Upload
benedicte-roche
View
129
Download
2
Embed Size (px)
Citation preview
Zones sensibles et territoires des acteurs en Tunisie
Vers une gestion intégrée des territoires et des ressources dans la
baie de MonastirPar Tarik Dahou, Maher Gassab et Racha Sallemi
(IRD/FSEGT/FLAH)
Tunis, les 04, 05 et 06 novembre 2010
« changements climatiques, biodiversité, gouvernance des territoires et des
ressources »
GTZ INRAT
IRD
INTRODUCTIONIntérêt grandissant de la Tunisie à la
gestion intégrée des zones sensibles (poids économique, services écologiques…).
Intérêt se matérialisant par plusieurs engagements pris par la Tunisie:◦ convention sur la diversité biologique ;◦ Accords de Rio (chapitre 17 de l’Agenda 21) ;◦ Agenda 21 de la Méditerranée (1994) ; et ◦ Convention de Barcelone (1995).
INTRODUCTIONla loi 95-72 (art 8) relative à la création de
l’Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral (APAL) définit les zones sensibles comme :
« des espaces qui caractérisent le patrimoine naturel national, présentant un ensemble d’éléments dans un écosystème fragile et constituant un paysage naturel remarquable, menacé par la dégradation ou l’utilisation irrationnelle et soumis à
une pression anthropique qui risque de les déstabiliser » .
INTRODUCTIONLe statut de zone sensible doit
servir de guides aux politiques publiques en intégrant la dimension de conservation dans les schémas d’aménagement (du territoire, de l’urbanisme, du tourisme…).
Ces sites doivent s’imposer à leur environnement institutionnel comme des éléments fondamentaux de gestion intégrée des zones côtières.
INTRODUCTIONLa loi n° 2009-49 du 20 juillet 2009,
relative aux aires marines et côtières protégée : une attention particulière à la zone sensible des îles Kuriat.
Ces îles présentent plusieurs intérêts :◦ passage et nidification pour plusieurs espèces ;◦ reproduction pour de nombreuses espèces de
poisson. ◦ richesse inestimable en termes de biodiversité ; ◦ écosystèmes vulnérables (espèces rares ou
menacées par divers intervenants ou « usagers ».
PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
SALLEMI, R 2009, IRD
INTRODUCTIONLes iles Kuriat face à plusieurs
menaces :◦Exploitation intense des milieux
naturels (pêche).◦ Aménagements touristiques parmi
les plus importants en Tunisie.
→ Des objectifs relatifs au développement durable très délicats à
concilier dans une zone avec de multiples aménagements
INTRODUCTIONPlan :
- Les dynamiques socioéconomiques dans la baie de Monastir et les enjeuxenvironnementaux.
- Les usages maritimes dans la baie de Monastir.
- Le projet d’Aire Marine Protégée des îles Kuriat : vers une gestion intégrée de la zone côtière ?
LES DYNAMIQUES SOCIOECONOMIQUES DANS LA BAIE
DE MONASTIRLe Gouvernorat de Monastir ; un pôle économique
Une économie régionale reposant sur trois piliers :◦Le textile-habillement◦Le tourisme balnéaire◦La pêche
LES DYNAMIQUES SOCIOECONOMIQUES DANS LA BAIE DE MONASTIRLe Textile-Habillement (TH) :
◦531 unités industrielles, soit 77 % du tissu industriel.
◦Le quart des entreprise en TH au niveau national.
