d'une .formation de base dans

l'ensemble des disciplines. Au lieu d'un enseignement utilitaire de la

physique, très spécialisé, il faut maintenant aborder cette discipline à

partir de conceptions plus vastes en en montrant les limites actuelles et les

perspectives d'avenir. L'écologie, la qualité de la vie, etc.. ces nouveaux

problèmes que la vie pose aux ingénieurs, font entrer dans les programmes

d'études des cours aussi variés que les relations entre la physique, la méde- -

сi tie et la biologie, ou bien les problèmes de l'information et de l'impact social des projets techniques.

Page 42: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 39 -

3- Cadres supérieurs : besoins et niveau d'emploi

Au début des années soixante-dix, on a assisté, dans les pays capi­

talistes techniquement évolués, à une brusque modification de l'évolution

générale de l'emploi de la main-d'oeuvre hautement qualifiée. Si la

décennie précédente s'était déroulée en gros sous le signe d'une pénurie

de cadres scientifiques et techniques, la période actuelle se caractérisait

par l'impossibilité de fournir un emploi à tous les cadres disponibles sur

le marché, sans parler des nouveaux diplômés.

D'après les conclusions de la Carnegie Commission consacrée à l'étude

du développement de l'enseignement supérieur aux Etats-Unis, "dans la décennie

en cours le problème de l'emploi est crucial pour plus de 25 % de l'ensemble

des étudiants sortis des "Colleges" soit 2.600.000 sur un total de 9.600.000".(l)

En outre 32,4 % de ceux qui obtiennent un emploi ne peuvent pas valoriser

leurs études dans la mesure où ils travaillent en dehors de leur spécialité,

comme ouvriers, employés de bureau ou de commerce.(2) Les prévisions pour

I985 établies par les organismes fédéraux établissent que pour la majeure

partie des cadres (physiciens, mathématiciens, biologistes, enseignants,

spécialistes des sciences humaines) la demande d'emploi continuera à être

supérieure à l'offre, et pourra même s'accroître.

Cet excédent se manifeste aussi en Angleterre au niveau des ingénieurs

(estimations de l'institut des ingénieurs mécaniciens) (3). En Allemagne

fédérale, d'après les prévisions du ministère fédéral de la recherche

scientifique, il y aura en I98O quelque 385.000 diplômés de l'enseignement

supérieur pour environ 3^2.000 emplois. Ce pays connaît actuellement une

pénurie de médecins, de cadres techniques, de scientifiques, et en même

temps un excédent de spécialistes de sciences humaines. Or, d'après les

dirigeants des industries les plus importantes, toute augmentation du

nombre des ingénieurs actuellement en cours de formation risquerait d'aboutir

à un excédent de cadres techniques.(4)

Le problème qui est donc posé avec une particulière acuité est celui

des besoins objectifs en cadres hautement qualifiés et des facteurs qui en

déterminent l'emploi. La complexité de ce problème provient de la distorsion

(1) College Graduates and Jobs, Hightstown, 1973 J P O

(2) Monthly Labor Review, no.2, 1975, P- 4l à 50

(3) British Journal of Industrial Relations, no. 1, 1973> P« 123

(4) Handelsblatt, .6 janvier 1973

Page 43: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 40 -

qui se crée entre les aspirations économiques et sociales de l'ensemble —

de la société et les capacités réelles d'emploi. Or ces capacités sont

fonction du niveau général du développement social et économique ainsi que

des priorités assignées à la politique économique, scientifique et technique.

Quant aux aspirations de 1*ensemble de la société, elles consistent à satis­

faire autant que possible tous les besoins économiques, sociaux et culturels

de la population. La société est par conséquent objectivement intéressée

à une augmentation du nombre des médecins, des enseignants, des ingénieurs,

des économistes, des chercheurs, des artistes et des hommes de culture, et

à l'accès de tous aux niveaux les plus élevés de l'éducation.

Arrêtons-nous à la question du besoin social en éducation. La_tendance

à l'élévation du niveau de qualification et d'éducation relevée plus haut

se manifeste, dans une économie de "marché, par la mise à pied de la main-

d'oeuvre moins qualifiée, qui est écartée du processus productif au profit

d'une main-d'oeuvre plus qualifiée. Il en résulte Isélévation du niveau

d'éducation nécessaire pour faire partie ou continuer à faire partie de

la main-d'oeuvre. On peut considérer ce niveau comme le degré minimal du

besoin social en matière d'éducation.

Or, ce besoin social est déterminé par un ensemble de facteurs, les

principaux étant les aspirations des diverses classes ou groupes sociaux, et

la tendance générale du développement. Par suite de l'accroissement constant

de la valeur du travail des cadres supérieurs, qui se traduit par l'augmen­

tation de leurs revenus, l'idée s'est largement répandue que, faire accéder

ses enfants à l'enseignement supérieur, était le plus rentable des inves­

tissements et le meilleur moyen de favoriser leur promotion sociale. Ainsi

s'explique le désir des parents de faire bénéficier leurs enfants d'un

niveau d'éducation supérieur au leur.

