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aa Une gestion différenciée de l’espace dans le nord-est mexicain (Tamaulipas et Veracruz)l Jean-Yves MARCHAL Directeur de recherches, ORSTOM Département Milieux et Activités Agricoles (MAA) 213 rue La Fayette, 75480 PARIS CEDEX 10 Mots-clés : organisation de l’espace, pouvoir local, développement régional, Mexique, Tamaulipas, Vera- Cruz, Golfe du Mexique. Résumé : Dynamique de l’occupationdes terres, des structures foncibres, des systbmes de production et dyna- mique des pouvoirs locaux vont de pair. Elles marquent le paysage de manibres différentes, de place en place, selon la force des groupes en présence et les options de développement économique, décidées depuis les années 1910-1930, par les politiciens locaux. Ici, domine l’élevage bovin aux mains des propriétaires de la terre et 18, les champs céréaliers et la fruticul- ture développés par des cultivateurs, bénéficiaires de la réforme agraire. Le débordement d’une activité sur une autre déclenche des heurts sociaux que la législation en vigueur maî- trise mal, & moins de donner raison aux plus forts. Dans les États mexicains du Tamaulipas et du Veracruz, le milieu naturel comporte un ensemble de traits physiques communs, du rebord de l’alti- plano i la mer, sur lequel jouent, d’une part, l’in- fluence océanique (est-ouest) et d’autre part, le gradient de la sécheresse continentale (nord-sud). Paysages verts du sud et plus terreux du nord s’étalent en collines, plateaux bas et plaines, pay- sages parcourus par un chevelu hydrographique (dense au sud, ténu au nord) entre front monta- gneux et mer. I1 s’agit des basses-terres ou terres chaudes du Golfe du Mexique, en contrebas de la barrière de la Sierra Madre Oriental (2 500 m d’al- titude). La côte est presque rectiligne, basse, fran- gée de lagunes et trouée par quelques estuaires, dont le plus important est celui du rio Panuco qui forme la limite entre les deux Etats : Tamaulipas, au nord, et Veracruz, au sud (fig. 1). La variation saisonnière des pluies, de régimes tropical et sub-tropical, et leur intensité selon la distance à la côte et le type de relief rencontré, combinés au gradient écologique nord-sud font que, du Veracruz au Tamaulipas, l’ambiance chau- de et humide (22-26 “C ; 800-1400 mm de pluie, en moyennes annuelles) perd progressivement de l’influence au profit d’un climat devenant sec, au nord du Tropique du Cancer. En 1990, le Veracruz (73 O00 km2) rassemblait 6,3 millions d’habitants et le Tamaulipas (80 O00 km2), 2,3 millions. I1 y a bien longtemps, les Indiens étaient les seuls occupants. On les ren- contre toujours en montagne et sur les îlots de hautes collines qui surgissent en plaine, en posi- tion de <<refuges>>. En plaine, c’est un melting pot, à dominante blanche à mesure que l’on s’avance :ers le nord, en direction de la frontière avec les Etats-Unis, Dans le nord-est du Golfe, depuis l’établisse- ment des Espagnols (XVI~ siècle au Veracruz, XVIII~ siècle au Tamaulipas), le gros de l’activité économique a été et demeure l’élevage, majoritai- rement exercé par ceux qui détiennent la propriété de la terre. Toutefois, au fil du temps, l’élevage n‘a plus été réservé aux seuls possédants. PWiqrreS de gesrion de I’environtiemenf dans les pays rropicailx.- Talence, DYMSET, CRET. pp. 205-214 (Espaces Tropicaux no 15). I

Une gestion différenciée de l'espace dans le nord-est ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_6/... · an-Yve II - Le temps et l’espace des éleveurs

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Une gestion différenciée de l’espace dans le nord-est mexicain

(Tamaulipas et Veracruz)l

Jean-Yves MARCHAL Directeur de recherches, ORSTOM

Département Milieux et Activités Agricoles (MAA) 213 rue La Fayette, 75480 PARIS CEDEX 10

Mots-clés : organisation de l’espace, pouvoir local, développement régional, Mexique, Tamaulipas, Vera- Cruz, Golfe du Mexique.

Résumé : Dynamique de l’occupation des terres, des structures foncibres, des systbmes de production et dyna- mique des pouvoirs locaux vont de pair. Elles marquent le paysage de manibres différentes, de place en place, selon la force des groupes en présence et les options de développement économique, décidées depuis les années 1910-1930, par les politiciens locaux.

Ici, domine l’élevage bovin aux mains des propriétaires de la terre et 18, les champs céréaliers et la fruticul- ture développés par des cultivateurs, bénéficiaires de la réforme agraire. Le débordement d’une activité sur une autre déclenche des heurts sociaux que la législation en vigueur maî- trise mal, & moins de donner raison aux plus forts.

Dans les États mexicains du Tamaulipas et du Veracruz, le milieu naturel comporte un ensemble de traits physiques communs, du rebord de l’alti- plano i la mer, sur lequel jouent, d’une part, l’in- fluence océanique (est-ouest) et d’autre part, le gradient de la sécheresse continentale (nord-sud).

Paysages verts du sud et plus terreux du nord s’étalent en collines, plateaux bas et plaines, pay- sages parcourus par un chevelu hydrographique (dense au sud, ténu au nord) entre front monta- gneux et mer. I1 s’agit des basses-terres ou terres chaudes du Golfe du Mexique, en contrebas de la barrière de la Sierra Madre Oriental (2 500 m d’al- titude). La côte est presque rectiligne, basse, fran- gée de lagunes et trouée par quelques estuaires, dont le plus important est celui du rio Panuco qui forme la limite entre les deux Etats : Tamaulipas, au nord, et Veracruz, au sud (fig. 1).

