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Rapport de recherche de l'IIPE :
INSTITUT INTERNATIONAL DE PLANIFICATION DE L'EDUCATION
(créé par l'Unesco) 7-9, rue Eugène-Delacroix, 75016 Paris
© LE PROGRES SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE ET LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE
N . P. Ivanov
Docteur es sciences économiques, Directeur de recherche, Institut de l'économie mondiale et des relations internationales à l'Académie des sciences de l'URSS
0 Unesco 1981
Les auteurs sont responsables du choix et de la présentation des faits figurant dans ces ouvrages ainsi que des opinions qui y sont exprimées, lesquelles ne sont pas nécessairement celles de l'Institut et n'engagent pas l'Unesco.
(i)
ТАВШ DES MATIERES
le Rapports objectifs entre progrès scientifique et technique et qualification professionnelle
2. Un nouveau type de qualification professionnelle
3>» Cadres supérieurs : besoins et niveau d'emploi
Ц-о Conclusion
- 1
Dans le monde entier, la qualification professionnelle est actuellement
reconnue pour être un des facteurs essentiels du développement économique et
du progrès croissant des sciences et des techniques» 11 importe donc de mettre
en lumière l'existence de rapports objectifs entre* d'une part., les indicateurs
de base du progrès scientifique et technique et d'autre part, la qualification
de la main-d1oeuvre« On procédera également à l'étude de l'influence qu'exerce
le progrès sur les modifications de la structure professionnelle et sur la
nature même de la qualification.
Celle-ci ne revêt pas uniquement un aspect économique, mais également
un aspect social. Dans la conjoncture actuelle, les possibilités d'accès à
un niveau élevé d'éducation générale et de formation professionnelle sont
ressenties par une grande partie de la population comme un vrai besoin social.
Dans la plupart des pays techniquement évolués ou en développement., l'éducation
générale a vu son cadre s'élargir sensiblement au cours des dernières
décennies. Et pourtant, tous les diplômés des universités ou de l'enseignement
supérieur ne trouvent pas, loin de là, un travail correspondant à leur
formation ou au moins répondant à la qualification élevée qui est la leur.
Dans un grand nombre de pays, se pose avec acuité le problème de l'emploi
des jeunes diplômés et celui du chômage des cadres* C'est pourquoi il est
d'une grande actualité de faire apparaître les divers facteurs qui comman
dent l'emploi dee cadres,
La demande en la matière est déterminée non seulement par les facteurs
objectifs du développement économique mais également par les politiques
scientifiques et techniques poursuivies par les divers pays« Les événements
de ces dernières années qui ont fait apparaître les conséquences négatives
du développement scientifique et "technique, la crise de l'énergie, la prise
de conscience écologique, la poursuite de la course aux armements, le danger
toujours présent d'une catastrophe nucléaire, cet ensemble de faits a conduit
à se poser le problème d'un changement dans les priorités et le contenu même
des politiques scientifiques et techniques. Dans ce contexte, une analyse
de l'influence qu'aurait sur le niveau d'emploi des cadres la modification
des objectifs et des tendances en matière de politique scientifique et
technique s'avère d'une très grande actualité.
Certains aspects des problèmes évoqués ci-dessus seront traités dans
cet ouvrage,
- 2 -
1. Rapports objectifs entre progrès scientifique et technique et qualification professionnelle
C'est une tâche d'une extrême complexité que la mise en lumière des —
rapports quantitatifs entre le progrès scientifique et technique et la quali
fication professionnelle, Le progrès est, en effet, un ensemble complexe de
processus variés qui relèvent d'un grand nombre de paramètres. De leur côté,
les modifications de la qualification au sens large revêtent également des
aspects multiformes, notamment la structure professionnelle de la main-
d'oeuvre (c'est-à-dire les rapports quantitatifs entre les diverses caté
gories dont elle se compose) et les niveaux de qualification (c'est-à-dire
l'amélioration qualitative de ces catégories par l'élévation du niveau
d'éducation générale et de formation technique)«
Il nous paraît par conséquent opportun, pour définir la relation entre
progrès scientifique et technique et qualification, d'adopter la méthode
suivante : -
examen des tendances principales du progrès scientifique et technique
et détermination des indicateurs exprimant ces tendances!
mise en lumière des rapports quantitatifs existant entre ces indi
cateurs et les indicateurs relatifs aux modifications de la quali
fication de la main-d'oeuvre «
(a) les tendances du progrès scientifique et technique
Il ne s'agit pas à cet égard de procéder à une simple enumeration,
mais de dégager des lois générales relatives au développement des forces
productives dans la période contemporaine«
Il est établi que la science est devenue par elle-même une force
productive ' elle contribue directement aux bouleversements continuels de la
production qui touchent à tous les domaines de la vie économique» Un des
indicateurs de l'importance croissante de la recherche scientifique est celui
des dépenses que tous les pays techniquement évolués consacrent à ce chapitre«
En URSS, d'après les données de la Direction centrale des statistiques,
le montant global des dépenses de recherche scienfique s'est élevé en 1975
à 17,4 milliards de roubles, soit 4,8 % du revenu national (l). Aux
Etats-Unis, les dépenses consacrées à la recherche et au développement se
sont élevées en 1975 à 3>4,1> milliards de dollars, soit 2,4 % du PNB.
(1) Calculs -e-ff-e&tué-s—à partir— des. données de l'ouvrage: CSU SSSR, jflarodnoé khoz.ja.lstvo SSSR y 1975 £«><> (Direction centrale des statistiques de l3URSSï l'Economie de l'URSS en 1975)= Äskva, 1976,. P° 5&3 et 744.
- 3 -
Au Japon, ces dépenses ont atteint en 1973 1*9 du PNB, en République fédérale"
d'Allemagne 2,1 %> au Royaume-Uni 2,3 /> en France 1,8 $ (1).
La diminution permanente des délais de la mise en oeuvre des inventions
ou des découvertes, jointe à la montée en flèche de la masse des recherches,
entraîne une augmentation particulièrement rapide des dépenses consacrées
au développement expérimental et à la mise au point pour la production
en série. Ces activités^ qui constituent un maillon intermédiaire entre
la recherche et la fabrication industrielle, jouent un rôle décisif dans
l'accélération du rythme du progrès technique» C'est pourquoi, les dépenses
de développement expérimental et de mise au point pour la production sont
sensiblement supérieures à celles de la recherche fondamentale, et s'accrois
sent parfois à un rythme plus rapide„
Les chiffres indiqués sont loin de rendre compte de toutes les sommes
allouées à ces activités. Le montant des dépenses destinées au recyclage
technique des entreprises pour fabriquer des nouveaux produits et le coût
des études de marché dépassent en ampleur ceux de la recherche de dévelop
pement expérimental «, On peut dire que le montant total des investissements
nécessaires à la création de nouveaux produits est une sorte d'iceberg dont la R-D
(recherche et développement) ne représentent que la partie visible.
C'est apparemment ce qui explique le paradoxe bien connu selon lequel il n'y
aurait aucune relation directe entre, d'une part,la valeur relative des dépenses
de R-D (recherche et développement) et, d'autre part, le montant du PNB
et le rythme de la croissance économique«
Ce qui est important dans les dépenses de R-D, c'est leur répartition»
Alors qu'une part relativement faible est consacrée au développement de nouvelles
technologies et de techniques de pointe, l'essentiel se porte à la création de
produits entièrement nouveaux« Il faut entendre par là des produits dont l'appa
rition est déterminée par des découvertes scientifiques récentes dont ils
constituent l'application, et faute desquelles ils ne pourraient exister.
Un "produit nouveau" est, par conséquent, fondamentalement différent d'un
produit ancien qui aurait subi des améliorations ou des transformations« La
réduction des délais de réalisation de produits nouveaux entraîne un renouvel
lement toujours plus rapide de la structure de la production.
(1) Statistical Abstract of the United States, 1975, Annuaire statistique de 1'Unesco, 1975°
- 4 -
Ces modifications rapides de la structure de la production et de la —
nature des produits fabriqués., ce processus de création incessant de produits
nouveaux qui sont la traduction des dernières découvertes de la science et
des techniques., assignent une importance particulière à ce facteur de la vie
économique actuelle qu'est le vieillissement moral d'un produit. On le
retrouve dans un grand nombre de problèmes économiques., tels que la formation
du coût, les nouvelles formes de la concurrence, etc.,,
Le progrès scientifique et technique impose en effet sa griffe à la
concurrence sur les marchés mondiaux. Si, auparavant, le facteur essentiel
de la compétitivité dfune marchandise était son prix de revient, il s'y ajoute
maintenant le facteur de la nouveauté qui devient déterminant pour sa compéti
tivité,, Plus un produit est techniquement avancé, plus il traduit les
dernières découvertes de la science, et plus facilement, il saura conquérir
le marché. Or, le degré de nouveauté d'un produit dépend dans une grande
mesure du volume global de la recherche au sein de l'industrie (1).
Le nouveau caractère de la concurrence sur les marchés mondiaux
stimule la restructuration rapide de la production industrielle, l'apparition
et le développement accéléré de nouvelles branches d'activité et de nouvelles
productions, conformément aux tendances principales du progrès. Ce processus
se déroule d'une manière incessante, sous forme de "bourgeonnement" d'une
branche d'activité, au sein de laquelle surgissent de nouvelles productions.
En général, les points de croissance les plus nombreux se situent dans les
nouvelles branches d'activité (radio-électronique, ordinateurs, chimie des
polymères, industrie des missiles, construction d'appareils de contrôle et
de mesure qui sont à l'avant-garde du progrès technique.
La science est devenue un accélérateur puissant du développement
économique j c'est elle qui est le principal facteur d'accroissement de la
productivité du travail qui a vu ses mécanismes profondément modifiés.
Ce n'est plus tellement l'accroissement quantitatif de la production qui
est en cause (unités produites par homme et par heure) que les modifications
qualitatives affectant le produit lui-même, dans la mesure où il s'agit de
produits entièrement nouveaux.
(l) Education, Income and Human Capital, W, Hansen, edit,, New York -London, I97O,
- 5 -
La croissance quantitative de la productivité est due essentiellement
à la modification des infrastructures techniques de la production par la mise
en place d'équipements à plus fort rendement, par le développement de la
mécanisation et de 1'automation. Au cours de la période 1971=1975^ on a
modernisé en URSS 732,000 unités de production, le nombre des chaînes de
fabrication automatique est passé de 5°9<3l en 1965 à 17»072 en 1975« L!elec
trification des tâches s'est accrue dans l'industrie de 1,7 fois au cours de
la même période«, Le développement des systèmes de commande automatique se
fait à un rythme rapide: 414 entre I966 et 1970, mais 2.364 entre 1971 et
1975 (1).
La croissance qualitative de la productivité est surtout liée au
développement de la R-D industrielle, ce qui permet de créer de nouveaux
produits à haut coefficient technologique« Si, en URSS, on a créé et
développé la production en série de 8.400 produits nouveaux entre 1966 et
I97O, ce chiffre est passé à 16*500 entre 1971 et 1974 (2)0 L'analyse de
ces deux aspects essentiels de la croissance'de la productivité permet de
dégager les tendances principales du progrès scientifique et technique 1
premièrement, l'accroissement des équipements techniques, en particulier
sous l'angle cybernétique, ce qui signifie non seulement l'automatisation
de la production mais la mise en place de systèmes automatiques de commande
et de gestion dans toutes les sphères de la vie économique; deuxièmement,
l'élévation du coefficient technologique de la production, entraînant une
transformation accélérée des structures économiques, la création de nouvelles
branches d'activité, la fabrication des produits entièrement nouveaux,
l'application des toutes dernières découvertes scientifiques«
Ces deux tendances exerçant une profonde influence sur les transformations
de structure de la qualification professionnelle de la main-d'oeuvre et sur
son niveau de qualification.
- Introduction de la cybernétique dans l'économie. Cette tendance est
à l'origine d'une forte augmentation de la demande de cadres spécialisés dans
la maintenance, le montage et la réparation des ordinateurs. Les nouveaux
(1) CSU SSSR5 Narodnoé khozja.istyo SSSR y 1975 g. (L'Economie de l'URSS en 1975».. )., p. 172 à 175» '~"~"" ~"~"™" •
(2) op. cit., p. 171 о
- 6 -
métiers liés à la technique des ordinateurs demandent«, en général., un haut ~~
niveau de formation technique et de culture générale. Par ailleurs, l'intro
duction de la cybernétique dans l'économie entraîne de grandes modifications
dans la nature des métiers traditionnels., créant des exigences nouvelles en
matière de qualification professionnelle.
L'utilisation de systèmes automatiques de commande au niveau de la
production, transforme la structure de la gestion et modifie les fonctions
du personnel de direction.
L'ancienne conception de la gestion compartimentée qui régnait jusque
là (avec des départements sans liens entre eux, recherche, production, commer
cialisation, finances, chacun avec ses règles et ses critères d'évaluation
propres) a fait place à une approche systémique, l'entreprise étant conçue
comme un organisme autonome dont chaque partie concourt au bon fonctionnement
de l'ensemble«, Ce sont alors des règles et des normes communes qui entrent
en jeu et pénètrent tout le processus depuis le moment de la commande jusqu'à
celui de la livraison du produit fini. L'approche systémique de la gestion
des entreprises suppose l'existence d'un réseau informatique développé, intégré
en un système unifié,, Cette intégration n'est pas possible sans l'ordinateur.
