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UNE EXPÉRIENCE ÉDUCATIVE DU A MUS,ÉE DES BEAUX-ARTS L'EXPOSITION par HUBERT GUILLET JEANNE DE ROUEN ET SON TEMPS* ANS le cadre des manifestations prévues à Rouen pour la réouverture solennelle D de la cathédrale au mois de juin 19~6, s'inscrivait la célébration du cinquième centenaire du procès de réhabilitation de Jeanne d'Arc. Le Musée des beaux-arts ayant été choisi pour abriter les éléments destinés à concrétiser l'hommage de la cité normande à l'héroïne martyre, l'exposition devait répondre à une triple exigence : être à la fois scientifique et esthétique tout en mettant en relief la haute signification spirituelle de cette manifestation. I1 revint au conservateur du Musée de l'histoire de France aux Archives nationales, Mlle Régine Pernoud, de rechercher et de recueillir les documents, les manuscrits et les objets ayant un rapport direct soit avec la vie de Jeanne d'Arc, soit plus spécia- lement avec le procès de réhabilitation. I1 n'est pas exagéré de dire que les pièces connues jusqu'à ce jour et provenant de collections publiques et privées ont été ainsi rassemblées pour cette exposition temporaire dans leur quasi-totalité. c'pVloisson austère, sans doute, écrit le R. P. Doncœur, puisque hélas, nous ne possédons aucune relique, aucun des moindres objets qui ont appartenu à Jeanne, aucun portrait qui nous révèle son image. Ni tel prétendu anneau, ni telle épée, ni tel chapeau, long- temps conservé à Orléans, ni même tel cheveu pris dans la cire d'un sceau à Riom ... rien ne nous est parvenu d'elle." I1 était de toute évidence que, si un tel choix ne comprenait que des textes, il ne pouvait, quelle qu'en fût l'inestimable valeur, suffire à évoquer pour le grand public l'héroïne et son épopée. Aussi fut-il décidé que, débordant le thème initial, l'expo- sition, tout en demeurant axée sur la réhabilitation de Jeanne, serait élargie, sous le titre Jeaime d'Arc ef son tei?.pr, en un panorama de la vie francaise au milieu du XV~ siècle. Ainsi s'offraient trois centres d'intérêt à exploiter selon des techniques propres aux exigences muséologiquesl : a) les lettres et les manuscrits des procès, les objets se rattachant directement à la vie de Jeanne d'Arc; 6) les documents intéressant les faits 'historiques contemporains; c) les éléments propres à évoquer l'art et la vie au cours de la dernière phase de la Guerre de cent ans. Les lettres revêtues de la signature de Jehanne -pièces essentielles de l'exposition, dont chaque mot garde une profonde résonance - ont fait l'objet d'une note qui figure dans le Catalogue de l'exposition, le détenteur de deux de ces reliques développe une thèse particulièrement séduisante : "Ces lettres, écrit le comte Charles de Malleissye Melun, fournissent une preuve qu'en ne signant que d'une croix la cédule rédigée par Cauchon, Jeanne n'abjurait pas sa mission." Parmi les manuscrits des procès, la première place revient au principal manuscrit du procès de condamnation, qui appartient à la bibliothèque de l'Assemblée natio- I. Le Catalogue de l'exposition a été rédigé pour toute la partie historique par M le Régine Pernoud. E n outre, plusieurs textes ont été c o d é s aux pius éminents spécialistes des questions johanniques, le R. P. Doncœur et le Révérend W. Sidney Scott. Les manuscrits de Rouen ont été préfacés par RiIl le Jeanne Dupic, conservateur en chef des biblia- thkques de Rouen. hf. Robert-Jean Charles, admi- nistrateur du Musée de l'armée a traité de l'armure en France au temps de Jeanne d'Arc, M. Georges Nigot, conservateur du &fusée instrumental du nale. Viennent ensuite le manuscrit dit de d'Urfé, étudié successivement par I'Averdy, Quicherat et Champion, puis, tout récemment, par le R.P. Doncœur, et le manuscrit de Diane de Poitiers - qui fait partie d'une collection privée anglaise - étudié par le Révérend W. Sidney Scott. A ces exemplaires authentiques des procès de condamnation et de réhabilitation, habituellement dispersés, sont joints les manus- crits célèbres de la Bibliothèque nationale, c'est-à-dire la somme des textes consti- - Conservatoire national de musique, à qui nous devons d'avoir obtenu le prêt des instruments anciens - de la musique au moyen áge. * Cette exposition a été présentée sous l'égide du Comité national Jeanne d'Arc au Musée de l'histoire de France, Archives nationales, Paris, à l'occasion de la Campagne internationale des musées (fig. 40). 236 tuant la source de la plus sûre documentation sur Jeanne d'Arc. L'histoire de ces temps troublés est écrite; elle joue en reflets sur l'ivoire des parchemins ; certains textes concernent les faits historiques proprement dits - confirmation du traité de Brétigny par Édouard III, roi d'Angleterre; lettre de Charles V au sujet de la rancon de Du Guesclin; traité conclu entre Pierre Cauchon, évêque de Beauvais et divers autres commissaires, au nom du roi d'Angleterre, et Étienne de Vignolles dit La Hire au nom de Charles VII, pour la capitulation de Vitry et des forteresses voisines, etc.; d'autres sont des arrêtés pris au jour le jour ou des comptes dont la précision dans l'énumération des détails a une rare vertu évocatrice : mandement à Thomas Blount, trésorier de Normandie, ordonnant la

