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La création du Musée Barthélemy Boganda, par Geneviève Dournon-Taurelle Créé I z tiihi/o, le Musée national Barthélemy Boganda est le résultat d’un concours de circonstances. captivé par la richesse et la diversité du répertoire de la musique traditionnelle, un niusicologue, Simba Xroni 1, conpt l’id&, au début de 1964, de créer dans la RépuI,lique centrafricaine dcs archives sonores musicales, et dc Ics cornplétcr par une collection d’instruinents de musiclue. I’uis, au cours de recherches effectuées dans cc sens avec l’auteur du présent article, un projet plus vaste se dessina : étendre la cdlcction aux objets ethnographiques et créer un véritable musée dcs arts popu- laires Ct tiu folklore. Ce projet fut presenté au gouvernement centrafricain. Or, ,I peu prbs a la meme époque, ce gouvernement avait décidé, par décret, de créer 1111 riiusée la mémoire de Barthklemk Boganda, phident fondatcur dc la R+uI>I,~,~~, et de le doter d’une existence administrative. lx ill )krvernctnent accepta d’emblée, A l’automne 1964, le projet proposé. Pour I. MVSÉE ßARTFTfi,LI-‘MY ßOCANDA, Bangui. Travail sur le terrain : collcctc dans la rkgion de la I Iaute Sangha, 1965. Achat d’objets et eriquttc chcz Ics Pygmées ha-Benzélt: (qui vivent des produits dc la chassc ct de la cueillette) : hotte en vannerie, boîte cylinclriquc CII bois dkroulé, arbnlkte, sagaie, piiges. I. Field-work: collecting in the Upper Sanga region, 1965. Conducting ail inquiry and pur- chasing objects from thc ba-ßcnzC1C pygmies, who live by hunting and picking: a wicker pan- nier, a cylindrical box made of peeled wood, a crossbow, assagai and traps. I. Detach6 auprks clu gouvcrncrncnt centra- fricain par le hlinistkre des affaires Ctraiigkrcs israClicn, dans le cadre de la cooperation israklo- centrafricaiiic.

The creation of the Barthélemy Boganda Museum, Bangui

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La création du Musée Barthélemy Boganda,

par Geneviève Dournon-Taurelle

Créé I z tiihi/o, le Musée national Barthélemy Boganda est le résultat d’un concours de circonstances.

captivé par la richesse et la diversité du répertoire de la musique traditionnelle, un niusicologue, Simba Xroni 1, c o n p t l’id&, au début de 1964, de créer dans la RépuI,lique centrafricaine dcs archives sonores musicales, et dc Ics cornplétcr par une collection d’instruinents de musiclue. I’uis, au cours de recherches effectuées dans cc sens avec l’auteur du présent article, un projet plus vaste se dessina : étendre la cdlcction aux objets ethnographiques et créer un véritable musée dcs arts popu- laires C t t iu folklore. Ce projet fut presenté au gouvernement centrafricain.

Or, , I peu prbs a la meme époque, ce gouvernement avait décidé, par décret, de créer 1111 riiusée la mémoire de Barthklemk Boganda, p h i d e n t fondatcur dc la R + u I > I , ~ , ~ ~ , et de le doter d’une existence administrative.

lx i l l )krvernctnent accepta d’emblée, A l’automne 1964, le projet proposé. Pour

I. MVSÉE ßARTFTfi,LI-‘MY ß O C A N D A , Bangui. Travail sur le terrain : collcctc dans la rkgion de la I Iaute Sangha, 1965. Achat d’objets et eriquttc chcz Ics Pygmées ha-Benzélt: (qui vivent des produits dc la chassc ct de la cueillette) : hotte en vannerie, boîte cylinclriquc CII bois dkroulé, arbnlkte, sagaie, piiges. I. Field-work: collecting in the Upper Sanga region, 1965. Conducting ail inquiry and pur- chasing objects from thc ba-ßcnzC1C pygmies, who live by hunting and picking: a wicker pan- nier, a cylindrical box made of peeled wood, a crossbow, assagai and traps.

I . Detach6 auprks clu gouvcrncrncnt centra- fricain par le hlinistkre des affaires Ctraiigkrcs israClicn, dans le cadre de la cooperation israklo- centrafricaiiic.

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faciliter les travaus dc la première tranche 2, il accorda aux deux responsablcc des crédits s’élecant b 40 ’>o0 francs I , mit ?I lcur disposition un auxiliaire africain, I , I l 1 Ilne

Zioro 5 , ct leur fournit des locaus provisoires ‘I ainsi qu’un véhiculc pour les tout-llées sur le terrain.

Admiiiistrativement, le Muséc Barthélemy Thganda fut rattaché directeni‘ nt g la ph idence de la République. La premikre phase de réalisation tlcvait Etre le 1)cpat. tement des arts et traditions populaires.

Le musée fut inauguré le I“ décembrc 1966 (fig. 2). T,a réalisation du projet impliquait pour les instigatcurs 1’cxcrcicc de toutv les

activités muséographiques depuis la collecte de l’objet sur le terrain jusqu’à sa rcsti. tution au public, dans un nouvel environnement destiné b le mettre en valeur \ans le dénaturer.

Le musée devait remplir un double rôle ; d’une part conserver la trace dc I’cyis. tence d’un patrimoine culturel menacé à plus ou moins long terme de dispariilon, d’autrc part, rcvaloriser les cultures inatériellcs passécs et encore existantes aux \ eux des populations, principalement celles des villes.

-.

2 . 1.e projet initial comportait plusieurs tranches de travauv. T.es prcnii&res devaient etrc consacrccs ii la création ct au dkvcloppement d’un département des arts et traditions popu- laires, i la formation d’un personnel muséogra- phique sur place, puis au ccntrc dc Jos, à l’cnri- chisscnicnr permanent des collections par une prospection aussi systématique que possible de tous les groupes ethniques, à l’organisation d’expositions tcmporaires avcc les collcctions du m u s k , celles de musées Ctrangers et les res- sources artisanales ct artistiques du pays, i la mise i la disposition des chercheurs et des spéci a I ’ IStCS

des documcnts cthnographiques ct sonores recueillis. i leur diffusioii et B leur publication sous forme de catalogues, de disques et de manuels de littérature composCs B partir de docu- m c m dc tradition orale, enregistrés et traduits. La crikation d’une photothique (photographies et films ethnographiques 16 mm) était égalemcnt DréVuC DCIldaIlt CCt tC Dhasc.

La constitution des collections

L A COLLhCT’R DF.S O H J E T S

Les objets et les enregistrements sonores furent réunis par étapes successives au cours de missions sur le terrain. Ces missions étaient soumises au rythme saisonnier: les prospections avaient lieu pendant la saison sèche, lorsque les voies dc communi- cation sont praticables et que les conditions de vie et de travail à l’extérieur sont plus faciles. Les activités muséographiques effectuées dans les locaux du musée -- enre- gistrement, conservation des collections, numérotage et misc sur fiches, prépara- tion des expositions - étaient réservées pour la saison des pluies.

La première de la longue série de tournées effectuées sur l’ensemble du territoire

auprès du groupe de population Nzakara par un ethnologue jouissant depuis de longues années de l’estime de ce groupe. Malgré cette précieuse recommandation et

crkation d’un musée national, qui, en plus des collections d’arts et de traditions populaires compretldrait les sections suivantes : zoologie (un premier fonds fut constituk avec un don fait en I 966 de quelque cent pitces naturalisbcs); botaniquc ; prbhistoire (le premier fonds fut également constitué par un don de specimens recueillis dans le pays par une mission fra11çaisc de rechcrche ; la misc au jour dans le nord-ouest du pays de sites importants pouvait permettre d’es~krer une extension ranide de cette section) :

les conseils prodigués, les deux protagonistes se demandaient avec inquiétude quel accueil les habitants leur réserveraient. Ils firent un timide essai un jour en fin d’après- midi, dans un village silencieux de quatre habitations qui paraissaient désertes. Le résultat du premier contact qui s’établit alors fut l’acquisition d’une pièce d’écorce battue servant d’étoffe, premier objet des futures collections, qui devaient en compter environ I 200 au début de 1967. , .

entin, il était prévu une section d’histoirc, sous la formc d’archives nationales qui réuniraient les documents écrits et les tkmoignages oraux des périodes précoloniale. coloniale et contcm- porainc. pou; l’organisatiod des sections, on envisageait de faire appel au concours d’orga- nismes de recherche étrangers.

3 . TI s’agit de Simha Arom ct dc Gcncvicve Dournon-Taurelle.

4. Cette somme kquivaut à z millions de francs CFA ou 8 o00 dollars.

7 . Simple planton au début, son intérêt soutenu pour le travail entrepris et ses capacitis en tirent un collaborateur prtcieux. I1 se vit peu B peu confier l’entretien des collections, les rcla- tions avec les “restaurateurs” locaux, et l’anima- tion des visites.

6 . Ces locaux se composaient d’un appartc- ment dc trois picccs avcc dépcndanccs, repré- sentant la moitié de l’étage unique d’un petit immeuble situe au centre de Bangui, capitale de la République centrafricaine, cntourb d’une cour-jardin plantée d’arbres. Le res-de-chausske, la cour de devant et la seconde moitit du pre- mier ktage étaient occupés par les services d’un ministtrc.

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D’une manière générale, les collecteurs procédaient par “tâtonnements”. Ils s’ap- puyaient sur l’expérience acquise précédemment et s’efforçaient de suivre les usages régionaux, par souci d’efficacité certes, mais aussi par respect pour les cultures tradi- tionnelles sur lesquelles porteraient leurs recherches ; évitant les visites à l’improviste et les questions à brûle-pourpoint, ils employaient le procédé consistant à “porter la bouche”, c’est-à-dire à se faire annoncer.

J,a prospection se faisait en étoile à partir d’un campement de base, établi le plus souvent dans un village au carrefour de plusieurs pistes.

