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TROUVER SON GÉNIE  V ALORISER SES T ALENTS CONSTRUIRE SON PROJET DE VIE

Trouver Son Genie - Valoriser Ses Talents - Construire Son Projet de Vie

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  • TROUVER SON GNIEVALORISER SES TALENTS

    CONSTRUIRE SON PROJET DE VIE

  • Du mme auteur :

    Vpres Laques, ditions Baudouin, 1980 (puis).

    Paris la nuit, ditions Balland, 1982 (puis).

    Les Horizons du futur, ditions Guy Trdaniel, 2000.

    Le Management du Troisime Millnaire, Guy Trdaniel 1990, 1999, 2005.

    Les Leaders du Troisime Millnaire, ditions de l'Organisation, 2005.

    Pour contacter l'auteur :

    Email : [email protected] Web : www.mscetassocies.com

    Guy Trdaniel diteur, 2005

    Tous droits de reproduction, traduction ou adaptationrservs pour tous pays

    ISBN : 2-84445-585-9

  • MICHEL SALOFF COSTEAVEC LA PARTICIPATION DE

    CARINE DARTIGUEPEYROU ET GUY LAURENCE

    TROUVER SON GNIEVALORISER SES TALENTS

    CONSTRUIRE SON PROJET DE VIE

    GUY TRDANIEL DITEUR19, rue Saint-Sverin

    75005 Paris

  • Je ddie ce livre tous ceux qui ont le couragede dcouvrir et de librer leur gnie.

    Merci de nous apporter le meilleur d'eux-mmes : ce en quoi ils sont uniques.

  • PRFACEpar

    Carine Dartiguepeyrou*

    Je me suis associe aux travaux de recherche de Michel Saloff-Coste depuis plusieurs annes, en collaborant aux sminaires deDveloppement du Potentiel de l'Individu (DPI) et en co-animantdes sminaires de Dveloppement du Potentiel de l'Entreprise(DPE). J'ai t marque par l'impact de ces sminaires sur lesparticipants. Les processus qu'il utilise vont bien au-del de leffetde dynamisation immdiate : ces processus ont une action la foissur le fond et dans le temps. J'ai t tonne de l'approcheouverte et libre qu'il utilise.

    Michel anime des sminaires collectifs (petits groupes de 10-15personnes) et des coachings (individuels) de dirigeants depuis plusd'une quinzaine d'annes. Michel allie la fois une trs bonneconnaissance des organisations et du monde de l'entreprise, unlong et riche travail sur la psychologie des comportements et leursmoteurs ainsi qu'une rflexion approfondie et constammentrenouvele sur la philosophie et les grands enjeux prospectifs.

    Je l'ai convaincu d'crire Trouver son gnie et je l'ai aid enralisant les peintures et les posies qui illustrent ce livre. Nousavons voulu replacer l'individu dans son "tout" et le solliciter dansses multiples dimensions, rationnel, affectifs et spirituels.

    L'ensemble du travail de Michel Saloff-Coste s'articule autour de lanotion d'altrit. Ce qu'il l'intresse dans l'autre, cest ce qu'il a dediffrent, de singulier. C'est cette diffrence que Michel met en

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  • scne lorsqu'il aide les individus ou les quipes de direction dansleur dveloppement.

    Vous ne trouverez pas dans ce livre de quoi vous rattacher au"mme"! Trouver son gnie, c'est dj accepter que les hommessoient la fois gaux et diffrents. Nous sommes singuliers parnos gnes, nos cultures, nos histoires, nos vies; mme si nousparticipons tous cette formidable aventure qu'est la Terre. Celivre intressera les personnes qui ne rfusent pas leur singularitmais cherchent la comprendre et surtout la faire vivre. Quelleest ma singularit ? Comment faire pour rvler ma singularit ?Comment parvenir exprimer sa singularit auprs des autres ?Comment parvenir aider les autres grce sa singularit ?

    L'altrit passe par une prise de conscience individuelle, par unecomprhension de nos valeurs qui portent nos idaux et nosactions. Elle implique galement une ouverture l'autre, unecapacit d'coute et de tolrance. L'altrit, c'est "savoir-faire" et"savoir-tre" avec l'autre et cela implique un grand sens de laresponsabilit et de la sincrit. Comme l'explique Michel depuisune vingtaine d'annes, les changements que nous vivons, qu'ilssoient technologiques, conomiques ou sociologiques sont d'unetelle envergure, que nous ne parvenons pas les intgrer lavitesse o ils mergent. La question du sens continue de se poser ceci prs que l're informationnelle bien plus que l'reindustrielle, nous projette de faon plus globale et simultane dansl'inconnu. L'homme est de ce fait "ramen" aux questionsessentielles du Vrai, du Beau et du Bon.

    A l're de l'information, se posent ainsi deux questions fondamen-tales : celle de la cration et celle de la communication. LaCration car il ne s'agit pas uniquement de s'informer mais decrer de la connaissance. La Communication car il s'agit bien srde transfrer sa connaissance et non pas seulement de recevoir unflot toujours plus important d'informations ou de dsinformationssans les comprendre. Au-del des diffrentes cultures, au-del desdiffrents systmes de croyance, l'homme doit donc tre capablede composer une harmonie, un vritable change, une vritablecommunication. Cette communication ne peut pas s'difier surune fausse unit, sur une unit impose, sectaire ou imprialiste.Elle doit se construire travers une communication, un change,

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  • une union dans le respect de la diffrence de chacun et de sonhritage culturel.

    Ce livre est destin un public large qui comprend la fois : lesjeunes en bauche de leur projet professionnel, les hautspotentiels qui aspirent prendre de l'ampleur dans leur vie, lespersonnes plus exprimentes qui cherchent faire voluer leurprojet qu'elles soient actives ou non, enfin les experts dans ledomaine du dveloppement personnel ou les consultants quisouhaitent s'enrichir d'autres approches.

    Une des particularits de l'approche dveloppe dans Trouverson gnie est que celle-ci mle projet personnel et projet profes-sionnel. Le projet de vie est prsent sous toutes ses formes :l'approche vise aider l'individu redonner un sens harmonieux son projet, dpasser les contradictions entre ses aspirationspersonnelles et professionnelles. C'est un acclrateur depotentiels! Ce livre positionne l'approche de Michel Saloff-Costeparmi les diffrents courants psychologiques et les autresapproche du dveloppement personnel. Nous avons le souhait derendre ce livre accessible tous en proposant un grand nombred'exercices qui le rendent interactif. Des illustrations et despomes favorisent l'expression artistique de la qute du sens.

    Je vous souhaite une "bonne" lecture qui vous incitera prendrele temps de vous rencontrer et de progresser sur le chemin de vostalents, de votre singularit et de trouver votre gnie !

    * Carine Dartiguepeyrou

    Carine Dartiguepeyrou a fait ses tudes la Sorbonne et l'Institut d'Etudes Politiquesde Paris (doctorat de science politique) et la London School of Economics (Masterd'conomie politique internationale). Elle a vcu l'tranger pendant une dizained'annes (Londres, Varsovie, Moscou) et a voyag intensivement dans toute l'Europe eten Amrique du Nord. Elle est l'auteur d'un guide d'investissement Investir en Pologne(1991) et co-auteur avec Michel Saloff-Coste du livre Les horizons du futur (2000).Depuis 1991, elle mne une carrire de conseil en stratgie qui l'a conduite travaillersuccessivement dans les institutions suivantes : Bain & Company (Varsovie, Moscou),Central Europe Trust Co. Ltd (Londres) et MSC ET ASSOCIES (Paris). Elle travailleauprs de grands groupes internationaux, de think tanks, d'institutions internationales,de gouvernements et de fonds de capital risque. Elle s'est spcialise dans les stratgieset politiques de dveloppement l'chelle internationale. Elle est actuellement consul-tante, associe de MSC ET ASSOCIES et administrateur de la socit de capital risqueNew Cap Invest.

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  • INTRODUCTION

    " Les formes de toutes les choses sont drives de leurs gnies "

    WILLIAMS BLAKE

    Comment rvler ses talents en accord avec soi-mme mais aussiavec son contexte ?

    Derrire cette question, il y a tout l'enjeu d'une vie russie.

    Pourquoi est-il si important de "trouver son gnie" ? Commentconstruire un projet de vie dans un monde qui change trs vite etqui nous lance de nouveaux dfis ?

    Comment ai-je t amen crire ce livre et quels en sont lesmatriaux et l'histoire ?

    Dans cette introduction, j'explique le pourquoi et le comment dece livre.

    Enfin j'introduis les grands axes, les chapitres et parties quistructurent ce livre.

    Les changements de civilisation en cours

    Le monde est en train de changer trs vite.

    Au cours de l'volution humaine, notre relation nous-mme abeaucoup chang.

    Pendant des millions d'annes, nous avons survcu grce lachasse et la cueillette.

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  • Nos choix taient guids par la ncessit.

    Ensuite l'poque agraire, pendant des milliers d'annes, a permisla formation d'une vaste stratification sociale o notre positiondpendait dans une grande mesure de notre naissance.

    Depuis quelques sicles, la socit en s'industrialisant a dveloppune mobilit sociale plus grande : la formation une spcialit at le vecteur d'insertion essentiel.

    Aujourd'hui les mtiers de demain sont inconnus. S'enfermer dansune spcialisation est parfois un leurre car le temps d'acqurircette spcialisation est suffisant pour la rendre obsolte.

    Dans ce nouveau contexte, la mobilit dans la connaissance estplus importante que le stock de connaissance acquis, ladynamique de vie est plus importante que les positions ou lesspcialisations qui nous sont reconnues.

    Dans une grande mesure, notre destin dpend de notre capacit construire un projet de vie qui ait du sens pour nous.

    Notre dynamique de vie peut tre forte si nous savons clarifier nosvaleurs, ce qui compte rellement pour nous, ce qui nouspassionne et crer un enthousiasme sans cesse renouvel.

    Nous pouvons sortir des sentiers battus, notre valeur ajoute estplus importante si nous savons nous distinguer des autres,apporter notre touche unique et singulire.

    Dans ce nouveau contexte, notre dveloppement personnel estun enjeu majeur pour russir notre vie. Le fil directeur de notredveloppement personnel est ce qu'il y a d'unique en nous.

    Ce quil y a dunique en nous cest notre gnie, notre singularit.

    Pourquoi trouver son gnie ?

    Trouver son gnie est ncessaire aujourdhui pour sinsrersocialement de manire panouissante et harmonieuse.

    Si vous ne savez pas quel est votre gnie, votre valeur ajoute seraalatoire. Vous aurez tendance tre relgu des taches rpti-tives de mise uvre des inventions issues du gnie des autres. Ne

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  • sachant pas qui vous tes, vous serez instrument au profit deprojets qui vous chappent.

    Loin de vous-mme, vous serez dmotiv par votre propre vie.Vos talents inexploits resteront endormis. Vous aurez du mal raliser des tches qui vous sont imposes artificiellement endcalage avec votre cur et vos vritables talents. Vos sentimentsdincomptence, dchec, dinjustice et votre stress vont sedvelopper. Votre estime de vous-mme seffondrera et vousaurez tendance tre entran dans une logique purementmercenaire de survie et de conformisme social.

