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VOYAGE EPIGRAPHIQUE A ELBASAN

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Institute for Classical Studies, part of the Institute for Philosophy, Czech Academyof Sciences in Prague

VOYAGE EPIGRAPHIQUE A ELBASANAuthor(s): Ladislav VidmanSource: Listy filologické / Folia philologica, Roč. 85, Čís. 1 (1962), pp. 57-62, II-VPublished by: Institute for Classical Studies, part of the Institute for Philosophy, Czech Academy ofSciences in PragueStable URL: http://www.jstor.org/stable/23463181 .

Accessed: 14/06/2014 04:03

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Ladislav Vidman:

VOYAGE EPIGRAPHIQUE A ELBASAN

Cétait en automne 1959 que j'ai eu 1'occasion de connaítre personnel lement les monuments antiques de la ville ďElbasan en Albánie et de ses environs ainsi que le tracé de la Via Egnatia jusqiťau lac ďOkhrida, sur

lequel j'ai déjá eu l'occasion de présenter un rapport préliminaire.1) J'ai entrepris le voyage avec le professeur Hasan Ceka, archéologue albanais třes connu, qui prépare la publication des inscriptions inédites de toute Γ Albánie; c'est pourquoi je me borne surtout aux remarques concernant les inscriptions déjá connues.la)

A Elbasan, il у a maintenant, grace au soin du gouvernement, un beau

petit musée local ou sont conservés la plupart des monuments en ques tion. Malheureusement, beaucoup de monuments antiques en Albánie furent détruits par l'incurie des hommes; les deux guerres mondiales ont aussi largement contribué á leur destruction. Cest ainsi qu'on cherche en vain l'inscription CIL III, 609 (=7321) qui devait etre encastrée dans la magonnerie des murs de la ville de 1'Elbasan,2) de meme qu' « une in

scription latine, non transcrite ni copiée, dans les murs de la nouvelle

église, Hahn, Albanesische Studien, p. 119 ».3] Puisque Hahn publia son livre en 1854, il ne pourrait s'agir, ďapres cette indication, que de l'église orthodoxe batie en 1833, ou il n'y a que des inscriptions toutes modernes.

ťarmi les monuments antiques aeja pumies qui se trouvent au musee, c'est surtout rinscription mentionnant les convicani Scampenses qui attire notre attention,4) non seulement á cause de l'importance qďelle a pour l'identification de Scampa avec Elbasan actuel, mais aussi parce que ses deux dernieres lignes restent toujours obscures et que, comme son éditeur, А. В e t z observe á juste titre, le controle de la pierre elle měme pourrait, peut-étre, aider á éclaircir. Malheureusement, la derniere

!) J. Votýpka-Pecha — L. V i d m a n, LF 7 (82), 178—196 avec Note additionnelle, p. 196.

u) Les inscriptions latines ont été éditées maintenant par H. С e к a et1 S. A η a m a li, Buletin i Universitetit shtetěror tě Tiraněs, Seria shkencat shoqerore 15, 1961, 103—134.

2) CIL la cite ďaprěs Η e u z e y, Mlssion ..p. 347, n° 145; Р. C. Sestieri, Něsh krime latine tě Shqipnis — Iscrizioni latine ďAlbania, Tirana, 1943, n° 90, dit «incastrata nelle mura », mais probablement il ne l'a pas vue et a répété seulement les données de Heuzey.

3) L. Rey, Albania 4, 1932, 111, n° 7.

4) A. Bet z, JO AI 30, 1937, Beibl. 101—108 (ďoů An. épigr. 1937, 101); Sestieri, ouvr.

cité, n® 88.

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ligne est tellement endommagee qu on ne peut pas la liře tout entiere; seulement, on peut proposer la correction VIOLATI au lieu de VIOLNT lu

par Betz et Sestieri; mais le sens nous échappe toujours. A coté de petits fragments insignifiants et de steles anépigraphes, il

у a au musée ďElbasan huit inscriptions latines nouvelles qui ont été ou seront publiées, comme nous l'avons déjá dit, par H. Ceka. En outre, on у conserve aussi une inscription grecque nouvelle, dont la publication m'a été permise grace á la bienveillance de H. Ceka et de Thanas Konomi, directeur du musée.