La transformation de la gestion des entreprises sur la base du principe
systémique conduit à la disparition d'un grand nombre de maillons intermé
diaires, et notamment certaines catégories de "petits chefs". Les fonctions
de collecte et, en partie, d'analyse de l'information sont transférées direc
tement à l'ordinateur.
Parallèlement, de grandes modifications se produisent aux échelons les
plus élevés de la direction. L'intégration des informations grâce à l'ordina
teur rend les entreprises plus faciles à gérer, elles réagissent plus rapi
dement aux ordres d'en haut. De grandes possibilités d'analyse de leurs
activités et dsélaboration de leurs programmes de développement apparaissent.
En même temps, s'accroît la responsabilité des cadres dirigeants en
matière de prise de décision. L'ordinateur ne remplace pas le directeur. Il
ne peut que créer les meilleures conditions pour une approche créatrice en
matière de gestion. Or, le niveau des décisions dépend des capacités intellec
tuelles et de la qualification des cadres dirigeants.
Dans l'industrie, le développement de 1'automation conduit à une nette
transformation de la structure de l'emploi. Le transfert d'une part consi
dérable des fonctions de production de l'homme à la machine entraîne la dimi
nution brutale, en chiffres relatifs, du personnel participant directement
- 7 -
au processus de la production. Le centre de gravité des tâches à accomplir
est passé des machines et des mécanismes qu'il faut conduire, à des ensembles
automatisés dont il faut assurer le service technique s élaboration des
programmes et des régimes technologiques, réparation et mise au point. Il
en résulte un fort accroissement de la proportion des services techniques au
sein des entreprises parvenues à un haut degré d'automation.
Une enquête portant sur les effets de l1automation sur la structure
professionnelle de l'emploi pour des ouvriers appartenant à huit entreprises
de construction de machines en URSS, permet de faire les constatations
suivantes (1) ;
Рош
Entreprises 1 2 3 4 5 6 7 8
rcentage d
automatiques
100 100 » 8 --_ ~
installations
"semi-automatiques
-..
100 82 60 25 -=.
autres ---10 40 75 100 100
agents de conduite
(pourcentage à l'ensemble <
7,6
19,0
57,8
52,2
62,4
80,4
76,0
84,0
d' agents
entretien
par rapport des ouvriers,
51,0
40,0
11,8
11,5
12,7
7,0
-
-
Plus le niveau d'automation est élevé, plus la proportion des "agents
d'entretien" est grande par rapport au nombre total des ouvriers, et réduite
par rapport à celle des "agents de conduite".
Or, comme en témoignent ces chiffres tirés de la même enquête (2), le
niveau d^automation exerce aussi son influence sur le niveau de qualification
de l'ensemble du personnel»
(1) A. Osipov, I. Kovalenko, E. Petrov, SovetskiJ raboci.j i avtomatisaciña (L'ouvrier soviétique et 1'automation), Moskva, i960, p. 88.
(2) op. cit., p. 99 à 112.
- 8 -
Pourcentage d'installations Echelons de qualification (moyennes)
semi Entre- automa- automa-prises tiques tiques autres
1 100 2 100 3 100 4 8 82 10 5 60 40 6 25 75 7 100 8 - TOO-
agents de conduite
5,0 5,0 4,7 3,9 4,0 3,7 3,6 3,6
Me d*
icaniciens entretien
6,8 6,6 6,2 5,7 5,3 5,6 4,7
- 3,8
Ensemble des
ouvriers
О , О
5,9 6,2 4,5 4,3 4,0 3,7 3,4
Plus le niveau d!automation est élevé, plus l'échelon moyen de qualification des ouvriers est également élevé (il y a huit échelons de salaires en
fonction de la qualification).
A mesure que s'élève le degré d'automation, on constate assez nettement
une tendance à la diminution relative du nombre des ouvriers par rapport aux
techniciens^ aux ingénieurs et aux employés» On observe également une autre
tendance : plus le degré d'automation est élevé, plus il y a d'ouvriers quali
fiés par rapport à l'ensemble des ouvriers, et, ce qui est particulièrement
significatif, plus nombreux sont ces ouvriers qui ont terminé leurs études
secondaires, c'est-à-dire qui exercent un métier nécessitant un bon niveau de
connaissances générales (!) «
- Produits à haut coefficient technologique. L'influence de ce facteur
sur la structure de la qualification de la main-d'oeuvre se note, d'une part,
par l'accroissement du personnel de recherche et de développement expérimental.,
d'autre part, par les modifications de la structure et des fonctions de personnel
directement employé à la production.
(1) Profiles of Manufacturing Establishments, New York, 1968.
_ 9 -
En ce qui concerne le personnel de R~D, la relation qui existe entre la-
croissance de la R-D et l'évolution de la structure des qualifications est
évidente» En chiffres absolus, le nombre des chercheurs et auxiliaires scien
tifiques employés à la R-D est pratiquement en relation directe avec la poli
tique scientifique et technique adoptée, et en particulier avec le montant des
dépenses affectées à ce domaine. S'il y a des variations, elles proviennent
essentiellement de la part des dépenses affectées aux salaires par rapport à
celle qui va aux équipements, et également de la différence des rémunérations
dans les différentes branches d'activité«
Si la relation en chiffres absolus entre les dépenses affectées à la R-D
et le nombre des chercheurs est d'une grande simplicité, la relation entre ces
deux grandeurs en valeur relative est plus complexe ; elle doit tenir compte du
rapport i dépenses consacrées à la R-D/produit net des ventes, ainsi que du
rapport : personnel affecté à la recherche/ensemble du personnel employé dans
la branche considérée» On aura ainsi une indication sur les effets du volume
de la recherche sur la structure de l'emploi dans la branche considérée. La
proportion des cadres scientifiques ne peut pas être en rapport direct avec le
volume de la recherche, car ici il y a d'autres facteurs qui entrent en jeu
et notamment le rendement des investissements consacrés à la recherche, La
tendance générale à l'élévation de la rentabilité de la production sociale en
fonction des investissements dans la R-D n'apparaît en effet que sur la longue
période,, Entre le moment où l'on investit dans la R-D et le résultat escompté,
il se produit un certain délai. En outre, il faut tenir compte de l'effet
d'entraînement intersectoriel,un accroissement des recherches dans une branche
d'activité donnée pouvant avoir des effets sur la branche voisine.
Il n'en reste pas moins qu'il doit y avoir un rapport objectif étroit
entre le volume de la R-D et les effectifs du personnel de recherche et d'expé
rimentation.
En ce qui concerne maintenant le personnel employé à la production, comme
la création de nouveaux produits est à l'origine de bouleversements continuels
des processus de production nécessitant en général l'utilisation de technologies
plus complexes, on assiste à une demande relativement importante en ingénieurs-
technologues, techniciens supérieurs, mécaniciens d'entretien et de réparation
et ouvriers qualifiés en général. Il en résulte que le niveau du développement
des activités de recherche dans une branche donnée exercera aussi ses effets
sur les effectifs des cadres employés ailleurs que dans la R-D. Cet aspect est
essentiel lorsqu'on doit évaluer le rôle de la recherche j celle-ci n'exerce
pas seulement une influence ponctuelle sur la structure de l'emploi dans une
- 10 -
branche donnée, elle est en fait un des facteurs principaux des transformations
structurelles de l'ensemble de la main-d'oeuvre sur le plan des qualifications
professionnelles. Plus le volume de la recherche est élevé dans une branche
donnée, plus il y aura proportionnellement d'emploi pour les chercheurs, les
ingénieurs et les techniciens. Et cela non seulement dans les laboratoires de
recherche, mais aussi dans les ateliers. En outre, l'organisation et la gestion
des entreprises se trouvant être plus complexes dans les branches d'activité à
volume élevé de R-D, leur appareil administratif devra être relativement plus
étoffé que celles où la nature et la structure de la production ne se modifient
que lentementс De là, découle, pour les premières, la nécessité de faire appel à une proportion relativement plus grande de personnel administratif et
d'employés.
Pour conclure cette analyse des effets, sur la structure professionnelle
de la main-d'oeuvre, des deux tendances fondamentales du progrès scientifique
et technique, que sont l'emploi de la cybernétique et la part plus grande des
découvertes scientifiques incorporées dans les produits, il convient de souligner
que ces tendances concourent à part égale à l'amélioration générale du niveau de
la qualification. Cependant, le développement de l'une n'entraîne pas néces
sairement celui de l'autre (c'est-à-dire que l'accroissement de la recherche
n'entraîne pas nécessairement eelui de 1'automation, et réciproquement). Qui
plus est, plus les transformations de structure sont rapides au niveau de la
production, plus on rencontre de difficultés à en automatiser les processus.
Face à la création incessante de produits totalement nouveaux, il est très
difficile d'automatiser la fabrication des premières séries. C'est un problème
que connaît bien le secteur de la construction de machines et d'instruments.
(b) Relations quantitatives
Les effets sur la structure de la main-d'oeuvre des deux tendances que
l'on vient d'examiner peuvent faire l'objet d'un traitement quantitatif par
l'analyse de régression. On exprimera chacun de ces facteurs par un indicateur
quantitatif qu'il faudra ensuite mettre en rapport avec la structure de la
main-d'oeuvre par qualifications et par professions dans chaque branche
d'activité.
Par quel indicateur exprimer le degré d'automation d'une branche d'acti
vité ou d'une industrie tout entière ? On ne peut évidemment pas se fonder
sur le type des machines ou des installations, tant elles sont différentes
selon les branches. Par ailleurs, on sait que le niveau de 1'automation est
très étroitement lié aux investissements et à la consommation d'énergie :
- 11 -
plus une branche d'activité est automatisée, plus ces indicateurs sont eux- —
mêmes élevés. Si on prend par exemple aux Etats-Unis l'industrie de l'auto
mobile, où seuls certains processus sont automatisés, on constate qu'en 1973*
la consommation annuelle d'énergie électrique s'élevait à I8.9OO kwh par
ouvrier et les investissements à 29«800 dollars par ouvrier : @n revanche,
dans les branches d'activité où la production a lieu en continu, avec des
systèmes automatisés intégrés, ces indicateurs sont considérablement plus
élevés : soit respectivement I67.7OO kwh et 269. 100 dollars pour l'industrie
du pétrole, toujours aux Etats-Unis»
On peut donc utiliser la consommation d'énergie et les investissements
par tête d'ouvrier comme indicateurs exprimant le niveau de l'automatisation
des diverses branches d'activité. En ce qui concerne l'importance de la
recherche dans la branche concernée,._elle peut s'exprimer en prenant le
rapport ; dépenses de recherche/produit net des ventes. Comme il s'agit
d'une unité de coût, on devra recourir aussi à un indicateur de coût pour
exprimer le niveau de mécanisation et d'automation de la branche considérée»
Venons-en maintenant à la formulation d'une relation quantitative
entre la structure de la main-d'oeuvre et les deux facteurs en question.
Actuellement, la catégorie professionnelle la plus dynamique et la plus
importante pour le développement industriel est celle des spécialistes
hautement qualifiés, scientifiques, ingénieurs et techniciens (cfotableau l).
Ce tableau fait apparaître de grandes différences dans la répar
tition de ces cadres scientifiques et techniques au sein des diverses bran
ches de l'industrie aux Etats-Unis. Si, on constate dans 1!aeronautique et
les missiles, dans 1'électrotechnique (électronique comprise), la construction
de machines et la chimie, un taux élevé de cadres hautement qualifiés, dans
des branches comme l'automobile, la métallurgie, les papeteries ou la
céramique industrielle, ce taux est relativement plus bas,et dans plusieurs
autres branches de l'industrie légère - alimentation, textiles, confection -
encore plus bas. Il est en outre significatif que la grande majorité des
scientifiques et des informaticiens travaillent précisément dans les branches
à haut coefficient technologique qui sont à l'avant-garde du progrès technique.
Par ailleurs, certaines de ces branches, essentiellement l'industrie chimique
et l'industrie du pétrole, se caractérisent à la fois par l'importance consi
dérable de leurs travaux de recherche et par un haut niveau de mécanisation
et d'automation*
- 12
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- 13 -
Pour formuler la relation quantitative entre, d'une part, le taux
de l'encadrement scientifique et technique par rapport à l'emploi global et,
d'autre part, l'importance de la recherche et le niveau de 1'automation et
de la mécanisation, analysons la corrélation qualitative de ces divers
indicateurs tels qu'ils figurent au tableau 2e
Le coefficient de corrélation linéaire (к) entre le taux d'encadrement (y) et les investissements, par tête d'ouvrier (x) est de + 0,444 ; entre (y) et le rapport : dépenses de R-D/produit net des ventes (z), est
de + 0,805-
Bien que chacun de ces facteurs joue un rôle important dans la forma
tion du taux d'encadrement, aucun d'entre eux n'est à lui seul déterminante
C'est leur interaction qui influe^ dans une grande mesure, sur le taux
d'encadrement par rapport au total du personnel. Le coefficient de corré
lation multiple entre (y), (x) et (z), est de + 0,976 ; le coefficient
de détermination, de + 0,952»
L'indicateur d'investissements par tête d'ouvrier et le rapport :
dépenses de R-D/produit net des ventes, sont inversement proportionnels,
le coefficient de relation linéaire étant de - 0,076«,
L'égalité de la régression prend la forme 1
y = 1,330 + 0,047 x + l£222z
(ж) Le coefficient de corrélation linéaire s'obtient par la formule ; *Ñ S x ^- y _ Z. x y - • r *
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- 15 -
Ainsi, le taux d'encadrement scientifique et technique par rapport au
niveau général de l'emploi dans l'industrie est plus fortement tributaire du
volume de la recherche que de l'ampleur des investissements. Gela s'explique
par le fait que scientifiques et ingénieurs sont de moins en moins affectés
aux tâches directes de la production et pénètrent dans le domaine de la
recherche, de l'expérimentation et de la construction de projets. On pourrait
retenir encore plusieurs autres indicateurs techniсо»économiques moins significatifs, mais traduisant divers aspects du progrès scientifique et technique
contemporain, et qui influent d'une manière ou d'une autre sur la structure
professionnelle, par exemple le niveau d'organisation et de gestion des
entreprises. Mais, le progrès scientifique et technique se manifeste par
des processus si diversifiés et si dynamiques que^ bien entendu, aucun
ensemble déterminé d'indicateurs ne- pourra l'épuiser complètement.
