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1 décembre 2014 www.keren-hayessod.fr israël au cœur Joseph Nakam Le prix Yakir pour un amoureux d’Israël massa blog l’expérieNce foNdatrice de lauriNe et de JustiNe Six mois au cœur d’Israël LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE le rÊVe israélieN doit rester ViVaNt dossier la place du keren hayessod shimoN pérès à paris Une visite d’exception VIVRE SOUS LES MISSILES

Yessod n°1 décembre 2014

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Yessod : le magazine du Keren Hayessod France

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Page 1: Yessod n°1 décembre 2014

n° 1décembre

2014

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israël au cœur

Joseph NakamLe prix Yakir pour un amoureux d’Israël

massa blog

l’expérieNce foNdatricede lauriNe et de JustiNe Six mois au cœur d’Israël

La revue du Keren Hayessod France

le rÊVe israélieN doit rester ViVaNt

dossier

la place du keren hayessod

shimoN pérèsà parisUne visite d’exception

vivre

sous Les missiles

Page 2: Yessod n°1 décembre 2014
Page 3: Yessod n°1 décembre 2014

CONTRIBUTEURS

Numéro 1 — la reVue du kereN hayessod fraNce - décembre 2014 3

Yessod10, place de Catalogne

75014 ParisTel : 01 77 37 70 80

www.keren-hayessod.frFacebook

directeur de la publicatioN

Alain Belhassen

rédactrice eN chef Sophie Atlan

01 77 37 70 [email protected]

respoNsable commuNicatioN eN israël pour l’europe

Carole Ouaknine

directrice artistique/ graphismeJoëlle Paris

[email protected]

photos et illustratioNs© Tous droits réservés :

Alain Azria, Sophie Atlan, Erez Lichtfeld / Flash 90, Nellu Cohn, GOP / Centre Shimon Pérès pour

la Paix, Lara Hart / Flash 90Hadas Parush/Flash 90

Yonatan Sindel / Flash 90Photo de Une :

© Yossi Zamir / Flash 90

publicitéMagda Rychlik01 77 37 70 88

[email protected]

admiNistratioN/ comptabilitéMaurice Benamou

01 77 37 70 [email protected]

prépresse / impressioN/ fabricatioN

Imprimerie Luthringer 01 69 20 64 00

n° 1décembre

2014

Yosh Amishav

Notre correspondant à Jérusalem. D’origine belge, il a fait son Alyah en 1975. Ancien diplomate, il a également été le porte-parole de feu le Président Haïm Herzog, ainsi que de plusieurs ministères. Il s’occupe de la reconnaissance due aux donateurs du Keren Hayessod.

Laurine BalhoulAncienne participante du programme MASSA

« Saving the Stones », sur le thème de la conservation historique et archéologique.

Laurine a suivi sa passion en Israël dans des endroits d’exception et a pu entamer,

à son retour en France, un master sur le patrimoine.

Virginie Guedj-BellaïcheNotre principale contributrice. Télé, presse, radio : à Paris, elle a tâté de tous les médias avant de se reconvertir dans les réseaux sociaux. Aujourd’hui, journaliste et blogueuse, Virginie Bellaïche vit en Israël depuis juillet 2013. Entre son intégration et ses deux filles, elle continue de trouver le temps d’écrire et d’intervenir sur i24news.

Jérémy Navon

Jeune entrepreneur,

très actif au sein de la communauté.

Après deux ans en Israël, Jérémy rentre en France et fonde Nevatim, le réseau des jeunes entrepreneurs de la communauté. Il a participé au « Entrepreneurial Jewish

Leadership » organisé en juin dernier par le Keren Hayessod. Justine

OlschanezkyHistorienne de formation, c’est avec son master en

relations internationales que Justine intègre le programme IGF

coordonné par MASSA. Cette petite-fille de rescapée d’Auschwitz tombe sous le charme de Jérusalem, qu’elle considère comme le « laboratoire de l’Humanité ». Blandine Kriegel

Agrégée de philosophie et professeur des universités, Blandine Kriegel a été présidente du Haut conseil à l’intégration et membre du

comité national d’éthique. Elle a fait partiede la mission de solidarité du Keren Hayessod

en novembre 2014. Richard Prasquier

Depuis septembre 2013, Richard Prasquier est président du Keren Hayessod France. Cardiologue de formation, il a été président du CRIF de 2007 à 2013. Il a également été président du Comité français pour Yad Vashem et est un acteur majeur du renforcement des relations judéo-chrétiennes.

Jacques-David Sebban

Depuis toujours investi dans des organisations juives ou laïques en France

et aux états-Unis où il a fait des études d’ingénieur. En France, il fonde ProAct, un

réseau de jeunes professionnels juifs. Depuis février 2012, Jacques-David est un membre

élu du Parlement Juif Européen. Il a participé au séminaire Kesher du Keren Hayessod.

Meïr WaintraterConseiller éditorial de Yessod. Meïr Waintrater a été, entre 1992 et 2011, le

directeur de la rédaction de la revue L’Arche - le mensuel du

judaïsme français.

Page 4: Yessod n°1 décembre 2014

4 la reVue du kereN hayessod fraNce • Numéro 1 décembre 2014

sommaire 12/2014

L’aventure yessod démarre avec vous ! Par richard Prasquier

shimon Pérès rend hommageau Keren hayessod

voyage en israëL : qui suis-je si je ne Pense qu’à

moi? Par blandine Kriegel

josePh naKam, israëL au cœur - entretien

Kesher, une exPérience humaine inoubLiabLe

Les voyages forment La jeunesse

30 / quand Les Pierres ParLent à Laurine

32 / justine : je vis dans Le Laboratoire de

L’humanité…

« neuLand » d’eshKoL nevo / aLyah sur seine /

asaf avidan : Le retour / 35 / retour sur images

/ 37 / Keren hayessod : de micheL-ange au rêve

israéLien Par richard Prasquier

68

3éditorial

dossier : vivre sous Les missiLes

hommage à nos contributeurs

le rÊVe israélieN doit rester ViVaNt

philosophie

10

20

22

24séminaires

blogs massa

29

culture

34

12 / L’œiL sur Les chiffres / 13 / bordure

Protectrice : au-deLà des chiffres / 14 /

tous soLidaires / 15 / en Première Ligne

/ 17 / connaissez-vous nahaL oz ?

ils ont contribué à ce numéro 1

n° 1décembre

2014

Page 5: Yessod n°1 décembre 2014

décembre 2014 Numéro 1 • la reVue du kereN hayessod fraNce 5

l’ a b u s d ’ a l c o o l e s t d a n g e r e u x p o u r l a s a n t é . à c o n s o m m e r av e c m o d é r at i o n .

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6 la reVue du kereN hayessod fraNce • Numéro 1 décembre 2014

édito

l’aventure yessod démarre avec vous !

Le Keren Hayessod a été, la guerre terminée, la réponse du mouvement sioniste à la déclaration Balfour, la structure par laquelle le yichouv (la population juive de Palestine) a construit les instruments nécessaires à son développement matériel (transports, villes, industries) et intellectuel, depuis l’Université de Jérusalem jusqu’à l’orchestre Philharmonique de Tel-Aviv.

Trois ans après la création du Keren Hayessod à Londres en 1920, naissait dans un village de ce qui était alors la Pologne et est aujourd’hui la Biélorussie, le petit Szymon Perski. Onze ans plus tard la famille s’installait à Tel Aviv et Szymon désormais Pérès, s’engageait dans l’épopée sioniste dont il devint un des acteurs prestigieux, au cours d’une carrière politique qu’il est impossible de résumer ici et dont chacun connait les grandes lignes. Il eut dans sa vie largement l’occasion de vérifier le rôle du Keren Hayessod dans l’édification du pays et il lui resta toujours attaché. Nous sommes extrêmement fiers que Shimon Pérès, au terme d’une Présidence qui a suscité l’admiration générale, consacre sa première visite à Paris de citoyen « ordinaire » à honorer le Keren Hayessod : il sait ce que l’état d’Israël doit à cette institution nationale installée dans le monde entier et dont la branche française a repris son activité l’an dernier après un long silence.

Ce que représente le Keren Hayessod, c’est au fond le témoignage de l’unité du peuple juif et du sentiment de solidarité qui le mobilise dans les périodes difficiles.

Parfois au profit d’Israéliens : il y a quatre mois, les roquettes tombaient sur les villages à la frontière de Gaza : quelques secondes à peine pour se mettre à l’abri, le délai était trop court pour que l’on puisse compter sur le Dôme de Fer. Le Keren Hayessod a été au cœur d’une très efficace et rapide campagne d’abris mobiles (migouniot) qui ont levé en partie l’angoisse qui taraudait les habitants les plus exposés et probablement évité des victimes.

Parfois au profit de non-Israéliens : l’aide apportée par le Keren Hayessod au programme Massa permet d’éclairer des jeunes de 18 à 30 ans sur leur avenir professionnel en leur donnant, par des séjours de plusieurs mois en Israël, l’occasion de préciser leurs objectifs de carrière dans un environnement éducatif particulièrement efficace et de se frotter aux réalités du pays. Le programme Massa, très populaire aujourd’hui, a permis d’envoyer des milliers de jeunes diplômés, décider de leur avenir, en France ou en Israël, et le faire sur des bases solides.

Aujourd’hui, comme dans le passé, le Keren Hayessod se trouve au premier rang pour soutenir les activités de l’Agence Juive dans l’installation en Israël des Juifs de la Diaspora ou encore dans le développement de programmes qui jouent un rôle majeur en Israël pour renforcer le tissu social. Ces programmes ont, avec des moyens très pragmatiques, l’objectif de donner à chaque enfant sa chance dans une société où la compétence est valorisée plus que jamais. Ici, on ne laisse tomber personne !