Ce processus a pour toile de fond un engouement général pour l'édu­

cation, conséquence des grandes découvertes réalisées par la science et les

techniques contemporaines„ Il s'ensuit que l'aspiration au savoir devient,

à mesure que se déroule la révolution scientifique et technique, un des

besoins essentiels ressenti par les couches les plus larges de la population.

A l'accroissement du niveau général des connaissances et des richesses

culturelles de l'humanité, correspond un accroissement équivalent du besoin

social d'éducation.

Page 44: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 41 -

Quel est maintenant le degré maximal de ce besoin ? Il est évidemment"

lié aux possibilités d'épanouissement des capacités inhérentes à chaque

individu. Comme on peut le déduire de ce qui a été exposé plus haut, ce

degré est éminemment mobile; l'accroissement du niveau général des connais­

sances permettant un épanouissement toujours plus grand des capacités de

l'individu qui sont, quant à elles, sans limites. Les contraintes sont celles

des conditions économiques et sociales concrètes. Le degré de satisfaction

du besoin social d'éducation d'un pays dépend essentiellement, d'une part,

de son régime économique et social, d'autre part, de son niveau de dévelop­

pement économique et du rythme auquel se poursuit ce développement«,

Dans le cadre de l'économie socialiste planifiée, l'Etat s'efforce

de tenir compte à la fois du besoin social d'éducation et des besoins de la

société en cadres supérieurs; il s-*efforce, dans l'élaboration et l'appli­

cation des plans économiques et sociaux, de satisfaire ces besoins autant

que le permettent les ressources • disponibles«, Dans ce processus, un role

essentiel revient au développement planifié de l'éducation et surtout de

l'enseignement supérieur. Ce cadre économique rend possible la coordi­

nation du plan de développement économique et du plan de formation des

cadres, permettant ainsi d'assurer à chacun d'entre eux un emploi correspondant.

Dans le cadre de l'économie de marché, l'offre et la demande en

cadres supérieurs trouve son équilibre, quelles que soient les interventions

de l'Etat, en fonction des lois du marché. Le caractère cyclique du déve­

loppement économique entraîne des variations brutales de la demande. Un

des régulateurs principaux entre l'offre et la demande est la réaction

des jeunes eux-mêmes face à ces déséquilibres. Lorsque la demande en

cadres supérieurs ou en professionnels diplômés est supérieure à l'offre, il

se crée des emplois et la rémunération de cette catégorie de salariés

s'élève à un taux supérieur à la moyenne. On voit alors affluer les

candidatures dans les établissements d'enseignement correspondants. Lorsque,

au contraire, la demande est inférieure à l'offre, sur le marché de l'emploi,

les diplômés ne peuvent trouver un travail correspondant à leur formation

et le nombre des candidats à l'enseignement supérieur commence à refluer.

Des études réalisées aux Etats-Unis, notamment celles du professeur

R. Freemen de l'Université Harvard, qui a réalisé un modèle dynamique

des variations des effectifs d'étudiants et de diplômés en ingénierie

et en sciences physiques (l), prouvent que, parmi les facteurs économiques

(l) R. Freeman, The Market for College-Trained Manpower, Cambridge, 1971«

Page 45: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 42 -

qui président au choix d'une carrière, ce n*est pas le niveau des rémuné­

rations qui vient en première place, mais l'espoir d'occuper, à la sortie

de l'Université, un emploi conforme à sa formation. Le modèle du professeur

Preeman confirme que le volume des candidatures dans telle ou telle section

a nécessairement un caractère cyclique, ce qui est vrai pour la formation

des cadres en général.

Le rééquilibrage de 1*offre et de la demande se réalisant, pour les

cadres supérieurs, avec de longs retards, il en résulte une alternance de

périodes d*excédent et de pénurie. En l'absence d'une planification à long

terme tenant compte des besoins réels de la société, la formation des cadres

ne correspond pas aux besoins.

Indépendamment des fluctuations cycliques de l'offre et de la demande,

les possibilités générales d'emploi"" des cadres sont déterminées par les

facteurs fondamentaux du développement que sont la structure de l'économie

et son rythme de croissance. Le progrès scientifique et technique et

l'élévation générale du niveau de développement entraînent des modifications

de structure et notamment un accroissement de la production non-matérielle,

c'est-à-dire des services. Il s'agit là de tout un secteur nouveau de

services spécialisés qui réservent une place importante aux cadres supérieurs.

On en verra pour preuve la diversité des emplois regroupés dans les statis­

tiques internationales sous le terme général de "professionals"(se) et qui

comprend à la fois les cadres scientifiques et techniques, les enseignants,

les médecins, les techniciens et le personnel médical, ainsi que les membres

des professions libérales. Ce groupe se caractérise par son haut niveau

d!éducation générale et de qualification professionnelle, ses membres ayant

en général un diplôme d'enseignement supérieur ou un minimum d'enseignement

secondaire technique.

