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  • ECOLE DES MINES

    DE PARIS

    Collge doctoral N attribu par la bibliothque |__|__|__|__|__|__|__|__|__|__|

    T H E S E

    pour obtenir le grade de

    Docteur de lEcole des Mines de Paris

    Spcialit Gnie des Procds

    prsente et soutenue publiquement

    par

    Renaud CADOURS

    le 23 septembre 1998

    ABSORPTION-DESORPTION DE GAZ ACIDES PAR DES SOLUTIONS

    AQUEUSES D'AMINES

    Directeur de thse : Chakib BOUALLOU

    Jury

    M. Dominique RICHON Prsident

    M. Michel PREVOST Rapporteur

    M. Gabriel WILD Rapporteur

    M. Jean ELGUE

    Mme. Sophie JULLIAN

    M. Chakib BOUALLOU

  • REMERCIEMENTS

    Cette thse a t ralise au Centre Racteurs et Processus, de lEcole Nationale Suprieure

    des Mines de Paris, avec le soutien financier de la socit Elf Exploration Production et de

    lAgence de lEnvironnement et de la matrise de lEnergie (ADEME).

    A ce titre, je tiens adresser mes plus vifs remerciements Messieurs J. ELGUE et J.L.

    PEYTAVY, ingnieurs de la socit Elf Exploration Production, et Monsieur F.

    DELACROIX, ingnieur du Dpartement Industrie, Milieux et Technologies de lADEME

    pour lintrt quils ont port cette tude.

    Mes remerciements les plus sincres Monsieur C. BOUALLOU qui ma accueilli dans son

    laboratoire pour raliser ces travaux. Il ma apport toute son exprience scientifique et a

    toujours t prsent pour morienter et me conseiller.

    Mes remerciements vont galement Messieurs L.L. LEE, G. WILD et M. PREVOST qui

    mont fait lhonneur dtre les rapporteurs de cette thse.

    Jadresse mes sincres remerciements Madame S. JULLIAN qui a accept de participer

    lexamen de ce travail.

    Mes remerciements vont galement Monsieur D. RICHON pour sa contribution la

    valorisation de cette thse, et pour avoir accept de faire partie de ce jury.

    Jexprime toute ma gratitude Monsieur P. NORTIER, Directeur du Centre Racteurs et

    Processus pour mavoir permis de raliser cette tude dans les meilleures conditions.

    Je remercie galement Madame P. GUIILBOT et Messieurs J.C. AUDEBERT, L. EL-KAIM,

    P. FESSIER, W. FURST, A. GAUNAND, H. LEGENDRE, H. PLANCHE, P. RUHEMANN et

    A. VALTZ pour ne citer queux, chercheurs et techniciens du Centre Racteurs et Processus,

    pour leurs conseils prcieux et leur disponibilit permanente durant ces trois annes. Je

    noublie pas non plus la sympathique quipe de thsards que jai eu loccasion de ctoyer au

    cours de cette thse.

    Enfin, jadresse mes sincres remerciements Isabelle, Chakib, Jean-Christophe, Patrick et

    Philippe qui ont fait de ces trois annes de thse une vritable partie de plaisir.

  • 3

    SOMMAIRE

    PRINCIPALES NOTATIONS 7

    INTRODUCTION 11

    I- ETAT DE L'ART 17

    I-1. Les mthodes de mesure de dsorption 17 I-1.1. Dsorption de CO2 partir d'eau sature en gaz 17

    I-1.2. Dsorption de CO2 partir de solutions charges de carbonate 20

    I-1.3. Dsorption de CO2 partir de solutions aqueuses d'amines charges 23

    I-1.3.a. Les pilotes 23

    I-1.3.b. Les appareils diffrentiels 26

    I-1.4. Conclusion 32

    I-2. Modlisation 33 I-2.1. Les diffrents modles de transfert de matire 34

    I-2.1.a. Gnralits 34

    I-2.1.b. Les thories de transfert de matire en rgime transitoire 35

    !.) Les quations 35

    ".) Le phnomne de renouvellement de surface 36

    #.) La thorie de la pntration 37

    $.) La thorie du renouvellement de surface 38

    %.) La thorie de la diffusivit turbulente 39

    I-2.1.c. Les thories de transfert en rgime permanent 40

    !.) La thorie du film 40

    ".) La thorie du film approche 40

    I-2.1.d. Comparaisons des diffrents modles 41

    I-2.2. Les mthodes de rsolution 42

    I-2.2.a. Les mthodes analytiques 42

    I-2.2.b. Les mthodes numriques utilises pour les thories en rgime

    transitoire 43

    I-2.2.c. Les mthodes numriques utilises pour les thories en rgime

    permanent 50

    I-2.3. Conclusion 52

    I-3. Reprsentation thermodynamique des systmes

    gaz acides-amines-eau 53 I-3.1. Les modles empiriques 53

    I-3.2. Les modles d'nergie libre d'excs de Gibbs 54

    I-3.3. Conclusion 56

    II- MONTAGE ET PROTOCOLE EXPERIMENTAUX 57

  • 4

    II-1. Montage exprimental 57

    II-2. Procdure exprimentale 58

    II-3. Dsorption de CO2 partir de solutions aqueuses d'amines 60 II-3.1. Dsorption de CO2 partir de solutions aqueuses de MDEA 61

    II-3.1.a. Rsultats exprimentaux 61

    II-3.1.b Interprtation et discussion 69

    II-3.1.c. Conclusion 75

    II-3.2. Dsorption de CO2 partir de mlanges aqueux de MDEA et de DEA 75

    II-3.2.a Mlanges MDEA-DEA 45-5 pour-cents massiques 76

    II-3.2.b Mlanges MDEA-DEA 30-20 pour-cents massiques 78

    II-4. Conclusion 79

    III- MODELE DE TRANSFERT AVEC REACTIONS CHIMIQUES 81

    III-1. Le modle gnral 81 III-1.1. Les quations du modle, les conditions initiales et aux limites 81

    III-1.1.a. Les quations du modle 81

    III-1.1.b. Les conditions initiales 82

    III-1.1.c. Les conditions aux limites 83

    III-1.2. Le systme adimensionnel 84

    III-1.2.a. Les variables rduites 84

    III.1.2.b. Les conditions initiales 85

    III.1.2.c. Les conditions aux limites 85

    III-1.3. Rsolution numrique 86

    III-1.4. Validation de notre modle 89

    III-1.5. Identification des paramtres 91

    III-2. Absorption du CO2 par des solutions aqueuses de MDEA 91 III-2.1. Paramtres du modle 93

    III-2.2. Mcanisme 1 : une seule raction rversible 94

    III-2.3. Mcanisme 2 : deux ractions rversibles et deux quilibres

    chimiques 96

    III-2.4. Mcanisme 3 : une raction rversible et un quilibre chimique 97

    III-2.5 Conclusion 99

    III-3. Absorption du CO2 par des mlanges d'amines 100 III-3.1. Mlange MDEA-MEA 101

    III-3.2. Mlange MDEA-DEA 102

    III-4. Dsorption de CO2 partir de solutions aqueuses de MDEA 104

    III-5. Conclusion 106

  • 5

    CONCLUSION GENERALE 109

    ANNEXE A : Paramtres physico-chimiques 113

    ANNEXE B : Expriences de dsorption 121

    ANNEXE C : Mthode de Levenberg-Marquardt 131

    REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 135

  • 7

    PRINCIPALES NOTATIONS

    A aire de linterface gaz-liquide, m2

    C concentration, mol.m-3

    Di coefficient de diffusion de lespce i, m2.s

    -1

    Dag diamtre de la turbine de Rushton, m

    DE coefficient de diffusion de Eddy, m2.s

    -1

    DT diamtre interne de la cellule, m

    E facteur d'acclration, -

    Ea nergie dactivation, J.mol-1

    F constante de Faraday, 96489 C.mol-1

    g acclration de la pesanteur, m.s-2

    h coefficient de sel, mol-1

    .m3

    H constante de Henry, Pa.m3.mol

    -1

    Ha nombre de Hatta, -

    I force ionique, mol.m-3

    k constante cintique, unit suivant l'ordre de la raction

    K constante dquilibre, unit suivant la raction

    kG coefficient de rsistance au transfert ct gaz, mol.m-2

    .s-1

    .Pa-1

    kL coefficient de rsistance au transfert ct liquide, m.s-1

    m masse, kg

    M masse molculaire, kg.mol-1

    n nombre de moles, mol

    NC nombre total de composants, -

    NG nombre total de gaz, -

    NR nombre total de ractions, -

    P pression, Pa

    r vitesse de la raction, mol.m-3

    .s-1

    R constante des gaz parfaits, 8,3143 J.K-1

    .mol-1

    Re nombre de Reynolds, -

    Ri terme de production du compos i, mol.m-3

    .s-1

    Sc nombre de Schmidt, -

    Sh nombre de Sherwood, -

    S fonction de distribution des temps de sjour des lments fluides l'interface

    gaz-liquide

    s vitesse de renouvellement de surface, s-1

    t temps, s

    T temprature, K

    V volume, m3

    w % massique, -

    x variable espace mesure partir de linterface gaz-liquide, m

    z charge, -

  • 8

    lettres grecques

    ! taux de charge de la solution, molCO2/molamine. La concentration en amine libre

    est obtenue par la relation : (1-!) " CT,amine

    # ordre de la raction, -

    $ paisseur du film laminaire, m

    %P dpression considre la mesure du flux de dsorption, Pa

    & nergie de dissipation par unit de masse liquide, m2.s-3

    ' fraction de surface, -

    ( temps de contact, s

    ) coefficient stoechiomtrique, -

    ! viscosit dynamique, Pa.s

    * viscosit cinmatique, m2.s-1

    + masse volumique, kg.m-3

    , tension superficielle, kg.s-2

    - flux de CO2 linterface, mol.m-2

    .s-1

    . potentiel lectrostatique, V.m-1

    indices

    abs absorb

    aq sol solutions aqueuses

    d direct

    dep dpression

    eq quilibre

    exp exprimental

    G gaz

    i inverse

    I inerte

    in interface

    T total

    water eau

    zm zone de mlange

    _ notation vectorielle

    0 initial

    exposants

    * l'quilibre

    ~ notation adimensionnelle

  • 9

    Notations des composs

    BaCl2 chlorure de baryum

    BaCO3 carbonate de baryum

    CO2 dioxyde de carbone

    CO32-

    carbonate

    HCO3- bicarbonate

    H2O eau

    H3O+ ion hydronium

    HS- ion hydrogne sulfide

    H2S sulfure dhydrogne

    HCl acide chlorhydrique

    DEA dithanolamine

    DEACOO- carbamate

    DEAH+ dithanolamine protone

    DGA diglycolamine

    KHCO3 carbonate de potassium

    MDEA mthyldithanolamine

    MDEAH+ mthyldithanolamine protone

    MEA monothanolamine

    MEAH+ monothanolamine protone

    N2 azote

    N2O protoxyde dazote

    NaOH Hydroxyde de sodium

    OH- ion hydroxyde

  • 11

    INTRODUCTION

    La notion d'environnement, ensemble des lments objectifs et subjectifs qui

    constituent le cadre de vie d'un individu, s'est donc logiquement tendue au cours des sicles,

    suivant de prs l'accroissement de l'activit humaine. Aprs avoir considr la terre et son

    sous-sol, la socit moderne est amene prendre en compte l'atmosphre. Sur les vingt

    dernires annes, on a assist une prise de conscience de l'importance des rejets

    atmosphriques et donc l'apparition de normes antipollutions de plus en plus strictes (H2S,

    Cl2, SO2...). Il n'existe pourtant pas de norme pour le dioxyde de carbone, bien qu'on le

    considre comme la principale cause de l'effet de serre. Mais les rcents vnements, dont la

    confrence de Kyoto en 1997, o la plupart des pays prsents se sont engags rduire leurs

    missions de dioxyde de carbone, laissent prsager un changement dans la politique des rejets

    de CO2.

