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1 Document préparé par Dr A. Villeneuve, janvier 2013 UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL SERVICE DE DIAGNOSTIC LABORATOIRE DE PARASITOLOGIE RAPPORT 2012 CHIENS Durant l’année 2012, nous avons effectué dans notre laboratoire, un grand nombre d’analyses parasitologiques. Ce présent rapport nous permet de vous présenter des résultats pour orienter nos activités de façon à mieux intervenir pour limiter le parasitisme et ses conséquences variées. Nous n’avons pas l’intention de prétendre que ces chiffres représentent la prévalence des parasites dans la population canine en général, étant donné la grande variation dans notre échantillonnage. Par ailleurs, il est possible, du fait que plusieurs animaux aient été testés pour diagnostiquer la cause de signes cliniques suggestifs de parasitisme, que la prévalence ici observée soit légèrement plus élevée que celle que l’on trouverait dans une population dite normale. Elle représente cependant assez bien ce qu’on s’attend de trouver dans la clientèle normale d’un établissement vétér inaire. Les analyses sont effectuées pour des raisons variées et les spécimens reçus proviennent qu’en très faible partie de notre complexe hospitalier (CHUV). Nous recevons maintenant des échantillons de différents établissements vétérinaires québécois et même de certains situés dans nos provinces voisines. Nous recommandons des analyses des matières fécales pour plusieurs raisons : 1. Pour préciser le diagnostic chez un animal présentant des signes cliniques suggestifs de parasitisme, 2. Pour dépister les animaux apparemment en santé et excréteurs d’éléments parasitaires (plus de 80% des animaux trouvés infectés appartient à cette catégorie), 3. Pour aider à choisir le médicament le plus approprié, à titre préventif ou curatif, chez un animal soumis à un style de vie particulier, 4. Pour vérifier l’efficacité du traitement instauré chez des animaux infectés. Certaines statistiques concernant ces résultats s’avèrent intéressantes, en particulier à ce qui a trait à la coproscopie. Voyons, dans un premier temps, les caractéristiques biologiques des animaux testés. Ensuite, les résultats concernant certains parasites vous seront présentés séparément chez les chiots âgés de 11 mois et moins et chez les chiens adultes. Il appert, dans les premières figures présentées, que nous testons beaucoup d’animaux jeunes. Un peu plus de 47% des échantillons analysés provenait d’animaux âgés de moins d’un an.

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Document préparé par Dr A. Villeneuve, janvier 2013

UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL SERVICE DE DIAGNOSTIC

LABORATOIRE DE PARASITOLOGIE

RAPPORT 2012 CHIENS

Durant l’année 2012, nous avons effectué dans notre laboratoire, un grand nombre d’analyses parasitologiques. Ce présent rapport nous permet de vous présenter des résultats pour orienter nos activités de façon à mieux intervenir pour limiter le parasitisme et ses conséquences variées. Nous n’avons pas l’intention de prétendre que ces chiffres représentent la prévalence des parasites dans la population canine en général, étant donné la grande variation dans notre échantillonnage. Par ailleurs, il est possible, du fait que plusieurs animaux aient été testés pour diagnostiquer la cause de signes cliniques suggestifs de parasitisme, que la prévalence ici observée soit légèrement plus élevée que celle que l’on trouverait dans une population dite normale. Elle représente cependant assez bien ce qu’on s’attend de trouver dans la clientèle normale d’un établissement vétérinaire. Les analyses sont effectuées pour des raisons variées et les spécimens reçus proviennent qu’en très faible partie de notre complexe hospitalier (CHUV). Nous recevons maintenant des échantillons de différents établissements vétérinaires québécois et même de certains situés dans nos provinces voisines. Nous recommandons des analyses des matières fécales pour plusieurs raisons :

1. Pour préciser le diagnostic chez un animal présentant des signes cliniques suggestifs de parasitisme,

2. Pour dépister les animaux apparemment en santé et excréteurs d’éléments parasitaires (plus de 80% des animaux trouvés infectés appartient à cette catégorie),

3. Pour aider à choisir le médicament le plus approprié, à titre préventif ou curatif, chez un animal soumis à un style de vie particulier,

4. Pour vérifier l’efficacité du traitement instauré chez des animaux infectés. Certaines statistiques concernant ces résultats s’avèrent intéressantes, en

particulier à ce qui a trait à la coproscopie. Voyons, dans un premier temps, les caractéristiques biologiques des animaux testés. Ensuite, les résultats concernant certains parasites vous seront présentés séparément chez les chiots âgés de 11 mois et moins et chez les chiens adultes. Il appert, dans les premières figures présentées, que nous testons beaucoup d’animaux jeunes. Un peu plus de 47% des échantillons analysés provenait d’animaux âgés de moins d’un an.