Comme on le constatera à la lecture du tableau suivant, on trouve

une grande proportion de cadres, de 40 à 60 % du total, dans le domaine de

l'éducation et de la santé. C'est donc ce domaine qui représente un des

principaux facteurs d'augmentation de la demande en matière de cadres

supérieurs, l'autre secteur de forte demande étant celui des industries

de transformation et surtout des branches situées à l'avant-garde du progrès

scientifique et technique.

Ainsi, pour parvenir à un taux d'encadrement élevé, il faut que la

structure économique corresponde à un haut niveau de développement scienti­

fique, technique et économique. Entre la proportion des cadres par rapport

(x) En anglais dans le texte.

Page 46: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 43

-

>~>

3\ rtj

Oíi—

í?

O j/C

tS I

CO 0)

rH

cd

EH

M

-H

ф

О

с ы

•н

а

со

S S

Ф

о -

С/3 ф и -р

< Ф Ncy

С -Р

•н tí

со cd

S w

о •�

со

г-Ч

ф

гЧ (0

СО tí со

Q Cö v-S

Q

со о

d

Ф

О

iH

•Н

г-! -Р

Ф

О

тЗ

ЧФ о

ft

со �

I со

гЧ CO

со Ф

+^ h

о -о

EH со I

° i

W

ф

•3

|

со >1 со

Рч

СМ

0J cu

O

J

со гЧ

гЧ

си O

J O

J LO

ОЛ

Ol

OJ

OJ

OJ

I—i

OJ

CO

in

OJ

гЧ O

J 0

0 O

J O

J

о о rH

о о гЧ

о о гЧ о о <-ч

о о г-Ч

о о 1—!

ф

с со

Х2

СО

•н

С! D

í со

со

W

d r�

со

с со

О

¡=>

1

Ф

s 3 сб ¡>»

О

PS

ф о tí

со

Ê

о

тЗ

^ф <+н

s

а

ЧФ

«

о а, со

'•~з

СО

СО

a

к со tí со

d со ф

> •н tí ÍH

cd

-р ф

tí о

•н со со ф

сн

о ¡ч

СМ

Í4

СО

>

ф

о "чз! i tí

•н cd S Ф

ч

hl

t cd /cd

со Ф >

•гЧ

-р cd г-Ч

ф

VO

гЧ

со ф

&•

•н

-р Í

со

•н

со

О

со о

s

Page 47: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 44 -

à la population active et l'indicateur exprimant le niveau de développement —

économique, il doit donc exister une relation étroite. Pour identifier cette

relation, en procédera comme suit : 1*indicateur du niveau de développement

choisi sera le chiffre du P.N.B. par tête d'habitant, tel qu'il figure dans

les documents statistiques des Nations Unies.(l) Quant au taux de l'enca­

drement "professionnel", il sera tiré des annuaires statistiques concernant

la main-d'oeuvre (2). Etant donné qu'on est loin de disposer pour tous les

pays de données concernant le nombre de cadres "professionnels" pour la

même année, on sera contraint d'utiliser des chiffres se référant à des

années différentes. La valeur du P.N.B. par tête d'habitant sera celle

de l'année correspondante, calculée en dollars 1974. (cf. tableau 7)»

Comme on peut le constater dans le tableau 7* la. corrélation entre

les indicateurs comparés est relativement faible : le coefficient de corré­

lation linéaire est de +0,44l. Ce coefficient étonnamment peu élevé s'explique

par le fait que la proportion des cadres au sein de la main-d'oeuvre dépend

non seulement du niveau de développement économique, mais également d'autres

facteurs importants, dont le principal est le rythme de la croissance. La

demande en cadres suéprieurs est fonction non seulement de la structure

économique à un moment donné, mais également du rythme de ses transformations.

La création d'emplois de cadres supérieurs dans 1*industrie dépend,

d!une part du montant des investissements destinés à l'accroissement de la

production (facteur extensif), et, deautre part, de ceux qui sont destinés

à améliorer les conditions techniques de la production (facteur intensif).

Si l'on fait rapidement appel à de nouveaux procédés techniques ou techno­

logiques, si on renouvelle souvent la nature des produits, le niveau de

qualification requis des cadres de l'industrie en sera accru d'autant, ce

qui augmentera le taux des ingénieurs et des techniciens au sein de la

population active. Le progrès accéléré des techniques a pour résultat

d'accroître la complexité et le dynamisme des diverses branches d'activité

et de l'économie dans son ensemble, le flux d'informations techniques et

économiques s'enfle considérablement, ainsi que les besoins en spécialistes

de la planification, de la gestion, de l'organisation, de l'analyse des

systèmes, etc. Le rythme du développement économique commandant le

développement des investissements, la demande en cadres supérieurs dans

l'industrie en dépend également dans une grande mesure.