La variation saisonnière des pluies, de régimes tropical et sub-tropical, et leur intensité selon la distance à la côte et le type de relief rencontré, combinés au gradient écologique nord-sud font

que, du Veracruz au Tamaulipas, l’ambiance chau- de et humide (22-26 “C ; 800-1400 mm de pluie, en moyennes annuelles) perd progressivement de l’influence au profit d’un climat devenant sec, au nord du Tropique du Cancer.

En 1990, le Veracruz (73 O00 km2) rassemblait 6,3 millions d’habitants et le Tamaulipas (80 O00 km2), 2,3 millions. I1 y a bien longtemps, les Indiens étaient les seuls occupants. On les ren- contre toujours en montagne et sur les îlots de hautes collines qui surgissent en plaine, en posi- tion de <<refuges>>. En plaine, c’est un melting pot, à dominante blanche à mesure que l’on s’avance :ers le nord, en direction de la frontière avec les Etats-Unis,

Dans le nord-est du Golfe, depuis l’établisse- ment des Espagnols ( X V I ~ siècle au Veracruz, XVIII~ siècle au Tamaulipas), le gros de l’activité économique a été et demeure l’élevage, majoritai- rement exercé par ceux qui détiennent la propriété de la terre. Toutefois, au fil du temps, l’élevage n‘a plus été réservé aux seuls possédants.

PWiqrreS de gesrion de I’environtiemenf dans les pays rropicailx.- Talence, DYMSET, CRET. pp. 205-214 (Espaces Tropicaux no 15). I

Parce qu’ils tenaient la contrée, les grands éle- veurs n’ont accepté qu’avec réticence l’arrivée puis l’installation d’immigrants de condition humble, originaires de la sierra et de l’altiplano. Car, de salariés qu’ils étaient en début de XXe siècle (dans les haciendas, sur les chantiers pétro- liers et dans les villes), ces <<ínt” se sont conver- tis rapidement en pionniers agricoles, d’abord en profitant des prospections pétrolières, puis légale- ment dans les dotations de la Réforme Agraire (cas du Veracruz), ou en s’établissant dais les centres de peuplement créés sur le pourtour des districts hydro-agricoles (cas du Tamaulipas).

Avant d’aborder l’avalyse de l’occupation des terres dans ces deux Etats côtiers, il est utile de rappeler quelques définitions à propos des termes désignant les exploitants agricoles. <<Agriculteur>> est un terme générique qui englobe les activités de culture et d’élevage. Le propriétaire n’est pas for-

cément éleveur, mais il l’est souvent ; parfois il combine culture et élevage (élevage qui n’est pas exclusivement bovin) ; de même l’ejidatario qui est membre d’un ejido (appelé encore <<propriété socialen) n’est pas obligatoirement cultivateur, Le propriétaire n’est pas toujours riche et l’ejidaturio, pauvre. S’il arrive souvent que le propriétaire (que l’on associe presque toujours au ranchero, posses- seur d’un ou de plusieurs ranchos) s’arrange (c’était illégal jusqu’en 1992) pour exploiter des lots d’ejidos, en revanche un ejidatario peut avoir acheté des terres et, ainsi fait, ëtre à la fois ejida- tario et propriétaire. Ajoutons, enfin, que le pro- priétaire n’est pas forcément blanc, d’origine lati- ne ou anglo-saxonne, et l‘ejidatario, indien ou métis. Dans les lieux que nous étudions, propriétés privées d’une part, et ejidos et biens communaux d‘autre part, se partagent l’espace à peu près moi- tié-moitié.

I - Les forces sociales se lisent dans le paysage Un premier survol du nord-est mexicain offre la

possibilité de distinguer plusieurs types d’occupa- tion du sol dans des paysages naturels de plus en plus transformés. Parmi ceux-ci, on distingue, au nord du rio Panuco, dans la zone écologique de la forêt épineuse caducifoliée, des formations sylvo- pastorales basses, du type <<brousses à bétail,, (BATAILLON, 1991). Li, 1”idité est insuffisante pour que pâturages herbeux et cultures puissent se maintenir sans apport d’eau. Au sud, ce qui reste du ccnatureb, ancien domaine de la forêt semperviren- te, offre encore de beaux vestiges forestiers, souvent entaillés par le parcellaire agricole. Ils se maintien- nent plus durablement, en bosquets denses, sur les crêtes collinaires (PUIG, 1976, p. 106).

Le long du mëme gradient latitudinal, on obser- ve, au sud, l’emprise du pâturage herbeux, associé ou non aux reliques forestières. I1 s’agit de vastes prairies pigmentées de grands arbres d’ombrage, souvent compartimentées par des haies vives, qui s’accommodent aussi bien des terrains plats que des ensembles collinaires des contreforts de la Sierra Madre. D’immenses domaines d’un seul tenant éliminent toute culture sur des dizaines, voire des centaines de kilomètres carrés. Pour trouver des ensembles anthropisés d’aussi grandes surfaces, il faut remonter en direction du nord et s’intéresser aux immenses damiers agricoles du Tamaulipas, notamment ceux disposés le long de

la frontière avec les États-Unis, le long du Rio Bravo. Mais, cette fois, il s’agit d’aménagements mécanisés de plusieurs milliers d‘hectares, taillés dans la forêt claire ou le fourré épineux, pour la culture, le plus souvent irriguée, du coton, du sor- gho, de la canne à sucre, voire l’horticulture (PUIG, 1976, p.104).

