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LE MUSÉE DE LA VIE RURALE ANGLAISE, READING A transformation du travail rural est d’ordinaire un processus lent. C‘est L progressivement que le paysan élabore ses méthodes de travail au cours des ans. Que des techniques et des méthodes nouvelles apparaissent, elles ne sont absorbées que lentement dans le système d’exploitation du sol. La révolution qui a modifié l’aspect des campagnes anglaises depuis quelques années est donc d’autant plus surprenante. Entre 1930 et 1940, on a constaté un graduel abandon des méthodes traditionnelles que leur àge avait consacrées et dont les racines plongeaient profon- dément clans le passé. Sans la seconde guerre mondiaIe, cette métamorphose se serait poursuivie pendant des dizaines d‘années et, peu à peu, les nouveautés se seraient trouvées absorbées dans l’application des anciennes pratiques. Mais la querre, suivie d’une période de prospérité de l’agriculture ljée à l’accroissement des besoins en denrées alimentaires, a entraîné en quelques années une transformation complkte des méthodes et des conditions de vie de toute la communauté rurale. Non seulement la machine agricole a fait disparaître le cheval, naguère indispen- sable, mais dans les demeures et les ateliers ruraux, l’outillage et la force motrice modernes sont devenus une nécessité. On ne peut guère s’étonner que ce change- ment soudain du milieu ait été accompagné d‘une modification parallèle de l’attitude humaine. Les jeunes ruraux d’aujourd‘hui, qui ont été élevts dans le cadre créé par les conditions nouvelles, perdent de plus en plus contact avec l’ordre d’autrefois; à la vérité, ils ne savent pas grand-chose de la charrue tirée par des chevaux, de l’attelage des gros charrois ou de l’engrangement familial de la moisson. Dans quelques années, les pratiques les plus anciennes auront disparu, ou seront reléguées au rang de simples traditions qu’on tvoquera pendant les longues veillées d‘hiver. I1 devient donc d’un intérêt urgent de préserver les témoignages de la culture matérielle des campagnes en recueillant, aux fins d’études et de recherches, tous les détails possibles concernant les méthodes et les pratiques anciennes, tandis qu’il est encore des gens pour s’en souvenir. Dans cette œuvre, la Grande-Bretagne a été largement distancée par de nombreux autres pays d’Europe, notamment par les nations scandinaves, qui ont donné, sous ce rapport, un si magnifique exemple. Avant la guerre, la nécessité ne semblait pas s’imposer de rassembler et de conserver des instruments qui étaient encore d’un emploi courant, et les quelques tentatives faites dans ce sens donnèrent peu de résultats. La ptriode des hostilités ne se prêtait guère à une telle entreprise, que des efforts sérieux n’ont pu mener à bien qu’au cours des quelques dernières années. Malheureusement, tant de matériel a été écarté et détruit alors que l’on s’appliquait à transformer cette industrie aux méthodes surannées en une branche d’activité de première urgence; bien des outils et des instruments de valeur historique ont servi à faire du feu ou ont été fondus pour en rtcupérer le métal. Il est indispensable d’agir rapidement si l’on veut conserver à titre documen- taire, pour les générations futures, les témoignages encore existants. Pourtant il serait faux de croire que rien, à cet égard, n’a été sauvé. En fait, nombre d‘excellents musées régionaux et locaux ont fait beaucoup, parfois dès avant la guerre, pour organiser des collections consacrées à l’histoire rurale. Mais les musées provinciaux, même les plus grands, ne disposent que de peu de place et ne peuvent donner asile qu’à des objets peu encombrants. Quelque effort qu’ils fassent, ils ne peuvent loger de grands chariots ou d’anciennes batteuses qui sont donc condamnés à la démolition, lorsque leurs propriétaires ont besoin, pour y remiser un outillage moderne, de la grange ou de l’appentis qui les abritaient jusque-là. En outre, il est évident que peu de musées généraux, ayant des centres d’intérêts très nombreux, sont en mesure de se spécialiser en histoire rurale. Avant la création du Musée de la vie rurale anglaise (Museum of English Rural Life, Reading), il n’y avait aucun musée en Angleterre consacré exclusivement à l’étude de l’histoire rurale et traitant la question dans le cadre des campagnes. I1 faut cependant mentionner spécialement le musée du folklore gallois (Welsh Folk Museum, St. Fagans Castle), section du Musée national du pays de Galles (National par J. W. Y. HIGGS I21