C’est tout cela que vous raconte Yessod, le nouveau magazine du Keren Hayessod de France et c’est avec vous que démarre cette aventure !

parrichard prasquierprésident du keren hayessodFrance

Retrouvez toutesles actions du Keren Hayessod en ligne sur keren-hayessod.fr et facebook

Page 7: Yessod n°1 décembre 2014

décembre 2014 Numéro 1 • la reVue du kereN hayessod fraNce 7

cHaqueannée près de

65 000 personnes

aidées

cHaqueannée près de

132 000 jeunes

reLiés à Leurs racines

le rÊVe israélieN doit rester ViVaNt

EILAT

BEER SHEVA

MITSPE RAMON

TEL AVIV

JERUSALEM

PETAH TIKVARAMAT GAN

NETANYA

ASHDOD

HéBRON

ASHKELON

BEIT GUVRIN

HERZLIYAKFAR SABA

RA’ANANA

RISHON LETSION

REHOVOT

JAFFA

HAIFA

HADERA

AFULA

SAFED

CARMIEL

NAZARETH

TIBERIADE

NAHARYA

SHELOMI

MA’ALOT

AKKO

KIRYAT SHMONA

net@ co-existencese former à l’informatique et à la citoyenneté

énergies aLternativesdévelopper des énergies alternatives au pétrole

amigourrésidence-logements pour personnes âgées, rescapées de la shoah

aLehcentre de soins pour enfants polyhandicapés

ayaLimdes jeunes pionniers pour revitaliser le néguev et la Galilée

jeunes communautésencourager les étudiants à s’installer dans le néguev et la Galilée

massabac bLeu bLanc / yaLLaséjours éducatifs en israël d’une semaine à un an, pour renforcer le lien à israël, destinés aux jeunes du monde entier de 17 à 30 ans, dont de jeunes français

tenséjour humanitaire de 3 mois, pour des jeunes du monde entier, y compris des israéliensAu mexique, inde, éthiopie et israël en israël : Kibboutz Harduf et Kyriat shmona

tagLitdix jours offerts pour retrouver ses racines

alyaH et intégration

aLyahAide à l’Alyah dans le monde entier

intégrationcentre d’intégration pour les éthiopiensAide à l’intégration des éthiopiens pendantles premières années de leur arrivée en israël

HigH-tecH

personnes âgéesenfants Handicapés

régions défavorisées

avenir des jeunessoutien personnalisé pour des enfants défavorisés de 6 à 18 ans

viLLages éducatifsPour des jeunes marginalisés de 12 à 18 ans, exclus du système éducatif traditionnel souLamot

la musique au service du changement social, en partenariat avec l’orchestre philarmonique d’israël

bar et bat-mitvaPour les enfants défavorisés, célébration de leur bar mitzva au mur de Jérusalem

jeunes à risques

israël pour la diaspora

programmes soutenuspar le Keren Hayessod France

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8 la reVue du kereN hayessod fraNce • Numéro 1 décembre 2014

Figures d’israël

israël vient de commémorer le 19e anniversaire de l’assassinat de yitzhak rabin. que reste-t-il, selon vous, des accords de paix ? le gouvernement israélien a-t-il un partenaire palestinien pour la paix ? que peut-il espérer des autres pays de la région, en particulier de l’egypte ?

Tout comme nous rêvions d’établir un pays, nous devons aujourd’hui aspirer à vivre en paix avec nos voisins. Cet espoir aussi sera réalisé si nous persévérons en nos efforts pour la paix sans jamais dévier de notre voie. Nous avons un devoir envers les générations futures : ne pas les abandonner. Nos enfants n’ont ni la patience ni la tolérance pour les injustices et les préjugés du passé. Ils veulent la paix et l’opportunité pour tous. Nos jeunes, tout comme les jeunes de la région, réclament non seulement l’égalité, mais l’égal droit d’être différents.

que vous inspirent la vague d’antisémitisme en france et la vague d’alyah des Juifs de france ? quels défis cette immigration francophone posent-ils aujourd’hui pour l’état d’israël ?

La montée récente de l’antisémitisme en Europe et dans le monde est alarmante et les autorités doivent y réagir avec une sévérité sans compromis. L’antisémitisme est une maladie infligée à ceux qui haïssent et il n’appartient pas à ceux qui font l’objet de cette haine, de le porter comme un fardeau. En même temps l’antisémitisme est un amer rappel des dangers que comportent les idées préconçues et l’intolérance. C’est une leçon pour tous ceux qui militent pour la dignité humaine et pour l’égalité : l’Histoire nous jugera selon la manière dont nous traitons les minorités dans notre société. La tradition juive se dresse toute entière contre toute forme de discrimination. Tout en condamnant violemment tout incident provoqué par l’intolérance, nous ne devons jamais oublier qu’il nous appartient, à nous aussi, de maintenir, ces mêmes principes de tolérance et d’humanité.

quelle a été la séquence politique la plus heureuse de votre carrière ? et celle à laquelle vous avez regretté de ne pas avoir participé ?

Je ne garde pas de regrets et je ne vis pas dans le passé. Il faut regarder vers l’avant et continuer à construire l’état d’Israël et le rêve sioniste. J’aspire toujours à ce que mon plus

grand achèvement soit celui que je suis sur le point d’accomplir.

Vous êtes l’invité d’honneur mardi 16 décembre de la grande soirée de gala du keren hayessod france. que représente le keren hayessod pour l’ètat d’israël ?Le Keren Hayessod est une institution inestimable car elle constitue le pont entre Israël et la diaspora. Je crois fermement que les Juifs à travers le monde doivent prendre part au débat interne en Israël. Il est en leur pouvoir de contribuer considérablement au débat, même de l’extérieur. Israël est un pays qui s’est construit et renforcé grâce à la réunion des énergies déployées par nos frères à travers le monde. à notre tour, il nous appartient, de rendre les Juifs partout où ils se trouvent, fiers de leur pays.

sHimon pérès rend hommage au Keren Hayessod

à l’occasion sa venue exceptionnelle à Paris, le 16 décembre 2014, shimon Pérès a accordé une interview exclusive à nos confrères d’actualité Juive, publiée le 3 décembre dernier. nous la reproduisons ici dans son intégralité.

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décembre 2014 Numéro 1 • la reVue du kereN hayessod fraNce 9

Figures d’israël

Le Keren Hayessod fête ses 90 ans. Le premier tiers de ces années a été consacré à la fondation de l’état en marche et les deux autres à son développement et à son renforcement.

Il est peu probable qu’il ait existé, au sein d’autres peuples dans le monde, une organisation similaire, aussi créative et aussi engagée dans une mission de renaissance nationale si exceptionnelle. C’est parce que le Keren Hayessod a joué un rôle central dans le rassemblement du peuple et a pris une part vitale dans la mobilisation des ressources destinées à créer quelque chose à partir de rien, afin d’intégrer des immigrants venus des quatre coins du monde et de peupler le pays en long et en large.

Pas une once de cet argent n’a été gaspillée. Bien au contraire. Comme pour le chandelier de Hanouka, chaque goutte d’huile a dégagé une formidable lumière. Et l’on peut voir les résultats sur la carte d’Israël, une succession de lumières qui brillent du Néguev à la Galilée.

Dans le sillage de la vision d’Herzl, 600 000 Juifs se sont rassemblés et installés en Eretz Israël avant la proclamation de l’état d’Israël. Sans eux, il n’aurait pas été possible de fonder l’état et de vaincre ses ennemis. Depuis son indépendance, la population du pays a décuplé, un phénomène sans précédent dans l’histoire des nations. Le Keren Hayessod a été présent tout au long de cette période avec pour objectif de poser les infrastructures nécessaires à l’intégration des vagues d’Alyah massives, de créer de nouveaux points de peuplement et de s’engager dans le développement d’Israël. (…)

C’est dans ce récit exceptionnel de renaissance nationale, le plus fascinant de l’histoire humaine, que le Keren Hayessod a été activement engagé. Issu de l’Histoire, il a contribué à une nouvelle Histoire ; émergeant des cendres et rassemblant les exilés, c’est une histoire de foi et de vision, de liberté et de dignité, de construction et de courage. Israël n’est pas exempt de défaillances, il ne manque pas de défis et n’est pas à l’abri du danger. Pourtant, le Keren Hayessod a prouvé que le rayonnement d’un peuple, même petit en nombre, peut s’exprimer avec une force stupéfiante.

Tous ceux qui ont apporté leur contribution au Keren Hayessod, qui ont participé à sa gestion, à son développement et à la série de ses remarquables entreprises, peuvent regarder en arrière avec une immense fierté et contempler l’avenir avec l’assurance déterminée que cette grande œuvre sera poursuivie ».

shimon pérès

Le Keren hayessod a Prouvé que Le rayonnement d’un PeuPLe, même Petit en nombre, Peut s’exPrimer avec une Force stuPéFiante.

extraits des vœux

que sHimon pérès

a adressés

au Keren Hayessod

Lors des 90 ans

de L’institution,

en 2010.

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« Nous avons un devoir envers les générations futures : ne pas les abandonner. »

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10 la reVue du kereN hayessod fraNce • Numéro 1 décembre 2014

au cœur d’israëlvivre sous Les missiles

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décembre 2014 Numéro 1 • la reVue du kereN hayessod fraNce 11

au cœur d’israëlvivre sous Les missiles

29 jours de guerre cet été...Même si la vie a repris son cours en Israël, les blessures restent profondes et les esprits marqués. Retour sur des événements qui ont surtout frappé le Sud d’Israël, mais qui ont mobilisé l’ensemble des Israéliens et du peuple juif dans le monde entier.

Retrouvez d’autres témoignages en ligne sur keren-hayessod.fr et facebook

vivre SOUSlES missilespar Virginie guedj bellaïche

La soLidarité

de tout un PeuPLe

© yossI ZamIr/FlasH90

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12 la reVue du kereN hayessod fraNce • Numéro 1 décembre 2014

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76 000 euros :le prix de chaque interception de roquette palestinienne par le système de défense « dôme de fer ». en 50 jours, 584 roquettes tirées depuis gaza ont été interceptées par le dôme de fer.

