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LE MUSÉE ET L’ENFANCE INADAP’TÉE ’UNE des discussions les plus spontanées et des plus intéressantes du stage L d’études de Brooklyn a porté sur le rôle des musées dans l’éducation des inadaptés. I1 s’agit surtout des enfants qui, pour une raison ou une autre, sont désa- vantagés par rapport à la moyenne. Les délégués ont beaucoup insisté pour que les musées aident de leur mieux ces enfants. On appelle inadaptés, dans les milieux de l’enseignement, les enfants physique- ment ou mentalement déficients, ou atteints de troubles de l’ouïe ou de la vue. Si différents que soient les cas de ces enfants du point de vue médical, le problème reste essentiellement le même pour l’éducateur. I1 s’agit d’instruire, dans la mesure du possible, des sujets qui pour diverses raisons ne peuvent bénéficier des possi- bilités d’éducation normalement offertes aux enfants de leur àge. L’enfant normal acquiert rapidement un vocabulaire qui lui permet de s’assimiler et de communiquer des idées, par l’intermédiaire des mots qu’il prononce, qu’il lit ou qu’il entend dans la conversation. Il s’instruit ainsi sans peine, directement ou indirectement, et ses efforts ne visent qu’à compléter ses connaissances concernant les pratiques et les objets qui composent pour lui la réalité quotidienne. A quelques esceptions près, les enfants inadaptés n’ont pas cette maîtrise spontanée du langage, et ils doivent consacrer beaucoup de temps à acquérir, souvent au prix de grands efforts, le vocabulaire limité qui est indispensable à la transmission des idées essentielles. Leur cas exige une attention individuelle; les écoles ont recours à toute méthode permettant de compltter l’enseignement oral et le langage écrit. I1 faut les encourager à s’occuper des choses et à fabriquer des choses ; dans leur cas comme dans celui des jeunes enfants, rien de tel que l’objet à trois dimensions pour les instruire. I1 faut mener ces enfants ils peuvent voir et peut-être toucher des objets réels : or un bon musée est un des lieux cela est possible. h l’enfant normal, le musée présente une collection passionnante d’objets propres à illustrer de fason vivante tel ou tel aspect de la connaissance, mais dont il a déjà entendu parler au moins vaguement autour de lui ou en classe. Pour les enfants inadaptés, le musée peut avoir une signification bien plus profonde; il peut dans une large mesure tenir lieu du mot écrit ou parlé, et fournir ainsi un moyen d’acquérir directement certaines connaissances pour la première fois. Tableaux, costumes, armures, navires, moteurs, oiseaux et mammifères des collections sont les manuels de ces enfants, qui apprennent bien mieux lorsqu’ils peuvent voir ce dont on leur parle. En outre, sans que l’enfant en ait nécessairement conscience, la fréquentation du musée contribue utilement à sa formation, dans la mesure elle le fait participer aux activitts normales des enfants et des adultes plus favorisés. En entrant dans un niusée, même pour y suivre un cours, il se trouve sur le même plan que les autres visiteurs venus dans cet édifice public pour regarder et pour s’instruire. Certes, comme pour toutes les activités éducatives des musées, le succès dépend beaucoup des conditions locales : importance et variété des collections, facilités d’accès offertes à la communauté locale et surtout aux enfants des écoles, etc. En général, la plupart des musées des villes de quelque importance dans les pays de l’occident coopèrent avec les autorités de l’enseignement à l‘action entreprise en faveur des enfants inadaptés. Cette action est naturellement plus importante dans les musées qui ont des services éducatifs et qui disposent d’un personnel qualifié pour faire visiter leurs collections aux élèves des écoles de tous les degrés. De tels musées s’adressent également aux enfants qui ne peuvent se rendre au musée (aveugles ou pensionnaires des h6pitaux-écoles). Ils envoient à ces enfants des maítres et du matériel qu’ils peuvent examiner sur place. Les matières de l’enseignement au musée sont les mêmes pour tous les enfants, débiles ou non : introduction à l’art, histoire (locale ou sociale), géographie (au sens le plus large), histoire naturelle. II y a évidemment adaptation du niveau de l’ensei- gnement à la capacité d’assimilation du groupe considéré; mais une différence réelle intervient touchant le choix des méthodes. par SAMUEL THOMPSON 257

The Museum and the Handicapped

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LE MUSÉE ET L’ENFANCE INADAP’TÉE

’UNE des discussions les plus spontanées et des plus intéressantes du stage L d’études de Brooklyn a porté sur le rôle des musées dans l’éducation des inadaptés. I1 s’agit surtout des enfants qui, pour une raison ou une autre, sont désa- vantagés par rapport à la moyenne. Les délégués ont beaucoup insisté pour que les musées aident de leur mieux ces enfants.

