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FACOLTA' SESSIONE ESTIVA DI STUDI UMANISTICI LUGLIO 2016 (3° Appello) - FRANCESE - III° Anno (12 CFU) TEXTE À RÉSUMER Le français est-il menacé ? Il y a des gens pour le penser, pour penser tout au moins que le vocabulaire français risque d’être gravement anglicisé. La mode, d’une part, liée à une certaine fascination de l’Amérique, la mondialisation, d’autre part, et le fait que l’anglais est déso rmais la langue internationale, ont introduit un grand nombre de mots d’origine anglaise dans le vocabulaire du Français moyen. Il faut ajouter à cela les nouvelles inventions qui nous arrivent avec le mot qui les désigne, en anglais bien sûr. Si bien qu’on assiste à des réactions, quelquefois officielles, assez peu fructueuses parmi tous les néologismes proposés pour remplacer des mots anglais, il n’y a guère que quelques mots de l’informatique (logiciel, ordinateur) qui se sont imposés en français. Mais cette inquiétude est-elle bien légitime ? Ces réactions sont-elles bien nécessaires ? Remarquons, pour commencer, que le problème (si c’est un problème) n’est pas récent. C’est en 1970 (il y a donc plus de 30 ans) que le linguiste Étiemble a inventé le mot « franglais » pour désigner le langage qu’on parlait désormais en France, d’après lui, et qui n’était plus du français, mais une espèce d’hybride franco-anglais, une langue bâtarde. Et l’invasion n’a pas commencé en 1970 : « parking » s’est installé en France en 1925, « dancing » en 1920, on mange du « bifteck » depuis le XVIIIème siècle ; « redingote » et « paquebot » aussi viennent d’Angleterre, le premier est arrivé en France au début du XVIIIème siècle, le second au milieu du XVIIème. Et tout ça sans gravement perturber le vocabulaire français ! Il y a toujours eu des échanges entre le français et l’anglais : faut- il rappeler qu’à l’origine de « parking » il y a le mot français « parc », emprunté par les Anglais au XIIIème siècle, qu’à l’origine de « dancing » il y a le français « danse », que dans « bifteck » il y a « beef » qui vient du français « bœuf » ? En fait les emprunts font partie de la vie normale d’une langue : au XXème et au XXIème siècle on emprunte massivement à l’anglais, au XVIème c’était l’italien qui envahissait le français, mais personne ne s’en plaignait. Les poètes de la Pléiade encourageaient ces emprunts dans sa « Défense et illustration de la langue française », Du Bellay les recommande car ils ne peuvent qu’enrichir la langue. D’accord, me dira-t- on, mais c’est pas du tout la même chose : les mots italiens étaient vite intégrés parce que le français et l’italien sont deux langues proches. Et les emprunts anciens à l’anglais le sont aussi : dans « redingote » on ne reconnaît plus « riding-coat », « paquebot » n’a plus rien à voir

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FACOLTA' SESSIONE ESTIVA DI STUDI UMANISTICI LUGLIO 2016 (3° Appello) - FRANCESE - III° Anno (12 CFU)

TEXTE À RÉSUMER

Le français est-il menacé ? Il y a des gens pour le penser, pour penser tout au moins que le vocabulaire

français risque d’être gravement anglicisé. La mode, d’une part, liée à une certaine fascination de

l’Amérique, la mondialisation, d’autre part, et le fait que l’anglais est désormais la langue

internationale, ont introduit un grand nombre de mots d’origine anglaise dans le vocabulaire du

Français moyen. Il faut ajouter à cela les nouvelles inventions qui nous arrivent avec le mot qui les

désigne, en anglais bien sûr. Si bien qu’on assiste à des réactions, quelquefois officielles, assez peu

fructueuses parmi tous les néologismes proposés pour remplacer des mots anglais, il n’y a guère que

quelques mots de l’informatique (logiciel, ordinateur) qui se sont imposés en français. Mais cette

inquiétude est-elle bien légitime ? Ces réactions sont-elles bien nécessaires ?

Remarquons, pour commencer, que le problème (si c’est un problème) n’est pas récent. C’est en 1970

(il y a donc plus de 30 ans) que le linguiste Étiemble a inventé le mot « franglais » pour désigner le

langage qu’on parlait désormais en France, d’après lui, et qui n’était plus du français, mais une espèce

d’hybride franco-anglais, une langue bâtarde.

