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Université Montpellier 2 SCIENCES ET TECHNIQUES MONTPELLIER | LANGUEDOC-ROUSSILLON | SUD DE FRANCE DISPONIBLE EN TÉLÉCHARGEMENT SUR www.univ-montp2.fr Les pratiques culturelles au cœur de l'université Des masters-ingénieurs experts formés à la faculté des sciences La quête du boson de Higgs enfin récompensée Ensemble vers la nouvelle université Le magazine universitaire au cœur de science Numéro 4 Décembre 2012

UM2 Magazine n°4 Décembre 2012

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DESCRIPTION

Le quatrième numéro est consacré à la fusion de l'Université Montpellier 2 et de l'Université Montpellier 1 et vous présente les grandes lignes de la nouvelle université qui verra le jour en 2015. Le magazine universitaire au cœur de science vous invite à une plongée au cœur de l'Université Montpellier 2. Ce rendez-vous trimestriel vous permet de découvrir l'UM2 dans toute sa diversité. Entrez dans les coulisses de l'Université grâce à la rubrique "Au cœur du campus" et faites connaissance avec ceux qui font l'université dans "A l'honneur à l'UM2". Découvrez également le cœur de sciences de l'UM2 en vous plongeant dans "L'écho des labos". Ce magazine vous propose chaque trimestre un focus sur les formations, l'innovation et les relations internationales

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N°4 - 12.2012Université Montpellier 2 SCIENCES ET TECHNIQUES

MONTPELLIER | LANGUEDOC-ROUSSILLON | SUD DE FRANCE

DISPONIBLE EN TÉLÉCHARGEMENT SUR www.univ-montp2.fr

Les pratiques culturelles au cœur de l'université

Des masters-ingénieurs experts formés à la faculté des sciences

La quête du boson de Higgs enfi n récompensée

Ensemble vers la nouvelleuniversité

Le magazine universitaire au cœur de science

Numéro 4Décembre 2012

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N°4 - 12.2012

4 DossierEnsemble vers la nouvelle université

8 Au cœur du campus Le son à fl eur de peau grâce à l’audio-tactile Les pratiques culturelles au cœur de l'université La tablette numérique au service de la pédagogie Handicap : mieux vivre à l'UM2

12 À l’honneur à l’UM2 Trois chercheurs de l’UM2 nommés membres

de l’Institut Universitaire de France Yacine Benyoucef, un étudiant entreprenant Sara Cavaliere, une subvention d'excellence Clément Bessaguet, un étudiant qui vise juste

14 Vie des labos La quête du boson de Higgs enfi n récompensée Les physiciens planchent sur le comportement de la matière

16 International Le Programme Erasmus fête ses 25 ans

18 Innovation Avec AxLR, la recherche en Languedoc-Roussillon passe

à la vitesse supérieure

20 Formation Inventer les objets intelligents de demain Des masters-ingénieurs experts formés à la Faculté

des sciences

22 Composantes Polytech Montpellier vous offre la mer à boire

23 Publications

UM2 N°4 - DÉCEMBRE 2012

DIRECTEUR DE LA PUBLICATIONMichel Robert

RÉDACTRICE EN CHEFAline Périault, [email protected]él. +33 (0)4 67 14 92 87

A COLLABORÉ À CE NUMÉROPhilippe Raymond

CONCEPTION & MISE EN PAGEOlivier Piau, Agropolis Productions

IMPRESSIONOffset Deux Mille (France)

UNIVERSITÉ MONTPELLIER 2 Sciences et TechniquesPlace Eugène Bataillon34095 Montpellier CEDEX 5Tél. +33 (0)4 67 14 30 30 [email protected]

Tirage : 2.500 ex.

Dépôt légal : décembre 2012ISSN : 2259-874X Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses représentants est illicite (art. A du Code de la Propriété Intellectuelle).

Sommaire

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De grands enjeux

pour la communauté universitaire

En ce début d’année universitaire, des défi s majeurs animent notre communauté.

Le premier concerne les Assises de l’Enseignement Supé-rieur et de la Recherche. Lancées par notre Ministère, elles se déroulent aux échelles nationale, régionale et locale, avec notamment la mise en place d’ateliers-débats et d’un congrès au sein de l’Université Montpellier 2.

Centrées autour des trois thèmes de la formation, la recherche et la structuration des universités, ces assises sont l’occasion de rappeler que de telles questions sont indis-sociables d’une mission de Service Public.

Le second évènement, auquel ce numéro d’UM2, le magazine universitaire au cœur de science consacre son dossier, constitue un acte majeur pour notre avenir : il concerne la fusion de l’Université Montpellier 1 et de l’Université Montpellier 2, avec la création d’une nouvelle université début 2015.

Les objectifs sont d’abord ceux d’une meilleure visibilité et d’une attractivité renforcée pour cet établissement. Ils sont aussi ceux d’une cohésion accrue de son offre de formation, de la mise en place de passerelles plus nombreuses pour les étudiants et d’une plus grande synergie entre ses laboratoires de recherche. Il s’agit également d’avoir une meilleure effi cacité et réactivité des structures de pilotage.

Ce projet est celui des deux universités partenaires ; leurs équipes de direction tra-vaillent de façon conjointe et rapprochée pour sa mise en place progressive, avec des groupes de travail thématiques et des réunions communes de leurs conseils centraux.

Bien au delà des logiques comptables et fi nancières, cette fusion devra susciter l’adhé-sion du plus grand nombre, aussi bien au sein de notre communauté qu’à l’extérieur. Les questions qui peuvent en résulter feront ainsi l’objet d’échanges avec l’ensemble des acteurs, personnels et étudiants.

Cette nouvelle université de Montpellier permettra, nous en sommes certains, de mieux répondre aux enjeux universitaires de notre région.

Michel Robert,Président de l’Université Montpellier 2 - Sciences et Techniques

Édito

1, 2, 3... taguez !Le QR code, vous connaissez ? Ce drôle de carré permet, à partir de votre téléphone, d'accéder directement à du contenu électronique (page Internet, vidéo, contenu multimédia...) sans avoir besoin de saisir l'adresse correspondante.

Muni de votre téléphone équipé d’un appareil photo et d’une application (gratuite) de lecture (QR Reader en anglais), Qrafter (iPhone), Goggles (Android), QR Code Scanner Pro (Blackberry), Bing (Windows Phone), trois étapes suffi sent : 1. lancer l'application, 2. photographier le Qrcode, 3. lire le contenu.

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N°4 - 12.2012

À PARTIR du premier janvier 2015, l'UM1 et l'UM2 formeront une seule et même université.

Nous nous sommes engagés dans cette fusion avant tout afi n de simplifi er la vie des étudiants et des personnels, et le fonctionnement des laboratoires.

La fusion devrait également faciliter les relations que nous entretenons avec des partenaires extérieurs qui, malgré leur désir de tisser des liens avec l'université, sont parfois découragés par l'existence de deux établissements intervenant sur les mêmes secteurs disciplinaires et qui ne savent pas à qui s'adresser. Elle nous permettra d'expliquer plus simplement notre offre de formation en sciences de la vie, santé ou chimie aux lycéens et aux étudiants et de mettre en place des initiatives cohérentes pour lutter contre l'échec. Enfin, elle rendra plus aisé le développement de thématiques trans-versales.

Pour réussir cette fusion, nous veille-rons à associer tous les acteurs. L'ob-jectif n'est pas de faire des économies mais au contraire d'améliorer la qualité des services et les conditions de travail des personnels. Les différents services

centraux ont déjà commencé à s'expli-quer mutuellement leurs pratiques. Des groupes de travail font actuellement l'inventaire des procédures et des ou-tils utilisés. Nous préparons ainsi nos administrations pour qu'elles abordent en toute sérénité les différentes étapes du processus. Nous saurons profiter des expériences des autres universités et nous rendrons compte régulièrement de l'évolution du projet : nous organi-serons un congrès dans quelques mois pour présenter l'avancement du projet.

Les équipes de direction des deux univer-sités sont prêtes pour la fusion politique : une grande partie de l'offre de formation fait déjà l'objet de cohabilitations et nos laboratoires et écoles doctorales ont pris l’habitude de raisonner à l’échelle du site. Les structures de gouvernance respecteront les principes de collégialité et de subsidiarité auxquels nous tenons et s'appuieront sur les collegium et pôles de site pour définir une politique commune notamment en matière d'emploi.