On appelle inadaptés, dans les milieux de l’enseignement, les enfants physique- ment ou mentalement déficients, ou atteints de troubles de l’ouïe ou de la vue. Si différents que soient les cas de ces enfants du point de vue médical, le problème reste essentiellement le même pour l’éducateur. I1 s’agit d’instruire, dans la mesure du possible, des sujets qui pour diverses raisons ne peuvent bénéficier des possi- bilités d’éducation normalement offertes aux enfants de leur àge.

L’enfant normal acquiert rapidement un vocabulaire qui lui permet de s’assimiler et de communiquer des idées, par l’intermédiaire des mots qu’il prononce, qu’il lit ou qu’il entend dans la conversation. Il s’instruit ainsi sans peine, directement ou indirectement, et ses efforts ne visent qu’à compléter ses connaissances concernant les pratiques et les objets qui composent pour lui la réalité quotidienne.

A quelques esceptions près, les enfants inadaptés n’ont pas cette maîtrise spontanée du langage, et ils doivent consacrer beaucoup de temps à acquérir, souvent au prix de grands efforts, le vocabulaire limité qui est indispensable à la transmission des idées essentielles. Leur cas exige une attention individuelle; les écoles ont recours à toute méthode permettant de compltter l’enseignement oral et le langage écrit. I1 faut les encourager à s’occuper des choses et à fabriquer des choses ; dans leur cas comme dans celui des jeunes enfants, rien de tel que l’objet à trois dimensions pour les instruire.

I1 faut mener ces enfants où ils peuvent voir et peut-être toucher des objets réels : or un bon musée est un des lieux où cela est possible.

h l’enfant normal, le musée présente une collection passionnante d’objets propres à illustrer de fason vivante tel ou tel aspect de la connaissance, mais dont il a déjà entendu parler au moins vaguement autour de lui ou en classe. Pour les enfants inadaptés, le musée peut avoir une signification bien plus profonde; il peut dans une large mesure tenir lieu du mot écrit ou parlé, et fournir ainsi un moyen d’acquérir directement certaines connaissances pour la première fois. Tableaux, costumes, armures, navires, moteurs, oiseaux et mammifères des collections sont les manuels de ces enfants, qui apprennent bien mieux lorsqu’ils peuvent voir ce dont on leur parle. En outre, sans que l’enfant en ait nécessairement conscience, la fréquentation du musée contribue utilement à sa formation, dans la mesure où elle le fait participer aux activitts normales des enfants et des adultes plus favorisés. En entrant dans un niusée, même pour y suivre un cours, il se trouve sur le même plan que les autres visiteurs venus dans cet édifice public pour regarder et pour s’instruire.

Certes, comme pour toutes les activités éducatives des musées, le succès dépend beaucoup des conditions locales : importance et variété des collections, facilités d’accès offertes à la communauté locale et surtout aux enfants des écoles, etc. En général, la plupart des musées des villes de quelque importance dans les pays de l’occident coopèrent avec les autorités de l’enseignement à l‘action entreprise en faveur des enfants inadaptés. Cette action est naturellement plus importante dans les musées qui ont des services éducatifs et qui disposent d’un personnel qualifié pour faire visiter leurs collections aux élèves des écoles de tous les degrés. De tels musées s’adressent également aux enfants qui ne peuvent se rendre au musée (aveugles ou pensionnaires des h6pitaux-écoles). Ils envoient à ces enfants des maítres et du matériel qu’ils peuvent examiner sur place.

