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GUIDE 2016 - 2017 NORMANDIE SITE DE CAEN SOCIO-PROFESSIONNELLE VERS L’INSERTION HANDICAP

VERS L’INSERTION SOCIO-PROFESSIONNELLE … - Vers... · l’insertion professionnelle et la participation sociale des ... APEDAC Association des parents d’enfants ... des élèves

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G U I D E 2 0 1 6 - 2 0 1 7

NORMANDIESITE DE CAEN

socio-PRoFEssioNNELLEVERs L’iNsERTioN

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Note à l’iNteNtioN du lecteur :

Dans l’ensemble du document, l’appellation MDPH recouvre à la fois la Maison départementale des personnes handicapées et la Maison de l’autonomie.

ÉDITORIAL

a loi du 11 février 2005 a posé le principe de la scolarisation en milieu ordinaire desenfants et des étudiants handicapés, et sa mise en œuvre a permis de doubler en dixans le nombre d’élèves handicapés scolarisés. En juin 2016, 280 000 élèves étaient

ainsi accueillis en milieu ordinaire, dont 120 000 dans le secondaire.

Ce développement exponentiel de l’inclusion scolaire des élèves en situation de handicap a pu se faire grâce à la mobilisation de nombreux acteurs et à la formation des professionnelsconcernés. Aujourd’hui, cette dynamique continue de se renforcer, et l’accompagnement seprofessionnalise : les auxiliaires de vie scolaire peuvent désormais, après six ans d’exercice,évoluer vers un CDI, et 56 000 contrats aidés sont progressivement transformés en 32 000équivalents temps plein d’Accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH), avec une formation à la clé.

Aujourd’hui, si la scolarisation en milieu ordinaire a encore de nombreux progrès à faire, elledevient peu à peu la norme. L’accès à la formation professionnelle et aux études supérieuresdoit également être renforcé.

Ainsi, lors de la conférence nationale du handicap du 19 mai 2016, le Président de la Républiquea tenu à annoncer que les conditions d’accès des collégiens handicapés aux filières profession-nelles et à l’apprentissage allaient être facilitées.

J’ai également décidé de confier à Josef Schovanec, écrivain et philosophe, une mission surl’insertion professionnelle et la participation sociale des personnes autistes. Son rapport per-mettra de mieux nourrir la réflexion sur l’emploi et la formation professionnelle et de mettre en lumière les bonnes pratiques sur le territoire.

Par-delà la question de l’accès aux études initiales, le Gouvernement se mobilise aussi pour la formation des travailleurs handicapés.

C’est pourquoi tous disposent désormais d’un compte professionnel de formation, y comprislorsqu’ils travaillent dans le secteur protégé. Ce qui leur permet de développer de nouvellescompétences et de changer de métier s’ils le souhaitent.

Constatant que l’adaptation du poste de travail n’est pas la seule réponse utile aux travailleurshandicapés, nous avons fait le choix de développer l’« emploi accompagné ». Il permet d’aider ceux qui ont un projet professionnel tourné vers le milieu ordinaire de travail ou qui souhaitenty conserver leur emploi. L’accompagnement s’effectue selon les besoins de la personne. Intensif pendant les moments difficiles, il peut devenir très léger - voire inexistant - lorsque tout va bien.

L’emploi accompagné tient tout d’abord sa spécificité du fait qu’il ne connaît pas de limitedans le temps. Il comporte aussi un soutien à l’employeur et aux managers. C’est une avancéemajeure car elle permet de rassurer les recruteurs qui hésitent encore à faire appel aux com-pétences des travailleurs handicapés. Y recourir permet enfin d’obtenir de vrais résultats en matière d’insertion durable en emploi des travailleurs handicapés.

C’est en étant inventifs et pragmatiques que nous parviendrons collectivement à rendre notresociété en général et le monde du travail en particulier accessibles aux personnes handicapées.

Ségolène NeuvilleSecrétaire d'État chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion

REMERCIEMENTS

Benjamin, élève de lycée professionnelPhilippe Akli, adjoint du chef du service

académique d'information et d'orientation, académie de Caen

Daniel Bardou, coordinateur Handi-pacte, FIPHFP

Anie Bellance, conseillère sociale du recteur, correspondant handicap, académie de Caen

Thierry Bellon, délégué général aux achats, Air France

Mélanie Besnard, responsable des ressources humaines, EDF

Jacky Blot, directeur du Pôle de ressources et de services adaptés (PRSA)

Olivier Bonnet, directeur, ARIADA Normandie

Odette Charles, inspectrice de l’Éducationnationale, ASH 61

François Chenal, inspecteur de l’Éducationnationale, ASH 50

Coralie, stagiaire, RandstadLionel Corbière, directeur, Mission locale,

AlençonChristophe Cornet, directeur, IMPro

Démouville - ACSEACyril Courtais, chargé de suivi alternance,

association ALFAHOlivier Debargue, directeur des achats,

France télévisionsBruno Demeusoy, chef d’entreprise,

Atouts Nature, Caen Guillemette de Nantois, responsable

SIADV NormandieAnne Détruit, réfèrente du pôle handicap

Calvados, Pôle emploiValérie Dupont, coordinatrice handicap,

centre hospitalier public du CotentinElizabeth Duval-Lebret, proviseure

adjointe lycée Laplace, CaenArmel Elart, conseiller en formation

continue, DAFCO, rectorat de CaenIsabelle Eudes, coordinatrice des actions

conventionnelles, LADAPTGladys Fortin, Consultante Senior,

RandstadSébastien Frigout, stagiaire en formation

à LADAPTPhilippe Grados, directeur, EREA Yvonne

Guéguan, Hérouville-saint-ClairSarah Guillemet, analyste ressources

humaines, chargée de mission handicap, Crédit Agricole Normandie

Hervé Guyomard, directeur, CIO de Vire Nicolas Halby, ingénieur d’études, GFI

informatiqueGérald Halley, directeur, association ALFAHLoïc Hébert, responsable d’exploitation,

Extalea Grand-OuestFrançoise Héry, inspectrice de l’Éducation

nationale, ASH 14Loïc Joubert, référent insertion

professionnelle, MDPH de l’OrneChristine Juillet, directrice, ateliers

et chantiers d’insertion La ChiffoFlorence Lapha, chargée d’études

et de développement, AGEFIPH NormandieAlain Lefèvre, maire, commune de

Martigny-sur-l’AnteElen Legendre, directrice régionale,

réseau NormandysLaurie Legrand-Sohaï, conseillère

en reclassement, Cap emploi 14Maxime Lelong, chargé d’affaires,

HandiPRINTJacky Leneveu, psychologue du travail,

coordinateur PPS handicap psychique, ADAPEI de l’Orne

Nathalie Lerouge, responsable Relais handicap santé, Université Caen Normandie

Murielle Letertre, documentaliste, Onisep Normandie Caen

Vincent Levieux, PDG, groupe Lecaux Imprimeries

Guillaume L’Huillier, délégué territorial handicap, FIPHFP Normandie

Laurent Macrel, ancien directeur de l’éducation et des formations sanitaires et sociales, Région Normandie

Fabrice Marichal, Direction régionaleNormandie, relations partenariales, Pôle emploi

Sébastien Marie, président, association Handiuni

Frédérik Martin, directeur, FPSRPatrick Mauduit, directeur, ESAT Anaïs,

DomfrontRodolphe Meteau, gérant, Air net propreté,

EvrecyJulia Midelet, responsable ASH, ESPE

Caen/Rouen Bénédicte Morel, responsable

communication, AFPA NormandieMélissa Muller, assistante administrative,

Air net propreté, Évrecy

Thierry Potdevin, inspecteur de l’Éducationnationale ASH, conseiller technique du recteur

Morgane Racine, responsable communica-tion, HandiPRINT

Cécile Rapeaud, responsable des relations et ressources humaines, Manuplast, La Ferté-Macé

Joseph Savi, enseignant retraitéNathalie Savot, directrice, Cap emploi 61Monique Simon, coordinatrice ULIS,

lycée Laplace, CaenMurielle Souef, chargée de mission,

association HandiuniSylviane Thomas-Dumanoir, inspectrice

de l’Éducation nationale chargée del’apprentissage, académie de Caen

Barbara Vautier, assistante de direction, Randstad

Patrick Venant, secrétaire général, Préfecture de l’Orne

Corine Venin, conseillère pédagogiqueASH, Direction des services départemen-taux de l'Éducation nationale (DSDEN) du Calvados

Sixtine Verdon, étudianteVirgile, élève de lycée professionnel

AAJD Association d'aide aux adultes et aux jeunes en difficulté

AAH Allocation adulte handicapéACI Ateliers et chantiers d’insertionACSEA Association Calvadosienne

pour la sauvegarde de l'enfant à l'adulteADAPEI Association départementale

de parents et d'amis des personnes handicapées mentales

AEEH Allocation d’éducation de l’enfant handicapé

AES Accompagnement éducatif et socialAESH Accompagnant des élèves

en situation de handicapAFPA Association nationale pour la formation

professionnelle des adultesAGEFIPH Association de gestion du fonds

pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées

APAJH Association au service de la personne en situation de handicap

APF Association des paralysés de FranceALFAH Association alternance formation

apprentissage handicapALTHER Service de l’AGEFIPH dédié

aux entreprisesAPEDAC Association des parents d’enfants

déficients auditifs du CalvadosARIADA Association régionale pour

l’insertion et l’accessibilité des déficientsauditifs

ARPEJEH Association accompagner la réalisation des projets d’études de jeunes élèves et étudiants handicapés

ARS Agence régionale de santéASH Adaptation scolaire et scolarisation

des élèves handicapésAVS Auxiliaire de vie scolaireBOE Bénéficiaires de l’obligation d’emploiBTS Brevet de technicien supérieurCAP Certificat d’aptitude professionnelleCARSAT Caisse d’assurance retraite

et de santé au travailCDAPH Commission des droits et de l’auto-

nomie des personnes handicapéesCDD Contrat à durée déterminéeCDDI Contrat à durée déterminée d’insertionCDI Contrat à durée indéterminéeCDOEA-SD Commission départementale

de l’orientation vers les enseignements adaptés du second degré

CDTD Centre de distribution et de travail et de domicile

CFA(S) Centre de formation d’apprentis (spécialisé)

CFG Certificat de formation généraleCMP Centre médico-psychologiqueCMPP Centre médico-psycho-pédagogiqueCRA Centre ressources autismeCRAM Caisse régionale d’assurance maladieCRP Centre de rééducation professionnelleCROP Centre ressources de l’ouïe et de la

paroleCUI Contrat unique d’insertionCUI-CAE Contrat unique d’insertion –

Contrat d’accompagnement dans l’emploiCUI-CIE Contrat unique d’insertion –

Contrat initiative emploiDAFCO Délégation académique à la formation

continueDASAA Dispositif d’appui et de soutien

à l’apprentissage et à la qualification par alternance

DEBOE Demandeurs d’emploi bénéficiairesde l’obligation d’emploi

DEJA Dispositif expérimental pour jeunesadultes

DIRECCTE Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consomation, du travail et de l'emploi

EA Entreprise adaptéeEI Entreprise d’insertionEMT Evaluation en milieu de travailEREA Établissement régional d’enseigne-

ment adaptéESAT Établissement et service d’aide

par le travailESPE École supérieure du professorat

et de l’éducationESS Équipe de suivi de scolarisationETTI Entreprise de travail temporaire

d’insertionFEDEEH Fédération étudiante pour

une dynamique études et emploi avec un handicap

FIPHFP Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique

FPSR Fédération pour la préparation et la suite du reclassement

GRETA Groupement d'établissementsIAE Insertion par l’activité économiqueIMC Infirme moteur cérébralIME Institut médico-éducatifIMP Institut médico-pédagogiqueIMPRO Institut médico-professionnel

LES SIGLES

INRA Institut national de la rechercheagronomique

IRTS Institut régional du travail socialITEP Institut thérapeutique éducatif

et pédagogiqueIUT Institut universitaire de technologieLADAPT L’association pour l’insertion

sociale et professionnelle des personneshandicapées

LP Lycée professionnelLSU Livret scolaire uniqueMDA Maison de l’autonomieMDPH Maison départementale

des personnes handicapéesMFR Maison familiale ruraleMSA Mutualité sociale agricoleOETH Obligation légale d’emploi

de travailleurs handicapésOPCA Organisme paritaire collecteur agrééOPS Organisme de placement spécialiséORP Orientation de reclassement

professionnelPCH Prestation de compensation

du handicapPPC Plan personnalisé de compensationPPO Projet personnel d’orientationPPS Projet personnalisé de scolarisationPPS Prescription ponctuelle spécifiquePRITH Plan régional d’insertion profession-

nelle des travailleurs handicapésPRSA Pôle de ressources et de services

adaptésRAE Reconnaissance des acquis

de l’expérienceRQTH Reconnaissance de la qualité

de travailleur handicapéRSVA Réseau de services pour une vie

autonomeSAIA Service académique de l’inspection

de l’apprentissageSAMETH Service d’appui au maintien

dans l’emploiSEGPA Section d’enseignement général

et professionnel adaptéSESSAD Service d’éducation spéciale

et de soins à domicileSIADV Service interrégional d'appui

aux déficients visuelsSUMPPS Service universitaire de médecine

préventive et de promotion de la santé ULIS Unité localisée d’inclusion scolaireVAE Validation des acquis de l’expérience

    Parcours de jeunes

COMPENSER UN HANDICAP, VALORISER DES COMPÉTENCES ............................... 6

    Agir dans un cadre réglementé

CONFÉRENCE NATIONALE DU HANDICAP 2016 ..................................................................... 10Scolarisation .................................................................................................................................................................... 10Emploi accompagné .................................................................................................................................................... 10Logement accompagné ............................................................................................................................................. 11

CE QUE DIT LA LOIVers le principe de non-discrimination dans l'emploi .............................................................................. 12L'obligation d'emploi des personnes handicapées ..................................................................................... 12Rencontre avec Florence Lapha, AGEFIPH ..................................................................................................... 13Rencontre avec Guillaume L’Huillier, FIPHFP ................................................................................................ 13

L'ORIENTATION TOUT AU LONG DE LA VIE ................................................................................. 14Construire son projet ................................................................................................................................................. 14Accéder à la qualification ......................................................................................................................................... 14Anticiper la rentrée ..................................................................................................................................................... 15Envisager des réorientations professionnelles ............................................................................................ 15Philippe Akli, le parcours Avenir .......................................................................................................................... 15

LES CHIFFRES CLÉS DU HANDICAP .................................................................................................. 16

LES CONTRATS DE TRAVAIL ...................................................................................................................... 18Contrat à durée indéterminée ............................................................................................................................... 18Contrat d’intérim .......................................................................................................................................................... 18Contrat à durée déterminée ................................................................................................................................... 18Contrat en alternance ................................................................................................................................................ 18Gérald Halley, l’alternance ....................................................................................................................................... 19

     Structures et dispositifs : orientation, qualification, insertion

FORMATION INITIALE Instituts médico-éducatifs (IME), Instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques (ITEP), Zoom sur l'IMPRO de Démouville (IME, ITEP) .................... 22Centres d'information et d'orientation (CIO) ................................................................................................ 24Établissements régionaux d’enseignement adapté (EREA) .................................................................. 25Unités localisées pour l’inclusion scolaire (ULIS), Zoom sur le lycée Laplace ........................... 26Rencontre avec Julia Midelet, ESPE .................................................................................................................. 28

SOMMAIRE

Établissements du second degré ......................................................................................................................... 30Rencontre avec Laurent Macrel, Région Normandie ................................................................................ 31Centres de formation des apprentis (CFA), Zoom sur l'association ALFAH ................................. 32Enseignement supérieur........................................................................................................................................... 34Thierry Potdevin, Admission post-bac (APB) ................................................................................................ 35Rencontre avec Sébastien Marie, Handiuni ................................................................................................... 36

16 - 25 ANSMissions locales ............................................................................................................................................................. 38Dispositifs innovants : PRSA / DEJA ................................................................................................................... 39

TOUT AU LONG DE LA VIEPôle emploi ...................................................................................................................................................................... 40Cap emploi ........................................................................................................................................................................ 41Organismes de formation professionnelle continue ................................................................................. 42 Rencontre avec Armel Élart, rectorat ............................................................................................................... 43Centres de rééducation professionnelle .......................................................................................................... 44Centres de gestion, SAMETH ................................................................................................................................. 45

LES PRESCRIPTIONS PONCTUELLES SPÉCIFIQUESDéficience auditive : ARIADA ................................................................................................................................. 46Déficience visuelle : SIADV ...................................................................................................................................... 47Handicap mental (déficience intellectuelle) : ALFAH ................................................................................ 48Déficience psychique : ADAPEI ............................................................................................................................. 49Déficience motrice : FPSR ........................................................................................................................................ 50

      Activité professionnelle

Établissement de service d'aide par le travail (ESAT) ............................................................................. 54Extalea ................................................................................................................................................................................ 56HandiPRINT ...................................................................................................................................................................... 58Air France .......................................................................................................................................................................... 60France Télévisions ........................................................................................................................................................ 61La Chiffo ............................................................................................................................................................................ 62EDF ....................................................................................................................................................................................... 64Randstad ........................................................................................................................................................................... 66Crédit Agricole Normandie ...................................................................................................................................... 68Atouts Nature ................................................................................................................................................................. 70Air net propreté .......................................................................................................................................... 72Manuplast ......................................................................................................................................................................... 74Rectorat de Caen .......................................................................................................................................................... 76Centre hospitalier public du Cotentin ............................................................................................................... 78Commune de Martigny-sur-l'Ante ........................................................................................................................ 80

      Les contacts

PRINCIPAUX INTERLOCUTEURS ............................................................................................................ 82

6 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

2,4 millions de personnes en France

ont une reconnaissance administrative

de handicap.

Parcours de jeunes

   DÉFICIENCE VISUELLE

Scolarisé en classe ordinaire, Tom travaille en braille. Compte-tenu de sa déficience, les enseignants ne sont pas favorables à une poursuite d’études en série agricole qui néces-site la lecture de nombreux schémas et graphiques. Tom a pourtant un projet qui le motive plus que tout : devenir agriculteur. Il passe le bac agricole avec succès et valide un BTS agricole. Depuis son plus jeune âge, il com-pense la déficience visuelle par des stratégies de compensation très efficaces lui permettant de réus-sir le test de conduite sur tracteur. Malheureusement, ne trouvant pas de travail dans ce secteur, il est contraint d’abandonner son projet initial. Il poursuit alors une forma-tion de programmeur en informa-tique (bac + 2) dans un centre de rééducation professionnelle pour déficients visuels. Cette nouvelle compétence lui permet de décrocher un poste à Paris.

« Pour le handicap visuel, précise Guillemette de Nantois, c’est très important de vérifier la perception que les personnes ont des fiches de poste et de vérifier, en situation réelle de travail, si elles pourront effectuer les tâches. Cependant, il faut conseiller mais aussi laisser les

la Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé

(RQTH) est un droit, elle n’est jamais obligatoire.

Chacun peut, selon son parcours, son histoire,

ses restrictions, mettre en place des moyens qui lui permettent

de compenser la situation de handicap dans laquelle il se trouve

et faire valoir ses compétences. Des professionnels peuvent l'aider.

Compenser Un handiCap, VALORISER DES COMPÉTENCES

+

© L.

PRAT

/ONISE

P

jeunes choisir la voie qu’ils veulent emprunter sinon il y a risque d'échec scolaire. Tom a apprécié la franchise de l’équipe du SIADV (Service inter- régional d’aide aux déficients visuels) par rapport à la difficulté liée à son handicap de trouver du travail dans le secteur agricole. Mais il a fait ses propres choix et il est maintenant très heureux dans cette nouvelle voie qu’il n’avait pas choisie au départ ».

   DÉFICIENCE   INTELLECTUELLE

Maxime, 21 ans, est orienté vers le PRSA (Pôle de ressources et de services adaptés) par la Maison de l’autonomie de la Manche. Il men-tionne, dès le premier entretien, son désir de devenir photographe professionnel. Plutôt que de le dé-courager, Jacky Blot, directeur du PRSA, propose de prendre contact avec l’école de photographe profes-sionnel de Bru dans la banlieue de Rennes.

« Nous sommes allés sur place avec Maxime. Il a visité l’établisse-ment, rencontré des professeurs, posé tout un tas de questions à pro-pos des prérequis et des contenus de la formation. Il a visité l’internat et a commencé à s’apercevoir, par lui-même, que cela n’allait peut-être pas être possible. Nous l’avons tout doucement, au fur et à mesure de la semaine et sans le brusquer, amené à réaliser que le projet de photographe amateur pouvait être intéressant et que, peut-être, d’autres métiers approchants pourraient l’in-téresser. Il a pris conscience qu’il pou-

vait se diriger vers un CAP vente et travailler dans un magasin de photo. Il a commencé à faire des stages chez un photographe, à Avranches, et comme il était doué, parce qu’il était à mi-chemin entre le CAP vente et l’aide photographe, il a pu donner un coup de main pour des tirages au labo. Pour devenir photographe pro-fessionnel, il faut des prérequis que Maxime n’aura jamais. Son projet de départ, qui était inat-teignable sur le plan technique et sur le plan intellectuel, est devenu un projet plus réaliste qui reste quand même dans son champ personnel de passion tout en tenant compte de la réalité du terrain ».

   DySLEXIE

Célia est orientée en CLIS (ULIS école) par la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH) car elle pré-sente de sérieux troubles des appren-tissages mais à l’époque, la dyslexie n’est pas encore diagnostiquée. Elle poursuit sa scolarité en SEGPA (Sec-tion d’enseignement général et pro-fessionnel adapté) et bénéficie d’un accompagnement par un SESSAD (Service d’éducation spéciale et de soins à domicile). Une fois son projet de formation identifié, le SESSAD se charge du relais afin que les amé-

nagements mis en place au collège soient poursuivis au CFA (Centre de formation des apprentis) et que Célia puisse valider un CAP Restaurant. Cyril Courtais, de l’association ALFAH, l’accompagne dans le cadre de son contrat d’alternance.

« Pour réduire le plus possible la prise de notes, les formateurs lui transmettent les photocopies des cours. Lors des évaluations, Célia bé-néficie d’un lecteur scripteur, ce qui permet d’évaluer ses connaissances, et non sa capacité à écrire. Malgré un très bon relationnel, elle est en difficulté pour la prise de com-mandes : la carte a donc été écrite au format de son carnet de prise de notes et Célia n’a qu’à cocher les cases. Pour l’épreuve pratique, au restaurant d’application, elle béné-ficie d’aménagements : soit le texte est tapé à l’ordinateur, soit il est écrit à la main par les enseignants.C’est très difficile pour les jeunes dyslexiques de passer des phonèmes aux graphèmes, d’écouter et d’écrire en même temps. Mais quand une dif-ficulté est bien identifiée, on trouve des solutions simples. Célia devra toujours être reconnue handicapée, mais c’est à elle, maintenant, de fa-briquer ses propres moyens de com-pensation et de les adapter pour être autonome ».

…/…

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 7

8 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

Parcours de jeunes

De retour à Caen, je me suis inscrite à la fac, Campus I, en parcours Arts du spectacle. Malgré les mises en garde de mes parents, qui me disaient que l’Université, c’était la jungle, je n’ai eu aucune difficulté à m’intégrer. Le Relais handicap santé nous met à disposition une salle pour étudier et nous fournit des aides pour suivre les cours. Une amie étudiante m’a mise en relation avec Handiuni qui m’a aidée à trouver mon premier emploi saisonnier. J’ai ainsi pu tra-vailler, tous le mois d’août, au musée de Normandie et ils continuent à me suivre dans ma recherche d’emploi ».

   ÉMÉTOPHOBIE

Nicolas Halby, 34 ans, est ingénieur d’études, en CDI, chez GFI infor-matique. Depuis l’âge de deux ans, Nicolas souffre d’émétophobie : une peur irrationnelle de vomir et de se sentir nauséeux. Son avance en lec-ture et en écriture lui permettent de passer une classe en primaire, mais à partir de la 5e, de lourds problèmes de santé viennent compliquer son parcours.

« À l’âge de 12 ans je faisais des crises d’angoisse à longueur de temps. L’année du bac, en terminale S, j’ai développé un ulcère de l’estomac et j’ai été hospitalisé pour un problème d’anorexie. Entre 18 et 26 ans, je pensais à chaque instant que je pouvais me mettre à vomir. J’avais des crises d’angoisse quasiment toute la jour-née. J’ai redoublé ma deuxième année à l’université à cause d’une gastro-entérite. En sortant de l’hôpi-tal, j’étais si faible que je ne pouvais plus aller en cours.J’ai validé, à l’université de Caen, un master 1 d’informatique et préparé un second M1, de maths et informa-tique, que je n’ai pas pu valider mais qui m’a permis de compléter mes connaissances.

d’établissement car je n’appréciais pas du tout d’être scolarisée dans un centre médical. Jusqu’en troisième, j’avais toujours été avec des élèves ordinaires, dans un groupe ordinaire. Mes parents ont vraiment bien fait de me mettre dans une école et un collège ordinaires pour que je puisse, plus tard, m’intégrer totalement, sans difficulté, au niveau du poste de travail, et sur le plan relationnel. Quand on est en fauteuil, c’est im-portant de donner une bonne image de soi pour être en relation avec les autres. En terminale, lorsque j’ai à nouveau fréquenté des personnes valides, j’étais plus concentrée sur mes cours, je voulais davan-tage réussir. Dans la classe, les huit élèves présentaient des handicaps de toutes sortes (handicap physique ou difficultés d’apprentissages) mais le reste du temps, nous pouvions nouer des relations avec les autres élèves du lycée, c’était quand même beaucoup plus agréable et stimulant.

   INFIRMITÉ   MOTRICE-CÉRÉBRALE

Sixtine suit toute sa scolarité de primaire et collège, en classe ordi-naire, dans l’académie de Caen. Elle entre ensuite en classe de seconde à l’annexe pédagogique du lycée Chateaubriand, situé au sein du centre médico-scolaire de Rennes.

« Dans cet établissement, raconte Sixtine, il n’y avait pas de mélange avec les autres élèves du lycée. C’était, avant tout, un centre de rééducation dans lequel des ensei-gnants venaient nous dispenser des cours. J’y ai suivi la classe de 2de puis la 1re, en deux ans. Pour la terminale, je suis partie au lycée Toulouse- Lautrec, à Paris. Là, c’était avant tout un lycée, qui proposait de la ré- éducation sur place, mais c’étaient les cours qui primaient, avant les soins. J’ai obtenu mon bac L. Dans ce lycée, il y a avait des personnes en si-tuation de handicap et des personnes valides. J’ai voulu ce changement

…/…

Sixtine

Onisep Caen • novembre 2016 • 9

Quand j’étais en licence, j’avais de gros problèmes familiaux et l’as-sistante sociale m’a envoyé vers Handiuni. Au début, je refusais de faire les dé-marches de reconnaissance de han-dicap. J’avais trop peur de me com-plaire dans le handicap et je voulais à tout prix me considérer comme une personne normale. C’est Handiuni qui m’a amené à réfléchir sur l’inté-rêt de cette reconnaissance. J’étais arrivé à un tel point, que de toute façon, je ne pouvais plus faire autrement. À cette époque, je pesais moins de 40 kg pour 1,82 m. J’étais à 80 % d’invalidité et je touchais l’allo-cation adulte handicapé.Après 7 mois d’hospitalisation, j’ai repris une formation en informa-tique, niveau bac + 2, à l’AFPA. Après un premier CDD, je suis rentré chez Cap Gemini pour un contrat en alternance, ce qui m’a permis de va-lider un diplôme à bac + 4, toujours en informatique. Je suis resté deux ans et demi mais il y avait trop de stress et la prise de médicaments rendait mon quotidien trop difficile. Je suis parti avec une lettre de re-commandation vers une agence Web dans laquelle j’ai décidé de cacher mon handicap. Cela s’est vu et ma période d’essai n’a pas été validée. Dans les cinq jours, j'avais de nou-veaux entretiens car mon profil in-téressait beaucoup les entreprises. J'ai fini par avouer mon handicap juste avant d'être embauché et cela s'est très bien passé. Je suis parti de cette entreprise pour des raisons classiques de salaire et de diversité de mission. Aujourd’hui, mon employeur sait que je suis hypersensible au stress. Je ne cache ni ma reconnaissance de travailleur handicapé, ni mon handicap. Mes conditions de travail sont adaptées. Je suis même en train de monter une mission handi-cap dans l'entreprise ».

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 9

© UN

ICAEN

SÉBASTIEN MARIE, PRÉSIDENT DE L'ASSOCIATION HANDIUNI

Que proposez-vous pour faciliter l’insertion professionnelle des étudiants ?

Tout au long de l’année, nous proposons aux étudiants qui le souhaitent de les accompagner sur l’élaboration de leur projet professionnel, la recherche de stages, de contrats d’alternance ou la recherche d’emploi grâce à un réseau d’une centaine d’entreprises partenaires. Dans le cadre de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, nous avons participé aux journées consacrées à l’insertion professionnelle des travailleurs handicapés, l’emploi et le handicap psychique, le handicap et les nouvelles technologies. Nous avons aussi animé un atelier autour des techniques de recherche d’emploi et participé au Handicafé, une sorte de job dating. Les personnes en situation de handicap peuvent présenter leurs candidatures, avec CV et lettre de motivation, à des employeurs/recruteurs présents sur les stands. Les entretiens durent environ dix minutes. Chaque structure accompagnante inscrit son public ; nos chargées de mission sont présentes, sur place, pour travailler les entretiens avec les étudiants, les accompagner, leur montrer vers quelles entreprises ils peuvent se diriger. Suite à ces prises de contact, les étudiants peuvent obtenir un stage, un contrat d’alternance ou un emploi saisonnier. Depuis cette année, nous participons aux Rencontres étudiants handicapés – entreprises organisées par Handisup Rouen. Tout au long de l’année, nous proposons aussi un accompagnement pour la rédaction des documents administratifs : formulaire de demandes de la MDPH (Maison dépar-tementale des personnes handicapées), dossier de candidature en vue d’intégrer une filière sélective… En fonction des demandes et des besoins des étudiants nous les orientons vers nos partenaires (SUMPPS, Relais handicap santé, Espace orientation et insertion de l’université Caen Normandie, LADAPT, Alfah, Ariada, Siadv…).

Les étudiants que vous accompagnez ont-ils nécessairement une reconnaissance de handicap ?

Non, les étudiants n’ont pas nécessairement besoin de RQTH (Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé) pour bénéficier d’aménagements ou d’adaptations à l’université. Ils doivent seulement obtenir un avis du SUMPPS (Service universitaire de médecine préventive et de promotion de la santé). En fait, certains ne voient pas l’utilité de la RQTH et d’autres, à peine sortis de l’adolescence, souhaitent plutôt se fondre dans la masse et pensent que la reconnaissance va les stigmatiser. C’est alors notre rôle de leur expliquer en quoi cette reconnaissance de la MDPH peut leur ouvrir des portes pour des aménagements dans le cadre d’un stage ou d’un travail. Comme les délais sont souvent très longs, il est nécessaire d’anticiper. Cela évite de passer à côté d’une opportunité de stage ou d’emploi.

Suite de la rencontre avec Sébastien Marie, page 36.

© UN

ICAEN

Agir dans un cadre réglementé

la professionnalisation des accom-pagnants se poursuit ; une accessibilité améliorée en

faveur des élèves et des familles sur-tout avec le numérique facilite l’accès aux besoins éducatifs particuliers.En guise de conclusion, Najat Vallaud-Belkacem rappelle que l’école inclu-sive est une réalité concrète au quo-tidien pour plus de 280 000 élèves en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire.

   EMPLOI ACCOMPAGNÉ

Clotilde Valter, secrétaire d'État en charge de la formation profession-nelle et de l'apprentissage insiste pour un réel accompagnement des personnes handicapées sur la durée et l’importance de repérer les per-sonnes en difficulté. François Hollande rappelle l’intro-duction dans le projet de loi Travail d’un concept d’« emploi accompa-gné », qui s’adresse tant aux sala-riés qu’aux employeurs en milieu ordinaire, traduisant ainsi le souci du gouvernement d’améliorer les conditions d’insertion profession-nelle et la sécurisation des salariés handicapés. L’État annonce qu’il soutiendra l’émergence de projets locaux dans ce domaine.

conférence, qui se déroulait en présence du Président de la République,

sous forme de tables rondes, a abordé trois thèmes majeurs autour

du handicap : la scolarisation, l’enseignement supérieur et la formation tout

au long de la vie ; l’emploi accompagné et le logement accompagné. Quelques éléments.