Si l’imprévu n’en était pas un Clément négligeable, cette activité n’était pas faite au hasard, mais à partir d’une somme d’informations provenant de sources diverscs : fichiers ethnographiques, observations directes faites à la faveur de la cohabitation avec la population (le campement étant établi au même endroit pour deux ou trois semaines, souvent davantage), réseau de relations sur place, avec certaines personnes disponibles et intéressées par une activité qui revêt bien souvent l’aspect d’une chasse au trésor :

Aux premières heures de la matinée, accompagnés d’un informateur local, les collecteurs s’engagent sur une piste de dix à vingt kilomètres de long et s’arrêtcrlt dans tous les villages. A chaque halte, ils prennent contact avec le chef coutumier ou un notable, pour lui expliquer, avec ou sans le truchement d’interprètes bénévoles - les collecteurs utilisant la langue véhiculaire - les motifs de la quete, le genre d’objets qu’ils recherchent et le but de leur action: rassembler dans une maison commune, une “maison des ancêtres”, solidc, étanche, b l’abri des termites et des

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intempéries, les objets qui appartienncnt à leur culture ancestrale - ceci afin de servir de tinioignagc auprès des jeunes et des générations fiiturcs, ainsi qu’auprès des déra- cil1i.s de la ville, cn montrant la réalité et la cohérence de modcs dc vic qui sont en train de se transformer ou dc disparaître au contact de la vie moderne et dc l’in- troJuction de coutumes étrangtres (fig. I ) .

J ,es modalités d’acquisition sont kgalement défiíiies au cours de cette première siance d’information ; laissées à la discrétion des populations, elles s’inskrcnt dans le cadre d’usages économiques locaux: échange de services, achats et mEme don (cela S 7 t s t produit plusieurs fois).

, \ U retour, unc nouvelle halte a lieu sous la paillote de réunion. Dans le meilleur des cas, une poignée d’habitants s’y est rassemblée ct a entassé, pêle-mele sur le sol, tour ce bric-à-brac que les hommes, partout et toujours, conservent en pensant : “(la peut tOUjOUrS SerV ir... C’est un souvenir.” Détail significatif : a des Objets domes- ticIlles sont melés des trophées de chasse, des pcaus d’antilope, de singc, souvent di.\-orCes par la vermine, des crocs de panthère, des carapaces cle tortue. Mélange hétéroclite qui reflète une certaine ambiguïté : la population a bien compris les buts de la mjssion, mais les Européens restent peut-être, A leurs yeux, amateurs de mas- Sacres de fauves plus que de mortiers et de xylophones.

(:’est alors que commence une longue séance d’information et de transaction. Les collecteurs fournissent des éclaircissenients sur leur quete, des descriptions et des esemples des types d’objets qui les intéressent. Ils précisent quc leur recherche n’est pas personnelle, mais qu’ils sont envoyés par le gouvernement pour créer un musee national.

1,’enquêteur se fait alors informateur pour dépeindre, au moycn de comparaisons ou dc rbférences, la signification et la fonction d’un “musée” dans lcur pays, et le destin des objets recueillis ’.

\.ient le moment de l’acquisition du premier objet. Les transactions sont souvent compliquées. J>’arbitrage est laissé à la compétence du chef coutumier ou à la sagesse d’un ancien. L’achat est généralement accompagné, de la part des acqukreurs, d’un cadeau offert en signe de courtoisie, et consistant presque toujours en mkdicaments. Les difficultés viennent, non pas d’cxigences ou d’estimations fantaisistes ß, mais du fait que la pièce appartient parfois à plusieurs personnes ou qu’elle est proposée par un intermédiaire trop zélé en l’absence du véritable propriétaire.

2. MUSkE BAKTHLLEMY BOGASDA, Bangui. lAe grlltral J. R. nokassa, de la Répu- blique ccntrafricairle, visite lcs ateliers du m u s k L. General J . n. Bolcassa, President of thc Central African Republic, visiting thc workshop of rhc

Quelques principes fondamentaux répondant à des considérations d‘ordre scienti- fique ou psychologique président A la collecte : N’acheter aucun objet sans avoir obtenu un maximum de données ethnographiques

A son sujet. Ceci afin de pouvoir le situer dans son unité culturelle et constituer une documentation pouvant etrc utilisée ultérieurement à des fins de recherchc. L’essentiel des informations recueillies est reporté, le soir au campement, sur une fiche d’identification qui demeurera attachke à l’objet.

Au fur et à mesure de l’acquisition, inscrire chaque pikcc sur un registre et lui donner un numéro d’ordre (fig. 3) .

S’efTorcer d’acquérir, outre l’objet isolé, la série ou l’ensemble participant d’une m h e activité ou d’une même technique 9.

Constituer parallèlement une documentation photographique : l’objet dans son cadre originel, son utilisation, son processus de fabrication. Enregistrer iw .ritzd l’e\istence d’une pièce intransportable ou qui ne peut être achetée (peinture murale, édi fices cultuels, coiffurcs, tatouages).

Pour les instruments de musique, ajouter à la documentation cthnographique et photographique, l’enregistrement sur bandc magnétique des sons étnis isolément ainsi que quelques morceaux du répertoire.

Dans le cas d’une pièce unique dont tout laisse 21 periser que son retrait entraînerait la disparition d’un fait de culture, ou sa détérioration, ne pas en démunir la com- munaut&. Cc problème s’est posé à plusieurs reprises pour certains instruments de musique. Deux conditions déterminent alors l’achat de ces pikccs : l’e~istence d’un factwr d’instrument local en activité, la disparition du dernier musicien capable d’y11 joucr. Ainsi, de belles pièces ont kté laissées dans lcur cadre originel pour y c()nnaître une fin naturelle, plutôt que d’être conserv;es, entourécs de soins, a l’abri & l’ige, des insectes et des intempéries.

7. Les Pygmées, par exemple, comprircnt parfaitement cc quc voulaient les collcctcurs puisqu’ils s’empressCrent de prksciiter leurs humbles ustensiles, aprcs quc l’on eut tracé sur le sol le plan schématique d’une habitation, ct disposé chtc ?I c6te des objets en accompagnant chacun d’eux d’un carré de papicr blanc figurant une inscription.

8. I1 faut pourtant que les notions de valcur des deux parties er] prtsence s’adaptcnt entrc elles. Il y a d’un coté I’intkrtt ethnologiquc, esthbtique, la rareté ; dc l’autre, la valeur d’usagc. Un tambour dklabrk mais sur lequel on frappe cacorc, une lame, une marmite en tcrre ébrtchbe “en cours d’utilisation”, sont cstirnks beaucoup plus chers qu’une magniíïquc harpe dont pcr- sontic iic jouc plus.

9. Par esemple A l’achat de soufflcts de forge, adjoindre celui de tous les autres ilkments ainsi que les produits manufacturks.

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3. M u s h R A K T H ~ L E M Y HOGANIJA, Bangui. Registre d’acquisitions ( I z 5 ‘8’ 400 mm). 3. Acquisitions register (125 x, 400 mm).

4. MLJSkB ß A K T H f i L E M Y BOGANDA, Bangui. Fiche d’acquisition (125 x zoo mm). 4 . Acquisition form ( 1 2 5 Y. 200 mm).

Fichc ethnographiquc (75 .’>: 125 mm). r. Ethnographical form (75 Y I Z ~ mm).

/. M L W ~ ß.4RTIIkLF.hlY BOGANDA, BaIlgUi.

.

3 Répartir à peu prbs équitablement entre les membres de la communauté l’apport

moiiétaire inhabituel provenant de l’acquisition des objets, étant donné le désé- quilibre économique qu’il risque de provoquer localement 10.

Accompagner les séances de collecte ayant lieu dans les régions pratiquement dému- nies de toute assistance sanitaire, d’une distribution de produits pharmaceutiques et de soins médicaux élémentaires.

Ce travail d’enquête amène à faire des découvertes souvent inattendues. Ainsi, en partant d’une humble cuiller de bois, enquêteurs et informateurs sont entraînés à travers la tradition culinaire, les techniques du feu, de la chasse, et les interdits ali- mentaires ... Une corne d’antilope sectionnée conduit à la démonstration de son utili- sation comme ventouse, aux méthodes de scarification, aux maladies, puis à la phar- macopée et aux instruments du guérisseur, et, pour finir, à l’acquisition du grand sac de peau de ce dernier, qui n’était pas apparu jusqu’alors ... Une question au sujet d’un collier de verroterie utilisé pour la traite décide un vieillard à exhumer trois paires de cloches doubles qui servaient jadis comme “monnaie de dot”.

Au fil de la conversation, l’objet délaissé reprend vie, l’objet quotidien acquiert un lustre nouveau. Personne n’ignore plus le sens véritable de ce long et fastidieux interrogatoire. L’intérêt soutenu que les collecteurs portent aux humbles témoins de leur existence entraîne les villageois à accorder leur confiance à ces intrus et les incite à montrer des spécimens qu’ils n’avaient pas jugé bon de mettre dans le lot initial.

Parallèlement à la collecte des objets, s’effectuaient les enregistrements de musique destinés à constituer les archives sonores du musée - ces deux activités étant séparées pour des raisons de commodité. La collecte de ces documents s’accompagnait de longues enquêtes qui duraient parfois plusieurs jours, car elles comportaient chaque fois des travaux de décryptage, de transcription phonétique et de traduction, effectuées avec des musiciens et des collaborateurs improvisés qui se formaient sur place au fur et à mesure des possibilités et des besoiris.

Le transport, sur des pistes accidentées, d’acquisitions dont la forme et le volume n’étaient jamais prévisibles présentait des difficultés sans cesse renouvelées qui

_ _ IO. Cette nécessité a conduit à acqukrir, outre

lCs pibces d’inter& certain, d’autres pitces d’intérêt discutable, voire nul, dans les limites dcs possibilités financitires.