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1. CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES

Figure 1. Répartition mensuelle des 4 339 coproscopies effectuées sur des échantillons canins, en 2012.

Figure 2. Répartition selon l’âge des 2, 016 chiots (< 1 an) échantillonnés en 2012.

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Figure 3. Répartition selon l’âge, des 2 247 chiens adultes (1 an et >) échantillonnés en 2012.

Figure 4. Ratio chiot/chien des 4 263 animaux échantillonnés en fonction du mois de l’année, en 2012. Les échantillons provenant des chiots sont illustrés en premier dans les doublets (en bleu).

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2. RÉSULTATS DES ANALYSES COPROSCOPIQUES

Les analyses effectuées, essentiellement des centrifugations dans une solution saturée de sulfate de zinc, ont permis de trouver un bon nombre d’animaux infectés. Cette technique offre une excellente sensibilité pour détecter les infections à protozoaires, sans négliger celles dues à des helminthes. En moyenne, 1 239 chiens (28,5%), tout âge confondu, excrétaient des éléments parasitaires.

Espèces Nb de chiens infectés

Nb (j/ad) % (j/ad)

Cryptosporidium 438 (395/34) 10,0 (19,5/1,5)

Giardia 421 (340/73) 9,7 (19,9/3,6)

Isospora 277 (229/42) 6,3 (10,9/1,2)

Toxocara 225 (207/15) 5,1 (10,3/1,4)

Sarcocystis 92 (37/48) 2,1 (1,9/2,1)

Ancylostoma 55 (22/26) 1,2 (1,0/1,1)

Trichuris 27 (14/11) 0,6 (0,6/0,4)

Toxascaris 17 (15/2) 0,3 (0,7/0,08)

Neospora 16 (5/11) 0,3 (0,2/0,4)

Demodex 14 (9/5) 0,3 (0,4/0,2)

Trématodes 12 (3/8) 0,2 (0,1/0,3)

Uncinaria 10 (6/3) 0,2 (0,2/0,1)

Taenia 8 (3/5) 0,1 (0,1/0,2)

Capillaria 4 (1/2) 0,09 (0,04/0,08)

Baylisascaris 3 (3/0) 0,06 (0,1/0)

Cheyletiella 3 ( 3/0) 0,06 (0,1/0)

Oslerus 2 (1/1) 0,04 (0,04/0,04)

Dipylidium 1 (0/1) 0,02 (0/0,04)

Otodectes 1 (1/0) 0,02 (0,04/0)

Mesocestoides 1 (1/0) 0,02 (0,04/0)

Tous les parasites 1239 (943/258) 28,5 (46,7/11,4)

Tableau 1. Espèces parasitaires trouvées chez 1 239 chiens en 2012, classées selon leur prévalence respective, par ordre décroissant.

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Figure 5 : Pourcentage d’infection mensuelle des 4 339 animaux échantillonnés, en fonction du mois de l’année, en 2012.

Nous trouvons un plus grand pourcentage de chiens infectés durant la saison froide. Il est possible que le creux estival observé corresponde à la période saisonnière de la prévention pour les vers du cœur, pour les puces et pour les parasites gastro-intestinaux. L’administration mensuelle de médicaments à effets résiduels diminue probablement la prévalence de plusieurs espèces parasitaires.

Figure 6. Pourcentage d’infection parasitaire, toutes espèces confondues, des 2 016 chiots en fonction de leur âge, en 2012.

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Moyenne = 28,5%

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Figure 7. Pourcentage d’infection parasitaire, toutes espèces confondues, des 2 247 chiens adultes en fonction de leur âge, en 2012.