The Museum of English Rural Life, Reading

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LE MUSÉE D E LA VIE RURALE ANGLAISE, R E A D I N G

A transformation du travail rural est d’ordinaire un processus lent. C‘est L progressivement que le paysan élabore ses méthodes de travail au cours des ans. Que des techniques et des méthodes nouvelles apparaissent, elles ne sont absorbées que lentement dans le système d’exploitation du sol. La révolution qui a modifié l’aspect des campagnes anglaises depuis quelques années est donc d’autant plus surprenante. Entre 1930 et 1940, on a constaté un graduel abandon des méthodes traditionnelles que leur àge avait consacrées et dont les racines plongeaient profon- dément clans le passé. Sans la seconde guerre mondiaIe, cette métamorphose se serait poursuivie pendant des dizaines d‘années et, peu à peu, les nouveautés se seraient trouvées absorbées dans l’application des anciennes pratiques. Mais la querre, suivie d’une période de prospérité de l’agriculture ljée à l’accroissement des besoins en denrées alimentaires, a entraîné en quelques années une transformation complkte des méthodes et des conditions de vie de toute la communauté rurale. Non seulement la machine agricole a fait disparaître le cheval, naguère indispen- sable, mais dans les demeures et les ateliers ruraux, l’outillage et la force motrice modernes sont devenus une nécessité. On ne peut guère s’étonner que ce change- ment soudain du milieu ait été accompagné d‘une modification parallèle de l’attitude humaine. Les jeunes ruraux d’aujourd‘hui, qui ont été élevts dans le cadre créé par les conditions nouvelles, perdent de plus en plus contact avec l’ordre d’autrefois; à la vérité, ils ne savent pas grand-chose de la charrue tirée par des chevaux, de l’attelage des gros charrois ou de l’engrangement familial de la moisson. Dans quelques années, les pratiques les plus anciennes auront disparu, ou seront reléguées au rang de simples traditions qu’on tvoquera pendant les longues veillées d‘hiver.

I1 devient donc d’un intérêt urgent de préserver les témoignages de la culture matérielle des campagnes en recueillant, aux fins d’études et de recherches, tous les détails possibles concernant les méthodes et les pratiques anciennes, tandis qu’il est encore des gens pour s’en souvenir. Dans cette œuvre, la Grande-Bretagne a été largement distancée par de nombreux autres pays d’Europe, notamment par les nations scandinaves, qui ont donné, sous ce rapport, un si magnifique exemple. Avant la guerre, la nécessité ne semblait pas s’imposer de rassembler et de conserver des instruments qui étaient encore d’un emploi courant, et les quelques tentatives faites dans ce sens donnèrent peu de résultats. La ptriode des hostilités ne se prêtait guère à une telle entreprise, que des efforts sérieux n’ont pu mener à bien qu’au cours des quelques dernières années. Malheureusement, tant de matériel a été écarté et détruit alors que l’on s’appliquait à transformer cette industrie aux méthodes surannées en une branche d’activité de première urgence; bien des outils et des instruments de valeur historique ont servi à faire du feu ou ont été fondus pour en rtcupérer le métal. Il est indispensable d’agir rapidement si l’on veut conserver à titre documen- taire, pour les générations futures, les témoignages encore existants.

Pourtant il serait faux de croire que rien, à cet égard, n’a été sauvé. En fait, nombre d‘excellents musées régionaux et locaux ont fait beaucoup, parfois dès avant la guerre, pour organiser des collections consacrées à l’histoire rurale. Mais les musées provinciaux, même les plus grands, ne disposent que de peu de place et ne peuvent donner asile qu’à des objets peu encombrants. Quelque effort qu’ils fassent, ils ne peuvent loger de grands chariots ou d’anciennes batteuses qui sont donc condamnés à la démolition, lorsque leurs propriétaires ont besoin, pour y remiser un outillage moderne, de la grange ou de l’appentis qui les abritaient jusque-là. En outre, il est évident que peu de musées généraux, ayant des centres d’intérêts très nombreux, sont en mesure de se spécialiser en histoire rurale.