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- - Dlmenslons :

/

No d. l'objet Nu d'inventaire au Mush du collecteur

Nom d s I'oblsl I n" .a.cim.n

Nom du Collecteur Date de I'acqulslllon Voyaqo ou Mlssion sclbntltIque P r l l

Odqlns

I Croup. sthnlqus O" Espk. Hallbrb s I Tbehnlque

lollcllon ou uiage

Photo Inr. du Collecteur. W O

Photo WO N6galll No

Dbscllptlon st Elal ds I'oblbl

Dossler Ibchniquc No

I trouvaient leur solution dans l'ingéniosité des uns et des autres. En fin de tournée, le véhicule surchargé, hérissé de lances, surmonté de volatiles et de chevreaux vivants offerts en cours de route, flanqué de pièces de mobilier, d'énormes tambours et de vastes paniers à clairc-voie dans lesquels des touffes d'herbe verte protégeaient des cahots les fragiles poteries d'argile, avait un aspect pour le moins insolite.

L A C O N S E R V A T I O N

A son arrivée au musée, l'objet est nettoyé, puis traité avec des produits appropriés. Son cntrée est enregistrée ; il reçoit son numéro définitif, puis il est photographié.

Sa description et les informations recueillies lors de l'acqukition sont réunies sur une fiche conçue pour une rédaction aisée et claire (fig. 4 ) I l . Une autre fiche, de petit format (fig, I ) , contenant des indications ethnographiques condensées demeure attachée à l'objet 12. Celui-ci, s'il n'est pas exposé immkdiatement, prend place dans un magasin de réserve.

Les méthodes adoptées pour l'archivage des collections de musique et de littéra- ture orale enregistrées demanderaient un trop long développement ; on se borncra

indiquer qu'elles reposent sur un système de fiches donnant un grand nombre d'in- formations ethno-musicologiques, avec en outre, pour les pièces chantées et parlées, le texte en langue vernaculaire et sa traduction en français.

Les archives sonores sont conservées à l'intérieur d'armoires métalliques, dans une Pièce aménagée en phonothèque 18 et climatisée par conditionnement d'air avec con- trôle hygrométrique et thermique.

II n'a pas été possible, étant donné la modicité du budget disponible, de généraliser la climatisation des locaux, ce qui aurait permis d'obtenir de meilleures conditions de Conservation des collections. Toutefois, les pièces exposées ou stockées sont régu- lièrement contrôlées et nettoyées. Chaque pièce suspecte - c'est-à-dire portant des trace.; de vcrs ou de inoisissurc

1.es réserves sont maintenues dans la pénombre ; elles sont aérées et désinfectées a u moyen de vaporisations d'insecticide. I ,es pikces particulièrement vulnérahles sont

est immbdiatement traitée

I I . Cette fiche sera reproduite en deux exem- plaires destinés ?i un double fichier méthodique : ethnique et technologique. Elle servira en outre à la préparation de catalogues.

I 2. Le musée a bénkficik du prkcieux concours de Mlle Yvonne Oddon, chef du Centre de documentation de I'ICOM qui, grâce à un effort commun de cet organisme et du gouvernement centrafricain, a pu vcnir à Bangui mcttrc sa compétence au service du musée pendant unc dizaine de jours.

I 3 . L'équipement pour l'enregistrement, le montage, l'audition et la copie de bandes magnc- tiques comprend deux Nagra autonomes, un Uher portatif, un appareil de montage Sareg, un magnétophone stkréophonique Rcvox.

14. Bicn que le traitement demeure très arti- sanal dans ses applications, on s'efforça d'adapter les méthodes et d'utiliser les produits préconists par le service de restauration du Musée de l'homme, où l'auteur de l'article avait pu sc constituer une documentation de base.

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6. ~ I L , s B E BAR~I.III’;LT.~IY Bc)(.;ANI)A, Bangui. Salle des rythmes (instrunicnts dc musique, tianse, lirtcraturc). Ltilisation du systime dcs barrcs d’accrochagc mural : accrochage verti- cal, par panneaux (photographies, prcscntation d’un cnsemble d’objcts) : accrochagc horizoritd, par des consc.)lcs mobiles supportant les objets. Ltilisation dc la photo en contrepoint visuel. Sur lc panneau, les accessoires du circoncis : casque, jupe, etc. Sur la photo : IC circoncis portant ces acccssoircs ; 5 cilté, autres instruments liks aux rites de la circoncision et de l’initiation : danses dc futures initiées. 6. Rhythmic Arts Room (music, dance, litera- ture). The panels are fixed to thc a7all by bars aiid the exhibits arc hung vertically, as also thc photographs showing how the object is used. Other exhibits arc displayed in a horizon- tal position o11 movablc lcdgcs. Thc photo is used as an adjunct. The panel shows the articles worn for circumcision; the photo shows a boy wearing them. Also displaycd arc instruments coiinected with circumcision and initiation rites. Dances performed by girls about to be initiated.

enfermées dans des placards abondamment pourvus de produits spéciaux contrc l’humidité et les insectes l6.

La restauration ou plut& la reparation dcs pièces endommagées ou en mauvais etat s’cffectue sur place. Elle est confiée à un “spécialiste”, c’cst-à-dire un ressortis- sant du groupe cthnique d’où provient l’objet et qui en possède la technique de fabrication. A titre d’exemplc, la réparation d’un instrument de musique (remontage d’une harpe, changement d’une membrane de tambour, ligature d’un xylophone) sera effcctuée par un musicien ou un facteur d’instruments -- bicn souvent une seule et meme personnc.

Ouverture du musée au public

OBJECTIFS, D I F F I C L J L T ~ S , OPTIONS G ~ N ~ R A L B S

I r . IAe chois de ces produits était subordorlrlt LI ce qu’on pouvait se procurcr sur place : pour la préservation contrc les insectes, solutions B base dc xylophène en vaporisations ou injec- tiorls ; pour les peaux non araseCs, paradichloro- benzkne. IIumiditC ambiante absorbke par des cristaux dc gcl de silice. Pour l’entretien des bois ct dcs cuirs, essence de térébenthinc et circ natu- relle.

Le rer septembre 1966, le musée se vit attribuer l’appartement complémentaire de celui dont il disposait jusqu’alors. Ses responsables envisagèrent immédiatement l’aménagement des locaux en salles d’exposition, afin de procéder à l’inauguration du musée par l’ouverture au public du Département des arts et traditions populaires,

Pour atteindre les objectifs du musée - conservation et revalorisation des cultures locales aux yeux des populations et du monde extérieur - il convenait de prendre en

l’occasion des fêtes nationales du Ier décembre de cette meme année.

I 6 . Quelques semaines avant l’inauguration, trois autres auxiliaires africains se joignircnt à celui-ci pour former une cquipc de guides- gardiens.

77 . Claudc Imhof et Bernard Sullerot, mili- taires du contingent, détachés au scrvicc dc la Coupbration, apportèrent lcur compétence et leur enthousiasmc B la réalisation du projet d’amcnagement. Le premier, qui est decoratcur, dressa les plans cc cc.)iiduisir Ics travaus. Le second, photographc dc son métier, rkalisa les agrandisscmcnts des cliches, leur montage sur panneaus et leur mise en page muralc. Tous deus participirent égalemcnt au montage de l’cxpositioii B laqucllc ils apportirent leur aide matcricllc ct lcur ingéniosité.

18. Le coht total de ces amcnagcmcnts peut ktre estimk à l’équivalcnt de 8 o00 dollars.

considération plusieurs facteurs dont les impératifs déterminèrent certaines options qui présidèrent à la conception d’ensemble. Pour ce faire, le Département des arts et traditions populaires disposait d’un délai de trois mois et des Cléments suivants : un fonds de plus de I o00 objets collectés au cours des tournées effectuées en 1965 et I 966 ; deux responsables se partageant l’ensemble des activités muséographiques ; un auxiliaire africain 16 chargé de l’entretien et de la surveillance des collections et un dactylographe ; deux collaborateurs b é n b ~ o l e s ’ ~ ; 340 mètres carrés de locaux non aménagés et un budget limité, débloqué par allocations fragmentaires irrégu- lières la.

Le public potentiel le plus prochc cst celui qui vit dans la capitale (environ 130 o00 habitants dont 3 o00 à 4 o00 Européens). I1 st‘ compose d’une minorite de fonction- naires et d’koliers qui ont un certain niveau d’instruction et d’une majorité de pro- vinciaux, ruraux transplantés, qui vivent une vie “néo-traditionnelle” dans les quar- 74

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F

tiers excentriques, regroupés par afinités ethniques et linguistiques, donnant ainsi une llllage du découpage ethnique du pays 19.

11 s’agissait d’initier ce public de tradition orale à l’idée du musée intégré dans la cultLlre locale. Concept nouveau, il était indispensable d’éviter d’en dénaturer le sens dès l’abord ct d’écarter un modc de présentation trop didactique ; les spécimens des cult l lre~ représentées sont encore utilisés, leur existence et leur fonction bien connues des ppulations.

11 tallait donc concevoir un musée “en prise directe sur la vie”, confronter les publics avec une réalité qui, dans ce cadre nouvcau, se trouvait en quelque sorte sacra- lisée. Il fallait, en meme temps, conjurer le risquc d’embaumement par une concep- tion d’ensemble vivante, cohérente, sans monotonic.

Autre préoccupation : ne pas oublier que le musée, tout en étant national, n’en doit pas moins intéresser un public non national, composé de résidents européens et de 1 isiteurs &rangers qui, a quelques exceptions près, sont ignorants des cultures africaines, indifférents, voire condescendants.

Paradoxalement, le musée devait donc toucher aussi bien un public averti et en grande partie illettré qu’un public lettré mais cntièrement profane.

De5 solutions diverses et complémentaires furent adoptées en tenant compte des récents apports de la muséographie dynamique.

La conception du plan et du thème de l’exposition permanente pouvait être envi- sagéc de deux manières : une répartition ethnique réunissant l’ensemble des pièces ressortissant à une meme culture, ou un découpage par sujets permettant de grouper des pitccs d’origine différente et d’en faire apparaître analogies et diversités.

La grande variété des collections fit retenir la deuxième solution ; elle évitait en outre d’exalter telle ou telle culture particulière au détriment des autres et surtout d’accentuer la diversité tribale dans un pays orienté vers une politique nationale.