Nous devons aussi accélérer les chan-tiers de rénovation de nos campus. Les constructions et réhabilitations trop long-temps attendues devront accompagner

la structuration de la nouvelle université. Celle-ci se déclinera en un réseau de cam-pus accueillant les composantes de for-mation et les laboratoires de recherche. Ces campus devront avoir les moyens de développer une politique de vie étu-diante en concertation avec les autres établissements présents sur ces sites pour contribuer à créer une dynamique commune.

Enfin nous serons particulièrement atten-tifs aux engagements de l'État sur les moyens dotant cette nouvelle université qui devra être un phare en région au service des étudiants et de la formation tout au long de la vie, une université où tous les personnels trouverons leur place avec des conditions de travail améliorées. Ensemble nous pourrons ainsi continuer à défendre les missions de Service Public d'enseignement et de recherche.

Gilles Halbout,

1er Vice-président en charge de la nouvelle université

Ensemble vers la nouvelle université

Construisons

une nouvelle université

Dossier

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L'UM1 est parfois vue comme une université forte de ses traditions ; comment vit elle la perspective d'une fusion avec l'UM2 ?

Côté UM1, l’idée d’une fusion des trois universités de Montpellier est ancienne. Nous avons toutefois pris acte du sou-hait de l’UM3 de ne pas se joindre à un tel processus. L’UM1 est effectivement présentée comme une université attachée à ses traditions. C’est sans doute le poids de l’histoire, dans le sens où la plupart de ses UFR se dénomment « Facultés » en raison de leur existence antérieure à l’université. Les directeurs de ses com-posantes bénéfi cient ainsi d’une large autonomie pour faire fonctionner leur structure, même si les questions les plus stratégiques sont gérées au niveau central. Je ne pense toutefois pas que le poids des composantes soit un frein à la fusion car elles sont aussi au centre de l’UM2. La nouvelle université devra s’appuyer sur la renommée des composantes qui constitueront sa colonne vertébrale.

Quelles avancées attendez- vous de la fusion ?

Cette fusion doit en premier lieu permettre la « recomposition » de domaines au-jourd’hui divisés entre nos établissements afi n d’asseoir une politique scientifi que

plus réactive. C’est le cas de la biologie santé, de la chimie et de la gestion, même si, pour ces deux derniers domaines, d’autres structures continueront à exis-ter sur le site après 2015. La fusion doit aussi permettre d’améliorer l’image de notre ville universitaire et, côté visibilité, conduire à créer une des cinq plus grandes universités de province pour renforcer son attractivité, d’abord au niveau national mais également à l’international.

Quelles seront les étapes clefs du processus ?

Une fusion constitue le « toit » sur le plan juridique, mais il faut aussi construire les « murs ». Ainsi 2013 sera l’année d’élabo-ration du contrat quinquennal défi nissant notre stratégie. Avant cela, il faudra adop-ter une « Charte commune » des valeurs et principes que cette université devra respecter et, durant 2013, les murs se construiront par un rapprochement pro-gressif des services et des outils de ges-tion avec une harmonisation des procé-dures. L’université qui verra le jour début 2015 doit fonctionner dès sa naissance.

Voyez-vous des obstacles potentiels ?

Il est évidemment plus facile de mobili-ser une communauté lorsque le contexte fi nancier est favorable. À l’inverse, avec

des dotations qui ne permettent pas de conduire de manière satisfaisante l’en-semble de nos missions, le processus de fusion peut susciter des craintes. Ce n’est pas l’objectif poursuivi. Nous devons tout abord expliquer et communiquer sur les étapes et les processus suivis. Mais, surtout, nous devons être accompagnés par le ministère et les collectivités terri-toriales qui tireront aussi un bénéfi ce de cette fusion en terme d’image de marque du site.

Philippe Augé,

Président de l’Université Montpellier 1

L’Université Montpellier 1 vers la fusion

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N°4 - 12.2012

Jean-Patrick Respaut,

Vice-président du Conseil des Études et de la Vie Universitaire

Cette fusion constitue un enjeu fort pour l’avenir de la formation universitaire et du développement économique par le biais de l’insertion professionnelle des étudiants, tant du point de vue local que régional. Le nombre de formations co-habilitées entre les deux universités est déjà conséquent aux niveaux Master et Licence, notamment dans les domaines de la biologie, de la biochimie ou de la santé.

Ces bases vont permettre aux équipes pédagogiques de se rapprocher afi n de préparer la future offre de formation de l’établissement commun. L’objectif est celui d’un enrichissement mutuel, sur la base du respect de la diversité et des identités des composantes d’enseigne-ment ainsi que des acteurs en formation initiale, continue ou par apprentissage. Un beau et grand chantier en perspective.

La formation

La fusion de nos deux universités est une chance pour notre recherche. Elle simpli-fi era la vie de nos chercheurs et clarifi era les stratégies de nos laboratoires qui ont souvent pour tutelles les deux établisse-ments. Au niveau du site académique, la création imminente d'un collège doctoral unique, positionné au niveau du PRES, permettra une coordination et une har-monisation des formations doctorales et constitue une étape importante dans le

rapprochement des différentes universités et écoles. Toujours au niveau du site aca-démique, des pôles thématiques sont en train de se structurer entre les différents acteurs que sont les universités, écoles, organismes de recherche... (pôle MIPS, pôle Agro, pôle Chimie Balard, pôle Biolo-gie Santé...). Au niveau interne de l'UM2, et sans présager de la structuration interne de la future université fusionnée, ces pôles d établissement sont les intermédiaires

naturels entre les communautés et la pré-sidence.

Bernard Godelle,

Vice-Président du Conseil Scientifi que

La recherche

À quoi ressemblera l’université fusionnée ?

Une université ancrée sur le territoire et constituée d’un réseau de campus qui auront leur identité et vie interne ; ils rendront aux étudiants et aux personnels tous les services de proximité indis-pensables.

Comment réussir cette fusion ?

Il nous faut apprendre d’abord à mieux nous connaître à tous les niveaux (équipes de direction,

personnels administratifs et techniques, ensei-gnants, enseignants chercheurs et chercheurs, étudiants, composantes, laboratoires), puis tra-vailler ensemble, en partageant nos méthodes et en pensant aux nouvelles procédures de l’uni-versité unique. Chacun en a la forte volonté ; il nous faut la transformer en une véritable syner-gie sur la base d’un enrichissement mutuel. La réussite de la fusion se prépare ensemble et dès maintenant.

Christophe Iung,

Vice-président du Conseil d’Administration

L'université fusionnée : une véritable synergie

Dossier

Les grands axes de la nouvelle université

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Les équipes administratives et tech-niques sont au cœur de nos missions principales (formation, recherche, inser-tion, etc.). Elles opèrent sur la base de méthodes communes mais aussi selon des processus plus individualisés, liés à l’identité de chacun et à une culture de travail développée au fil des années en fonction des spécificités.

La fusion entre nos deux établissements fera se rencontrer ces équipes pour aller vers une mise en commun maitrisée et respectant les prérogatives de chacun. Ce principe de collégialité et de subsi-diarité constitue le socle du processus de fusion, qui se fera nécessairement avec la participation de tous. Cela nécessite d’y mettre les moyens nécessaires et d’y consacrer le temps de l’explication et de

la consultation. C’est sous ces conditions que le fonctionnement de la nouvelle uni-versité sera une réussite. 

Jacques Soëte,

Chargé de mission aux personnels BIATSS de la nouvelle université

Olivier Ourmières-Montel,

Vice-président Étudiant

Les étudiants sont la principale richesse des universités montpelliéraines. Au delà de leur investissement au sein de leurs formations, ils portent de nombreuses actions, associatives ou autres, qui contribuent au rayonnement des établis-sements. Cette fusion représente une véri-table opportunité pour eux, aussi bien en termes de complémentarité de l’offre de formation que de son enrichissement par l’interdisciplinarité, au cœur des métiers

de demain, que du développement de la vie étudiante « territoriale » avec une mise en réseau des campus et sites affi liés à l’UM1 et à l’UM2. Les étudiants seront des acteurs majeurs sur ces aspects et lors du processus de fusion, en mettant en place un comité de pilotage qui défi nira la structuration de cette université, entre autres autour d’un bureau et d’assemblées de la vie étudiante.