Une expérience éducative du musée des beaux-arts de rouen L‘exposition Jeanne d'Arc et son temps

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U N E EXPÉRIENCE ÉDUCATIVE DU A MUS,ÉE DES BEAUX-ARTS L'EXPOSITION par HUBERT GUILLET

J E A N N E DE ROUEN

E T S O N T E M P S *

ANS le cadre des manifestations prévues à Rouen pour la réouverture solennelle D de la cathédrale au mois de juin 19~6, s'inscrivait la célébration du cinquième centenaire du procès de réhabilitation de Jeanne d'Arc.

Le Musée des beaux-arts ayant été choisi pour abriter les éléments destinés à concrétiser l'hommage de la cité normande à l'héroïne martyre, l'exposition devait répondre à une triple exigence : être à la fois scientifique et esthétique tout en mettant en relief la haute signification spirituelle de cette manifestation.

I1 revint au conservateur du Musée de l'histoire de France aux Archives nationales, Mlle Régine Pernoud, de rechercher et de recueillir les documents, les manuscrits et les objets ayant un rapport direct soit avec la vie de Jeanne d'Arc, soit plus spécia- lement avec le procès de réhabilitation. I1 n'est pas exagéré de dire que les pièces connues jusqu'à ce jour et provenant de collections publiques et privées ont été ainsi rassemblées pour cette exposition temporaire dans leur quasi-totalité. c'pVloisson austère, sans doute, écrit le R. P. Doncœur, puisque hélas, nous ne possédons aucune relique, aucun des moindres objets qui ont appartenu à Jeanne, aucun portrait qui nous révèle son image. Ni tel prétendu anneau, ni telle épée, ni tel chapeau, long- temps conservé à Orléans, ni même tel cheveu pris dans la cire d'un sceau à Riom ... rien ne nous est parvenu d'elle."

I1 était de toute évidence que, si un tel choix ne comprenait que des textes, il ne pouvait, quelle qu'en fût l'inestimable valeur, suffire à évoquer pour le grand public l'héroïne et son épopée. Aussi fut-il décidé que, débordant le thème initial, l'expo- sition, tout en demeurant axée sur la réhabilitation de Jeanne, serait élargie, sous le titre Jeaime d'Arc e f son tei?.pr, en un panorama de la vie francaise au milieu du X V ~ siècle.

Ainsi s'offraient trois centres d'intérêt à exploiter selon des techniques propres aux exigences muséologiquesl : a) les lettres et les manuscrits des procès, les objets se rattachant directement à la vie de Jeanne d'Arc; 6) les documents intéressant les faits 'historiques contemporains; c) les éléments propres à évoquer l'art et la vie au cours de la dernière phase de la Guerre de cent ans.