ConférenCe nationaLe DU HANDICAP 2016

+

À Paris, le 19 mai se tenait

la 4e édition de la conférence

nationale du handicap.

dans ce qu’il est à la fois le même et différent. Bien entendu, c’est un changement de paradigme : ce ne sont plus les élèves qui s’adaptent au système mais chaque école qui s’adapte aux spécificités des élèves et met en place tous les dispositifs nécessaires à leur scolarisation et à leur réussite éducative, quels que soient leurs besoins ». Un bilan des avancées au sein de l’Éducation nationale est évoqué. Ainsi : la création des Écoles supérieures

du professorat et de l’éducation (ESPE) a permis de mieux former les enseignants pour prendre en compte les besoins spécifiques de jeunes en situation de handicap ; la plateforme M@gistère propose

des parcours de formation consa-crés au handicap ; le développement des unités

d’enseignement en école maternelle pour les jeunes enfants présen-tant des troubles en rapport avec l’autisme a fortement progressé et semble être une réussite ; la coopération entre le secteur

éducatif et médico-social permet de s’appuyer sur des compétences professionnelles complémentaires ;

  SCOLARISATION

Citant la loi de refondation pour l’École de la république : « l’école inclusive, c’est celle qui reconnaît que tous les enfants partagent la capacité d'apprendre et de pro-gresser, […] qui veille à l'inclusion scolaire de tous les enfants, sans aucune distinction », Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supé-rieur et de la Recherche, ajoute que l’école inclusive, « c’est l’école qui se soucie de tous les enfants ; mais c’est aussi celle qui ambi-tionne la construction de la société de demain et d’un vivre ensemble où chacun se reconnaît en l’autre

© B.

FAVE

UR/ON

ISEP

Les ESAT bénéficieront d'un nou-veau soutien à l'investissement pour moderniser leurs équipements.Le travail effectué autour du « plan santé », a permis de repérer les per-sonnes en difficulté pour qu’elles soient maintenues dans leur poste en fonction de leur handicap (amé-nagement du poste de travail…).

Ont été également abordés : le rapprochement au sein d'un

opérateur unique des missions rele-vant du placement et du maintien dans l'emploi des travailleurs handicapés (Cap emploi et Sameth) ; la nouvelle convention entre

MDPH et service public de l'emploi pour évaluer les possibilités et conditions d'emploi des personnes handicapées ; la mission confiée à Josef

Schovanec sur l'insertion profes-sionnelle des personnes vivant avec des troubles du spectre autistique ; la prime d'activité : adaptation des

règles de calcul pour les personnes percevant l'Allocation adulte handi-capé (AAH), une rente accident du travail ou d'invalidité, afin que leur effort d'activité soit mieux reconnu comme salariés handicapés.

   LOGEMENT ACCOMPAGNÉ

Lever les obstacles au dévelop-pement des formes de logement accompagné et d’habitat partagé est une véritable volonté du gou-vernement. Une convention doit être conclue entre l’État et l’Union sociale pour l’habitat (USH) pour y développer progressivement cette offre de logements accompagnés. Un appel à projet « HLM, partenaires des personnes en situation de handi-cap » devrait être lancé.

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 11

Extrait du discours

de Patrick Venant, secrétaire général de

la préfecture de l’Orne

pour l’ouverture

du forum handicap

(Alençon, 7 juin 2016).

« LA POLITIQUE DU HANDICAP AUjOURD’HUI

VISE à ÉMANCIPER, à DÉVELOPPER L’AUTO-

NOMIE, à RECONNAîTRE LES CAPACITÉS DES

PERSONNES HANDICAPÉES, LEURS TALENTS,

LES CHANCES QUE NOUS AVONS D’êTRE DIFFÉ-

RENTS, L’INTÉRêT QUE NOUS AVONS à BâTIR

CETTE SOCIÉTÉ INCLUSIVE ».

« La politique sociale a toujours cherché à rendre le handi-

cap invisible aux yeux des autres. Aujourd’hui, l’exigence, c’est

de changer le regard sur le handicap. J’oserais presque dire,

inverser ces regards, voir dans nos différences ce qui nous

est commun et ce qui nous unit. Le handicap d’une personne

ne doit pas être figé dans une vie, comme s’il était son seul

destin. Au contraire, c’est l’échange, c’est le parcours, c’est

également le partage qui vont faire que notre société va être

meilleure, dès lors que nous sommes ensemble. L’ambition du

gouvernement est de faire en sorte que la personne handica-

pée ne se heurte à aucune frontière, aucune limite, aucune

barrière physique ou morale dans ses projets. Et Dieu sait si

aujourd’hui encore, de telles barrières, de telles contraintes,

de telles limites existent. Ces principes ont été, pour l’essen-

tiel, posés lors de la loi du 11 février 2005. Ce que nous avons

à faire aujourd’hui, c’est de les appliquer dans la vie de tous

les jours. L’action du gouvernement doit s’inscrire dans cette

perspective et se déployer à tous les âges de la vie, dans

toutes les politiques publiques.

Cette conférence du 19 mai a été l’occasion de faire un bilan

des engagements dans tous les domaines : l’école ouverte

et inclusive ; vivre et travailler comme les autres, avec les

autres ; adapter le cadre de vie, non seulement personnel mais

également professionnel ; utiliser les potentialités du numé-

rique au service des personnes handicapées ; améliorer l’accès

à la santé ; promouvoir une vision large de l’accessibilité ;

développer la recherche pour une meilleure connaissance et

un meilleur accompagnement des handicaps.

En un mot, veiller à la participation et à la représentation

des personnes handicapées […] ».

LE fORUM HANDICAP D'ALENçON

Zoom sur…

Agir dans un cadre réglementé

ans le Code du travail, « toute personne dont les possibilités d’obtenir

ou de conserver un emploi sont effectivement réduites par suite de l'altération

d'une ou plusieurs fonctions physique, sensorielle, mentale ou psychique »

est considérée comme travailleur handicapé. Une personne sur deux sera probablement

en situation de handicap au cours de sa vie.

Ce QUe dit La Loi

salariés une obligation d’emploi de personnes handicapées (6 % de l’ef-fectif total). Les employeurs disposent de plu-sieurs possibilités pour satisfaire à cette obligation légale : • l'emploi direct ;• les prestations de services ou

contrats de sous-traitance avec des Établissements et services d’aides par le travail (ESAT), des Entreprises adaptées (EA) ou des Centres de distribution de travail à domicile (CDTD) ;

• l'accueil de stagiaires de la forma-tion professionnelle ;

• la contribution financière à l’AGEFIPH (pour le secteur privé) ou au FIPHFP (pour le secteur public).

Les entreprises peuvent également conclure un accord de branche, de groupe, d’entreprise ou d’établisse-ment. Cet accord fixe des objectifs en termes de recrutement, d’insertion et de formation de personnes handi-capées, d’adaptation aux mutations technologiques et de maintien dans l’emploi. La contribution financière due à l’AGEFIPH est alors utilisée pour la mise en œuvre de l’accord.

 La loi de 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participa-tion et la citoyenneté des personnes handicapées pose le principe de non-discrimination des personnes handicapées en particulier dans le domaine de l’emploi, en promouvant l’accès aux dispositifs de droit com-mun et en faisant du travail en milieu ordinaire une priorité. Elle confie aux Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) les compétences pour évaluer « l’em-ployabilité » des personnes handica-pées afin de mieux les orienter, une fois leur projet professionnel élabo-ré, vers le marché du travail. Depuis 2009, les préfets de région doivent mettre en œuvre les Plans régionaux d’insertion professionnelle des travailleurs handicapés (PRITH), qui sont ensuite déclinés au niveau local en lien avec les MDPH. La loi Travail du 8 août 2016 ren-force la prise en compte du handicap et contribue à faire progresser les conditions d’accès et de maintien de tous à l’emploi.

   L’OBLIGATION D’EMPLOI DES PERSONNES HANDICAPÉES

La loi de 2005 fixe à tout établisse-ment privé ou public d’au moins 20

12 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

   VERS LE PRINCIPE DE NON-DISCRIMINATION DANS L’EMPLOI

 La loi du 23 novembre 1957 in-troduit la notion même de travailleur handicapé.  La loi d’orientation du 30 juin 1975 confie à la Commission tech-nique d’orientation et de reclasse-ment professionnel (COTOREP) la reconnaissance du handicap et l’aide au reclassement professionnel.  La loi du 10 juillet 1987 impose à l’ensemble des employeurs privés une obligation d’emploi égale à 6 % de l’effectif salarié au bénéfice des travailleurs handicapés.

 Entreprises du secteur privé : 361 700 travailleurs handicapés (en 2012)

  Fonction publique : 209 909 travailleurs handicapés (en 2013)

 Entreprises adaptées : 31 000 travailleurs handicapés (en 2014)

  ESAT : 119 107 travailleurshandicapés (en 2014)

Sources : Chiffres clés, les personnes handicapées et l'emploi, AGEFIPH, FIPHFP, juin 2015.

Florence Lapha, chargée d'études et de développement, AGEFIPH Normandie

« Instituée par la loi du 10 juillet 1987, l’AGEFIPH est

l’Association de gestion du fonds pour l’insertion

professionnelle des personnes handicapées.

À ce titre, elle gère le fonds pour l’insertion profes-

sionnelle des personnes handicapées pour favoriser

l’accès et le maintien dans l’emploi des personnes

handicapées.

Ce fonds est alimenté par les contributions versées

par les entreprises de 20 salariés et plus n’atteignant

pas le taux d’emploi légal de 6 % des travailleurs

handicapés. Il permet de financer des aides et des

services mis en œuvre au quotidien sur le terrain,

que ce soit pour accompagner les personnes han-

dicapées ou les entreprises.

En 2014, le montant total des contributions versées

par les entreprises à l’AGEfIPH était de 421,7 millions

d’euros.

Les actions initiées et mises en œuvre par l’AGEfIPH

visent toutes à faciliter l’insertion professionnelle,

en milieu ordinaire de travail, ainsi que le maintien

dans l’emploi des personnes handicapées dans les

entreprises privées.

Chaque année, plus de 230 000 actions sont

conduites par l’AGEFIPH en direction des personnes

handicapées et plus de 120 000 en direction des

employeurs. Il peut s’agir de l’accompagnement

de demandeurs d’emploi dans leurs démarches

de demande d’emploi, de conseils à des entreprises

qui souhaitent recruter des collaborateurs handicapés

mais également d’aides financières pour un projet

de formation ou l’aménagement d’un poste de travail

en compensation du handicap. »

Guillaume L'Huillier, délégué territorial handicap, FIPHFP Normandie

« Issu de la loi du 11 février 2005, le fonds pour

l’insertion des personnes handicapées dans la fonc-

tion publique (fIPHfP) collecte les contributions

des employeurs publics qui n’atteignent pas le taux

de 6 % de travailleurs handicapés. Les montants

financiers ainsi collectés sont ensuite redistribués

auprès des employeurs de la fonction publique

territoriale (communes, départements, régions…),

de la fonction publique hospitalière et de la fonction

publique d'État (ministères, CNRS, INRA…) qui

mènent des politiques d’insertion et de maintien

dans l’emploi de travailleurs handicapés.

En 2015, ce sont près de 160 millions d’euros financés

par le fIPHfP sous différentes formes : aides au

recrutement et notamment l’apprentissage, aména-

gements des postes de travail, formation, sensibili-

sation… Cet engagement financier a ainsi permis

le recrutement de 25 000 travailleurs handicapés

et de 16 000 maintiens dans l’emploi dans l’en-

semble des trois fonctions publiques.

Le fIPHfP propose également aux employeurs

publics de taille importante la mise en place

de conventions qui permettent de financer des

programmes pluriannuels volontaristes d’insertion

professionnelle de travailleurs handicapés (conseil

départemental du Calvados, de la Manche et de

l’Orne, hôpital de Cherbourg, Caen la Mer…).

En partenariat avec l’AGEfIPH, le fIPHfP finance

également les opérateurs qui œuvrent au quotidien

auprès des employeurs publics pour promouvoir

l’insertion professionnelle des travailleurs handicapés

(Cap emploi) et le maintien dans l’emploi (Sameth).

5,17 % : pour la première fois, en 2015, et grâce à

l’action conjuguée du fIPHfP, des employeurs, des

opérateurs et des travailleurs handicapés, le taux

d’emploi dépasse les 5 %. »

florence Lapha,

chargée d'études et de

développement, AGEFIPH

Normandie.

Guillaume

L'Huillier,

délégué territorial

handicap, FIPHFP

Normandie.

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 13

© A. POTIGNON/ONISEPRencontre avec…

Agir dans un cadre réglementé

14 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

la question de l’employabilité est fondamentale. Même lorsqu’il pos-sède un nombre très restreint de compétences, un profil peut être recherché des employeurs. C’est par exemple le cas du tireur de fil en électricité ou d’un plaquiste par-ticulièrement doué pour l’enduisage bandage.

Au collège, les élèves possèdent un Livret scolaire unique (LSU) en ré-férence aux programmes et au socle commun de connaissances, de com-pétences et de culture. Ceux dont le projet personnalisé de scolarisation ne prévoit pas l’accès au Diplôme national du brevet (DNB) peuvent passer le Certificat de formation générale (CFG).

Après la 3e, les élèves peuvent être orientés en ULIS de lycée profes-sionnel pour leur permettre de vali-der tout ou partie d’un Certificat d’aptitude professionnelle (CAP) ou obtenir une attestation de compé-tences. D’autres sont orientés vers le lycée général et technologique, soit dans un dispositif ULIS, soit en classe ordinaire, pour préparer leur entrée dans l’enseignement supérieur.

orientation est un processus à la fois long, et lent, qui nécessite une progression

par étapes, tout au long de la formation initiale, en vue d’élaborer un projet

professionnel solide et cohérent. Il se poursuit encore dans l’emploi, avec des

allers-retours toujours possibles vers la formation et des réorientations.

L'orientation TOUT AU LONG DE LA VIE

+

25 % des travailleurs handicapés ont un niveau

bac et plus. 82 % sont en activité.

Comme pour tous les élèves, ce pro-cessus doit s’étendre sur plusieurs années, pour permettre un bon niveau de maturation et répondre progressivement à des questions qui leur seront utiles lors de l’inser-tion professionnelle. Quelles sont les tâches que je peux faire sans pro-blème, celles que je peux faire mais avec de l’aide, celles que je ne peux pas faire du tout ? La formation que j’envisage est-elle adaptée ? Mélanie Besnard, responsable res-sources humaines chez EDF, précise : « à compétences égales, nous favori-sons l’embauche des personnes en situation de handicap mais le recru-tement répond d’abord à un besoin de l’entreprise ».

  ACCÉDER  à LA QUALIFICATION

Selon la nature et le degré du han-dicap, l’obtention d’un diplôme n’est pas toujours possible. La constitution d’un portefeuille de compétences permet de rendre officiel et lisible pour les employeurs, la liste des ca-pacités du jeune. Dans les établissements médico-sociaux, et plus largement, dans le cadre de la déficience intellectuelle,

  CONSTRUIRE SON PROjET

Pour les élèves qui présentent des difficultés d’apprentissage graves et durables ou une déficience intel-lectuelle, plus encore que pour tout autre élève, la réflexion autour de la construction du projet professionnel doit démarrer le plus tôt possible. Si la classe de 6e est davantage axée sur l’acquisition de l’autonomie et des méthodes de travail, une pre-mière approche du monde profes-sionnel peut rapidement être enga-gée et aboutir, comme c’est le cas en ULIS ou en 3e SEGPA, sur une forma-tion pré-professionnelle.Pour tous les élèves, la découverte du monde professionnel doit per-mettre d’élargir la réflexion sur tout un secteur d’activité sans s’enfermer sur un choix de métier précis. « Les jeunes, précise Julia Midelet, responsable ASH pour la formation des enseignants, doivent pouvoir s’essayer, dire j’aime/j’aime pas et changer d’idée ». C’est ce que per-met l’individualisation des durées et des parcours de formation proposée aux élèves d’ULIS, en EREA (Établis-sements régionaux d’enseignement adapté) et dans les établissements médico-sociaux.

Quel que soit le handicap, l’élève doit, autant que possible, envisager une poursuite d’études à hauteur de ses capacités, de ses aspirations et de ses conditions de vie.

  ANTICIPER LA RENTRÉE

Tout changement d’établissement, passage d’un niveau à un autre, etc. nécessite des adaptations. L’élève en situation de handicap, plus que tout autre élève, doit absolument anticiper. De plus en plus de partenariats sont mis en place pour une meilleure flui-dité entre les structures et disposi-tifs existants. L’association Handiuni se tient à la disposition des étudiants dès la classe de terminale. Il en est de même pour les référents handicap de toutes les écoles de l’enseigne-ment supérieur.Les services d’orientation du Rec-torat incitent les établissements scolaires à leur faire remonter les éléments concernant les jeunes en situation de handicap pour éviter des erreurs d’aiguillage au moment de la procédure Admission post-bac (APB). Certaines questions, notam-ment relatives aux transports, au logement et à l’aménagement de la vie quotidienne doivent être posées à temps. Cap emploi (organisme de place-ment spécialisé dans le handicap) peut commencer le repérage et le suivi des élèves d’ULIS avant même leur sortie du lycée afin de créer un pont entre l’école et le monde pro-fessionnel. Les établissements scolaires peuvent aussi faire appel à ALfAH dès que s’amorce un projet de poursuite d’études par le biais de l’apprentis-sage.

  ENVISAGER  DES RÉORIENTATIONS  PROFESSIONNELLES

Si la construction du projet profes-sionnel s’amorce assez tôt dans la scolarité, elle peut se poursuivre à l’âge adulte pour des probléma-tiques d’adaptation ou de maintien dans l’emploi. Guillaume L’Huillier, délégué territorial handicap, explique que « l’ensemble des personnes en situation de han-dicap passent, au cours de leur vie, par un certain nombre d’étapes : cer-taines vont passer par une phase de deuil car elles doivent par exemple, changer de métier, se réorienter ; cette période d’adaptation peut du-rer 3 mois, 6 mois, parfois plusieurs années. Puis les personnes passent par une étape de reconstruction, avec ensuite, l’étape de résilience, cette capacité de la personne à re-bondir dans l’adversité. C’est seule-ment à partir de ce moment-là que l’on peut utiliser tout un panel de compensations ». Mais comme le précise Florence Lapha, chargée d’études à l’AGEFIPH, « dans un contexte de concurrence forte sur le marché du travail, l’âge (46 % ont 50 ans et plus) et le ni-veau de qualification des travailleurs handicapés (25 % seulement ont un niveau bac et +) constituent des obstacles majeurs à l’insertion et au retour à l’emploi des demandeurs d’emploi handicapés ».

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 15

PhIlIPPE AklI, ADJOINT DU CSAIO,RÉFÉRENT POUR LE PARCOURS AVENIR

Qu’est-ce que le parcours avenir ?Le Conseil supérieur des programmes, après avoir

analysé les dysfonctionnements des processus d’orientation, notamment en termes de renforcement des déterminismes, de hiérarchisation des filières et de mal-être des élèves, a souhaité y remédier. Plus qu’une nouvelle manière d’envisager l’orientation, le parcours Avenir est une nouvelle façon d’envisager l’École. Sa philosophie, c’est d’arrêter de considérer le monde éducatif et le monde économique au sens large comme deux mondes étanches, d’être moins « protectionniste » sur l’École, pour que ces deux mondes puissent enfin se parler.L’objectif n° 1, c’est la découverte du monde économique et professionnel. L’objectif n° 2, c’est de permettre engagement, initiative et créativité. Il n’est plus question de diffuser un cours de manière descendante, magis-trale, mais de mettre les élèves en mouvement pour les amener, petit à petit, à ce que nous voulons leur faire mettre en évidence.Ces deux actions ont pour finalité le 3e objectif : l’élaboration du projet professionnel et personnel.

Y a-t-il une spécificité par rapport au handicap ?

Chaque élève, dans sa singularité, fait un parcours dans un système qui l’autorise à avoir une place. Les élèves handicapés sont comme tout le monde, tous singuliers, et dans cette singularité, nous les aidons à se construire un parcours avec des outils numériques comme folios. Il faut que chacun chemine avec ses outils, son potentiel, qu’il apprenne et se construise à sa vitesse. L’école inclusive évite le nive-lage qui consisterait à raboter toutes les différences. Pour moi, cela fait partie du parcours Avenir. Les élèves handicapés découvrent, au même titre que les autres, s’ils sont en mesure de rentrer sur les tâches. Plus nous leur ouvrons de portes en tenant compte des compensations mises en place, plus ils vont pouvoir en trouver une qui leur corresponde. Le monde dans lequel nous arrivons est incertain, il n’y a plus d’acquis définitifs, donc pour sécuriser, il faut fabriquer des passerelles, des temps de forma-tion pour apprendre à s’adapter, se préparer à être mobiles et savoir rebondir.

Agir dans un cadre réglementé

16 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

Les Chiffres CLés DU HANDICAP

es catégories administratives qui regroupent l'ensemble des personnes pouvant béné-

ficier de l'obligation d'emploi sont :• les personnes reconnues par

la Commission des droits et de l'autonomie des personnes han-dicapées ;

• les personnes victimes d’accidents du travail ou de maladie profes-sionnelle ayant une Incapacité partielle permanente (IPP) au moins égal à 10 % ;

• les titulaires d’une pension d’invalidité ;

• les titulaires d’une carte d’invalidité ;

• les personnes bénéficiaires del’Allocation adulte handicapé (AAH) ;

• pour la fonction publique : les agents qui ont été reclassés et ceux qui bénéficient d’une allo-cation temporaire d’invalidité en référence à la loi du 11 janvier 1984.

 Une obligation d'emploi de 6 %

pour tous les employeurs publics

ou privés de plus de 20 salariés :

- AGEfIPH (secteur privé) ;

- fIPHfP (secteur public).

 Deux principaux partenaires :

- Cap emploi, pour l'insertion ;

- Sameth, pour le maintien

dans l'emploi (voir page 45).

Sources : AGEFIPH et FIPHFP.

  85 % des personnes handica-pées acquièrent leur handicap au cours de leur vie professionnelle ou extra-professionnelle. Le handicap « de naissance » est donc relativement rare.

  Seules 2 à 3 % des Reconnais-sances de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) concernent des personnes en fauteuil.

  En 2014, l’AGEFIPH a collecté 421 millions d’euros et le FIPHFP, 126 millions. Ces chiffres dimi-nuent d’année en année car de plus en plus d’entreprises privées et d'employeurs publics répondent à l’obligation d’emploi.

   2,4 millions de personnes en France sont reconnues handica-pées et bénéficient de l’obligation d’emploi alors que 10 millions de personnes déclarent des problèmes de santé depuis au moins 6 mois.

  1 personne sur 2, au cours de sa vie, rencontrera une situation de handicap.

   42 % des entreprises en France emploient 6 % ou + de travail-leurs handicapés : le taux d’emploi direct de travailleurs handicapés est en moyenne de 3,3 % en équivalents temps plein dans les établissements privés assujettis.

  Dans la fonction publique, le taux d’emploi légal de travailleurs handicapés au 1er janvier 2014, est de 5,17 % pour l’ensemble des employeurs publics.Cependant, les données du secteur privé et de la fonction publique ne peuvent être comparées car le périmètre des bénéficiaires et les modes de calcul sont différents.

  Seules 21 % des entreprises en France n’emploient aucun travail-leur handicapé en emploi direct.

  En 2015, 119 231 bénéficiaires de l’obligation d’emploi travaillaient dans le milieu protégé, en ESAT (Établissements et services d’aide par le travail) et 32 521 étaient en entreprise adaptée (entreprise du milieu ordinaire embauchant une majorité de travailleurs handi-capés).

+

80 % des situations de handicap ne se voient pas.

Source : AGEFIPH,enquête emploi 2011.

45 %Handicap moteur

20 %Maladie invalidante

13 %Handicap psychique

13 %Handicap sensoriel

(visuel 8 % et auditif 5 %)

7 %Handicap mental

2 %Divers : troublesmusculo-squelettiques,allergies, obésité…

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 17

LES SIX grandES famILLES dE handIcap :CLASSIfICATION DE L'AGEfIPH  

Agir dans un cadre réglementé

18 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

  CONTRAT à DURÉE DÉTERMINÉE - CDD

Dans certaines situations, prévues par la loi (accroissement tempo-raire de l’activité de l’entreprise, remplacement d’une personne dans le cadre d’un congé maladie, congé maternité, congé parental, etc.), le contrat proposé peut être « à durée déterminée » : un terme est prévu dès l’embauche. Le recours au CDD est possible pour des activités saison-nières ou dans le cadre de contrats spécifiques tels que :

• Contrat unique d’insertion - CUILe CUI associe formation et/ou ac-compagnement professionnel pour son bénéficiaire et aide financière pour l'employeur. Il vise à faciliter l'embauche des personnes ayant des difficultés à trouver un emploi. Le Contrat d'accompagnement dans l'emploi (CUI-CAE) s'adresse au sec-teur non marchand. Le Contrat initiative emploi (CUI-CIE) concerne le secteur marchand.

• Emploi d’avenirL'emploi d'avenir est un contrat d'aide à l'insertion destiné aux jeunes particulièrement éloignés de l'emploi, en raison de leur défaut de

  CONTRAT à DURÉE INDÉTERMINÉE - CDI

Le CDI est un contrat de travail sans limitation de durée conclu, à temps plein ou à temps partiel, entre un employeur et un salarié. Il repré-sente la forme normale et générale de la relation de travail. Un CDI intérimaire est maintenant possible pour les salariés régu-liers des agences d’intérim qui se présentent désormais comme des « agences d’emploi » tant leurs missions se sont considérablement étendues (pré-embauche, formation, placement).

  CONTRAT D'INTÉRIM

La loi prévoit la possibilité de conclure des contrats de mission dans le cadre de l'intérim. La mis-sion d'intérim s'effectue alors pour une durée prévue au sein du contrat sans pouvoir dépasser la durée maximale légale, variable selon la nature de la mission.Un salarié intérimaire peut être em-bauché si la mission qu’on lui confie vise à favoriser le recrutement de personnes sans emploi rencontrant des difficultés sociales et profession-nelles particulières.

formation ou de leur origine géo-graphique. Il comporte des engage-ments réciproques entre le jeune, l'employeur et les pouvoirs publics, susceptibles de permettre une inser-tion professionnelle durable.

• Contrat à durée déterminée d’insertion - CDDILe CDDI s'applique aux personnes recrutées par une entreprise d'inser-tion, une association intermédiaire ou un atelier / chantier d'insertion. Il est signé pour une durée minimale de 4 mois renouvelables, dans la limite d'une durée totale de 2 ans.

CONTRAT EN ALTERNANCE

Une formation en alternance (une partie du temps en formation, l’autre partie du temps en entreprise) peut donner lieu à la signature d’un contrat de professionnalisation ou d’un contrat d’apprentissage qui ou-vre les mêmes droits qu’un contrat classique : cotisation à une caisse de retraite, congés payés, éventuelle-ment mutuelle… Ils permettent de bénéficier des aides financières et des services de l’AGEFIPH ou du FIPHFP : finance-ment de l’intervention de spécialistes,

entreprise, il existe trois formes de contrats, avec pour chacune, des règles

bien précises. Les personnes qui relèvent de l’obligation d’emploi peuvent

bénéficier de contrats spécifiques, adaptés au handicap et destinés à favoriser

leur embauche grâce à des aides versées aux employeurs.

Les Contrats DE TRAVAIL

d’expertises ou de techniques de compensation en centre de forma-tion ou en entreprise ; versement d’une prime à l’employeur et à la personne handicapée lors de la si-gnature du contrat. Le montant de la rémunération est déterminé selon l’âge et l’expérience de la personne (de 25 à 80 % du Smic).

Le contrat de professionnalisation s’adresse aux personnes handica-pées sans limite d’âge et dure maxi-mum 24 mois. Le temps consacré à la formation est compris entre 15 % et 25 % de la durée totale du contrat (minimum 150 heures).

Le contrat d’apprentissage est pos-sible sans limite d’âge pour les per-sonnes qui ont une Reconnaissance de la qualité de travailleur handica-pé (RQTH) délivrée par la Commis-sion des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH).Un contrat aménagé porte la durée du contrat d’apprentissage à 4 ans et permet de bénéficier d’aménage-ments : aménagement pédagogique, cours théoriques à distance, maté-riel adapté, temps supplémentaire aux examens. Le temps consacré à la formation est compris entre 25 et 50 % de la durée du contrat.

L’apprentissage s’adresse à un large public. Les élèves viennent des établissements médico-sociaux, des dispositifs ULIS, des Segpa ou de classes ordinaires. Ils peuvent pré-parer des diplômes de tous niveaux (CAP à bac + 5).

GÉRAld hAllEy, DIRECTEUR DE L'ASSOCIATIONALTERNANCE FORMATION APPRENTISSAGE HANDICAP (ALFAH)

Qu’est-ce que le dasaa ?Le Dispositif d’appui et de soutien à l’apprentissage et à la qualification par alter-

nance (DASAA) s’inscrit dans le cadre de l'animation du partenariat et du réseau pour la formation des personnes handicapées. Ce dispositif, financé par l’AGEfIPH, l’État et la région, permet d’apporter un accompagnement aux jeunes et aux adultes handicapés signataires d’un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation afin de leur permettre une compensation du handicap.

À qui s’adresse ce dispositif ?Il s’adresse aux jeunes de 16 à 26 ans, mais également aux adultes, ayant la

Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH).Il faut nécessairement que l’ensemble des acteurs du contrat soit d’accord et volon-taire pour la mise en place de l’accompagnement proposé par le dispositif d’appui et de soutien (accompagnement, atelier de soutien, etc.).

en quoi consiste l’accompagnement ?L’accompagnement est effectué par un professionnel de l’association ALfAH.

Le chargé de suivi alternance est une personne ressource entre les différents acteurs du contrat d’apprentissage ou de professionnalisation : le jeune ou l’adulte, l’entreprise, le CfA ou l’organisme de formation, et les différents partenaires pouvant intervenir sur le champ du handicap (MDPH, Sessad…). Sept chargés de suivi couvrent l’ensemble du Calvados, de la Manche et de l’Orne.En outre, le dispositif mobilise des ateliers de soutien en remédiation cognitive spécifiques, ainsi que des dispositifs de droit commun réalisés sur du temps accordé par l’employeur.

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strUCtUres et dispositifs ORIENTATION, QUALIfICATION, INSERTION

   FORMATION INITIALE • Instituts médico-éducatifs (IME),

Instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques (ITEP), Zoom sur l'IMPRO de Démouville (IME, ITEP) ................................................22

• Centres d'information et d'orientation (CIO) .................................................24• Établissements régionaux d’enseignement adapté (EREA) ...................25• Unités localisées pour l’inclusion scolaire (ULIS),

Zoom sur l'ULIS pro du lycée Laplace ...............................................................26• Rencontre avec Julia Midelet, ESPE ...................................................................28• Établissements du second degré ..........................................................................30• Rencontre avec Laurent Macrel, Région Normandie ..................................31• Centres de formation des apprentis (CFA),

Zoom sur l'association ALFAH ...............................................................................32• Enseignement supérieur ...........................................................................................34

Thierry Potdevin, Admission post-bac (APB) .................................................35• Rencontre avec Sébastien Marie, Handiuni ....................................................36

   16 - 25 ANS• Missions locales ..............................................................................................................38• Dispositifs innovants : PRSA / DEJA ....................................................................39

   TOUT AU LONG DE LA VIE• Pôle emploi .......................................................................................................................40• Cap emploi.........................................................................................................................41• Organismes de formation professionnelle continue ..................................42• Rencontre avec Armel Élart, rectorat ................................................................43• Centres de rééducation professionnelle ...........................................................44• Centres de gestion, SAMETH ..................................................................................45

   PRESCRIPTIONS PONCTUELLES SPÉCIFIQUES• Déficience auditive : ARIADA ..................................................................................46• Déficience visuelle : SIADV .......................................................................................47• Handicap mental (déficience intellectuelle) : ALFAH .................................48• Déficience psychique : ADAPEI ..............................................................................49• Déficience motrice : FPSR ........................................................................................50

    SOMMAIRE

Durant toute la scolarité, le système éducatif répond aux besoins des élèves en situation de handicap en matière d’information, d’orientation et d’accès à la qualification. Des dispositifs leurs sont réservés, mais ils peuvent suivre leur scolarité en classe ordinaire, avec ou sans aide humaine, en lien, si nécessaire, avec les IME ou les ITEP. En fonction de leurs besoins, des aménagements peuvent être proposés. En dehors de l'Éducation nationale, des établissements médicaux-sociaux gérés par des associations (Associa-tion des paralysés de France, etc.) proposent des sections de formation professionnelle pratique adaptée.À la sortie du système éducatif, les élèves qui pré-sentent des difficultés sociales et/ou professionnelles importantes sont accompagnés dans des dispositifs jeunes qui bénéficient de tout un plateau technique spécialisé et peuvent intervenir dans tous les domaines : orientation, formation, emploi, logement, santé, mobi-lité, citoyenneté, sports, loisirs, culture. Ces dispositifs proposent des solutions en interaction avec les partenaires spécialisés chargés de l’accompa-gnement des personnes tout au long de la vie.Enfin, des Prestations ponctuelles spécifiques (PPS)prescrites et financées par l’AGEFIPH ou le FIPHFP permettent de mettre en œuvre, à la demande des prescripteurs (Pôle emploi, Mission locale, Cap emploi, SAMETH ou ALFAH) des expertises, des conseils ou des techniques de compensation pour répondre à des besoins en lien avec la déficience de la personne. Elles concernent les personnes sourdes ou malentendantes, les personnes aveugles ou malvoyantes, les personnes présentant une déficience intellectuelle, psychique ou motrice et sont assurées par des associations spéciali-sées (ARIADA, etc.).Quel que soit le handicap, la prestation comprend, en fonction des besoins : l’évaluation des capacités fonctionnelles dans le cadre du projet profession-nel ; l’identification des techniques de compensation à mettre en œuvre ; le conseil aux entreprises dans le cadre d’une embauche ou d’un maintien dans l’em-ploi (sensibilisation de l’employeur et/ou conseils pour favoriser l’autonomie de la personne dans son emploi).