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6 000 Juifs ont quitté la France pour faire leur Alyah entre septembre 2013 et le 31 août 2014. la france représente ainsi le plus gros contingent de nouveaux immigrants, loin devant l’ukraine (4 500), la russie (4 200) et les états-unis (3 600).

tourisme 218 000 touristes ont visité israël en juillet dernier. c’est le chiffre le plus bas enregistré depuis 2008. avec une baisse moyenne de 21%, la fréquentation n’a pas affecté toutes les villes du pays. si tel-aviv a subi un recul de 39%, la région de la galilée, épargnée par les roquettes, a vu sa fréquentation progresser de 8%.

9 milliards de shekels : le coût direct de l’offensive militaire israélienne dans la bande de gaza. l’information a été révélée le 1er septembre dernier par le ministère israélien de la défense moshé yaalon.

1 856 camions : le nombre de camions qui ont traversé le point de passage de keren shalom entre israël et la bande de gaza au cours de l’opération bordure protectrice. au total, 40 550 tonnes de biens dont 37 178 tonnes de nourriture, 1 694 tonnes de biens humanitaires et 1 029 tonnes de médicaments et d’équipement médical, ont transité d’israël vers le territoire palestinien.

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1 694 tonnesde biens humanitaires

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Toute l’actu du Keren Hayessod en ligne sur keren-hayessod.fr et facebook

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décembre 2014 Numéro 1 • la reVue du kereN hayessod fraNce 13

au cœur d’israëlvivre sous Les missiles

Le 18 juillet, Israël pleure sa première victime : le sergent-Chef Eitan Barak meurt à Gaza. Ce soldat de 20 ans, originaire de Belgique, vivait à Herzliya. Dès lors, chaque jour les affron tements à l’intérieur de la bande de Gaza apportent leur lot de morts. Ils ont 19 ans, 21 ans ou 45 ans. Ils sont réservistes ou jeunes combattants. Ils viennent de Hod Hasaharon, de Modiin, d’Atzmon ou de Ramat Yishaï. Ils laissent derrière eux des parents, des frères, des sœurs, une épouse, des enfants, une petite amie dont la robe de mariée restera à jamais dans sa housse. Ils s’appellent Oz Mendelovitch, Guilad Rozenthal Yacoby, Max Steinberg, Tsvi Kaplan, Bar Rahav, Amotz Greenberg, Dolev Keidar ou Yaïr Ashkenazi. Au total, 64 soldats israéliens ont perdu la vie.

à ce lourd tribut, s’ajoutent six victimes civiles. Parmi eux, Dror Hanin, un Israélien de 37 ans, bénévole d’une association qui distribue des colis aux soldats, est mortellement touché le 15 juillet par un tir de roquette du Hamas, sur le point de passage d’Erez entre la Bande de Gaza et Israël. Le 22 août, quelques heures avant Shabbat, un tir de roquettes tue le petit Daniel Tregerman, 4 ans et demi. Ses parents, partis mettre à l’abri leurs deux autres enfants, n’ont pas eu le temps de le sauver. Inhumé deux jours plus tard, au cimetière Hevel Shalom, dans le nord du Néguev, en présence du président de l’état d’Israël Réouven Rivlin, le petit Daniel symbolise le quotidien intenable des familles du Sud. Dans un long sanglot déchirant, sa mère, Guila, lira devant son cercueil une longue lettre commençant par ces mots : « Nous ne voulons pas te dire au revoir. Tu es l’amour de notre vie, l’enfant parfait, le rêve de tous les parents : intelligent, sensible, en avance sur son âge, beau, si beau ».

Ce jour-là, c’est tout un peuple qui pleure ce petit garçon, qui porte un tee-shirt de Messi et pose fièrement devant une tour en Lego.

lE pETIT DaNIEl SyMBOlISE lE qUOTIDIEN INTENaBlE DES faMIllES DU SUD

Daniel Tregerman,4 ans et demi

« bordure Protectrice » : au-delà des cHiffres…Les 29 jours de conflit ont fait, côté israélien, 67 morts et 2 560 blessés. au-delà des chiffres, cette guerre a laissé des traces profondes et des plaies encore douloureuses.

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14 la reVue du kereN hayessod fraNce • Numéro 1 décembre 2014

au cœur d’israëlvivre sous Les missiles

© nellu coHn

Comme à chaque explosion de violence, les producteurs du Sud ont vu leur activité stopper net. Selon l’Association des Industriels d’Israël, le manque à gagner a atteint dans certaines zones 60%. La multiplication des alertes a poussé les Israéliens à bouleverser leurs habitudes de consommation. Désertant les petits commerces, privilégiant les grandes surfaces de centre ville disposant d’abris, les Israéliens du Sud ont aussi plébiscité les achats en ligne. Méga, l’une des plus importantes chaînes de supermarchés du pays, a vu ses ventes en ligne bondir de 40% dès le début des opérations. L’augmentation a même atteint 70% dans des villes comme Beer Sheva. L’enseigne aux couleurs bleu et vert a créé une offre de livraison gratuite à destination des clients de 62 localités autour de Gaza, pour des achats supérieurs à 180 shekels (40 euros). Dans le même temps, les initiatives se multiplient pour permettre aux commerçants du Sud de ne pas sombrer. à Tel-Aviv, tous les vendredis matin, des étals leur ont été offerts pour les aider à écouler leurs marchandises. Sapir, 26 ans, a pris l’habitude de s’y approvisionner tout l’été. Dans son panier : tomates-cerises, colorabi, huile d’olive et concombres. « C’est une façon de leur dire qu’on est avec eux », explique la jeune femme, qui choisit du raisin avant de rentrer chez elle, à l’autre bout de la ville. Bouffée d’air pour des producteurs au bord de la faillite, cette initiative a fait des émules dans tout le pays. à Raanana, les producteurs du Sud ont investi la place de Yad Labanim. « Si les clients ne viennent plus à nous, c’est à nous de venir à eux », s’amuse l’un d’entre eux.

Pour aider les familles des villes très proches de la Bande de Gaza, sans cesse soumises à la pression des tirs de roquettes du Hamas, on joue le système D. Manu Schwab, étudiant et soldat, a monté en février dernier une page Facebook sur les bons plans de Tel-Aviv. En plein conflit, il décide de mettre en lien des propriétaires d’appartements de la ville blanche et des familles du Sud. « L’objectif était de donner la possibilité à des familles de passer un Shabbat au calme », raconte le jeune homme. Entièrement gratuite, la formule « un Shabbat au calme » a séduit une cinquantaine de familles. « La plupart venaient d’Ashdod, Ashkélon et Sdérot. Nous avons aussi eu quelques familles de Beer Sheva », précise M. Schwab. La solidarité, qui a soudé tout le pays dans un même élan, ne s’est pas seulement contentée d’alléger les souffrances des populations touchées par les roquettes, elle a aussi partagé la souffrance des familles endeuillées.

à chaque enterrement d’un Hayal Boded – soldat isolé, dont la famille vit en Diaspora – une foule d’Israéliens s’est pressée pour rendre un dernier hommage à ces jeunes garçons qui avaient choisi de tout quitter pour faire leur Alyah. C’est ainsi que, le 22 juillet au soir, 6 000 personnes ont assisté aux obsèques de Jordan Bensemhoun au carré militaire du cimetière d’Ashkélon. Le jeune homme de 22 ans, originaire de Vénissieux, dans la banlieue de Lyon, avait fait son Alyah seul en 2008. à l’issue d’une cérémonie très émouvante, le grand-père de Jordan s’est confié au député Yoni Chetboun : « La douleur est infinie mais je suis fier de lui ». D., jeune père de famille, a fait le voyage d’Ashdod pour saluer la dépouille de Jordan : « Je ne le connaissais pas, mais je me sens une dette envers lui et envers tous ceux qui nous protègent chaque jour. »

tous solidaires !victimes collatérales de la guerre, les populations et les entreprises du pays ont souffert du conflit de l’été dernier. Pour leur permettre de souffler, les Juifs d’israël et de la diaspora se sont mobilisés.

6 000 pERSONNES ONT aSSISTé aUx OBSèqUES DE JORDaN BENSEMhOUN aU CaRRé MIlITaIRE DU CIMETIèRE D’aShkélON

Page 15: Yessod n°1 décembre 2014

décembre 2014 Numéro 1 • la reVue du kereN hayessod fraNce 15

au cœur d’israëlvivre sous Les missiles

Des centaines d’abris mobiles financés par

le Keren Hayessod

Donateurs français lors du voyage de

soutien

Sous la tension constante des alertes, les enfants du Sud ont, notamment grâce aux donateurs français du Keren Hayessod, pu profiter de journées d’activités de plein air. Loin des « alertes », des sirènes et des longues heures d’attentes dans les abris, les enfants de Sdérot, Ashdod et Ashkélon ont pu, le temps d’une journée, vivre comme tous les enfants de leur âge. Au programme de ces journées: jeux, échanges avec des éducateurs mais aussi rencontres avec des psychologues pour près de 300 enfants. Toujours dans le but d’aider au mieux les Israéliens, le Keren Hayessod s’est lancé dans la construction et la mise en place d’abris mobiles. Parce que, dans certaines localités du Sud, les habitants n’ont parfois que 15 secondes pour se mettre à l’abri, il apparaît urgent de multiplier les points de repli. Ces abris, de

5 à 30m2, peuvent abriter entre 10 et 72 personnes. « Certains de ces abris sont disposés près des routes car les gens ne peuvent pas tout le temps rester chez eux. Ils peuvent ainsi se déplacer d’un endroit à l’autre, s’ils veulent manger une pizza dans une ville voisine ou lorsqu’ils doivent amener leurs enfants à des activités extra-scolaires ou à la piscine » a expliqué Eliezer Sandberg – Président mondial du Keren Hayessod. Au total, depuis juillet dernier, le Keren Hayessod a financé quelques centaines d’abris mobiles et permis d’offrir un répit hors des zones bombardées à des millers d’enfants.