    L'extraction de gaz acides, tels que le sulfure d'hydrogne H2S et le dioxyde de

    carbone CO2, partir de gaz naturel ou de gaz de synthse reste une opration courante dans

    les procds industriels. Le sulfure d'hydrogne doit tre entirement limin en raison de sa

    toxicit et de son pouvoir corrosif, mais aussi pour viter l'empoisonnement des catalyseurs

    dans les procds catalytiques. Vue l'importance des quantits de produits soufrs mises, il

    est souvent ncessaire de transformer le sulfure d'hydrogne produit en espces stockables,

    non dangereuses et rutilisables. Le sulfure d'hydrogne est oxyd en soufre par le procd

    Claus (Goar, 1980). Ce procd ncessite un taux de H2S minimal de 35 % en volume afin

    d'obtenir un rendement acceptable. Le dioxyde de carbone est retir du gaz naturel car il agit

    comme un diluant, augmentant ainsi les cots de transport et diminuant le pouvoir

    nergtique. Par ailleurs, le dioxyde de carbone est un poison du catalyseur du racteur de

    synthse dans les procds de synthse d'ammoniac.

    Dans le cas des procds d'puration par absorption/dsorption, on considre deux

    types de solvant d'extraction : les solvants chimiques et les solvants physiques. Dans le cas

    des procds d'absorption/dsorption utilisant des solvants physiques, les gaz acides sont

    spars d'un courant gazeux par des solvants organiques polaires qui ne ragissent pas avec

    les gaz absorbs (procd Selexol l'ther dimthylique de polythylne de glycol, procd

    Rectisol au mthanol, procd Purisol au N-mthylpyrrolidone). Ce procd de sparation,

    appel traitement de gaz par absorption physique, est bas sur la capacit du solvant

    solubiliser prfrentiellement certaines espces contenues dans un courant gazeux. Les

    procds d'absorption physique sont gnralement utiliss lorsque les pressions partielles en

    gaz acides sont grandes, fournissant ainsi d'importantes forces motrices pour le transfert de

    masse. L'avantage des procds d'absorption physique est que le gaz physiquement dissout

    peut tre retir de la solution absorbante en diminuant la pression partielle en gaz acides, sans

    l'utilisation significative d'une utilit nergtique. Bien que les solvants physiques organiques

    jouent un rle important dans le traitement des gaz, cette tude est consacre aux procds

    d'absorption utilisant les solvants chimiques.

    Les solutions d'alcanolamines sont les solvants chimiques les plus couramment utiliss

    dans les oprations d'absorption/dsorption pour retirer le dioxyde de carbone et le sulfure

    d'hydrogne d'un courant gazeux. Les alcanolamines sont caractrises par des groupements

    hydroxyle et amine. Le groupement hydroxyle augmente la solubilit dans l'eau et diminue la

    pression de vapeur de la solution aqueuse, tandis que le groupement amine produit la basicit

    ncessaire la solution aqueuse pour ragir avec les gaz acides (Kohl et Riesenfeld, 1985).

    Un des avantages des procds utilisant les amines est l'obtention de gaz acides ayant

    de faibles teneurs en hydrocarbures, infrieures 1 %, par rapport aux procds utilisant des

  • 12

    solvants physiques dans lesquels les teneurs en hydrocabures peuvent atteindre quelques

    pour-cents en volume (Grancher et al., 1980). L'absorption des gaz acides par les solutions

    d'alcanolamines est caractrise par un transfert de masse acclr par la prsence de

    ractions chimiques : aprs absorption dans la solution, le gaz ragit avec les amines et forme

    des composs ioniques non volatiles. Le transfert de masse des gaz acides de la zone de

    mlange gazeux vers la zone de mlange liquide peut tre dcrit de la faon suivante :

    Diffusion du gaz acide de la zone de mlange gazeuse vers l'interface gaz-liquide

    suivie de l'absorption (dissolution) dans le liquide. On suppose gnralement

    l'quilibre physique l'interface gaz-liquide pour les espces molculaires.

    Diffusion des ractifs de l'interface gaz-liquide vers la zone de mlange liquide.

    En mme temps que le transfert de masse, raction entre le gaz dissout et les

    ractifs liquides.

    Diffusion des produits de la raction dans la zone de mlange liquide en raison des

    gradients de concentration crs par les ractions chimiques.

    Parmi les principales amines utilises pour le traitement des gaz, nous citerons la

    monothanolamine (MEA), une amine primaire, la dithanolamine (DEA) et la diglycolamine

    (DGA), des amines secondaires, et la mthyldithanolamine (MDEA), une amine tertiaire. Le

    sulfure d'hydrogne est un acide de Brnsted et les alcanolamines sont des bases. Ainsi H2S

    ragit comme donneur de proton avec toutes les alcanolamines (primaires, secondaires ou

    tertiaires) en phase aqueuse selon une raction acido-basique :

    R R R N H S R R R NH HS1 2 3 2 1 2 3

    + = ++ !

    Cette raction correspondant un simple transfert de proton est suppose

    instantanment quilibre devant les phnomnes de transfert (Maddox et al., 1987a).

    Le dioxyde de carbone est un acide de Lewis et ne peut donc pas transfrer des

    protons. La raction entre une amine et le dioxyde de carbone ne peut conduire qu' la

    cration d'un complexe. Il s'agit d'un compos globalement neutre avec des charges de signes

    opposs localises sur des sites distincts.

    N C

    O

    O

    R1

    R2

    R3

    Dans le cas des amines primaires ou secondaires, ce zwitterion peut se dprotoner pour

    former un carbamate stable. Le schma ractionnel est alors :

    R R NH CO R R NH COO1 2 2 1 2

    + !+ "

    R R NH COO Base R R NCOO Base protone1 2 1 2+ ! !

    + " +

    La premire tape est une raction rapide, mais de vitesse finie. La deuxime tape,

    correspondant un transfert de proton, est gnralement considre comme instantane. Ce

    mcanisme du zwitterion, pour lequel on considre l'tat quasi-stationnaire, est le plus souvent

    retenu dans la littrature (Blauwhoff et al., 1984; Lemoine, 1995; Rinker et al., 1996).

    Dans le cas d'une amine tertiaire, la dprotonation n'a pas lieu. Le complexe tant

    instable, le mcanisme prcdent n'a pas lieu. L'espce ractive est alors un difice

  • 13

    supramolculaire li par liaison hydrogne, compos d'une molcule d'amine et d'une

    molcule d'eau. Dans ce complexe, la molcule d'eau est rendue plus nuclophile. Donaldson

    et Nguyen (1980) suppose une action du doublet lectronique libre de l'atome d'azote de

    l'amine sur une molcule d'eau pour form ce "complexe activ" qui ragit ensuite sur une

    molcule de CO2 pour conduire la protonation de l'amine et la formation de l'ion

    hydrognocarbonate :

    N

    R1

    R2

    R3

    H

    O

    H

    C

    O

    O

    R1

    N

    R2

    R3

    H

    HO

    O

    O

    +

    La raction est substantiellement plus lente que dans le cas de la formation de

    carbamate avec les amines primaires ou secondaires ou la raction entre H2S et une amine.

    L'utilisation de solutions aqueuses d'amines primaires ou secondaires permet

    l'extraction de tout le sulfure d'hydrogne quelques traces prs, et de tout le dioxyde de

    carbone une fraction prs. Ces solvants sont donc utiliss pour abaisser les fractions en gaz

    acides dans la phase liquide jusqu' de basses teneurs. Les ractions entre le sulfure

    d'hydrogne ou le dioxyde de carbone et les amines primaires ou secondaires sont

    gnralement fortement exothermiques. Il en rsulte que les procds de traitement de gaz

    utilisant des solvants aqueux d'alcanolamines ncessitent un apport d'nergie substantiel au

    stripper pour retirer les gaz acides de la solution charge.

    Quand du sulfure d'hydrogne et du dioxyde de carbone sont prsents simultanment

    dans un courant gazeux, il peut tre intressant de procder une absorption slective. Ainsi,

    quand il n'est pas ncessaire de retirer la majeure partie du CO2, une rduction importante des

    cots de conception et de fonctionnement du rebouilleur, du stripper et des flux de circulation

    du solvant peut tre ralise en considrant une absorption slective de H2S. Par ailleurs,

    l'obtention d'un courant de sulfure d'hydrogne contenant de plus faibles teneurs en dioxyde

    de carbone permet l'emploi de procd Claus plus compact.

    Durant ces dernires annes, la mthyldithanolamine, MDEA, a attir l'attention

    comme agent de traitement de gaz. Etant donn que la mthylditanolamine ragit plus vite

    avec le sulfure d'hydrogne qu'avec le dioxyde de carbone, elle est souvent utilise pour

    l'absorption slective d'H2S partir d'un courant gazeux contenant aussi du CO2. Par ailleurs,

    la MDEA ne pouvant pas ragir avec le CO2 pour former des carbamates, l'enthalpie de la

    raction entre CO2 et MDEA est sensiblement infrieure celles des ractions faisant

    intervenir les amines primaires ou secondaires. L'intrt d'utiliser une solution aqueuse de

    MDEA est donc l'importante rduction d'nergie lors de la rgnration du solvant.

  • 14

    Gaz acide Amine !HR (kcal/mol de gaz)

    H2S MEA 15.5

    H2S DEA 9.66

    H2S DGA 12.7

    CO2 MEA 20.2

    CO2 DEA 16.0

    CO2 DGA 20.8

    CO2 MDEA 11.6 Enthalpies de raction des ractions entre quelques amines et CO2 ou H2S (Augsten, 1989)

    Il faut aussi signaler que la MDEA est une amine moins corrosive que la MEA ou la

    DEA. Du Part et al. (1993) ont reli la vitesse de corrosion la temprature et la

    concentration de l'amine. On observe un rapport variant de 7 13 entre la vitesse de corrosion

    de la MDEA et les vitesses de corrosion de la MEA et de la DEA.

    Les rcents travaux (Chakravarty et al., 1985; Critchfield et Rochelle, 1987 et 1988;

    Katti et Wolcott, 1987; Pani et al., 1996...) suggrent qu'une faible quantit d'une amine

    primaire ou secondaire comme la MEA ou la DEA peut tre ajoute une solution aqueuse de

    MDEA pour augmenter le flux d'absorption de CO2 sans modifier de faon significative les

    quipements du stripping la vapeur. La quantit de MEA ou de DEA ajoute la solution

    aqueuse de MDEA doit tre dtermine en comparant l'conomie ralise par l'emploi

    d'absorbeurs plus petits en raison de l'acclration des ractions, avec les cots de stripping

    augments en raison des enthalpies de raction plus importantes et des cots relatifs aux

    diffrentes amines.