En comparaison avec ces grands dispositifs, les champs villageois (maïs et haricots), avec ou sans arrosage, sont les plus communément répartis, aussi bien au nord qu’au sud, en lots plus ou moins étendus autour des localités, en unités plus vastes sur les terrasses alluviales, parfois en clairières dispersées (centre et nord du Tamaulipas). Enfin, des plantations de bananiers, ananas, papayers, parfois de cocotiers, apparaissent le long des des- sertes rurales proches de la côte.

Plus à l’intérieur des terres, s’organisent les ver- gers d’agrumes dont la dynamique d’extension est très rapide, comme en témoignent les prises de vues aériennes (1963, 1976 et 1986). Cette évolu- tion se fait localement aux dépens des cultures vivrières, mais généralement sur des terres d’éle- vage, que le changement d‘occupation du sol soit lié à la décision de l’exploitant-propriétaire ou celle d’ejidaturios ayant décidé de planter des arbres dans une propriété ne leur appartenant pas (processus d’invasion des terres).

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Figure 1 : les États du Tama as et du Veracruz en bordu 8 - -. - ~ ~ . " . L I _ - . - _ ' . _".. .

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II - Le temps et l’espace des éleveurs Le Golfe occupe une place de choix dans le

développement de l’élevage bovin, tant à propos du Mexique que de l’ensemble latino-américain. En effet, les premiers bovidés venus de la péninsu- le ibérique après acclimatation aux Caraites furent débarqués sur les rives du rio Panuco et les plages du Veracruz ; de plus, c’est, dans la contrée qui deviendra Intendance puis Etat du Veracruz que furent accordées les premières estancias de gana- do mayor (exploitations bovines). Le Tamaulipas, quant à lui, ne connut l’élevage que de manière contingente et épisodique, dans ses hautes vallées de l’ouest, jusqu’à la fin du X V I I I ~ siècle, époque à laquelle il fut définitivement colonisé.

Le Veracruz se spécialisa dans l’exportation des peaux et des cuirs et ,la fourniture de viande aux villes de l’altiplano. A la fin du xIxe siècle, une fois l’infrastructure ferroviaire mise en place, la commercialisation des produits d’élevage (y com- pris lait et fromage) s’est accélérée et diffusée sur de plus longues distances. En 1940, plus de 850 O00 bovins étaient recensés dans le Veracruz, le double en 1950 et 3 millions à la fi? des années 1960, surtout au nord et au sud de 1’Etat où l’éle- vage s’était spécialisé dans l’embouche (ORTE, 1992). Dans les années 1980, la densité bovine était de 63 têteskm2 quand la densité humaine avoisinait les 74 hab./km2 (BARRERA & RODRI- GUEZ, 1993). En 1995, le troupeau veracruzain approchait les 5 millions de têtes.

Le troupeau du Tamaulipas n’est pas en reste. La modernisation des ranchos et abattoirs fait que cet Etat se place, aujourd‘hui, aux côtés du Veracruz, aux premiers rangs parmi les fournisseurs en yian- de bovine des villes de I’altiplano ; les deux Etats exportent aussi de la viande congelée aux Etats- Unis.

A. De très fortes garanties Au Mexique, le grand tournant de l’élevage

s‘amorce à la fin des années 1930, pour s‘épanouir deux décennies plus tard, une fois atténués les effets d’une épidémie de fièvre aphteuse (1947- 1952) qui malmena les premiers essais de moder- nisation. Trois dispositions légales furent prises en faveur des éleveurs.

En 1936, le président Cardenas institua le Certi- ficado de Inafectibilidad Ganadera dont le but

était d‘accorder, pour une durée de 25 ans, des concysions aux éleveurs, principalement à ceux des Etats du nord de la fédération, afin de le: encourager à accroître la production de viande. A cette date, il ne s’agissait pas encore d’un instru- ment juridique de défense de la corporation face à la demande paysanne de terres à cultiver. Cepen- dant, l’année suivante (1937), une loi promulgua les Asociaciones Ganaderas qui donnait à ces der- nières l’exclusivité de promouvoir, sur l’ensemble du territoire national, le développement de l’éleva- ge pour contrecaner l’importation de viande nord- américaine. C’est à partir de ce moment que les éleveurs apparurent comme un groupe écono- mique (et politique) omnipotent et que la tension s’accrut en milieu rural. Car les associations s’emparèrent du droit d’ccinaffectabilité)) comme d’une arme contre.la Réforme Agraire. I1 y eut détournement de la loi. Organisé hiérarchique- ment, de la Confederación Ganadera de niveau national, aux Asociaciones Locales de niveau municipal, en passant par les Uniones Regionales, le dispositif permettait d’organiser les maillons légaux d‘une chaîne apte à recevoir les crédits en chaque 1jeu et au moment opportun, avec la garan- tie de 1’Etat. En apparence, ce n’était rien que de la technique bancaire destinée à soutenir une filière de production bien structurée ; dans les faits, cela revenait à fabriquer un détonateur de conflits fon- ciers.

