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Université Cheikh Anta Diop Ecole Normale Supérieure · Universités Cheikh Anta Diop de Dakar et Gaston Berger de Saint-Louis ? 38-49 Colloque 2 : Les étudiants ... et en science

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Université Cheikh Anta Diop Ecole Normale Supérieure

Editeurs

Hamidou Nacuzon SALLAbdoul SOW

© ENS Dakar mars 2002

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Université Cheikh Anta Diop Ecole Normale Supérieure

Editeurs

Hamidou Nacuzon SALLAbdoul SOW

© ENS Dakar mars 2002

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Comité de parrainage

Madior Diouf (Ministre enseignement supérieur), Bonaventure Mveondo, (Auf), Mamadou M. Sall (Cames), SarrNdiawar (Recteur UGB), Seddoh Fr (Unesco), Moustapha Sourang (Recteur Ucad) Directeur Crdi, DirecteurUNESCO-BREDA

Comité scientifique international

Coprésidents : Valdiodio Ndiaye (Directeur ENS) & Mme Danièle Cros (Présidente AIPU).Membres : Abdellatif Chiadli,, Aka Adu, André Giodan, André Plante, Auguste Laloux, Cecile Van Der Borght,Delhaxhe Michel, Dieudonné Leclercq, Enrique Rubio Royo, Shabani J, Gora Mbodj, Jean-Marie De Ketele, MalikaTrabelsi, Maria Amparo Fernandez, Marie-Françoise Favre-Bonnet, Mario Beltran, Mohamed Miled, Néré Bujold,Nicole Rege-Collet, Otman Bouab, Mme Pinchaud, Thomas Silou, Abdou Salam Sall, Mamadou Kandji, Abdou KarimNdoye, Abdoulaye Samb, Babacar Guèye, El Ibrahima Diop, Libasse Diop, Hamidou Nacuzon Sall, Maguèye Kassé,Mariteuw Niane,

Comité éditorial / Comité international de lecture

Abdou Karim Ndoye, Abdoul Sow, Abdoulaye, Amadou Mamadou Camara, Babacar Fall, Babacar Guèye, ChristianDepover, Danièle Cros, Dieudonné Leclercq, Elise Boxus, Gora Mbodj, Hamidou Nacuzon Sall, Isiaka Lalèyê, IssaNdiaye, Jean Donnay, Jean-Emile Charlier, Jean-Marie De Ketele, Jean-Pierre Auquière, Jean-Pierre Bechard, Jean-Pierre Faye, Maguèye Guèye, Malick Diop, Mamadou Kandji, Mamadou M. Sall, Marc Romainville, Jose-Luis Wolfs,Mamadou Ndoye, Mariane Frénay, Pierre Michaud, Pierrette Koné, Ludovic Protin

Comité d’organisation

Secrétariat scientifique : Nacuzon Sall, Abdoul Sow, Babacar GuèyeSecrétariat organisation : Aboubakrine NianeInformation : Alioune M. DioufDocumentation : Djibril BaMembres : Anta Diouf-Kéïta, Andrée-Marie Diagne, Bachir Diop, Fatou Kandji, Madiagne Diagne, Maguette KaneDiop, Abdou Salam Sall, Alex Corentin, Babacar Fall, Boubacar Barry, Dr Abdoul Aziz Yam, Dr Maguèye Guèye, DrMamadou Ndoye, Harisoa Dème, Hélène Sakiliba, Omar Ndongo, Oumar Sarr, Papa Koumba Lô, Birama Touré,Bouna Niang, Abdou K. Ndoye, Amadou M. Camara, El Hadj I. Diop, Sophie B. Bassama, Albert Faye, JacsquesGanty, Falikou Kondé, Momar Thiam

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SOMMAIRE

Introduction

Jean DEMAL, Président Honoraire AIPUL’AIPU, instrument de solidarité internationale. 20 ans d’expérience

Colloque 1 : L’accès à l’enseignement supérieur

Bamba D. DIENG, H. Nacuzon SALL, Jean-Marie DE KETELEGestion de la transitions secondaire-supérieur : éléments d’analyse critique théorique dusystème de sélection à l’entrée à la faculté des Sciences et Techniques de l’Université CheikhAnta Diop de Dakar

1-12

Pierre Marie NJIALEProcessus d’intégration des nouveaux étudiants dans l’enseignement supérieur au Cameroun :institutionnalisation et finalités de l’orientation universitaire et professionnelle 13-20Jacques LEGA, Marcel LEBRUN, Marie-Louise LEBRUN-REMY«Let’s math», un manuel interactif visant à développer les compétences transversales requisespour accéder à l’enseignement supérieur

21-29

Vincent MINETTest dès l’entrée à l’université : évaluation formative du niveau initial en chimie, indication dela réussite ultérieure du cours et rémédiation différenciée proposée à des étudiants cibles

30-37

Harisoa T. RABIAZAMAHOLYLes conditions de réussite sont-elles réunies chez les étudiants de langues étrangères desUniversités Cheikh Anta Diop de Dakar et Gaston Berger de Saint-Louis ?