Avant la création du Musée de la vie rurale anglaise (Museum of English Rural Life, Reading), il n’y avait aucun musée en Angleterre consacré exclusivement à l’étude de l’histoire rurale et traitant la question dans le cadre des campagnes. I1 faut cependant mentionner spécialement le musée du folklore gallois (Welsh Folk Museum, St. Fagans Castle), section du Musée national du pays de Galles (National

par J. W. Y. HIGGS

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40. MUSEUM OF ENGLISH RURAL LIFE, Reading. Fiche de catalogue (20 x 25 cm env.) employée par le musée. Ces fiches servent à rkpertorier à la fois les pitces appartenant au muske et celles qui ne figurent pas dans ses collections. Une photographie de l'objet est &&e au verso.

40. Catalogue card (8 x 10 inches) used by the museum. Such cards can be used both for articles in the museum and for recording material not actually in the collection. A photograph of the object is attached to the back.

Museum of Wales, Cardiff), qui s'attache à résoudre le problème d'une fason réaliste et encourageante. Quant a m musées nationaux de Londres, ils ne. s'intéressent qu'accessoirement à la question des antiquités rurales. Malgré l'indéniable utilité d'un service central chargé de réunir les objets et de coordonner les recherches, c'est néanmoins sur le plan local qu'il faut procéder tout d'abord à ces opérations. En Angleterre, les caractères du mode d'exploitation agricole varient considérable-

B A P J E i ~

Roland Dudley. Esq. Early 19th century

>ESCRIPTION

This ash-mod barley fork was usod f o r 'pooking' o r turning over mown barley as it lay

in windrows. It is a t l e a s t 1 0 0 years old, fashioned in the days before i ron VBS used

to any great extent. Of in te res t is the f a c t that it was 'cultured' in tho hedgerow,

a young sapling being t ra ined into the desired t r ident ;

ten years.

It was presented by Mr. Dudley to whom it was given by the late Mr.W.D.Hollis, who s ta ted

tha t it had been found in the rafters of an old Hampshire barn.

and this process took abou%

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ment d'un comté à l'autre, méme d'une paroisse à l'autre; et les personnes les plus qualifiées pour fournir des renseignements sur les méthodes et les outils ancienne- ment utilisés dans un lieu donné sont évidemment ceux qui y vivent. Les sociétés locales d'histoire, les associations de jeunes agriculteurs et les cercles féminins peuvent tous contribuer à découvrir l'histoire de leur région et à en établir les documents permanents. Les musées locaux eux-mémes, lorsqu'ils ont la place, peuvent donner abri aux spécimens typiques. Nombreux, à la vérité, sont les petits musées de village qui ont fait œuvre inappréciable en sauvegardant l'outillage employé jadis dans leurs régions.

I1 est difficile d'être catégorique en ce qui concerne les types de matériel qu'il importerait de conserver; mais il en est quatre au moins; ce sont : IO les outils et autres moyens de travail; 20 les anciens écrits et archives; 30 les récits des méthodes et pratiques d'autrefois fournis par des témoins vivants ; 40 enfin, la terminologie employée pour l'outillage et les procédés employés dans des localités déterminées. De très nombreux outils ou instruments qui valent d'être préservés sont tvidemment encore en usage, et s'il importe de conserver une charrue du XVIII~ siècle délaissée depuis de longues années, il y a non moins d'intérêt à garder une charrue fabriquée à une date aussi récente que 1920, mais qui a été faite dans un atelier de village et qui est certainement l'une des dernières de ce modèle. Cela revient à dire que l'on doit rassembler des outils encore couramment employés, mais qui représentent des types en usage depuis des centaines d'années. I1 n'est pas rare que des illustrations de psautiers médiévaux montrent des outils qui ressemblent de très près à ceux dont on se sert aujourd'hui.