De plus, en 1947, au début de la présidence de M. Aleman, le Código Agrario accrut le pouvoir des éleveurs en leur permettant, à la date d’échéan- ce du certificat accordé par la loi de 1936, de faire enregistrer une partie de leurs propriétés à des fins exclusives d‘élevage. Cette fois, il s’agit de faire reconnaître sous le nom de Pequefía Propiedad Ganadera (petite propriété d’élevage) des espaces définitivement protégés du reparto agrario (parta- ge des terres). Une seule limite est fixée par la loi : la superficie reconnue ne doit pas excéder ce qui est nécessaire à une charge bovine de 500 têtes, selon la capacité fourragère du terrain. Cette défi- nition ambiguë a permis les abus que l’on devine quant à l’estimation des superficies enregistrées. I1 ne faut donc pas s’étonner si la tension sociale fon- dée sur la question foncière est vive et que, suivant les unités municipales, il s’agisse d’une guerre latente entre, d’une part, les ejidatarios qui cher-

chent à agrandir leurs dotations (processus d’ampliación), les ejidatarios dotés provisoire- ment, et les paysans sans terre (vecinos) et, d’autre part, les propriétaires de troupeaux, par associa- tion, tout propriétaire de terres. Cette guerre s’ouvre régulièrement par l’invasion des pâtu- rages.

I1 n’y a donc pas lieu de s’étonner si, dès 1970, plus de 75 % de la production bovine étaient four- nis par les <<petits propriétaires>>, selon la moyenne nationale, ni de constater que, d’une part, dans la Huasteca veracruzana (la région d’élevage, par excellence), 70 % de l’espace rural étaient dévolus aux pâtures et que, d‘autre part, l’accroissement de l’espace pâturé dans les <<terres chaudes,, du Vera- cruz soit mesuré ainsi : 1940, 21,6 % de l’espace rural; 1950,25,5 %, 1965, 30,8 % et 1984,42,5 % (ORTIZ, 1992)- Pour cette même et dernière année, l’espace pâturé du Sud-Tamaulipas atteignait 57 % de la surface productive et, pour l’ensemble de l’État, 55 % (TOLEDO, 1987). Veracruz et Tamauli- pas se placent parmi les 15 États oÙ plus de la moi- tié de l’espace agricole est consacrée aux bovins (BARRERA, 1992), sans oublier que l’espace culti- vé approvisionne également le bétail (maïs fourra- ger, sorgho et soja, au Tamaulipas). L’emprise spa- tiale des éleveurs est donc considérable.

B. L’insertion des petits Apportons quelques nuances. Sous la présidence

de L. Etcheverria (1971-1976), une politique visant à créer in extenso des ejidos d’élevage col- lectif a été lancée. Elle fut vite abandonnée. Toute- fois, durant les trois autres présidences qui ont suivi (presque 20 ans), les ejidatarios ont bénéfi- cié plus facilement qu’auparavant de prêts à l’éle- vage, dès lors qu’ils s’affiliaient aux Uniones Ganaderas.

Le panorama a donc changé. Un peu partout, les fiefs de l’élevage se sont ouverts à des membres (ou socios) qui sont de tout petits propriétaires ou ejidatarios, dans le même temps où, pour les gros éleveurs, le prix de la viande ne permettait plus de récupérer, aussi facilement que par le passé, inves- tissements et intérêts (CARILLO, In : BARRERA & RODRIGUEZ, 1993). Beaucoup se sont endettés.

Les statistiques de Veracruz confirment cette évolution. Dans cet État, où l’on recense le plus grand nombre d’ejidos (12 70 du total national), 28 % de ceux-ci affichent l’élevage comme pre- mière activité (CAMBREZY et al., 1990, 1991). En effet, non seulement des espaces dotés sont en pâtures, ce qui peut s’expliquer, soit par le destino agraire (tracé à grands traits au moment de la fon- dation de l’ejido), soit par des ventes illicites et des locations de parcelles au profit des propriétaires de bétail du lieu. Mais, qui plus est, les ejidatarios sont aussi possesseurs de troupeaux, tout en se consacrant à d’autres activités. C’est un moyen comme un autre de diversifier les occupations, puisque la culture du maïs n’est plus rémunératri- ce, C’est un petit élevage, au même titre qu’un petit commerce ou un petit emploi en ville (PEREZ, In : BARRERA & RODRIGUEZ, 1993).

En tout état de cause, il n’y aurait plus un seul modèle, mais plusieurs types d’éleveurs, avec des cas hybrides comme celui des ejidatarios enrichis qui accèdent au rang de rancheros, sans parler des citadins-commerçants, qui sont propriétaires de ranchos.

Depuis 50 ans, la zone tropicale du Golfe est devenue une aire bourgeonnante d’élevage d’embouche, avec amélioration du pâturage et sélection génétique aboutissant à l’augmentation du poids des animaux et l’amélioration de qualité de la viande. Toutefois, la formule extensive de la pâture est loin d’avoir disparu si l’on considère que, dans la Huasteca, l’élevage performant se juge sur le rapport moyen de 2 têtes de bétailha. La stabulation est mieux connue ; l’achat de com- pléments, durant les mois secs, est devenu plus courant ; mais l’essentiel de la production bovine repose toujours, soit sur de grandes prairies, sans rotation de pâture (Veracruz), soit sur les brousses en milieu sec (Centre-Tamaulipas). L’élevage a repoussé sa frontière, accaparé l’espace et concen- tré la richesse, sans création proportionnelle d’emplois. I1 est notoire que les aires d’élevage exclusif présentent les plus faibles densités humaines. Quelle autre utilisation du sol est en mesure de faire face à la ganaderización (exten- sion de l’élevage) ?

