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8/14/2019 Texte Paru Dans Neurone
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IntroductionOn a depuis longtemps dj abandonn lide classique,
dichotome, que les troubles de lenfance disparaissent avec
lge ou, inversement, quils persistent chez ladulte sous
forme inchange. Le dficit de lattention/hyperactivit
(Attention Deficit Hyperactivity Disorder ADHD) est una-
nimement reconnu comme un trouble neurobiologique qui
peut apparatre nimporte quel moment de la vie mais
dans lequel les critres pour lge adulte (travail au lieu
dcole, relations, parentalit, ) et la capacit dvelop-
per des stratgies compensatoires modifi ent limpact et lex-
pression de la maladie. Cela se comprend mieux lorsque
lADHD est considr non pas tant comme un problme
d tre calme et/ou attentif que comme un trouble de
l autorgulation ou de l autocontrle.
Chez ladulte, l ADHD semble, tout autant que chez lenfant,
un diagnostic controvers; des tudes empiriques et observa-
tionnelles sont indispensables. Les discussions dans les mdias
et la littrature populaire propos de la dpendance aux sti-
mulants ou du rapport entre la neurobiologie et lducation
(morale) nous influencent fortement et peuvent nous faire dou-
ter de la validit du diagnostic. La plupart du temps gale-
ment, le clinicien est sceptique vis--vis de ladulte qui
consulte de son propre chef aprs auto-diagnostic (aprs avoir
lu des livres et/ou stre inform via linternet).
Les critres diagnostiques sont-ils utilisableschez ladulte?
Au fil des ans, on observe une volution passionnante de la
terminologie et de la conceptualisation des problmes dat-
tention, dhyperactivit et dimpulsivit. Bien que cela soit
pertinent pour le diagnostic lge adulte, la place nous
manque pour nous y attarder.
Les critres actuels du Manuel Diagnostique et Statistique
des Troubles Mentaux, 4e dition (DSM-IV) (Figure 1) sont
applicables ladulte, chez qui on reconnat spcifique-
ment la persistance avec limitations fonctionnelles sansquil soit ncessaire de rpondre lensemble des critres
diagnostiques (via le codage en rmission partielle).
Les critiques sont cependant nombreuses parce que le
DSM-IV dfinit lADHD comme une maladie psychiatrique
avec une seule srie de symptmes qui la caractrisent tous
les ges. Bien que lADHD soit depuis longtemps dj consi-
dr comme un trouble du dveloppement, le DSM-IV ne
fournit pas une description de la prsentation des symptmes
en fonction de lge ni une adaptation du nombre de critres
requis pour le diagnostic en fonction du stade de dveloppement.
Dficit de lattention/hyperactivitchez ladulte: quen est-il?Steven Stes*
Le dficit de lattention/hyperactivit (Attention
Deficit Hyperactivity Disorder ADHD) est un
trouble qui apparat pendant lenfance et dont on
a longtemps pens quil disparaissait ladoles-
cence. Pourtant, jusqu 60% des enfants souf-
frant dADHD continuent prsenter des symp-
tmes caractristiques lge adulte, bien que la
prsentation typique rponde des critres totale-
ment diffrents (travail, relations, parentalit, ).
Les tudes longitudinales comme les tudes trans-
versales montrent que le trouble est cliniquement
significatif lge adulte, avec des dysfonctionne-
ments au plan professionnel, famil ial et affectif. Enoutre, la comorbidit est leve, comme chez les
enfants, et peut compliquer le diagnostic et le trai-
tement. Le traitement de lADHD est actuellement
bas en grande partie sur la pharmacothrapie
mais la psychoducation et la psychothrapie y
ont galement leur place.
Keywords: ADHD adult review
* Service de Psychiatrie, AZ VUB, Jette
RSUM
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Le nombre de symptmes ncessaire pour, dans une popula-
tion adulte, obtenir un cart-type de 1,5 diminue en effet avec
lge (1, 2). La ncessit dau moins 6 symptmes sur 9 semble
arbitraire et trop restrictive pour ladulte.