    Gaz trait

    Gaz naturel charg

    en gaz acides

    Gaz acides

    Solvant

    charg

    Condensat

    Vapeur

    La figure ci-dessus reprsente un schma simplifi d'un procd

    d'absorption/dsorption destin au traitement de gaz en utilisant une solution aqueuse

    d'alcanolamine. Un courant charg en dioxyde de carbone et sulfure d'hydrogne est introduit

  • 15

    au pied de l'absorbeur dans lequel il rencontre contre-courant une solution aqueuse

    d'alcanolamine introduite en tte de l'absorbeur une temprature avoisinant 313 K. La

    pression de la colonne d'absorption dpend essentiellement du courant gazeux traiter. La

    solution d'amine absorbe de faon slective les composs acides du courant gazeux introduit

    dans la colonne. La solution d'alcanolamine riche en gaz acides rcupre au pied de

    l'absorbeur est prchauffe puis introduite en tte d'un stripper dans lequel elle est mise en

    contact contre-courant avec de la vapeur haute temprature, environ 393 K et une

    pression rduite. La vapeur produite dans le bouilleur, fournit l'nergie ncessaire pour

    inverser les ractions entre les gaz acides et les amines. La solution d'alcanolamine pure est

    refroidie et rintroduite en tte de l'absorbeur.

    En fait, le schma du procd dpend essentiellement de la composition du gaz

    traiter et des spcifications sur le produit, gnralement fixes par l'aval du procd. Les

    spcifications classiques pour les gaz acides sont de l'ordre de 4 ppm pour le sulfure

    d'hydrogne et de 2 % en volume pour le dioxyde de carbone. Dans ce cas, le procd

    simplifi dcrit prcdemment permettra de traiter un courant de gaz naturel. Une solution

    aqueuse de MDEA ou de MDEA active sera alors adopte suivant la teneur, faible ou

    importante, en gaz acides dans ce gaz. Certaines applications, par exemple le Gaz Naturel

    Liqufi (GNL) peuvent imposer des spcifications beaucoup plus strictes vis vis du CO2.

    Dans ce cas, la prsence de CO2 au cours de la liqufaction donne naissance de la neige

    carbonique. Le gaz naturel subit alors un traitement avec une solution aqueuse de MDEA

    active pour amliorer l'absorption du dioxyde de carbone. Le schma de procd peut tre

    modifi dans certaines situations trs particulires, comme par exemple, la prsence d'units

    thiochimiques sur le mme site. Ces units font appel de faibles dbits de sulfure

    d'hydrogne trs concentr. On peut alors considrer un schma de procd faisant apparatre

    une premire colonne d'absorption utilisant une solution aqueuse de MDEA trs slective afin

    de fournir le sulfure d'hydrogne requis, suivie d'une deuxime colonne d'absorption utilisant

    une solution aqueuse de MDEA active pour atteindre les spcifications habituelles.

    Si la dsorption est l'opration unitaire indissociable de l'absorption, les tudes

    consacres la dsorption sont bien moins nombreuses que celles consacres l'absorption.

    Les domaines tudis sont limits des conditions opratoires gnralement loignes des

    conditions industrielles en ce qui concerne les taux de charge en gaz acide et surtout la

    temprature. En effet, les donnes disponibles dans la littrature sont limites des

    tempratures infrieures 343 K alors que la temprature moyenne d'une colonne de stripping

    avoisine 393 K. La reprsentation des phnomnes de dsorption partir de ces donnes fait

    souvent intervenir des hypothses simplificatrices limitant le domaine d'application et la

    validit des modles dvelopps.

    Au cours de cette tude, nous avons dvelopp un appareil permettant de mesurer des

    flux de dsorption dans un large domaine de tempratures, mais aussi de taux de charge en

    gaz acides proches des conditions industrielles. La reprsentation de ces expriences en

    utilisant les modles gnralement admis dans la littrature a mis en vidence les lacunes de

    ces derniers, et a fait apparatre la ncessit d'utiliser une modlisation cintique et

    thermodynamique rigoureuse. La seconde partie de cette tude a donc t consacre au

    dveloppement d'un modle de transfert de matire en prsence de ractions chimiques. Ce

    modle, a t utilis pour reprsenter le phnomne d'absorption du dioxyde de carbone par

    des solutions aqueuses de mthyldithanolamine et des mlanges d'amines non chargs. Cet

    outil numrique permet de reprsenter les donnes de dsorption obtenue en adoptant des

    paramtres cintiques et thermodynamiques cohrents.

  • 17

    I- ETAT DE L'ART

    I-1. Les mthodes de mesure de dsorption

    Bien que lon suppose que labsorption et la dsorption sans nuclation sont des

    phnomnes similaires pouvant tre dcrits par la mme thorie, les diffrents rsultats

    publis depuis la deuxime dcade de ce sicle sont souvent en contradiction. Carlson (1911)

    avec des systmes eau-O2 et eau-CO2 dans des racteurs agits, Allen (1938) avec un systme

    eau-CO2, dans une colonne garnie avec des anneaux Raschig de 3/8", et Vielstich (1956) avec

    des systmes eau-CO2 et dcaline-CO2 avec un appareil jet laminaire, ont dtermin des

    coefficients de transfert de matire identiques pour labsorption et la dsorption. Par contre,

    Emmert et Pigford (1954) ont observ des diffrences significatives entre les deux

    phnomnes en tudiant les systmes eau-O2 et eau-CO2 dans une colonne film tombant.

    Stoddart (1954) a obtenu des coefficients de transfert pour la dsorption suprieurs ceux de

    labsorption avec le systme eau-CO2 dans une colonne disques; ces rsultats ont t

    confirms par Nicklin (1957).

    I-1.1. Dsorption de CO2 partir deau sature en gaz.

    Depuis 1976, diffrents systmes de dsorption du CO2 ont t considrs. Thuy et

    Weiland (1976) ont tudi la dsorption du CO2 partir de solutions deau sursatures. Pour

    cela, ils ont utilis une colonne garnie dune chane de sphres (Figure I.1).

    Cet appareil a l'avantage de donner des rsultats reproductibles en ce qui concerne les

    transferts de masse (Thuy et Weiland, 1976). Le second avantage de ce montage exprimental

    est la connaissance de son hydrodynamique, qui reprsente lcoulement fluide dans une

    colonne garnissage. Il sagit dun empilement de sphres montes sur un axe en acier

    inoxydable, le tout plac lintrieur dun tube en verre de diamtre intrieur 1,5". Un

    deuxime tube de verre forme une double enveloppe qui permet de contrler la temprature.

    Les sphres, en bronze, ont un diamtre de 0,75", et sont recouvertes dune couche de chrome

    pour viter les phnomnes de corrosion. Afin dtudier linfluence du type de surface, les

    sphres sont recouvertes de poudres dalumine dont les diffrentes granulomtries varient

    entre 90 et 125 m. Trois types de surfaces sont ainsi tudis.

    Les dbits liquides et gaz sont mesurs laide de rotamtres. Le dbit liquide est

    contrl par une vanne place avant lintroduction au sommet de la chane de sphres (Figure

    I.2). Aucun phnomne de dsorption na t dtect avant cette vanne. Le courant gazeux est

    satur en vapeur deau avant dtre introduit au pied de la colonne.

    Des chantillons liquides sont prlevs et ajouts un volume connu de NaOH, afin

    dviter la dsorption du CO2. La concentration en CO2 est alors dtermine en utilisant la

    technique de Vogel (1961) : le CO2 est prcipit en BaCO3 par ajout de BaCl2, lexcs de

    NaOH est alors titr par du HCl en prsence de bleu de Thymol.

  • 18

    11,8"

    15,8"

    N

    A

    B

    T

    A et B : colonnes de verre

    N : Injecteur de liquide

    T : Sortie du liquide Figure I.1 : Colonne garnie dune chane de sphres (Thuy et Weiland, 1976)

    P

    GA

    T

    T

    T

    S

    V

    sortiegaz

    entregazsortie

    liquide

    thermomtre

    chantillonnageliquide

    arriveCO2

    tuyau d'vacuationou d'admission

    chantillonnage du liquided'alimentation

    vacuation

    air ouCO2

    soupape

    vent

    niveau

    Figure I.2 : Schma du montage exprimental de Thuy et Weiland (1976).

  • 19

    Thuy et Weiland (1976) ont, pour certaines expriences, essay danalyser les courants

    gazeux entrant et sortant par chromatographie. Cependant, les dbits gazeux tant importants

    et les variations de la concentration en CO2 tant faibles, la mesure tait entache dune

    grande imprcision : 20 30 % dcart taient observs sur les bilans matires. Ces auteurs

    ont donc prfr abandonner cette mthode et nutiliser que lanalyse de la phase liquide. Les

    flux de dsorption sont alors dtermins par un bilan matire sur la phase liquide entre

    lentre et la sortie de lappareil.

    Les expriences ont t menes entre 288 et 298 K. La dsorption a t tudie avec et

    sans nuclation, des essais dabsorption ont aussi t raliss. Les auteurs observent des flux

    dans le cas de la dsorption infrieurs ceux constats pour labsorption, sans pouvoir

    avancer une explication pour ce phnomne quils considrent apparemment comme anormal.

    agitateurliquide

    agitateur gaz

    sortie air entre air ou CO2

    Baind'eau

    cran

    Figure I.3 : Racteur agit utilis par Weiland et al. (1977).

    Weiland et al. (1977) ont utilis un racteur agit (Figure I.3) similaire celui utilis

    par Danckwerts et al. (1967). Il sagit dun racteur en verre Pyrex de 350 ml, plong dans un

    bain thermostat. Lappareil fonctionne en semi-batch : un courant gazeux circule au dessus

    dun volume connu de liquide. Les phases gaz et liquide sont respectivement agites par une

    hlice et par un barreau magntique. Quatre contre-pales empchent la formation dun vortex.

    Une quantit deau distille denviron 275 ml est introduite dans la cellule, la pression dans le

    racteur est maintenue 30 psig (un peu moins de 2,1 bar). La solution est alors sature en

    CO2. La temprature est contrle par un bain thermostat, et la pression est rgule partir

    dune rserve de CO2. La phase liquide est agite durant toute lopration. Une fois le systme

    lquilibre, lagitation est arrte et la pression est progressivement diminue pour viter

    une nuclation importante, et ainsi des pertes de gaz. Le tube reliant la cellule la rserve de

    CO2 est remplac par un autre tube apportant un courant dair constant de 20,7 ml.s-1

    de dbit.

