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Terre, paysans et politique. Structures agraires, systèmes politiques et politiques agricoles byHenri Mendras; Yves TavernierReview by: Pierre BarralÉtudes rurales, No. 45 (Jan. - Mar., 1972), pp. 134-136Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/20120214 .
Accessed: 25/06/2014 06:45
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COMPTES RENDUS
Henri Mendras et Yves Ta vernier
(sous la direction de), Terre, paysans et
politique. Structures agraires, sys
t?mes politiques et politiques agricoles. Paris, SEDEIS, 1969, 2 vol., 608 p.
(Futuribles, 12).
En un temps o? l'on parle beaucoup de liaisons interdisciplinaires, sans toujours bien en voir les conditions n?cessaires, voici une entreprise pleinement r?ussie pour associer ?conomistes, sociologues et politistes dans une r?flexion commune sur les poli
tiques agricoles d'aujourd'hui. Le groupe animateur, form? de Michel Gervais, Henri
Mendras, Claude Servolin et Yves Tavernier, a d'abord organis? une confrontation de
points de vue et l'?laboration d'une probl?matique au cours de s?minaires hebdomadaires ? la Fondation nationale des Sciences politiques, puis tenu ? Venise gr?ce ? l'aide du
groupe italien ? Futuribili ?, en octobre 1967, un colloque auquel ont particip? des
sp?cialistes de divers pays. Deux beaux volumes, agr?ablement pr?sent?s, nous apportent une riche gerbe d'?tudes nationales et une int?ressante tentative de synth?se, ? Le d?fi
paysan ?.
? D?fi paysan ? ce grand refus, oppos? par la paysannerie ? la soci?t? industrielle, ? de suivre sa logique et de se laisser analyser dans les cat?gories pertinentes pour les autres secteurs de la soci?t? ?. Au moment o? l'homme para?t ma?triser une puissance
technique et une capacit? de gestion in?gal?es, ?
par une cuisante ironie de l'histoire... le
probl?me agraire se pose avec une acuit? qu'il n'avait pas connue depuis pr?s d'un
si?cle ?. Et il s'agit d'un ph?nom?ne v?ritablement mondial qui s'observe dans toutes les nations, ?
quelles qu'en soient les structures politiques, ?conomiques et sociales ?.
Dans les pays les plus d?velopp?s, la difficult? est d'assurer l'int?gration harmonieuse dans l'?conomie globale de l'agriculture consid?r?e non plus comme un monde ? part aux
caract?res irr?ductibles, mais comme ? un stade dans un cycle de production entre les industries d'amont qui fournissent les engrais pour nourrir le sol et les machines pour le travailleur et les industries d'aval qui transforment et conditionnent les produits alimen taires ?. ? Dans les pays o? le niveau de d?veloppement est moindre, le probl?me rev?t un caract?re diff?rent, mais souvent plus aigu. L'ampleur des transformations que le
secteur traditionnel doit subir est encore accrue par les rapports de subordination ?
l'?gard des nations industrialis?es, le d?veloppement ?conomique ; les transformations sociales et l'?quilibre politique de tous ces pays sont ?troitement d?pendants des condi tions du march? international. ? Or ces agriculteurs sont maintenant pr?sents dans
l'histoire du monde : ? Dans les termes de Redfield, ils ?taient des ' sauvages
' ignorant
le reste du monde et ils deviennent des ' paysans
' d?pendant d'une soci?t? et d'une
civilisation plus large qui s'?tend maintenant ? la plan?te enti?re. Les sauvages mouraient
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COMPTES RENDUS 135
de faim sans inqui?ter les nations polic?es tandis que les paysans ont toujours attendu de leurs princes qu'ils ouvrent leurs greniers
au moment de la soudure. ?
? Contrairement ? l'id?e re?ue ?
peuvent ?crire les auteurs ? le monde actuel montre
que les paysans sont gens difficiles qui posent des probl?mes graves aux gouvernants. ?