Les étudiants

Indéfectiblement attachées à soutenir la recherche libre et en quête de connais-sances, l’Université Montpellier 2 et l’Uni-versité Montpellier 1 sont aujourd’hui éga-lement très actives dans les travaux qui visent à répondre à des besoins directs de la société. On peut ainsi trouver au sein d’un même laboratoire des chercheurs passionnés par une question théorique et d’autres très impliqués dans le transfert entre universités et entreprises.

Partenaires dans de nombreux labora-toires qui ont tissé des liens de recherche fructueux avec des industriels, partenaires dans la Société d’Accélération du Trans-fert de Technologies AxLR qui vient juste de voir le jour, nos établissements ont plus que jamais vocation à développer un service effi cace, en appui et à l’écoute des chercheurs et de leurs collaborateurs industriels. 

François Pierrot,

Vice-président délégué à l’innovation et aux relations avec les entreprises

L’innovation

François Henn,

Vice-président délégué aux relations internationales

Aujourd’hui encore plus qu’hier, l’interna-tionalisation de l’enseignement supérieur et de la recherche s’impose comme une nécessité. C’est une véritable opportunité pour nos établissements qui se nourrissent tout autant d’ouverture et de confronta-tions que de ressources et de compé-tences. Comme pour toute forme d’action géopolitique, les relations internationales des universités obéissent à l’adage qui veut que l’union fait la force.

La fusion de nos établissements nous rendra plus visible. Elle nous permettra d’accroitre notre représentation dans les pays étrangers, de mutualiser nos moyens et ainsi de démultiplier l’impact de nos actions et, enfi n, de mieux coordonner l’accueil des étudiants, enseignants et chercheurs étrangers, éléments essen-tiels de notre rayonnement international.

L’international

Le personnel

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APPRENEZ à écouter avec votre corps grâce à l’artiste Lynn Pook, accueillie en résidence à

l’Université Montpellier 2, qui invite son public à une expérience immersive hors du commun.

« Sensible, inouï, surprenant et diffici-lement descriptible ». Les spectateurs qui ont fait l’expérience de l’audio-tac-tile ne manquent pas d’enthousiasme. L’audio-tactile ? C’est un travail artis-tique développé par la plasticienne Lynn Pook qui explore la dimension vibratoire du son. Principe : un dispositif d’écoute qui permet à l’auditeur/spectateur de percevoir le son par conduction osseuse et d'en ressentir la dimension vibratoire tactile sur la peau. Une quinzaine de haut-parleurs sont disposés sur la peau des participants pour faire circuler des

stimulations sonores et musicales à la surface de leur corps. Ces derniers sont par ailleurs équipés de bouchons d’oreille pour les priver de leur mode d’écoute classique. « Parce que moins on entend avec les oreilles, plus on entend par conduction osseuse », sou-ligne Lynn Pook qui a toujours intégré dans son travail artistique le rapport avec le corps et les perceptions. Résultat : «  une œuvre in situ, sur et dans le corps du spectateur ».

Le Pôle Culture de l’Université Mont-pellier 2 a invité l’artiste et son projet « Substance son » pendant 2 mois pour permettre de faire partager l’audio-tac-tile à un public élargi et notamment se rapprocher de la communauté scienti-fique. « Je n’ai pas de formation spé-cifiquement scientifique, mon travail

repose sur une approche purement intuitive », précise Lynn Pook. L’artiste souhaite échanger avec des spécialistes en physiologie et en neurosciences pour améliorer sa compréhension des phéno-mènes mis en jeu. « J’espère également pouvoir rencontrer des informaticiens, des roboticiens ou tout autre scientifique se sentant concerné dans sa pratique par ce qui est mis en œuvre avec l’au-dio-tactile et qui pourront apporter leur contribution pour faire évoluer aussi bien les interfaces de musique assistée par ordinateur que les prototypes d'écoute », souligne l’artiste.

Pendant 2 semaines, les étudiants et les chercheurs auront la possibilité de dé-couvrir l’audio-tactile grâce à un hamac installé à la bibliothèque universitaire où chacun pourra venir tenter l’expérience immersive. Une rencontre entre l’univers scientifique et l’univers artistique qui va permettre au projet « Substance son » de se transformer et de s’ouvrir à un plus large public. « Je souhaite également travailler avec des personnes en situa-tion de handicap, notamment autistes ou malentendantes, et pourquoi pas voir des applications thérapeutiques découler de l’audio-tactile », envisage Lynn Pook. À bon entendeur…

Le son à fl eur de peau grâce à l’audio-tactile

Au cœur du campus

…www.lynnpook.de

Où : Pôle CultureBâtiment 34Tél. +33 (0)4 67 14 48 [email protected]

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LE PÔLE Culture de l’Université Montpellier 2 organise des ateliers de pratique artistique

pour le personnel et les étudiants. Objectif : ouvrir une fenêtre sur l’art et créer du lien. Au menu : photo, création sonore ou encore théâtre.

Comment sensibiliser les étudiants et personnels de l’Université Montpellier 2 à l’art ? « Rien ne vaut la pratique », répondent Eléonore Mercier et Caroline Dat. Les deux médiatrices culturelles orga-nisent des ateliers de pratique artistique amateur proposés gratuitement aux étu-diants et à tous les membres du personnel de l’université. « Au-delà de la dimension artistique, ces ateliers représentent des lieux et moment de rencontre, d’échange d’expérience, de création de lien intergé-nérationnel : ils participent réellement au bien-être des personnels et étudiants », explique Eléonore Mercier.

Parmi les nombreuses activités artistiques proposées, le pôle culture développe les

ateliers numériques et technologiques, mettant ainsi les sciences au cœur de la pratique. Les usagers peuvent par exemple s’initier à la photo numérique grâce à un atelier qui couvre toutes les étapes du pro-cessus de création, de la prise de vue à la retouche sur ordinateur jusqu’au tirage photo et à la mise en place de l’exposition. Les passionnés de photo peuvent éga-lement participer à l’atelier sténopé qui propose une initiation au maniement de la boîe noire, remontant ainsi aux origines de la photographie. Les amateurs de nouvelles technologies seront également comblés par l’atelier musique assistée par ordinateur qui leur permettra de s’initier à la création sonore ou encore par l’atelier circuit-ben-ding qui propose de détourner les jeux d’enfant pour en faire de la musique. Le service met également en place un atelier Ciné-Mix, en partenariat avec le Crous, qui propose de mélanger son et image.

« Il ne s’agit cependant pas d’ateliers tech-niques, ces technologies sont toujours utilisées dans une démarche de création

artistique», précise Eléonore Mercier. Chaque atelier est en effet encadré par un artiste professionnel qui bien au-delà de la compétence technique va amener son point de vue et sa sensibilité.

Le pôle culture propose également des ate-liers création de meubles en carton, chorale ou encore théâtre d’impro, en partenariat avec le comité d’action sociale de l’UM2. « Ces activités sont également de bonnes occasions pour les personnels de rencon-trer des gens qui travaillent dans d’autres services et qu’ils ne sont pas amenés à côtoyer autrement », souligne Eléonore Mercier. Créer du lien grâce à l’art : pari réussi pour le Pôle Culture.

les pratiques culturelles au cœur de l'université

Curiosité, éveil et

développement personnel

… www.facebook.com/pages/Pôle-Culture-UM2/134421229994403

Où : Pôle CultureBâtiment 34Tél. +33 (0)4 67 14 48 [email protected]

Les Fais(lés) de l'impro à l'UM2.

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Au cœur du campus

La

LA RENTRÉE se décline

en numérique à Polytech

Montpellier : l’école va équiper

d’une tablette numérique chacun de

ses 300 nouveaux étudiants. Mission

assignée à la petite fenêtre : ouvrir de

nouveaux horizons pédagogiques.