    Chacun d'entre nous a des points faibles, des zones de mdiocritmais aussi des espaces de facilit, de talents, de dons.

    Pourtant, souvent, concentrs amliorer nos points faibles, nousoublions de valoriser ces forces parce qu'elles sont tellementvidentes que nous les occultons.

    Nous passons des dizaines dannes apprendre des chosestrangres nous-mme et jamais un jour pour nous dcouvrir !

    Qui sommes-nous ? En quoi sommes-nous unique ?O est notre cur ?Que faisons-nous avec aisance et passion ?

    Trouver son gnie est la clef dune vie russie. En accord avec vous-mme vous trouverez ce qui vous convient lemieux, ce qui vous rend heureux, ce qui est facile et vous mneau succs.Trouver son gnie cest trouver le sens de sa vie car ce quil y adunique en nous cest aussi ce quil y a de plus prcieux aumonde, ce quaucun autre tre ne peut apporter !

    Nous avons tous un gnie, parfois cest la partie de nous-mme laplus rejete et martyrise. Jean Cocteau, un des grands gniesartistiques franais crit avec humour et paradoxe :

    " Ce que tout le monde vous reproche, gardez le prcieusement,c'est l qu'est votre gnie".

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  • Nous avons peur de notre gnie car il nous renvoie notresolitude fondamentale et ontologique. Du point de vue de notregnie, il n'est plus possible de nous fondre dans le troupeau duconformisme mimtique, de nous comparer, de nous classer etd'tre plus ou moins bon.

    Du point de vue du gnie nous sommes uniques, incomparableset notre chemin est nul autre pareil.

    Les recettes toutes prtes sont des leurres.

    Trouver son gnie est la chose la plus urgente et la plusimportante que nous ayons entreprendre. Tout le temps quenous passons loin de notre gnie est du temps perdu o nousnous garons dans de fausses motivations et des frustrations sansfin.

    Notre gnie nous accompagne tout au long de notre vie et mmequand nous le nions, il est l.

    Mais nous sommes souvent aveugles ce qui est intime, trouverson gnie demande du temps et de l'attention.

    Cela implique d'apprendre s'aimer et se reconnatre.

    Vous tes la personne la plus importante de l'humanit pourvous : la seule que vous ne quitterez pas un instant de toute votrevie.

    Pourtant combien de temps avez-vous pass bien vousconnatre ?

    Combien de temps avez-vous pass construire avec amour la vieunique et tonnante qui vous convient vous et vous seul ?

    A mesure que nous voluons vers ce que l'on appelle la "Socitde l'Information" c'est--dire une civilisation o la Cration et laCommunication tiennent un rle de plus en plus important,chacun est interpell dans sa capacit participer de manirecrative, authentique, diffrencie et unique.

    Identifier son gnie et construire sa vie autour, ce n'est pas simple-ment une des meilleures manires pour s'panouir et sortir de lafrustration c'est aussi trouver ce qui vous rend incomparable,

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  • unique. C'est identifier votre avantage concurrentiel, ce qui vouspermet de crer de la valeur plus facilement que tous les autres.

    Pourquoi faut-il avoir un projet de vie ?

    En tudiant les personnalits aux russites d'envergure, je me suisaperu qu'un trait qui leur tait commun tait la capacit penser letemps et l'espace de manire largie : voir loin et anticiper le futur.

    Nous pouvons rarement changer notre vie en un instant, maisinversement peu de chose est impossible une volont quis'affirme d'annes en annes.

    Une petite inflexion soutenue dans le temps ouvre des abmes depossibilits nouvelles.

    Lorsque vous avez trouv votre gnie, vous pouvez construire unprojet de vie qui ait du sens pour vous et dont la dynamique n'estpas susceptible de retomber.

    De la mme manire que votre gnie est unique, votre vie est construire spcialement pour vous.

    Ce qui convient un autre n'est pas votre solution : vos relations,vos loisirs, votre travail, votre famille, votre lieu de vie, sont inventer sans conformisme.

    Qu'est ce quune vie russie?

    "Une vie russie, c'est un rve d'adolescent ralis" : nous pouvonsretrouver la navet de l'enfance et apprendre rver notre vieavec crativit pour en faire une uvre d'art.

    mesure que nous articulons notre rationalit mais aussi notrecur et notre intuition, la vie devient le miracle de la ralisationde notre gnie qui rayonne et se consume dans la joie.

    Une vie russie, c'est une vie dans laquelle on a pu dployer toutson potentiel.

    Russir c'est combler nos aspirations spirituelles, affectives etphysiques.

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  • Cela est gratifiant de sentir que l'on s'est donn le maximum dechance pour aller dans ce sens, mme si les alas de la vie fontque cela semble difficile raliser.

    Finalement on dcouvre que les alas peuvent tre des tremplinset sont autant d'occasions d'apprendre travers des expriencesirremplaables.

    Sommes-nous dans une ralit qui sonne juste, qui rsonne auplus profond de nous-mmes avec harmonie ?

    Une vie russie c'est une cohrence profonde entre notre inspira-tion, notre cur et notre corps.

    Comment ce livre a t crit ?

    Je crois que chaque personne est unique et qu'il est important, au-del des coles de pense, de crer un espace o chacun puissese retrouver dans sa singularit et apprendre se construire dansl'autonomie partir de cette singularit.

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  • J'ai commenc explorer le thme de la recherche de soi dansmon livre prcdant "Le Management du troisime millnaire"1 oje dfinis un processus de "Dveloppement du PotentielIndividuel" : le "DPI". C'est partir de cette recherche que j'aiconstruit un sminaire de trois jours. Depuis maintenant vingt ansj'anime avec bonheur ce sminaire qui connat un grand succs.Ce livre est singulier en ce qu'il est l'explication dtaille duprocessus que je mets uvre dans ce sminaire. Avec le temps,cette approche s'est rvle avoir apport beaucoup ceux quil'ont pratique : souvent ils me disent que, rtrospectivement, ilsconsidrent ce sminaire comme un des moments cls de leur vie.

    Je crois que cette russite vient de la simplicit mme del'approche qui est au service de la singularit de chacun et del'intgrit individuelle.

    A force d'approfondir un sujet on arrive une grande simplicitmais aussi plus d'efficacit et d'lgance. C'est ce qui sembles'tre pass dans mon travail. Je suis convaincu que ce sminaireest une base vitale pour les volutions venir de l'humanit et qu'ilsera bientt une des lments classiques d'un cursus de formationpermanente.

    Depuis une dizaine d'annes, j'ai dvelopp une activit decoaching pour rpondre la demande de cadres dirigeants qui mesollicitent pour les accompagner dans leur carrire, souventmouvemente et complexe conduire. Cela a t aussi unesource importante de comprhension de l'volution du contextepsychologique et sociologique actuel.

    Avec l'quipe professionnelle de la socit de conseil que j'animenous effectuons rgulirement des recherches prospectives pourles entreprises et des plans de dveloppements stratgiques, celanous a amen approfondir les grands enjeux transversaux desentreprises et la dynamique positive entre le projet individuel et leprojet collectif.

    Ce livre bnficie de mon volution personnelle. J'ai t amen dcouvrir et approfondir des problmatiques, des courants depenses et des paradigmes trs divers dans les champs de laphilosophie, de la sociologie, de la psychologie et de l'conomie.Par ailleurs pendant la prparation de ce livre, j'ai recherch les

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  • livres en Franais et en Anglais se rapprochant de prt ou de loin notre thme de rflexion.

    Il existe particulirement en Anglais de nombreux livres sur le"Self Assessment" ou le "Dveloppement de Soi".

    J'ai rassembl cette recherche documentaire dans la bibliographiedisponible la fin du livre.

    Dans ce livre, je n'ai pas essay de rsumer de manire exhaus-tive l'ensemble des recherches existantes sur le dveloppement dela personne.

    J'ai choisi de faire un livre simple, concis qui exprime l'essentiel detrente ans d'une exprience qui est la mienne avec sa singularit,son style et ses limites.

    Ce livre est une synthse de mes rflexions sur le dveloppementpersonnel, mais il est aussi et surtout un outil pratique pour vousaider travailler sur vous-mme travers ce qui m'est apparu leplus efficace et respectueux de la singularit de chacun.

    Les grands axes du livre

    D'une manire gnrale, je suis parti des aspects les plusthoriques pour aller vers la pratique mesure que l'on avancedans le livre.

    J'explique, dans le premier chapitre, "Le contexte du dveloppe-ment personnel", pourquoi le dveloppement personnel a pristant d'importance aujourd'hui ? J'explore les erreurs viter et lesbnfices en attendre.

    Dans le deuxime chapitre, "Se rapprocher de son gnie", jecommence creuser le concept de "Gnie".

    Comment rassembler les conditions pour librer son gnie ?

    J'explique l'importance d'un nouveau rapport au temps et jedistingue les diffrences que l'on peut faire entre ce que j'appelle"l'ego, la personnalit et le gnie".

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  • Nous dcouvrons dans ce chapitre la manire dont la rationalit,l'affectivit, et l'inspiration s'intgrent pour donner toute sonampleur la singularit de chacun.

    Dans le troisime chapitre, "Trouver son gnie" nous rentrons aucur du sujet et je donne les lments essentiels pour atteindre letrsor qui est cach au fond de nous : notre gnie !

    Dans le quatrime chapitre, j'explique comment dployer songnie travers un projet de vie qui permette de mettre pleinementen valeur son gnie.

    Dans le cinquime chapitre, il s'agit de faire vivre son gnie court, moyen et long terme.

    Le sixime chapitre traite de la rencontre du gnie de l'autre et duprincipe d'altrit.

    Dans le septime chapitre, nous apprenons vivre les priodes detransition et dans le huitime chapitre conjuguer vie profession-nelle et vie prive.

    Dans le neuvime chapitre, nous parlons de la ractualisation denotre gnie aux diffrentes tapes de la vie.

    Dans le dixime chapitre, nous fournissons des outils de crativitpour explorer son gnie.

    Dans le onzime chapitre, nous parlons finalement du dsir et durenoncement comme antagonisme dans la ralisation de soi.

    Le douzime chapitre donne des pistes pour complter larflexion dans le champ du dveloppement personnel.

    Le livre est complt par un carnet de voyage. Ce documentralis par Guy Laurence raconte un sminaire que j'ai animdans le dsert marocain.

    De plus pour vous faciliter la recherche de votre gnie j'ai laboren fin d'ouvrage un cahier de travaux pratiques.

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  • Premier chapitre :

    COMPRENDRE LE CONTEXTE DUDVELOPPEMENT PERSONNEL

    "Dans les temps faciles, les esprits organiss mcaniquement, suffisent.

    En temps de crise, il faut du sentiment en plus du gnie."CHARLES DE GAULLE

    Le fil de l'Epe Edition Berger-Levrault Page 38

    Le contexte du dveloppement personnel

    mesure que le travail de l'homme s'loigne des activits agraireset industrielles, pour devenir de plus en plus li la crativit etaux qualits de communication de chacun, il se dveloppe unintrt croissant pour le dveloppement personnel.