Les lettres revêtues de la signature de Jehanne -pièces essentielles de l'exposition, dont chaque mot garde une profonde résonance - ont fait l'objet d'une note qui figure dans le Catalogue de l'exposition, où le détenteur de deux de ces reliques développe une thèse particulièrement séduisante : "Ces lettres, écrit le comte Charles de Malleissye Melun, fournissent une preuve qu'en ne signant que d'une croix la cédule rédigée par Cauchon, Jeanne n'abjurait pas sa mission."

Parmi les manuscrits des procès, la première place revient au principal manuscrit du procès de condamnation, qui appartient à la bibliothèque de l'Assemblée natio-

I. Le Catalogue de l'exposition a été rédigé pour toute la partie historique par M le Régine Pernoud. En outre, plusieurs textes ont été codés aux pius éminents spécialistes des questions johanniques, le R. P. Doncœur et le Révérend W. Sidney Scott. Les manuscrits de Rouen ont été préfacés par RiI l le Jeanne Dupic, conservateur en chef des biblia- thkques de Rouen. hf. Robert-Jean Charles, admi- nistrateur du Musée de l'armée a traité de l'armure en France au temps de Jeanne d'Arc, M. Georges Nigot, conservateur du &fusée instrumental du

nale. Viennent ensuite le manuscrit dit de d'Urfé, étudié successivement par I'Averdy, Quicherat et Champion, puis, tout récemment, par le R.P. Doncœur, et le manuscrit de Diane de Poitiers - qui fait partie d'une collection privée anglaise - étudié par le Révérend W. Sidney Scott. A ces exemplaires authentiques des procès de condamnation et de réhabilitation, habituellement dispersés, sont joints les manus- crits célèbres de la Bibliothèque nationale, c'est-à-dire la somme des textes consti- -

Conservatoire national de musique, à qui nous devons d'avoir obtenu le prêt des instruments anciens - de la musique au moyen áge.

* Cette exposition a été présentée sous l'égide du Comité national Jeanne d'Arc au Musée de l'histoire de France, Archives nationales, Paris, à l'occasion de la Campagne internationale des musées (fig. 40).

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tuant la source de la plus sûre documentation sur Jeanne d'Arc. L'histoire de ces temps troublés est écrite; elle joue en reflets sur l'ivoire des

parchemins ; certains textes concernent les faits historiques proprement dits - confirmation du traité de Brétigny par Édouard III, roi d'Angleterre; lettre de Charles V au sujet de la rancon de Du Guesclin; traité conclu entre Pierre Cauchon, évêque de Beauvais et divers autres commissaires, au nom du roi d'Angleterre, et Étienne de Vignolles dit La Hire au nom de Charles VII, pour la capitulation de Vitry et des forteresses voisines, etc.; d'autres sont des arrêtés pris au jour le jour ou des comptes dont la précision dans l'énumération des détails a une rare vertu évocatrice : mandement à Thomas Blount, trésorier de Normandie, ordonnant la

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dépense d’engins de guerre pour le siège de Louviers, acte dressé à Rouen le 2 juin 1431, trois jours après le supplice de Jeanne (la crainte qu’elle leur inspirait était telle que les Anglais n’avaient pas osé entreprendre le siège de Louviers tant qu’elle était en vie) ; règlement, lors du procès de réhabilitation, le 26 mai 14j 2, “de six chopines de vin présentées à Maistre Guillaume Buillé et à l’inquisiteur de la Foi, lesquels avaient mandez les procureurs pour le procès de feue Jehanne la Pucelle”.

