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Traitement des métastases cérébrales des CBNPC
The treatment of NSCLC brain metastasesE. Noël-Savina1, R. Descourt1, E. Le Fur2, G. Robinet1
1Unité d’oncologie thoracique, institut de cancérologie et d’hématologie, CHU de Brest, F-29200 Brest, France2Service de radiothérapie, institut de cancérologie et d’hématologie, CHU de Brest, F-29200 Brest, France
Reçu le 16 novembre 2011 ; accepté le 2 avril 2012
Abstract: Brain metastasis is a ve-
ry common complication of lung
cancer. Therapeutic methods in-
clude surgery, radiotherapy, and
systemic therapies including che-
motherapy and molecular thera-
pies. The main question is the
most relevant use of these thera-
pies, which is still not determined.
It depends on many factors such
as the control of the lung disease,
the patient’s general state, and the
number of metastases. As a result,
the decision needs a coordinated
and multidisciplinary team ap-
proach.
Keywords: Lung cancer – Brain
metastasis – Treatment – Surgery –
Radiosurgery – Radiotherapy –
Chemotherapy
Résumé : Les métastases cérébra-
les sont une complication fréquente
des cancers broncho-pulmonaires.
L’arsenal thérapeutique à disposi-
tion du clinicien comprend la chirur-
gie, la radiochirurgie, la radiothéra-
pie et les traitements systémiques
(la chimiothérapie et thérapeu-
tiques ciblées), mais les séquences
thérapeutiques restent à préciser.
Les indications thérapeutiques sont
très variables et dépendantes du
contrôle de la maladie thoracique,
de l’état général dupatient, dunom-
bre de métastases cérébrales et de
la symptomatologie. La décision
thérapeutique nécessite toujours
une discussion en réunion de
concertation pluridisciplinaire.
Mots clés : Cancer bronchopulmo-
naire – Métastases cérébrales –
Traitement – Chirurgie – Radiochi-
rurgie – Radiothérapie – Chimiothé-
rapie
Introduction
La découverte de métastases céré-
brales (MC) conduit dans 50 % des
cas au diagnostic de cancer bron-
chopulmonaire (CBP) primitif. Si un
quart de ces atteintes cérébrales
sont uniques au scanner réalisé
avec injection, l’IRM va rectifier le
diagnostic en dépistant d’autres
métastases dans 31 % des cas [21].
Près de 30 % des CBNPC (cancers
bronchiques non à petites cellules)
et principalement les adénocarci-
nomes, ont une atteinte métasta-
tique cérébrale au cours de leur évo-
lution clinique et près de 50 %
à l’autopsie. Il s’agit donc d’une
complication fréquente, mais égale-
ment grave : la médiane de survie
d’un patient atteint d’un CBP méta-
statique au cerveau est en l’absence
de traitement d’environ 1 mois. La
mise en place d’un traitement par
radiothérapie externe de type encé-
phale in toto ou irradiation pan-
cérébrale (IPC) et l’utilisation des
corticoïdes prolonge cette survie à
environ 4 mois. Différents moyens
de prise en charge sont à la disposi-
tion du clinicien qu’ils soient
loco-régionaux (de la chirurgie à
la radiothérapie sélective ou sur
l’encéphale en totalité) ou généraux
reposant alors sur la chimiothé-
rapie. Compte-tenu du pronostic
sombre lié à la découverte de MC,
la décision thérapeutique ne peut se
prendre qu’en considérant la mala-
die néoplasique et le malade dans
son ensemble au moyen de quel-
ques questions: parle-t-on de méta-
stases cérébrales uniques ou multi-
ples ? Sont-elles symptomatiques ?
Y a-t-il contrôle de la maladie extra-
cérébrale ? L’état général du patient
est-il compatible avec un traitement
chirurgical ou systémique ?
Pour s’aider dans la décision
thérapeutique, il existe également
différentes échelles pronostiques.
Celle duRTOG (RPA : Recursive Par-
tioning Analysis) est la plus utilisée.