    Nous sommes chacun de plus en plus confronts nous-mmesdans le contexte de notre travail.

    Animer une quipe, crer un nouveau concept pour l'entreprise,rdiger un texte sont chaque fois des occasions de s'panouirpersonnellement mais aussi des confrontations avec nos limites.

    D'une manire gnrale, notre travail fait et fera de plus en plusappel notre crativit. C'est pourquoi, il est normal que laquestion du dveloppement personnel soit toujours plus d'actua-lit.

    Le concept de dveloppement personnel est apparu dans lesannes soixante mesure que la psychologie s'est dgage del'analyse des pathologies pour se mettre aussi au service de

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  • l'expression du potentiel de chacun. Un livre pionnier et une desmeilleurs rfrence dans ce domaine, est le livre de Carl Rogers,"Le dveloppement de la personne"2. Mais il faut aussi rendrehommage au travail de fondation pralable effectu tout particu-lirement par Carl Jung et bien videmment Sigmund Freud.

    Par ailleurs, plus rcemment et dans un contexte plus journalis-tique de vulgarisation, le livre du journaliste Gilles Prod'hommes"Le dveloppement personnel, c'est quoi ?"3 fait un bon tourd'horizon de la problmatique du dveloppement personnelaujourd'hui et des diffrentes approches qui se sont multiplies.

    Les outils de dveloppement personnel sont nombreux : parexemple, l'analyse transactionnelle ou la programmation neurolin-guistique sont parmi les plus connus.

    Beaucoup d'approches ont l'avantage de faire rfrence desthories et des grilles de lecture qui peuvent clairer une probl-matique individuelle et lui permettre d'voluer.

    Leur inconvnient est que ces outils sont plus centrs sur la miseen uvre universelle d'un certain nombre de concepts, que sur lasingularit de chacun d'entre nous.

    Cela n'enlve rien la qualit et l'intrt de ces outils, mais c'estjustement la grande valeur de ces outils qui est susceptible unmoment donn de finalement masquer l'enjeu de chacun dans soncaractre unique.

    Ce livre se situe volontairement dans une position qui est celle dese centrer sur la valorisation de l'volution de la personne dans sasingularit.

    Dans ce sens, je me sens proche et fidle de Carl Rogers qui estfondateur de l'approche "centre sur la personne".

    En sociologie comme en psychologie, il est possible de faire unecarte des diffrents courants de pense en croisant deux axes.

    Un axe nord-sud qui oppose les visions volutionnistes et immobi-listes ; un axe est-ouest qui oppose des visions objectivistes etsubjectivistes. Pour ma part ma dmarche se situe aux confins del'axe nord-ouest. Mon approche est profondment volutionnisteet subjectiviste : ce qui m'intresse est la capacit de chacun

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  • voluer au-del du champ du connu travers ses qualits de sujetlibre et autonome. Je m'oppose aux visions immobilistes etobjectivistes qui considrent l'homme comme le produitmcanique de lois psychologiques et sociales intemporelles.

    Articulation du monde extrieur et du mondeintrieur

    Un des enjeux majeurs du dveloppement personnel est l'articula-tion du monde extrieur et du monde intrieur.

    Trs souvent nous sous-estimons l'un et l'autre.

    Nous connaissons mal notre monde intrieur : en quoi sommes-nous singuliers ? Quels sont nos qualits et nos dfauts?

    Mais cela est vrai aussi du monde extrieur.

    Bien souvent nous avons une vision conformiste et trique de laralit.

    La ralit est de fait extraordinairement riche, diversifie et nousvivons chacun enferm dans une petite bulle fabrique avec leslments de la ralit que nous avons bien voulu accepter.

    En fait, chaque fois que nous enrichissons notre mondeintrieur, nous ouvrons des nouvelles possibilits dans le mondeextrieur. C'est pourquoi le dveloppement personnel est sigratifiant pour tous ceux qui se mettent en marche dans ce sens.

    Les bnfices du dveloppement personnel

    Cela est parfois bien difficile de se mettre en marche mais le grandbnfice du dveloppement personnel, c'est justement d'tre untre humain en marche.

    Un des lments les plus dprimants dans la vie est de ne pasavoir de sens.

    Construire son sens est un lment essentiel de la vie.

    "Il n'existe pas de bons vents pour celui qui ne sait pas o il va".

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  • Celui qui a un projet peut mme utiliser des vents contraires pouraller dans la direction qu'il souhaite. Petit petit, en posant lespierres de son dveloppement personnel, on construit autour desoi un monde qui nous convient vraiment et dans lequel on peuts'panouir.

    Les erreurs viter

    L'erreur viter est de vouloir figer une fois pour toute sa vrit.

    Le dveloppement personnel est un processus constructiviste.

    Il est important de rgulirement se remettre en cause mais ausside remettre en cause le processus mme que l'on utilise dans cetteremise en cause.

    Le dveloppement personnel, la libration de soi, est le contrairedu sectarisme, pourtant il arrive que le processus du dveloppe-ment personnel devienne le prtexte un enfermement sectaire.

    On peut aussi s'enfermer l'intrieur de soi.

    Certaines personnalits trs riches en arrivent faire de leur gnieleur propre prison et cela d'autant plus qu'elles ont russi.

    Il faut faire preuve d'ouverture, s'intresser aux diffrentesapproches, aux diffrents outils mais ne s'enfermer dans aucuns.

    Prendre du temps avec soi pour oser l'intimit avec soi-mmemais aussi prendre du temps avec l'autre et oser l'intimit avecl'autre.

    Il faut savoir garder l'quilibre et la mesure pour ne pas tomberdans des travers ns de l'excs.

    Robert Musil dans "L'homme sans qualit" fait remarquer que leterme de gnie est porteur d'un double sens. Il existe le "gnie" del'ingnieur qui vient du bas latin "genium" qui a donn le franaisengin, en italien ingegno, en anglais engine et par extension le"Gnie Militaire", dont le sens premier est habilet et capacit. Etil y a un autre "gnie" que l'on retrouve dans toutes les langues etqui, lui, vient de "genius" qui dsigne "ce que l'on peut vnrer deplus noble dans l'esprit humain", la partie transcendante del'homme dans laquelle il puise sa crativit.

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  • La confusion de ces deux manires dutiliser le terme de gnieamne une fcheuse drive et l'on appelle gnial ce qui n'est quevirtuosit, d'o "des footballeurs gniaux et pourquoi pas deschevaux de courses". Les deux significations se sont embrouillesdans toutes les langues, mais peut-tre plus particulirement enallemand o la confusion entre gnie et ingniosit est trscaractristique4.

    Dcouvrir son gnie "genius" est la chose la plus simple dumonde, encore faut-il se l'autoriser et accepter de se vivre commediffrent de son entourage.

    Or, comme l'a montr Ren Girard, nous sommes conditionnspar notre dsir orgueilleux d'tre les meilleurs. "Je suis le meilleur"suppose que "je" sois comparable, c'est--dire comme les autres etpar consquent loin de moi-mme en tant qu'tre unique etdiffrent. Cet loignement de moi ne fait qu'augmenter monbesoin de ressembler et de me comparer : c'est un cercle vicieuxqui se renforce vertigineusement.

    Ainsi, dans sa volont de bien faire, l'individu s'loigne toujoursplus de son gnie et ce qu'il ne se permet pas lui-mme estvidemment ce qu'il n'autorisera pas autrui. N'acceptant pas sapropre diffrence, il n'acceptera pas non plus celle d'autrui. Etfinalement, derrire un discours banalis et incantatoire sur lancessit d'innovation, le vcu dans les entreprises reste cetternel constat que la meilleure manire de se faire exclure estd'apporter une ide rellement nouvelle.

    Grer son gnie et celui de ses collaborateurs implique d'avoirdpass la raction automatique que nous avons intgre parhabitude : faire de l'altrit, du diffrent le bouc missaire de nosmisres.

    Ainsi voit-on rgulirement tre lapid celui qui justement est entrain d'ouvrir une brche dans une situation sans issue.

    Pourquoi l'homme prfre-t-il si souvent mourir ou tuer plutt qued'accepter son gnie et celui de l'autre ?

    Accepter son gnie ou celui de l'autre signifie accepter d'treunique, accepter d'tre radicalement et dfinitivement seul.

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  • Pour dpasser cette difficult et la dpasser nous devons prendrepleinement conscience et nous prparer l'angoisse qu'amnentcette dterritorialisation et cette solitude fondamentale lies augnie.

    Cela est difficile de n'avoir d'autres critres de rfrence que ceuxque nous nous donnons.

    Dans ce contexte, le masque formel que nous nous sommesconstruits pour le jeu social se dsintgre. Ce qui remontederrire, nous empchant encore d'atteindre notre gnie, c'est laturbulence des affects, les dsirs et les haines, les gots et lesdgots, et ce n'est qu'aprs avoir intgr ce niveau turbulent,l'avoir apais, que l'on peut accder au vide, qui permetd'atteindre le niveau de l'inspiration et l'ancrage profond de l'tredans son gnie.

    Pourquoi un projet de vie est-il aujourdhui siimportant ?

    Pendant prs de trois millions d'annes, l'humanit a t consti-tue d'une multitude de tribus parpilles qui survivaient grce lachasse et la cueillette. Ces tribus subissaient de manire incondi-tionnelle les alas climatiques. Leur fragilit face la nature et auxanimaux prdateurs tait immense. La prcarit, le nomadisme,les traditions orales transmises travers des rituels taient leur viequotidienne.

    Ce dbut de l'humanit est balbutiant, l'criture n'existait pas et lammoire de ces temps ancestraux sest perdue. Les ethnologues,les archologues et l'tude de la prhistoire nous ont fait dcouvrirrcemment ces racines caches de notre humanit. Les dernirestribus aborignes, en Afrique et en Amazonie, sont comme desfossiles qui nous permettent de mieux comprendre ce passenfoui par les strates de l'Histoire.

    Les premiers signes d'agriculture et d'levage apparaissent il y aseulement trente mille ans. Il y a dix mille ans, avec l'agriculture etl'levage naissent l'criture et la capacit compter, numriser.Avec l'criture, le temps se transforme et devient Histoire, l'huma-

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  • nit pour la premire fois se donne les moyens de conserver et degrer de l'information, elle peut commencer capitaliser systma-tiquement sur son exprience. Les civilisations peuvent seconstruire et s'articuler autour de royaumes et d'empires quis'organisent en de vastes ensembles.

    Ce n'est qu'il y a environ trois sicles, au sicle des "Lumires",que la civilisation moderne avec son emphase sur l'industrie et lecommerce va pouvoir prendre son essor. Urbanisation, dvelop-pement de la science, diffusion large chelle des connaissancesgrce l'imprimerie sont les caractristiques de cette nouvellecivilisation dite moderne.

    chaque tape de cette volution, l'individu dans son identit s'estrinvent fondamentalement.

    Au dpart, l'homme tribal tait fondu dans le groupe. Puis,pendant l're agraire, l'individu tirait son identit de son apparte-nance une caste et de son positionnement dans une organisa-tion hirarchique rigide. Avec la socit industrielle enfin, l'indi-vidu acquiert une certaine autonomie travers la capacit dechacun se spcialiser selon ses comptences.