Nous avons donc pu définir les effets des tendances principales du
progrès sur les modifications de la structure professionnelle de la main-
d'oeuvre, et cela dans l'industrie, et plus particulièrement en ce qui
concerne cette catégorie essentielle : les cadres scientifiques et techni
ques» Comment la situation se présente-t-elle dans les autres domaines
de la vie économique, transports, communications, recherche scientifique
(non-industrielle), formation des cadres, etc.? On peut logiquement émettre
l'hypothèse que, là aussi, le niveau de l'emploi pour les ingénieurs et les
scientifiques est en fin de compte déterminé par les tendances définies
plus haut, et que le taux d'encadrement par rapport à l'ensemble des actifs
dépend dans une grande mesure du niveau des équipements et du volume de
la R-D. On pourra vérifier cette hypothèse en procédant à la comparaison
de ces indicateurs pour un certain nombre de pays.
Ce type de comparaison se heurte, certes, à des difficultés inéluc
tables qui tiennent au caractère spécifique des statistiques nationales.
On est loin de trouver partout, des données sur l'effectif global des scien
tifiques et des ingénieurs, et même lorsqu'elles sont disponibles, les
niveaux de qualification ne sont pas toujours équivalents.
Les données concernant l'URSS proviennent de l'ouvrage Narodnoe
khozjajstyo SSSR v 1975 gfl (L'économie de l'URSS en 1975) émanant de la
Direction centrale des statistiques. Comme base de comparaison avec' les
autres pays, on a utilisé l'étude de l'OCDE sur La structure de la main-d'oeuvre
- 1б -
par profession et par niveau d'éducation dans 53 pays (l) ainsi que les —
données de l'Annuaire statistique de l'Unesco (2)0
Or, les données de l'OCDE sur les ingénieurs et les scientifiques
diplômés de l'enseignement supérieur se réfèrent à l'année I96O/6I0 Pour
obtenir les chiffres correspondants pour l'année 1973* nous avons dû procéder
comme suit ;
évaluer le nombre des ingénieurs et des scientifiques (médecins
exclus) qui ont été formés dans chaque pays entre i960 et 1973 J
émettre une hypothèse selon laquelle une proportion d'environ 5 %
de chaque promotion d'ingénieurs ou de scientifiques travaillerait
en dehors de sa spécialité ;
émettre une seconde hypothèse selon laquelle en 1973* environ 10 %
des effectifs de 1960/61 auraient pris leur retraite]
- additionner aux données de I96O/6I le total des effectifs formés
ultérieurement, en prenant soin de soustraire le nombre estimé des
retraités et des diplômés travaillant en dehors de leur spécialité.
Lorsque, les statistiques nationales ne font pas de distinction entre
les diplômés de l'enseignement supérieur et les autres, on a eu recours à
une autre méthode, plus indirecte»
à partir des données de l'Unesco sur la proportion de diplômés de
l'enseignement supérieur parmi les personnes âgées de plus de
25 ans«, et celles des cadres /"professionnels" (ж}/ en général parmi la population active, on a calculé quelle pouvait être
parmi ces derniers la proportion de ceux qui détenaient un
diplôme d'enseignement supérieur j
c'est cet indice qui, après correction, a été retenu pour exprimer
la catégorie des ingénieurs et des scientifiques.
(1) Statistiques relatives à la structure de la main-d'oeuvre par profession et par niveau d'éducation dans 53 pays, OCDE, Paris, 1969=
(2) Annuaire statistique de l'Unesco, 1975°
(Ä) En anglais dans le texte (Ndï).
- 17 -
lé s données utilisées sur l'effectif global des ingénieurs et des
scientifiques issus de l'enseignement supérieur n'ont donc qu'un caractère
approximatif et ne prétendent pas à une exactitude absolue. On n'a pas
tenu compte* notamment^ du phénomène de migration des scientifiques et des
ingénieurs« Cependant, dans le cadre de notre étude, ce ne sont pas les
chiffres absolus qui présentent de l'intérêt, mais les taux relatifs, et plus
spécifiquement la proportion de cette catégorie de cadres par rapport à
l'ensemble de la population employée (cfo tableau 3).
L'indicateur choisi pour mesurer le niveau technologique de la produc
tion est celui des investissements par personne employée, exprimés en
dollars« Pour les calculs, on a utilisé, d'une part, les données de la
Direction des statistiques de l'URSS selon lesquelles, dans ce pays, le
montant global des investissements aurait légèrement dépassé en 1975 celui
des Etats-Unis (1), et, d'autre part, les données statistiques des
Nations Unies (2) (cf. tableau 4).
L'indicateur choisi pour mesurer l'importance de la R-D par pays est
celui du pourcentage des dépenses de R-D par rapport au PNB (3).
On peut alors établir pour les 17 pays choisis la corrélation suivante
entre, d'une part, le taux des ingénieurs et des scientifiques et, d'autre
part, les indicateurs du progrès scientifieo-technique (cf. tableau 5).
Le coefficient de corrélation linéaire entre l'indicateur du niveau
technologique de la production (x) et le taux d'encadrement (ingénieurs et
scientifiques) (y), est de + 0,705, et entre le pourcentage des dépenses
de R-D par rapport au PNB (Z) et le taux d'encadrement (y), de + 0,792.
Le coefficient de corrélation linéaire entre (x) et(z) est de + 0,403.
Quant au coefficient de corrélation multiple Ryxz, il est égal à + 0,897.
(1) CSU SSSR, Narodnoe khoz.ia.jstvo SSSR v 1975 g, (L'Economie de l'URSS en I975 . . . ) , p. 121.
(2) Monthly Bulletin of Statistics, 1977, No. 9.
(3) Annuaire statistique de l1Unesco, 1975»
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- 21 -
L'équation de la régression s'écrit :
y = 0,1^8 + 0,4l9X + 0,524z
Le coefficient de détermination est de + 0,805«
On peut donc conclure que les tendances du progrès scientifique et
technique définies plus haut exercent une influence notable sur l'emploi
des cadres scientifiques et techniques non seulement dans l'industrie mais
dans tout l'ensemble de la vie économique.
Si on aborde maintenant la question du rapport entre les investisse»
ments et le progrès, on peut définir les deux relations suivantes, à savoir
le rapport entre d'une part, les investissements destinés à la formation
des cadres et, d'autre part, les investissements dans la R-D et dans les
infrastructures nouvelles.
Il n'est pas possible d'augmenter le volume de la recherche sans
procéder à des investissements accrus pour la formation des cadres scien
tifiques et techniques., C'est là une évidence, mais qui ne touche pas
encore à l'essentiel» Allons plus loin. Les dépenses consacrées à la
recherche sont la source potentielle de transformations qualitatives de
la production industrielle (nouvelle technologie et nouveaux produits).,
Ces transformations nécessitent à leur tour une amélioration du niveau de
la qualification, c'est-à-dire un accroissement des investissements consa
crés à la formation professionnelle. C'est de cette manière que l'augmen
tation des dépenses de R-D stimule l'accroissement des investissements
consacrés à la formation des cadres.
L'autre relation est celle entre les investissements consacrés à la
formation des cadres et un autre facteur d'importance, à savoir les inves
tissements en équipements nouveaux, à forte productivité qui s'accroissent
donc à un rythme plus rapide„ La relation la plus évidente est celle que
l'on peut constater entre les investissements consacrés aux équipements
nouveaux et à la formation professionnelle dans le domaine industriel»
Une partie des investissements consacrés à la technologie et aux
équipements nouveaux vise à créer de nouvelles entreprises ou à agrandir
des entreprises anciennes ; elle est par conséquent créatrice d'emplois
nouveaux qui entraîneront à leur tour des investissements pour la formation
professionnelle des ouvriers qui occuperont ces emplois., Une autre partie
de ces mêmes investissements vise à modifier les postes de travail existants
afin de les doter d'une technologie plus avancée« Ces modifications
supposent des investissements pour recyclage de la main-d'oeuvre en cours
d'emploi.
- 22 -
On sait que l'élévation du niveau technologique de la production —
entraîne une augmentation des dépenses d'équipement par poste de travail.
On constate la même tendance en matière de formation professionnelle ;
plus la technologie est complexe, plus la qualification des ouvriers s'amé
liore, et plus les investissements consacrés à la formation sont en
accroissement.
Or, pour améliorer les qualifications, les investissements ne doivent
pas être seulement consacrés à la formation professionnelle proprement dite,
mais aussi à l'éducation générale« C'est pourquoi on observe aussi un lien
objectif entre les investissements dans la technologie avancée et dans
l'éducation en général.
Les corrélations objectives mises en lumière entre le niveau techno
logique, le volume de la recherche et le taux des ingénieurs et des scienti
fiques (par rapport à l'ensemble de la main-d'oeuvre) interviennent direc
tement dans la planification de la formation des cadres scientifiques et
techniques. Un lien étroit doit être maintenu entre les plans de formation
des ingénieurs et des scientifiques, le plan de croissance de la R-D et la
planification des investissements» En l'absence d'une telle planification,
il peut se produire de dangereux phénomènes de distorsion qui ont pour effet
de réduire les possibilités d'emploi des cadres.
Les corrélations mises en lumière permettent d'aborder d'une manière
nouvelle le problème de la rentabilité d'une politique d'amélioration des
qualifications» Les investissements que l'on y consacre ne peuvent avoir
d'effet direct sur l'économie que s'ils entretiennent un rapport étroit
avec la création de nouvelles techniques de production visant à fabriquer
des produits nouveaux qui traduisent les dernières découvertes de la science.
On ne pourra étudier correctement ce problème que si l'on examine très
attentivement les conditions indispensables nécessaires à l'emploi optimal
des cadres. Il faut évidemment adopter une approche globale et considérer
l'amélioration des qualifications comme un élément constitutif du progrès
technique considéré comme moteur de la croissance.
C'est un problème sur lequel les économistes se sont abondamment
penchés ; ils construisent en général des modèles de croissance fondés sur
la fonction productive où ils intègrent le facteur de qualification ou
d'éducation (1).
(l) Education, Income and Human Capital, W, Hansen, edit, New York -London, 1970« American Economie Review, No,2, I966.
- 23 -
Or, la fonction productive est une abstraction macro-économique dont —
le point faible est précisément son trop grand degré d'abstraction j la réalité
du processus modélisé risque de s'en trouver déformée., Si le facteur de
qualification est introduit dans la fonction productrice comme une variable
indépendante sans relation avec le niveau de la technologie et de la recherche«
la fonction productrice réduit l'économie à un système simple dont la crois
sance dépend de plusieurs facteurs indépendants les uns des autres« Or,,
l'économie est un système intégré dont tous les éléments sont en interaction;
le système lui-même connaît un développement incessant au cours duquel se
modifient non seulement les indicateurs quantitatifs mais sa structure elle-
même. Dans ces conditions., toute tentative pour évaluer l'action d'un des
facteurs^ par exemple l'éducation, sur la croissance économique en général
en l'isolant des autres éléments du système et sans tenir compte des modifi
cations que subit la structure économique dans son ensemble, est vouée à
l'échec.
Dans le cadre de la révolution scientifique et technique, les inves
tissements consacrés à la formation des cadres jouent un rôle économique
essentiel, à la fois comme transformateurs de la technologie et de la struc
ture de la production et comme source de passage de l'économie à un stade
qualitatif plus élevé»
Lorsqu'on aborde la phase de production de produits entièrement
nouveaux issus des découvertes de la science, c'est toute la structure de
la production qui se trouve modifiée= On doit nécessairement procéder à
certains investissements dans la recherche et la construction de projets,
dans la création de nouveaux matériaux et de machines pour les fabriquer,
enfin dans la formation de cadres à qualification professionnelle plus
élevée« Il n'est plus possible de créer de nouvelles branches d'activité
sans que se développent en même temps des branches auxiliaires et voisines,
surtout lrélectronique, la construction d'instruments de controle et de véri
fication, certains produits chimiques, etc., de telle sorte que se
produisent nécessairement des modifications de la structure de l'industrie
dans son ensemble, la création de nouvelles branches d'activité, le rééqui
librage et l'intégration de toute la vie économique. En même temps, se
produisent nécessairement des modifications importantes dans la structure
professionnelle de la main-d'oeuvre, tandis que le niveau général sfélève
en matière d?éducation. Ces phénomènes concernent non seulement la branche
nouvelle, mais également les branches d'activité voisines. Il en résulte
- 24 -
que l'industrie tout entière s'élève et atteint un nouveau degré de develop^
pement technologique ainsi que de qualification de la main-d'oeuvre.
