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Universitatea din Bucureşti Facultatea de Jurnalism şi ŞtiinŃele Comunicării Techniques de rédaction en français Conf.univ.dr. Costin Popescu Description du cours Le cours se propose d’initier les étudiants aux genres de la presse française, aux problèmes lexicaux, grammaticaux et stylistiques qu’elle pose. Cette initiation suppose une bonne connaissance de la grammaire française, de la traduction de cette langue et en cette langue. De même, le cours se propose d’aider les étudiants à se familiariser à la rédaction de textes en français. Buts Présenter aux étudiants des problèmes de grammaire et entraîner les étudiants dans la traduction de textes, afin que leur français, une fois amélioré, leur permette de rédiger eux- mêmes des textes. Faciliter aux étudiants la connaissance de la presse française, de ses genres, de ses moyens expressifs, de ses tendances stylistiques etc. Aider les étudiants à développer des commentaires sur des thèmes donnés et à concevoir et rédiger des essais. Evaluation Une épreuve fournie par les étudiants en fin de semestre sera le fondement de la note finale. Lors des rencontres mensuelles, les étudiants réaliseront des traductions d’articles de la presse roumaine, commentaires inspirés d’articles français, essais sur divers thèmes; leur qualité influencera cette même note.

TEHNICI DE REDACTARE IN FRANCEZA

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Universitatea din Bucureşti Facultatea de Jurnalism şi ŞtiinŃele Comunicării

Techniques de rédaction en français

Conf.univ.dr. Costin Popescu Description du cours Le cours se propose d’initier les étudiants aux genres de la presse française, aux problèmes lexicaux, grammaticaux et stylistiques qu’elle pose. Cette initiation suppose une bonne connaissance de la grammaire française, de la traduction de cette langue et en cette langue. De même, le cours se propose d’aider les étudiants à se familiariser à la rédaction de textes en français. Buts Présenter aux étudiants des problèmes de grammaire et entraîner les étudiants dans la traduction de textes, afin que leur français, une fois amélioré, leur permette de rédiger eux-mêmes des textes. Faciliter aux étudiants la connaissance de la presse française, de ses genres, de ses moyens expressifs, de ses tendances stylistiques etc. Aider les étudiants à développer des commentaires sur des thèmes donnés et à concevoir et rédiger des essais. Evaluation Une épreuve fournie par les étudiants en fin de semestre sera le fondement de la note finale. Lors des rencontres mensuelles, les étudiants réaliseront des traductions d’articles de la presse roumaine, commentaires inspirés d’articles français, essais sur divers thèmes; leur qualité influencera cette même note.

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Module I (premier semestre) Unité de Formation 1 Les pronoms adverbiaux

Les adverbes Les dépêches d’agence de presse

2 Unité de Formation 2 Les pronoms interrogatifs

L’accord du participe passé Le journalisme politique

9 Unité de Formation 3 Les pronoms personnels

Les reportages

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Module II (deuxième semestre) Unité de Formation 4 Les pronoms relatifs

Les faits divers

32 Unité de Formation 5 Les pronoms indéfinis, I

Le journalisme social

41 Unité de Formation 6 Les pronoms indéfinis, II

Le journalisme culturel

Unité de Formation 1

Grammaire A

Les pronoms adverbiaux Le pronom adverbial on a) ce syntagme peut être un complément de verbe

Il demande du pain; on lui en donne. On a voulu lui accorder un prix ; il s’en est dispensé. (le verbe se dispenser est suivi de la préposition de: Il est très fier, il se dispense de notre aide.) Vient-il de la ville? Oui, il en vient.

En ne peut pas être utilisé dans le cas des compléments de verbe au figuré

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Vous devez être mort de faim. Oui, j’en suis. (incorrect) Oui, je le suis. (le complément de nom – qu’on appelle en roumain atribut – est remplacé dans ce cas par le pronom neutre le)

b) ce syntagme peut être un complément de nom (qu’on appelle en roumain atribut)

J’aime beaucoup cette ville; j’en connais tous les quartiers (je connais tous les quartiers de cette ville).

c) ce syntagme peut être un attribut (qu’on appelle en roumain nume predicativ); dans cette situation, en représente un nom précédé d’un article partitif ou indéfini) Est-ce de l’or ou n’en est-ce pas? (ou n’est-ce pas de l’or?) d) ce syntagme peut être un complément d’adjectif

Elle est jolie et elle en est fort contente. (et elle est fort contente d’être comme ça.) e) ce syntagme peut être un complément de pronom On manquait de porteurs; il s’en présenta un. Les beaux fruits que vous avez! Donnez-m’en un! - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Le pronom adverbial y Y remplace un syntagme introduit par à: a) ce syntagme peut être un complément d’objet indirect d’un verbe Le mal est grave; peut-on y remédier? (le verbe remédier est suivi de à) b) ce syntagme peut être un complément d’adjectif Le mépris? Je n’y suis pas enclin. (Je ne suis pas enclin à cela.) c) ce syntagme peut être un complément adverbial d’un verbe

Il a un beau jardin; il y cultive toutes les fleurs. (il cultive toutes les fleurs dans son jardin.) Elle est partie pour Paris; elle s’y trouve toujours. (elle se trouve toujours à Paris.)

d) ce syntagme peut être un attribut Il était au courant des événements; il n’y est plus. Racistes? Ils apprennent à y être. - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

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Antécédents de en et y

En et y reprennent: a) un adverbe de lieu Sors-tu d’ici? Oui, j’en sors. Va-t-il partout? Oui, il y va. b) un nom / syntagme nominal indiquant un lieu Entre dans la cuisine; il y fait plus chaud. Tu reviens de Paris? J’en reviens aussi. c) des syntagmes nominaux indiquant choses et animaux J’ai recueilli un chien et m’y suis attaché. J’ai acheté de belles pommes. Donne-m’en deux! d) des noms de personnes Vous vous intéressez à Michel? Je ne m’y intéresse pas du tout! Pascal plaisait aux femmes; il en était admiré. (il était admiré par elles.) e) un verbe, une phrase

Je ne ferai pas ce voyage; je n’en ai pas la force. (je n’ai pas la force de faire le voyage). Je voulais vous apporter ce livre, je n’y ai plus songé. (je n’ai plus songé à vous apporter le livre.)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Valeur imprécise de en et y, dans diverses expressions Il existe des expressions, consacrées par l’usage, dont les pronoms adverbiaux en et y font partie sans que leur valeur puisse être expliquée. En voici quelques-unes: s’en aller en faire à sa tête en avoir assez y être en finir s’y prendre en vouloir à n’y voir goutte - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Traduction Am cumpărat bomboane; pot să vă ofer? Cunoştea deja peştera; ne-a condus la ea. Aş vrea să revăd expoziŃia. Mă însoŃeşti?

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Dormea în bibliotecă; fratele său veni să-l caute. Avea o situaŃie privilegiată, dar nu acorda atenŃie acestui lucru. Cartea? N-am auzit pe nimeni vorbind de ea. De ce nu i-ai cumpărat şi lui Paul o cravată? O să-i cumpăr şi lui una. Mihai apare când te aştepŃi mai puŃin. Am adus reviste pentru Daniel, o să-i arăt chiar astăzi câteva. Nu-mi place ceaiul, pregăteşte-mi altul! Vrei să-Ńi vorbesc despre vernisajul expoziŃiei? Vorbeşte-mi. Cine are nevoie de lampă trebuie să pună ulei. Îi dai 40 de ani, deşi are 50. Chestiunea e lămurită, e inutil să revenim. Cine are nuci, sparge; cine nu, se gândeşte la ele. Când văzu mulŃimea, se apropie. El a conceput proiectul? Nu mi-a vorbit despre asta până acum. Voia să-şi cumpere un apartament, dar după ce a vizitat câteva a renunŃat: costau prea mult. Pisici pe acoperiş? Astăzi n-am văzut. Prietenul meu are rude la Iaşi, dar nu merge prea des acolo. - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - B

Les adverbes En français il y a deux catégories d’adverbes: a) primaires ou proprement-dits: bien, mal, rien, oui, non, avant, après, jamais, loin, tôt, tard, beaucoup, assez, comment, pourquoi etc. b) dérivés à partir d’adjectifs dans la plupart des cas, à la forme féminine de l’adjectif on ajoute –ment: attentif: attentive + ment attentivement continuel: continuelle + ment continuellement clair: claire + ment clairement

les adjectifs qui à la forme masculine finissent en –i, -ai, -é ajoutent –ment à la forme masculine (exception: gaiement, de gai):

vrai + ment vraiment modéré + ment modérément poli + ment poliment

certains adjectifs qui finissent au masculin en consonne ou au masculin et féminin en e ajoutent un é ou transforment le e en é avant de recevoir –ment:

énorme + ment énormément conforme + ment conformément aveugle + ment aveuglément profond + ment profondément opportun + ment opportunément

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les adjectifs qui finissent en –ent, dans leur transformation en adverbes, remplacent cette terminaison par –emment:

prudent prudemment récent récemment évident évidemment

les adjectifs qui finissent en –ant, dans leur transformation en adverbes, remplacent cette terminaison par –amment:

puissant puissamment vaillant vaillamment élégant élégamment

les adjectifs qui finissent en –u se transforment en adverbes soit en ajoutant directement –ment, soit, avant de l’ajouter, en changeant –u contre –û

assidu + ment assidûment continu + ment continûment incongru + ment incongrûment

absolu + ment absolument résolu + ment résolument ambigu + ment ambigument

Certains adjectifs ont un emploi adverbial (en principe, ils sont invariables): juste, clair, bon, court, rouge, blanc etc. Vous chantez juste. Elles voient clair. Les fleurs sentent bon. Il s’arrêta court. Elle voit rouge. Nous votons socialiste. Les adjectifs connaissent des degrés de comparaison: positif clairement comparatif de supériorité plus clairement d’égalité aussi clairement que d’infériorité moins clairement superlatif relatif le plus, le moins clairement absolu très, fort, bien clairement Il existe des adverbes à degés de comparaison irréguliers: bien mieux / aussi bien que / moins bien / le mieux / très bien

mal pis, plus mal / aussi mal que / moins mal / le pis, le plus mal / très mal

peu moins / aussi peu que / – / le moins / très peu

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beaucoup plus, davantage / – / – / le plus / – La place des adverbes dans la proposition: a) de manière générale, les adverbes sont placés après les verbes aux modes personnels (temps simples) Nous marchons doucement. Il mange trop. cependant, les adverbes peuvent précéder les verbes aux modes personnels (temps simples) Aujourd’hui je me repose. Certainement il viendra. b) les adverbes précèdent l’infinitif présent, le participe passé et l’adjectif qualificatif toujours espérer, bien faire mal ficelé, peu aidé, partout entendue (mais également: entendue partout) très heureux, peu intelligent c) les adverbes interrogatifs sont placés avant le verbe (en tête de proposition, de phrase) Où seras-tu demain? (cependant, dans le fr.populaire: Tu seras où, demain?) Quand viens-tu? (cependant, dans le fr.populaire: Tu viens quand?) d) les adverbes sont placés après le participe présent mangeant peu criant désespérément e) les adverbes de négation encadrent le verbe aux temps simples des modes autres que l’infinitif nous ne savons pas ne sachant rien aux temps composés, c’est l’auxiliaire qui est en général encadré par les négations; la même chose est valable pour l’infinitif passé il n’a pas vu son frère elle n’était pas descendue du train pour n’avoir pas fait sa tâche, il a été réprimandé par ses collègues à l’infinitif présent, les deux termes de la négation précèdent le verbe l’idée de ne pas venir pour ne rien dire aux autres, il est parti très tôt cependant, avec personne, aucun, nul, le verbe est placé après la première négation pour ne voir personne, il reste chez lui

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f) aux temps composés des verbes aux modes personnels, les adverbes sont souvent intercalés entre l’auxiliaire et le participe: il a éloquemment parlé (également correct: il a parlé éloquemment) il a certainement entendu (également correct: il a entendu certainement) exceptions: adverbes de lieu Il s’est promené partout. adverbes d’interrogation Où est-il parti? pour ce qui est des adverbes de temps, il y a beaucoup de liberté: il a dormi hier il a toujours dormi avoir déjà fini g) en et y sont placés avant le verbe, à l’exception de l’impératif affirmatif: j’en viens j’y vais sors-en! vas-y! - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Traduction Aceste scene se repetau frecvent. SusŃinea cu încăpăŃânare că avea dreptate. Îşi scrisese eseul cu grijă. Se agăŃa cu disperare de această iluzie. Şi-a amintit vag de figura lui. L-am cunoscut personal. Îi explică cu sinceritate punctul său de vedere. Se opuse formal la proiectul ginerelui său. Culoarul casei era slab luminat. S-a instalat comod în fotoliu, cu o carte în mână. I-am interzis în mod expres să se ocupe de asemenea lucruri. Este o dispută pur formală, zise Daniel. A răspuns plângăcios; era bolnav. Ascultându-l, a început să râdă uşor. Luminile felinarelor se răspândeau difuz; ne-am întors acasă. Vorbea neobosit despre aceleaşi lucruri. Contrôle et auto-évaluation Texte à traduire «Vreau să-mi spui când va fi gata! AvocaŃii încă aşteaptă traducerea pe care ne-au adus-o săptămâna trecută.» Nu dădea niciodată un răspuns precis; nu puteam să aştept unul

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acum. Dar speram să-l sperii; dacă l-aş fi cunoscut mai bine, aş fi înŃeles că nimic nu-l putea speria. Când a venit acum două luni, l-am întrebat dacă a mai făcut traduceri. N-am auzit prea bine ce a răspuns, dar aveam nevoie de cineva; am vrut să înŃeleg că vedea în asta ceva familiar. Nu munceşte prost, dar ce de întârzieri!... E gata să-mi explice la nesfârşit sensurile ascunse ale textelor; mă aştept să-l văd aducând mai multe versiuni ale aceleiaşi traduceri! Textul de care am nevoie acum îi hotărăşte soarta. Mâine! - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Rédaction

Les dépêches d’agence de presse ITALIE – Le championnat du monde des « barbus et moustachus »

Bergame (30 septembre) – AFP Les Italiens ont très nettement dominé les championnats du monde des « barbus et

moustachus » auxquels plus de 500 candidats ont participé dimanche à Marpello, près de Bergame (nord).

Les membres du jury, baptisés pour l’occasion « maîtres du système pileux », n’ont pas tenu compte uniquement de critères de longueur et de quantité, mais également de facteurs esthétiques afin de départager les candidats. Il est vrai que, dans la section « barbus », une armée de clochards avait envahi dimanche la petite commune de Marpello.

Pour les barbus, plusieurs « écoles » étaient en compétition; les partisans de la barbe « au naturel » ont raporté le titre de justesse, sous les huées des adeptes des trois autres courants dominants – les barbes à la Garibaldi, à la turque et à la phénicienne – grâce à Giuseppe Limonta, un électronicien de Milan. Selon l’un des favoris, M. Valerio Rota, la clé du succès réside dans la taille: « il faut, a-t-il déclaré, se couper la barbe quand la lune est favorable » :

Dans la catégorie « moustachus », la lutte a également été âpre. Le favori suédois Sten Erik Noker, dont les « bacchantes » mesurent deux mètres et 59 centimètres, a été détrôné par un modeste habitant de Vérone, M. Marco Mantovani, qui a séduit le jury grâce à la courbe parfaite de ses moustaches de 90 centimètres. Là encore, plusieurs « écoles » s’affrontaient: les élèves de Dali, du kaiser et les partisans de l’« école » chinoise. M. Giuseppe Scano, un restaurateur de 43 ans favori de l’« école » chinoise, explique son échec par un incident survenu il y a quelques années: « J’ai sectionné ma moustache gauche en refermant la portière de ma voiture et il m’a fallu tout reprendre à zéro ». Le club italien des « barbus et moustachus » compte 160 sections avec quelques 10 000 adhérents.

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Unité de Formation 2

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Grammaire A

Les pronoms interrogatifs Les pronoms interrogatifs proprement dits sont de deux catégories: simples et composés. Ceux de la première catégorie sont simples

nominaux qui? pour les êtres que? et quoi? pour les choses périphrases qui est-ce qui? qui est-ce que?

qu’est-ce qui?

qu’est-ce que?

et composés lequel?, laquelle?, lesquels?, lesquelles? De la deuxième catégorie fait partie un adverbe, combien (qui peut jouer le rôle d’un pronom interrogatif) ; combien peut être sujet Parmi vos élèves, combien ont obtenu la meilleure note? Parmi vos timbres, combien ont vraiment de valeur? ou complément d’objet direct De ces pommes, combien en avez-vous mangé? De ces crayons, combien en faut-il? Qui? Qui? peut être: sujet Qui te l’a dit? Qui est-ce qui vient? complément d’objet direct Qui avez-vous vu? J’ignore qui on désignera. complément d’objet indirect A qui obéirons-nous?