Dans une école très proche de la frontière de Gaza, la générosité des donateurs a permis la construction d’un abri à moins de six secondes de la salle de classe. Grâce à son maillage international, le Keren Hayessod a récolté des fonds venus du monde entier. Début septembre, un minibus blindé, offert par les donateurs du Keren Hayessod de Sao Paulo, Brésil, et dédié à la mémoire de Eyal, Guilad et Naftali, les trois adolescents kidnappés par des terroristes et dont les corps ont été découverts près d’Hébron le 30 juin dernier, a été remis à la commune de Kfar Etsion.

Début septembre, une quarantaine de personnes sont venues en Israël dans le cadre d’un voyage de soutien organisé par la branche belge du Keren Hayessod, et au mois de novembre ce sont les Français qui ont fait le déplacement. Au programme de ces quelques jours, des rencontres avec les habitants des localités israéliennes bombardées, la visite d’une base militaire et bien sûr les programmes qui soutiennent les enfants et les jeunes tout au long de l’année. Ce voyage, comme un pied de nez aux nombreuses annulations de touristes cet été, est une façon de dire et de montrer combien le peuple juif reste proche d’Israël quand il en a besoin.

Le Keren hayessod en première ligne

toute l’année aux côtés d’israël, le Keren hayessod a, l’été dernier plus que jamais, redoublé d’efforts pour aider les populations dans le besoin.

© Hadas parusH / FlasH 90

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décembre 2014 Numéro 1 • la reVue du kereN hayessod fraNce 17

au cœur d’israëlvivre sous Les missiles

fabien fellous, 40 ans, auditeur en FiscaLité d’entrePrise, ashdod

« Cette année, c’était plus long et plus intense que ce qu’on a vécu auparavant. Vivre avec quatre alertes par jour sans arrêt, c’est compliqué et puis on n’en voyait pas la fin. En plus, c’était en plein été. Cela signifie : pas de centres aérés pour les enfants, pas de possibilité de les emmener à la plage ou de faire des activités en plein air. On restait en bas de l’immeuble, comme tous les voisins. Le parc est à 500 mètres, mais en cas d’alerte c’est trop loin. Pour les enfants, ça a été très dur, ils ont repris l’école sans avoir une réelle coupure. Avec mon épouse, on s’est arrangé comme on a

pu. Elle n’a pas travaillé en juillet, moi en août. Je vis à Ashdod depuis huit ans. Partir ? Avec mon épouse, on en parle mais il faut être lucide. Durant l’opération « Bordure

protectrice », beaucoup de villes du pays ont été touchées et pas seulement dans le Sud. Avec la menace du Hezbollah dans le Nord, aujourd’hui personne n’est à l’abri. »

roger piHa, 72 ans, retraité, raanana

« Je suis né en Egypte, j’ai vécu au Brésil avant de m’installer en Israël il y a trois ans. J’étais enfant pendant la guerre de 1956, j’en ai vu d’autres. Quand il y a eu la première alerte, j’ai eu peur pour ma femme car elle a un peu du mal à marcher. Mais sinon, ça a été. Au miklat (abri), je faisais des blagues pour détendre l’atmosphère. à Raanana, il faut bien avouer qu’on a peu souffert par rapport aux villes du Sud. Bon, c’est vrai que cette fois-ci, pour la première fois, j’ai vu dans le ciel les traînées blanches des roquettes interceptées. Je suis profondément sioniste. L’année prochaine, mon petit-fils va faire l’armée. Je suis très fier qu’il serve notre pays. Je ne lui ai donné qu’une seule instruction : "Ne sois pas un héros, ce sont les héros qui meurent." Je crois qu’il m’a compris.»

carole assous-dreyfus, 40 ans, Jérusalem

« à Jérusalem, nous avons connu trois alertes. La troisième a eu lieu un samedi après-midi. Nous étions à Jérusalem Plage, à l’ancienne gare désaffectée, pour faire un volley avec nos deux enfants et trois Eclaireurs Israélites (E.I.) venus de France. On s’est mis à l’abri et on a repris notre partie. En rentrant de leur camp E.I. en France, mes deux aînés ont fait trois jours de volontariat à Sdérot. Le matin, ils étaient dans les ganim (jardins d’enfants), et les après-

midis dans les maisons de retraite. Le plus dur pour nous a été de nous rendre à la shiva (période de deuil) d’amis à nous qui avaient perdu un enfant, soldat mort à Gaza. à ce moment, tu te rends compte que les

soldats qui meurent sont potentiellement tes enfants, tes frères. Dans le même temps, j’ai ressenti la mobilisation exceptionnelle des Israéliens autour des familles endeuillées. »

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18 la reVue du kereN hayessod fraNce • Numéro 1 décembre 2014

au cœur d’israëlvivre sous Les missiles

C’est un lieu de paisible beauté. Devant les eucalyptus géants et les bougainvilliers, la jeune femme qui nous guide nous parle de la qualité de vie exceptionnelle dans ce kibboutz agricole où elle est arrivée d’Argentine dans son enfance et où elle a fondé une famille épanouie...

Sauf que dans le silence se détache un bruit de fond continu. Ce sont les blindés israéliens. Il y a une base militaire toute proche. La montgolfière qui nous surplombe ne transporte pas les touristes, mais surveille la zone. En face, une grande ville. Nous sommes au kibboutz Nahal Oz, et Gaza se trouve à 400 mètres.

Ceux qui ont expérimenté des alertes savent que 15 secondes (le temps habituel pour Sdérot), c’est très peu. à Nahal Oz, le délai habituel est de 3 secondes...Impossible dans ces conditions d’organiser sa vie. Chaque habitation est pourvue d’un

abri, mais on ne peut pas y rester toute la journée et en trois secondes, que faire si on prend une douche ou si on est de l’autre côté de l’appartement ?

Les enfants avaient été évacués au début de l’opération « Bordure protectrice ». Certains furent ramenés lorsque le cessez-le feu fut accepté. Mais le Hamas l’a violé et le petit Daniel Tregerman, 4 ans, a été tué par des éclats de mortier le 22 août 2014.Désormais tous les parents vivent dans l’angoisse : est-il raisonnable d’exposer les enfants à une telle proximité du Hamas ? Le Hamas qui, parmi la trentaine de tunnels qui ont été démantelés en avait construit trois qui devaient déboucher à Nahal Oz même, avec les conséquences et les risques que chacun devrait facilement deviner mais que beaucoup préfèrent minimiser...

Premier kibboutz fondé par le Nahal (1951), l’organisation de jeunesse pionnière combattante, Nahal Oz fait partie de ce groupe de kibboutzim de la région Eshkol, tout proches de Gaza, où, pendant l’opération « Bordure protectrice », l’action de l’Agence juive et du Keren Hayessod a été qualifiée par tous les intervenants d’exemplaire : 75 000 enfants retirés des zones dangereuses et envoyés en camps de vacances, des abris mobiles en grandes quantités — la réactivité et l’efficacité de ces organisations ont été saluées de tous côtés.

Tous ceux qui, nombreux, ont donné au Keren Hayessod au cours de cet été peuvent être fiers...

connaissez-vous naHal oz ?Par richard prasquier

en novembre 2014, richard Prasquier s’est rendu au kibboutz nahal oz. c’est un petit coin de paradis, situé à 400 mètres de gaza, qui a fini par ressembler à un enfer pour ses habitants.

75 000 ENfaNTS RETIRéS

DES zONES DaNgEREUSES

ET ENvOyéS EN CaMpS DE

vaCaNCES

© yonatan sIndel/FlasH90

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20 la reVue du kereN hayessod fraNce • Numéro 1 décembre 2014

cuLture

C’est en nous tournant vers l’avenir, vers les jeunes du programme « Net@ », à Ramlé,

vers la paix espérée et retrouvée au sein d’une coexistence des différentes confessions, ici,

juive, chrétienne et musulmane, que s’achève la première journée de notre voyage. D’une

initiation à la technologie de pointe du net, de l’habitude du service prêté et rendu, décalé de

l’ivresse narcissique à laquelle nous abandonnons trop de nos enfants, ces jeunes nous ont

expliqué qu’ils espèrent une réussite professionnelle dans la solidarité pacifiée, avec toutes

les composantes humaines qui résident sur la terre d’Israël.

Comme si tout ce que nous avons vu et entendu aujourd’hui nous avait préparé à les

comprendre. Car tout voyage sur cette terre est traversé d’émotions fortes en temps de paix,

comme en temps de guerre.

Naguère, en temps de paix, nous avons vu, éblouis, tous les bienfaits de la vie élargie qui

autorise le développement du savoir. Les progrès époustouflants de l’agrobiologie dont le

« goutte à goutte », - tous les usagers du jardinage, dont je suis, en connaissent les mérites-

n’est que menue monnaie, à côté de la désalinisation des eaux et de la reconquête contre

toutes les aridités.

Un ancien de la région d’Eshkol a mieux, que je ne saurais le faire, résumé

d’un mot ce que nous regardions : « Quand je suis arrivé ici la vie était un désert, maintenant c’est pour moi un paradis ». C’est probablement la plus

enrichissante expérience humaine : faire de toute terre un jardin !