38-49

Colloque 2 : Les étudiants

Pierre CLEMENT Métacognition et changement conceptuels chez des étudiants scientifiques

50-61

Marielle BRUYNINCKX, Nathalie COUVREUR, Albert LANDERCYPerceptions, attitudes, craintes et attentes des étudiants de première candidature en psychologieet en science de l’éducation quant à l’enseignement des statistiques

62-67

Marielle BRUYNINCKX, Nathalie COUVREUR, Albert LANDERCY, Céline LORANTEnseignement des statistiques dans une filière de formation permanente à horaire décalé enpsychologie et sciences de l’éducation

68-73

M. ERRADI, M. KHALDI, S. EZZAHRI, A. BENNAMARA, M. TALBI, S. BENMOKHTARLes sujets-matière difficiles en chimie des solutions : appréciations subjectives/objectives desenseignants et des futurs enseignants du secondaire

74-82

Colloque 3 : Les enseignants

Lucia Aguirre MUNOZLes enseignants au niveau tertiaire. Panorama mondial et le cas du Mexique

83-90

Africa DE LA CRUZLa formation pédagogique initiale et permanente du professeur d’université en Espagne :quelques propositions pour l’avenir

91-98

Henri VIEILLE-GROSJEANEducation et formation : le paradoxe étymologique

99-103

Lakhdar AZZOUZL’évaluation au service de la formation pédagogique des enseignants

104-109

L. COSTA, L. GARCIA, M. GODALL, L. HALBAUTCaractéristique de l’apprentissage des étudiants d’infirmerie et de physiothérapie à partir del’analyse de l’instrument d’évaluation

110-114

M. KHALDI, M. ERRADI, S. EZZAHRI, M. TALBI, S. BENMOKHTAR, A. BENNAMARALe couplage de la simulation en amont et en aval de l’expérimentation en chimie des solutions115-121Georges C. LOGNAY, Michel MARLIEREnseignement de la chimie appliquée à l’étude de produits naturels par la réalisation deprojets : présentation d’une initiative nouvelle dans la formation des ingénieurs chimistes et bio-industries 122-127

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Colloque 4 : Les TIC dans l’enseignement supérieur

Lyda HALBAUT, Coloma BARBE, Monserrat AROZTEGUI, Joaquim SUNERL’enseignement de la garantie de la qualité face à la qualité de l’enseignement

128-133

Louise MARCHANDApprentissage à vie et E-leraning

134-139

Robert LAFFINEURL’utilisation du numérique pour l’enseignement –apprentissage en histoire de l’art àl’Université de Liège

140-149

Moncef ZAKISimulation informatique et traitement mathématique du problème du scrutin : étude de cas aupremier cycle universitaire

150-156

Houssaine OSSORPrésentation d’une plate-forme de FAD : «EAD2000», travail et interactions du tuteur

157-160

Henri-Alex ESBELINUn dispositif hypermédia pour l’enseignement à distance assisté par ordinateur ; cas desmathématiques

161-165

Claudine LEBORGNE-TAHIRIL’enseignement à distance dans l’enseignement supérieur : premières approches

166-177

R. CHOUINARD, H. DRIDI, F. DUFOUR, R. GARONUne expérience d’enseignement à distance et en ligne dans le cadre de la formation continue deniveau universitaire

178-188

Colloque 5 : La formation des enseignants

Evelyn CRAMERL’analyse des compétences professionnelles : un outil stratégique de motivation dans laformation des maîtres

189-199

Evelyn CRAMERL’exploitation convergente de ressources : une aide à la réussite dans la formation des maîtres200-209Marie-Louise LEFEBVRE, Frédéric LEGAULT, Nicole DE SEVERecrutement des maîtres de groupes minoritaires pour l’enseignement obligatoire du primaire etdu secondaire