Les corrélations objectives mises en lumière entre les investissements
consacrés à la recherche, au renouvellement des équipements et à l'éducation,
permettent d'aboutir à des conclusions définitives sur les conditions
nécessaires à l'emploi optimal des cadres qualifiés ainsi que sur Isinter
act! on entre croissance économique et niveau de qualification professionnelle„
L'amélioration de la qualification de la main-d'oeuvre n'aura aucun
impact économique si la production conserve un aspect routinier et que l'on
fabrique d'année en année les mêmes produits sans en modifier la nature.,
et par conséquent la technologie de la production
Pour être capable d'assimiler un degré donné de technologie ou le
processus de fabrication d'un produit déterminé, on a besoin d'acquérir une
certaine qualification ; une amélioration de cette qualification qui ne serait
pas accompagnée d'une modification de la technologie et de la nature des
produits, ne peut avoir aucun effet positif sur la productivité«
Si, en revanche, la production est dynamique et se développe au
rythme même du progrès technique, la constante amélioration des qualifica
tions est une condition indispensable pour parvenir à assimiler les processus
de fabrication de produits nouveaux obtenus grâce à une technologie de pointe«,
Et, cela va sans dire, plus le rythme du progrès technique augmente, plus
on crée rapidement de produits nouveaux, techniquement plus avancés,
- et plus le niveau de qualification du personnel connaîtra une amélio
ration rapide»
Il nous faut parler ici d'un autre aspect de la qualification profes
sionnelle qui témoigne de son étroite imbrication avec le progrès technique!
il s'agit de l'apprentissage qui se produit par l'obligation où on se trouve
de résoudre des problèmes scientifiques et techniques complexes» En raison
de la révolution scientifique et technique, le développement économique est
à la source d'un processus eontinu d'auto-format!on pour les cadres qui
doivent assimiler, dans le cours de leur travail, les technologies de pointe,
les processus de création de nouveaux produits, plus complexes, l'organi
sation de nouvelles branches d'activité. Cette auto-formation, qui élève
le niveau des qualifications, ne concerne pas uniquement les ingénieurs
et les ouvriers pris individuellement, mais des collectifs entiers de
production» Ceux-ci acquièrent des qualités précieuses telles que la
perméabilité aux idées nouvelles, la rapidité des décisions en présence
- 25 -
de problèmes techniques complexes. Plus le rythme du progrès technique^ —
est rapide5 plus l'effet de l'auto-formation est important. En revanches
lorsque la production est routinière^ que les produits restent pratiquement
inchangés dans leur nature et leurs méthodes de fabrication,, la formation
sur le tas n'est pas possible.
Le rythme du progrès technique et le niveau de qualification des
cadres sont donc très étroitement liés. Plus l'économie et le rythme du
progrès technique procèdent à des bonds en avant rapides et plus les connais
sances potentielles des cadres«, leur compétence technique^ facteurs de
souplesse et d'agilité d'esprit«, seront nécessairement élevés«, plus le
niveau d'éducation de la main-d'oeuvre devra dépasser les besoins dictés
par la technique en cours., plus l'éducation devra être tournée vers l'avenir«
Tous ces éléments entraînent des modifications dans la nature même de la
qualification professionnelle dans le monde d'aujourd'hui,
2, Un nouveau type de qualification professionnelle
Dans le cadre du progrès scientifique et technique, il se produit
non seulement des modifications de la structure professionnelle de la
main-d'oeuvre^, mais des sauts qualitatifs importants dans le contenu même
des qualifications«, sauts qualitatifs qui correspondent à chacune des
grandes étapes de l'évolution de la technologie et de la production.
Le passage de la manufacture artisanale au machinisme industriel a
entraîné«, comme on sait.«, la disparition du "maître d'atelier" avec son
expérience et sa compétence en matière de travail manuel«, et son rempla
cement par l'ouvrier qualifié avec son expérience et sa compétence en matière
de travail sur machine. Le contenu de la qualification s'est sensiblement
élargi«, l'ouvrier devant désormais bien connaître sa machine-, savoir l'ajuster
et 1'adapters ce qui demande du savoir-faire,, mais aussi un minimum de
connaissances techniques. L'évolution du machinisme connaît à son tour
plusieurs étapes distinctes qui entraînent chacune une évolution du niveau
général de la qualification et de la structure professionnelle de la
main-d'oeuvre. Ainsi^ dans l'industrie de transformation des métaux, une
étape déterminante a été franchie lorsqu'on est passé«, vers les années
vingt et trente«, de la machine-outil universelle aux machines de production
en grande série reliées par chaîne-transferts ce qui a été à la base de
l'essor de la production de masse, Or., l'apparition des machines de produc
tion., la standardisation et le passage à la production en grandes séries«,
ont rendu nécessaire une élévation du niveau technique de la plupart des
- 26 -
catégories professionnelles» On a vu sensiblement croître l'importance
du groupe des ouvriers qualifiés appartenant aux services techniques, tels
que vérificateurs, outilleurs, modellers, spécialistes du réglage, etc..
Pourtant, la proportion des ouvriers qualifiés en général par rapport à
l'ensemble a notablement décru au cours de cette même période, ce qui
s'explique par les modifications enregistrées par les formes d'organisation
de la production j celles-ci jouent en effet un rôle essentiel elles aussi
en matière de structure professionnelle de la main-d'oeuvre,
La mécanisation s'accompagnant de formes telles que le remplacement
de la machine universelle par la machine de production, leur liaison par
la chaîne-transfert, le remplacement du travail du métal en force par
l'emboutissage et le moulage de précision, la large utilisation du système
de la chaîne de montage, a abouti à une division maximale du processus de
production en opérations élémentaires» La place de l'ouvrier qualifié
"universel" a été prise par l'ouvrier "spécialisé" destiné à accomplir
un nombre d'opérations strictement limité» Ce processus de division du
travail n'est pas sans rappeler quelque peu l'organisation du travail de
la manufacture, où les ouvriers étaient également spécialisés. Seulement,
l'infrastructure technologique y était évidemment totalement différente j
au règne du travail manuel, a succédé celui du machinisme. Comme la grande
masse des fonctions de conducteurs de machines et de monteurs a été confiée
à des ouvriers qui avaient subi une formation accélérée et qui étaient par
conséquent considérés comme "semi-qualifiés", la tendance générale, depuis
les années vingt jusqu'à la guerre, se caractérise par une certaine baisse
de la proportion des ouvriers qualifiés.
Il faut en outre tenir compte du changement qui s'est produit dans
le contenu de la qualification des ouvriers. Les machines modernes de produc
tion réclament de la part des ouvriers moins d'habileté manuelle et de
création personnelle que les anciennes machines universelles, mais plus
de précision dans le travail et des connaissances techniques plus poussées.
La culture technologique d'ensemble s'élève ; la production en série, avec
des composants interchangeables qui la caractérise, exige la plus grande
précision dans l'usinage des pièces.
On ne peut donc plus faire aveuglément usage de la vieille classi
fication des ouvriers par degrés de qualification. Certaines catégories
d'"ouvriers semi-qualifiés" travaillant sur des machines de production ont,
sous certains rapports, une qualification plus poussée que des "ouvriers
qualifiés" que l'on trouve dans des ateliers de type semi-artisanal.
- 27 -
L'automation représente une étape nouvelle dans l'évolution des
techniques de production et, par conséquent, dans la transformation du
contenu de la qualification. la différence essentielle de 1'automation
par rapport à la mécanisation sous ses formes diverses, tient à la présence
d'un système de rétroaction à qui est dévoluée la fonction de conduits
directs du travail de production. Dans un milieu complètement automatisé
ou à "automation intégrée", l'homme ne participe plus directement au travail
de production. Ses fonctions se limitent à l'élaboration de programmes
et de régimes technologiques pour la machine automatique, à la surveillance
et au contrôle général de son fonctionnement^ à son ajustement, à son
réglage et à son entretien. Dans les branches de l'industrie à automation
intégrée, la proportion des ouvriers qualifiés croît inévitablement.
Aussi inévitablement décroît la part des ouvriers non-qualifiés qui
se voient écartés du processus de production. Dans certaines entreprises
à fort coefficient d'automation, les ouvriers qualifiés constituent même
la majorité absolue des travailleurs. Cependant, à côté de 1'automation
intégrée, subsistent des formes d'automation partielle ou incomplète] ce
n'est pas l'ensemble du cycle de production, mais certaines opérations
seulement qui bénéficient de 1!automation. Or, le rapide essor de 1?auto
mation qui s'est produit dans l'industrie à partir du milieu des années
cinquante n'a pris en général que des formes partielles ou incomplètes.
Si des éléments comme la chaîne de fabrication automatique ou la machine
à commande automatique sont assez largement répandus, Isautomation intégrée
ne fait quant à elle que commencer. Elle n'apparaît que dans les branches
qui fonctionnent en cycle continu, comme dans l'industrie chimique ou
du pétrole, ou encore dans la métallurgie, les industries alimentaires ou
productrices d'énergie. Dans d'autres branches d'activité, transfor
mation des métaux, electro-technique automobile, aéronautique et missiles,
etc..., qui emploient la majeure partie des ouvriers de l'industrie, le
niveau d'automation est relativement faiblej la mécanisation sous ses
diverses formes y est encore largement représentée, avec malgré tout
l'introduction d'éléments d'automation partielle.
Pour étudier l'effet des diverses formes d'automation sur les modi
fications de la nature du travail, les économistes soviétiques opèrent une
distinction entre opérations à dominante intellectuelle ou physique
et analysent l'évolution des rapports entre ces deux types du travail.
Ainsi, dans l'industrie des machines-outils, les opérations à
- 28 -
dominante intellectuelle représentent 50 % du temps de travail d'un -
conducteur de machine semi-automatique, 68 % pour un conducteur sur chaîne-
transfert, environ 90 '% pour un ajusteur de chaîne-transfert. Cette propor
tion peut atteindre 88 % dans la métallurgie pour un conducteur d'unités
automatiques de coulés de l'acier en continu (1).
L'accroissement de 1'automation opère par conséquent une intellec
tualisation du travail pour les ouvriers.
Aux Etats-Unis, à la suite d'enquêtes effectuées dans les années
soixante dans diverses branches industrielles, on a dégagé les relations
suivantes entre le degré d'automation et la répartition, en fonction de
l'éducation, du personnel d'entretien des installations automatiques (2).
Si, à un degré élevé d!automation, correspond un personnel hautement quali
fié, qui, pour la plupart, compte plus de 12 années d'études (c'est-à-dire
a poursuivi au-delà de l'enseignement secondaire), les systèmes semi-
automatiques font appel en revanche à des ouvriers relativement moins
qualifies»
Répartition du personnel d'après le nombre d'années d'études (en pourcentage)
Type de système moins de de 8 à plus de sans de commande 8 ans 11 ans 12 ans 12 ans réponse total
Commande logique avec système d'auto-contrôle 1 б 24 69 - 100
Commande automatique sans autocontrôle 5 25 35 33 2 100
Commande serni-automatique 16 40 31 12 1 100
Commande effectuée par le conducteur 10 40 33 15 2 100
(1) Naucno-tekhniceskij progress i proizvoditel nost trouda (Le progrès scientifique et technique et la productivité de travail), Moskva, 1972, p. 221.
(2) E, Mueller, Technological Advance in an Expanding Economy ; its Impact on a Cross Section of the Labor Force, Ann Arbor, 19б9л р. 162»
- 29 -
Les diverses formes d'automation exercent chacune des effets différents
sur la structure professionnelle de la main-d'oeuvre. Si 1'automation intégrée
permet de libérer l'homme complètement des tâches de production, les formes
partielles entraînent en revanche le maintien d'opérations qui impliquent la
participation directe de l'ouvrier à la production j l'organisation rationnelle
du travail vise alors à rendre ces opérations aussi élémentaires que possible.,
de manière à être accessibles à des ouvriers hâtivement formés. Ce sont
précisément ces processus qui se sont manifestés très nettement aux Etats-Unis
dans les années cinquante et qui ont conduit de nombreux experts américains
à cette conclusion que 1'automation entraînerait une baisse de la qualification
des ouvriers (1). Or* ce phénomène ne concerne 1'automation que dans ses
formes partielles, celles qui permettent précisément aux industriels de rem
placer abondamment les cadres qualifiés que sont les conducteurs de machines,
par des préposés spécialisés hâtivement formés, que l'on range dans la caté
gorie des ouvriers semi-qualifiés. Tel est le cas notamment des ouvriers
chargés de la mise en place et de l'enlèvement des pièces sur la chaîne-
transfert.
Plus complexe est la question de la qualification des préposés chargés
du contrôle direct des installations automatiques. Doivent-ils être hautement
qualifiés ou bien la commande "presse-bouton" simplifie-t-elle leurs fonctions
au point qu'ils ne nécessitent qu'une formation de courte durée ?
La réponse à cette question relève de l'analyse concrète des diffé
rentes formes de technologie que l'on englobe toutes sous le terme général
d!"automation".
On trouve des systèmes de commande "presse-bouton" dans différentes
formes de mécanisation ou d'automation, mais le processus est chaque fois
différent.
Dans les cas d automation partielle, les fonctions du prépose se
ramènent à des mouvements simples et répétitifs, l'ouvrier étant alors non
pas le responsable du processus de production de l'unité automatique, mais
un simple maillon de ce processus lui-même. Sa tâche se borne à attendre
qu'apparaissent quelques signaux lumineux ou nons et à donner les ordres
correspondants.