Il faut accorder plus dattention lvolution des symptmes
dans une perspective dveloppementale et la prsence (et
aux antcdents) dune gne significative (critre D) dans
au moins 2 domaines (critre C). Cest difficile dterminer
de manire rtrospective et en raison du risque bien rel de
surdiagnostic, cela requiert une approche critique de la part
du clinicien (3). Il doit aller au-del des symptmes rappor-
ts par le patient et procder une valuation approfondie
avec, idalement, des informations htro-anamnestiques
(parents, partenaire) et des informations propos du fonc-
tionnement scolaire (livret scolaire), professionnel et rela-
tionnel (au sens large). Lge dapparition (critre B) est tout
aussi difficile prciser de manire rtrospective et la limite
de 7 ans semble elle aussi arbitraire. La validit de ces cri-
tres est fortement mise en doute depuis que des tudes ont
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Figure 1: Critres diagnostiques du DSM-IV(-TR) pour lADHD.
A. Prsence de soit (1), soit (2):
1. Six des symptmes suivants dinattention (ou plus) ont per-
sist pendant au moins 6 mois, un degr qui est inadap-
t et ne correspond pas au degr de dveloppement:
Inattention
Souvent, ne parvient pas prter attention aux dtails
ou fait des fautes dtourderie dans les devoirs
scolaires, le travail ou dautres activits
A souvent du mal soutenir son attention au travail ou
dans les jeux
Semble souvent ne pas couter quand on lui parle
personnellement
Souvent, ne se conforme pas aux consignes et ne par-
vient pas mener terme ses devoirs scolaires, ses
tches domestiques ou ses obligations professionnelles
(cela nest pas d un comportement dopposition ni
une incapacit comprendre les consignes)
A souvent du mal organiser ses travaux ou ses activits
Souvent vite, a en aversion ou fait contrecoeur les
tches qui ncessitent un effort mental soutenu
(comme le travail scolaire ou les devoirs la maison)
Perd souvent les objets ncessaires son travail ou
ses activits (p.ex. jouets, cahiers de devoirs, crayons,
livres ou outil s)
Souvent, se laisse facilement distraire par des stimulus
externes
A des oublis frquents dans la vie quotidienne
2. Six des symptmes suivants dhyperactivit-impulsivit (ou
plus) ont persist pendant au moins 6 mois, un degr qui est
inadapt ou ne correspond pas au niveau de dveloppement:
Hyperactivit
Remue souvent les mains ou les pieds ou se tortille sur
son sige
Se lve souvent en classe ou dans dautres situations
o il est suppos rester assis
Souvent, court ou grimpe partout, dans des situations
o cela est inappropri (chez les adolescents ou les
adultes, ce symptme peut se limiter un sentiment
subjectif dimpatience motrice)
A souvent du mal se tenir tranquille dans les jeux ou
les activits de loisir
Est souvent sur la brche ou agit souvent comme siltait mont sur ressort
Parle souvent trop
Impulsivit
Laisse souvent chapper la rponse une question qui
nest pas encore entirement pose
A souvent du mal attendre son tour
Interrompt souvent les autres ou impose sa prsence (p.ex.
fait irruption dans les conversations ou dans les jeux)
B. Certains des symptmes dhyperactivit-impulsivit ou dinat-
tention ayant provoqu une gne fonctionnelle taient prsents
avant lge de 7 ans.
C. Prsence dun certain degr de gne fonctionnelle lie aux
symptmes dans deux ou plus de types denvironnement
diffrents (p.ex. lcole [ou au travail] et la maison).
D. On doit mettre clairement en vidence une altration cliniquement
significative du fonctionnement social, scolaire ou professionnel.
E. Les symptmes ne surviennent pas exclusivement au cours dun
trouble envahissant du dveloppement, dune schizophrnie ou
dun autre trouble psychotique et ils ne sont pas mieux expliqus
par un autre trouble mental (p.ex. trouble thymique, trouble
anxieux, trouble dissociatif ou trouble de la personnalit)
Code selon le type:
Type mixte: si la fois A1 et A2
Type inattention prdominante: uniquement A1
Type hyperactivit-impulsivit prdominante: uniquement A2
Note de codage: pour les sujets (particulirement les adolescents et les adultes) dont lessymptmes ne remplissent plus actuellement lensemble des critres diagnostiques, sp-
cifier en rmission partielle.