Les matières de l’enseignement au musée sont les mêmes pour tous les enfants, débiles ou non : introduction à l’art, histoire (locale ou sociale), géographie (au sens le plus large), histoire naturelle. II y a évidemment adaptation du niveau de l’ensei- gnement à la capacité d’assimilation du groupe considéré; mais une différence réelle intervient touchant le choix des méthodes.

par SAMUEL THOMPSON

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Dans le cas des débiles mentaux (bien plus nombreux que les débiles physiques), le problème consiste à se mettre à la portée d’un groupe d‘individus dont les àges mentaux sont extrêmement différents. On a pu en tirer argument pour laisser l’instruc- tion de ces enfants à leur maître d‘école habituel, plus au courant de leurs capacités respectives; mais on a constaté que les enfants rtagissent favorablement à tout mode de présentation nouveau, et que le conservateur ou le spécialiste du musée, à condi-

j?. GLASGOW ART G”- AND hfusEuhrs, Glas- tion de s’adapter aux circonstances, d’user de patience et de ne jamais prendre le ton du conférencier, est tout à fait capable d’intéresser des enfants mentalement débiles (fig. 33). Ces enfants ont une faible capacité de concentratjon et sont faci- lement distraits; aussi les instructeurs ne doivent-ils leur faire visiter le musée que

gow. Un groupe de jeunes dibiles mentaux examine un modèle de navire.

33. Mendly handicapped boys study a ship model.

par très petits groupes. On pourra cependant constituer des groupes plus nombreux s’il existe une salle de classe où les objets à montrer peuvent &e rassemblés.

Les méthodes d’enseignement présentent évidemment une importance capitale s’il s’agit d’enfants sourds ou aveugles. Les premiers ne peuvent @re suivre des explications qu’en lisant sur les lèvres de l’instructeur. Celui-ci devra donc se placer sous un éclairage favorable, à un endroit où chacun puisse le voir, parler lentement et distinctement, en choisissant des mots faciles à lire sur les lèvres (dire, par exemple, K pas difficile 1) au lieu de (( aisé 1))’ se servir de ses mains et de ses doigts pour indi- quer des qliantités, suggérer des dimensions ou des formes. I1 est utile de faire répéter aux enfants ce qu’on vient de dire pour accroître leur vocabulaire, et d’écrire les mots nouveaux au tableau noir s’il en existe un dans la salle. Les objets de musée, notamment les spécimens de mammifères et d’oiseaux familiers, peuvent être utilisés avec succès pour apprendre à des enfants sourds à prononcer les noms des animaux,

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puis à décrire leur taille, leur couleur, etc., de facon à se constituer un vocabulaire d‘utilité générale (jg. 34). On ne saurait trop insister sur le sens artistique des enfants sourds plus avancés et qui savent lire couramment sur les lèvres. Les jeunes gens sont facilement attirés par les tableaux, et l’art de la peinture est, de toutes les formes de l’art, celle qui peut procurer aux sourds les joies les plus durables (’A. y/).

En ce qui concerne les enfants entièrement ou partiellement aveugles, chez les- quels le sens du toucher est très développé, il faut évidemment établir une corré- lation entre la description des objets et la perception tactile. Le mieux est de rassem- bler les enfants dans une salle de classe où les spécimens puissent être disposés devant eux sur des tables ou des pupitres plats. On peut confier sans crainte aux doigts délicats des aveugles un matériel relativement fragile ; là encore, les spécimens d’histoire naturelle sont d’un grand intérêt, car ils permettent aux enfants de toucher des plumes, de la fourrure, ou les parties essentielles du corps de l’animal, tels que la bouche, les pattes et la queue. On peut aussi utiliser avec profit des modkles de navires, de locomotives et de machines industrielles. Si l’on étudie un seul objet, il faut veiller à ce que chacun des enfants ait l’occasion de le manier avant tout commen- taire du maître ou toute conclusion des enfants. Si l’on étudie plusieurs objets en en remettant un à chaque enfant ()ìg. jl), il faut procéder par leson individuelle, ce qui ne doit pas être impossible, les classes d’enfants aveugles étant généralement peu nombreuses. Comme toujours, l’enseignement oral doit être adapté aux circons- tances : les descriptions doivent être aussi concrètes que possible et porter sur les formes et les textures réelles ; il convient d’kviter les abstractions et naturellement toute référence aux couleurs.