(1) Yearbook of National Accounts Statistics, vol. Ill, New York, 1975

(2) Yearbook of Labour Statistics, 1976

Page 48: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 45 -

Le rendement économique des investissements destinés au développement

de l'infrastructure technique de la production nlapparaît pas sur le champj

il se produit au bout d'un délai de quelques annéesj dans ces conditions,

la création d'emploi dépend beaucoup des estimations qui sont faites sur le

rythme de la croissance industrielle au cours des années à venir. Si ces

estimations sont positives, on investit et on crée de nouveaux emplois, dans

le cas contraire, les offres d*emploi diminuent nettement.

Dans la R-D, la création d'emplois de haut niveau est déterminée^

d'une part, par le volume global des créa±tBs d'autre part, par le coût

unitaire de ces crédits par tête de chercheur. Le coût unitaire tend

à croître d'une manière continue par suite du coût croissant du matériel

nécessaire pour la recherche et en raison de l'augmentation des rémunérations

accordées au personnel. Quant au volume global des crédits de la

R-D, il est à son tour fonction, d'une part du niveau de dévelopement

économique, d'autre part, des estimations qui sont faites sur le rende­

ment de ces recherches.

On ne traitera pas ici du cas où les objectifs d'une politique

scientifique et technique sont soumis à des impératifs autres que ceux de

l'économie (par exemple la recherche dans le domaine militaire); on

s'attachera par contre aux relations réciproques entre le développement de

la recherche et celui de lféconomie en général. La recherche est financée

par l'économie et plus son rendement est élevé, plus elle bénéficiera d'un

niveau élevé d'investissements«

Or, le délai entre les investissements et le rendement est encore

plus long dans la recherche que dans la production industrielle; les effectifs

des chercheurs dépendent encore plus des estimations qui sont faites sur

le rythme futur de la croissance. Dans le domaine de l'éducation, les

effectifs sont tributaires du volume global des crédits d'origine publique

ou privée qui lui sont consacrés.

Comme on l'aura constaté, l'emploi de ces différentes catégories de

cadres est fonction, d'une part, du niveau de développement (qui commande

la structure interne de cette catégorie professionnelle et de la main-d'oeuvre

en général), d^autre part, des capacités d'investissements des entreprises

et de la politique budgétaire des Etats, compte tenu des estimations sur le

rythme futur de la croissance; celles-ci sont dans une grande mesure fondées

sur ce qu?on connaît du rythme actuel de la croissance. Il en résulte que

l'offre d'emploi pour la catégorie des professionnels et des cadres

Page 49: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 46 -

supérieurs est fonction, d'une part, du niveau aatuel du développement

de_. .1_f_é.?9nomie' et*^'aMtre part, du taux de la croissance économique projeté

dans le futur,

Il faudra alors disposer d'un indicateur qui combine ces deux aspects

du même processus, le coté statique (niveau actuel de la croissance) et le

côté dynamique (rythme de la croissance). On aura une fonction du type général

Yw = F(P,r)

avec Y : proportion des cadres supérieurs (professionels) au sein de la

population active;

P : P.N.B. par tête d'habitant (—) :

r : rythme de la croissance - — en pourcentage, par an.

w : rapport entre le niveau de-rémunération des cadres supérieurs et

la moyenne des rémunérations dans le pays donné.

Cette fonction devient dans ce cas particulier :

Yw = к P(l + Y ^ — ) * \ avec к : coefficient de la liaisionj, et

n : nombre d'années.

Rappelons que le volume actuel de la demande en cadres supérieurs

est fonction du développement escompté à partir du rythme actuel de la

croissance. Si nous admettons que le délai nécessaire pour que des

investissements deviennent créateurs d'emploi est de 5 à 10 années, nous

pourrons simplifier la formule comme suit :

Yw = к P(l + — ) 10

Pour vérifier cette relation, nous utiliserons les statistiques des Nations Unies sur le P.N.B. par tête d'habitant (Cfe tableau 7) e

-c son

taux d'évolution par rapport à l'année précédente (cf.tableau Sj,

Le coefficient de corrélation linéaire entre P(l + г ) et y est de +0,874,1e coefficient de détermination de +0,764. L'équation de

la régression prend la forme :

y = 2,963 + l,507x

Le niveau du développement et le rythme de la croissance sont donc

les facteurs essentiels qui déterminent l'emploi des cadres supérieurs.

Le rythme de croissance joue un role particulièrement important en la matière,

car si l'emploi n'était fonction que du niveau du développement économique,

il évoluerait continuellement dans le sens positif au lieu d'être sujet à

Page 50: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 47 -

cd Ф

гЧ

Л cd

cd

ел

ф tí с о •и

W ЕЯ ф

<н о и

а

*-1

Ф H

su Р

тЗ

.S

-P

cd

о

Ü

10 Й

.

tí со

Ф

с:

Ф - о

ТЗ гЧ

Ф xd cd

fa

O

rH

cd 4

- 3 d

-P

5н С

o o

Ф с

^

a

а a

ь cd

cd

3

S-l rH

и

Ф

cd т

З

4-> И

cd cd

-P -

H

•Н гЧ

,Q

о

cd ТЗ

- ф

•Q

ТЗ

Ф

ел

-p

ь

Ф

•р -н

k <

-¡ cd -

н

Л E

Он

Ф

to

cd PL,

^•(^

r^H

OO

co

ajK

NH

OO

^-i^

Hv

oK

Mn

sa

j m

oo

гл

н

с-- см

É\J

KW

\Г\ 0

\ O

i F\ r-{

\^- r* C

Q Ы

CO

î>- \.C

\ \T\\Q

-Ь- ¿

t Ы

\ Q¿

C

MC

M

CM H

H

н

H

rHrH

iH

r-i (H

t>- f-

VQ

VQ

КЛ

LT\ L>- VO

-3" L

A O

N -=t"

K\ -3-

-=i- V£)

CM

CM

O rH

CM

VO

K

*\ CM

O

N

00

VO

i"

ОЛ 0

0 N

4

- 'vO L

f\ H C

O l>

- rH LPt -

^ О

ЛС

ЛН

O

VO

LP

if^H

H

О

^V

DV

Ci

ni

n^

in

^^

^^

r^

^a

iO

JH

HH

HO

OO

OO

O

.^

-.^

-^

í-r-t^

-O

Or-1

О

Он

Н4

О

Н

4-

0

О^

О-

*-

* Н

Н

D--E

4-^-!^

-t--C'-r*--C

--b-t>

-V-0

¡

^^

^^

Г-

С'

4-

-^

t— |>—

1>— С—

СТч О

Л 0>

ОЛ СГ\ О

Л CTN СГч 0

> О

Л СУЧ О

Л СГ\

СГ> ОЛ С

Г\ СТч ОЛ С

Г\ СГ\ СГЛ О

Л ОЛ C7N

CTN

гН

гН

г-

Чг

Нг

Нг

НМ

гН

гН

гН

гН

гН

гЧ

гН

гН

гН

гН

гН

гН

гН

гН

гН

гЧ

гН

ф

с hO cd E

ф

rH

rH

<

СЛ •н

с I СЛ

-р cd

тЗ

m w

ф

> •

и а

О

ТЗ X

ф и

Ш ф

й 3

РЦ О1

I -Н

s

РС; ö

a cd

cd

Ф

cd

U

CU Д

i-э

Ixi

D

cd

I rH

ф

ф

3 N

cd Ф

¡>>

с

О Ф

PC

>

ф с ЬО cd а ел

W

ф с •н -р tí ф ЬО

ф •н (Л

"ф tí

Ф О

тЗ тЗ

tí tí

< pq м

Рн ein н

н

Page 51: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 48 -

Tableau 8. Indicateur combine : l'offre d'emploi comme fonction du niveau du développement économique et du taux de la croissance

PNB r P (1 + r) y p.c. 10

(en milliers (pourcentage) (en milliers Pays de dollars) de dollars)

Suède

Etats-Unis

Canada

Australie

Norvège

Rép. fed. d'Allemagne

Danemark

Pays-Bas

Belgique

Japon

France

Autri che

Royaume-Uni

Venezuela

Italie

Espagne

Grèce

Mexique

Argentine

Brésil

Iran

Philippines

Paki stan

Inde

Indonésie

6,87

6,67

6,46

5,96

5,85 _

5,75 ~ -

5,47

4,66

4,5^

4,15

3,89

3,74

3,13

2,54

2,44

1,96

1,92

1,12

1,00

0,61

0,52

0,36

0,13

0,12

0,09

3,8

- 2,3

1,7

2,0

3,6

2,0

2,0

3,0

6,4

- 2,4

3,5

- 4,0

1,0

1,0

1,0

5,3

7,0

2,0

4,0

6,0

9,0

2,0

0,0

0,0

4,0

9,49

5ДЗ 7,56 7Д5 7,92 6,90 6,57 6,05 7,45 3,16 5,25 5,23 3,44 2,79 2,68 2,99 3,27 1,34 1,40 0,97 0,99 0,42 0,13 0,12 0,13

22,4 ' 13,9 14,3 10,1 15,8 9,8 12,2 13,3 11,1 7,8 11,4 8,7 11,1 8,6 7,3 5,5 5,7 6, 2 7,5 4,8 2,7 5,3 2,1 2,7 2,2

Page 52: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 49 -

des oscillations brutales et surtout à des chutes. Le développement écono­

mique ne connaît pratiquement jamais de baisse de niveau, tandis que le

rythme de la croissance est extrêmement variable et tout ralentissement à

cet égard se traduit aussitôt sur le marché de l'emploi de la main-d'oeuvre

qualifiée.

On constate que l'indicateur qui exprime la proportion des cadres

par rapport à l'ensemble de la population active ne coïncide pas, dans la

plupart des pays, avec la droite correspondant à l'équation de la régression.