Ce dernier graphique nous suggère également qu’un assez fort pourcentage

de chiens âgés d’un et de deux ans excrète encore des éléments parasitaires et qu’il faudrait les maintenir sous une surveillance appropriée ou un programme antiparasitaire encore agressif. 3. LES INFECTIONS CONCOMITANTES

Les infections parasitaires les plus fréquentes sont souvent accompagnées d’une seconde espèce, ce qui peut compliquer le diagnostic et souligne les avantages de la coproscopie. En fait, nous avons trouvé des infections multiples dans 7,2% des analyses effectuées. Sur 316 chiens excrétant plus d’un parasite, 239 en excrétaient deux espèces, 61 trois espèces, 14 quatre espèces et 1 cinq espèces. La répartition des co-infections est détaillée dans le tableau suivant, pour chacune des espèces trouvées.

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Moyenne = 11,4%

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Espèces Nb de chiens infectés

Nb infectés Co-infections %

Cryptosporidium 438 175 39,9

Giardia 421 198 47,0

Isospora 277 124 44,7

Toxocara 225 112 49,7

Sarcocystis 92 33 35,8

Ancylostoma 55 36 65,4

Trichuris 27 13 48,1

Toxascaris 17 14 82,3

Neospora 16 5 31,2

Demodex 14 4 28,5

Trématodes 12 4 33,3

Uncinaria 10 2 20

Taenia 8 4 50

Capillaria 4 3 75

Baylisascaris 3 3 100

Cheyletiella 3 0 0

Oslerus 2 0 0

Dipylidium 1 0 0

Otodectes 1 0 0

Mesocestoides 1 0 0

Tous les parasites 1239 316 25,5

Tableau 2. Infections concomitantes chez le chien, en 2012.

Giardia Crypto Isospora Toxocara Sarcoc Ancylo Trichuris

Giardia 83 31 17 1 3 1

Crypto 24 11 5 2 0

Isospora 16 5 1 0

Toxocara 4 10 5

Sarcocystis 0 0

Ancylostoma 2

Trichuris

Tableau 3. Fréquence en nombre absolu des principales co-infections n’impliquant que deux espèces parasitaires.

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4. LES INFECTIONS PARASITAIRES TRANSMISSIBLES À L’HOMME

Figure 8. Pourcentage de chiots excréteurs d’éléments parasitaires réputés transmissibles à l’homme, comparé à celui des éléments non transmissibles, en fonction de leur âge. Les éléments parasitaires zoonosiques apparaissent en premier dans les doublets (bleu).

Figure 9. Pourcentage de chiens adultes excréteurs d’éléments parasitaires réputés transmissibles à l’homme, comparé à celui des éléments non transmissibles, en fonction de leur âge. Les éléments parasitaires zoonosiques apparaissent en premier dans les doublets (bleu).

Les chiens âgés d’un an et de deux ans constituent un réservoir important de parasites transmissibles à l’homme.

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5. OBSERVATIONS GÉNÉRALES

Les infections dues à des protozoaires se trouvent beaucoup plus fréquemment que celles dues à des helminthes. Des 1 225 infections répertoriées, nous avons trouvé 885 (72,1%) infections à protozoaires uniquement, 195 (15,9%) infections à helminthes uniquement, 127 (10,3%) infections mixtes et 18 (1,4%) infections à ectoparasites seulement. Comme nos programmes de prévention ne couvrent généralement pas ces infections à protozoaires, il faut donc leur porter une attention spéciale, en particulier en ce qui a trait au dépistage et au traitement. Un des arguments importants pour le justifier est le fait que plusieurs de ces parasites non couverts par les programmes usuels de prévention se transmettent facilement à l’homme avec, parfois, des conséquences importantes pour sa santé. Les deux infections les plus fréquentes, celles à Cryptosporidium et celles à Giardia, appartiennent au groupe des protozoaires et sont réputées transmissibles à l’homme (voir Figure 10).

Figure 10. Répartition des groupes de parasites chez les chiens de tout âge.