A cet égard, le Musée de la vie rurale anglaise, fondé par l'université de Reading en mars 19j1 pour servir de centre national de l'histoire des campagnes, accomplit une œuvre d'un très grand intérêt. Après quelques mois de travaux pdiminaires, cette institution a d'ores et déjà fait de notables progrès; mais il y aura encore beaucoup à faire lorsque la situation le permettra. Pour l'instant, le musée s'attache à réunir et à cataloguer des pièces intéressantes ; c'est plus tard seulement que celles-ci seront exposées à l'intention du public. On procède actuellement à l'établissement d'un catalogue qui constituera, pour l'étudiant et pour le spécialiste, un guide complet des collections, et dont la lecture pourra suffire sans qu'il soit absolument nécessaire de voir les objets eux-mèmes. Ce catalogue est établi à l'aide de fiches de z j x z o cm environ, où figurent tous les renseignements connus sur chaque

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pièce, son origine et son usage. Ces fiches (fis. 40) portent les informations au recto et une illustration au verso; cette dernière peut être une photographie (jg. #I), un dessin ou, dans le cas d’archives, une transcription de texte. Ce genre de fiche est également utilisé pour des pièces que le musée ne possède pas, mais qui se trouvent par exemple dans un autre musGe ou dans une collection privée. On s’en sert aussi dans le cas d‘un objet qui fut détruit pour une raison quelconque, mais qui figurait au catalogue avant sa disparition; la fiche est alors de couleur verte et classée avec les fiches blanches ordinaires qui servent à répertorier les propres collections du musée. Ces fiches sont classées alphabétiquement par groupe et alphabétiquement aussi à l’intérieur de chaque groupe. Les groupes de classement sont établis aussi simplement que possible. Il existe aussi un index général, afin d’écarter tout risque d’erreur de groupe lorsque l’on doit cataloguer un nouvel objet.

En dehors des photographies reproduites sur les fiches .de catalogue, on a établi aux fins de référence un index des photographies distinct. Chaque pièce acceptée par le musée est photographiée (jg. 42)., en général sur film de 3 5 min, mais parfois sur plaque, et une petite épreuve positive de chaque cliché est classée sur fiche d’index de 12’5 x 7,j cm environ. Outre les photographies des objets des collections, cet index comprend des photographies de pièces n’appartenant pas au musée, des illustrations reproduites d’après des livres anciens, et d’autres documents de réfé- rence (fis. 43). Cet index atteint dès maintenant des proportions assez importantes et d’ici peu formera un répertoire historique très précieux. Déjà vingt-neuf comtés anglais sont représentés dans les collections et un index en cours de préparation indiquera de quels comtés proviennent les différents objets. Les personnes s’inté- ressant à des localités déterminées seront ainsi en mesure de juger, d‘un seul coup d’œil, des informations à leur disposition, l’index étant disposé par groupes de classement pour chaque comté avec indication de la paroisse.

Afin de compléter le travail du catalogue, on établit actuellement une biblio- graphie des sujets auxquels s’étend l’activité du musée. Ces références portent sur les périodiques et les livres récents, de même que sur les ouvrages plus anciens dont la bibliothèque de l’université possède une belle collection. On ne se propose pas de constituer un important fonds d’ouvrages au musée même. On continuera à utiliser et à enrichir les sections traitant du sujet à la bibliothèque de l’université. Divers organismes se sont efforcés, dans le passé, de dresser un répertoire des termes ruraux et le musée s’attache à compléter cette œuvre en recueillant les noms appliqués aux instruments, outils et procédés agricoles. On a commencé à établir un index de ces termes et, bien qu’il s’agisse d’un travail qui doive être mené pen- dant de longues années pour qu’il ait une certaine valeur, aucune occasion d’infor- mation n’est perdue. Lorsque les circonstances le permettront, les recherches seront poursuivies plus activement et il sera procédé dans tout le pays à une enquête minu- tieuse. I1 est important de préciser, par exemple, pendant que la charrue à traction animale est encore en usage, quels sont les termes locaux utilisés pour en désigner les diverses parties.