    La phase gaz est alors agite. Lexprience commence avec le dmarrage de lagitation de la

    phase liquide. A partir de ce moment l, des chantillons gazeux sont prlevs des

    intervalles rguliers de quinze secondes. Sans agitation de la phase liquide, on nobserve que

    quelques bulles qui grossissent lentement et remontent la surface. Lagitation de la phase

    liquide favorise le phnomne de nuclation. Ce dernier dure environ deux minutes. Lorsquil

  • 20

    disparat, des chantillons liquides sont prlevs et verss dans des quantits connues de

    NaOH pour tre analyss suivant le procd de Vogel (1961) dj dcrit. Des chantillons de

    la phase gaz sont prlevs pendant environ 7 minutes aprs la fin de la nuclation et sont

    analyss par chromatographie gaz-solide. Les auteurs tudient ainsi la transition entre la

    dsorption nucle et la dsorption non-nucle avec le systme eau-CO2. Ils observent

    quune faible volution des bulles prsentes dans la solution est possible lorsque la somme

    des pressions partielles des espces prsentes dans la solution excde la pression totale.

    Cependant, dans le cas de procds continus, la nuclation nest effective que si la pression

    partielle du gaz dissout est elle seule suprieure la pression totale.

    I-1.2. Dsorption de CO2 partir de solutions charges de carbonate

    Les procds utilisant des solutions chaudes de carbonate sont dune grande efficacit

    pour lextraction du CO2. Cependant, les donnes de la littrature ont gnralement t

    obtenues dans des units pilotes. Les hauteurs de lit utilises dans ces units impliquent des

    gradients de concentrations importants dans les phases liquide et gaz. Linterprtation de ces

    donnes se fait par intgration des quations de transfert appropries sur toute la hauteur du

    lit. Pour cela, il est ncessaire de connatre les relations entre les flux de matire locaux et la

    composition de la phase liquide. Or ces connaissances ne sont accessibles qu partir de

    donnes obtenues sur des absorbeurs diffrentiels dans lesquels les compositions des phases

    gaz et liquide ne changent pas de faon significative. Ainsi, mme sil est reconnu que

    labsorption est acclre par les ractions chimiques, les mcanismes mis en jeu ne sont pas

    encore bien compris. Savage et al. (1980) ont alors considr labsorption et la dsorption de

    dioxyde de carbone partir de solutions chaudes de carbonates, pour des tempratures

    atteignant 383 K.

    sortie gaz

    (dsorption seule oupurge durant absorption)

    principaux thermocouples

    serpentin chauffant

    enveloppe ( verre)

    sphre

    sortie solution

    entre solutionentre gaz

    drainpchauffeur bain d'huile

    Figure I.4 : Unit dabsorption-dsorption simple sphre (Savage et al., 1980).

    Pour cela, ils ont utilis un montage compos dune sphre de 5 cm de diamtre

    (Figure I.4). Cette sphre en acier inoxydable est monte sur le tube dalimentation de la

  • 21

    phase liquide. Le montage est plac lintrieur dun tube en verre de 30 cm de longueur et

    de 10 cm de diamtre interne. La phase liquide arrive au sommet de la sphre et scoule le

    long des parois, elle est alors collecte en bas de la sphre. Les phases liquides et gaz sont

    prchauffes la temprature de lexprience avant dtre introduites dans le montage

    maintenu la temprature dsire par des barreaux chauffants. La pression totale varie entre 1

    et 2 atm.

    Contrleurde niveau

    sphre

    source CO2

    eau derefroidissement

    prchauffage

    chantillon

    P

    dbitmtre

    rservoir

    entre huile chaude

    sortie huile

    rgulateurde pression

    Figure I.5 : Montage exprimental utilis en absorption (Savage et al., 1980)

    Dans le cas de labsorption, la phase vapeur est remplie de gaz carbonique. Le flux

    dabsorption est obtenu partir de la quantit de CO2 introduite dans la cellule pour maintenir

    la pression constante. Le dbit de CO2 entrant est mesur avec un dbitmtre film de savon

    (Figure I.5). La phase liquide quittant lappareil est rcupre dans un ballon. Au cours dune

    exprience, la composition de la phase liquide change lentement. Des chantillons sont

    prlevs priodiquement dans le ballon. Ils sont analyss par acidification pour connatre la

    concentration totale en CO2. Les donnes brutes sont les quantits cumules de CO2 et

    lvolution de la composition de la phase liquide au cours du temps.

    Dans le cas de la dsorption, le circuit liquide est le mme que dans le cas de

    labsorption (Figure I.6). Les auteurs utilisent une solution forte teneur en CO2, obtenue par

    une forte charge en KHCO3. Un courant de N2 satur en eau traverse continuellement lunit

    de transfert avec un dbit connu. Le gaz de sortie est ramen la pression atmosphrique et

    passe travers un condenseur qui permet dliminer leau contenue dans le courant gazeux. Il

    est ensuite analys en continu avec un spectromtre infrarouge. La teneur totale en CO2 dans

    la phase liquide est dtermine par acidification dun chantillon liquide, le CO2 libr est

    captur puis pes. Avec cet appareil, Savage et al. (1980) atteignent des tempratures de 383

    K en absorption, comme en dsorption. Utilisant les donnes obtenues, Ils dterminent cette

    temprature la loi cintique de la raction principale entre le dioxyde de carbone et l'ion

    carbonate, connue alors jusqu 313 K.

  • 22

    rgulateurde pression

    Contrleurde niveau

    condenseur analyseur degaz CO2

    sphre

    eau

    source N2

    eau derefroidissement

    prchauffage

    chantillon

    P

    dbitmtre

    dbitmtre

    vapeur

    rservoir

    vent

    Figure I.6 : Montage exprimental utilis en dsorption (Savage et al., 1980)

    Les solutions chaudes et concentres de carbonates sont alors couramment utilises

    pour lextraction du CO2. Cependant, de nombreux agents dopants sont utiliss pour amliorer

    les performances des units. Mahajani et Danckwerts (1983) utilisent un appareil inspir de

    celui dcrit par Danckwerts (1970) afin dtudier le stripping 373 K du dioxyde de carbone

    partir de solutions de potasse enrichies par diffrentes amines, savoir la

    monothanolamine, la dithanolamine et la trithanolamine.

    mV

    CRR

    C

    T TT

    T

    N

    333 K

    H ON + CO

    298 K

    T

    373 K

    2

    5

    4

    32

    1

    2

    S

    22

    changeurs

    R rotamtresT1...5 thermomtres

    C condenseurs

    S saturateur Figure I.7 : Montage exprimental de Mahajani et Danckwerts (1983)

    Il sagit dun racteur contenant 400 cm3 de solution (Figure I.7). Les phases gaz et

    liquide sont agites sparment. Mahajani et Danckwerts (1983) ont fait varier la vitesse

    dagitation de la phase gaz sans pour autant constater une variation dans le flux de dsorption

    mesur, montrant ainsi que la rsistance au transfert ct gaz est ngligeable. Des contre-ples

    places dans la phase liquide empchent la formation dun vortex. La surface de contact gaz-

    liquide ne subit alors aucune dformation et reste constante. Lensemble du racteur est

  • 23

    immerg dans un bloc calorifug contenant de leau en bullition la pression atmosphrique,

    soit une temprature de 373 0,2 K. Lazote composant le courant gazeux est dabord satur

    en eau puis chauff avant dtre introduit dans le racteur. Le gaz sortant contenant le CO2 est

    envoy dans un condenseur. La temprature du condensat ne contenant quasiment pas de CO2

    est denviron 333 K. Le gaz sortant en tte du condenseur une temprature de 298 1 K ne

    contient plus que 2 3 % de vapeur deau. Ce gaz traverse un racteur quip dun agitateur

    magntique et dune sonde Radiometer 5036 PCO2 raccorde un millivoltmtre. Le potentiel

    mesur par la sonde est directement li la pression partielle en dioxyde de carbone. La phase

    liquide est analyse avant et aprs la dsorption. Les chantillons de volume connu sont

    prlevs 373 K. La concentration totale en K+ est obtenue par un dosage classique avec HCl

    298 K, en utilisant du mthyl orange. La concentration en HCO3- est dtermine par ajout

    dun excs connu de NaOH, lajout de BaCl2 fait prcipiter CO32-

    et lexcs de soude est dos

    en utilisant la phnolphtaline comme indicateur color.

    Laddition de faibles quantits damines, et en particulier la DEA, augmente le flux de

    dsorption de CO2 partir dune solution de potasse 373 K dans les mmes conditions

    exprimentales, savoir le mme coefficient de rsistance au transfert dans la phase liquide et

    la mme aire de linterface gaz-liquide. Ceci peut tre attribu la formation et la

    dcomposition du carbamate. Limportance de cette augmentation dpend de la constante

    dquilibre de la raction entre le carbamate et le bicarbonate, et de la vitesse de raction entre

    le CO2 et les diffrentes amines. Pour les raisons que nous venons de citer, la DEA a

    beaucoup plus dinfluence que la MEA. Par contre, la TEA qui ne forme pas de carbamate,

    produit une amlioration du flux de dsorption par un mcanisme encore incertain pour ces

    auteurs. Mahajani et Danckwerts (1983) arrivent la conclusion que labsorption et la

    dsorption peuvent tre reprsentes par les mmes phnomnes, en tenant compte du sens de

    la force motrice du CO2.

    I-1.3. Dsorption de CO2 partir de solutions aqueuses damines charges.

    I-3.3.a Les pilotes

    Cependant, partir des annes 80, suite au dveloppement des procds dabsorption

    utilisant des solutions aqueuses damines primaires, secondaires ou tertiaires, diffrentes

    tudes ont port sur la rgnration des solvants aqueux issus des colonnes de lavage de gaz

    utilisant des solutions aqueuses dalcanolamines. Dans un premier temps, plusieurs travaux

    ont eu pour but de modliser des colonnes de dsorption.

    Ainsi, le montage utilis par Weiland et al. (1982) est un pilote industriel (Figure I.8)

    qui a la particularit dtre un systme entirement ferm. La vapeur deau et le dioxyde de

    carbone rcuprs lors de la phase de dsorption sont entirement recycls durant la phase

    dabsorption qui recre la solution traiter dans la colonne de rgnration. Le stripper est

    compos dun tube dacier inox 316, de diamtre intrieur 152 mm et rempli sur une longueur

    de 1,64 m par des anneaux Raschig cramique de 12,7 mm de diamtre et de 3 mm

    dpaisseur. Un distributeur cinq branches assure la rpartition de la phase liquide. La

    temprature est mesure en diffrents points de la colonne. Des chantillons liquides sont

    prlevs et refroidis, puis analyss par la mthode de Weiland et Trass (1969). Cette mthode

    est semblable celle de Vogel (1961) : le CO2 est dabord prcipit puis sensuit une phase de

    dosage en prsence dindicateurs colors. Des chantillons de la phase vapeur sont aussi

    prlevs et analyss par chromatographie. Ltude avait pour but dobserver et de modliser

  • 24

    leffet des variables opratoires sur les performances de la colonne de dsorption. Les dbits

    des courants gazeux et liquide varient respectivement entre 0,15 et 0,55 kg.m-2

    .s-1

    et entre 3,1

    et 10 kg.m-2

    .s-1

    . La pression et la temprature varient de 1,3 atm et 381 K 4,4 atm et 421 K.