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complément prépositionnel Chez qui loges-tu? De qui parles-tu? Que? Que? peut être: sujet (très rare) Que me vaut tant d’honneur? Qu’avait pu pousser mon père à crier?

complément d’objet direct Que faisiez-vous hier à trois heures? Que voulez-vous manger?

complément d’objet indirect Que me sert ton sang? (A.de Vigny) attribut Que deviendra-t-il? Que? est utilisé dans des tours impersonnels également Que se passe-t-il? Qu’y a-t-il? Quoi? Quoi? peut être: complément d’objet direct

Quoi faire? (langue familière; langue soignée: Que faire?) Il t’a dit quoi, mon fils? (l’interrogatif n’est pas en tête de

phrase)

quoi? est nécessaire lorsqu’avant l’infinitif il y a un complément exprimé par un nom

Quoi sur la terre mettre en balance avec les joies d’un pareil moment? (Balzac)

quoi? est nécessaire lorsque l’infinitif est introduit par une préposition (il est placé entre la préposition et le verbe)

La liberté, pour quoi faire? (G.Bernanos)

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complément prépositionnel A quoi pensez-vous? De quoi demain sera-t-il fait? Quoi? peut être suivi de donc Quoi donc vous arrive? d’une épithète

Quoi de plus grisant que de rentrer après un long voyage? On peut choisir entre que? et quoi? si le verbe de la proposition est à l’infinitif Que / quoi répondre? - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Traduction Cine vă cheamă? Pe cine putem conta în asemenea împrejurări? Ce înŃelegeŃi prin asta? La ce a făcut aluzie? Ce se petrece în camera voastră? Pe cine căutaŃi? De la cine ai aflat vestea? Din merele astea câte ai mâncat? În curte era agitaŃie. Ce este?, întrebă Mihai. Ce vă tulbură? Ce ar fi viaŃa mea fără muzică? Care din cele două apartamente vă convine cel mai mult? Ce putuse să-l facă pe Paul să ia o asemenea hotărâre? Împotriva cui luptă cu atâta convingere? Sunt cărŃi bune în librărie; câte vreŃi să cumpăraŃi? Fii rezonabil, la ce îŃi foloseşte ambiŃia? Despre ce este vorba în scrisorile pe care le-aŃi trimis? Pe care dintre aceste două oferte să o accept? Ce credeŃi despre ultimul lui roman? Pe cine vor numi ca secretar al consiliului? Cine eşti şi ce vrei? Ce vrei să-Ńi spun? Care dintre cele zece cămăşi Ńi-au plăcut? Cui îi vei da mâna ? Ce vrei de la mine? - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

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B

L’accord du participe passé On fait l’accord du participe passé avec les verbes conjugués avec l’auxiliaire avoir et avec l’auxiliaire être. Ce sont là les situations les plus importantes. • Accord des participes des verbes conjugués avec l’auxiliaire avoir a) on fait l’accord entre le complément d’objet direct exprimé par un pronom personnel (placé avant le verbe) et le participe passé Nous étions devant le cinéma. On nous a vus. Les jeunes filles parlaient très fort. On les a entendues. La vieille dame a pris sa robe et l’a posée sur le fauteuil. b) on fait l’accord du participe passé entre le complément d’objet direct exprimé par un nom (placé avant le verbe) et le participe passé dans une proposition interrogative Quelles personnes avez-vous rencontrées? Quels livres avez-vous lus? Quelle revue avez-vous achetée? c) on fait l’accord du participe passé entre le complément d’objet direct exprimé par un nom (placé avant le verbe) et le participe passé dans une proposition exclamative Que de craintes nous avons eues! Que de films j’ai vus! Ah, les belles fleurs que nous avons cueillies!... d) on fait l’accord du participe passé entre le complément d’objet direct exprimé par un nom féminin au singulier / féminin au pluriel / masculin au pluriel et le participe passé dans une phrase comportant une proposition complémént de nom introduite par le pronom relatif que La robe que vous avez achetée est très belle. Les pastèques que vous avez dévorées étaient énormes. Les acteurs qu’elle a applaudis sont les meilleurs. e) dans les propositions où apparaît le pronom adverbial en on ne fait pas l’accord du participe passé avec Regarde ces stylos; hier j’en ai acheté deux pour mon ami. Des photos, j’en ai fait des milliers… Et des musées, combien en as-tu visité? Des gâteaux? J’en ai tant mangé!... mais: Il a vu ma mère; voici les nouvelles qu’il m’en a données.

le participe donné subit l’accord parce qu’il est précédé par le complément nouvelles; en remplace mère

f) le participe des verbes impersonnels ou personnels utilisés à la forme impersonnelle reste invariable Les chaleurs qu’il y a eu ont compromis la récolte. Les orages qu’il a fait ont ravagé les cultures.

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Les deux jours qu’il a neigé ont été magnifiques. g) les participes passés dû (verbe devoir), cru (verbe croire), pu (verbe pouvoir), voulu (verbe vouloir) sont invariables s’ils sont suivis d’un infinitif ou s’ils supposent un infinitif qui les suive (leur sens n’est pas complet) J’ai fait tous les efforts que j’ai pu (faire). Ils n’ont pas terminé tous les dessins qu’ils auraient voulu (terminer). Je n’ai pas fait toutes les démarches que j’aurais dû (faire). mais: Je me suis libéré des sommes que j’ai dues.

devoir signifie ici «avoir à payer une somme d’argent», et non pas «être dans l’obligation de faire quelque chose»

h) le participe passé suivi d’un infinitif ou d’une proposition complément d’objet direct reste toujours invariable Ces fleurs merveilleuses, je les lui ai fait porter par mon frère. Les achats que nous avons pensé à faire n’étaient pas vraiment nécéssaires.

La lettre qu’il a laissé tomber pour montrer qu’il ne lui attachait pas trop d’importance lui était adressé par le directeur.

Hélas, les faveurs qu’il a espéré qu’on lui accorderait ne lui ont été pas accordées! i) le participe passé précédé par le pronom neutre le remplaçant une proposition reste invariable Le froid est venu plus vite. Je l’avais bien dit. La journée fut plus belle qu’on ne l’avait prévu. j) suivi d’un infinitif, le participe passé s’accorde avec le pronom qui précède si celui-ci est objet direct du participe La cantatrice que j’ai entendue chanter était française. Les sportifs que tu as vus s’entraîner participent au concours. k) avec une expression collective comme complément d’objet direct placé avant, le participe passé s’accorde soit avec le mot collectif, soit avec le mot complément du collectif; avec un adverbe de quantité modifiant ce complément, c’est le complément qui commande l’accord

Le grand nombre de succès que vous avez remporté / remportés vous a valu un grand prestige. Le peu d’attention que vous avez apportée a notre proposition nous a offensé.

l) dans les cas des compléments de poids, de prix, de durée, de mesure, etc., on ne fait pas l’accord du participe

Les cinquante francs que ce livre m’a coûté sont pour moi une somme immense. mais

J’ai déjà oublié les efforts que ce travail m’a coûtés. Les cent kilos que j’ai pesé autrefois sont un souvenir déplaisant. mais

Les poissons que j’ai pesés ne représentaient que la moitié de la quantité que j’avais reçue.

Les trois heures que j’ai couru m’ont semblé sans fin. mais

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Les dangers que j’ai courus m’effraient toujours. • Accord des participes des verbes conjugués avec l’auxiliaire être a) le participe des verbes de mouvement (venir, partir, entrer, sortir, etc.), des verbes actifs à la voix passive (être aimé, être puni, être vu, etc.), des verbes pronominaux (se blottir, se cabrer, se laver, se couper, etc.) s’accorde avec le sujet Elles sont rentrées très tard, hier soir. Nous sommes sortis en ville à trois heures. Les deux garçons ont été punis par leurs parents. La victime avait été vue par la fenêtre. Effrayés, ils se sont blottis dans un coin de la pièce. En apprenant la nouvelle, elle s’est évanouie. Ces voitures se sont bien vendues. b) le participe passé des verbes pronominaux dont le pronom réfléchi ou réciproque est complément d’objet indirect reste invariable Elle s’est arrangé une toilette soignée. (elle s’est arrangé à elle-même…) Elle s’est lavé les mains. (elle a lavé ses mains à elle-même…)

Ils se sont serré les mains. (ils ont serré les mains l’un à l’autre…) Elles se sont écrit des lettres émouvantes. (elles ont écrit des lettres l’une à l’autre…) Elle s’est imposé des pénitences des plus dures. (elle a imposé des pénitences à elle-même…)

on voit bien que dans ces constructions il existe également un nom complément d’objet direct qui suit le verbe (sa présence doit attirer l’attention sur l’interdiction de l’accord) si le verbe est précédé par un nom complément d’objet direct on fait l’accord (c’est la position de ce nom qui commande l’accord) Les pénitences qu’elle s’est imposées étaient dures. c) suivi d’un infinitif, le participe passé d’un verbe pronominal s’accorde si le pronom réfléchi est objet direct du participe, mais il reste invariable lorsque le pronom réfléchi est objet direct de l’infinitif

Ils se sont entendus gémir. Elle s’est sentie mourir.

Elle s’est senti piquer par une moustique. Elle s’est entendu appeler (par ses collègues). Ils se sont vu réprimander sans raison par leur chef. Les chanteurs se sont fait remarquer (par tous les critiques). dans le second cas on peut constater ou supposer la présence d’un complément d’agent, introduit par par (c’est là un élément qui peut indiquer si l’on fait ou non l’accord) d) le participe de verbes qui ne peuvent pas avoir de complément d’objet direct (se plaire, se ressembler, se rire, se succéder, etc.) ne s’accorde jamais avec le sujet Elle s’est plu à dire que ses collègues ne valaient pas grand chose.

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Les rois qui se sont succédé sur le trône de France ont édifié le prestige de ce pays. Ils se sont parlé dans la rue deux heures durant. - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Traduction Regretau toate cuvintele urâte pe care şi le spuseseră în ajun. Nu am obŃinut toate datele pe care le-am căutat. Mihai ne-a primit cu multă plăcere. Era o familiaritate pe care nu şi-ar fi permis-o niciodată. Găsi viaŃa în cazarmă mai grea decât ar fi crezut-o. Este o fotografie foarte frumoasă; tocmai de aceea v-am arătat-o. I-am auzit lăudându-se că vor participa la concurs. Lucrurile pe care şi le-au spus cele două prietene erau fără importanŃă. O mai vedea din când în când pe femeia pe care nu încetase s-o iubească. Ce părere ai avut despre ideea pe care ne-a prezentat-o, ai avut obiecŃii? Nu te-am văzut niciodată astfel, fiica mea. Ce rele obiceiuri ai luat! Ce se petrece, Maria? Această veste te-a emoŃionat atât? Nu a putut vedea scrisorile pe care Petre reuşise să le ascundă Ai văzut calendarele? I-am cerut trei. Ce conferinŃă frumoasă am ascultat aseară! Toată lumea a apreciat-o. Ar fi vrut să ştie multe lucruri pe care el i le ascunsese. Cele două prietene s-au certat, şi-au mărturisit regretele şi… s-au împăcat! Avea în sfârşit rolul pe care îşi jurase să îl joace. ÎŃi aminteşti rochia pe care am admirat-o amândouă? Ei bine, am cumpărat-o. Actorii pe care i-a văzut plimbându-se atrăgeau privirile tuturor trecătorilor. Povestirile pe care le-a scris de curând sunt plicticoase. Te-am auzit vorbind de Lucia. Se duce sau nu la mare?

Puştiul se privi în oglindă: gura? şi-o spălase; obrajii? şi-i ştersese. Cine să ştie că mîncase tot borcanul cu dulceaŃă.

Caut pe cineva care să aibă aceleaşi idei despre viaŃă. Sunt lucruri care mi-au fost povestite; nu le-am văzut eu însumi. Ce bucurie a simŃit revăzându-i! Când au ieşit din sala de curs s-au auzit strigaŃi de secretară. O asemenea obrăznicie? Nu mi-aş fi iertat-o niciodată. Regreta acum grijile pe care şi le făcuse pentru examen. S-au întâlnit întâmplător şi şi-au întors imediat spatele. Sora lui s-a învelit într-un şal şi şi-a legat un fular la gât. Ce ai făcut cu cărŃile pe care Ńi le-am adus ieri ? Am căpătat toate informaŃiile pe care le-am vrut. Elena s-a spălat, şi-a pieptănat părul, s-a îmbrăcat, şi-a pus pălăria şi a ieşit în oraş. Nota Bene Lexis. Dictionnaire de la langue française, réalisé par un collectif dirigé par Jean Dubois (Larousse, Paris, 1975), dit dans une partie intitulée dictionnaire grammatical (p.XVI):

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«Suivi d’un infinitif, le participe passé s’accorde avec le pronom qui précède si celui-ci est objet direct du participe, mais il reste invariable lorsque le pronom est objet direct de l’infinitif» et fournit, entre autres, les exemples suivants: «La cantatrice QUE j’ai entendUE chanter…» «Les airs que j’ai entendU jouer…» (par d’autres personnes que moi) G.Mauger (Grammaire pratique du français d’aujourd’hui, Hachette, Paris, 1968, p.272) dit: «Laissez invariable le participe complété par un infinitif (exprimé ou non)» et fournit, entre autres, l’exemple suivant: «La cantatrice que tu as entendu chanter…» Mauger dit que «l’accord, jadis, était exigé», mais que «l’arrêté ministériel du 26 février tolère, dans tous les cas, l’invariabilité du participe suivi d’un infinitif, ce qui va dans le sens de la langue» (p.272) Contrôle et auto-évaluation Texte à traduire

ToŃi cei care ştiau să cânte la pian spuneau că exerciŃiile acelea sunt prea monotone; dar el le repeta neobosit: i le dăduse profesorul! De multe ori făcea şi altele, suplimentare: «Dacă aş fi găsit acum câŃiva ani doi sau trei elevi ca el, îl auzeai pe bătrânul pianist declarând cu entuziasm, aş fi fost celebru. Şi bogat!» Bogat, el? Iată un lucru de care râdeau toŃi. Nimeni nu voia să creadă că, bogat, profesorul poate să se elibereze de obsesia lecŃiilor. După unii, destinul hotărâse că el nu avea să se îmbogăŃească; după alŃii, profesorul nu se gândrea de fapt la asta: voia numai ca tinerii să-l facă să-şi uite vârsta. Între timp, îşi sufoca elevii cu exerciŃii monotone. - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Rédaction

Le journalisme politique Manuel de l’insulte à l’usage des politiques Thomas Bouchet, avec Frédéric Joignot (« Le Monde Magazine »)

De Jeqn Jaurès traitant de " misérable " un député qui l'insulte pendant l'affaire Dreyfus à Georges Frêche reprochant à Laurent Fabius sa " tronche pas catholique ", du " Napoléon le Petit " de Victor Hugo au " Casse-toi pauv' con " du président de la République, l'histoire politique de la France est parsemée d'insultes. Certaines se sont imposées à l'attention des contemporains. Thomas Bouchet, qui publie une histoire des insultes en politique depuis la Restauration, décode pour nous ces petites phrases dont Georges Frêche, entre autres, a le secret.

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La plupart ont dépéri peu de temps après leur "profération". Aujourd'hui, chaque semaine ou presque en apporte son lot. Elles font désormais les délices des médias, mais elles ont plutôt mauvaise réputation. Méritent-elles davantage que l'anathème ou le sourire amusé dès lors qu'elles semblent incarner les petitesses du débat ?

Souvent familières, parfois vulgaires, elles bousculent les règles de la bienséance. N'ont-elles pas quelque chose d'indécent quand elles mettent à vif des passions, des émotions inavouables? Lorsqu'elles brisent le dialogue, sapent la relation politique, ridiculisent, blessent, elles font naître la gêne ou le rejet et sont accusées de dégrader la parole politique.

A l'inverse, les plus amusantes ne transforment-elles pas la vie politique en politique-spectacle, joute pour beaux parleurs futiles ou manipulateurs? Le rendez-vous des élections régionales, temps fort de la vie politique contemporaine, invite à se pencher sur elles et à observer comment elles fonctionnent. En ce moment, elles se multiplient et prospèrent grâce de très efficaces relais. Or, si elles ne passent pas inaperçues, elles ne se laissent pas cerner si facilement. Au-delà de leur impact immédiat, ces marqueurs politiques exigent un décodage.

1) Défigurer son adversaire

" Voter pour ce mec en Haute-Normandie me poserait un problème, il a une tronche pas

catholique. " Fin janvier, l'expression de Georges Frêche fait l'effet d'une petite bombe à fragmentation dans la presse et n'en finit pas de susciter des réactions. Comme toute insulte, elle consiste à retirer son nom à l'adversaire pour lui en attribuer un autre, qui le rabaisse.

Avec "tronche", l'attaque est une défiguration. Le mot évoque la laideur d'une apparence moins qu'humaine : à l'origine, une tronche est un tronçon de bois. Cela rappelle d'autres épisodes dans l'histoire bien documentée de la dégradation physique de l'adversaire, par le texte et aussi par l'image: accentuation de travers physiques (les députés adipeux et avachis du " ventre législatif " de Daumier en 1834), charges scatologiques (Bonaparte représenté en 1798 par les Britanniques les fesses à l'air en train d'émettre de puissants pets pour faire avancer la flotte française), figuration en végétal (le roi Louis-Philippe transformé en poire par Philipon en 1832) ou en animal (Emile Zola métamorphosé en porc pendant l'affaire Dreyfus).

Quant à l'expression "tronche pas catholique" dans son ensemble, elle pourrait laisser croire que l'attaque a une dimension antisémite mais attente en fait à la dignité morale d'une cible soupçonnée d'avoir des choses à se reprocher et d'être indigne de confiance.

2) Pratiquer le sous-entendu

L'insulte en question est à la fois rusée – polysémique, elle autorise plusieurs interprétations – et pauvre, familière voire vulgaire. Pas d'inventivité verbale, aucun effet de surprise. On est loin par exemple du " Représentants du peuple entre guillemets " lancé par Georges Fillioud aux députés d'opposition en 1984, ou encore de l'intraduisible " Bliar!" scandé dans les rues de Londres en 2004 par les opposants à la politique irakienne de Tony Blair (" liar " signifiant " menteur ").

Mais l'insulte n'est pas simplement une question de mots. Une mimique ou une gestuelle éclairent souvent l'attaque verbale, qui par ailleurs ne prend tout son sens qu'en situation. Ainsi, un terme neutre peut parfaitement faire insulte s'il est porteur de sous-entendus. Pendant la campagne législative de 1893 dans le Var, Clemenceau essuie sans cesse d'agressifs " Aoh, yes !": il serait à la solde de l'Angleterre.

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De la même manière, on ne comprend pas pourquoi le président du Conseil Raymond Poincaré est surnommé par ses adversaires communistes " l'homme qui rit ", au printemps 1922, ni pourquoi l'expression fait insulte, si on n'a pas à l'esprit une photo, prise le 4 juin au cimetière de Verdun, sur laquelle Poincaré présente un visage apparemment réjoui.

3) Compter sur les médias

En vérité, l'attaque tant décriée que Georges Frêche porte contre Laurent Fabius date du 22 décembre 2009. Voici les paroles exactes qu'il prononce ce jour-là en conseil d'agglomération: " Si j'étais en Haute-Normandie, je sais pas si je voterais Fabius. Je m'interrogerais. Ce mec me pose problème. Il a une tronche pas catholique. Mais ça fait rien,

peut-être que je voterais pour lui mais j'y réfléchirais à deux fois. "

L'attention qu'il porte aux médias se révèle dans une remarque qu'il adresse alors aux journalistes: "Notez là-haut s'il vous plaît, je vous fais une puce, là. Hein? Bon." Il fait référence à la rubrique de brèves "La Puce à l'oreille" du Midi Libre. Comme une petite bombe à retardement, la parole reste d'abord confidentielle, puis resurgit un mois plus tard dans la presse nationale (L'Express) et sur Internet – elle est au passage redécoupée et rendue plus percutante.

S'il est trop tôt pour dire ce qu'Internet, dans le sillage des transformations induites par l'arrivée des " petites phrases " à la télévision, peut changer durablement à la nature de l'affrontement verbal, on note que la parole est aujourd'hui dispersée instantanément ou presque sur une multitude de sites très friands d'insultes. La vidéo en ligne fait sauter des verrous classiques. Mots et images sont là, livrés à la curiosité générale, consultables à loisir.