L’eiposition inaugurale du premier musée national devait s’efforcer de représenter un cnscmble plutôt que souligner des particularismes. D’où le choix du thème de l’exposition permanente : L ’ h o m m centrafricain, sa vie, .res travattx, thème qui s’ex- prime à travers les cinq salles d’exposition consacrées respectivement aux sujets suivants : Rythmes (instruments de musique, accessoires de danse, littérature orale : fig. 6 - 8 ) ; Travail et techniques (chasse, pêche, cueillette, poterie, vannerie, forgc: tig, 9-12) ; Rites et coutumes du passé (objets et édifices cultuels, attributs de chefs, monnaies de dot, armes de guerre : fig. 13, 14) ; Activités domestiques de la fenime (ustensiles de cuisine, bijoux et parures : fig. 1,) ; Activités enfantines (jouets, maquettes et modèles réduits réalisés par les écoliers).

I 9. La République centrafricaine comprend plus de 70 groupes ethniques pour prks dc 2 millions d’habitants.

7. MUSAB BARTIIÉLEMY BOGANDA, Bangui. Salle des rythmes (musiquc et danses). ’l‘am- bours de danse, parurcs et costumes dc masque, hochets ; au centre, lingu (tambour i fente pour le langage tambourink). Sur la surface blanche, pour rompre l’uniforniitt, on a utilisc de la couleur et des matCriaux différents, fait alterner les photos en noir et blanc ct les photos cn couleurs. Les panneaux de presentation sont tapissks de toile vert bronze, jutc naturel. Lc support des tambours appariés cst une branche fourchue milintenue verticalc par des pattcs clc scellement fixées au mur. Socles en bois peint noir, brun-rouge. 7. Rhythmic Arts Room (music and dance). Dance drums, ornamcnts and costumes for mask dances, rattles. In the centre of the room, finxu (slit drum for drum language). To break the monotony of the white walls, different colours and materials have been used and black- and-white photos alternate with colour photos. Display panels are covered with bronze-green hessian. Thc support for rhc paired drums is a natural one -the forkcd branch held upright by iron bars fastencd to the wall. Wooden pedes- tals are paintcd black, brown nr red.

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R. MUSLE BARTHALEMY BOGANDA, Bangui. Paiincau consacré à la littkrature orale : les iiistruments dcs conteurs ; harpes et sanza, mvet, et leurs accessoires (pipcs). On voit ici une autre organisation murale ; composition alliant les ligncs droites et les surfaces des pan- neaux de photos et de tcxtes, aux lignes courbes et au volume des instruments, le tout &ant soulignC par la ligne horizontale du socle de bois noir en trois partics. Les instruments à cordes sont soutenus par des supports dc fer. Pour la cithare sur bbton, on a adopté le principe du chenét. Pour la harpe (coin droit) mime support que celui de la vitrine dcs sculptures (fig. 13). 1.a partie supérieure de l’instrument cst main- tenue dans uti collier et sa base dans un autre. 8, Panel devoted to oral literature. The instru- ments of the story-tellers-harps, ruraxtn, mue / and their accessorics (pipes). In this composition the straight lines of the panels hcaring photos or cxplanations contrast with the curves and vo- lumes of thc instruments. The effect is heightened by the horizontal linc of the black wooden pe- destal, divided into three parts. ’I’hc stringed instruments are held in position by iron sup- ports, The cithara on a pole is raised by andi- rons. The harp to thc right is supported in the same way as the one in the display case contain- ing sculptures (fig. 13) . The neck of the instru- ment is held in an iron ring, as is the base.

Unc petite pièce, à l’entrée, est consacrke à la mémoire du président fondateur (le la Rbpublique, Barthélemy Boganda.

Dans le jardin attenant au bâtiment a été construit, à l’aide de matériaux tradition- nels, un ensemble d’ateliers-échopl~cs, oil quelques artisans (forgerons, potivre, vannier) travaillant asse7 régulikrement vendaient leur production aux visiteurs du musée (fig. 1 6 ) .

Quant à la prksentation, il fallait ccrtes sélectionner les objets en raison de leur reprdsentativité ethnique ou fonctionnelle et de leur beauté plastique, mais à condi- tion de ne pas pratiqucr un choix trop restrictif qui aurait pu être perçu comme siqne de pénurie. I1 n’était donc pas question d’appliquer certains principes esthetiques de présentation qui, pour mettre en valeur les objets, les isolent et cn rdduisent le nombre. Ce qui explique l’abondancc relative des objets esposés.

I1 était impératif de faire apparaître la richessc ct la variété des cultures matCriclles des nombreux groupes vivant sur le tcrritoire national. En effet, le public urbain et I C public rural venu pour les Fêtes voudraient retrouver la trace de leur existence dans cette “maison des aïeux”. C’est ce qu’on a pu constater a maintes reprises. Les visiteurs attentifs cherchaient, au cours de leur visite, l’ustensile, l’outil, l’arme, le visage familier, se réjouissant de le trouver ou se plaignant de son absence auprès du personnel du musée. Souvcnt mEme, le plaignant s’ingdniait à combler cette lacune par un apport personnel.

M O Y E N S E M P L O Y É S

Pour aménager et monter l’exposition en s’efforçant de tenir compte de 1’enseml)le des contingences matérielles, psychologiques et politiques, Ics responsables du musée adoptèrent les procédés suivants :

Moyem zlisziels. Commentaire visuel sous forme d’agrandissements de photos en noir et blanc ou en couleurs. L’image de l’objet dans son cadre, tel qu’il est utilisé natu- rellement, le situe, l’explique, lui donne un prolongement. Les instruments de musique inertes reprennent vic sur les photos, entre les mains de leurs instrumentistes ou intégrés dans une danse. Groupés sur un panneau, les éléments composant la parure d’un circoncis retrouvent leur destination sur la photo qui l’accompagne (fig. 6-8). Pour les techniques, l’image des phases de la fabrication sert de contre- point à la présentation du produit fini (fig. II).

Peu de commentaircs dcrits ; quelques tcxtes généraux, clairs et succincts sur les sujets représentés - littérature orale, poterie, chasse, travail de l’écorce, etc. - sont présentés de manière uniforme pour créer une impression de clarté.

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Chaque objet exposé est accompagné d’une étiquette indiquant son nom en langue vernaculaire, son origine ethnique et géographique, le lieu oii il a été acquis et sa fonction. Chaque photographie est commentée de la même manière.

hfOyw.r sonores. Certaines salles sont bquipées pour diffuser de la musique. L’installa- tion (magnétophone hors d’atteinte du public et enceinte acoustique - conque elipson - dans la salle) est mise en marche par un gardien à l’arrivée des visiteurs. L’illustration musicale est faite avec la matitre sonore recueillie au cours des missions.

I1 y a trois points de diffusion : dans la salle des rythmes, des chants et des danses sont retransmis, dans lesquels interviennent les instruments semblables à ceux qu’on peut voir dans cette même salle ; dans la salle des activités féminines, on peut entendre des chants de femmes, cérémoniels ou familiers, des berceuses, des chansons enfan- tines ; dans l’entrée consacrée à la mémoire du président Roganda, la voix de celui-ci s’élkvc A intervalles rkguliers (il s’agit de l’extrait d’un discours où le président Boganda donne une définition de la patrie en tant que synthèse des cultures particu litres),

Ani/mt/on des ui.rite.r. Individuelles ou collectives, les visites sont toujours accompa- gnécs , elles le sont par des animateurs qui reçoivent les visiteurs comme un maître de maison reçoit ses invités.

Ils sont quatre, ce qui représente un nombre élevé pour un musée de six salles, mais qui perinet d’animer effectivement les visites. Engagés en raison de leur person- nalité ct de leur dévouement à la cause du musée, ils appartiennent à des groupes ethniques différents et sont donc aptes, a eux quatre, à faire face à la diversité linguistique du public. En outre, ils ont collaborb A la mise en place de l’exposition ; chacun d’eux a participé à une prospection sur le terrain, et est au fait dcs méthodes et d u difficultés d’acquisition des objets qu’il présente. Si un canevas lui est donné au depart, la plus grande initiative lui est laissée pour imprimer à la visite un tour personnel 2”.

Pour sa part, le public, s’il fait preuve d’intérêt, de respect et de soins à l’égard des objets e\posés 21 est loin d’adopter une attitude figée. Tout l’encourage à se sentir chez l u i Le musée devient un lieu de rencontre, d’échanges, auxquels le guide parti- cipe tout naturellement.

Quaiid ils écoutent de la musiclue, femmes et enfants esquissent bien souvent u n Pas tlanse et cn scandent le rvthme de leurs battements de mains.

11 I I\’C aLlssi clLl’aL1tnur d’ut7 objet le visitcur se transtbrmc spontani-ment en inforni‘ireur. (-’est ainsi qu’un vieillard (;\>aiTa, examinant la forge, clécrivit avec pré- cision iilic technique tomb& en &su&udc, celle de la fonte des “pierres de fer” dans

3, MrlsBe B A R T H ~ L E J I Y BOGANDA, Bangui. Salle du travail et des techniques. On peut voir les diffirents types de présentation verticale et horizontale que permet le systeme dcs barres d’accrochage horizontales tisées au mur : accro- chage des panneaus vcrticaus, accrochage de plateaux- mobiles supportant des objets et accrochagc dircct A la barre. 9. Occupations and Skills Room. Various me- thods of vertical and horizontal display madc possible by the system of horizontal supporting bars: hanging of vertical panels; hanging of movablc shclves supporting objects; or dircct hanging of the objccts on the bars.

20. Le musée est ouvert au public six jours par semaine, y compris le dimanche de I O a I 6 heures. L’entrée cst libre, mais un billet numé- roté est délivre h chaque visiteur dans un double desscin : inspirer un certain respect (quc l’cntrkc gratuite risquait de réduire) et permettre l’éta- blissement de statistiques. Pciidant le mois qui a suivi l’ouverture, 582 entrées ont CtC enregis- trées. Depuis, le nombre de visiteurs ne C ~ S S C dc croître : en juillet 1967, il s’est élevk a I 5 2 3 . Les visites organistes (écoles, lycces, unités de l’armke, organisations de jeunesse, associations féminincs, etc.) représentent 3 0 :d 3 5 “4, des quelque 8 o00 entrecs ctiregistrées en neuf mois. IJne série de cartes postales reproduisant les picccs les plus caractkristiques des collections a été édittc ct mise en vente.

z I . Bien que trcs peu d’objets soieiit prottgts par des vitrines, il n’y eut aucunc déprédation ni disparition.