    Aujourd'hui, les processus industriels et commerciaux sontappels tre de plus en plus informatiss. De la mme manireque l'agriculture en s'industrialisant a libr massivement de lamain d'uvre, l'informatisation de la socit industrielle libreaujourd'hui l'homme d'une multitude d'activits qui structuraientjusqu' prsent son identit.

    L'identit du primitif chasseur-cueilleur a laiss la place l'identitdu paysan agriculteur-leveur qui lui-mme s'est effac devant ledveloppement massif des spcialistes de la socit industrielle etcommerciale.

    Aujourd'hui, dans un univers o les connaissances voluent sanscesse, la valeur des spcialistes tend sattnuer. La valeur d'unindividu devient sa capacit crer et communiquer uneinformation nouvelle. Le monde de demain dans son extraordi-naire richesse et complexit nous renvoie chacun notre gnie,c'est--dire cette capacit singulire de chaque homme crer

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  • de la diffrence, de l'altrit et communiquer avec les autresdans la richesse de cette diffrence, de cette altrit.

    En passant de la socit industrielle la socit de la cration,nous passons d'un individu dont le droit et le devoir sont fondssur l'galit un individu dont le droit et le devoir sont fonds surla diffrence. Non pas une diffrence de niveau hirarchiquecomme pendant l're agraire mais une diffrence construite surl'altrit, c'est--dire sur le fait que chacun d'entre nous est unique,diffrent. C'est cette diffrence qui fait toute notre richesse car endcouvrant ce qu'il y a d'unique en nous, nous dcouvrons ce quenous, seuls, sommes mme d'apporter au monde et ainsi, nouspouvons construire notre projet de vie, nous pouvons donner dusens notre vie.

    La crise du sens qui traverse toute notre civilisation ne pourrait-elle pas trouver sa solution dans ces droits et devoirs fondamen-taux de chaque individu s'inventer comme sujet singulier ?Ce qui nous a donn pendant des gnrations notre identit,appartenance fusionnelle une collectivit, positionnementhirarchique dans une caste, savoir acquis travers la spcialisa-tion, toutes ces identits hrites du pass qui aujourd'hui nousrassurent ne sont-elles pas celles-la mme qui nous prcipitentdans la crise ? Toutes ces identits ne sont-elles pas des leurres ? Ne sont-elles pas aujourd'hui radicalement caduques ? Ne bloquent-elles pas des millions d'individus dans des voies sansissue qui les prcipitent vers le chmage, la marginalisation etl'effondrement de leur personnalit ?`

    Bien sr, l'industrie ne va pas disparatre, pas plus que l'agriculturen'a disparu au moment de la rvolution industrielle. Bien aucontraire, l'agriculture en s'industrialisant a multipli sa producti-vit tout en librant les hommes des tches agraires. De mme,l'univers industriel et commercial est en train de s'informatiser enrendant obsoltes les spcialisations d'antan. L'intelligencealgorithmique et l'activit de production sont prises en charge parl'ordinateur et les robots.

    L'homme est ramen ce qui le distingue le plus radicalementparmi les vivants : sa capacit crer et communiquer de

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  • nouveaux concepts, cest--dire son intelligence heuristique. Djle cot de production matriel d'un produit est largement infrieurau cot engendr en amont par sa conceptualisation (cration) eten aval par la sensibilisation du public (communication). Que cesoit pour une voiture ou un ordinateur le cot de production purne reprsente plus qu'un faible pourcentage de la valeurmarchande, et il va encore chuter avec la complte informatisa-tion et robotisation du circuit commercial et industriel.

    Depuis dix ans, le chmage est en croissance rapide dans l'universindustriel, mais il manque encore beaucoup de "gnie" pourrelever le formidable dfi de cration et de communication de cesicle.

    Situation paradoxale o le dficit en "ressources humaines" estmasqu par l'illusion d'une plthore de "main d'uvre" ! Maisjustement peut-on considrer le "gnie humain" comme une"ressource" ?

    Le fait que l'on soit pass en dix ans du poste de "directeur dupersonnel" au poste "de gestionnaire des ressources humaines" estdoublement symptomatique. D'une part, on y lit une clairetentative de valoriser ce qui apparat finalement comme la princi-pale ressource des entreprises. D'autre part, on s'enfonce encoreplus loin dans une sorte d'instrumentalisation mcaniste des"ressources" de l'homme l'image de ce que nous avons si bien sufaire avec les autres ressources minrales, vgtales et animales.L'important en l'homme n'est justement pas sa dimensionminrale, vgtale ou animale, mais son gnie, sa capacit crerde l'altrit, du diffrent, du nouveau. C'est cette capacit quel'ordinateur ne peut concurrencer et qui fait dfinitivement ladiffrence dans la valeur qu'a aujourd'hui un individu ou uneentreprise.

    C'est pourquoi l'instrumentalisation de l'homme comme un rouagemcanique de l'entreprise est aujourd'hui un non-sens et la notionmme de "ressources humaines" porteuse des confusions dupass.

    Einstein avait not que l'on ne peut rsoudre un problmefondamental au niveau logique o il se pose : c'est justement le

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  • propre du gnie d'apporter un regard venu d'ailleurs sur leschoses.

    L'acte crateur est un saut dans le vide, il trouve son origine dansun au-del de l'ordre et du dsordre, il s'inscrit dans un processusd'inspiration o il faut accepter de se perdre avant de trouver.

    Aujourd'hui il nous faut une pense de la complexit qui tiennecompte du fait que le tout est plus que la somme des parties, etqui inscrive l'homme dans sa dimension d'inspiration et de posie.

    Nous avons merveilleusement compris grce la penseanalytique comment produire, rationaliser et industrialiser, il nousreste apprendre couter et utiliser nos rves, notre imagina-tion et notre puissance de cration pour construire une ralit quirponde nos aspirations spcifiquement humaines.

    La mutation des mtiers

    Nous savons aujourd'hui que 90% des mtiers de demain sontinconnus et qu'il nous faudra sans doute changer plus de cinq foisde domaines au cours d'une vie active. Peut-on toujours dans cecontexte parler de mtier ?

    L'hyper spcialisation du sicle dernier ne dbouche-t-elle pas lsur quelque chose de compltement diffrent ?

    L'ge Industrie-Commerce a oblig l'homme se "spcialiser",l'ge de la Cration-Communication l'implique dans son "gnie".

    Il ne s'agit pas alors de telle ou telle performance effectue avecbrio comme les grands spcialistes savent le faire, il ne s'agit pas"d'ingniosit", de "genium"; il s'agit d'tre capable d'apporter aumonde ce trait bien particulier qui fait que nous ne ressemblonsindividuellement aucun autre tre. Il s'agit de trouver cetteposture, source de notre aisance et de notre diffrence, qui estl'essence de notre tre au monde et de notre bien-tre. Ce que l'onpeut vnrer de plus noble dans l'esprit humain, la partietranscendante de l'homme dans laquelle il puise sa crativit : legnie au sens de "genius".

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  • Il est clair que dans un monde o les mutations ne font quedboucher sur des mutations encore plus radicales, il estfondamental, pour survivre dans la plnitude, d'atteindre en soi cepoint essentiel o l'on accde la permanence de soi.

    On voit bien ici que nous sommes loin des "formations" ou des"coles" spcialisantes de l'ge Industrie-Commerce, qui avaientl'avantage de nous viter de nous poser trop de questions surnous-mmes. l'inverse, c'est une recherche perptuelle de nous-mmes, une profonde et authentique qute intrieure que nousdemande l'ge de la Cration-Communication.

    C'est partir de cet ancrage dans notre gnie que nous seronscapables d'inventer notre "mtier" ou plutt notre "vocation" ou"talent" qui aura sans doute la curieuse caractristique d'treunique.

    De la mme manire qu' la fin de l're agraire a commenc larvolution industrielle, nous risquons de traverser une priodeassez trouble. cette poque, en effet, les dbuts de mcanisa-tion de l'agriculture ont libr beaucoup de main-duvre bien quel'industrie elle-mme ne soit pas encore assez dveloppe pouremployer toute cette main-duvre. Cette poque de dcollage del're industrielle a t marque par la migration vers les villes et unproltariat dracin et pauvre ; il a fallu que l're industrielle arrive maturit pour que cette main-duvre massive soit assimile etconstitue petit petit la classe moyenne grandissante assurant laconsommation des biens produits par l'industrie.

    Maintenant que la fabrication de ces produits peut tre informa-tise ou dlocalise vers des pays en voie de dveloppement etque l'on arrive en mme temps une saturation de la demandesolvable, le travail tend nouveau se faire rare.

    Aujourd'hui, la relance hypothtique de l'conomie ne changerarien au problme du chmage. Le chmage n'est pas li unralentissement conjoncturel de notre conomie, mais unemutation structurelle qui ne fait que commencer et qui vaprcipiter, comme chacun le comprend ou le pressent incons-ciemment, des milliers de personnes au chmage.

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  • Que se passe-t-il derrire tout cela ? Si l'on tudie l'histoire del'humanit, on s'aperoit que c'est l'histoire d'un rve. L'Homme arv de voler, il a vol. Il a rv d'aller sur la lune, il y est all.Depuis toujours, l'Homme a rv de se librer des tcheslaborieuses, il est en train de le faire travers les robots et l'infor-matique.

    Quelle honte cela ? Prcdemment, nous avons bien su nouslibrer du travail de la terre qui, il y a peine un sicle, occupaitla majorit d'entre nous. Aujourd'hui nous fonctionnons encoresur les modles philosophiques et conomiques de l'aube de l'reindustrielle alors qu'il nous faut inventer un modle post-industriel. Libralisme, communisme et socialisme sont desmodles issus du dix-septime sicle alors que l'homme essayaitd'imaginer une conomie de production industrielle de masse enmergence

    Ces modles ne peuvent plus rendre compte de la ralit actuelle,la production industrielle est de plus en plus dmassifie, etsurtout, cause des phnomnaux gains de productivit traversl'informatique et la robotique, elle est de moins en moins cratriced'emplois et de valeur ajoute.

    C'est "la fin du travail" au sens o on l'entend dans la socitindustrielle, et donc de la valeur du capital en tant que levierd'investissements productifs : et pour cause, les monnaies neservent plus que de manire statistiquement infime dans leschanges et les investissements matriels. La plus grande part neservant qu' gonfler la bulle spculative du march montaire lui-mme (qui reprsente 300 fois les investissements dans le marchdes actions ou celui des matires premires).

    la fin de l're Agriculture-Elevage, en France et dans toutel'Europe, nous avons vu l'ordre monarchique ancien petit petitperdre tout sens dans des jeux de cour mondains ou des guerresde tranches prcipitant la misre. De mme aujourd'hui, lafin de l're industrielle, nous voyons l'ordre conomiqueindustriel perdre sens, emport par la spculation et les logiquesde dumping et de concurrence exacerbes qui prcipitent lamisre.

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  • la fin de l're Agriculture-Elevage, la formation de la consciencergionale et nationale, la saturation des terres opre par lapopulation grandissante, rendait grotesque la logique guerrire quilgitimait les systmes monarchiques. Il fallait inventer unenouvelle conomie, qui permette de librer les changes et lascience en mergence. De mme aujourd'hui, notre systmeconomique, qu'il soit de droite ou de gauche, apparat barbareface la fin de la civilisation du travail.