    Le taux de charge en gaz dans lalimentation varie entre 0,103 et 0,440 mole de CO2 par mole

    de MEA. Weiland et al. (1982) ont dvelopp un modle sappuyant sur la dcomposition en

    lments de hauteur !z de la colonne garnie. Sur chacun de ces lments, les auteurs ont

    considr les bilans de matire sur les phases liquide et gaz sortant et entrant dans ces

    lments. La rsolution du systme dquations se fait section par section jusqu' ce que les

    conditions fixes en pied de colonne soient atteintes. Les valeurs obtenues par leur modle

    sont comparables celles dtermines exprimentalement avec moins de 25 % dcart. La

    dsorption ne semble pas tre contrle ni par la rsistance au transfert ct gaz, ni par celle

    ct liquide. Limportance de chacune des rsistances est toutefois notable et dpend de la

    position dans la colonne. Le transfert est contrl par la rsistance au transfert ct liquide en

    tte de colonne, et par la rsistance ct gaz au pied de la colonne. Tenant compte de la

    prcision de leurs mesures, leur modle permet de reprsenter les performances de leur unit

    pilote. Ces rsultats permettent denvisager lestimation des performances des colonnes de

    stripping, et donc la possibilit doptimiser de telles units.

    S A

    R

    H

    C1

    C2

    T

    B

    A : Colonne d'absorption C1, C2 : Echangeur

    S : Colonne de dsorption R : Bouilleur

    H : Prchauffeur d'alimentation R : Ballon de stockage

    Figure I.8 : Pilote industriel tudi par Weiland et al. (1982)

  • 25

    T

    A

    Y

    CW

    R

    S

    CCW

    vapeur

    N2

    CO2

    A : colonne d'absorptionC : condenseurCW : eau de refroidissementH : changeur de chaleur

    R : rebouilleurS : colonne de dsorptionT : rservoir de sparationY : cyclone

    Figure I.9 : Unit pilote utilise par Escobillana et al. (1991)

    Escobillana et al. (1991) utilisent une colonne plateaux de 25,4 cm de diamtre

    (Figure I.9). A lintrieur de celle-ci sont disposs 20 plateaux perfors. Les trous ont un

    diamtre de 1,27 cm. Laire effective du plateau est de 400 cm2. La colonne est quipe dun

    bouilleur de type thermosiphon et dun condenseur de type tubes-calandre. Lalimentation se

    fait sur le 17ime

    plateau en partant du bouilleur. La pression opratoire est proche de la

    pression atmosphrique. La colonne de dsorption est couple avec une colonne dabsorption.

    le montage global correspond un systme ferm semblable celui de Weiland et al. (1982).

    Les diffrents paramtres considrs pour la colonne de stripping sont le dbit dalimentation,

    le taux de reflux, la temprature de lalimentation, la temprature du bouilleur, la

    concentration en MEA et la charge initiale en CO2. Les rsultats sont par la suite utiliss pour

    valider un modle reprsentant le fonctionnement des deux colonnes en rgime permanent. La

    colonne dabsorption est reprsente par un modle bas sur la rsolution des quations

    diffrentielles de bilan de masse et de matire tout au long de la colonne. Un lment

    diffrentiel !z est alors considr, et les gradients de temprature et de composition sont

    supposs constant sur cet lment diffrentiel. La colonne de dsorption est reprsente par un

    calcul plateau plateau, les bilans de matire et de chaleur tant crits sur chaque plateau. La

    rsolution se fait en partant du bas de la colonne, le bouilleur du stripper tant considr

    comme un tage dquilibre supplmentaire car la rtention de gaz dans cet lment est

    suprieure celle de la colonne. La rsolution se fait par itrations successives jusqu' obtenir

    les conditions dsires en tte de colonne. Les carts entre les valeurs exprimentales et les

    valeurs thoriques obtenues par ce modle sont infrieurs 3%.

  • 26

    I-1.3.b. Les appareils diffrentiels

    Par la suite, diffrents travaux ont port sur ltude du phnomne de dsorption en

    racteur semi-continu dans le but de reprsenter le mcanisme de dsorption et den identifier

    la cintique. Critchfield (1988) a tudi le transfert de CO2 dans un racteur contenant une

    phase liquide fixe et parcouru par un courant gazeux (Figure I.10). Le volume total de ce

    racteur est environ 2 litres. Le racteur est quip de quatre contre-pales. Pour les vitesses

    dagitation considres, on vrifie visuellement travers les parois en Plexiglas du racteur

    que laire interfaciale gaz-liquide reste constante. Laire gomtrique est suppose tre gale

    laire de transfert. Cette hypothse a t vrifie par Alper et al. (1980) sur un racteur

    similaire. La temprature dans le racteur est rgule entre 273 et 363 K laide dun

    serpentin plong dans la phase liquide. La temprature dans le racteur est mesure avec un

    thermomtre mercure.

    FC

    source N 2

    FC2

    saturateur

    chantillon liquide50 l

    T - bain

    analyseurCO2

    changeur source

    CO

    Figure I.10 : Racteur agit utilis par Critchfield (1988)

    Cet appareil peut tre utilis pour des mesures dabsorption ou de dsorption. Pour des

    essais de dsorption, la phase liquide est agite par un agitateur six ples de 0,38 dm de

    diamtre, afin davoir une bonne agitation de la phase liquide et dimportants coefficients de

    transfert. Il est aussi ncessaire davoir une faible force motrice afin dassurer un contrle

    cintique du transfert de matire. Lutilisation dun important volume liquide permet de

    diminuer le volume de la phase gaz et ainsi davoir un bon mlange de cette phase. Le volume

    gazeux est par ailleurs agit par un agitateur six ples de 0,89 dm de diamtre. Lutilisation

    de faibles forces motrices et dimportants volumes liquides a aussi lavantage de rendre

    ngligeables les variations de composition de la phase liquide. Laire interfaciale de lappareil

    est de 1,46 dm2.

    Un dbit connu de N2 traverse le racteur et circule au-dessus de la solution damine

    charge en CO2. Le courant gazeux issu du racteur est alors analys afin de dterminer la

    quantit de CO2. Le flux de dsorption peut ainsi tre dtermin par un bilan matire sur la

  • 27

    composition des courants gazeux entrant et sortant du racteur. Ce procd vite de suivre

    lvolution de la concentration de la phase liquide. Cette procdure est dailleurs ncessaire :

    du fait des faibles forces motrices, les flux de dsorption sont bien infrieurs aux flux

    dabsorption et les concentrations au sein de la phase liquide sont quasiment constantes. Cette

    observation a t vrifie par un bilan matire la fin de chaque essai.

    Critchfield (1988) a dtermin pour cette configuration les coefficients de rsistance

    au transfert ct liquide et ct gaz, kL, et kG par ltude de systmes appropris : CO2 - eau

    distille et CO2 - solution aqueuse de MDEA 2 mol.l-1

    . Il a considr la plage de

    temprature comprise entre 288 et 313 K, avec des concentrations de MDEA de 2 M, et des

    concentrations de charge en CO2 comprises entre 0,87 et 0,97 M. Afin de tester la rversibilit

    du mcanisme pour la raction du CO2 avec la MDEA, Critchfield (1988) a effectu quelques

    expriences pour mesurer la constante cintique dans le cas de la dsorption. Afin destimer la

    constante dquilibre ncessaire au calcul des constantes cintiques, il a analys les phases

    gaz et liquide dun racteur ferm et agit pendant un minimum dune heure. Critchfield

    (1988) constate alors une diffrence significative entre ses mesures dquilibre et celles

    obtenues par lextrapolation des donnes dquilibre de Jou et al. (1981) ralise par Hermes

    (1987). Il utilise alors une constante d'quilibre dtermine partir de ses propres mesures

    d'quilibre pour la dtermination de la constante cintique directe de la raction entre le CO2

    et l'amine en considrant cette raction du pseudo premier ordre par rapport au gaz. Il arrive

    la conclusion quen tenant compte des erreurs introduites par lestimation de lquilibre, les

    valeurs des constantes cintiques obtenues pour la dsorption et labsorption sont en accord.

    Critchfield (1988) considre ce rsultat comme prvisible puisque lexpression du flux de

    transfert, pour le cas dune raction unique du second ordre, ne dpend pas du sens de la force

    motrice.

    Critchfield (1988) est parvenu la mme conclusion en comparant des expriences

    d'absorption et de dsorption de CO2 partir d'une solution aqueuse 2 M de DEA 298 K.

    Les concentrations de charge en gaz pour les expriences de dsorption sont comprises entre

    0,4 et 0,8 M. La constante cintique de la raction apparente entre le gaz et la DEA est

    dtermine en considrant un pseudo premier ordre par rapport au CO2. Les rsultats obtenus

    partir des expriences de dsorption sont comparables ceux obtenus partir des

    expriences d'absorption. Critchfield (1988) a aussi envisag la dsorption de CO2 partir de

    mlanges d'amines de concentration 2 M en amines. Dans le cas des mlanges MDEA-DEA,

    deux fractions massiques de DEA : 5 et 30 % massiques ont t slectionnes, avec des

    concentrations de charge en CO2 comprises entre 0,1 et 1,0 M. Afin de reprsenter les

    constantes cintiques apparentes du pseudo premier ordre par rapport au gaz calcules partir

    des expriences d'absorption et de dsorption, l'auteur considre un modle cintique

    "interactif" prenant en compte l'influence des deux amines dans l'tape de transfert de proton.

    Ce rsultat corrobore les conclusions de Blauwhoff et al. (1984) qui reprsentent le

    mcanisme ractionnel entre le CO2 et la DEA par le mcanisme du zwitterion :

    CO C H OH NH C H OH NH COO2 2 4 2 2 4 2+ !+ "( ) ( ) (I.I)

    ( ) ( )C H OH NH COO base baseH C H OH NCOO2 4 2 2 4 2+ ! + !

    + " + (I.II)

    Dans le cas o plusieurs amines sont prsentes dans la solution, Blauwhoff et al.

    (1984) montrent qu'il est ncessaire de les prendre en compte dans la phase de dcomposition

    du zwiterrion en prsence d'une espce basique.

  • 28

    Critchfield (1988) ont aussi tudi la dsorption de CO2 partir de mlanges de

    MDEA-MEA dont la concentration totale en amine tait gale 2 M. Les expriences ont t

    ralises 298 K, avec un mlange d'amines contenant 30 % massique de MEA et des

    concentrations de charge en CO2 infrieures 1 M. Les donnes d'absorption et de dsorption

    se reprsentent de la mme manire par un modle "non-interactif" bas sur un pseudo-

    premier ordre par rapport au gaz et qui ne considre aucune interaction de la MDEA dans la

    cintique du dioxyde de carbone avec la MEA. L'auteur a considr que ce systme prsente

    peu d'intrt et s'est donc limit quelques points de validation pour ce modle "non-

    interactif".

    Glasscock et al. (1991) ont modlis les donnes d'absorption et de dsorption de

    Critchfield (1988) avec un modle de transfert de masse en prsence de ractions chimiques.