Ceux-ci ont donc ?t? partout amen?s ? des interventions r?p?t?es dans un secteur qui semblait, il y a un si?cle, ?tre le sanctuaire de la libre initiative individuelle. Mais leurs d?cisions sont, par la force des choses, complexes et diverses : ? Toutes les politiques agricoles
? et toutes les r?formes agraires
? r?sultent d'un compromis, entre d'une
part les objectifs politiques, ?conomiques et sociaux poursuivis par le gouvernement en
place et d'autre part, les contraintes ?
qui ont ?galement des aspects ?conomiques, sociaux et politiques
? impos?es par la situation de l'agriculture du pays consid?r? et
qui sont elles-m?mes la r?sultante d'une longue ?volution historique. ? L'homme politique a-t-il alors une libert? d'action r?elle ? ? Dans quelle mesure les structures agraires commandent-elles le fonctionnement du syst?me politique et dans quelle mesure ces
deux ?l?ments conditionnent-ils ?troitement la formulation d'une politique agricole applicable ? ? ? Quels sont les points d'appui et les plans de clivage dont on peut jouer pour peser sur le cours des ?v?nements ? ? Les auteurs remarquent avec une pointe d'ironie : ? Les difficult?s des pays socialistes pour r?aliser un projet clairement d?fini ou les r?sultats des r?formes faites par un ministre de l'Agriculture fran?aise apr?s six ans de pouvoir dans une p?riode exceptionnelle incitent ? beaucoup de modestie et d?cou
rageraient m?me de poser ces questions.
?
Appliquant donc les m?thodes convergentes de l'analyse ?conomique, de l'analyse sociologique et de l'analyse politologique, les rapports ?labor?s par pays nous fournissent de pr?cieux bilans. Il serait sans int?r?t de r?sumer des tableaux tr?s inform?s et riches en nuances, tous fort int?ressants. Le lecteur fran?ais consultera peut-?tre plus par
ticuli?rement les ?tudes sur les ?tats-Unis, l'U.R.S.S., l'Iran, le Mexique, le Portugal et le Maroc.
Un tome III en pr?paration y ajoutera une nouvelle s?rie d'?tudes, men?es aux ? Sciences politiques ?, ult?rieurement au colloque,
sur les pays d'Europe occidentale.
L'Afrique Noire et l'Asie du Sud-Est ont ?t? pratiquement laiss?es hors de la recherche, ? parce que les structures agraires et les r?gimes politiques ont paru, dans une premi?re
approche, trop disparates ?. On regrette ?videmment cette absence, tout en en compre nant les raisons.
A partir de ces ?tudes nationales, le rapport de synth?se d?finit de fa?on ferme et nuanc?e ? la fois trois domaines : les pays industrialis?s capitalistes, les pays socialistes
d'Europe orientale, ? les pays ? ?conomie agraire dominante ? du Tiers-Monde, et il ?tudie
de mani?re comparative comment s'?labore la politique agricole dans chacune de ces
situations fondamentales. Il rel?ve ensuite que le colloque de Venise a montr? ? l'impor
tance strat?gique de certaines questions auxquelles on revenait sans cesse, tout en
entretenant une certaine ?quivoque sur leur formulation exacte ? et il les propose comme
th?mes ? approfondir par la recherche ult?rieure. Celle-ci devant ? la fois rassembler des informations de fait et pr?ciser des notions et des termes qui comportent encore beaucoup d'ambigu?t?.