6. INFECTIONS À CRYPTOSPORIDIUM

Cryptosporidium arrive au premier rang comme élément parasitaire le plus fréquemment excrété. Ces infections sont donc considérées comme relativement fréquentes et en moyenne 10,0% des chiens échantillonnés en excrète (19,5% des

Protozoaires

Helminthes

Mixtes

Ectoparasites

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chiots et 1,5% des adultes). La très grande majorité de ces cas ne semble pas s’accompagner de signes cliniques d’ordre digestif. Des médicaments (paromomycine et nitazoxanide) pour traiter cette infection ont été testés avec succès, chez l’homme, et leur usage est maintenant homologué au Canada. Ces mêmes substances pourraient être administrées aux chiens, mais leur usage n’est pas recommandé de routine. Vous trouverez toutes les informations pertinentes à leur usage, à l’adresse web suivante : www.capcvet.org. Toutefois, il importe de signaler la présence de ce parasite au client à cause du risque de zoonose. L’infection d’enfants par C. canis a été identifiée, à plusieurs reprises, et s’accompagnait de signes cliniques prononcés. Il importe donc de prévenir cette transmission en recommandant aux gens (enfants, personnes âgées, personnes avec un système immunitaire déficient) de respecter les mesures d’hygiène de base. Cryptosporidium est immédiatement infectieux, dès l’excrétion avec les matières fécales, rendant ainsi l’infection très contagieuse. Toutefois, le nombre d’ookystes généralement excrétés par les chiens infectés demeure faible, sauf de très rares exceptions, ce qui diminue d’autant le risque de transmission à l’homme.

Figure 11. Pourcentage de chiots excréteurs d’ookystes de Cryptosporidium, en fonction de leur âge.

7. INFECTIONS À GIARDIA

En moyenne, 9,7% des chiens échantillonnés en excrètent (16,8% des chiots et 3,2% des chiens adultes). Il devient important de traiter les chiots de façon préventive, surtout que le système immunitaire semble très mal protéger plusieurs animaux contre ce parasite. Le traitement approprié serait une administration de fenbendazole à la dose de 50 mg/kg/j pendant 5 jours consécutifs, peu de temps après l’adoption ou le sevrage. Les occasions de s’infecter à nouveau s’avèrent

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probablement fréquentes (le kyste est immédiatement infectieux dès l’excrétion des matières fécales), en particulier les contacts sociaux entre chiots. Il serait alors sage de vérifier l’absence du parasite chez les animaux de ce groupe d’âge, au moins annuellement, ou de traiter préventivement tout simplement (chez les chiens âgés de plus de 6 mois). Nous avons de bonnes raisons de croire que ce parasite est infectieux pour l’homme, heureusement sans trop de conséquences pour les personnes en bonne santé, dans la plupart des cas.

Figure 12. Pourcentage de chiots excréteurs de kystes de Giardia, en fonction de leur âge.

Figure 13. Pourcentage de chiens excréteurs de kystes de Giardia, en fonction de leur âge.

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Moyenne = 3,2%

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8. INFECTIONS À ISOSPORA

Les infections à Isospora (coccidies), quoique fréquentes (6,3% des chiens ; 11,3% des chiots ; 1,8% des chiens adultes), posent un problème d’interprétation. Le traitement s’impose quand trois conditions particulières sont réunies :

1. Excrétion d’un grand nombre d’ookystes dans les matières fécales, 2. L’âge de l’animal le place dans le groupe à risque susceptible à la

coccidiose (avant l’adoption et dans la semaine qui la suit, ou les 2-3 premiers mois de la vie),

3. Présence de signes cliniques suggestifs de désordres digestifs. En 2010, nous avons compilé l’excrétion semi-quantitative d’ookystes pour les

animaux infectés. L’échelle utilisée comporte trois catégories (1+, 2+, 3+, ce qui correspond à moins de 2000, entre 2000 et 20 000, et à plus de 20 000 ookystes par deux grammes de matières fécales. Voici les proportions obtenues pour chaque catégorie.