Le décor de la vie du temps de Jeanne d‘Arc - troisième centre d’intérêt de l’exposition - nous avait semblé tout d‘abord ouvrir un champ assez large aux investigations et laisser une certaine li- berté dans le choix des éléments propres à suggérer l’atmosphère de cette époque. Mais il apparut très rapidement que, dans ce dernier domaine, le problème était tout autre que celui que posaient les archives. En effet, évoquer l’époque de Jeanne d’Arc, c’était fixer les images d‘un court espace de temps, compris entre la marche héroïque de Jeanne et le procès de réha- bilitation. Or l‘évolution qui, dans toutes les sphères, marque le milieu du xve siècle et annonce l’aube d’une proche renais- sance s’exprime dans toutes les disciplines.

Pour situer avec fidélité l’époque dont nous nous étions proposé de retracer l’histoire, nous devions demeurer, dans notre choix, en desà de ce mouvement d‘évolution qui très rapidement allait modifier l’aspect plastique des choses.

Tenter de situer Jeanne d‘Arc en son temps, c’était, de toute évidence, exalter une force spirituelle et, en dehors de toute considération mystique, présenter un témoignage du pouvoir singulier d‘une volonté fascinante. Mais la bergère de Domremy ne concrttise-t-elle pas sa mission I’épée à la main, en conducteur d’hommes ? I1 nous a donc semblé que, parmi les éléments propres à évoquer l’atmosphère troublée de l’époque, il était impossible de ne pas faire une place au décor de guerre qui en fut si souvent le seul horizon. C‘est ainsi qu’armes d‘hast et de jet, brigandines, armures, hacquebutes marquent le degré précis d’évolution de l’armement et des moyens de défense utilisés au temps de Jeanne (fig. 34). Les chroniques du temps chantent aussi la vie de tous les jours avec ses joies et ses espoirs. Cet aspect plus aimable, où l’art conserve ses droits, devait aussi être évoqué. Peintures et tapisseries, sculptures et vitraux, mobilier, objets usuels en sont les témoins (fig. 3 ~ ) .

Les voix des ménestrels et des troubadours se sont éteintes de mGme qu’ont disparu le luth, le huchet de postillon, le rebec, mais l’image en est conservée dans la pierre de nos églises; si les textes musicaux sommeillent dans le secret des archives, les voix qu’ils suscitèrent voici cinq siècles nous sont restituées par la science de nos musiciens contemporains et par la magie du disque.

Le Musée des beaux-arts, entièrement transformé à une date récente, comprend, de chaque côté d‘un vestibule d’entrée, deux salles destinées à la présentation des aeuvres qui ne sont pas exposées en permanence. En outre, deux autres salles vitrées, avec un velum en panneaux de vénylite, servent aux grandes expositions tempo- raires. La différence de niveau entre les cours vitrées et les deux premières salles est environ d’un étage; un double escalier relie entre elles ces deux parties du musée.

Dans le cadre de l’actuelle exposition, les manuscrits, les objets les plus précieux et les documents ont trouvé place de part et d’autre du vestibule d‘entrée (fig. 36). Ces documents, qui pour les familiers de l’histoire ont tant de saveur, ces signatures au bas d’un traité, qui présentent une telle signification, pouvaient fort bien, pour le visiteur peu informé, rester lettre morte. Pour pallier cet inconvénient, des

N. MUSÉE DES BEAUX-ARTS, Rouen. L‘exposition d’Arc ’”” fcn’P* Vue de de ”‘Ar-

mena”, salle d‘exposition, grande cour.

~~. The exhibition ofthe -Lirmeria=, exhibition room, large courtyard.

afArt a,zdBtr T j ~ ~ E s .

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JI. MUSÉE DES BEAUX-ARTS, Rouen. L’exposition Jeantic d’Arc et $012 temps. Un aspect de la grande salle sous vélum de vtnylite. Au centre, la fapisserie des re@ ailis, appartenant au Musée départemental d’archéologie, Seine-Maritime. 31. The exhibition Joan of Arc atid ber Times. A view of the large room under a vinylite awning. In the centre, the Tapisscvie des re$ ailis belonging to the Musée départemental d’archéologie, Seine- Maritime.