On l'a vu lorsqu'au cours d'un meeting local de l'UMP le 4 février, Jean-François Douard avait comparé la gestion du Poitou-Charentes par Ségolène Royal à une "dictature du prolétariat", ajoutant: "Je vous rappelle que le nazisme était une dictature du prolétariat." Filmés par une caméra de Canal +, repris sur Internet, ces propos ont gêné Dominique Bussereau, tête de liste UMP de la région, qui a dû s'excuser, déclarant: "C'est une autre génération, un autre langage, ce n'est pas le mien."

4) Préparer sa défense

Un assaut verbal ne devient véritablement une insulte qu'au moment où il est qualifié comme tel par la cible ou par ceux qui l'entourent. Laurent Fabius insiste le 1er février sur le caractère " évidemment antisémite " de l'attaque. Le surlendemain, Jean-François Copé relaie l'"indignation [du groupe UMP de l'Assemblée] devant les propos injurieux à caractère antisémite qui ont été tenus par Georges Frêche". La dynamique des réactions, interprétations, polémiques, est alors enclenchée.

En face, Georges Frêche avance des explications qui lui permettent de pousser ses attaques et de conserver l'initiative. Il a tout lieu de se réjouir puisqu'il est propulsé au cœur de l'actualité, fait bientôt la " une " du Point. Son propos a été déformé, plaide-t-il, il a employé une " expression populaire utilisée par tous les Français depuis des siècles " et il brandit pour le prouver un livre du linguiste Claude Duneton. Le voilà en position de victime.

C'est ce rôle qu'il endosse fin février dans son livre Trêve de balivernes (éd. Héloïse d'Ormesson): homme de " franc-parler ", " facile à coincer ", il se présente comme le martyr d'un " totalitarisme des idées " parce qu'il ne " respecte pas les codes d'aujourd'hui ".

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5) Cibler ses assauts

Georges Frêche ouvre dès le début du mois de février de nouveaux fronts à l'insulte. Son attaque initiale bourgeonne, prolifère, se fixe sur d'autres cibles. Il entre sur le terrain des insultes sexistes. " C'est moi qui l'ai inventée ", dit-il le 2 février d'Hélène Mandroux, qui dirige la liste socialiste construite à la hâte contre la sienne.

Le lendemain, il déclare: "La petite Martine [Aubry], elle fait sa campagne présidentielle sur mon dos." Puis le 21 février, Martine Aubry devient un " petit Fouquier-Tinville en jupon ". Il s'en prend par ailleurs à Eric Besson. A un journaliste qui lui demande s'il envisage la même trajectoire PS-UMP que le ministre, il répond: " Moi, un Besson?! Mais vous m'insultez (sic) parce que alors là, Besson, vraiment, c'est un minable, c'est tout ce que c'est. "

On retrouve là une tendance de l'insulte en politique non pas nouvelle mais en progression, pratiquée par des dirigeants auto ritaires, caractériels, adeptes de l'attaque ad personam, situés volontairement à l'écart d'appareils traditionnels où la parole est beaucoup plus lisse.

Mêmes agressions personnelles chez un Jean-Luc Mélenchon qui critique le 29 janvier, lors d'un meeting à Montpellier, " l'énergumène hirsute, claudiquant, vociférant et délirant: sa Majesté le Néron de Septimanie, Georges Frêche ", tandis que Daniel Cohn-Bendit le compare le 19 février à un " Mussolini ". Un peu en retrait dans le registre de la vitupération, Frédéric Lefebvre déclare à la mi- février qu'"on ne peut pas passer son temps à insulter l'adversaire pour masquer le vide ou les idées gênantes ".

Pourtant, le même Frédéric Lefebvre relayait le 22 février les violentes attaques des élus UMP contre Ali Soumaré, tête de liste socialiste du Val-d'Oise, l'accusant d'être " un délinquant multirécidiviste ". Le porte-parole du gouvernement déclarait que ces dénonciations étaient " fondées sur des documents très précis ". Ce qui s'est révélé inexact.

6) Savoir doser (si possible)

L'insulte est d'autant plus redoutable que son auteur l'assume. Sûr de lui, provocateur, Georges Frêche avance crânement. Il est persuadé qu'il ne court aucun risque. Il pense que son électorat lui restera fidèle. Par la technique de l'insulte à répétition, il semble poursuivre plusieurs objectifs: soigner sa popularité et resserrer les rangs autour de lui, causer du tort à un homme qu'il n'aime pas et à la direction d'un parti qui l'a exclu en 2007 et qu'il accuse de parisianisme. La cristallisation de l'attention sur ses paroles fait passer au second plan ses véritables réalisations et l'argumentaire raisonné. Il distribue les insultes pour un oui ou pour un non, avec gourmandise. " Salut, traître. Je vais te couper les couilles et tu ne t'en rendras même pas compte ", lance-t-il en octobre 2009 au premier adjoint de Montpellier Serge Fleurence.

Georges Frêche fait écho à Nicolas Sarkozy, qui est depuis longtemps – comme ministre de l'intérieur puis comme président de la République – l'auteur face aux caméras d'un bon nombre d'insultes familières ou vulgaires à la deuxième personne du singulier. Il se montre souvent agressif hors micro (Le Canard enchaîné s'en fait l'écho depuis des années) et joue un rôle dans le mouvement de dégradation et de banalisation de cette pratique au sommet de l'Etat. De fait, le " Casse-toi alors, pauv' con " du Salon de l'agriculture, en 2008, n'est qu'un épisode de plus dans une histoire que scandent par exemple le " racailles " de 2005 ou l'algarade du Guilvinec avec un jeune marin pêcheur en 2007.

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Dès lors, "l'affaire Georges Frêche" a sans doute valeur de symptôme. Elle illustre une manière de faire de la politique, ou de faire semblant, si possible sous le feu des projecteurs, sans souci du vrai, dans une étrange ambiance de faits divers. Elle laisse un goût désagréable et son rythme haletant, relayé par Internet, donne le tournis.

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Les révélateurs des mœurs politiques

" Naboléon ", " bouffon ", " Césarion " : dans son pamphlet de 1852 contre Louis-Napoléon Bonaparte, Napoléon le Petit, Victor Hugo manie l'insulte avec brio.

A relire ce libelle, on rit des trouvailles de l'écrivain, on est emporté par sa virulence, on s'indigne avec lui. Jamais Hugo ne s'abaisse en insultant. Il faut dire que le futur Napoléon III mérite sa volée de bois vert. L'homme s'empare du pouvoir par le coup d'Etat du 2 décembre, écrase toute résistance, devient prince-président puis empereur. " Il aime la gloriole, le pompom, l'aigrette, la broderie, les paillettes, les grands mots, les grands titres, ce qui sonne,

ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir ", écrit Hugo. En l'injuriant, il entend défendre les valeurs républicaines, la démocratie, ridiculiser la monarchie, rendre leur dignité aux classes pauvres. Il attaque en Louis-Napoléon le politicien coupé du peuple, vendu aux riches : "Il a pour lui désormais l'argent, l'agio, la banque, la Bourse, le comptoir, le coffre-fort et tous les hommes qui passent si facilement d'un bord à l'autre quand il n'y a à enjamber que la

honte."

Ici l'attaque féroce prend du relief, de la signification. L'humour est adossé à des valeurs fortes, une grande cause. Mais dès qu'une insulte devient règlement de comptes, agression ad personam ou vulgaire, elle se déprécie. On change de registre. On tombe dans la querelle de personnes, la basse critique, la délation. C'est à cette histoire de l'insulte et de ses soubassements politiques et partisans que Thomas Bouchet, historien à l'université de Bourgogne, a consacré son ouvrage Noms d'oiseaux (qui vient de paraître chez Stock).

On y découvre combien l'insulte et l'injure agissent comme des révélateurs des mœurs politiques d'une époque, et leur dégradation traduit toujours un abaissement des valeurs républicaines au profit du mépris et du rabaissement de l'adversaire.

Frédéric Joignot

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Unité de Formation 3

Grammaire

Les pronoms personnels

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Je désigne la personne qui parle (locuteur) ou la personne qui écrit (scripteur).

Nous désigne un ensemble de personnes dont fait partie le locuteur ou le scripteur. Il peut désigner une seule personne:

pluriel de majesté (style officiel, employé par des personnes qui détiennent l’autorité): Nous, gouverneur de… , recommandons le plus grand calme à la population. pluriel de modestie

Nous avons enquêté nous-même l’affaire. Tu désigne le destinataire (auditoire, interlocuteur, lecteur), la personne à qui parle ou écrit le je. Vous désigne un ensemble d’interlocuteurs, de personnes dont l’interlocuteur fait partie. Il peut désigner une seule personne (manière polie de s’adresser); dans ce cas, les adjectifs et les participes qui s’y rapportent se mettent au singulier, avec le genre correspondant du sexe de l’être désigné: Jeanne, vous êtes distraite… Comment vous y êtes-vous prise? Il, elle désignent un être ou une chose dont on parle. Le pronom masculin peut être pronom neutre, sujet d’un verbe impersonnel: Il pleut. La forme le peut représenter un adjectif, une proposition: Vous avez raison, je le reconnais. (je reconnais que vous avez raison) Il a été fonctionnaire, son frère ne l’a pas été. (n’a pas été fonctionnaire) Ils, elles désignent des êtres ou des choses dont on parle Les pronoms personnels ont deux catégories de formes, disjointes (toniques) et conjointes (atones). – formes disjointes: moi, toi, lui, elle, nous, vous, eux, elles – formes conjointes: je, tu, il, elle, nous, vous, ils, elles • Formes du pronom personnel

Formes conjointes Formes disjointes autres fonctions sujet

objet direct non réfléchi

masc fém. Masc. fém. objet

indirect réfléchi

masc fém.

réfléchi

I je me moi II tu te toi

sing.

III il elle le la lui se lui elle soi I nous nous nous II vous vous vous

plur.

III ils elles les leur se eux elles soi • emploi des formes disjointes

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– comme sujet le verbe manque ou n’est pas à un mode personnel Lui parti, nous avons dansé. - Qui vient? - Lui. le pronom est mis en évidence par l’expression c’est… qui C’est toi qui partiras le premier.

insistance (on peut supposer l’existence de plusieurs acteurs capables de réaliser une action quelconque, et un seul qui l’accomplit; le pronom s’oppose à un autre terme)

Je le ferai, moi. Ton frère, lui, le fera. Eux le sentaient vaguement, lui: nettement. le pronom sujet est coordonné à un autre sujet Ni moi, ni mes enfants ne partirons à la montagne.

le pronom est séparé du verbe par un autre terme que les pronoms conjoints ou la négation ne

Lui aussi présentait le danger. – comme objet direct pour renforcer un complément, par répétition Il finit par l’accuser, elle, de paresse. quand le pronom est coordonné Il contemplait la foule sans distinguer ni moi ni personne. quand le verbe est accompagné de l’expression restrictive ne… que On ne regardait qu’eux. dans des phrases ou des propositions sans verbe - Qui a-t-on choisi? – Lui. Je la trouve moins jolie que toi. (que je te trouve) quand le pronom est mis en évidence par l’expression c’est… que C’est toi que je bénis dans toute créature.

après l’impératif affirmatif (sauf devant en, y), pour la 1e et la 2e personnes du singulier

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Ecoute-moi! Retire-toi! mais Va-t’en! - Veux-tu que je te parle de son dernier roman? - Parle-m’en! – comme complément propositionnel avec une autre préposition que de et à Qui n’est pas avec moi est contre moi. Qu’allons-nous faire sans lui?

après certains verbes qui n’admettent pas de pronom conjoint comme objet indirect (avoir affaire à, croire à, en, habituer à, rêver de, à, songer à, etc.)

J’ai affaire à elle, mais je songe à lui. Il croit en eux. avec des verbes dont le complément n’est pas objet direct (aller, courir, etc.) Ils couraient vers toi. Elle est venue chez eux. si le pronom est complément d’un nom, d’un adjectif, d’un participe passé Une lettre adressée à moi, voilà quelque chose de surprenant… C’est une façon de parler propre à elle. C’est un ami à moi que je vous recommande.

avec de, dans les mêmes cas que ceux indiqués pour le complément d’objet direct – comme attribut; dans la langue standard, après c’est et si j’étais Mon meilleur ami, c’est toi. Si j’étais lui, je partirais dans rien dire. • soi / formes non réfléchies – soi est utilisé avec un sujet vague (notamment pronom indéfini, non accompagné d’un déterminant indéfini etc.) Chacun doit s’intéresser à soi. – en langue commune, soi est utilisé quand le sujet auquel il se rapporte n’est pas exprimé Rester soi, c’est une grande force. – soi est utilisé quand le sujet désigne un type humain L’égoïste ne pense qu’à soi.

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– selon l’Académie, soi-disant ne s’utilise qu’avec des êtres doués de parole (tout en restant invariable) Ces soi-disant footballeurs ne savent que demander de l’argent. cependant, on dit Une soi-disant expérience est la cause de ce triste échec. Il s’empara d’une grenouille soi-disant pour faire un numéro de cirque. • emploi des formes conjointes – comme sujet le pronom est placé immédiatement avant ou après le verbe Il vient. Vient-elle?

devant le verbe, un pronom conjoint sujet peut être séparé de celui-ci par des pronoms conjoints compléments ou attributs ou par la négation ne

Il lui demande de partir. Il ne voit pas son manteau.

le pronom sujet est habituellement répété dans la coordonation; cependant, surtout en langue écrite, on ne répète pas les personnes, surtout si les prédicats sont étroitement liés et brefs

Il se lava, mangea et partit. la répétition du pronom ne se fait pas si la coordination est réalisée par ni Il ne lit ni n’écrit. la répétition du pronom se fait si la coordination est réalisée par car ou or Il n’est pas venu; or, il savait qu’on l’attendait. Il n’est pas venu car il était malade. – comme complément d’objet direct le pronom remplace le substantif complément d’objet direct Michel est dans la rue. Paul le voit.

le s’emploie comme forme neutre pour reprendre ou pour annoncer une phrase ou un élément autre que nominal

- Je veux aller dans un bateau à moteur! – Je te le promets. - Viendra-t-il? – Je ne le crois pas. (Je ne crois pas qu’il vienne.)

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– comme complément d’objet indirect le pronom remplace le substantif complément d’objet indirect Raymond lui a dit de venir à dix heures. (à Claude) Chantal ne leur offre jamais de cadeau. (à ses neveux) le pronom peut être complément de l’adjectif attribut du sujet

Je lui resterai fidèle. (à mon maître; fidèle est l’attribut, à mon maître, remplacé par lui, est le complément de l’attribut)

la forme conjointe objet direct correspond à un complément nominal précédé d’une autre préposition que à (dans marquant l’appartenance, pour, chez)

Je vous ai cueilli cette rose. (J’ai cueilli cette rose pour vous.)

Je lui trouve de grandes qualités. (Je trouve chez lui de grandes qualités.)

les pronoms conjoints objets indirects tiennent lieu à un déterminant possessif attaché au nom sujet ou complément (cette construction devient incorrecte si le nom ne désigne pas une partie du corps)

Le cœur lui battait. (Son cœur battait.) mais Le chien lui est mort. (Son chien est mort.)

en français familier, les formes conjointes tiennent lieu des compléments prépositionnels (les prépositions sont alors utilisées de façon absolue: elles ne sont pas suivies des termes qu’elles introduisent normalement)

Les gosses leur galopent après. (Les gosses galopent après leurs parents.)

Les chiens lui sautaient dessus. (Les chiens sautaient sur le voleur.) – comme attribut

dans la langue écrite on emploie le, la, les en accord avec le nom pour représenter un nom précédé de l’article défini ou d’un adjectif possessif ou démonstratif

Employés? Ils le furent, maintenant ils n’ont plus d’emploi. Beaucoup de crimes ont cessé de l’être. (d’être des crimes) y peut remplacer le si l’attribut affecte la forme d’un syntagme prépositionnel Il était au courant des événements; il ne l’est plus / il n’y est plus.

le neutre peut représenter un adjectif de n’importe quel genre ou nombre (même différents de ceux de l’adjectif précédent)

Elle demeura silencieuse; Paul l’était lui-même. Elle était chrétienne; ses parents l’avaient été aussi.

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• place du pronom conjoint autre que sujet

il est placé avant le verbe à un autre mode que l’impératif affirmatif ou l’infinitif (avant l’auxiliaire, s’il s’agit de temps composés)

On le voit. Nous leur obéirons. Nous lui avons répondu.

si plusieurs pronoms sont utilisés, en et y sont toujours placés après les personnels Il vous en parlera. Il nous y a conduits. y est placé avant en

Certains pourraient trouver du charme dans cette répétition; moi aussi, à force d’entendre ces vers, j’y en trouvai. (y remplace cette répétition, en remplace charme)

lorsqu’il y a un pronom complément d’objet direct et un pronom complément d’objet indirect, l’ordre est le suivant: a) objet indirect de la 1e ou 2e personne + objet direct de la 3e personne; b) objet direct de la 3e personne + objet indirect de la 3e personne

Tu me le dis.

Nous le lui dirons.

si le verbe est à l’infinitif affirmatif, le pronom conjoint est placé après le verbe (il est remplacé aux 1e et 2e personnes par le pronom disjoint)

Suis-la! Prends-en! Vas-y! mais Suis-moi!

si le verbe est à l’infinitif affirmatif et il y a deux pronoms conjoints à des personnes différentes (1e / 2e personnes et 3e personne), l’objet indirect est ordinairement placé en seconde position

J’ai reçu une lettre? Apporte-la moi demain! Ces livres, montre-les moi!

si le verbe est à l’infinitif affirmatif et il y a deux pronoms conjoints à la même personne (3e), l’objet indirect est placé en seconde position

Où est l’album? Donne-le-lui! Les manuscrits, envoie-les-leur tout de suite! en et y, construits avec un pronom conjoint, sont placés après celui-ci Mettez-m’en dix kilos!

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Tenons-nous-y!

lorsque le verbe est à l’infinitif, s’y appliquent la plupart des règles présentées lorsque le verbe est à un autre mode que l’impératif affirmatif; cependant, il existe deux phénomènes particuliers:

a) si l’infinitif est précédé de pronoms indéfinis (tout ou rien) ou d’un adverbe (assez, trop, beaucoup, bien, mieux etc.), le pronom conjoint est placé après l’indéfini ou l’adverbe dans l’usage ordinaire, devant eux (souvent) en langue littéraire

Pour mieux le voir, il a ouvert la porte. Des personnes se levèrent pour le mieux voir.

Il a fallu tout leur laisser.