Elle permet de classer les patients
porteurs de MC en 3 catégories
avec une survie médiane dépen-
dante de la classe, afin de décider
de la meilleure prise en charge
thérapeutique (Tableau 1) [7]. Les
patients classés dans les groupes à
meilleur pronostic sont potentielle-
ment susceptibles de recevoir des
traitements plus agressifs sur leurs
MC tels qu’une chirurgie ou une
radiochirurgie. Malheureusement
plus de 50 % des patients atteints
d’un CBNPC sont classés dans la
catégorie 3 de la RPA. Nieder et al.
ont évalué différents scores pronos-
tics dans une population non sélec-
tionnée de patients atteints d’un
CBNPC et ont conclu que le GPA
score (basé sur l’âge, leKPS, le nom-
bre de MC et la présence de méta-
stases extra cérébrales) serait le plus
adapté à cette population [15].
Moyens thérapeutiques
Traitements locorégionaux
L’exérèse chirurgicale [23] de MC
est une possibilité thérapeutique
rendue plus facilement envisa-
geable grâce à l’amélioration desCorrespondance : [email protected]
Miseaupoint
Update
■Oncologie (2012) 14: 305–309© Springer-Verlag France 2012DOI 10.1007/s10269-012-2157-6
305
techniques chirurgicales et de
neuro-anesthésie qui ont permis
une diminution de la morbi-
mortalité. La décision de métasta-
sectomie cérébrale dépend des
caractéristiques de la tumeur. Inter-
viennent ainsi dans la discussion le
nombre et de la localisation des
MC (≤ 3 en général, situé(es) en
zone non-fonctionnelle, sans risque
de paralysie séquellaire post-
opératoire). Il faut également tenir
compte de l’histologie du primitif,
du caractère contrôlé ou non de la
maladie extra-cérébrale (espérance
de vie > 3mois), et de l’intervalle de
temps entre la découverte de la MC
et celle du primitif. Le patient, lui,
doit être également en bon état
général (âge et KPS) sans comorbi-
dité cardio-vasculaire ou respira-
toire majeure contre-indiquant une
anesthésie générale. Cette chirurgie
a plusieurs avantages : lorsque le
patient présente une MC de primitif
inconnu, elle permet de confirmer
la nature cancéreuse et métasta-
tique de la lésion, elle élimine des
diagnostics différentiels tels qu’un
abcès, une tumeur primitive ou
une radionécrose secondaire à une
irradiation préalable et elle permet
un contrôle local de la maladie en
soulageant les symptômesd’hyper-
tension intracrânienne et en rédui-
sant les déficits neurologiques ou le
risque convulsif.
La radiochirurgie [14] est un trai-
tement local alternatif. Il s’agit d’une
procédurenon chirurgicale dehaute
précision qui permet d’irradier à
dose unique élevée des cibles intra-
cérébrales définies par une image-
rie. L’irradiation se fait soit par un
GammaKnifeutilisant 201 faisceaux
de rayons issus de multiples sour-
ces de Cobalt 60 radioactif haute-
ment focalisés sur la lésion, soit
par un accélérateur linéaire utilisant
des photons. Elle se déroule en une
seule séance sans anesthésie géné-
rale, et permet ainsi de traiter des
patients plus âgés et avec des co-
morbidités. De plus, elle permet de
traiter des lésions profondes non
accessibles à la résection. Par
contre, les lésions doivent être
préférentiellement ≤ à 3 avec une
taille ≤ 3 cm. De même, les lésions
nécessitant une confirmation histo-
logique ou compliquées d’un
œdème important se prêtent plus à
un traitement chirurgical (fosse
postérieure). La toxicité neurocogni-
tive de la radiochirurgie est faible si
la technique est utilisée seule. Des
cas de radionécrose sont décrits
dans 1 à 5 % des cas.
Une autre technique proche est
la radiothérapie hypofractionnée
en conditions stéréotaxiques [22].
L’irradiation sedéroule en3 à 5 frac-
tions sur 1 à 2 semaines de traite-
ment, avec 5 à 9 Gy par séance. Le
fractionnement et l’étalement opti-
maux ne sont pas connus. Lorsque
les volumes tumoraux ont un dia-
mètre supérieur à 20 mm, cette
technique apparaît préférable à la
radiochirurgie. Le taux de survie
médian à un an est égal à la radio-
chirurgie et est de 80 à 85 %.
Parmi les traitements locorégio-
naux, le plus fréquemment utilisé et
celui considéré dans la littérature
comme étant la référence est l’IPC.