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les hauts fourneaus dont il íïit apporter au tnusée, quelques jours plus tard, une maquette modelée dans l’argile.

Le public s’associe naturellement A la vie m b e du musée.

Aménagement des locaux et présentation des collections

I1 s’agissait, comme on l’a dit, d’aménager I’étage unique d’un petit immeuble de type “tropical”, c’est-à-dire sans vitrcs (la ventilation permanente se faisant A l’aide de volets à lames verticales orientables), et qui comprenait des couloirs principaux et d’autres pour le service.

Les deux appartements qui le composaicnt avaient chacun trois pièces et dcs dépcn- dances. Ils étaient desservis par un escalier central (fig. 17).

Sur les 340 mètres carrés disponibles, 2 3 0 furent consacrks A l’exposition. Le reste fut affecté aux diffkrents services: phonothèque - bureau du directeur, salle de travail-bibliothtque servant de bureau au conservateur, laboratoire de photogra- phie et de restauration 22. Les anciennes salles d’eau furent utilisées comme maga- sins de réserve.

Dans ces locaux inadaptés au départ, on ne pouvait envisager de reprise en gros aeuvre, faute de temps et de crédits. I1 fallut donc utiliser les couloirs existants et toutes les surfaces murales 23, tout en maintenant la clarté du thème et de ses divisions et en évitant la monotonie, la rigidité et la confusion qu’aurait engendrées l’emploi d’un mode unique de présentation 21.

Plusieurs solutions furent adoptécs : On opta d’abord pour une conception de base permettant une présentation fron-

tale et horizontale à partir d’une surface d’exposition murale. Cette conception répon- dait à un double souci : la mobilité et la faciliti. de mise en place et d’entreticn. Ide système employé, aussi simple dans sa conception que dans sa fabrication, se compose de barres d’accrochage horizontales fixées parallèlement sur les murs et peintes de la même coulcur que ceux-ci. A ces barres s’accrochent aussi bien des panneaux scr- vant h la présentation de photographies et de textes, que des tablettes supportant les objets. Ces tablettes sont des consoles mobiles, modulées, en bois (fig. 6, 9) , qui peu- vent s’accrocher à n’importe quelle place sur la barrc d’appui (fig. IS) ; d’où présen- tation très souple.

L’installation de panneaux muraux en contre-plaqué, pouvant supporter un système semblable, répond à la nécessité de diviser verticalement de grandes surfaces. Elle permet d’isoler certaines sections contiguës et de modifier l’importance attributc à. l’une ou à l’autre dans le cas d’un changement de rubrique ou d’un apport considé- rable de nouveaux objets. LJne salic peut ainsi être aisément libérée pour ckder la place éventuellement à une cxposition temporaire. En effet, les structures sont, pour la plupart, indépendantes des objets.

Les éléments de présentation sont les suivants : (a) supports mobiles (consoles de bois peint) décrits plus haut ; ( h ) socles en bois peint ou gainé, construits sur les mêmes modules que les panneaux verticaux et disposés devant eux (fig. 1 2 ) ; (c) tables basses (en bois naturel) permettant une présencation isolée (fig. IO) ; (d) étagères mobiles (salle de l’Enfance) sur armature légkre (échelles de bois) ; (e) vitrines cle trois sortes: vitrines murales encastrCes repondant à l’impératif absolu d’utiliser tout l’espace disponible, le principe adopté ayant consisté à transformer systématiquemcnt placards et penderies en vitrines ; vitrines murales suspendues, toujours en vertu du même principe, permettant d’utiliser, sur toute sa longueur, la partie vitrée de deus cloisons pour poser sur chacune d’elles une vitrine à mi-hauteur (fig. 19) ; vitrines- tables modulées, à deux panneaux vitrés (le supérieur étant mobile, fig. z4) permettant une disposition centrale, en épi ou parallble à une surface murale.

22. Il faut mctitionner que, faute d’un techni- cien attaché au musée, l’équipcmcnt du labora- toire de photographie ne fonctionna qu’épiso- diqucmcnt, i la faveur du séjour d’un spécia- liste ou d’un amatcur bknévole, et pendant la période de la préparation de l’exposition ; d’où l’importance restreinte de la photothtque.

23. A ccttc hi, l’accès aux balcons fut con- damné i l’aide de panncaux.

zq. Tous les 6lCments du matéricl dc prdscn- tation ont été réalisés sur place par des entre- prises localcs.

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M A T ~ ~ R I A U S E’I‘ (:OULEUR s

Bois naturel ciré (acajou clair) pour les vitrines et les poutrcllcs du plafond. r \ i l u i~ blancs (à l’exccption de ceux de la salle du Pass6 et de celle consacrée au présidenr Boganda), mais animés par quelques taches de couleurs : aplats verticaux de peinture,

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panncaus de présentation peints ou tendus de tissu (toile de jute naturel, toile vert bronze, toile bleu de cobalt pour les vitrines murales disposées dans les couloirs), sup- ports tnobiles de présentation en bois peint (blanc, brun-rouge, noir). Revêtement du sol en ciramique brun et beige, le carrelage existant ayant dû être conservé.

Pour de nombreux objets, on a utilisé des supports traditionnels ou originaux. Ainsi, toutes les poteries A fond arrondi sont disposées soit sur des anneaux en vanncrie faits par un artisan des environs, soit sur des trépieds de fer forgé, cruvre du forgeron local. Pour des tambours appariés, on a choisi de les présenter dans la position de jeu, c’est-à-dire suspendus à une branche fourchue (fig. 7).

La présentation d’un costume porté lors d’une danse de masques réclamait un mannequin. On hésitait entre un modèle en matière plastique d’inspiration réaliste ou un riiodèle stylisé en fil de fer. Deux obstacles s’opposaient à l’adoption de l’unc OU de l’autre solution : les délais de livraison et la difficulté d’obtenir un mannequin ayant l’aspect souhaité. LJn villageois qui vendait sa production de paniers au marché accepta de se lancer dans cette entreprise. 11 fixa un prix et un délai raisonnables pour la con>truction, i partir d’un croquis, d’un support de forme humaine en vannerie.

Plusicsurs voyages en brousse furent nécessaires pour constituer le stock d’osier. Le Vannier commensa hardimcnt son auvre par les membres inférieurs. Lorsqu’il atteignit le torse, l’objet cnvahissait de ses proportions déjà gigantesques la case dans laquelle travaillait l’artiste. Les “Promoteurs” se demandaient avec inquiétude si, une fois terminée, la “chose” pourrait tenir dans l’emplaccment prévu et surtout de quelle manière i l serait possible de la vetir avec le costume de danse, consu pour des amensions humaines normales. Ils se succédèrent au foyer du vannier pour lui demantlcr dc rriaintcnjr sa création dans des proportions plus humaines. Celui-ci y P W n r ct le perso11nage íit son entree dans la salle dcs rythmes, y recut son harnache- ment ( I C , danse qui ne IC couvrait toutefois, que trks partiellement ... (fig. 7).

-

IO. M v s 6 ~ R A R T ~ i Í h b f r GAN DA, Bangui. Sallc du travail et dcs techniques. &lairage : contre les murs, lcs poutres (dont la face inté- rieure cst peintc cri blanc) dissimulent les tubes fluorcscents (éclairagc ambiant) ; clles sont munies dc prises de courant pour les spots ii pincc orientablcs et mobiles (éclairage ponc- tuel). Dans la section dc la vanncrie, on a prati- quC la rupture d’une grande surfacc par la couleur : des aplats verticaux de peinture (noir, ocre, jaune), altcrnant avec le blanc, animcnt la présentation d’objets de formes et de techniques diverses mais faits de matériaux peu variks. io. Occupations arid Skills Room. righting : beams, painted white at thc back and fixed to the nralls, conccal fluorescent tuhcs for diffused lighting and are provided with power-points for articulated, movable spotlights with clips. In thc wicker-work section, vcrtical strips pairircd black, ochre and yellow alternate with tnc white r u enliven the display of cxhibits which, though variously shaped, arc made of much the same material.

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t

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A C L A I R A G E

L’éclairage naturel est fourni par de vastes baies munics de lames verticales ()rien- tables (fig. I o, 1 2 ) : il doit étre parcimonieusement distribué à certaines heures de la journbe afin de ne pas fatiguer les visiteurs ni surtout nuire aux objets esposés. I1 est complété et corrigé par l’éclairage artificiel qui répond au principe de la lité des structures et permet d’accompagner n’importe quel déplacement d’objet, Ce dernier système est conçu pour fournir à la fois une lumière d’ambiance et une lumière ponctuelle. Les deux systhmes d’éclairage sont supportés par un réseau léger de poutrelles qui sont fixées, au-dessous du plafond, à z,zo mètres du sol (fig. 10).

Des tubes fluorescents, logés entre les poutres et les murs, assurent la 1umièí-e d’ambiance. Des projecteurs à pince, orientables, mis en batterie grâce des prises de courant disséminées sur l’ensemble du réseau de poutrelles, dispensent l’éclairage ponctuel. Outre son rôle de support, cet ensemble contribue à donner de meilleures proportions aux grandes salles en abaissant la hauteur du plafond.

V E N T I L A T I O N DES S A L L E S

Elle s’effectue dans deux salles de faible dimension par un conditionneur d’air qui faisait partie de l’installation primitive et, dans les grandes salles, par une ventila. tion électrique au plafond.

