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1 TÉLÉTRAVAIL, CO-WORKING, TÉLÉCENTRES : COMMENT LE TRAVAIL SE RÉORGANISE AUTOUR DU NUMÉRIQUE ? L’analyse et les conseils d’experts sur les nouvelles façons de travailler en dehors de l’entreprise. Gain de productivité, réduction de l’empreinte écologique, diminution des coûts immobiliers, motivation accrue, les bénéfices à tirer sont nombreux et convaincants. A condition de disposer des outils et des infrastructures numériques les plus performants. Découvrez notre dossier.

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TÉLÉTRAVAIL, CO-WORKING, TÉLÉCENTRES : COMMENT LE TRAVAIL SE RÉORGANISE AUTOUR DU NUMÉRIQUE ?

L’analyse et les conseils d’experts sur les nouvelles façons de travailler en dehors de l’entreprise.

Gain de productivité, réduction de l’empreinte écologique, diminution des coûts immobiliers, motivation accrue, les bénéfices à tirer sont nombreux et convaincants. A condition de disposer des outils et des infrastructures numériques les plus performants. Découvrez notre dossier.

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PAGE 03 À 04 LE TÉLÉTRAVAIL ET SES DÉFINITIONS

• Le glossaire des termes relatifs au télétravail

PAGE 05 À 18 LES AVANTAGES ET LES BÉNÉFICES DU TÉLÉTRAVAIL ET COMMENT LE METTRE EN PLACE

• En images : les avantages et bénéfices du télétravail• Les atouts d’une organisation autour du télétravail, du coworking et du cloud• Télétravail, une solution rentable et fiable pour l’entreprise• Télétravail : pourquoi et comment le mettre en place• Télétravail : les entreprises françaises doivent apprendre le management par objectifs

PAGE 19 À 22 TÉMOIGNAGE D’UNE ENTREPRISE

• Modèle SGS : plus de 1 200 salariés en télétravail depuis près de 14 ans

PAGE 23 À 32 LES NOUVEAUX ESPACES DE TÉLÉTRAVAIL

• Les télécentres, une opportunité pour le développement des régions• Blue Office, le travail à distance 2.0• Tiers-lieux et Télétravail : les premiers résultats de l’enquête «Quel bureau demain»

SOMMAIRE

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BUSINESS LOUNGES :Dans certains aéroports et grands hôtels, des business lounges sont à disposition de la clientèle. Ces bureaux sont utilisés ponctuellement ou pour des rendez-vous d’affaire. Ils disposent généralement d’infrastructures numériques assez performantes (WiFi, PC, fax, imprimantes...).

CAFÉS WIFI ET CYBERCAFÉS :De nombreux cafés mettent à la disposition de leurs clients, équipés de smartphones, tablettes ou ordinateurs portables, un accès à Internet par WiFi. Ce qui permet de les utiliser ponctuellement pour gérer ses emails ou rechercher une information sur le web, avec un débit assez modeste en général. Quant aux cybercafés, ils proposent quelques équipements informatiques en libre-service (PC ou portables). Les performances des accès Internet et des équipements informatiques varient grandement d’un établissement à un autre.

CENTRE D’AFFAIRES : Plutôt situés en centre-ville, les immeubles des centres d’affaires proposent des baux très flexibles aux entreprises, plutôt sur de courtes durées, et de surfaces variables. Les

LE GLOSSAIRE DES TERMES RELATIFS AU TÉLÉTRAVAIL

Télétravail, travail à domicile, nomadisme, télécentres, business lounge, espaces de coworking,... ces termes semblent être des synonymes alors qu’il ne faut au contraire pas les confondre. Petit tour d’horizon du vocabulaire du télétravail.

infrastructures et services numériques sont généralement assez évolués.

ESPACE DE COWORKING :Souvent situés en ville, en centre-ville, sur des campus universitaires, ou dans des télécentres, ces espaces de travail accueillent généralement des travailleurs indépendants et des professions libérales dans des open spaces. Conviviaux, ils ont vocation à rompre l’isolement professionnel de ces personnes, et même à favoriser les rencontres, le travail en réseau, l’innovation collective... La qualité des prestations numériques proposées peut varier grandement d’un espace de coworking à un autre (les services de téléconférence étant rarement proposés). La facturation est à l’heure ou à la journée.

FIBRE OPTIQUE DÉDIÉE : Les espaces de télétravail qui affichent leur raccordement à Internet par fibre optique doivent néanmoins être différenciés. Les plus performants sont ceux équipés de fibre optique dédiée. Ils bénéficient d’un accès privatif et d’un très haut débit garanti par l’opérateur télécom.

NOMADISME OU TRAVAIL EN MOBILITÉ : Plus des 3/4 des PME françaises ont des

LE TÉLÉTRAVAIL ET SES DÉFINITIONS

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salariés mobiles. Ils effectuent certaines tâches chez leurs clients, sur différents sites de leur entreprise, ou pendant leurs déplacements. Hotspots WiFi, 3G ou 4G permettent à ces travailleurs nomades de se connecter en toutes circonstances.

PÉPINIÈRES D’ENTREPRISES :Publiques ou privées, ces structures immobilières sont dédiées aux startups, souvent sélectionnées sur dossier. Infrastructures et services numériques sont généralement à la hauteur des besoins de ces entreprises, lesquelles appartiennent souvent au secteur high tech.

SERVICES ANNEXES : Des services complémentaires tels que secrétariat, domiciliation commerciale, services de conciergerie, et parfois même fab lab, sont proposés dans certains télécentres, centres d’affaires, et espaces de coworking.

TÉLÉCENTRE :Ces espaces de télétravail sont généralement situés en périphérie des villes, et parfois en zone rurale. Privées ou publiques, ces ressources immobilières sont à la disposition des travailleurs indépendants et professions libérales, mais aussi des salariés d’entreprises ou d’administrations distantes auxquels ils fournissent des bureaux satellites (à temps partiel ou non). Ils disposent parfois d’espaces de coworking. Situés à proximité de noeuds de transport, ils offrent une bonne alternative au déplacement en ville et centre-ville. Souvent gérés techniquement par des opérateurs télécoms, les bureaux et espaces de

travail collectifs d’un télécentre sont conçus pour bénéficier d’excellentes infrastructures numériques : accès par fibre optique dédiée, WiFi performant, salles de téléconférence, imprimantes partagées, etc.

TÉLÉTRAVAIL : Selon Legifrance, le télétravail «désigne toute forme d’organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait également pu être exécuté dans les locaux de l’employeur est effectué par un salarié hors de ces locaux de façon régulière et volontaire en utilisant les technologies de l’information et de la communication dans le cadre d’un contrat de travail ou d’un avenant à celui-ci.

TIERS-LIEU : Ce terme, inventé par le sociologue Ray Oldenburg, désigne des lieux de sociabilité qui ne sont ni l’entreprise ni le domicile. En France, le terme est parfois utilisé dans un sens générique, pour désigner les télécentres, les espaces de coworking, les centres d’affaires, etc. Mais il est aussi employé comme synonyme d’espace de coworking, conformément à l’origine du terme.

TRAVAIL À DOMICILE : On confond souvent le télétravail avec le travail à domicile, par erreur. En effet, le travailleur à domicile bénéficie d’un statut particulier. La personne effectuant du télétravail ne relève pas de la réglementation sur les travailleurs à domicile mais de la loi WARSMANN 2012.

LE TÉLÉTRAVAIL ET SES DÉFINITIONS

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EN IMAGES : LES AVANTAGES ET LES BÉNÉFICES DU TÉLÉTRAVAIL

LES AVANTAGES ET LES BÉNÉFICES DU TÉLÉTRAVAIL ET COMMENT LE METTRE EN PLACE

LE TÉLÉTRAVAIL, QUELS AVANTAGES ET BÉNÉFICES ?

ETUDE IPSOS*

Une organisation du travail qui permet d'exercer une activité en dehors des locaux de son employeur ou de son client grâce

aux technologies de l'information et de la communication.

LE TÉLÉTRAVAIL

DÉFINITION

?