Elle consiste en l’irradiation frac-
tionnée par deux faisceaux latéraux
opposés. Le traitement standard
délivreunedosede30Gyen10 frac-
tions. Le contrôle local à 6 mois
est de 50 % et approche les 0 % à
1 an [12]. Des effets secondaires
peuvent apparaître dans les pre-
mières semaines et sont alors
liés à un œdème réactionnel, res-
ponsable d’hypertension intracrâ-
nienne. Ces complications aiguës
régressent sous corticothérapie.
En subaigu, c’est-à-dire de 1 à 6
mois après la fin de la radiothéra-
pie, des symptômes liés à ladémyé-
linisation tels que des céphalées,
une somnolence et une fatigabilité
peuvent se présenter et régressent
en quelques mois. Au-delà de
6 mois, les principaux effets secon-
daires consistent en des troubles
neurocognitifs irréversibles, princi-
palement des troubles de la
mémoire conduisant dans 2 à 5 %
des cas vers une démence [10].
Traitement général
Le principal est la chimiothérapie
qui a un intérêt majeur : elle permet
le traitement simultané de la locali-
sation cérébrale et de la maladie
systémique. L’efficacité locale est
en théorie diminuée par la barrière
hémato-méningée limitant la péné-
tration des cytotoxiques dans le
parenchyme encéphalique, mais
plusieurs chimiothérapies ontmon-
tré une efficacité chez les patients
atteints d’un CBNPC compliqué de
MC, bien que cette population soit
souvent exclue des études : gemci-
tabine et carboplatine, cisplatine et
vinorelbine, pemetrexed et cispla-
tine. L’erlotinib et le gefitinib sem-
blent également induire des répon-
ses radiologiques. La plupart de ces
études conduites sont des études
de phase II mais qui suggèrent des
réponses cérébrales aux chimiothé-
rapies similaires à celles d’autres
sites métastatiques.
Tableau 1. Échelle pronostique du RTOG (RPA : Recursive Partioning Analysis) [2].?
Classe Classe 1 Classe 2 Classe 3Critères index de karnosky ≥ 70 % (KPS), âge ≤65 ans,
maladie primitive contrôlée et absencede métastase extra-crânienne
KPS ≥ 70 %, ± âge ≥ 65 ans, ± unemaladie primitive contrôlée, ± unemétastase extra-crânienne
KPS < 70 %
Médiane de survieMétastase cérébraleunique
13,5 mois 8,1 mois 2,3 mois
Métastasescérébrales multiples
6 mois 4,1 mois
Dossier
Them
atic
file
306
Le traitement symptomatique
des MC est valable pour tous les
patients dès lors qu’il présente des
symptômes tels que douleur,
convulsion, déficit neurologique,
signes d’hypertension intracrâ-
nienne. Ces traitements comportent
des antalgiques, corticoïdes, man-
nitol, nursing.
Les options thérapeutiques
en fonction des différentes
présentations cliniques
dans les CBNPC
En cas de MC multiples
Le traitement de référence est l’IPC
avec une prolongation de la
médiane de survie globale 4 à
6 mois [26]. La chirurgie ne peut
s’envisager dans ce contexte que
lorsqu’une lésion métastatique
cérébrale engage le pronostic vital
à court terme. La question essen-
tielle est la place du traitement sys-
témique (chimiothérapie ou théra-
pie ciblée) et son « articulation »
avec la radiothérapie.
Concernant l’IPC, le schéma de
traitement classiquement retenu
délivre unedosede30Gyen 10 frac-
tions. Il n’a pas actuellement été
démontré que l’addition d’un agent
radio-sensibilisant (notamment le
motexafine-gadolinium) [13] était
bénéfique sur la survie globale.
Chez le patient de plus de 65 ans, le
schémahabituelpourraitêtreallégé.
Rades et al. ont mis en évidence
dans une étude rétrospective, une
non-infériorité du schéma 20 Gy en
5 fractions par rapport au traitement
de référence de 30Gy : la survie glo-
bale à 6 mois était de 29 % (20 Gy)
contre 21 % (30 Gy) (p=0,020) et un
contrôle cérébral à 6 mois de 12 %
contre 10 % (p=0,32) [18].