LES DYNAMIQUES SOCIOECONOMIQUES DANS LA BAIE DE MONASTIRLe tourisme :
◦25 000 lits, 49 unités hôtelières◦11% de la capacité totale du pays◦15 000 artisans (environ 150
entreprises)
LES DYNAMIQUES SOCIOECONOMIQUES DANS LA BAIE DE MONASTIRLa pêche :
◦60 Km de côtes◦5 ports de pêche◦Une flottille de 789 unités◦La moitié de la main d’œuvre
agricole◦10 % de la production nationale
(1300Km de côtes)
LES DYNAMIQUES SOCIOECONOMIQUES DANS LA BAIE DE MONASTIRLe gouvernorat de Monastir : un territoire fortement urbanisé◦500 000 habitants en 2009 (5% de la
population nationale)◦Taux d’accroissement naturel 1,39%
(1,12% au niveau national)◦Taux d’urbanisation ; environ 100%
(65,7% au niveau national)◦Une densité de 477 habitants/km2 (66
habitants/km2 au niveau national) : deuxième position après le grand Tunis
LES DYNAMIQUES SOCIOECONOMIQUES DANS LA BAIE DE MONASTIR
◦114,64 logements par km2 (15.28 logements par km2 au niveau national)
◦98,60 ménages par km2 (13,36 ménages par km2 au niveau national)
◦ Des soldes migratoires positifs ont été respectivement de 6539 et de 16877 durant les deux recensements de 1994 et de 2004
LES DYNAMIQUES SOCIOECONOMIQUES DANS LA BAIE DE MONASTIRLe gouvernorat de Monastir peut être
divisé en deux zones homogènes : la zone littorale et la zone intérieure :◦ La zone littorale (288 km2) avec une
forte densité de la population (1004 habitants / km2 en 2008)
◦ La zone intérieure (736 km2) avec une densité de la population beaucoup plus faible (271 habitants / km2 en 2008)
→ Littoralisation de la population
LES DYNAMIQUES SOCIOECONOMIQUES DANS LA BAIE DE MONASTIR
LES DYNAMIQUES SOCIOECONOMIQUES DANS LA BAIE DE MONASTIRLe gouvernorat de Monastir : des
enjeux environnementaux◦ la situation environnementale du
gouvernorat de Monastir est précaire : Un littoral de 60 km Cinq « sebkhas » (zones humides) Plusieurs oueds traversant les villes Concentration de la population et des activités
économiques sur le littoral Des insuffisances dans le traitement des ordures
ménagères Des carences au niveau de l’assainissement. Polution industrielle
LES DYNAMIQUES SOCIOECONOMIQUES DANS LA BAIE DE MONASTIRConséquences sur l’environnement :
◦Salinisation de la nappe phréatique◦Pollution des oueds et des sebkhas◦Surexploitation des carrières◦Pollution des plages…
La fragilité de cet environnement côtier n’est pas due uniquement à la pollution issue des activités dans la zone terrestre de la baie, mais aussi des usages dans l’espace maritime.
LES USAGES DANS LA BAIE DE MONASTIR
PRESENTATION DE L’INFRASTRUCTURE
Le tourisme
Pêche récréative ou de plaisance
Pêche professionnelle
Le renforcement de l'infrastructure a contribué à la hausse progressive de la production
Il s’agit donc d’une crise de croissance liée à la multiplication des unités et à l’intensification de la pêche dans la zone.
une baisse de la production que se soit à l'échelle nationale ou internationale de l’ordre de 45% pour la pêche côtière.
L’activité touristique sur les îles Kuriat est très intense durant la période estivale et dépasse les chiffres autorisés (la petite kuriat est sur fréquentée par 46 120 touristes par an
Les îles Kuriat ne sont pas accessibles pour les visiteurs, l’appontement existant est en mauvais état ; les bateaux transportant les touristes s’arrêtent donc en mer face aux îles avant leur acheminement par petites embarcations.
La saison estivale commence du mois d’avril jusqu’au mois d’Octobre; 85% des touristes fréquentent l’île au mois de Juillet et d’Août.
Projection spatiale des usages sur la zone maritime
Ce qui a provoqué la saturation des espaces réservés à cet effet.
Malgré l’importance de la côte littorale du gouvernorat de Monastir, la majorité des établissements touristiques se concentrent dans la délégation de Monastir.
Proportion des différentes périodes de travail des pêcheurs
La fréquentation des pêcheurs selon les saisons
ce qui nous permet de confirmer l’intensité de l’activité au niveau de Kuriat
Nous avons relevé que 60% des pêcheurs concernés par l’activité de pêche autour des îles Kuriat ont pour port d’attache celui de Sayyada, suivis par les pêcheurs de Tbolba avec 20%, de Monastir avec 10% et le reste est divisé entre K Ksibit Al Madyouni.
La grande Kuriat est plus fréquentée que la petite Kuriat, étant donné l’importance de ses richesses halieutiques.
Répartition des pêcheurs selon les modes de pêche
Structure des pêcheurs selon les engins de pêche
Répartition des pêcheurs selon le nombre de sorties/an
Répartition des pêcheurs selon le temps passé aux îles Kuriat
Quand pêchez-vous ? Quantité de pêche mensuelle
Nous pouvons confirmer qu’il ne s’agit plus d’une simple activité de loisir. La fréquence de l’activité de pêche récréative laisse supposer qu’elle est devenue une deuxième source de revenu pour ces pêcheurs.Il s’agit donc d’une pêche commerciale déguisée, dont l’ampleur s’avère importante.
Spatialisation des activités de halieutique autour des îles Kuriat
L’étude de la répartition spatiale de l’activité de pêche autours des îles Kuriat montre qu’il n’y a pas de conflits d’espace, mais plutôt d’accès aux ressources entres les différentes activités.
A part les raisons climatiques, les facteurs profondeur et topographie ont un rôle important dans le choix du site de pêche : les pêcheurs préfèrent une zone plus proche de leurs ports d’attache avec des mers moyennement profondes pour mouiller facilement et être à l’abri du mauvais temps.
La répartition spatiale de l’activité de pêche récréative est, elle, dépendante de trois facteurs principaux : les habitats naturels, les profondeurs et les épaves.