LES AVANTAGES DU TÉLÉTRAVAILPOUR LES CADRES

DES ENTREPRISES QUI L’ONTMIS EN PLACE ONT CONSTATÉ DES GAINS DE PRODUCTIVITÉ

réinvesties dans la viepersonnelle

45min

réinvesties dans la vieprofessionnelle

35min

80 MINGAGNÉES PAR JOURNÉE SUR LE TEMPS DE TRANSPORT

124€DE GAIN DE POUVOIRD’ACHAT MENSUEL

73%DES INDIVIDUS QUILE PRATIQUENT PERÇOIVENTUNE RÉDUCTION DU STRESS

+

60%ET POUR L’ENTREPRISE

60%PERÇOIVENT UNE AMÉLIORATION DE LEUR SANTÉ

LES ESPACESDE TÉLÉTRAVAIL

WIFI VISIO-CONFÉRENCE INTERNET TRÈS HAUT DÉBIT

TÉLÉPHONIE IP CLOUD SÉCURITÉ

DES RÉPONDANTS TROUVENT LES ESPACES DE TÉLÉTRAVAIL UTILES,

LES PRINCIPAUX OUTILS TECHNOLOGIQUES Y ÉTANT DISPONIBLES : 83%

LE TÉLÉTRAVAILDEMAIN

85%DES SALARIÉS S’ACCORDENT À PENSERQUE LE TÉLÉTRAVAIL REPRÉSENTE UNE OPPORTUNITÉ POUR FAIRE ÉVOLUER L’ORGANISATION DU TRAVAIL

D’ICI 10 ANS,40 À 50% DE LA POPULATION ACTIVE DE L’OCDE**

POURRAIT ÊTRE ACQUISE AU TÉLÉTRAVAIL

** Organisation de Coopération et de Développement Économiques

* Étude IPSOS octobre 2014 : les PME à l'heure du travail collaboratif et du nomadisme

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LE TÉLÉTRAVAIL, QUELS AVANTAGES ET BÉNÉFICES ?

ETUDE IPSOS*

Une organisation du travail qui permet d'exercer une activité en dehors des locaux de son employeur ou de son client grâce

aux technologies de l'information et de la communication.

LE TÉLÉTRAVAIL

DÉFINITION

?

LES AVANTAGES DU TÉLÉTRAVAILPOUR LES CADRES

DES ENTREPRISES QUI L’ONTMIS EN PLACE ONT CONSTATÉ DES GAINS DE PRODUCTIVITÉ

réinvesties dans la viepersonnelle

45min

réinvesties dans la vieprofessionnelle

35min

80 MINGAGNÉES PAR JOURNÉE SUR LE TEMPS DE TRANSPORT

124€DE GAIN DE POUVOIRD’ACHAT MENSUEL

73%DES INDIVIDUS QUILE PRATIQUENT PERÇOIVENTUNE RÉDUCTION DU STRESS

+

60%ET POUR L’ENTREPRISE

60%PERÇOIVENT UNE AMÉLIORATION DE LEUR SANTÉ

LES ESPACESDE TÉLÉTRAVAIL

WIFI VISIO-CONFÉRENCE INTERNET TRÈS HAUT DÉBIT

TÉLÉPHONIE IP CLOUD SÉCURITÉ

DES RÉPONDANTS TROUVENT LES ESPACES DE TÉLÉTRAVAIL UTILES,

LES PRINCIPAUX OUTILS TECHNOLOGIQUES Y ÉTANT DISPONIBLES : 83%

LE TÉLÉTRAVAILDEMAIN

85%DES SALARIÉS S’ACCORDENT À PENSERQUE LE TÉLÉTRAVAIL REPRÉSENTE UNE OPPORTUNITÉ POUR FAIRE ÉVOLUER L’ORGANISATION DU TRAVAIL

D’ICI 10 ANS,40 À 50% DE LA POPULATION ACTIVE DE L’OCDE**

POURRAIT ÊTRE ACQUISE AU TÉLÉTRAVAIL

** Organisation de Coopération et de Développement Économiques

* Étude IPSOS octobre 2014 : les PME à l'heure du travail collaboratif et du nomadisme

LES AVANTAGES ET LES BÉNÉFICES DU TÉLÉTRAVAIL ET COMMENT LE METTRE EN PLACE

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VOUS AVEZ FONDÉ ZEVILLAGE.NET, SITE D’INFORMATION ET RÉSEAU SOCIAL SUR LE TÉLÉTRAVAIL ET LE COWORKING, UN RÉSEAU DE TÉLÉCENTRES DANS L’ORNE. EN QUOI CONSISTENT LES « TIERS-LIEUX » ET AUTRES ESPACES DE COWORKING ?Il faut d’abord définir ce qu’est un tiers-lieu : il s’agit d’espaces de travail autres que le bureau ou le domicile, dans lesquels on peut travailler de manière permanente ou occasionnelle. Des lieux structurés comme des télécentres (plutôt ruraux comme dans l’Orne, le Cantal ou le Gers) ou des espaces de

LES ATOUTS D’UNE ORGANISATION AUTOUR DU TÉLÉTRAVAIL,

DU COWORKING ET DU CLOUD

Télétravail, travail à domicile, nomadisme, télécentres, Xavier de Mazenod, spécialiste du télétravail et du e-learning, montre les avantages que l’entreprise et ses collaborateurs peuvent tirer d’une nouvelle organisation autour du télétravail et du cloud. Recommandations aux managers, DSI et responsables télécoms.

coworking (plutôt urbains, comme le réseau des Cantine à Paris, Rennes, Toulouse ou encore La Mutinerie à Paris, Coworking Lille ou encore le Comptoir numérique à Saint-Etienne). Mais aussi des endroits comme des cafés équipés de WiFi ou des lounges d’hôtel, dans lesquels on s’installe quelques heures pour travailler. On compte plus de 200 de ces lieux en France si l’on s’en tient aux lieux de travail professionnels.

Plus qu’une mode, ces tiers-lieux répondent à une exigence de flexibilité et d’autonomie chez les salariés. Comme l’expliquait The Economist, les tiers-lieux apportent une réponse à l’ennui au bureau et à l’isolement du télétravailleur à domicile.

QUEL POURRAIT ÊTRE L’IMPACT DE CES NOUVELLES ORGANISATIONS DU TRAVAIL ?Un tiers-lieu permet d’éviter des déplacements bureau-domicile qui engendrent du stress, de la perte de temps et d’argent. Chaque déplacement évité, c’est autant de temps récupéré

Xavier de Mazenod, spécialiste du télétravail et du e-learning

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pour soi qu’on peut mettre à profit pour d’autres activités (professionnelles ou personnelles) et un gaspillage économisé.

Mais un tiers-lieu forme surtout un écosystème pour ses membres, qui leur apporte des services, du lien social, des compétences, de l’entraide et des opportunités de business.

Même si la très grande majorité des télétravailleurs travaille à domicile, le phénomène des tiers-lieux est aujourd’hui sorti du monde des pionniers.

Toutes les études convergent pour dire que les salariés qui adoptent le télétravail sont plus productifs et plus heureux. A condition que le projet télétravail soit bien mené dans l’entreprise.

EN QUOI ET COMMENT LE CLOUD COMPUTING ET LE TÉLÉTRAVAIL PEUVENT-ILS ÊTRE ASSOCIÉS ET CRÉER DE LA VALEUR ?Le cloud computing facilite le télétravail et accélère le développement de ces nouvelles organisations du travail. La contrepartie, c’est que l’exigence de qualité et de débit des réseaux augmente aussi puisque l’activité s’est déportée en ligne.

Changer l’organisation de l’entreprise pour passer en télétravail apporte un bénéfice primaire aux salariés, on l’a vu, aux entreprises (bien-être, baisse de l’absentéisme, gains de productivité, économies) et à la société (meilleur bilan carbone de l’activité).

Mais cela engendre aussi des bénéfices secondaires en obligeant l’encadrement à changer ses modes de management. Pour manager à distance, on est bien obligé de faire confiance et de manager par objectifs.

Pour résumer, le mariage de la technologie et des nouvelles formes de travail fait évoluer l’organisation vers « l’entreprise ouverte en réseau »

QUELLES SONT VOS RECOMMANDATIONSAUX DSI ET RESPONSABLES TÉLÉCOM POUR ORGANISER LE TÉLÉTRAVAIL ?La recommandation pour les DSI est simple mais doit concilier des besoins perçus comme contradictoires : fournir des outils fiables, simples d’usage (penser « utilisateurs ») et ouverts, tout en assurant la sécurité et la confidentialité des données et la protection des matériels.

Les responsables télécom doivent donc fournir du débit élevé dans l’entreprise mais aussi veiller à ce que les salariés puissent se connecter facilement en mobilité.Sans oublier de se coordonner avec la DRH pour former les salariés à ces nouvelles méthodes de travail, à l’utilisation des outils et aux exigences de sécurité.