210-216

Colette LEUNUSRecherche appliquée : lutte contre l’échec dans la formation initiale des enseignants dusecondaire inférieur

217-225

Galedi NZEYEncadrement des élèves-conseillers pédagogiques de l’enseignement primaire à l’Ecole normalesupérieure de Libreville

226-260

Ioan RATZUIAméliorer l’efficacité des enseignants des sciences du secondaire par une recherche conçue ensupérieur : cas des maîtres de stages des stagiaires de l’Ecole normale supérieure de Dakar241-251

CIFFERSEAtelier 1 : Contenu conceptuel minimum, contextualisation et adaptation des enseignants

Thierno Ibrahima DIALLOLa prise en compte des réalités locales pour un enseignement des sciences physiques au collègeen Guinée

259-262

Cheikh Tidiane SALLL’auto-évaluation du profil d’entrée : une stratégie constructiviste dans la formationprofessionnelle initiale des enseignants 263-275Célestin MINLOLes chantiers pédagogiques – L’expérience du Cameroun en recherche expérimentale 276-278

Atelier 2 : Enseignement expérimental : apports et limites de quelques innovations

Adama KAOLAL’expérience en sciences de la vie et de la terre en matière de formation des formation desprofesseurs en expérimentation assistée à l’ordinateur, les actions de formation en SVT desprofesseurs au Burkina 280-283

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Saliou KANE, Ibrahima CISSEUne innovation pédagogique pour l’enseignement de la chimie : la microchimie utilisant les Kit,points de vue des deux catégories d’enseignants 284-286Ioan RATZUILes effets d’une pédagogie interactive et d’intégration sur la motivation et la compréhensiondans l’enseignement des sciences expérimentales. Recherche empirique dans le cours dephysique au lycée 287-301

Atelier 3 : Education des filles en sciences expérimentales

Saliou KANEVers une formation des enseignants intégrant la dimension genre pour l’éducationdes filles en sciences et technologie 303-306Guidiouma Oumar SANOUA propos de l’éducation des filles en sciences expérimentales au Burkina Faso 307-310Ngoya DERProblème de l’accès des filles aux études de sciences et technologie au Sénégal 311Aminata Elisabeth OUEDRAOGO BANCEAmélioration des performances des filles dans les disciplines scientifiques dans lesétablissements secondaires et universitaires au Burkina Faso : quelques résultats 312-328

Atelier 4 : l’environnement et à la santé

Pierre CLEMENT, Thomas FORISSIERL’éducation à l’environnement : les systèmes de valeurs dans la conception sur l’environnement330-334Pierre CLEMENT, Mohamed CHEIKHOL’éducation à l’environnement : pluridisciplinarité et pratiques pédagogiques 335-343

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INTRODUCTION

Le pari d’organiser le 18ème Congrès de l’Association Internationale de Pédagogie Universitaire (AIPU) à Dakarsemblait bien difficile à tenir. L’expérience de rigueur, de sérieux et de convivialité accumulée par notre associationn’était pas facile à gérer. L’angoisse et le stress étaient inévitables face à l’ampleur de l’organisation. L’accueil etl’hospitalité des participants dès leur arrivée à l’aéroport, les promesses de communications internationales fiables, lesfacilités d’accès à Internet étaient des engagements trop vite pris…

Ce défi a été corsé par le choix du thème : ‘Les stratégies de réussite dans l’enseignement supérieur’. N’était-il pas plusindiqué de remettre sur le grill la sempiternelle question des échecs, accompagnée de la baisse de niveau des étudiantsde premier cycle ?

En proposant aux Aipuiens de consacrer leur congrès à la réussite, les organisateurs de Dakar faisaient le pari… deréussir, eux-aussi, là où d’autres ont réussi, et d’inaugurer de nouvelles avenues à la recherche et aux discours enpédagogie universitaire. N’est-il pas temps de rompre définitivement avec les discours sur le manque de préparation descandidats à l’enseignement supérieur ? Là aussi, les organisateurs se sont voulus résolument optimistes ; car, finalementet fort heureusement, les étudiants n’échouent pas tous ! Envisager et mettre en œuvre résolument une pédagogie de laréussite dans l’enseignement supérieur tel devrait être le credo des équipes enseignantes. Si nos étudiants ne réussissentpas, n’est-ce pas nous enseignants qui échouons !