L’œuvre du musée commence à être assez largement connue, et constamment des objets et des informations lui parviennent. On s’efforce de trouver dans chaque comté des personnes disposées à rechercher tout ce qui peut être intéressant à cet égard. I1 importe que cette institution puisse travailler par l’intermédiaire des musées locaux, où une telle collaboration, qui a donné d‘excellents résultats, est possible; à l’heure actuelle cette collaboration est encore, si l’on peut dire, à sens unique, mais le jour n’est pas loin où le Musée de la vie rurale anglaise sera en mesure d’apporter en retour une aide précieuse aux organisations qui exercent une activité analogue à la sienne. Il y aurait intér;t, d’autre part, à répertorier les pièces des collections publiques et privées, afin que les spécialistes puissent savoir aisément où trouver tel ou tel spécimen. Le musée reGoit déjà beaucoup de demandes émanant de per- sonnes qui se livrent à des recherches ou écrivent des ouvrages sur la question; il est évident que dans l’avenir l’assistance qu’il accorde à cet égard sera l’une des formes importantes de son activité. Le musée rend aussi des services fort utiles en prêtant, pour le moment à une échelle encore réduite, des pièces destinées à des expositions. Ses collections allant en s’accroissant, il est évident qu’avec le temps elles dépasseront largement le cadre de l’exposition permanente, et qu’une partie sera disponible pour des expositions au dehors.

41. hfusEUhf OF LIFE, Reading. Photographie de la fourche à orge dCcrite sur la fiche (fig. 40).

41. Photograph of the barley fork recorded on the catalogue card (fis. 40).

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qr. ~ ~ U S E U M OF ENGLISH RURAL LIFE, Reading. Partie de La

dans l’inventaire des collections.

4L. The museum)s photography workshops, which play a most important part in recording the col- lections.

par les fabrications industrielles. On peut citer, par exemple, l’outillage des sabotiers1 (jg. 411, des dentelières, des cordiers, des couvreurs en chaume. La collection de matériel de charronnerie est particulièrement riche. Les ustensiles de rnénage sont très bien représentés, surtout en ce qui concerne l’âtre et la cuisine. C’est ainsi que de nombreuses pièces montrent clairement l’évolution du foyer, allant de l’âtre ouvert à l’appareil à grille avec four, de date assez récente.

Le musée ne collectionne ni les costumes, ni les meubles; ce sont là des domaines assez spécialisés, et d‘autres musées possèdent déjà des collections suffis:mtes. Parmi les objets que nous devons encore citer et qui n’entrent pas expressément dans l’un des groupes mentionnés ci-dessus se trouvent les archives, les actes, les affiches ou avis, des cuivres ayant appartenu à des sociétés rurales de bienfaisance :lux XVIII~ et X I X ~ siècles, des pompes à feu de village et des roulottes de bohémiens.

Ainsi se constitue peu à peu à Reading une collection de pièces caractéristiques et d’informations documentaires appelée à devenir avec le temps un centre national de l’histoire rurale de l’Angleterre, évoquée sous tous ses aspects.

(Tradm’t de I’nngkrìs.)

de photographie du photographie joue un rôle estr6mement important

Ces collections peuvent être classées sous trois rubriques principales : agriculture, artisanat rural, habitations rurales. Ces groupes sont cités à titre indicatif, les collections débordant largement leur cadre respectif. Quant au matériel agricole, le musée en a dès maintenant rassemblé l’essentiel. De nombreux outillages agricoles anciens sont très encombrants et beaucoup ont disparu pour cette raison, ayant dù être détruits àcause du manque de place. Cependant, le musée s’efforce de sauvegarder le plus possible ces outillages. I1 possède déjà un certain nombre de chariots repré- sentant divers types locaux et provenant de différentes parties du pays. On peut citer par exemple un beau chariot du Wiltshire, vieux de cent dix ans, et un autre de YOxfordshire, construit en 1838 . Jusqu’à la fin du siècle dernier, il y avait en Angleterre des charrues de nombreux modèles distincts et l’on s’efforce actuellement de rassembler tout ce qu’il est possible de retrouver. Les collections comprennent déjà des spécimens al1an.t des charrues en fer à roues de guérets et de raies, d‘un aspect assez moderne, à une vieille charrue du Wiltshire dont la flèche et le versoir sont en bois. Elles comptent un assortiment assez complet de matériel de battage où se trouvent, outre les classiques fléaux, vans, etc., un beau spécimen de batteuse à sortie latérale fabriqué en 187> et qui était encore en service il y a quelques années. On y voit également un modèle assez rare de cadre à battre que le musée s’est procuré récemment; cet instrument rempla~ait le fléau dans le sud-ouest de l’Angleterre; les épis étaient battus sur les barreaux du cadre à la main. Le musée possède de très nombreux objets employés pour 1: troupeau et d’un usage courant autrefois: clochettes à mouton, harnachement des chevaux, etc. La section des mCtiers ruraux (fis. 44) contient des pièces se rapportant à beaucoup de métiers naguère très répan- dus, qui sont aujourd’hui en voie de disparition, ou n’existent plus, ou sont remplacés