Quant aux débiles physiques, diminués à la suite d’une maladie (insuffisance cardiaque, poliomyélite, etc.) ou d’un accident, il ne faut pas oublier que leur retard peut provenir uniquement de ce qu’ils n’ont pas pu faire d’études normales. Les méthodes d‘enseignement usuelles sont applicables dans leur cas, niais il faut tenir compte de certaines autres considérations. Un changement d‘horizon peut itre favo- rable à ces enfants; encore faut-il que des moyens de transport convenables leur soient assurés et que le musée prévoie à leur intention au rez-de-chausste des sièges confortables, disposés de fason qu’ils puissent voir le matériel présenté sans faire d‘efforts excessifs (Jfg. 37).

Les problèmes du transport, de l’installation et de la prksentation sont encore plus délicats s’il s’agit d’enfants atteints de troubles spasmodiques plus ou moins graves. La visite d‘un musée exige, dans ce cas, un réel effort de coopération de la part du conservateur ou du spécialiste du musée, du maître d’école et du personnel d’accompagnement; mais un tel effort est récompensé par le plaisir qu’en retirent les enfants. Les enfants atteints de troubles spasmodiques présentent des degrés d’infirmité très différents et il en va de même de leur capacité mentale. Ils ne souffrent d’aucune incapacité sensorielle, mais la difficulté consiste à exercer leurs réflexes moteurs, à stimuler la coordination de leurs muscles. I1 faut donc s’attacher à ce qu’ils fassent effectivement quelque chose. Le musée peut fournir d’intéressantes occasions B cet égard : l’enfant pourra appuyer sur le bouton d’un appareil de démons- tration, manier des outils ou des armes, éventuellement essayer des costumes d’époque, etc. L‘essentiel, c’est qu’il remue et qu’il manipule des objets.

Bien plus que les enfants normaux, les inadaptés exigent un traitement individuel à l’;Cole, et leurs réactions à l’enseignement de l’école sont, elles aussi, individuelles. C‘est pourquoi il est difficile de formuler des conclusions générales touchant leurs réactions aux activités éducatives des musées. Mais le seul fait de susciter des réponses individuelles est un gage de succès. C‘est ce que fait le musée, comme l’ont abon-

34. gow. Un jeune enfant sourd examine des spkcimcns d‘histoire naturelle.

j r . Deaf infant with nature studF specimens.

ART G‘LLERY ‘ND hiusEr’Arq~

- - damment démontré les discussions du stage : la plupart des participants ont cité à ce propos des exemples empruntés à leur expérience personnelle.

Si les réponses des enfants inadaptés ne sont pas toujours prévisibles, elles n’en sont pas moins intéressantes. En voici deux exemples, tirés de l’expérience person- nelle de l’auteur. Une classe d’enfants mentalement débiles devait suivre une série de six lesons au musée d‘une grande ville. L’un des enfants, ágé de douze ans, s’était montré à l’école timide et réservé au point de ne pouvoir participer aux activitks ordinaires de la classe. Comme il venait d’une région rurale, les lesons d’histoire naturelle données au musée lui fournirent l’occasion de témoigner de connaissances très supérieures à celles de ses condisciples au sujet des oiseaux et des mammifères. 259

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I1 acquit de la sorte une assurance qui lui permit par la suite de participer pleinement aux activités de l'école. Le deuxième exemple de l'utilité indirecte des musées n'est pas moins intéressant. Une classe d'enfants inadaptés suivait au musée un cours de plusieurs semaines. Les élèves furent invités à dessiner un croquis très simple pour rappeler le sujet de chaque leson, réduit à ses lignes essentielles. Certains enfants s'en tenaient là. D'autres se mirent à ajouter des détails et finirent par s'intéresser à ce travail; si bien qu'à la fin du cours un nombre surprenant d'esquisses fort hono- rables avaient été exécutées par des élèves qui, d'après leurs maîtres, n'avaient jusqu'à ce moment manifesté ni de goût, ni d'aptitude.