QUELLES ANALYSES FAITES-VOUS DES ENQUÊTES RÉCENTES SUR LES MOTIVATIONS AU TÉLÉTRAVAIL ?Les résultats de ces enquêtes, publiques ou privées, convergent : les salariés

LES AVANTAGES ET LES BÉNÉFICES DU TÉLÉTRAVAIL ET COMMENT LE METTRE EN PLACE

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télétravailleurs sont plus heureux. Mais elles démontrent aussi que ce sont les salariés qui sont aujourd’hui demandeurs de télétravail alors que les managers peinent plus à l’accepter.

Les organisations syndicales suivent, pour la plupart, la même évolution et l’on en voit même soutenir des projets de télétravail contre des employeurs jugés trop timides.

LES NOUVEAUX ESPACES ET MÉTHODES DE TRAVAIL PEUVENT-ILS DEVENIR UNE FAÇON D’ATTIRER LES TALENTS, NOTAMMENT ISSUS DE LA GÉNÉRATION Y ? Oui, c’est certain ! Car ces nouvelles formes de travail portent avec elles un changement des modes de management, la fin du command and control au profit de plus de responsabilisation et de concertation dans l’organisation de son propre travail.

Le télétravail permet aussi à des PME rurales d’accéder au recrutement de talents... à distance. C’est une ouverture et de nouvelles opportunités pour toute l’entreprise.

LES AVANTAGES ET LES BÉNÉFICES DU TÉLÉTRAVAIL ET COMMENT LE METTRE EN PLACE

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COMMENT DÉFINIR LE TÉLÉTRAVAIL ?Le télétravail regroupe trois notions : le travail à domicile, le nomadisme, et le travail en télécentre. Les plus nombreux, les travailleurs « nomades », sont ceux qui passent au moins 20 % de leur temps en dehors de leur lieu de travail habituel, soit un jour sur cinq.

Pour la loi, le télétravail se définit comme : « toute forme d’organisation du travail dans laquelle un travail, qui aurait également pu être exécuté dans les locaux de l’employeur, est effectué par un salarié hors de ces locaux, de façon régulière et volontaire, en utilisant les technologies de l’information dans le cadre d’un contrat de travail ou d’un avenant à celui-ci ».

QUEL EST LE NIVEAU DE DÉVELOPPEMENT DU TÉLÉTRAVAIL EN FRANCE ?D’ici 2015, le télétravail devrait concerner un salarié sur deux, selon le rapport du Centre d’Analyse Stratégique auprès du Premier Ministre : « Le développement du télétravail dans la société numérique de demain ».

De fait, pour beaucoup d’employés, le travail ne s’effectue plus seulement

TÉLÉTRAVAIL, UNE SOLUTION RENTABLE ET FIABLE

POUR L’ENTREPRISE

Bien qu’ils existent et soient performants, les outils de communication adaptés au télétravail ne sont pas encore pleinement exploités par les entreprises françaises. Point de vue : Sylvestre Bianquis, expert mobilité chez SFR Business Team.

assis derrière son bureau, mais aussi d’une chambre d’hôtel, de chez un client, du hall de l’aéroport, du train ou de chez soi, avec le même environnement informatique qu’entre les murs de l’entreprise. Il faut cependant regretter que le travail à distance soit beaucoup moins développé en France que dans de nombreux pays européens.

POUR L’ENTREPRISE, QUELS SONT LES AVANTAGES DU TRAVAIL À DISTANCE ?Il permet une grande flexibilité, un gain de productivité, une baisse des frais fixes et des coûts salariaux. Et bien sûr, en réduisant les déplacements, il réduit l’empreinte carbone de l’entreprise.

Prenons un seul exemple, celui d’un commercial : dans le bureau d’un client, il peut se connecter au système d’information de son entreprise pour consulter la base de données et savoir si un article est disponible. Il peut également faire un devis en ligne et vérifier l’encours du client. Cela se traduit par plus de ventes et une meilleure productivité puisque les données sont saisies en direct.

LES AVANTAGES ET LES BÉNÉFICES DU TÉLÉTRAVAIL ET COMMENT LE METTRE EN PLACE

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LE TRAVAIL À DISTANCE INTRODUIT-IL DES RISQUES INFORMATIQUES PARTICULIERS ?A partir d’un ordinateur portable, d’un smartphone ou d’une tablette, un télétravailleur, où qu’il se trouve, pourra accéder aux applications et données dans les mêmes conditions de sécurité que s’il était sur le réseau local de son entreprise, grâce au VPN (Virtual Private Network).

Cette solution consiste à créer un « canal » privé sur les réseaux publics pour se connecter au système d’information de l’entreprise depuis l’extérieur. Il existe une vaste panoplie de solutions complémentaires : chiffrage des communications, authentification de la personne et de la machine qui se connectent, sauvegarde à échéance régulière des données de l’ordinateur « nomade », etc.

QUELS SONT LES FREINS AU DÉVELOPPEMENT DU TRAVAIL À DISTANCE ?Les blocages sont essentiellement psychologiques puisque les investissements sont réduits : en fait, certains responsables craignent de perdre le contrôle sur le travail de leurs équipes. Il y a plusieurs remèdes : une communication renforcée vers les employés, une évolution vers un « management par objectifs », un bon ciblage des activités susceptibles d’être réalisées en télétravail et l’investissement dans un équipement ergonomique du poste de travail à domicile.

Le télétravail sera aussi facilité par

l’existence d’outils collaboratifs comme les messageries et agendas électroniques partagés ainsi que les solutions de conférence à distance.

QU’APPORTENT LES TÉLÉCENTRES, NOTAMMENT EN RÉGION ?On constate que les outils du télétravail induisent des changements profonds dans la façon de s’organiser et de travailler. Or, tous les employés n’y tiennent pas ou ne s’y adaptent pas. Ils se sentent isolés, perdent le lien avec leurs collègues, ne parviennent pas à s’organiser... Les télécentres, partagés entre plusieurs entreprises, leur offrent des bureaux où ils peuvent retrouver leurs collègues d’une région, par exemple, à échéance régulière. Ils y disposent des mêmes outils que s’ils étaient dans l’entreprise.

LES AVANTAGES ET LES BÉNÉFICES DU TÉLÉTRAVAIL ET COMMENT LE METTRE EN PLACE

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LE TÉLÉTRAVAIL NE SE RÉDUIT PAS AU TRAVAIL À DOMICILE ET À PLEIN TEMPSTravailler à domicile n’est pas possible pour tout le monde. Des facteurs de place, d’inconfort ou d’environnement sont à prendre en compte. Il est donc recommandé, par souci d’équité sociale, de permettre la mise en place du télétravail soit à domicile soit dans d’autres lieux, comme les télécentres, coworking et autres bureaux de proximité. Par ailleurs, il convient de le limiter à 1, 2 ou 3 jours par semaine,

TÉLÉTRAVAIL : POURQUOI ET COMMENT LE METTRE EN PLACE

LBMG Worklabs accompagne depuis près de 3 ans les entreprises dans le domaine de la mise en place du télétravail. Via le site neo-nomade, il leur permet également, ainsi qu’aux particuliers, de trouver des bureaux flexibles, une alternative au travail à domicile. Conseils de Baptiste Broughton, co-fondateur.

afin de préserver le lien du salarié avec son entreprise et ses collègues.

DES GAINS DE PRODUCTIVITÉ AVÉRÉSLa mise en place du télétravail implique certaines dépenses, mais génère aussi d’importants gains de productivité. 60 % des entreprises l’ayant mis en place l’ont constaté, selon le rapport du CGTI/CGEDD (décembre 2008). Temps de transport réduits, meilleure concentration... Dans des entreprises comme Compaq, American Express, IBM ou British Telecom, les télétravailleurs se sont avérés 25 % plus productifs, en moyenne, à domicile qu’au bureau.

UN FACTEUR DE RÉDUCTION DU STRESSLe télétravail, à raison de quelques jours par semaine, permet de réduire le stress des employés, surtout dans un contexte marqué par des difficultés de transport ou de travail en open-space. D’après un rapport de la Commission Européenne (SUSTEL 2004), 55 % des collaborateurs des entreprises européennes pratiquant le télétravail ont vu l’équilibre vie privée-vie professionnelle s’améliorer. Pour

Baptiste Broughton, co-fondateur de LBMG Worklabs et de Neo-nomade, sociétés de conseil en télétravail.

LES AVANTAGES ET LES BÉNÉFICES DU TÉLÉTRAVAIL ET COMMENT LE METTRE EN PLACE

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l’employeur, cela se traduit par une réduction du taux d’absentéisme et du turn-over.