A U T R E s A fi N A G E M E N T s --I La nécessité d’utiliser au maximum les surfaces amena à envisager la transformation

I r . M~7sf.s B A K T I ~ L E M Y BOGANDA, Bangui. d’une cuisine en salle d’exposition, transformation qui présentait une double diffi- Salle du travail et des techniques. : culté sur le plan de l’aménagement et sur celui du respect des exigences thématiques technique dite “au colombin”. IJtilisation de la photo ici, les différentes phasCs dc la fabri- de la salle destinée aux coutumes du passé. cation et l’objet tini. Les travaux suivants furent entrepris : on déposa tout l’appareillage (paillasse et I I . Occuoations and Skills Room. Pottcrv: the accessoires) : un revêtement de briclues fut monté Dour masquer la robinetterie et , , so-called ‘‘doVeCOt’’ technique. The use of photos; the various stages of manufacture are shown. and the finished articlc.

l’aération, La hotte d’aspiration fut recouverte de bottes de paille et constitua l’auvent sous lequel vinrent s’abriter naturellement les édifices cultuels (fig. 14) dédiés aus ju- meaux Les portes furent utilisées comme panneaux d’accrochage pour des photos grandeur nature. Dans les placards muraux furent découpées deux vitrines à mi-hau- teur. Le tout - murs, plafond, cloisons, portes - fut uniformément peint en brun- rouge de manière à donner une impression de pénombre et à créer un effet de con- traste avec le reste de l’exposition. Aucun éclairage d’ambiance ; seuls quelques fais- ceaux lumineux, produits par des spots, découpent les formes et les objets.

En août 1967, quelques mois après l’ouverture au public du Musée Boganda, ses destinées furent remises entre les mains d’un directeur centrafricain, Evariste Myndelet. Le musée est maintenant une réalité concrète : la mission des créateurs terminée. Depuis, les locaux du rez-de-chaussée ayant été libérés, le musée dispose d’un bâtiment autonome suffisamment vaste pour permettre, au fur et à mesure des possibilités, l’organisation et la mise en place des différentes sections prévues dans le projet initial.

2 5 . La construction de tels édificcs ne peut étre effcctuée que par le pkre des jumeaux qui est l’officiant du rituel. I1 fallait donc trouver un homme rbpondant h cette condition. Sans entrer dans le détail, signalons que l’édification dc l’ensemblc s’cffcctua selon les prescriptions rituelles dont la dernitre phase, le sacrifice d’un poulet, eut lieu dans la cour du muste.

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The creation of the Barthélemy Boganda Museum, Bangui

The Boganda Museum grew up from nothing through a combination of circum- StanceS.

The wealth and diversity of the traditional music so captivated the musicologist Simba Aroml that early in 1964 he conceived the idea of creating some musical sound archives in the Central African Republic and supplementing them by a collec- tion of musical instruments. Later, while he was conducting research in this field with the present writer, a broader project took shape: that of extending the collection to include ethnographical objects and establishing a proper museum of folk-lore and popular art. This project was submitted to the Government of the Central African Republic.

At about the same time the govcrnment decided by decree to set up a museum in memory of Barthélemy Boganda, the Founder President of the Republic, and to give it oficial status.

The government accepted the project in the autumn o f 1964. To facilitate the work of the first phase,2 it made available to the two workers in charge3 appropria- tions amounting to 40,000 FY4 an African assistant called fitienne ZioroYn temporary premisese and a vehicle for prospecting in the field.

Administratively, the Barthélemy Boganda Museum was placed directly under the presidcncy of the Republic. The first phase of its achievement was to be the creation of the Department of Popular Arts and Traditions.

-.

The museum was inaugurated on I December 1966 (fig. 2). In order to fulfil their project, the promoters had to cover the entire range of

museographical work, from the acquisition of an object in the field to its display to the public in a new environment giving it cultural value without altering its naturc.

Thc tnuseum was meant to serve two purposes: to preserve a cultural heritage threatened by extinction in a more-or-less-distant future and to reawaken public appreciation, particularly in the towns, of past and surviving material cultures.

Constitution of the collections

C O L L I < C T I O N O F T H E O B J E C T S

The objects and recordings were collected in successive stages during seasonal field missions. Prospecting took place during the dry season when roads are passable and outdoor working and living conditions are easier. The museographical work done

I . Seconded to the Government of thc Ccntral African Republic by the Isracli Ministry of For- eign Affairs as part of Israeli-Central African Republic co-opcration.

2. l 'hc initial project consisted of scveral phases. 'I'hc tirst phase was to sct up and develop a Department of Popular Arts and Traditions, to train muscographical personnel on the spot and subs~quently, at the J o s centre, to makc perma- nent additions to the collcctions by prospecting all the ethnic groups as systematically as possible, to organize temporary exhibitioiis with the museum's collections and those of foreign museums and the handicrafts and artistic

of thc country, to make the collections ofthe ethnographical documents and rccordings available to research workcrs and specialists and to disseminate arid publish them in the form ( i f catalogues, gramophone records aiid literature handbooks based on rccordcd and

translated oral traditions. This phase was also to include the establishmcnt of a photographiclibra- ry (ethnographic photographs and 16 mm films).

A further stage was to consist of the estab- lishment of a national muscum, which in addi- tion to the collections of popular arts and tradi- tions would consist of the following sections : zoology (the nucleus of a collection was a dona- tion made in 1966 of approximately one hundred mounted items); botany; pre-history (also based on a donation of specimens, gathered in the country by a French research mission, while the excavation of large sites in the north-wcst of the country promised a rapid extension of this scction); and lastly there was to bc a history sec- tion consisting of national archives made up of recent documents and oral testimony on thc pre- colonial, colonial and contemporary periods. 'Thc sections wcrc to be organized with the help of forcign research agencics,

by Geneviève Dournon-'raurelle

3 . Simha Arclm and Genevihe Dournon- Taurelle.

4. Equivalent to z million CFA francs or LJ.S.$l,ooo.

5 . Merely an ordcrly at tirst, his competeticc and constant intcrest in the work madc him a valuable collaborator. 1 le gradually took over the maintenance of the collcctions, relations with local restorers and thc conduct of the visits.

6. 'I'hesc prcmises consisted of thrcc main rooms with service rooms in half the upper storey of a small two-storcy building in the centre of Bangui, the capital of the Central African Republic, in a courtyard plantcd with trees. The ground floor, thc front part of the courtyard and the othcr half of the upper storey were occupicd by one of the ministries.

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on the museum premises, such as the cataloguing and conservation of the collectic)n,, the numbering arid carding of items and the preparation of displa) s, was kcpt t ( 11’ the rainy scason.

The first of thc long series of missions covering the entire national territor! took place in Januar! 1965, in the eastern part of the country. The two worlicrs concluct. ing it were introduced to the NLakara population group by an ethnologist u tiom it had respected for many years. Despite this valuable rccomtiiendation and his copious advice, thcy wondered anxiously how the local population would receive them. They made their first hesitant approach one late afternoon in a silcnt village consisting of four dwellings which seemed deserted. The result of this first cc)ntact was the acquisition of a piece of beaten bark used as cloth, the first of the approx. imately 1,200 objects com@ng the collections at the start of 1967.

Generally speaking, the collcctors worked by trial and error. They relied on pre. vious experiencc and endeavoured to comply with local practices, for the sake of efficiency but also o u t of respect for the traditional cultures which thcy were investi- gating. They took care not to arrive unannounced or to ask questions point blank, and used thc process of “sending word”-that is, giving notice of their arrival. In their work, they operated from a base camp, usually set up in a village where a number of tracks met.

Although there was an important unforeseen element in it, prospecting was not done at random. Full use was made of a body of information coming from different sources: ethnographical card indexes, direct observations madc possible by sharlng the lives of the people (since the camp was cstablished at the same place for two, three and often more weeks), and a network of contacts on the spot with certain persons available for and interested in an activity which very often had the escite- ment of a treasurc hunt :

In the early morning the collectors set off, accompanied by a local guide, alonq a stretch ten to twenty kilometres long and stopped in every village. At each halt they met the tribal chief or a leader and explained to him, with or without the assistance of voluntary interpreters (since they spoke a common language), the reasons for their search, the kind of objects they were seeking and their purpose, which was to bring together in a communal dwelling, an “ancestral home”, strong, weatherproof and protected against termites and bad weather, the objects belonging to their ancestral culture-this, in order to serve as testimony for the future generations and for the young people as well as for the detribalized townsfolk the reality and consistenci of ways of life which were being changed or were disappearing through contact with modern life and the introduction of foreign customs (fig. I).

12. MUSAF. BARTII~LEMY BOGANDA, Bangui. Salle du travail et des techniques. Pour rythmer une grande surface murale, on y a disposé des panneaux verticaux de mime dimension mais d’intensitt différente : les uns pcints en blanc, les autres revetus de toile de jute naturel. Sur chacun d’eus, la présentation des objets est variée par IC découpage de la surface au moyen de petits panneaux (textes, photos, plateau de flèches), on a utilisé des socles devant les panneaux. 12. Occupatiotis and Skills Room. Vertical panels of the same size but varying intensity of colour (some painted white, others covered with natural hessian) give movement to a large wall. To these panels are fixed smaller panels with csplanations, photographs, exhibits (e.g. the small panel of arrows). Pedestals are used in front of the panels.

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The arrangements for acquisition were also defined during this first explanatory meeting. They were left to the discretion of the local people and were, of course, a combination of prevailing economic practices, i.e. exchange of services, purchase and even (as happened several times) donation.

On the return journey a fresh halt was made in the meeting hut. If all went well a small number of villagers had assembled and piled haphazardly on the ground all the odds and ends that people everywhere and at all times have kept because they think they may come in handy or bring back memories. A significant featurc was that dotnectic objects mingled with hunting trophies-antelope and monkey skins, often devoured by vermin, panthers’ fangs and tortoise shells. This odd mixture reflected a certain ambiguity: the local population fully understood the purpose of the mission but apparently still believed that Europeans might prefer the massacrc of wild animals to inortars and xylophones.

This was the start of a long session of explanation and bargaining. The collectors gave further information about their search, and descriptions and instances of the kinds of objects that interested them. They made clear that they were not seeking thesc for themselves but had been sent by thc government to establish a national museum.

Then questions changed to explanations as the collectors described, by compari- sons or references, the signification and the functions of a museum in their country and how the collected objects would be uscd.’

The time had now come for acquiring the first object. The transactions were often complicated, and decisions were left to the authority of the village chief or the wis- dom of an elder, The collectors usually followed up a purchase by a gift, offered as a token of courtesy and nearly always consisting of a medicine. Dificulties arose, not because of unreasonable demands or estimates,s but sometimes because the item belonged to several persons, and often because it was put up for salc by an over- zealous intermediary in the absence of the real owner.