    Il nous faut changer les bases mmes de notre raisonnement, denotre systme de valeurs.

    Il y a un gigantesque effort de crativit et de communication pourrendre conscients les immenses enjeux ce sicle et y trouver dessolutions ncessairement innovantes.

    La classe moyenne, fondement de la solvabilit des marchs demasse, s'appauvrit partout dans les pays avancs, ce qui prcipited'autant plus la crise. Ford avait compris l'aube de l'reindustrielle, que c'tait la richesse des employs qui assurait lasolvabilit d'un march de masse pour ses produits. C'est ce cerclevertueux qui a aliment le dcollage industriel, libral aussi bienque socialiste ou communiste. Mais qu'arrive-t-il quand, commeaujourd'hui, la quantit de main-duvre n'est plus corrle laproductivit, sinon de manire inversement proportionnelle ?Alors le cercle vertueux devient un cercle vicieux, o plus deproductivit veut dire moins de travailleurs, donc moins de clientssolvables.

    Les prix des biens industriels s'effondrent, comme s'est effondredurant tout le dernier sicle, la part relative du budget consacre la nourriture et aux achats du type Agriculture-Elevage.

    Automobiles, tlvisions, rfrigrateurs, ordinateurs sontbanaliss. La nouvelle gnration les associe au monde "naturel"comme notre gnration considre comme "naturel" de manger sa faim, ce qui tait encore un luxe au sicle prcdent.

    Pendant un million d'annes de Chasse-Cueillette, l'Homme a eucomme motivation la survie ; l'Agriculture-Elevage, pendant10 000 ans, a t une manire d'augmenter sa scurit ; l'reIndustrie-Commerce, en un sicle, a permis d'optimiser dfiniti-

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  • vement la scurit et de dvelopper la sociabilit grandechelle. Au-del du besoin de sociabilit que nous ont procurrfrigrateurs, voitures, tlvisions et tlphones, le quatrimebesoin, selon le sociologue Maslow, est le dveloppementpersonnel.

    L're post-industrielle devait voir merger une conomie base surles changes culturels, le dveloppement artistique et spirituel del'Homme.

    Dj aujourd'hui, l'change d'informations des tres humains surla plante double environ tous les quatre ans alors que l'conomiede biens matriels stagne.

    Les changes immatriels explosent mais ces changes sont biensouvent peu capitalistiques et difficilement mesurables en termesconomiques classiques.

    crivains, savants, musiciens, inventeurs, animateurs, confren-ciers, tous les mtiers forte valeur ajoute et peu capitalistiquesse multiplient. Leur russite ne s'appuie pas sur une prise depouvoir hirarchique, mais sur l'audience qu'ils reoivent.

    Contrairement l're industrielle, ce nouveau tissu conomiqueest fortement dmassifi et repose sur la valorisation des singula-rits.

    Tandis que l'entreprise industrielle se vide des acteurs de saproduction, les rseaux cratifs se gonflent d'auteurs de l'innova-tion.

    Dans l're de la Cration-Communication, on peut imaginer quel'Homme ait le mme intrt pour le dveloppement de saconscience qu'il en a eu pour le dveloppement technologiquedans l're industrielle

    On peut imaginer que petit petit se dveloppe un vritablemarch de la conscience et que toute une nouvelle conomie,base sur le loisir, le divertissement, apporte la cration demultitudes d'emplois nouveaux aussi loigns de l're industrielleque le sont les emplois de l're industrielle des emplois du typeagraire.

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  • Toujours plus libres ?

    Durant toute la priode o l'activit humaine tait centre sur laChasse-Cueillette, l'homme tait alin la nature sauvagepuisqu'il ne survivait que par osmose avec cette nature. Enrevanche, il n'existait pas ou peu d'exploitation de l'homme parl'homme.

    Avec l'Agriculture-Elevage, l'homme se libre de l'alination lanature et conquiert une stabilit qui permet le dveloppement del'criture. Mais cela s'est fait au prix du dveloppement de l'escla-vage large chelle : une minorit se dgage des travauxphysiques et profite des efforts fournis par une majorit. Sa survieassure, cette minorit peut dvelopper une plus grande activitculturelle.

    Avec l'Industrie-Commerce, la technologie et les machinespermettent de librer l'ensemble de la population des travaux deforce. L'esclavage est aboli et l'homme dcouvre la libert de grersa vie indpendamment de castes rigides et d'un ordre hirar-chique strict. Mais, paralllement la machine tend instrumenta-liser l'homme, le dcouper rationnellement pour l'affecter destches spcialises. L'homme, par la spcialisation, devient unrouage de la machine conomique. la libration du corps del'homme correspond son alination au dsir de consommationmatrielle. Il est d'ailleurs symptomatique que c'est dans cettepriode que le sport et les loisirs se gnralisent. En fait, le corpsde l'homme se libre de sa charge de travail et conquiert le statutd'un espace hdoniste. Le "body-building" par exemple est l'arch-type de ce corps devenu espace de r appropriation hdonique.

    Avec l'ge de la Cration-Communication, nous assistons unenouvelle fois ce processus parallle d'alination et de libration ;mais cette fois sur un fond d'alination-libration ultime puisque cen'est plus le corps qui est en jeu mais le psychisme. Notre cerveautend tre simultanment alin par la rationalisation digitale desprocessus d'informatisation et libr de la ncessit de s'investiroutre mesure dans cette dimension infiniment mieux prise encharge par les ordinateurs. Du coup, l'homme qui s'tait peu peurappropri son corps, se rapproprie de plus en plus soncerveau pour un dveloppement subjectif, hdonique, potique et

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  • spirituel de la conscience. Ainsi, les formations au dveloppementpersonnel o se mlent dveloppement de la crativit, de l'intui-tion et connaissance de soi ont connu un essor sans prcdent.Nous passons du "body-building" au "brain building".

    Les sports sont eux-mmes en train de se modifier : dans lesnouveaux sports de glisse, surf en tout genre et autres delta-planes, l'activit physique est avant tout le support, le prtexte dela recherche d'une sensation d'un "feeling" qui tend d'ailleurs vacuer le ct comptition propre aux sports de la gnrationprcdente.

    C'est ici que commence une nouvelle civilisation.

    Le monde s'offre nous comme un gigantesque chaos, chaosd'informations, chaos des monnaies, chaos des cultures. Nous nesurvivrons que par l'ouverture empathique ce gigantesque chaosmais aussi et surtout par notre capacit nous recueillir sur notreintriorit qui seule, au-del des diffrences formelles, peutdonner du sens l'altrit.

    Dans ce sens-l, tout le courant de "psychologie transpersonnelle"offre un espace de rencontres, au-del des sectarismes culturels, une spiritualit vcue par chacun en toute libert en tant qu'elleest ouverture la question du sens. Ce courant de psychologie,issu des travaux de Karl Jung, est prsent dans la plupart des paysd'Europe et d'Amrique.

    Le yoga en ce qu'il est une spiritualit intgrative qui s'ouvre auxautres spiritualits et intgre le corps, l'me et l'esprit, est un autreexemple intressant de conjugaison transculturelle.

    Le travail sur l'intriorit et la subjectivit va devoir prendre, dansles annes qui viennent, l'importance des sciences de la matireau cours des sicles prcdents.

    Chacun de nous doit savoir prserver un espace d'intriorisationqui lui permette de mditer et de construire de manire vision-naire et crative sa propre vie. Autrefois, chacun vivait enfermdans son milieu social et, qu'il le dsire ou non, en sortir aurait tbien difficile. Aujourd'hui toutes ces formes de stabilit sontperdues, chacun de nous survit ou disparat selon sa capacit secrer comme un tre original porteur d'un sens nouveau. Cette

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  • cration demande une intriorit profonde, une capacit devisionnaire.

    Il semble que dans la rvolution de l'intelligence qui ouvre lesportes l'ge de la Cration-Communication, un des lmentsdcisifs qui vont dterminer la russite ou la disparition desindividus va tre leur capacit penser leur destin et agir enconsquence.

    Cette vie engage sera un facteur fondamental de russite car c'estpar cet lan intense hors de la "normose" laquelle nous a soumisle monde industriel que l'individu peut dpasser une pure exploita-tion technicienne de lui-mme et dployer les ailes de son gnie.

    Crativit contre scurit

    Dans l'ge de la Cration-Communication, tout se joue entre lancessit de "l'excentricit" afin d'tre capable d'apporter unevaleur ajoute crative et la capacit intgrer les contraintes d'unsystme plus ou moins ferm dans lequel on doit insrer cettevaleur ajoute crative. Si la phase d'lan dans la dimensiond'excentricit demande de la crativit, cette crativit doit tre enquelque sorte redouble pour inventer, en plus, la faon de rint-grer le systme. Dans ce processus de retour, il va falloir tenircompte des contraintes du systme ambiant et les contourner aveccrativit afin de faire exister la diffrence dont on est porteur.

    Si l'coute de soi est ncessaire dans le premier moment o l'onapprend puiser au fond de soi-mme la diffrence, l'coute desautres devient fondamentale dans le deuxime moment car noussommes obligs de comprendre leur diffrence afin de faire passernotre diffrence. On voit bien que cette rencontre avec l'autre etavec soi-mme est porteuse d'une intensit, d'un plaisir, d'un dsirmais aussi d'un potentiel d'angoisse infiniment plus grand que lesrapports normatifs qui ont eu tendance se dvelopper dans l'geindustriel et commercial.

    mesure que l'individu s'engage dans le mystre du monde et delui-mme, il sent se briser en lui une certaine barrire, unecertaine limite, un peu comme le franchissement du mur du son.

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  • L'intensit appelle l'intensit et petit petit l'tre tout entiers'enflamme. Cette flamme brle progressivement toutes ses peurset l'individu n'a alors plus grand chose faire de tous les points descurit qui prsident la vie ancienne. C'est comme si l'individucessait d'tre un astre mort pour devenir un soleil qui resplendit desa propre singularit.

    La vie devient alors originale dans tous les sens du terme, c'est--dire originelle et unique.

    L'tre qui a lch prise s'autorise alors se rvler dans toutes sesombres et ses lumires. travers sa manire de se mouvoir dansle monde, il cre un nouveau monde.

    Le temps s'inverse car plus il vieillit, plus il s'enfonce dans sonoriginalit et plus il retourne son essence.

    La mort n'est plus perue comme la fin mais au contraire commel'aboutissement, le point o l'me se libre des contraintes ducorps lui-mme.

    Dans ce processus, on est emport dans le mystre du monde,toujours plus vite, et l'on se met apprendre. Mais ce que l'onapprend n'est plus de l'ordre du "savoir", ni du "pouvoir", ni mme du"concevoir" ; c'est du "voir" dont il s'agit, c'est--dire qu'on apprend voir l'essence mme de la ralit dans son dploiement mystrieux.

    Alors la vie cesse d'tre sous le joug de la loi, sous le joug du bienet du mal, sous le joug du discours qui segmente et divise maiss'emplit de miracles, devient symbole.