L'apport de l'agronome et celui de l'?conomiste seront pr?pond?rants pour l'?tude des trois premiers th?mes : ? les contraintes dominantes qui d?finissent assez strictement les choix ?conomiques et techniques possibles, alors qu'une infime vari?t? de solutions et de nuances sont possibles dans les modalit?s d'ex?cution et surtout dans les moyens d'action sur les structures sociales ? ; les effets du r?gime foncier (dont la propri?t? de
type occidental n'est qu'un type parmi bien d'autres) et les r?sultats des r?formes agraires r?alis?es avec une ampleur tr?s in?gale dans de nombreux pays ; les m?canismes de
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formation et d'appropriation du ? surproduit
? agricole, c'est-?-dire de la part de la pro
duction non consomm?e par les exploitants eux-m?mes pour leur subsistance et livr?e
au pouvoir politique, d'abord en nature, puis aujourd'hui en valeur marchande. Ces
probl?mes se retrouvent avec leurs traits propres en r?gime socialiste comme en r?gime
capitaliste. Le sociologue et le politiste devront tenir grand compte des donn?es qui leur seront
ainsi fournies, quand ils examineront les th?mes qui leur reviennent plus particuli?re ment : ? l'encadrement de l'agriculture ? par les ? f?odalit?s ? (au sens large), par les
bourgeois des petites villes, ou par les techniciens, dont le r?le cro?t visiblement de nos
jours ; la repr?sentation professionnelle et politique des paysans, d?termin?e ?videmment dans une large mesure par les structures sociales ; l'id?ologie paysanne qui constitue
presque partout ? un atout majeur ? dans le jeu d'influence sur le pouvoir ; enfin les m?canismes de d?cision, qui sont en ce domaine plus souvent implicites qu'explicites, mais qui traduisent des courants profonds et contraignants.
Dans tous ces probl?mes, la part des r?manences est consid?rable et elle freine l'effet des impulsions suscit?es par les exigences pr?sentes. L'analyse doit donc faire sa part aux donn?es de l'histoire et les travaux de Venise n'y ont pas manqu?. Malheureusement
l'histoire de l'agriculture a sans doute ?t? moins ?tudi?e pour le dernier si?cle que pour les ?poques plus anciennes. Des efforts r?cents ont ?t? entrepris dans ce sens : notamment
par la Commission internationale d'Histoire des Mouvements sociaux qui vient de r?aliser une large enqu?te, sur ? Mouvements paysans et probl?mes agraires de la fin du xvine si?cle ? nos jours?. Les travaux pr?sent?s au Colloque de Naples (novembre 1969) et au Congr?s de Moscou (ao?t 1970) seront prochainement publi?s et feront mieux conna?tre la gen?se historique des probl?mes ?tudi?s ? Venise.
Pierre Barral
Edgard Raynaud, Investissements
humains, illusions et r?alit?. Paris,
Mouton, 1969, 318 p., bibl., graph.
Avec l'analyse des programmes d'investissement humain dans les pays en voie de
d?veloppement, l'auteur met en cause tous les probl?mes de la vie sociale au sens le plus large ; ce qui donne ? son ouvrage une dimension anthropologique.
Il insiste tout d'abord sur l'ethnocentrisme des ?conomistes classiques et sur la
conception qu'ont les int?ress?es, du travail, du temps, de la rationalit? ?conomique. Puis il pose pour principe que le d?veloppement industriel n'est pas, ? l'?chelle d'une
g?n?ration, une panac?e au sous-emploi rural. La solution ne consiste pas ? retirer du secteur agricole une main-d' uvre exc?dentaire, mais ? trouver sur place les conditions
de son emploi ? des fins d'investissement. Dans cette perspective, une analyse correcte doit ?tre faite des donn?es et des
concepts : il faut distinguer le sous-emploi apparent du sous-emploi invisible (divers types d'occupations non rentables). La confusion entre travaux collectifs et investis sement humain est une erreur th?orique grave : ils ne se recouvrent pas n?cessairement.
Pour illustrer l'anciennet? de leur conjonction, l'auteur cite l'exemple historique du ? mode de production asiatique ?, d?signation ? laquelle il pr?f?re celle de ? soci?t?
hydraulique ? car une de ses caract?ristiques dominantes sur le plan technique ?tait
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