’ 35. MUSÉE DES BEAUX-ARTS, Rouen. L’exposition Jeaiiii~ d’Arc e t sot2 tempx. Salle du Trésor. Vitrine centrale contenant le cabe de Reims et les lettres de Jeanne d‘Arc. Vitrines réservies aux manuscrits i enluminures. j5. The exhibition /oaf2 oj’ Arc arid ber Times. Treasure Room. Central showcase with the Chalire of Rheims and Joan of Arc’s letters. Showcases for the illuminated manuscripts.

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panneaux didactiques (fig. 37-3s) illustrant et résumant les faits signalent les grands remous historiques qui préludèrent à la Guerre de cent ans; sur d‘autres panneaux illustrés, des reproductions des paysages ou des scènes principales qui ont jalonné l’itinéraire de Jeanne de Domrémy au bûcher de Rouen rappellent les étapes de l’héroïque randonnée.

Les tapisseries et vitraux, les sculptures, meubles et objets de la vie journalière sont exposés dans les grandes salles inférieures où armes et armures sont présentées dans un cadre approprié à la nature de ces objets.

Tous les jours, dans l’auditorium du musée (fig. 4r), installé en permanence depuis l’exposition A r t 1 9 ~ 1 , ont lieu’ à I I heures et à 16 heures des concerts ou émissions de musique enregistrée dont les programmes sont publiés dans la presse locale.

L‘exposition Jenrme d’Arc e t soia temps exigeait par son caractère une présentation à la fois riche et sobre. Le ton gris perle des murs et des tentures s’accorde au drapé bleu azur foncé de grandes retombées de velours (fig. 36). Dans les salles sous vélum, qui permettent une libre plantation de décors et une mise en scène appropriée à chaque exposition, tous les éléments de présentation, socles et épis, ont été harmonisés avec les tons dominants des grandes tapisseries décorant les murs (fig. 3 ~ ) . L’éclairage d’appoint a été réalisé à l’aide de rampes fluorescentes, dissimulées sous des éléments très sobres en matière plastique diffusante.

AN EDUCATIONAL EXPERIMENT AT THE MUSÉE DES BEAUX-ARTS OF ROUEN

THE EXHIBITION J E A N N E DARC ET S O N T E M P S ”

miucrmEotrsm with the ceremonies in June 1956 which marked the formal S reopening of the Rouen cathedral, took place the celebration of the fifth cen- tenary of the Rehabilitation of Joan of Arc.

The exhibition, which was intended as a tangible expression of this Norman city’s homage to the martyred heroine, has been housed in the Musée des Beaux-Arts. Three requirements had to be met: a high scientific and aesthetic standard, and emphasis on the spiritual significance of the occasion.

The Curator of the Musée de l’histoire de France at the Archives nationales, Mlle. Régine Pernoud, was responsible for locating and collecting documents, manuscripts and objects directly related either to the life of Joan of Arc or, more especially, to the proceedings by which her memory was rehabilitated. Mlle. Pernoud managed to assemble for th:s temporary exhibition, all the pieces so far known, whether from public or from private collections.

As Father Doncceur pointed out, it was impossible for this material to be personally evocative, since there are no relics of Joan-no object that was once in her possession, nor any portrait that can show us what she looked like; not even a presumed ring, a sword, a hat preserved for years in Orleans, a hair caught in the wax of a seal at Riom-nothing has come down to us from her.

Obviously, if the exhibits were to consist of written documents alone, they could not in themselves-however priceless-sufice to conjure up for the general public a lively image of the heroine and her great deeds. For this reason it was decided to go beyond the original theme; the exhibition would be centred round Joan’s rehabilitation, but its scope would be enlarged so as to present, under the heading J o m qf A r c md her Tirze.r, a picture of life in France in the mid-1 5 th century.

Using appropriate museological methods, the exhibits could thus be arranged around three distinct centres of interest? (a) letters and manuscripts forming part of the documents of the court proceedings, and objects directly connected with the life of Joan of Arc; (b) documents relating to the historical events of the period; (c) material evocative of life and the arts in the last part of the Hundred Years War.