Et l’invasion n’a pas commencé en 1970 : « parking » s’est installé en France en 1925, « dancing »

en 1920, on mange du « bifteck » depuis le XVIIIème siècle ; « redingote » et « paquebot » aussi

viennent d’Angleterre, le premier est arrivé en France au début du XVIIIème siècle, le second au

milieu du XVIIème. Et tout ça sans gravement perturber le vocabulaire français ! Il y a toujours eu

des échanges entre le français et l’anglais : faut-il rappeler qu’à l’origine de « parking » il y a le mot

français « parc », emprunté par les Anglais au XIIIème siècle, qu’à l’origine de « dancing » il y a le

français « danse », que dans « bifteck » il y a « beef » qui vient du français « bœuf » ?

En fait les emprunts font partie de la vie normale d’une langue : au XXème et au XXIème siècle on

emprunte massivement à l’anglais, au XVIème c’était l’italien qui envahissait le français, mais

personne ne s’en plaignait. Les poètes de la Pléiade encourageaient ces emprunts dans sa « Défense

et illustration de la langue française », Du Bellay les recommande car ils ne peuvent qu’enrichir la

langue.

D’accord, me dira-t-on, mais c’est pas du tout la même chose : les mots italiens étaient vite intégrés

parce que le français et l’italien sont deux langues proches. Et les emprunts anciens à l’anglais le

sont aussi : dans « redingote » on ne reconnaît plus « riding-coat », « paquebot » n’a plus rien à voir

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avec « packet-boat ». Alors que ce qui se passe maintenant, c’est l’entrée de mots anglais, tout

bruts, sans changement, et en grande quantité. C’est vrai, ou presque. Les emprunts à l’anglais sont

plus nombreux qu’autrefois, ça, c’est indubitable. Mais qu’ils ne subissent aucun changement en

entrant chez nous, ça, c’est moins sûr.

Les gens qui dénoncent cette invasion semblent penser qu’autrefois on faisait l’effort de donner un

air français à un mot britannique qui avait l’audace de s’introduire en France, alors qu’aujourd’hui

on s’en donnerait plus la peine. Ils se trompent complètement ! Il se passe de nos jours exactement la

même chose qu’autrefois : on prend à l’étranger (en l’occurrence à l’anglais) les mots qui nous

intéressent pour une raison ou pour une autre, et seulement ceux-là, (il ne s’agit donc pas d’une «

invasion », même s’ils sont en effet plus nombreux à nous intéresser) et on les transforme en mots

français.

Bien sûr la transformation de « packet-boat » en « paquebot » est évidente alors que la francisat ion

de « parking » ne l’est pas. Le mot garde un air anglais, surtout à l’écrit, et c’est ce qui choque les

puristes. Mais il y a quand même des transformations : la prononciation, tout d’abord, à la française.

Cela signifie que les mots s’intègrent dans une phrase aux sonorités françaises. Quand un mot

emprunté est prononcé à l’anglaise (il y a des gens qui font parfois cet effort sur certains mots) il

apparaît comme une citation. Et si l’évolution n’est pas plus grande, c’est que les locuteurs français

désormais savent lire, et que l’écrit fixe la prononciation. De plus, ils sont pour la plupart, sinon

anglophones, du moins habitués à entendre de l’anglais, ce qui n’était pas du tout le cas au XVIIIème

siècle. Car ce n’est pas sa volonté de conserver à la langue française son caractère national qui a

poussé le tailleur français à prononcer « redingote » ce que les Anglais appelaient « riding-coat »,

c’est son incompétence. Quant à « paquebot », quand il est entré officiellement dans le français, dans

le très officiel Dictionnaire de l’Académie Française en 1687, il s’écrivait en deux mots, avec un trait

d’union, et devait se prononcer [paket bot], car à l’époque on prononçait les consonnes finales.

Il y a donc, même de nos jours, une adaptation aux sonorités françaises, une mutation phonétique,

ce qui est un premier degré de francisation.