Il passait sa vie à leur tout expliquer. l’antéposition de en et y est particulièrement fréquente C’est à n’y rien comprendre.

b) si le pronom est complément d’un infinitif qui lui-même est complément d’un verbe (dans laisser prendre, laisser est le verbe support, prendre est l’infinitif complément), le pronom complément de l’infinitif est ordinairement placé devant le verbe support (voir, écouter, entendre, regarder, envoyer, mener, laisser, faire)

Ce paquet, je le laisserai prendre.

si le verbe support et le verbe à l’infinitif ont chacun son complément, les pronoms se placent devant le verbe support

Ce livre, il me le laisse lire.

si le verbe support est à l’infinitif affirmatif, le pronom est placé après le verbe support

Ce paquet, faites-le prendre.

lorsque le support est un autre verbe que ceux indiqués ci-dessus, l’usage ordinaire laisse le pronom devant l’infinitif

Je veux le voir. Tu peux en sortir. - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Traduction O întrebă dacă este pregătită pentru examen. Îi luă revista şi o puse pe masă. Trebuie să le scrii că ai luat examenul şi să-i întrebi când vor veni. Scrisorile nu-mi erau adresate, nu trebuia să le deschid. Am luat revistele, hotărâtă să i le duc în aceeaşi seară.

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CandidaŃii au răspuns bine la toate întrebările care le fuseseră adresate. Le trebuie altceva decât promisiuni. Nu-i vedea faŃa: pălăria mare i-o ascundea. Dacă ai cumpărături de făcut Ńi le voi face eu. Nu-mi cere cartea pe care mi-ai împrumutat-o; lasă-mi-o încă, Ńi-o voi restitui. Atitudinea lui era corectă; cine i-o putea reproşa? Mingea asta e a lui George, înapoiază-i-o! Ce mere frumoase! Dă-mi un kilogram! Luă scrisorile şi mi le întinse. Ei îi plăcea inelul, el era hotărât să i-l ofere. Vestea era ademenitoare, a încercat să i-o anunŃe în aceeaşi seară. Îl iubea, i-a dovedit-o în mai multe rânduri. A venit să îmi ceară o sută de franci. I i-ai împrumutat? V-am adus dicŃionarul. Lasă-mi-l! Eu sunt acela care a spart geamul. L-a certat şi l-a iertat. Trebuia să intervină, conştiinŃa i-o cerea. Rămase tăcută; şi Petre era. E mai încăpăŃânat decât sunt eu. El o dată plecat, am dansat toată noaptea. Nici eu, nici el nu plecăm la munte. Dacă aş fi în locul lui, aş pleca fără (să suflu) o vorbă. Ei voia Maria să-i citească lucrarea. Am uitat umbrela pe masă, adu-mi-o! Ce mai vor? Le-am eliberat toate certificatele. Stiloul? Nu mi-l cere, l-am lăsat acasă. El citea, ea cosea, nu au auzit soneria. Lumea nu-i privea decât pe ei, ei se prefăceau că nu observă. Contrôle et auto-évaluation Texte à traduire De unde ai cumpărat bomboanele pe care le-ai adus ieri?, a întrebat ea. Nu-şi mai amintea, era din ce în ce mai distrat. Iar asemenea discuŃii nu-i plăceau. Ar fi fost mai bine dacă ar fi venit cu mâinile în buzunare. Dar îi aducea un buchet de lalele, ceva bun de mâncare, caiete pentru şcoală... Iar ea voia să ştie: unde s-a oprit să le cumpere? Atâta curiozitate îl obosea. Nu voia să-i caute explicaŃia. Ea îl iubea, dar nu ştia să i-o arate decât punându-i neîncetat întrebări. Se temea că întrebările ei – de care ea însăşi voia să se elibereze – îl fac să-şi piardă răbdarea. - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Rédaction

Les reportages Les as de la banlieue

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Luc Bronner «Le Monde» Voici des "jeunes de banlieue" qui ne brûlent pas de voitures et dont on ne parle jamais. Des ambitions plein la tête, aux antipodes des caricatures à cagoule qui ont occupé l'espace médiatique ces dernières semaines, ils veulent devenir magistrats, chefs d'entreprise, enseignants, traders, experts comptables, commissaires de police. Cette jeunesse nombreuse des quartiers populaires a eu son baccalauréat et peuple aujourd'hui les amphithéâtres de l'université Paris-13, à Villetaneuse, au coeur de la Seine-Saint-Denis.

Ils pourraient être des "racailles", avec leurs survêtements, leurs baskets, leurs blousons. Jeunes Français issus de l'immigration, ils sont passés par les mêmes écoles, les mêmes collèges et côtoient toujours "ceux qui tiennent les murs" des cités. Mais eux ont réussi leur scolarité et s'accrochent pour obtenir un diplôme du supérieur. La différence ? L'autorité des parents, affirment-ils unanimes.

Contre les sorties nocturnes, contre les mauvaises fréquentations, leurs parents n'ont pas cédé à la loi de la cité. Aby Koundio, par exemple : la jeune femme a 20 ans, habite une HLM à Tremblay-en-France, dans le "9-3", et étudie en deuxième année de droit. Cette Française d'origine sénégalaise rêve de devenir magistrate. "Mon père nous a toujours dit : "Si vous êtes en France, c'est pour faire quelque chose de bien."" Elle comprend la colère des émeutiers mais refuse les discours simplificateurs. "Dans tout ce qui se passe, il y a une grande responsabilité des parents. Qui peut trouver normal qu'un enfant de douze ans soit dehors la

nuit ? Mon petit frère, lui, il ne traîne pas..."

Ces jeunes témoignent de la pression parentale sur les résultats scolaires. On leur a inculqué, dès le plus jeune âge, un profond respect de l'école. Et l'obligation d'obtenir des diplômes pour avoir une chance de s'insérer. "Mes parents ont toujours été très présents. Ça se voit sur mon parcours et celui de mes soeurs et frères" : Abdellah Bellahcene, 21 ans, en première année d'IUT, égrène les exemples de réussite familiale en rendant hommage à l'éducation donnée par sa mère, au foyer, et son père, ouvrier qualifié, tous deux nés en Algérie. "Ma grande sœur a une licence et travaille dans le commerce international. Une autre a le niveau bac +5 dans

l'urbanisme mais galère pour trouver du travail. Mon grand frère a un bac + 5, dans

l'aménagement du territoire..."

Le salut a aussi pu venir des enseignants rencontrés dans les collèges ou les lycées. Mokrane Hamadouche, 21 ans, en deuxième année d'AES (administration économique et sociale), se présente comme un ancien "petit délinquant", auteur de vols, capable de se battre pour un "mauvais regard". Deux enseignants, un professeur d'histoire-géographie et un de mathématiques l'ont repêché : "Ils m'ont montré que je n'étais pas con et qu'il n'y avait pas qu'en sport que je pouvais avoir 18." A partir de cette marque de confiance, il s'est relancé, a accroché le bon wagon, celui des élèves qui parviennent jusqu'au baccalauréat.

Le jeune homme tire de son expérience une vision sévère des questions d'éducation : "Les parents peuvent plus remettre de l'ordre. T'es un gamin, tu fais quelque chose, tu manges une

fessée, c'est normal ! Avec les lois maintenant, tu risques d'avoir la Ddass chez toi si tu fais

ça..."

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Ces étudiants critiquent les insuffisances de l'Etat, les désastres du chômage de masse, les discriminations liées à la couleur de la peau. Mais ils refusent de se poser en victimes. "Je suis né en Algérie et arrivé à 4 ans en France. Chaque fois que j'ai cherché du travail, j'en ai

trouvé", note Mustapha Boutoula, 23 ans, aujourd'hui en mastère de sciences économiques. Pour financer ses études, il a commencé dans une agence de télémarketing, où il est devenu chef d'équipe après six mois, avant de travailler pour Air France, puis dans un supermarché spécialisé dans les jouets. L'étudiant continue d'habiter à La Courneuve mais sait qu'il quittera la banlieue dès qu'il aura des enfants. "Pour les protéger des mauvaises influences."

Tanguy Kamen, 24 ans, lui aussi en mastère d'économie et finances, refuse de considérer que la société est, seule, coupable des tensions actuelles : "Les discours un peu faciles m'énervent. Certains Noirs et Arabes disent qu'ils ne trouvent pas de travail. Mais ils refusent des boulots

de chauffeurs-livreurs à 1 000 ou 1 200 euros par mois. J'entends des jeunes se plaindre de

l'école : mais si tu t'arrêtes de bosser au CP et que tu te plains, c'est n'importe quoi !" Le jeune homme, Guyanais, voudrait devenir trader. Si son insertion devait être trop difficile, il se dit néanmoins prêt à partir travailler à l'étranger.

Pour réussir, il faut savoir se protéger de ce que l'un d'entre eux appelle le "syndrome des écrans plasma et des belles voitures", qui suppose de gagner beaucoup d'argent, rapidement, par tous les moyens. Leurs propos sonnent comme un éloge de la responsabilité et du volontarisme individuel. "Ceux qui ont cassé des voitures n'ont sans doute jamais envoyé de CV. Ils disent l'école ne veut pas de moi, mais ce sont eux qui n'en veulent pas. Si tu te

marginalises de l'école, tu te marginalises de tout", assure Daniel Bugarin, 22 ans, en mastère d'économie, originaire de l'ex-Yougoslavie.

Conséquence logique de ce profond désir de réussite, ils rejettent toute idée de discrimination positive. "On ne veut pas d'un geste de bonté, résume Mokrane Hamadouche. Cela me serait difficile de savoir que je suis pris parce que je suis un petit Noir de banlieue", ajoute Gilles Bansimba, 22 ans, en licence d'AES. "Quand on parle de quotas, on a l'impression qu'il s'agit d'animaux", souligne Stéphanie Bisoly, Martiniquaise de 18 ans, mention assez bien au bac, en première année de l'IUT gestion des entreprises. Même si leur parcours doit être difficile, même si tous craignent des discriminations au moment de l'entrée sur le marché du travail, ils revendiquent une insertion pleine et entière, mais liée à leurs seules capacités.

Car, fondamentalement, ils estiment de pas avoir à s'intégrer dans la société. Mokrane Hamadouche à nouveau : "Mes parents venaient de l'étranger et ont eu à s'intégrer. Mais moi, je suis autant français que Sarkozy. Je suis né ici, je parle français, je consomme français.

Qu'est-ce que je dois faire de plus ?" Le jeune homme, qui se voit travailler dans l'assurance ou devenir professeur en ZEP, met en avant la réussite familiale : une grande soeur qui effectue un mastère à l'université de Barcelone, une autre devenue agent d'escale, un frère qui prépare le bac S et deux autres, au collège, "qui ont régulièrement des félicitations".

Le terme même d'"intégration" révulse ces étudiants. "Pourquoi les problèmes touchent-ils seulement les Noirs et les Arabes et pas les Chinois ?", interroge Areski Kessaci, 20 ans, en licence d'économie et gestion, français d'origine marocaine qui habite Epinay-sur-Seine. L'ancien bon élève de terminale scientifique, qui veut travailler dans la finance ou l'assurance, a la réponse : "C'est à cause de l'islam. Comme c'est une religion qui monte alors que les autres déclinent, elle est mal vue." Lui, musulman pratiquant, dont le modèle de réussite sociale est Tariq Ramadan, souligne le poids de la religion dans son succès personnel. "Qu'on soit bouddhiste, chrétien ou musulman, c'est un facteur d'apaisement. Cela donne une

philosophie et des valeurs."

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Dans un environnement difficile, le spirituel apporte un cadre. Notamment aux garçons, moins tenus par les parents. Mokrane Hamadouche parle de l'"hygiène de vie" qui découle de la pratique religieuse. Mustapha Boutoula insiste sur sa fonction sociale dans des quartiers de la "banlieue rouge" qui ont longtemps été structurés par le Parti communiste : "Elle remplace un peu les institutions qui sont défaillantes." Abdellah Bellahcene, aussi, a trouvé un "guide" à la mosquée : "La religion donne la force de résister aux tentations." Y compris celle des filles : lorsque des étudiantes saluent des garçons sur le campus, on se serre volontiers la main, la bise pouvant déboucher sur de "mauvaises pensées".

Les seules expressions de colère visent les médias et les hommes politiques. Les premiers sont accusés de ne montrer les banlieues que sous un angle dramatique. Et caricatural : "Quand Nicolas Sarkozy va sur un plateau télé pour parler des émeutes, on choisit en face de lui un

jeune qui a une capuche et ne sait pas aligner deux phrases. Comme ça, on reste bien dans les

clichés", s'indigne Tanguy Kamen. Eux-mêmes risquent de subir les conséquences des généralisations hâtives sur les "jeunes de banlieue". "Comment ils nous perçoivent dans les campagnes ? En fonction de ce que dit TF1. Et comme TF1 préfère interroger les petits qui

traînent dans les halls, c'est catastrophique", s'inquiète Stéphanie Bisoly.

Les hommes politiques font l'objet d'un rejet plus radical encore. "Regardez l'Assemblée nationale : il y a deux Noirs, c'est tout. Et encore, ils viennent des départements d'outre-mer", relève Tanguy Kamen. "Au gouvernement, il y a Azouz Begag, mais il est ministre de la décoration", ironise Mokrane Hamadouche. Areski Kessaci évoque une volonté de manipulation autour des sujets de société : "Il y a eu la sécurité en 2002. Puis le débat sur le voile à l'école. Maintenant, les émeutes en banlieue. Qu'est-ce qu'ils vont trouver, demain,

pour parler de nous ?"

Parmi ces étudiants, beaucoup ne savent pas pour qui voter et envisagent de s'abstenir. Quelques-uns privilégient l'UMP. Aucun n'envisage de voter pour la gauche, beaucoup trop absente à leurs yeux des débats sur la société française.

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Unité de Formation 4

Grammaire

Les pronoms relatifs Un pronom relatif peut être représentant (alors il renvoie à un nom antérieur) : Il ne faut réveiller le chat qui dort. (qui représente chat) ou un nominal (il n’a pas d’antécédent) : Qui cherche trouve.

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On ouvre à qui frappe. Je choisirai qui je veux. Dans le groupe des pronoms relatifs, quiconque est toujours nominal, dont et lequel sont toujours représentants, quoi, qui, que, où sont représentants, parfois nominaux. Les pronoms relatifs connaissent deux formes : – simples : qui, quoi, que, dont, où – composées : lequel, quiconque Quant à l’accord des pronoms relatifs, lequel varie en genre et nombre, en fonction de son antécédent les autres relatifs ne portent pas les marques de la personne, du genre, du nombre

– qui et que représentants ont le nombre et la personne de leurs antécédents – qui nominal et quiconque sont ordinairement au masculin singulier ; le féminin

est possible lorsque le pronom concerne manifestement des femmes Qui veut être belle doit surveiller son poids. Quiconque est paresseuse sera punie. Nature de l’antécédent : a) l’antécédent peut être un nom ou un syntagme nominal Rends-moi le livre que je t’ai prêté. b) l’antécédent peut être un pronom Tel est pris qui croyait prendre. c) l’antécédent peut être un adverbe (cas limités) : Là où vous êtes vous ferez du bon travail. d) l’antécédent peut être une phrase, une partie de phrase (le démonstratif ce ou un nom de sens vague : chose, fait etc. reprennent la phrase avant le relatif) : Il me pria de partir, ce que je fis. e) les pronoms relatifs sont présents dans des expressions figées : que je sache qui plus est qui pis est dont acte Place du pronom relatif ; il est ordinairement placé en tête de la proposition relative, à l’exception des cas suivants : a) il est précédé par la préposition qu’il réclame : L’enfant à qui j’ai parlé est orphelin. J’ai été étonné par la violence avec laquelle il répondait.

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b) si le relatif est complément d’un nom introduit par une préposition, il est précédé par ce syntagme prépositionnel : Il s’assit devant le poêle à la bouche duquel il avait rangé ses souliers. l’emploi de dont dans ce cas est exclu Qui – représentant sujet il a pour antécédent un nom ou un pronom (personnes, choses) La fleur qui plaisait à mon cœur désolée est morte. expressions figées qui plus est, qui mieux est, qui pis est il a pour antécédent une phrase ou une partie de phrase

Elle ne connaissait pas l’amour. Peu de temps après, elle en souffrit, qui est la seule manière dont on approuve à le connaître. (Proust)

– représentant complément L’homme à qui j’ai parlé est mon chef. (ou : auquel j’ai parlé) Ceux contre qui je lutte sont affreux. (ou : contre lesquels je lutte) L’homme de qui je parle est mon ami. (ou : dont je parle) – nominal (surtout dans des expressions figées et dans la langue littéraire) Qui a bu boira. J’invite qui je veux. Deviens qui tu es. A qui perd tout, Dieu reste encore. ( Musset) la langue ordinaire recourt plutôt à celui qui, ceux qui – qui nominal est neutre dans deux cas : a) après voici, voilà Voici qui comble la mesure. (Daudet) b) dans la formule figée Qui fut dit fut fait. – qui perd dans certains cas sa fonction relative en devenant a) distributif Ils portaient qui un sac, qui une pioche.

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b) locution adverbiale à qui mieux mieux (care mai de care) Que – complément d’objet direct Ce que femme veut, Dieu le veut. Les feuilles qu’on foulait aux pieds étaient mortes. – attribut (placé avant le verbe auxiliaire)

Echauffé d’ailleurs que j’étais par mon propre style, je ressentais un peu de la passion que j’avais cherché à exprimer. (B.Constant)

– complément adverbial Les dix grammes que cette lettre pèse me semblaient un immense fardeau. Voilà longtemps qu’il n’a tué quelqu’un. (Hugo) La seule fois que (ou : où) j’ai cru que tu étais chez lui… Les choses se passaient de la façon que (ou : dont) Marie les avait imaginées. – une tendance populaire largement répandue est d’utiliser que à la place de tous les autres relatifs (les écrivains l’ont observée et exploitée) Nous tous qu’on l’a vue grandir… (Marcel Aymé) Je l’entends qu’elle bourdonne. (Jules Renard) – que neutre a) sujet Advienne que pourra. (Întâmplă-se ce s-o întâmpla.) b) complément coûte que coûte, que je sache Quoi – quoi s’applique presque toujours à des choses ; il s’emploie normalement comme complément prépositionnel C’est justement ce à quoi je pense. Il n’a pas de quoi se plaindre. – dans la langue commune, quoi peut être le représentant des pronoms neutres ce, rien, quelque chose, peu de chose, grand-chose etc.

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Il m’a répondu brutalement, ce à quoi je ne m’attendais pas. Il ne voyait rien à quoi il puisse se raccrocher. – en langue écrite, lorsque l’antécédent est un nom inanimé, quoi fait forte concurrence à lequel La rose d’après quoi j’avais fait tant d’aquarelles est fanée. C’étais une idée à quoi je ne pouvais pas me faire. – quoi s’emploie plus souvent que les autres relatifs avec une phrase ou une partie de phrase comme antécédent Prêtez-moi un peu d’argent, sans quoi je ne pourrais pas payer le taxi. J’avais soin de choisir. Malgré quoi j’avais déjà dix pensionnaires. – quoi s’emploie sans antécédent dans la formule de quoi + infinitif Il n’y a pas là de quoi fouetter un chat.