DES APPROCHES TÉLÉTRAVAIL ET IMMOBILIER À METTRE EN PERSPECTIVELes entreprises ne font pas toujours le lien entre la mise en place du télétravail et la problématique immobilière. Un poste de travail en Île-de-France coûte aujourd’hui entre 12 et 15 000 euros par an. Le télétravail, mis en place conjointement à un programme de transformation immobilière, permet à l’entreprise de réaliser des économies conséquentes. Pour estimer ces gains, LBMG Worklabs met gratuitement à disposition un simulateur financier qui calcule, selon les caractéristiques d’une entreprise, les impacts du passage à ces nouveaux types d’organisation. Sur la partie immobilière, l’économie peut approcher 30 %. Les entreprises en phase de déménagement sont particulièrement réceptives à ce type d’évolution.

LES PME PEUVENT TIRER PARTI RAPIDEMENT DE LA MISE EN PLACE DU TÉLÉTRAVAILSur le terrain, nous constatons que les PME sont souvent plus flexibles et réactives que les grandes entreprises. C’est ce qu’a montré notre étude auprès de 150 TPE-PME pour le Conseil Général de Seine-et-Marne. L’expérience montre qu’elles peuvent intégrer vite et bien cette solution d’organisation du travail, pour améliorer leur compétitivité. Pour les grandes entreprises, le chemin est souvent plus long dans la mesure où les

concertations sociales et managériales prennent plus de temps.

UN BON MOYEN DE RÉDUIRE SON EMPREINTE CARBONEC’est une moyenne, mais il faut garder en mémoire que 40 % du C02 émis par les entreprises françaises proviennent du déplacement de leurs employés. La mise en place du télétravail permet de réduire l’empreinte carbone liée aux migrations pendulaires. Plus généralement, sur le plan régional ou national, il a été établi qu’une réduction de 5 % du trafic sur les axes routiers ou ferroviaires permettrait de restaurer la fluidité de circulation en Île-de-France. Le développement du télétravail permet d’envisager cette évolution autrement qu’en construisant de nouvelles autoroutes.

UN ARGUMENT POUR ATTIRER LES TALENTSUne étude Deloitte a montré que les étudiants des grandes écoles répondent « oui » à 97 % à la question « souhaitez-vous une flexibilité du lieu de travail ? ». Cette aspiration générationnelle est très claire, et mérite d’être prise en compte si l’entreprise souhaite attirer et retenir des talents. Sous réserve que les accords soient eux-mêmes parfaitement clairs et ne s’apparentent pas à du « télétravail gris ». De tels accords peuvent aussi être mis en avant dans le cadre de la communication autour de la responsabilité sociale de l’entreprise.

IMPLIQUER LE MANAGEMENTEn termes de conduite du changement, on a tendance à se focaliser sur les employés, en oubliant que l’encadrement

LES AVANTAGES ET LES BÉNÉFICES DU TÉLÉTRAVAIL ET COMMENT LE METTRE EN PLACE

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devra lui aussi s’adapter à la situation de télétravail. Pour certains managers, qui n’ont plus leur personnel sous les yeux ou sous la main, la nouvelle situation sera vécue comme une difficulté à la fois humaine et managériale. Nous recommandons donc d’impliquer le top et le middle management dès la phase de conception du télétravail, afin de les associer à la construction du dispositif et de lever les éventuelles réticences.

FAITES-VOUS ACCOMPAGNER PAR DES EXPERTSDu diagnostic à la mise en place et au suivi, la mise en place du télétravail est une opération avec de forts enjeux, qui repose sur un volontariat objectivement établi.Pour réduire les risques évoqués ci-dessus, mieux vaut se faire accompagner par des spécialistes.

LES AVANTAGES ET LES BÉNÉFICES DU TÉLÉTRAVAIL ET COMMENT LE METTRE EN PLACE

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QU’EST-CE QUI CARACTÉRISE LA RELATION MANAGÉRIALE EN FRANCE ?Premier constat : la confiance n’est pas au cœur de la relation managériale en France, nous en sommes loin. Second constat : le management par objectifs n’est pas véritablement implanté dans la culture d’entreprise de notre pays. Hélas, ces deux facteurs se conjuguent ! Dès lors qu’on ne place pas sa confiance dans un collaborateur et qu’on ne s’efforce pas de produire de façon rigoureuse une grille d’évaluation objective, mutuellement comprise et admise, toutes les dérives sont possibles...

Les règles étant mal établies, la subjectivité intervient trop lourdement dans l’appréciation. On se retrouve donc à l’opposé de ce que l’on cherche à faire avec le management par objectifs, où il convient de mesurer notamment :- comment un collaborateur a rempli ses objectifs,- quels efforts il a fait pour les atteindre,- quelle est sa manière d’être loyal,- en quoi on peut lui faire confiance,

TÉLÉTRAVAIL : LES ENTREPRISES FRANÇAISES DOIVENT APPRENDRE LE MANAGEMENT PAR OBJECTIFS

Le télétravail impose de nouvelles règles aux collaborateurs, mais aussi aux managers. Nicole Turbé-Suetens, qui a participé à différentes missions gouvernementales sur le télétravail et à de nombreux projets de recherche européens sur les nouvelles formes d’organisation du travail, nous délivre quelques rappels et 7 règles à suivre.

- quels sont les progrès qu’il doit faire et les moyens qu’on lui donne pour y arriver.

En résumé, le système d’évaluation doit être une boucle vertueuse dans la durée et pas seulement un moment de jugement.

RÈGLE N° 1 : LE MANAGER DOIT RÉELLEMENT ADHÉRER À L’OPTION « TÉLÉTRAVAIL »Au niveau des managers, on constate trop souvent des adhésions de type « oui, mais… ». Sur cette base, on peut craindre un échec du télétravail ou un succès insuffisant. Attention, le risque se trouve en réalité du côté du télétravailleur : tout dysfonctionnement risque de lui être imputé. L’objectif d’un manager réticent étant, in fine, de discréditer l’approche télétravail elle-même afin de justifier sa position qui est tout simplement que l’on travaille mieux en restant constamment dans le collectif sous le regard du manager.

LES AVANTAGES ET LES BÉNÉFICES DU TÉLÉTRAVAIL ET COMMENT LE METTRE EN PLACE

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Il faut souligner que la notion de télétravail repose, légalement et humainement, sur le volontariat du collaborateur - lequel a généralement de bonnes raisons de télétravailler et une bonne intuition de sa capacité à s’y adapter... Par contre, le « oui, mais... » d’un manager prouve son désengagement vis-à-vis d’une stratégie organisationnelle. Et plus les dirigeants de l’entreprise adoptent un discours volontariste en faveur du télétravail, moins le manager aura le courage ou la volonté de s’y opposer de façon claire, objective et argumentée.

Comme de nombreux experts, je considère qu’aujourd’hui, en France, le principal obstacle au télétravail se trouve encore bel et bien du côté managérial ! Avec pour conséquence de contraindre le salarié à estimer le niveau d’engagement de son manager, avant de se déclarer... et cela en rebute un certain nombre.

RÈGLE N°2 : INSCRIRE LE TÉLÉTRAVAIL DANS LES OBJECTIFS DU MANAGERDans une entreprise qui souhaite s’engager sur le chemin du télétravail, il faut aussi créer une dynamique « par le haut », impulsée par la direction générale. Et pour cela, tout simplement, en inscrire le succès dans les objectifs des managers. Cela permet aux dirigeants de comparer les performances de ces derniers : essuient-ils beaucoup de refus et sur quelles bases objectives ? De cette manière, la direction générale pourra détecter où sont les entraves à l’évolution organisationnelle de l’entreprise et y remédier.

RÈGLE N°3 : AIDER LES MANAGERS À DÉPASSER LEURS PEURSLes dirigeants doivent comprendre que les managers réticents ont généralement peur que le télétravail leur fasse perdre le contrôle de leurs collaborateurs. Ils doivent donc les aider et leur donner les moyens de :- comprendre en quoi consiste le management à distance et le management par objectifs,- maîtriser les outils de communication (les salariés étant souvent plus aguerris que leurs managers dans les usages technologiques),- remplacer l’idée de « contrôle » du collaborateur par une démarche d’accompagnement, d’évaluation et d’amélioration continue,- en finir avec ce que l’on constate encore trop souvent : un management par la voix plutôt que par les actes !