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montr que seulement 82% des enfants prsentant le type
mixte et 52% des enfants prsentant le type inattention
prdominante y satisfaisaient (4).
Quadvient-il des enfants ADHD lge adulte?
En associant diffrentes tudes prospectives, on peut raison-nablement affirmer que 10 60% des enfants ADHD conti-
nuent prsenter des symptmes caractristiques, avec des
problmes modrs svres au plan acadmique, profession-
nel, relationnel et affectif (5-8). Il se peut que des lacunes
mthodologiques et conceptuelles influencent la puissance de
ces donnes (5). En outre, on ne dispose pas dtudes de suivi
chez ladulte et on peut se demander si les rsultats dtudes
longitudinales jusquau dbut de lge adulte (20 30 ans)
peuvent tre extrapols dautres catgories dge.
Le fait que, dans les tudes longitudinales, les symptmes-
cls mais aussi les corrlats tels que la comorbidit, les limi-
tations socioprofessionnelles, familiales et affectives corres-
pondent ceux dcrits chez lenfant, plaide cependant en
faveur de la validit du diagnostic chez ladulte. Trois tudes
de suivi montrent que les patients ADHD terminent moins
de formations que les tmoins, chouent plus de niveaux,
sont davantage renvoys de lcole et, en tant quadultes,
changent plus souvent demploi bien que le taux de chma-
ge soit comparable et atteignent un niveau professionnel
moins lev (5-7). Ils semblent possder moins daptitudes
sociales, avec, par voie de consquence, davantage de pro-
blmes interpersonnels (7), ont plus de problmes de nature
psychologique variable et ont davantage recours aux ser-
vices de sant mentale (6, 8). Bien quil semble y avoir, chez
les enfants ADHD, davantage de divorces et de ruptures dans
la famil le dorigine, deux tudes longitudinales nont pas pu
mettre en vidence de diffrence dans les groupes suivis au
plan du nombre de mariages, de divorces, de ruptures et de
personnes vivant seules (contrairement aux tudes transver-
sales) (6, 7). Une seule tude fait tat de premiers rapports
sexuels un ge plus jeune, dun nombre plus lev de
partenaires sexuels et dun usage moindre de moyens
contraceptifs, avec un risque major de grossesses pendant
ladolescence et de maladies sexuellement transmissibles (9).
Avec une incidence variable, i l semble qui l y ait, par rapport
aux groupes tmoins, une prvalence plus leve dautres
troubles, essentiellement des troubles de la personnalit
(antisociale) et une dpendance des substances (6-8).
Contrairement aux observations faites chez les adolescents,
ces problmes subsistent indpendamment de la persistance
de lADHD (7). La comorbidit avec des troubles du com-
portement est un prdicteur majeur de lapparition dune
dpendance des substances et de troubles de la personna-
lit antisociale; ce sous-groupe connat clairement une
volution moins favorable.
Les tudes prospectives ont mis en vidence, de manire
moins consistante, une prvalence plus leve des troubles
anxieux et des troubles thymiques (8).
Les tudes longitudinales confirment lide que chez ladul-
te, il y a essentiellement persistance des symptmes de dfi-
cit dattention alors que les symptmes dhyperactivit-
impulsivit diminuent (8, 10). Les chiffres de rmission
semblent tre largement fonction de la dfinition. A lissue
du suivi, on a constat une rmission syndromatique (sujets
ne rpondant plus aux critres du DSM-III-R) chez plus de
60% des 18-20 ans; il ny avait cependant de rmission
symptomatique (moins de 5 symptmes sur les 14 du
DSM-III-R) que dans 30% des cas (10).
Etudes transversales
La population des tudes longitudinales diffre fortement
de la population dadultes rfrs lhpital.