C’est un homme riche, qui a de quoi (avoir de quoi = vivre dans l’aisance, en langue familière)

– quoi s’emploie sans antécédent après voici et voilà Voici à quoi je pense. Lequel – complément prépositionnel ayant pour antécédents un nom ou un pronom désignant des personnes, un nom de chose ou un pronom neutre (cas exceptionnel) Cette religion dans laquelle j’avais été élevé était douce et bonne. L’homme sous lequel nous avons obtenu de grands succès est parti. – sujet, en langue écrite

Il a reconnu un des mots favoris de sa bru, laquelle disait que les idées s’ennuient seules.

– objet direct (comme objet direct, lequel est un archaïsme assez rare) Il y a des replis de nous-mêmes lesquels nous n’époussetons pas. Dont – dont est toujours représentant, l’antécédent est d’ordinaire un nom ou un pronom Le prétendant dont Juliette m’avait parlé est venu.

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La maladie dont il est atteint n’est pas grave. – dont équivaut à un complément introduit par de, complément du sujet, complément du verbe, de l’attribut (adjectif ou nom), du complément d’objet direct L’homme dont les biens ont été vendus est revenu. Il n’est rien dont je ne sois certain. Le livre dont j’ai lu quelques passages est très intéressant. – dont peut être remplacé par de qui, duquel, de quoi etc. L’homme de qui les biens ont été vendus est revenu. Les faveurs desquelles vous m’avez comblé sont difficiles à oublier. – quand l’antécédent est un pronom neutre, dont ne peut guère être remplacé par de quoi J’ai trouvé ce dont j’avais besoin. Ne faites rien dont vous ayez à rougir. – dont peut introduire une relative complétée par une proposiion conjonctive même lorsqu’il n’est complément que d’un terme de la conjonctive La maison dont je sais que vous êtes propriétaire est en bon état. Il est un homme dont on sait que le talent se double de caractère. – dont peut être complément du verbe a) la langue littéraire emploie encore dont pour exprimer l’instrument La colonne dont est soutenu le toit du perron est solide. Il sortit de sa poche un journal dont il commença par s’éventer.

b) dont peut remplacer la préposition de pour introduire un complément d’agent du verbe passif

Ceux dont il se croyait attaqué se moquaient de lui. L’un aime sans oser le dire à celui dont il ne se croit pas aimé.

c) la Grammaire de l’Académie affirme que dont est utilisé pour montrer la descendance, l’extraction et d’où est utilisé pour montrer un lieu au sens propre, la cause

L’armoire d’où il avait sorti les lettres est rouge. La famille dont il est sorti est très ancienne. cette distinction est très peu respectée en langue écrite, en faveur de dont

d) dont peut être utilisé dans une construction où l’antécédent est rappelé par un pronom dans la proposition conjonctive ( le sens de dont : au sujet duquel)

Il affichait un luxe dont j’imagine aujourd’hui qu’il devait être affreux. – dont peut être complément de nom ou de pronom

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a) dont peut être complément d’un pronom numéral cardinal ou indéfini sujet (Vous m’avez offert des romans dont trois / plusieurs m’ont plu.) complément d’objet direct (Il possède huit villas dont il habite une.)

complément régime de voici, voilà (J’ai reçu deux lettres, dont voici une.) b) dont au sens de « parmi lesquels » peut introduire une relative averbale Deux individus attendent, dont un étudiant. Trois juges, dont moi, décerneront les prix.

c) en principe, dont ne peut dépendre d’un complément introduit par une préposition ; cependant

il est complément d’un objet direct introduit par jusqu’à (« même ») Je me représentais cette enfant dont j’ignorais jusqu’au visage.

il est complément d’un syntagme non prépositionnel (sujet, objet direct) Il y a ceux dont on lit les pensées dans les yeux. il est complément d’un nom composé ou d’une locution nominale Il est un peintre dont les chefs-d’œuvre sont au Louvre. Un homme dont on admire la force d’âme, voici quelque chose de rare. – dont peut être à la fois complément du sujet d’une part et complément de l’objet direct ou de l’attribut, d’autre part Il plaignit les pauvres femmes dont les époux gaspillent la fortune. Il est un homme dont le corps a l’habitude d’aider la pensée. (J.Romains) Où – en général, c’est un complément adverbial marquant le lieu, la situation, le temps Dans l’état où vous êtes, il n’y a pas beaucoup de choses à faire. J’ai rêvé dans la grotte où nage la sirène. (Nerval) où peut être précédé de de, par, jusque – l’antécédent de où est ordinairement un nom ; cas particuliers :

a) où s’applique à des choses, mais il peut avoir pour antécédent un syntagme formé d’une préposition de lieu suivi d’un nom ou d’un pronom désignant une personne

Elle a perdu connaissance et ne l’a reprise que chez le pharmacien où l’on l’a transportée.

b) où peut avoir un adverbe pour antécédent : partout, là, ici-bas, aujourd’hui etc.

Là où ils passent les vacances il y a très peu de monde. c) l’antécédent est une phrase et d’où marque la conclusion

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Il a refusé, d’où il s’ensuit que nous sommes en danger. d) où s’emploie aussi sans antécédent Il m’a laissé descendre où je voulais. – où complément d’objet indirect est un archaïsme Les suppositions où vous vous livrez sont ridicules. (Gautier) Les honneurs où ils ne peuvent atteindre les tourmentent. (Voltaire) Quiconque – comme pronom relatif et nominal, il représente des personnes (il est singulier, 3e personne) ; la proposition relative qu’il introduit est sujet ou complément Il sera critiqué par quiconque a peu de connaissances en la matière. Quiconque m’a fait voir cette vérité a bien fait. Je pense à quiconque a perdu ce qui ne se retrouve jamais. (Baudelaire) - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Traduction Iată o rochie frumoasă al cărei preŃ nu este exagerat. E un prieten desăvârşit de a cărui discreŃie sunt sigur. Actorul a recitat poezia cu toată căldura de care e capabil. Primul ministru a Ńinut o conferinŃă de presă în cursul căreia a făcut declaraŃii importante. Mihai îi punea profesorului întrebări la care încercase în zadar să răspundă singur. Îmi ceru să-i împrumut câteva dintre cărŃile despre care îi vorbisem cu entuziasm. Este o clădire foarte frumoasă, pe a cărei terasă s-a deschis un restaurant. Iată-l pe tânărul la a cărui pregătire am contribuit. Se afla într-o situaŃie jenantă, din care nu vedea nici o ieşire. ŞtiŃi la ce mă gândesc? La albumul de care mi-aŃi vorbit. Aceasta este cartea de care aveam nevoie şi pe care o căutam. Este o lucrare despre a cărei importanŃă nu e nimic de adăugat. Detest tonul arogant cu care li se adresează colegilor. StudenŃii de ale căror rezultate profesorul a fost mulŃumit sunt colegii mei, vi i-am prezentat la clubul facultăŃii. Era o persoană de a cărui sinceritate nu m-am îndoit niciodată. Luă din tabacheră o Ńigară parfumată a cărei aromă o respiră îndelung. Îi citi ultimele pasaje la care se oprise. Păstra închise în sertar scrisorile la cere Ńinea. Oamenii cărora le făcuse atâtea servicii îl uitaseră. Restaurantul din care a ieşit se află la capătul străzii. Era primul bal la care Cristina participa. Într-o dimineaŃă, trandafirii pe care i-a îngrijit atât s-au ofilit. E o prietenă de care sunt mândră şi de sfaturile căreia nu mă pot lipsi. Căută o foaie de hârtie în mijlocul căreia scrise câteva cuvinte.

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Asista la o discuŃie însufleŃită la care luau parte mai multe persoane. Mă joc cu cine vreau, spuse copilul. Iată la ce mă gândesc. Caut pe cineva care să aibă aceleaşi idei despre viaŃă. Vă trimit cărŃile de care nu mai am nevoie. łi-l prezint pe Ion, de a cărui inteligenŃă Ńi-am vorbit de atâtea ori. Oricine în locul lui s-ar fi enervat. Cine mă iubeşte să mă urmeze! Am văzut-o pe mama săptămâna trecută; iată ştirile pe care mi dat. Contrôle et auto-évaluation Texte à traduire

Pe vremea aceea parcă trăiam în lună; nu cunoşteam decât chitara pe care mi-o dăduse vechiul proprietar şi pisicile pe care le luasem din stradă. Câteodată le găseam triste: „Dacă aş fi venit mai repede, nu ar fi fost aşa!“, mă gândeam şi începeam să le cânt un cântecel. Într-o zi, a bătut cineva la poartă; am lăsat chitara şi m-am dus să văd cine e; niciodată nu mă caută nimeni. Am deschis: era ea. Mi-a spus că locuieşte alături şi că îi plac cântecele mele. Mi-a pus pe inimă lăbuŃa de catifea; din fericire nu avea mustăŃi. Nu vreau să-mi amintesc restul; nu găsesc nimic plăcut. Dar... Începuse să-mi chinuiască pisicile. Am întrebat-o: „Ce te-a apucat? Nu cred că e bine ce faci.“ A plecat fără o vorbă. Am hrănit pisicile şi le-am cântat un cântecel; se temeau să nu se întoarcă. - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Rédaction

Les faits divers « L’Humanité » (sans signature) Le lot quotidien de catastrophes et massacres se nomme l’« actualité ». A force on a le cœur blindé. D’où vient qu’une nouvelle (« Tarzan devient fou ») nous émeuve à ce point ? C’est qu’à l’évocation de Johnny Weissmüller, vieil athlète déchu poussant le cri de la jungle dans un asile, l’enfant incurable en nous se met à souffrir. Tarzan aliéné. Le paradis perdu de la liberté sauvage s’abîme à jamais.

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Unité de Formation 5

Grammaire

Les pronoms indéfinis (I) les pronoms indéfinis indiquent :

une quantité non chiffrée (plusieurs) une identification imprécise (quelque chose) un refus d’identification (un tel) pronoms

indéfinis proprement dits

– aucun, certains, maints, nul, plusieurs, tel, tout (adjectifs indéfinis aussi)

– chacun, quelqu’un (adjectifs indéfinis correpondants : chaque, quelque) – autre, même (adjectifs indéfinis aussi)

– autrui, on, personne, rien, néant (ne correspondent pas à des adjectifs indéfinis)

– quiconque, qui (pronoms relatifs aussi) qui est seulement représentant

autrui, on, personne, quiconque, rien, néant, tel, tout sont seulement nominaux les autres pronoms indéfinis : tantôt nominaux, tantôt représentants

adverbes employés comme pronoms indéfinis : beaucoup, davantage, tant, trop, etc. indéfinis occasionnels : syntagmes nominaux (autre chose, la plupart) locutions à noyau verbal (n’importe qui) syntagmes divers (à qui de droit, quoi que ce soit) adverbes employés comme pronoms indéfinis la plupart des adverbes de degré qui, suivis de de, servent de déterminants indéfinis s’emploient aussi comme des équivalents des pronoms indéfinis, mais ils sont invariables comme des nominaux masculins singuliers à valeurs de neutres Je ne crois pas avoir assez obtenu. Vous croyez sans doute avoir fait beaucoup pour moi. C’est trop dire. Qu’aurais-je besoin de tant, une fois seul ? (Gide)

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tant s’emploie comme nominal en particulier dans les expressions avoir tant fait que de (avoir poussé les choses jusqu’à) et à tant faire que de (supposé qu’on pousse les choses jusqu’à)

A tant faire que de le rencontrer, j’aime mieux qu’il me voie autrement. (Gide) C’est grand dommage vraiment que ce sentiment-là ne me soit venu plutôt à moi, puisque j’ai tant fait que de l’éprouver. (Loti)

comme pluriels, ils sont tantôt représentants, tantôt nominaux Beaucoup vivaient bien qui n’avaient pas de fortune. (Flaubert) C’est un don magique refusé à tant, accordé à quelques-uns. Nous préparons une renaissance. Mais peu le savent.

Tant et tant s’étaient rapidement engraissés de la mort des héros. (Renée Massip) Quelques personnes, ici et là, en disent du bien. Davantage crachent dessus. (C. Rihoit)

Beaucoup sont appelés, peu sont élus. (Bible) Il y a tant qui voudraient être à votre place ! fonctions : sujet complément prépositionnel

complément d’objet direct (les adverbes doivent être précédés de en) attribut indéfinis occasionnels syntagmes nominaux dans lesquels le nom a perdu sa valeur propre

– autre chose, grand-chose, quelque chose, peu de chose (traités comme des neutres ; masculin singulier)

– la plupart, bon nombre, quantité (pluriel ordinairement masculin) – tant de monde ; traité comme masculin singulier – grand monde correspond, pour des personnes, à grand-chose : Il n’y avait pas grand monde au concert. des locutions à noyau verbal contenant les interrogatifs qui, quoi, lequel, combien ; le genre et le nombre sont ceux du pronom interrogatif Un beau coussin rose, amené là par on ne sait qui. (Dorgelès) Je ne sais combien se sont trouvés mal. Il m’a répondu n’importe quoi.

Plus il avait trompé n’importe laquelle des deux, plus elle l’aimait. (Flaubert) mots ou syntagmes divers qui de droit, qui que ce soit, quoi que ce soit, x, tutti quanti, et alii pronoms proprement dits

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aucun peut s’utiliser avec sa valeur positive

– comme nominal au pluriel, précédé de de, en langue écrite soignée (valeur : quelques-uns, certains) (pour personnes)

D’aucuns suggèrent que ses intentions sont bonnes.

Nous vivons un temps qui peut paraître prophétique à d’aucuns.

– comme représentant, au singulier (sens : un, quelqu’un ; pour personnes ou choses)

Le caporal évitait de parler à aucun de ses officiers.

(Stendhal) il est rarement nominal Je ne crois pas qu’aucun en connaisse l’entrée. (Gide) le plus souvent, utilisé dans un contexte explicitement négatif, soit dans la dépendance de sans, sans que, soit comme auxiliaire de l’adverbe ne De toutes vos raisons, aucune ne me convainc. Ils lui parlent sans qu’aucun lui dise la vérité. aucun a pris par contagion le sens négatif de l’adverbe ne qu’il accompagne d’ordinaire Lui connaissez-vous des ennemis ? Aucun.

nul

appartient à la langue écrite (oralement, on le remplace par par personne, aucun) ; il se construit presque toujours avec ne et sans que comme nominal, il est utilisé pour les personnes seulement Nul ne sait votre sort. (Hugo)

ordinairement masculin, il se met au féminin quand la situation indique explicitement qu’il s’agit seulement de femmes

Nulle ne sait mieux éconduire un galant. (Gautier) Imaginez le plus laid des hommes. Nulle ne l’aimera. (Renard)

avec un sens positif (n’importe qui), nul nominal est très rare

A meilleur titre que nul, j’aurais le droit de récuser le reproche d’exagération. (Claudel)

comme représentant, il se dit des personnes et des choses et s’emploie aux deux genres

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Ces maisons sont comme les branches d’un éventail grand ouvert. Nulle ne masque l’autre. (Maurras)

Plusieurs explorateurs sont partis dans ces régions-là ; nul n’est revenu. autre

comme nominal avec un déterminant – avec article indéfini sujet A votre place, un autre aurait été satisfait. D’autres feront ailleurs ce que nous faisons ici. complément prépositionnel Adressez-vous à d’autres. La place que j’occupe est celle d’une autre. complément d’objet direct Et si j’aimais une autre, tu m’aimerais toujours ? (Rolland) attribut

Je est un autre. (Rimbaud) / Je suis devenu un autre.

autre entre dans des expressions figées où il s’appuie sur en (sans antécédent) et concerne les choses

J’en ai vu bien d’autres. Dormir ? En voilà d’une autre ! – avec article défini Vous rejetez toujours la faute sur les autres.

comme dit l’autre est une formule qui introduit un proverbe ou une autre locution bien connue

l’autre est un euphémisme pour l’amant ou pour le diable – avec d’autres déterminants Tout autre à la place de Lévis aurait enragé. (Daudet)

Elle pourrait lui téléphoner, à lui ou à quelque autre. (Breton) autre sans déterminant

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– peut s’ajouter aux pronoms nous, vous

Nous n’avons pas lieu, nous autres, de faire une révolution de cette sorte. (Duhamel)

– et autres a la valeur de et caetera, à propos de personnes – entre autres

J’ai vu les plus beaux tableaux de Rome, entre autres La transfiguration de Raphaël.

– diverses locutions adverbiales de part et d’autre, de temps à autre

l’un… l’autre ont un rôle distributif (ils distinguent deux sous-ensembles dans un ensemble ; singulier ou pluriel, masculin ou féminin

– employés comme nominaux, ils concernent des personnes

Une atmosphère obscure enveloppe la ville, aux uns portant la paix, aux autres le souci. (Baudelaire)

– employés comme représentants, ils peuvent concerner choses

ou personnes, voire des phrases (un et autres, pronoms)

Ont-elles menti ? Ont-elles trahi ? Elles ont fait l’une et l’autre. situations où autre est pronom et un est déterminant Une main ne doit pas savoir ce que l’autre donne. l’un l’autre indique la réciprocité Aimez-vous les uns les autres. (Bible) autrui

nominal masculin appartenant à la langue écrite (il s’agit de personnes) ; la langue courante dit les autres, un autre

il s’emploie comme complément prépositionnel Il ne faut pas désirer le bien d’autrui. Ne fait pas à autrui ce que tu ne voudrais qu’on te fît. il s’emploie comme complément d’objet direct Il ne faut jamais traiter autrui comme un objet. (Maurois)

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il s’emploie comme sujet également (autrui sujet reprend un autrui complément exprimé auparavant)

L’être vulgaire ne se connaît lui-même qu’à travers le jugement d’autrui, c’est autrui qui lui donne son nom. (Bernanos)

un

il peut être représentant ; un, ou l’un dans la langue soutenue, désigne une unité faisant partie d’un ensemble mentionné ensuite sous la forme d’un complément introduit par de

Un des deux bois du cerf est effacé. (Benda)

un renvoie également à un antécédent (lorsqu’il est objet direct ou attribut, un s’appuie sur en)

On manquait de porteurs ; il s’en présenta un.