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III - La poussée des cultivateurs À suivre ce qui vient d’être dit, on pourrait pen-

ser que les cultivateurs appartiennent à une espèce en voie d’extinction, les cultures n’occupant que 33 % de l’espace rural du Sud-Tamaulipas et 30 % du Nord-Veracruz. Le fait que, chez tout agricul- teur, l’éventail des activités se soit ouvert et que le profil cultivateur-éleveur se rencontre aujourd’hui plus souvent qu’hier ne change rien au fait que, d’une manière générale, les superficies cultivées ont, soit conservé les positions occupées d’il y a 50 ans, soit perdu du terrain. Les cas contraires sont ceux des aménagements hydro-agricoles du bassin du Panuco et du Sud-Tamaulipas, encore que la pâture s‘y étende parfois contrairement aux projets initiaux de culture à hauts rendements. Locale- ment, on peut observer des poussées, des reprises de champs sur l’espace pâturé, mais jamais de franche conquête (Nord-Veracruz).

En plaine, l’espace cultivé apparaît en bassins de production, le long des cours d’eau (Veracruz) et, plus on avance vers le nord, en casiers imgués (Tamaulipas). Les photographies aériennes et les cartes de l’usage du sol (INEGI) en rendent comp- te ; elles signalent également une répartition en taches et clairières sur le piémont. Cette répartition coïncide avec les aires les mieux peuplées.

A. Une poussée diluée Cet état de l’usage du sol vient contrarier les

espoirs de ceux qui, au siècle dernier et dans la première moitié du X X ~ siècle, voyaient dans la luxuriance de la végétation l’indicateur de possibi- lités agricoles prodigieuses. FAGES (1853, p. 11) s’extasie de la richesse de la Huasteca et prêche pour sa mise en culture hâtive qui, par le défriche- ment, devrait <(faire diminuer l’insalubrité du cli- mat),. PRIETO (1873) vit du même espoir pour le sud du Tamaulipas et, plus récemment, l’agronome DE LA PEÑA (1946, T 1, p. 93) estime que la plaine du Nord-Veracruz <(a d’énormes potentiels pour la culture mécanisée à grande échelle, de maïs et de haricots, là où il n’y a pas de facilités données à l’irrigation, avec la possibilité d’obtenir deux récoltes annuelles>,. Ces progressistes concevaient le développement régional sur la base de la cultu- re mécanisée et non sur celle du pâturage.

Communément, ce sont les prairies qui ont béné- ficié du défrichement, et non les champs cultivés,

par un jeu subtil dénoncé comme une déposses- sion, à la fois de l’usage du sol et des droits 5, la terre. À nouveau, DE LA PEÑA, (1946, T.1, p. 149) s’en explique : <<Dans le nord du Veracruz, il y a beaucoup de paysans sans terre (...), qui n’ont aucune possibilité de s’opposer aux intérêts des éleveurs. Habituellement, l’éleveur (propriétaire) autorise le paysan à déboiser, là où il veut, pour semer, sans payer aucune rente (,.,), à charge pour lui de semer de l’herbe avec le maïs, afin de trans- former la terre de culture en pâturage,. Une fois la terre enherbée, les dernières façons s’effectuent au tracteur. Le propriétaire n’a plus besoin de main- d’œuvre (VERDUZCO, 1982). Cette précision vient à propos pour rappeler que les propriétés privées, majoritairement vouées aux pâturages, s’accom- modent de faibles densités humaines, situation qui n’est pas spécifique aux terres chaudes du Golfe du Mexique.

On pourrait s’interroger encore davantage sur le maintien de l’espace cultivé si la Réforme Agraire n’avait pas été soutenue (avec des hauts et des bas) pour partager la terre, durant plus de 70 ans, et si, corrélativement, la population de la campagne n‘avait pas crû ; les deux phénomènes, étroitement associés, ont participé à la mise en culture de terres pignnières.

A l’orée du XXe siècle, la demande urbaine a déclenché l’ouverture de nouveaux terrains de cul- tures (maïs, haricot, piment) quand, dans le même temps, les commerçants contrôlaient, le long de la côte, des plantations pour l’exportation (tabac, bananes, agrumes, canne $I sucre) et exploitaient en forêt les bois précieux. A cette époque, le bétail était laissé en libre parcours dans les haciendas de l’arrière-pays ; il prélevait son lot de nourriture entre herbe et feuilles, en se déplaçant sans trop modifier la nature.

Mais il eut, au sud du Panuco, le c h o c pétro- lier)) (1900-1930) fait d’incendies de végétation, de ravages occasionnés à la forêt, pour dégager le terrain et extraire une nouvelle richesse. Alors, le long des pistes aménagées pour la prospection du pétrole, les cultures se sont développées. Mais aussi, immédiatement, la végétation herbeuse, notamment là où la formation de savane était naguère prépondérante. Le défrichement provoqué pour des fins de recherche pétrolière a donc lancé la compétition entre culture et pâture.

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Plus tard, sont intervenus le fractionnemeyt des pamplemousses se vendent à de bons prix, en tout propriétés privées et la division des terres d’Etat ( B cas avec de meilleures marges bénéficiaires que partir des années 1920) aux bénéfices de dotations d’autres produits. Depuis les années 1970-1980, et agraires, les unes ne demandant pas plus qu’un avec des fluctuations annuelles, produits tropicaux arpentage, là oÙ s’offre la possibilité de cultiver comme pr?duits de base se vendent d’autant plus sous pluie (l‘irrigation d’appoint étant peu néces- mal que l’Etat lésine à apporter son appui aux cul- saire au sud du 22e parallèle), les autres nécessi- tures, contrairement à sa politique généreuse de tant l’aménagement de districts irrigués (au voisi- soutien à l’élevage. Le café des sierras, comme le nage et au nord du Tropique du Cancer), tabac et la banane des terrasses alluviales, de