Indpendamment du fait que l ADHD ait t identifi pen-
dant lenfance, les premiers sont en fait rfrs par
dautres personnes, en fonction de facteurs cologiques
(possibilits des parents, de lcole, ). Les observations
divergentes lors de ltude des adultes (auto)rfrs et les
diffrences par rapport aux tudes longitudinales peuvent
en partie sexpliquer par un referral bias.
Prvalence des symptmes-cls et diffrences lies au sexe
On dispose de peu dtudes valides propos de la prvalence de
lADHD chez ladulte. Deux tudes avancent des chiffres autour
de 4%, une prvalence potentielle puisquelle est uniquement
base sur des chelles dauto-valuation et non sur une valua-
tion clinique (1, 2). Les rsultats dtudes pidmiologiques
conduites aux Pays-Bas seront bientt disponibles.
Des tudes familiales permettent galement de recueillir des
donnes concernant la prvalence de lADHD. Sur la base
des rsultats pooles de plusieurs tudes, on estime que
3,8% des pres et 2,4% des mres denfants tmoins (sans
ADHD) souffrent dADHD depuis leur enfance (11).
Contrairement aux observations faites chez lenfant, il
semble que le rapport hommes-femmes soit plus quilibr
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Chez ladulte, lADHD semble, tout autant
que chez lenfant, un diagnostic controvers;
des tudes empiriques et observationnelles
sont indispensables.
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au plan de la rfrence (11). Pendant lenfance, la proportion
plus leve de garons sexplique probablement par un gen-
der referral bias(les filles prsentent la plupart du temps
moins de problmes comportementaux svres).
Sous-types
Lhyperactivit caractristique chez lenfant est, chez ladulte,
davantage une nervosit intrieure; il semble ds lors qu lge
adulte, le type inattention prdominante soit plus frquent que
les deux autres types. Les tudes ont cependant montr que dans
une population de 149 patients ADHD, 56% prsentaient le type
mixte, 37% le type inattention prdominante et 2% le type
hyperactivit-impulsivit prdominante (12).
On dispose de peu de donnes concernant les diffrences au
plan de la comorbidit et du fonctionnement entre le type mixte
et le type inattention prdominante. Des tudes rcentes
conduites chez ladulte confirment les observations faites chez
lenfant selon lesquelles le comportement impulsif de type mixte
prdispose davantage un comportement antisocial et sesconsquences. Les adultes prsentant un ADHD de type mixte
ont davantage de problmes de comportement dopposition,
sont plus suspicieux et ont davantage dhostilit interpersonnel-
le, ont fait plus de tentatives de suicide et ont une plus grande
probabilit davoir dj t arrts (13).
Plusieurs chercheurs estiment que le type inattention prdomi-
nante est en fait un autre trouble que le type mixte et le type
hyperactivit-impulsivit prdominante. Le premier groupe est
caractris par une apparition plus tardive, davantage de symp-
tmes de rverie, de passivit et dhypo-activit et un traitement
plus lent de l information. On souponne galement lexistence
de problmes dattention qualitativement diffrents.
Comorbidit
Comme chez lenfant, lADHD est caractris par une
comorbidit leve (Figure 2). Cela rend parfois trs difficile
le diagnostic de l ADHD chez ladulte, en raison du cri tre E
(Figure 1). Les tudes transversales montrent quil existe,
chez les adultes rfrs comme chez les adultes non-rfrs,
une prvalence signi ficativement plus leve des troubles du
comportement (de type opposition), du trouble de la person-
nalit antisociale et de labus/dpendance vis--vis de sub-
stances (13, 14, 17). Il semble galement que ces troubles
dexternalisation soient plus frquents dans le type mixte
bien qu il ny ait aucune unanimit ce propos en raison de
diffrences mthodologiques (12, 13).
En outre, le type mixte comme le type inattention prdomi-
nante ont, par rapport aux tmoins, davantage de pro-
blmes dapprentissage, de troubles anxieux, de troubles
thymiques unipolaires et bipolaires (13-15, 17).