Celle-ci n'est en fait qu'une moyenne par rapport aux points spécifiques qui

marquent la position de chaque pays. Mais précisément, ce sont les écarts

par rapport à cette droite qui nous intéressent, car ce sont eux qui traduisent

le degré d'emploi des cadres dans des unités économiques différentes, qui

rendent compte des caractéristiques propres à chaque pays, de la structure

de leur économie, etc. Il y a un danger auquel on échappe difficilement,

lorsqu'on procède à des comparaisons internationales, c'est celui de reporter

mécaniquement d'un pays à un autre des coefficients de mesure du développement«

Mais notre propos consiste ici à dégager une tendance moyenne, commune à

plusieurs pays, de manière à gommer autant que possible les particularités

nationales et à faire ressortir des lois d1ordre général. C'est pourquoi

on pourra considérer que les écarts constatés par rapport à la moyenne,

c'est-à-dire à la droite qui correspond à l'équation de la régression, sont

effectivement des indicateurs de l'excédent ou de la pénurie de cadres

supérieurs disponibles sur le marché du travail à un moment donné et dans

un pays donné (cf. tableau 9).

Comme on le constate à la lecture du tableau 9 ci-après, de nombreux

pays techniquement évolués connaissent un "excédent" de cadres supérieurs

(ou "professionnels"). Ces données correspondent au rapport réel entre

l8offre et la demande en matière d'emploi dans ces pays. Or cet "excédent"

n'existe pas en réalité si, au lieu de considérer l'emploi du point de vue

du marché du travail, on se préoccupe des besoins sociaux et économiques

réels sur le plan médical ou éducatif, en matière d'institutions pour jeunes

enfants, d'élévation du niveau culturel, etc. Prenons à titre d'exemple

un seul indicateur, celui du nombre des médecins par cent mille habitants,

dans un certain nombre de pays. Les données recueillies en la matière sont ici

confrontées avec l'indicateur du P.N.B. rapporté au nombre des habitants (l)

(cf. tableau 10).

Jî) Etudes économiques de l'OCDE - Suède, juin 1975, P- 79-

Page 53: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 50 -

Tableau 9« Indicateurs de l'excédent ou de la pénurie de cadres supérieurs

Pourcentage des cadres supérieurs au sein de la population active

, Données corres­pondant à l'équation

Pays Données réelles de la régression

Suède

Etats-Unis

Canada

Australie

Norvège

Rép. féd. d'Allemagne

Danemark

Pays-Bas

Belgique

Japon

France

Autriche

Royaume-Uni

Venezuela

Italie

Espagne

Grèce

Mexique

Argentine

Brésil

Iran

Philippines

Pakistan

•Inde

Indonésie

1974

1974

1974,

1971

1974

1970

1971

1971

1970.

1974

1968

1971

1971

1974

1971

1970

1971

1974

1970

1970

i960

1974

I974

1972

I971

22,4

13,9

14,3

10, ï

15,8

9,8

13,3

13,3

11,1

7,8

11,4

8,7

7,5

7,3

7,3

5,5

5,7

6,2

7,5

4,8

2,7

5,3

2,1

2,2

2,7

17,3

10,7

14,3

13,7

14,9

13,3

12,8

12,1

14,1

7,7

10,9 10,8

7,2

7,0

7 0

~7 £;

1 » "

7,9

5,0

5,1

4,4

4« 4

3,6

3,1 3,0

3*0

Page 54: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 51 -

Tableau 10. Comparaison entre deux indicateurs : nombre de médecins et PNB

Nombre de médecins pour PNB par tête d'habitant 100.000 habitants (1971) (en dollars) (1973)

Pays Quantité rang dir pays valeur rang du pays

Rép. féd. d'Allemagne

Australie

Autriche

Belgique

Canada

Danemark

Espagne

Etats-Unis

Finlande

France

Grèce

Irlande

Islande

Italie

Japon

Luxembourg

Norvège

Nouvelle-Zélande

Pays-Bas

Portugal

Royaume-Uni

Suède

Suisse

Turquie

125

187

160

150

141

111

138 \ ~_

171

167

144

109

183

115

107

131

116

145

98

139

136

45

157

129

167

17

1

6

8

11

20

13

3

4,5

10

21

2

19

22

15

18

9

23

12

14

24

7

16

4,5

4900

3550

4650

5410

5460

3720

49ОО 5610 1790 4�70 2130 25IO. 3760 5200 4410 40�0 478О I25O I75O 6140 540 6I7O 3IOO 6I9O

�,5 17,0

12,0 6,0 5,0 16,0 �,5 4,0 21,0 10,0 20,0 19,0 15,0 7,0 13,0 14,0 11,0 23,0 22,0 3,0 24,0 2,0 18,0 1,0

Page 55: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 52 -

On pourrait penser logiquement que plus un pays est développé écono­

miquement., plus il peut consacrer de ressources à la satisfaction de ses

besoins médicaux et sociaux, ce qui doit notamment se traduire par un

rapport médecins/habitant élevé. Or les chiffres ci-dessus ne donnent qu'un

très faible taux de corrélation positive entre cex deux facteurs (niveau de

développement et rapport médecins/habitant), le coefficient de corrélation

du rang des pays énumérés n'étant que de + 0,355. Pour le rapport médecins/

habitants, ce sont l'Autriche et l'Italie qui occupent le premier et le deuxième

rang, alors que leur P.N.B. est bien moins élevé que celui des Etats-Unis ou

de la Suède qui, en revanche, se situent bien loin derrière eux sous le

rapport médical.

