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cas cliniques - agenda | actualités 7 OptionBio | Lundi 19 avril 2010 | n° 435 U ne jeune femme âgée de 22 ans est admise dans un hôpital du Massachusetts (États-Unis) pour une hypercalcémie et une masse pelvienne. Une dégradation de l’état général L’état général de cette patiente était bon un mois avant son admission, lorsqu’une douleur abdominale est apparue et s’est rapidement propagée à l’ensemble de l’abdomen avec une irradiation dorsale. Le test de gros- sesse est négatif. Elle présente alors une anorexie, une fatigue, une perte de poids de quelques kilos, des nausées et des vomissements. La nuit avant son admission, plusieurs épisodes de nycturies sont apparus. Hypercalcémie et cancer ovarien Le bilan biologique montre que les taux sériques de protéine, d’albumine, de bilirubine totale et de lipase sont normaux ainsi que les bilans rénaux et hépatiques. Une hypercalcémie est retrouvée. Le taux d’hormone para- thyroïdienne est normal. Le scanner abdominopelvien retrouve une masse ovarienne au niveau de l’annexe droite qui déplace l’utérus de manière postérieure et sur la droite. Le diagnostic de cancer ovarien, de type carcinome à petites cellules, est posé après les analyses anatomopa- thologiques. Le taux d’hypercalcémie semble alors directement rattaché à cette tumeur. Le diagnostic différen- tiel est le dysgerminome. Bien que le lymphome puisse être associé à une hypercalcémie, ce diagnostic ne permettrait pas d’expliquer la masse ovarienne présente ici. Le carcinome hypercalcémiant, une lésion rare Le carcinome ovarien à petites cellu- les est une tumeur très particulière. Dans deux tiers des cas, il est associé à une hypercalcémie. Il survient chez moins de 0,01 % des cas de néopla- sies ovariennes, environ 400 cas ont été rapportés jusqu’à maintenant. Ce type de cancer survient chez des sujets plus jeunes que ceux ayant un carcinome indifférencié. Malgré sa rareté, le diagnostic mérite d’être sou- levé chez les personnes âgées entre 10 et 35 ans. Le traitement chirurgical est alors associé à une radiothérapie et une chimiothérapie. Le carcinome hypercalcémiant à peti- tes cellules de l’ovaire est donc une lésion rare de très mauvais pronostic atteignant les femmes jeunes. Dans la majorité des cas décrits, ce type de lésion est révélé par les symptômes secondaires au volume tumoral ou par l’hypercalcémie qu’elle engendre. | OPHÉLIE MARAIS médecin biologiste, Paris [email protected] Source Young RH, Goodman A, Penson RT et al. Case records of the Massachusetts General Hospi- tal. Case 8-2010. A 22-year-old woman with hypercalcemia and a pelvic mass. NEJM. 2010 ; 362 :1031-40. Hypercalcémie et masse pelvienne, signes d’un carcinome rare Une ostéomyélite vertébrale par contamination directe U n homme âgé de 57 ans se présente dans un hôpital suisse pour de la fièvre, des frissons et une douleur lombaire deux semaines après avoir subi une biopsie de la prostate. E. coli mutirésistant Le taux d’antigène prostatique était en effet élevé. Sa température est à 39,7 °C ; il présente à l’examen clinique une tension prostatique et lombaire. Les examens biologiques retrouvent un taux de leucocytes à 9 100/mm 3 et une protéine C réactive à 343 mg/L. les examens bactériolo- giques des urines et les hémocultures révèlent une souche d’ Escherichia coli multirésistant producteur de bêta- lactamase sensible à l’imipénème. Une spondylodiscite par contamination directe Le diagnostic d’ostéomyélite verté- brale est donc posé. Ce type d’infec- tion, autrement dénommé spondylo- discite, peut être aiguë, subaiguë ou chronique. Son incidence est estimée à 2,4 cas pour 100 000, augmen- tant avec l’âge (de 0,3 pour 100 000 chez les sujets de moins de 20 ans à 6,5 pour 100 000 chez les personnes âgées de plus de 70 ans). L’ostéomyé- lite vertébrale résulte le plus souvent d’un essaimage par voie hématogène mais peut provenir aussi d’une inocu- lation directe lors d’une chirurgie spi- nale ou d’une dissémination contiguë provenant d’une infection des tissus mous adjacents. Staphylococcus aureus est le micro- organisme le plus souvent impliqué dans les ostéomyélites pyogéniques vertébrales, suivi par E. coli. Les sta- phylocoques à coagulase négative et Propionibacterium acnes représen- tent les micro-organismes le plus souvent en cause dans les ostéo- myélites exogènes après chirurgie spinale, en particulier lorsque du matériel comme des fixations est implanté. Néanmoins, dans les cas de bactériémie prolongée, des ostéo- myélites vertébrales hématogènes due à des germes peu virulents comme des staphylocoques à coa- gulase négative ont été décrites. Des pathologies sous-jacentes fréquentes Dans une étude englobant plus de 250 patients ayant une ostéomyélite vertébrale, le foyer infectieux pri- maire détecté chez plus de la moitié des patients est le tractus urinaire, la peau ou les tissus mous, un site avec accès vasculaire, une endo- cardite, une bursite ou une arthrite septique. La plupart de ces patients ayant une ostéomyélite vertébrale pyogénique d’origine hématogène ont des pathologies sous-jacentes comme un diabète, une pathologie coronarienne cardiaque, un désordre immunosuppresseur, un cancer, une insuffisance rénale nécessitant une hémodialyse ou ayant fait usage de drogues par voie IV. | O.M. Source Zimmerli W. Clinical practice. Vertebral osteomye- litis. NEJM. 2010 ; 362 : 1022-9. EN 2010 ( EN 2010 ( Conférence EDE Conférence EDE Emerging Emerging hanging European hanging European Diseases in a ch Diseases in a ch Environment Environment ) ) t t t t 18 18 es es toulousaines toulousaines Journées t Journées t de de dicale dicale biologie méd biologie méd 30 30 Journées normandes Journées normandes de de biologie clinique biologie clinique Renseignements Renseignements : : 8 8 e e ional de la Société ional de la Société Congrès nati Congrès nati icrobiologie (SFM) icrobiologie (SFM) française de m française de m 11 11 es es ationales d’infectiologie ationales d’infectiologie Journées na Journées na s s Renseig Renseig