    Les rsultats obtenus indiquent quil est possible de reprsenter les flux de transfert de

    dioxyde de carbone avec des solutions aqueuses de DEA et de MDEA et des mlanges aqueux

    MEA/MDEA et DEA/MDEA dans le cas de labsorption comme dans celui de la dsorption

    en utilisant un modle couplant le transfert de masse, des cintiques rversibles et les

    quilibres chimiques. Lanalogie entre les deux phnomnes a donc t valide dans le

    domaine exprimentalement connu, cest dire les faibles taux de charge en CO2 infrieurs

    0,5 mole de gaz par mole damine.

    Les rsultats prsents par Critchfield (1988) concernent des conditions trs varies en

    ce qui concerne les solvants utiliss : MDEA, DEA, MDEA-MEA, MDEA-DEA. Les tudes

    sont toutefois limites 298 K et des taux de charge infrieurs 0,50 mole de gaz par mole

    d'amine. Bosch et al. (1990) tendent les domaines exprimentaux dans le cas de la dsorption

    de CO2 partir de solutions aqueuses de MDEA, et considrent les systmes H2S-MDEA-

    H2O et CO2-MEA-H2O. Dans ce but, ils utilisent un racteur agit semi-continu. Celui-ci

    contient une solution damine charge au dessus de laquelle circule un courant dazote. Le

    courant dazote de sortie est alors analys. Trois systmes ont ainsi t tudis. Le premier

    correspond la dsorption de CO2 partir de solution de MDEA 1000 mol.m-3

    . Les

    diffrentes tempratures considres varient entre 298 K et 323 K. Les taux de charge tudis

    sont infrieurs 0,5 mole de gaz par mole damine. Avec ce systme, le courant gazeux issu

    du racteur est analys par une mthode infrarouge, tandis que la composition de la phase

    liquide est dtermine par chromatographie gazeuse. Dans ce cas, les auteurs considrent un

    faible flux de dsorption et supposent le taux de charge constant au cours dune exprience.

    Les deux autres systmes correspondent la dsorption de CO2 partir de solutions de MEA

    1000 mol.m-3

    , pour des tempratures comprises entre 298 K et 323 K et des taux de charge

    infrieurs 0,6 mole de gaz par mole damine, et la dsorption de H2S partir de solutions

    de MDEA 1500 mol.m-3

    , pour des tempratures comprises entre 363 K et 383 K et pour des

    taux de charge infrieurs 0,65 mole de gaz par mole damine. Avec ces deux derniers

    systmes, le taux de charge ne reste pas constant au cours de lexprience. Des chantillons de

    la phase liquide sont titrs la fin de lexprience pour dterminer la concentration en amine

    et le taux de charge. La phase gaz est analyse par chromatographie gazeuse. Afin

    d'interprter les donnes exprimentales obtenues, Bosch et al. (1990) utilisent simplement

    une approximation pour la thorie du film, en s'appuyant sur la mthode propose par van

    Krevelen et Hoftijzer (1948a) pour l'absorption ou la dsorption en prsence de ractions

    rversibles. Le film diffusionnel peut tre divis en deux zones. La raction chimique a lieu

    dans la zone de raction, proche de l'interface, dans laquelle les concentrations de toutes les

    espces sauf le gaz absorb sont constantes et gales leurs concentrations l'interface. Le

    reste du film diffusionnel correspond la zone de diffusion dans laquelle les auteurs

    supposent qu'il n'y a pas de raction. A la limite entre la zone de diffusion et la zone de

  • 29

    raction et dans le zone de mlange liquide, la raction est suppose l'quilibre. Afin de

    pouvoir traiter la dsorption de carbone de dioxyde partir de solutions aqueuses de MDEA

    ou de MEA de la mme manire, ils considrent une raction globale entre le CO2 de la phase

    gaz et l'amine de la phase liquide :

    CO a e C Da e2

    + ! +"min

    min (I.III)

    Dans les deux cas envisags, dsorption partir de solutions aqueuses de MDEA ou

    de MEA, Bosch et al. (1990) supposent dans un premier temps la raction prcdente

    rversible et d'ordre 1 par rapport aux deux ractifs. Les auteurs ont valid cette

    approximation analytique par comparaison avec la modle numrique de transfert de masse de

    Versteeg et al. (1989). En supposant que la l'paisseur de la zone de raction est ngligeable

    devant l'paisseur du film diffusionnel, ils redfinissent un critre d'applicabilit d'une

    solution du pseudo-premier ordre bas sur l'hypothse que la variation de concentration en

    gaz dissout dans la zone de diffusion est ngligeable devant la variation totale de

    concentration en gaz dissout dans le film diffusionnel. Ce critre est selon les auteurs

    beaucoup plus svre que celui gnralement considr dans la littrature qui suppose que la

    variation de concentration de l'espce absorbe est ngligeable devant les concentrations des

    autres espces dans la zone de mlange. Le critre de Bosch et al. (1990) ne fait pas intervenir

    la force motrice dans sa formulation, ce qui implique que l'on ne peut masquer une situation

    diffusionnelle en diminuant la force motrice au cours d'une exprience, ce qui n'est pas le cas

    avec un critre classique semblable celui de Danckwerts (1970) qui propose :

    ( )

    ! a eCO in CO zm

    a e zm

    HaC C

    Cmin

    , ,

    min ,

    2 2

    1"

  • 30

    connues avec suffisamment de prcision. Les auteurs mettent en avant que les conditions

    exprimentales reprsenter ne correspondent pas des conditions permettant d'appliquer un

    modle du pseudo-premier ordre suivant le critre qu'ils ont dfini. Bien que le mcanisme

    ractionnel entre le CO2 et la DEA soit plus compliqu que celui entre le CO2 et la MEA, les

    conditions exprimentales de Critchfield (1988) correspondent des conditions du pseudo-

    premier ordre, ce qui a permis cet auteur de reprsenter ses expriences. L'utilisation d'une

    telle hypothse permet de limiter l'influence des imprcisions du modle thermodynamique

    employ pour dfinir les concentrations dans la phase liquide.

    Pour les systmes H2S-H2O-MDEA, Bosch et al. (1990) ont utilis le modle prsent

    par Danckwerts (1968). L'inconvnient de ce modle li l'hypothse de diffusivits gales

    pour toutes les espces est rsolu en adoptant la correction suggre par Gioia et Astarita

    (1967) :

    ( ) ( )! = " + "#

    $%%

    &

    '((

    "

    " "k C CD

    DC CL H S in H S zm

    HS

    H SHS in HS zm2 2

    2

    , , , , (I.2)

    Ce modle a t utilis pour estimer les flux de dsorption de sulfure d'hydrogne dans

    les conditions exprimentales cites prcdemment. La comparaison entre les flux calculs et

    les flux mesurs est satisfaisante. Cependant, les auteurs considrent que ce modle ne peut

    pas tre utilis de faon prdictive car il utilise une reprsentation thermodynamique qui ne

    prend pas en compte le comportement non-idal de la solution.

    Rcemment, Nii et al. (1995) considrent ltude de la dsorption du CO2 partir de

    solutions de carbonates, actives ou non par de la DEA. Le but de cette tude est de

    dvelopper une mthode de sparation du CO2 dans le cas de solutions faiblement charges,

    en essayant de rduire la gnration de vapeur qui est la principale consommation nergtique

    du procd. Un racteur en verre de 55 mm de diamtre interne est connect une pompe

    vide par lintermdiaire dune vanne darrt (Figure I.11). Il est plong dans un bain

    thermostat dont la temprature varie dans la plage 333 - 358 K. 50 cm3 de solution sont

    prpars en mlangeant du carbonate de potassium et du bicarbonate de potassium qui sont

    introduits dans la cellule et agits avec un agitateur magntique, linterface gaz-liquide ntant

    pas perturbe. Aprs dix minutes dagitation, la vanne darrt est ouverte et la cellule est tire

    sous vide laide de la pompe, la pression tant contrle par une vanne de rgulation de

    pression. Lexprience est ralise temprature et pression constantes. Le racteur et la

    solution sont pess ensemble avant et aprs la dsorption, la diffrence de masse permet de

    dterminer la quantit deau vaporise. La solution est titre avec HCl, le taux de dsorption

    de CO2 est alors calcul en termes de variation de concentrations des ions HCO3- et CO3

    2-.

    Cest en travaillant des pressions gales la pression saturante de leau que lon obtient la

    plus faible production de vapeur. Le flux de dsorption augmente avec la temprature jusqu

    343 K. Par ailleurs, Nii et al. (1995) constate comme Mahajani et al. (1983) que lactivation

    de la solution en ajoutant de la DEA augmente le flux de dsorption.

  • 31

    agitateurmagntique

    thermomtre

    rgulateur

    manomtre

    vanne

    pige

    vanne defuite

    pompe vide

    Figure I.11 : Racteur de Nii et al. (1995)

    CO2

    1 2

    3

    2N

    4

    5

    6

    7

    8

    10

    1 : tamis molculaire2 : dbitmtre3 : mlangeur4 : saturateur

    5 : colonne garnissage6 : changeur7 : dbitmtre

    8 : ballon surlev9 : pompe10 : rservoir

    Figure I.12 : Montage exprimental utilis par Xu et al. (1995)

    Enfin, Xu et al. (1995) ont utilis une colonne garnissage en vrac (Figure I.12),

    constitu danneaux Raschig en cramique, d'une taille de 4 mm. La colonne de 35 mm de

    diamtre intrieur est quipe dune double enveloppe dans laquelle circule de leau. La

    hauteur de cette colonne peut varier de 25 100 cm. Les courants gazeux entrant, N2 et CO2

    purs 99 % passent dabord dans un rgulateur haute pression puis dans un rgulateur basse

    pression pour assurer un dbit stable. Les gaz passent sur un tamis molculaire et les dbits

    sont mesurs avec des dbitmtres film de savon. Ils sont ensuite mlangs puis

    simultanment saturs en vapeur deau et chauffs la temprature dsire. Le mlange est

    alors introduit au pied de la colonne et circule contre courant avec le liquide descendant

  • 32

    dans la colonne. Le gaz de sortie est refroidi la temprature de la pice et le dbit est l

    encore mesur avec un dbitmtre film de savon.

    Les coefficients de rsistance au transfert ct gaz et liquide sont respectivement

    dtermins par ltude de labsorption de CO2 par des solutions aqueuses de soude, et par

    labsorption de CO2 dans de leau distille.

    La solution aqueuse damine est dabord envoye dans un ballon de stockage plac en

    hauteur pour faciliter le contrle du dbit dalimentation de la colonne. Ce dernier est mesur

    avec un rotamtre. La solution est chauffe la temprature voulue puis introduite dans la

    colonne sur un distributeur. La solution en sortie de colonne est refroidie et stocke dans un

    troisime ballon. La quantit en CO2 est connue en ajoutant un excs dacide sulfurique et en

    mesurant le volume de gaz dgag. Laire interfaciale ainsi que les coefficients de rsistance

    au transfert ct gaz et ct liquide sont dtermins partir de ltude de systmes adapts

    CO2 - hydroxyde de sodium et CO2 - eau distille. A partir des rsultats obtenus entre 313 et

    343 K, il apparat que lon peut utiliser les cintiques dabsorption pour modliser la

    dsorption pour les systmes CO2-MDEA et CO2-MDEA/piperazine. Cependant, lanalogie a

    t valide pour des taux de charge en gaz infrieurs 0,5 mole de CO2 par mole damine et

    pour des concentrations damine infrieures 2000 mol.m-3

    . Par ailleurs, Xu et al. (1995)

    nont pas trouv ncessaire dutiliser une reprsentation rigoureuse des paramtres

    thermodynamiques pour obtenir lanalogie entre absorption et dsorption. Ils ont ainsi calcul

    la solubilit du CO2 entre 313 et 343 K en extrapolant la corrlation de Haimour et al. (1987)

    tablie entre 288 et 308 K pour des solutions non charges.