Elle avait les moyens d’aller dans un hôtel ; elle entra dans un, au hasard. un nominal est ressenti aujourd’hui comme familier

Elle n’avait pas du tout l’air d’une qui vient de quitter son blondinet. (Nourissier)

Comme un qui s’enivre des taches de vin sur la nappe… (Bernanos) pas un = aucun Je vous les cite sans en omettre pas un. (Brunetière) Pas un n’a apporté les dessins. certains, certaines

représentant ; il désigne une partie imprécise d’un ensemble (personnes ou choses ; le genre est le genre du nom représenté)

Certains de nos rêves n’ont pas moins de signification que nos souvenirs. (Malraux) J’épouse ses joies ; je crois que je serais encore capable de certaines. (Gide)

nominal, il désigne un nombre indéterminé de personnes ( = certaines personnes, quelques-uns, d’aucuns)

sujet Certains m’ont reproché ma conduite. complément La souffrance ne guette que certains. Cela semble étrange à certains. Son souvenir est vivant au cœur de certains. - - - - - - - - - - - - - - -

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Traduction Fiii Marcelei au studiat unul chimia, celălalt medicina. AveŃi ceva interesant să-mi spuneŃi ? Nu am văzut nimic nou în librării. E cineva pe aici ? Oricine poate face o asemenea lucrare, tu de ce nu poŃi ? Nu eşti mai puŃin înzestrat decât alŃii. Noi ne-am dus să mâncăm ; celelalte voiau să citească la bibliotecă. Lucrurile pe care mi le-ai spus sunt unele mai bizare decât celelalte. Zilele treceau asemănătoare una cu alta. CredeŃi, desigur, că aŃi făcut destule pentru mine. Era un album frumos, adus în redacŃie de nu se ştie cine. Nu am mare lucru să vă spun. Erau puŃini la reuniune. În locul tău, altul ar fi fost fericit de asemenea propunere MulŃi au încercat să compună ceva asemănător ; nici unul nu a reuşit. Oricine în locul lui s-ar fi enervat. Nu era unul care să vrea să citească. Bătrâna era departe de a bănui ceva. Nu e momentul să vă ascundem ceva. Vi s-a interzis cu stricteŃe să vorbiŃi cu oricine ar fi. Aşa cum ne asigură mulŃi, criza va mai dura. Oricine putea să vă abordeze. Nu le poŃi spune orice. Ajutorul dat altuia, iată un izvor de bucurie. Unii pretind că în viaŃă e important să ştii să faci compromisuri. Cei doi călugări scriau, unul la masă, celălalt în picioare. Sunt atâŃia care ar vrea să fie în locul tău ! Talentul e un dar refuzat atâtora, acordat doar câtorva. Oricine rămâne în urmă va fi considerat trădător. Contrôle et auto-évaluation Texte à traduire «Dacă bărbatu-meu mi-ar face aşa ceva, l-aş lăsa a doua zi!» Vecinele se întâlneau când la una, când la cealaltă. DiscuŃiile despre bărbaŃii lor se terminau invariabil cu aceste cuvinte. Motive? Cei doi le dădeau fără încetare. Iată un lucru de care ele profitau cu entuziasm: femeilor le place să aibă ultimul cuvânt. BărbaŃii lor stăteau rar de vorbă, dar, când îi vedeai discutând, le citeai pe buze despre ce e vorba: nevestele! Spuneau că nu le vor vedea niciodată mulŃumite. «Orice aş face, găseşte ceva să-mi reproşeze. Aşa că mai bine plec la o bere cu băieŃii.» «Eu mă duc la stadion. Cum să uit victoriile pe care le-am sărbătorit, eşecurile care s-au adunat?» Ce-i de mirare? Nimic: când lucrurile devin de nesuportat, te obişnuieşti. - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Rédaction

Le journalisme social

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L’élève Jennifer lit, le chien Ross écoute Corine Lesnes « Le Monde » La directrice de l'école le reconnaît : "Au début, ça m'a paru complètement farfelu." Elle s'est habituée, les professeurs aussi, et plus personne, à la Washington Grove Elementary School de Gaithersburg, ne s'étonne de voir arriver Barbara Murgo avec son chien. Comme tous les mardis matin, on accroche sur la porte de la classe la pancarte Beware, dog reading (Attention : chien lisant). La séance peut commencer.

Ross, 8 ans, s'installe sur le tapis de lecture. C'est un setter irlandais de 48 kilos. Il a le poil long, couleur châtaigne, et trois cartes d'accréditation autour du cou. Précisons-le tout de suite : ce n'est pas lui qui lit, ce sont les enfants. Ross se contente d'écouter.

Chacun à leur tour, les écoliers viennent s'asseoir sur le tapis, et lisent une histoire au grand chien. Ils choisissent généralement une histoire d'animaux : Si vous donnez un cookie à une souris ou Tom le télé-chat. Au besoin, ils lui montrent les photos. Barbara Murgo aiguille l'apprentissage. "Est-ce que tu peux expliquer à Ross ce que veut dire le mot imagination ?" Jennifer Flores, 10 ans, n'est pas très sûre de la définition. Barbara explique. Deux pages plus loin, Ross ne sait pas non plus ce que signifie "pollution". "C'est comme chaud ?", interroge la fillette.

La lecture à chien est une méthode pédagogique qui commence à entrer dans les écoles américaines. Elle est destinée à encourager la lecture. "Les enfants sont en confiance. Ils n'ont pas peur de faire des fautes", dit Barbara Murgo. Le grand avantage du chien, c'est qu'il n'a pas l'esprit critique. "Il ne va pas corriger les élèves, ou les reprendre. Il les accepte tels qu'ils sont". Il n'y a qu'à regarder Ross. Ce n'est pas lui qui irait reprocher à Martha Leonzo, qui est en CM2, de dire "planète" pour "pacifique". Il est affalé sur le tapis, en position de sphinx, et il a commencé à fermer les yeux.

La méthode (dite R.E.A.D. pour Reading Education Assistance Dogs) a été inventée dans l'Utah. Elle a été inaugurée à la bibliothèque municipale de Salt Lake City en 1999. Les enfants étaient récompensés par des livres enrichis d'autographes, si l'on peut dire, de la patte du chien. Le programme s'est répandu dans quarante-cinq Etats. On compte 850 brigades canines. Sur les 130 écoles publiques de ce coin de Maryland, deux l'utilisent. Les enseignants n'en font pas une affaire. Ils reconnaissent aisément qu'ils n'ont pas le monopole du soutien scolaire. Kathy Van de Poll, l'institutrice de Gaithersburg, n'est pas vexée. "C'est très différent de ce que nous pouvons offrir. Cela ajoute du plaisir à la lecture."

Les chiens sont formés. Ils ont passé un examen médical et un test de personnalité. Ils doivent être calmes et sociables. Avant les sessions, ils sont brossés et passés au déodorant pour limiter les risques d'allergies. Ross n'a pas eu de difficulté. A peine a-t-il enfilé son harnais vert qu'il se sent en mission. En plus de la lecture, les enfants sont invités à brosser le chien ou à lui caresser les oreilles. La relaxation aide les enfants. "Ils sont moins nerveux à l'idée de devoir lire". Quand on demande à Martha ou à Jennifer si elles aiment lire des histoires à un chien, elles donnent la même réponse : "Il écoute, il fait attention". La preuve, dit Christian Posada, 9 ans : "Il agite la queue."

La Washington Grove Elementary School utilise surtout la méthode pour les enfants de langue maternelle hispanique. Comme dit la directrice, Kathy Brake, l'école est "un reflet de l'Amérique d'aujourd'hui". Elle compte 45 % d'Hispaniques, 22 % d'Africains-américains, 12 % d'Asiatiques. Derrière son visage rural de village du Maryland, Gaithersburg abrite une communauté dortoir, à 40 km de Washington. La moitié des 355 enfants ont droit à la cantine gratuite, ce qui signifie qu'ils

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vivent sous le seuil de pauvreté. Quand Ross n'est pas là, c'est Tucker, un épagneul, qui prend le relais sur le tapis de lecture. "J'aimerais qu'on puisse avoir plus de chiens", dit la directrice.

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Unité de Formation 6

Grammaire

Les pronoms indéfinis (II) chacun, chacune

valeur distributive (il correspond au déterminant chaque); peut être représentant ou nominal

représentant d’ordinaire, il représente un nom ou un pronom dont il prend le genre

C’était les convives du jeudi. Chacun avait apporté quelque cadeau. (Flaubert)

Félicitations ! Chacun d’entre vous a fait son devoir. De toutes ces beautés diverses qui chacune avaient leur défaut, il fit une beauté unique. (Musset)

observations :

lorsque le participe précède chacun, on q le choix entre son, sa, ses et leur, leurs

On voyait défiler lentement de grands chariots portant chacun son accacia. (Daudet)

Tous deux étaient arrivés rue de Lagnac (…) absorbé chacun dans leur préoccupation personnelle. (Hugo)

lorsque chacun explicite un pronom personnel (qui, avec un impératif, reste sous-jacent) de la 1ère ou 2e personne, l’usage ordinaire est de rapporter le possessif à ce pronom personnel et donc d’utiliser notre, nos, votre, vos

Vivez chacun de votre côté.

Nous demeurâmes un moment rêveurs, chacun dans notre coin. mais : Nous sommes six cents (…) chacun sur son cheval.

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lorsque chacun explicite un nom / pronom à la 3e personne du pluriel, on peut choisir entre son, sa, ses et leur, leurs

Les deux clercs écrivaient, chacun à sa table. (Vigny)

Les instruments s’essaient chacun de leur côté. (Larbaud)

chaque remplace souvent chacun en langue populaire ou commerciale ; cet emploi ne peut pas être considéré comme relevant du bon usage

Cent fioles d’une contenance de deux onces chaque. (Huysmans)

nominal

chacun s’emploi pour désigner toute personne, sans distinction, tout le monde ; il est généralement au masculin ; chacun nominal apparaît notamment dans des phrases averbales, des proverbes, des sentences

Chacun prend son bien où il le trouve. Chacun pour soi, Dieu pour tous. observations

selon un usage ancien, chacun peut être précédé de l’article indéfini ou de tout un :

Elle est à la portée d’un chacun. (Bloy) Tout un chacun pouvait vous approcher. (Péguy)

chacun peut désigner les personnes d’un couple (langue familière), avec déterminant possessif à la 3e personne

Ils amenèrent (…) avec soi leur chacune. (Yourcenar)

chacun ne peut pas être accompagné d’une proposition relative ; à ne pas construire de tels énoncés :

Mon enfance (…) s’est passée tour à tour chez chacun qui trouvait les moyens de s’enrichir.

maint

nominal, il se réfère à des personnes ; représentant, il se réfère à des choses ou à des personnes

Comme maints l’assurent, cet été il fera beau. Dans mainte de nos provinces, le peuple est content.

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le même représentant ; personnes ou choses, avec le genre de l’antécédent

Je suis allé dans plusieurs théâtres (…) j’ai fini par aller toujours dans le même. (Romains)

nominal, il est neutre (= la même chose) Cela revient au même. on

il est toujours nominal et sujet (le verbe, au singulier) ; il ne concerne que des personnes

sens tout à fait vague On ne prête qu’aux riches. Si on a besoin de moi, je serai dans mon bureau. sens précis (une personne ou plusieurs personnes, bien déterminée(s))

On est demeuré là, assis. (Céline) ; concurrent de nous, surtout dans la langue parlée familière

nuance stylistique (modestie, mépris, ironie, etc.) ; dans la langue la plus soignée, remplaçant tous les pronoms personnels

On est fâché ? (on = tu, à un enfant) observations on doit être répété devant les verbes coordonnés On saute ou on ne saute pas. (Malraux) mais :

Les dames à qui l’on enlevait ou remettait leurs manteaux. (Hériat)

il n’est pas admis qu’une même phrase contienne plusieurs on désignant des sujets différents

le pronom personnel ou un adjectif possessifrenvoyant à on pris dans son sens indéfini est exprimé par nous, notre (quand le locuteur se met dans la collectivité) ou par vous, votre (quand il ne le fait pas)

Quand on se plaint de tout il ne vous arrive rien de bon. (Chardonne)

On étendait l’herbe avec nos fourches sur le lopin sec.

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si le pronom personnel est complément du verbe dont on est le sujet, on emploie se et soi ; on met son quand le possessif accompagne le complément du verbe dont on est le sujet

On lave son linge sale dans la famille. On ne pense qu’à soi. personne

c’est un pronom nominal ordinairement masculin

peut encore avoir un sens positif (personne <– persona, « masque de théâtre », « rôle », « être humain ») (= quelqu’un, n’importe qui)

Je suis meilleur juge que personne. (Augier) Les missionnaires (…) ont-ils converti personne ?

dans l’usage ordinaire, il s’emploie dans un contexte explicitement négatif, soit dans la dépendance de sans, sans que, soit comme auxiliaire de l’adverbe ne

L’avenir n’est à personne. (Hugo) Personne ne sera assez hardi pour le faire.

personne a pris par contagion le sens négatif de l’adverbe ne qu’il accompagne ordinairement Qui vient ? Personne.

plusieurs

il est toujours pluriel ; peut avoir les deux genres sans changer de forme nominal Ceci nous fut refit par plusieurs. (Gide) Plusieurs étaient amoureuses de lui. représentant ; se dit des personnes et des choses J’ai reproduit dans mon ouvrage plusieurs de leurs signatures.

quelqu’un

il s’emploie toujours pour des réalités nombrables ; accord au féminin et au pluriel (quelqu’une, quelques-uns, quelques-unes)

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représentant ; se dit des personnes et des choses

au pluriel (langue courante) pour désigner un nombre indéterminé et peu considérable

au singulier (langue littéraire) pour désigner un représentant non précisé d’un ensemble,

mentionné avant ou après

Je devinais quelqu’une de ces opérations qu’il faisait en secret. nominal ; ne se dit que des personnes il s’emploie surtout au masculin singulier (langue ordinaire) Quelqu’un frappe à la porte.

quelques-uns est employé dans la langue soignée ; à l’indétermination concernant l’identité s’ajoute une indétermination concernant le nombre

Sa légende aide quelques-uns à vivre.

quelqu’un reprenant un quelqu’un qui précède est parfois accompagné d’un déterminant démonstratif ou d’un article

Il faut bien que quelqu’un paie et personne ne veut être ce quelqu’un. (Bainville)

qui distributif (langue soignée)

Les clients prenaient qui du thé, qui du porto, qui un whisky au soda. (Bourget) Qui apportait un fromage, qui un sac de noix, qui un quartier de chèvre. (Sand) il est exceptionnel que qui représente une seule personne Tous deux partent, qui en sabots, qui chaussé à la muette. (Pourrat) si qui est accompagné d’un syntagme contenant un possessif, on peut avoir son, sa, ses ou leur, leurs

Ils avaient perdu qui leur couronne, qui leur sceptre, qui leur pourpre. (Gautier) L’auditoire gémit en voyant dans l’enfer tout ouvert qui son père et qui sa mère, qui sa grand-mère et qui sa sœur. (Daudet)

quiconque

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comme pronom indéfini signifie « n’importe qui », « qui que ce soit » Défense absolue de parler à quiconque. (Daudet)

Qui d’entre nous accorde à quiconque le droit de juger ? (Saint-Exupéry)

il n’est pas correct de faire suivre quiconque de qui Quiconque de vous qui restera en arrière sera considéré comme traître. ici il faut employer quiconque comme pronom relatif Quiconque de vous restera en arrière sera considéré comme traître.

néant

comme pronom nominal n’a plus que des emplois limités dans la locution réduire à néant comme mot-phrase négatif : signe particulier : néant

rien

pronom nominal qui s’applique aux choses (les mots qui s’accordent avec lui sont au masculin singulier)

conformément à son origine (rien <– rem, accusatif de res, chose), rien s’emploie encore avec un sens positif (= quelque chose) La bonne vieille est loin de rien soupçonner. (Green) Il n’est plus temps de nous rien cacher. (Estaunié) le plus souvent, rien s’emploie dans un contexte explicitement négatif, soit sous la dépendance de sans, sans que, soit comme auxiliaire de l’adverbe ne Un homme de ton âge ne doit pas vivre sans rien faire. Qui ne risque rien n’a rien. plus souvent encore que d’autres auxiliaires de la négation, rien a pris par contagion le sens négatif (« nulle chose ») de l’adverbe ne qu’il accompagne d’ordinaire Dieu a créé le monde de rien. Que vous a coûté cela ? Rien. Le passé est réduit à rien. (Camus) observations

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rien mot négatif peut être nié Ce n’est pas rien. (= c’est quelque chose) rien négatif est renforcé dans diverses formules absolument rien, rien de rien, trois fois rien rien s’emploie souvent comme exagération pour « peu de chose » Il a eu cette maison pour rien. Il a mangé son bien en moins de rien.

rien est placé avant un infinitif et entre l’auxiliaire et le participe passé dans les temps composés lorsqu’il est complément d’objet direct

Elle ne veut rien accepter. Il n’a rien oublié. Il ne s’est rien refusé. cependant, dans la langue littéraire on peut placer rien après l’infinitif Ils ne pouvaient prouver rien.

si rien a un complément, il est plus courant que ce syntagme suive l’infinitif

Il ne pouvait espérer rien d’autre qu’une longue série de missions.

on trouve souvent rien séparé de son complément et placé avant l’infinitif ou le participe

Je n’ai rien trouvé de coupable en cet homme. (Bible) autres valeurs de rien nominale : Il dit toutes sortes de riens. (Duhamel) rien que, avec le sens de seulement Rien que le silence répond. Je m’énerve rien qu’à le voir.

tel il exprime une identification volontairement imprécise comme nominal, à propos de personnes expressions : tel ou tel, tel et tel (avec variations en genre et nombre)

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Je sais bien que tel ou tel est avare. (de Régnier) On comptait parmi les coupables tels et tels. Un cercle se forme autour de moi, tandis que je picore tel

ou telle. dans des phrases relatives Tel est pris qui croyait prendre. Tel qui rit vendredi dimanche pleurera. comme représentant, à propos de personnes ou choses (langue écrite) tel… tel autre (avec variations en genre et nombre)

Sur tous les meubles il y avait des petites statues ; telles étaient bénéfiques, telles autres maléfiques.

devant un syntagme nominal introduit par de, avec le même sens que un (au singulier) et certains (au pluriel)

En rêve j’ai retrouvé telle de mes obsessions enfantines.

un tel s’emploie à la place d’un nom propre, lorsqu’on ne veut / peut nommer la personne plus précisément

Tel homme a été tué dans telles et telles circonstances. Un tel et un tel sont suspects. (Simenon)

un tel s’emploie parfois de manière distributive, comme tel Un tel néglige le bain rituel, tel autre n’est pas exact à la prière. au pluriel, un tel reste invariable, comme les noms de famille Tiens… les un tel. (Daudet) tout

tout masculin singulier à valeur de neutre s’emploie comme nominal au sens de « toutes les choses »

Tout est bien qui finit bien. D’un homme pareil, on peut s’attendre à tout. Une bonne à tout faire.

tout s’emploie souvent pour annoncer ou rappeler un ensemble explicité après ou avant

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Tout tournait autour d’eux, les lampes, les meubles, les lambris et le parquet. (Flaubert)

Les citernes, les bassins et les viviers, tout était infecté. (Daudet) tout entre dans un grand nombre de formules figées et de locutions :

à tout prendre, avant tout, après tout, comme tout (qui marque le haut degré) ; malgré tout

au pluriel, tout peut être nominal (il désigne des personnes) ou représentant (il désigne des personnes et des choses)

J’aime tous et n’accuse aucun. (Verlaine) Il est mort pour le salut de tous. - - - - - - - - - - - - - - - Traduction ToŃi erau prezenŃi, dar nimeni nu voia să vorbească. Mai mulŃi dintre colegii lui plecaseră deja la stadion. De ce aş avea nevoie de atât, dacă am rămas singur ? Îmi spui lucruri unele mai bizare decât celelalte. Unii spun că intenŃiile sale erau sincere. Când te plângi de toate nu Ńi se întâmplă nimic bun. CâŃiva, ici colo, laudă cartea ; mai mulŃi o critică ; cei mai mulŃi tac. Fiecare dintre ei este capabil de frumoase performanŃe. Lucrul ăsta ne-a fost repetat de mai mulŃi. ToŃi se pregătiseră, dar unii dintre ei aveau emoŃii. Cei doi călugări scriau, fiecare la masa lui. Îi înŃeleg bucuriile. Cred că aş mai fi capabil de unele dintre ele. Îşi chema prietenii, dar numai tăcerea îi răspundea. Prietena mea nu-mi ascunde nimic, îmi spune tot ce i se întâmplă. Nu trebuie să râvneşti la bunul altuia. Nici unul nu ştie mai bine să-şi trădeze prietenii. Au minŃit ? Au trădat ? Au făcut şi una şi alta. Lucrurile se schimaseră ; fiecare lua pe dos ce spunea celălalt. Am reprodus în lucrare mai multe dintre desene. PoliŃiştii au arestat pe cineva ? Contrôle et auto-évaluation Texte à traduire

Aveam douăzeci de ani când am pornit să cuceresc lumea. Ştiam să cânt la pian şi ce voce frumoasă aveam!... Prietenii îmi spuneau că într-o zi, repede, admiratorii se vor repezi să-mi ceară autografe, că pe nici un afiş nu va fi vreun nume mai mare decât al meu.