Pour ce qui est des traitements
systémiques, malgré le dogme de
la barrière hémato-encéphalique
et de son « impénétrabilité », les
essais de chimiothérapie ont
prouvé son efficacité dans cette
indication deMCmultiples et l’exis-
tence même de cette barrière,
basée sur de faibles données scien-
tifiques, est remise en question. Les
associations cisplatine avec le pacli-
taxel, la vinorelbine, le gemcitabine,
l’ifosfamide ou encore l’étoposide
permettent de rapporter des taux
de réponses cérébrales (complètes
et partielles) de 30 à 45% [27]. Edel-
man et al ont revu de façon rétro-
spective les résultats d’un essai de
phase III randomisé comparant les
associations gemcitabine-carbopla-
tine, gemcitabine-paclitaxel ou
paclitaxel-carboplatine afin d’étu-
dier les réponses dans les sous
groupes de patients porteurs de
MC : aucune différence n’était mise
en évidence sur le taux de réponse
et la survie entre les patients méta-
statiques sur le plan cérébral et ceux
indemnes de MC [6]. Plus récem-
ment, Barlesi et al. ont mis en évi-
dence, dans une étude de phase II
(GFPC 07-01) chez des patients
atteints d’un CBNPC présentant
des MC asymptomatiques, une effi-
cacité de l’association cisplatine-
pemetrexed avec un bon contrôle
cérébral, une survie globale de
7,4mois et une survie sans progres-
sion de 4 mois associé à une bonne
tolérance du traitement [4]. Cette
étude devrait se prolonger par la
mise en place d’un essai de Phase
III randomisée multicentrique. Cet
essai comparera une radiothérapie
cérébrale suivie d’une chimiothé-
rapie (par sel de platine plus peme-
trexed en première ligne puis peme-
trexed en maintenance) à une
chimiothérapie seule (par sel de pla-
tine plus pemetrexed en première
ligne suivi de pemetrexed en main-
tenance) chez des patients ayant un
CBNPC non épidermoïde avec MC
asymptomatiques. L’objectif princi-
pal sera dedéterminer si la radiothé-
rapie cérébrale doit être effectuée
systématiquement chez tous les
patients ou uniquement chez ceux
présentant une progression céré-
brale clinique ou radiologique.
Cette question de l’articulation de
la chimiothérapie avec l’IPC a déjà
été envisagée dans un essai de
phase III de Robinet et al. (GFPC
95-1) [20] qui s’intéressait à des
patients atteints d’un CBNPC avec
desMC potentiellement symptoma-
tiques. Le doublet de traitement
retenuassociait cisplatineet vinorel-
bine. Deux bras de traitement
étaient comparés, soit une radiothé-
rapie cérébrale « précoce » avec chi-
miothérapie, soit une radiothérapie
cérébrale retardée décidée lors de la
progression sous chimiothérapie
seule. Aucune différence de survie
globale (objectif principal) n’était
mise en évidence entre ces deux
schémas de prise en charge. En
association à la chimiothérapie,
peut également être utilisé le beva-
cizumab, sans qu’il n’y ait à priori
de majoration du risque de saigne-
ment intracérébral, toxicité clas-
sique redoutée avec ces thérapies
antiangiogéniques [24]. Les résul-
tats de l’étude BRAIN [1] devraient
apporter plus de renseignements
sur leur efficacité en association
à la chimiothérapie (paclitaxel-
carboplatine) dans la prise en
charge des patients atteints de
CBNPC, non-épidermoïde et por-
teurs de MC là-aussi asymptoma-
tiques. Les inhibiteurs de tyrosine
kinase de l’EGFR semblent égale-
ment avoir un effet bénéfique sur
les atteintes cérébrales chez les
patients mutés [9].
Oligométastases
La prise en charge diffère et peut
être plus agressive lorsque les MC
sont uniques voire au nombre de
2 ou 3. La chirurgie et la radiochirur-
gie trouvent alors leurs indications.
La question, ici, est celle de la place
des traitements complémentaires
comme l’IPC ou la chimiothérapie.
De plus, la prise en charge diffère
selon le caractère synchrone ou
métachrone de ces métastases.