Mais en temps de guerre – puisque la guerre, hélas ! a recommencé - la

vie inéluctablement, rétrécit. Alors, comme nous l’a expliqué le conseiller

régional d’Eshkol, région exposée en permanence aux roquettes, le premier

souci est la survie de soi et la protection des siens. « Qui suis-je, si je ne pense pas à moi ? » C’est aussi la survie des plus fragiles, des enfants qu’on

vOyagE EN ISRaël :

qui suis-je SI JE NE pENSE qU’à MOI? par blandine Kriegel

en novembre dernier, une délégation d’une soixantaine de donateurs français du keren

hayessod se rendait en israël, pour un voyage de solidarité, à la rencontre des habitants

du sud d’israël. parmi eux, la célèbre philosophe blandine kriegel. elle nous livre son

regard aiguisé et sensible sur quelques-uns des programmes et sites visités.

CaR TOUT vOyagE SUR CETTE TERRE

EST TRavERSé D’éMOTIONS

fORTES EN TEMpS DE paIx, COMME

EN TEMpS DE gUERRE.

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décembre 2014 Numéro 1 • la reVue du kereN hayessod fraNce 21

cuLture

Plus d’infossur les programmessur keren-hayessod.fret sur Facebook

sortira si on le peut des lieux de combat, des anciens qu’on mettra

à l’abri. « Les Anciens » comme on le dit chez nous en France…

Nous avons été plus d’un et plus d’une, profondément émus par

la chorale aussi inédite qu’insolite qu’un groupe d’entre eux avait

formé avec des voix, âgées certes, mais qui loin d’avoir été gagnées

par l’éraillement si commun de l’âge, s’élevaient, pures et paisibles,

pour nous accueillir dans le centre culturel qu’ils fréquentent (…)

Pourtant « Qui suis-je, si je ne pense qu’à moi ? » Le conseiller

régional d’Eshkol ne s’est pas borné à exposer les mesures qu’il

avait prises pour l’auto-défense des siens - dans une réflexion

inattendue de philosophie politique et morale,- il les a complétées,

par les mesures qui s’avéraient nécessaires à son avis, pour assurer

le retour de la paix. Le principe en est simple : conforter et renforcer

l’intérêt pour la démocratie, au sein du peuple palestinien de Gaza.

Comment ? En montrant, qu’elle est un bien rare et fragile, lent à

construire, rapide à détruire. Avec pour but d’encourager l’Europe

si prompte à faire la leçon à Israël, à construire écoles, hôpitaux et

hôtels, sur la bande de Gaza.

Tout nous conduisait donc ici, vers l’avenir de ces enfants, d’origines

diverses, apprenant à vivre ensemble. à cet instant, nous pouvons

élucider l’émotion qui nous étreint. Les adversaires inconscients

et les ennemis jurés des Juifs leur ont éternellement reproché

d’appartenir à un peuple inauthentique, dénué de racines, étranger

à la terre. Mais nous voyons ici combien de jardiniers persévérants,

« Constant Gardeners », qui font revivre le désert et nous entendons,

même en guerre, combien d’hommes, de femmes et de jeunes qui

font le choix de la vie et demeurent ensemble « le Berger fidèle ».

le programme Net@ est destiné à des

jeunes défavorisés vivant dans les villes

de la périphérie d’israël. il s’adresse à des

jeunes de toutes confessions. il les forme

à l’informatique, leur inculque la tolérance

et le vivre ensemble, les éduque à la

citoyenneté…

visite du Programme

NET@ à ramLé

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22 la reVue du kereN hayessod fraNce • Numéro 1 décembre 2014

contributeurs à l’Honneur

lE kEREN hayESSOD,

C’EST l’INSTITUTION pOUR ISRaël

paR ExCEllENCE

Au centre Joseph Nakam, accompagné de toute sa famille. La tramission est pour lui essentielle.

JOSEph naKam, israël aU CœUR

Entendre Jo Nakam vous parler d’Israël, c’est écouter la douce mélodie de l’amour où se mêlent admiration et respect. S’il a longtemps donné son temps, son énergie et ses deniers pour aider la communauté juive de France et Israël, il s’est récemment recentré vers Israël. Si le choix fut difficile, la réflexion qui l’a précédé, elle, fut implacable. « Les actes antisémites d’une part mais aussi tous les débats autour de l’abattage rituel et

de la circoncision m’inquiètent au plus haut point » explique Jo Nakam. « J’ai la conviction que la communauté juive d’Europe est amenée dans 20 ou 30 ans à disparaître. C’est pourquoi j’ai décidé de me consacrer à Israël ». « Pourquoi le Keren Hayessod ? » poursuit-il. « Pour moi le Keren Hayessod, c’est l’institution pour Israël par excellence. Elle était là bien avant la création du pays », explique-t-il sur le ton de l’évidence. Et c’est pour lui témoigner toute sa considération et son amitié qu’en juin dernier, lors de sa conférence annuelle dans le Néguev autour du thème « Faire revivre le rêve – Sur les traces de Ben-Gourion », que le Keren Hayessod a décidé de lui décerner le Prix Yakir. Un prix en signe de reconnaissance du Keren Hayessod, à des personnalités qui se sont distinguées par leur engagement. Seules six personnalités françaises ont reçu ce prix avant lui.

si son nom ne vous dit rien, sa marque de chaussures, elle, est connue dans toute l’europe.

à la réussite et au bonheur familial, l’homme a ajouté une autre corde à son arc : l’amour d’israël qui se traduit

par un engagement sans faille depuis plusieurs décennies,qui lui a valu le prix yakir cet été.

PAr alexia bergman

© KH - dr

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décembre 2014 Numéro 1 • la reVue du kereN hayessod fraNce 23

contributeurs à l’Honneur

JOSEph naKam, israël aU CœUR

Joseph Nakam entouré des dirigeants mondiaux

du Keren Hayessod

MOI, JUIf DE DIaSpORa, à l’aBRI DE BIEN DES DIffICUlTéS qUOTIDIENNES DU CITOyEN ISRaélIEN laMBDa

« Je suis arrivé en Israël dans le contexte particulièrement triste de l’enlèvement de ces trois enfants. Dans cette douleur, nous sommes unis encore une fois. La disparition de ces enfants nous frappe de plein fouet, exactement comme s’il s’agissait d’un enfant de notre famille. Comme chaque fois qu’une tragédie frappe un membre de notre communauté, c’est tout notre peuple qui est frappé, a expliqué le célèbre chausseur. La chose la plus difficile à appréhender, a-t-il conclu, c’est que l’on me gratifie de cette distinction, alors que j’estime que, si tant est que j’ai pu accomplir et faire quelque chose de positif, ce n’est rien d’autre que le minimum syndical du devoir qui est le mien, moi Juif de diaspora, à l’abri de bien des difficultés quotidiennes du citoyen israélien lambda.»

Généreux, modeste et discret, Jo Nakam partage le Prix Yakir Keren Hayessod 2014 avec le Colombien Victor Jamri, l’Australien Harry Hoffman et la Hollandaise Louise Paktor-Jaeger.

© KH - dr

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24 la reVue du kereN hayessod fraNce • Numéro 1 décembre 2014

Keren hayessod dans le mondeséminaires

yessod : pouvez-vous nous dire qui vous êtes et pourquoi vous avez rejoint le séminaire kesher / Julia koschitzky organisé par le keren hayessod ?

Jacques-david sebban : Depuis toujours, je me suis investi dans les organisations juives ainsi que dans de nombreuses associations laïques. Après un parcours de 10 ans aux éclaireurs éclaireuses Israélites de France (EEIF) et un départ aux états-Unis en 2003, je me suis engagé dans les organisations étudiantes juives américaines et internationales comme le Hillel ou encore la World Zionist Organization. De retour en France, après 7 années passées aux états-Unis, pour mes études d’ingénierie, je me suis engagé au sein de l’Union des étudiants Juifs de France (UEJF) pendant deux ans. J’ai alors compris qu’il manquait un organe communautaire fort pour les Jeunes Actifs ; c’est pourquoi, avec une bande d’amis, nous avons créé ProAct, un réseau de jeunes professionnels juifs. C’est par ce biais, travaillant étroitement avec l’Agence Juive, que j’ai intégré le séminaire cet été. Par ailleurs, depuis février 2012, je suis membre élu du Parlement Juif Européen grâce auquel j’ai pu rencontrer d’autres communautés européennes et leurs représentants.

pourriez-vous nous parler des participants à ce séminaire ?

Nous étions une trentaine de participants, des Européens, des Canadiens et des Sud-américains, venus entre autres du Chili, du Panama et du Mexique. J’étais, en fait, le seul Français du groupe. La mixité culturelle a été pour moi une expérience enrichissante, et j’ai pu garder des liens avec la plupart des participants grâce aux réseaux sociaux.

quels étaient les objectifs du séminaire ? qu’avez-vous appris ?

Cette année, le séminaire était tourné vers la découverte des projets menés par le Keren Hayessod au sein du Néguev. Nous avons par exemple visité un village, Ayalim, fondé par des étudiants pionniers, il y a quelques années. Nos échanges sur place nous ont permis de comprendre les engagements de cette jeunesse envers son pays. Plus tard, nous avons rencontré les enfants et les éducateurs d’une école de Dimona dans laquelle un programme de soutien scolaire personnalisé a été mis en place par le Keren Hayessod. L’accueil de ces enfants israéliens m’a beaucoup touché. Être témoin du travail d’éducateurs volontaires de mon âge est une incroyable opportunité. Le Keren Hayessod est un acteur de terrain dans la région Sud d’Israël. Nous avons également visité un centre d’intégration pour des familles éthiopiennes, une boulangerie de Mitzpé Ramon dont la propriétaire a bénéficié d’un microcrédit financé par le Keren Hayessod, le programme Net@ pour les adolescents qui souhaitent se former aux métiers de l’informatique...

KesHer, une exPérience humaine inoubliableLe séminaire Kesher / Julia Koschitzky est l’un des événements incontournables du Keren hayessod. organisé chaque année, ce séminaire, qui a lieu en israël, permet de regrouper une trentaine de participants venus du monde entier. un moment d’écoute, de partage et de formation. cette année le séminaire Kesher / Julia Koschitzky a eu lieu du 16 au 20 juin. Jacques-david sebban représentait la France. il nous livre son témoignage.