Dans un premier temps, les défrichements, plus même que la canne à sucre (irriguée ou non) de ou moins ardus selon le type de formations v8gé- plaine sont en crise, pour des raisons différentes tales à abattre, effectués à la hache suivis de brûlis les uns des autres. Cultiver maïs et haricots n’atti- ou au moyen de machines, ont ouvert la terre à la re plus (fluctuations à la baisse des prix garantis et culture. La mise en valeur n’était pas forcément concurrence de l’importation), sauf pour l’auto- destinée à l’autoconsommation. Maïs, haricots et consommation ou l’écoulement sur le marché piments pouvaient s’accommoder d’un commerce local. L’horticulture (pastèques, tomates, interrégional et il y eut même créations d’ejidos concombres, courgettes, aubergines, oignons) atti- sucriers, tant dans le Tamaulipas que dans le Vera- rerait davantage la convoitise si ses coûts de pro- cruz. On assistait à une colonisation agricole aux duction élevés (intrants et main-d’ceuvre) ne réser- dépens des espaces vierges (forêt dense) ou, plus vaient pas cette activité à l’initiative d’entreprises communément, des savanes pâturées de manière qui possèdent ou louent des parcelles irriguées extensive. Ainsi faisant, de dotation en dotation, le (Sud-Tamaulipas). Tant et si bien que les agrumes Tamaulipas a pu btnéficié de 1 370 ejidos (2,45 offrent les gains les plus intéressants sans gros millions d’hectares) et le Veracruz de 3 612 ejidos investissements et risques majeurs. Beaucoup :‘y et communautés agraires (2,95 millions d‘hec- essaient, imitant en cela les précurseurs de 1’Etat tares), ce qui n’est pas négligeable (INEGI, 1994, voisin du Nuevo León, surtout au nord du Veracruz

et dans les <<oasis)) du centre-Tamaulipas. Toute-

venue s’interposer à ce mouvement à partir des années 1940, quand il s’est agi d’ensemencer le sol de nouvelles graminées, essentiellement dans la Huasteca : <<pangola>> ou Digitaria decunzbens , D. guinea, Paiticum muximum et autres variétés ou Paspaluni sp.. (PUIG, 1976, p. 105). Alors, la prai-

concurrencé le champ, au point que l’on pourrait ironiser, en jouant sur les mots, en disant que atout est espace cultivé>> dans le nord-est du Golfe, du moins jusqu‘au Tropique du Cancer car, au nord de ce dernier, les pâtures naturelles restent domi- nantes, faute de pluie.

nal, une cpmmercialisation indécise des fruits frais avec les Etats-Unis ou l’Asie (1992-1993), parfois un blocag: des exportations de jus concentrés des- tinés aux Etats-Unis et à l’Europe (1992).

Pour résumer, cultures et vergers composent un patchwork d’incertitudes, d’un produit à l’autre.

mêmes lieux, sur de courtes périodes (la tomate, puis le coton, puis les agrumes). Selon les lieux et les circonstances, les cultivateurs apparaissent plus performants que les éleveurs. Mais, en général, les éleveurs prennent moins de risques et, parmi ces derniers, beaucoup ont créé des vergers, en appoint. Qui est gagnant ?

C. Les vieilles souches La Sierra Madre Oriental, comme les hautes col-

lines qui émergent en plaine, sont les vieilles aires de peuplement inter-ethniques. Dans la Huasteca veracruzana, sur 190 O00 habitants recensés en 1980, 120 O00 parlaient une langue indigène

$ rie artificielle, appelée encore <<pâturage cultivé)) a Les cycles de production se succèdent, dans les

B. Les vergers porteurs Récemment, un nouveau type d’occupation du

sol est intervenu dans le paysage : l’arboriculture. De place en place, soit elle repousse les cultures <<de base>>, soit s’implante dans les prairies. Dans ce nouveau cycle agricole, les éleveurs emboîtent parfois le pas aux cultivateurs, tant ejiduturios que

E“ t <<petits propriétaires>>, parce que oranges, citrons, (nahua, otomi OU tepeh24 et, dans les collines dis-

persées en plaine côtière, sur 150 O00 habitants peuplant une dizaine de municipes, plus de 70 O00 parlaient les trois langues citées plus le huasteco.

Même constat au centre du Veracruz : sur un peu plus de 440 O00 habitants recensés en 1980, 130 O00 parlaient nahua ou totonaca (MARCHAL &

Ces secteurs sont agités de conflits sociaux, quand il ne s’agit pas de manifestations violentes (soulèvements de 1846- 1849, affrontements des années 1970), du fait du comportement des caciques issus de la bourgeoisie d’élevage et des <(techniciens des bureaux officiels>> compte tenu des besoins en terres cultivables d’une population en accroissement. Population indigène rime avec montagne, enclavement et marginalité, selon les critères de la production agricole (pratiques de cul- ture archaïques, faible productivité, faible produc- tion) et du bien-être (encadrements sanitaire et éducatif déficients, rusticité de l’habitat, desserte rurale inexistante) ; nous pouvons ajouter à cette liste les problèmes fonciers.

À l’ouest de la plaine côtière, en gravissant les contreforts de la Sierra Madre, une autre nature commence : hauts massifs et vallées profondes. Parfois, selon l‘altitude atteinte et la pression cli- matique du jour, les nuages sont sous nos pieds, masquant la plaine. Les pentes sont couvertes d’arbres, parfois de véritables forêts s’en empa- rent, ou de champs dont la géométrie est d’autant plus nette qu‘ils sont situés sur des versants de forte pente et que, vus de l’autre bord, on les observe en paysage-plan ; en bas et en haut, sur les parties les moins accidentées : le pâturage, Le découpage foncier peut s’interpréter facilement.