La présente publication des actes du 18ème Congrès de l’AIPU tenu à Dakar (Sénégal) du 5 au 7 avril 2001, à l’Hôtel deNgor-Diarama, voudrait être une sorte de carte postale colorée de ces journées chaleureuses au plan humain etenrichissantes au plan scientifique. Tous les Continents étaient représentés, depuis la lointaine Amérique du Sud et duCentre avec nos amis du Brésil et du Mexique, en passant par l’Asie avec ceux venus du Liban et de l’Iran, sans oublierles habitués en provenance d’Europe et d’Amérique du Nord. Les Africains ont été largement représentés. N’était-cepas au demeurant un des objectifs poursuivis en décidant d’organiser le Congrès 2001 en Afrique ?

Au total, les cinq colloques organisés en parallèle avaient été programmés autour de 70 propositions de communication.Finalement, près d’une centaine communications ont été présentées. Le temps a été bien court et difficile à gérer.Comme toujours, les ressources technologiques ont ici et là créé des situations bien cocasses malgré ou justement àcause de tant de prévisions et précautions.

Tous les textes présentés au Congrès ne figurent pas dans la présente publication. Cependant, la volonté desorganisateurs du 18ème Congrès de l’AIPU à Dakar demeure de les publier dans la revue de notre association. Nousenvisageons toujours la possibilité de réunir certains auteurs autour de la publication d’ouvrages thématiques.

Que toutes les Aipuiennes et tous les Aipuiens qui se sont rendus à Dakar trouvent ici l’expression de notre amitiérenouvelée. Que celles et ceux qui ont quelque petit regret de n’avoir pas été avec nous se rassurent nous reviendronstrès bientôt au Sénégal !

Père fondateur de notre association dont il est également président honoraire, Monsieur Jean Demal a bien voulu doténos rencontres d’un prix pour la meilleure communication. Dakar s’honore d’avoir co-décerné le premier prix JeanDemal a deux communications primées par un jury international qui s’est efforcé de s’en tenir aux seuls critèresscientifiques et de clarté des idées et de la présentation. Nous félicitions chaleureusement les lauréats et MonsieurDemal.

Nous exprimons tout naturellement nos plus vifs remerciements aux membres du comité éditorial / Comité internationalde lecture, en particulier à Christian Depover de Mons (Belgique), José-Luis Wolfs de Bruxelles (Belgique), JeanDonnay et Marc Romainville de Namur (Belgique), Abdoukarim Ndoye de Dakar (Sénégal) pour le travail de lecturecombien ingrat et difficile. Nous savons pouvoir compter sur eux comme sur tous les autres membres du Comitéinternational d’édition et de lecture pour la publication des actes dans la revue de l’AIPU.

Nous avons aussi été soutenus par les partenaires habituels de l’Ecole Normale Supérieure de Dakar sans lesquels leCongrès aurait été un immense flop. Craignant des omissions sources de frustrations pour tous les donateurs, nousciterons simplement l’ensemble de la Communauté française de Belgique, l’UNESCO-siège, l’UNESCO BREDA, laMission française de coopération, le Rectorat de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar… A toutes et à tous, toute lacommunauté ENS de Dakar et de l’Université Cheikh Anta Diop expriment leur sincère gratitude.

Les éditeurs :

Hamidou Nacuzon SALL et Abdoul SOW

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L’AIPU, INSTRUMENT DE SOLIDARITE INTERNATIONALE

20 ans d’expérience

Professeur Jean DEMALVice-recteur honoraire de l’UniversitéCatholique de LOUVAINPrésident honoraire de l’AIPU

Le défi auquel se heurte l'Université réside dans la difficulté de rester constamment au service des hommes etdes femmes qui constituent la société.

Il semble qu'un des problèmes majeurs des sociétés d'aujourd'hui ait pour origine la mondialisation ou"globalisation". Lors du dernier symposium de DAVOS en janvier dernier, se sont réunis non seulement desreprésentants du monde des affaires, soucieux de maintenir la croissance économique, mais aussi nombre d'hommespolitiques de pays en voie de développement, venus plaider pour un commerce plus équilibré et un partage pluséquitable des richesses. Si la recherche du profit est un puissant moteur économique et un moyen efficace de luttecontre le gaspillage, c'est aussi un moyen nécessaire de lutte contre la pauvreté, mais absolument pas un moyensuffisant. Lorsque la dignité humaine est bafouée par la recherche excessive du profit, le capitalisme peut aboutir àl'injustice.

C'est une des raisons qui pousse les "anti-mondialistes" à tenter de faire contrepoids à des réunions commecelle de DAVOS ; ce fut l'origine du symposium de PORTO ALEGRE au Brésil.