22 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

Formation initiale

Structures et dispositifs : orientation, qualification, insertion

lE PUBlICLes Instituts médico-éducatifs (IME) regroupent ce que l’on désignait auparavant, et de façon distincte, les Insti-tuts médico-pédagogiques (IMP) et les Instituts médico-professionnels (IMPro). Ils accueillent les enfants et les jeunes, de la petite enfance jusqu’à 20 ans, présentant une déficience intellectuelle légère, modérée ou sévère. La déficience intellectuelle peut s’accompagner d’autres troubles (troubles du comportement, troubles de la per-sonnalité, troubles graves de la communication…).

lES oBjECTIfSL’objectif des IME est de dispenser une éducation et un enseignement spécialisé prenant en compte les aspects psychologiques et psychopathologiques et recourant à diverses techniques de rééducation.La section professionnelle des IME permet aux jeunes d’accéder à une formation professionnelle adaptée.

lE PUBlICLes Instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques (ITEP) accueillent les enfants, adolescents ou jeunes adultes qui présentent des troubles graves du compor-tement, sans pathologie psychotique prédominante ni déficience intellectuelle importante.

lES oBjECTIfSL’accompagnement interdisciplinaire que propose l’ITEP a pour objectif d’amener les jeunes à prendre conscience de leurs ressources, de leurs difficultés et à se mobiliser pour aller vers leur autonomie. Les actions sont réalisées dans le cadre d’un projet per-sonnalisé d’accompagnement, adapté à la situation et l’évolution de chaque jeune, et d’une étroite collabora-tion avec les parents.

L’objectif est de leur fournir une éducation générale et une formation à caractère professionnel qui tienne compte de leur handicap, ainsi que des connaissances tendant à l’acquisition maximale des éléments d’auto-nomie, au développement des attitudes et des com-pétences professionnelles. Tout cet accompagnement s’opère en lien étroit avec les parents.

ModAlITÉS dE foNCTIoNNEMENTL’admission en IME nécessite une notification d’orien-tation délivrée par la MDPH. La formation préprofes-sionnelle est polyvalente. Elle comprend l’apprentissage de gestes professionnels et la maîtrise des techniques, l’acquisition d’habitudes de travail et de comportements professionnels (sécurité, horaires…).

ModAlITÉS dE foNCTIoNNEMENTL’admission en ITEP nécessite une notification d’orien-tation délivrée par la MDPH.Un projet de formation scolaire et/ou professionnelle est élaboré. Il prévoit notamment les conditions dans lesquelles l'enfant ou l’adolescent peut fréquenter l’établissement scolaire dont il dépend, à temps partiel ou à temps plein.Les ITEP peuvent proposer des dispositifs de formation professionnelle initiale. Les enseignements scolaires sont dispensés dans le cadre des programmes publiés par le ministère chargé de l’Éducation nationale. La formation professionnelle est réalisée en liaison étroite avec le milieu professionnel.

Instituts médico-éducatifs (IME)

Instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques (ITEP)

Présentation de l'établissementL’Institut médico-professionnel de Démouville

accompagne 126 jeunes âgés de 12 à 20 ans, voire au-delà, suite à une notification d’orientation de la MDPH et après demande d’admission formulée par les parents. Notre IMPro est un IME à caractère profes-sionnel. Il a la spécificité d’offrir une section ITEPpro qui s’adresse à des jeunes dont les manifestations et les troubles de la conduite et du comportement rendent nécessaire, malgré des capacités intellectuelles pré-servées, la mise en œuvre de moyens médico-éducatifs adaptés, pour soutenir le bon déroulement de leur scolarité et de leur préformation professionnelle. La section IME s’adresse aux jeunes présentant des déficiences intellectuelles légères, parfois associées à des troubles du comportement et de la personnalité. Grâce à un étayage médico-social conséquent réalisé aussi bien à l’interne qu’à l’externe, et un réseau de 92 partenaires entreprises et collectivités, nous tra-vaillons autant que possible, au maintien en milieu ordinaire, en étroite collaboration avec les parents.

Comment procédez-vous ?Depuis quatre ans, une des classes de l’unité d’en-

seignement de l’IMPro (7 élèves) est implantée au sein du lycée professionnel Victor Lépine, à Caen. Ces élèves vont donc en lycée ordinaire et avec l’ensei-gnante spécialisée, ils évoluent dans cet environne-ment. Dès qu’elle évalue que tel élève, suivant son évolution, pourrait rejoindre un enseignant du lycée, elle construit avec lui et en lien avec l’élève, une inclu-sion temporaire dans un cours, adaptée à la situation.Cette année, les élèves des ateliers préprofessionnels « restauration/traiteur, service en salle, hôtellerie » et « magasinage et gestion de stocks » bénéficieront éga-lement de cours au lycée Rabelais à Ifs, en présence des éducateurs techniques spécialisés/formateurs professionnels, pour faire le lien avec les enseignants de la section professionnelle du lycée et permettre des inclusions, dans le même esprit. Ils font ainsi des ponts entre ce qu’ils apprennent en atelier à l’IMPro et ce qu’ils apprennent en cours, au lycée, à un rythme plus soutenu.

Par ailleurs, l’ACSEA, qui regroupe 27 établissements dont l’IMPro, a créé en 1991, une entreprise adaptée conchylicole située à Asnelles Meuvaines.Nous avons installé, il y a bientôt quatre ans, La Cave à Huîtres sur le port de Caen, avec du personnel re-connu en situation de handicap de cette entreprise et des personnels éducatifs de l’IMPro. Cela permet à des jeunes participant à l’atelier préprofessionnel « restauration/traiteur » d'affiner leurs compétences en situation professionnelle. Les jeunes, progressant, sont ensuite guidés par nos intervenants chargés de l’insertion socio-professionnelle, vers l’un des 92 par-tenaires entreprises avec lesquels nous travaillons régulièrement.

Comment vos élèves accèdent-ils à la qualification ?

Nous ne proposons pas directement de formation qualifiante car nous ne sommes pas organisme de formation. En revanche, nous proposons une pré-professionnalisation. Certains des jeunes, malgré tout l’outillage que nous pouvons mettre en place, n’obtiendront pas de qualification. Cependant, nous faisons un très gros travail vers l’entreprise, pour les amener vers la certification, avec différents disposi-tifs que nous souhaitons développer, comme Différent et compétent ou le référentiel CléA. Notons que des jeunes de 15-16 ans non lecteurs, ne pouvant pas vali-der la partie enseignement général du CAP, disposent néanmoins d’une technique professionnelle de bon niveau. Si le handicap est compensé, rien n’empêche le jeune d’aller travailler. La dimension diplôme n’est pas écartée, mais dans le champ qui est le nôtre, ce sont souvent l’attestation de compétences et la sécurité du geste technique qui permettent l’employabilité. Plus que l’intégration professionnelle, c’est l’inclusion socio-professionnelle globale que l’on vise. Si on ne travaillait que la dimension professionnelle, et pas les compétences sociales (transport, logement, gestion, santé…), le jeune ne pourrait pas être autonome, et sans acquisition de l’autonomie, on ne pourrait pas aller vers l’inclusion.

Zoom sur…

L’IMPRO DE DÉMOUVILLE (IME, ITEP)

Christophe Cornet,

directeur de l’Institut

médico-professionnel

de Démouville - ACSEA.

formation initiale

Structures et dispositifs : orientation, qualification, insertion

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24 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

Structures et dispositifs : orientation, qualification, insertion

formation initiale

lE PUBlICLes CIO accueillent tout public et en priorité les jeunes scolarisés et leur famille.

lES oBjECTIfSGrâce à du conseil individuel, les CIO informent sur les études, les formations professionnelles, les qua-lifications et les professions. Ils jouent également un rôle dans l'observation, l'analyse des transformations locales du système éducatif et des évolutions du marché du travail et la production de documents de synthèse à destination des équipes éducatives ou des élèves. Ils participent à l'animation des échanges et des ré-flexions entre les partenaires du système éducatif, les parents, les jeunes, les décideurs locaux et les respon-sables économiques.

lES ModAlITÉS dE foNCTIoNNEMENTChaque CIO possède un fonds documentaire sur les enseignements et les professions ainsi qu’un service d'auto-documentation permettant à toute personne accueillie de consulter des documents à partir de ses intérêts et de son niveau scolaire.Des conseillers d'orientation-psychologues y assurent des permanences afin de recevoir les jeunes et les adultes en entretien autour de leur projet d'orientation.Chaque CIO travaille en étroite collaboration avec les établissements publics de son secteur (collèges, lycées et universités) afin d’accompagner les jeunes dans leurs projets scolaires et professionnels.Pour les personnes en situation de handicap, l'accent est mis sur l'accueil et le conseil visant à la construction de parcours de formation, en s'efforçant de prendre en compte l'ensemble des besoins en termes d'adaptation et d'inclusion scolaire.

Implanté dans l'université, l'Espace orientation insertion propose aux étudiants une importante documentation et de nombreux services d'information sur les enseigne-ments de l'université, des conseils pour l'orientation, une aide à l'insertion professionnelle.

Rencontre avec… Hervé Guyomard, directeur du CIO de Vire (14) : « Le CIO de Vire a organisé un forum handicap dans le cadre de la Semaine euro-péenne de l’emploi des personnes handicapées. Une vingtaine de partenaires étaient associés :

la mairie, la MDPH, Pôle emploi, Cap emploi, la Mission locale, les réseaux RSVA et Normandys, l’APAEI, le CROP, le CRA, LADAPT, l’ESAT, des professionnels des IME, le GRETA, l’ARIADA, le SESSAD, l’Éducation nationale pour l’orientation et l’ASH, les infirmiers scolaires, ALFAH pour l’accompagnement en alternance, Handiuni pour montrer que l’on peut avoir des parcours tout à fait intéressants et ambitieux, malgré ou grâce au handicap. Un espace stands permettait de rencontrer les partenaires et un espace conférences présentait les entreprises adaptées et les dispositifs ULIS. L’objectif du forum était de sensibiliser la population sur les accompagnements possibles. Le CIO peut informer sur l’ensemble des dispositifs existants et les publications spécialisées, apporter des éléments sur les Projets personnalisés de scolari-sation (PPS) et autres dispositifs de contractualisation. Au CIO de Vire, la priorité est donnée aux élèves en situation de handicap : nous sommes présents à toutes les réunions des Équipes de suivi de scolarisation (ESS), nous rencontrons au CIO les psychologues scolaires et les référents handicap afin de partager nos actualités professionnelles et le suivi des jeunes qui arrivent au collège. Bien se connaître permet de mieux travailler ensemble et cela facilite l’accueil des élèves au collège. Les enseignants référents de la MDPH nous communiquent les calendriers le plus tôt possible de façon à ce qu’il y ait toujours un conseiller d’orientation-psychologue présent dans les ESS. On essaye également de nouer des partenariats avec les structures comme les centres médico-psycho-pédagogiques pour combiner nos efforts. Le CIO est un centre ressources sur lequel les partenaires peuvent s’appuyer ».

Centres d'information et d'orientation (CIO)

Structures et dispositifs : orientation, qualification, insertion

formation initiale

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 25

Rencontre avec… Philippe Grados, directeur de l’EREA Yvonne Guégan, Hérouville-Saint-Clair : « Les jeunes de l’EREA ne relèvent pas du champ du handi-cap mais de l’enseignement adapté. Cette nuance n’est pas toujours facile à appréhender. L’affectation

en EREA, sur les formations qualifiantes, ne dépend pas du tout de la MDPH mais de la CDOEA-SD (Commission départementale de l’orientation vers les enseignements adaptés du second degré). Toutes les affectations sur les formations qualifiantes sont traitées via la procédure informatisée, Affelnet. Pour les classes collège (SEGPA), la commission oriente et c'est la DSDEN (Direction des services départemen-taux de l'Éducation nationale) qui affecte, dans la limite des places disponibles. Pour ce qui est de l'affectation sur les CAP implantés en EREA, les élèves de SEGPA (Section d’enseignement général et professionnel adapté) se voient attribuer un bonus par la CDOEA-SD : les EREA ont vocation à accueillir en priorité ces élèves relevant de la difficulté scolaire avérée. Les familles, responsables de jeunes en situation de han-dicap, demandent à bénéficier des dispositions de la loi de 2005. Tous les ans, parfois en surnombre, des jeunes relevant du handicap sont inscrits à l'établissement. Depuis 6 ans, une convention avec l’ULIS pro du lycée Camille Claudel permet à des élèves qui n’ont aucun projet de formation de venir, pendant 3 à 4 semaines, en rotation sur nos ateliers pour découvrir les forma-tions professionnelles. À la fin de cette année de détermination, certains poursuivent en CAP ici, comme les élèves de l’EREA selon des modalités de scolarisation différenciées, temps d'inclusion variables, et à l'issue de leur scola-risation sur l'EREA, soit ils valident un CAP, soit ils se voient délivrer une attestation de compétences ».

lE PUBlICLa plupart des Établissements régionaux d’enseigne-ment adapté (EREA) reçoivent des élèves ayant des diffi-cultés scolaires et/ou sociales. L’admission d’un élève en EREA (avec acceptation des familles) se fait : • après décision de la Commission départementale

d’orientation vers les enseignements adaptés du second degré (CDOEA-SD), pour les élèves présentant des difficultés scolaires graves et durables ;

• après décision de la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH), pour les élèves présentant un handicapcognitif, moteur ou sensoriel.

lES oBjECTIfSLes EREA ont pour mission d’assurer un enseignement général, technologique et professionnel. Ils permettent aux élèves d’élaborer leur projet d’orien-tation et de formation ainsi que leur projet d’insertion professionnelle et sociale en fonction de leurs aspira-tions et de leurs capacités, par l’individualisation des durées et des parcours de formation. Ils proposent en interne, une poursuite d’études vers une formation qualifiante adaptée préparant au CAP.

lES ModAlITÉS dE foNCTIoNNEMENTLes EREA accueillent des élèves dont les difficultés par-ticulières exigent une prise en charge protégée au sein de groupes à effectifs restreints. Ils comportent souvent un internat qui est un atout éducatif à part entière.

La spécificité des EREA réside dans la prise en charge éducative proposée par l’internat, l’offre de formation professionnelle qualifiante et diplômante dans le cadre des mises en réseau (SEGPA, EREA, LP) et des schémas régionaux, et enfin la scolarisation de jeunes en situa-tion de handicap sensoriel ou moteur, renforcée par la présence d’un centre de soins et de plateaux techniques.

Établissements régionaux d’enseignement adapté (EREA)

Structures et dispositifs : orientation, qualification, insertion

Formation initiale

26 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

lE PUBlICLes élèves scolarisés au titre des ULIS peuvent présenter différents types de troubles :• troubles des fonctions cognitives ou mentales,• troubles spécifiques du langage et des apprentissages,• troubles envahissants du développement (dont

l’autisme),• troubles des fonctions motrices,• troubles de la fonction auditive,• troubles de la fonction visuelle,• troubles multiples associés (pluri-handicap ou maladies invalidantes).

l’AdMISSIoNL’orientation dans une ULIS a lieu sur décision de la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH). Il existe des ULIS école, collège et lycée.

lES oBjECTIfSGrâce à une organisation pédagogique adaptée, le dis-positif ULIS favorise l’inclusion scolaire des élèves en classe ordinaire dans le 1er et le 2nd degré. Ce dispositif ULIS permet les apprentissages scolaires par la mise en œuvre du Projet personnalisé de scolarisation (PPS) et du volet Projet personnel d’orientation (PPO).

lES ModAlITÉS dE foNCTIoNNEMENTUn coordinateur dans chaque ULIS est responsable de son organisation, en lien avec l’Équipe de suivi de la scolarisation (ESS). Les élèves sont scolarisés dans une classe ordinaire, en fonction du niveau de scolarité prévu dans leur PPS, sauf lorsque les objectifs d’apprentissage de ce PPS nécessitent un regroupement dans la classe ULIS (l’enseignement est alors dispensé par l’enseignant spécialisé coordinateur de l’ULIS). Au collège, les élèves possèdent un Livret scolaire unique (LSU) en référence aux programmes et au socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Ceux dont le PPS ne prévoit pas l’accès au Diplôme national du brevet (DNB) peuvent passer le Certificat de formation générale (CFG).

Au lycée général et technologique, les élèves sont ac-compagnés pour préparer leur entrée dans l’enseigne-ment supérieur. Ils sont, dès que possible, mis en rela-tion avec les référents « handicap » des grandes écoles ou le Relais handicap santé et l’association Handiuni de l’université. Au lycée professionnel, les élèves se perfectionnent dans les disciplines générales, tout en s’initiant aux techniques professionnelles. L’établissement organise le lien avec Cap emploi, les CFA (Centres de formation d'apprentis) et autres établissements proposant des plateaux tech-niques, en vue des stages et de l’insertion profession-nelle. Une attestation de compétences professionnelles est délivrée à chaque élève à sa sortie de l'ULIS.

Rencontre avec…

Laurie Legrand-Sohaï, conseillère en reclassement chez Cap emploi : « Les jeunes des ULIS ne se présentent pas nécessai-rement à Cap emploi après leur sortie de formation. Une rencontre au lycée avec un tour de table où

chacun se présente me permet de me représenter leur profil et commencer le diagnostic. Mieux je connais les jeunes, plus je leur propose les bons outils, les bonnes solutions, les bonnes démarches et orientation. La convention passée entre Cap emploi et l’ULIS du lycée Laplace nous permet de créer une passerelle entre la scolarité et l'entrée dans le monde du travail. Au sein de l’ULIS, le jeune est complètement pris en charge et se retrouve seul en juin. Imaginez la détresse des élèves et de leur famille. Même s’il n’y a pas de suivi possible par Cap emploi, le fait de donner l’information aux familles, de leur avoir expliqué la marche à suivre, les différentes solutions, cela les rassure énormément. Et dans certains cas, lorsqu’un contrat d’avenir ou autre contrat convient bien à un jeune, cela nous permet de le repérer et de tout prépa-rer en amont. Le maître mot est l'anticipation ! »

Unités localisées pour l’inclusion scolaire (ULIS)

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 27

formation initiale

se former dans le domaine de la chaudronnerie, des espaces verts ou de la logistique. C’est très impor-tant que l’équipe pédagogique de l’établissement par-tenaire accepte la présence de nos AVS et que l’emploi du temps du jeune puisse évoluer en cours d’année ». Pour faciliter l’insertion professionnelle de ses élèves, Madame Simon travaille en collaboration avec Laurie Legrand-Sohaï, référente Cap emploi : « Cela permet qu’à leur sortie de l’ULIS, les jeunes soient déjà repé-rés. Cap emploi sait qu’ils existent. Laurie Legrand les a déjà rencontrés, ils ont dialogué… ».

Vers la qualification« Nos élèves, précise Madame Duval-Lebret, pré-

sentent des troubles des fonctions cognitives et sont en grande difficulté par rapport aux apprentissages scolaires. Certains ne maîtrisent ni la lecture, ni le calcul. D’autres ont des compétences plus élevées mais elles se situent en général au-dessous du palier 2 du socle commun de compétence (niveau CM2). Notre objectif est de leur permettre de construire leur projet professionnel pour les amener ensuite vers la qualifi-cation professionnelle, par la validation d’un CAP ou la délivrance d’une attestation de compétences. Pour chaque élève qui nous est confié, notre idée est de l’emmener au bout et de le faire réussir ».Madame Simon insiste sur la valorisation des compé-tences que maîtrise le jeune : « Un professionnel qui maîtrise parfaitement une seule tâche d’un CAP don-né, par exemple l’enduisage bandage de deux plaques de plâtre, peut être une vraie pépite pour l’entreprise ».

Construire un projet réalisteEn principe, un élève qui entre dans l’ULIS est posi-

tionné sur trois ans. La première année correspond à une année de détermination pendant laquelle le jeune définit son projet professionnel avant d’être affecté dans le CAP de son choix.« Il est rare précise Madame Simon, enseignante coor-dinatrice de l’ULIS, qu’un élève arrive avec un pro-jet professionnel réaliste et adapté. Ils ont besoin de temps pour construire et affiner leur projet. Une rotation sur les cinq ateliers du lycée professionnel s’ajoute aux dix semaines de stage, ce qui leur permet de se confronter à la réalité du métier ».

Transmettre de pair à pairLe choix de l’équipe est de s’appuyer systématique-

ment sur les élèves de 2e année de CAP car ils ont déjà développé des compétences professionnelles, sont partis en entreprise et commencent à mieux se repré-senter leur futur métier. « Ils sont de manière générale, plus autonomes. Cette transmission de pair à pair est vraiment très impor-tante car il y a une proximité plus grande entre le jeune de l’ULIS et l’élève de CAP qui se sent, quant à lui, valorisé par son rôle de tuteur. C’est bénéfique pour chacun d’entre eux ».

Travailler en réseauPour les élèves entrant dans l’ULIS, des bilans très

réguliers avec la famille et tous les partenaires (profes-sionnels de santé, éducatifs et sociaux) sont réalisés au fur et à mesure de l’avancement du projet (compé-tences scolaires, adaptation au lycée, stages envisagés, etc.). En fin d’année, une Équipe de suivi de scolarisation (ESS) est réalisée à l’initiative de l’enseignant référent. « Quels que soient les projets de nos élèves, précise Madame Duval-Lebret, proviseure adjointe, nous pou-vons les accompagner pour qu’ils intègrent la for-mation qu’ils souhaitent dans la structure qui va les accueillir du mieux possible. Des conventions ont été signées avec le lycée Jules Verne, l’Institut Lemonnier ou Sainte-Ursule pour des jeunes qui souhaitaient

Zoom sur…

L’ULIS PRO DU LYCÉE LAPLACE

Elizabeth

Duval-Lebret,

proviseure adjointe

du lycée Laplace.

Monique Simon,

coordinatrice d'ULIS

au lycée Laplace.

Structures et dispositifs : orientation, qualification, insertion

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 27

Structures et dispositifs : orientation, qualification, insertion

Formation initiale

Rencontre avec…

28 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

julia Midelet, responsable ASH, ESPE Caen / Rouen

Le développement de l’autonomieOn attend des jeunes qu’ils soient capables d’être

autonomes pour contacter les entreprises, prendre des décisions et si besoin, repartir en formation. Pour les jeunes d’ULIS, pour qui l’acquisition de l’au-tonomie est souvent difficile, un travail plus impor-tant doit être mis en place, en amont. Il y a tout un travail à faire, y compris de la part des familles, pour les aider à développer leur autonomie dans les transports et de manière générale, dans la vie quotidienne, maîtriser des outils pour faire des recherches : aller sur Internet, sur le site de l’Onisep ou celui de Pôle emploi…

L’importance de la qualificationLa question de l’autonomie est très importante,

mais d’une manière générale, par rapport à tous les types de handicap, la problématique qui revient en premier, c’est la question du niveau d’études. Comme pour tous les jeunes sans handicap, ceux qui sortent du système éducatif sans avoir validé, ne serait-ce qu’un CAP, auront des difficultés pour trouver un emploi, mais là, il faut en plus, rajouter le handicap. Certains élèves d’ULIS valident un CAP complet, mais quand ce n’est pas possible, il faut au moins qu’ils obtiennent une attestation de compétences.

La reconnaissance du handicapLa MDPH offre la possibilité d’avoir une recon-

naissance de travailleur handicapé, mais lors d’un entretien d’embauche, rien n’oblige à le dire. Cela fait partie des stratégies à défendre. Soit je ne dis rien, au risque qu’une fois en poste, je me retrouve en dif-ficulté, et auquel cas, comme tout le monde, je risque la rupture de contrat. Soit je le dis, et cela me permet de négocier un aménagement de poste. La principale difficulté concerne tous ceux qui présentent une déficience intellectuelle, des troubles des fonctions

cognitives ou un handicap psychique, pour lesquelles finalement, nous avons moins de connaissances. Ils font peut-être un peu plus peur… on ne leur laisse peut-être pas les mêmes chances… par exemple, au niveau des entretiens d’embauche.

L’enjeu de la compétenceL’idée est de partir sur de vraies compétences

professionnelles validées par les entreprises. Il ne suffit pas simplement d’accueillir les jeunes en stage pour leur faire plaisir. Cela donne peut-être bonne conscience mais cela n’aide pas du tout pour le projet professionnel. Dans le 2nd degré, il y a un gros travail à faire sur l’évaluation avec l’idée de pouvoir positionner très clairement les compétences des jeunes : qu’est-ce qu’ils sont capables de faire / pas capables de faire.Qu’ils soient vraiment conscients de leurs capacités pour qu’au niveau de la construction de leur projet professionnel on ne parte pas vers des projets irréa-lisables au regard des compétences réelles du jeune.Le rôle des enseignants, dans le 2nd degré, est de les aider à avoir une vision réaliste sur les métiers et le monde de l’entreprise. Un jeune qui a une déficience intellectuelle pourra difficilement devenir médecin. Mais peut-être que si le monde médical l’intéresse, il serait intéressant de lui faire découvrir les métiers en lien avec le médical. Rien de l’empêche de travailler dans le domaine de la vente de matériel médical, par exemple. Il y a un vrai travail à faire autour des compétences réelles des jeunes, sans pour autant les décourager. Il faut absolument éviter de les surprotéger juste parce qu’il y a un handicap car une fois sortis de l’école, ils sortent aussi de ce « tout cocon ». Il faut trouver le juste milieu et faire un accompagnement spécifique par rapport à ça. Il y a aussi le suivi avec la famille parce que la ques-tion du handicap les submerge. Il y a une grosse inquiétude de la part des familles par rapport à l’in-sertion professionnelle.

© E.DAL'SECCO/ONISEP

   Rouen : une expérimentation sur l’évaluation des compétencesprofessionnelles en partenariat avec l'association ARAMIS

Nous allions ainsi sur une graduation avec chaque

fois, un nouveau paramètre. Cela permettait de se

rendre compte de la capacité du jeune à exécuter

la tâche dans un contexte connu, puis inconnu.

Tout le référentiel de CAP pouvait ainsi être évalué

et donner lieu à des attestations de compétences

délivrées par l’association ARAMIS, une association

très reconnue dans le domaine de l’insertion des

personnes en situation de handicap qui travaille

en étroite collaboration avec les entreprises.

Grâce à ce portefeuille de compétences, les jeunes

présentent aux employeurs potentiels ce qu’ils sont

capables de faire. »

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 29

« L’expérimentation que nous avons mise en place

sur l’académie de Rouen et que nous envisageons

d’étendre ici devait permettre à des élèves d’ULIS

lycée et d’établissements spécialisés avec une

déficience intellectuelle légère ou des troubles des

fonctions cognitives, de valoriser les compétences

professionnelles qu’ils avaient pu acquérir au cours

de leur formation. On voulait que les élèves qui

n’obtiennent pas leur CAP (parce qu’ils valident les

compétences professionnelles mais pas le domaine

général) aient malgré tout une reconnaissance de

leurs compétences.

Dans le projet que nous avons soumis à l’Agence

régionale de santé, qui gère les établissements

spécialisés, et à l’Éducation nationale, nous avons

établi des correspondances entre les compétences

professionnelles développées dans le CAP et le réfé-

rentiel professionnel de l’AfPA. Ce référentiel pour

la formation professionnelle qualifiante des adultes

parle beaucoup plus aux entreprises que le référen-

tiel du CAP. Nous avons donc établi des ponts entre

les deux et proposé de ne valider les compétences

professionnelles du jeune que lorsque l’enseignant

ou l’éducateur qui le suivait estimait qu’il était prêt.

Pour le CAP Restaurant, par exemple, une des

compétences consiste à savoir couper le fromage

en 8 parts égales. Lorsqu’on sentait que le jeune

était prêt, on lui faisait d’abord passer l’épreuve,

dans son établissement, dans la cuisine dans laquelle

il avait appris à le faire, avec son éducateur ou son

enseignant. Il se trouvait dans un espace sécurisé

et savait ce qu’il avait à faire.

Puis dans un second temps, nous lui faisions passer

la même épreuve, dans un autre établissement,

toujours en présence de son éducateur ou de son

enseignant, mais en présence, également, d’un

membre du jury qu’il ne connaissait pas.

Enfin, troisième étape, le jeune passait à nouveau

la même épreuve, mais cette fois, plutôt dans une

entreprise, sans son enseignant ou son éducateur et

devant des membres du jury qu’il ne connaissait pas.

© E.D

AL'SE

CCO/O

NISEP

© E.DAL'SECCO/ONISEP

Structures et dispositifs : orientation, qualification, insertion

Formation initiale

30 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

lE PUBlIC

Lorsqu’il est suffisamment autonome, l’élève handicapé peut être scolarisé en classe ordinaire.

lES oBjECTIfSAu lycée professionnel, l’objectif est d’obtenir un di-plôme (CAP, bac professionnel…) pour apprendre un métier, en passant progressivement de l'école au monde du travail.

Les diplômes professionnels peuvent également se pré-parer en établissement d'enseignement agricole, dans un lycée professionnel agricole ou une MfR (Maison familiale rurale).

Le lycée général et technologique ne permet pas d’ob-tenir directement une qualification mais représente, avec l’obtention du baccalauréat, le passage vers l’ensei-gnement supérieur.

lES ModAlITÉS dE foNCTIoNNEMENTEn fin de 3e, pour assurer la continuité du parcours scolaire, l’équipe de suivi de la scolarisation et l’ensei-gnant référent prévoient l’actualisation du PPS (Projet personnalisé de scolarisation). Ils tiennent compte des décisions d’orientation du conseil de classe et informent l’équipe éducative de l’établissement d’accueil des amé-nagements nécessaires.

Pour acquérir une qualification dans la voie profession-nelle, le jeune a la possibilité de poursuivre ses études en lycée professionnel, en lycée professionnel agricole ou en Maison familiale rurale. Un système d’affectation informatisé lui permet d’obte-nir une place dans la formation et l’établissement de-mandé.

Pour faciliter sa scolarité et sa vie quotidienne, l’élève handicapé peut bénéficier :• d’aides humaines : auxiliaire de vie scolaire,

interprète en langue des signes ;• d’aides techniques : prêt de matériel pédagogique

adapté (ordinateur avec synthèse vocale, par exemple) ;

• de séances de rééducation, effectuées sur place, par des professionnels du service de soins à domicile ;

• d’aménagements des conditions pour passer les examens.

Il peut également être dispensé de certains cours ou re-cevoir des enseignements adaptés, par exemple en EPS (Éducation physique et sportive).

Établissements du second degré

© E.