La tablette numérique, un cadeau de bienvenue ? « Absolument pas, assure Serge Pravossoudovitch, directeur de Polytech Montpellier. C’est un nouvel outil de travail qui répond aux besoins pédagogiques modernes. L’évaluation des différentes solutions numériques a fait l’objet d’une analyse approfondie par l’équipe pédagogique, en concertation avec les étudiants. La solution retenue, la tablette tactile, a plus d’un avantage sur l’ordinateur portable. Elle est moins chère. Elle est moins perturbante pour les enseignants, qui gardent mieux le contact avec les étudiants que face à une forêt d’écrans levés. Et elle est plus prometteuse en termes de développement de nouvelles approches pédagogiques ».

Ressources au bout des doigts

Autres avantages : l’accès permanent aux ressources pédagogiques et une interaction plus participative. On peut désormais, pendant le cours, échanger des données et obtenir les résultats en temps réel, répondre à un QCM, annoter les supports pédagogiques, intégrer le multimédia dans une présentation modi-fiable par chacun… « C’est un outil adapté

aux étudiants d’au-jourd’hui, donc un facteur de motivation et de réussite dans les études », poursuit le directeur de Poly-tech Montpellier.

Si l’opération peut pa-raitre spectaculaire, elle se fera à terme à coût réduit en engendrant une nouvelle façon de penser l’informatique à l’école : il fallait de toute façon remplacer le parc des or-dinateurs. « On a préféré équiper les étudiants plutôt que l’école, explique Serge Pravossoudovitch. Cela permettra de dis-poser de ressources informatiques dans toutes les salles de l’école et de donner aux apprenants un outil plus performant ». Cette année, le financement est assuré pour moitié par les ressources propres de l’école et pour moitié par l’Université Montpellier 2, dans le cadre du Contrat Objectifs Moyens.

Nouveaux usages pédagogiques

Ancien directeur adjoint de Polytech Montpellier, aujourd’hui vice-président délégué aux Ressources - Personnels, Pilotage, Numérique à l’UM2, Christophe Fiorio a mené de bout en bout l’opération « tablettes numériques ». S’il compte sur la dimension ludique de ce matériel

pour aider les étudiants à se réapproprier

les contenus pédagogiques, ses attentes vont bien au-delà.

« L’arrivée de la tablette fait partie de notre démarche globale de rénovation pédagogique, qui consiste par exemple à intégrer de plus en plus les TD dans les cours pour réconcilier théorie et pra-tique, et à apporter un accès direct aux ressources ». Du côté des enseignants comme des étudiants, il s’agit aussi de stimuler l’imagination et « d’inciter à de nouveaux usages ».

Premier bilan ? « À la fin du semestre, avec les étudiants et les enseignants ». Ces derniers se sont mobilisés : une vingtaine d’entre eux est volontaire pour l’opération.

tablette numérique au service de la pédagogie

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LE SERVICE d'Accompagnement des Étudiants et Personnels Handicapés (SAEPH)

accompagne au quotidien toutes les personnes en situation de handicap. Avec un projet commun : permettre à chacun de mieux vivre son travail ou ses études.

Il est né de la loi du 12 février 2005, qui pose « l’égalité des droits et des chances  » des personnes handicapées. La mission du SAEPH ? Aider à compen-ser les conséquences d’un handicap. Si la démarche reste la même pour les personnels et les étudiants, « chaque situation est unique  » explique Véronique Desbois, responsable d’un service qui se veut d’abord « un espace de parole et d’écoute ». Où avant d’obtenir une aide concrète, l’on vient d’abord s’exprimer, s’informer sur ses droits, demander conseil.

Accompagnement sur mesure

Aménagement de son poste de travail, réorientation professionnelle, mise en place du télétravail… Le SAEPH est là pour trouver des solutions adaptées. Les services destinés aux étudiants ? Ils sont nombreux : documents péda-gogiques adaptés (copies en braille, podcasts sous-titrés…), prêt de matériel (ordinateurs, logiciels spécialisés…), ou même accompagnement au quotidien (tutorat, interprétariat…).

Assistante pédagogique, Char l ine Artières se veut avant tout un « outil au service de l’étudiant ». Comment ? En lui apportant une aide à la prise de note, à l’organisation, ou encore à la méthodologie de travail. Mais aussi en faisant le lien avec l’équipe pédagogique et avec l’environnement de l’étudiant.

Ateliers de sensibilisation

Aider les personnes en situation de handicap, c’est aussi aider leur entou-rage. « Pas toujours facile d’accepter la différence, dit Isabelle Pecquenard, référente handicap des étudiants. Il faut parfois apaiser des situations de tensions et de non-dits. D’autant que le handicap n’est pas toujours visible, ce qui est source d’incompréhension ».

En matière de sensibilisation, le SAEPH innove en proposant des initiations lu-diques au braille ou à la langue des signes française. Des ateliers qui permettent de vivre de nouvelles expériences sen-sorielles, et qui rencontrent un énorme

succès. Même s’il reste encore beaucoup de chemin à accomplir…

3 permanents, 1 chargé de mission et 5 assistants pédagogiques 5 à 10 contrats passés chaque année avec des étudiants

ou des enseignants 46 agents de l’UM2 sont suivis par le SAEPH.

20 d’entre eux bénéfi cient d’un aménagement de poste 200 étudiants sont en situation de handicap à l’UM2.

100 d’entre eux bénéfi cient d’un aménagement des examens, 50 sont suivis au quotidien par le SAEPH.

LE SAEPH EN CHIFFRES

Une équipe au service de l'accueil et de l'accompagnement des personnes handicapées

Handicapmieux vivre à l'UM2

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À l’honneur à l’UM2

ÉRIC Tournié, professeur d’électronique, Guillaume

Cassabois, professeur de physique et Frédéric Wrobel, maître de conférence en électronique ont été nommés membres de l’IUF, pour une durée de cinq ans, par le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Éric Tournié, nommé membre senior

Éric Tournié est responsable du groupe

« Composants à nanostructures pour le

moyen infra-rouge » (nanoMIR) de l’Ins-

titut d’Electronique du Sud.

Il est nommé à l’IUF pour développer de nouvelles approches permettant de faire converger les technologies – a priori in-compatibles – de l’optoélectronique (émis-sion/détection de lumière) et de la micro/nano-électronique, étape clé pour le déve-loppement futur des Technologies de l’In-formation et de la Communication. 

Guillaume Cassabois, nommé membre juniorGuillaume Cassabois est professeur de

physique au laboratoire Charles Cou-

lomb. Ses activités de recherche s'ins-

crivent dans le contexte général de l'in-

teraction lumière-matière en physique

du solide.

Son projet de recherche pour l'IUF a pour objectif d'explorer les propriétés optiques et quantiques de nouveaux dispositifs se-mi-conducteurs de taille nanométrique. Ce projet sera réalisé avec un théoricien et un expérimentateur, récemment recrutés au laboratoire Charles Coulomb, afi n de créer un nouveau groupe à l'interface des activi-tés locales existant en théorie de l'électro-magnétisme et spectroscopie optique de l'état solide, et avec l'ambition de réaliser des travaux pionniers en physique de la plasmonique et des métamatériaux.

Frédéric Wrobel, nommé membre junior

Frédéric Wrobel est maître de confé-

rences à l’Institut d’électronique du Sud

(IES).

Son projet de recherche pour les cinq années à venir concerne la caractérisation de l’environnement radiatif naturel (spa-tial, avionique, terrestre). Il s’attachera en particulier à évaluer la contrainte radiative naturelle dans des environnements réels (notamment dans les véhicules spatiaux). À terme une modélisation multi-physique et multi-échelle permettra d’évaluer la fi a-bilité des composants électroniques très intégrés soumis aux radiations.

Trois chercheurs de l’UM2 nommés membres de l’Institut Universitaire de France

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Yacine Benyoucef, un étudiant entreprenant

Ils répondent à des appels d’offres, par-

ticipent à des concours ou des salons,

s’engagent dans des projets collectifs,

s’investissent dans la vie associative…

La Faculté des sciences a décidé de

récompenser les plus entreprenants de

ses étudiants grâce à un concours qui

valorise le travail extra-universitaire ef-

fectué en lien avec la formation initiale.

Yacine Benyoucef, diplômé d’un Mas-ter  2 spécialisé en recherche biomédicale, est un des lauréats de cette première édi-tion intitulée « Les étudiants de la Faculté des sciences sont entreprenants ». Ce prix récompense sa participation au concours de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) en 2011. « J’ai proposé une méthode de réani-mation cardiopulmonaire en hypogravité », explique Yacine. Le projet a séduit l’ESA, qui a invité le jeune homme au dernier sym-posium de la station spatiale internationale qui s’est déroulé à Berlin en mai 2012.