Parce que le musée est un foyer traditionnel d'enseignement visuel, nombre de grands musées disposent maintenant de salles spécialement équipées pour cet ensei- gnement. On p trouve, outre des objets d'exposition, des films, des vues et des tableaux muraux. L'enseignement par l'image, qui plaît à tous les enfants, convient particulièrement aux inadaptés. Les films et les films fixes complètent l'effet de l'objet de musée, dont ils permettent à l'enfant de conserver une image plus riche. Ces auxiliaires sont aussi d'une grande utilité pour le spécialiste de musée lorsqu'il doit se rendre lui-même auprès des enfants inadaptés (jîg. 38). Dans les hôpitaux-écoles' où czrtains enfants sont cloués au lit des années durant, les convalescents peuvent aider à faire circuler les objets de musée; il est possible de projeter des films et films fixes sur un écran provisoire installé dans la salle d'hòpital.

Nous n'avons pu considérer dans les limites du présent article que les aspects généraux de l'enseignement des musées à l'intention des enfants inadaptés. Ce qu'il faut souligner, c'est que dans de nombreux pays la valeur de ces activités éducatives a été reconnue et que les maîtres des écoles pour enfants inadaptés sont prêts à se servir des ressources que leur offrent les musées. On pourrait entreprendre d'inté- ressantes recherches à cet égard sur les diverses catégories d'enfants débiles, en éten-

GLASGOW ART v. Des jeunes g nt sur les lkvres

Art appreciatic lip-read easily.

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dant l'étude aux enfants dont l'inadaptation même temporaire sera due à des raisons de santé ou de milieu, et aux enfants détenus dans les centres d'éducation surveillée.

Le service à rendre aux enfants est de les conduire au musée et, dans le cas de certains enfants inadaptés, de mettre le musée à leur portée en leur montrant à l'école un choix des objets d'exposition. Mais le musée peut encore de bien d'autres fasons inculquer à l'enfant inadapté la conviction que son infirmité ne l'empêche nullement de participer aux activités communes à tous les enfants. On peut à cet effet s'occuper

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de ses loisirs : des causeries du samedi matin, la projection de films éducatifs peuvent &re adaptées au niveau mental des enfants, etc. Nombre de grands musées organisent des expositions publiques de travaux d’enfants (peintures et objets fabriqués à la main, notamment), auxquelles les enfants inadaptés peuvent être invités à parti- ciper. Le musée que l’auteur connaît le mieux organise chaque année au mois de juin un concours artistique auquel participent quelque 6.000 enfants des écoles de la région, y compris les inadaptés.

Ce sont là quelques-unes seulement des voies où le musée peut s’engager pour atteindre son but qui est de constituer, à l’égard de toutes les catégories du public, un centre de la communauté qu’il sert. S’il parvient à développer ainsi chez l’enfant inadapté le sens de la responsabilité et de la participation à toute entreprise de la communauté, on aura incontestablement atteint l‘un des objectifs essentiels de toute education.

Si le problème des musées et des individus inadaptés a été discuté au point de vue des enfants parce que c’est eux qui sont appelés à en tirer le plus de profit, il ne faut pas perdre de vue que la leson de l’expérience s’applique également aux adultes. On l’a vu récemment dans le cas des mutilés de guerre. Des expositions itinérantes d’arts et de sciences peuvent être d’un grand intérêt pour cette partie du public qui se trouve dans l’impossibilité de visiter les musées. Enfin, la rééducation thérapeu- tique par le travail manuel (peinture, tissage, vannerie, etc.) est évidemment liée à l’activité des musées.

En conclusion, si la fonction des musées à l’égard des inadaptés en est encore, dans une large mesure, au stade expérimental, les résultats déjà obtenus nous donnent l’assurance qu’une ceuvre utile va s’étendre à l’avenir dans ce domaine et qu’aucun membre du personnel des musées ne marchandera jamais ses efforts pour venir en aide à ses frères malheureux.

(Traduìt de I’anglaìs.)

THE MUSEUM AND T H E

NE o f the most spontaneous and stimulating discussions at the Brooklyn Seminar O dealt with the part to be played by the museum in the training of the handi- capped. The problem chefly concerns children deprived in various ways of the normal advantages of the average young citizen, and there was ample evidence among the delegates of a strong desire that museums should do their utmost for this section of the community.