(1) New Views on Automation, New York, I96I
- зо -
Lorsqu'il s 'agit d'automation intégrée, le rôle du préposé prend ~~
une signification radicalement différente. Au lieu d'être le simple appen
dice d'une installation semi-automatique, il devient le responsable de
l'ensemble du processus de production. Pour remplir des fonctions de ce
type, il faut des professionnels à l'esprit ouvert et connaissant bien tous
les détails de la production.
Le développement naturel de 1'automation entraîne objectivement la
disparition de la division du processus de travail en opérations élémen
taires, et donc de la notion d'ouvrier "partiel". A I5automation complète,
correspond la notion d'ouvrier qualifié au large diapason, qui en fait n'est
qusun technicien«,
Au lieu de l'ouvrier spécialisé dans un seul métier, à l'horizon
étroit, on est en présence d'un ouvrier connaissant plusieurs métiers, d'un
professionnel au large diapason. "Un travailleur qui n'a appris qu'un seul
métier est insuffisamment armé pour faire face aux multiples exigences de
l'entretien des installations modernes» L'existence de professions diffé
renciées est de plus en plus genante lorsqu'il s'agit d'assurer des travaux
d'entretien impliquant la mise en oeuvre de plusieurs spécialités". Ce
jugement est extrait d'un rapport de l'Organisation internationale du
travail sur l'industrie du pétrole (1). Lorsque le processus de production
s'effectue en continu,toutes les installations sont reliées en un seul
système fonctionnel et toute modification du régime, tout arrêt du travail
d'une de ces unités risquent de perturber Is ensemble о II importe alors au premier chef que les réparations soient effectuées rapidement., On s'achemine donc vers le règne du "travailleur polyvalent", capable d'exercer jusqu'à
trois métiers différents, ceux: de mécanicien, d'électricien et d'ouvrier
d'entretien. Bien entendu, ces "travailleurs polyvalents" devront parvenir
à un haut niveau de qualification dans chacun de ces trois métiers.
Le cumul de plusieurs métiers ne concerne pas uniquement les fonctions
d'entretien«, Il affecte même, et c'est cela qui est important, les fonctions
de conduite directe des installations. L'automation dans l'industrie du
pétrole a libéré le préposé de sa participation directe au processus de
(l) Commission du pétrole ; conséquences sociales des changements de structure et de technique dans l'industrie du. pétrole, OIT, Genève, 1966, p. 76.
- 31 -
production en lui laissant pour l'essentiel une fonction de contrôle des
tableaux de bord» Il peut ainsi cumuler les fonctions de conduite et
d'entretien des installations» C'est dans cette conjoncture qu'est apparue
la notion de "conducteur d'installation", appliquée à un homme qui possède
un niveau élevé de qualification dans plusieurs spécialités, qui a été
formé à la conduite d'une installation ou d'une unité et doit également y
effectuer un certain nombre de travaux d'entretien. En dehors de l'économie
de main-d'oeuvre que permet ce système, on peut espérer qu'il contribuera
dans une large mesure à délivrer le travailleur de l'ennui. En effet, d'une
part, les tâches du préposé sont plus variées et, d'autre part, il est amené
à prendre plus d'intérêt au fonctionnement de l'unité dont il a la Charge,
par suite de 1''augmentation de ses responsabilités (l).
Il en résulte que les ouvriers- hautement qualifiés, cumulant les fonc
tions de conduite et d'entretien sont considérés comme des techniciens et
entrent dans la catégorie des employés«, Ils bénéficient de tous les avan
tages accordés à ces derniers et, en général, au personnel administratif,
et notamment d'une rétribution de base fixe.
Ainsi, à mesure que progresse la révolution scientifique et technique
contemporaine, de nombreux métiers sortent du cadre de la formation profes
sionnelle courante ; ils supposent une formation technique spéciale d'un
niveau comparable à celle de techniciens. Cette situation ne concerne pour
le moment que les ouvriers les plus qualifiés, et cela essentiellement dans
les branches d'activité économique en développement rapide. Mais, il est
indubitable que ce processus traduit une tendance objective du développement
et s'appliquera bientôt aux principaux métiers de la plupart des branches
d'activité.
Tout ce que l'on vient d'indiquer montre que, dans les conditions
actuelles, les notions d'ouvrier "qualifié", "semi-qualifié" ou "sans
qualification", qui sont celles que l'on utilise en matière de statistiques,
ont subi de prodondes modifications au cours des quinze à vingt dernières
années. Il s'agit, d'une part, de l'apparition de métiers nouveaux, d'autre
part, de modifications de nature affectant plusieurs métiers traditionnels.
On peut donc parler d'un type nouveau de qualification, qui se caractérise
par les traits suivants :
(1) Ibidо
- 32 -
(1) La qualification de type nouveau se définit en premier lieu par
son ouverture, par son large profil» A l'ouvrier étroitement spécialisé
pour remplir une opération bien définie, succède un "professionnel" doté
d'une formation technique qui lui permet de ssy retrouver dans le vaste
champ des. techniques connexes.
Il va de soi que cette ouverture nfest pas en elle-même une qualité
entièrement nouvelle» Les "maîtres d'atelier" avaient des compétences
similaires dans le domaine qui était le leur, celui du travail manuel.
La révolution scientifique et technique contemporaine met à l'ordre du jour
cette ouverture dans un contexte entièrement nouveau qui suppose que l'on
ait assimilé de profondes connaissances dans le domaine technique«
Cette exigence "de profil large" paraîtra., au premier abord, aller à
1"encontre de la tendance observée dès le début du machinisme : à des techni
ques de production de plus en plus complexes, répondait un processus de
spécialisation qui se traduisait par l'apparition de spécialités toujours
plus nouvelles,, Il s'agit là non pas d'une évolution universelle vers une
plus grande division du travail, mais uniquement d'un phénomène lié à une
forme déterminée d'organisation du travail* Dans le contexte de la révolu-
tion scientifique et technique, l'apparition de nouveaux métiers connaît
un développement accéléré, tandis que l'organisation de la production fondée
sur la spécialisation du travail s'avère de moins en moins rentable. N'intégrer
l'homme à la chaîne de production qu'en tant qu'élément pourvu d'un ensemble
d'unités automatiques, c'est limiter sensiblement les possibilités d'accélé
ration du processus de production» C'est pourquoi, dans ses formes les plus
élaborées, 1'automation exclut totalement l'homme du processus et ne lui laisse
qu'une fonction de contrôle général et de maintenance technique„
Allons plus loin, l'élargissement du contenu des qualifications - résulte
du cumul de plusieurs activités spécialisées qui se trouvaient jusque—là
séparées les unes des autres« On a donné plus haut des exemples de cumul
des activités de conduite et d'entretien d'installations automatiques dans
l'industrie du pétrole* On assiste à une évolution semblable dans d'autres
branches d'activité, ce qui est conforme à la nature de l'industrie contem
poraine qui passe par une phase de bonds en avant et de bouleversements qui
entraînent des modifications fréquentes et parfois totales de la technologie,
- 25 »
et, par conséquent, la mise en route constante de nouveaux systèmes automa
tiques«, L'ouvrier qualifié d'aujourd'hui doit s'adapter en cours de route
à ces nouveaux matériels et contribuer à leur perfectionnement.
Etant donné la rapidité du rythme auquel apparaissent des produits
nouveaux réalisés à l'aide d'une technologie plus complexe, il faut pouvoir
constamment recycler la production pour faire face à ces problèmes ; la
spécialisation étroite devient alors un gros inconvénient. La qualification
au large diapason joue un role important pour l'accélération du progrès
technique et permet d'accroître la compétitivité du produit fabriqué»
Elargir le diapason de la qualification professionnelle, c'est donner
une extension horizontale aux métiers devenus essentiels dans la plupart
des branches d'activités économiques,tels qu'opérateurs sur ordinateurs et
programmateurs, réparateurs d'équipements électroniques, mécaniciens des
services d'entretien, e t c .
(2) La qualification de type nouveau se définit en second lieu par
son dynamisme« Dans un environnement économique caractérisé par des modi
fications rapides de la nature des produits, de plus en plus sophistiqués,
les connaissances techniques nécessaires voient leur volume s'accroître.
Il s'ensuit que simplement pour rester au niveau de sa spécialité, l'ouvrier
qualifié doit continuellement parfaire son instruction. Toute pause en ce
sens entraîne un dépérissement de sa qualification : on estime que la durée
de vie moyenne d'une qualification professionnelle est de dix ans. Et dans
les branches les plus dynamiques qui se situent à 1'avant-garde du progrès
technique - industrie aéronautique et des missiles, matériel électronique
et ordinateurs - cette durée est sensiblement plus réduite,
La nature de la qualification étant plus dynamique, tout le système
de l'organisation de la production s'en trouve modifié, avec pour effet
immédiat des modalités de formation continue des ouvriers en cours d'emploi.
Ce type de formation devient actuellement une des conditions essentielles
du développement de la production,
(3) La qualification de type nouveau que l'on vient de décrire
ne peut être assimilée sans une éducation générale de base, celle que les
jeunes ouvriers reçoivent dans les écoles d'enseignement général. Cet
enseignement général, base indispensable d'un apprentissage des spécialités
industrielles modernes, voit son niveau s'élever rapidement! il correspond
actuellement à celui des études secondaires. Tel est donc le niveau qu'il
faut avoir atteint pour pouvoir assimiler des connaissances techniques
« 34 -
aussi larges que possible et pour continuer à se perfectionner, faute de voir
sa qualification dépérir rapidement. Alors qu'auparavant, la formation
professionnelle consistait surtout en l'acquisition d'un savoir-faire pratique
sans rapport avec l'enseignement général«, celui-ci est devenu actuellement
la condition indispensable et la base de toute formation professionnelle«,
la qualification professionnelle de type nouveau se caractérise donc en
troisième lieu par ce trait essentiel qu'est l'acquisition d'un haut niveau
d'enseignement général«
En URSS., l'élévation du niveau d'éducation générale des ouvriers peut
s'illustrer par les données suivantes : si, en 1959* 396 ouvriers pour 1000
avaient fait des études secondaires (complètes ou non) et supérieures«, en 1970*
il y en avait 586/IOOO et en 1976* 715/1000 (1).
La qualification de type nouveau engendrée par la révolution
scientifique et technique entraîne une conception nouvelle de la formation
professionnelle«, qui peut se caractériser comme suit ;
(1) La formation professionnelle ne peut plus être conçue indépen
damment d'une éducation générale» Les études secondaires sont indispensables
pour assurer la base théorique nécessaire à la formation technique et profes
sionnelle о (2) A la spécialisation étroite, succède une formation polyvalente
préparant à un ensemble de spécialités voisines et impliquant des connais
sances techniques de grande ampleur.,
(3) La nature des professions se modifiant rapidement, le recyclage
périodique qui était un phénomène exceptionnel, doit être organisé d'une
manière systématique et continue pour l'ensemble du personnel«,
En URSS, la formation des ouvriers qualifiés a lieu essentiellement
dans les "écoles d'apprentissage professionnel et technique" dont les effec
tifs sont passés de 1.064.000 en I96I à 3.08I.OOO en 1976 (2). Le problème
qui consistait à associer enseignement général et formation professionnelle
a été réglé ici par l'institution d'écoles "secondaires" d'apprentissage
(1) CSU SSSRjiNarodnoe khozjajstvo SSSR v 1975 . g,(. • . L'Economie de l'URSS en 1975eoo), P. 38,
(2) op.cit., p. 555»
- 35 -
professionnel et technique, où l'on procède à l'apprentissage d'une profession
tout en poursuivant des études secondaires jusqu'à l'attestation de fin d'études.
En 1976, sur les 3„081.000 élèves de l'enseignement professionnel et technique.,
il y en avait 1.19L00Q dans le cycle secondaire (1)» Quant aux jeunes ouvriers
qui n'ont pas fait d'études secondaires, ils bénéficient du système des cours
du soir prévus à cet effet.
La formation d'ouvriers hautement qualifiés est assurée par l'assimi
lation de connaissances de haut niveau dans les disciplines fondamentales
de l'enseignement général, associée à l'acquisition d'un savoir-faire et de
compétences d'ordre professionnel. C'est ainsi que les écoles "secondaires"
d'apprentissage professionnel et technique forment en 3 ou 4 années d'études
des ouvriers qui accèdent à des spécialités aussi sophistiquées que celles
de réparateurs de systèmes automatiques, d'ajusteurs de machines automatiques,
d'électro-mécaniciens, de mécaniciens pour installations électroniques, de
conducteurs d'appareils chimiques, etc.,,
Un autre type important d'établissements scolaires destinés à la
formation d'ouvriers qualifiés est, en URSS, celui de 1'"école d'apprentis
sage technique" de deux ans qui se situe après la fin des études secondaires.
La nécessité d'avoir terminé ses études secondaires s'explique par la comple
xité croissante des fonctions assignées aux ouvriers d'aujourd'hui et à leurs
responsabilités accrues. Ainsi, un ouvrier qualifié affecté à une chaîne
de fabrication automatique doit connaître tout le cycle technologique, les
types de machines, la caractéristique des pièces, les propriétés des maté
riaux utilisés. Il doit être capable de faire rapidement des calculs à
partir de formules physiques, avoir des connaissances d!électrotechnique,
d'hydraulique, de mécanique des fluides. Il est responsable du contrôle,
de la mise au point et du réglage de la chaîne de fabrication automatique(2).