RÈGLE N°4 : S’INSPIRER DES SOLUTIONS ÉPROUVÉES DANS LES PAYS DU NORD DE L’EUROPEPour prendre le seul exemple des Pays-Bas, où le télétravail est très développé, on constate une différence radicale dans la relation manager-collaborateur. Nous restons adeptes et prisonniers de la relation hiérarchique, laquelle tend à l’obsolescence aux Pays-Bas, où l’on se base sur du respect et une juste appréciation des compétences de la personne, plutôt que sur la définition figée de son poste.Et du côté du collaborateur, on constate en retour les mêmes dispositions au respect et à l’estime puisque le manager est là pour l’aider à progresser.

LES AVANTAGES ET LES BÉNÉFICES DU TÉLÉTRAVAIL ET COMMENT LE METTRE EN PLACE

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Plus généralement, dans les cultures managériales anglo-saxonnes et nordiques, on dit les choses de façon précise et objective, et on a le « courage managérial » de savoir dire « non » et d’expliquer pourquoi.

RÈGLE N°5 : LA HIÉRARCHIE, CE N’EST PAS DU CONTRÔLE DE PRÉSENCEDans un schéma où le manager aide le collaborateur à progresser, la présence physique permanente de ce dernier n’est pas indispensable. Le manager doit donc apprendre à juger sur des faits et des actes, lesquels sont directement liés aux objectifs qu’il aura été capable de définir clairement.

En mission dans une grande entreprise française, j’ai eu la surprise de constater que le texte d’accord sur le télétravail stipulait qu’il n’était pas possible de mesurer ou d’évaluer le travail de certains postes ! Comment peut-on diriger quelqu’un en n’étant pas capable de lui dire ce qu’il a à faire ?

RÈGLE N°6 : APPLIQUER (VRAIMENT) LE MANAGEMENT PAR OBJECTIFSL’expérience montre très souvent que la mise en place du télétravail exige plus de précision dans la formulation des objectifs professionnels du collaborateur ET du manager. Les deux parties doivent être absolument d’accord sur chaque point. Il faut aussi que l’outil de mesure du résultat de l’objectif soit clairement défini dès le départ, mais également compris et accepté par les deux parties.L’expérience montre que dans de nombreuses entreprises françaises - qui disent pratiquer le management par

objectifs - on en est très loin. Les objectifs sont rédigés de façon trop vague ou générale... Encore une fois, on retrouve la volonté de contrôle : plus la directive est floue et plus le manager s’octroie la possibilité d’intervenir ensuite, selon son humeur. Ce qui introduit la subjectivité, alors même que le management par objectifs se propose de l’évacuer autant que possible.

Mal appliqué, le management par objectif n’est qu’une posture, inefficace voire contre-productive : il exige un travail de fond, de la part de toutes les parties prenantes.

RÈGLE N°7 : ACCORDER AUTANT D’ATTENTION À L’HUMAIN QU’À LA TECHNIQUEPour résumer ce qu’on pourrait appeler un « mal français », on continue de confondre management et contrôle ! Or, le contrôle n’entrait que pour 20% dans la vieille définition du management de Fayol (prévoir, organiser, commander, coordonner, contrôler) et ne se retrouve plus dans les définitions sur lesquelles repose le management actuel (Drucker et Mintzberg essentiellement). La notion d’autorité existe, mais elle implique d’autres comportements que le contrôle primaire. En France, une culture d’ingénierie semble dominante : on cherche à contrôler les personnes comme on le fait pour les processus industriels. La prise en compte de la dimension humaine est très insuffisante.

LES AVANTAGES ET LES BÉNÉFICES DU TÉLÉTRAVAIL ET COMMENT LE METTRE EN PLACE

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Je souligne au passage qu’il ne faut pas confondre le management par objectif et la technique ROWE (Results-Only Work Environment) qui après avoir fait florès dans quelques entreprises est de plus en plus abandonné - car poussant à l’extrême le management par les résultats et oblitérant complètement la dimension humaine et relationnelle dans le travail. C’est d’ailleurs cette technique de management qui est à l’origine de l’abandon du télétravail dans un certain nombre d’entreprises américaines.

Il faudrait changer de paradigme et donner à l’humain au moins autant d’importance qu’à la technique. L’approche mécaniste de l’humain, la volonté de contrôler l’homme-machine, est contre-productive. Et le plus performant des ingénieurs n’est pas obligatoirement voué à réussir comme manager. Remettre l’humain - c’est-à-dire l’individu et le groupe - au premier plan, c’est placer la confiance, la compréhension et le respect au centre du dispositif.

C’est aussi reconnaître qu’existent de profondes différences de motivation entre les humains. Diriger mécaniquement, c’est ignorer cette diversité - et finalement perdre cette richesse, cette capacité d’innover et d’aller de l’avant... L’autonomie dans la collaboration, et une valorisation du travail collaboratif, sont des éléments-clés pour développer l’entreprise et tirer tous les bénéfices du télétravail.

LES AVANTAGES ET LES BÉNÉFICES DU TÉLÉTRAVAIL ET COMMENT LE METTRE EN PLACE

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MODÈLE SGS : PLUS DE 1 200 SALARIÉS EN TÉLÉTRAVAIL DEPUIS PRÈS DE 14 ANS

Le télétravail est une réalité quotidienne dans le Groupe SGS France et c’est un succès. Explications et conseils de Francis Bergeron, Directeur des Ressources Humaines du groupe.

QUELLE EST LA PLACE DU TÉLÉTRAVAIL CHEZ SGS FRANCE ?SGS est leader mondial de l’inspection, du contrôle et de la certification avec 80 000 collaborateurs dans le monde. SGS France compte environ 2 600 collaborateurs, dont la moitié en télétravail, soit environ 1 300 personnes. Chez nous, ce terme recouvre aussi bien le travail à plein temps à domicile, que les tournées d’inspection ou commerciales en journée, et connexion au SI quelques minutes par jour, généralement le soir. Une seconde population de collaborateurs travaille dans nos laboratoires, et le télétravail ne leur est donc pas applicable.

VOUS AVEZ ADOPTÉ LE TÉLÉTRAVAIL DÈS L’AN 2000. POUR QUELLE RAISON ?C’était à l’occasion des lois Aubry sur les 35 heures. Nous avons d’abord fait le constat d’un nombre élevé d’établissements SGS dans lesquels beaucoup de nos itinérants ne venaient que pour prendre et rapporter une voiture de société, taper les rapports d’expertise, introduire des données sur notre SI, remplir des notes de frais etc.

Ensuite, nous avons réalisé que les temps de trajet agence - client étant comptés comme temps de travail effectif, de par la loi, l’instauration d’une pénurie du temps de travail orchestrée par la loi Aubry aurait des conséquences catastrophiques pour nous. Ces temps de trajets pouvaient être équivalents au temps de travail passé chez les clients et facturables ! Il fallait impérativement qu’on change notre mode de travail, pour « récupérer » du temps de travail facturable.

Francis Bergeron, Directeur des Ressources Humaines du groupe SGS

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QUELLES DISPOSITIONS AVEZ-VOUS PRISES ?Nous avons donc décidé de mettre en œuvre des outils de travail à distance, notamment des ordinateurs et téléphones portables. Nous avons également investi dans une flotte de voitures individualisées pour chaque itinérant, afin qu’ils puissent éviter de passer par nos agences. Ces nouveaux équipements ont concerné près de 1 200 personnes, ce qui représentait un investissement lourd - d’autant que les ordinateurs portables étaient coûteux à cette époque. Du coup, nous avons fermé toutes les petites agences pour ne garder qu’une quarantaine de centres régionaux.

VOUS AVEZ ÉGALEMENT INSTAURÉ UN REMBOURSEMENT DES FRAIS DE TÉLÉTRAVAIL. POURQUOI ?Nous n’avions pas encore établi d’accords de télétravail, mais nous souhaitions que certaines tâches administratives soient désormais faites au domicile. Pour encourager nos salariés à accepter ces changements, et éviter les polémiques, nous avons établi des barèmes de remboursement de frais, plafonnés en fonction de la nature et du volume du télétravail. En moyenne, ils s’élèvent à environ 125 euros mensuels pour une personne travaillant à 100 % en télétravail, à 100 euros pour un 4/5ème, etc.

Il ne s’agit pas d’une prime, mais du remboursement (forfaitairement plafonné) de frais non mesurables, comme l’électricité ou l’eau, par exemple… Il faut souligner que cette

mesure a un excellent impact social ! Mais nous avons en ce moment un contrôle Urssaf ; et l’Urssaf nous demande, personne par personne, de justifier que les dépenses réelles du salarié pour son logement ne sont pas inférieures à 20 % de la valeur locative de son logement. Compliqué ! Surtout avec une rétroactivité sur trois ans.