Ces situations cliniques sont source
de discussions en RCP (Réunion de
Concertation Pluridisciplinaire) et
plusieurs questions reviennent
souvent :
Quel traitement local privilégier ?
Il n’y a pas d’étude prospective ran-
domisée comparant spécifiquement
chirurgie d’oligométastase céré-
brale et radiochirurgie. Lorsque ces
deux dernières techniques sont sui-
vies d’une IPC, la radiochirurgie
semble être non inférieure à la chi-
rurgie, c’est ce que conclut Rades
dans une étude rétrospective de
2009 sur une population de patients
atteints deMC (54%deCBNPC) [19].
Miseaupoint
Update
307
Y a-t-il un bénéfice à réaliserun traitement local au lieu d’une IPC,traitement de référence des MC ?
Dans deux essais randomisés,
l’association chirurgie+ IPC apporte
un bénéfice en survie globale de
près de 4 mois comparé à la radio-
thérapie seule [17]. Quelques essais
randomisés comparent un traite-
ment par IPC seule à l’association
radiochirurgie + IPC. Ils mettent en
évidence un contrôle local significa-
tivement plus important chez les
patients traités par radiochirurgie
et une survie prolongée notamment
lorsque les patients ne présentent
qu’une métastase unique [2]. Lors-
qu’ils n’existent pas de contre-
indication, la chirurgie ou la radio-
chirurgie suivie d’une IPC semble
plus efficace qu’une IPC seule.
Y a-t-il un bénéfice à associerà un traitement local supposé optimalune IPC complémentaire ?
Dans un essai comparant le traite-
ment local (radiochirurgie ou chi-
rurgie seule) au traitement local
suivi d’une IPC, la radiothérapie
réduisait le taux de rechute local
mais n’influençait pas la survie glo-
bale [11]. Patchell et al. ont comparé
la chirurgie seule à l’association
chirurgie suivie d’une IPC dans un
essai randomisé de 1998. Ils ontmis
en évidence un taux de récidi-
ves cérébrales plus bas chez les
patients traités par radiothérapie
complémentaire (18 vs 70 %,
p<0,001). De plus, le taux de décès
secondaire à des causes neurolo-
giques était significativement
moins important chez les patients
ayant reçu une IPC postopératoire
(14 vs 44%, p=0,003). Mais il n’exis-
tait aucune différence sur la survie
globale entre les deux traitements
[16]. Dans une étude randomisée
comparant la radiochirurgie seule
à la radiochirurgie + IPC, il n’existait
pas de différence sur la médiane de
survie à un an entre les 2 bras, mais
le tauxde récidive était significative-
ment plus élevé dans le groupe
radiochirurgie seule et un traite-
ment de rattrapage s’avérait plus
souvent nécessaire. Il n’existait
notamment pas de différence entre
les bras sur le statut fonctionnel
neurologique et sur le taux de toxi-
cité des irradiations [3]. Mais la
place de l’IPC post traitement local
reste actuellement débattue.
Y a-t-il un risque neurologique toxiqueà proposer une IPC complémentaire ?
Chang et al ont évalué le risque
neurocognitif sur les fonctions
d’apprentissage et sur la mémoire
de l’associationradiochirurgiesuivie
d’une IPC à la radiochirurgie seule
par un essai randomisé : à 4 mois
les patients ayant reçu l’association
avaient un déclin des fonctions neu-
rocognitives significativement plus
important [5]. Ces résultats ont pu
être aggravés par le cut-off de
4mois. En effet, il existe une toxicité
subaiguë de l’IPC vers cette période
avec notamment une asthénie et
une fatigabilité qui pourrait limiter
la pertinence des résultats.
Quelle est la place de la chimiothérapiedans ces tableaux qui restentmétastatiques ?
L’intérêt d’une chimiothérapie
après prise en charge locale de
MC n’a non plus pas été spécifique-
ment étudié. Pourtant, la place de ce
traitement systémique semble pri-
mordiale dans ce contexte demala-
die métastatique. Le moment pour
mettre en œuvre cette chimiothé-
rapie n’est pas non plus défini.