    I-1.4. Conclusion

    On constate ainsi quen dfinitive peu de rsultats exprimentaux concernent la

    dsorption de CO2 partir de solutions aqueuses damines (Tableau I.1). Aprs avoir

    considr la dsorption partir de solutions de carbonates, les diffrents travaux ont port,

    partir des annes 80, sur la dsorption de CO2 partir des solutions damines. La premire

    tape a consist modliser les colonnes de rgnration. Par la suite, le principal centre

    dintrt a t la reprsentation du mcanisme de dsorption et lidentification des paramtres

    cintiques du phnomne. Les domaines dtude sont toutefois restreints : seuls les faibles

    taux de charge infrieurs 0,5 mole de gaz par mole damine et les basses tempratures

    infrieures 343 K ont t considrs. Sur ces plages dtude, les diffrents travaux montrent

    quil semble possible de reprsenter le phnomne de dsorption avec des modles cintiques

    tablis dans le cas de labsorption, en conservant les mmes corrlations pour le calcul des

    paramtres tels que la solubilit du gaz, la diffusion des espces ou les constantes

    thermodynamiques. En effet, seul Glasscock et al. (1991) tiennent compte de la prsence

    despces lectrolytes dans la solution pour obtenir une analogie entre labsorption et la

    dsorption. Le fait de se restreindre aux faibles taux de charge et aux faibles concentrations

    damine minimise linfluence des espces ioniques. Dans un premier temps, il semble donc

    ncessaire de voir sil est possible dutiliser les mcanismes de labsorption dans le cas de la

    dsorption pour les taux de charge suprieurs 0,5. De plus, il semble ncessaire, pour la

    reprsentation dune colonne de rgnration, de mesurer les flux de dsorption pour de

    faibles taux de charge et des tempratures proches de 393 K, conditions rencontres en pied

    de colonne.

  • 33

    Domaines exprimentaux

    Rfrence Appareillage Systme T

    K

    "

    molCO2/molamine

    Camine,T mol.m

    -3

    Thuy et Weiland

    (1976)

    Chane de

    sphres

    CO2-H2O 285 K - 298 K - -

    Weiland et al.

    (1977)

    Racteur agit CO2-H2O - - -

    Savage et al.

    (1980)

    Sphre CO2-carbonates Jusqu' 383 K - -

    Mahajani et

    Danckwerts (1983)

    Racteur agit CO2-carbonates

    + MEA ou DEA

    373 K - -

    Weiland et al.

    (1982)

    colonne garnie CO2-MEA 381 K - 421 K 0,103 - 0,440 500 - 5000

    Escobillana et al.

    (1991)

    colonne

    plateaux

    CO2-MEA 363 K - 378 K 0,150 - 0,295 2371 - 2720

    Critchfield

    (1988)

    Racteur agit CO2-MDEA

    CO2-DEA

    CO2-MDEA-DEA

    CO2-MDEA-MEA

    288 K - 313 K

    298 K

    298 K

    298 K

    0,435 - 0,485

    0,2 - 0,4

    0,05 - 0,5

    < 0,5

    2000

    2000

    2000

    2000

    Bosch et al.

    (1990)

    Racteur agit CO2-MDEA

    CO2-MEA

    H2S-MDEA

    297 K - 323 K

    298 K - 323 K

    363 K - 383 K

    < 0,5

    < 0,5

    < 0,5

    1000

    1000

    1000

    Nii et al.

    (1995)

    Racteur agit CO2-carbonates

    + DEA

    < 343 K - -

    Xu et al.

    (1995)

    Colonne garnie CO2 -MDEA

    CO2-MDEA

    + piperazine

    313 K - 343 K

    313 K - 343 K

    < 0,5

    < 0,5

    2000

    2000

    Tableau I.1 : Principaux appareils de laboratoire et pilotes utiliss pour les mesures de dsorption.

    I-2. Modlisation

    Diffrentes thories ont t dveloppes pour reprsenter les phnomnes de transfert

    de matire en prsence de ractions chimiques. Elles ont t utilises pour modliser les

    phnomnes de transfert dans les diffrents appareils dcrits prcdemment. Cependant, le

    passage des units pilotes aux units de transfert diffrentielles a amen les auteurs tablir

    les relations entre les flux de matire locaux et la composition de la phase liquide. Le

    dveloppement des outils informatiques a permis dobtenir des reprsentations de plus en plus

    rigoureuses, vitant ainsi lutilisation dapproximations physiques destines faciliter la

    rsolution des systmes dquations obtenus. Nous allons ici prsenter les principales thories

    de transfert de matire rencontres dans la littrature, ainsi que les mthodes mises en uvre

    pour rsoudre les systmes dquations diffrentielles de transfert rsultant de l'utilisation de

    ces diffrentes thories.

  • 34

    I-2.1. Les diffrents modles de transfert de matire

    I-2.1.a. Gnralits

    La thorie de transfert de matire la plus ancienne est la thorie du film de Lewis et

    Whitman (1924). Le transfert se fait par diffusion molculaire dans un film stagnant dans la

    phase liquide linterface gaz-liquide. Au-del de cette limite, la composition est uniforme en

    raison de la turbulence. Il sagit dune thorie en rgime permanent, qui ncessite la rsolution

    dun systme dquations diffrentielles pour dterminer les profils de concentrations dans le

    film, de linterface gaz-liquide jusqu la zone de mlange.

    La thorie de la pntration (Higbie, 1935) est une alternative plus raliste de la

    thorie du film. Elle suppose que des lments de fluide se dplacent de la masse liquide vers

    linterface gaz-liquide et restent cet interface pendant un mme temps de contact, puis

    retournent dans la solution. Danckwerts (1951) a modifi ce concept en considrant que les

    temps de contact ne sont pas les mmes pour tous les lments et quils peuvent tre prdits

    par une rpartition statistique. Cette thorie est appele thorie du renouvellement de surface

    et est caractrise par la fraction de surface renouvele par unit de temps. Dans certains cas,

    la thorie du renouvellement de surface fournit une solution analytique simple. Cependant,

    dans le cas gnral, il est plus judicieux denvisager une solution numrique.

    Dans les thories prcdemment dcrites, le transfert de matire par diffusion se fait

    dans une couche laminaire, comme pour la diffusion dans un solide. En rgime turbulent, la

    thorie de la diffusion turbulente (King, 1966) semble plus raliste. Dans ce cas, le coefficient

    de diffusion est modifi pour prendre en compte les effets du transport turbulent et du

    transfert diffusionnel. Si cette thorie est gnralement considre en rgime transitoire, elle

    peut aussi tre traite en rgime permanent (Glasscock, 1990). Dans ces conditions, cette

    thorie fournit une bonne approximation de la thorie du renouvellement de surface et

    ncessite simplement la rsolution dquations diffrentielles ordinaires.

    Ces trois dernires thories sont des thories de rgime transitoire, et ncessitent donc

    la rsolution dquations aux drives partielles. Les auteurs considrent gnralement

    quelles donnent des rsultats plus prcis que la thorie du film dans le cas de turbulences

    linterface gaz-liquide. Il faut cependant noter que les thories de la pntration, du

    renouvellement de surface et de la diffusion turbulente entranent des cots en temps de calcul

    suprieurs ceux de la thorie du film.

    Lorsquon considre les phnomnes de transfert de masse en prsence de ractions

    chimiques, on introduit gnralement le facteur dacclration dfini par le rapport :

    E = flux en p ractions chimiques

    flux en l' ractions chimiques

    densit de rsence de

    densit de absence de (I.3)

    Soit :

    Ek C C

    A

    L A in A zm

    =!

    "

    ( ), , (I.4)

  • 35

    Lorsque la vitesse de la raction est suffisamment faible pour ne pas affecter le terme

    de transport, le facteur dacclration E tend vers 1. Il nest pas ncessaire de prendre en

    compte les ractions chimiques pour reprsenter le transfert de matire total dans ce cas

    appel rgime lent.

    Lorsque la vitesse de la raction augmente par rapport au terme de diffusion, le terme

    de transport augmente jusqu ce que ce dernier soit domin par la vitesse de la raction. Ce

    rgime est dit rgime rapide. Dans certains cas, il ny a pas de gradient de concentration de

    certains ractifs dans la phase liquide, on parle alors de dgnrescence dordre. Lavantage

    de raliser des expriences dans ce rgime rapide est que le taux de transfert de matire est

    indpendant du coefficient de transfert de matire. Il est contrl par la vitesse de la raction

    et est donc indpendant de lhydrodynamique du systme.

    Le dernier cas est celui o la vitesse de la raction est beaucoup plus rapide que le flux

    de diffusion. Lquilibre chimique est atteint linterface gaz-liquide et le terme de transport

    devient indpendant de la vitesse de raction. Ce dernier est limit par la vitesse de diffusion

    des ractifs linterface. Dans le cas dune raction instantane, les concentrations des

    ractifs liquides sont dtermines par lquilibre chimique et peuvent tre calcules par

    application de modles dquilibre dans la zone de transfert. On parle de rgime instantan.

    I-2.1.b Les thories du transfert de matire en rgime transitoire

    ".) Les quations

    Lquation du transfert de matire scrit partir de la relation de Nernst-Planck :

    ( ) ( )

    ( ) ( )( ) ( )!

    !

    !

    !

    !

    !"

    C x t

    tD

    C x t

    xz D

    F

    RT xC x t x t R x t i n

    i

    i

    i

    i i i i

    , ,, , , , . . .= + + =

    2

    2 1 (I.5)

    o :

    ( )

    ( )!

    "

    "=

    =

    =

    #

    #

    RT

    F

    z DC x t

    x

    z D C x t

    q q

    q

    q

    n

    q q qi

    n

    ,

    ,

    1

    2

    1

    (I.6)

    Ce terme correspond au couplage des diffusions des diffrentes espces ioniques : on

    prend en compte leffet dun gradient de potentiel lectrique sur la diffusion par la relation de

    Nernst-Einstein. Ri est le terme de production correspondant lespce i.

    Les conditions initiales et les conditions aux limites ncessaires la rsolution sont

    alors :

    Conditions aux limites :

  • 36

    Pour tout t, x

    Espces volatiles

    Espces non volatiles

    x C Cx

    i i zm

    =

    !

    "#

    $# =

    = % ==

    0

    00

    C =P

    H

    C

    x

    Toutes les espces

    i

    i

    i

    i&

    &

    ,

    (I.7)

    Ces conditions aux limites considrent que les concentrations en espces absorbes

    l'interface peuvent tre estimes par la loi de Henry. Cette hypothse qui consiste ngliger la

    rsistance au transfert dans la phase gaz peut tre facilement modifie si ncessaire. Toutes les

    espces autres que les espces transfres sont considres comme non volatiles.