Le séminaire Kesher a été l’occasion de découvrir le Néguev

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Keren hayessod dans le mondeséminaires

le séminaire du kesher est souvent l’opportunité d’assister à des conférences de qualité. quelles étaient-elles cette année ?

En effet, le séminaire Kesher était organisé en marge de la « June Conference » du Keren Hayessod. Le groupe a donc pu assister aux cérémonies du Keren Hayessod lors desquelles se sont exprimés Shimon Pérès et Benyamin Netanyaou ainsi que Natan Sharansky et des représentants du Keren Hayessod.

si vous deviez repartir avec un seul souvenir de votre visite d’israël, lequel serait-il ?

Malgré le peu de temps que nous avions, le séminaire Kesher a été l’occasion de découvrir le Néguev. L’un de mes plus beaux souvenirs est probablement le survol du Néguev au lever du jour, en montgolfière.

que diriez-vous aux prochains français qui souhaiteraient faire le voyage ?

Je leur dirais sans hésiter que ce voyage est une expérience culturelle et intellectuelle riche et et que c’est avant tout une expérience humaine inoubliable qui mérite d’être vécue.

jérémy navon : Jeune Leader du Keren hayessod

entrepreneur engagé au service de la communauté, Jérémy navon a vécu deux ans en israël au cours desquels il a été soldat volontaire au sein de l’unité nahal. de retour en France depuis trois ans, il a créé nevatim, le réseau des jeunes entrepreneurs de la communauté. Jeremy a participé au séminaire « entrepreneurial Jewish Leadership » organisé en juin dernier par le Keren hayessod.

yessod : bonjour, pouvez-vous nous parler de votre expérience au séminaire du keren hayessod ?

Jérémy Navon : Nous étions un groupe d’une vingtaine de jeunes professionnels des quatre coins du globe (Canada, Allemagne, Chili, Australie, France, Pays Bas…) réunis pendant 10 jours sur le campus d’IDC Herzliya. Nous avons visité des programmes du Keren Hayessod, suivi des conférences et des ateliers de formation. à cette occasion, nous avons rencontré des professionnels venant de tous les pans de la société israélienne : des entrepreneurs, des journalistes, des militants associatifs, des rabbins, des diplomates, des enseignants… Tous venus pour partager avec nous leur histoire, leur projet et leur vision d’Israël.

qu’avez-vous appris lors de ce séminaire?

Ce séminaire avait pour objectif principal de former les jeunes militants que nous sommes et de nous donner les moyens de devenir les leaders de demain. Nous avons

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Keren hayessod dans le mondeséminaires

bénéficié d’un enseignement de haut niveau sur la réalité de la société israélienne, sa géopolitique et son économie. Nous avons d’autre part reçu une formation en matière de techniques de communication, de négociation et de prise de parole en public. Par exemple, nous avons participé à un atelier de « media training » animé par une ancienne journaliste de CNN qui nous a appris à répondre à une interview face caméra.

quels sont les moments du séjour qui vous ont le plus marqués ?

Ce séjour a été un moment très dense et riche en émotions. La visite du centre Amigour pour personnes âgées défavorisées, en périphérie de Tel-Aviv, a été pour nous tous un moment particulier. Nous avons été surpris par la charge émotionnelle de ce lieu, par la difficulté des histoires qu’on nous a racontées et par la joie de vivre qui est aujourd’hui celle de ses résidents. Nous avons également été impressionnés par la visite du programme « Avenir des jeunes » destiné aux enfants défavorisés. Nous avons rencontré des tuteurs passionnés, décidés à permettre à ces enfants en grande difficulté de se reconstruire et de se réinsérer dans la société israélienne.

que diriez-vous du keren hayessod après cette expérience en israël ?

Le Keren Hayessod est une organisation au service d’Israël et de sa population. C’est aussi une organisation internationale dotée d’un réseau de militants, prêts à donner de leur temps pour Israël, pour la plupart des professionnels expérimentés.

maintenant que vous êtes rentré en france, quelles sont les prochaines étapes de votre engagement ?

Le 18 septembre dernier, nous avons lancé officiellement la branche Jeunes Leaders du KH France lors d’une soirée qui a réuni plus de 70 personnes. Notre objectif est maintenant de constituer un groupe de jeunes militants (25-40 ans) prêts à se joindre à nous pour mener ensemble les projets de 2014-2015.

Séminaires soutenus par le Keren HayessodKesher / julia Koschitzky obJet ? Introduction au Keren Hayessod pour les jeunes militants commeNt ? Visite de programmes, rencontres, conférences.qui ? Pour des jeunes de 20 à 28 ans déjà impliqués dans les communautés, qui souhaitent s’investir de manière significative.quaNd ? Chaque année, 5 jours, aux alentours du mois de juin.

entrepreneurial jewish leadershipobJet ? Former les leaders du Keren Hayessod de demain, à l’échelle internationale. commeNt ? Visite des programmes du Keren Hayessod, rencontre avec des professionnels israéliens, formation au leadership, en partenariat avec le corps professoral de l’Université IDC Herzelya. qui ? Jeunes professionnels confirmés, âgés de 30 à 40 ans, venus du monde entier.quaNd ? Dix jours, chaque année, aux alentours du mois de juin.

séminaire de la division féminine internationaleobJet ? Resserrer les liens entre les femmes du monde entier qui s’investissent pour Israël.commeNt ? Rencontres et échanges d’expérience.qui ? Pour les femmes de tous les pays où le Keren Hayessod est présent. La France est représentée depuis 2014 par Rebecca Jacquin. quaNd ? Une fois par an. Cette année, la rencontre s’est déroulée en Argentine, en novembre.

mission de solidarité obJet ? Permettre aux donateurs de voir les réalisations du Keren Hayessod. commeNt ? Voyage de 4 à 5 jours à travers les programmes et rencontres de personnalités israéliennes.qui ? Les donateurs du Keren Hayessod du monde entier.quaNd ? Plusieurs fois par an. La première mission de solidarité organisée par le Keren Hayessod France s’est déroulée en novembre 2014.

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bLog massa

Témoignages de laurine, passionnée d’archéologie, qui vient de passer 6 mois au sein du programme« Saving the Stones », et de Justine, qui a fait un stage au sein du ministère israélien de l’Environnement (programme Israel governement fellows).

Plus d’infos sur Massa et les autres programmes sur keren-hayessod.fr et facebook

les voyages fORMENTla

Jeunesse massa oFFre Le cadre idéaL

Pour renForcer son Lien

à israëL

Fouilles archéologiques à Ramat Ishay

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30 la reVue du kereN hayessod fraNce • Numéro 1 décembre 2014

bLog massa

J’ai obtenu ma licence d’histoire en 2013 et je voulais avoir une expérience à l’étranger avant de rejoindre un master de « valorisation du patrimoine ». Ayant de la famille en Israël et fréquenté les mouvements de jeunesse, j’ai toujours eu un attachement particulier pour ce pays. J’aimais sa beauté, ses paysages, sa culture et tout ce qu’il signifiait. à mes yeux, ce programme Massa présentait un double avantage : il me permettait de partir en Israël tout en vivant une expérience pratique dans le domaine qui me plaisait. Je pouvais ainsi acquérir de nouvelles connaissances avant de rejoindre les bancs de l’université. De plus, ce programme était en anglais, il s’agissait de l’occasion parfaite pour progresser.

Le programme « Saving the Stones » met tout particulièrement l’accent sur la question de la préservation du patrimoine israélien. D’une durée totale de cinq mois, il comporte trois mois d’apprentissage théorique puis deux mois de pratique. Notre petit groupe - six personnes en tout - était à la fois encadré par une équipe d’animateurs ainsi que par des professionnels venus donner des cours liés à leur spécialité. Durant les trois premiers mois, nous étions tous réunis et vivions dans un magnifique appartement à Akko. Chaque jour, nous recevions des cours sur la préservation du patrimoine.

Tous les enseignements étaient suivis d’une mise en pratique sur le terrain. Nous avons ainsi travaillé sur les mosaïques de Bet Shéan, les fresques de Massada, le marbre de l’amphithéâtre de Césarée, le reste d’un mur d’une ancienne synagogue à Meiron et bien plus encore… Ces trois mois intenses en découvertes et en apprentissages ont bien sûr été accompagnés toutes les semaines de cours d’hébreu, mais aussi d’activités et visites destinées à nous familiariser avec la culture si particulière de la ville d’Akko. L’objectif était de nous apprendre à penser la question du patrimoine dans une ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Les deux mois qui ont suivi correspondaient à une expérience pratique et bien souvent individuelle. J’ai, pour ma part, décidé d’aller à Jérusalem afin de rejoindre un laboratoire des Antiquités d’Israël au sein duquel des céramiques étaient restaurées. Cette expérience fut tout aussi enrichissante que la première. Dans ce laboratoire, j’ai pu restaurer une vaisselle datant de l’âge de fer et originaire d’Ein Guedi. Au-delà de ce travail passionnant, vivre à Jérusalem fut une véritable surprise après les trois mois passés à Akko.

plUS lE JOUR DE MON DépaRT

appROChaIT ET MOINS

JE vOUlaIS RENTRER EN

fRaNCE !

Fouilles de Ramat Ishay

Conservation d’un mur de l’ancienne synagogue de Rashbi à Meron

[massa] quand les pierres parlent

à Laurine

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décembre 2014 Numéro 1 • la reVue du kereN hayessod fraNce 31

bLog massa

israël offre à chaque JeuNe Juif l’opportuNité de participer à uN programme de 4 à 10 mois eN israël : études supérieures ou JuiVes, stage, formatioN, découVerte, VoloNtariat.

les programmes massa soNt destiNés aux JeuNes de 17 à 30 aNs.