DAL'S

ECCO

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P

Rencontre avec…

Laurent Macrel, ancien directeur de l'éducation et des formations sanitaires et sociales, Région Normandie

Professionnalisation des aides humainesL’État vient de créer un diplôme d’État Accompagne-

ment éducatif et social (AES) avec trois spécialités : - accompagnement à domicile ; - accompagnement en établissement spécialisé ;- accompagnement en milieu scolaire. Ces formations, entièrement financées par la région, contribuent à la professionnalisation des accompa-gnants, grâce à un statut stable et une reconnais-sance de leurs compétences. Les premiers diplômés, formés à la Croix-Rouge d’Alençon et à l’IRTS d’Hérouville-Saint-Clair, sortiront en juin 2017. Grâce aussi à l’aide de l’État, qui fournit un très grand nombre d’auxiliaires de vie scolaire, le nombre d’élèves en situation de handicap scolarisés au lycée, en classe ordinaire, augmente sensiblement. C’est une revendication forte des familles et des usagers. Au cours des trois dernières années, je n’ai jamais eu d’établissements, d’équipes de direction ou d’équipes enseignantes « se plaignant » des contraintes qu’ap-porte la scolarisation d’enfants handicapés. Mais on a aussi, côté région, à rendre accessible les locaux pour faciliter la vie de ces personnes.

Agenda d’accessibilité programméeD’ici 2025, afin de se mettre en conformité avec

la loi de février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des per-sonnes handicapées, tous les établissements publics scolaires qui relèvent de la région seront accessibles à tous types de handicap, aussi bien pour les élèves que pour les personnels (administratifs, techniques, enseignants).

Un plan ambitieux, de plus de 53 millions d’euros éta-lé sur 9 ans, en trois vagues successives, a été validé, fin 2015, par la préfecture et le conseil régional. Une fois ce plan lancé, un des enjeux de la région, avec le rectorat de Caen, sera d’avoir un site Internet qui recense tous les établissements et leur niveau d’accessibilité. Comme un élève en situation de han-dicap peut, de manière quasi systématique, bénéfi-cier d’une dérogation, pour choisir, par exemple, un établissement plus petit ou qui a une accessibilité beaucoup plus grande que son lycée de secteur, cela représente, pour les familles, en attendant 2025, un outil d’aide à la décision.Boutons d’ascenseurs, interrupteurs pour les lumières, poignées de porte, systèmes d’alerte, évacuation en cas d’incendie ou d’exercice de confinement : pour l’instant, rien n’est fait, ou très peu, pour les per-sonnes en situation de handicap. Au-delà de l’acces-sibilité, l’intérêt serait de rendre le quotidien plus facile : des tables plus larges ; un espace plus impor-tant pour circuler, une signalétique visuelle ou auditive adaptée, du matériel scolaire adapté, etc.

Soutien aux associationsSur le territoire de l’académie de Caen, la région a

noué, depuis une dizaine d’années, des partenariats avec trois associations : l’APEDAC, une association de parents d’élèves déficients auditifs du Calvados ; AideDV, une association qui aide les élèves déficients visuels de la Manche ; et l’APAJH, également pour les jeunes déficients visuels, avec le centre braille héber-gé actuellement au collège Marcel Pagnol de Caen. La région leur verse des subventions de fonctionne-ment pour les aider dans le cadre de leurs missions d’aide à la scolarisation des élèves en situation de handicap.

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 31

© E.DAL'SECCO/ONISEP

32 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

Structures et dispositifs : orientation, qualification, insertion

Formation initiale

lE PUBlICLe contrat d’apprentissage, dans le cadre du handicap, nécessite la Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) attribuée par la CDAPH (Commission des droits et de l’autonomie des personnes handica-pées). Dans ce cas, il n’y plus de limite d'âge.

lES oBjECTIfSL'apprentissage permet d'obtenir une qualification pro-fessionnelle sanctionnée par un diplôme professionnel, technologique ou universitaire, du CAP (Certificat d’apti-tude professionnelle) au bac + 5.

lES ModAlITÉS dE foNCTIoNNEMENTLe jeune doit lui-même chercher une entreprise suscep-tible de l'accueillir en tant qu'apprenti et c'est ensuite à l'entreprise de l'inscrire en CFA (Centre de formation d'apprentis).

Le contrat d’apprentissage est un contrat de travail particulier, d'une durée de un à trois ans selon les cas, qui repose sur l'alternance entre un enseignement théorique en CFA et un enseignement du métier chez l'employeur. Le CDD (Contrat de travail à durée déterminée) est rému-néré entre 25 et 75 % du Smic selon l'âge et le diplôme préparé. Il est signé par l'apprenti, l'employeur et le centre de formation. Pour un jeune en situation de handicap, le contrat peut être prolongé d'un an, par dérogation.Si l'apprenti ne peut fréquenter le CFA du fait de son handicap, il peut suivre un enseignement à distance (sur autorisation du recteur).

Rencontre avec…

Sylviane Thomas-Dumanoir, inspectrice de l'Éducation natio-nale, chargée de l'apprentissage, académie de Caen : « Le Service académique de l’inspection de l’ap-prentissage (SAIA) est placé sous l’autorité du recteur. Il est chargé

du contrôle pédagogique et du contrôle administratif et financier des centres de formation d’apprentis par les corps d’inspection. Nous avons à la fois des missions de conseil et d’expertise auprès des CFA. Nous pouvons intervenir, par exemple, sur l’organisation de l’alternance et des évaluations en vue de l’examen final ou être mandaté par les Institutions publiques pour réaliser des études relatives à l’apprentissage. Le SAIA a pour mission de contrôler la qualification des formateurs et leurs compétences à enseigner. Il vérifie la formation dispensée aux apprentis, tant dans le CFA que dans l’entreprise, et il s’assure de la conformité des équipements et des installations.En 2015, le rectorat, en tant qu'employeur, a recruté trois jeunes en situation de handicap pour des contrats d’apprentissage ».

Centres de formation des apprentis (CFA)

© L.

MERC

IER/FF

B

Structures et dispositifs : orientation, qualification, insertion

formation initiale

Sylviane Thomas-Dumanoir, du SAIA, m’a également proposé d’intervenir dans une réunion qu’elle avait montée à l’intention des formateurs de l’ICEP-CfA pour présenter le handicap et l’alternance. Nous res-tons à disposition pour tout échange ou présentation si le besoin s’en fait sentir.

Anticiper l'alternanceCe qui est intéressant, avec l’Éducation nationale,

comme avec les structures médico-sociales, c’est que nous pouvons vraiment intervenir en amont : lorsqu’un collège, un lycée, une ULIS ou une SEGPA repère une situation de handicap et qu’il y a un projet d’alternance, ils peuvent nous demander notre avis, avant une période de stage, par exemple, sur le choix de l’entreprise ou les vigilances en lien avec le han-dicap.De manière générale, les coordinateurs des disposi-tifs ULIS peuvent nous contacter lorsqu’il y a des pro-jets d’alternance. C’est le cas, par exemple, au lycée professionnel Camille Claudel. Nous signons aussi des conventions, comme par exemple à Alençon, avec des collèges qui ont des SEGPA. Certains élèves sont passés entre les mailles du filet en compensant eux-mêmes le handicap tout au long de leur scolarité. Si une situation de handicap est repérée et qu’il y a un projet d’alternance, on peut intervenir, pour éclairer les deux.

Quelques chiffresL’année dernière, ALfAH accompagnait 183 béné-

ficiaires. Les taux de réussite étaient de 73 % avec 58 % de taux d’emploi à 6 mois. 80 % sur du niveau V et 17 % de niveau bac et plus. Les CfA, en lien avec les entreprises, ont délivré une attestation de com-pétences aux deux ou trois bénéficiaires qui n’avaient pas pu valider le diplôme complètement. Aujourd’hui, nos 7 chargés d’accompagnement suivent 30 bénéficiaires chacun, ce qui représente plus de 200 contrats d’alternance sur le Calvados, la Manche et l’Orne.

L'accès au droit communfinancé par l’AGEfIPH, l’État et la région, le DASAA

(Dispositif d’appui et de soutien à l’apprentissage et à la qualification par alternance) a été créé en 2001, afin de favoriser la formation en alternance en milieu ordi-naire (CfA et entreprises) des personnes en situation de handicap. L’esprit de la loi de 2005 avant l’heure : être avec tout le monde, comme tout le monde.

Compenser les situations de handicap

Les chargés d’accompagnement travaillent en étroite collaboration avec l’employeur et le CfA (Centre de formation des apprentis). Ils mettent en place, avec les structures spécialisées (ARIADA, SIADV, etc.), selon le type de handicap et la PPS demandée (Prescription ponctuelle spécifique), tous les moyens de compensation nécessaires pour per-mettre la montée en compétences et la prise en compte des points forts et des points faibles du béné-ficiaire. Il est à noter qu’ALfAH est le prestataire pour les PPS relatives au handicap mental (voir p. 48).

Le travail en réseauLa raison d’être de l’association ALfAH est la mise

en synergie des partenariats et le travail en réseau. Les chargés d’accompagnement se rendent en entre-prise, dans l’organisme de formation, en famille et dans les ateliers de soutien de remédiation cognitive. Ce sont les formateurs des CfA, que nous avons for-més au handicap, qui animent ces ateliers financés par la région, le chargé de suivi alternance d’Alfah s’occupant de la coordination du contenu des ateliers avec l’activité de travail en entreprise et avec le pro-gramme en CfA.Les MDPH sont des partenaires d’importance pour l’ensemble des handicaps. Nous constatons cepen-dant une montée en charge des accompagnements de bénéficiaires présentant des troubles « Dys ». Nous avons présenté le DASAA à des équipes péda-gogiques, sur flers, Coutances, etc. L’année dernière,

Zoom sur…

L'ASSOCIATION ALfAH

Gérald Halley,

directeur de l'association

Alternance formation

apprentissage handicap

(ALFAH).

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 33

34 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

Structures et dispositifs : orientation, qualification, insertion

formation initiale

lE PUBlIC

Obtenir le baccalauréat est la condition indispensable pour accéder à l’enseignement supérieur. La procédure d’Admission post-bac (APB) est la même pour tous les élèves de terminale, qu’ils soient handicapés ou non.

lES oBjECTIfSAujourd'hui de plus en plus de jeunes handicapés pour-suivent leurs études dans l'enseignement supérieur. S’orienter vers les diplômes de l’enseignement supérieur augmente les chances de trouver un emploi. Permettant une continuité dans le cursus (locaux et équipe pédago-gique), une école post-bac peut s'avérer plus confortable en termes d'adaptation, de rythme et d'aménagement des études.

lES ModAlITÉS dE foNCTIoNNEMENTDepuis la loi du 11 février 2005 les établissements d’en-seignement supérieur sont chargés de mettre en œuvre

la totalité des aides et des adaptations nécessaires aux étudiants handicapés en collaboration avec les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) et les associations spécialisées pour une meilleure prise en compte des incidences du handicap sur la vie quoti-dienne (transports, logement, aide humaine…).

• En BTS Des STS (Sections de techniciens supérieurs), implan-tées dans les lycées, offrent un cadre d’études semblable à celui des classes du secondaire. Les élèves en situation de handicap peuvent continuer à y bénéficier des amé-nagements accordés jusqu’à leur bac.

• à l’UniversitéLes étudiants handicapés bénéficient du soutien de plu-sieurs dispositifs pour suivre leurs études et faire face aux difficultés du quotidien :• le Relais handicap santé reçoit et accompagne les

étudiants, depuis leur entrée à l’université jusqu’à leur insertion dans la vie active. Il les assiste dans différents domaines (pédagogique, humain, technique et adminis-tratif). L’étudiant peut par exemple, avoir besoin d’un preneur de notes, d’un interprète en langue des signes ou d’une synthèse vocale ;

• le SUMPPS (Service universitaire de médecine préven-tive et de promotion de la santé), service médical gra-tuit, accueille les étudiants en situation de handicap et les accompagne au cours de leur formation pour tout ce qui concerne les demandes d’aménagements pour un examen, de nouveaux moyens de compensation te-nant compte de l’évolution des besoins de l’étudiant… ;

• l'Espace orientation insertion, service d’aide à l’orien-tation et à l’insertion professionnelle, travaille en liaison étroite avec le relais handicap de l’université afin de ré-pondre aux besoins spécifiques des étudiants handicapés ;

• l’association Handiuni aide les étudiants dans leurs recherches de stages et d'emploi.

• En école de commerceDe nombreux aménagements sont possibles (examen dans une salle à part, tiers temps supplémentaire pour les épreuves de sélection, adaptation du pupitre, loge-ments adaptés pendant les oraux, cours supplémentaires

Enseignement superieur

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DAL'S

ECCO

/ONISE

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ou numériques, ordinateur avec logiciels adaptés, secré-taire…). Mais il est nécessaire de contacter les écoles dès le mois de mars, lors de l’inscription aux concours d’en-trée. Les écoles disposent, pour la plupart, d’un référent handicap qui informe sur les démarches à suivre. Certaines entreprises proposent une bourse aux étu-diants pour financer les surcoûts liés au handicap ; d’autres ont mis en place un système de tutorat et d’ac-compagnement pendant les stages. Toutes dispositions dont le référent handicap peut être le relais.

• En école d'ingénieurDe plus en plus d'étudiants handicapés sont admis dans les écoles d'ingénieurs. Cependant, nombreux sont ceux qui hésitent encore à pousser les portes des grandes écoles malgré les efforts faits pour les accueillir. Tiers temps supplémentaire, ordinateur ou matériel adapté, dispense d'épreuve… des adaptations nécessaires lors des concours sont mises en place après avis du médecin scolaire qui transmet ses conclusions au médecin dési-gné par la Commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées (CDAPH). Dans de nombreuses écoles, des référents handicap peuvent informer sur ces modalités. Certaines entre-prises se mobilisent et offrent des stages et du tutorat aux étudiants handicapés. C’est le cas notamment des membres des associations Arpejeh ou Tremplin.

• En classes préparatoires aux grandes écolesEn classes préparatoires le rythme est soutenu. C’est particulièrement vrai pour les étudiants handicapés. Pour étudier dans de bonnes conditions dès le départ, il faut parfois s’y prendre longtemps à l’avance pour effec-tuer les démarches, obtenir les aménagements, réfléchir aux solutions à trouver… En 2013, 58 inscrits en CPGE (Classes préparatoires aux grandes écoles) étaient déclarés en situation de handicap. Encore peu nombreux, Stéphane, Mohamed, Félix… réunis lors des rencontres nationales de la fedeeh (Fédération étudiante pour une dynamique études et emploi avec un handicap) témoignent pour-tant que c’est possible. Ils ont partagé leur expérience et leurs conseils (à lire sur www.onisep.fr).

Les élèves en situation de handicap ont-ils un bonus dans le portail admission post-bac (apB) ?

Non, il n’y a pas de « bonus » prévu dans le cadre de la procédure d’admission dans le portail post-bac (APB).La loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handica-pées a fixé pour principe central la com-

pensation des conséquences du handicap. A l’École, ce droit se réalise notamment par des enseignements prenant en compte les besoins spécifiques d’apprentissage, l’attribution de matériel adapté, l’accom-pagnement humain par des personnels dont l’action est intégralement dédiée à cette mission.

Année après année, le nombre d’élèves en situation de handicap accédant à l’enseignement supérieur augmente. Cependant, malgré l’importance des moyens mis en œuvre dans le cadre de leur scolari-sation, certains d’entre eux ne poursuivent pas leur formation après le baccalauréat ou postulent pour des formations qui ne sont pas en correspondance avec le baccalauréat obtenu.

Depuis 2014, afin de faciliter l’orientation des élèves en situation de handicap ou malades et de développer leur accès à l’enseignement supérieur, l’académie de Caen a renforcé leur accompagnement. Sous la responsabilité du chef d’établissement, un travail d’informa-tion et d’orientation est organisé en concertation avec la famille, le jeune, les équipes pédagogiques et éducatives, ainsi que les personnels médico-psychologiques connaissant le jeune afin de faciliter sa future scolarité (accessibilité pédagogique et matérielle). Une commission académique d’orientation en BTS, DCG, DTS et CPGE des élèves en situation de handicap ou relevant d’un avis médical étu-die les vœux des candidats et la possibilité de faire bénéficier d’une proposition prioritaire les élèves concernés.

En mai 2016, 33 dossiers ont été étudiés. 5 ont donné lieu à un avis favorable. 32 jeunes ont accédé à une formation supérieure corres-pondant à un des vœux inscrits sur le portail post-bac APB.

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 35

ThIERRy PoTdEvIN, INSPECTEUR DE L'ÉDUCATION NATIONALE ASH,

CONSEILLER TECHNIQUE DU RECTEUR

BTS : Brevet de technicien supérieurdCG : Diplôme de comptabilité et de gestiondTS : Diplôme de technicien supérieurCPGE : Classe préparatoire aux grandes écoles

Rencontre avec…

Sébastien Marie, président de l'association Handiuni

Présentation de l'associationL’association Handiuni est une association loi 1901,

créée en 1990 à l’initiative d’étudiants qui voulaient faire valoir leurs droits. En 1995, l’université passe une commande à la fPSR (actuel Cap emploi) sur l’insertion professionnelle des étudiants en situation de handicap et confie l’étude de terrain à Handiuni. Cela débouche, en 1998, sur la création du disposi-tif d’accompagnement des étudiants en situation de handicap vers l’insertion professionnelle que nous connaissons aujourd’hui.

Les caractéristiques des étudiantsLes profils sont très variés. Nous accompagnons

des étudiants ayant des problèmes de santé ainsi que des étudiants ayant tous types de handicap (moteur, sensoriel, psychique), visibles ou non, ponctuels ou durables. Nous observons, au fil des années, une augmentation des autistes Asperger et des troubles « dys », reconnus comme handicap depuis la loi de 2005, et qui arrivent maintenant dans le supérieur. Les 60 étudiants que nous suivons actuellement sont inscrits dans des filières très diverses. Plus de la moitié suivent un cursus à l’université (licence, master, doctorat et IUT), 5 sont en BTS et 2 en école d’ingénieur. Les jeunes peuvent venir nous voir dès la classe de terminale afin de préparer leur entrée en études supérieures. Les jeunes que nous recevons sont donc de tous niveaux et de toutes filières.

L'accueil et l'accompagnementEn fonction de leurs besoins et de leurs attentes,

différentes actions peuvent être proposées aux étu-diants : travail sur le projet professionnel, accompa-gnement dans la recherche de stages, de contrats d’alternance, d’emplois saisonniers ou d’emplois durables, en fin de cursus. Nous sommes en lien avec une centaine d’entreprises, publiques et privées, sur

les trois départements. Nous prospectons également afin de pouvoir répondre au mieux aux besoins des étudiants. Nous faisons aussi un peu de sensibilisa-tion auprès des employeurs. Nous aidons également les étudiants sur les techniques de recherche d’em-ploi : aide à la rédaction des CV et lettre de motivation, préparation et/ou simulation d’entretien d’embauche.Un centre ressource leur permet d’accéder à de nom-breuses informations liées aux différents secteurs professionnels, métiers… informations que nous complétons par des enquêtes métiers. Ce sont des rencontres ponctuelles entre un étudiant intéressé par un secteur professionnel donné et une personne qui travaille dans ce secteur pour qu’elle lui explique son métier, ce qu’elle fait, les compétences requises… Cela permet aux étudiants d’avoir une vision des métiers dans lesquels ils se projettent et d’évaluer si leur handicap posera problème ou pas, s’il y aura besoin d’aménagements dans le cadre du travail… Nous proposons également des parrainages avec les mêmes objectifs que les enquêtes métiers, si ce n’est que le parrainage se fait sur une période donnée, avec des rencontres à fréquence régulière. Il y a aussi tout un accompagnement dans la rédaction des docu-ments administratifs : formulaire de demandes de la MDPH, dossier de candidature en vue d’intégrer une filière sélective… Nous informons aussi les étudiants sur les structures et dispositifs de santé existants. Handiuni est également un centre ressources où le public peut venir consulter des ouvrages thématiques ou des plaquettes mises à disposition.

La libre adhésion des étudiantsLes étudiants en situation de handicap sont suivis

par Handiuni sur la base du volontariat. Ils n’ont au-cune obligation à l’égard de notre structure, ils sont libres de venir quand ils le veulent. Nous pouvons les rencontrer et les accompagner pendant leur première année et ne plus les revoir pendant plusieurs mois si aucun besoin ne se fait ressentir. Nous pouvons éga-lement les accompagner pendant plusieurs années ou bien encore, les rencontrer pour la première fois

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Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 37

lors de leur recherche d’emploi en fin de cursus. Cha-cun, peut, s’il le souhaite, adhérer à l’association afin de soutenir notre action.

L'arrivée en études supérieuresLa transition entre le lycée et l’université n’est pas

toujours évidente. Ils arrivent dans un lieu plus grand que l’espace du lycée. Ce n’est pas le même fonction-nement. Ils doivent apprendre à travailler de manière autonome alors que bien souvent ils ont quitté le domicile familial pour venir faire leurs études à Caen. Il peut y avoir des situations où les étudiants sont un petit peu perdus. Les étudiants, nouvellement ins-crits, peuvent se rendre compte à l’issue du premier semestre que leur filière ne correspond pas à leurs aspirations ou n’est pas compatible avec leur handicap.

Nous intervenons donc (en lien avec le Service orien-tation insertion de l’université) auprès de l’étudiant afin de travailler sur un nouveau projet professionnel.

Les problématiques rencontrées par tous les étu-diants, valides ou non, sont les mêmes : isolement, précarité, logement… cependant le handicap constitue un obstacle supplémentaire. L’association est donc là pour répondre aux questions liées au projet profes-sionnel et à l’insertion tout en prenant en compte l’étudiant dans sa globalité.

Un atelier sur l'image de soiPour la première fois en 2015, Handiuni a mis en

place un atelier à destination des étudiants. L’objectif était de leur délivrer des conseils qui leur permettent de prendre confiance en eux et d’avoir toutes les clés en main pour réussir un entretien d’embauche, en termes de présentation comme de gestuelle. Au total, 12 étudiants ont participé à cet atelier qui se déroulait en deux temps : un atelier collectif sur des points essentiels (qu’est-ce que l’image de soi, la confiance en soi et l’estime de soi, le conseil en image) et un entretien individuel. Les étudiants peuvent être dans le déni du handicap, ne pas aller bien et cela se ressent beaucoup dans leur savoir être. Nous avons donc fait appel à une conseillère en image. Nous nous sommes aperçus que les étudiants avaient énormément besoin d’être écoutés et remis en confiance.

La reconnaissance du handicapCe sont les stages et les mises en relation avec les

professionnels au cours des études qui permettent aux étudiants de comprendre l’intérêt de cette dé-marche. De notre côté, nous informons les étudiants sur les droits existants (RQTH, AAH, PCH, etc.) et surtout, nous échangeons sur les craintes ou les freins à une démarche de reconnaissance de handi-cap. Si l’étudiant souhaite monter un dossier ou sim-plement le renouveler, nous lui proposons un accom-pagnement. Nous sommes aussi régulièrement en contact avec la MDPH pour des questions relatives aux dossiers, comme les dates de commission par exemple, ou pour obtenir des informations spécifiques : durée de validité du certificat médical, cumul Allocation adulte handicapé (AAH) et travail, etc.

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Structures et dispositifs : orientation, qualification, insertion

lE PUBlICLa mission locale a une mission de service public pour les jeunes de 16 à 25 ans qui ne sont plus scolarisés.

lES oBjECTIfSElle intervient auprès des jeunes pour les aider à ré-soudre l’ensemble des problèmes liés à leur insertion sociale et professionnelle. Elle intervient donc dans tous les domaines : orientation, formation, emploi, logement, santé, mobilité, citoyenneté, sports, loisirs, culture. L’objectif des missions locales est de favoriser la concer-tation entre les différents partenaires pour construire des actions adaptées aux besoins des jeunes et aux réa-lités locales.

lES ModAlITÉS dE foNCTIoNNEMENTChaque jeune accueilli bénéficie d’un suivi personnalisé dans le cadre de ses démarches. Les structures d’accueil doivent apporter des réponses aux questions d’emploi et de formation mais aussi sur le logement ou la santé.Chaque jeune, selon son niveau, ses besoins, ses diffi-cultés, peut bénéficier de réponses individualisées pour définir son objectif professionnel et les étapes de sa réa-lisation, pour établir son projet de formation et l’accom-plir, pour accéder à l’emploi et s’y maintenir.

Rencontre avec…

Lionel Corbière, directeur de la Mission locale d'Alençon :« Les jeunes de 16 – 25 ans en situation de handicap sont suivis par Cap emploi lorsque la notification de la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées) les

oriente vers le milieu ordinaire. Si les jeunes ont une orientation milieu protégé, en ESAT (Établissement et service d'aide par le travail), ou bien s'ils présentent des difficultés sociales impor-tantes, ils sont accompagnés par les conseillers de la Mission locale. Dans le cadre du handicap, nous recevons trois publics : des jeunes qui ont déjà une Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) ; des jeunes qui n’ont pas de reconnaissance mais pour lesquels on estime qu’il serait pertinent de monter un dossier pour en faire la demande (c’est alors le travail du conseiller de lever les freins, y compris au sein de la famille, car le handicap fait peur) ; et des jeunes dont l’orientation peut être amenée à être modifiée parce qu’ils étaient en grande difficulté dans le milieu ordinaire et seraient peut-être plus à l’aise dans le milieu protégé. L’accès à l’emploi peut être favorisé par des dispositifs tels que la Garantie Jeunes ou le programme Réussir de la région qui vise à définir un projet professionnel et à faire des immersions en entreprises. Les jeunes peuvent aussi bénéficier de l’IAE (Insertion par l’activité économique) à travers les chantiers d’insertion. Ils peuvent être embauchés en Contrats à durée déterminée d’insertion (CDDI), sur des périodes de 6 mois, voire plus. Ces expérience sont des premières marches vers l’insertion professionnelle et permettent d’évaluer à la fois les compétences et l’employabilité. Lorsqu’une immersion en entreprise peut se concrétiser par un contrat de travail, Cap emploi déroule toute la panoplie des aides à l’embauche ».

Missions locales

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PRAT

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16 - 25 ans

Structures et dispositifs : orientation, qualification, insertion

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 39

lE PUBlICCes dispositifs accompagnent des jeunes âgés de 16 à 25 ans présentant une déficience intellectuelle, des troubles de la conduite et du comportement et/ou des troubles psychiques, avec notification de la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées).

lES oBjECTIfSL’objectif de ces dispositifs est de favoriser l’insertion sociale et professionnelle de jeunes en très grande dif-ficulté grâce à :• un accueil et une information ;• le suivi de leur projet individualisé en équipe pluri-

disciplinaire (éducateurs spécialisés, conseiller en économie sociale et familiale, infirmière psychiatrique, médecin psychiatre, etc.) ;

• l’accompagnement éducatif et la médiation ;• la collaboration avec les partenaires des dispositifs

de droit commun (Mission locale, etc.).

lES ModAlITÉS dE foNCTIoNNEMENTLe Pôle de ressources et de services adaptés (PRSA), porté par l’association d’Aide aux adultes et aux jeunes en difficulté (AAJD), et le dispositif DEJA, porté par LADAPT, sont issus d’un appel à projet de l’Agence régio-nale de santé (ARS). Suite à une commission d’attribution, l’AAJD de Saint-Lô et LADAPT de Caen ont été choisies pour mettre en œuvre ces services médico-sociaux expérimentaux.

Le PRSA, ouvert le 1er janvier 2015 accompagne 40 jeunes sur le territoire de la Manche et le dispositif DEJA, démarré en 2015, en accompagne 15 sur l’agglo-mération caennaise.

Rencontre avec…

Jacky Blot, directeur du PRSA : « Deux idées-forces : être et se sentir inclus, c’est je compte pour les autres et je peux compter sur les autres. Et, la personne handica-pée est avant tout une personne ; et un ado de 16 ans handicapé est

avant tout un ado de 16 ans. Notre philosophie est de partir de la demande de la personne et de faire cheminer. Charge à elle, au fur et à mesure du chemin qu’elle emprunte et des portes que nous lui ouvrons, de peut-être s’apercevoir qu’elle a mis la barre trop haute, que ce n’est pas dans ses compétences ou que les attendus de la profession ne lui correspondent pas mais que, chemin faisant, d’autres perspectives, réalistes, s’ouvrent. Chaque fois, nous tirons sur le fil d’une envie, d’une passion, d’une motivation, d’une demande, d’un désir, parce que nous sommes persuadés que si le jeune n’est pas acteur et auteur de son projet, finalement le projet sera abandonné. Et nous sommes là, travailleurs sociaux, pour compenser le fait que la réflexion est difficile, que le jeune ne connaît pas l’environnement professionnel (et inversement) ou qu’il ne connaît pas les possibilités d’aide au logement. À nous d’agir pour faire en sorte que le projet soit viable.Le PRSA est un service ambulatoire : nous ne faisons que des interventions à domicile au sens large du terme (chez les parents, chez le patron, dans une structure de formation professionnelle, etc.). Nous sommes com-plètement dans une culture de réseau, d’organisation matricielle. Ce sont les dispositifs de droit commun de proximité qui gravitent autour du domicile du jeune qui sont interpellés par l’éducateur ou par l’infirmière psy-chiatrique. Le défi, pour nous, c’est que non seulement le jeune puisse trouver du travail dans une entreprise ordinaire, une entreprise adaptée ou un ESAT, mais qu’il ne soit pas obligé de faire 70 km en voiture et de perdre tout son environnement amical et familial ».

Dispositifs innovants : PRSA / DEjA

16 - 25 ans

40 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

Structures et dispositifs : orientation, qualification, insertion

lE PUBlIC

Les agences de Pôle emploi s’adressent à tous les demandeurs d’emploi, salariés en cours de mobilité, étudiants ou stagiaires de la formation continue.

lES oBjECTIfSPôle emploi a pour mission d'accompagner tous les demandeurs d'emploi dans leur recherche d’emploi jusqu'au placement en entreprise, assurer le versement des allocations aux demandeurs indemnisés et aider les entreprises dans leurs recrutements.

lES ModAlITÉS dE foNCTIoNNEMENTPôle emploi est un opérateur du service public de l'em-ploi créé en 2008 suite à une fusion entre l'ANPE et le réseau des Assedic. L'objectif est alors d’offrir aux de-mandeurs d'emploi un interlocuteur unique pour la ges-tion des offres d'emploi et de leurs allocations.

L’inscription à Pôle emploi permet d’avoir accès gratui-tement à ses services, de bénéficier d’une protection sociale, voire de percevoir une indemnité.

Emploi Store est la toute nouvelle plateforme dédiée aux services de l’emploi et de la formation, lancée par Pôle emploi en juillet 2015. Elle répertorie toutes les bonnes pratiques pour construire un projet professionnel et propose, sous des formes variées (MOOCs, serious games, applications mobiles, simulateurs, CV en ligne, etc.) des outils pour préparer une candidature efficace, réussir un entretien d’embauche ou changer de métier. Accessible 24 h / 24, sur ordinateur, tablette ou mobile, Emploi Store est gratuit pour l’usager. Les personnes qui ne disposent d’aucune connexion in-ternet à leur domicile peuvent accéder au site internet depuis les agences Pôle emploi.

Rencontre avec…

Anne Détruit, référente du pôle handicap Calvados, en charge du dossier travailleurs handicapés et de l'animation du réseau des référents Calvados : « Pôle emploi et Cap emploi sont des structures distinctes mais Pôle emploi parti-

cipe au financement des Cap emploi, au même titre que l’AGEFIPH et le FIPHFP. L’inscription à Pôle emploi est la première démarche pour les personnes qui ont déjà travaillé afin d’ouvrir les droits à indemnisation. Quand le handicap ne pose aucun souci pour la recherche d’emploi, même s’il y a besoin de compensations en entreprise, la personne est suivie par Pôle emploi. La MDPH nous informe que la personne a une reconnaissance de travailleur handicapé mais nous ne connaissons pas la nature de son handicap. Lorsque nous prescrivons des Prestations ponctuelles spécifiques (PPS), nous travaillons avec ALFAH, l’ARIADA, le SIADV ou la FPSR Cap emploi, s’il s’agit d’une PPS motrice.Si tout un travail d’accompagnement doit être fait, par exemple autour du projet, nous proposons des prestations d’accompagnement telles que Active projet ou Active créa pour la création d’entreprise, en amont de l’accompagnement par Cap emploi.Une convention signée entre Pôle emploi et Cap emploi définit que Cap emploi prend en charge les demandeurs d'emploi pour lesquels il y a nécessité de compensation du handicap, qu'ils soient en quête active d'une orientation ou d'un emploi. Dans chaque site de Pôle emploi, un référent handicap travaille en binôme avec un conseiller Cap emploi. Une grande partie de mon travail est de veiller à ce que cette convention soit bien appliquée. En général, des réunions mensuelles d’information collective autour des droits et des devoirs des bénéfi-ciaires sont co-animées par les binômes et à l’issue de ces échanges, ils déterminent ensemble qui sera suivi par Cap emploi, qui sera suivi par Pôle emploi. C’est vraiment un travail de partenariat serré ».