Aux Etats-Unis, le rythme de développement de la formation profes
sionnelle dans l'industrie est illustré par les données suivantes Î les
effectifs du personnel en cours d'apprentissage étaient de 805.000 en 1950,
(1) Ibid »
(2) S. Ja. Batyshev, Formirovanie kvalificirovannykh rabocikh kadrov v SSSR. (La formation de cadres ouvriers qualifiés en URSS), Moskva, 197^°
- 36 -
de 938eOOO en i960 et de 2.702»000 en 1973* D'après les estimations du Bureau
de la formation professionnelle du HEW (Ministère de l'éducation, de la santé
et du bien-être social), ces effectifs devraient atteindre les 4.300-000
individus en 197<3 (1) »
L'enseignement professionnel s'est accru à un rythme particulièrement
rapide depuis une dizaine d'années.
Outre cette rapide augmentation sur le plan quantitatif il a sutoi
de profondes mutations d'ordre qualitatif» La proportion des ouvriers quali
fiés formés dans des cours pour adultes de brève durée est en relative dimi
nution 1 la majeure partie d'entre eux bénéficie d'une formation dans des
écoles secondaires professionnelles ou dans d'autres établissements d'un
niveau plus élevé« C'est ce qui ressort des données officielles du Centre
national de statistiques de l'éducation des Etats-Unis,
La formation des ouvriers de l'industrie (l) (en milliers d'individus)
1966 1973
100 100 Total 1,2б9 (pourcentage) 2,702 (pourcentage)
Ecoles secondaires professionnelles 319 25 I.I34 42
Etablissements de niveau plus élevé . 116 9 345 13
Cours de formation pour adultes 804 63 1.223 45
Autres types de formation 30 3 _
(1) Digest of Educational statistics,, Washington, 1974, p. 43°
La majeure partie des intéressés est formée dans des écoles profession
nelles dispensant un enseignement secondaire complet. D'autre part,, pour un
certain nombre de spécialités, la formation d'ouvriers hautement qualifiés
doit se faire dans des écoles d'apprentissage technique spéciales* après la
fin des études secondaires, sous forme d'un enseignement à plein-temps d'une
durée de quelques années. Comme le niveau de qualification des ouvriers
(1) Trends in Vocational Education, Washington, 1974, p. 11,
- 37 -
travaillant dans les industries de pointe se rapproche de celui du personnel
technique., on assiste à un rapprochement des modalités de formation de ces
deux catégories professionnelles«
Ce n'est pas uniquement pour les ouvriers et les techniciens que l'on
observe ces modifications du niveau et de la nature des qualifications» Ce
phénomène se manifeste également chez les "professionnels" ou cadres
supérieurs«
Jusqu'à présent., lorsqu'on abordait la question de l'enseignement
supérieur., on s'intéressait surtout à l'aspect quantitatif de son évolution ;
effectifs des étudiants , nombre de diplômés par spécialités» On s'est beaucoup
moins intéressé à l'aspect qualitatifs celui du niveau de formation des
diplômés. L'explication tient avant tout à l'absence d'indicateurs sûrs
permettant de mesurer les modifications d'ordre qualitatif. Or., cet aspect
qualitatif revêt une grande importance . plusieurs ingénieurs de qualification
faible ne peuvent remplacer un spécialiste particulièrement bien qualifié pour
traduire en termes techniques le résultat d'une découverte scientifique et
modifier de fond en comble un processus de production.
Le progrès économiquea scientifique et technique entraîne une dimi
nution continue de la routine au niveau de la production accélère des modifi
cations périodiques et de plus en plus radicales des techniques^ de la techno
logie et de la nature des produits^ ce qui conduit à doter la fonction d'ingé
nieur d'une part créatrice plus grande. On exige donc de tous les ingénieurs
formés de nos jours une qualification supérieure : ils se doivent d'être des
cadres supérieurs hors pair. Le niveau de qualification requis comporte
essentiellement trois traits caractéristiques i
(1) Cette formation doit viser à développer l'esprit inventifj outre
une connaissance approfondie des techniques modernes,, le jeune cadre supérieur
doit avoir acquis le goût du travail individuel dans la recherche ou la cons
truction de projets.
(2) Celui-ci doit avoir assimilé les techniques de pointe et la techno
logie propre à son futur domaine d'activité.
(3) Il doit avoir acquis des connaissances de base dans un nombre
varié de disciplines5 condition essentielle pour réaliser du bon travail de
construction ou d'expérimentation en matière de procédés techniques nouveaux
ou de technologies nouvelles.
- 38 -
Une analyse des exigences que requiert la formation des ingénieurs ~~
et les programmes conçus dans ce sens (l), fait apparaître en premier lieu
combien il est nécessaire d'initier aussitôt que possible les futurs ingé
nieurs au travail de construction ou d'élaboration de projets«, Celui-ci
doit faire partie intégrante des programmes d'études. On doit comprendre
ce travail d'une manière large s outre l'expérimentation de nouveaux systèmes
de machines ou d'appareils de contrôle., il s'agit d'une manière générale
d'appliquer à la production de nouveaux principes ou de nouvelles méthodes
scientifiques, et cela dans le but de créer de nouveaux produits ou de
nouveaux services. On doit donc concevoir la formation professionnelle de
l'ingénieur en tenant compte de son rôle nouveau dans le processus de la
production sociale, qui consiste à être le maillon central reliant la recher
che et la production de masse.
la révolution scientifique et technique impose aux ingénieurs des
tâches nouvelles qui dépassent largement le cadre de la spécialisation
technique. L'ingénieur moderne doit traiter de systèmes informatiques
complexes, de réseaux nationaux de transport ou d'approvisionnement d'énergie.
La prise de conscience des problèmes écologiques qui met au premier plan
la question de la protection de l'environnement naturel ou celle de la
planification urbaine, impose aux ingénieurs d'assumer des tâches extrême
ment complexes sur le plan social г il leur faudra élaborer des plans de lutte contre la pollution de l'atmosphère, des eaux et du sol, ou contre
le bruit, les nuisances dans les transports, ou encore contre la surpopu
lation, etc.. L'activité de l'ingénieur le conduit par conséquent à
envisager des problèmes de plus en plus complexes qui requièrent la colla
boration étroite de spécialistes appartenant à des domaines aussi variés
que la physique, la biologie, la médecine, la sociologie ou la psychologie.
De là, découle cette nécessité nouvelle d'une .formation de base dans
l'ensemble des disciplines. Au lieu d'un enseignement utilitaire de la
physique, très spécialisé, il faut maintenant aborder cette discipline à
partir de conceptions plus vastes en en montrant les limites actuelles et les
perspectives d'avenir. L'écologie, la qualité de la vie, etc.. ces nouveaux
problèmes que la vie pose aux ingénieurs, font entrer dans les programmes
d'études des cours aussi variés que les relations entre la physique, la méde- -
сi tie et la biologie, ou bien les problèmes de l'information et de l'impact social des projets techniques.
- 39 -
3- Cadres supérieurs : besoins et niveau d'emploi
Au début des années soixante-dix, on a assisté, dans les pays capi
talistes techniquement évolués, à une brusque modification de l'évolution
générale de l'emploi de la main-d'oeuvre hautement qualifiée. Si la
décennie précédente s'était déroulée en gros sous le signe d'une pénurie
de cadres scientifiques et techniques, la période actuelle se caractérisait
par l'impossibilité de fournir un emploi à tous les cadres disponibles sur
le marché, sans parler des nouveaux diplômés.
D'après les conclusions de la Carnegie Commission consacrée à l'étude
du développement de l'enseignement supérieur aux Etats-Unis, "dans la décennie
en cours le problème de l'emploi est crucial pour plus de 25 % de l'ensemble
des étudiants sortis des "Colleges" soit 2.600.000 sur un total de 9.600.000".(l)
En outre 32,4 % de ceux qui obtiennent un emploi ne peuvent pas valoriser
leurs études dans la mesure où ils travaillent en dehors de leur spécialité,
comme ouvriers, employés de bureau ou de commerce.(2) Les prévisions pour
I985 établies par les organismes fédéraux établissent que pour la majeure
partie des cadres (physiciens, mathématiciens, biologistes, enseignants,
spécialistes des sciences humaines) la demande d'emploi continuera à être
supérieure à l'offre, et pourra même s'accroître.
Cet excédent se manifeste aussi en Angleterre au niveau des ingénieurs
(estimations de l'institut des ingénieurs mécaniciens) (3). En Allemagne
fédérale, d'après les prévisions du ministère fédéral de la recherche
scientifique, il y aura en I98O quelque 385.000 diplômés de l'enseignement
supérieur pour environ 3^2.000 emplois. Ce pays connaît actuellement une
pénurie de médecins, de cadres techniques, de scientifiques, et en même
temps un excédent de spécialistes de sciences humaines. Or, d'après les
dirigeants des industries les plus importantes, toute augmentation du
nombre des ingénieurs actuellement en cours de formation risquerait d'aboutir
à un excédent de cadres techniques.(4)
Le problème qui est donc posé avec une particulière acuité est celui
des besoins objectifs en cadres hautement qualifiés et des facteurs qui en
déterminent l'emploi. La complexité de ce problème provient de la distorsion
(1) College Graduates and Jobs, Hightstown, 1973 J P O
(2) Monthly Labor Review, no.2, 1975, P- 4l à 50
(3) British Journal of Industrial Relations, no. 1, 1973> P« 123
(4) Handelsblatt, .6 janvier 1973
- 40 -
qui se crée entre les aspirations économiques et sociales de l'ensemble —
de la société et les capacités réelles d'emploi. Or ces capacités sont
fonction du niveau général du développement social et économique ainsi que
des priorités assignées à la politique économique, scientifique et technique.
Quant aux aspirations de 1*ensemble de la société, elles consistent à satis
faire autant que possible tous les besoins économiques, sociaux et culturels
de la population. La société est par conséquent objectivement intéressée
à une augmentation du nombre des médecins, des enseignants, des ingénieurs,
des économistes, des chercheurs, des artistes et des hommes de culture, et
à l'accès de tous aux niveaux les plus élevés de l'éducation.
Arrêtons-nous à la question du besoin social en éducation. La_tendance
à l'élévation du niveau de qualification et d'éducation relevée plus haut
se manifeste, dans une économie de "marché, par la mise à pied de la main-
d'oeuvre moins qualifiée, qui est écartée du processus productif au profit
d'une main-d'oeuvre plus qualifiée. Il en résulte Isélévation du niveau
d'éducation nécessaire pour faire partie ou continuer à faire partie de
la main-d'oeuvre. On peut considérer ce niveau comme le degré minimal du
besoin social en matière d'éducation.
Or, ce besoin social est déterminé par un ensemble de facteurs, les
principaux étant les aspirations des diverses classes ou groupes sociaux, et
la tendance générale du développement. Par suite de l'accroissement constant
de la valeur du travail des cadres supérieurs, qui se traduit par l'augmen
tation de leurs revenus, l'idée s'est largement répandue que, faire accéder
ses enfants à l'enseignement supérieur, était le plus rentable des inves
tissements et le meilleur moyen de favoriser leur promotion sociale. Ainsi
s'explique le désir des parents de faire bénéficier leurs enfants d'un
niveau d'éducation supérieur au leur.
Ce processus a pour toile de fond un engouement général pour l'édu
cation, conséquence des grandes découvertes réalisées par la science et les
techniques contemporaines„ Il s'ensuit que l'aspiration au savoir devient,
à mesure que se déroule la révolution scientifique et technique, un des
besoins essentiels ressenti par les couches les plus larges de la population.
A l'accroissement du niveau général des connaissances et des richesses
culturelles de l'humanité, correspond un accroissement équivalent du besoin
social d'éducation.
- 41 -
Quel est maintenant le degré maximal de ce besoin ? Il est évidemment"
lié aux possibilités d'épanouissement des capacités inhérentes à chaque
individu. Comme on peut le déduire de ce qui a été exposé plus haut, ce
degré est éminemment mobile; l'accroissement du niveau général des connais
sances permettant un épanouissement toujours plus grand des capacités de
l'individu qui sont, quant à elles, sans limites. Les contraintes sont celles
des conditions économiques et sociales concrètes. Le degré de satisfaction
du besoin social d'éducation d'un pays dépend essentiellement, d'une part,
de son régime économique et social, d'autre part, de son niveau de dévelop
pement économique et du rythme auquel se poursuit ce développement«,
Dans le cadre de l'économie socialiste planifiée, l'Etat s'efforce
de tenir compte à la fois du besoin social d'éducation et des besoins de la
société en cadres supérieurs; il s-*efforce, dans l'élaboration et l'appli
cation des plans économiques et sociaux, de satisfaire ces besoins autant
que le permettent les ressources • disponibles«, Dans ce processus, un role
essentiel revient au développement planifié de l'éducation et surtout de
l'enseignement supérieur. Ce cadre économique rend possible la coordi
nation du plan de développement économique et du plan de formation des
cadres, permettant ainsi d'assurer à chacun d'entre eux un emploi correspondant.
Dans le cadre de l'économie de marché, l'offre et la demande en
cadres supérieurs trouve son équilibre, quelles que soient les interventions
de l'Etat, en fonction des lois du marché. Le caractère cyclique du déve
loppement économique entraîne des variations brutales de la demande. Un
des régulateurs principaux entre l'offre et la demande est la réaction
des jeunes eux-mêmes face à ces déséquilibres. Lorsque la demande en
cadres supérieurs ou en professionnels diplômés est supérieure à l'offre, il
se crée des emplois et la rémunération de cette catégorie de salariés
s'élève à un taux supérieur à la moyenne. On voit alors affluer les
candidatures dans les établissements d'enseignement correspondants. Lorsque,
au contraire, la demande est inférieure à l'offre, sur le marché de l'emploi,
les diplômés ne peuvent trouver un travail correspondant à leur formation
et le nombre des candidats à l'enseignement supérieur commence à refluer.