    Conditions initiales :

    Pour tout x, t = 0 , on pose pour toutes les espces :

    C Ci i zm= , (I.8)

    #.) Le phnomne de renouvellement de surface :

    Le flux moyen dabsorption est obtenu par :

    ( )! " !=#

    $ t t dt( )0

    (I.9)

    Pour les thories de transfert de masse base sur les phnomnes de diffusion, cest la

    fraction de surface $ de temps de sjour t qui dtermine le comportement du transfert de

    masse. Supposons que lon connaisse la distribution des temps de sjour des lments de

    surface. Un lment de surface sera soit renouvel par le mcanisme de turbulence, soit

    restera linterface dans un intervalle de temps compris entre t et !t. On obtient le bilan

    suivant :

    ( ) ( ) ( ) ( )! ! !t t t S t t dt

    fraction de surface

    l ins t t

    fraction de surface

    l ins t t t

    fraction de surface

    renouvelle

    t

    t t

    = + +

    +

    +

    "#

    #

    #

    ' ' '

    ' tan ' tan

    (I.10)

    o S(t) est la fonction distribution des temps de sjour.

    La fraction de surface renouvele est implicitement dfinie par le produit S(t)$(t). En

    considrant quil existe une variable % comprise dans lintervalle de temps [t, t+!t], on peut

    crire :

    ( ) ( )! !!

    "

    t t td

    dtt+ = +# # (I.11)

    En regroupant les quations I.10 et I.11, on aboutit lexpression suivante :

  • 37

    ( ) ( )d

    dt tS t t dt

    t

    t t!

    !"

    = #

    +

    $1

    %

    %

    ' ' ' (I.12)

    Lorsque !t tend vers 0 et % tend vers t, on obtient

    ( ) ( )d

    dtS t t

    !!= (I.13)

    Lintgration de l'quation I.13 entre 0 et t donne :

    ( )! = "#

    $%

    &

    '()c exp S t dt

    t

    ' '0

    (I.14)

    c est une constante dintgration obtenue en considrant la condition ncessaire

    suivante : la somme des fractions de surface doit tre gale 1. Ainsi :

    ( )! t dt ="

    # 10

    (I.15)

    La rsolution de cette quation permet dobtenir la constante dintgration c :

    ( )

    c

    S t dt dt

    t=

    !"

    #$

    %

    &'((

    )

    1

    00

    exp ' '

    (I.16)

    Lavantage des quations I.14 et I.16 est que lon peut dterminer la fonction $ et le

    flux de transfert partir dune fonction de distribution du temps de sjour. Cette dernire peut

    tre dtermine partir des caractristiques techniques de lappareil utilis, ou partir dun

    modle mathmatique adapt (thorie du renouvellement de surface de Danckwerts, 1970).

    &.) La thorie de la pntration

    Dans le cas de la thorie de la pntration de Higbie (1935), on a par dfinition S = 0

    pour tout t ' [0,(] et S = ) pour tout t ' [(, )), on obtient alors :

    !

    ""

    ! "

    =

    1pour t

    pour t= 0 (I.17)

    Le flux moyen de transfert est alors calcul par :

    ( ) ( ) ( )! " !#

    !

    #

    = = $$%

    t t dt t dt1

    00

    (I.18)

  • 38

    o ( est la dure du temps de contact. Il est possible de calculer de faon prcise le

    temps de contact pour certains appareils. Quelques valeurs correspondant divers types

    dappareils sont regroupes dans le tableau I.2 :

    Appareil Jet

    laminaire

    Film tombant

    cylindrique

    Film

    tombant

    conique

    Film

    tombant

    sphrique

    Colonne

    disques ou

    sphres

    Racteur

    agit

    Tambour

    rotatif

    Temps de

    contact (s)

    10-3

    - 10-1

    10-1

    - 2 0,2 - 1 0,1 - 1 10-1

    - 2 0,06 - 10 2 10-4

    - 10-1

    Tableau I.2 : Temps de contact des principaux appareils de laboratoires

    Le domaine spatial considr avec cette thorie est [0, )), cest--dire quon considre

    que la profondeur de llment fluide est infinie par rapport la profondeur de la pntration

    durant le temps de contact. Ce domaine infini peut tre ramen un domaine fini en utilisant

    une transformation spatiale dpendant du temps.

    Lexpression du coefficient de rsistance au transfert phase liquide est obtenu partir

    dun bilan de masse dans le cas de labsorption physique du gaz. On dtermine la relation

    entre le flux dabsorption et la force motrice dfinie par (C*gaz,in- Cgaz,zm) :

    kD

    L

    o= 2

    1

    !" (I.19)

    *.) La thorie du renouvellement de surface

    Nous rappelons ici que la thorie du renouvellement de surface est une alternative plus

    raliste de la thorie de la pntration puisquelle considre une distribution des temps de

    sjour des lments liquides linterface gaz-liquide. La fonction S(t) est constante et gale

    s. $ devient :

    ( )! = s exp - s t (I.20)

    Le flux moyen de transfert est alors obtenu par :

    ( )! != "#

    $s e t dtst0

    (I.21)

    Le coefficient de transfert est obtenu dans le cas de la thorie du renouvellement de

    surface de la mme manire que pour la thorie de la pntration :

    k D sL

    o=

    1 (Danckwerts, 1970) (I.22)

    o s est la vitesse de renouvellement de surface.

    Dun point de vue numrique, lintgration ne se fait pas sur un domaine temporel

    infini. On dfinit donc un temps (. Il existe une relation entre le temps de contact ( de la

    thorie de la pntration et la constante de distribution s de la thorie du renouvellement de

    surface :

  • 39

    !"

    =4

    s (I.23)

    Lorsque cette relation est vrifie, on obtient le mme flux moyen en utilisant la

    thorie de la pntration de Higbie ou la thorie du renouvellement de surface. Ceci revient

    physiquement ngliger la fraction de surface dont le temps de contact est suprieur ('.

    +.) La thorie de la diffusivit turbulente

    Cest une thorie de transfert en rgime transitoire dont la particularit rside dans le

    terme ajout au coefficient de diffusion. La diffusivit totale peut tre exprime comme la

    somme de la diffusivit molculaire et de la diffusivit turbulente (King, 1966). Il a t

    montr que limportance de la diffusivit turbulente variait de faon parabolique avec

    lpaisseur du film dans un film tombant. Ce terme de diffusivit turbulente peut tre valu

    par :

    D ax bE

    m= + (I.24)

    x tant distance linterface. Prasher et Fricke (1974) considre lamortissement de la

    turbulence linterface et propose de prendre b gal 0. Glasscock (1990) a modifi alors

    lquation gnrale de transfert pour prendre en compte la diffusion turbulente :

    ( ) ( )( ) ( )( ) ( )

    !

    !

    !

    !

    !

    !

    !

    !"

    C x t

    t xD a x

    C x t

    xz D

    F

    RT xC x t x t R x t i n

    i

    i

    m i

    i i i i

    ,( )

    ,, , ,= +

    #

    $%

    &

    '( + + = , ...1

    (I.25)

    Pour rsoudre ce cas, il faut au moins connatre trois paramtres : les paramtres de

    diffusivit turbulente a et m et au moins un paramtre dcrivant la distribution du temps de

    sjour. Prasher et Fricke (1974) ont considr que lnergie de dissipation dans un film liquide

    ainsi que la viscosit ont une influence significative sur la diffusivit turbulente. Ces

    constatations suggrent lexpression suivante pour la diffusivit turbulente, en prenant m = 2 :

    ( )D a x Cons te f gE 2 y= = !2 tan , , , , ," # $ % & (I.26)

    o les variables ,, -, et . sont respectivement la tension superficielle, la densit et viscosit

    cinmatique du liquide, * l'paisseur du film, + l'nergie de dissipation par unit de masse

    liquide et g l'acclration de la pesanteur.

    Le paramtre a est dtermin pour lquipement exprimental utilis. Glasscock

    (1990) a utilis la suggestion de Prasher et Fricke (1974). Le coefficient de rsistance au

    transfert est alors :

    k a DL=2

    1! (I.27)

    I-2.1.c. Les thories de transfert en rgime permanent

  • 40

    ".) La thorie du film

    Dans la reprsentation de ce modle, on suppose que le processus dabsorption ou de

    dsorption avec ractions chimiques a lieu dans un film stagnant dpaisseur * prs de

    linterface gaz-liquide. La composition du restant du liquide est maintenue constante par

    lagitation turbulente du milieu. On considre donc quil ny a pas de convection et que le gaz

    dissout est transport par diffusion molculaire. Lquation de transfert en rgime permanent

    scrit gnralement :

    ( )

    ( ) ( )( ) ( )DC x t

    xz D

    F

    RT xC x t x t R x t i ni

    i

    i i i i

    !

    !

    !

    !"

    2

    2 1,

    , , ,+ + = = 0, ... (I.28)

    En gnral, on utilise toujours les mmes conditions initiales que celles prsentes

    pour les thories en rgime transitoire. Les conditions limites deviennent :

    x

    Espces volatiles

    Espces non volatiles

    x C Cx

    i i zm

    =

    !

    "#

    $# =

    = ==

    0

    00

    C =P

    H

    C

    x

    Toutes les espces

    i

    i

    i

    i%

    %& ,

    (I.29)

    Le coefficient de rsistance au transfert est obtenu partir de la relation tablie, par

    bilan de masse dans le cas de labsorption physique, entre le flux dabsorption et la force

    motrice :

    kD

    L=

    1

    ! (I.30)

    #.) La thorie du film approche

    Chang et Rochelle (1982) ont modifi la thorie du film pour se rapprocher de la

    thorie du renouvellement de surface en corrigeant le coefficient de diffusion de chaque

    espce par le coefficient de diffusion de lespce sur laquelle est bas le transfert de matire.

    Ainsi :

    D DD

    Di corr i

    i

    , =1

    (I.31)

  • 41

    I-2.1.d. Comparaisons des diffrentes thories

    Glasscock (1990) a prsent une comparaison des diffrentes thories de transfert

    aussi bien en rgime transitoire quen rgime permanent partir de rsultats obtenus par

    simulation numrique dans les deux cas suivants :

    - une raction rversible du type A B C D+ ! +

    - un mcanisme dintrt industriel compos de deux ractions rversibles et de deux

    quilibres chimiques considrs instantans devant les phnomnes de transfert puisquils

    nimpliquent quun transfert de proton :

    CO MDEA H O MDEAH HCO2 2 3+ + ! +

    + " (I.IV)

    HCO CO OH3 2

    ! !" + (I.V)

    CO H O HCO OH3

    2

    2 3

    ! ! !+ = + (I.VI)

    MDEA H O MDEAH OH+ = ++ !2

    (I.VII)

    Glasscock (1990) nglig le couplage des diffusivits des diffrentes espces par un

    gradient de potentiel en prenant le mme coefficient de diffusion pour toutes les espces sauf

    pour le gaz absorb dans le cas dune simple raction rversible.

    La principale diffrence entre les thories apparat alors pour de grands facteu