Je conseillerais donc de demander, lors de la mise en place et à chaque déménagement, les preuves (quittance de loyer, taxe d’habitation, taxe foncière, factures d’eau, d’électricité, d’assurance, de gaz...). Si on veut que le télétravail se développe, il faut que l’Urssaf soit plus souple sur ce point !

QUID DES ACCORDS DE TÉLÉTRAVAIL ?Ces accords, de par la volonté du législateur, se veulent essentiellement « défensifs », protecteurs du salarié, et précisent que le télétravail ne peut pas être imposé, que la personne voulant quitter le statut de télétravailleur doit être réinstallée dans l’entreprise, etc. Après 14 ans de mise en œuvre, je n’ai jamais reçu une seule demande de cette nature ! Le télétravail fait partie intégrante de notre culture d’entreprise, et il est ressenti comme une liberté par les bénéficiaires de ce dispositif.

QUELS ASPECTS DE VOS MÉTIERS SONT EN AFFINITÉ AVEC L’ORGANISATION EN TÉLÉTRAVAIL ?Dans nos professions, il y a beaucoup de cadres et d’experts amenés à visiter des installations. Nous n’avons pas une culture d’usine : l’autonomie est importante. Le télétravail ne fait qu’aller

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dans le sens de cette autonomisation et de cette responsabilisation de nos salariés.

SGS RECHERCHE ÉGALEMENT DES PROFILS SENIORS. EST-CE QUE LE TÉLÉTRAVAIL PEUT CONSTITUER UN ARGUMENT D’EMBAUCHE ?Dans les métiers d’expertise et de contrôle, l’âge et l’expérience sont évidemment un atout. Malheureusement, nous faisons le constat qu’il est difficile de convaincre et de recruter des seniors. En fait, nous réembauchons surtout des anciens salariés de SGS. De façon générale, il nous est difficile de dire si l’argument « télétravail » a une influence positive pour que des seniors se réengagent ou s’engagent...

COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS LES ÉCONOMIES RÉALISÉES GRÂCE AU TÉLÉTRAVAIL CHEZ SGS FRANCE ?La très importante économie réalisée s’est située entre 2000 et 2003, quand nous avons fermé des agences locales. Les frais liés à de bâtiments utilisés essentiellement pour faire des rapports, étaient très élevés. Il faut ajouter que le gain réalisé sur le temps de travail effectif a compensé le passage aux 35 heures. Et bien sûr, le télétravail devenait possible grâce aux progrès des équipements numériques et télécoms.

QUELS SONT LES CHOIX TECHNOLOGIQUES FAITS PAR SGS FRANCE, NOTAMMENT VIS-À-VIS DU BYOD ?Nous n’avons pas adopté le BYOD mais en contrepartie, nous avons développé notre propre help desk, externalisé

mais dans nos murs, pour que notre personnel puisse être aidé en toutes circonstances. Ceci impose de réduire, voire de supprimer l’hétérogénéité des outils de communication utilisés. Nous voulons aussi conserver le contrôle des droits sur les logiciels que nous utilisons. En contrepartie, l’usage personnel de l’ordinateur et du téléphone professionnels sont autorisés. Pour cela, nous avons mis en place une formation et une charte d’utilisation des outils numériques.

VOUS DITES AVOIR DÉVELOPPÉ UNE CULTURE DE LA VISIOCONFÉRENCE. DANS QUELLES CIRCONSTANCES ?Nous avons besoin d’avoir des réunions avec nos collaborateurs sur tout le territoire, c’est pourquoi nous avons déployé des outils de visioconférence dans tous nos centres régionaux. Depuis plusieurs années déjà, nous avons développé une culture de la visioconférence : beaucoup de comités de direction, de réunions de services, de comités d’entreprise, de CHSCT et autres réunions avec les représentants du personnel sont faites de cette façon.

Cela permet de gagner du temps sur les transports, et là aussi les employés sont demandeurs. Au début, nous avons craint que ces dispositifs nous fassent perdre en convivialité ou en efficacité : en fait, les équipes se les sont rapidement appropriés.

QUEL EST LE PRINCIPAL CONSEIL QUE VOUS DONNERIEZ À UNE ENTREPRISE QUI SOUHAITE PASSER AU TÉLÉTRAVAIL ?

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Ce n’est pas un conseil technique mais psychologique : partez de l’idée que l’immense majorité des personnes est honnête, consciencieuse, compétente et motivée. L’inquiétude qui consiste à penser qu’une personne en télétravail puisse ne pas travailler autant est infondée. Par ailleurs, dans de nombreuses entreprises, il y a probablement plus de perte de productivité à cause des temps morts - typiquement les pauses cigarette ou la cafétéria -, qu’il n’y en a en télétravail. En un mot : il faut faire confiance aux gens et on n’est jamais déçu.

Néanmoins il faut aussi être conscient que le télétravail est difficilement compatible avec le code du travail, puisque la jurisprudence a encore par exemple réaffirmé, par un arrêt de Cassation du 11 juin 2014, que le contrôle des horaires est à la charge des employeurs et pas à la charge du salarié. Typiquement le télétravail est incompatible avec cette approche. La législation doit évoluer sur ce plan, si les pouvoirs publics veulent que le télétravail se développe en France. Sur ce plan, développer le télétravail est un risque. Mais c’est un risque inférieur à celui découlant, par exemple, des trajets domicile - bureau.

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LES TÉLÉCENTRES, UNE OPPORTUNITÉ POUR LE

DÉVELOPPEMENT DES RÉGIONS

Le Tour de France du Télétravail et des Tiers-lieux vient de terminer son édition 2014 dans le Val de Marne. L’occasion de faire le point avec Xavier de Mazenod, co-organisateur, sur les évolutions récentes des télécentres régionaux, des tiers-lieux et des nouvelles façons de travailler qui les accompagnent.

AU MOMENT OÙ SE TERMINE LA DERNIÈRE ÉTAPE DU TOUR DE FRANCE DU TÉLÉTRAVAIL ET DES TIERS-LIEUX 2014, PEUT-ON DIRE QUE LES TERRITOIRES ONT DÉSORMAIS BIEN COMPRIS L’INTÉRÊT DES TÉLÉCENTRES ?Ce n’est pas encore le cas d’une majorité de territoires ou de collectivités, mais certains l’ont très bien compris et gagnent en visibilité. Les territoires innovants ont de plus en plus de réalisations ou de projets de télécentres, sous une forme ou une autre. La tendance générale, soutenue par les géants de la construction ou de l’immobilier, étant de les installer en zone péri-urbaine.

Cette localisation s’explique facilement : ces zones ont une population dense, caractérisée par des mouvements pendulaires (aller-retours entre domicile et travail), ainsi qu’un réseau de transport très développé mais périodiquement saturé. D’où un objectif commun de « démobilité », c’est-à-dire de réduction des déplacements individuels.

Autre tendance, on voit apparaître de plus en plus de tiers-lieux, et notamment dans des télécentres, qui s’inspirent du modèle de coworking. Ils permettent à des individus de travailler en open space, avec plus ou moins d’interactions entre les gens (voir à ce sujet : Tiers-lieux et Télétravail : les premiers résultats de l’enquête «Quel bureau demain»).

QU’EN EST-IL EN MILIEU RURAL, MILIEU QUE VOUS CONNAISSEZ BIEN À TRAVERS VOTRE STRUCTURE ZEVILLAGE, IMPLANTÉE DANS L’ORNE ?En milieu rural, ce n’est pas la démobilité qui est prioritaire, mais plutôt la capacité à attirer des individus qui puissent venir avec leur travail. De nombreuses études montrent qu’il existe une forte volonté de quitter la ville : la moitié des Franciliens projette de s’installer dans une autre région. Mais cette volonté se confronte à l’impossibilité ou à la difficulté de travailler en dehors de la ville.

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Les collectivités en zone rurale, qui souhaitent apporter des solutions concrètes, développent des politiques d’accueil. Elles proposent des infrastructures permettant de télétravailler, un accompagnement pour l’installation, et une animation de la communauté (soit des activités visant à souder la communauté et à la faire croître). Des exemples existent dans le Gers, l’Orne, le Cantal et la Lozère notamment.