THE MUSEUM OF ENGLISH RURAL LIFE, READING

by J. W. Y . HIGGS HANGE on the farm is normally a slow process; the countryman evolves his C methods gradually over the years and, though new techniques and methods may appear, he is slow to absorb them into the farming system. More surprising, therefore, is the revolution which has changed the face of the English countryside in the course of the last few years. In the nineteen-thirties there were signs of a gradual swing away from the traditional and time-honoured methods which had their roots deep in the past. Had it not been for the second world war this meta- morphosis would have gone on slowly for many decades and the new would have been absorbed gradually into the old. The war, however, followed by a period of prosperous agriculture brought about by the need for more food, has caused in the space of a few years a complete change in the methods and conditions of the whole

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rural community. Not only has machinery on the farm swept away the once ubiqui- tous horse, but in country workshops and in the homes of country dwellers modern equipment and power supplies have become a necessity. It is only to be expected that this sudden change in environmental conditions has been accompanied by an equal change in men’s attitudes. The younger countryman today, who has grown up with the new order, is beginning to lose touch with the old; in fact, he knows

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little of the horse plough, the wagon team or the harvest home. Within a few years the commonplace things of the past will have disappeared or become mere traditions to be retailed over a drink on a long winter’s evening.

There is therefore an urgent need to preserve the material culture of the coun- tryside and to collect together for study and research, details of past methods and practices while there are still people alive who remember them. In this work Great Britain lags far behind many European countries, particularly those of Scandinavia which have set such a fine example. Before the war there seemed little urgency to collect and preserve material that was still in constant use and though some attempts were made little came of them. The war years were hardly suitable for any serious attempt and it is only therefore in the last few years that effort has been made. Unfor- tunately, so much material has been thrown out and scrapped in the course of the drive to convert an old-fashioned and neglected industry into a front line priority, that many valuable tools and implements have been chopped up for firewood or melted down for scrap. There is a pressing need for immediate action if remaining specimens are to be saved for posterity.

It would be erroneous, however, to give the impression that no material has been saved. There are indeed many excellent regional and local museums that have done a very great deal, some of them even before the war, to organize collections of rural history material. But even the largest provincial museums are very limited for space and can only cope with the smaller objects. Try how they may they cannot accommo- date wagons or old threshing boses which consequently go for scrap when their owners can no longer give them house-room in a barn or outbuilding which may be urgently needed for more modern equipment. In addtion to this problem, of course, few museums dealing with a very large and often general range of subjects can afford to specialize in the study of one particular aspect.

Prior to the foundation of the Museum of English Rural Life there was no museum in England devoted solely to the study of rural history working on a countryside basis. Special mention must, however, be made of the Welsh Folk Museum, St. Fagan’s Castle, a section of the National Museum of Wales, Cardiff, which is making a most realistic and encouraging approach to the problem. Of the National Museums in London, none has more than a passing interest in rural anti- quities. Great though the need may be for a central unit to collect and co-ordinate, the basis of both collection and study must be local. In England there is an enormous diversity of types of farming, from county to county and even from parish to parish, and the people who can best record the methods and tools are those who live on the

fj. ~ I I J S E U A I OF ENGLISH RURAL LIFE, Reading, Fiche d’index photographique ( 7 , ~ z 12,j cm env.). Des &preuves de dimensions rCduites de chaque n&gatif sont fix&es sur la fiche. Illustration emprunt& à un manuel du tnilieu du XIX” siecle montrant une scCne de labourage à vapeur.