De câte ori urcam pe scenă inima îmi bătea cu putere: erau sentimentele pe care le modelasem şi pe care voiam să le împărtăşesc publicului. Căci dacă nu aş fi avut ceva să-i spun de ce aş fi venit în faŃa lui? Nu cred că vreun artist vede lucrurile altfel. Cu cât mă gândesc mai mult, cu atât sunt mai sigur de asta.

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Spectatorii, ale căror ovaŃii le aşteptam, n-au înŃeles nimic din arta mea. Dar oricare le este părerea despre mine, am să le arăt că am talent, am să-i fac să-şi regrete prostia. - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Rédaction

Le journalisme culturel L’école de Delft à la National Gallery

L'école de Delft fut l'un des foyers les plus actifs des Pays-Bas entre 1650 et 1660.

L'exposition londonienne vise à replacer l'oeuvre de Vermeer au cour de l'effervescence artistique de la cité et de la création de ses contemporains. Plus de 75 chefs-d'oeuvre de 28

artistes vont éblouir la foule des visiteurs. Londres, de notre envoyé spécial Jean-Marie Tasset « Le Figaro » Comme il faut se méfier de ces Hollandais bon enfant, de ces matérialistes hilares devant leur table bien garnie ! Ils boivent à plein bord, aiment l'amour, la ripaille et les querelles. Ils aiment tout, ils piochent partout : c'est de Turquie qu'ils firent venir leurs tulipes, de Rome leur clair-obscur, des Indes, du Brésil, de n'importe où et de nulle part leurs épices et leurs rêves fous de navigateurs avisés et de marchands retors. Cette joie de vivre est-elle aussi claire, aussi simple qu'il y paraît ? Ce peuple combattant qui a pour terre cette lande qui s'est créée elle-même en s'arrachant laborieusement à la mer, ces bourgeois âpres et religieux sont-ils aussi paisibles, aussi satisfaits d'eux-mêmes que ces grands portraits suspendus dans leurs salles de réunion le proclament? Oui, sans doute, mais l'affabulation sacrée ne masque plus, pour eux, cetteinquiétude indicible qui nous habite tous. Le ciel et ses saints ont bon dos: de Naples à Anvers, leur martyre proclame la rédemption, leur misère sùexalte dans une transcendance divine. Mais ces Hollandais qui gèrent leur République comme une prudente maison de commerce, ces marchands d'Amsterdam et de Delft qui refusent le mythe, lorsqu'ils ont fini de dresser leurs riches dessertes, fini d'admirer leurs beaux uniformes, ne vont-ils jamais au-delà de leur image ? La révolution picturale hollandaise se situe dans ce passage de l'épaisseur rassurante du monde extérieur aux gouffres qu’elle recouvre. L'exposition éblouissante de la National Gallery de Londres, «Vermeer et l'école de Delft», nous entraîne chez ces conquistadors des extrêmes tranquilles. La peinture, dès le quattrocento ou chez nos primitifs français, avait déjà connu le paysage, mais le paysage entrevu par échappées, comme accessoire et fond de tableau. Il appartient à la Hollande de l'aborder pour lui-même, comme le fait Paulus Potter, précurseur de l'hyperréalisme, et ainsi que le pratiquaient depuis quelque neuf siècles les paysagistes chinois. Alors, sur leurs petits tableaux, c'est tout le cadre, toute la vie quotidienne de cette sage, calme et active population

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néerlandaise que ressuscitent pour nous ces peintres avec la probité et la santé de leur réalisme, leur joie de peindre amoureusement. Parfois, ils pratiquent la malice souriante comme remède à nos mortelles mélancolies. L'exposition de la National Gallery met en perspective Vermeer et les autres artistes, ses contemporains, notamment Pieter De Hooch. C'est un peu Haydn face à Mozart. La peinture de Pieter De Hooch est exquise. Le monde qu'elle révèle est parfaitement vrai, prosaïquement vrai. Il est le peintre des intérieurs, des intimités silencieuses. Ses personnages, guère plus animés que les meubles qui les entourent, ne sont que des prétextes à éclairage (La Cour d'une maison hollandaise). Son jeu des couleurs et des plans est simplifié à l'extrême. Pieter De Hooch est aux portes du très grand art, là où l'artisan corrige ce que les gestes de l’inspiré ont pu avoir de gauche. Cette extrême tension, nous la trouvons chez un peintre encore mystérieux, Carel Fabritius, le professeur, justement, de Pieter De Hooch et de Vermeer. Très influencé par Rembrandt (Autoportrait, 1648-50), dont il fut l'élève, il peignit assez peu, et la plupart de ses tableaux ont disparu aujourd'hui. Mort à trente-quatre ans ou trente-cinq ans, avec toute sa famille, à la suite de l'explosion de la poudrière de Delft, bon nombre de ses oeuvres furent détruites en même temps. C'est à juste titre que l'on accorde une place à part à l'un des tableaux les plus beaux du XVIIe siècle hollandais, son Chardonneret. Vermeer est déjà là, dans cette sensibilité lumineuse qui filtre dans la vigilance du silence. Comme dans un conte, on s'attend toujours que la magie de l'artiste fasse chanter ou voler l'oiseau dans l'extrême précision du voyage graphique. Il est cependant immobile, rengorgé, perché sur son reposoir dans les environs de l'ocre du mur, en lisière du réel, là où on ne distingue plus l'objet de son simulacre. Si l'exposition de la National Gallery n'avait pas d'autre chefs-d'oeuvre, il faudrait y aller pour cette seule composition de trente-trois centimètres et demi sur vingt-deux. Et puis voici celui que l'on attend le plus. Peu de peintres sont aussi rebelles à l'histoire que Vermeer (Delft, 1632-Delft, 1675). Non seulement les documents susceptibles d'éclairer sa vie ou son oeuvre font défaut, mais la mythologie, voire la mythomanie, le transfigure ou plutôt le défigure. C'est, pourrait-on dire, une victime de la réhabilitation. Apprécié de son vivant tout en demeurant méconnu, il a été tout simplement oublié par la suite comme un Jean-Sébastien Bach. Il faut attendre Thoré-Burger et son retentissant article de 1866 dans La Gazette des beaux-arts pour le voir réintégrer la famille des grands maîtres. Eugène Fromentin le devine, Proust, lui, proclame le génie de Vermeer. Aujourd'hui disséquées, étudiées, examinées, scrutées, discutées, les oeuvres du maître de Delft livrent une partie de leur technique de composition, mais elles gardent obstinément leur mystère. Elles nous imposent le silence, c'est la parole la plus complète. Car la peinture de Vermeer est aussi fugace que l'artiste. Il est trop facile d'entrer dans un de ses tableaux. Il n’oppose aucune barrière. Modestement, avec insistance, les images de Vermeer font ralentir notre regard, lui demandent d'abandonner sa négligence, son incessant balayage, pour qu'il se concentre, se recueille sur quelque chose d'ordinaire qui glisse doucement vers l'extraordinaire. Peu de peintres, dans toute l'histoire de l'art, donnent cette impression de sortilège que nous ressentons devant chacune de ses oeuvres. Tout au long de l'exposition de Londres, on remarque que le clair-obscur des débuts disparaît peu à peu de ses tableaux. Plus il s'efface, pourtant, plus le relief, la profondeur s'accusent, comme dans l'autoportrait de dos, où Vermeer s'est représenté en train de peindre une mystérieuse jeune femme - que certains disent être sa femme. Ici comme dans la plupart de ses oeuvres, la lumière vient de gauche, d'une fenêtre. L'extrême bord des choses s'énonce dans un dépouillement qui confine à l'irréalité. Etat limite de tout esthétisme où le sujet ne semble vraiment avoir qu'une

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importance secondaire. L'envers des apparences remonte à la surface du tableau, le silence éclate en fine poussière qui saupoudre l'épure d'un monde en constante éclosion. Toute la panoplie de la vie domestique dresse ses sensations lumineuses sur ces territoires familiers. Le raffinement sensuel, ici, remplace la description d'un instant. Le peintre s'interroge longuement sur la portée de chaque sensation, et en note l'affleurement voluptueux dans l’espace de la conscience. Tous les artistes de l'exposition qui entourent, avec plus ou moins de bonheur, le maître de Delft ont en commun, ce que Proust découvrira bien plus tard, cette manière de retenir le fugace. Vie et mort de l'instant, autour du réel qu'ils parent de tous les prestiges du rare, du fragile, du mortel. _________________________________ Londres, National Gallery, ouvert jusqu'au 16 septembre de 10 à 21 heures le mercredi et de 10 à 18 heures tous les autres jours. Réservation obligatoire des billets dans les Fnac. L'exposition a été «mécénée» par Ernst & Young. Eurostar propose des forfaits pour cette exposition.

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Lectures supplémentaires 24 heures dans la vie d’une geisha Eric Martin/Le Figaro Magazine François Simon

Nous avons pu, chose exceptionnelle, suivre une geisha dans la vie de tous les jours, à Kyoto.

Et découvrir, à cette occasion, le traditionnel fossé entre les phantasmes occidentaux et la réalité nippone.

Demander au concierge du New Otani Hotel d'Osaka où trouver une geisha appartient à ces braves malentendus qui vous font voyager la terre entière. Autant demander à Paris où sont les poulbots de Montmartre, l'homme au béret et à la baguette, le nom du soldat inconnu. Vous risquez même de vous retrouver dans un club de Shinsaibashi, 4e étage.

A peine est-on arrivé que la directrice vous propose un choix d'envergure mondiale : «Vous voulez une Sud-Américaine, une Russe ou une Asiatique ?» Va pour les deux dernières. Elles arrivent dans la demi-seconde comme extraites de pages de magazines pour homme. Leur façon de s'habiller laisse à penser que l'on doit crever de chaud dans cet établissement. Ce

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n'est que le début. Les consommations redoublent. Et voilà que la Russe s'avère être roumaine. Elle s'appelle Elena, dégage une vulgarité desséchante. Elle sert (donc) beaucoup à boire, entretient la conversation, ajuste son décolleté scandaleux et vous incite régulièrement à récompenser la danseuse topless. Ce n'est pas compliqué, il suffit de faire comme les autres, s'allonger sur le dos au bord de la piste et la féline vient vous happer le billet de 5 000 yens que vous tenez dans la bouche. A 4 heures du matin, vous sortez de cette boîte «inexpensive» avec un portefeuille lacéré. Pour deux, l'aventure nous aura coûté plus de 700 euros, avec comme butin : le groupe sanguin d'une admirable Costa-Ricaine (0+) et son (faux) numéro de portable arraché comme un baiser. Vous voilà bien, misérable, pas fier, la chemise hors du pantalon. Bien fait pour vous.

La prochaine fois, vous préparerez mieux votre voyage. A commencer par passer un coup de plumeau sur votre langage. D'abord le mot geisha (l'idéogramme signifie «art» et «personne») n'existe pas vraiment au Japon. Lorsque vous le prononcez, on vous regarde avec une pitié désolée, comme si un touriste étranger venait à régler un café avec des anciens francs. Parlez plutôt des maïko-san, l'apprentie, ou alors de la geiko-san, stade que l'on atteint après l'âge de 20 ans. Elle possède alors l'art de la danse, du chant, des instruments de musique (tambour, flûte, guitare à trois cordes), de la calligraphie, de la disposition des bouquets de fleurs. Il faudrait également que vous vous rappeliez une bonne fois pour toutes qu'une geisha n'est pas une prostituée et ne le sera jamais. De nombreuses fausses geishas entretiennent ce malentendu. Il faut quinze minutes à une hôtesse de bar pour apprendre à s'asseoir sur un tabouret ; des années à une maïko pour être digne d'apparaître en société.

La maïko appartient à cette catégorie de muses, d'égéries voire de courtisanes qui traversent les époques. En France, ce sont sans doute les «grandes horizontales» du second Empire qui se rapprochent le plus du rôle de la geisha : la dame aux Camélias, Marie Duplessis, Cora Pearl, la Païva réunies sous une même bannière: nous donnons, nous ne vendons pas. Elles partagent avec elle ce code de galanterie, avec son subtil dispositif de protocoles. Ici, à Kyoto, il vous faudra entrer dans un univers diaphane, d'une légèreté troublante. Approcher l'élégance de l'émotion, cette fameuse notion d'iki, et son panache discret. Cette idée semble désuète chez nous. Le mot pourtant est exquis. Vous en souvenez-vous ? Le chic.

En fait, il faudrait pouvoir approcher cet univers. Mais c'est pratiquement impossible. On peut photographier les «geishas» trottinant dans le quartier Gion à Kyoto. Ce sera fugitif et surtout désolant de passivité touristique. Il faut être tout simplement richissime (riche ne suffit pas) pour pouvoir subventionner l'okyia, cette pension chapeautée par la maman-san avec geiko, maïko et servantes. Offrir kimono (jusqu'à 4 000 euros) voire l'obi (la longue ceinture de brocart : 2 000 euros). N'oubliez pas qu'il y a quatre saisons dans l'année. Et alors seulement, vous pourrez envisager, avec l'accord de sa supérieure – la mama-san – de pouvoir convier une maïko à une soirée dans une maison de thé. Une soirée ne suffira pas, sachez-le, il faudra être un habitué. Si, par chance, vous résistez à l'essorage financier, vous pourrez envisager d'être un danna, un protecteur. Cela ne vous garantira par pour autant d'avoir les faveurs de votre maïko.

L'univers de la geisha est impénétrable. Personne ne peut entrer dans ces fameux okyia aux lourdes tuiles couleur vieil argent. Il y en quatre-vingts à Kyoto, c'est exceptionnellement que les portes de ces maisons nous furent ouvertes, sous l'aimable pression de l'honorable monsieur Kobayashi, empereur du wasabi au Japon.

Une nouvelle fois laissez votre imaginaire à l'entrée de la maison, comme l'on y retire ses chaussures. Ici, ce n'est pas une maison close où les rires succèdent aux galopades dans les

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couloirs. A 9 heures du matin, il fait grand calme. Ordre et discipline de couvent. Manechiho, 18 ans, a accepté de nous recevoir dans sa vie de tous les jours. Elle s'est couchée tard (vers 1 heure du matin) mais elle porte déjà son kimono d'hiver. Sa coiffure est irréprochable : elle a traversé la nuit sans un faux plis grâce à un oreiller tenant la nuque droite et suspendue. Elle a un visage déjà maquillé de blanc à l'instar de la nuque. La lèvre inférieure est passée au fard rouge. Les deux le seront dans un an lorsqu'elle sera geiko. Se faire servir le thé par elle est un authentique plaisir dont on ne perçoit pas immédiatement la délicatesse esquissée. Précisément, dès 11 heures, elle doit se rendre à son cours de la cérémonie du thé. C'est sans doute la spécialité de Manechiho. Lorsqu'elle vous explique la leçon, sa main fait en même temps un mouvement d'une grâce infinie, et tourne du bout des doigts un liquide imaginaire.

Dans la rue, tout le monde se retourne sur elle, avec un effroi amusé («sogoï !» terrible !), un respect indéniable. Même les jeunes filles les plus délurées baissent les yeux. Manechiho était sans doute comme elles. Elle s'appelait alors Yuko (son nom maintenant a été construit sur celui de sa grande soeur, Mane, son initiatrice). A l'âge de 11 ans, elle est tombée sur une série télévisée consacrée aux maïko. C'est ce jour-là qu'elle a décidé de suivre cette vocation. A 15 ans, elle était acceptée dans l'okyia de Kyoto. Aujourd'hui, c'est l'une des plus demandées. Et assurément des plus jolies : traits parfaits, le nez est droit, ses yeux en amande effleurent le visage, peau de porcelaine, nacre de l'iris.

