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I20 propre matériel de lyophilisation pour trai- ter le bois et le cuir imbibés d’eau, mais celui-ci n’était assez spacieux pour aucun des deux corps. L’English Heritage Labora- tory étant équipé d’un lyophilisateur de di- mensions suffisantes, à quelques kilomè- tres seulement du British Museum, c’est celui-ci que nous avons décidé d’utiliser, Mme Jackie Watson se chargeant pour nous de superviser l’opération. Une fois le corps placé dans le lyophilisateur, la tempéra- ture de la chambre fut abaissée à -32 “C, puis on fit le vide. Le processus achevé, un mois plus tard, on laissa le corps s’accli- mater à la température ambiante, après quoi il fut retransporté au British Museum. L’aspect extérieur était satisfaisant ; le ré- trécissement était minime (de l’ordre de 1 à 2 %) ; le grain de la peau et des détails comme les sourcils et les cils étaient deve- nus visibles à l’œil nu ; la peau était sou- ple; le seul travail important à faire était d’ôter la mousse qui s’était fixée en sé- chant sur les cheveux. II fut décidé d’utili- ser le même procédé pour l’Homme de Lindow. Les opérations se sont déroulées de la même manière. Grâce à la lyophilisation, ce qu’il pouvait y avoir comme résidus de tourbe à l’issue du traitement fut facile à éliminer, et toute odeur avait disparu du corps. Au total, le rétrécissement linéaire était inférieur à 5 %. Depuis lors, c’est-à- dire depuis quatre ans, l’Homme de Lin- dow habite dans une vitrine spécialement aménagée à son intention, l’on peut ré- gler l’humidité relative et la température et qui ne reçoit qu’une lumière de faible in- tensité sans rayons ultraviolets. Et c’est à ce traitement qui en assure la conserva- tion qu’il doit d’être aujourd’hui l’une des grandes attractions du British Museum. vox POPULI Un ours polaire à Mexico Le Musée d’histoire naturelle de Mexico a célébré récemment son vingt-cinquième anniversaire. Et c’était bien de célébration qu‘il s‘agissait, comme le montre ci-après Mme Yani Herreman, directrice du Musée et membre du Comité consultatif de la rédaction de notre revue. Notre musée est un cas à part. L’attache- . ment que lui portent son public et son per- sonnel prend parfois des formes bien ré- jouissantes : ainsi, des artistes, des étu- diants, des clowns, des marionnettistes, des biologistes et des artisans ont partici- pé bénévolement, plusieurs dimanches de suite, à des ateliers organisés dans le ca- dre de l’opération N dimanches anniversai- res n. N’est-ce pas extraordinaire? Le pu- blic, les agents du musée et des gens de bonne volonté se sont unis pour fêter l’é- vénement et se divertir. Chaque week-end a été un succès. L’impact du musée sur le public - et, réciproquement, du public sur le musée - a quelque chose de surpre- Yani Herreman nant. Une anecdote suffira à le prouver. Parmi les pièces exposées, on remarque tout de suite un énorme ours polaire. Ce spécimen, doté du plus grand crâne d’ours jamais capturé, appartient à une personne très fortunée, qui l’a aimablement prêté au musée. II y a un an, le propriétaire a de- mandé à retrouver son bien. Quand le pu- blic en a été informé, il s’est produit une véritable révolution. Le jour l’ours était censé être rendu à son propriétaire, des enfants ont formé une véritable barrière pour empêcher cette restitution ; et, à par- tir de ce jour-là, ils n’ont cessé d’envoyer des lettres en demandant que l’ours reste au musée. J’ajoute que même les bandes de jeunes délinquants qui vivent près du musée ont fait dire qu’ils ne toucheraient pas à l’ours, car celui-ci leur appartenait tout autant qu’au musée! Je ne crois pas qu’il existe beaucoup de musées aussi pro- ches de leur public. m Entrez dans le jeu nvec le numéro demai 1991 du L’homme n’est tout à fait wmain que lorsqu’il joue.)) (f. von Schiller,, Le jeu, c’est ... in facteur de l’apprentissage sensoriel et moteur chez l’homme et l’animal; in principe pédagogique chez l’enfant; ln reflet des règles de la vie en société; me catharsis collective dans le sport de compétition moderne. Eastern Art R E P O R T Une publication Academic File Revue mensuelle des arts du Proche-Orient, du Moyen-Orient, de l’Asie du Sud, de la Chine et du Japon. Trois mille exemplaires diffusés dans le monde entier. Annonces publicitaires internationales de galeries, musées, Bditenrs et libraires. Vingt-cinq numéros par an. Pour obtenir un exemplaire gratuit, priere d’6crire ou de tbl6phoner A l’adresse suivante : Centre for Near East, Asia and Africa Research (NEAR) 172 Castelnau, London SW13 9DH, Royaume-Uni Tblbphone: O1 741 5878 Fax: O1 741 5671