43. Photograph index card (3 i 5 inch). Small prints of each negative are attached to the card. Illustration of a steam ploughing scene from a mid- sixth century textbook.

[Copland, Samuel. Agricdfiire, alrcietit aiid i~zodm: a hisforical arrowif oj. its priricip les mid pracfiLc, exeni- plifird iii their rise, progress awd detdopzt, oif. London, 1866. Virtue and Company.]

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4.1". MUSEUM OF ENGLISH RURAL LIFE, Reading. Casiers de magasin de rCserve. Aprts avoir été nettoyts, les objets. de dimensions rtduites y sont rangts et classés par catCgorie. Partie de la section consaCrCe à l'artisanat rural.

44. Stores. After cleaning, smaller objects are kept in storage, classified by group. Rural crafts section.

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spot. Local history societies, Young Farmers' Clubs and Women's Institutes can all help by unearthing the history of their own localities and forming a permanent record of it. Local museums too can give accommodation, where they have room, to local specimens. Indeed there are many small village museums which have done invaluable work in saving the tools of their own parish.

It is difficult to be categorical about the type of material which should be saved, but there are four broad headings: first, tools and implements; secondly, old records; thirdly, accounts by people still living, of past methods and practices; and lastly, the names used for equipment and processes in specific localities. So many tools and implements which merit saving are, of course, still in use. While it is important to preserve an xvmth- century plough, for example, which has lain disregarded for many years, it is equally important to save a plough which, although made as recently as 1920, was made in a village workshop and is certainly one of the last of its kind. That is to say, it is important to collect tools which are still in constant use, but which represent types which have been in use for hundreds of years. It is not uncommon to see illustrations of tools in medieval Psalters which are remarkably similar to those in use today.

In this connexion, the work of the Museum of English Rural Life, founded by the University of Reading in March 195 I with a view to forming a national centre for rural history, is of great interest. After some months of preliminary work it is pos- sible to report substantial progress, although much remains to be done when condi- tions permit. Its most important task at present is to collect and catalogue material; the display of the collections to the public will be left until later. A catalogue is being compiled which will provide the student and research worker with a comprehensive guide to the collections without of necessity having to view the object:; themselves. The basis of the catalogue system is a Io-inch by 8-inch catalogue card. on which is recorded all available information about each object, about its origin and its use. This card ('g. 40), carries the information on the front and an illustration on the reverse. This may be a photograph (fig. q), a drawing or in the case of records, a transcription. This type of catalogue card is also used for articles which are not actually possessed by the museum but which may be in another museum or private collection; it can equally well be used for an article which has for some reason been destroyed but which was recorded by the museum prior to its destruction. In such cases green cards are used and filed in the ordinary white card index, used for the museum's own collections. These cards are filed alphabetically by group and again alphabetically within the group. The classification groups are kept as simple as possible; there is also a classification index so that when another object of the same type is catalogued there is no danger of its being put under the wrong group.

In addition to the photograph on the catalogue card there is a separate photograph index for reference purposes. Each article accepted for the museum is photographed ('g. 42) (normally 3 j mm. though sometimes on a plate) and a small positive print of each negative is filed on a 3-inch by 5-inch index card. In addition to photographs of material in the collections this index includes photographs taken of specimens elsewhere, illustrations copied from old books and others that may be of use for reference (jfg. 43). The index is already assuming sizeable proportions and before long it should form a most valuable record collection. Already some 29 English countries are represented among the collections and an index is being prepared to show the counties from which the material comes. It should thus be possible for people interested in specific localities to see at a glance what information is available. The index is arranged by the classification groups under each county with a note of the parish.