Le domaine de la santé ne constitue pas une exception et on constate

que la situation est sensiblement la même pour l'éducation, les institutions

pour jeunes enfants, la culture, la protection de l'environnement et les

nombreux autres domaines sociaux qui ne font pas 1*objet d'un financement

prioritaire.

Or le déroulement de la révolution scientifique et technique conduit

à poser avec de plus en plus d'acuité la question des objectifs à long terme

et de la détermination des priorités en matière de politique scientifique,

technique, sociale et économique. "Le monde ne peut plus se permettre de

"galoper sur le tigre de la technologie" sans la maîtrise complète d'objectifs

sociaux et économiques définis avec soin", comme l'indique dans sa conclusion

une réunion d*experts de l'OCDE (l).

L'objet de la révolution scientifique et technique n'est pas de créer

quelque nouvel univers technique, étranger et hostile à l'homme, mais de

permettre 1 *épanouissement total des capacités et des dons de l'individu.

En parlant d'objectifs à long terme, nous n'avons pas en vue simplement le

problème d'une définition des secteurs prioritaires de développement en

fonction de la politique conçue par l'Etat, mais un problème bien plus

fondamental et d'une autre envergure : celui de la nature même des voies

de développement proposées à la société contemporaine aux prises avec la

révolution scientifique et technique. Le développement se poursuivra-t-il

sous le signe des fétichismes des valeurs matérielles, avec la "société

de consommation" pour modèle, ou bien la production matérielle sera-t-elle

(1) L1observateur de l'OCDE, décembre 1973, p. 29

Page 56: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 53 -

mise au service d'objectifs plus élevés? Ce qui est en jeu, c'est un

réexamen fondamental des valeurs, l'élaboration d'une conception nouvelle

en matière de qualité de la vie, qui doit signifier le souci de satisfaire

non seulement les besoins matériels, mais aussi les besoins sociaux et

spirituels delà société, qui doit conduire à se préoccuper du problème

de la biosphère dans toutes ses. implications face à la révolution scienti­

fique et technique. Sans procéder à ce réexamen, il est à notre avis,

impossible de régler la plupart des problèmes nouveaux qui se posent à la

civilisation contemporaine. De là découle la nécessité d'un changement

des priorités définies par la politique scientifique, technique, sociale

et économique et d'une orientation nouvelle des ressources de manière à

régler des problèmes sociaux dont la-solution s'impose,

La question qui se pose alors est celle de savoir comment une telle

modification des perspectives d'avenir se traduira en matière d'emploi,

et notamment pour les cadres supérieurs. C'est une question qui est

actuellement débattue au niveau des chercheurs et des instances gouverne­

mentales de nombreux pays.

Considérons par exemple l'hypothèse où les crédits militaires seraient

consacrés à la satisfaction des besoins sociaux. D'après certains auteurs,

les effets sur l'emploi seraient très divers selon la branche d'activité

considérée, étant donné que la structure de l'emploi dans l'industrie de

guerre est très différente de celle que l'on trouve dans le domaine de la

santé ou du bien-être social. Des réductions d8emploi en résulteraient,

notamment dans les industries de transformation (l). Ce concept est basé

sur le raisonnement que, même si des transferts importants de crédits étaient

réalisés du secteur militaire au secteur civil, la structure de l'emploi

dans ce secteur n'en serait pas modifiée ; on assisterait simplement à une

augmentation en nombre des médecins, des infirmiers, du personnel auxiliaire.,

etc. sans autres modifications de l'infrastructure matérielle du service

de santé (c'est-à-dire pas de modifications substantielles du rapport

investissements/unités de personnel de santé). C'est précisément ici que

ces estimations sont en défaut. Le transfert de ressources d'un secteur

économique à un autre (à condition d'être vraiment important et de porter

sur la structure même de la production) entraîne des modifications de la

structure de la demande, notamment en ce qui concerne les capitaux. Si

(1) The Structure of the U.S. Economy in 1980 and 1985* Washington^ 1975

Page 57: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 54 -

nous prenons les installations électroniques sophistiquées, les besoins

sont du même ordre dans le domaine de la santé et dans le domaine militaire.

Or le service de santé est, dans de nombreux pays, réduit à la portion

congrue à cet égard : la demande ..solvable en matériel électronique est

déséquilibrée à raison de dix du côté militaire pour un dans le secteur

civil, ce qui traduit bien l'ordre des priorités. Un changement des

priorités n'entraînerait donc pas des suppressions dramatiques d'emploi

dans l'industrie électronique, ni dans les industries de transformation

en général; il y aurait simplement un recyclage de ces branches d'activité

qui abandonneraient le secteur militaire pour se consacrer au secteur civil.