Sur les pentes, l’habitat se disperse, de maison en maison, chacune entourée de son petit jardin (solar). Les toits de lauses, tuiles, bois goudronné ou tôles brillent et jettent des éclats sous le soleil. Venir ici, en étant parti de la plaine, c’est remonter l’histoire. En quittant les terres chaudes du Vera-

pALMA,1985).

cruz, la piste de montagne passe par une série de localités qui sont toutes d’antiques villages men- tionnés dans les archives depuis le X V I ~ siècle. Nous sommes parvenus aux (<refuges indiens,,, bien peuplés (70-200 hab./km2). Ici, les agricul- teurs affrontent un milieu difficile, tant naturel que social. Ce sont les-laissés-pour-compte de la République, même si les biens communaux leur ont été confirmés par la Réforme Agraire et qu’ils soient bercés du discours idéologique de progrès, modernité et civilisation par une cohorte d’institu- tions chargées de leur venir en aide. I1 semble que, paradoxalement, ils soient maintenus en retard par racisme: 4 1 leur plait d’être Indiens et, par défini- tion, pauvres. C’est une question de culture. La bourgeoisie métisse, elle, est satisfaite de cette situation, puisque c’est là sa source de richessen (BRISEÑO, 1994, p. 11, p. 14).

Accrochées aux pentes, leurs milpas (parcelles de maïs) sont leur horizon, à moins qu’ils n’en changent comme c’est de plus en plus fréquent, 21 la recherche de salaires dans le monde moderne uniformisateur (VERDUZCO, 1984). La seule Sierra de Puebla aura fourni, en 1994, 140 O00 ouvriers agricoles, parmi lesquels 42 % étaient reconnys paysans sans terre. La seule plaine côtière de 1’E- tat de Veracruz leur <<offre>> plus de 500 O00 ha exi- geant une main-d’œuvre intensive (‘journaliers pour les semis et récoltes de produits maraîchers, cueillette du tabac et des oranges et, enfin, coupe de la capne). Mais ils se dirigent aussi dans d’autres Etats : Sinaloa, Sonora, Basse Californie, Nayarit, Morelos, oh ils peuvent demeurer plu- sieurs années.

De même que les sols bruns et riches du piémont et de la plaine sont mêlés aux matériaux descendus de la montagne, les ejidos d’en bas sont entourés de vecinos venus des hauts. On leur reconnaît la qualité d’ouvriers agricoles ou de journaliers. S’en contenteront-ils longtemps ?

Conclusion : un environnement plus large Parler, comme nous venons de le faire, des

acteurs locaux du Tamaulipas et du Veracruz obli- ge à positionner notre propos par rapport à l’en- semble mexicain. Pour ce faire, retenons quatre sujets essentiels.

Tout d’abord, forts de 8,5 millions d’habitants (10,5 % du total mexicain ; 81 millions d’habitants,

1990), les deux États présentent un fort potentiel agricole dont les fleurons (viande, lait, sucre, café, légumes-primeurs et sorgho) occupent avec régu- lari!é les premiers rangs de la production nationa- le. A cela s’ajoutent les poids de l’industrie pétro- , lière et des activités portuaires et urbaines.

Le second sujet est que les activités écono- 1 f 1

~. L- -" n- . - "- ~ __" ~ - x - x -- - " -- - """_. - i_-_ "-- _ _ __ _._ - " - U n e gestion différenciée de l'espnce dans le nord-est mexicain ilkmnulipas et Verncrtrz) 213'

miques des deux États présentent l'originalité, sans doute mieux marquée qu'ailleurs, de fonc- tionner par cycles, au moins depuis un siècle, L'ac- tivité est, ici, caractérisée par les mots <<évolution changeante>> et <<conquête)>.

Troisièmement, cette partie du Golfe du Mexique présente une diversité de conditions phy- siques variant sur peu de distance, du fait de la combinaison du gradient altitudinal associant d'est en ouest plaine-piémont-sierra et du jeu climatique longitudinal. u

Le quatrième sujet relève des politiques de déve- loppement particulibrement soutenues dans cette région côtière : jadis, l'exploitation pétrolière et la colonisation agricole ; aujourd'hui, l'infrastructure routière et I'équipement des villes et des ports. Le nord-est mexicain a ét$ et est toujours l'objet d'at- tention de la part de 1'Etat fkdéral, pendant que des forces locales tentent de modifier ou de s'opposer aux priorités d'ordre général.

L'emboîtement ou la superposition de ces com- binaisons, se présente comme une matrice dont les pièces se dessinent assez nettement dans les deux Etats observés. C'est ce dont nous avons voulu rendre compte.

Mais, il y a plus : l'échange moderne. Un coup d'oeil sur la carte met ,en évidence le rôle que peu- vent jouer ces deux Etats du Golfe du Mexique dans l'accroissement des échanges entre le Sud et le Nord. Dans le cadre d'un système maritime qui

concerne une ((Méditerranée américaine,, (LACOS- TE, 1982), les ports de Tampico-Altamira, de Tux- pam et de Veracru? s'équipent pour échanger davantage avec les Etats-Unis : Miami, Mobile, La Nouvelle Orléans et Houston.

En conséquence de quoi, l'arrière-pays du Tamaulipas et du Veracruz fait l'objet de multiples projets de dessertes routières et d'un bouquet d'in- vestissements dans la production agricole, de la eart de Mexico, bien entendu, mais surtout des Etats-Unis et des pays de 1' Asie-Pacifique.