Des études réalisées aux Etats-Unis, notamment celles du professeur
R. Freemen de l'Université Harvard, qui a réalisé un modèle dynamique
des variations des effectifs d'étudiants et de diplômés en ingénierie
et en sciences physiques (l), prouvent que, parmi les facteurs économiques
(l) R. Freeman, The Market for College-Trained Manpower, Cambridge, 1971«
- 42 -
qui président au choix d'une carrière, ce n*est pas le niveau des rémuné
rations qui vient en première place, mais l'espoir d'occuper, à la sortie
de l'Université, un emploi conforme à sa formation. Le modèle du professeur
Preeman confirme que le volume des candidatures dans telle ou telle section
a nécessairement un caractère cyclique, ce qui est vrai pour la formation
des cadres en général.
Le rééquilibrage de 1*offre et de la demande se réalisant, pour les
cadres supérieurs, avec de longs retards, il en résulte une alternance de
périodes d*excédent et de pénurie. En l'absence d'une planification à long
terme tenant compte des besoins réels de la société, la formation des cadres
ne correspond pas aux besoins.
Indépendamment des fluctuations cycliques de l'offre et de la demande,
les possibilités générales d'emploi"" des cadres sont déterminées par les
facteurs fondamentaux du développement que sont la structure de l'économie
et son rythme de croissance. Le progrès scientifique et technique et
l'élévation générale du niveau de développement entraînent des modifications
de structure et notamment un accroissement de la production non-matérielle,
c'est-à-dire des services. Il s'agit là de tout un secteur nouveau de
services spécialisés qui réservent une place importante aux cadres supérieurs.
On en verra pour preuve la diversité des emplois regroupés dans les statis
tiques internationales sous le terme général de "professionals"(se) et qui
comprend à la fois les cadres scientifiques et techniques, les enseignants,
les médecins, les techniciens et le personnel médical, ainsi que les membres
des professions libérales. Ce groupe se caractérise par son haut niveau
d!éducation générale et de qualification professionnelle, ses membres ayant
en général un diplôme d'enseignement supérieur ou un minimum d'enseignement
secondaire technique.
Comme on le constatera à la lecture du tableau suivant, on trouve
une grande proportion de cadres, de 40 à 60 % du total, dans le domaine de
l'éducation et de la santé. C'est donc ce domaine qui représente un des
principaux facteurs d'augmentation de la demande en matière de cadres
supérieurs, l'autre secteur de forte demande étant celui des industries
de transformation et surtout des branches situées à l'avant-garde du progrès
scientifique et technique.
Ainsi, pour parvenir à un taux d'encadrement élevé, il faut que la
structure économique corresponde à un haut niveau de développement scienti
fique, technique et économique. Entre la proportion des cadres par rapport
(x) En anglais dans le texte.
- 43
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- 44 -
à la population active et l'indicateur exprimant le niveau de développement —
économique, il doit donc exister une relation étroite. Pour identifier cette
relation, en procédera comme suit : 1*indicateur du niveau de développement
choisi sera le chiffre du P.N.B. par tête d'habitant, tel qu'il figure dans
les documents statistiques des Nations Unies.(l) Quant au taux de l'enca
drement "professionnel", il sera tiré des annuaires statistiques concernant
la main-d'oeuvre (2). Etant donné qu'on est loin de disposer pour tous les
pays de données concernant le nombre de cadres "professionnels" pour la
même année, on sera contraint d'utiliser des chiffres se référant à des
années différentes. La valeur du P.N.B. par tête d'habitant sera celle
de l'année correspondante, calculée en dollars 1974. (cf. tableau 7)»
Comme on peut le constater dans le tableau 7* la. corrélation entre
les indicateurs comparés est relativement faible : le coefficient de corré
lation linéaire est de +0,44l. Ce coefficient étonnamment peu élevé s'explique
par le fait que la proportion des cadres au sein de la main-d'oeuvre dépend
non seulement du niveau de développement économique, mais également d'autres
facteurs importants, dont le principal est le rythme de la croissance. La
demande en cadres suéprieurs est fonction non seulement de la structure
économique à un moment donné, mais également du rythme de ses transformations.
La création d'emplois de cadres supérieurs dans 1*industrie dépend,
d!une part du montant des investissements destinés à l'accroissement de la
production (facteur extensif), et, deautre part, de ceux qui sont destinés
à améliorer les conditions techniques de la production (facteur intensif).
Si l'on fait rapidement appel à de nouveaux procédés techniques ou techno
logiques, si on renouvelle souvent la nature des produits, le niveau de
qualification requis des cadres de l'industrie en sera accru d'autant, ce
qui augmentera le taux des ingénieurs et des techniciens au sein de la
population active. Le progrès accéléré des techniques a pour résultat
d'accroître la complexité et le dynamisme des diverses branches d'activité
et de l'économie dans son ensemble, le flux d'informations techniques et
économiques s'enfle considérablement, ainsi que les besoins en spécialistes
de la planification, de la gestion, de l'organisation, de l'analyse des
systèmes, etc. Le rythme du développement économique commandant le
développement des investissements, la demande en cadres supérieurs dans
l'industrie en dépend également dans une grande mesure.
(1) Yearbook of National Accounts Statistics, vol. Ill, New York, 1975
(2) Yearbook of Labour Statistics, 1976
- 45 -
Le rendement économique des investissements destinés au développement
de l'infrastructure technique de la production nlapparaît pas sur le champj
il se produit au bout d'un délai de quelques annéesj dans ces conditions,
la création d'emploi dépend beaucoup des estimations qui sont faites sur le
rythme de la croissance industrielle au cours des années à venir. Si ces
estimations sont positives, on investit et on crée de nouveaux emplois, dans
le cas contraire, les offres d*emploi diminuent nettement.
Dans la R-D, la création d'emplois de haut niveau est déterminée^
d'une part, par le volume global des créa±tBs d'autre part, par le coût
unitaire de ces crédits par tête de chercheur. Le coût unitaire tend
à croître d'une manière continue par suite du coût croissant du matériel
nécessaire pour la recherche et en raison de l'augmentation des rémunérations
accordées au personnel. Quant au volume global des crédits de la
R-D, il est à son tour fonction, d'une part du niveau de dévelopement
économique, d'autre part, des estimations qui sont faites sur le rende
ment de ces recherches.
On ne traitera pas ici du cas où les objectifs d'une politique
scientifique et technique sont soumis à des impératifs autres que ceux de
l'économie (par exemple la recherche dans le domaine militaire); on
s'attachera par contre aux relations réciproques entre le développement de
la recherche et celui de lféconomie en général. La recherche est financée
par l'économie et plus son rendement est élevé, plus elle bénéficiera d'un
niveau élevé d'investissements«
Or, le délai entre les investissements et le rendement est encore
plus long dans la recherche que dans la production industrielle; les effectifs
des chercheurs dépendent encore plus des estimations qui sont faites sur
le rythme futur de la croissance. Dans le domaine de l'éducation, les
effectifs sont tributaires du volume global des crédits d'origine publique
ou privée qui lui sont consacrés.
Comme on l'aura constaté, l'emploi de ces différentes catégories de
cadres est fonction, d'une part, du niveau de développement (qui commande
la structure interne de cette catégorie professionnelle et de la main-d'oeuvre
en général), d^autre part, des capacités d'investissements des entreprises
et de la politique budgétaire des Etats, compte tenu des estimations sur le
rythme futur de la croissance; celles-ci sont dans une grande mesure fondées
sur ce qu?on connaît du rythme actuel de la croissance. Il en résulte que
l'offre d'emploi pour la catégorie des professionnels et des cadres
- 46 -
supérieurs est fonction, d'une part, du niveau aatuel du développement
de_. .1_f_é.?9nomie' et*^'aMtre part, du taux de la croissance économique projeté
dans le futur,
Il faudra alors disposer d'un indicateur qui combine ces deux aspects
du même processus, le coté statique (niveau actuel de la croissance) et le
côté dynamique (rythme de la croissance). On aura une fonction du type général
Yw = F(P,r)
avec Y : proportion des cadres supérieurs (professionels) au sein de la
population active;
P : P.N.B. par tête d'habitant (—) :
r : rythme de la croissance - — en pourcentage, par an.
w : rapport entre le niveau de-rémunération des cadres supérieurs et
la moyenne des rémunérations dans le pays donné.
Cette fonction devient dans ce cas particulier :
Yw = к P(l + Y ^ — ) * \ avec к : coefficient de la liaisionj, et
n : nombre d'années.
Rappelons que le volume actuel de la demande en cadres supérieurs
est fonction du développement escompté à partir du rythme actuel de la
croissance. Si nous admettons que le délai nécessaire pour que des
investissements deviennent créateurs d'emploi est de 5 à 10 années, nous
pourrons simplifier la formule comme suit :
Yw = к P(l + — ) 10
Pour vérifier cette relation, nous utiliserons les statistiques des Nations Unies sur le P.N.B. par tête d'habitant (Cfe tableau 7) e
-c son
taux d'évolution par rapport à l'année précédente (cf.tableau Sj,
Le coefficient de corrélation linéaire entre P(l + г ) et y est de +0,874,1e coefficient de détermination de +0,764. L'équation de
la régression prend la forme :
y = 2,963 + l,507x
Le niveau du développement et le rythme de la croissance sont donc
les facteurs essentiels qui déterminent l'emploi des cadres supérieurs.
Le rythme de croissance joue un role particulièrement important en la matière,
car si l'emploi n'était fonction que du niveau du développement économique,
il évoluerait continuellement dans le sens positif au lieu d'être sujet à
- 47 -
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- 48 -
Tableau 8. Indicateur combine : l'offre d'emploi comme fonction du niveau du développement économique et du taux de la croissance
PNB r P (1 + r) y p.c. 10
(en milliers (pourcentage) (en milliers Pays de dollars) de dollars)
Suède
Etats-Unis
Canada
Australie
Norvège
Rép. fed. d'Allemagne
Danemark
Pays-Bas
Belgique
Japon
France
Autri che
Royaume-Uni
Venezuela
Italie
Espagne
Grèce
Mexique
Argentine
Brésil
Iran
Philippines
Paki stan
Inde
Indonésie
6,87
6,67
6,46
5,96
5,85 _
5,75 ~ -
5,47
4,66
4,5^
4,15
3,89
3,74
3,13
2,54
2,44
1,96
1,92
1,12
1,00
0,61
0,52
0,36
0,13
0,12
0,09
3,8
- 2,3
1,7
2,0
3,6
2,0
2,0
3,0
6,4
- 2,4
3,5
- 4,0
1,0
1,0
1,0
5,3
7,0
2,0
4,0
6,0
9,0
2,0
0,0
0,0
4,0
9,49
5ДЗ 7,56 7Д5 7,92 6,90 6,57 6,05 7,45 3,16 5,25 5,23 3,44 2,79 2,68 2,99 3,27 1,34 1,40 0,97 0,99 0,42 0,13 0,12 0,13
22,4 ' 13,9 14,3 10,1 15,8 9,8 12,2 13,3 11,1 7,8 11,4 8,7 11,1 8,6 7,3 5,5 5,7 6, 2 7,5 4,8 2,7 5,3 2,1 2,7 2,2
- 49 -
des oscillations brutales et surtout à des chutes. Le développement écono
mique ne connaît pratiquement jamais de baisse de niveau, tandis que le
rythme de la croissance est extrêmement variable et tout ralentissement à
cet égard se traduit aussitôt sur le marché de l'emploi de la main-d'oeuvre
qualifiée.
On constate que l'indicateur qui exprime la proportion des cadres
par rapport à l'ensemble de la population active ne coïncide pas, dans la
plupart des pays, avec la droite correspondant à l'équation de la régression.
Celle-ci n'est en fait qu'une moyenne par rapport aux points spécifiques qui
marquent la position de chaque pays. Mais précisément, ce sont les écarts
par rapport à cette droite qui nous intéressent, car ce sont eux qui traduisent
le degré d'emploi des cadres dans des unités économiques différentes, qui
rendent compte des caractéristiques propres à chaque pays, de la structure
de leur économie, etc. Il y a un danger auquel on échappe difficilement,
lorsqu'on procède à des comparaisons internationales, c'est celui de reporter
mécaniquement d'un pays à un autre des coefficients de mesure du développement«
Mais notre propos consiste ici à dégager une tendance moyenne, commune à
plusieurs pays, de manière à gommer autant que possible les particularités
nationales et à faire ressortir des lois d1ordre général. C'est pourquoi
on pourra considérer que les écarts constatés par rapport à la moyenne,
c'est-à-dire à la droite qui correspond à l'équation de la régression, sont
effectivement des indicateurs de l'excédent ou de la pénurie de cadres
supérieurs disponibles sur le marché du travail à un moment donné et dans
un pays donné (cf. tableau 9).