In educational circles the term handicapped is used to refer to children who are mentally or physically handicapped or who suffer from defects of hearing or vision. Whatever medical form the handicap may take, however, the problem for the teacher is in essence the same. It is to educate as efficiently as is possible, children who, according to their various forms of limitation, are denied the educational environment and opportunity of the normal pupil of a similar age.

The normal pupil soon acquires a vocabulary whereby ideas can be absorbed and transmitted through words-words spoken, read, or heard in casual conversa- tion. Words enable him to learn directly and indirectly as a matter of course, and his efforts are directed to acquiring additional knowledge of usages and things which make up the business of everyday life.

With few exceptions handicapped children are denied this easy access to words and must perforce spend much of their time acquiring, often laboriously, a more limited vocabulary necessary for essential communication of ideas only. The handí- capped pupil needs more individual attention and the school curriculum therefore makes use of every possible method in addition to oral instruction and the printed words. Making things and doing things is encouraged and, as with all young children, three-dimensional objects are invaluable in conveying information.

Visits to places where real things are to be found, things one can see and perhaps

HANDICAPPED

by SAMUEL THOMPSON

26 I

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46. GLASGOW ART GALLERY AND Mussuhis, Glas- gow. Un jeune aveugle Ctudie la structure d’un avion moderne.

16, A blind boy studies the structure of a modern aircraft.

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touch, are important for these children. A good museum is obviously such a place.

To the ordinary child the museum is a fascinating collection of objects which illustrate vividly certain aspects of knowledge, and of which, however faintly, he is already aware through hearing about them or from his books. To many handi- capped children the museum can mean much more. It can to a very large extent take the place of the written or spoken word and so provide a direct way of acquiring knowledge for the very first time. The pictures, costumes, armour, ships, engines, birds and mammals of the museum collection can be the textbooks of the handicapped child who finds learning much easier when he can see what is being explained. Also, though the child may not be aware of it, his very attendance at the museum is an invaluable part of his training, for at the museum he is sharing in the normal activities of children and adults more fortunate than himself. Here, even if he has come for a museum lesson, he is one of the many visitors to a public building, a member of the public sight-seeing and searching after information in the same way as others.

As with all forms of museum education a great deal depends on local circum- stances such as the size and variety of the museum and its accessibility to the com- munity, especially the schools. Generally speaking, most museums in sizeable towns in Western countries are now co-operating with the education authorities in catering for the handicapped children. This has naturally reached a more advanced stage in those museums which already have established Educational Services, staffed by trained teachers, dealing daily with visiting classes from all grades of local schools. Such museums also have developed schemes whereby handicapped children who cannot visit the museum-blind pupils or patients in hospital schools-are visited

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by the museum teacher with a selection of museum material which the children can study in their own immediate surroundings.

Handicapped children enjoy the same subjects of museum education as all children -art appreciation, history-local and social-geography in the widest sense and natural history. Obviously there are differences in the degree of information imparted, according to the visiting group’s ability to assimilate, but the real difference is in the teaching technique employed.

In the case of mentally handicapped children, who form the largest section of the handicapped, the problem is one of adjusting the museum lesson to a group where the mental age varies considerably from individual to individual. While on this ground there is an argument for leaving the instruction in the hands of the children’s own teacher who is familiar with their respective capacities, it has been found, on the other hand, that the children themselves benefit from a new approach, and that most curators or museum teachers, by adapting themselves to the circumstances, exercising patience, and, of course, avoiding any show of lecturing, can elicit a response from mentally handicapped children (Jg. 33). Instructors, bearing in mind the fact that these children lack powers of ‘concentration and are easily distracted, should work with very small groups when taking the children round exhibits in the museum galleries. Larger numbers can be taken if the museum is equipped with a classroom to which exhibits can be brought.