Pôle emploi

Tout au long de la vie

Structures et dispositifs : orientation, qualification, insertion

Tout au long de la vie

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Les Cap emploi délivrent une offre de services à destina-tion des personnes bénéficiaires de l’obligation d’emploi orientées vers le marché du travail et des employeurs (publics et privés, quelle que soit leur taille).

lES oBjECTIfSLes Cap emploi accompagnent les personnes bénéfi-ciaires de l’obligation d’emploi au regard de leur handi-cap, avec pour objectif, l’insertion professionnelle durable. Une offre de services, à destination des employeurs publics et privés vise à les informer, les sensibiliser sur l’emploi des personnes handicapées et leur apporter un appui au recrutement lorsqu’ils en ont besoin.

lES ModAlITÉS dE foNCTIoNNEMENTLes Cap emploi sont des Organismes de placement spé-cialisés (OPS). Ils font partie du service public de l’emploi au même titre que Pôle emploi ou les Missions locales, et sont présents sur l’ensemble du territoire national avec au moins un Cap emploi par département. Acteurs du service public de l’emploi, les Cap emploi sont prescripteurs des contrats aidés (contrats unique d’insertion et emplois d’avenir). Ils ont la compétence de mobiliser à la fois les aides et mesures de droit commun mais aussi les aides et me-sures spécifiques. La durée d’accompagnement des bénéficiaires n’est pas limitée dans le temps. En moyenne l’accompagnement dure 24 mois.

Rencontre avec…

Nathalie Savot, directrice Cap emploi 61 : « Les employeurs sont des parte-naires essentiels ; pas seulement pour du recrutement mais parce que nous essayons d’avoir un réseau à contacter pour mettre

en place des stages d’immersion professionnelle. L’année dernière, nous avons mis en place une action de parrainage avec 12 employeurs publics et privés. Ils se sont engagés à recevoir au moins trois fois, sur six mois, les personnes handicapées qu’ils parrainaient pour leur faire bénéficier de leurs réseaux. Cela permet de dépasser les préjugés, de s’apercevoir que le handicap n’est pas toujours visible et de changer les mentalités. Que la personne soit handicapée ou pas, elle doit pouvoir répondre aux besoins de l’employeur. Nous ne parlons jamais de son handicap ; nous ne parlons que de ses restrictions d’aptitudes. Nous avons en amont travaillé avec la personne han-dicapée un projet professionnel compatible avec son handicap. Nous déroulons les aides à l’embauche, à la formation (en partenariat avec la région, Pôle emploi, l'AGEFIPH et les OPCA) et, si besoin, les aménagements de poste. Nous ne nions pas le handicap, mais nous mettons en avant les compétences. S’il y a besoin de mettre en place des moyens de compensation, nous mobilisons, selon le type de handicap, des presta-taires spécifiques. Il peut s’agir d’une étude du poste de travail avec un ergonome pour un aménagement matériel, technique ou organisationnel. Tout cela participe au fait que l’intégration de la personne se passe le mieux possible. Dans l’ensemble, les employeurs font appel à nous et lorsque nous proposons une candidature de travail-leur handicapé, dès lors qu’elle correspond aux besoins de l’entreprise, il n'y a pas de refus hostile sous prétexte que la personne est handicapée. Il y a aujourd’hui une meilleure information et une meilleure connaissance. Nous travaillons avec tous les acteurs de l’insertion, du monde économique et de la formation professionnelle ».

Cap emploi

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 41

42 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

Structures et dispositifs : orientation, qualification, insertion

Tout au long de la vie

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La formation professionnelle continue s’adresse aux demandeurs d’emploi comme aux salariés, aux jeunes comme aux adultes. C’est une obligation nationale ins-crite dans l'article L6311-1 du Code du travail.

lES oBjECTIfSLa formation professionnelle continue permet d’acqué-rir de nouvelles compétences durant la vie active pour le retour ou le maintien dans l’emploi et pour sécuriser ou optimiser les parcours professionnels. Elle favorise l’insertion professionnelle des personnes en recherche d’emploi, le développement des compétences et l’accès aux différents niveaux de la qualification professionnelle et contribue à la promotion sociale et au développement économique et culturel.

lES ModAlITÉS dE foNCTIoNNEMENTL’État et la région se partagent la responsabilité de la mise en œuvre de la formation professionnelle continue mais c’est la région qui a la compétence générale en ma-tière d’apprentissage et de formation professionnelle en lien avec les organisations professionnelles et syndicales.Les demandeurs d’emploi ont accès aux formations finan-cées par la région, l’État, Pôle emploi, les conseils dépar-tementaux et les municipalités. Les jeunes de 16 à 26 ans révolus bénéficient de formations financées par la région ou dans le cadre du contrat de professionnalisation. Les organismes publics et parapublics de formation sont placés sous la tutelle de différents ministères : • les GRETA (Groupement d'établissements publics

locaux d'enseignement) sont les structures de l'Éduca-tion nationale ;

• l’AFPA (Association nationale pour la formation des adultes) est placée sous tutelle du ministère chargé de l’emploi ;

• les Centres de formation professionnelle et de promo-tion agricole (CFPPA) sont placés sous la tutelle du ministère de l’Agriculture ;

• les Chambres consulaires (Chambres d’agriculture, de commerce et d’industrie, des métiers).

Les organismes privés sont de deux types : les orga-nismes à but non lucratif (association loi de 1901) et les organismes privés lucratifs.

Rencontre avec…

Bénédicte Morel, responsable communication à l'AFPA Normandie : « L’AFPA est l’organisme qui forme le plus de travailleurs handicapés. Les personnes qui viennent chez nous ont généralement plus de 35 ans et il s’agit souvent

de problématiques de retour à l’emploi avec des restrictions professionnelles sur les postes de travail. Généralement, il n’y a pas de signes visibles. Les personnes ne sont pas obligées de déclarer qu’elles sont en situation de handicap même s’il y a des avantages pour elles en termes de rémunération grâce à un maintien de leur indemnité. Les exemples types sont les positions debout, les allergies aux produits, les positions sur les postes de travail, les accidents de travail multiples et variés. Elles peuvent venir par elles-mêmes ou bien par prescription de Pôle emploi ou Cap emploi. Les formations sont financées par le conseil régional et les personnes handicapées font partie des publics prioritaires, au même titre que les chômeurs de longue durée, les personnes sans qualifications, les bénéficiaires du RSA, de l'obligation d'emploi et les plus de 45 ans. Une fois par an minimum, nous organisons une journée portes-ouvertes avec un job dating : des entreprises privées et des agences d’emploi accueillent, sur des entretiens brefs, toutes les personnes inscrites par Cap emploi afin de les remobiliser sur leur retour à l’emploi. Nous formons également des groupes d’ESAT pour une transition vers le milieu ordinaire et nous proposons des parcours croisés avec LADAPT. Nos dispositifs de qualification peuvent être mobilisés dans les deux organismes pour adapter le parcours de formation en fonction de la personne et de son handicap ».

Organismes de formation professionnelle continue

Tout au long de la vie

© G. MAISONNEUVE/ONISEPRencontre avec…

Armel Élart, conseiller en formation continue DAFCO / rectorat de Caen

Quelles sont vos missions ?Je travaille pour le réseau des Greta et suis réfé-

rent académique « handicap ». Ma mission consiste à faciliter l’accès à la formation des personnes en situation de handicap et à développer l’offre de for-mation des GRETA sur ce champ. Nous travaillons régulièrement avec les ESAT, les IME et les entre-prises adaptées pour réaliser des formations dans les secteurs professionnels en lien avec les activi-tés qu’ils développent ou dans le cadre de la RAE (Reconnaissance des acquis de l’expérience).

Qu’est-ce que la RAE ?C’est un dispositif qui a vu le jour dans les années

2000 en Bretagne dans le cadre d’un projet euro-péen à l'initiative d'établissements de travail proté-gé. Il a pour ambition de permettre à des travailleurs handicapés en ESAT d’avoir une reconnaissance de leurs compétences pour à la fois les gratifier, leur permettre d’évoluer dans l’entreprise et favoriser ainsi leur accès au milieu ordinaire. Mais il a égale-ment pour objectif de redéfinir les relations au sein des établissements par le concept d’organisation apprenante, à savoir que les acteurs de l’entreprise participent à son évolution. La problématique de ces établissements est d’être à la fois des établissements médico-sociaux de travail protégé, mais aussi des entreprises positionnées sur le marché, avec une concurrence et des probléma-tiques de production. Le risque est alors d’oublier que l’établissement est avant tout au service des travailleurs handicapés et non au service du marché, d’où cette idée d’organisation apprenante pour chan-ger les postures au sein des organisations.

Quelle différence avec la VAE ?Compte-tenu du public visé, la VAE (Validation

des acquis de l’expérience) n’était pas envisa-geable, même pour un CAP, où vraiment à très faible

pourcentage. La RAE se base sur les mêmes principes que la VAE, mais plutôt que de délivrer un diplôme, nous délivrons une attestation de compé-tences. Par rapport à un public généralement fragile au niveau affectif, cela présente l’avantage d’être une action complètement positive. Nous sommes forcé-ment dans une logique de réussite : nous n'allons pas chercher là où il y a des manques par rapport à l’ob-tention d’une certification ; nous nous concentrons uniquement sur les compétences que nous identi-fions et que nous formalisons via une attestation de compétences.

Concrètement, comment ça se passe ?Il existe trois modalités de reconnaissance des ac-

quis adaptées aux différents types de handicap des travailleurs. Celle pour laquelle l’Éducation nationale intervient en tant que valideur se déroule de la ma-nière suivante : le candidat constitue avec l’aide de son moniteur un dossier de présentation de ses acti-vités et de ses compétences en lien avec le référen-tiel métier correspondant, qu’il adresse au rectorat. Il est ensuite convoqué avec son moniteur pour un entretien avec un jury composé d’un représentant de l’Éducation nationale et d’un directeur d’ESAT. À l’issue de cet entretien, le jury valide les compé-tences reconnues et formalise une mise en perspective utile pour le projet individuel du candidat. Enfin, chaque année, une cérémonie officielle de re-mise des attestations de compétences à l’ensemble des candidats est organisée par le collectif Diffé-rent et compétent de Normandie. Dans l’académie de Caen, nous recevons en moyenne une centaine de candidats par an.Un tel dispositif nécessite d’avoir préalablement formé les moniteurs pour accompagner les candi-dats, ainsi que les membres de jurys. Les référentiels métiers utilisés sont construits avec les moniteurs à partir des référentiels de certifications des minis-tères de l’Agriculture et de l’Éducation nationale. Des membres des deux ministères collaborent à ces productions.

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 43

Structures et dispositifs : orientation, qualification, insertion

Tout au long de la vie

44 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

lE PUBlICLes personnes majeures, reconnues travailleurs handi-capés, peuvent être orientées vers un Centre de réé-ducation professionnelle (CRP) après une notification d’Orientation de reclassement professionnel (ORP) de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) si leur situation nécessite une reconversion pro-fessionnelle et qu’elles ont besoin d’un accompagne-ment médico-social. Pour bénéficier de ce parcours de reclassement, la personne doit être déclarée inapte à son ancien poste de travail.

lES oBjECTIfSCe dispositif de formation longue durée vise le retour à l’emploi grâce à l’acquisition de nouvelles compétences professionnelles validées par une formation qualifiante.

lES ModAlITÉS dE foNCTIoNNEMENTLes CRP mettent en place un suivi médical, psycholo-gique et social pour favoriser l’acquisition de nouvelles compétences professionnelles. Les centres bénéficient de la présence d’équipes pluridisciplinaires (médecins, kinésithérapeutes, ergonomes, psychologues, assistants de service social) qui interviennent en fonction des be-soins des stagiaires et du type de handicap.

Rencontre avec…

Isabelle Eudes, coordinatrice des actions conventionnelles, LADAPT : « Les travailleurs handicapés orientés vers un CRP n’avaient accès qu’à une offre limitée de formation qui pouvait les amener à des choix par défaut

ou à une forte mobilité. Le dispositif « Parcours croisés » a donc été la solution proposée dans le cadre d’une expérimentation que nous avons menée avec l’AFPA pendant plus de 4 ans et qui s’ouvre désormais à tous les organismes de formation de droit commun du Calvados, de la Manche et de l’Orne. Nous proposons, en amont, un pré-accueil pendant lequel l’usager rencontre toute l’équipe pluridiscipli-naire. Chacun, dans son champ de compétence, me transmet une estimation des besoins et à partir de là, je construis le parcours de la personne en collaboration avec le responsable de formation et le formateur. L’accompagnement n’est plus systématique mais personnalisé, en fonction des besoins de chacun. La personne suit la formation dispensée par les formateurs de l’organisme de formation, au milieu d’autres stagiaires eux-mêmes en formation, indépendamment de tout handicap. Nous travaillons sur rendez-vous avec prise de conscience par le bénéficiaire de ses besoins et prise en charge de son propre parcours : cela peut être uniquement le chargé d’insertion, l’ergothéra-peute, la psychologue ou l’infirmière. Et comme le panel de formations est beaucoup plus large, nous constatons une bien plus grande motivation et une meilleure implication du bénéficiaire dans son projet ».

Centres de rééducation professionnelle (CRP)

© LA

DAPT

NORM

ANDIE

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 45

lE PUBlICLes CDG (Centre de gestion) de la Fonction publique territoriale de la région Normandie accompagnent les employeurs territoriaux affiliés dans la mise en œuvre de leur politique en faveur des travailleurs handicapés.

lES oBjECTIfSL’action des CDG se traduit par différentes actions :• Sensibiliser et informer les élus et les agents ;• Aider au recrutement : information, mise en relation

avec l’employeur… Cet objectif peut être réalisé avec la participation de Cap emploi (organisme de placement des personnes handicapées partenaire du FIPHFP). Les CDG ont la possibilité d’exercer à titre expérimental

lE PUBlIC

Le Service d’aide au maintien dans l’emploi des travail-leurs handicapés (Sameth) s’adresse :• aux entreprises privées et leurs salariés en CDI ou

CDD de plus de 6 mois, y compris les entreprises sous accord agréé qui ont atteint leur quota de 6 % ;

• aux établissements publics et leur agents ou stagiaires des fonctions publiques (administrations d’État, collec-tivités territoriales, fonction publique hospitalière) y compris les centres de gestion de la fonction publique territoriale et les plates-formes régionales interminis-térielles d’appui à la gestion des ressources humaines ;

• aux travailleurs indépendants handicapés.

lES oBjECTIfSIl a pour objectif de faciliter le maintien dans l’emploi des personnes handicapées dans les entreprises du secteur privé et les établissements du secteur public (administrations d’État, collectivités territoriales, fonction publique hospitalière).

le recrutement et la formation des travailleurs handi-capés à travers leurs services de remplacement, qui se traduit ensuite par le recrutement dans la collectivité ;

• Maintenir dans l’emploi notamment avec des proposi-tions d’aménagements de postes ou de reclassements pour des personnes devenues inaptes physiquement à l’exercice de leur emploi.

lES ModAlITÉS dE foNCTIoNNEMENTEn fonction de chaque situation, les correspondants han-dicap de chaque CDG répondent aux sollicitations des employeurs territoriaux et ce en partenariat avec diffé-rents opérateurs (MDPH, Cap emploi, Sameth, Médecine du travail…).

lES ModAlITÉS dE foNCTIoNNEMENT

Les conseillers Sameth sont présents dans chaque dépar-tement. Ils travaillent en collaboration notamment avec les services de santé au travail, la Caisse d’assurance re-traite et de santé au travail (Carsat), la Mutualité sociale agricole (MSA), les organismes de bilan ou de formation.Ils apportent aides et conseils aux employeurs et aux per-sonnes handicapées à toutes les étapes de la démarche, en fonction des besoins rencontrés :• informations et conseils sur le cadre juridique

et la démarche de maintien dans l'emploi ;• analyse de la situation et accompagnement dans la

recherche et la construction de solutions adaptées ;• mobilisation des aides et prestations techniques,

humaines et financières pour la mise en œuvre de la solution de maintien.

Le service est gratuit pour l’entreprise car totalement financé par l’AGEFIPH (secteur privé) et mis à disposi-tion des établissements des fonctions publiques pour le compte du FIPHFP.

Centres de gestion

SAMETH

Structures et dispositifs : orientation, qualification, insertion

Tout au long de la vie

Source : AGEFIPH

La loi Travail prévoit le transfert de la mission de maintien dans l’emploi des personnes en situation de handicap vers les Cap emploi.

À noter

46 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

Structures et dispositifs : orientation, qualification, insertion

lE PUBlIC

L’Association régionale pour l’insertion et l’accessibilité des déficients auditifs (ARIADA) accompagne les per-sonnes sourdes ou malentendantes adultes ainsi que les jeunes adultes qui signent un contrat de travail : contrat d’apprentissage ou contrat de professionnalisation.

lES oBjECTIfSL’ARIADA a pour mission d’accompagner l’insertion sociale et professionnelle des personnes déficientes auditives :• accès à l’emploi ;• suivi des parcours de formation ;• maintien dans l’emploi.

lES ModAlITÉS dE foNCTIoNNEMENTPour mener à bien ses missions, l’ARIADA assure la mise en place d’une aide humaine à la communication, qui, selon les besoins, peut être apportée par :• l’interprète en langue des signes, • l’interface de communication, • ou le codeur en langage parlé complété.

L’ARIADA, implantée sur Caen, Rouen et Le Havre, inter-vient sur l’ensemble de la Normandie.

La Prestation ponctuelle spécifique (PPS) est un service financé par l’AGEFIPH et le FIPHFP. Il propose un accom-pagnement vers l’emploi en lien avec les prescripteurs (Cap emploi, Pôle emploi, Mission locale, ALFAH, etc.).

Rencontre avec…

Olivier Bonnet, directeur de l'ARIADA : « La surdité est un handicap partagé car nous sommes au cœur de la relation de commu-nication. Les moyens mis en place servent aussi bien à la personne en formation qu’à l’enseignant, au formateur ou au collègue de

travail afin de comprendre et de se faire comprendre. Lorsqu’un jeune sort du cursus scolaire, le relais est pris par la Mission locale ou Cap emploi pour l’accompagner dans son parcours d’accès à l’emploi et nous, nous sommes là pour compenser le handicap. Après un diagnostic d’identification des besoins en situation de formation, ou en entreprise, nous proposons une aide humaine à la communication et une sensibilisation à la surdité car les personnes ont souvent des préjugés ou des a priori liés à une méconnaissance du handicap. Nous intervenons pour les apprentis (du CAP jusqu’au Master) à la demande d’ALFAH, mais aussi pour toutes les formations qualifiantes ou pré-qualifiantes, ainsi qu’en entreprise puisqu’un accompagnement peut être pris en charge par l’AGEFIPH, ou si c’est le service public, le FIPHFP, dans le cadre des PPS. Il y a des dispositifs qui existent, mais ils ne sont pas forcément tous connus des entreprises. Pour qu’il y ait une insertion durable, il faut que ce soit bien préparé. L'ARIADA propose un accompagne-ment facilitant ce temps d’intégration dans l’entreprise. Nous avons par exemple accompagné une jeune femme qui communique en langue des signes pendant près d’une semaine car elle devait changer de service. Nous avons préparé son intégration : deux jours complets avec des interprètes pour que ses collègues puissent lui montrer les différentes tâches à réaliser, présenter les logiciels, etc. Ensuite, nous avons fait une sensibilisation à la surdité à l’ensemble du service (25 à 30 personnes) en deux temps et l’avons accompagnée, le reste de la semaine, en formation sur l’utilisation du logiciel du service. Nous sommes présents à chaque réunion de service mensuelle ainsi que, tous les deux mois, sur les points étapes, avec son responsable de service ».

Déficience auditive : ARIADA

Prescriptions ponctuelles spécifiques

© A.

POTIG

NON/

ONISE

P

Tout au long de la vie

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Structures et dispositifs : orientation, qualification, insertion

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Le Service interrégional d’appui aux adultes déficients visuels (SIADV) s’adresse aux personnes déficientes vi-suelles bénéficiaires de la loi du 11 février 2005.

lES oBjECTIfSSon action vise à favoriser l’insertion, l’accès ou le maintien en emploi ou en formation des personnes défi-cientes visuelles.Le service a trois missions principales : • l’évaluation des capacités visuelles fonctionnelle

des usagers ; • la sensibilisation sur les déficiences visuelles ;• un appui spécifique et technique en formation

et en emploi.

lES ModAlITÉS dE foNCTIoNNEMENTLe SIADV intervient en Normandie. Du fait de finance-ments AGEFIPH, FIPHFP, entreprises, le SIADV s’inscrit dans le dispositif d’aide à l’insertion professionnelle des travailleurs handicapés (Cap emploi, Sameth, Médecine du travail, Référent handicap, Pôle emploi…) afin de réa-liser des prestations pour favoriser l’autonomie des per-sonnes déficientes visuelles dans le domaine de l'emploi et de la formation.

Rencontre avec… Guillemette de Nantois, responsable SIADV Normandie :« Il y a plusieurs formes de déficience visuelle : la personne aveugle qui ne voit pas du tout, celle qui est considérée comme aveugle en raison d’une cécité légale, celle qui présente une

très forte myopie ou qui est atteinte de dégénéres-cence maculaire… Mais attention, le même problème, le même handicap, ne sera pas traité de la même manière d’une personne à l’autre. C’est toujours du cas par cas. Ce sont les conséquences du handicap, ainsi que son vécu, qui doivent être prises en compte. Les personnes mettent parfois en place des compen-sations, cognitives ou comportementales, qui peuvent avoir des conséquences, à plus ou moins long terme. Un télé-agrandisseur, une vidéo loupe, peuvent permettre d’améliorer les postures et d'éviter, par exemple, des problèmes de dos. Un grand écran n’est pas nécessairement la panacée pour tout le monde. Certains ne le supportent pas car ce n’est pas adapté à leur propre déficience ou à leur propre mode de fonctionnement. Pour sensibiliser les entreprises, nous réalisons des mises en situation avec des lunettes de simulation qui permettent de mieux comprendre les déficiences visuelles.Les collègues de travail ne comprennent pas toujours certaines situations paradoxales : voir une punaise sur le bureau mais se prendre les pieds dans le sac posé par terre, arriver au travail avec une canne blanche mais lire des petits caractères sans difficulté… La plupart du temps, chez les personnes malvoyantes, on rencontre la problématique de la fatigue visuelle, de la fixation ou d'un environnement lumineux inadapté. Le SIADV préconise les adaptations en fonction des possibilités visuelles, des tâches prescrites et de l’environnement de travail. L’approche est globale et individualisée. Nous agissons également par des actions de formation personnalisée afin d’acquérir une meilleure autonomie en dactylo, en informatique, sur les logiciels spécialisés… ou en locomotion pour compenser les difficultés liées au déplacement en emploi ou en formation ».

Déficience visuelle : SIADV

Prescriptions ponctuelles spécifiques

© SI

ADV N

ORMA

NDIE

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Structures et dispositifs : orientation, qualification, insertion

Prescriptions ponctuelles spécifiques

lE PUBlIC

La PPS (Prestation ponctuelle spécifique) handicap mental s’adresse aux personnes reconnues travailleurs handicapés qui présentent une déficience intellectuelle et qui sont en capacité de travailler en milieu ordinaire de travail.

lES oBjECTIfSL’association ALFAH, dans le cadre de la PPS, a pour mission de fournir une expertise dans le cadre d'une évaluation des capacités, d’un projet d’insertion profes-sionnelle ou de maintien dans l’emploi, permettant de répondre à des besoins en lien avec la déficience intel-lectuelle de la personne.Le handicap mental résulte de la déficience intellec-tuelle, qui présente généralement un caractère irréver-sible mais non cyclothymique, dont les conséquences, variables d’une personne à l’autre, peuvent évoluer favo-rablement par la mise en œuvre d’un accompagnement adapté.

lES ModAlITÉS dE foNCTIoNNEMENTCette prestation est mobilisable ponctuellement, et exclu-sivement sur prescription, dans l’accompagnement des parcours d’insertion, d’accès à l’emploi, de suivi ou de maintien dans l’emploi (demandeurs d’emploi ou salariés). C’est une ressource spécialisée qui vient en appui des missions portées par les opérateurs d’insertion et de maintien dans l’emploi.

Les prescripteurs sont essentiellement les Cap emploi, mais aussi Pôle Emploi, les Missions locales, les em-ployeurs (publics et privés) ainsi que les Sameth, pour le maintien dans l’emploi.

Il existe trois prestations indépendantes :• PPS 1 : appui à l’évaluation / diagnostic des capacités,• PPS 2 : appui à l’élaboration et / ou validation du projet

professionnel,• PPS 3 : appui à l’intégration et au suivi dans l’emploi.

Rencontre avec…

Gérald Halley, directeur d'ALFAH : « Le handicap mental fait uniquement référence à la déficience intellectuelle. Il ne s’agit pas de troubles cognitifs, comme pour les « Dys », ou de troubles psychiques. Les personnes qui

présentent ce type de handicap ont des problèmes de lenteur, de compréhension des consignes, de repé-rage dans l’espace. Elles peuvent avoir des difficultés dans les savoirs de base (lecture, écriture, mathéma-tiques) ainsi que des problématiques connexes avec, par exemple, des problèmes de santé ou de relations sociales. Par-delà ces difficultés, ces personnes ont aussi de véritables atouts : un allant au travail, des qualités de ponctualité, de respect des consignes ou de rigueur. Ce qui pose le plus problème, dans la déficience intellectuelle, c’est l’autonomie, la rapidité et la com-préhension des consignes. Lorsque nous intervenons en entreprise, nous insistons beaucoup dessus. Lorsqu’un prescripteur comme Cap emploi ou la mis-sion locale, qui sont nos deux principaux prescripteurs, font appel à nous sur cette PPS, c’est parce qu’ils ont besoin d’une autre prestation que ce qu’ils font déjà. Nous avons ici, un poste dédié aux PPS mais, en cas de besoin, c’est toute l’équipe que je peux mobiliser. Nous sommes là en tant qu’experts et le prescripteur reste l’accompagnant principal. Nos trois prestations peuvent être mobilisables, complètement indépendamment les unes des autres. Notre objectif, au final, est d’apporter un accompagne-ment spécialisé, de rendre compte au prescripteur de l’avancée et d’avancer par objectifs en indiquant ce qu’on envisage et pourquoi. Au travers de cette activité de PPS handicap mental, nous sommes vrai-ment un appui spécifique sur un objet donné, tandis que le prescripteur supervise et reste l'accompagnant référent du parcours de la personne ».

Handicap mental (déficience intellectuelle) : ALFAH

Structures et dispositifs : orientation, qualification, insertion

Prescriptions ponctuelles spécifiques

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 49

lE PUBlICLa PPS (Prestation ponctuelle spécifique) handicap psychique s’adresse aux personnes bénéficiaires de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés, en si-tuation de handicap psychique, en capacité de travailler en milieu ordinaire de travail.

lES oBjECTIfSCette PPS a pour objectif de fournir une expertise dans le cadre d’un projet d’insertion professionnelle ou de maintien dans l’emploi, permettant de répondre à des besoins en liens avec la déficience de la personne. Elle permet d'établir un diagnostic différencié, d'appuyer l’élaboration et la validation du projet, d'aider à l’inté-gration en entreprise ou en formation, ou d'apporter un soutien au suivi et au maintien dans l’emploi.

lES ModAlITÉS dE foNCTIoNNEMENTCette prestation, financée par l’AGEFIPH et le FIPHFP, est mobilisable, exclusivement sur prescription, dans l’accompagnement des parcours d’insertion ; d’accès à l’emploi, de suivi ou de maintien dans l’emploi (deman-deurs d’emploi ou salariés). C’est donc une ressource spécialisée qui vient en appui des missions portées par les opérateurs d’insertion et de maintien dans l’emploi.

Les prescripteurs sont les Cap emploi et Sameth, Pôle emploi, les Missions locales et ALFAH.

Rencontre avec… Jacky Leneveu, psychologue du travail, coordinateur des PPS handicap psychique : « Les personnes que nous suivons sont inscrites dans une démarche active d’accès, de retour ou de maintien dans l’em-ploi. Elles présentent une patholo-

gie psychique : troubles psychotiques (schizophrénie), troubles de l’humeur (souvent bipolaires), troubles de la personnalité (paranoïaque, borderline…), troublesnévrotiques (troubles obsessionnels, phobies…) et sont reconnues travailleur handicapé par la MDPH ou en phase de l’être. Elles n’ont pas d’orientation ESAT et ne sont pas bénéficiaires de l’aide au poste au sein des entreprises adaptées. Par rapport au handicap mental, le handicap psychique apparaît souvent à l’adolescence ou à l’âge adulte. Normalement, on rentre dans la prestation avec une stabilité des troubles mais comme il s’agit de handicap psychique, cette stabilité peut s’avérer fragile. Le pre-mier entretien est donc très important. Mes collègues (Colombine Dechelette et Vivianne Labey-Guimard) et moi-même sommes tous les trois psychologues du travail, avec une compétence en psychologie clinique. Nous intervenons sur le Calvados, la Manche et l’Orne. Nous élaborons des recommandations sur les adapta-tions de poste, le rythme, les aménagements organi-sationnels et humains qui permettent à la personne d’évoluer de manière sécurisée dans son parcours professionnel. Le handicap psychique fait souvent peur aux employeurs, à tout le monde, mais en fait, dans la réalité, ce n’est pas toujours ce que l’on imagine.Le handicap psychique est un peu galvaudé, on parle de psychose, on fait référence à des films, et on en a une mauvaise image. Les personnes schizophrènes, les bipolaires, se sentent en porte à faux : le handicap psychique, vulgarisé, est mal compris alors qu’en fait ces personnes souffrent et doivent trouver des moyens de compensation à leur situation de handicap, au niveau personnel et professionnel. Comme toute personne, la personne handicapée psychique est une personne à part entière, à la fois ordinaire et singu-lière ».

Déficience psychique : ADAPEI

Apparaît à la naissance

Déficience durable

Soins médicaux peu fréquents

Stabilité

Apparaît à l’adolescence ou à l’âge adulte

Capacités intellectuelles souvent intactes

Soins médicaux indispensables

Évolution fréquente (variabilité des troubles)

     HANDICAP MENTAL      HANDICAP PSYCHIQUE

50 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

Structures et dispositifs : orientation, qualification, insertion

Prescriptions ponctuelles spécifiques

lE PUBlIC

La PPS (Prescription ponctuelle spécifique) handicap moteur s’adresse aux personnes bénéficiaires de l’obli-gation d’emploi des travailleurs handicapés qui pré-sentent un handicap moteur. Les situations peuvent concerner des personnes dont les contraintes sont liées à des difficultés physiques accompagnées ou non par des troubles cognitifs (mémo-risation, coordination des gestes, fatigabilité, trouble de la parole…).

lES oBjECTIfSLa prescription permet aux bénéficiaires de mieux se situer par rapport à leur projet professionnel et d’avoir une vision objective de leurs potentialités tout en four-nissant aux prescripteurs (Cap emploi, Pôle emploi, Missions locales, etc.) une expertise dans le cadre d’un projet d’insertion professionnelle ou de maintien dans l’emploi.

lES ModAlITÉS dE foNCTIoNNEMENTLa PPS est un service financé par l’AGEFIPH et le FIPHFP sur un territoire régional, mobilisable uniquement sur prescription pour un accompagnement vers l’emploi ou un maintien dans l’emploi, en lien avec les prescripteurs (Cap emploi, Pôle emploi, Missions locales, etc.).

La FPSR (Fédération pour la préparation et la suite du reclassement) est l’association loi 1901 conventionnée pour réaliser ces PPS.