« Une distinction importante », pour Ya-cine. Mais le label décerné par la faculté des sciences constitue aussi un atout non négligeable pour la poursuite de ses études : « de plus en plus de recruteurs s’intéressent au moins autant aux activités extra-universitaires qu’aux résultats sco-laires. J’ai déjà obtenu plusieurs entretiens grâce à ce prix qui fait une vraie différence sur mon CV ». Et qui l’aidera certainement à décrocher la thèse qu’il recherche.

Sara Cavaliere, une subvention d’excellence

Sara Cavaliere, maître de conférences au

Laboratoire AIME (Agrégats, Interfaces,

Matériaux pour l'Énergie) de l'Institut

Charles Gerhardt a obtenu une subven-

tion de l’European Research Council

(ERC) pour ses projets de recherche. Cet

organisme a pour vocation d'encourager

la recherche de haut niveau en Europe à

travers le fi nancement de projets com-

pétitifs, et ce dans toutes les disciplines.

Dotée de 1,3 M€ sur 5 ans, cette subven-tion permettra à Sara Cavaliere de mettre en place sa propre structure de recherche, grâce au recrutement d’une équipe et à l'achat d'équipement. « Ma recherche porte sur le développement de nouveaux matériaux d’électrolyte et d’électrodes pour piles à combustible à membrane », explique Sara Cavaliere.

Face à l’augmentation de la demande énergétique mondiale, à la diminution des ressources d’énergie fossile et à l’aug-mentation de la pollution, ces dernières années la recherche s’est orientée vers le développement de nouveaux moyens de production d’énergie. L’une des voies pro-metteuses pour la production d’électricité est représentée par les piles à combustible à membrane échangeuse de protons. En effet ces générateurs ont des rendements élevés et présentent des avantages impor-tants sur le plan environnemental, émettant une quantité très faible de polluants.

« Le projet SPINAM (Electrospinning: a method to elaborate membrane-electrode materials for energy devices) se propose de préparer des nouveaux matériaux pour les piles à combustible à base de nanofi bres issues de la méthode de l’electrospinning ou électrofi lage », explique Sara Cavaliere.

« La stabilité et la performance de ces na-nomatériaux sont désormais démontrées, notamment par les travaux effectués au sein de notre laboratoire. Les retombées à attendre de ces travaux sont importantes, autant sur le plan environnemental que sur le plan économique. » 

Clément Bessaguet, un étudiant qui vise justeÉtudiant en Génie Electrique Infor-matique Industrielle à l'IUT de Mont-pellier, Clément est devenu triple

champion du monde universitaire

de tir au pistolet en individuel et par équipe en septembre à Kazan (Russie).

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Vie des labos

boson de Higgs La quête du

enfi n récompensée

LES PHYSICIENS auraient découvert une particule qu’ils traquent depuis des années :

le boson de Higgs. Explications avec les chercheurs de l’équipe Interactions Fondamentales, Astroparticules et Cosmologie (IFAC) de l’Université Montpellier 2 qui participent à ces recherches.

Voilà bientôt 50 ans que les chercheurs tentaient de mettre la main dessus : le boson de Higgs aurait enfin été identifié. « C’est la clé de voûte du modèle standard de la physique des particules », explique Cyril Hugonie, chercheur au Labora-toire Univers et Particules de Montpellier (LUPM). Le modèle standard est le cadre théorique qui décrit les particules élé-mentaires et leurs interactions. Problème  : il n’explique pas pourquoi les particules ont une masse. Pour résoudre ce pro-blème, il fallait introduire dans ce modèle un mécanisme qui implique l’existence d’une nouvelle particule : le boson de Higgs. Son existence a été postulée par Peter Higgs et d’autres physiciens dès 1964 mais le fameux boson n’avait encore jamais été détecté jusque là. « C’est la der-nière particule fondamentale du

modèle standard, celle-là même qui est responsable de la masse de toutes les autres particules », souligne Jean-Loïc Kneur du laboratoire Charles Coulomb (L2C).

Pourquoi ce boson a-t-il été si difficile à débusquer ? « Parce que d’une part la théorie ne prédit pas sa masse et d’autre part i l faut augmenter notablement l’énergie et la luminosité de la machine pour le discerner d’un gigantesque bruit de fond », répond Gilbert Moultaka du L2C. Sa découverte annoncée le 4 juillet 2012 a été réalisée au LHC, le grand accélérateur de particules situé près de Genève. D’ailleurs les chercheurs n’ont pas observé directement le boson de Higgs. Impossible : une fois produit il se désintègre immédiatement pour donner d’autres particules connues. « Ce qu’ont observé les expérimentateurs, ce sont jus-

tement les

particules issues de la désintégration du boson », explique le chercheur.

Cette découverte représente une avancée majeure de la physique du 21e siècle, pour autant il reste de nombreuses questions auxquelles les physiciens ne peuvent pas encore répondre. Ce boson correspond-il exactement à la particule imaginée par Peter Higgs ? « Nous pouvons affirmer que nous avons observé une particule qui a des caractéristiques de boson de Higgs, répond Cyril Hugonie. Mais nous aimerions qu’elle ait quelques différences par rapport au boson standard  ». Le modèle standard comporte en effet de nombreuses lacunes que les chercheurs tentent de combler. « La masse du boson de Higgs dans le modèle standard est très instable », précise Gilbert Moultaka. Les théoriciens de l’Université Montpellier 2 continuent à plancher sur la ques-tion : « Nous travaillons sur l’extension

supersymétrique du modèle standard qui pourrait résoudre le problème

de stabilité de la masse du boson de Higgs ». Le boson

a peut-être été identifié, mais l’histoire n’est pas terminée.

© ATLAS Collaboration

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SOLIDE, poudre, mousse, fl uide… La matière est dans tous ses états. Quelles sont les

règles qui régissent son comportement, beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît ? Près de 650 physiciens se sont réunis autour de cette question lors des « Journées de la Matière Condensée » à l’Université Montpellier 2.

Quelles sont les règles qui régissent le comportement surprenant de la matière ? Pourquoi le sable coule-t-il entre les doigts ? Comment l’eau passe-t-elle du flocon à la goutte quand la température s’élève ? Ce sont quelques-unes des interrogations qui occupent les physi-ciens de la matière condensée qui se sont réunis à l’Université Montpellier 2 fin août à l’occasion des 13e Journées de la Matière Condensée (JMC13) organisées avec la Société Française de Physique et coordonnées par le Laboratoire Charles Coulomb. Avec près de 650 participants, ce congrès est l’un des plus importants rassemblements de physiciens en France. Objectif  : comprendre, prédire et ainsi maîtriser les propriétés physiques d’une très grande variété de matériaux.

« Les physiciens se penchent de plus en plus sur des matériaux qui sont considérés comme des systèmes complexes, com-posés de constituants élémentaires qui ne sont pas aussi "simples" que l’atome ou l’électron  », explique Ludovic Ber-thier, chercheur au Laboratoire Charles Coulomb, qui a été invité à présenter ses travaux lors des JMC13 et illustre un des axes de recherche abordés au congrès. Un exemple : un tas de sable peut être considéré comme un ensemble de particules en interactions, chaque particule étant un grain de sable. Mais ces

grains eux-mêmes constituent des entités complexes formées d’un grand nombre de molécules. « Des matériaux tels que sables, poudres ou mousses nous sont familiers mais la connaissance que nous avons de leurs propriétés mécaniques est encore rudimentaire et empirique, malgré des enjeux majeurs pour l’indus-trie pharmaceutique ou agro-alimentaire qui doivent concevoir et manipuler ces matériaux », souligne le chercheur.

De la matière aux systèmes vivants

Autre terrain de recherche pour les phy-siciens de la matière condensée : les systèmes vivants. «  Ils constituent eux aussi une classe de matériaux encore plus complexes », explique Ludovic Ber-thier. Exemple  : un tissu biologique est composé d’un ensemble de cellules ca-pables de se mouvoir de façon autonome.