11 s agit d uně bnque romaine log. 1), haute de IL cm, large de í 1 cm en haut et de 19 cm en bas; l'épaisseur varie de 3,5 á 4 cm. Elle a été trouvée, ďapres les indications de H. Ceka, pendant les travaux de cam

pagne dans le hameau de Shales (25 km SO ďElbasan), encastrée dans le mur ďune tombe du bas empire, et porte encore des traces de cet emploi. L'inscription, gravée au matériel frais avant la cuite en écriture cursive, est complete, comme on peut le déduire de 1'espace laissé vide en haut et en bas ainsi que du contenu, et bien conservée, excepté les lettres initiales des lignes 1—3 qui sont effacées un peu a gauche. Meme l'endom

magement secondaire (des raies verticales) n'est pas si grave pour qu'on ne puisse liře le texte comme suit:

Κυρίψ εύσε βωτάτφ «δελφφ Σωφρονίφ

On pourrait douter seulement du deuxiěme mot de la premiére ligne, parce que la haste verticale de Γ ypsilon est trop longue et, en outre, la partie moyenne de Vepsilon tirée assez en bas, ce qui est dfl peut-etre á la position de Vepsilon a la fin de la ligne; si nous voulions lire ει au lieu de ε, le mot n'a aucun sens, parce que la deuxiěme ligne commence évidem

ment avec un beta, écrit ďune maniere employée fréquemment dans les

papyri, c'est-á-dire en formě qui rappelle notre u. Le superlatif εΰσεβ«>τατος au lieu du correct ευσεβέστατος peut nous paraítre étrange, si nous savons

que c'est plutót le suřfixe -έστατος qui remplace -ώτατος, mais, comme tou jours, il faut se tenir au texte que nous devons expliquer, et non le cor riger. II n'y a qu'un exemple pareil que j'ai trouvé.5] Nous ne pouvons pas exclure la possibilité ďun hyperurbanisme.

II s'agit ďune inscription chrétienne, comme il suit de 1'emploi des mots κύριος et αδελφός. Comme freres étaient désignés les fideles non seule ment dans les textes littéraires, mais aussi dans les épitaphes chrétiennes, parfois meme en combinaison avec κύριος.6) De meme était-il habituel, chez les premiers chrétiens, de nommer quelqďun « seigneur » comme signe de respect.7) En outre, le nom Σωφρόνιος est attesté surtout au milieu chrétien.8)

5) Kuhner-Blass, Ausf. Gramm. der griech. Sprache I3 [1890], p. 558, note 1:

ύγιώτερον chez Sophron. 6) H. L e с 1 e г с q, Dictionnalre ďarchéologie chrétienne et de liturgie V (1923),

2578—2585 s. v. Freres.

7) H. Leclercq, ibid., IV (1921), 1386—1387, s. v. Dominus.

8) Cf. par ex. Pape-Benseler, Worterbuch der griech. Eigennamen, s. v.

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Voyage épigraphique a Elbasan 59

Si on a alors á faire avec une épitaphe chrétienne, on s'attendrait plutot й ce qu'elle serait gravée dans un matériel plus durable et moins fragile que ce n'est une brique, et qu'elle porterait aussi des symboles extérieurs chrétiens tels que la croix ou le christogramme par exemple. Devons-nous supposer que c'est par peur de persécution qu'un tel symbole ne fut pas

gravé et que la simple brique a du remplacer un monument plus digne? Sans nous étendre trop sur des hypotheses, nous pouvons constater qu'on se trouve ici en face de l'inscription chrétienne la plus ancienne de toute 1'Albanie, parce que, meme si nous n'osons pas la dater ďapres la paléo graphie, il s'agit encore de 1'époque impériale romaine et non du temps de Justinien duquel proviennent presque toutes les autres inscriptions chrétiennes de l'Albanie, ďailleurs třes rares.s) a 1'exception peut-etre de la pierre des environs de l'antique Byllis.10]