La mondialisation pure et dure risque de conduire à l'uniformisation de la langue, de la culture, du mode de vieet d'accroître les inégalités sociales. Sait-on, qu'en 2001, les médias recensent pres de 100.000 S.D.F. rien que pourl'agglomération de NEW-YORK ? Et l'on considère qu'actuellement, encore 14 % de la population française vit endessous du seuil de pauvreté. D'autre part, la mondialisation augmente l'écart entre les pays riches et les pays en voie dedéveloppement, notamment en ce qui concerne la nutrition, l'accès aux soins de santé et à l'éducation. Le P.I.B. ducontinent africain représente moins de 1 % du P.I.B. mondial. Par ailleurs, selon un professeur de l'Université deDACCA, au Bangladesh, 75% de l'aide au développement destinée à son pays sont détournés !...

Il est urgent de rééquilibrer la mondialisation, en lui ajoutant une dimension humaniste de partage. Partage, nonseulement de la croissance, mais aussi de l'éducation et de la culture. Comme l'affirme Michel CAMDESSUS, anciendirecteur du FMl, nous ne réussirons l'humanisation de la mondialisation, que si nous mondialisons nos coeurs et nosintelligences.

Parmi les propositions les plus marquantes retenues à PORT ALEGRE, il a été suggéré (cf. Le monde du28/01/01) :

1) d'effacer la dette des pays les plus pauvres,2) de taxer les transactions financières,3) d'inclure le respect de l'environnement dans les accords commerciaux,4) d'interdire le travail des enfants.

A ces propositions, certes nécessaires, pour réduire le fossé entre les pays en voie de développement et lesautres, il en manque une, et d'importance capitale... c'est l'attribution de moyens nettement plus importants pour rendreplus efficace l'enseignement, et surtout l'enseignement supérieur.

Or les experts de toutes les organisations internationales (UNESCO, OCDE, PNUD...) ont, à de multiplesreprises, répété qu'il existe une corrélation étroite entre le développement et la qualité de l'enseignement supérieur d'unepart, et le progrès économique et social des nations d'autre part. L'éducation est à la base du développement, affirmaitFOURASTIE. Or, on constate que, malheureusement, moins de 2 % des budgets de coopération au développement sontconsacrés à l'éducation !...

L'AUPELF a pour objectif d'établir une solidarité entre les Universités de pays entièrement ou partiellement delangue français. Ceci concerne 55 pays répartis sur cinq continents et totalisant plus de 200 millions de personnes. Lesecrétariat général de l'AUPELF à MONTREAL (et tout particulièrement un de ses membres : Henri ACOCA) a voulumettre l'accent, à la fin des années 1970, sur la nécessité de porter une attention particulière à la fonction pédagogiquedans l'enseignement supérieur.

En 1981, il y a 20 ans, l'AUPELF et la Commission de l'Enseignement de l'Université catholique de Louvainorganisèrent conjointement un colloque international sur la "Pédagogie universitaire" à Louvain-la-Neuve. A l'issue dece colloque fut créée l'Association Internationale de Pédagogie Universitaire (AIPU), dotée d'un conseil

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d'administration composé d'Africains, de Canadiens et d'Européens. Ils m'élirent à la présidence, me succédèrent ensuiteA. SALIFOU du Niger, G. NTUNAGUZA du Burundi, J.M. DE KETELE de Belgique et D. CROS de France.

• Deux objectifs fondamentaux furent assignés dès l'origine à l'AIPU : d'une part, promouvoir la fonctionenseignante dans les universités et rééquilibrer son poids par rapport à la fonction de recherche, et d'autre part créer uneréelle solidarité Nord-Sud dans la promotion de l'enseignement supérieur comme facteur essentiel de développement.

L'importance de l'action de l'AIPU a été reconnue et confirmée très rapidement par le soutien de nombreusesuniversités, notamment MONTREAL (qui édita la revue "Pédagogiques" et assuma longtemps le secrétariat général),LOUVAIN LA NEUVE et LIEGE, ainsi que par des organismes internationaux comme l'AUPELF, l'ACCT,l'UNESCO, le PNUD. Leur soutien financier permit aux pays les plus démunis de participer activement aux activités del'AIPU. La reconnaissance officielle par l'UNESCO de l'AIPU comme O.N.G. active dans la coopération audéveloppement fut un encouragement très important.