« On peut pousser plus loin l’analogie avec les systèmes vivants : par exemple les mouvements collectifs au sein des bancs de poisson ou des nuées d’oiseaux rentrent aussi dans le cadre d’étude des systèmes complexes puisqu’il s’agit de mieux comprendre et caractériser les comportements collectifs qui résultent de l’interaction entre un grand nombre d’entités, précise le chercheur. La diffé-rence c’est qu’ici il ne s’agit plus de grains de sable ou de bulles, mais d’oiseaux ou de poissons ». Autant de matière à réflexion pour les physiciens…

…www.jmc13.univ-montp2.fr…www.coulomb.univ-montp2.fr

Les physiciens planchent sur le comportement de la matière

Dispositif expérimental pour l'étude d'un billard à photons - © L2C

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International

GRÂCE au programme d’échange européen Erasmus, les étudiants de l’Université

Montpellier 2 ont la possibilité d’aller passer un ou deux semestres dans une université étrangère. Un programme qui favorise également la mobilité des enseignants et du personnel administratif.

Comment faire rimer études et séjour à l’étranger ? Grâce à Erasmus. Ce pro-gramme européen de mobilité qui fête ses 25 ans en 2012 rencontre un succès grandissant. « Erasmus propose aux étu-diants de partir un semestre ou une année faire des études dans un autre pays parti-cipant au programme », explique Mar Roig Ripoll, coordinatrice du pôle relations internationales et mobilité à l’Université Montpellier 2. La grande majorité des universités européennes prennent part au programme Erasmus et plus de 2,2 millions d'étudiants y ont participé depuis son lancement en 1987.

Objectif affiché : permettre aux étudiants de profiter des avantages que procure l’expérience des études dans d’autres pays européens aux niveaux éducatif, linguistique et culturel. Mais Erasmus représente également un atout pour les universités car il permet de promouvoir la coopération entre les établissements et d’enrichir leur environnement éducatif.

Ce programme phare contribue enfin à la création d’un réservoir de jeunes diplômés possédant une expérience internationale.

Augmenter l’employabilité

Fondé par 11 États européens, le pro-gramme Erasmus intègre désormais 33 États dont les 27 membres de l'Union européenne, l'Islande, le Liechtenstein, la Norvège, la Suisse, la Croatie et la Turquie.

L’Université Montpellier 2 propose des échanges avec 25 pays. Chaque année environ 200 étudiants de l’UM2 béné-

ficient de ce programme. Destinations les plus prisées : Royaume-Uni, Irlande et Danemark. « Dans ces trois pays, les cours sont en anglais ce qui confirme que les étudiants partent pour améliorer leurs connaissances en langues et surtout en anglais », analyse la coordinatrice du pôle relations internationales. « L’UM2 propose également des échanges avec la Croatie, la Pologne et la République Tchèque, pays moins prisés mais qui présentent eux aussi l’avantage de dispenser leurs enseignements en anglais ».

Tout est mis en place pour faciliter le départ et l’intégration des étudiants.

Erasmus Le Programme

fête ses 25 ans

Accueil Erasmus à la maison des Relations Internationales

© PRES Sud de France

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L’ÉCOLE DE L’AUTONOMIECes derniers bénéficient d’une bourse Erasmus d’environ 160 euros par mois qu’ils peuvent cumuler avec les bourses sur critères sociaux et d’autres finance-ments comme des bourses de la Région Languedoc-Roussillon ou des chèques mobilité. Autre avantage : les étudiants Erasmus n’ont pas à payer les frais d’ins-cription dans l’université qui les accueille puisqu’ils s’en sont déjà acquittés dans leur université d’origine. « Les étudiants bénéficient également d’une prise en charge à leur arrivée notamment pour les aider à trouver un logement ou leur pro-poser des cours de langue », complète Mar Roig Ripoll.

Côté cours, les étudiants bénéficient d’un contrat pédagogique : des pro-fesseurs référents de l’université d’ori-gine et de l’université de destination s’assurent que les enseignements des deux établissements sont cohérents avec la filière choisie par l’étudiant. « Au final les étudiants décrochent un diplôme de leur université d’origine, grâce aux examens qu’ils ont passé à l’étranger », explique Mar Roig Ripoll. Par ailleurs les étudiants peuvent également bénéficier du programme Erasmus entreprise qui leur permet de partir faire un stage à l’étranger.

Erasmus pour les enseignants

et le personnel administratif

Mais les étudiants ne sont pas les seuls à bénéficier de ce programme : les ensei-gnants et les personnels administratifs des universités peuvent également par-tir à l’étranger avec Erasmus. « C’est intéressant pour les professeurs qui s’occupent des contrats pédagogiques des étudiants d’aller intervenir dans les universités d’accueil  », explique Mar Roig Ripoll. Chaque année une douzaine d’enseignants de l’Université Montpel-lier 2 se laissent tenter par l’aventure. Depuis 1997, 250 000 professeurs et autres membres du personnel de l'ensei-gnement supérieur sont partis grâce à Erasmus.

Samuel Ginot est étudiant en Master PPP, Paléontologie, Paléobiologie, Phylogénie. Après avoir étudié la biologie pendant 2 ans à l’Université Montpellier 2, Samuel a eu envie de « bouger

un peu ». Direction l’Angleterre grâce au programme Erasmus. « J’ai fait ma troisième année de licence à l’université de Bristol, c’était une super expérience ». À son arrivée, Samuel trouve rapidement un appartement en colocation grâce aux annonces mises à sa disposition par l’université d’accueil. Il conserve sa bourse du CROUS et reçoit en plus une bourse Erasmus de 800 euros pour l’année. Pour Samuel, c’est l’apprentissage de l’autonomie : « jusque là je vivais chez mes parents, cette expérience m’a permis d’être indépendant tout en restant dans un cadre scolaire rassurant ». Une autonomie que Samuel a également retrouvée dans ses études : « les méthodes de travail à l’université sont très différentes en Angleterre, il y a moins d’heures de cours mais beaucoup plus de travail personnel, j’ai dû apprendre à étudier autrement et aujourd’hui je sais mieux faire des recherches et travailler en autonomie ».Autre avantage : « j’ai boosté mon niveau d’anglais ». Autant d’atouts pour la poursuite des études de Samuel qui se destine à une carrière de paléontologue.

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Innovation

COMMENT valoriser la recherche en Languedoc-Roussillon, sensibiliser les chercheurs au

monde économique et mieux détecter les inventions dans les laboratoires ? Grâce à AxLR, la Société d’Accélération de Transfert de Technologie dont l’Université Montpellier 2 est partenaire.

Bonne nouvelle pour la recherche en

Languedoc-Roussillon : le projet de Société d’Accélération de Transfert de Technologie (SATT) déposé par l’Uni-versité Montpellier 2 a été retenu par le jury dans le cadre des Investissement d’avenir. La SATT nommée AxLR a été crée le 1er août 2012 à Montpellier par l’État, les universités et les organismes de recherche présents en Languedoc-Roussillon.

Pourquoi le gouvernement soutient-il la création de ces structures de valorisation de la recherche ? Parce que si la France dispose d'une excellente recherche fon-damentale, elle peine encore à traduire ses découvertes en applications indus-trielles : alors qu'elle se situe au 6e rang mondial pour les publications, elle ne figure qu'au 12e rang mondial pour le nombre de brevets internationaux dépo-sés selon l’Office européen des brevets. Pour améliorer le transfert de technolo-gies, le gouvernement a décidé la création d'un nombre limité de SATT.

Leur mission : assurer la maturation des projets issus des établissements de recherche pour en faciliter la diffusion dans le milieu socio-économique, contri-buer à la protection des résultats de la

recherche, notamment en assurant les dépôts de brevets, favoriser les transferts de technologies à l'industrie ou encore aider à la création de start-up.

La région la plus pluridisciplinaire

En Languedoc-Roussillon, la SATT dé-nommée AxLR a comme périmètre la région et comprend onze actionnaires : les cinq universités (UM1, UM2, UM3, UPVD, UNîmes), deux grandes écoles (Montpel-lier SupAgro, ENSCM) et quatre orga-nismes de recherche (CNRS, INSERM, IRSTEA, IRD). Le périmètre d’activité de la SATT couvre une centaine d’unités de recherche représentant 4 750 chercheurs, enseignants-chercheurs et personnels de recherche (ingénieurs, doctorants, post-doc).