It is obvious that teaching technique is all important in dealing with deaf or blind pupils. In the case of deaf pupils who largely or entirely depend on lip-reading, the instructor must stand under a good light, in a position where all the children can see his lips, must enunciate slowly and carefully, and must choose words the lip-formation of which can be readily followed, (e.g. it is better to say “not dificult” than to say “easy”). Gesture should he used freely, and, if numerals or words indicat- ing size and shape are employed, the fingers and hands can help in conveying the idea. Repetition by the children of points learned is useful for the purpose of increas- ing their vocabulary, and new words should be written up on the black-board when the lesson is taken in a museum classroom; museum objects, especially nature study specimens such as familiar birds and mammals, have been used most effectively to teach deaf infants to pronounce the name, site, colour, etc. of the exhibits, thus enabling them to build a vocabulary of words which later can be put to more general application [ jg. 34). The importance of art appreciation with older deaf pupils who lip-read easily cannot be too strongly stressed (jg. 3 ~ ) . Young people are readily attracted by pictures, and pictorial art is the one art form which in the case of the

The technique with partially sighted and blind children whose tactile sense is highly developed is obviously one of correlating the explanation of the exhibit with the children’s sense of touch. Blind children are better taken in a classroom where museum specimens can be laid before them on flat-topped tables or desks. The specimens may be of all kinds (even fairly delicate material can be entrusted to the careful touch of the blind), but again Nature Study exhibits are excellent as they give an opportunity of feeling feathers or fur, and essential features such as mouth, feet and tail. Ship, locomotive and engineering models can also be used to great advantage. If one object is to be studied the important thing is that each child must have had an opportunity of handling the specimen before any conclusions are pointed out by the teacher or elicited from the children (jg. 36). If several objects are used, one to each child, individual tuition is necessary, but this should not be impossible, as classes of blind children are usually small. Once again the oral instruction must be adapted to suit the children. Description should be as concrete as possible and refer to actual shapes and textures; abstractions of all kinds are to be avoided, as of course are nouns or adjectives referring to colour.

With regard to children who are physically handicapped due to a recurrent illness such as a heart condition or to the aftermath of some such disease as polio, or who are crippled to some extent, it must be remembered that their educational retardation may only be a consequence of their lack of opportunity for normal study. The usual technique in teaching is applicable to those children, but certain other considerations must affect the museum visit. While it is undoubtedly true that these children benefit by a change of scene, care must be taken that adequate

deaf is likely to give most lasting interest and pleasure. 37. GL~SGOW ART G ~ L L E R Y 4ND bfusEuus, Glas- gom. Des enfants physiquement inadaptés assistent j un COUtS d‘histoire dans la salle de ,-lasse du musée.

37. A history lesson fur the physically handicapped in the R.iuseum classroom.

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transport facilities are available, that comfortable seating is provided by the museum on the ground floor level and that the seats are so arranged that each child may view the material on display without undue physical strain (jg. 37).

In the case of spastic children (moderate to severe cases) the problems of transport, seating and viewing are even more acute. A museum visit involves a real co-operative effort on the part of the curator or museum teacher, the class teacher and accompany- ing attendant staff, but the pleasure given to the children justifies the effort. Spastic children vary greatly in degree of infirmity and in mental capacity. They suffer from no sensory disability but the problem is to train their motor reflexes, to stimulate co-ordination of the muscles. Thus great importance must be laid on getting them actually to do things. Here the museum can afford interesting opportunities for action-the simple pressing of a button of a working model, holding implements or weapons and possibly trying on period costumes. It is the movement and actual handling that count.

Handicapped children at school require much more individual treatment than the normal child, and the reactions of the children to their schooling differ with the individual. It is accordingly difficult to generalize concerning their reactions to museum education, which is undoubtedly successful in so far as it encourages

individual responses. This was amply borne out at the Seminar where, when the subject was discussed, most of the speakers immediately quoted indmidual examples from their experience.

Quite often the responses are not those which could necessarily have been foreseen, but they are none the less valuable. This important point may be illustrated from two examples in the writer’s experience. In a mentally handi- capped class visiting a large city museum for a course of six lessons there was a boy of I 2, so completely shy and reticent in his school classroom as to be a non- participant in the usual class work. He had originally come from a country district and lessons in Nature Study at the museum encouraged him to express a knowledge of birds and mammals quite beyond that of his classmates. The confidence gained by his natural leader-

38. GLASGOW *RT. G ~ L L E R Y AND b f u s ~ : u w Glas- ship at the museum lessons was later carried to the school classroom where he gradually developed a confidence which enabled him to take part in the normal work of the class. The other example of achieving indirect results was equally in- teresting. Over a course of several weeks at the museum, the handicapped class was

gow. A l’h8pital-Ccole : le maitre se sert des spCci- mens d’histoire naturelle provenant du musée. 38. The teacher in the hospital school using Mu- seum nature studv specimens.