Dans la plaine côtière et sans parler de la pisci- culture en lagunes, les investissements se portent, d'une part, sur l'élevage (ranchs et abattoirs) et sur l'horticulture dans les ejidos irrigués (semences importées et production évacute vers le marché nord-américain). Dans le piémont de la Sierra Madre Oriental, la production d'agrumes est sélec- tionnée entre fruits frais (évacués à destination des villes mexicaines et des super-marchés pord-amé- ricains) et le jus congelé, exporté aux Etats-Unis, en alternance avec la production brésilienne. Reste, en marge, la production de céréales (surtout maïs) vouée à la consommation des habitants de la Sierra, avec quelques surplus destinés aux marchés locaux. L'importation de maïs nord-américain casse les prix.

Autrement dit, la conjoncture actuelle ne fait que renforcer la gestion différenciée de l'espace dans le nord-est mexicain qui a été dessinée.

Note 1.- Texte élaboré dans le cadre du programme de

recherche <<Transformation de la vie rurale et nouvelle configuration du pouvoir local dans le

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PUTIQUES DE GESTION

DE L'ENVIRONNEMENT

DANS LES PAYS TROPICAUX

VIe Journées de Géographie Tropicale du Comité National de Géographie

Commission <<ESPACES TROPICAUX ET LEUR DÉVELOPPEMENT,,

Talence, 6-8 septembre 1995

sous la direction de

SINGARAVÉLOU Professeur de Géographie, Université de Bordeaux 3

ouvrage publié par : Dynamiques des Milieux et des Sociétés dans les Espaces Tropicaux

(DYMSET) WWSA 5064, Université de Bordeaux 3-CNRS, Maison des Suds, BP 200,33405 TALENCE CEDEX

et

Centre de Recherches sur les Espaces Tropicaux (CRET) ' I

Institut de Géographie, Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3,33405 TALENCE CEDEX

avec le concows de : Conseil Régional d'Aquitaine

Université Michel de Montaigne-Bordeau 3 Institut de Géographie Louis Papy, Université de Bordeaux 3

pour l ' hde , la Protection et l'Aménagement de la Nature dans les Régions Intertropicales

Talence, 1997

ESPACES TROPICAUX, No 15

Directeur de la collection Monsieur le Professeur SJNGARAVÉLOU

Comité scientifique François BART, Professeur, Université de Bordeaux 3, Directeur de DYMSET Richard MAIRE, Directeur de recherche CNRS, Directeur de Karstologia et du GDR 440 Jean-Noël SALOMON, Professeur, Université de Bordeaux 3, Directeur de la collection Scienteren aux Presses Universitaires de Bordeaux SINGARA.LOU, Professeur, Université de Bordeaux 3, Directeur de la collection Espaces Tropicaux

Jean-Claude ARNAUD, Université de Rouen Edmond BERNUS, ORSTOM François BLASCO, LE=-CNRS, Toulouse Jean-Paul BRAVARD, Université de Paris IV Philippe CHAMARD, Université de Paris X Jean-Paul DELER, REGARDS-CNRS, Talence Guy DI MEO, Université de Bordeaux 3 François DOUMENGE, Institut Océanographique de Monaco Emmanuel FAUROUX, REGARDS-ORSTOM, Talence Philippe FOURNET, Université de Bordeaux 3 Jean-Claude GIACO'TTINO, Université de Provence-Aix-Marseille I Jean-Michel HOERNER, Université de Perpignan Christian HUETZ de LEMPS, Université de Paris IV Michel LESOURD,Université de Rouen Guy MAINET, Université de Bretagne Occidentale François PESNEAUD, Université Louis Pasteur-Strasbourg I Jean-Robert P I T E , Université de Paris IV Jean REVEL-MOUROZ, CREDAL-CNRS, Paris Jean-Christian TULET, CNRS, Toulouse Pierre VENNETIER, CNRS Alain VAGUET, Université de Lille I Odette VAGUET, Université de Rouen

Comité de Lecture o

I r

Comité de Rédaction : responsable : Marie-France PERRIN, Ingénieur CNRS (E WSET) ; avec le concours de Gilbert CABAUSSELT Ingénieur CNRS retraité ; Odile CHAF'UIS, Ingénieur CNRS (DYMSET) ; Pierre COUDERC, médecin (SEPANRIT) ; Guilène REAUD-THOMAS, Ingénieur CNRS (DYMSET) ; Arlette TUEET* Secrétaire d'Administration de la Recherche CNRS (DYMSET).

' I ,n*

, Réalisation technique : L

PA0 : Mise en forme des données, conception de la maquette et réalisation de la mise en page, logiciels Word 6, X-Press, Adobe Illustrator, Photoshop : Arlette TURLET (DYMSET)

CAO : logiciel Adobe Illustrator : Nicole PAU-MÂRTINEZ et Genevièie RAVIGNON (Institut de Géo- graphie, Louis Papy), Odile CHAPUIS (DYMSET) ; logiciels Adobe Illustrator et Photoshop : Gui- lène REAUD-THOMAS (DYMSET)

Impression : Imprimerie MARZLLIER, 25 rue de Trémeuge, 33400 TALENCE

Photo de couverture : Aménagement d'un versant fortement anthropisé dans les Nilgiri, Inde méridio- nale (cliché SINGARAVELOLI)

Dépôt légal : 3e trimestre 1997 - no 15 0 DYMSET - Dynamiques des Milieux et des Sociétés dans les Espaces Tropicaux, 1997

Toils droits de traduction, de rqroduction et, d'adaptntion réservés potu totis pays ISSN : 1147-3991 ; ISBN : 2-906621-28-5