Non loin ďElbasan, au monastere de Saint Jean Vladimír (Shin Jon ou Shěnjon], qui a brůlé pendant la deuxiěme guerre mondiale et n'a été restauré jusqďa présent, que partiellement, sont conservées, encastrées dans le batiment á gauche de la porte ďentrée, deux inscriptions latines. La premiére, écrite sur 1'architrave ďun édicule oú est sculpté en haut relief le défunt avec sa femme, fut publiée déja dans CIL III, 627 et 7322 j11) C. Praschniker et A. Schober en ont amélioré la lecture de la fagon suivante:12)

M(arcus) Licinius Μ (arci) l(ibertus) Plator h(ic) s(itus) efst). A[b,p?]u[d]la sibei et co[n]iugei o[bito]. La premiére ligne est irréprochable. Plator est un nom illyrien typique,

bien attesté chez les auteurs antiques et dans des inscriptions.^] p0ur l'Albanie meme, on en connaissait déjá un Plator de Dyrrhachium [SEG I, 256), c'est-a-dire du territoire de la meme cité; maintenant, on peut ajouter encore deux autres exemples des épitaphes inédites, l'un de Sele e Poshtme au sud de Qukěs, 1'autre du musée de ΤϊΓ3η3(ΤρίτοςΠλ«τορος), ainsi qu'un pithos avec le meme nom provenant des environs de Когда. Cest peut-etre a cause de ce nom illyrien typique que les éditeurs cher chaient meme dans la deuxieme ligne qui n'est pas si bien lisible, un nom illyrien et ont essayé de le liře de plusieurs manieres dont aucune ne

nous satisfait [Abudia, Aburia, Apudia). Quand j'ai controlé la pierre [fig. 2), j'ai vu surtout que devant ГА finál de ce nom ne se trouve pas un I, mais clairement N; puis, devant N, on voit la part supérieure ďun E. Enfin, au lieu de Ρ ou B, on peut liře bien D. Ainsi, nous lisons Advena, ce qui est un nom banal dans toutes les provinces romaines et par lequel viennent désignés souvent les pérégrins autochtones. Meme si elle portait un nom latin, la femme était sans doute ďorigine illyrienne.

L'autre épitaphe, découverte déja avant la deuxieme guerre mondiale,

9) Η e u z e у, Mission, n01 177 de Kavaja de l'an 531; de Dyrrhachium peut-ětre CIL III, 628 du VIе siěcle et CIL III, 13703 ďépoque tardive.

10) C. Patsch, Das Sandschak Berat in Albanien, Wien, 1904, p. 122—124.

11) Mentionnée par Tráger, Arch. Anz. 18, 1903, 118 qui l'a vue, mais non copiée. 12j Archaologische Forschungen in Albanien und Montenegro, Wien, 1919, p. 58—59

avec la fig. 68, ďaprěs eux S e s 11 e r i, ouvr. čité, n° 89.

13] H. К г a h e, Lexikon altillyrischer Personennamen, Heidelberg, 1929, p. 92—94; Α. Μ а у e r, Die Sprache der alten Illyrier I, Wien, 1957, p. 273—274. Tous les deux citent aussi notre inscription de Shin Jon.

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п'а été publiée pour le grand public qu'en 1954 par S e s t i e r i, pour la deuxieme fois et ďune maniere correcte (en outre avec photographie) par H. Ceka et S. Anamali :14)

D. M. S. | Satria С. I. | Cupitá h. s. е. \ Lupus Primae l. | Parthinus ex | Latio coniugi | pientissimae \ et sibi posuit.

Sestieri a négligé quelques ligatures et c'est pourquoi il a pu liře Cupta au lieu de Cupitá et Laio au lieu de Latio. Notre inscrlption abonde en ligatures qui ne sont pas toutes visibles dans la transcription majuscule de Sestieri: Cupžta, Primae, Parthinus, Latio, coniugi, pientissimae.