Comme on le constate à la lecture du tableau 9 ci-après, de nombreux
pays techniquement évolués connaissent un "excédent" de cadres supérieurs
(ou "professionnels"). Ces données correspondent au rapport réel entre
l8offre et la demande en matière d'emploi dans ces pays. Or cet "excédent"
n'existe pas en réalité si, au lieu de considérer l'emploi du point de vue
du marché du travail, on se préoccupe des besoins sociaux et économiques
réels sur le plan médical ou éducatif, en matière d'institutions pour jeunes
enfants, d'élévation du niveau culturel, etc. Prenons à titre d'exemple
un seul indicateur, celui du nombre des médecins par cent mille habitants,
dans un certain nombre de pays. Les données recueillies en la matière sont ici
confrontées avec l'indicateur du P.N.B. rapporté au nombre des habitants (l)
(cf. tableau 10).
Jî) Etudes économiques de l'OCDE - Suède, juin 1975, P- 79-
- 50 -
Tableau 9« Indicateurs de l'excédent ou de la pénurie de cadres supérieurs
Pourcentage des cadres supérieurs au sein de la population active
, Données correspondant à l'équation
Pays Données réelles de la régression
Suède
Etats-Unis
Canada
Australie
Norvège
Rép. féd. d'Allemagne
Danemark
Pays-Bas
Belgique
Japon
France
Autriche
Royaume-Uni
Venezuela
Italie
Espagne
Grèce
Mexique
Argentine
Brésil
Iran
Philippines
Pakistan
•Inde
Indonésie
1974
1974
1974,
1971
1974
1970
1971
1971
1970.
1974
1968
1971
1971
1974
1971
1970
1971
1974
1970
1970
i960
1974
I974
1972
I971
22,4
13,9
14,3
10, ï
15,8
9,8
13,3
13,3
11,1
7,8
11,4
8,7
7,5
7,3
7,3
5,5
5,7
6,2
7,5
4,8
2,7
5,3
2,1
2,2
2,7
17,3
10,7
14,3
13,7
14,9
13,3
12,8
12,1
14,1
7,7
10,9 10,8
7,2
7,0
7 0
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1 » "
7,9
5,0
5,1
4,4
4« 4
3,6
3,1 3,0
3*0
- 51 -
Tableau 10. Comparaison entre deux indicateurs : nombre de médecins et PNB
Nombre de médecins pour PNB par tête d'habitant 100.000 habitants (1971) (en dollars) (1973)
Pays Quantité rang dir pays valeur rang du pays
Rép. féd. d'Allemagne
Australie
Autriche
Belgique
Canada
Danemark
Espagne
Etats-Unis
Finlande
France
Grèce
Irlande
Islande
Italie
Japon
Luxembourg
Norvège
Nouvelle-Zélande
Pays-Bas
Portugal
Royaume-Uni
Suède
Suisse
Turquie
125
187
160
150
141
111
138 \ ~_
171
167
144
109
183
115
107
131
116
145
98
139
136
45
157
129
167
17
1
6
8
11
20
13
3
4,5
10
21
2
19
22
15
18
9
23
12
14
24
7
16
4,5
4900
3550
4650
5410
5460
3720
49ОО 5610 1790 4�70 2130 25IO. 3760 5200 4410 40�0 478О I25O I75O 6140 540 6I7O 3IOO 6I9O
�,5 17,0
12,0 6,0 5,0 16,0 �,5 4,0 21,0 10,0 20,0 19,0 15,0 7,0 13,0 14,0 11,0 23,0 22,0 3,0 24,0 2,0 18,0 1,0
- 52 -
On pourrait penser logiquement que plus un pays est développé écono
miquement., plus il peut consacrer de ressources à la satisfaction de ses
besoins médicaux et sociaux, ce qui doit notamment se traduire par un
rapport médecins/habitant élevé. Or les chiffres ci-dessus ne donnent qu'un
très faible taux de corrélation positive entre cex deux facteurs (niveau de
développement et rapport médecins/habitant), le coefficient de corrélation
du rang des pays énumérés n'étant que de + 0,355. Pour le rapport médecins/
habitants, ce sont l'Autriche et l'Italie qui occupent le premier et le deuxième
rang, alors que leur P.N.B. est bien moins élevé que celui des Etats-Unis ou
de la Suède qui, en revanche, se situent bien loin derrière eux sous le
rapport médical.
Le domaine de la santé ne constitue pas une exception et on constate
que la situation est sensiblement la même pour l'éducation, les institutions
pour jeunes enfants, la culture, la protection de l'environnement et les
nombreux autres domaines sociaux qui ne font pas 1*objet d'un financement
prioritaire.
Or le déroulement de la révolution scientifique et technique conduit
à poser avec de plus en plus d'acuité la question des objectifs à long terme
et de la détermination des priorités en matière de politique scientifique,
technique, sociale et économique. "Le monde ne peut plus se permettre de
"galoper sur le tigre de la technologie" sans la maîtrise complète d'objectifs
sociaux et économiques définis avec soin", comme l'indique dans sa conclusion
une réunion d*experts de l'OCDE (l).
L'objet de la révolution scientifique et technique n'est pas de créer
quelque nouvel univers technique, étranger et hostile à l'homme, mais de
permettre 1 *épanouissement total des capacités et des dons de l'individu.
En parlant d'objectifs à long terme, nous n'avons pas en vue simplement le
problème d'une définition des secteurs prioritaires de développement en
fonction de la politique conçue par l'Etat, mais un problème bien plus
fondamental et d'une autre envergure : celui de la nature même des voies
de développement proposées à la société contemporaine aux prises avec la
révolution scientifique et technique. Le développement se poursuivra-t-il
sous le signe des fétichismes des valeurs matérielles, avec la "société
de consommation" pour modèle, ou bien la production matérielle sera-t-elle
(1) L1observateur de l'OCDE, décembre 1973, p. 29
- 53 -
mise au service d'objectifs plus élevés? Ce qui est en jeu, c'est un
réexamen fondamental des valeurs, l'élaboration d'une conception nouvelle
en matière de qualité de la vie, qui doit signifier le souci de satisfaire
non seulement les besoins matériels, mais aussi les besoins sociaux et
spirituels delà société, qui doit conduire à se préoccuper du problème
de la biosphère dans toutes ses. implications face à la révolution scienti
fique et technique. Sans procéder à ce réexamen, il est à notre avis,
impossible de régler la plupart des problèmes nouveaux qui se posent à la
civilisation contemporaine. De là découle la nécessité d'un changement
des priorités définies par la politique scientifique, technique, sociale
et économique et d'une orientation nouvelle des ressources de manière à
régler des problèmes sociaux dont la-solution s'impose,
La question qui se pose alors est celle de savoir comment une telle
modification des perspectives d'avenir se traduira en matière d'emploi,
et notamment pour les cadres supérieurs. C'est une question qui est
actuellement débattue au niveau des chercheurs et des instances gouverne
mentales de nombreux pays.
Considérons par exemple l'hypothèse où les crédits militaires seraient
consacrés à la satisfaction des besoins sociaux. D'après certains auteurs,
les effets sur l'emploi seraient très divers selon la branche d'activité
considérée, étant donné que la structure de l'emploi dans l'industrie de
guerre est très différente de celle que l'on trouve dans le domaine de la
santé ou du bien-être social. Des réductions d8emploi en résulteraient,
notamment dans les industries de transformation (l). Ce concept est basé
sur le raisonnement que, même si des transferts importants de crédits étaient
réalisés du secteur militaire au secteur civil, la structure de l'emploi
dans ce secteur n'en serait pas modifiée ; on assisterait simplement à une
augmentation en nombre des médecins, des infirmiers, du personnel auxiliaire.,
etc. sans autres modifications de l'infrastructure matérielle du service
de santé (c'est-à-dire pas de modifications substantielles du rapport
investissements/unités de personnel de santé). C'est précisément ici que
ces estimations sont en défaut. Le transfert de ressources d'un secteur
économique à un autre (à condition d'être vraiment important et de porter
sur la structure même de la production) entraîne des modifications de la
structure de la demande, notamment en ce qui concerne les capitaux. Si
(1) The Structure of the U.S. Economy in 1980 and 1985* Washington^ 1975
- 54 -
nous prenons les installations électroniques sophistiquées, les besoins
sont du même ordre dans le domaine de la santé et dans le domaine militaire.
Or le service de santé est, dans de nombreux pays, réduit à la portion
congrue à cet égard : la demande ..solvable en matériel électronique est
déséquilibrée à raison de dix du côté militaire pour un dans le secteur
civil, ce qui traduit bien l'ordre des priorités. Un changement des
priorités n'entraînerait donc pas des suppressions dramatiques d'emploi
dans l'industrie électronique, ni dans les industries de transformation
en général; il y aurait simplement un recyclage de ces branches d'activité
qui abandonneraient le secteur militaire pour se consacrer au secteur civil.
Comme nous l'avons montré plus haut, le taux des crédits de recherche
industrielle détermine très fortement la proportion des ingénieurs et des
techniciens affectés respectivement à la recherche, à la gestion et à la
production. Par conséquent, en présence d'une masse inchangée de crédits
de R-D, tout transfert de capitaux de branches d'activités à haut coefficient
technologique à des branches moins avancées sur ce point, a pour résultat
une réduction d'emploi pour les chercheurs et expérimentateurs (l).
Cependant, lorsqufon procède à l'estimation des conséquences qu'aurait,
dans le domaine de l'emploi, le transfert des investissements du secteur
militaire au secteur civil, il ne faut pas se limiter à la prise en compte du
coefficient technologique qui est actuellement celui des branches d'activités
considérées. Il faut aussi tenir compte des conséquences qu'aurait une telle
politique sur la structure économique, des modifications des rapports inter-
sectoriels de l'apparition de nouveaux produits, de nouveaux besoins en
matière de travail et de capital, dès lors qu'il deviendrait possible de
consacrer des ressources accrues à la solution de nombreux problèmes de
civilisation. On verrait alors se créer de nouveaux besoins et de nouvelles
sphères dsactivité pour les ingénieurs, les chercheurs et les expérimentateurs.
Dans ces conditions, une modification des priorités et des objectifs
de la politique scientifique et technique et une nouvelle orientation
en matière d'affectation des ressources, ne peuvent conduire à des
restrictions d'emploi pour les cadres scientifiques et techniques, à plus
forte raison pour les médecins, les enseignants, les cadres culturels, etc.
(l) Scientific Manpower, A Dilemma for Graduate Education, S. brown et B. Schwartz, édit. Cambridge-London, 1971* PP- 52 à 57
- 55 -
C'est tout le contraire : la solution des problèmes que nous pose
quotidiennement notre monde contemporain passe par une augmentation du
potentiel scientifique et culturel de la société,
4. Conclusion
Dans le monde actuel,, le progrès scientifique et technique ne se
conçoit pas sans une constante amélioration du niveau de la qualité profes
sionnelle de la main-d'oeuvre et sans des modifications continues de sa
structure sur le plan des qualifications. On est parvenu à un nouveau
type de qualification professionnelle dont les traits essentiels sont
un esprit ouvert, l'obligation de se perfectionner sans cesse, l'assimi
lation de connaissances générales"de. haut niveau. La production indus
trielle moderne, avec ses modifications rapides des infrastructures techniques
et technologiques, avec sa création incessante de nouveaux produits à haut
coefficient technologique, demande des horizons plus larges dans le travail
et un volume croissant de connaissances, tant dans sa spécialité que d'ordre
général. Le résultat est que l'éducation constitue désormais un des éléments
essentiels du processus de la production.
Les modifications de structure de la main-d!oeuvre sur le plan des
qualifications professionnelles sont déterminées par les deux principales
tendances du progrès scientifique et technique, d'une part, l'introduction
de la cybernétique, qui étend peu à peu à toute la vie économique les
processus de contrôle et de commande de la production par le moyen des
ordinateurs, d'autre part, l'importance accrue de la R-D, facteur d'accélé
ration des transformations structurelles de l'économie par la création de
nouvelles branches d'activii-é et de nouvelles formes de production permettant
la fabrication de produits entièrement nouveaux. Le coefficient technolo
gique de la production s'élève sans cesse.-
Comme l:a montré l'analyse quantitative, le niveau des infrastructures
techniques (lui-même étroitement lié au niveau d?automation) et le coeffi
cient technologique de la production sont les deux facteurs déterminants en
matière de structure professionnelle de la main-d'oeuvre industrielle, et
dont dépend en particulier le taux de l'encadrement (scientifiques, ingénieurs
et techniciens).
Les relations objectives mises en lumière entre le niveau des infra
structures techniques, le coefficient technologique de la production et le
niveau de qualification de la main-d'oeuvre, permettent de définir les
- 56 -
conditions optimales d'emploi des cadres supérieurs, en somme d'établir le
lien entre le développement économique et le niveau des qualifications.
L'amélioration de la qualité professionnelle de la main-d*oeuvre ne produira
pratiquement aucun effet sur l'économie, si les processus de production
restent enlisés dans la routine, sans la moindre modification de la nature
des produits et des techniques de fabrication. Inversement, s'il s'agit
d'un type dynamique de production, l'amélioration constante des qualifications
est une condition nécessaire du progrès technique.
L'étude du problème de l'emploi des cadres supérieurs (professionnels)
a permis de montrer qu'en dernière analyse la demande en la matière est
fonction, d'une part, du rythme de la croissance, d'autre part, de la
détermination des priorités en matière de politique sociale, économique,
scientifique et technique. Les possibilités d'emploi des cadres supérieurs
seront d'autant plus importantes que le rythme de la croissance sera élevé
et que la politique économique, scientifique et technique aura pour objectif
la satisfaction de besoins sociaux de la population.