A 14 heures, voici déjà l'instant d'un déjeuner pris à la hâte dans une petite pièce. Au menu: bouillon et tempuras de racines de lotus. Ensuite, cours de shamisen, ce fameux luth japonais en bois de santal à trois cordes. L'okyia vit alors au rythme singulier de ce son espacé, minéral, pincé à l'aide d'un plectre en ivoire (une sorte de médiator triangulaire). Ensuite, achats dans la ville : fards (dont un noir à base de cire pour les dents), de fonds de teint et d'une barrette pour Noël. A chaque fois, elle ne paie pas mais signe une facture qui sera adressée à l'okyia. A 16 heures, il faut déjà se hâter, commencer le maquillage qui durera près d'une heure. Chaque touche portée est subjuguante (le fard rouge déposé comme des guillemets aux commissures des yeux). Manechicho le fera agenouillée sur le tatami de sa petite chambre couleur de miel avec l'aide de sa servante. Elle a mis le CD de sa chanteuse préférée, Hito Toyo, sorte de Kate Bush forestière. Elle dispose à présent dans sa chevelure gaufrée des clinquants argentés et dorés incroyablement montés de bouquets, de fleurs à faux diamants, de retombées de glycines ou de saule en filigrane d'argent. Dans sa chambre, juste des petits dessins, la photo de son chien (Mix), des revues, des livres d'histoire ancienne. Manechiho n'a pas de téléphone portable (si vous voulez la joindre, il faudra passer par la mama-san de l'okyia) et, désolé, encore moins d'adresse e-mail. Cela ne lui manque pas. Elle ne se sent bien, dit-elle, qu'en kimono, même si lors de ses deux jours de congés mensuels, elle file parfois en jean à Tokyo, situé à deux heures de shinkansen (le train rapide).

Il est 17 heures lorsque l'habilleur grimpe les escaliers quatre à quatre. Il faut préparer Manechiho, ceinturer le magnifique kimono du fameux obi, une large ceinture de plus deux mètres de long, disposer des plis, faire retomber les deux pans de l'obi, tirer sur les tissus (le claquement de la soie bousculée), disposer les manches extrêmement longues, nouer dans le dos. A 18 heures, elle est prête. Nous filons avec elle à son premier rendez-vous. Elle trottine dans la rue sur ses hauts sabots de bois brodés. Ses petits pas sont charmants. Ils mettent en valeur sa silhouette et le jeu sophistiqué de son kimono qui s'entrouvre à ses chevilles sur le mouvement des brocards. Nous nous saluons pour la retrouver en fin de soirée. Elle arrivera exténuée. Elle a beaucoup dansé mais ne laisse rien apparaître. Au contraire, elle est sollicitude constante. Elle est bien cet être hors du commun appartenant au monde des fleurs et des saules (haryukai), c'est-à-dire le demi-monde de la frivolité ; la maIko en est le saule, la prostituée de haut vol la fleur; «Saule, dit-on, parce qu'elle sait se plier gracieusement dans plusieurs directions au gré des vents de la fortune et du caractère du client.» Pendant qu'un

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grand cru du bordelais coule dans de larges verres. La note sera effarante: cinq bouteilles à 400 euros n'étant que le final d'une soirée qui aura coûté 12 000 euros pour cinq à notre bienfaiteur (le budget des frais de représentation au Japon dépasse celui de la Défense).

C'est un authentique plaisir de voir comment Manechicho se glisse dans votre champ visuel. Pour avoir été accaparé par une discussion sur le nouveau film Geisha (ici, au Japon, on est poliment atterré par cette évocation occidentale), j'ai senti que Manechicho déployait un subtil jeu de paupières baissées et de regards rentrés. On se laisse alors subjuguer par le phrasé des intonations de Kyoto : c'est ici que l'on peut entendre la plus douce des prononciations, la plus tendre : on dit «merci» okini alors qu'à Tokyo c'est arigato. Tout se déroule avec harmonie : la joliesse des mouvements (tout : même glisser la paroi coulissante avec la paume et le l'index), les expressions désarmantes : «Otamamoshi !» (cela me ferait si plaisir), l'érotisme si lointain ne sera suggéré que par la fugitive inclinaison de la nuque (on réapprend l'alphabet). Même un éternuement peut vous troubler (un «tchi» de souris).

Minuit est passé, Manechico a quitté discrètement la table basse. Une geiko impavide s'est emparée du shamisen, égrène quelques «bong bing bong» tailladés de silence, lance un chant mélancolique bousculé de fréquences hétérogènes, oubliant parfois même sa propre voix. Il évoque le printemps qui tarde. Manechiho a entamé sa danse, faite d'une gestuelle appuyée. Son regard porte dans un lointain déchirant et sublime. On ressent alors ce que, depuis trois cents ans, des hommes ont pu- éprouver, quitter ce monde, se séparer du quotidien et retrouver ces rivages, les saules et les fleurs de lotus. Rejoindre le bouleversant. Passer du goût à la passion.

* Le bel héritage d’Arequipa Martine Jacot «Le monde» C'est un curieux "village" de femmes. Les noms des plus illustres d'entre elles, filles de l'aristocratie coloniale péruvienne et bolivienne, sont gravés au fronton de leurs anciennes demeures. La Casa de Manuela Ballon, celle de Maria Murtado, de Rosa Cardenas ou de Dolorès Llamosas se succèdent dans un camaïeu d'ocres jaunes ou bruns, de bleus indigo et de rouges foncés, au cœur d'Arequipa la Blanche : la plupart des édifices de la deuxième plus grande ville du Pérou sont taillés dans une pierre volcanique (le sillar) aussi immaculée que les neiges éternelles des trois hauts volcans qui l'encadrent.

Des hommes ont construit, à la fin du XVIe siècle, ce village dans la ville, vaste dédale de patios fleuris, de placettes aux fontaines gazouillantes et de rues sinueuses aux noms andalous (Séville, Grenade, Cordoue, etc.), mais aucun n'y a officiellement vécu. Car ce village, avec ses églises, chapelles et cloîtres, est un couvent, celui de Santa Catalina, l'un des plus anciens, des mieux conservés et des plus vastes du continent américain, puisqu'il couvre 20 400 m2. Il compta jusqu'à 500 pensionnaires. Aujourd'hui, une quarantaine de religieuses y occupent le quart de sa superficie, isolées du public, autorisé à visiter les lieux depuis 1970. Ces

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carmélites respectent les vœux de pauvreté et de silence qu'elles ont prononcés. Ce ne fut pas toujours le cas dans l'histoire de cette forteresse, où l'on remonte le temps jusqu'aux magnificences de l'ère coloniale.

La première bienfaitrice de ce couvent, doña Maria Alvarez de Carmona y Guzman, a été décrite comme "distinguée, jeune, veuve, joyeuse et intelligente" par les chroniqueurs de l'époque. Première supérieure des lieux, elle y attira sa fille, ainsi que les cadettes des meilleures familles de l'aristocratie espagnole, les aînées étant vouées à se marier. Elle exigea des novices une dot importante, en pièces d'or ou d'argent, mais les recluses pouvaient conserver leur train de vie et disposer d'une à quatre servantes ou esclaves chacune. Le réfectoire fut vite délaissé, de même que le dortoir, où chacune conservait un lit pour la forme. Et leurs "cellules" devinrent des maisonnettes, pieusement mais richement décorées. Une chambre pour la recluse, une autre pour ses servantes, un salon parfois, une courette, une cuisine extérieure, un jardinet.

L'un des logis les mieux conservés est celui de sœur Ana de Los Angeles Monteagudo, élue supérieure en 1648. Elle est la bienheureuse de ce couvent, béatifiée en 1985 par le pape Jean Paul II pour les miracles qui lui sont attribués. Après sa mort, les sœurs continuèrent de mener grand train derrière les hauts murs de la rue Santa Catalina. Au XIXe siècle, la Française Flora Tristan, avant qu'elle ne devienne radicalement féministe et révolutionnaire, fut tout étonnée du faste des lieux et de la légèreté de ses pensionnaires sans voile. Arrivée à Arequipa en 1833 dans l'espoir de récupérer auprès de sa famille paternelle une partie de l'héritage de son père, Mariano Tristan y Moscoso, mort prématurément à Paris, elle trouva refuge au couvent de Santa Catalina avec ses tantes et cousines pendant les six jours d'une guerre civile locale.

"Quels hourras quand j'entrai!", raconte-t-elle dans Pérégrinations d'une paria (Maspero, 1979 ou Actes Sud, 2004). A peine la porte fut-elle ouverte que je fus entourée par une douzaine de religieuses qui me parlaient toutes à la fois, criant, riant et sautant de joie. (…) Celle-là écartait ma robe par-derrière, parce qu'elle voulait voir comment était fait mon

corset. Une religieuse me défaisait les cheveux pour voir comme ils étaient longs; une autre

me levait le pied pour examiner mes brodequins de Paris; mais ce qui excita surtout leur

étonnement, ce fut la découverte de mon pantalon." Les dîners où elle fut invitée dans les "cellules" furent "des plus splendides" : "Nous eûmes de la belle porcelaine de Sèvres, du linge damassé, une argenterie élégante et, au dessert, des couteaux en vermeil. Quand le

repas fut terminé, la gracieuse Manuelita nous engagea à passer dans son retiro (salon). Elle

ferma la porte de son jardin et donna des ordres à sa première négresse, pour que nous ne

fussions point dérangées." Ladite Manuelita eut même le droit de monter un cheval au couvent pour soigner une maladie nerveuse, ironise Flora Tristan. Concerts dans la chapelle, banquets chez l'une ou l'autre : les nonnes de Santa Catalina n'étaient pas astreintes, comme les carmélites d'un couvent voisin, "à cette foule de pratiques religieuses qui emploient tout le temps de ces dernières".

A cette époque, le Pérou était une République depuis quelques années, mais "tout, dans cette ville de 30 000 âmes, où les Blancs se faisaient passer pour nobles ou rêvaient de l'être,

dénonçait la colonie", résume l'écrivain Mario Vargas Llosa, dans son livre Le Paradis un peu plus loin (Folio, 2003) sur la vie de Flora Tristan et de son petit-fils, Paul Gauguin. La vie sociale et mondaine, ajoute-t-il, y était "plus intense qu'à Paris", considérée alors comme la "succursale du Paradis" par les Aréquipègnes : "Les familles rendaient et recevaient des visites tout le jour et, dans l'après-midi, on mangeait les délicieux biscuits et friandises que

préparaient les religieuses cloîtrées."

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L'hédonisme ne dura cependant plus très longtemps à Santa Catalina, et la parution du livre de Flora Tristan à Paris, en 1838, n'améliora pas la réputation de cet îlot de frivolité. Le Vatican, las de ses vaines admonestations, se décida à envoyer la dominicaine Josefa Cardena pour y remettre bon ordre. La dot fut supprimée, servantes et esclaves furent libérées, dont certaines prirent le voile, une chance pour les"aristocrates" qui apprirent d'elles comment faire leur lit au dortoir, laver leur linge et nettoyer le réfectoire.

L'oncle de Flora, don Pio Tristan, général espagnol devenu président de l'Etat du Sud-Pérou en 1838, fit en public, sur la place d'armes d'Arequipa, l'autodafé du livre de sa nièce, coupable d'avoir moqué les mœurs de la bonne société locale. Plus grave pour Flora, séparée d'un mari français violent, don Pio lui coupa la petite rente qui lui permettait de vivre à Paris avec ses enfants. L'ouvrage la fit cependant connaître dans les milieux intellectuels parisiens : jamais aucune femme n'avait osé mettre à nu sa vie privée si crûment ni réclamé aussi vivement le droit au divorce et la fin de l'exploitation des plus démunis. Arequipa salue aujourd'hui timidement la mémoire de Flora Tristan, sans aller toutefois jusqu'à apposer une plaque sur le devant de la belle résidence du richissime don Pio, où Flora vécut huit mois. Ce 108 de la rue San Francisco est actuellement le siège d'une… banque.

* Lisbonne. Les hauts lieux du fado Sylvie Lasserre avec les Guides Gallimard coordination Françoise de Maulde «L’Express»

Quartier populaire de la capitale portuguaise, Alfama résonne le jour des clameurs des vendeuses ambulantes

et se laisse gagner, le soir venu, par la ùélodie plaintive du fado

Le tramway n°28 vient de quitter la ville basse et se dirige en bringuebalant vers Alfama, un quartier populaire de l'est de Lisbonne. C'est l'heure de pointe. Un jeune homme se lève spontanément pour laisser sa place sur la banquette en bois à un vieux monsieur. Le véhicule jaune attaque, en ahanant, l'ascension de la colline, négocie en grinçant le virage de la Sé Patriarcal, la cathédrale, et s'arrête, comme épuisé, à quelques encablures du parvis.

C'est à l'ombre des hautes tours romanes que se niche Alfama, l'un des rares secteurs de la capitale à avoir été épargné par le tremblement de terre de 1755. Ici, on dit «à Alfama»: plus qu'un quartier, c'est un village dans la ville, avec son centre et ses faubourgs. Presque tous ses habitants y sont nés et beaucoup n'en sortent jamais, formant un tissu social d'une incroyable densité. La petite enclave, qui s'étire le long du Tage et remonte à flanc de colline jusqu'au pied du château Saint-Georges, a longtemps vécu refermée sur elle-même. Elle s'ouvre

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aujourd'hui sur le monde, partageant ce qui fait sa singularité: le fado, blues portugais, apparu au XIXe siècle, qui tire son nom de fatum - mot latin signifiant «destin» - et qui raconte la vie, la mort, l'amour, l'exil ou encore la jalousie.

Chaque matin, rue São Pedro et venelle do Pocinho, les poissonnières dressent leurs étals. Rue São Miguel, les maraîchères alignent des cageots de fruits et légumes, tandis que des vendeuses ambulantes installent leurs babioles sur des cartons posés à même le pavé. Aujourd'hui, l'imposante Carmelinda, icône incontournable du quartier, étale sur une bâche en plastique sa marchandise, quelques chaussettes et des chemises de nuit. C'est pour la forme: elle ne vend jamais rien. De part et d'autre de la rue, marchandes et ménagères s'apostrophent à tue-tête. L'épicière du coin fredonne entre ses dents, tandis que deux commères pleines d'espoir grattent leurs bulletins de Loto contre la vitrine d'un magasin.

A 22 heures, un groupe de femmes en robes noires et d'hommes vêtus de costumes sombres se tient devant un petit restaurant de la rue São Miguel. Ce sont des fadistes, des chanteurs de fado, qui vont se produire à tour de rôle. Après trois ou quatre morceaux, ils s'en iront par les ruelles, poursuivant leur tournée de clubs en cantines. A l'intérieur de l'Alfama Grill, dont les tables, une dizaine, sont toutes occupées, les lumières s'éteignent, le silence se fait. Dans la pénombre, une femme âgée se lève et vient se placer entre les deux guitaristes. Avec ses cheveux gris coupés court, ses lunettes aux verres épais et son visage anguleux, Ivone Dias n'a rien d'une vedette. Pourtant, dès qu'elle commence à chanter, l'émotion s'empare de la salle. Les dîneurs retiennent leur souffle. Alors qu'elle regagne sa place, une spectatrice la retient par la manche pour la féliciter et fond en larmes: un chagrin d'amour, peut-être...

De l'avis de tous les habitants d'Alfama, Ivone est la reine du fado vadio - vagabond, amateur. Sa voix douce, qui passe du pianissimo au fortissimo sans faillir, est capable d'arracher des rires comme des larmes. Pourtant, elle a dû se taire pendant plus de vingt ans: son mari refusait qu'elle se produise en public. Ce n'est qu'après sa mort, il y a une dizaine d'années, qu'elle s'est lancée. «Quand je vais mal, je sors chanter, et je me sens tout de suite mieux», explique cette femme vive et souriante en désignant son cœur. Ces soirs-là, elle jette un châle sur ses épaules et se promène au hasard des ruelles, avant de s'arrêter là où l'ambiance est bonne. La plupart des lieux de fado gardent leurs portes ouvertes, afin que les habitants du quartier puissent écouter sans consommer. On en compte plus d'une vingtaine dans Alfama, de la simple gargote à la maison renommée. Sans doute l'avènement d'une nouvelle vague de fadistes, incarnée par Misia, Mariza ou encore le groupe Madre Deus, a-t-il contribué à la renaissance de ce chant plaintif et mélodieux.

Ivone a quitté l'Alfama Grill pour une taverne toute proche et elle attend, près du seuil, que le patron l'invite à entrer. Elle chante ainsi dans cinq ou six lieux différents, d'Adicense à Fado Maior, en passant par La Taberna do Julião. Aurait-elle décidé de faire carrière? «Non, non, surtout pas! Il faudrait un agent, c'est bien trop compliqué. Je chante pour donner de l'amour.»

Parmi les professionnels, Argentina Santos, 76 ans, est la vedette d'Alfama: «La plus grande, la dernière fadiste authentique», s'émeut Carlos do Carmo, le Jacques Brel portugais. Elle possède l'une des maisons de fado les plus respectées de Lisbonne, le Parreirinha de Alfama, et accueille régulièrement des grands noms du fado, comme Maria da Fé. Chaque soir, Argentina trône, dans sa robe de dentelle noire, face au comptoir de la petite salle sombre, aux murs ornés d'un bas-relief en azulejos. La vieille dame ne chante que lorsqu'elle en a envie: «Cela dépend de l'ambiance et du public. Il faut que je sente que l'on est venu pour m'écouter,

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et non pas en simple touriste. J'ai en moi beaucoup d'allégresse et beaucoup de tristesse, moitié-moitié. Ma mélancolie, je la garde pour moi... jusqu'au moment où je la chante.»

Ce soir, Artur Batalha a décidé de quitter Benfica, où il vit, pour faire un saut à Alfama, où il a passé sa jeunesse. On le surnomme «le prince du fado»: un prince déchu, tombé dans la drogue il y a quinze ans, alors qu'il entamait une carrière internationale. Agé de 47 ans, il garde un air de jeune premier du cinéma des années 1960. Comme les autres, il attend son tour dans la venelle, assis sur le pas de la porte d'une taverne.

Carmelinda fait son apparition. Chaque nuit, elle est là où ça se passe. Elle ne consomme pas, elle écoute. Le patron fait signe à Artur, qui se glisse dans la salle. Sa voix au timbre très souple a un vibrato magnifique. Mais, au bout de quelques morceaux, alors que les bravos explosent, il s'esquive comme il était entré. Vient le tour d'Ivone. Elle est en forme, joue la comédie. La salle rit de bon cœur et lui fait une ovation. Plus tard, dans la petite rue, une femme en pantoufles promène son chien, tandis qu'en contrebas un homme dort sur des cartons.

A 10 heures, le lendemain matin, le soleil cogne déjà. D'un poste de radio posé sur un échafaudage s'échappe une voix plaintive. Dans leurs cages suspendues, les canaris font leurs trilles. Des bougainvillées ornent les fenêtres. «Mario!» crie une mère à son fils. Le Tage scintille de mille lumières d'argent. Plus haut sur la colline se dresse la silhouette noire d'un araucaria. Au détour d'un escalier apparaît une haute muraille. Apparaissant dans une embrasure percée dans la pierre, une femme rêve, le regard perdu vers le large.