Une ostéomyélite vertébrale par contamination directe

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7OptionBio | Lundi 19 avril 2010 | n° 435

Une jeune femme âgée de 22 ans est admise dans un hôpital du Massachusetts

(États-Unis) pour une hypercalcémie et une masse pelvienne.

Une dégradation de l’état généralL’état général de cette patiente était bon un mois avant son admission, lorsqu’une douleur abdominale est apparue et s’est rapidement propagée à l’ensemble de l’abdomen avec une irradiation dorsale. Le test de gros-sesse est négatif. Elle présente alors une anorexie, une fatigue, une perte de poids de quelques kilos, des nausées et des vomissements. La nuit avant son admission, plusieurs épisodes de nycturies sont apparus.

Hypercalcémie et cancer ovarienLe bilan biologique montre que les taux sériques de protéine, d’albumine, de bilirubine totale et de lipase sont normaux ainsi que les bilans rénaux et hépatiques. Une hypercalcémie est retrouvée. Le taux d’hormone para-thyroïdienne est normal. Le scanner abdominopelvien retrouve une masse ovarienne au niveau de l’annexe droite qui déplace l’utérus de manière postérieure et sur la droite. Le diagnostic de cancer ovarien, de type carcinome à petites cellules, est posé après les analyses anatomopa-thologiques. Le taux d’hypercalcémie semble alors directement rattaché à cette tumeur. Le diagnostic différen-tiel est le dysgerminome. Bien que

le lymphome puisse être associé à une hypercalcémie, ce diagnostic ne permettrait pas d’expliquer la masse ovarienne présente ici.