    La dimension spirituelle

    La matrise de l'information est un facteur fondamental de russiteque ce soit pour les individus, les entreprises ou les Etats. Il existeactuellement une plthore d'informations. Le problme n'est plustellement d'avoir l'information, mais plutt de savoir naviguer l'intrieur tel un bateau au milieu de l'ocan.

    L'accumulation mme du savoir nous lance un nouveau dfi, ilnous faut un nouveau savoir, le "savoir voluer dans le savoir". Etce "savoir voluer dans le savoir" pose un problme habituelle-

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  • ment vacu dans les systmes de connaissances classiques, leproblme du cadre de rfrence, c'est--dire comprendre sur quelsystme de valeurs, partir de quels critres je considre qu'uneinformation est importante pour moi.

    Dans le cadre classique de la diffusion du savoir de l'ge industriel etcommercial, le problme tait rsolu par la spcialisation. Dans lecadre de l'ge de la Cration-Communication o l'individu cessed'tre un spcialiste pour se dployer dans son gnie spcifique, touteacquisition de connaissances passe par un examen de conscienceapprofondi de la direction dans laquelle chacun veut se diriger.

    Ainsi, contrairement l'ge industriel o apprendre suit unprocessus en quelque sorte mcanique d'accumulation de savoir,lge Cration-Communication au contraire, dveloppe unenouvelle approche de la connaissance qui part d'une questionessentiellement spirituelle :

    Que suis-je venu faire sur la terre ?

    Que puis-je apporter de meilleur la plante ?

    De toutes les cultures manent des tmoignages d'individus ayantatteint un haut niveau de sagesse, ces personnages sont mmesouvent fondateurs de civilisations qui ont gard prcieusement latrace de leurs faits et gestes. Et il est facile de constater qu'au-deldes particularismes culturels, ces tmoignages ont une profondecohrence les uns avec les autres.

    Cette cohrence a t longuement rendue explicite par Carl Jungqui a fond sur cette base la notion "d'inconscient collectif". Desauteurs aussi minents que Aldous Huxley ou Mircea Eliade ontpoursuivi par la suite ce travail qui a donn lieu, dans le mondeentier, au dveloppement de la "Psychologie Transpersonnelle".

    Des physiciens comme Fridjof Capra ont par ailleurs montr queles descriptions de la ralit faite par ces "sages" partir de leurexprience mystique vcue, collent trangement avec la ralitdcrite thoriquement par la physique moderne.

    Ainsi il devient apparemment clair que l'une des tches les plusimportantes laquelle nous devrions consacrer notre intelligenceet nos moyens est l'exploration du dveloppement de laconscience.

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  • CHERCHER

    Je cherche, je chercheMes talents enfouis

    Je cherche, je chercheL'objet sacrMtaphore de ma vie

    Je cherche, je chercheA faire clore ce boutonQui ne demande qu' fleurir.

    CD

  • Deuxime chapitre :

    SE RAPPROCHER DE SON GNIE

    "Seule en effet, la singularit, qui dpasse la fois le particulier et l'universel peut tre objet d'amour"

    LUC FERRY, Qu'est ce qu'une vie russie ?, Grasset, P 479

    Librer du temps pour tre

    Atteindre le niveau de l'inspiration suppose un renversement denotre conception du temps, du monde et de nous-mmes.

    Du temps d'abord, car la possibilit d'inspiration nat de la fractu-ration du temps mesurable et efficace de notre montre. Leprocessus de cration prend du temps, un temps fou, encore qu'ilse nourrisse de tout, mais surtout videmment de temps perdu. Cequi empche beaucoup de gens d'accder leur gnie est qu'ils nes'autorisent pas en prendre le temps.

    Mieux que cela, il faut accepter ce temps bien particulier de lacration fait d'acclrations sublimes et de ralentissementshimalayens. Le "juste temps" industrieux en prend un sacrcoup dans l'aile n'en dplaise l'efficacit. Mais peut-on appelerefficacit ce qui n'est que la frnsie d'avoir toujours plus, frnsieoublieuse de l'tre.

    L'humanit arrive maturit appelle la vritable efficience, celled'une contribution authentique, unique et pleinement conscienteau monde qui nous entoure. Efficience que l'on ne peut atteindrepar l'instrumentalisation aveugle de soi-mme et du monde.Efficience qui suppose de s'ouvrir aux mystres du monde, d'tre

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  • rceptif, de revenir en quelque sorte l'merveillement de l'enfanttout en le doublant de la conscience ouverte de l'adulte.

    L'ego, la personnalit et le gnie

    L'ego, la personnalit et le gnie, sont une manire de dcrirel'intgration successive que peut connatre un tre humain dans ladcouverte de lui-mme.

    L'Ego est la partie de nous qui est enferme dans le niveau formelde notre personnalit. Dans un premier temps, nous dcouvronsnotre ego, c'est--dire notre corps, notre capacit nous souvenir,notre capacit rflchir et petit petit, l'ego s'agrge au pointde nous enfermer dans sa logique.

    On peut tre trs intelligent, avoir une culture immense, et treenferm, comme dans une prison dans notre ego. Le mentaln'arrte pas de rflchir, de calculer et plus il le fait, plus l'ego segonfle de son savoir. Mais tout ce savoir accumul, bien qu'il aitune valeur en soi, ne nous apporte que peu face au jaillissementde la vie, face au changement. Une personne enferme dans sonego, mme si elle est trs savante, belle, intelligente est toujoursun peu ennuyeuse, car n'ayant pas encore su crer son stylepropre, elle ne dclenche pas d'motions.

    C'est pour cela qu'au-del de l'ego, le problme de tout trehumain est de trouver sa personnalit. La personnalit est, au-del du savoir accumul, la capacit crer son style, de manireoriginale.

    La notion de style peut paratre superficielle, cependant ce quidiffrencie un "Mozart" d'un autre musicien, c'est justement cettecapacit crer un style musical nouveau. Dvelopper sa person-nalit n'est pas de l'ordre de la science, ni du savoir, cela est del'ordre de l'art, de la sensibilit.

    Si l'ego est la dimension formelle de l'tre humain, la personnalitest de l'ordre du turbulent. On devient une personnalit lorsquequel que soit son domaine d'activits, au-del du savoir, on saitdvelopper un style qui nous est propre.

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  • On devient une personnalit lorsqu'on sait faire de chacun desactes de sa vie courante, une cration artistique.

    Le travail sur la personnalit implique que l'individu sache explorerson inconscient et enrichir sa vie formelle par toute la richesseturbulente de son inconscient. Le style s'affirme dans la mesure ol'ego s'ouvre l'inconscient et accepte d'en tmoigner.

    La personnalit se dveloppe mesure que l'individu dveloppeson contact avec la sensibilit, les motions, les rves, les dsirs.

    Le troisime niveau, le gnie, est une intgration encore plusprofonde que l'on peut situer au-del mme de la personnalit.

    Si la personnalit est de la dimension de l'art, le gnie faitrfrence l'exprience de la dimension spirituelle de l'Homme,cette dimension est transpersonnelle. Le psychologue Carl Jung amontr comment, partir d'un certain degr d'intgration de lapersonnalit et de l'inconscient individuel, l'tre humain peutaccder une conscience qui dpasse les limites de la personne,il a nomm cela "l'inconscient collectif".

    L'inconscient collectif est transpersonnel, car l'individu y dcouvredes archtypes, des structures fondamentales, qui sont l'essencemme d'o mergent les diffrents types de consciences de laralit.

    travers l'inspiration et l'exprience spirituelles de la dcouvertede l'inconscient collectif, l'individu accde un au-del de lamatire, un au-del de l'nergie, un au-del de l'espace et dutemps, qui lui donnent l'intuition des processus qui prsident lacration.

    La personnalit, quand elle accde "l'inconscient collectif", seressource au cur de la matrice universelle des grands archtypesstructuraux et peut s'affirmer dans toute sa singularit, son gnie.

    Quand la personnalit est en contact avec son gnie, le style estmagnifi, il est enrichi d'une profondeur de sens qui est caract-ristique de la "sagesse".

    On retrouve dans les crits de la plupart des personnalits encontact avec leur gnie, des tmoignages de rencontres avec ladimension d'inspiration; ces tmoignages sont caractriss par

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  • leur dimension spirituelle : Descartes, Einstein, Van Gogh,Spinoza, Platon... la liste est grande.

    Il n'y a pas, ma connaissance, de personnalit, qui ait marqul'humanit de manire fondamentale, qui n'ait laiss destmoignages de l'exprience du contact avec cette dimensiond'inspiration spirituelle.

    L'analyse de ces textes montre qu'au-del des caractristiques lies la culture et l'poque, on y retrouve des traits communs.

    Ainsi, mme si le voyage de l'individu travers son ego, sapersonnalit et son gnie est une exprience par dfinition subjec-tive et intime chacun, elle est rendue de plus en plus tudiableobjectivement mesure que nous accumulons des tmoignagessur ce processus.

    Tout tre humain peut accder au gnie ; ce qui nous en empcheest surtout li aux systmes de croyances culturelles qui nousenferment dans notre gotisme.

    Jusqu' ce jour, la plus grande partie de l'humanit tait engagedans des tches laissant peu de place la valorisation du gnie.Il faut, comme aujourd'hui, que les besoins de l'Homme ennourriture et technologies soient assouvis pour une massecroissante d'individus, pour qu'un nombre grandissant d'individuspuissent se consacrer la dcouverte de leur personnalit et deleur gnie.

    Les trois niveaux de conscience

    On peut distinguer trois niveaux de conscience et de dveloppe-ment du potentiel individuel.

    La premire dimension, que nous appelons "formelle",correspond la dimension logique binaire "oui ou non" ; ladeuxime dimension, que nous appelons 'turbulente", correspond la logique intgrative "oui et non" ; la troisime dimension quenous appelons "vide", correspond la logique paradoxale "ni oui,ni non".

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  • Niveau intellectuel formel : logiquebinaire (oui ou non).L'intelligence rationnelle formelle : (parexemple"1+1=2") est la base de notre compr-hension logique. C'est la conscience incarnedans la temporalit, qui manie plus ou moins leraisonnement systmatique rationnel et discursif.La conscience formelle est celle que nous avons

    lorsque nous nous concentrons sur notre corps, nos sens et notreintellect. La rflexion scientifique est bonne gymnastique pourdvelopper une conscience au niveau formel. On peut parler de"quotient intellectuel" QI pour cerner ce type d'intelligence.

    Niveau affectif turbulent : logique intgra-tive (oui et non).L'intelligence affective turbulente (par exemple"Je t'aime moi non plus") est la base de notresensibilit l'art. C'est la conscience qui s'ouvreau sentiment d'ternit qui nous envahit dans lacontemplation artistique. C'est l'espace del'motion amoureuse : on pntre souvent par

    inadvertance dans le turbulent lorsque l'on tombe amoureux. L'artest le moyen le plus gnralement connu par lequel un individudveloppe et approfondit sa conscience du niveau turbulent. Laconscience du niveau turbulent est celle des affects, des dsirs etde la sensibilit. On peut parler de "quotient affectif" QA pourcerner ce type d'intelligence.