Un ours polaire à Mexico

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propre matériel de lyophilisation pour trai- ter le bois et le cuir imbibés d’eau, mais celui-ci n’était assez spacieux pour aucun des deux corps. L’English Heritage Labora- tory étant équipé d’un lyophilisateur de di- mensions suffisantes, à quelques kilomè- tres seulement du British Museum, c’est celui-ci que nous avons décidé d’utiliser, Mme Jackie Watson se chargeant pour nous de superviser l’opération. Une fois le corps placé dans le lyophilisateur, la tempéra- ture de la chambre fut abaissée à -32 “C, puis on fit le vide. Le processus achevé, un mois plus tard, on laissa le corps s’accli- mater à la température ambiante, après quoi il fut retransporté au British Museum. L’aspect extérieur était satisfaisant ; le ré- trécissement était minime (de l’ordre de 1 à 2 %) ; le grain de la peau et des détails comme les sourcils et les cils étaient deve- nus visibles à l’œil nu ; la peau était sou- ple; le seul travail important à faire était d’ôter la mousse qui s’était fixée en sé- chant sur les cheveux. II fut décidé d’utili- ser le même procédé pour l’Homme de Lindow.

Les opérations se sont déroulées de la même manière. Grâce à la lyophilisation, ce qu’il pouvait y avoir comme résidus de tourbe à l’issue du traitement fut facile à éliminer, et toute odeur avait disparu du corps. Au total, le rétrécissement linéaire était inférieur à 5 %. Depuis lors, c’est-à- dire depuis quatre ans, l’Homme de Lin- dow habite dans une vitrine spécialement aménagée à son intention, où l’on peut ré- gler l’humidité relative et la température et qui ne reçoit qu’une lumière de faible in- tensité sans rayons ultraviolets. Et c’est à ce traitement qui en assure la conserva- tion qu’il doit d’être aujourd’hui l’une des grandes attractions du British Museum.

vox P O P U L I

Un ours polaire à Mexico Le Musée d’histoire naturelle de Mexico a célébré récemment son vingt-cinquième anniversaire. Et c’était bien de célébration qu‘il s‘agissait, comme le montre ci-après Mme Yani Herreman, directrice du Musée et membre du Comité consultatif de la rédaction de notre revue. Notre musée est un cas à part. L’attache-

. ment que lui portent son public et son per- sonnel prend parfois des formes bien ré- jouissantes : ainsi, des artistes, des étu- diants, des clowns, des marionnettistes, des biologistes et des artisans ont partici- pé bénévolement, plusieurs dimanches de suite, à des ateliers organisés dans le ca- dre de l’opération N dimanches anniversai- res n. N’est-ce pas extraordinaire? Le pu- blic, les agents du musée et des gens de bonne volonté se sont unis pour fêter l’é- vénement et se divertir. Chaque week-end a été un succès. L’impact du musée sur le public - et, réciproquement, du public sur le musée - a quelque chose de surpre-

Yani Herreman

nant. Une anecdote suffira à le prouver. Parmi les pièces exposées, on remarque tout de suite un énorme ours polaire. Ce spécimen, doté du plus grand crâne d’ours jamais capturé, appartient à une personne très fortunée, qui l’a aimablement prêté au musée. II y a un an, le propriétaire a de- mandé à retrouver son bien. Quand le pu- blic en a été informé, il s’est produit une véritable révolution. Le jour oÙ l’ours était censé être rendu à son propriétaire, des enfants ont formé une véritable barrière pour empêcher cette restitution ; et, à par- t i r de ce jour-là, ils n’ont cessé d’envoyer des lettres en demandant que l’ours reste au musée. J’ajoute que même les bandes de jeunes délinquants qui vivent près du musée ont fait dire qu’ils ne toucheraient pas à l’ours, car celui-ci leur appartenait tout autant qu’au musée! Je ne crois pas qu’il existe beaucoup de musées aussi pro- ches de leur public. m

Entrez dans le jeu

nvec le numéro demai 1991 du

L’homme n’est tout à fait wmain que lorsqu’il joue.))

( f . von Schiller,,

Le jeu, c’est ... in facteur de l’apprentissage

sensoriel e t moteur chez l’homme et l’animal;

in principe pédagogique chez l’enfant;

ln reflet des règles de la vie en société;

me catharsis collective dans le sport de compétition moderne.

Eastern Art R E P O R T

Une publication Academic File

Revue mensuelle des arts du Proche-Orient, du Moyen-Orient, de l’Asie du Sud, de la Chine et du Japon. Trois mille exemplaires diffusés dans le monde entier. Annonces publicitaires internationales de galeries, musées, Bditenrs et libraires. Vingt-cinq numéros par an.

Pour obtenir un exemplaire gratuit, priere d’6crire ou de tbl6phoner A l’adresse suivante :

Centre for Near East, Asia and Africa Research (NEAR)

172 Castelnau, London SW13 9DH, Royaume-Uni Tblbphone: O1 741 5878 Fax: O1 741 5671