Cupitá est un nom ordinaire, formé comme tant de noms des provinciaux du participe passé.15)

De meme Lupus doit etre indigene, comme le prouve non seulement son origine de la tribu des Parthini, mais aussi son nom qui est fréquent en Albánie soit sous cette formě latine, soit sous la formě grecque qui sont, toutes les deux, traductions du nom illyrien désignant le loup Ulkos.1^) Ces noms des animaux, employés comme noms de personne, sont chez les lllyriens trěs fréquents.1?) Ug olini commet alors une grave faute en considérant ladíte Λΰκα ďOnchesmos comme une hétere et en la compa rant avec la lupa des Romains.

La tribu des Parthini, á laquelle appartenait notre Lupus, est considérée comme illyrienne par tous les savants á 1'exception de D. D e č e v qui croit que nous avons affaire a un reste des Thraces indigenes,18) mais son opinion se fonde seulement sur la prétendue différence entre le caractěre šatem du thrace et kentum de Fillyrien, tandis que nous pouvons supposer á bon droit que meme 1'illyrien appartenait au groupe šatem.19} Quant aux

sieges des Parthini, E. Polaschek déduit de la description de Pline, NH III, 145 qu'ils habitaient au sud de Dyrrhachium, Α. Μ а у e r les pláce au sud de Lissus en se tenant littéralement á Pline.20] Cette derniere théorie a l'avantage ďetre en accord avec la source littéraire antique et

avec notre inscription, s'il est vrai, comme me suggere H. Ceka, qu'il faut identifier Latium avec le hameau actuel de Lag (Lagi) situé au sud de Lissus non loin de l'embouchure du Mati. Ainsi vient confirmée, indirecte ment, l'étymologie des Parthini proposée par N. ] о к 1, c'est-á-dire

14) Р. С. S e s t i e г i, Bull. сот. 74, 1951—1952 [1954], Appendice 93 (ďoťl An. épigr. 1955, 77); H. Ceka — S. Anamali, ouvr. cite, p. 104, n° 1.

15) Cf. sur Noricum Herma Τ h a 11 e r, Carinthia 140, 1950, 148.

16j Aurelius Lupus de Drishti pres de Scodra (Th. I ρ ρ e n, Wiss. Mitt. aus Bosnien und Herc. 10, 1907, 14); Lupa de Dyrrhachium (C. Ρ a t s с h, JOAI 23, 1926, 212 =

S e s t i e r i, ouvr. cite, n° 62); Λοΰπος ďAmantia (C. Ρ a t s с h, Sandschak Berat, ρ. 54, n° 1 = L. M. Ugolini, Albania antica I, 1927, p. 93 et 192, n° 12); Λΰκα ďApollonie (Patsch, Sandschak Berat, p. 155, n° 12); Λύκα ďOnchesmos (Ugolini, Albania antica I, p. 192, n® 10); Λύκαρος ďApollonie (C. Praschniker, JOAI 21—22, 1922—1924, Beibl. 153, n° 27).

17) Cf. H. Krahe, Die Sprache der Illyrier I, Wiesbaden, 1955, p. 70. Měme aujourďhui, on rencontre souvent chez les Albanais le nom de personne Ulk (ou Ujk, Uk) — suggestion de H. Ceka.

18) Charakteristika na trakijskija ezik — Charakteristik der thrakischen Sprache, Sofia, 1952, p. 51 et 112.

19j Voir maintenant par ex. I. I. R u s s u, Izsledvanija υ čest na akademik D. Dečev —

Studia in honorem acad. D. Dečev, Sofia, 1958, p. 105—113.

20) Ε. Ρ o 1 a s с h e k, RE XVIII, 4 [1949), 2030—2031, s. v. Parthini; A. Mayer, ouvr.

cité, p. 258.