As an important adjunct to cataloguing, a bibliography is being compiled of references to the various subjects covered by the museum. References are prepared to both current periodicals and books and also to older literature of which there is a good collection in the university library. It is not intended to build up a com- prehensive library at the museum but to continue to use and to expand the relevant sections of the university library. A good deal of work has been done in the past by various bodies towards the recording of country terms, and a subsidiary enter- prise of the museum is to collect names for agricultural tools, equipment and pro-

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cesses. An index of such terms has been started and, though the work will have to continue for many years before i t is of value, n o opportunity to record information is lost. When conditions permit, it is intended that this work should be pursued more intensely and a careful study made over the whole country. For example it is impor- tant to discover while horse ploughs are still in relatively common use the local names for all the various parts.

The museum's work is already becoming fairly widely known and there is a constant stream of material arriving. Efforts are being made to contact people in each county who will be prepared to keep their eyes and ears open for objects and infor- mation of interest. It is important that where possible the museum should work through local museums and excellent collaboration is being obtained in this way. In the present phase such collaboration is rather one-sided, but the day is not far off when the Museum of English Rural Life, in return, will be in a position to give considerable assistance to other organizations engaged in similar work. It is also important to compile a record of the material in public and private collections so that specialists may easily know where to find particular types of specimens. Already a good many enquiries are received from people either carrying out studies or writing books and to give help to such people in the future will obviously be an important aspect of the museum's work. Another service which is being provided on a small scale a t the present time is the provision of loans of material for exhibition. As the collections develop there will obviously be a great deal more than is required for permanent exhibition at the headquarters and it is only right that some should be made available for exhibition elsewhere.

The museum's collections cover three main branches: agriculture, rural crafts and the farmhouse. Though these headings give some guidance, the actual scope is a good deal wider than they suggest. il good representative nucleus of agricultural materials has already been gathered. Many agricultural implements are extremely large and have thus been lost forever because they have had to be destroyed owing to shortage of storage space. The museum however is attempting to save as many large implements as it can. Already it has a number of wagons from different parts of the country which are representative of different local types. There is for example a fine Wiltshire wagon which is a hundred and ten years old and an Oxfordshire wagon made in 1838. Up to fifty years ago there were many distinctive types of plough in use in England and an attempt is being made to collect as many of these as can be found. Those already in the collections range from fairly modern looking iron ploughs with land and furrow wheels to an old Wiltshire plough with a wooden beam and wooden mouldboard. There is a good selection of threshing equipment which includes in addition to the usual flails and winnowers, etc., an excellent example of a side delivery threshing machine made in 1875, which was actually in use until a few seasons ago. There is also a rather rare example of a threshing frame which was obtained recently; this was used in the south-west of England instead of the flail, the ears being beaten out on the bars of the frame by hand. Livestock equipment, formerly so common, has also been received in considerable quantity and includes such objects as sheep bells, horse furniture and ornaments. The rural crafts section ( jg. 44) contains examples of many once common crafts which are dying or have died out or which are being replaced by factory methods. The speci- mens number among them equipment for hand clogmaldngl (jg. # J ) , lacemaking, ropemaking and thatching. They are particularly rich in the equipment of the wheelwright and wainwright. Domestic material has been received in profusion, much of it relating to the hearth and to cooking. For instance there are many articles which illustrate clearly the development of the hearth from the open or downhearth to the relatively recent grate with closed ovens.

No attempt is made to cover costume and furnishings as these are adequately catered for already by existing museums and are rather specialized subjects. Among the objects which do not come specifically under one of the above headings are deeds and records, handbills, club brasses which belonged to village benefit societies in the xvmth and x x t h centuries, village fire-engines and gipsy caravans.

Gradually a t Reading there is being built up a representative collection and a store of information which will in time form a national clearing house for every aspect of English rural history.

41. MUSEUM OF ENGLISH RURAL LIFE, Reading. Paroirs de sabotier. Ces trois outils servaient, il y a peu de temps encore, à un sabotier du Cumber- land ; chacun d'eux était utilise i une phase dif- férente de la fabrication des sabots. Ils ttaient fkés à l'etabli par le crochet situ& à l'extremité, et manies du bras droit et de la main droite. 41. Clogmaker's parers. Three tools used until quite recently by a Cumberland clogmaker. Each tool was used in a different stage of clog block making. They vere attached to the bench by the end hook and operated with the right arm and hand.

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