    Niveau spirituel vide : logique paradoxale(ni oui ni non)L'intelligence intuitive vide : (par exemple "Dansla valle de l'indicible s'inscrit le sommet de nosmots") est la base de notre intuition spirituelle.C'est la conscience qui s'ouvre l'intemporalit.C'est l'espace de la mditation. Il arrive dans lavie que l'on ait, par moments, des instants de

    clart qui nous donnent un avant-got de cette conscience et l'onpeut apprendre stabiliser ce genre d'tats, c'est l'objectif du travailspirituel. La conscience du vide est celle de l'inspiration. On peutparler de "quotient spirituel" QS pour cerner ce type d'intelligence.

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  • Le gnie de l'homme est inscrit dans sa dimension spirituelle, ils'exprime dans l'effusion dlicate du cur travers l'art et vientfconder la raison pour renouveler la science.

    Chaque niveau d'intelligence demande du travail pour se cultiveret devenir vivant et porteur de sens.

    chacun des niveaux existent des erreurs viter : s'enfermertotalement dans le formel, se perdre dans les circonvolutions duturbulent, projeter notre manque sur le vide.

    tre l sans tre l.

    mesure que le rationnel, l'motionnel et la dimension spirituelles'intgrent, la sensibilit est dmultiplie. Pour que cette sensibilitne dbouche pas sur une souffrance excessive, il faut que l'individuapprenne compenser sa prsence au monde plus intense parune capacit de distanciation.

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  • La conscience pleine et entire du vide, une spiritualit qui ne soitpas la compensation d'un manque, mais la pleine acceptation dumystre du monde, permet d'tre la fois compltement l,prsent au monde mais aussi distanci.

    La distinction nat de cette distance qui permet de distinguer avecperspicacit les enjeux de chaque situation.

    L'art est l'espace d'expression et de sublimation de nos contradic-tions entre l'intuition inspire du spirituel et la ralit pragmatiquede la science

    Le monde est un grand jeu de la conscience qui nous proposeconstamment de nouvelles preuves pour nous faire grandir lafois dans notre prsence au monde et dans notre distanciation.

    Notre prsence augmente notre capacit tre auteur de laralit, notre distance nous permet de goter la ralit avec unamour inconditionnel.

    Le gnie comme fil rouge pour un projet de vie

    Le gnie, comme fil rouge pour un projet de vie, permet d'viterdeux gouffres : le premier consiste vivre dans la nostalgie dupass, le second vivre dans l'attente du futur.

    Dans les deux cas, on passe ct du prsent. Or le prsent estla seule ralit sur laquelle nous avons prise : notre vie relle estfaite de la qualit d'une succession d'instants prsents.

    C'est nous de faire de chacun de ces instants des momentsternels remplis de sens, d'amour et de perfection.

    Chaque instant est l'occasion de mettre en uvre la profondeurde notre conscience scientifique, artistique et spirituelle dumoment et ce faisant d'exprimer notre singularit notre"gnie".

    Le pass et le futur sont deux piges qui nous renvoient aussi audchirement classique de l'humanit entre le matrialisme et l'ida-lisme.

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  • J'entends comme matrialisme le fait de rduire la ralit a sadimension objective matrielle et causale.

    J'entends comme idalisme le faite de surdterminer notre destinpar la conception que nous nous faisons d'un idal transcendant.

    L encore deux illusions.

    La pleine conscience de notre gnie nous permet de dpasser leurapparente contradiction.

    Nous pouvons bnficier des lumires de la science sans pourautant nous rduire au matrialisme. Nous pouvons bnficier desintuitions de la spiritualit sans pour autant planer dans l'ida-lisme.

    L'idalisme est contraire la vraie spiritualit parce qu'il est sous-tendu par l'exorbitante vanit de savoir ce qu'est "l'idal" et doncde pouvoir en faire un objet. Nous ne sommes plus ds lors dansla "spiritualit" mais dans le ftichisme et Freud nous parle alorsavec raison "d'infantilisme psychique" et de "dlire collectif": noustentons de combler nos angoisses par des projections paternellestranscendantes. La vraie spiritualit est, tout le contraire,empreinte de modestie et d'ouverture l'altrit : ce "tout autre"que nous propose chaque instant dans son caractre unique etsingulier. Les tmoignages spirituels de toutes les civilisations et detoutes les cultures ont en commun ce message d'amour universel.Il faut vraiment tre dogmatique pour transformer ces messagesd'amour en sectarisme repli sur des formalismes dsuets et desarticles de foi plus abracadabra les uns que les autres. Il y a effecti-vement "dlire collectif" quand ce ftichisme maniaque dbouchesur l'holocauste des "autres" ou tout simplement l'ignorance et ledsintrt pour la richesse culturelle de la diffrence.

    Par ailleurs et, malgr les apparences, le matrialisme est aussipeu scientifique que l'idalisme est spirituel.

    La science en tant qu'elle est dcomposition analytique deprocessus nous claire sur le "comment" mais jamais sur le"pourquoi". Rduire la ralit des processus sans finalit estpratique pour les dcomposer, mais l'exprience quotidienne nousfait exprimenter chaque jour l'extraordinaire propension de tout

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  • systme complexe gnrer, y compris contre notre volont, desfinalits mergentes intrinsques.

    Paradoxalement le matrialisme est aussi une forme d'idalismecar il "rduit" le rel "l'ide" que nous pouvons en avoir partird'une analyse que la science connat, par dfinition pourtant,comme partielle, limite et relative.

    Le vingtime sicle nous aura montr comment le matrialismesous sa forme dogmatique dbouche de la mme manire quel'idalisme et pour les mmes raisons sur des "dlires collectifs".

    Luc Ferry a le mrite dans son livre " Qu'est-ce qu'une vierussie ?"5 de bien montrer comment l'volution de la pensephilosophique orientale, grecque, judo-chrtienne et moderneconverge, selon lui, vers ce r enchantement du monde traversce qu'il appelle une "spiritualit laque" et une "conscience largie".Il montre de manire magistrale comment "la singularit dechacun", "l'intensit de l'instant" et "l'amour de l'autre" sont lesmoments essentiels de cette vision humaniste qui rconcilie lescontraires.

    Trois exercices pour se rapprocher de songnie

    Nous avons explor ce que nous entendions par gnie : cettesingularit qui dpasse la fois le particulier et l'universel commeces artistes fameux tout la fois originaux et populaires.

    Nous avons montr en quoi le gnie, tout en tant la partie la plusleve de nous-mme, la partie inspire, s'enracine aussi dans toutl'tre affectif et rationnel.

    Mais comment se rapprocher de ce fameux gnie ?

    Nous vous proposons trois exercices qui sont des tremplins pourse rapprocher de son gnie.

    Pour le maximum de rsultat nous vous conseillons d'utiliser lestrois, ils sont complmentaires.

    Cela va vous prendre du temps : quelques heures par semainependant plusieurs mois.

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  • Le jeu en vaut la chandelle : il s'agit de dcouvrir le plus beau, leplus vrai et le meilleur trsor sur cette terre : vous-mme.

    En apprenant vous connatre, vous apprendrez aussi connatreles autres et en quoi chacun est diffrent et aimable.

    Raconter son histoire

    Le premier exercice est trs simple, il s'agit de reprendre votre viedepuis le dbut et de la raconter. Vous devez aller dans les dtailset crire entre trente et cent pages. Cet exercice est le premier caril est fondateur. Il sera utile de revenir sur lui souvent.

    Prenez le temps de choisir un beau cahier qui soit un symbole enlui-mme de votre personnalit en qute d'elle-mme.

    Garder ce cahier secret pour vous sentir libre d'crire ce qui vous chante.

    Le premier bnfice est de conscientiser votre chemin de vie.

    Quand avez-vous t particulirement heureux ou malheureux ?

    Qu'elles taient les activits que vous avez faites avec le plus de joie ?

    Aller dans les dtails, crivez ce qui vous passe par la tte, etprenez du plaisir dans cet exercice d'intimit avec vous-mme.

    Nous reviendrons ultrieurement sur l'usage de ce cahier, audbut, l'important est de le rdiger.

    La tourne des amis

    Une autre manire, de vous rapprocher de votre gnie, consiste faire la tourne des amis.

    Aller voir vos amis, vos collgues de travail, vos parents, vosconnaissances et faites une enqute.

    Comment vous peroivent-t-ils ?

    Demander quelles sont vos qualits, quels sont vos dfauts ?

    En quoi tes-vous le plus original ?

    Si vous tiez un animal, quoi ressembleriez-vous ?

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  • Notez en dtail la rponse de vos amis.

    Chaque interview est une piste qui vous met sur le chemin devous-mme.

    la fin, faites la synthse.

    Quels sont les points communs, les points divergents ?

    Faites votre portrait robot partir de l'ensemble des interviews.

    Le rve veill

    La troisime manire de vous rapprocher de votre gnie estrelaxante : retrouver votre facult enfantine de rver !

    Imaginez votre vie idale.

    Si vous supprimiez tous les obstacles, quoi ressemblerait votrequotidien ?

    Imaginez que vous ayez une baguette magique, que transforme-riez-vous ?

    Construisez votre monde idal comme une uvre d'art et voyagezdedans !

    Cela est paniquant de se sentir libre, et cela est difficile d'avoir lecourage d'inventer sa vie. Mais cela va vous permettre d'expri-menter deux vrits contre-intuitives : les pires rsistances sontsouvent en nous et le pire ennemi notre ralisation est parfoisnous-mme !

    Il faut apprendre rver sa vie et la construire dans sa tte avantde pouvoir en faire quelque chose d'original. Dans une construc-tion, le plus difficile est de faire des plans originaux qui collentvritablement avec ce que l'on veut ; des plans dans lesquels on sesente vraiment bien mesure qu'ils se raliseront.

    Prenez votre temps et dcouvrez le plaisir d'explorer en profon-deur cette nigme que vous tes pour vous-mme. Notez vosdcouvertes sur votre cahier de travail et acceptez que les chosesrestent floues et vous chappent : le puzzle se rassemblera toutdoucement sa propre vitesse intrinsque comme tous lesprocessus vivants.

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  • TROUVER SON GENIE

    Trouver son gnieC'est un peu comme trouver son destinC'est appliquer, aprs l'avoir trouv,Du sens son projet.

    Trouver son gnieC'est un peu comme trouver son destinC'est chercher au fond de soi le secret cachFaire la part du vrai et du sacr.

    Trouver son gnieC'est un peu comme trouver son destinC'est accepter ses motionsPour mieux les dpasser.

    Trouver son gnieC'est un peu comme trouver son destinC'est rvler son tre au-del du paratre.

    Trouver son gnieC'est finalement tre tout simplement.

    CD

  • Troisime chapitre :

    TROUVER SON GNIE

    "Votre gnie n'est pas ce que vous aimeriez qu'il soit, il est ce qu'il est."

    DICK RICHARDS

    Nous rentrons maintenant au cur du sujet et je donne ici leslments essentiels pour atteindre le trsor qui est cach au fondde vous : votre gnie.

    Le gnie, point aveugle de la personnalit

    Le gnie est souvent difficile trouver car il est, comme notre nezjuste devant nous, visible de tous mais invisible notre regard.