The letters bearing the signature of Jehanne are the highlights of the exhibition; every word in them finds an echo in men’s hearts. The Cda/ogue of the exhibition

by HUBERT GUILLET

I. The historical part of the Cafalogm of the exhibition was written entirely by Mie. REgine Per- noud. In addition, several articles were comniis- sioned from eminent specialists c.n questions relating to Joan of Arc, such as Father Paul Doncœur and the Reverend W. Sidney Scott. The preface for the Rouen manuscripts is the work of Mlle. Jeanne Dupic, Chief Librarian of the Libraries at Rouen. Mr. Robert-Jean Charles, Director of the Musée de l’armée, has written about armour in France in Joan of Arc’s time, and Mr. Georges Migot, Curator of thehfusee instrumental du Conservatoire national de musique-through whose good offices the loan of ancient instruments was obtained- about French music in the Middle Ages.

* This Exhibition was shown at the Musée de l’histoire de France, Archives nationales, Paris, under the auspices of the Comité national Jeanne d’Arc, on the occasion of the International Cam- paign for Museums (fig. p).

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contains a note on these letters, written by Count Charles de Malleissye Melun, the owner of two of them; it develops the fascinating theory that the letters provide a proof that, in signing only with a cross the statement drawn up by Cauchon, Joan did not abjure her mission.

Among the manuscripts of the pro- ceedings, the most important is theprinci- pal document in the trial which con- demned Joan, which belongs to the library of the Assemblée Nationale. Next comes the so-called Urfé manuscript, studied by L’Averdy, Quicherat and Champion, and recently by Father Doncœur; and the so- called Diane de Poitiers manuscript, studied by the Reverend W. Sidney Scott and belonging to an English private col- lection. In addition to these authentic specimens from the proceedings that condemned and rehabilitated Joan, which are usually dispersed, there are the celebrated manuscripts from the Bibliothèque Nationale-texts consti- tuting the most reliable source of infor- mation on Joan of Arc.

The history of these troubled times can be traced from such parchments. Some of them relate to historical events in the strict sense of the term, for instance, the confirmation of the Treaty of Brétigny by Edward III, IGng of England; a letter from Charles V about Du Guesclin‘s ransom; a treaty concluded between Pierre Cauchon, Bishop of Beauvais, and various other commissioners, on behalf of thz IQng of England, and Etienne de Vignolles, called La Hire, on behalf of Charles VII, for the capitulation of Vitry and the neighbouring fortresses. Others

I

J7, 3J. MusÉE DES BEAUX-ARTS, L,expo- sition J~anrzc d’Arc e t ~oo1z m p s . Panneaux didac- tiques.

37, j J * The exhibition Joan Of ber Td77zeJ*

Educational panels.

Page 6: Une expérience éducative du musée des beaux-arts de rouen L‘exposition Jeanne d'Arc et son temps

contain nd hoc decrees, and accounts whose minutely detailed items bring the times vividly to mind-for instance, an order to Thomas Blount, treasurer of Normandy, for expenditure on engines of war for the siege of Louviers, dated at Rouen, z June 1431, three days after Joan’s execution (the English were so afraid of her that they had not dared to lay siege to Louviers as long as she was alive); payment, during the rehabilitation proceedings, on 26 May 14j2, “for six pints of wine presented to Me. Guillaume Buillé and the Inquisitor of the Faith, who had sum- moned the procurators for the proceedings concerning the late Jehanne la Pucelle”.

The representation of life in Joan of Arc’s time-the third centre of interest in the exhibition-seemed at first to afford a fairly wide field for investigation and a certain latitude in the choice of objects suggestive of the general climate of the age. It soon became clear, however, that the problem here was quite different from that raised by the archives. If we were’ to evoke the times in which Joan of Arc lived, we must hold up a mirror to the brief period between Joan’s heroic march and the rehabilitation proceedings. But the rapid change observable in all spheres in the middle of the I 5 th century, foreshadowing the coming Renaissance, was reflected in every branch of learning.

In order to give its true place to the period whose history we had undertaken to depict, we had to be careful in our choice, not to go beyond this evolutionary move- ment which was shortly to change the outward appearance of things.