Rencontre avec…

frédérik Martin, directeur de la FPSR : « L’objectif des PPS est d’apporter une expertise aux services d’accompagnement (Cap emploi, Sameth, Pôle emploi, Missions locales) et de leur proposer les éléments possibles

de compensation du handicap. Les interventions se font en quatre temps. Grâce à un bilan fonctionnel, l’ergothérapeute évalue les capacités physiques que la personne peut mobiliser dans le cadre de son parcours et de son futur emploi. Quand le demandeur d’emploi et son service d’accom-pagnement ont vérifié la faisabilité du projet profes-sionnel, l’ergonome intervient, en lien avec les autres acteurs associés de l’entreprise comme les services de santé ou le médecin du travail qui connaît bien le contexte de l’entreprise et les spécificités du poste, afin de repérer les compensations nécessaires qui permettront à la personne de prendre cet emploi de façon performante.La troisième prestation consiste à intervenir, s’il y a lieu, pour mettre en place la solution repérée. La dernière prestation est une prestation d’information et de sensibilisation des employeurs. Il arrive qu’un employeur s’interroge sur ses possibilités de recrute-ment au regard de ses activités, des postes de travail, ou bien sur sa capacité, à un moment donné, à embau-cher une personne qui présente un handicap moteur dit « complexe ». Lorsqu’on parle de handicap moteur, il faut casser l’image du fauteuil roulant. Le handicap moteur ne concerne pas seulement les membres inférieurs, mais de manière générale, toute articulation ou tout élément ligamentaire ou musculaire ».

Déficience motrice : FPSR

© E.

DAL'S

ECCO

/ ONIS

EP

Enfin, tout comme le travailleur valide, le travailleur handicapé peut travailler en milieu ordinaire, dans une entreprise adaptée ou non. La qualité de travailleur handicapé est reconnue par la Commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées (CDAPH).

Les Entreprises adaptées (EA) sont des structures qui accueillent des travailleurs handicapés dont la capacité de travail est supérieure ou égale au tiers de celle d’un travailleur valide, pour leur permettre d’exercer une ac-tivité professionnelle salariée dans les conditions adap-tées à leurs possibilités.L'entreprise adaptée est une entreprise en milieu ordi-naire employant majoritairement des travailleurs handi-capés. Elle permet à tout travailleur handicapé d'exercer une activité salariée dans des conditions adaptées à ses possibilités.

Les entreprises de 20 salariés et plus sont soumises à une obligation d'emploi des personnes handicapées. Elles doivent employer des travailleurs handicapés dans une proportion de 6 % de l'effectif total ou, à défaut, recourir à différents moyens de substitution. Les partenaires sociaux (représentants des employeurs et des salariés) doivent négocier sur l'accès des travail-leurs handicapés à l’emploi, à la formation et à la promo-tion professionnelle ; leurs conditions d’emploi ; la mise en place d’action de sensibilisation au handicap, à des-tination de l’ensemble du personnel. Ces négociations interviennent tous les 3 ans au niveau des branches et tous les ans au niveau de l’entreprise.

L'ESAT (Établissement et service d’aide par le travail) permet à une personne handicapée d'exercer une acti-vité dans un milieu protégé si elle n'a pas acquis assez d’autonomie pour travailler en milieu ordinaire ou dans une entreprise adaptée.Ces structures médico-sociales accueillent :• des personnes handicapées dont la capacité de travail est inférieure à un tiers de celle d’un travailleur valide, • des personnes dont la capacité de travail est supé-rieure ou égale à un tiers mais qui ont besoin d'un sou-tien médical, éducatif, social ou psychologique qui ne peut être satisfait sur le marché du travail.Ces structures doivent favoriser la promotion des tra-vailleurs handicapés et, si possible, leur accès à des emplois en milieu ordinaire de travail.

L'Insertion par l'activité économique (IAE) est un accom-pagnement dans l'emploi proposé par certaines struc-tures à certaines personnes très éloignées de l'emploi afin de faciliter leur insertion sociale et professionnelle par le biais de contrats de travail spécifiques (CDDI, CUI, emploi d’avenir, interim…). Les structures d’insertion regroupent les Entreprises d’insertion (EI), les Entre-prises de travail temporaire d’insertion (ETTI), les Ate-liers et chantiers d’insertion (ACI) ainsi que les Associa-tions intermédiaires (AI) dans le domaine des services à la personne. Un salarié embauché dans le cadre d'une IAE bénéficie, notamment avant de sortir du dispositif, d'un suivi et d'un accompagnement renforcés (évalua-tion, ateliers de recherche d'emploi, bilan de compé-tences…). L'IAE s'adresse aux personnes particulière-ment éloignées de l'emploi, notamment les jeunes de moins de 26 ans en grande difficulté et les travailleurs reconnus handicapés.

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aCtiVité PROfESSIONNELLE

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 53

Patrick Mauduit, ESAT AnaÏs ............................................................................... 54Loïc Hébert, Extalea ................................................................................................ 56Vincent Levieux et Maxime Lelong, HandiPRINT ..................................... 58Thierry Bellon, Air France ..................................................................................... 60Olivier Debargue, France Télévisions.............................................................. 61Christine Juillet, La Chiffo .................................................................................... 62Mélanie Besnard, EDF.............................................................................................. 64Gladys Fortin, Barbara Vautier et Coralie, Randstad............................. 66Sarah Guillemet, Crédit Agricole Normandie ............................................. 68Bruno Demeusoy, Atouts Nature ...................................................................... 70Rodolphe Meteau et Mélissa Muller, Air net propreté ........................... 72Cécile Rapeaud, Manuplast .................................................................................. 74Anie Bellance, rectorat de Caen ........................................................................ 76Valérie Dupont, centre hospitalier public du Cotentin .......................... 78Alain Lefèvre, commune de Martigny-sur-l'Ante ...................................... 80

    SOMMAIRE

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Activité professionnelle

Qu’est-ce que l’ESAT Anaïs ?PM : L’Association d’action et d’insertion sociale (Anaïs) gère 88 établissements d’éducation spécialisée, de soins, d’accompagnement et de travail protégé répar-tis dans 13 départements. Depuis 1954, sa vocation est de favoriser le développement personnel, l’épanouisse-ment intellectuel et physique, l’insertion sociale et pro-fessionnelle des personnes handicapées mentales ou dépendantes (enfants, adultes, personnes âgées) et de les accompagner tout au long de leur vie.L’Établissement et service d’aide par le travail (ESAT) de Domfront est donc une structure médico-sociale dans laquelle nous proposons aux personnes que nous accueillons une activité professionnelle et un soutien éducatif pour leur permettre d’accéder à une autono-mie socio-professionnelle. Dans le cadre de nos actions, nous favorisons le maintien des acquis scolaires et le développement des compétences professionnelles des

personnes en situation de handicap, majoritairement en déficit intellectuel, afin qu’elles puissent, dans la mesure du possible, accéder à un emploi en milieu ordinaire de travail. Les personnes sont accueillies dans nos services et établissements dans le souci de promouvoir tous leurs potentiels et accéder à la pleine citoyenneté.

Comment obtient-on un poste en ESAT et quelles sont les conditions de travail ?PM : Pour être accueillie en ESAT, la personne doit obte-nir une notification d’orientation de la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées) délivrée par la CDAPH (Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées). Elle doit être âgée d’au moins 20 ans, avoir une capacité de travail inférieure à 1/3 de celle d'une personne valide ou avoir besoin d'un ou plusieurs soutiens médicaux, éducatifs, sociaux ou psychologiques. La personne signe avec l'établissement un contrat de soutien et d'aide par le travail. Elle n’a donc pas de contrat de travail à proprement parlé et n’obtient pas le statut de salarié. Son licenciement est impossible mais le directeur de l'ESAT peut suspendre sa présence dans la structure (après validation par la MDPH) si son compor-tement met gravement en danger sa santé, sa sécurité ou bien celles des autres.L’ESAT lui verse une rémunération comprise entre 55 et 110 % du Smic horaire, dans la limite de la durée légale du travail et, au bout d’un mois de présence, la personne bénéficie d'un droit à congé annuel, de 2,5 jours par mois d'accueil dans l'ESAT.

Qu’est-ce que l’ESAT « hors-les-murs » ?PM : En 2008, la direction de l’entreprise Roval a sou-haité s’engager davantage dans une démarche au ser-vice du handicap. Leurs usines de production étant si-tuées à Flers et le centre de stockage, à Domfront, juste en face de l’ESAT, ils nous ont proposé d’aménager un bâtiment d’environ 1 000 m2 entièrement équipé de leurs

rencontre avec…Patrick Mauduit, ESAT Anaïs

 Association gestionnaire : ANAïS

  Établissement : Établissement et service d’aide

par le travail (ESAT)

  Activités : entretien des espaces verts, entretien

des locaux, sous-traitance industrielle (conditionne-

ment, connectique, assemblage montage)

 Localisation : Domfront, Orne

 Nombre de travailleurs handicapés : 105

  Types de handicap : handicap mental (déficience

intellectuelle)

  MIlIEU PRoTÉGÉ

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 55

machines et outils pour que nous puissions y réaliser une activité de panachage de produits. Depuis cette pé-riode, une vingtaine de personnes de l’ESAT de Domfront vont travailler chaque jour dans ces locaux. Le métier de la cosmétique a pour particularité d’être très encadré par un règlement européen qui impose des contraintes. Cette organisation leur permet donc d’assurer la traça-bilité totale de leurs produits.

Quel est l’intérêt de cette organisation pour l’ESAT ?PM : Le premier intérêt est de permettre à une équipe d’une vingtaine de personnes d’aller directement tra-vailler en milieu ordinaire de travail tout en continuant à bénéficier de tout l’étayage éducatif que nous leur proposons. Ensuite, nous travaillons directement avec les machines et les outils de l’entreprise Roval, y compris celles de gestion de production au quotidien. Dès le matin, nous réceptionnons les commandes via leur propre système informatique puis le suivi se fait, tout au long de la jour-née, jusqu’à la livraison du produit fini. Les personnes qui arrivent sur cet atelier ont déjà acquis un ensemble de savoir-faire et de connaissances tech-niques. L’accompagnement que nous leur proposons est davantage axé sur le développement des savoirs-être qui leur permettront de s’organiser pour que la produc-tion de la journée fonctionne. Cela les oblige à établir entre eux des relations sereines et de bonne qualité.

Comment s’organise le travail ?PM : Nous avons différents postes de travail. Le matin, une équipe réceptionne les commandes par mail, les édite et les transforme pour permettre à ceux qui ont des difficultés de lecture de les comprendre. Tout un système de code couleurs, de pictogrammes et de sim-plification de l’utilisation des mots permet, même à un mauvais lecteur, de pouvoir prendre une partie de l’infor-mation et de la communiquer à son collègue. Ces tâches nécessitent de communiquer correctement les uns avec

Patrick MauduitDirecteur

les autres. Il ne s’agit pas d’aller régulièrement répriman-der son collègue parce qu’il a mal fait son travail mais plutôt de voir ce qui n’a pas été et d’apporter une solu-tion pour que tout cela fonctionne correctement.

Quelles autres actions permettent de favoriser le passage en milieu ordinaire de travail ?PM : En plus de cet accompagnement éducatif et pro-fessionnel, au quotidien, les travailleurs ont également la possibilité de suivre des formations. Pour permettre à quelques personnes, dans la mesure du possible, de sortir de l’ESAT afin d’intégrer l’entreprise en milieu or-dinaire, nous cherchons à les former au métier d’agent d’entreposage et de messagerie. Cette collaboration pourra peut-être se faire, un jour avec la société Roval, mais aussi avec d’autres entreprises, qui utilisent ce type de salariés au sein de leur société.

56 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

Activité professionnelle

 Groupe : VIDEAL

 Entreprise : Extalea Grand-Ouest

 Activité : ressources humaines

 Localisation : Caen, Calvados

 Effectif : 5

 Nombre de travailleurs handicapés : 4

 Accord de groupe : non

 Accord d’entreprise : non

  Types de handicap dans l’entreprise : tous

  ENTREPRISE AdAPTÉE

Qui êtes-vous ?LH : VIDEAL est un groupement d’entreprises adaptées, présent sur le marché depuis 1997. Neuf implantations, réparties un peu partout en France, ont permis la créa-tion de 300 postes dans le secteur de l’économie sociale et solidaire. Les entreprises du groupe ont des activités diversifiées : propreté, nettoyage, entretien des espaces verts, services divers de poly maintenance, entretien des bâtiments, etc. Installée sur Caen depuis 2015, Extalea est une entre-prise adaptée spécialisée dans l'externalisation des fonctions RH (Ressources humaines) et administratives. Aujourd’hui, nous travaillons en partenariat avec le groupe d’expertise comptable Talenz, présent sur l'en-semble du territoire national.

Qu’est-ce qu’une entreprise adaptée ?LH : Les entreprises adaptées sont des entreprises classiques, du milieu ordinaire avec agrément de l'État (Contrat d'objectifs triennal). Ce ne sont pas des entre-prises du secteur protégé (ESAT).

Les personnes qui y travaillent ont un statut de salarié, comme en entreprise classique, mais la particularité, c’est qu’on ne travaille quasiment qu’avec des personnes en situation de handicap. Tous types de handicap mais minimum 80 % de personnes en situation de handicap. Pour autant, les collaborateurs n’ont pas de suivi médi-cal, si ce n’est, comme tout salarié, à l’extérieur de l’en-treprise. Par contre, en tant qu’entreprise adaptée, tout notre management est en lien avec les déficiences de nos collaborateurs. Chez Extalea, nous n’avons que des petites équipes pour avoir un encadrement proche des personnes. Nous adap-tons les temps partiels et l’organisation des emplois du temps en fonction des pathologies de chacun et de leur fatigabilité. C’est à l’entreprise d’essayer de s’adapter à chaque collaborateur pour tirer parti du positif qui est en chaque collaborateur.Nous souhaitons atteindre un certain niveau de compé-tence et d’exigence, mais cette exigence est commune. Nous ne demandons pas à chaque collaborateur, indivi-duellement, d’atteindre ce niveau d’exigence, nous avan-çons collectivement.

Quels sont vos processus de recrutement ?LH : Pour recruter, il faut forcément que l’entreprise ait un besoin. Mais comme Extalea vient d’être créée, la société est en plein développement. Lors du démarrage de l’entreprise, en 2015, nous avons donc contacté Cap emploi, l’organisme de placement spécialisé pour les personnes en situation de handicap, afin de répondre à nos besoins de recrutement. Les embauches se font d’abord en CDD (Contrat à durée déterminée) mais, à termes, notre objectif est de proposer des CDI (Contrat à durée indéterminée) à tous nos collaborateurs.Les quatre personnes que nous avons recrutées s’étaient présentées avec un véritable projet professionnel. Leurs parcours ne correspondaient pas nécessairement aux profils de postes que nous proposions, mais nous avions quand même repéré un intérêt commun avec ce que nous pouvions proposer.

rencontre avec…Loïc Hébert, Extalea

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 57

Loïc HébertResponsable d'exploitation

Pourquoi l’alternance ?LH : Au quotidien la solution de l’alternance est particu-lièrement intéressante, surtout pour tout ce qui touche aux métiers du tertiaire, parce que l’on demande de plus en plus aux futurs salariés d’avoir une véritable expé-rience des métiers et une vraie connaissance de l’entre-prise. Cela permet aux personnes en recherche d’emploi de mettre un premier pied à l’étrier. Au-delà de l’apprentissage du métier, cela permet aussi de ne pas perdre le fil d’une activité, de développer une réflexion et d’acquérir une méthodologie qui ne s’ac-quiert pas nécessairement à l’école. Cela permet donc la double compétence entreprise / école.

En tant qu’entreprise adaptée, nous avons vraiment en-vie de laisser une chance à tout type de personne. Dès que nous détectons une compétence transversale, ou que la personne manifeste une volonté d’apprendre, un recrutement peut être envisagé. Nous travaillons en étroite collaboration avec Pôle em-ploi, et principalement Cap emploi, avec lesquels nous essayons éventuellement de proposer des stages de mise en situation professionnelle. C’est important car le métier de la paie est un métier très spécifique. On ne se lance pas dans des études, ou même dans la recherche d’emploi en paie sans savoir vraiment ce que l’on veut. Nos salariés ont donc tous commencé par une période de mise en situation professionnelle. Cela a permis de confirmer, ou pour d’autres personnes, au contraire, d’in-firmer certains projets de formation. Les postulants ont également suivi une formation d’une semaine, en interne, sur les métiers de la paie et des ressources humaines. En tant qu’employeur, cela nous a permis de repérer certaines compétences, et pour les postulants, cette immersion dans l’entreprise était l’occasion d’évaluer la validité de leur projet quant au souhait de se spécialiser dans cette activité. Extalea est une entreprise en plein développement. Nous avons des marchés qui se créent, ponctuels, et avons donc une volumétrie variable. Deux des per-sonnes que nous avons embauchées l’année dernière sont en alternance, en contrat de professionnalisation. L’une prépare un titre de Gestionnaire de paie option ressources humaines à l’AIFCC, l’organisme de formation des chambres de commerce et d’industrie du Calvados, tandis que l’autre, dont le projet était un peu moins avancé, bénéficie d’une formation en interne, avec moi et les équipes, qui est valorisé par un PRODIAT.Ce nouveau dispositif permet d’intégrer durablement de nouveaux collaborateurs en les formant en interne aux compétences spécifiques de leurs postes de travail. Ce système ne lui permettra pas d’obtenir de diplôme mais cela valorisera son CV le jour où cette personne souhai-tera nous quitter pour intégrer une entreprise ordinaire.

58 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

Activité professionnelle

  ENTREPRISE AdAPTÉE

 Groupe : Lecaux Imprimeries

 Entreprise : HandiPRINT

  Activités : impression, routage, signalétique

et stockage

 Localisation : Cherbourg-en-Cotentin, Manche

 Effectif : 61

 Nombre de travailleurs handicapés : 51

 Accord de groupe : non

 Accord d’entreprise : non

 Types de handicap dans l’entreprise : tous

Qui êtes-vous ?VL : HandiPRINT est une entreprise adaptée créée par le groupe Lecaux Imprimeries, en 2010, à la demande d’un de ses clients. Elle emploie aujourd’hui plus de 61 salariés dans la gestion globale de documents imprimés, à savoir : l’impression, la création, la signalétique, le routage…

Quels sont vos processus de recrutement ? VL : Une personne en situation de handicap qui souhaite être recrutée dans une entreprise adaptée est une per-sonne comme les autres. Nous ne faisons pas de diffé-rence. La personne peut candidater spontanément chez nous ou se tourner vers les missions locales, lorsqu’une offre d’emploi est rendue publique. Dès qu’un potentiel salarié est choisi, nous organisons une Période de mise

en situation en milieu professionnel (PMSMP). Ainsi, nous évaluons si la personne est capable d’évoluer au sein de nos ateliers en respectant les horaires, les ca-hiers des charges, les délais mais aussi les collègues. C’est une étape essentielle pour éviter les échecs après l’embauche. Une fois en CDD ou CDI (Contrat à durée déterminée ou indéterminée) au sein d’HandiPRINT, ils sont accompagnés, dans leurs tâches quotidiennes, par des encadrants volontaires du groupe.

y-a-t-il un accompagnement, en interne ?ML : L’accompagnement en interne n’est pas une obli-gation dans une entreprise adaptée. Mais chez Handi-PRINT, nous avons fait le choix de créer un poste de chargée d’accompagnement. Depuis un an, elle suit les travailleurs handicapés, socialement et psychologique-ment. Elle collabore étroitement avec la DIRECCTE, les assistantes sociales, etc. afin que les salariés travaillent dans les conditions les plus optimales possibles. Les per-sonnes ont besoin d’être comprises et d’avoir quelqu’un à qui se référer, en interne et à tout moment.

Quel est le but de l’entreprise adaptée, et de Handi-PRINT en particulier ?VL : Notre mission est d’intégrer, de former aux métiers, afin que nous puissions ensuite, si les salariés handica-pés le souhaitent, les accompagner de l’orientation adap-tée vers le monde ordinaire du travail. Que ce soit au sein de notre groupe ou ailleurs. En 2014, deux salariés han-dicapés ont quitté HandiPRINT pour devenir salariés de l’entreprise ordinaire Imprimerie Artistique Lecaux, une des filiales du groupe. Comme je l’évoquais précédemment, nous mettons de plus en plus l’accent sur les formations diplômantes. Aujourd’hui, nous mettons en place des VAE (Validation des acquis de l’expérience) en lien avec le rectorat, de

rencontre avec…Vincent Levieux et Maxime Lelong,HandiPRINT

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 59

formations BTS en alternance… Aussi paradoxal que cela puisse paraître, chez HandiPRINT, l’emploi mènera au diplôme, et non pas l’inverse.Mon rôle de gérant d’entreprise adaptée est aussi d’ac-compagner le développement des compétences de mes salariés handicapés. De plus, j’accorde une très grande importance à HandiPRINT et l’associe toujours aux pro-jets d’évolution technologique autour du papier. Nous sommes actuellement en pleine réflexion sur le déve-loppement de notre plateforme électronique, la fabrica-tion de PLV, la gestion de données et tentons de trouver comment l’entreprise adaptée peut intervenir dans ses changements futurs.

Comment est perçu le handicap au sein du groupe ?ML : Mon propre regard a complètement changé. Par exemple, je m’aperçois que nous n’avons jamais eu le moindre problème avec des travailleurs handicapés en situation de handicap psychique. Finalement, quel que soit le type de handicap, on se rend compte que cela nous fait ouvrir les yeux. Au moment de la création de l’entreprise adaptée, nous avons découvert que nous avions, au sein du groupe, des personnes en situation de handicap, qui, par peur du regard des autres, avaient préféré cacher leur RQTH (Reconnaissance de la qualité de travailleurs handicapés). Avec la création d’HandiPRINT, certaines ont demandé à rencontrer la direction pour en parler. Il a aussi fallu rassurer les personnels sur le fait que les travailleurs handicapés n’allaient pas leur prendre leurs postes, mais qu’au contraire, un développement d’acti-vités complémentaires allait être créé pour pouvoir les intégrer au sein de notre chaine de fabrication. Même si l’insertion de salariés handicapés demande de l’investissement, c’est humainement particulièrement enrichissant. Cela génère une grande ouverture d’esprit

au sein des équipes et apporte clairement un développe-ment économique.VL : En effet, le handicap n’est pas un frein mais un mo-teur économique. Nous devons prouver aux entreprises clientes qu’HandiPRINT a toutes les qualités pour travail-ler et répondre à un cahier des charges précis, comme n’importe quelle entreprise. Pour nous, l’entreprise adaptée est plutôt une entreprise extraordinaire, parce qu’elle donne un sens à nos acti-vités. Elle apporte une telle richesse morale pour tous les collaborateurs qu’aujourd’hui, l’intégration des per-sonnes en situation de handicap est perçue comme une nécessité.

Vincent LevieuxPDG du groupe Lecaux Imprimeries

Maxime LelongChargé d'affaires

60 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

Activité professionnelle

  MIlIEU oRdINAIRE dE TRAvAIl

 Groupe : Air France - KLM

 Entreprise : Air France

 Activité : transport aérien de passagers

 Localisation : Tremblay-en-France

  Nombre de travailleurs handicapés : nc

 Effectif : 62 885

 Accord de groupe : oui

 Accord d’entreprise : oui

 Types de handicap dans l’entreprise : nc

Quel rôle jouent les Achats dans le recours au secteur protégé ou adapté ?TB : Air France est très attachée à l’intégration d’acteurs diversifiés dans la production de la chaîne de services offerts à ses clients et, en particulier, au développement du secteur adapté. Les Achats jouent un rôle moteur dans la recherche permanente, au sein de l’entreprise, d’activités susceptibles d’être attribuées à des établis-sements adaptés. Aujourd’hui le secteur adapté est pré-sent dans toute l’entreprise : un premier gros projet de logistique et de nettoyage des couvertures pour les longs courriers, avait montré à tous que la prestation assurée par le secteur adapté était de très grande qualité grâce à une grande implication des personnels. Les projets réalisés avec le secteur adapté sont de belles réussites, particulièrement riches de sens pour mes équipes.

La question du sens donné au travail est en effet très im-portante pour nos jeunes collaborateurs. Développer le secteur adapté, c’est, dans l’entreprise, être acteur d’un projet qui va au-delà des seules finalités économiques de l’entreprise. Mes équipes ont le sentiment que leur travail a une vraie fécondité pour la société et cela les arrime très solidement à l’entreprise qui les emploie. Aujourd’hui, planifier, dès le départ, les interventions du secteur adapté ou protégé est devenu quasiment un ré-flexe. Pour trouver des relais de croissance au niveau du secteur adapté ou protégé, nous devons plus que jamais nous ouvrir au monde : prospecter, échanger avec l’idée que les changements qui sont à l’œuvre sont toujours riches d’opportunités.Aujourd’hui les acheteurs jouent un rôle essentiel dans la construction d’un monde qui se transforme, qui se spécialise. En effet, les grandes entreprises fabriquant de moins en moins en interne et achetant de plus en plus de services à l’extérieur : nous, acheteurs, portons donc une responsabilité particulière dans les choix qui sont faits et dans la « durabilité » des modèles qui se mettent en place ; c’est pour cela que notre engagement est fon-damental. Le recours au secteur adapté nous amène toujours à nous poser la question de savoir comment nous allons pouvoir intégrer des modes nouveaux conçus évidem-ment dans la durabilité, et je pense que cela représente un challenge très important pour les acheteurs en place. En même temps, cela représente une chance extraordi-naire, pour nous, de pouvoir être stimulés par la façon dont on peut intégrer ce qui nous apparaissait comme une différence que nous avions parfois du mal à traiter et qui aujourd’hui devient de plus en plus une complé-mentarité indispensable pour pouvoir se développer.

rencontre avec…Thierry Bellon, Air france

Thierry BellonDélégué général

aux achats Air France

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 61

  MIlIEU oRdINAIRE dE TRAvAIl

 Groupe : France Télévisions

 Entreprise : France Télévisions

  Activité : audiovisuel

 Localisation : Paris, Île-de-France

 Effectif : 9 750

  Nombre de travailleurs handicapés : 467 (431

emplois directs / 36 emplois indirects)

 Accord de groupe : oui

 Accord d’entreprise : oui

  Types de handicap dans l’entreprise : handicap

moteur, handicap auditif, handicap visuel, maladies

invalidantes, divers (troubles musculo-squelettiques…)

Comment France Télévisions participe-telle à l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés ?OD : Nous développons nos achats auprès du STPA (Secteur du travail protégé et adapté) au travers de nos appels d’offres dont certains passés sous forme de mar-chés réservés auprès des ESAT et entreprises adaptées.Nous formons autour de nous les salariés de l’entreprise. Ces efforts représentent aujourd’hui 36 emplois équiva-lents temps plein. Les achats commencent donc à contribuer de manière significative à l’obligation de 6 % au travers d’objectifs que nous avons décidés dans le cadre de l’accord handi-cap du groupe.

Ces objectifs imposent une certaine pression pour déve-lopper ces activités d’achat responsables conjointement avec l’ensemble des autres objectifs à atteindre par la direction des Achats. Nous avons initialement développé nos achats respon-sables par des secteurs classiques : entretien des espaces verts, service traiteur-plateaux repas, maintenance des équipements électriques. Mais très vite, nous nous sommes aperçus que d’autres secteurs dynamiques, pas forcément connus, pouvaient être investis. Les associa-tions Pas@Pas et Handeco nous aident à mieux com-prendre le secteur et à identifier des structures pour repérer d’éventuels fournisseurs. Nous découvrons des secteurs intéressants en termes de développement : le transport de personnes pour nos propres collaborateurs en situation de handicap, entre leur domicile et le lieu de travail ; l’impression, la signalétique et la communication (notre magazine de communication interne à destination de tous les salariés est réalisé par un entreprise adap-tée ; l’impression de nos bulletins de paie est confiée à un ESAT). Une partie de l’activité de notre service téléspec-tateurs est dirigée vers une entreprise ordinaire orga-nisée en co-traitance avec une entreprise adaptée. Ces entreprises du STPA se professionnalisent ; elles déve-loppent de plus en plus des services pour répondre à la demande. La fonction Achat porte des responsabilités écono-miques et sociales. Ces deux concepts, longtemps consi-dérés comme antagonistes, peuvent très bien fonction-ner ensemble, à condition de trouver la bonne offre, avec des fournisseurs compétitifs et motivés. Aujourd’hui, les entreprises adaptées et les ESAT que je côtoie ont cette ambition d’être aussi performants que le secteur ordinaire, tout en présentant un petit supplé-ment d’âme qui fait vraiment la différence.

rencontre avec…Olivier Debargue, france Télévisions

Olivier DebargueDirecteur des achats

62 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

Activité professionnelle

  ATElIER ET ChANTIER d'INSERTIoN

  Association gestionnaire : ACIADES (Association

pour le développement de coopération, d’initiatives

et d’activités durables économiques et sociales)

  Structure : Ateliers et chantiers d’insertion (ACI)

La Chiffo

  Activités : collecte, tri, valorisation et vente

de textiles et mobiliers

  Localisation : Caen, Calvados

  Effectifs : 59 (dont 8 permanents)

  Nombre de travailleurs handicapés : 7

(dont 2 permanents)

  Accord de groupe : non

  Accord d’entreprise : non

  Types de handicap : handicap mental (déficience

intellectuelle), maladies invalidantes et troubles

musculo-squelettiques

pénalités financières nous devons répondre à des obli-gations de résultats : en fin de CDDI (Contrats à durée déterminée d’insertion), 60 % de nos salariés doivent bénéficier d’une formation qualifiante ou de l’accès à l’emploi durable.

Quels sont les processus de recrutement ?Cj : Nous n’exigeons aucune expérience profession-nelle préalable mais nous ne pouvons recruter que des personnes bénéficiaires d’un agrément délivré par Pôle emploi. Dès que nous avons des postes à pourvoir, Pôle emploi nous transmet les fiches de positionnement de tous les candidats considérés comme éligibles. Nous les recevons en entretien afin de délimiter leur projet, cibler d’éventuelles problématiques de santé et vérifier si nous pouvons leur proposer des postes adaptés à leurs diffi-cultés. Pour être éligible au contrat d’insertion, il faut soit être demandeur d’emploi de longue durée, soit bénéficiaire du RSA (Revenu de solidarité active), soit bénéficiaire d’une RQTH (Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé). L’entretien de recrutement est extrêmement important parce qu’il nous permet de connaître les restrictions sur les postes de travail (éviter le port de charges, etc.) et surtout, de déterminer à qui le chantier profitera le plus. Nous ne retenons pas les candidatures des personnes dont les difficultés, visibles dès l’entretien, ne pourront pas être compensées au cours des 24 mois de contrat d’insertion. Le projet, la situation personnelle et la motivation rentrent pleinement dans les critères de recrutement. Si la personne est éligible, qu’elle montre une réelle motivation et qu’elle présente un projet professionnel, elle sera de toute façon recrutée, à plus ou moins long terme. Bien entendu, les délais d’attente sont assez longs puisque nous recevons environ 200 candidatures pour 30 à 40 recrutements sur l'année.

Qui êtes-vous ?Cj : La Chiffo est une boutique solidaire ouverte à tous, agréée pour accompagner 51 personnes vers le retour à l’emploi. Les textiles et meubles collectés sur l’agglomé-ration caennaise sont valorisés et vendus sur place, ce qui contribue à créer des emplois locaux.Un chantier d’insertion fonctionne sur la base de 70 % de subvention et 30 % d’autofinancement générés par son action commerciale. Si nous voulons éviter des

rencontre avec…Christine Juillet, La Chiffo

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 63

Christine juilletDirectrice

Quelles sont les conditions de travail ?Cj : La personne signe un contrat de travail d’une durée de 4 mois qui peut être renouvelé jusqu’à 24 mois.Chaque contrat initial a une durée de 20 heures semaine pour permettre à la personne de découvrir le rythme de travail et d’organiser sa vie personnelle et profession-nelle. Lors du renouvellement, en fonction de la fatigabilité de la personne, de son organisation et de sa demande, elle peut passer à 26 heures, puis à 30 heures, l’objectif étant de la préparer à une activité équivalente à ce qui pourra lui être demandé en entreprise. Toutes les personnes al-ternent entre quatre semaines en atelier de production ou de retouche et deux semaines en boutique, ce qui leur permet d’acquérir des compétences en logistique (col-lecte, livraison, stockage et manutention), tri/contrôle qualité, couture/repassage et vente (évaluation des prix, étiquetage et vente en boutique). Le chantier offre des postes adaptés ainsi que du maté-riel ergonomique (plans de travail surélevés, outils de repassage légers et performants…).