L'expérience vécue dans les universités démontre que toute action de perfectionnement pédagogique est uneœuvre de longue haleine. Il faut informer, convaincre, mobiliser, encourager, persévérer pour enfin obtenir un résultat etle soutenir dans le temps. Ce temps qui ne se compte ni en heures, ni en jours mais en années, à l'instar de l'échelle dutemps des forestiers !...

Pour promouvoir la fonction pédagogique dans les universités francophones et pour accroître son rayonnement,l'AIPU a choisi d'organiser ses activités dans des pays différents, ceci dans le but d'y faire naître des cellules quipoursuivraient ultérieurement les actions suscitées par les échanges dans les colloques. Autant que possible lescolloques annuels se tiendraient alternativement au Nord et au Sud. Les principales réunions se tinrent à RABAT(Maroc), NANTES (France), MONTREAL (Canada), ABIDJAN (Côte-d’Ivoire), DAKAR (Sénégal) en 1985,MONTPELLIER (France), TUNIS (Tunisie), NICE (France), BUJUMBURA (Burundi), QUEBEC (Canada),YAOUNDE (Cameroun), LIEGE (Belgique), MONASTIR (Tunisie), MONTREAL (Canada), PARIS (France), et ànouveau avec plaisir à DAKAR en 2001.

Des missions de coopération universitaire furent assumées, en outre, par des membres de l'AIPU dans lesdivers continents.

Il y a 15 ans, le 10 Avril 1985, IBA DER THIAM, Ministre de l'Education Nationale et de l'EnseignementSupérieur du Sénégal, ouvrait le Colloque de DAKAR en ces termes “ C’est dans la mesure où l’université saura faire laplace qu’ils méritent aux problèmes pédagogiques et qu’elle saura s’ouvrir aux réalités du monde du travail qu’ellepourra être lieu de la créativité sociale qui est au fond sa véritable vocation ”.

Au cours du même colloque, la question fut posée de l'adéquation d'un modèle universitaire européen aucontexte social africain (BABOU SENE, MAMADOU DIALLO, BOUBAKAR KANE, PAPA BAIDALY SOW,1986) ainsi que de sa compatibilité avec l'environnement culturel de l'Afrique (DIENEBA DOUMBIA, 1986). Sur leplan économique l'objectif des universités africaines doit être, en effet, de contribuer au développement d'unetechnologie appropriée au contexte africain, et, sur le plan culturel, dynamiser la culture africaine en vue de sonrayonnement au plan international (KAPAHOU, 1991).

Ces questions posées restent, au moins jusqu’à un certain point, pertinentes et nous obligent à y rester attentifs,en particulier au cours de rencontres comme la nôtre.

L'expérience de 20 années d'histoire de l'AIPU, qui sont autant d'années de solidarité active Nord-Sud, nousportent à solliciter aujourd'hui votre attention sur trois problèmes qui conditionnent, nous semble-t-il, un développementefficace de l'enseignement supérieur en Afrique, et par là, les services qu'il peut rendre aux nations.

Le premier problème concerne l'examen de l'adaptation du système universitaire actuel aux besoins socio-économiques et culturels des pays.

Depuis leur origine, au Moyen-âge en Europe, les universités, haut-Iieu du savoir et de la recherche, formaient,autour des maîtres, des disciples destinés à constituer ce que nous appelons aujourd'hui les cadres de la société, dont unetâche consistait à poursuivre le développement de la science. Depuis quelques décennies l'accroissement exponentiel dunombre d'étudiants et la transformation socio-économique des sociétés occidentales a posé le problème de l'actualisationdes universités et de la révision de leurs objectifs de formation. En d'autres termes, quels hommes former, pour quellesociété ? C'est à ce moment que, pour éviter la formation d'un nombre excessif de diplômés universitaires et pour mieuxrépondre aux besoins du marché du travail, ont été créés des instituts d'enseignement supérieur non-universitaire ouprofessionnels.

Le même problème d'actualisation se pose, semble-t-il, aux universités africaines. Le modèle universitaireoccidental, importé, a permis aux premières générations de diplômés de remplir les cadres de l'administration. Mais

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l'accroissement rapide du nombre d'étudiants et la limitation des moyens budgétaires posent un problème dramatiqueaux universités. Sont-elles encore capables de fournir valablement une formation par la recherche, et peuvent-elles offrirà leurs diplômés des débouchés sur le marche local de l'emploi ? Dans le même ordre d'idées, quel avenir peut-onimaginer pour les 300.000 étudiants universitaires de la ville de Mexico ?