Si l’on se réfère aux standards
de traitement, en cas d’oligométas-
tase synchrone d’une tumeur pul-
monaire résécable, le traitement
local chez les patients en bon état
général, sans autre site métasta-
tique, ni atteinte ganglionnaire
médiastinale est à privilégier soit
par chirurgie soit par radiochirur-
gie. Il n’y actuellement pas de
recommandation sur l’intérêt
d’une IPC « adjuvante » au traite-
ment local : bienque celle-ci réduise
le risque de récidive intracrânienne
et améliore la survie sans progres-
sion, elle ne modifie pas la survie
globale ni l’indépendance fonction-
nelle. Lorsque le traitement local est
réalisé seul, une surveillance radio-
logique rapprochée s’impose en
vue de réaliser un traitement de
rattrapage si besoin. De plus, la
prescription d’une chimiothérapie
semble indispensable, la maladie
étant déjà métastatique avec un
risque de rechute systémique
extra-cérébrale majeure sur lequel
la chimiothérapie est efficace. Mais
le moment optimal de la chimiothé-
rapie dans cette séquence théra-
peutique est encore incertain.
En cas d’oligométastase méta-
chrone (récidive cérébrale après
traitement d’un CBNPC supposé
contrôlé), le traitement local céré-
bral (chirurgie ou radiochirurgie)
est à privilégier en cas de menace
cérébrale. La maladie extrathora-
cique doit alors être contrôlée.
Dans cette indication la place de
l’IPC n’est pas définie. La chimiothé-
rapie est indiquée après traitement
de la lésion cérébrale en fonction de
l’état général et neurologique du
patient : si le patient n’a pas reçu
de chimiothérapie adjuvante préa-
lable : 4 cycles de chimiothérapie à
base de sels de platine sont indi-
qués, si le patient a reçuune chimio-
thérapie préalable dans les 6 mois
précédents, une chimiothérapie de
seconde ligne se discute et si le
patient a reçu une chimiothérapie
adjuvante il y a plus de 6 mois : la
reprise de la chimiothérapie de pre-
mière ligne se discute et fait l’objet
d’une décision de RCP.
En pratique la prise en charge
desMCmultiples consiste principa-
lement en une IPC et celle des oligo-
métastases en une radiochirurgie
ou une chirurgie suivie ou non
d’une radiothérapie adjuvante. La
chimiothérapie doit se discuter
dans toutes les situations : la mala-
die est de toute façon à un stade
métastatique. La décision thérapeu-
tique est basée sur l’état général du
patient, le caractère actif ou stable
de la maladie primitive, l’existence
de métastases extra-crâniennes et
le nombre et la localisation des MC.
Et la prévention ?
L’intérêt d’une irradiation cérébrale
prophylactique est de réduire l’inci-
dence des MC et d’augmenter la
survie globale chez les patients
ayant une réponse favorable au trai-
tement initial systémique ou local.
Dans une étude de phase III, Gore
Dossier
Them
atic
file
308
et al. comparaient l’irradiation céré-
brale prophylactique à l’observa-
tion chez des patients atteints d’un
CBNPC de stade 3 sans progression
après une chirurgie et/ou une radio-
thérapie (± chimiothérapie) en 1ère
ligne. L’étude ne mettait pas en évi-
dence de différence à un an sur la
survie sans progression ni sur la
survie globale, mais le risque de
MC était 2,52 fois plus important
en l’absence d’irradiation [8]. Il exis-
tait par ailleurs un impact sur les
fonctions neurocognitives non
négligeable notamment sur les
troubles de la mémoire [25]. L’IPC
en prévention dans le CBNPC n’est
actuellement pas recommandée
comme traitement standard.
Conclusion
La place de la chimiothérapie et de
la radiothérapie dans la séquence
thérapeutique reste encore à préci-
ser et certaines études en cours,
permettront de répondre à ces
questions.
L’émergence de nouvelles théra-
pies potentiellement plus efficaces
et plus ciblées sur des populations
sélectionnées pourraient faire per-
dre sa place de thérapie de première
intention à la radiothérapie chez ces
patients n’ayant que très rarement
les critères pour des thérapies loca-
les telles que la chirurgie et la radio-
chirurgie. Dans toutes les situations
la prise en charge doit être décidée
dans le cadre d’une RCP.
Conflit d’intérêt : les auteurs
déclarent ne pas avoir de conflit
d’intérêt.
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