Quels sont les spécificités de l’Insertion par l’acti-vité économique (IAE) et les objectifs du contrat d’insertion ?Cj : Comme il s’agit de l’insertion par l’activité écono-mique, les jeunes sont face à des réalités de travail qui exigent d’eux des résultats économiques, et donc une productivité. Le contrat d’insertion permet de découvrir ou de re-prendre un rythme de travail, de se préparer aux exi-gences des futurs employeurs, d’acquérir des compé-tences professionnelles transférables et d’accéder à la qualification. L’objectif est bien d’accompagner la personne pour lui transmettre tous les outils qui favoriseront son accès à l’emploi durable. Pour cela, le chantier s’appuie sur des encadrants techniques compétents qui transmettent,

à l’aide d’une pédagogie adaptée, toutes les compé-tences transférables au métier visé. De manière générale, les jeunes que nous recrutons ne connaissent pas le bassin d’emploi de leur territoire ; ils n’ont pas forcément idée de ce qu’ils peuvent faire. Nous leur présentons le champ des possibles et organi-sons des périodes de mises en situation professionnelles pour faire émerger des projets.Tous nos salariés en insertion bénéficient d’un accompa-gnement par un conseiller en insertion professionnelle qui anime des ateliers de recherche d’emploi, leur fait découvrir le bassin d’emploi caennais, accompagne les candidats lorsqu’ils postulent à des offres d’emploi, met en place les actions de formation en fonction des besoins ou des freins diagnostiqués (gestion du stress, mobilité, etc.). Un autre de nos travailleurs sociaux accompagne les salariés en fonction d’autres freins, par exemple : financier, alimentaire, logement et garde d’enfants. Une évaluation régulière des acquis et des compétences permet de fixer des objectifs précis en cas de renou-vellement du contrat d’insertion. Nous impulsons, nous proposons, mais la personne reste actrice de son projet. Le chantier n’est autre qu’un tremplin vers l’insertion.

64 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

Activité professionnelle

rencontre avec…Mélanie Besnard, EDf

 Groupe : EDF

 Entreprise : Centre national de production

d’électricité

 Activité : production d’électricité nucléaire

 Localisation : Flamanville, Manche

 Effectif : 813 agents

 Nombre de travailleurs handicapés :

14 (hors apprentis ou CDD)

 Accord de groupe : oui

 Accord d’entreprise : oui

 Types de handicap dans l’entreprise :

handicap moteur, handicap auditif, handicap visuel,

maladies invalidantes

  MIlIEU oRdINAIRE dE TRAvAIl

Comment l’entreprise répond-elle à l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés ?ML : Elle y répond de deux façons : l’emploi direct (à travers l’intégration de personnes en CDI et CDD, inté-rim et alternance en fonction des besoins de l’entreprise, c’est-à-dire comment, à compétences égales, peut-on favoriser l’emploi de personnes en situation de handi-cap ?) et le recours au secteur protégé avec les ESAT. Nos principaux fournisseurs sont l’Association des para-lysés de France (APF), les ateliers protégés Aiguillon de Mondeville et Handiprint. Nous passons des commandes de chiffons et de sacs poubelles, de consommables informatiques et différents supports d’impression (pan-neaux, signalétiques, cartes plastifiées, planning, etc.).

De quelle manière travaillez-vous avec l’association Handiuni ?ML : Pour tout ce qui concerne l’intérim, le recours aux CDD et les stagiaires école et alternance, nous essayons de favoriser l’accueil des personnes en situation de han-dicap. Chaque année, depuis maintenant trois ans, un de nos emplois saisonniers est systématiquement réservé à une personne en situation de handicap que nous envoie Handiuni. Mais de manière générale, dès que l’entreprise a des besoins, j’essaie de leur faire savoir.

Quelles sont les différentes compensations qui peuvent être mises en place ?ML : Notre accord tourne autour de l’adaptation des postes, des logements et des véhicules, dans le cadre des embauches ou du maintien dans l’emploi. Pour tout ce qui touche au handicap auditif, nous avons beaucoup tra-vaillé avec une entité qui s’appelle De bouche à oreilles située sur Paris et qui propose des solutions un peu inno-vantes. Nous avons par exemple équipé un jeune alter-nant qui a des problèmes d’acouphènes d'un système de casque filtrant et de petits bouchons spéciaux. Les adaptations de poste peuvent passer par tout ce qui est téléphonie, achat de fauteuils de bureau un peu spéci-fiques, appareils auditifs, etc. Quand les achats concernent du matériel à la fois pro-fessionnel et personnel, nous aidons l’agent à constituer un dossier pour qu’il obtienne des aides via la MDPH, la sécurité sociale et la mutuelle et si un delta reste à sa charge, nous participons, autant que possible, au finan-cement. Dans notre accord handicap national, un budget est prévu pour ce type d’adaptations.Au niveau national, à travers notre mission handicap, nous pouvons solliciter un certain nombre d’experts en audition, ergonomie, etc. S’il s’agit de problématiques déjà rencontrées, ils nous mettent en relation avec des entreprises spécialisées, sinon il peut y avoir des visites sur site et nous travaillons, en parallèle, avec nos méde-cins du travail. L’assistante sociale intervient pour aider

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 65

Mélanie BesnardResponsable des ressources humaines

professionnelle. À compétences égales, nous avons sou-haité favorisé une personne en situation de handicap pour l’aider à mettre le pied à l’étrier.Nous avons également accueilli, sur un poste d’assistant dans le cadre d’un contrat aidé, un jeune diplômé en fau-teuil roulant. Il a ensuite poursuivi une mission en CDD puis nous l’avons recruté en CDI. C’était une première sur une centrale nucléaire comme celle de Flamanville. Il a fallu réaliser de nombreuses adaptations de poste en termes d’accessibilité. Le site de Flamanville se situe au niveau d’une falaise. Les agents se garent en haut de la falaise et le site se trouve en contre-bas. Nous y accédons soit à pied par un tunnel, soit par l’intermédiaire d’une navette. Nous avons donc dû lui permettre de rentrer avec son propre véhicule et lui attribuer une place, au pied du bâtiment administratif. Il a fallu adapter les règles de sécurité et de contrôle associé, aménager ses horaires pour faciliter son accès sans lui faire perdre de temps. En cas d’incendie, les se-cours disposent d’une chaise d’évacuation et il a sur lui en permanence un téléphone portatif pour prévenir la sécurité en cas de nécessité.

les agents volontaires à constituer les dossiers de recon-naissance de handicap. Nous essayons, autant que pos-sible, de travailler en groupe pluridisciplinaire.

Auriez-vous des exemples d’embauche de travail-leurs handicapés ?ML : Nous avons accueilli, par l’intermédiaire d’Handiuni, une personne déficiente visuelle pour le remplacement d’un congé maternité dans le cadre d’un CDD. Les chargées de mission de l’association m’avaient fait passer le CV de ce jeune homme qui, à l’époque, était encore au lycée. Il préparait un BTS Assistant de ges-tion PME-PMI. Nous savions qu’un de nos agents allait partir en congé maternité et que nous aurions besoin d’organiser un remplacement. Nous l’avons convoqué en entretien à la fois pour lui faire découvrir le site et le contenu de la mission, et pour nous assurer que son profil pouvait vraiment répondre à un besoin. C’était un poste assez spécifique d’assistant de projet : tenue d’agenda, réservation de salle de réunion, communica-tion associée au projet. Il fallait qu’il vienne se rendre compte de l’environnement et que, de notre côté, nous puissions évaluer de façon concrète les aménagements dont il pourrait avoir besoin. En raison de sa déficience visuelle, il doit porter en permanence des lunettes et une casquette. C’est donc une situation un peu atyique pour une centrale nucléaire qui nécessite de nombreux contrôles d’accès. Nous nous sommes assurés que le bureau dans lequel il serait installé répondait bien à sa problématique, en termes de stores, taille de l’écran, etc. La mission s’est très bien passée donc nous avons dé-cidé de poursuivre la collaboration via un contrat aidé d’un an. Ses compétences correspondaient à celles at-tendues pour une mission d’assistant de projet et il nous a paru dynamique et volontaire. Pour être honnête, il y avait une petite part de risque puisqu’il n’avait encore jamais travaillé et devait remplacer une personne expé-rimentée. Mais nous avons senti une certaine maturité et avons eu envie de lui offrir une première expérience

66 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

Activité professionnelle

 Groupe : Randstad

 Entreprise : Randstad

 Activité : Intérim et recrutement CDD/CDI

 Localisation : Caen, Calvados

 Effectif : 18

 Accord de groupe : oui

 Accord d’entreprise : non

 Nombre de travailleurs handicapés : 1 (hors stage)

  Type de handicap : troubles musculo-squelettiques

(stage : déficience visuelle)

Quelle est la politique du handicap chez Randstad ?BV : Un service dédié au handicap, basé à Lyon, gère l’ensemble des agences au niveau national. Notre poli-tique est très clairement définie, avec une implication très forte au niveau du siège, mais les avancées sont un peu différentes selon les personnes et les régions. GF : Des labels sont accordés au groupe Randstad puis sont déclinés au niveau des agences. Nous commençons, depuis un an, à lancer des actions. Nous nous sommes aperçus que nos collègues d’Alençon étaient déjà très avancées sur le sujet, qu’elles avaient des contacts avec les Missions locales, Cap emploi, etc. Sur Caen, tout est à mettre en place, petit à petit. BV : Nous sommes partis, en 2015, d’une page blanche et avons fait le choix de ne pas avancer vite, mais d’avan-cer bien. J’aimerais développer deux volets importants : d’une part, l’embauche de collaborateurs « permanents »

dont les compétences permettraient de travailler en agence, et d’autre part, des intérimaires (les CDI inté-rimaires) reconnus travailleurs handicapés en missions chez nos entreprises clientes. À l’heure actuelle, nous essayons de rencontrer les diffé-rents partenaires (Cap emploi, LADPAT…) et de repérer les clients sensibles à la question du handicap. Deux personnes sur le plateau de Caen, Gladys et Cécile, se relaient pour sensibiliser les entreprises et moi, j’es-saie de faire avancer le projet de recrutement des per-manents en situation de handicap. Nous envisageons, d’ici quelques années, de pouvoir développer des parte-nariats avec des écoles, comme c’est le cas dans d’autres régions, pour les contrats en alternance. Cette volonté devra être partagée mais si nous ne montrons pas le chemin, nous ne pourrons pas faire avancer les autres.Pour l’emploi direct, j’ai souhaité commencer par l’ac-cueil de stagiaires. C’est ainsi que nous avons accueillie Coralie, l’année dernière. GF : Les Évaluations en milieu de travail (EMT), sous forme de stages, ont pour objectif de confronter la per-sonne dans un secteur d’activité, pour qu’elle puisse dé-couvrir un nouvel environnement de travail. Nous nous sommes dits, avec Handi-Uni, que ces EMT pouvaient être une première étape pour commencer l’accueil de travailleurs handicapés au sein de notre agence. BV : Coralie est arrivée l’année dernière, au mois d’octobre. C’est Handiuni qui nous a mises en relation mais elle est passée par Cap emploi pour faire cette EMT. Nous l’avons rencontrée une première fois puis elle a fait un stage de quinze jours au sein de l’agence. Elle était encadrée par plusieurs collègues qui avaient été préalablement sensibilisées au handicap. Il me semble très important, avant d’accueillir une personne en situa-tion de handicap, que toute l’équipe soit bien informée. La sensibilisation des collaborateurs est une étape très importante. Coralie s’est complètement intégrée à l’équipe, elle a trouvé sa place de manière très natu-

  MIlIEU oRdINAIRE dE TRAvAIl

rencontre avec…Gladys fortin, Barbara Vautier et Coralie, Randstad

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 67

relle au cours de ces 15 jours. C’est une personne très agréable, j’ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec elle. Elle prenait des initiatives, était très investie, faisait tout ce qu’il fallait pour s’intégrer à l’équipe.Elle nous a aidées à construire une opération de recrute-ment CDD/CDI, avec notamment tout le power point qui était lié à la mise en place de cette opération, et a travail-lé sur une opération de job dating. Je lui ai demandé de s’occuper de la logistique (préparation des salles, prépa-ration de l’accueil…). Elle a aussi démarré un travail im-portant sur un organigramme visuel de nos équipes : elle s’est chargée de récupérer toutes les photos et de faire une première mise en page, ce qui lui a permis d’être en contact avec tous les collaborateurs de la zone. Je l’ai également missionnée sur l’aspect logistique de notre comité de région (réservation du restaurant, préparation de la salle…) auquel elle a participé en fin de journée. Normalement une EMT doit permettre à la personne de vérifier si elle est faite pour le métier. Nous, cela nous permettait de voir comment Coralie fonctionnait pour la positionner sur une mission si une opportunité se présentait. Finalement, elle a trouvé un emploi dans un cabinet médical.GF : Le retour que nous avons eu d’Handi-Uni est que son passage chez nous lui a redonné confiance.BV : Notre objectif est de renouveler l’expérience pour sensibiliser nos propres équipes au handicap. Nous avons la chance d’avoir une cellule informatique sur Caen, avec des collaborateurs qui sont près à intégrer une personne avec un handicap.

Coralie, quelle a été votre expérience chez Randstad ?C : L’association Handiuni m’a proposé de faire un stage chez Randstad. J’étais plutôt à la recherche d’un em-ploi mais j’ai trouvé le projet de Randstad intéressant. Ils voulaient, au travers de stages, mieux comprendre le handicap. Cette offre de stage me permettait de faire comprendre à l’entreprise les difficultés que peuvent

rencontrer les personnes qui présentent une déficience visuelle. J’avais déjà, auparavant, eu l’occasion de pas-ser des tests informatisés chez eux et j’avais rencontré beaucoup de difficultés car les tests n’étaient pas du tout adaptés à ma déficience. La manière dont ils étaient configurés ne permettait pas, par exemple, de grossir les caractères. J’ai accepté ce stage dans le but de faire remonter ces difficultés pour faciliter l’organisation si d’autres personnes passaient après moi. Le stage a duré deux semaines. J’ai découvert Rands-tad et les métiers de chacun. J’ai commencé à mettre en place un trombinoscope et, comme je suis à l’aise en in-formatique, j’ai pu aider une autre stagiaire à réaliser un diaporama. Cet outil partagé leur permettait de mieux se connaître les uns les autres.J’ai particulièrement apprécié l’accueil que l’équipe m’a réservé chez Randstad et leur ouverture d’esprit pour accepter d’accueillir quelqu’un d’handicapé. Ils m’ont proposé des tâches adaptées à mon profil et à mon han-dicap.Je possède mon propre matériel (une loupe électronique et un monoculaire, c’est-à-dire une jumelle juste pour un œil). À mon arrivée, je me suis présentée à l’ensemble de l’équipe et leur ai expliqué en quoi consistait ma défi-cience visuelle. Je leur ai précisé qu’ils ne devaient pas hésiter à m’interpeller s’ils avaient des questions. Les questions ont principalement porté sur le matériel que j’utilisais. Même si ce n’est pas facile à mettre en place, il faut mon-trer qu’il y a une volonté d’intégrer les travailleurs han-dicapés, c’est important de ne pas leur fermer les portes, quel que soit le type de handicap.

Gladys FortinConsultante Senior

Barbara VautierAssistante de direction

CoralieStagiaire

68 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

Activité professionnelle

  MIlIEU oRdINAIRE dE TRAvAIl

rencontre avec…Sarah Guillemet, Crédit Agricole Normandie

 Groupe : Crédit Agricole

 Entreprise : Caisse régionale de Normandie

 Activité : banque assurances

 Localisation : Caen, Calvados

 Effectif : 2 130 (chiffres 2015)

  Nombre de travailleurs handicapés : 79

 Accord de groupe : oui

 Accord d’entreprise : oui

 Types de handicap dans l’entreprise :

handicap moteur, handicap auditif, handicap visuel,

maladies invalidantes, divers (troubles musculo-

squelettiques)

Qui êtes-vous ?SG : Fort de ses fondements coopératifs et mutualistes, le Crédit Agricole est une banque responsable et utile. Grâce à son modèle de banque universelle de proximité, l’association étroite entre ses banques de proximité et les métiers qui leurs sont liés, le groupe accompagne ses clients dans leurs projets, en France et dans le monde : assurance, immobilier, moyens de paiement, gestion d’actifs, crédit-bail et affacturage, crédit à la consom-mation, banque de financement et d’investissement. Il se distingue par sa politique de responsabilité sociale et environnementale, dynamique et innovante, qui repose sur une démarche pragmatique et met chaque collabo-rateur en action.

Parmi les entités qui composent le groupe, le Crédit Agricole Normandie rassemble 179 agences de proxi-mité et des agences dites spécialisées implantées dans la Manche, l’Orne et le Calvados. Pour pouvoir accom-pagner nos clients sur des solutions de banque et assu-rance, nous sommes plus de 2 000 collaborateurs, soit le 3e employeur privé de la région. 800 d’entre nous tra-vaillent sur les fonctions supports de l'entreprise tandis que 1 200 collaborateurs travaillent dans les différents réseaux commerciaux (agences de proximité et spécia-lisées).

Comment l’entreprise répond-elle à l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés ?SG : Puisque nous sommes sous accord de groupe, nous ne travaillons pas directement avec l’Agefiph. Nous avons créé notre propre association : HECA (Handicap et emploi au Crédit Agricole). Chaque caisse régionale se donne ainsi les moyens d’ouvrir à tous des perspectives professionnelles. En tant que chargée de mission handicap, je me tiens à la disposition des collègues en situation de handicap pour les rencontrer, les conseiller et les accompagner à chaque étape de leur évolution professionnelle.Le Crédit Agricole est une entreprise privée avec une sensibilité forte au handicap. Trois grands axes de travail constituent notre priorité : le recrutement, le maintien dans l’emploi grâce à des dispositifs d’accompagnement pour nos salariés dont le handicap survient au cours de la vie professionnelle et enfin, le recours, de plus en plus fréquent, au secteur adapté ou protégé, pour des tra-vaux de sous-traitance.Chaque année, nous recrutons environ 70 à 80 personnes en contrat d’alternance à partir du niveau bac + 3 et jusqu'à bac + 4/5. Une exception est faite pour les per-sonnes disposant d'une reconnaissance de handicap que nous recrutons à partir du niveau bac + 2.

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 69

Sarah GuillemetAnalyste du développement des ressources humaines, chargée de mission handicap

En effet, nous souhaitons nous adapter au marché du travail pour lequel 80 % des travailleurs handicapés n'ont pas le baccalauréat (contre 56 % dans la popula-tion générale). Des places leurs sont d'ailleurs réservées. Les formations concernées sont majoritairement spé-cialisées dans le domaine bancaire mais nous recrutons également dans le cadre de la préparation de diplômes commerciaux plus généralistes. Pour la rentrée de sep-tembre 2016, nous avions achevé nos recrutements dès le mois de mai. Il est donc impératif d’anticiper les dé-marches de candidature.

Quels sont les processus de recrutement des personnes en situation de handicap ?SG : Nous recrutons les candidats en situation de handi-cap de la même manière que les candidats non reconnus handicapés et sur tous types de contrats (stages, alter-nance, CDD, CDI). La seule différence relève de la prise en charge particulière que nous leur proposons. En effet, les personnes qui ont une Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) entrent dans le dispositif handicap de l’entreprise (HECA).Je me charge de leur recrutement en abordant les thé-matiques habituelles de nos entretiens. J’aborde aussi le handicap à travers les contre-indications et/ou aména-gements de poste potentiels (fauteuils, claviers, souris, etc.). Si cela est nécessaire, une chargée de la Qualité de vie au travail intervient et peut proposer un panel impor-tant de solutions en lien avec des partenaires spéciali-sés (le cabinet Pitchpin Ergonomie Solutions, l’ARIADA pour les handicaps auditifs, le SIADV pour la vue, etc.). Pour l’entreprise, la qualité de vie au travail est un enjeu de performance et le bien-être des collaborateurs un enjeu essentiel. C’est pourquoi, nous prenons le temps de construire, en concertation, des réponses adaptées. Nous souhaitons que les personnes en situation de han-

dicap aient les mêmes chances de réussir que tout autre candidat. Lorsque le handicap peut être compensé, notre principe de recrutement est : toutes les compétences, rien que les compétences.En outre, le handicap ne fait l’objet d’aucune discrimina-tion. Cela n’a pas d’impact sur la rémunération ou l’évo-lution de carrière par exemple. Enfin, il est important de rappeler que le sujet est traité de façon tout à fait confidentielle dans l’entreprise. Je centralise les informations et laisse le choix aux collè-gues de transmettre les informations qu’ils souhaitent. Pour que les messages soient positivement accueillis, nous proposons régulièrement des sensibilisations qui permettent de porter un autre regard sur le handicap.

Pour l’entreprise, quels sont les avantages et les inconvénients des contrats en alternance ?SG : L’alternance est un véritable tremplin vers la vie professionnelle et notre première source de recrute-ment. L’entreprise met donc tout en œuvre pour accom-pagner le développement des compétences : chaque étudiant bénéficie de l’appui d’un tuteur et d’un référent au sein de l’équipe de Gestion des ressources humaines (GRH). Nous annonçons aussi nos attentes en termes d’investissement de la part de l’alternant. Pour tous ceux et celles pour qui l’expérience donne satisfaction, le manager peut proposer d’intégrer notre parcours de recrutement en CDI. Les postes proposés offrent ensuite des perspectives sur une diversité de métiers au sein de l'entreprise.

70 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

Activité professionnelle

 Entreprise : Atouts Nature

  Activités : élagage, création, entretien des espaces

verts

 Localisation : Caen, Calvados

 Effectif : 20

 Nombre de travailleurs handicapés : 2

 Types de handicap : handicap moteur

  ENTREPRISE oRdINAIRE

difficile parce qu’il fallait déjà qu’il passe par un CAPA de paysagiste pour avoir le droit, ensuite, d’être accepté dans une école d’élagage. Après deux ou trois périodes de stage, j’ai accepté de le prendre en apprentissage, pendant deux ans, pour son CAPA. Deux matinées par semaine, il suivait des cours renforcés et je rencontrais sa tutrice, une personne de chez ALFAH, toutes les six semaines. Nous faisions le point sur son comportement, son adaptation et son évolution au sein de son apprentis-sage. Je pense que D. était très motivé, mais s’il partait dans l’idée que c’était comme ça, nous avions beau lui dire qu’il fallait faire autrement, il restait dans son idée de départ. Il était très motivé pour obtenir ce CAPA qui lui permettrait d’entrer en formation d’élagage. À l’issue des deux années d’apprentissage, D. a validé son CAPA avec de très bons résultats qui lui ont même valu d’être reçu par la chambre de métiers et de recevoir une médaille de meilleur apprenti de France malgré son handicap qui était très peu visible mais qui était quand même très présent. Je suis très fier de l’avoir accompagné jusqu’à la valida-tion de son diplôme. Malheureusement, je n’ai pas sou-haité le prendre en élagage après le CAPA parce que je trouvais que pour des raisons de sécurité, dans le métier de l’élagage, il fallait être capable de se remettre en question. Il a finalement été accepté en bucheronnage, mais là, ce n’était plus notre secteur d’activité. Même s’il était très sérieux, certains moments étaient un peu plus délicats parce qu’il était un peu caractériel. Malgré tout, nous sommes très fiers de l’avoir accompagné jusqu’à la vali-dation de son diplôme.

Connaissiez-vous son type de handicap ?BD : Sa tutrice ne cachait rien, elle expliquait bien son handicap devant lui. Il y avait, je pense, une volonté de ne pas lui cacher, au cours des entretiens, les difficultés qu’il avait. En fin de compte, lorsque D. part dans une direction, il a du mal à changer de voie, du mal à se remettre en question, du mal à admettre que s’il faut

En tant que chef d’entreprise, quelle expérience avez-vous du handicap ?BD : Deux de mes salariés ont une Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) mais, à partir du moment où ils ont été déclarés aptes par la méde-cine du travail pour travailler chez nous, cela ne nous a posé aucun problème. Je les ai embauchés, au même titre que n’importe quel autre salarié. Leur handicap est reconnu mais cela n’a aucune conséquence sur notre activité. Leur handicap a été reconnu par les médecins mais il n’y a aucun aménagement particulier. Au moment des embauches, bien entendu, ils ont passé la visite de la MSA (Mutualité sociale agricole) qui permettait de vali-der leurs aptitudes.Il y a quelques années, j’ai accueilli en stage un jeune du lycée Laplace et j’en ai formé un autre dans le cadre de son contrat d’apprentissage.

Pouvez-vous décrire comment cela s’est passé dans le cadre de l’apprentissage ?BD : D. était venu chez nous pour faire un stage de découverte. Il souhaitait prépare un CS (Certificat de spécialisation) d’élagueur. Je lui ai répondu que c’était

rencontre avec…Bruno Demeusoy, Atouts Nature

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 71

Bruno DemeusoyChef d'entreprise

qu’il fasse de telle manière, c’est qu’il y a une raison. Si nous ne prenions pas suffisamment de temps pour lui expliquer les raisons des changements et que suivant le chantier, il était indispensable de s’adapter, D. procédait toujours de la même façon. S’il était avec une équipe qui prenait bien le temps de lui expliquer, tout allait bien mais s’il se retrouvait avec une équipe moins attentive, il se braquait donc cela n’allait pas. Il avait besoin de plus de temps, aussi bien pour son travail écrit que pour la pratique et avait besoin d’être sur des rails. Mais, une fois qu’il avait pris le pli, son travail était parfait. Nous prenions du temps pour lui, mais puisque nous nous étions engagés à le former, nous avons fait preuve de plus de patience avec lui que nous ne l’aurions fait avec un autre apprenti.

Quelle est l’histoire du jeune accueilli en stage ?BD : T. était en Ulis au lycée Laplace. Il suivait la théorie à Laplace et la pratique à Lemonnier. Il a fait tous ses stages chez nous. C’est un jeune qui avait du mal à parler et un peu de mal à l’écrit, mais une formidable volonté de travailler. Il aurait fait un très bon apprenti. Malgré ses difficultés pour communiquer, il était loin d’être sot et comme il aimait ce qu’il faisait, il était vraiment dans son élément. Nous avons régulièrement des stagiaires qui tournent, attendent qu’on leur dise ce qu’ils ont à faire… T., lui, était systématiquement au bon endroit au bon moment. Dès que nous avions besoin de lui, il était toujours là. Il me semble qu’il a obtenu son CAPA. Nous n’avons malheureusement pas pu l’embaucher car à ce moment nous n’avions pas de besoins de recrutement.

Quel regard portez-vous sur le handicap ?BD : Je ne prends pas les personnes par rapport à leur handicap mais pour ce qu’elles ont à me proposer. J’ai pris ces jeunes parce que j’estimais qu’ils méritaient d’être dans l’entreprise : T. pour découvrir le métier et D., parce que l’obtention du CAPA était indispensable pour son projet d’élagueur. Cela nous a paru normal de leur tendre la main.

Lorsque je reçois des jeunes, je ne regarde pas s’ils ont un handicap, je les accueille tous, sans distinction. Ce n’est pas parce qu’ils ont un handicap que je les prends, mais ce n’est pas non plus parce qu’ils ont un handicap que je leur fermerais la porte. S’ils peuvent s’intégrer dans une équipe, je ne fais pas de différence. Je n’ai pas de sensibilité particulière par rapport au handicap. Si le profil correspond, je donne sa chance à tout le monde, indépendamment du handicap. Les jeunes qui m’ont été présentés correspondaient peut-être très bien à ma structure, ils rentraient dans le cadre de mon activité donc cela ne me posait pas de sou-cis. Je ne vais pas systématiquement prendre des jeunes en situation de handicap. S’ils ne me plaisent pas, je ne les prends pas. Au même titre qu’une personne valide. Il n’y a pas de différence.J’ai été ravi de ces deux expériences. Les jeunes étaient tous les deux très attachants. Quand j’ai été appelé par la chambre de métiers pour expliquer le parcours de D. devant 500 personnes, qu’ils ont félicité la qualité de son travail et remercié l’artisan qui l’avait embauché dans le cadre de son contrat d’apprentissage, c’était une fierté.

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Activité professionnelle

rencontre avec…Rodolphe Meteau et Mélissa Muller,Air net propreté

 Entreprise : Air net propreté

 Activité : nettoyage industriel

 Localisation : Évrecy, Calvados

 Effectif : 12 équivalents temps pleins (41 salariés)

  Nombre de travailleurs handicapés : 3 équivalents

temps pleins (6 salariés)

  Types de handicap dans l’entreprise : handicap

mental, handicap moteur (poignet), divers (troubles

musculo-squelettiques, maladies invalidantes)

  MIlIEU oRdINAIRE dE TRAvAIl

Nous sommes plutôt gagnants car de manière générale, ces personnes sont très investies dans leur travail. Les aides à l’embauche de l’Agefiph représentent un tremplin pour nous sur le plan économique. Nous savons que les contrats inférieurs au mi-temps rendent l’emploi précaire et fragilisent le salarié. Les aides peuvent per-mettre de pérenniser l’emploi en permettant de propo-ser au salarié un contrat plus conséquent que ce qu’il aurait été initialement possible de mettre en place.

Quels sont les processus de recrutement ?RM : Nous transmettons à Cap emploi les profils de postes pour lesquels nous avons des besoins de recru-tement. Laurie Legrand connaît très bien les personnes qu’elle accompagne. Ce ne sont pas simplement des dos-siers, elle les rencontre toutes et cela lui permet d’être très réactive pour nous adresser des candidats aux pro-fils adaptés aux postes que nous proposons. Elle tient également compte des personnalités pour que tout se passe au mieux. Mélissa et moi-même recevons en entretien deux ou trois candidats et décidons si nous finalisons le recrutement. Les personnes que je recherche ne sont pas nécessai-rement qualifiées mais elles doivent être volontaires, ponctuelles, polies et présentables sur le plan vestimen-taire car elles sont en contact direct avec les clients et véhiculent l’image de l’entreprise. Dans ce métier, le savoir-être est essentiel. Nous accompagnons souvent le recrutement par un contrat de professionnalisation qui permet d’apporter le complément technique en fonction du niveau de poste recherché. Avec Cap emploi, nous ne parlons jamais de handicap mais uniquement de compé-tences attendues sur les postes de travail.MM : Je m’occupe de la partie administrative. Je récolte tous les éléments auprès des salariés et constitue les dossiers avec Laurie Legrand qui se charge de les valider et de les transmettre aux services concernés. Il m’arrive

Votre entreprise n’est pas soumise à l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés. Pourquoi le faites-vous ?RM : L’entreprise dans laquelle je travaillais auparavant remplissait ces conditions. Lorsque j’ai créé ma propre structure, en 2004, il m’a semblé très naturel de pour-suivre cette démarche. En plus d’une sensibilité per-sonnelle à la question du handicap, je pense qu’il est de notre devoir, en tant que chefs d’entreprises, de faire évoluer la société dans laquelle nous vivons, de chan-ger les regards. Je viens d’une famille nombreuse qui a le sens de l’ouverture, de l’accueil et je transpose ces valeurs à l’entreprise, de façon très naturelle.Il y a une belle diversité dans l’entreprise : des travailleurs handicapés, des personnes de tout âge, différentes natio-nalités, des hommes et des femmes. C’est assez repré-sentatif de la société, du monde dans lequel je vis et du coup, je pense que mon entreprise me ressemble assez.

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 73

de rencontrer les candidats après les entretiens de recrutement, cela permet parfois d’apporter des élé-ments complémentaires. Nous n’avons pas forcément la même vision sur les personnes et nos points de vue sont complémentaires. Je m’occupe également des contrats de professionnalisation et leur transmets toute l’infor-mation nécessaire.

Si des moyens de compensation doivent être mis en place, comment procédez-vous ?RM : Nous n’avons pas connaissance du handicap de la personne. C’est Cap emploi qui détermine, avec l’aide d’un ergonome, quels sont ses besoins. Suite à ces re-commandations, nous procédons à des aménagements de postes : achat d’un siège pour éviter le basculement du bassin lors de l’installation dans le véhicule, mise à disposition de charriots ou de corbeilles plus hautes, balais télescopiques réglables en hauteur, etc. Nous adaptons les postes en fonction des restrictions des per-sonnes (ne pas se baisser, ne pas se plier, etc.). Cela passe également par l’accompagnement sur les postes de travail. L’un de nos salariés est très renfermé, manque d’ouverture et de confiance en lui. Il a beaucoup de mal à transférer ce qu’il a appris d’un site à l’autre. Le moindre changement le met en difficulté, il a besoin de temps pour s’adapter. Nous l’accompagnons donc pendant 15 jours sur chaque nouveau site, même s’ils ont les mêmes caractéristiques, pour qu’il prenne ses marques. Sans cet accompagnement il lui faudrait 2 à 3 mois d’adaptation. Dès lors que la difficulté est identi-fiée, nous pouvons y remédier.Il peut aussi y avoir des aménagements horaires pour une personne qui présente une grande fatigabilité. L’une de nos salariées, par exemple, ne travaille que le matin. Nous faisons tout pour que nos salariés soient en situa-tion de réussite, qu’ils s’agissent de travailleurs handi-capés ou non. Sinon ce n’est pas la peine de travailler

ensemble. Je fais confiance à Cap emploi par rapport à la détermination du poste de travail, pour qu’elle m’en-voie des personnes qu’elle sait adaptables à mon mé-tier. Elle travaille beaucoup avec nous et a compris les contraintes de ce métier. Nous ne parlons qu’une seule fois du fait que le travailleur a une Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé afin que je sache à qui j’ai à faire, que le poste soit adapté si nécessaire, et qu’il bénéficie d’un accompagnement adapté pour s’intégrer au mieux en tenant compte de son niveau de fatigue, de ses restrictions de mouvement, etc. Les autres salariés de l’entreprise ignorent que la personne a une RQTH, à moins que le salarié en ait lui-même parlé.