Deuxième transformation la mutation sémantique, autrement dit le changement de sens, le mot

anglais, souvent, n’est pas utilisé en France avec le même sens qu’en Angleterre, la plupart du temps,

son sens en français est plus restreint. Reprenons nos exemples on a tendance à dire « mail » plutôt

que « E-Mail » (c’est plus court). Mais en anglais, le mot [meil], il désigne toute sorte de courrier,

par la poste ou autrement. Son cousin français [mEI], lui, il a un sens plus précis courrier électronique.

Quelquefois même, les Français font d’un mot anglais un usage qui est très différent de celui qu’en

font les Anglais : il n’y a pas en Angleterre de « parking » au sens français du terme, [pa : kiN] est

une forme verbale et ne désigne jamais un lieu. Il en va de même pour « dancing » qui n’est aussi

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qu’une forme verbale : il n’y a jamais eu de lieu nommé « dancing », mais des lieux appelés «

dancing-hall » ou « dancing-house » (et même parfois, soit dit en passant,. « palais de danse »). Ces

mots qui ont un air anglais sont donc d’un usage bien français.

Troisième marque d’une intégration : ce qu’on appelle la morphologie, c’est-à-dire la forme même

des mots, dans leur conjugaison, leur dérivation. On emprunte des verbes à l’anglais, ou on forme des

verbes à partir de noms anglais, mais on les conjugue à la française stopper, stocker, surfer, booster,

etc. Si bien que les mots qui dérivent de ces verbes ont une allure beaucoup plus française que

l’emprunt originel (ce sont des immigrés de seconde ou troisième génération !), ainsi, on fait d’abord

des « stocks » puis du « déstockage », quand on fait du « surf » on est un « surfeur » (écrit « f-e-u-r

») ou une surfeuse. J’ai même vu « boosteur » écrit « t-e-u-r ». Et cela ne concerne pas que les mots

dérivés de verbes, comme le prouve le mot « kitchenette ». Pourquoi « kitchenette » plutôt que «

cuisinette », ça c’est une autre question, « kitchenette » est, en tout cas, un mot bien français malgré

son origine anglaise.

Tout cela prouve bien que le vocabulaire français, en dépit des apparences, résiste à l’anglais. Il ne

s’agit d’ailleurs pas d’une résistance : aucun des phénomènes d’adaptation que j’ai signalés n’est le

résultat d’une lutte contre l’anglais. Il n’y a que des puristes mal avisés pour vouloir « résister ». Ceux

qui adoptent un mot anglais, par le simple fait qu’ils l’adoptent, même si l’adopter c’est l’adapter,

montrent qu’ils ne sont pas en lutte contre l’anglais. Il n’y a aucune raison à cela. Le vocabulaire n’est

pas menacé : il est ce qu’il a toujours été, vivant c’est-à-dire mouvant ; certains mots disparaissent de

l’usage, d’autres sont créés ou empruntés à l’étranger. C’est s’il était fixé une fois pour toutes qu’il

serait mort.

Résumer le texte en 300 - 360 mots (/25 points)

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III° ANNÉE - GRILLE D’EVALUATION DU RÉSUMÉ

Critères d’évaluation

Total/25

Caractéristiques du résumé

Respect de l’ordre des idées de l’auteur

2

Version fidèle du texte initial (pas de contresens, totalité des idées importantes)

4

Respect du système d’énonciation

1

Pas de montage de citations et reformulation

3

Longueur donnée respectée (marge de 10%)

1

Langue et style

Vocabulaire approprié (techniques de remplacement, synonymes, etc.)

3

Présence de termes d’articulation

2

Grammaire et Syntaxe (construction des phrases)

7

Orthographe

1

Présentation et soin de la copie

Présentation du résumé (titres, alinéas, etc.)

0,5

Soin de la copie, lisibilité de l’écriture

0,5

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Vocabulaire

1) À partir du verbe, trouvez un substantif (/1 points):

- improviser

- changer

- rembourser

- obliger

- surveiller

- limiter

2) Trouvez dans le texte le contraire des mots suivants : (/3 points):

- protégé

- officieuses

- ancien

- peu

- tout le monde

- appauvrir

- éloignées

- affinés

- large

- identique

- abandonner

- apparaissent

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3) Complétez le tableau suivant : (/1 points):

SUNSTANTIF VERBE SUNSTANTIF

assureur assurer assurance

juger

arbitrage

conduire

compter