Domaines dysfonctionnels associs
Comme le montrent les donnes provenant dtudes longitudi-
nales, il existe chez les patients rfrs des antcdents de pro-
blmes scolaires. Les adultes ADHD ont t scolariss moins
longtemps, ont davantage frquent lenseignement spcial et
ont moins souvent termin leurs tudes (13, 14). Par rapport
aux tmoins, ils connaissent davantage de problmes au travail
et de changements demploi, davantage de divorces et de
mariages, ont plus souvent des comportements risque dans la
circulation et ont davantage de problmes dadaptation de
nature psychologique (13, 16). LADHD semble donc, lge
adulte galement, tre associ des limitations sociales
multiples et cliniquement significatives.
Neuropsychologie
La recherche neuropsychologique chez ladulte sest, sur
base des observations faites chez lenfant, axe sur latten-
tion et les fonctions excutives. Bien quelles ne soient pas
aussi consistantes, on a dcouvert des anomalies au plan de
lattention soutenue, du contrle des interfrences et de
linhibition de la rponse, de la mmoire de travail verbale
et non-verbale et de la fluence verbale (15, 18, 19). La plu-
part des tudes portant sur des adultes ont cependant des
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Les critiques sont nombreuses parce que le
DSM-IV dfinit lADHD comme une maladiepsychiatrique avec une seule srie de symp-
tmes qui la caractrisent tous les ges.
Figure 2: Comorbidit de lADHD.
Dpendance/abus dalcool (galement vie): 17-36%
Dpendance/abus dautres substances (galement vie):
6,7-30%
Personnalit antisociale: 0-18%
Trouble des conduites (conduct disorder): 2,8-33% Trouble des conduites de type oppositionnel (oppositional
defiant di sorder): 19,4-53%
Dpression majeure (galement vie): 8,3-50%
Dysthymie: 16,7-34,8%
Troubles thymiques bipolaires I-II: 4-8,7%
Cyclothymie: 25%
Troubles anxieux: 5,6-53%
Daprs les rfrences 13-17.
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limitations mthodologiques: groupes de petite taille, aucu-
ne mention de lampleur de leffet, surreprsentation des
personnes ayant un niveau dducation lev (18).
Ltude des dysfonctionnements neuropsychologiques a
pour linstant une valeur diagnostique limite; elle doit tre
considre comme un complment. Les tests disponibles ne
semblent pas suffisamment spcifiques pour tablir une dis-
tinction avec les adultes prsentant dautres problmes
psychiatriques tels quune anxit ou une dpression (20).
Imagerie
Limagerie structurelle a montr (chez lenfant) des volumes
anormaux au niveau du cortex frontal, du noyau caud, du
pallidum, du corps calleux et du vermis (21). Contrairement
celles condui tes chez lenfant, toutes les tudes portant sur
des adultes ADHD ont eu recours limagerie fonctionnel-le. La PET (positron-emission-tomography) et la SPECT
(single-photon-computed-emission-tomography) ont permis
de mettre en vidence des dficits de perfusion et des dfi-
cits mtaboliques dans les rgions sous-corticales frontales
ainsi que des dysrgulations catcholaminergiques (21, 22).
En raison de ses possibilits intressantes, on a de plus en
plus souvent recours lIRMf BOLD (blood oxygen level
dependent). Des donnes limites recueillies chez des ado-
lescents et des adultes prsentant un ADHD montrent, lors
de lexcution de tches cognitives, des activations rgio-
nales diffrentes de celles observes chez les tmoins (21,
23). Ltude ( laide de lIRMf) de la rponse crbrale aux
psychotropes est galement intressante pour lavenir.
Gntique
Les donnes en matire de transmission familiale et de recherche
gntique molculaire sont importantes pour confirmer la base
neurobiologique de lADHD. Des modles mendliens, polyg-
niques et multifactoriels ont t proposs, avec essentiellement
des arguments pour les deux derniers (24, 27).
Etudes familiales et tudes de jumeaux
De nombreuses tudes ont mis en vidence un risque accru
dADHD chez les membres de la famille denfants ADHD (11, 22).