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Voyage épigraphlque a Elbasan 61

„Kiistenanwohner", de i.-e. park- „Kiiste",21) parce que Lag se trouve sur la cote adriatique. Peut-etre, cette identification pourrait aider un peu dans l'étude de la question, toujours discutée, des siěges originaux des Albanais; á savoir, la solution de cette question délicate dépend, ďaprěs Mayer, en grande partie des noms géographiques conservés dans la bou che des Albanais děs 1'antiquité jusqu'á nos jours.22)

Quant a la Via Egnatia, nous avons suivi á pied, H. Ceka et moi, tout son tracé ďElbasan jusqu'á Prenjes dans le bassin de Domosdova. Lá ou ce tracé est identique avec la routě modeme, on ne voit maintenant point de traces antiques; seulement lá ой la Via Egnatia parcourait les traits

montagneux, on peut suivre encore aujourďhui le tracé, soit antique pro prement dit, qui est en général plus court, escarpé et mene directement aux sommets des cols, soit turque, qui est parfois plus lent et serpente en grandes courbes. Le premier type témoigne ďune date ancienne de la voie romaine, mais il est aussi bien possible que la routě turque, elle

aussi, continue dans ces secteurs la voie romaine ďune date postérieure, quand on construisait des chemins plus carossables. Naturellement, dans les parties moins abruptes, il n' у a qu' une routě unique.

En partant ďElbasan, on rencontre le premier débris antique pres du

pont nommé Ura Haxhi Beqarit,23) c'est-á-dire á 1'endroit ой se trouvait la station Genesis flumen (Mutatio Treiecto); actuellement, il n'y a qu'un gué, parce que non seulement le pont roman, mais méme le pont, re construit plus tard par les Italiens, est en ruines. Du pont romain, il ne reste plus rien; seulement, sur la rive gauche du Shkumbin, on voit bien la voie qui menait au pont (fig. 3).

La voie grimpe ensuite brusquement sur la pente du massií de ťoiis. La ой elle traverse les pentes abruptes, au-dessus des précipices qui la

flanquent á gauche, elle est aujourďhui tout á fait impraticable et třes

perilleuse meme si l'on va á pied, parce que tous les ponts et en plusieurs endroits toute la chaussée furent emportés par l'eau qui ne trouve point ďobstacles dans le terrain calcaire friable, dénué des arbres par les

chevres, le fléau de la végétation des Balcans. La destruction ďune telle routě qui n'est plus en usage avance třes vite, comme nous avons pu le voir dans le secteur renouvelé par les Italiens pendant la derniere guerre.

Pres du hameau de Pathari (Spathari), lá ой 1'on monte vers le col, on observe sur la routě des marches, basses et třes larges, qui peuvent bien dater encore de 1'époque romaine. Cest non loin ďici, sur le col situé de

21) Eberts Reallexikon fíir Vorgeschichte VI (1926), p. 40.

22j Α. Μ а у e r, ouvr. cite, ρ 14: „Die Frage, wo die Vorfahren der heutigen Albaner

im Altertum sassen, kann aus antiken Quellen nicht beantwortet werden, ihre Beantwor

tung hángt von der Tatsache ab, dafi fast nirgends auf heutigem alb. Boden Ortsnamen

vorhanden sind, die sich seit dem Altertum ununterbrochen in albanischem Munde

erhalten, d. h. an denen alle in diesen Zeitraum fallenden alb. Lautgesetze gewirkt

hatten; nur im aufiersten Nordosten und Nordwesten des alb. Sprachgebietes kommen

solche Ortsnamen vor, u. zw. bezeichnenderweise lateinische, nicht illyrische." — Latium

pourrait ětre třes bien ďorigine illyrienne: cf. gens Latiniana chez le méme Μ а у e r,

p. 205 (CIL III, 14601, de Vuksanlekaj). 23] La formě Begarit que j'employais dans mon article, LF 1959, p. 191, ďaprěs la carte

géographique, n'existe point dans la bouche des Albanais.