Au lieu d'entreprendre des décentralisations de centres universitaires de type classique, ne faudrait-il pas plutôtrepenser, pour chaque pays, l'ensemble de la structure et des objectifs des différents types d'enseignement supérieur :l'universitaire, le technologique et le professionnel, et définir ensuite les implantations les plus appropriées, lesarticulations entre institutions et avec les entreprises.

Les universités, fidèles à leur spécificité, garderaient des centres de recherche d'excellence sélectionnés auniveau national et international, car le temps n'est plus où chaque université pouvait exceller dans tous les domaines dela recherche et accueillir un nombre illimité d'étudiants. Elles conserveraient leur importance de pôle de référencecritique et indépendant, essentiel à la santé politique et sociale de toute démocratie (OCDE, 1987). Elles pourraient ainsiassumer, sans complexe, leur rôle original, en rapport avec leur culture de base, dans le dialogue scientifiqueinternational.

Une attention particulière devrait être accordée à la formation pédagogique des enseignants du ler cycle qui ontla charge de favoriser une bonne adaptation des étudiants au travail universitaire. Les seconds cycles seraientprogrammés pour répondre aux besoins socio-économiques des pays. Certains de ceux-ci pourraient, pour atteindre unniveau d'excellence, être organisés au plan inter-universitaire ou international. A fortiori, une telle politique devrait sedévelopper lors de l'implantation des troisièmes cycles dont le fonctionnement exige des moyens très coûteux.

Des réalisations montrent déjà la voie : l'EIER, Ecole Inter-états d'ingénieurs d'équipement rural(OUAGADOUGOU), l'IAI, Institut Africain d'Informatique (LIBREVILLE), l'EIE, Ecole Inter-états d'Electricité(LIBREVILLE), l'EISMV, Ecole Inter-états de Médecine vétérinaire (DAKAR).

Une formation de 2d ou de 3eme cycle des étudiants africains ne pourrait s'accomplir, dans les paysoccidentaux, qu'à des conditions strictement définies. Ceci pour éviter la dramatique fuite de cerveaux africains aprèsleur formation, ainsi que pour veiller à ce que leur spécialisation se construise en harmonie avec les besoins socio-économiques et culturels des pays d'origine.

Les autres établissements d'enseignement supérieur post-secondaires seraient des instituts supérieurs detechnologie, des écoles professionnelles, des instituts techniques. Ils établiraient des relations très étroites avec lesmilieux économiques et industriels. Des formations par alternance et des stages pourraient ainsi être plus facilementorganisés. Le problème des débouchés pour les diplômes issus de ces établissements pourrait être plus facilementrésolu.

L'ensemble de l'enseignement supérieur doit intégrer les valeurs culturelles propres à l'Afrique : le sens de lasolidarité, le dépassement de l'individualisme par le communautaire, la prise en compte de la sagesse des anciens, lesens du dialogue y compris avec les jeunes, la valeur de la tradition orale. La redynamisation de la culture africainepourrait accroître son rayonnement et sa faculté de création. Le dialogue avec d’autres cultures aboutirait à unenrichissement mutuel sans aucun complexe.

Une maturation des esprits en vue d'aboutir à la mise en oeuvre de cette réévaluation des objectifs del'enseignement supérieur s'observe dans certains pays africains, mais elle se heurte à beaucoup d'inertie, à desoppositions retardatrices et à un manque de marge de manoeuvre au plan politique et financier. Mais, comme nousl'avons déjà dit plus haut, la reforme est une oeuvre de longue haleine qui exige énormément de persévérance.

Une telle perspective de réorganisation de l'enseignement supérieur avec des objectifs spécifiques de formationpour chaque institution doit entraîner, comme corollaire, la mise en place d'une politique d'information et desélection pour les jeunes en fin d'études secondaires. C'est le second problème auquel je vous propose de refléchir.

Une information objective sur les carrières et les métiers est une entreprise de relations publiques enprofondeur, avec pour cible non seulement les jeunes, mais aussi leurs parents. Cette information doit être diffusée, defaçon durable, par tous les médias. Elle commencera par un long effort de revalorisation des métiers manuels ettechniques par rapport aux carrières plus intellectuelles, par ailleurs fort encombrées. Ce fut dans cette perspective quefut comprise une des premières interventions de Monsieur ABDOULAYE WADE, Président du Sénégal, peu après sonélection. Une telle campagne devrait aboutir à ce que, peu à peu, une meilleure adéquation s'établisse entre lesmotivations et les capacités de chaque jeune avec le type d'apprentissage ou d'études qu'il envisagera. Une aide socialesuffisante (peut-être sous la forme de "bon scolaire") devrait compenser les obstacles matériels qui s'opposeraient à unchoix rationnel de carrière.