Les tudes conduites sur des jumeaux montrent une plus grande
concordance pour les symptmes dADHD entre jumeaux
monozygotes quentre jumeaux dizygotes; par rapport aux
membres biologiquement apparents de la famille denfants
ADHD adopts, moins de membres de la famille adoptive souf-
frent dADHD et/ou de troubles associs (11, 22). Contrairement
linfluence de lenvironnement (non-) partag, les tudes sur les
jumeaux estiment lhrdit autour de 0,8 (24).
Les tudes familiales sur les adultes ADHD sont plus rares; elles
suggrent cependant que la persistance de lADHD pourrait tre
associe des facteurs tiologiques familiaux plus puissants (11,
25). LADHD serait plus frquent parmi les membres de la famil-
le dadolescents et dadultes persistants que parmi lesmembres de la famille denfants ADHD (11, 25, 26).
Etudes de gntique molculaire
Comme de nombreux troubles psychiatriques, lADHD semble
tre d leffet combin de plusieurs gnes et des interactions
avec lenvironnement (24, 27). Plusieurs gnes candidats ont t
tudis, essentiellement ceux qui ont trait la neuromodulation
dopaminergique et noradrnergique. Une variante du gne du
rcepteur D4 de la dopamine (DRD4) et du gne du transporteur
de la dopamine (DAT) a t associe lADHD, mme dans des
tudes conduites chez ladulte (27, 28). Une analyse multivarie
dune combinaison de 42 gnes (candidats) dans lADHD et
dans les troubles du comportement (de type oppositionnel)
montre qu ct des gnes noradrnergiques et dopaminer-
giques, dautres gnes srotoninergiques, cholinergiques, nico-
tinergiques et autres pourraient galement jouer un rle (29).
Traitement
Bien que la psychoducation, laccompagnement psychothra-
peutique (ventuellement en groupe) et le coaching soient
importants pour les aptitudes adaptatives, les problmes fami-
liaux/relationnels et la comorbidit, le traitement des symp-
tmes-cls de lADHD est dabord pharmacologique (30). Par
rapport aux enfants, on ne dispose cependant que de peu
dtudes contrles conduites sur des adultes. La plupart met-
taient en oeuvre des stimulants, essentiellement du mthylph-
nidate. Aprs des premiers rsultats peu consistants dus lutili-
sation de doses trop faibles et de critres dinclusion trop larges,
on a constat, la dose de 1,0mg/kg/jour maximum, une rpon-
se trs nette chez 78% des patients. La dextroamphtamine,
prescrire magistralement, na pratiquement pas t tudie chez
Bien que la psychoducation, laccompagne-
ment psychothrapeutique (ventuellement
en groupe) et le coaching soient importants
pour les aptitudes adaptatives, les problmes
familiaux/ relationnels et la comorbidit, le
traitement des symptmes-cls de lADHD est
dabord pharmacologique.
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ladulte. Sur base des tudes conduites chez lenfant et ladoles-
cent, on recommande des doses de maximum 0,5mg/kg/jour. En
raison de la pharmacodynamie diffrente, il est intressant, en
cas de non-rponse, de passer du mthylphnidate la dex-
troamphtamine ou vice versa. La pmoline et les sels mixtes
damphtamines ne sont pas disponibles en Belgique et leffica-
cit des formes de mthylphnidate libration prolonge na
jusqu prsent pas t value chez ladulte dans le cadre
dtudes (contrles).
Dautres substances (non stimulantes) ayant essentiellement
un mcanisme daction noradrnergique ou dopaminer-
gique semblent prometteuses chez ladulte. Des tudes
contrles randomises font tat dune rponse positive
latomoxtine (pas encore disponible), la dsipramine, au
bupropion, la guanfacine et au modafinil . Bien quelle nait
encore t value que dans des tudes ouvertes, la venla-
faxine serait galement efficace. Des produits nicotiner-
giques sont en cours dvaluation car on a constat leffet
bnfique de la nicotine sur les symptmes de lADHD.
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