In any attempt to relate Joan of Arc to the period when she lived it was obviously necessary to extol her spiritual strength and-apart from my mystic consideration- to provide some testimony to the singular force of her fascinating will-power, but the mission of the shepherdess of Domremy found its concrete expression in the wearing of armour, in her role as a leader of men. We therefore considered it essential to include among the objects evocative of the troubled atmosphere of those times some examples of the apparatus of war-that war which was so often the inevitable, the only, setting of people’s lives. Hence the display of shafted and missile weapons, brigandines, heavy suits of armour, hackbuts, marking the exact degree of progress to which arms and methods of defence had attained in Joan’s time (fig. 34). The chronicles of the period also tell of the joys and hopes of everyday life. This pleasanter side, wherein the arts are able to flourish, was represented by paintings and tapestries, sculpture and stained glass, furniture and everyday objects (fig. 3 ~ ) . Though the voice of the minstrel and the troubadour are silent and the

j9. M U S É E DES BEAUX-ARTS, Rouen. L’exposition Jeatm d’Arc cf soti t e m p . Panneaux didactiques. 39. The exhibition ]OUR of Arc mid ber Tintes. Educational panels.

40. ARCHNES NATIONALES, HÓTEL DE ROHAN, Paris. L‘exposition jearmt d’Arc ef sori tmps. L’affiche (71 cm). JO. The exhibition Joari of Arc arid her T h u , Paris. The poster.

-

, _ . . . . .-

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41. MUSÉE DES BEAUX-ARTS, Rouen. L'exposition Jeatme d'Arc e t son temps. Auditorium : la scène et les appareils de diffusion (noir mat et vieil or); Hubert Guillet, décorateur.

41. The exhibition Joan of Arc atid ber Times. Audi- torium: the stage and the amplifying apparatus (dull black and old gold). Hubert Guillet, Decorator.

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lute, the hunting horn, the rebeck are no longer heard, nevertheless their image is preserved for us in the stonework of our churches. Musical scores may slumber in the seclusion of archives, but the voices which sang, five hundred years ago, the harmonies they enfold are brought back to us by the skill of present-day musicians and the wizardry of recordings.

The Musée des beaux-arts has lately been entirely re-arranged. On either side of the entrance hall it has two rooms for the display of works which are not on per- manent exhibition. Two glassed-in courtyards with awnings of vinylite panels are also used for large temporary exhibitions. There is a difference in level, of about one storey between these glassed-in rooms and the first two rooms, and a double staircase connects the two sections of the museum.

For the Joan of Arc exhibition, the manuscripts, the most valuable objects and the documents have been arranged in the rooms on either side of the entrance hall (fig. 36). These documents, so satisfying to those well acquainted with the history of the times, these signatures at the foot of treaties, so full of significance for them, might well have seemed lifeless to the uninitiated. To overcome this difficulty, explanatory panels have been used (fig. 37-39), briefly recounting and illustrating the facts and indicating the chief historical movements leading up to the Hundred Years War. There are other illustrated panels showing the landscapes familiar to Joan or the principal scenes that marked her passage from Domrémy to the stake at Rouen, recalling the stages of that heroic progress.

The tapestries, stained glass, sculptures, furniture and objects of everyday life are shown in the large lower rooms, where the arms and armour are als-J, in a setting appropriate to them.

Every day, in the Museum's auditorium, which has been fitted up on a permanent basis since the A r t 1 9 j j exhibition (fig. p), concerts or recitals of recordedmusic take place at I I a.m. and at 4 p.m.; the programmes are published in the local newspapers.

From its nature, the exhibition on Joan of A r c md her Times required a rich but sober background. The pearl-grey of the walls and hangings was relieved by ample draperies of deep azure blue velvet (fig. 36). In the awning-covered rooms, where the décor can be varied at will and an appropriate setting devised for every exhibi- tion, all the display apparatus (such as stands and mountings) was brought into harmony with the dominant tones of the large tapestries decorating the walls (fig. 3 ~ ) . Where additional light was needed, it was obtained by fluorescent lighting, concealed and diffused by sober plastic screens.

( Trmslated from French.)