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Une telle politique allierait, à terme, une réelle sélection à une bonne orientation et offrirait à tous des chanceségales devant l'avenir.

Un troisième problème me semble devoir retenir notre attention. C'est la distinction entre formation initiale etformation continuée, ainsi que sa répercussion sur la définition des objectifs de formation.

Lorsqu’on essaie d’établir une adéquation entre formation et emploi, on se heurte à une double difficulté.D’abord l’impossibilité d’établir des statistiques prévisionnelles fiables sur l’évolution des emplois. Ensuite, ladifficulté de prévoir les qualifications requises par l’exercice d’une fonction pendant tout une carrière, en raison desprogrès accélérés des sciences et techniques. Les caractéristiques d’une bonne aptitude évoluent très vite. Il en résultequ’il est vain de vouloir inculquer à un jeune en formation tous les éléments qui lui serviront pendant toute sa carrièreprofessionnelle. Il est indispensable de distinguer la formation initiale de base à acquérir dans l’établissementd’enseignement, de la formation continuée à entretenir pendant la vie active. On dit que l’aptitude fondamentale àacquérir, doit consister en l'acquisition d'une compétence de l'esprit et de toute la personnalité, qui dépasse la simpleaccumulation de connaissances. Elle constituera le socle qui accueillera et permettra toutes les adaptations ultérieures.Une "tête bien faite" est l'objectif à atteindre par l'enseignement de base.

Par la suite, une des qualifications les plus précieuses lorsqu’on entame une carrière, est le souci de se tenir àjour, d’utiliser toutes les possibilités offertes par les entreprises et les établissements d’enseignement pour réactualiserses capacités et garder une compétitivité efficace face à des situations professionnelles en évolution constate. Il s’agit,en particulier de s’initier aux nouvelles technologies de l’information.

Ces quelques réflexions, fruit de l'expérience, vous sont offertes avec la conviction que l'enseignementsupérieur est un levier essentiel pour le développement. Mais il est indispensable que ceux qui utilisent cet instrumentl'adaptent au contexte original où il doit s'insérer.

Des organismes comme l'UNESCO, l'OUA, le CAMES ont un dynamisme qui peut vaincre les inerties et leslenteurs qui se manifestent encore dans trop de sociétés africaines, et qui pourraient conduire certains audécouragement.

L'AIPU est convaincu que les multiples racines culturelles de l'Afrique peuvent, par un enseignementprogressivement repensé et résolument orienté vers l'avenir, ouvrir de nouvelles dimensions à une culture africaine, quidoit prendre conscience qu'elle est une valeur indispensable pour les échanges au profit de toute l'humanité. Je partageentièrement l'optimisme de mon collègue Michel NORRO, qui fut pendant de longues années professeur dans une despremières universités africaines, l'Université Lovanium, il affirmait que l'Afrique subsaharienne dispose des ressourcesnécessaires, tant humaines que naturelles, pour reprendre le chemin du développement.

Les perspectives évoquées ici n’auront une valeur que si elles peuvent être à l’origine de réflexions et dediscussions pouvant servir à la longue, de bases d’actions pour de réels progrès de vos sociétés.

Que chacun d’entre vous, à l’issue des multiples échanges de ce colloque, en emporte une petite graine qui,semée chez lui, deviendra un bel arbre porteur de nombreux fruits au bénéfice du pays.

Références

BABOU SENE – Formation et profil d’enseignement du supérieur : Ecole Normale Supérieure de Dakar.Pédagogiques, 6, 2, 1986.

DIENEBA DOUMBIA – Pédagogie africaine et orientation de l’enseignement à l’université. Pédagogiques, 6, 2, 1986.

IBA DER THIAM – Conférence inaugurale du Colloque de Dakar. Pédagogiques, 6, 2, 1986.

KAPAHOU C. – La créativité et son évaluation dans l’Université en Afrique centrale. Pédagogiques, 10, 1, 1991.

NORRO M. – Economie africaine. Analyse économique de l’Afrique sub-saharienne. Bruxelles, De Boeck Ed., 1994.

OCDE – Quel avenir pour les universités ? Paris, OCDE, 1987.