Catégorie Chiots < 1 an Chiots > 1 an Ookystes/2 g

1 + 75,9% 85,7% < 2000

2 + 20,4 7,1 2 000-20 000

3 + 3,6 7,1 > 20 000

Plusieurs cas d’excrétion que nous avons signalés ne répondaient pas à ces critères, en particulier à ce qui a trait à la présence de signes cliniques d’ordre digestif et au nombre de coccidies excrétées. Il demeure donc de la responsabilité du clinicien de décider de la pertinence ou non du traitement. Nous avons trouvé également de nombreux cas de pseudoparasitisme, probablement suite à de la coprophagie ou à de la prédation, ou encore par ingestion accidentelle (contaminant sur des jouets ou sur de la nourriture, à l’extérieur). En plus des 277 cas d’excrétion de coccidies spécifiques aux chiens, nous avons trouvé 236 autres chiens qui excrétaient des espèces de coccidies non décrites chez le chien. Il va sans dire que ces cas de pseudo-parasitisme (ou faux parasitisme) ne requièrent aucun traitement. L’expertise dans l’identification des coccidies au microscope est donc très importante ici, puisque près de la moitié (46,0%) des cas où des coccidies sont observées dans les matières fécales, celles-ci ne sont pas des coccidies de chien. Les espèces retrouvées le plus fréquemment seraient vraisemblablement des parasites du lièvre et des parasites du mouton. En plus, chez les chiens qui ingèrent des matières fécales de chien ou de chat, il sera impossible de discerner les vraies infections des pseudo-infections. Il faut donc être très prudent dans l’interprétation de la présence de coccidies à la coproscopie. Nous avons observé d’autres cas de pseudoparasitisme qui pourraient également poser des problèmes d’interprétation pour la personne non avertie, en particulier les œufs de Toxocara cati. Nous avons trouvé ce parasite dans les

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matières fécales de 26 chiens et la seule façon de s’en assurer est de mesurer les œufs, ceux de T. cati étant de plus petite taille que ceux de T. canis. Ainsi, 10,3% des chiens excrétant des œufs de Toxocara excrétaient des œufs de T. cati. Les autres parasites trouvés sont des œufs de la famille des Anoplocephalidae (vers plats ou cestodes), dans 5 cas, ceux de Moniezia (ver plat de ruminants), dans 3 cas, deux cas d’excrétion d’Hymenolepis (ver plat de souris), deux cas d’œufs d’Heterakis ou d’Ascaridia (ascaridés des oiseaux).

Lorsque nous pouvons raisonnablement certifier que le chien a fait de la coprophagie (chez 276 chiens), nous trouvons souvent un ou plusieurs parasites typiquement canins. En fait, le taux de parasitisme est semblable à celui trouvé dans la population en général (27,1 vs 28,5%). Voici la liste des parasites canins trouvés dans les cas de coprophagie ou de pseudoparasitisme : Giardia : 28 Trichuris : 1 Cryptosporidium : 25 Capillaria : 1 Isospora : 20 Trématode : 1 Toxocara : 14 Baylisascaris : 1 Ancylostoma : 6 Demodex : 1 Sarcocystis : 3 Uncinaria : 1 Taenia spp. : 2

Figure 14 : Pourcentage de chiots excréteurs d’ookystes d’Isospora, en fonction de leur âge.

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Moyenne = 11,3%

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8. INFECTIONS À TOXOCARA Cette infection demeure encore trop fréquente (5,1% des chiens ; 10,2% des chiots ; 0,6% des chiens adultes). Un peu plus de 25% des chiots âgés de moins de 8 semaines excrètent des œufs de Toxocara. L’importance de cette infection tient principalement au fait que ces parasites pondent énormément d’œufs et que ceux-ci peuvent survivre pendant des années, dans notre environnement.