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AxLRAvec la recherche

en Languedoc-Roussillon passe à la vitesse supérieure

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« En nous rapprochant des équipes de recherche actives en Languedoc-Rous-sillon, nous allons évaluer le potentiel de développement économique des projets pour l’industrie régionale et nationale », explique Philippe Nérin, le président de la SATT. « Par rapport aux autres SATT, la spécificité du Languedoc-Roussillon est d’être la région la plus pluridisciplinaire », complète-t-il.

AxLR dispose d’un capital de 1 million d’euro et sera au total dotée de 45 mil-lions d’euro sur dix ans par le programme d’Investissements d’Avenir. Ce montant sera complété par un fonds régional de 5 millions d’euros sur trois ans financé par la Région, l’Agglomération de Montpellier et le Fonds Européen de Développement Régional. « Ce capital nous permettra de financer les projets issus des établisse-ments de recherche pour les porter du stade préliminaire à celui de prototypes ou de démonstrateurs technologiques », explique Philippe Nérin.

Repositionner

l’économie de la région

AxLR s’occupera de l’ensemble de la chaîne de valorisation, depuis la sensi-bilisation et la détection dans les labo-ratoires, jusqu’à l’incubation de start-up. Elle assurera également la promotion vers les entreprises et aura en charge

la promotion et l’accès pour les tiers aux plateformes technologiques et grands équipements régionaux. Avan-tage pour les chercheurs : un meilleur accompagnement dans l'ensemble des démarches de valorisation tels que dé-pôt de brevet ou création d'entreprise. Un atout aussi pour les entreprises qui bénéficieront d'un interlocuteur leur proposant un bouquet complet de tech-nologies et compétences développées au sein des laboratoires de recherche.

« J’ai déjà identifié une trentaine de projets, dans divers secteurs tels que les énergies renouvelables, le médicament, la chimie, la science des matériaux, les capteurs… Nous en sélectionnerons entre 10 et 15 par an. Nous allons travail-ler avec les réseaux que j’ai développés depuis 20 ans, principalement dans les pays d’Europe de l’Est, aux États-Unis, et au Japon », précise le président d’AxLR.

La SATT travaillera en étroite collabora-tion avec les acteurs locaux du soutien à l’innovation, notamment Transferts LR, l’association de transfert de technologie dédiée aux entreprises, mise en place par l’État et la Région en 2005. Elle s’appuiera également sur les structures d’accompagnement à la création d’en-treprises comme le Business Innovation Centre de Montpellier Agglomération, classé 1ère pépinière mondiale en 2007

par l’association internationale des pépi-nières, et le réseau Synersud qui fédère 18 pépinières d’entreprises en région.

« Nous devons développer une forte capacité à rassembler les acteurs de la recherche, et à constituer une expertise industrielle, souligne Philippe Nérin. L’enjeu, c’est de trouver les grands projets structurants qui, dans dix ans, aideront à repositionner l’économie de la région et de la France ».

AxLR va travailler

avec les réseaux

principalement

dans les pays

d’Europe de l’Est,

aux États-Unis, et

au Japon

Philippe Nérin

président d’AxLR

De gauche à droite : Régis Ferron (IRD),Ghislaine Gibello (CNRS), Jacques Moret (DRRT), Matthieu Martel (UPVD), Elisabeth Viola (CDC), Jacques Mercier (UM1), Christian Perigaud (UM2), Sébastien Massart (Direccte), Françoise Guetron-Gouaze (OSEO), François Pierrot (CNRS).

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Formation

M ÉCONNUS du grand public, ils jouent un rôle clef dans notre quotidien. Les «

Systèmes Embarqués » sont l’objet d’une nouvelle formation d’ingénieur par apprentissage proposée par Polytech Montpellier.

Ils sont parmi nous. De la minuterie de votre four à Curiosity, le robot qui explore le sol de Mars, ces serviteurs high tech des temps modernes se rencontrent partout : dans les produits grands publics, appareils photos ou téléphones portables, mais aus-si dans toutes les branches de l’industrie.

Répondre aux attentes

des industriels et des étudiants

« Les systèmes embarqués ? Ils sont au cœur des enjeux de société ». C’est le constat de Laurent Latorre, responsable de la nouvelle formation dispensée à Polytech. Une formation qui répond à une double évidence : « le tissu industriel régional est en quête de compétences. Il y a donc une forte demande du marché de l’emploi, mais aussi de la part des étu-diants : la formation par apprentissage, c’est la voie directe vers une première embauche. Surtout dans des domaines aussi porteurs… »

Pour mener à bien ce projet, il aura fallu deux années de travail avec le Centre de Formation des Apprentis, en partena-riat avec de nombreux industriels – une trentaine d’entreprises, pour la plupart régionales – et le soutien des syndicats

de branches au niveau national. « Il nous faut désormais répondre aux besoins des industriels qui nous ont fait confiance, poursuit Laurent Latorre. Et bien sûr satis-faire les attentes de nos étudiants ».

Former des acteurs clefs

dans l’économie de demain

Habilitée par la Commission du Titre d’In-génieur (CTI), la nouvelle formation forme en trois ans des ingénieurs généralistes, et leur propose une spécialisation dans la conception, le développement et la mise en œuvre de systèmes électroniques ou de dispositifs d’informatique industrielle. For-mation par apprentissage, elle est rythmée par l’alternance entre 15 jours à l’école et 15 jours passés au sein d’une entreprise.

Depuis septembre, les douze apprentis de la première promo découvrent ainsi le monde de l’entreprise par la grande porte, au sein de grands groupes indus-triels (Eurocopter, Safran) ou au service d’entreprises régionales représentant des secteurs d’activités variés (santé, domotique, multimédia…). Ils expéri-mentent une formule qui fait rimer alter-nance avec excellence… et exigence : autant d’heures de cours qu’un étudiant classique, et en prime un gros volume de travail en entreprise. Avec à l’arrivée, une ambition affichée : devenir les architectes des futurs objets intelligents, mais aussi « des acteurs clefs dans l’innovation des entreprises et dans l’économie de de-main ».

Inventer les objetsintelligents de demain

Les 12 apprentis de la première promo "systèmes embarqués"

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AVEC son nouveau cursus de master en ingénierie (CMI), la faculté des sciences propose un

enseignement renforcé dispensé en lien étroit avec l'industrie et la recherche. Objectif : former en 5 ans des Masters- ingénieurs experts en innovation technologique.

Peut-on se préparer au métier de mas-ters-ingénieurs en passant par la case université ? C'est désormais possible à la Faculté des sciences de l'Université Montpellier 2 grâce au nouveau cursus nommé CMI dispensé depuis la rentrée 2012. Pourquoi choisir de former des masters-ingénieurs au sein de la faculté ? « L'intérêt est d'occuper une niche de mé-tier délaissée par les écoles d'ingénieurs classiques et où il y a pourtant d'impor-tants besoins au niveau national », répond Christian Jay-Allemand, responsable de ce nouveau cursus. Beaucoup d'étu-diants issus de ces écoles s'orientent en effet vers le management, le marketing ou encore la gestion au détriment du secteur de l'innovation technologique. Un vide comblé grâce à ce nouveau cursus proposé par une dizaine d'universités en France, dont l'Université Montpellier 2.

Une formation

pluridisciplinaire

de pointe

Au p rogramme : un enseignement renforcé proposé à tous les candi-dats dès la première année de licence. Avec 50 heures de cours supplémentaires par semestre, les étudiants qui choisissent ce cursus re-çoivent un enseignement plus intensif notamment en sciences humaines et sociales. Dès la deu-xième année les étudiants les plus motivés qui continuent dans ce par-cours seront immergés dans le monde de la recherche grâce à un couplage étroit de l'enseignement avec les labo-ratoires de recherche et les partenaires industriels. « Les étudiants sont amenés à réaliser des projets innovants sur 2 ou 3 ans dans les entreprises », précise Christian Jay-Allemand. À la clé : un diplôme de master labellisé CMI mais également un réel atout pour décro-cher un travail grâce aux partenariats et aux réseaux développés pendant la formation.