Partir en Israël pour un semestre ou une année dans le cadre de l’un des programmes Massa permettra au jeune d’élargir ses horizons, de faire du tourisme, de se sensibiliser à de nouvelles idées et cultures, et lui donnera une meilleure compréhension du patrimoine juif. Il aura l’opportunité de faire connaissance avec des jeunes d’Israël et du monde entier et de vivre une expérience unique.

Cette expérience inoubliable le marquera pour le restant de sa vie, que ce soit pour tenter une expérience ou avant votre Alyah votre expérience en Israël commence avec Massa.

Massa est un projet initié par le gouvernement israélien et les communautés juives du monde entier.

il est représeNté par l’ageNce JuiVe pour israël et souteNu par le kereN hayessod.

eN 2014, 1 000 JeuNes fraNçais participeNt à ce programme.

partiravecmassa

C’est avec bonheur que j’ai découvert cette ville de l’intérieur : observer l’effervescence de Mahané Yéouda durant la journée de vendredi, le silence dans les rues pendant Shabbat, parcourir avec plaisir la vieille ville à pied et de s’arrêter chaque mètre pour regarder la vue et tous ces murs emplis d’histoire et de souvenirs, rencontrer des Israéliens mais aussi des gens venus du monde entier pour faire leur Alyah, découvrir Israël ou suivre aussi un programme Massa…

S’il y a une chose que je peux affirmer sans hésiter, c’est n’avoir jamais autant aimé ce que j’ai fait durant ces cinq mois ! Plus le jour de mon départ approchait et moins je voulais rentrer en France. à présent, je repense à mon expérience Massa et je prends conscience de la chance que j’ai eue d’avoir pu faire partie d’un tel programme. En effet, cela m’a permis de me conforter dans mes idées et mes choix quant à mon avenir. J’ai pu découvrir Israël autrement et observer la réalité des habitants de ce si petit pays.

Je sais désormais ce qui me plaît et où je veux aller. J’ai en outre largement progressé en anglais et pu apprendre à lire l’hébreu alors que j’étais incapable de le déchiffrer avant de partir. En ce qui concerne mon regard sur Israël, il n’est pas forcément nouveau, si ce n’est que j’y suis encore plus attachée maintenant. Vivre dans ce pays durant ces cinq mois a été incroyable et je le referais sans hésiter.

Revenue en France aujourd’hui, j’ai été admise dans un master relatif au patrimoine et je sais que c’est en partie

grâce à ce que j’ai vu, appris et découvert en Israël. Pour cela, je peux remercier Massa ainsi que toutes les personnes qui m’ont aidée, de la préparation de mon départ jusqu’à mon retour en France. Je resterai très probablement en lien avec eux et l’Agence juive… Ne serait-ce que pour repartir au moment venu !

Conservation de mosaïques à Bet Shean

Conservation de fresques à Massada

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bLog massa

[massa]

Justine : Je vis dans le laboratoire de l’Humanité…

Je m’appelle Justine et je suis originaire de Paris. En juin 2014, je finissais un stage de 10 mois au sein du ministère israélien de l’Environnement. J’y gérais avec ma supérieure l’ensemble des conventions et accords internationaux impliquant Israël et ayant trait aux questions environnementales.

Cette opportunité m’a été donnée par le programme Massa, Israel Government Fellows (IGF), permettant à de jeunes diplômés juifs du monde entier de travailler pour le gouvernement israélien ou des ONG s’intéressant à la société israélienne.L’année passée, nous étions 25 participants de 20 à 30 ans venant d’Amérique latine, des états-Unis, d’Europe et d’Australie.

à cette opportunité unique d’occuper un poste passionnant dans un ministère, une ONG ou un think tank israéliens, s’ajoutaient des rencontres hebdomadaires avec des responsables politiques, journalistes, chercheurs et activistes de premier plan se focal i sant sur les questions économiques, sociales ou politiques concernant la société israélienne. Nous avons ainsi abordé des sujets riches et divers allant du désengagement de Gaza en 2005 au problème des logements en Israël en passant par la question de l’immigration et, bien sûr, la réalité du conflit israélo-palestinien. Ces rencontres et ces problématiques nous ont emmenés partout dans le pays : à Sdérot, ville frontière avec Gaza, en Cisjordanie, dans les communautés druzes du nord du pays ou encore à Beer Sheva, afin de parler du devenir du Sud israélien et des problématiques concernant les populations bédouines.

Cette année est une parenthèse dans une vie, un moment en suspens où l’on est conscient à chaque instant du caractère unique de ce que l’on vit. Historienne de formation, j’ai, à la suite d’un master en relations internationales, décidé d’apprendre l’arabe et de partir en 2012 à Jérusalem afin de rédiger un mémoire de médiation. Je souhaitais, après

obtention de ce diplôme, préparer le concours du Quai d’Orsay et devenir diplomate. Cependant, ma rencontre avec Jérusalem en a décidé autrement. En rentrant à

Paris, je savais qu’il me fallait revenir au plus vite en Israël. Le programme IGF a donc été une évidence pour moi. Passionnée de politique depuis l’adolescence, le conflit israélo-palestinien a très vite été au cœur de mes réflexions. Il a orienté le cours de mes études, me focalisant d’abord sur le monde arabe et le Moyen-Orient.

L’expérience professionnelle que j’ai vécue en Israël s’est assortie d’une expérience personnelle et identitaire très forte. J’ai compris à quel point ma famille a été durablement traumatisée par la Shoah : ma famille de Salonique et d’Allemagne y a péri, et ma grand-mère a elle-même été à Auschwitz. Mes parents ne m’ont jamais abreuvée d’idées sionistes et la religion était très éloignée de nous. Cependant, ma mère m’a toujours parlé d’un mythe, celui d’Israël et du peuple juif : un peuple éclairé qui

a toujours su faire face à l’adversité. Ces mois en Israël n’ont jamais érodé cette image que l’on m’avait dépeinte, bien au contraire.

32 la reVue du kereN hayessod fraNce • Numéro 1 décembre 2014

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décembre 2014 Numéro 1 • la reVue du kereN hayessod fraNce 33

bLog massa

ON pEUT TOUT DIRE DE CET

ENDROIT, MaIS ON NE

pOURRa JaMaIS l’ENvISagER

DE façON MaNIChéENNE

Aujourd’hui je vis toujours à Jérusalem et je viens de finir un oulpan (cours d’hébreu intensif). Les événements de cet été ont été durs, moralement éprouvants. Mes amis ne comprenaient pas que mon désarroi, ma colère et ma peur n’étaient pas tant dus aux sirènes annonçant les roquettes venant de Gaza qu’à la guerre qui se jouait sur les réseaux sociaux et dans les médias.

Cette année à Jérusalem et l’expérience IGF m’ont éclairée sur les défis de la région, l’équilibre instable rendu presque impossible du fait de dizaines de paramètres l’influençant. Les avis, les points de vue visant à mieux comprendre une situation sont acceptables voire nécessaires, mais un flot haineux et ignorant n’est pas tolérable.

Je vis dans le laboratoire de l’humanité. Un lieu où tous les monothéismes se côtoient, un lieu où les gens dînant à une même table viennent souvent des « quatre coins du monde », un lieu où parents et enfants refont le monde en permanence. On peut tout dire de cet endroit mais on ne pourra jamais l’envisager de façon manichéenne.

Mon expérience m’a montré combien la situation est complexe, mais surtout qu’il y a dans ce pays des gens incroyables qui vouent leur vie et leur intelligence à l’idée de paix. Israël est un jeune pays qui cherche à s’améliorer. Il lui faut juste de la créativité, du courage et de la persévérance… et ça, il en a.

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34 la reVue du kereN hayessod fraNce • Numéro 1 décembre 2014

cuLture

« neuLand »d’esHKol nevo

« Neuland » est le titre d’un roman-monde où les destins se croisent, où le hasard le dispute au destin et où la petite et la grande histoire s’entrechoquent. Dori part à la recherche de son père disparu en Amérique du Sud ; Inbar quitte l’Allemagne après avoir tenté de trouver sa mère, et s’envole elle aussi pour l’Amérique du Sud. Sous la plume d’Eshkol Nevo ces deux protagonistes cabossés se rencontrent dans le tourbillon des événements. en toile de fond, l’utopie de Neuland, une terre d’accueil en argentine pour les Juifs du monde entier, une sorte de nouvelle colonie de Juifs israéliens au cœur de l’amérique du sud. Leur but : recréer un état fondé sur les valeurs de Theodor Herzl. Ouvrir ce livre c’est partir en voyage, découvrir que les errances ne nous mènent pas toujours nulle part. Au fil des pages, l’idéal sioniste se réinvente, l’amour se dévoile, la paternité et la filiation se décryptent. Saluée par la critique, cette fresque romanesque publiée chez Gallimard est à lire. Si son action se déroule loin de la terre sainte, cette histoire n’en reste pas moins profondément ancrée dans les questions et les tourments qui traversent Israël aujourd’hui.