    Il est invisible parce qu'il imprgne tellement chacun de nos actes,il est tellement banal pour nous que nous n'y faisons pas attention.

    Bien souvent nous en avons honte car il est associ pour nous ce qui nous rend diffrent des autres, ce que parfois les autres ontridiculis !

    Nous avons tout fait pour le cacher, l'oublier, l'effacer. Mais notregnie est bien l, souvent martyris, jet dans un cachot au fondde nous-mme o il croupit en se lamentant, mais bien l, prt sortir et vivre dans la lumire retrouve.

    Le gnie n'est pas ce que nous aimerions qu'il soit, il est ce qu'ilest.

    Une chose est de le dcouvrir, une autre est de l'accepter, unetroisime est d'en faire quelque chose.

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  • Pour trouver son gnie, il est essentiel d'apprendre s'aimerinconditionnellement. Cela veut dire : suspendre son jugement etse contempler soi-mme dans le mystre abyssal de la singularit.Il sera toujours temps ensuite de juger et de tailler dans ce diamant l'tat brut ce que nous souhaitons faire briller. Allez larencontre de vous-mme, en amoureux, en osant voir le monde travers vos propres yeux et merveillez-vous, enfin, d'tre nulautre pareil.

    Ce que tout le monde vous reproche, gardez le prcieusement,c'est l qu'est enfoui, sous les travestissements de la honte, votregnie rprim et tortur par les piques de la foule englue dans lemimtisme.

    Bien videmment nous avons tous des modles de russite dans latte et nous aimerions bien ressembler telle ou telle "star" queles foules ont lue. Mais cela nous loigne de notre singularit nous ! Il est temps avant de mourir de devenir "fan" du seul treavec qui vous tes sr de vivre jusqu' la fin : vous-mme.

    partir des exercices dcrits dans le chapitre prcdent, il esttemps de partir sur les traces de vous-mme. Reprenez votrehistoire et essayez de reprer les moments les plus heureux devotre vie, les moments o vous vous sentiez le plus proche de laplnitude de vous-mme. Quand on est ancr dans son gnie, lemonde devient harmonieux et rpond avec synchronicit par unemultitude de petits ou de grands miracles qui facilitent le cheminmme s'il est escarp et apparemment impossible d'accs.

    Comment pouvez-vous vous rapprocher des moments deplnitude ?

    Quelles sont les caractristiques qui rendent ces momentsinoubliables ?

    Quelles sont les qualits singulires de vous-mme qui sont misesen uvre dans ces moments ?

    Dans ces moments qu'est-ce que vous donnez aux autres naturel-lement ?

    Cette dernire question est trs importante car ce qui est gnialen nous l'est en surabondance. Notre gnie est l o nousdbordons. L o nous sommes excessifs. L o nous pouvons

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  • travailler sans cesse. Notre gnie est dans une activit qui au lieude nous fatiguer nous rgnre. C'est souvent ce ct excessif dugnie qui nous fait le rejeter et cela d'autant plus que bien souventles autres se sont moqus de nous en cela mme que nousdbordions de la norme. Or c'est bien parce que cela dborde, etque nous sommes dous en cela, que nous pouvons le donnersans compter et que notre gnie est une source de richesse infinie.C'est pourquoi il est fondamental de reprer dans votre histoire devie ces moments mme fugaces o vous avez t saisis par la joiede vivre et o vous vous tes donns sans compter. De mme partir de l'interview, de vos collgues de travail, de votre famille,essayez de bien saisir le dessin de vos ombres et de vos lumires.Les qualits et les dfauts les plus apparents ne sont pas prendreau premier degr. Il ne faut pas gommer vos dfauts nisurenchrir sur vos qualits apparentes. Par exemple, tant jeunemes camarades se moquaient souvent de mon intrt pour lesgrandes questions philosophiques et pour les enjeux du futur de laplante. Ma passion seize ans paraissait ridicule et prtentieuse.

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  • Finalement, c'est en persvrant que j'ai pu me distinguer l'geadulte et accumuler les connaissances pour crire ce livre.

    Ces ombres et ces lumires, si vous les creusez, sont lessymptmes et rvlent les courants souterrains qui participent devotre gnie. Ce qui est le plus rvlateur de votre gnie, c'est cequi gne le plus les autres dans leur besoin de normalitmimtique.

    Le rve veill vous permet de crer de manire imaginaire unevie idale dans laquelle votre gnie pourrait se rvler complte-ment. Cela est difficile au dbut. Il est difficile de ne pas rsister cet espace du possible en censurant les intuitions invraisemblablesque nous avons. Il faut s'entraner au rve veill et construirepierre aprs pierre les lments de notre vie pleinement ralise.Vous serez surpris de constater que le plus difficile aura t derver et, que votre vision devenue claire, il s'avre relativementfacile de raliser ce rve.

    travers votre "histoire de vie", travers la "tourne des amis" et travers le "rve veill", vous avez accumul une multituded'indices sur votre "gnie". Vous avez dbroussaill votre jardinsecret, dgag les alles essentielles et commenc comprendrevotre paysage intrieur. En gnral cependant, le gnie resteencore flou, il manque de prcision. C'est pourquoi nous allonsvous proposer un exercice qui s'est rvl travers le tempscomme une extraordinaire mtaphore pour aider la dcouvertede cette pierre prcieuse qu'est notre gnie.

    la recherche de lobjet sacr

    Cet exercice est la cl de vote de ce livre. C'est pourquoi il estimportant de faire les exercices prcdents qui vous prparent etpermettent de faire cet exercice "cl de vote" dans les meilleuresconditions. Il faut rserver une journe tout entire de tranquillitet de solitude dans un espace calme. Nous faisons souvent cetexercice lors de sminaires de Dveloppement du PotentielIndividuel (DPI) en allant dans un grand espace silencieux etparfois dans un dsert qui est le type d'espace idal.

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  • Commencez votre journe par une heure de mditation o vousvous concentrez sur votre respiration pour trouver le rythme quivous convient le mieux et remplissez-vous du silence et de la paixde votre environnement. Une fois que vous tes ancr dans lesilence et dans la plnitude de votre inspiration, levez-vous etpartez la rencontre de votre "objet sacr".

    Qu'est-ce que votre "objet sacr" ?

    C'est un objet qui va venir vous. C'est un objet qui va s'imposer votre intuition comme l'image incontournable de votre gnie. Sivous tes dans un tat de profonde intuition, de profonde mdita-tion, l'objet va surgir de votre chemin alors que vous marchez etvous allez tout de suite le reconnatre comme une vidence,comme quelque chose qui vous fait un clin d'il et unit miracu-leusement le monde extrieur dans sa trivialit et l'intimit la plusprofonde de vous-mme. Prenez votre temps, il vous faudra peut-tre marcher plusieurs heures. C'est pourquoi il faut faire cetexercice dans un grand espace sauvage qui vous permette d'errertranquillement, durant cette prgrination mystrieuse, faite dedtours, d'hsitations, de perplexit. Comprenez que cet exercice,apparemment drisoire, est sans aucun doute un des moments lesplus importants de votre vie.

    Prenez votre temps. Dans ce domaine, le chemin sinueux est leplus court pour atteindre l'objectif. Pendant tout l'exercice, il estncessaire de ne pas parler. Il est prfrable de ne pas tredrang et de pouvoir rester dans un tat de paix intrieure etd'intuition qui permette l'objet sacr de se rvler.

    L'"objet sacr" peut tre n'importe quel objet : un bout de bois,une plante, un animal. Au fil des sminaires que nous avons faitssur le sujet, nous avons dcouvert que le plus pratique et le plusriche, sous son apparence frustre, tait de trouver un "objet sacr"qui soit une pierre, tout simplement. C'est pourquoi, nous vousconseillons vivement de chercher votre "gnie" dans le domainedes pierres. Bien sr dans ce cas-l, il est prfrable d'errer dansun espace o il y a de nombreuses pierres, comme une plage parexemple.

    Les pierres ont des couleurs, des formes et des matires extraor-dinairement diverses. Lorsque vous trouvez une pierre sur un

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  • chemin, sur une place, dans un dsert, il est facile, une fois quevous l'avez trouve de l'emporter avec vous et de pouvoir ainsigarder votre "gnie" avec vous pour le restant de votre vie. Lapierre ne vieillira pas et vous permettra d'avoir une ancre surlaquelle vous accrocher pour retrouver facilement l'intuition quivous a rapproch de votre singularit.

    Nous vous proposons de partir la recherche d'une pierre. Faites-le avec la conscience que vous tes en train de vivre un momenttrs important et que cet "objet sacr" que vous avez trouv vapermettre de cristalliser sous forme symbolique votre singularit.

    Explorer le potentiel de lobjet sacr

    Une fois que vous avez trouv votre "pierre", votre "objet sacr",asseyez-vous dans un endroit tranquille et rentrez en mditationen contemplant cette pierre. Laissez la pierre vous parler traversses couleurs, ses formes et ses matires. C'est un moment derconciliation avec vous-mme.

    Quelles sont les caractristiques de cette pierre ?

    Laissez cette pierre vous envahir et vous parler d'elle-mme.

    Faire des associations dides autour delobjet sacr

    Vous pouvez maintenant commencer faire des associationsd'ides autour de cette pierre et construire un chafaudaged'associations et de rfrences qui vous permettent de faoncrative de dcouvrir les aspects divers et les facettes htrognesde votre "gnie".

    Quelles sont toutes les qualits de cette pierre ? A quoi ressemble-t-elle ? quel vgtal, quel animal vous fait-elle penser ?

    De manire trs libre, notez sur un cahier toutes les penses quivous traversent en contemplant cette pierre.

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  • Organiser et classifier ses associations dides

    Une fois le travail de crativit sur les associations d'ides effectu,vous pouvez maintenant reprendre toute cette matire rassembleen vrac et l'organiser. Rassembler les lments qui se ressemblent,hirarchiser les qualits par niveau d'intensit et par pertinence.Vous pouvez dessiner une carte avec au centre votre "gnie" sousforme de blason qui vous pouvez donner un nom comprenantun nominatif et un adjectif. Par exemple, "explorateur courageux"ou "organisateur rigoureux". Et puis une srie de caractristiquescorrespondant aux diffrents aspects que vous avez mis en valeurchez vous.

    Dterminer les lments cls de votre gnie

    Avant de figer de manire dfinitive les caractristiques de votregnie, il est bon de passer un certain temps, quelques jours voirequelques mois, vivre avec votre premire consolidation deslments cls de votre gnie pour sentir si vous tes pleinementen accord au fil du temps avec ce que vous avez pu comprendrede votre gnie.

    Quand le gnie d'une personne est bien explicit, la personne sesent en parfait accord avec ce qui a t explicit. Par exemple, enrelisant la cartographie de votre gnie, vous devriez vous sentirsoulag comme si le seul fait de jeter un coup d'il sur cette feuillevous donnait de la force, vous rapprochait de vous-mme, vousmettait en accord avec vous-mme.

    La mtaphore qui me vient l'esprit est celle d'un instrument quel'on accorde. Vous devez valider le bon diapason de ce que vous