Comme nous l'avons montré plus haut, le taux des crédits de recherche

industrielle détermine très fortement la proportion des ingénieurs et des

techniciens affectés respectivement à la recherche, à la gestion et à la

production. Par conséquent, en présence d'une masse inchangée de crédits

de R-D, tout transfert de capitaux de branches d'activités à haut coefficient

technologique à des branches moins avancées sur ce point, a pour résultat

une réduction d'emploi pour les chercheurs et expérimentateurs (l).

Cependant, lorsqufon procède à l'estimation des conséquences qu'aurait,

dans le domaine de l'emploi, le transfert des investissements du secteur

militaire au secteur civil, il ne faut pas se limiter à la prise en compte du

coefficient technologique qui est actuellement celui des branches d'activités

considérées. Il faut aussi tenir compte des conséquences qu'aurait une telle

politique sur la structure économique, des modifications des rapports inter-

sectoriels de l'apparition de nouveaux produits, de nouveaux besoins en

matière de travail et de capital, dès lors qu'il deviendrait possible de

consacrer des ressources accrues à la solution de nombreux problèmes de

civilisation. On verrait alors se créer de nouveaux besoins et de nouvelles

sphères dsactivité pour les ingénieurs, les chercheurs et les expérimentateurs.

Dans ces conditions, une modification des priorités et des objectifs

de la politique scientifique et technique et une nouvelle orientation

en matière d'affectation des ressources, ne peuvent conduire à des

restrictions d'emploi pour les cadres scientifiques et techniques, à plus

forte raison pour les médecins, les enseignants, les cadres culturels, etc.

(l) Scientific Manpower, A Dilemma for Graduate Education, S. brown et B. Schwartz, édit. Cambridge-London, 1971* PP- 52 à 57

Page 58: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 55 -

C'est tout le contraire : la solution des problèmes que nous pose

quotidiennement notre monde contemporain passe par une augmentation du

potentiel scientifique et culturel de la société,

4. Conclusion

Dans le monde actuel,, le progrès scientifique et technique ne se

conçoit pas sans une constante amélioration du niveau de la qualité profes­

sionnelle de la main-d'oeuvre et sans des modifications continues de sa

structure sur le plan des qualifications. On est parvenu à un nouveau

type de qualification professionnelle dont les traits essentiels sont

un esprit ouvert, l'obligation de se perfectionner sans cesse, l'assimi­

lation de connaissances générales"de. haut niveau. La production indus­

trielle moderne, avec ses modifications rapides des infrastructures techniques

et technologiques, avec sa création incessante de nouveaux produits à haut

coefficient technologique, demande des horizons plus larges dans le travail

et un volume croissant de connaissances, tant dans sa spécialité que d'ordre

général. Le résultat est que l'éducation constitue désormais un des éléments

essentiels du processus de la production.

Les modifications de structure de la main-d!oeuvre sur le plan des

qualifications professionnelles sont déterminées par les deux principales

tendances du progrès scientifique et technique, d'une part, l'introduction

de la cybernétique, qui étend peu à peu à toute la vie économique les

processus de contrôle et de commande de la production par le moyen des

ordinateurs, d'autre part, l'importance accrue de la R-D, facteur d'accélé­

ration des transformations structurelles de l'économie par la création de

nouvelles branches d'activii-é et de nouvelles formes de production permettant

la fabrication de produits entièrement nouveaux. Le coefficient technolo­

gique de la production s'élève sans cesse.-

Comme l:a montré l'analyse quantitative, le niveau des infrastructures

techniques (lui-même étroitement lié au niveau d?automation) et le coeffi­

cient technologique de la production sont les deux facteurs déterminants en

matière de structure professionnelle de la main-d'oeuvre industrielle, et

dont dépend en particulier le taux de l'encadrement (scientifiques, ingénieurs

et techniciens).

Les relations objectives mises en lumière entre le niveau des infra­

structures techniques, le coefficient technologique de la production et le

niveau de qualification de la main-d'oeuvre, permettent de définir les

Page 59: TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION …unesdoc.unesco.org/images/0007/000702/070213fo.pdf · LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE ... objectifs du développement

- 56 -

conditions optimales d'emploi des cadres supérieurs, en somme d'établir le

lien entre le développement économique et le niveau des qualifications.

L'amélioration de la qualité professionnelle de la main-d*oeuvre ne produira

pratiquement aucun effet sur l'économie, si les processus de production

restent enlisés dans la routine, sans la moindre modification de la nature

des produits et des techniques de fabrication. Inversement, s'il s'agit

d'un type dynamique de production, l'amélioration constante des qualifications

est une condition nécessaire du progrès technique.

L'étude du problème de l'emploi des cadres supérieurs (professionnels)

a permis de montrer qu'en dernière analyse la demande en la matière est

fonction, d'une part, du rythme de la croissance, d'autre part, de la

détermination des priorités en matière de politique sociale, économique,

scientifique et technique. Les possibilités d'emploi des cadres supérieurs

seront d'autant plus importantes que le rythme de la croissance sera élevé

et que la politique économique, scientifique et technique aura pour objectif

la satisfaction de besoins sociaux de la population.