Né à Jérusalem eN 1971,

eshkol NeVo a partagé sa

JeuNesse eNtre israël et les

états-uNis aVaNt d’étudier

la psychologie à l’uNiVersité

de tel-aViV. eN 2005, soN

premier romaN, « homesick »,

remporte le gold book

prize. « NeulaNd » est, après

« quatre maisoNs et uN exil »

et « le cours du Jeu est

bouleVersé », soN troisième

romaN traduit eN fraNçais. le

premier a reçu le prix de la foNdatioN fraNce-

israël, le secoNd est resté de loNgs mois à la

tÊte des meilleures VeNtes de liVres eN israël.

celui qui a choisi comme préNom de plume le

patroNyme de soN graNd-père léVi eshkol,

premier miNistre d’israël au milieu des aNNées

soixaNte, est l’auteur israélieN qui compte.

aLyah sur seine

Dans « Inch’ Alyah », Judith Mergui raconte son installation en Israël. du fantasme de la terre promise aux aléas du quotidien, la comédienne aborde avec un humour décapant tous les aspects de cette entreprise folle. Franche, piquante et sans langue de bois, Judith Mergui bouscule les idées reçues. En 2007, son diplôme du cours Florent en poche, Judith quitte Paris pour Israël. Après 5 mois d’oulpan, elle présente les concours des trois grandes écoles d’art dramatique du pays et intègre celle de Seminar Hakibutsim. En 2010, elle commence à se produire à Tel-Aviv dans des pièces de théâtre et plus récemment, elle a intégré le casting d’une célèbre série israélienne. Dans le même temps, elle s’attèle à l’écriture de son premier stand-up en français, « Inch’ Alyah » qu’elle a d’ailleurs joué cet été lors d’un dîner organisé à Nice par le Keren Hayessod. Un spectacle qui ravit aussi bien les nouveaux immigrants que ceux déjà installés depuis un moment.

iNfos :

Judith mergui

« iNch’alyah »

toc toc productioN

tél. : 03 602 36 19

asaf avidan : Le retourDébut novembre, le chanteur israélien a révélé le premier titre de son nouvel album dont la sortie est prévue début 2015. Dans « Over My Head », Asaf Avidan raconte la première nuit passée avec celle qui partage sa vie depuis 5 ans maintenant. « c’est la nuit où j’ai décidé de laisser mes vieux démons s’évanouir pour choisir la vie », explique l’artiste qui a composé ce morceau un jour de pluie dans le confort d’un petit appartement parisien. Tendance folk, le titre est accompagné d’un clip digne d’un court métrage. Né en 1980 à Jérusalem, ce chanteur-auteur- compositeur s’est imposé en moins de deux ans comme l’un des artistes israéliens les plus talentueux de sa génération. Entre 2009 et 2011, il se produit avec son groupe en Europe, en Israël mais aussi aux états-Unis et en Inde. Après une pause « créative » de 3 ans, Asaf Avidan revient sur le devant de la scène pour le plus grand plaisir de ses fans.

asaf aVidaN

« gold shadow »

(telmaVar / columbia)

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David de Rothschild le 13 février à Paris

Décembre 2013 : Lors du Bac Bleu Blanc

Juin 2014 : à Bormes-les-Mimosas avec le Keren Hayessod Sud.

27 mai 2014 : Dîner du Keren Hayessod de 350 personnes

En présence du Général Amos Yadlin, d’Uri Levine (Waze)

et du chanteur Amir.

Décembre 2013 : Hanouka Party

Les femmes à l’honneur lors de la soirée niçoise en juin 2014

Avigdor Lieberman, invité d’honneur de la soirée du Keren Hayessod, le 13 février à Paris

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Atelier Top Chef en septembre 2014 : 150 femmes autour de Yoni Saada ! (dont Rebecca Jacquin ! )

16 octobre 2013 : Avec Binyamin Netanyahu

Janvier 2014 : Avec Meir Cohen

Ministre des affaires sociales

4 novembre 2014 : Natan Sharansky rencontre le Keren Hayessod à Paris. De g. à d. Pierre Hass, Rebecca Jacquin, Richard Prasquier, Natan Sharansky, Judith Oks et Nicole Guedj.

Mai 2014 : Les 3 chefs

du dîner

Judith Oks et Guillaume Gomez

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décembre 2014 Numéro 1 • la reVue du kereN hayessod fraNce 37

cuLture

Qu’y a-t-il derrière un nom ? Que veut dire « Keren Hayessod » ? Reconnaissons-le, le nom est mystérieux et prête à la confusion. D’autres organisations sionistes portent le syntagme « Keren », Keren Kayemet, Keren Or… Que veut dire ce mot de « Keren » ? Il signifie « fonds », capital principal...Quant à Yessod (yesod en anglais où la prononciation du « s » ne nécessite pas le dédoublement), c’est la base, le socle, Keren Hayessod signifie donc, dans le langage poétique de l’hébreu pré-israélien, quelque chose comme le « fonds de base », en tout cas quelque chose de manifestement important.

Attardons-nous sur ce mot « Keren », particulièrement fascinant. Keren, dans la Bible, c’est avant tout la « corne ». Par exemple celle du bélier, celui dont les cornes ont donné la lettre aleph : tout le chapitre 8 du livre de Daniel décrit le combat entre le bélier aux deux cornes (l’empire des Perses et des Mèdes) et le bouc à corne unique (les Grecs). Dans l’Akeda (le sacrifice), après qu’Abraham a été retenu dans son geste meurtrier envers Isaac, il voit (Genèse 22/13) un bélier dont « les cornes s’étaient empêtrées dans un buisson » (neehaz basvakh bekarnav). Mais la corne est un objet métaphorique aux multiples connotations.

Instrument de combat du mâle, elle symbolise la puissance : veyaram keren leamo : il a grandi la force de son peuple, dit le Psaume 148/14. Et le prophète Amos 6/13 : lakahnou lanou karnaim : nous avons conquis la puissance. Située au sommet de la tête, elle peut signifier un sommet de colline : Isaïe 5/1 bekarno benshemen, « un coteau au

sol fertile » ou la tête elle-même dans le Psaume 75/5 : al tarimou keren  : « ne relevez point la tête » (en référence aux méchants). L’autel du Temple avait des « cornes » à ses extrémités : Exode 27/2 : vaasita karnotav arbaa pinotav (tu sculpteras ses cornes aux quatre angles). La corne est en général recourbée : Ezéchiel parle de keren chen « cornes dentaires », c’est-à-dire l’ivoire. Enfin, une corne évidée devient un instrument musical shofar ou un « cornet » qui peut servir de matériel de stockage : ainsi le cornet à huile keren chemen dont Samuel (Samuel 1/16) déverse le contenu sur le jeune David en signe d’onction divine. Enfin, plus généralement, ce « cornet » peut servir de réservoir pour garder une somme d’argent, un capital, un fonds (du mot fundus, à peu près l’inverse de la tête, c’est son sens moderne).

Keren Hayessod : de micheL-ange au rêve israéLien

Par richard prasquier

Les quatre lettres en hébreu du mot Ahava, qui signifie Amour.

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90.

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38 la reVue du kereN hayessod fraNce • Numéro 1 décembre 2014

cuLture

mais quel rapport avec michel-ange ?

Lorsque Moïse redescend du Sinaï avec les Tables de la Loi, il est écrit (Exode 34/29) : Moshe lo yada ki karan or panav. Moïse ne savait pas que la peau de son visage était devenue « karan ». Que veut dire karan, manifestement un verbe tiré du nom keren ? La Vulgate, traduction de la Bible en latin, composée par le savant Jérôme, texte absolu de référence dans le monde chrétien, a traduit « Moïse à sa descente avait des cornes sur son front ». Cette image a été reprise dans l’iconographie du Moyen-Age, et peut-être la représentation de Moïse avec des cornes sur la tête, alors que les Juifs étaient depuis le XIIe siècle assimilés à Satan, n’était-elle pas tout à fait neutre ? Michel-Ange a, certainement sans arrière-pensée, repris cette tradition dans son extraordinaire statue de Moïse destinée au tombeau du pape Jules II, que l’on peut admirer dans l’Eglise de Saint-Pierre-aux-Liens, non loin du Colisée.Mais cette version d’un passage difficile est un contresens, l’un des plus célèbres de l’histoire de la traduction.

Une façon d’exprimer la « puissance » attachée au mot keren est de la relier à la lumière. Un passage du prophète Habacuc 3/4 en donne un exemple, à peu près unique dans la Bible : keor tiyeh, karnaim miyado : « c’est un éclat éblouissant comme la lumière, des rayons jaillissent de ses côtés ».Il aurait donc fallu traduire que Moïse était « rayonnant » à sa descente du Sinaï. Aujourd’hui, ce sens de rayon est devenu courant (les rayons X sont les karnei rentgen). à l’époque de Jérôme (IVe siècle), il ne l’était probablement pas.

Pour finir, comment ne pas s’étonner de la proximité entre le mot « keren » et le mot « corne » (horn en anglais et en allemand, à rapprocher de hirn, visage), d’une racine indo-européenne qui a donné aussi le mot « crâne », et probablement aussi, avec l’idée de « courbure » le mot de « couronne » ? Les rapports entre les racines indo-européennes et les racines sémitiques sont presque toujours limités à des emprunts techniques ou culturels (oinos, vin, yaïn) de voisinage. Mais une telle similitude de sens et de connotations : « protubérance concentrant la force », n’est pas assignable à une histoire ou à une géographie particulière. Simple hasard ? Le mot keren — corne, puissance, rayon, cor, sommet, angle (corner), réservoir et fonds d’investissement — permet de réfléchir, mais il permet aussi de rêver.

Le poète romantique Gérard de Nerval, dans sa dernière œuvre, Aurélia, a écrit : « Le rêve est une seconde vie. Je n’ai pu percer sans frémir ces portes d’ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible ». Dans l’énéide de Virgile, les portes de corne sont les portes du rêve véridique et les portes d’ivoire, celles du rêve trompeur. Bienvenue donc au Keren Hayessod, la porte du rêve israélien, un rêve de vérité.

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Depuis 1920, Donner au Keren HayessoD, c’est Donner à israël

Faites votre don sur www.keren-hayessod.fr(cerfa en retour)

www.keren-hayessod.fr [email protected], place de catalogne - 75014 paris - t : 01 77 37 70 80 / 50, rue Breteuil - 13006 Marseille - t : 04 91 02 78 73

soyez au cœur d’Israël

parce qu’

Israël est dans votre cœur,

le rÊVe israélieN doit rester ViVaNt

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