Les futurs « ingénieurs-experts » trou-veront des débouchés sur des postes d'ingénieur recherche et développement, chef de projet innovant ou encore ingé-nieur en expérimentation ou en produc-tion. « Ce cursus répond à une réelle demande sociale et économique pour optimiser le domaine de l'innovation, souligne Christian Jay-Allemand. C'est aussi un moyen efficace de remettre les étudiants au cœur du monde du travail et de redonner à l'université toute la place qu'elle mérite socialement et économi-quement ».  

Responsables CMI à l’Université Montpellier 2

Bernard Orsal, [email protected] Christian Jay-Allemand,

[email protected] Gilles Halbout, [email protected]

Le cursus CMI propose 6 spécialités sur des domaines innovants : Chimie Physique Biotechnologies Capteurs Optoélectroniques Hyperfréquences Mécanique Informatique

1 CURSUS, 6 SPÉCIALITÉS

Des masters-ingénieursénieurs experts formés

à la Faculté des sciencesiences

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PPEUT-ON changer l’eau de mer en eau potable ? Oui, grâce au dessalement. Différents

procédés existent pour la transformer en eau douce mais ils consomment beaucoup d’énergie. Un prototype d’un genre nouveau a été installé à Polytech Montpellier.

56 millions de mètres cubes. C’est le volume d’eau dessalée produit par jour à travers le monde, soit environ 1,5 % de la production mondiale d’eau potable. Pourquoi transformer l’eau salée en eau douce ? Parce que l’eau de mer est la seule ressource de nombreux pays cô-tiers. C’est notamment le cas de nos voi-sins espagnols qui utilisent cette technolo-gie à grande échelle : à Barcelone, un tiers de l’eau douce qui alimente les habitants provient du dessalement de l’eau de mer.

Le dessalement s’appuie sur deux prin-cipes physiques majeurs : la filtration (osmose inverse) et la distillation. La pre-mière consiste à faire passer l’eau à tra-vers des membranes denses (perméabi-lité sélective) qui retiennent les éléments dissouts, la deuxième consiste à chauffer

l’eau pour l’évaporer, puis à la condenser afi n de récupérer une eau dépourvue de sel. « Mais si le dessalement se présente comme une alternative à la pénurie d’eau, des efforts importants restent à faire pour l’inscrire dans un contexte de dévelop-pement durable », explique Marc Héran, enseignant en Sciences et Technologies de l’Eau à Polytech Montpellier. Les moyens mis en œuvre pour éliminer le sel (ou plutôt pour extraire de l’eau douce) sont en effet très gourmands en énergie, soit pour appliquer une pression permet-tant à l’eau de traverser les membranes dans le cas de l’osmose inverse, soit pour chauffer l’eau afi n de provoquer son évaporation dans le cas de la distillation.

Utiliser l’énergie solaire

Pour réduire la consommation en éner-gie des procédés de dessalement, un prototype innovant utilisant le procédé

Dunetec* développé par la société

Montpellier Engineering a été installé à l’Université Montpellier 2. Son principe : chauffer l’eau grâce à des panneaux solaires thermiques afi n de produire de la vapeur dans une colonne d’évaporation

« basse température ». La vapeur pro-duite est ensuite transportée dans une colonne froide où elle est condensée au contact de parois froides qui serviront aussi au préchauffage initial de l’eau. Les sels restent du côté « évaporateur » du système, alors que l’eau produite est collectée du côté du « condenseur ». Son avantage  : un procédé respectueux de l’environnement qui permet le dessale-ment en n’utilisant que le rayonnement solaire comme source d’énergie.

Afi n de vérifi er le fonctionnement de

cette technologie innovante, les pre-miers essais vont être réalisés à la ren-trée 2012 par les étudiants. « Ce proto-type servira pour les projets industriels de fi n d’étude des élèves ingénieurs en Sciences et Technologie de l’Eau mais représente également un terrain d’expé-rimentation inédit pour nos étudiants en Mécaniques et Interactions (analyse ther-modynamique) ou en étude des matériaux (transfert de chaleur et précipitation des sels) », précise Marc Héran. Ces essais pourront ensuite être supportés par des fonds d’aide à l’innovation et par le volet formation du labex NUMEV.

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président de Montpellier Engineering

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Composantes

Page 23: UM2 Magazine n°4 Décembre 2012

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N°4 - 12.2012

Publications

Une membrane dynamique capable de s'auto-réparer

Des chercheurs de l'Institut européen des membranes (CNRS/ENSCM/Université Montpellier 2), en collaboration avec l'Institut de chimie radicalaire, ont développé la première membrane dynamique pour la filtration de l'eau en s'inspirant des membranes cellulaires. En fonction de la pression de l'eau, celle-ci peut ajuster de façon autonome la taille de ses pores. Autre atout : elle est capable de s'auto-réparer en cas de défaillance, ce qui augmente sa durée de vie et renforce la sécurité sanitaire du produit filtré. Ces recherches ont été publiées dans la revue Angewandte Chemie.

…Dynamic Interactive Membranes with Pressure-Driven Tunable Porosity and Self-Healing Ability. Prashant Tyagi, André Deratani, Denis Bouyer, Didier Cot, Valérie Gence, Mihail Barboiu, Trang N. T. Phan, Denis Bertin, Didier Gigmes, Damien Quemener. Angewandte Chemie. 2012 Jul 16

Contrôler la croissance et la texture d’un polycristal modèle

Les propriétés mécaniques macroscopiques de la plupart des métaux et céramiques sont déterminées par la taille et l’organisation des grains cristallins qui les composent. Pour comprendre les mécanismes mis en jeu, des physiciens du Laboratoire Charles Coulomb de Montpellier (L2C – CNRS / Université Montpellier 2) ont élaboré un cristal modèle à base de polymère et de nanoparticules dont la texture peut être finement contrôlée. Ce travail publié dans la revue Soft Matter devrait permettre d’obtenir de nouvelles informations résolues dans l’espace et dans le temps sur la déformation de polycristaux sous contrainte mécanique.

…Grain refinement and partitioning of impurities in the grain boundaries of a colloidal polycrystal, N. Ghofraniha, E. Tamborini, J. Oberdisse, L. Cipelletti et L. Ramos, Soft Matter, 8, 6214-6219 (2012).

Le figuier mâle imite l’odeur de la femelle

Une équipe dirigée par des chercheurs du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CNRS/Universités de Montpellier 1, 2, 3/Université de Nîmes/Montpellier SupAgro/Cirad/EPHE/IRD/Inra) vient de mettre en évidence un cas de mimétisme chimique particulièrement élaboré chez le figuier méditerranéen. Les guêpes qui pollinisent cette espèce n'ayant rien à gagner à visiter les arbres femelles, les arbres mâles modifient l'odeur qu'ils émettent, de manière à ce que les insectes ne puissent pas distinguer les sexes. Une étude publiée dans Ecology Letters.

…Evidence for intersexual chemical mimicry in a dioecious plant, Catherine C. L. Soler, Magali Proffit, Jean-Marie Bessière, Martine Hossaert-McKey & Bertrand Schatz, Ecology Letters, sept 2012

Comment les racines des plantes se ramifient

Les racines des plantes croissent et se ramifient constamment pour explorer le sol, à la recherche d'eau et de nutriments. Une équipe du Laboratoire de biochimie et physiologie moléculaire des plantes de Montpellier (CNRS/Inra/Université Montpellier 2 / Montpellier SupAgro), en collaboration avec des chercheurs anglais et allemands, a décrit un mécanisme qui, grâce à une hormone végétale et aux protéines régulant le passage de l'eau, permet l'émergence des racines secondaires. Ces résultats permettent d'envisager une optimisation de la croissance des racines de plantes.

…Auxin regulates aquaporin function to facilitate lateral root emergence - Benjamin Péret, Guowei Li, Jin Zhao, Leah R. Band, Ute Voß, Olivier Postaire, Doan-Trung Luu, Olivier Da Ines, Ilda Casimiro, Mikael Lucas, Darren M. Wells, Laure Lazzerini, Philippe Nacry, John R. King, Oliver E. Jensen, Anton R. Schäffner, Christophe Maurel and Malcolm J. Bennett Nature Cell Biology, 16 sept 2012

Publications

Page 24: UM2 Magazine n°4 Décembre 2012

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