Pensez-vous que le regard sur le handicap a évolué au sein des entreprises ?RM : Aujourd’hui, soit l’intégration est évidente pour le chef d’entreprise, et elle se fait tout de suite, soit il n’y en n’a pas du tout. Je pense que la génération qui arrive va repousser les limites. Les futurs chefs d’entreprises auront côtoyés le handicap à l’école. Peut-être que ce ne sera plus un problème pour eux, de vivre et de travailler ensemble, dans la diversité.

Rodolphe MeteauGérant

Mélissa MullerAssistante administrative

74 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

Activité professionnelle

rencontre avec…Cécile Rapeaud, Manuplast

 Entreprise : Manuplast SA

  Activité : fabrication de pièces techniques

à base de matières plastiques

 Localisation : La Ferté-Macé, Orne

 Effectif : 100

 Nombre de travailleurs handicapés : 8

 Accord d’entreprise : oui

  Types de handicap dans l’entreprise : handicap

moteur, handicap mental, maladies invalidantes,

divers (troubles musculo-squelettiques, etc.)

  MIlIEU oRdINAIRE dE TRAvAIl

Quelle expérience avez-vous de l’Agefiph ?CR : La relation Agefiph - Manuplast, avec toutes les aides qu’elle peut apporter à l’entreprise, ne date pas d’hier. Dans la problématique du maintien dans l’emploi, nous essayons d’accompagner les salariés jusqu’au bout. À un moment ce n’est plus possible, mais en tant qu’en-treprise, il est de notre devoir de faire tout ce qui est possible. L’Agefiph a toujours su nous accompagner, en tant qu’entreprise, dans nos problématiques qui sont parfois complexes, aussi bien pour nous, entreprise, que pour nos salariés, parce qu’il y a autant d’hommes que de situations. Dans ce cadre-là nous avons bénéficié d’un certain nombre d’aides et de soutien de l’Agefiph et donc du Sameth, sur des problématiques diverses, avec des apports de solutions étudiées au cas par cas qui ont per-mis à l’entreprise de mettre en œuvre des moyens en partie subventionnés par l’Agefiph parce que le nerf de la guerre est aussi financier.

Auriez-vous un exemple de maintien dans l’emploi ?CR : Nous avons le cas d’une dame, qui du fait de son handicap génétique, est obligée de se déplacer en fau-teuil roulant. Elle était salariée chez nous depuis 25 ans et l’Agefiph nous a accompagnés pour que le maintien dans l’emploi, même en fauteuil roulant, puisse se faire le plus longtemps possible. C’était le cas jusqu’à l’année dernière où, malheureusement, nous n’avons pas pu maintenir son poste. Il y a aussi, je tiens à le rappeler, une volonté, ou pas, du salarié de continuer. Effectivement, le salarié en situation de handicap se bat au quotidien avec son handicap ; nous l’accompagnons au mieux mais nous ne pouvons pas l’accompagner « en dépit de ».L’entreprise est située dans le bocage normand, dans une ancienne manufacture de textile. C’est vraiment très beau, mais au niveau organisationnel, c’est un petit peu compliqué. L’accessibilité physique des locaux était très problématique. Nous avons pu bénéficier d’une aide de l’Agefiph et, à l’époque, nous avons pu appliquer 80 %

Qui êtes-vous ?CR : Manuplast est une entreprise de plasturgie spécia-lisée dans l’extrusion-soufflage 2D/3D et l’injection des matières plastiques qui peuvent se combiner dans le cadre de la réalisation d’ensembles complets, avec si né-cessaire des opérations de parachèvement. Notre équipe rassemble une centaine de professionnels. Nous faisons partie du premier quartile des entreprises au niveau des performances économiques et nous consacrons un bud-get important à la formation et à l’apprentissage. Nous avons, depuis dix ans, une stratégie RSE (Responsabi-lité sociétale des entreprises) reconnue depuis deux ans niveau d'excellence par l'ARACT Normandie (Association régionale pour l'amélioration des conditions de travail). Nous travaillons pour de multiples secteurs : alimen-taire, automobile, électromécanique, hygiène et santé, industries chimiques, laboratoires et analyses, nautisme et loisirs, nucléaire, produits d'entretiens, signalisation routière, toner (impression), vétérinaires…

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 75

Cécile RapeaudResponsable des relations et ressources humaines

de leurs préconisations Agefiph. Il s’agissait d’un véri-table pas en avant, d’un point du vue accessibilité. Tout récemment, un poste de technicien de production a pu bénéficier d’une Prestation spécifique d’orientation professionnelle (PSOP). Ce technicien ne peut plus exer-cer son métier de technicien de fabrication à temps plein, donc avec l’aide de l’Agefiph et du Sameth, nous l’avons accompagné dans sa reconversion. Cela a consisté à effectuer un bilan de compétences, à la fois pour savoir ce que la personne voulait mais également, pour déter-miner ce que nous pouvions proposer en interne, dans l’entreprise. Actuellement, cette personne conserve une partie de son poste, pour ce qu’il peut faire, et il est en partie sur un autre poste. Mais cela ne s’improvise pas, parce que dans ce cas précis, la personne avait de très grosses craintes par rapport au poste qu’on voulait lui proposer ne sachant pas exactement en quoi cela consis-tait. Il avait déjà eu une première reconversion puisqu’il était restaurateur dans un premier temps mais son han-dicap l’avait fait venir dans l’industrie.Nous avons deux gros dossiers Agefiph en cours, pour 2015 et 2016. Ils concernent deux personnes et notam-ment une personne aux approvisionnements. Pour cette personne qui souffre de problèmes cardiaques, il fallait drastiquement réduire les efforts physiques sachant qu’elle parcours en moyenne 15 km à pied tous les jours. Concrètement, cela passe par un chariot élévateur élec-trique frontal pour assurer tous ses déplacements ainsi qu'une aide à la manutention et centralisation des ma-tières.

Pour le cas de cette personne, quel est le finance-ment de l’Agefiph ?CR : Nous sommes typiquement dans l’aménagement technique d’une situation de travail dont le coût s’élève à plus de 100 000 € pour l’entreprise. L’Agefiph a pris en charge un tiers du financement car elle finance ce qui relève réellement de la compensation du handicap. Tout ce qui relève des obligations légales de l’employeur (sé-curité, renouvellement de matériel ou matériel qui sert

à d’autres salariés, gain de productivité, etc.) qui donc, ne relève pas de la compensation du handicap, n’est pas financé par l’Agefiph. Mais il est vrai que cette partici-pation financière a permis d’accélérer le processus et l’aménagement a bénéficié à l’entreprise toute entière. Cela bénéficie non seulement à la personne handicapée mais également à l’entreprise car le salarié est plus effi-cace dans son travail. Cela profite aussi aux autres sala-riés puisque pour éviter un sentiment d’injustice, notam-ment chez les nombreuses personnes que nous avons en restriction, nous faisons tout dans l’entreprise pour adapter les postes et pour réduire la pénibilité au travail.Lors d’une première phase, nous avons pu investir sur des moyens et des aménagements de postes, puis lors d’une seconde phase, qui s’est terminée en juin, nous avons fait des aménagements pour permettre d’éviter toutes les manutentions manuelles de l’approvisionneur. Cela va effectivement changer son poste car il sera là, beaucoup plus en support. Nous sommes en train finale-ment de redéfinir son poste donc cela peut aller très loin.Aujourd’hui, c’est vrai que dès que nous avons une pro-blématique handicap, nous avons cet automatisme de solliciter, dans un premier temps, la médecine du travail et l’Agefiph, mais au-delà des aides et des subventions, il peut y avoir un réel soutien et accompagnement de pro-fessionnels au quotidien, à la fois pour l’entreprise, mais aussi pour la personne qui est en difficulté.

76 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

Activité professionnelle

 Ministère : Éducation nationale

 Administration : rectorat

 Localisation : Caen

 Effectif : 23 654 (chiffres 2015/2016)

 Nombre de travailleurs handicapés : 408

 Convention nationale : oui

  Types de handicap dans l’administration : tous

Comment l’Éducation nationale répond-elle à l’obli-gation d’emploi des travailleurs handicapés ?AN : Comme toute fonction publique, l’Éducation nationale doit atteindre un taux de 6 % d’emploi des per-sonnes handicapées, mais compte-tenu de sa masse sa-lariale et de ses missions auprès des élèves, le ministère bénéficie d’une dérogation qui lui permet d’être, pour l’instant, exemptée de pénalité. Même si nous participons à un partenariat académique dans le cadre du Handi-Pacte, nous n’avons pas les mêmes obligations que les autres fonctions publiques et sommes rattachés à la convention nationale pour le FIPHFP. Jusqu’à présent l’agent en situation de handicap sollicitait le FIPHFP pour le financement de la prise en charge de la compensation dans le cadre de son inser-tion, en s’adressant au rectorat. Depuis peu, l’agent peut s’adresser au FIPHFP, directement, dans certaines condi-tions.

Quelle est la politique de l’académie de Caen en matière de handicap ?AN : La commande ministérielle se décline au niveau académique autour de quatre volets : le recensement,

le recrutement, le maintien dans l’emploi et enfin, l’infor-mation et la sensibilisation.Concernant le recensement des personnels, nous avons édité une plaquette d’information sur les droits des per-sonnes en situation de handicap pour inciter les agents à se déclarer (calcul de la retraite, temps partiels de droit, dispositions prises pour faciliter la mobilité des agents, etc.) et nous transmettons des informations via le site du rectorat. Nous expliquons aux agents concernés l'intérêt d'une reconnaissance de la qualité de travailleur handi-capé (RQTH).L’autre volet de la politique académique concerne le recrutement. Chaque année, nous avons une campagne de recrutement. De novembre à janvier, les personnes ont la possibilité de constituer un dossier de candidature qu’elles téléchargent sur le site de l’académie. Les dos-siers de candidature des enseignants du second degré et des administratifs doivent m’être adressés tandis que les dossiers pour devenir professeur des écoles sont à transmettre aux correspondants handicap départemen-taux. Une pré-sélection permet d’évaluer la validité des dossiers puis une commission de recrutement reçoit les candidats en entretien. Si l’entretien est positif, nous in-vitons l’agent à rencontrer le médecin de prévention puis un médecin agréé afin d’évaluer la compatibilité du poste avec le handicap. S’il s’agit d’un enseignant, nous recueil-lons également l’avis de l’inspecteur de discipline. Suite à ces avis, nous regardons les possibilités d’embauche du candidat. Il faut qu’il y ait une adéquation entre l’offre et la demande. Les candidats admis sont recrutés en tant que contractuels pendant un an puis, titularisés, si le rapport d'inspection est positif. Chaque année, plusieurs enseignants et agents administratifs sont ainsi recrutés. Nous sommes très attentifs aux conditions d'acceuil de ces agents, notamment en aménageant le poste si né-céssaire. Notre académie soutient aussi l'emploi protégé. En effet, le rectorat confie l’entretien de ses espaces verts à un ESAT et de nombreux établissements scolaires font appel

  foNCTIoN PUBlIQUE d'ÉTAT

rencontre avec…Anie Bellance, rectorat de Caen

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 77

au milieu protégé (restauration, espaces verts, imprimerie). Nous veillons également à offrir à des personnes en si-tuation de hanicap des contrats en apprentissage.Le troisième volet concerne le maintien dans l’emploi. 80 % des agents en situation de handicap ont découvert leur handicap au cours de leur carrière : l’audition, la vue sont des capacités altérées par l’âge et par l’exercice de la profession, encore faut-il que l'agent ait conscience de la gêne occasionnée, ce qui n’est pas toujours le cas. C’est souvent l’entourage qui le lui fait remarquer. Per-sonne n’a envie de vieillir ni d’être malade donc cette prise de conscience n’est pas toujours simple à avoir. Cela peut être le chef de service, le directeur ou le chef d’établissement qui interpelle. Nous nous devons de tout mettre en œuvre afin de permettre la compensation et faire en sorte que l’agent puisse poursuivre son activité professionnelle. Parfois, des aménagements sont envi-sagés (aménagement d’emplois du temps). Il existe des dispositifs spécifiques aux enseignants tels les postes adaptés ou les allègements d'horaires.

Quelles sont les aménagements possibles ?AN : Les aménagements possibles sont multiples : tableaux spécifiques ou balisage de circuits pour des personnes malvoyantes, fauteuils ergonomiques, ins-tallation d’ordinateur avec rétroprojecteur pour des personnes qui ne peuvent pas lever les bras pour écrire au tableau, financement d’un moyen de transport adapté aux contraintes rencontrées. Nous devons garantir à l’agent en situation de handicap, comme à tout agent, le meilleur environnement de tra-vail possible. L’aménagement concerne également le temps partiel de droit du fait du handicap et l’accessibilité des locaux. Avec le médecin de prévention, nous effectuons des études de postes et lorsque la situation nécessite une expertise, nous sollicitons des ergonomes ou des orga-nismes spécialisés. Quant au financement de ces amé-nagements, nous sollicitons le FIPHFP, la MDPH et les

mutuelles. Si l’agent demande sa mutation, nous regar-dons ce qui peut être transférable et préparons le suivi dans l’autre académie.

Auriez-vous un exemple d’aménagement de poste ?AN : Une enseignante avait des problèmes auditifs importants. Le problème de la surdité est complexe car le malentendant entend certains sons, à certains moments, dans certaines conditions. Elle était donc en grande souffrance car elle se sentait incomprise de ses collègues et de ses élèves. Elle était en lien avec la Scop Le Messageur, une association basée sur Cherbourg, qui proposait un service innovant avec un système de boucle magnétique permettant, à l’aide de plusieurs capteurs situés à différents emplacements dans la salle, de transmettre les sons des voix des élèves directement dans ses aides auditives, sans bruits parasites. Mais cela nécessitait qu’une salle lui soit dédiée et que des aména-gements soient faits. Cette opération avait un coût assez élevé mais il n’atteignait pas le plafond fixé pour chaque agent dans le budget alloué par le FIPHFP. Il nous fal-lait l’accord du chef d’établissement et celui de la région puisqu’il s’agissait d’un lycée. Grâce au soutien du chef d’établissement, les travaux ont pu démarrer. Les ensei-gnants et les élèves ont bénéficié d’une sensibilisation de 2 heures organisée par l’association. Chaque année, cette séance est reconduite. SI l’enseignante intervient dans une autre salle, pour des réunions ou des conseils de classe, elle est accompagnée d’une aide humaine. Tout est pris en charge par le FIPHFP. Cela fait mainte-nant 4 ans et cela fonctionne très bien. Si l’enseignante quitte l’établissement, le matériel pourra être déplacé et installé ailleurs. Cela fait partie de l’accessibilité des bâti-ments publics aux personnes en situation de handicap.

Anie BellanceConseillère sociale du Recteur,correspondant handicap

78 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

Activité professionnelle

 Ministère : Affaires sociales et santé

 Administration : centre hospitalier

 Localisation : Cherbourg-en–Cotentin

 Effectif : 2 330

 Nombre de travailleurs handicapés : 166

 Convention nationale : oui

 Convention locale : oui

  Types de handicap : handicap moteur, handicap

auditif, handicap visuel, handicap psychique

Comment l’hôpital répond-il à l’obligation d’emploi ?VD : Dans une convention triennale signée avec le FIPHFP, nous déclinons les dix actions que l’hôpital s’engage à développer : sensibilisation et formation du personnel à la notion de handicap, adaptation et amé-nagement des postes de travail, accompagnement des personnes, valorisation du tutorat au sein de l’établis-sement, formation si une reconversion est nécessaire, recrutement dans le cadre de l’apprentissage…Un cabinet conseil nous accompagne pour mener à bien les actions de sensibilisation des encadrants et nous per-mettre de mieux connaître les aides et les partenaires.Depuis 2015, nous travaillons avec la cellule des psycho-logues du Sameth pour accompagner les personnes qui présentent des troubles psychiques.Aujourd’hui, notre taux de personnes bénéficiaires de l’obligation d’emploi a atteint les 7,5 %. Parmi ces bénéfi-ciaires, il y a toutes les Reconnaissances en tant que tra-vailleur handicapé (RQTH) mais également, les victimes

d’accidents de travail ou de maladie professionnelle, les agents possèdant une carte d’invalidité ou ceux éligibles à l’Allocation adulte handicapé (AAH).

Comment faites-vous connaître aux personnels leurs droits en matière de handicap ?VD : Dans le cadre de la politique handicap, nous avons des aides financières dédiées à la communication. Nous avons donc présenté le dispositif handicap au sein de l’établissement. Nous avons expliqué en quoi consistait l’itinéraire d’une personne en situation de handicap ou qui présente des problèmes de santé particuliers. Celle-ci peut s’adresser au service de santé au travail ou bien venir me voir directement. En tant que coordinatrice handicap, je l’oriente vers le psychologue du travail s’il y a une problématique psychologique et vers l’assis-tance sociale, s’il y a une incidence sur les revenus. Les partenaires sociaux font partie intégrante du dispositif handicap. Le directeur des ressources humaines est ga-rant de l’ensemble de la politique handicap, et moi, en tant que coordinatrice, j’ai un correspondant handicap pour chaque direction (soins, logistique, secrétariats médicaux et administratifs). Tout est bien organisé et les échanges fonctionnent très bien. Nous avons égale-ment édité deux newsletters : l’une explique ce qu’est la RQTH, l’autre fait un focus sur le handicap psychique et l’accompagnement pour le maintien dans l’emploi de ces personnes par l’intermédiaire du Sameth.

Quel est votre rôle en tant que coordinatrice handi-cap ?VD : Les personnes qui souhaitent obtenir une RQTH s’adressent à moi ou à la médecine du travail. Je leur explique les avantages que cela peut leur apporter. J’insiste pour expliquer que la reconnaissance parle de travailleur handicapé et non de personne handicapée. Ce n’est pas pareil : le travailleur handicapé peut très bien

  foNCTIoN PUBlIQUE hoSPITAlIÈRE

rencontre avec…Valérie Dupont, centre hospitalier public du Cotentin

Onisep Normandie Caen • novembre 2016 • 79

Valérie DupontCoordinatrice handicap

avoir des compétences égales à celles d’une personne valide.Le point de départ de la démarche commence souvent par la médecine du travail. En fonction des éléments dont il dispose, le médecin peut conseiller de faire une demande de RQTH. Il leur donne mes coordonnées, leur explique mes fonctions au sein de la direction des res-sources humaines (DRH) et l’aide que je pourrais leur apporter. Les personnes ont souvent besoin de temps pour cheminer et intégrer l’information. Une fois que nous nous sommes rencontrées, et au regard des élé-ments qu’elles m’ont énoncés, je leur indique ma dé-marche d'accompagnement. Nous avons convenu, dans le cadre de mes fonctions, que j’accompagne toutes les personnes qui ont des difficultés pour rédiger. Par expé-rience, je leur pose d’emblée les bonnes questions et fait ressortir les éléments tangibles en rapport avec une pa-thologie particulière. Je leur transmets ensuite le projet de vie rédigé pour qu’elles le transmettent à la MPDH. La personne est libre de remplir le dossier quel que soit l’avis que je leur donne. Dans le cadre de notre dispositif handicap, nous leur proposons simplement une aide : la mienne ou celle de l’assistante sociale.

Vous avez obtenu le Prix de l’exemplarité, de quoi s’agit-il ?VD : Nous avons obtenu ce prix régional une première fois, après avoir accueilli en contrat d’apprentissage une travailleuse handicapée aide-soignante. Il s’agissait d’un projet novateur.La seconde fois, nous l’avons reçu pour un maintien dans l’emploi. J’ai initié la conception du matériel de compen-sation, par le biais de l’Éducation nationale et d’une école d’ingénieurs (ESIX) basée à Cherbourg. Il s'agit d'un sys-tème mécanique permettant de rendre accessible le mé-canisme des lits en les retournant. Comme l’agent avait un problème de genoux, il fallait absolument qu’il puisse

disposer d’un système qui lui permette de retourner les lits sans être obligé de s’accroupir. Avec le prix « Innovation handicap », délivré par la MNH (Mutuelle nationale des hospitaliers), nous avons été ré-compensés pour toutes nos démarches dans le cadre de l’apprentissage. Qui dit apprentissage, dit qu’en amont, nous devons participer au forum des métiers et aux sa-lons régionaux de l’alternance afin de communiquer sur nos besoins de recrutement et nos possibilités de former les personnes reconnues handicapées pour des forma-tions de niveau V à niveau I.

Pouvez-vous accueillir tout type de handicap dans le cadre de l’apprentissage ?VD : Oui, sans restriction. Tout sera mis en œuvre pour compenser le handicap. Tout l’accompagnement que nous pouvons faire auprès de nos agents est accessible dans le cadre de l’apprentissage. Les apprentis ont exac-tement les mêmes droits que les salariés de notre éta-blissement en situation de handicap. Par exemple, l’un de nos jeunes bénéficie d’un soutien en lien avec un handicap de la famille des « dys » (dyslexie, dysgraphie, dyspraxie…). Nous avons fait un bilan ergonomique avec une ergothérapeute qui a analysé l’ensemble de ses be-soins. Elle a pu mettre en avant les manques et ce qu’il y avait à renforcer pour lui dans le cadre de ses études. Elle l’accompagne de manière régulière, tous les vendre-dis après-midi.

Travaillez-vous avec l’association ALFAH ?VD : Oui, et la présence d’ALFAH est vraiment l’élément indispensable pour l’apprentissage, pour que tout se passe bien. Cyril Courtais est vraiment proche des ap-prentis, le courant passe très bien avec lui, quel que soit l’apprenti. Je l’ai vu sur quatre situations différentes : tous le considèrent comme quelqu’un qui les a aidés à grandir.

80 • novembre 2016 • Onisep Normandie Caen

Activité professionnelle

 Collectivité locale : commune

 Localisation : Martigny-sur-l’Ante, Calvados

 Effectif : 8

 Nombre de travailleurs handicapés : 2

  Types de handicap : handicap visuel, divers

(maladies invalidantes)

Alain LefèvreMaire

Pourquoi avez-vous reçu le prix de l’exemplarité ?AL : Ce prix, décerné par le FIPHFP (Fonds pour l’in-sertion des personnes handicapées dans la fonction publique) et l’AGEFIPH (Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handi-capées) vient récompenser les actions que nous avons menées pour améliorer les conditions de travail de nos agents en situation de handicap.Suite à un accident de la route, notre secrétaire s’est re-trouvée en situation de handicap. Nous avons adressé au FIPHFP une demande de subvention et de conseils pour procéder au réaménagement de la mairie. Le Sameth (Service d’appui au maintien dans l’emploi) est donc intervenu à leur demande. Notre secrétaire a pu bénéfi-cier d’une lumière plus adaptée aux conséquences de la déficience visuelle, d’un plus grand écran d’ordinateur et le bureau a été réorganisé afin de faciliter ses déplace-ments dans la pièce.

Nous avions également recruté, pour la cantine et la garderie, une personne qui avait dû quitter un poste d’ambulancière suite à une maladie invalidante. Nous souhaitions lui confier une mission de transport scolaire.La personne bénéficiait d’une Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) donc lorsque le FIPHFP est intervenu pour le maintien dans l’emploi de notre secrétaire, ils en ont profité pour vérifier l’ergono-mie du car. Comme le véhicule était ancien, le FIPHFP nous a conseillé de nous adresser au service départe-mental des transports scolaires afin d’obtenir un véhi-cule équipé d’une boîte de vitesse automatique. Nous l’avions d’abord recrutée dans le cadre d’un Contrat unique d’insertion (CUI) d’une durée de un an, puis en Contrat à durée déterminée (CDD) de deux ans. Le FIPHFP nous a signalé que compte-tenu de la RQTH, nous pouvions la titulariser en tant qu’agent technique territorial 1re classe, sur un emploi à temps partiel. Du fait du handicap, elle n’avait pas besoin de passer de concours. Le FIPHFP a également pris en charge les coûts de la formation afin de lui permettre de passer le permis transport en commun.Sans la problématique de maintien dans l’emploi de notre secrétaire, je ne pense pas que nous aurions pensé à faire appel au FIPHFP. Leurs services ne sont pas né-cessairement connus des collectivités. Nous ne savions absolument pas, au départ, que nous pourrions bénéfi-cier d’aides pour l’insertion.

  foNCTIoN PUBlIQUE TERRIToRIAlE

rencontre avec…Alain Lefèvre, commune de Martigny-sur-l'Ante

La RQTH permet de :• prétendre à une orientation professionnelle adaptée en milieu ordinaire et/ou bénéficier de dispo-sitifs spécifiques pour l’accès à une formation ;• bénéficier du soutien du réseau de placement spécialisé via Pôle emploi ou Cap emploi ;• être considéré comme public prioritaire sur un certain nombre de dispositifs de droit commun de la politique de l’emploi (forma-tions…) ;• accéder à la fonction publique par concours ou par recrutement contractuel spécifique avec la possibilité d’aménager le temps de travail ;• ouvrir droit au bénéfice de l’obli-gation d’emploi des travailleurs handicapés ;• bénéficier d’aides proposées par l’AGEFIPH ou le FIPHFP (prime à l’insertion, aide à la création d’entreprise, aide à l’acquisition de matériel spécifique, adaptation de poste, accessibilité du lieu de travail...) ;• bénéficier de certaines mesures spécifiques par exemple en cas de licenciement.www.mdph.fr

AGEFIPH L’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (AGEFIPH) propose toute une offre d’interven-

MDPH / MDA La Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), ou Maison de l’autonomie, dans la Manche, a pour mission d’accueillir, informer, conseiller, accompagner les personnes handicapées et leur famille. Elle les aide dans l’élabo-ration de leur projet de vie grâce à l’évaluation de leurs besoins et la mise en place d’un plan personna-lisé de compensation. La MDPH décide : • d’attribuer certaines presta-tions (allocation d’éducation de l’enfant handicapé, majoration spécifique pour parent isolé d’enfant handicapé, allocation adultes handicapés, prestation de compensation du handicap, cartes d’invalidité, de priorité et de sta-tionnement) ;• de délivrer la Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) ; • d’orienter vers le milieu protégé (Établissement et service d’aide par le travail (ESAT)) ou le marché du travail (entreprise ordinaire ou adaptée) ;• d’orienter vers un dispositif de formation spécifique (centres de pré-orientation, centres de reclas-sement professionnel).

Les ContaCts :PRINCIPAUX INTERLOCUTEURS

tions (services, prestations, aides fi-nancières en complément des aides publiques) pour les employeurs et les personnes handicapées.Son objectif est de soutenir leurs projets, l’insertion professionnelle et le maintien dans l’emploi.  Coordonnées :Immeuble Les Galées du Roi,30 rue Henri Gadeau de Kerville Saint-Sever 76107 Rouen CEDEX 1 Tél. 0 800 11 10 09 [email protected]  À consulter : l’espace emploi du site de l’Agefiph met gratuitement en relation les entreprises qui recrutent et les can-didats handicapés.

FIPHFP Le comité national du Fonds pour l’insertion professionnelle des per-sonnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP) a décidé d’ins-taller dans chaque région, sous la forme d’un Handi-Pacte territorial, un outil de collecte et d’échange de pratiques entre les trois fonctions publiques. Les Handi-Pactes territoriaux consti-tuent un outil d’animation et de développement de partenariats régionaux permettant de mobiliser les ressources disponibles des em-ployeurs publics au service de la mise en œuvre de la politique pu-blique d’insertion et de maintien dans l’emploi des personnes handicapées.

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Les ContaCts :PRINCIPAUX INTERLOCUTEURS

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Ces partenariats doivent permettre, notamment, par une coopération et une coordination des employeurs publics et des actions, une accélé-ration de la réalisation des objectifs de cette politique.  Coordonnées : Daniel BardouHandi-Pacte Fonction publique Normandie13 avenue de Cambridge – Citis14200 Hérouville-Saint-ClairTél. 06 08 43 39 80

CAP EMPLOI Les Cap emploi, conventionnés par l’AGEFIPH et le FIPHFP, remplissent une mission de service public de placement des personnes handica-pées en milieu ordinaire de travail. Ils ont pour objectifs de définir ou réorienter le projet professionnel de la personne, lui permettre d’accéder à une formation, l’aider à recher-cher un emploi et à se mettre en relation avec des entreprises qui recherchent des collaborateurs handicapés. Leur mission est de favoriser l’accès des personnes bé-néficiaires de l’obligation d’emploi à un emploi durable par la mise en place et le suivi du parcours d’inser-tion. Cap emploi sensibilise également les employeurs publics et privés sur l’emploi des personnes handicapées et les informe sur les dispositifs et mesures d’aide à l’emploi.  Coordonnées : www.agefiph.fr

PÔLE EMPLOIToute personne en recherche d’em-ploi doit procéder à son inscrip-tion comme demandeur d’emploi auprès de Pôle emploi. Un conseil-ler l’accompagne ensuite dans sa recherche d’emploi et l’oriente

éventuellement vers Cap emploi ou un conseiller spécialisé dans la création d’entreprise. Pôle emploi met à la disposition des internautes (demandeurs d’emploi, salariés en cours de mobilité, étu-diants ou stagiaires de la formation continue) un éventail de services web et applications mobiles autour de l’emploi et de la formation.Des ressources originales et dyna-miques pour booster sa recherche de formation ou d’emploi !www.pole-emploi.fr  Coordonnées :pour trouver l’antenne Pôle emploi la plus proche de votre domicile, appelez le 3949 ou connectez-vous sur www.emploi-store.fr

MISSION LOCALELa mission locale intervient pour aider les jeunes de 16 à 25 ans à résoudre l’ensemble des problèmes que pose leur insertion sociale et professionnelle dans tous les domaines : orientation, formation, emploi, logement, santé, mobilité, citoyenneté, sports, loisirs, culture et d’accompagnement.www.missionslocalesnormandie.fr/

CENTRE D’INFORMATION ET D’ORIENTATION

Le CIO est un service gratuit de l'Éducation nationale, où chacun, quelle que soit sa situation, peut bénéficier d'un conseil d'orienta-tion personnalisé.  Coordonnées :https://www.ac-caen.fr/orientation/centres-dinformation-et-dorienta-tion/

RÉSEAUx DE SANTÉ, ASSOCIATIONS… Il existe des réseaux de santé pour favoriser l'accés aux soins, la coordi-nation, la continuité ou l'interdiscipli-narité des prises en charge (réseau de santé pédiatrique Normandys, réseau de services pour une vie autonome, centre ressources au-tisme…) ainsi que de nombreuses associations qui viennent en aide aux personnes en situation de han-dicap ou aux aidants.

© E.DAL'SECCO/ONISEP

dÉlÉGATIoN RÉGIoNAlE dE l’oNISEP dE NoRMANdIE, SITE dE CAEN

21 rue du Moulin-au-Roy, BP 55 141, 14070 Caen CEDEX 5 - Tél. 02 50 10 15 35 - [email protected] - www.onisep.fr/caen

directeur de publication : Martial Salvi. délégué régional adjoint : Matthias Martin. Conception, rédaction, coordination : Anne-Fleur David. Comité de relecture : Thierry Potdevin ; Corinne

Venin ; Armel Élart ; Daniel Bardou ; Florence Lapha ; Loïc Joubert ; Laurie Legrand-Sohaï. Conception graphique et mise en page : Nathalie Michel. Crédits photographiques : Onisep Caen

sauf mention ; couverture, pages 51 et 81 et : A. Potignon/Onsep ; page 20 : E. Dal’Secco/Onisep ; page 53 : J. Pallé/Onisep. Imprimé par HandiPRINT, Cherbourg-en-Cotentin (50). ISSN : en cours.

ISBN : 979-10-95286-03-5. dépôt légal : novembre 2016.

Reproduction, même partielle, interdite sans accord préalable de l’Onisep.

NORMANDIESITE DE CAEN

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