QU’EST-CE QUI EST LE PLUS DÉTERMINANT POUR LE SUCCÈS D’UN TIERS-LIEU : LA QUALITÉ DES INFRASTRUCTURES OU LA DIMENSION HUMAINE ?La dimension humaine est trop souvent oubliée ou négligée. Pour prendre le cas des télécentres, on peut regretter que certains restent malheureusement vides ou sous-occupés. En effet, pour un élu, ces projets ont a priori beaucoup d’avantages : ce sont des investissements très visibles, au budget maîtrisé, qui entrainent ensuite peu de frais de fonctionnement. Mais la partie «accueil et animation» n’étant pas toujours aussi réussie que l’infrastructure, les gens n’ont tout simplement pas envie de venir y travailler. En milieu rural on a plus facilement qu’en ville de la place pour travailler chez soi. On vient donc dans un tiers-lieu pour d’autres raisons. Comme recréer un « collectif de travail » choisi.

Il y a pourtant de bons exemples de politiques d’accueil réussies, en dehors du strict domaine du télétravail.

C’est le cas dans le Limousin et en particulier dans la Creuse, où la tendance au vieillissement de la courbe démographique s’est inversée. Ce résultat est le fruit d’une politique menée depuis 15 ans et il prouve que l’accueil et l’animation de communautés peuvent être très efficaces.

Pour en revenir au télétravail, les techniques de création et d’animation de communautés sont nécessaires et font leurs preuves. En fait, on constate que les indépendants ou certaines personnes qui travaillent au domicile (ponctuellement ou pas), veulent rompre leur isolement : mais ils ne feront le trajet que pour rejoindre une communauté, pas juste pour disposer d’un bureau.

Pour autant, la qualité des infrastructures, en particulier des outils et services numériques mis à disposition dans un télécentre ou un tiers-lieu sont évidemment très importants - voire déterminants pour certains métiers.

QUELS SONT LES OBSTACLES ACTUELS AU TÉLÉTRAVAIL ?Les 3 barrières historiques du télétravail sont aujourd’hui levées : l’absence de réseaux, le flou juridique (le télétravail est encadré par deux lois de mars 2012 : loi Warsmann (secteur privé) et loi Sauvadet (fonctions publiques) et le travail à domicile a son propre cadre juridique), et une culture managériale « présentéiste » (ce facteur étant

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néanmoins le plus lent à évoluer).

Pour en donner un exemple illustratif, lié au Tour de France du Télétravail dont Zevillage est co-organisateur depuis sa création il y a 2 ans : aujourd’hui, les questions posées ne portent plus sur les obstacles mais sur le «comment faire». En seulement deux ans, nous avons pu constater un gain de maturité très net.

Autre preuve d’une avancée des mentalités : j’ai lancé il y a quelques semaines le Club Zevillage pour bâtir le futur du télétravail, et il a immédiatement reçu le soutien actif de grandes entreprises et de collectivités locales.

Et il existe aussi une demande pressante du côté des salariés et des syndicalistes de terrain - ces derniers s’étant ralliés à cette approche qui ne reflète pas forcément la posture officielle de leur fédération ou confédération. Ce ralliement des salariés et des syndicalistes s’explique par une recherche de bien-être et de qualité de vie, au travail et en dehors.

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BLUE OFFICE, LE TRAVAIL

À DISTANCE 2.0

Alors que le travail à distance se développe à vitesse grand V, Nexity ouvre ses premiers Blue Office, des espaces de bureaux de nouvelle génération s’appuyant sur SFR comme partenaire technologique. Arnaud Violette, directeur général de Blue Office chez Nexity, présente ces nouveaux espaces hyper connectés, destinés à faire gagner de la productivité aux entreprises ainsi que du temps et du confort de travail aux salariés.

C’est aujourd’hui une tendance lourde, qui pourrait encore s’affirmer davantage demain : le travail à distance prend de plus en plus d’importance. Autrefois cantonné à quelques salariés dont l’emploi les autorisait à s’isoler de leurs locaux professionnels, cette forme de travail a énormément évolué à mesure que les technologies ont permis de partager à distance réseaux, systèmes informatiques, téléphonie, etc. Résultat : en France, un salarié sur huit travaille aujourd’hui à distance au moins occasionnellement. C’est encore beaucoup moins qu’en Allemagne et dans les pays scandinaves, où le ratio

est plutôt d’un sur cinq.

DES ÉCONOMIES CONSIDÉRABLESLes bénéfices de ce changement de comportement sont nombreux : pour les salariés, d’abord, qui n’ont plus à subir le stress des transports, en particulier dans les zones les plus densément peuplées. Pour l’environnement, ensuite, puisque précisément les déplacements quotidiens domicile-travail sont des plus polluants. Pour l’entreprise, enfin et surtout, et c’est d’ailleurs ce qui laisse penser que la pratique va se poursuivre et s’étendre dans les années à venir. « Si on demandait à un salarié sur deux de travailler deux jours par semaine en dehors de son entreprise, ce serait 40 milliards d’euros de bénéfices cumulés, pour les ménages, les entreprises et les collectivités », résumait sur BFM le sociologue Bruno Marzloff, directeur du groupe Chronos, qui rassemble une vingtaine de grandes sociétés et institutions autour des enjeux de mobilités physiques et numériques.

Arnaud Violette, Directeur généralde Blue Office

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CINQ BLUE OFFICE D’ICI DÉBUT JANVIER 2015Fort de ces constats, Nexity vient d’ouvrir quatre « Blue Office » en Île-de-France, à Massy, Alfortville, Maisons-Laffitte et Noisy-le-Grand. Un cinquième verra le jour début janvier à Montigny-le-Bretonneux, commune de Saint-Quentin-en-Yvelines. Il s’agit d’espaces de bureau hyper connectés, disponibles sur des durées et des surfaces très variables, ce qui rend leur location simple et flexible. « Nous avons réfléchi sur les nouveaux besoins qui ont émergé en terme de travail à distance », explique Arnaud Violette, directeur général de Nexity chez Blue Office. « Notre but était de permettre à la fois aux collaborateurs qui font la transhumance en Île-de-France de travailler à proximité de chez eux, mais aussi de proposer aux TPE, PME et autoentrepreneurs des surfaces de bureau aménagé de qualité proches de chez eux. »

SFR, UN CHOIX « ÉVIDENT »Pour permettre aux travailleurs présents dans les Blue Office de bénéficier des meilleurs services, Nexity a notamment fait appel à SFR. L’opérateur a remporté un appel d’offres au cours duquel « il nous est apparu assez évident qu’il avait les meilleures solutions », détaille Arnaud Violette. Ces technologies, ce sont en particulier « une connexion très haut débit grâce à la fibre optique et un WiFi sécurisé. Cela permet l’accès rapide aux salariés des grandes entreprises à leurs applications et à leurs données, et c’est aussi la possibilité pour les PME et les TPE de bénéficier d’un environnement

cloud, de systèmes de vidéoconférence ou de téléphonie de première qualité » assure Arnaud Violette.

« UN TERREAU FAVORABLE »Bénéfiques pour les entreprises, pour les salariés et pour l’économie en général, les Blue Office sont aussi précieux pour les territoires sur lesquels ils sont implantés. « Cela permet d’offrir des bureaux dans des quartiers où il y en a encore peu et où l’offre d’espace de travail de courte durée et de qualité n’existe quasiment pas », poursuit Arnaud Violette. « Cela crée un terreau favorable au développement des entreprises, favorise leur flexibilité et cela permet d’éviter aussi le phénomène de «cité-dortoir» ». Après les cinq premiers Blue Office franciliens, représentant 10 000 m² et 760 postes de travail, Nexity en ouvrira une vingtaine d’autres d’ici 2020, ainsi qu’une dizaine en région. De quoi donner des idées à tous les territoires en quête de dynamisme économique...

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TIERS-LIEUX ET TÉLÉTRAVAIL : LES PREMIERS RÉSULTATS DE L’ENQUÊTE

«QUEL BUREAU DEMAIN»

Lancée en mai 2014, l’expérimentation «Quel bureau demain»* a fait étape ce 9 décembre, lors du Tour de France du Télétravail et des Tiers-lieux. Pour la première fois en France, un panel de salariés de grandes entreprises, PME ou administrations publiques a été invité à travailler régulièrement dans des espaces de travail flexibles ou tiers-lieux de travail. Baptiste Broughton, co-organisateur de l’événement, nous présente en avant-première les premières leçons à en tirer...

COMMENT S’EST DÉROULÉE LA PREMIÈRE VAGUE DE L’EXPÉRIMENTATION «QUEL BUREAU DEMAIN» ET QUEL TYPE DE SALARIÉS AVEZ-VOUS RECRUTÉ ?Cette première vague a été plutôt constituée de travailleurs nomades (commerciaux ou cadres). D’autres entreprises viendront rejoindre la seconde vague - qui réunira beaucoup de salariés sédentaires -, de février jusqu’en fin d’année 2015.