LE PROJET DE L’APMC : VERS UNE GESTION INTEGREE ?Nécessite de préservation des écosystèmes
pour faire face aux impacts environnementaux négatifs des usages des ressources marines.
Les îles Kuriat classée par le CAR/ASP Aire Spécialement Protégée d’Importance Méditerranéenne (ASPIM), en vue de la conservation de la biodiversité marine.
Attirer l’attention sur l’urgence de limiter l’accès de l’homme sur les îles pour :◦ protéger les sites de ponte des tortues marines◦ sauvegarder le paysage naturel◦ préserver la faune et la flore
LE PROJET DE L’APMC : VERS UNE GESTION INTEGREE ?Le projet d’une APMC Kuriat a
bénéficié ;◦D’un premier plan de gestion en
2000 non appliqué.◦De la loi de 2009 sur les AMP, large
ne précisant pas les modalités de conservation du site.
◦Attente des décrets d’application entérinant lz projet et précisant toutes les modalités.
LE PROJET DE L’APMC : VERS UNE GESTION INTEGREE ?La délimitation proposée par le
plan de gestion comprend :◦L’ensemble des îles Kuriat.◦Les fonds sous marins avoisinants, en
particulier, l’herbier de possidonie (Posidonia oceanica),
◦L’aire de nidification des tortues marines caouane (Caretta caretta).
◦Les habitats caractéristiques (fonds de maërl).
◦Les rivages ou habitats dégradés et les zones assez fréquentées
LE PROJET DE L’APMC : VERS UNE GESTION INTEGREE ?Les îles Kuriat sont considérées
comme un espace remarquable :◦Refuge pour plusieurs espèces rares,
dont, notamment, le Goéland railleur.
◦Sites de reproduction de la tortue caouanne, espèce protégée typique de méditerranée.
LE PROJET DE L’APMC : VERS UNE GESTION INTEGREE ?L’approche de biologie de la conservation a
cependant marqué généralement les études sur les îles Kuriat.
Ces études ont avancé des propositions de zonage qui favorisent le secteur touristique au détriment du secteur de la pêche.
En revanche, les objectifs de valorisation des potentialités des îles Kuriat n’étaient que sommairement abordés par les rares études, en se limitant aux thèmes de la recherche scientifique et de l’écotourisme.
Ces études traduisent une vision d’un aménagement de l’espace maritime largement favorable au secteur touristique.
LE PROJET DE L’APMC : VERS UNE GESTION INTEGREE ?Pour les acteurs locaux, ces projets sont
conçus par le « haut », notamment pour les pêcheurs craignant la baisse de leur revenu.
De plus, les administrations n’apparaissent pas très au fait de l’AMP comme futur outil de gestion des écosystèmes marins.
Conséquence : un véritable « laisser faire » en matière de pratiques touristique ou de pêche, sans préoccupation pour le caractère sensible de la zone.
LE PROJET DE L’APMC : VERS UNE GESTION INTEGREE ?Manque de cohérence de l’action
publique sur le site et faible intégration spatiale des dispositifs d’aménagement sur la zone maritime (aquaculture…)
Les mesures d’atténuation des pollutions issue de la terre, bien imparfaites, pourraient compromettre la qualité des eaux sur l’espace à conserver.
la forte dynamique urbanistique peut perturber les équilibres écosystémiques au niveau des îles Kuriat .
LE PROJET DE L’APMC : VERS UNE GESTION INTEGREE ?Un déséquilibre entre d’une part la volonté
de conservation de l’écosystème et d’autre part une volonté de développement local,
d’un côté un zonage maritime restrictif et de l’autre des schémas d’aménagement qui encouragent un développement socio-économique peu soucieux de la conservation.
La politique de conservation demeure très centralisée sans réelle appropriation au niveau local (usagers et directions non directement impliquées et pas très concernés)
CONCLUSION
La baie de Monastir est marquée par une dynamique de développement parmi les plus fortes en Tunisie.
Croissance très rapide de sa population, de l’urbanisation et des activités économiques.
des externalités négatives et par des impacts au niveau des écosystèmes littoraux pour la plupart fragiles
les pouvoirs publics semblent avoir pris la mesure des difficultés et des défis qui se posent au développement durable de cette région
CONCLUSION
Cependant, on constate un éclatement des dispositifs d’action publique aussi bien au niveau des secteurs qu’au niveau des territoires.
Très faible niveau de coopération entre représentants locaux des différents secteurs administratifs, mais également entre collectivités territoriales et agences décentralisées.
Très difficile intégration locale des objectifs de conservation et de développement durable.
Le projet de création de l’Aire protégée marine et côtière est révélateur de la faible communication entre les différents acteurs territoriaux et de la faible implication des groupes sociaux concernés aux premiers titres par les aménagements publics.