264

~. asked to remember the object studied each week, by drawing the simplest outline -showing just the essentials. While most of the children did what they were asked and nothing more, many took the outline a stage further, began to get interested and at the end of the course a surprising number of very creditable drawings were being done by children who, according to their teachers, had hitherto shown neither inclination nor aptitude.

As the museum is the traditional home of visual methods of education, many large museums now hold museum lessons in specially equipped classrooms where the museum objects are supplemented by auxiliary visual aids such as films, slides and charts. This picture approach, popular with all children, has a special appeal for the handicapped pupil. The film or the slide corroborates what has been learned from the museum object and gives the child a fuller mental picture to remember. In cases where the museum instructor visits the handicapped school such aids are again of great help (fis. 38). h h c h useful work can be done in hospital schools where some of the children are confined to bed for a period of years. Those children at the convalescent stage can assist in passing round the museum objects for study

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while films or other illustrations can be projected on a screen temporarily set up in the hospital ward.

In the scope of the present article it has been possible to touch only on the general principles of museum education with handicapped children. The important thing is that in many countries its value is being recognized and teachers of handicapped schools are ready to make use of the museum opportunities afforded. Much interest- ing research could be carried out within the different groups of handicapped, extending the inquiry to children who are, possibly temporarily, maladjusted for reasons of health or environment and those who through anti-social action are detained in corrective institutions.

Taking the children to the museum has been emphasized as the major way in which the children can benefit and, as a corollary, in the case of some handicapped children, taking the museum by means of a selection of objects, to the school. There are, however, many other ways in which the museum can do the handicapped chld a service, by giving him a feeling that his disability is no let or hindrance to participat- ing to the full in general children's activities. This can be done for erample by catering for his leisure. Obvious methods are the introduction of Saturday morning calks and educational film programmes geared to the mental level of the children attending. Many large museums also stage public exhibitions of children's work, especially paintings and handcrafts, and here the handicapped children can be invited to make a contribution to a common effort. At the museum with n7hich the writer is most familiar an annual Art Competition each June is attended by some 6,000 children from schools over a wide area, handicapped schools being also well represented.

These are but a few of the many ways in which a museum can fulfil its purpose of being a community centre for all sections of the citizens it serves. If it succeeds by such methods in developing in the handcapped child a sense of responsibility and participation in communal enterprise it is surely fulfilling one of the primary aims of education.

While the problem of the museum and the handicapped has been discussed from the point of view of the children who stand to benefit most, it should not be forgotten that many of the lessons learned are equally applicable to handicapped adults. This has been demonstrated in recent years in work with the war-maimed. Travelling displays of museum material dealing with the arts and science, brought to a section of the public who cannot visit the museum, can be of great value, whle occupational therapy treatment which makes use of paintings, weaving and basketry, lias an obvious link with the museum.

In conclusion, while the use of museums by the handicapped is still to a large extent at the experimental stage, enough has already been achieved to validate the conviction that valuable work will be carried out to an increasing degree in this field in the future, and no museum worker will ever grudge any effort which can possibly assist his less fortunate fellows.

CON s IDBRAT I ON s SUR LE STL4GE D'ÉTUDES

OUT participant au stage d'études international de l'Unesco sur le r61e des musées T dans l'éducation a eu l'impression, à l'issue des travaux, qu'une tdche considé- rable venait d'iitre accomplie, mais que, pourtant, il lui était impossible de mettre en évidence des résultats pratiques et concrets. Aucun musée nouveau n'avait été fondé, aucun département d'éducation créé dans un musée déjà existant; on n'avait conclu aucun nouvel accord de collaboration entre les autorités des musées et celles de l'enseignement, ni fait connaìtre de méthode éducative nouvelle. Le manque de résultats matériels immédiats tourmente souvent ceux qui sont appelés à prouver le bien-fondé de réunions internationales de ce genre. Les raisons toutefois en sont claires. La mise en application des programmes pratiques élabores au cours de telles assemblies demande un certain temps; d'autres facteurs, d'autres influences se font

L'UNESCO

par RALPH LEWIS