Dans notre échantillon, qui regroupait 45 salariés, nous ne nous sommes pas focalisés sur une génération plutôt qu’une autre. Il nous est apparu en effet qu’il est plus pertinent de discerner une «culture Y» plutôt qu’une «génération Y» : c’est la proximité avec le numérique, plutôt que la tranche d’âge qui paraît différenciante.

La conclusion générale de l’enquête est une tendance à préférer le «smart work», lequel consiste à panacher plusieurs

postures de travail, dans trois espaces : bureau, domicile et tiers-lieu. Avec l’avènement de la mobilité, le travail ne dépend plus du site d’installation de l’employeur : ce qui compte, c’est travailler dans les meilleures conditions à un instant donné.

FAUT-IL PARLER DE NOUVEAUX ESPACESDE TRAVAIL OU DE NOUVELLES FAÇONS DE TRAVAILLER ?Aujourd’hui, le vocabulaire du télétravail et des tiers-lieux est en pleine évolution : des modèles et des définitions hybrides apparaissent, ce qui suscite parfois des polémiques. Pour prendre l’exemple des espaces Blue Office, de Nexity, ils illustrent bien les hybridations actuelles puisqu’ils sont à la fois des télécentres, des centres d’affaires, et des espaces dits de coworking.

Pour prendre seulement l’exemple de ce terme «coworking», il est sujet à des interprétations très différentes : soit une

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manière classique de travailler dans un espace partagé sans trop d’interactions (à la manière d’un open space dans une entreprise classique), soit une façon très collaborative de travailler en émulation avec les personnes présentes et la constitution primordiale d’une communauté d’utilisateurs. Si on retient cette deuxième définition, on ne sait pas encore aujourd’hui comment les salariés d’entreprises peuvent ou souhaitent participer à ces communautés en tant qu’utilisateurs ponctuels. Par exemple, l’expérimentation montre que si certains salariés ont trouvé dans certains espaces de «coworking» que l’interaction était un problème pour leur concentration et leur productivité, d’autres y ont apprécié la sociabilité et les opportunités d’interactions. Les modèles restent donc à inventer.

En pratique, le choix d’un espace de coworking se détermine donc plutôt sur sa «culture locale», parfois orientée métier (numérique, édition, startups, etc.). Il n’est donc pas étonnant de constater que certaines personnes alternent plusieurs lieux et adoptent plusieurs postures de travail, en fonction des tâches qu’elles ont à réaliser. En résumé, aujourd’hui, il vaut mieux parler des usages et des pratiques professionnelles que les lieux permettent, que d’essayer de labelliser les lieux par typologie.

DANS L’ÉTUDE «QUEL BUREAU DEMAIN», VOUS AVEZ PRÉCISÉMENT LAISSÉ AUX SALARIÉS LE CHOIX DES LIEUX ET DES POSTURES DE TRAVAIL. QU’AVEZ-VOUS CONSTATÉ ?

Dans le cadre de cette expérimentation, pour la première fois en France, l’occasion de travailler dans des tiers-lieux a été donnée à un panel de salariés de grandes entreprises, de PME et d’administrations. L’objectif était de permettre à ces organisations de tester ces solutions de télétravail. En Ile de France, 35 espaces respectant le niveau d’exigence des entreprises ont été sélectionnés (parmi lesquels des espaces professionnels type Le Spot Multiburo, et des espaces collaboratifs comme La Cordée ou Mozaic Coworking). Notre objectif était de voir quels seraient les usages et les avantages-inconvénients perçus par les salariés.

Notre constat initial est que la première utilisation d’un tiers-lieu n’est pas naturelle pour la plupart des salariés. Nous avons dû parfois «batailler» pour expliquer ce que sont les tiers-lieux, et inciter les salariés - qui s’étaient pourtant portés volontaires - à s’y rendre effectivement. Le poids des habitudes nous est apparu comme très important, pour près d’un salarié sur deux, qu’il a fallu «prendre par la main» pour qu’ils fassent leur première expérience. Mais ensuite, à l’usage, les tiers-lieux ont globalement été jugés positivement.

QUELS ONT ÉTÉ LES JUGEMENTS POSITIFS ÉMIS PAR LES SALARIÉS ?L’expérimentation n’est pas encore terminée mais nous avons déjà enregistré des résultats positifs très probants :

67 % souhaiteraient continuer d’utiliser un tiers-lieu à l’issue de cette expérimentation,les 3/4 des répondants (72 %) se

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disent plus efficaces au travail en tiers-lieux qu’au bureau. Notre hypothèse est que l’open space et une certaine tendance à la «réunionite» ne favorisent effectivement pas la concentration, notamment sur des tâches de fond. Les tiers-lieux semblent moins «parasités» que les bureaux traditionnels, plus du tiers des salariés (36 %) se déclare plus efficace en tiers-lieux qu’au domicile. Les inconvénients évoqués du domicile sont déjà bien connus : problèmes de place, d’équipement, de frontière entre vie professionnelle et vie familiale, la moitié des salariés interrogés (50 %) signale une diminution du stress et de la fatigue principalement liée à la réduction du temps de transport. Certains répondants ont ainsi économisé jusqu’à 2 heures par jour sur les transports. En moyenne, le gain de temps a été réparti équitablement entre vie professionnelle et vie privée, le sentiment d’appartenance à l’entreprise est impacté positivement pour le tiers des salariés (31 %) et reste neutre pour les autres (69 %). Ce résultat est donc contraire aux attendus et aux idées reçues !Plus d’un salarié sur cinq (22 %) a mis l’accent sur les rencontres, les échanges et les opportunités commerciales dans les tiers-lieux, ce qui montre que même si tous les salariés ne se rendent pas dans ces espaces pour «networker», certains participent de manière active aux communautés qui s’y trouvent.Au final, notre analyse et celle de nombreux interviewés est que la bonne solution consisterait à mixer les lieux et les modes de travail pour parvenir à un résultat jugé optimal par l’entreprise et par le salarié.

QUELS ONT ÉTÉ LES POINTS D’AMÉLIORATIONDES TIERS-LIEUX DEMANDÉS PAR LES SALARIÉS LORS DE L’EXPÉRIMENTATION « QUEL BUREAU DEMAIN » ?En Île-de-France, le maillage territorial n’étant pas suffisant, les tiers-lieux sont parfois décrits comme trop éloignés. Par ailleurs, il y a sans doute beaucoup à faire pour que le parcours utilisateur soit plus fluide (réservations, accès à des équipements et services, applications dédiées...). Les salariés font également entendre une demande de flexibilité des horaires, notamment pour éviter les transports pendant les heures de pointe.

EN QUOI VOTRE PLATEFORME NEO-NOMADERÉPOND-ELLE AUX NOUVEAUX BESOINS DES ENTREPRISES ET DES SALARIÉS ?Pour les grandes entreprises, il existe un besoin de trouver des espaces de télétravail à l’échelon national ou régional. Or, aujourd’hui, l’offre est assez hétérogène et les acteurs relativement nombreux. Pour leur part, les salariés, les PME et les indépendants ont parfois besoin de panacher les solutions : travailler lundi dans les locaux de l’entreprise, mardi en espace de coworking collaboratif, mercredi dans un télécentre à proximité des rendez-vous régionaux, etc. Grâce à notre plateforme Neo-nomade, l’entreprise ou l’individu accèdent à une quarantaine d’espaces de télétravail et tiers-lieux en Ile de France, et ils peuvent effectuer leurs réservations en bénéficiant d’un contact unique. Nous pensons que cette approche peut contribuer à simplifier les usages et à développer le télétravail en France.

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A PROPOS DU GROUPE NUMERICABLE SFRLe rapprochement entre Numericable et SFR confère au nouvel ensemble un avantage de poids sur le marché BtoB. En s’appuyant sur la complémentarité de ses différentes entités : SFR Business Team, Completel et Telindus, le groupe Numericable-SFR ambitionne de devenir le leader de la convergence et du Très Haut Débit fixe et mobile dédié aux entreprises. Numericable-SFR peut ainsi accompagner toutes les entreprises, de la TPE à la multinationale, ainsi que les administrations, quels que soient leurs besoins télécoms/cloud/ICT*.

Outre son réseau en fibre optique unique sur le territoire, le groupe Numericable-SFR est en mesure de proposer aux entreprises : une palette unique de services alliant des offres convergentes fixe-mobile et des solutions packagées ou sur-mesure adaptées aux besoins des clients, et un accompagnement de bout-en-bout des projets, par une équipe dédiée.

* ICT : Information and Communications Technology

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