Le carcinome hypercalcémiant, une lésion rareLe carcinome ovarien à petites cellu-les est une tumeur très particulière. Dans deux tiers des cas, il est associé à une hypercalcémie. Il survient chez moins de 0,01 % des cas de néopla-sies ovariennes, environ 400 cas ont été rapportés jusqu’à maintenant. Ce type de cancer survient chez des sujets plus jeunes que ceux ayant un carcinome indifférencié. Malgré sa rareté, le diagnostic mérite d’être sou-levé chez les personnes âgées entre 10 et 35 ans. Le traitement chirurgical

est alors associé à une radiothérapie et une chimiothérapie.Le carcinome hypercalcémiant à peti-tes cellules de l’ovaire est donc une lésion rare de très mauvais pronostic atteignant les femmes jeunes. Dans la majorité des cas décrits, ce type de lésion est révélé par les symptômes secondaires au volume tumoral ou par l’hypercalcémie qu’elle engendre. |

OPHÉLIE MARAIS

médecin biologiste, Paris

[email protected]

SourceYoung RH, Goodman A, Penson RT et al. Case

records of the Massachusetts General Hospi-

tal. Case 8-2010. A 22-year-old woman with

hypercalcemia and a pelvic mass. NEJM. 2010 ;

362 :1031-40.

Hypercalcémie et masse pelvienne, signes d’un carcinome rare

Une ostéomyélite vertébrale par contamination directe

Un homme âgé de 57 ans se présente dans un hôpital suisse pour de la fièvre, des

frissons et une douleur lombaire deux semaines après avoir subi une biopsie de la prostate.

E. coli mutirésistantLe taux d’antigène prostatique était en effet élevé. Sa température est à 39,7 °C ; il présente à l’examen clinique une tension prostatique et lombaire. Les examens biologiques retrouvent un taux de leucocytes à 9 100/mm3 et une protéine C réactive à 343 mg/L. les examens bactériolo-giques des urines et les hémocultures révèlent une souche d’Escherichia coli multirésistant producteur de bêta-lactamase sensible à l’imipénème.

Une spondylodiscite par contamination directeLe diagnostic d’ostéomyélite verté-brale est donc posé. Ce type d’infec-tion, autrement dénommé spondylo-discite, peut être aiguë, subaiguë ou

chronique. Son incidence est estimée à 2,4 cas pour 100 000, augmen-tant avec l’âge (de 0,3 pour 100 000 chez les sujets de moins de 20 ans à 6,5 pour 100 000 chez les personnes âgées de plus de 70 ans). L’ostéomyé-lite vertébrale résulte le plus souvent d’un essaimage par voie hématogène mais peut provenir aussi d’une inocu-lation directe lors d’une chirurgie spi-nale ou d’une dissémination contiguë provenant d’une infection des tissus mous adjacents.Staphylococcus aureus est le micro-organisme le plus souvent impliqué dans les ostéomyélites pyogéniques vertébrales, suivi par E. coli. Les sta-phylocoques à coagulase négative et Propionibacterium acnes représen-tent les micro-organismes le plus souvent en cause dans les ostéo-myélites exogènes après chirurgie spinale, en particulier lorsque du matériel comme des fixations est implanté. Néanmoins, dans les cas de bactériémie prolongée, des ostéo-myélites vertébrales hématogènes

due à des germes peu virulents comme des staphylocoques à coa-gulase négative ont été décrites.

Des pathologies sous-jacentes fréquentesDans une étude englobant plus de 250 patients ayant une ostéomyélite vertébrale, le foyer infectieux pri-maire détecté chez plus de la moitié des patients est le tractus urinaire, la peau ou les tissus mous, un site avec accès vasculaire, une endo-cardite, une bursite ou une arthrite septique. La plupart de ces patients ayant une ostéomyélite vertébrale pyogénique d’origine hématogène ont des pathologies sous-jacentes comme un diabète, une pathologie coronarienne cardiaque, un désordre immunosuppresseur, un cancer, une insuffisance rénale nécessitant une hémodialyse ou ayant fait usage de drogues par voie IV. | O.M.

SourceZimmerli W. Clinical practice. Vertebral osteomye-

litis. NEJM. 2010 ; 362 : 1022-9.

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