Figure 15. Pourcentage de chiots excréteurs d’œufs de Toxocara canis, en fonction de leur âge. 9. INFECTIONS À SARCOCYSTIS Le nombre de cas de cette infection continue à augmenter. Depuis l’épisode de la contamination de la nourriture par la mélamine en 2007, de nombreuses personnes ont choisi de nourrir leur animal avec de la viande crue. Malheureusement, il semble que les méthodes de préparation ne soient pas adéquates pour détruire plusieurs parasites. Sarcocystis ne pose aucun problème de santé à l’animal infecté, mais nous avons trouvé d’autres parasites transmis de la même façon dont 16 chiens infectés de Neospora, un parasite très significatif pour la santé du chien, en particulier chez les animaux destinés à la reproduction (l’augmentation du nombre de cas suit la même tendance que pour Sarcocystis, soit 2 cas en 2008, 5 en 2009, 7 en 2010, 15 en 2011 et 16 en 2012). Plusieurs espèces de parasites peuvent se trouver dans les viandes crues, dont Toxoplasma (cause de problèmes pulmonaires chez le chien), Toxocara, Toxascaris et plusieurs espèces de Taenia. Il serait intéressant de déterminer si ces chiens ont été infectés suite à l’ingestion d’aliments commerciaux ou d’aliments achetés en épicerie et préparés à la maison.

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Figure 16. Nombre de chiens excrétant Sarcocystis, selon les années.

10. TESTS POUR LA DIROFILARIOSE Nous avons testé 300 chiens pour la dirofilariose en 2012. Nous avons effectué 300 tests de filtration (4 résultats positifs) et 9 tests antigéniques (2 positifs). Quelques chiens ont été testés par les deux techniques.

Figure 17. Nombre de tests de filtration effectués en fonction du mois de l’année.

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Années (2000)

Nb de cas

Mois

Nb de tests

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12. IDENTIFICATION DES TIQUES SOUMISES Nous avons identifié 26 tiques en provenance de la région de la Montérégie. Des spécimens ont été soumis à tous les mois de l’année à l’exception de février, avril et septembre.

Espèce Nb

Ixodes scapularis 19

Rhipicephalus sanguineus 4

Ixodes cookei 2

Dermacentor variabilis 1

CONCLUSIONS 1. La coproscopie est un outil d’usage essentiel chez les chiens, surtout dans les trois premières années de leur vie. Le but premier est de dépister les infections à protozoaires, sur lesquelles nos programmes de prévention du parasitisme n’ont pas d’effets. Plus de 80% des infections parasitaires comportent des espèces appartenant à ce groupe et les deux espèces trouvées le plus fréquemment, Cryptosporidium et Giardia, peuvent être transmises à l’homme. 2. Les chiots devraient être testés et traités contre les infections parasitaires, lors de l’adoption, puisque 50 à 60% des animaux de ce groupe d’âge excrètent des éléments parasitaires. 3. Les chiens âgés de 12 à 36 mois devraient recevoir une attention spéciale en ce qui a trait aux parasites puisque de 16 à 20% des chiens de ce groupe excrètent encore des éléments parasitaires. 4. L’infection à Giardia est suffisamment fréquente, jusqu’à 21% dans certains groupes d’âge, ce qui justifie amplement un traitement préventif spécifique, lors de l’adoption ou peu de temps après. 5. Chez les animaux connus pour faire de la coprophagie ou de la prédation, il est possible de trouver plusieurs espèces de parasites parfois difficiles à identifier pour une personne ayant une expertise exclusive aux animaux de compagnie. L’interprétation de leur présence pose alors un problème particulier. Dans le doute, une deuxième analyse, faite après une période sans coprophagie reconnue, peut aider à éliminer tout pseudoparasitisme. En terminant, je voudrais remercier tout particulièrement tous les médecins vétérinaires qui nous font confiance et nous confient les analyses de leurs échantillons. C’est beaucoup grâce à eux que nous pouvons vous présenter ces

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conclusions, aujourd’hui. N’hésitez pas à nous contacter pour toute question, suggestion ou commentaire. Un merci tout spécial, également, au personnel technique du laboratoire de parasitologie, soit Fannie Damour, Sylvie Ledoux et Marie-Ève Caron pour leur dévouement et leur professionnalisme. Un dernier merci à tout le personnel du Service de diagnostic pour leur support constant et attentionné. Alain Villeneuve, D.M.V., Ph.D. Professeur de parasitologie Responsable du laboratoire de parasitologie Service de diagnostic Université de Montréal [email protected] Tél. : (450) 773-8521 poste 8405 (bureau) ; poste 8341 (laboratoire) N.B. : Un « Guide de prévention du parasitisme chez le chien » est disponible sur le site Web de la Faculté, pour vous aider à préparer vos programmes personnalisés à vos clients.