5 — Listy filologické

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l'autre coté de Pathari, que l'on pourrait placer la station Ad Dianam, éloignée ďaprěs la Tabula Peutingeriana 7 lieues de Genesis flumen; de tous les cotés, il у a des bois et, á droite de la routě, on observe un tu mulus formé de pierres. Ordinairement, on pláce cette station approxima tivement á Babjě qui est plus proche ďElbasan.24) II est aussi bien possible que l'autre station, Grandavia, placée par Vltinerarium Hieroso lymitanum á la' distance de 9 lieues de Genesis flumen, n'est pas identique avec Ad Dianam, mais qu'il у avait encore un autre relais pres de Xhyra, parce que la routě de l'Ura Haxhi Beqarit á Qukěs que nous avons faite a peine en un jour est vraiment assez longue et fatigante.

Quant á la station prochaine (In Candavia ou In Tabernas, Tribus Ta bernis, Tres Tabernas), il n'y a pas de doute qu'elle devait se trouver au-dessous de Qukěs pres du fleuve de Shkumbin, lá ou 1'on voit encore

aujourďhui les ruines ďun pont romain, décrites par tous les voyageurs et pour la derniere fois par Adam. Mais á peu pres 100 m plus haut en remontant le couraní du Shkumbin, nous avons trouvé des débris ďun autre pont, romain lui-aussi, rélié avec le premier sur la rive gauche par une routě encore tres bien visible. Ce pont a échappé jusqu'á présent á tous ceux qui ont décrit le premier pont, parce qu'on ne le voit pas de la rive droite du fleuve ou conduit la routě modeme. Et puisque meme les voyageurs du siecle passé, comme Pouqueville, qui est ailleurs tres

précis, n'en font point mention, on peut supposer qu'il n'était plus en

usage et qu'il est peut-etre plus ancien que 1'autre. On ne voit plus que les tetes du pont, dont j'ai pu photographier en détail seulement les débris de la rive gauche, tandis que ceux de la rive droite, je les ai prises á travers le fleuve (fig. 4 et 5).

Apres avoir franchi le pont, la Via Egnatia suivait la rive droite jusqu'á 1'affluent du Shkumbin, le Perro] i Lingajce, ou devait ětre situé un autre pont dont rien ne s'est conservé. Immédiatement apres, de 1'autre coté

du Perro] i Lingajce, la Via Egnatia passait par une colline (fig. 6) en laissant á gauche 1'étroit défilé de ce torrent, ne le réjoignant qiťapres deux heures de marche pres des premieres maisons du hameau de Prenjes (Pěrrenjěs sur la carte), oú finit la Klisoura et la vallée s'élargit. De la vallée du Shkumbin jusqu'á ce point ou se trouve un petit pont romain en ruines (fig. 7], on passe surtout par le cadastre du hameau de Karkavec, mais il n'y a lá point de maisons. Derriere ce pont, le tracé antique, encore bien visible, se joint á la distance ďenvirons 100 m á la routě modeme qui formě probablement sa continuation jusqďau pied des montagnes qui barrent cette haute plaine du coté du lac dOkhrida; ici, la routě antique tourne á gauche pour montér directement vers Karakoll. Dans ce bassin, jadis marécageux, devait se trouver la station Pons Servili, á peu pres au meme endroit ой est situé le pont actuel ou non trop loin de lá; mais on n'y voit rien ďantique.

24) Ainsí К. Miller, Itineraria Romana, Stuttgart, 1916, p. 519; J. Adam, Buletin

per shkencat shoqerore 1953, 1, 44 qui parle aussi ďune fontaine appelée Kroi i Mbretne shěs (Fontaine de la Reine) et ďun toponyme Djana. Faute ďun guide, nous ne 1'avons

pas trouvé; tout pres de la routě, il n'y a point de fontaine dans ce secteur.

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IJ L. Vidman: Voyage épigraphique ά Elbasan

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L. Vidman: Voyage épigraphique a Elbasan ΠΙ

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IV L. Vidman: Voyage épigraphique ά Elbasan

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L. Vidman: Vouage épigraphique á Elbasan V

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