(.ollection is governed by thc following elementary scieiitific or psychological Principles: r\Jo object is ever purchased until all possible cthnographical data about it have been

‘J. M L ~ s ~ . E ß A R T r l k L R M Y ROC;ANI)A, Bangui. Grande vitrine de type classiquc mcttant cn valeur les tr is belles mais rares pieces sculptées ; le fond est tapissé d’une toile soyeuse vert bronze. L’tclairage suptricur cst assur6 par des tubes fluorescents, les supports sont en bois naturel. T.e support de la harpe est en fer forgt. 1.3. Large display case of the conventional type showing off very fine hut rare sculptures against a background of bronzc-grccn silky material. It is lit from above with fluorescent tubes. The supports are of natural wood, that of the harp of wrought iron.

7 . Thc pygniics, for instancc, pcrfcctly undcr- stood what the collectors wanted, since they lost no time in producing their humble utensils, aftcr thc collectors had drawn on the ground the outline of a dwelling and had arrangcd objccts side by side, each with its square of white paper representing a label.

8. Thc standards of valuc of thc two partics to the negotiations had, however, to be mutually adapted. On the one hand there was the object’s cthnological and aesthetic interest and rarity value, on the other its utility value. A brokcn- down drum which could still be beaten, a blade o r a chipped earthenware pot still in use was much dcarcr than a magniíiccnt harp which no onc any lungcr played.

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‘ 4 . MUSLE BAKTII(:LI;SiY BOGANDA, Bangui. Salle des rites et coutumes du passb. Sous l’au- vent, Cditices cultuels pour la naissance de jumeaux ; dans les vitrines et sur lcs panneaux, objets de fer, monnaies traditionnelles, armcs dc jet. lacs objets prCsent6s dans cette sallc deman- daicnt uti changement d’atmosphkre qui a Ctt: rhalisé par l’cmploi d’une couleur uniforme sur toutes les parois (brun-rouge sombre), 1’6clai- ragc strictement ponctuel, par projecteurs et I’uti- lisation dc matériaux “rustiques" : briques, chaume, cailloutis. 14. Old Kites and Customs Room. IJnder the awning, cult objects used in the birth-of-twins ritc. In the display casc and on the panels, iron objects, traditional coins, missile weapons. The exhibits displayed here required a spccial atmos- phcre, which was obtained by paintirig a11 thc walls a dark reddish-brown, lighting the room solely by projcctors and using “rustic” materials such as bricks, thatch and pebbles.

9. For instance, when forge bellows are pur- chased, other parts of the forge are purchased too, and also the finished products.

IO. This requirement makes it necessary to purchase, not only items of undoubtcd value but also other items of doubtful value or nonc at all, according to the amount of money avail- able.

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obtained-this in order to situate it in its cultural context and documented to help in later research. A summary of the data is entered the same evening at the camp on an identification card which remains attached to the object.

Each item is entered on acquisition in a register and given a serial number (fig. j). An effort is made to purchase, not merely an isolated objcct, but the series or set of

objects used in the same activity or technique.‘’ At the saine timc the object is documentcd photographically, in its original settinq,

in use and during manufacture. An item that cannot be transported or purchascd (e.g. a mural painting, a cultual building, a style of hairdressing or a tattoo pattern) is photographed in .ritLi.

The ethnographic and photographic documentation of a musical instrument is sup- plemented by a tape-recording of isolated sounds and a few stock pieces.

Where the transfer of a unique object to the museum would almost certainly end o c spoil a cultural phenomenon, it is not taken out of the community. This problem has arisen several times over a inusical instrument, which is thcn only bought if a local instrument maker is in active practice or the last musician who could play it has disappeared. Thus beautiful items have been left in their original setting to meet a natural end rather than be preserved meticulously from age, insects and, weather.

Since the unusual cash income from the purchase of items might unbalance the local economy, it is distributed more or less evenly among the members of the community. lo

Item-collecting sessions in areas with practically no health scrviccs are accompanicd by distribution of medical supplies and elementary medical care.

Prospecting often led to unexpected discoveries. For instance, a humble wooden spoon led the prospectors and their informants through culinary traditions, the use of fire, hunting methods and food taboos. A section of antelope horn led to a demon- stration of its use for cupping, to a discussion of methods of scarification, diseases, the pharmacopoeia and the instruments used by the medicine-man, and, finally, to the purchase of his large skin bag which had not been produced before. A question about a glass bead necklace used in slave-trade induced an old man to dig up three pairs of double bells which had formerly served as “bride-money”.

During the conversation, neglected objects came to life again and objects in daily use took on a new interest. By now everyone could see the real significance of the long and tedious questioning. The collectors’ unflagging interest in the humide evidence of the villagers’ life led these to trust the intruders and produce specimens which they had not thought fit to include in the original selection.

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r j . Mcsik R A R T I I ~ L E M Y BOGAWA, Bangui. Salle dc la femme : activitds domestiques. Objcts servant pour la préparation des aliments : celle-ci s’cffectuant i mime le sol, les ustensiles (plats, morticr, pressoir, cuillkres et spatules) sont disposés sur un Cpais plateau de bois natu- rel allant d’un mur B l’autre, comme s’ils étaient par terre. Lc dos d‘une vitrine a kté tendu de jute naturel et est utilisé pour présenter cuillkrcs et louches en aligncmcnt régulier. 11. Women’s Activities Room. Utensils for the preparation of food: dishes, mortar, press, spoons and spatulas. Since thc women always sit on the ground to prcpare food, the utcnsils are set down casually on a thick bench of natu- ral wood cxtending from wall to wall. Spoons and ladles are lined up against the intier back of a display casc, covered with hessian.

%‘hile objects were being collected, music was recorded for the museum’s sound archives. For convenience’ sake, these two activities were kept separate. The record- ing sessions were accompanied by long inquiries which took sometimes several days, as each session entailed deciphering, phonetic transcription and translation with the help of musicians and improvised assistants trained on the spot as opportu- nity and need dictated.

The conveyance over bumpy tracks of purchases whose shape and volume could never be foreseen presented constantly recurring difficulties which were overcome by thc ingenuity of various parties. At the end of the mission the vehicle would display an excessive and incongruous load, bristling with spears, surmounted by the live poultry and goats offered along the road and flanked by items of furniture, huge drums, and enormous open-work baskets in which wads of green grass protected fragile earthenware pottery against damage by jolting.

PRES F. R V A T 1 ON

Whcn an object arrives at the museum it is cleaned, then treated with suitable products. Its entry is recorded, and it receives its final number and is photographed.

A description and the information collected at the time of purchase are entered on a card made for a clear and easily intelligible language (fig. 4).11 Another smaller card (fig. J) containing brief ethnographical data remains attached to the itemI2 which, if not put on display immediately, is placed in a store-room.

It would take too much time to describe the methods adopted for filing the recorded music and oral literature collections. Briefly, this part of the museum’s work is based on a system of cards providing a large number of ethno-musicological data, and the vernacular text and French translation of sung and spoken items are also given.

Thc sound archives are kept in metal cupboards in a room fitted out as a sound librar\x1 and air-conditioned with moisture and temperaturc control.

Since money is very scarce it has not been possible to air-condition the whole of the premises and so create better conditions for preserving the collections. However, the objects on display or in the Storerooms are regularly inspected and cleaned. Each Item whose condition is suspect, i.e. which shows traces of worms or mould, is treated immediately.14

The reserve stocks are kept in semi-darkness and are aired and disinfected by insec- ticide sprays. Particularly vulnerable items are locked up in cupboards with a liberal SUPPI\ ot’ special compounds to protect them against humidity and insccts.l3

-.

I I . This card is made out in duplicate for usc in thc double card index, ethnical and technolog- ical. It will also be used for the preparation of catalogues.

12. The museum has reccivcd valuable help from Yvonne Oddon, hcad of the Documcnta- tion Centre of ICOM, who, thanks to a joint effort by his organization and the Govcrnmrnt of the Central African Republic, was able to comc to Bangui for about tcii days to place his know- ledge at thc service of the museum.

I 3 . The equipment for rccording, mounting, audition and copying of magnetic tapes includes two autonomous Nagra machincs, a portable Llhcr machinc, a Sareg mounting appliance, and a stereophonic Revox tape recorder.

14. Although treatment is still very rudimcn- tary in its applications, an attcinpt was made to adapt the methods and use the product3 rc- commended by the restoration service of the Musée de l’Homme, Paris, where the present \vritcr had been able tn gather basis information by the kindness of thc museum authorities.

I 5 . The choicc of these products was limited to what could be obtained locally. The insecti- cidcs were xylophene-bascd solutions for spray c,r injection; for skins with hair, paradichloro- benzene was uscd. Atmospheric humidity was absorhcd by crystals of silica gel. Essence of turpentine and natural wax wcrc used for prc- serving wood and lcarher.

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0r;qacmiydion qf viiits. All visits, whether indjvidual or collective, arc accompanied by guides who receive visitors as a host receives his guests.

There are four guides, which is a large number for a museum of six rooms but enables visits to be organized effectively. They have been appointed because of their personal qualifications and their dedication to the cause of the museum, and belong to different ethnic groups so that they can cover between them the whole linguisuc range of the visiting public. Moreover, they have co-operated in setting up the dis- plays; each of them has participated in one field mission and is familiar with the methods and difficulties of acquiring the items which he shows. Each guide starts with a prepared summary, but has full discretion to add a personal touch to the vi sit .2(1

The visiting public, while showing interest, respect and care for the itetns on display,21 does not by any means adopt a constrained attitude. Everything encourages visitors to feel at home. The museutn becomes a placc of meeting and conversation in which the guide quite naturally participates. Many women and children, on hearing music, start the dance movement and beat time to the rhythm by clapping their hands.

Sometimes, too, when an item is being examined a visitor spontaneously becomes an informant. For instance, an old Gbaya tribesman on examining the forge described accurately a technique which had gone into disuse, the smelting of “iron stones” in the blast furnaces, an earthenware model of which he brought to the museum a t‘cw days later.

The public thus feels itself associated with the life of the museum.

~

20. ‘I’he museum is open to the public six days a weck, including Sundays, from I O a.m. to 4 p.m. Therc is no charge, but a ticket bear- ing a serial number is issued to each visitor for two reasons: to inspire a certain respect for thc museum (which might be diminished by the absence of an entry fcc) and to help in the prepa- ration of statistics. During the month followitig the inauguration >8z visits were rccorded. Since then the number of visitors has increased stead- ily and in July 1967 it rose to 1,523. Organized visits (primary schools, secondary schools, army units, youth organizations, women’s associations, etc.) represcnt 3 0 to 3 5 per ccnt of the approsimately 8,000 entrics recorded over a period of riinc months.

A scries of postcards reproducing the most typical items of the collections has been pub- lished and is on sale.

2 1 . Although very few items are protected by showcascs, there was no damage nor loss.

7.2. It should be pointed our that, as the Museum had no tcchnician, the equipment of the phvtographic laboratory was uscd v d y at irregular inccrvals, when a specialist o r volun- tccr amateur was working at the museum and during the period of the preparation of the exhibitions. ’This explains why the photograph- ic lahnratory was so small.

23. For this purpose the balconics were blocked OK with panels. q. The display equipment was made on the

spot by local undertakings.

Conversion of the premises and presentation of the collections

As we have seen, the museum authorities had to adapt the upper storey of a small two-storey “tropical” building, i.e. a building with unglazed windows (perma- nently ventilated through shutters with adjustable vertical slats), main corridors and others for the service.

The two suites which made up the storey each consisted of three rooms and annexes. They were served by a central staircase (fig. 17).

Of the 340 square metres available, 2 3 0 were used For the displays. The remaining space was assigned to the various services: the sound / library director’s ofice, a workroom-cum-library serving as the curator’s office, and a photographic and rcs- toration laboratory.22 The former wash-rooms became reserve stores.

In these premises which were not suitable at first there was neither the time nor the money to undertake a large-scale reconversion. This made it necessary to use the existing corridors and all the wall surfaces,2s while preserving the clarity of the theme and its divisions, and avoiding thc monotony, rigidity and confusion which the use of a standard method of display would have brought about.2’

The problems that arose were solved in various ways. First of all a basic design was chosen which allowed a frontal and horizontal dis-

play on a wall surface. This construction is mobile and easy to install and maintain. The system, which was easy to design and manufacture, is composed of horizontal supporting bars fitted parallel on the walls and painted the same colour. They can be used either for hanging panels used in displaying photographs and texts, or for supporting shelves on which the items are placed. These are removable, modulated, wooden shelves (fig. Ci, 9) which can be attached anywhere along the supporting bar (fig. T B ) , so that the display is very flexible.

The installation of plywood wall panels, which can support a similar system, solves the problem of dividing surfaces vertically. It makes it possible to isolate adjoining sections and to vary the significance of any of these when a title is changed or there is a considerable inflow of new items. It also enables a room to be cleared easily for a temporary exhibition. These structures are mostly independent of the items on display.

The display equipment consists of the following: (a) the movable brackets (painted wooden shelves) described above; (b) stands made of painted or coated wood, built on the same modules as the vertical panels, and arranged in front of them (fig. 12);

(c) similar low tables (of natural wood) for displaying isolated objects (fig. r u ) ; 8 8

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c1 i I =

(d) niobile racks (in the children’s room) on a light framework (wooden ladders); (e ) showcases of three kinds: inset mural showcases solving the unavoidable problem of using all the available space, the principle adopted being to convert wall cupboards and wardrobes systematically into showcases; suspended mural showcases, governed by the same principle and making it possible to use the entire length of the glazed part o f two partitions in order to place a showcase half-way up on each (fig. zp); and modulated table showcases with two glazed panels (the upper one of which is mo- bile, fig. z q ) which can be arranged in the middle of the room, or else perpendicular or parallel to a wall surface.

M A T E R I A L S A N D C O L O U R S

Polished natural wood (light mahogany) was used for the showcases and spars of the ceiling. The walls are white (except those in the Room of the Past and in the room dedicated to President Boganda) enlivened by a few spots of colour: vertical strips of paintwork, display panels painted or faced with cloth (natural jute can- vas, bronze-green cloth, cobalt blue cloth for the mural showcases arranged in the corridors), mobile display brackets of painted wood (white, reddish-brown or black). (The floor is covered by brown and beige tiles, since the existing floor surface had to bc left untouched).

Supports of local origin have been used for many objects. All the round-bottomed potter!-, for instance, is arranged either on wicker-work mats made by a local artisan or on wrought-iron tripods made bv the local blacksmith. Paired drums are suspended in the position in which they are played, on a forked branch held upright (fig. 7).

A dummy was required to display a costume worn for a masked dance. The choice was htween a realistic-looking plastic model or a stylized model of wire. Two obstacles stood in the way of either solution: the time factor and the difficulty of obtaining something suitable. A villager who sold his baskets in the market agreed to tackle the job. For a reasonable price and within a reasonable time he undertook to make a human-shaped wicker-work support from a sketch.

Several trips to the bush were needed to build up a stock of osier for wickcr- work. I’ndeterred, the basket-worker started with the lower limbs. Ry the time he reached the torso the thing had become so huge that it almost filled the hut in which the artist was working. F lis “ixy)tnoters’’ ansiouslr wondered whether it would fit

I ? , ML‘Sit: ß A R T I i k L E h l Y BOGANI)A, hllgUi. Plan du m u s k . Circuit de l’exposition : A. cntrCc consacrée B la mkmoire du prksident Boganda ; R. sallc des rythmcs (musique, danse, litteraturc orale) ; C. sallc du passk (rites et coutumcs) ; D. sallc du travail (techniqucs) ; E. salle de la fcmme (activitks domestiqucs, parures, bijous, meubles, etc.) ; F. salle de l’enfant (jouets, ma- quettes et modbles réduits contemporains). Ser- vices c t bureaux : I . phonothcque-bureau ; 2 . salle de travail ; 3. laboratoire de photographic ct restauration ; 4. placards, dbpendances, sallcs d’eau utilisds comme magasins de rdscrvcs. 17. Plan of thc museum. Exhibition arca: A . Eiitrancc hall devoted to the mcmory of Prc- sident ßoganda; B. Rhythmic Arts Koom (mu- sic, dance, oral litcraturc); C.. Room of thc Past (rites and customs); 1). Occupations and Skills Room; E. Women’s Activitics Room (domcstic activities, dress, jewcllcry, furniturc, etc.); 1’. Childhood Activities Room (contemporary toys and scalc models). Offices and workrooms: I . Sound-recording library-offict ; 2 . Work- room; 3. Photographic and restoration lahora- tory; 4. Cupboards and bath-rooms usccl as store-rooms.

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18. MUSLE BARTHÉLEMY BOGANDA, Bangui. - .

Barres d’accrochage mural : I . Accrochage d’un panneau ; 2 . Accrochage d’une console mobile. I 8. Wall-fastening bars: I . Panel fastening; 2 . Movable shelf fastening. 19. iMrsBE B A R T I I ~ L E M Y BOGANDA, Bangui. Principe de la vitrine à cheval sur une cloison, i l’emplacement d’une aticicnnc impostc. 19. Show-case set on a partition, where there was formerly an impost.

2 1

I

%.. ‘. J

I 8 I9 into the allotted site when finished and, above all, how it could be clothed with the dance costume, designed for a normal human frame. Again and again they went to the basket-worker’s home, begging him to rcduce the thing to more human propor- tions. This he managed to do and the figure made its appearance in the Rhythmic Arts Room and received its dance attire, which never the less covered it only very partially (fig. 7).

L I G I I T I N G

Very large windows without glass but fitted with movable vertical slats afford natural lighting (fig. IO, 12) . Light must be parsimoniously distributed at certain times of the day in order not to tire the visitors and, above all, not to harm the exhibits. It is supplemented and corrected by artificial lighting, which makes it possible to alter the structure of the museum and move the exhibits from one place to another. This system, designed to provide both diffused lighting and spot-lighting, is supported by a network of slender beams fixed beneath the ceiling at a height of 2.2 metres from the floor (fig. io).

Fluorescent tubes concealed between the beams and the walls provide the diffuscd lighting. Spot-lighting is provided by articulated projectors with clips, which are connected to power points along the beams. These beams not only support the spot- lights but also improve the proportions of the larger rooms by giving the impression of a lower ceiling.

V E N T I L A T I O N O F T H E R O O M S

Each pair of small rooms is ventilated by an air-conditioner already installed in the premises before they were made available to the museum. The large rooms are ven- tilated by ceiling fans.

O T H h K A R R A N G E M E N T S

The need to turn all the space to the best account led to the conversion of a kitchen into a display room. This raised difficulties from both the practical and the museo- graphical points of view.

The room was to be used for old rites and customs. Matting and kitchen appli- ances had to be removed, pipes covered up with a brick wall and the firepl:,ce canopy concealed behind a straw thatching. The fireplace thus transformed was the obvious place to put the cult objects25 used in the birth-of-twins rite (fig. 14) . The doors were used as panels for fixing life-size photos. Two display cases were inserted half-way up the wall cupboards. The whole room-walls, partitions, ceiling and doors-was painted a reddish-brown to creatc an iinpression of mystery in contrast to the rest of the exhibition. The effect is heightened by the absence of diffused lig1i~- ing. Spot-lighting is used to bring the exhibits into relief.

In August 1967, a few months after the opening of the museum, a Central African director, Evariste Myndelet, was appointed. The museum had come into being, the mission of its creators was over. Since then, the ground floor has been freed and the museum is now in an autonomous building with enough space to allow for the organization and presentation of the other sections foreseen in the original planning.

9 O [ Trailslated fro//] Frewd~]

2 5 . Thcsc objects can only be made by the father of the twins, who officiates. So such a man had to be fouild. Without enteriiig illto the details, we might mention that the objects were made according to the ritual. The last phase included the sacrifice of a hen in the courtyard of the museum.